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N° 34 - MAI 2015

CÔTÉ-PSY

NOS RACINES

INTERVIEW

RENCONTRE

SANTÉ - BIEN-ÊTRE

Quand manger vient combler un manque, un vide

Les juifs du Pérou Au pays des incas

Rav Dynovisz : « Kaaté Mar » Une nouvelle communauté sous le signe de la pluralité

Patrick Petit-Ohayon, Chef du département de l'Enseignement du FSJU

La méthode Yemima Étude de la pensée consciente cognitive





Gabriel Cohen,

Directeur Lev Hair

Bureau en France : Directeur Général Gabriel COHEN levhairmag@gmail.com

Directeur du Plus Hebdo et du site LPHinfo.com

■ PUBLICITE & MARKETING France : ART COM C PUBLICITE Gabriel COHEN : 06 18 98 61 80

■ Secrétariat : levhairmag@gmail.com Adresse : 19 rue d’Isohard – 13001 MARSEILLE 06 18 98 61 80 ■ Rédaction : Sandrine A.Sroussi et Gabriel COHEN Haim ATTIA : Responsable Coeur de ville - Internet, N.T R. Sociaux. levhairmag@gmail.com www.levhair.com ISSN : 2103 - 9747 Numéro de Dépôt légal : à parution ■ Editeur : Société ART COM C 13013 MARSEILLE RCS 49058466100014 Directeur artistique : Arfi William ■ Impression : ART COM C : 06 18 98 61 80

---------------------------Bureau en Israël :

Directeur Général Avraham Azoulay Direction.Lph@gmail.com

■ Secrétariat Rosy Chouai lph5@bezeqint.net Tel : 972 2-6788720

■ Adresse Haoman 24/35 Talpiot - Jérusalem

■ Marketing & Stratégie Vita Green Tel: 97254-7855770 Lph.vita@gmail.com

■ Rédaction Guitel Ben-Ishay guitelbenishay@gmail.com site: www.lphinfo.com

E

Avraham Azoulay,

Edito

Bon anniversaire Yéroushalayim

n 2010, le FSJU réunissait les responsables communautaires d’établissements scolaires pour analyser la situation de l’école juive en France. Les conclusions de cette réunion faisaient déjà état d’une légère régression des effectifs due à la crise économique, à la alya et à un certain déficit du projet pédagogique. En 2015, le réseau scolaire juif doit faire face, à l’instar de toute la communauté, au climat antisémite grandissant et inquiétant qui s’ajoute aux évolutions structurelles déjà amorcées il y a 5 ans. M. Patrick Petit-Ohayon, directeur du pôle enseignement au FSJU, au cœur du problème, nous a apporté un solide éclairage sur le sujet. Lev Haïr a également interrogé un certain nombre de directeurs d’écoles juives en Province et à Paris pour prendre le pouls de l’école mais aussi pour avoir des perspectives d’avenir concernant l’une de nos plus belles réussites communautaires : notre réseau éducatif. Nous avons aussi souhaité rendre hommage à M. Rebbouh, par le biais de son épouse Annie, qui nous a dressé le portrait de son mari, récemment décédé. Son dévouement pour la communauté juive, son implication passionnée dans le projet éducatif de l’école Yavné à Marseille et son projet inachevé de création d’une structure dédiée aux enfants juifs handicapés méritaient bien un portrait dans nos colonnes. Am Israël Hai ! Cette année nous fêterons avec plus de ferveur encore les retrouvailles avec toute notre capitale. Jusqu’en 1967, non seulement nous ne pouvions pas nous promener librement dans notre propriété, mais le fait d’être si près d'ennemis haineux rendait la vie impossible et dangereuse. Alors comment ne pas danser et chanter de joie ce dimanche 17 Mai à Jérusalem ? Comment ne pas dire merci merci merci, 1001 fois à nos héros de Tsahal qui ont à nouveau insufflé en nous l'air pur qui manquait terriblement à nos poumons ! Comment ne pas lever les yeux aux Ciel pour Le remercier de ce cadeau qu’Il nous a rendu, en nous redonnant en main les clés de notre maison, de notre Kotel ? L’âme du peuple juif était jusque là écorchée, la voilà à présent apaisée, capable de s'élever et d'éclairer tout un peuple et les nouvelles générations. Chaque pas sur le sol de Jérusalem est une sorte de tefila, de mérite, de fierté. Chaque jour dans notre écrin doré est un nouveau jour qui nous surprend et nous émeut comme le regard d'un enfant qui découvre le monde. Alors oui, nous sommes irrités quand on nous désigne d’un doigt accusateur, en nous reprochant de trop l'aimer, de la faire grandir, de la rendre plus belle, plus moderne plus accueillante chaque jour. L'ignorance est devenue de l'arrogance. Ces gens qui passent, ces ‘’grands’’ de ce bas monde, croient naïvement qu’ils peuvent s’ingérer dans l’Histoire du peuple juif. Nul n'a le droit ni le pouvoir de changer le cours du destin du peuple élu . Bon anniversaire Yeroushalayim !

Gabriel Cohen et Avraham Azoulay

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SOMMAIRE MAI 2015 LEV HAIR & LPH N°34

En Couverture

INTERVIEW Mr Patrick Petit-Ohayon, Chef du département de l'Enseignement du FSJU ..............................P. 6

INTERVIEW de plusieurs responsables d’établissements scolaires juifs en France ...............................P. 8-13 L’Alliance Pavillons-Sous- Bois, 7ème meilleur lycée national au Palmarès de l’Express ......................................P. 14

Hommage à Bernard Rebouh Le rêve d’un homme : une structure de vie pour les jeunes handicapés juifs......................P. 16 INTERVIEW Gérard Garouste : « L’art est une manière de recréer du désir » ..........................................P. 18

Avec votre ISF, soyez solidaire du programme Massa grâce au Keren Hayessod ! Témoignages ......................................................P. 20

SUR LE VIF vivre comme Juif en général et Juif religieux en particulier en France en 2015 .................P. 22-23 LE SAVIEZ-VOUS ? L’Histoire des Pirates Juifs ..............................P. 24 éDUCATION L'oulpan pour enfants : Une option à considérer sérieusement ..................................P. 26

Intronisation du rabbin Daniel Dahan ..............P. 28 INTERVIEW : Daniel Dahan, Grand rabbin d’Aix-en-Provence ......................P. 29 RENCONTRE avec Shmuel Trigano ................P. 30

éDUCATION - PSYCHO L'estime de soi chez les juifs yéménites ........P. 32 NOS RACINES - Les juifs du Pérou Au pays des incas ..............................................P. 34

INTERVIEW Rav HAIM Dynovisz, KAATE MAR Une nouvelle communauté sous le signe de la pluralité........................................P. 35

NOS AINéS Vieillir oui mais mieux, en bougeant ! ..............P. 36 NOTRE HISTOIRE Les Juifs d'Afrique du Nord et la Shoah ....................................................P. 38-39

SANTé-BIEN-ÊTRE La méthode Yemima étude de la pensée consciente cognitive ........P. 40 DéCO Aménager son balcon ou sa terrasse ..............P. 42

CÔTé-PSY Surpoids et obésité : Quand manger vient combler un manque, un vide ............................P. 44 ALYA Jeunes bacheliers, réussissez vos études en Israël grâce à P4U ........................................P. 46

PROGRAMME FLEG ..........................................P. 47

RECETTES - BLAGUES ....................................P. 48


EN COUVERTURE

INTERVIEW

Par Sandrine A. Sroussi

Mr Patrick Petit-Ohayon, Chef du département de l'Enseignement du FSJU

DR.

L’avenir de l’école juive en France Lundi 9 Février dernier, de nombreux directeurs des écoles juives de France se sont réunis à l’initiative du FSJU afin de débattre de l’avenir de l’école juive en France. Lev Haïr a interrogé M. Petit-Ohayon, directeur du pôle enseignement au Fonds social afin de nous éclairer sur le sujet. déséquilibre financier sérieux, du fait de l’augmentation du En juillet 2010, le GIC (Le Groupement d’Intérêt nombre de bourses, le choix de l’école publique étant parCommunautaire de l’Enseignement), l’un des pôles de fois motivé par des raisons financières. réflexion du FSJU, étudiait déjà «l’avenir de l’école juive». 5 ans après, compte tenu de la situation actuelle L’avenir de l’école ne se situe-t-il pas dans une meilde la communauté juive française, pouvez-vous établir leure gestion de l’échec scolaire, dans une appréhenun état des lieux de l’école juive en France ? sion différente de la transmission des apprentissages, Entre 2010 et 2015, les points d’ancrage de la réflexion compte tenu de la réalité objective d’un monde de sont différents, mais la préoccupation reste la même. En l’image, de l’immédiateté des informations qui fait évo2010, nous évoquions la réorganisation du réseau pour luer les représentations et les logiques ? éviter son morcellement et l’isolement des structures avec Au-delà de la survie économique, les établissements sont l’affaiblissement de l’originalité de chaque projet pédagoactuellement confrontés à de nouveaux défis pédagogique et pendant quatre ans, nous avons beaucoup œuvré giques. Bien sûr, il y a ceux que vous évoquez et nous y dans ce sens. Nous avons rapproché des établissements, travaillons depuis quelques années en Assemblées de Diréorganisé des régions, renforcé des réseaux … recteurs et en formation. Tout ceci prend du temps. En 2015, nous sommes face à un autre défi. L’antisémiMais il y en a d’autres du fait de la situation en France. tisme atteint un niveau d’expression tel qu’il précipite les La transmission d’une identité forte et riche, alors que décisions de départs vers l’étranger (Israël, notamment, celle-ci est remise en question, par les actes antisémites, mais pas seulement), mais aussi vers d’autres réseaux n’est pas simple. d’enseignement en France. La motivation pour l’enseignement juif n’est pas toujours Numériquement, ces départs de familles entières, environ avérée chez les primo-arrivant dans le réseau. un millier d’enfants, sont contrebalancés par des primoIl nous faut donc repenser l’approche et les contenus de arrivants dans l’enseignement juif. Or, cet équilibre appal’enseignement juif pour le rendre adapté à cette nouvelle rent, au niveau national, cache une réalité plus complexe. demande. Des déplacements des familles d’une zone géographique considérée comme peu sûre vers des zones plus « sûres ». Quels sont les chantiers à moyen et long terme du FSJU Or, les capacités d’accueil des bâtiments scolaires n’ont pour l’école juive, en d’autres termes, selon vous, quel pas, le plus souvent, anticipé cette demande accrue. Du est l’avenir « réaliste » de l’école juive en France ? coup, certains sont surchargés et d’autres se vident. L’école juive en France va devoir évoluer sur plusieurs Des questions économiques se posent également du fait plans : de l’augmentation des demandes de réductions de frais de • Le renforcement de la sécurisation des bâtiments pour scolarité. protéger les personnes. Enfin, des questions pédagogiques avec un accroissement • L’approche de l’enseignement juif doit s’adapter à une de l’hétérogénéité des niveaux en enseignement général demande en mutation. et encore plus, en enseignement juif. • L’ouverture au plus grand nombre doit être avérée pour permettre d’accueillir ceux qui ont actuellement choisi L’école juive a-t-elle les moyens de supporter des d’autres réseaux. pertes importantes d’effectifs ? • L’augmentation de son professionnalisme, déjà présent, Le risque est très clair pour certains établissements. Si les pour constituer un pôle d’attraction. départs ne sont pas contrebalancés par des arrivées, on • Le réseau va se modifier. Il y aura peut-être moins de risque de se trouver en danger. structures, mais celles qui vont se maintenir, la grande maMais, même avec une arrivée numériquement équivajorité, vont encore se renforcer. lente d’élèves, nous risquons d’être confrontés à un

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L’école Juive a-t-elle encore un avenir en France ? Le FSJU a réuni, lundi 9 Février (1), de nombreux directeurs d’écoles juives de France pour débattre de l’avenir de l’école juive en France. En effet, comment nos écoles peuvent-elles survivre dans un contexte de baisse des effectifs due à la alya, à la crise économique et aux craintes sécuritaires des familles. Pour analyser le phénomène, nous avons interrogé M. Patrick Petit-Ohayon, directeur du pôle Enseignement au FSJU qui est le mieux placé pour nous livrer des informations précieuses sur le sujet. Nous avons également sollicité les principaux intéressés, à savoir certains responsables d’établissements scolaires juifs en région PACA et à Paris (nous n’avons malheureusement pas pu interroger tous les directeurs et directrices…) qui nous ont fait part de leur constat de la situation et de leurs perspectives d’avenir…

Les événements tragiques de janvier 2015 mais également la montée de l’antisémitisme en France depuis une dizaine d’années, ont-ils eu des conséquences sur l’école juive ? Paul Fitoussi Directeur de Lucien de Hirsch, Paris et Président de l’Association des Directeurs d’Ecoles juives de France depuis 2 ans

Les événements tragiques de janvier ont eu des conséquences dans plusieurs domaines. Sur le plan de la sécurité, toutes les écoles juives ont désormais une présence sécuritaire 24 h/24, y compris pendant les vacances scolaires pour certaines. Le gouvernement a décidé que la sécurité des écoles juives était une priorité et il semblerait que cette présence militaire soit maintenue de manière pérenne. Les parents et les enfants doivent donc apprendre à vivre avec un visage différent de l’école juive car cette présence militaire est à la fois inquiétante et rassurante, compte tenu de la multiplication des actes antisémites. Au niveau des effectifs, très peu d’élèves ont quitté les établissements de manière immédiate et il est difficile de savoir combien le feront l’année prochaine. Il est certain que le mouvement de fond de la alya devrait s’intensifier et avoir des conséquences sur l’école juive, malgré les mesures conséquentes prises par le gouvernement Français. Les départs vers Israël sont aujourd’hui le fait de familles avec de jeunes enfants et beaucoup moins de retraités… Or, ce sont les forces vives de notre communauté qui partent… Combien de temps ce mouvement va-t-il durer ? Nul ne le sait… Mme Esther Douieb Directrice ORT Marseille et déléguée du FSJU pour les écoles juives de l’académie Pour certaines écoles, les pertes d’effectifs risquent, en effet, d’être très im-

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portantes. L’agence juive parle d’un départ vers Israël de plus de 10000 personnes cet été et le phénomène ne fait que commencer. Les petites écoles orthodoxes hors contrat sont en première ligne puisque leur public est essentiellement composé de familles observantes qui feront certainement le choix de la alya. Les écoles juives sous contrat qui ont un public exclusivement juif risquent de connaître une baisse conséquente de leurs effectifs. En ce qui concerne l’ORT, notre école n’a pas connu de perte immédiate mais certains parents d’élèves nous ont confié qu’ils envisageaient de faire leur alya ou de l’anticiper. Certains parents non juifs nous ont exposé leurs craintes d’inscrire leurs enfants en école juive car elle est devenue une cible. D’autres parents juifs évoquent l’idée de mettre leurs enfants en école privée catholique. Une chose est certaine : l’école juive va souffrir. M. Bellahssen Directeur de Yavné Paris

Comme toute la communauté, l’école juive, structure communautaire, a, bien sûr, subi des contrecoups de différentes natures liés à tous ces événements plus ou moins lointains. Une école juive elle-même, a été la cible d’attentat à Toulouse. Les effets sur nos écoles sont à la fois structurels et sociologiques. Face aux dangers grandissants, nous devons en permanence améliorer nos dispositifs de sécurité (humains, techniques, comportementaux) et tout cela a un coût, sans pour autant se sentir vraiment protégé, car l’usage des armes nous est totalement interdit en France. Les personnels et surtout les enfants sont sensibilisés au danger, mais nous essayons de ne pas tomber dans une psychose qui serait destructrice. Des séances de formations sont organisées pour le personnel et les élèves, des simulations sont expérimentées. Des entraînements aux techniques de self défense sont organisés dans l’école, pour une majorité d’élèves, pour réduire leurs appréhensions. Il y a aussi les flux d’élèves qui s’accentue, d’un côté vers Israël et de l’autre, en provenance des écoles publiques de plus en plus perçues comme peu rassurantes. Nous avons dû, comme probablement beaucoup d’autres écoles, faire face à des dépenses importantes,


Par Sandrine A. Sroussi

des mises en place particulières et aussi faire appel à l’aide des parents qui se forment pour protéger les abords de l’école en plus des militaires postés depuis janvier. Nous ne sommes pas trop touchés, D… merci, par une baisse d’effectif car notre établissement jouit d’une grande notoriété mais l’avenir est à observer avec modestie et attention. Guil Zenou Directeur du Gan Ami, Marseille

Depuis janvier dernier, nous vivons un quotidien marqué par des impératifs sécuritaires auxquels - il faut le dire- nous nous sommes hélas habitués… Mais plus encore depuis bientôt trois mois, entre exercices sécuritaires, vigilance accrue, présence militaire, il semble bien que nous soyons entrés de plain pied dans une ère nouvelle de notre vie communautaire et scolaire. La deuxième conséquence est liée à l'accélération du phénomène de la Alyah avec quelques difficultés - pour l'heure mineures - qui viennent quelque peu perturber la préparation de notre prochaine

rentrée scolaire. Nous avons enregistré le départ de plusieurs familles, d’autres risquent de se manifester pour les mêmes raisons d’ici peu. Mais par le recrutement de nouveaux élèves, nous arrivons,-D.ieu merci, à équilibrer les choses. Mais pour combien de temps encore !?

Mme Pallot Directrice Yavné Marseille

L’actualité récente a eu un impact certain sur les choix de l’école juive. Pour autant à Yavné, la baisse des effectifs s’est amorcée avant les événements. 5 classes ont été fermées au primaire avant la rentrée 2012. Le vivier du primaire se raréfiant, il entraîne à terme une baisse des effectifs au collège-lycée par la montée pédagogique. En outre, la multiplication des écoles juives, les difficultés liées au plan des transports publics marseillais, les transferts de population vers les 7,8,9ème arrondissements, la paupérisation des classes moyennes et bien sûr la alya sont des facteurs importants qui accélèrent le mouvement.

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EN COUVERTURE Quels sont, selon vous, les enjeux les plus cruciaux pour l’école juive en France ?

Paul Fitoussi Directeur de Lucien de Hirsch- Paris

L’école juive doit faire face à la crise économique. L’école juive a un prix et nous sommes en présence de populations touchées par la crise. Même pour une famille de cadres moyens, les coûts sont très élevés et peuvent être dissuasifs malgré l’existence des bourses. Les questions sécuritaires devraient s’intensifier à l’avenir et sont un enjeu crucial pour la survie de l’école juive. Enfin, il est important de se poser la question du développement des écoles juives. Il me semble qu’il faudrait regrouper certaines structures. Certaines écoles comptent parfois 10 élèves par classe ! Ce phénomène perceptible en province pose la question de la viabilité de certaines structures. A Nice et Toulouse, des écoles se sont déjà regroupées et il faudrait sérieusement y réfléchir à Marseille et même, dans l’avenir à Paris. Quand nos jeunes de 18 ans partent en Israël ou ailleurs (Usa, Canada…), cela signifie qu’ils ne construiront pas leur avenir ici. Il nous faut donc penser à maintenir nos structures et à les développer selon ces trois problématiques. Esther Douieb ORT Marseille

Il existe plusieurs enjeux. Il y a le problème de la perte d’effectifs qui est inéluctable puisque ce sont des familles avec des jeunes enfants qui partent en Israël. Cet élément nouveau met en péril l’école juive car ce sont des jeunes qui ne construiront pas leur avenir en France. Le clignotant rouge est allumé et il faut nous en préoccuper ! De plus, les familles qui restent en France ont quand même la crainte de laisser leurs enfants en école juive pour des raisons sécuritaires. Par ailleurs, certaines familles rechignent à mettre leurs enfants en école juive à cause du niveau qu’ils estiment en baisse. En effet, trop peu d’écoles juives font des efforts pour allier l’enseignement religieux à l’ouverture intellectuelle. En tant que représentante des écoles juives de l’Académie auprès du rectorat, je constate ce phénomène que je ne retrouve pas dans les écoles laïques de bon niveau ou celles du diocèse. J’ai le sentiment que les enfants de la communauté juive se sclérosent et que nous sommes en perte de vitesse. Où sont nos élites intellectuelles aujourd’hui ? Où sont les Spinoza ou les Levinas des années 2000 ? L’approche de l’enseignement religieux en France me semble réductrice. Elle mériterait plus d’ouverture et d’humanisme et sa qualité est critiquable. Même en Israël, vivre selon ce schéma uniquement religieux ne permet pas la prise de recul et de réflexion dans une société diversifiée. D’ailleurs, en

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Par Sandrine A. Sroussi France, de nombreux enfants ayant passé toute leur scolarité en école juive sont complètement déstabilisés lorsqu’ils doivent aborder des études supérieures en milieu non juif. Je pense que la formation en école juive est trop clivante et qu’elle ne permet pas d’acquérir l’ouverture nécessaire à la vie dans notre société laïque. M. Bellahssen Directeur de Yavné Paris

La compréhension de la communauté dans sa pluralité, la nécessaire prise en compte d’un avenir incertain mais aussi la recherche de projets ambitieux pour chaque élève selon ses capacités, me semblent les points à mettre particulièrement en avant. Tout ceci sur un fond d’engagement religieux et d’une appropriation de nos valeurs fondatrices et édifiantes. Mme Pallot Directrice Yavné Marseille

Les enjeux sont de pérenniser cette école en offrant le plus grand choix aux parents et aux enfants pour un avenir ouvert. Nous avons plus que jamais besoin de l’école juive pour travailler notre identité et mieux comprendre l’autre dans le monde qui nous entoure. C’est la seule école qui permette des perspectives larges quant à l’orientation future par l’apprentissage des langues (anglais/hébreu/espagnol) et qui donne le choix des études en France, en Israël et aux USA. Guil Zenou Directeur du Gan Ami Marseille

Au delà des enjeux propres à notre mission éducative, il nous faut désormais anticiper sur des phénomènes dont nous n'avons pas la totale maîtrise : je pense à la problématique sécuritaire et aux fluctuations -plus ou moins prévisibles- de nos effectifs.



EN COUVERTURE Comment l’école juive peut-elle, doitelle gérer, à moyen et long terme, les difficultés conjoncturelles et structurelles auxquelles elle est confrontée (baisse des effectifs, crise économique, échec scolaire grandissant...)

Paul Fitoussi Directeur de Lucien de Hirsch, Paris

Je ne crois pas que la baisse de niveau soit spécifique aux écoles juives. Je dirais même que nous sommes plutôt bien placés. Beaucoup d’écoles juives ont des bons résultats aux examens mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Nous devons attirer les élèves juifs des écoles laïques publiques et catholiques par des éléments qualitatifs (numérique, offre de nouveaux savoirs etc.). Par ailleurs, l’école juive devra trouver des solutions financières. Il faudra arrêter de construire de nouvelles écoles et il va falloir analyser les situations régulièrement, tous les trois ans par exemple, pour réévaluer les choses et s’adapter. L’école juive doit continuer à innover. Il y a des années, elle a créé le soutien, aujourd’hui, toutes les écoles en font mais c’est nous qui l’avons inventé. Alors continuons à être le fer de lance de l’innovation ! A Lucien de Hirsch, par exemple, les élèves du primaire suivent des cours de kodech entièrement dispensés en hébreu, nous proposons des cours de chinois au secondaire et une préparation aux psychométriques pour les lycéens. C’est sur cette voie que l’école juive doit résolument s’engager pour survivre et progresser. Esther DOUIEB ORT Marseille

Je pense que l’école juive traditionnelle doit se remettre en cause sur la question de l’ouverture à l’autre. Un certain repli communautaire a entraîné la création d’élèves trop passifs, récipiendaires d’un savoir « mâché ». Nous devons ouvrir notre enseignement religieux à plus de réflexion par une confrontation de nos textes avec ceux des grands penseurs pour éviter la sclérose intellectuelle. Il faut former nos élèves à polémiquer, ce qui, d’ailleurs, est une des bases de notre culture religieuse ! De plus, les questions posées par l’immédiateté de l’information et la culture de l’image (qui sont des problèmes que rencontre l’école en général, juive ou non), s’ajoutent à un phénomène culturel qui est celui de l’enfant adulé, que l’on ne renvoie pas à ses limites ou à ses lacunes. Cet enfant-roi ne sera jamais dans l’effort. Il nous faut donc une école juive plus ouverte qui accorde au « hol » une place privilégiée dans son enseignement, notamment dans les établissements hors contrat. Les chefs d’établissement sous contrat, eux, seront confrontés à un vrai dilemme : doit-

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on ouvrir ses portes à un quota d’élèves non juifs ? Peut-on envisager d’intégrer des enfants issus de mariages mixtes, ceux dont le père est juif (d’autant que cette réflexion est aussi menée par de nombreux responsables religieux actuellement, compte tenu de la situation démographique de la population juive…) ? Enfin, il faudrait songer à des regroupements par secteurs, par pôles. Se spécialiser dans certains domaines serait opportun vu l’urgence, sous l’égide du FSJU. Il faudrait effectuer un regroupement par spécialités et compétences mais cela ne pourra se faire que par une concertation pacifiée. Face à cette situation, nous devons nous montrer unis, utiles et responsables, trouver le chemin du dialogue constructif pour pérenniser l’école juive. Pourquoi ne pas prendre en exemple les écoles du diocèse qui ont créé une commission de recrutement composée de différents responsables des écoles catholiques et qui gèrent les transferts des élèves et des professeurs en fonction d’une sectorisation par compétences et spécialités ? Un fichier pourrait être créé afin de mettre nos ressources en base de données communes pour optimiser notre réseau qui doit être profondément repensé à l’issue d’un travail consensuel. Les parents doivent, de nouveau, nous faire confiance et nous devons redevenir un réseau de grande qualité, ouvert sur notre monde et notre société en constante mutation. Guil Zenou Gan Ami – Marseille

Tout d'abord, je n’observe pas vraiment de phénomène d’échec scolaire grandissant ici. Nous notons certes que la génération montante présente quelques difficultés : problème de concentration, déficit en rigueur dans le travail etc, mais pas d’échec au-dessus des normes. Au contraire, le niveau scolaire de nos élèves est généralement plutôt correct. S'agissant du reste, nous devrons sans doute nous adapter à une nouvelle configuration et faire appel à notre créativité pour diversifier nos activités. Je pense que les écoles vont devoir se transformer en centres culturels, sportifs, informels pour élargir leurs activités et compenser leurs pertes budgétaires. Enfin, il me semble indispensable qu'à moyen terme, les établissements communautaires puissent se constituer en réseau et travailler de concert pour préserver, voire développer nos moyens d'action, plus spécifiquement ceux alloués par les services d'état. Nous devrons de façon générale, sur le plan communautaire, faire preuve d'une grande maturité et solidarité pour surmonter les difficultés qui s'annoncent. Plus vite on le comprendra, plus de chances on aura de sauvegarder l'essentiel. M. Bellahssen Directeur de Yavné Paris

Il me semble plus que probable que la problématique de l’école juive va se faire ressentir plutôt à court ou moyen terme et, a


fortiori, à long terme. Les créations d’établissements ici et là doivent être fortement découragées, les ouvertures de classes doivent faire l’objet d’une étude approfondie. Les écoles qui fonctionnent avec des effectifs faibles doivent penser à se regrouper en arrondissant les angles sur les projets pédagogiques. Les écoles qui ne vivent que sur l’organisation de grands galas doivent se poser sérieusement la question de la pertinence de l’utilisation de ces moyens si difficiles à mobiliser. Quant à l’échec scolaire, les statistiques montrent plutôt une belle réussite des établissements juifs. Mme Pallot Yavné Marseille

L’école juive doit progresser dans plusieurs domaines. Nous devons poursuivre nos efforts dans le domaine de la pédagogie différenciée et proposer des alternatives en matière de projets pédagogiques qui devront être plus riches et plus nourris dans le respect des contrats signés avec l’état. Nous devons intensifier la formation des enseignants avec la méthode Feuerstein (2) entre autres et mettre en place des partenariats avec des écoles internationales, des universités américaines et israéliennes. Il faut développer des projets inter-établissements, notamment au niveau du travail de mémoire, en association avec des établissements publics, pour les grandes journées commémoratives. Nous devons offrir une diversité pédagogique afin de permettre toutes les orientations possibles : ouvrir une section L (littéraire), une section Européenne et internationale. Je voudrais aussi souligner la nécessité de créer une structure adaptée aux jeunes handicapés juifs pour lesquels il n’en existe pas dans la région, tout comme pour les enfants précoces ou « dys ». Ce sont des

Par Sandrine A. Sroussi

projets pour l’école juive de demain qui doit aussi s’adapter à la modification du rapport au savoir sur laquelle travaille le Ministère de l’Education Nationale. Les enfants d’aujourd’hui n’ont pas le sentiment de devoir apprendre, compte tenu de l’immédiateté de l’information et de l’accès au savoir permis par le numérique. L’école juive, à l’instar de toutes les autres écoles, doit s’atteler à ce problème : « comment apprendre à des élèves qui ne veulent pas apprendre ? » Nous devons nous interroger sur ce rapport au savoir et celui de l’utilisation et la gestion des ressources qu’il faut savoir sélectionner. En conclusion, l’école juive doit concevoir un projet pédagogique nourri et prometteur qui intègre ce nouveau rapport au savoir, pour la réussite de nos élèves et la pérennité de nos structures. Mais l’école juive, c’est aussi le supplément d’âme hérité de notre culture, que nous avons charge de transmettre. Face aux baisses d’effectifs, à la crise économique et aux craintes sécuritaires, les écoles juives ont l’obligation de s’adapter, pour assurer leur survie. Pour y parvenir, elles n’ont d’autre choix que celui de se réformer et d’innover pour maintenir des effectifs qui leur permettront d’exister. Elles doivent toutes, chacune à leur niveau, se remettre en question, notamment au niveau du regroupement nécessaire des écoles juives par spécialité, secteur ou compétence. Enfin, elles doivent toutes, à un niveau égal, se former à appréhender ce « nouveau rapport au savoir » dont parle Mme Pallot, directrice de Yavné Marseille qui « bouge les lignes » des apprentissages classiques et nécessite des formations pédagogiques enrichissantes et novatrices. Une chose est certaine, l’heure d’une concertation constructive et pacifiée est arrivée.

www.fsju.org/doc/index/enseignement/l-volution-del-cole-juive-en-question.html (2) www.javance.org/feuerstein.html (1)

Un nouveau regard sur la communication

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L’Alliance Pavillons-Sous- Bois, 7ème meilleur lycée national au Palmarès de l’Express !

ALAIN AZRIA

Votre école vient d’être classée 7ème des meilleurs lycées nationaux par l'Express. Comment expliquez-vous cette réussite ? Notre établissement a toujours été bien classé et depuis plusieurs années nous sommes, comme d'autres écoles juives, parmi les premiers de France. 20 ème l'année dernière, 7ème cette année au classement de l'Express : la réussite n'est pas une affaire de chance ou de hasard mais bien la savante combinaison du travail d'équipe, de l'adhésion des familles au projet d'établissement et de la foi indéfectible dans notre mission éducative. Nous avons gravi les échelons à force de ténacité et de conviction dans le dispositif d'accompagnement des élèves, fait "sur mesure". Chaque enfant est "perfectible "dit Feuerstein : les élèves n’en seront convaincus que si les adultes le sont et trouvent les "bonnes clés" afin de leur faire recouvrir la confiance en eux. Chacun progresse à son rythme selon des objectifs ciblés. Chaque enseignant est amené à devenir tuteur ou à donner des cours de soutien mais surtout à entretenir le dialogue avec les parents. Nous veillons à renforcer leur formation et à leur donner la force et les moyens de remettre, le cas échéant, en question leur pédagogie car les générations d'élèves changent d'une année à l'autre et le métier d'enseignant doit lui aussi évoluer. Nous veillons à rapprocher les équipes des 3 cycles qui cohabitent sur le même site et à harmoniser nos pédagogies. Enfin l'Alliance Israélite Universelle nous a donné les moyens de nos ambitions en nous permettant de moderniser les salles spécialisées (Physique/chimie, SVT ou encore le CDI ou le CD juive) et de promouvoir la culture générale et juive par des activités culturelles diverses. Notre président Marc Eisenberg tient à ce qu'aucun enfant ne soit privé d'enseignements de qualité tant pour les matières générales que juives. Ainsi nous avons près de 70% de boursiers. Enfin je suis convaincue que lorsque l'on est heureux de travailler, que l'on soit élèves, professeurs ou membres de l'équipe administrative, l'on gagne en efficacité et en persévérance, l'on se dépasse et repousse l'horizon de notre ambition. Nous nous y appliquons!

En quoi les évènements de janvier 2015 ont-ils influé sur votre école en particulier et sur l'école juive en général ? Les évènements de Janvier restent marqués dans les mémoires de tous, enfants et adultes. Jusque- là, nous

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étions déjà derrière des grilles et vitres blindées mais désormais nous avons des militaires armés devant l'école qui, pour la plupart, découvrent la communauté juive. Ils nous remercient pour notre accueil et le respect et la reconnaissance de tous à leur égard et disent n'avoir jamais connu ça. Il a fallu expliquer, notamment aux plus petits, ces changements et faire un travail de communication auprès des parents afin de renforcer le dispositif de sécurité et apprendre à tous à être et rester vigilants. Les effets de ces évènements sont divers ; certains parlent de "fuir" la Seine-Saint-Denis pour le Sud ou l'Ouest parisien ou nombreux pour Israël. D'autres font le pas d'intégrer l'école juive, par peur, pour la sécurité de leurs enfants. Pour finir, je dirais que cette période trouble renforce sensiblement l'identité juive des familles et des jeunes gens et davantage leur attachement à Israël. Certains n'inscrivaient leurs enfants qu'au collège pour des raisons économiques ou parce qu’ils se rapprochaient du judaïsme lorsqu'approchaient les Bar et Bat mitsvot. Depuis peu, nous sentons l'urgence de la part des familles de les inscrire dès le primaire, voire en maternelle ; nous avions un Gan 2 et 3, nous allons ouvrir pour la rentrée 2015-16, une petite section. Tous sont touchés par la mise à l'épreuve de la République et sont rassurés par les prises de positions et actions des responsables communautaires et surtout celles des politiques. Pour autant, certains élèves quittent l'école juive dans les quartiers plus aisés de Paris pour aller dans les écoles laïques ou autres écoles privées qui sont moins «stigmatisées». La population y est souvent de milieu socio-culturel favorisé et les exigences dans les écoles élevées. Ainsi, ils préfèrent renoncer à une éducation juive en milieu scolaire pensant moins exposer leurs enfants qu'en les laissant dans les écoles juives. Vraiment, le climat est tendu et les relents antisémites, racistes et antidémocratiques nous accablent mais n'ébranlent pas notre conviction dans notre mission éducative de l'AIU, faire de nos élèves de futurs citoyens respectueux des valeurs de la République et du Judaïsme. 3°) Quels sont selon vous, les enjeux cruciaux de l'école juive en France? Les enjeux sont de taille et demandent de faire preuve d'optimisme et d'endurance : il nous faut poursuivre dans la voie tracée par toutes les écoles juives qui donnent, toutes, le goût de l'étude et l'envie de s'affirmer en veillant à couper, à la racine, toute tentation d' agressivité. Nous devons empêcher nos enfants de devenir racistes et haineux en expliquant que notre dignité et nos valeurs sont nos forces. Pourtant quand ils se font agresser ou tremblent de peur, quand ils ont l'impression de se cacher, nous devons, même si cela n'est pas aisé, continuer à leur enseigner le judaïsme et à développer leurs compétences et talents, afin de ne pas céder à la provocation ni à la tentation de vengeance.



EN COUVERTURE

EDUCATION

Par Sandrine A. Sroussi

Hommage à Bernard Rebouh Le rêve d’un homme : une structure de vie pour les jeunes handicapés juifs Annie Rebouh est l’épouse de M. Bernard Rebouh, décédé il y a un an, qui a joué un grand rôle dans la communauté juive Marseillaise. Elle a, à sa demande, repris le flambeau de l’écriture des mémoires qu’il avait commencées et souhaite accomplir le rêve de sa vie : créer une structure de vie pour les jeunes handicapés juifs.

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Un homme en « formation » durant toute sa vie Diplômé d’une école de commerce d’Alger, il a commencé sa carrière en tant qu’enseignant à Salon de Provence, Marseille et Aix. Ensuite, il a été Professeur de comptabilité et gestion financière à l’IUT de St Jérôme. Après une année d’études à Québec, il obtient en 1973, son master de finances. Mon mari a toujours étudié tout en travaillant, notamment pour devenir expert Comptable, matière dans laquelle il a écrit plusieurs manuels de comptabilité. Il a aussi beaucoup étudié nos textes juifs et laissé des écrits dessus… Je découvre tous les jours les trésors qu’il a laissés…Mais son vrai combat a toujours été en faveur de l’éducation juive pendant 50 ans.

L’éducation juive et Yavné, son « bébé » En 1960, il tente de fonder une association d’enseignants juifs mais elle ne voit jamais le jour. Il s’intéresse alors à Yavné, installée dans les locaux de l’ancienne synagogue Yavné, avenue des tilleuls. Yavné, c’était sa passion, son obsession. Il voulait absolument la reloger dans des locaux plus adaptés, plus sécurisés. Il faut savoir qu’il y a 35 ans déjà, les gens des cités étaient agressifs et nous lançaient des pierres ! Le Vatican était alors farouchement opposé à la vente de son école catholique (44, bd Barry) à des juifs. Malgré ses angoisses et ses inquiétudes, il ne laissait rien paraître. Il était totalement investi dans cette école et peu de gens savent qu’il a d’abord été président des parents d’élèves. Son attachement affectif pour Yavné l’a suivi jusque dans la mort et, même, dans les moments où il était très malade, il continuait à contacter des personnes en rapport avec l’école pour suivre son évolution. Je viens d’inaugurer une plaque commémorative en son honneur qui se trouve dans la salle des Terminale S. Ernest Lévy, actuel président du C.A. de Yavné et M. Teboul, viceprésident, l’ont souhaité pour remercier cet homme, toujours disponible, modeste et généreux.

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Un homme dévoué à sa communauté Mon époux était très actif au niveau de la communauté. Même pendant l’ouverture de son cabinet d’expert comptable, il menait toutes ses activités de front et, quand il se faisait aider par des étudiants, il tenait à les payer chaque semaine, ayant toujours le souci de n’exploiter ni de blesser personne. Donc, au niveau communautaire, avec Marcel Zerbib, le Rabbin Asseraf et sa sœur Caroline Rebbouh, mon mari s’occupait de la synagogue de la Rose, qui se trouvait alors chemin de la Sartan, dans le 13ème arrt. Il collaborait aussi à l’écriture d’articles dans les journaux communautaires, notamment Lev Haïr et Haboné. Un projet inachevé : la création d’une structure de vie pour handicapés juifs Nous avons une enfant handicapée trisomique, Déborah. Sachez que les parents d’enfants handicapés n’arrivent plus à scolariser leurs enfants dès qu’ils grandissent. Puis se pose la question du vieillissement des parents… Nous avons tenté deux fois de faire notre alya et nous avons du revenir. La première fois, parce qu’au Mercaz klita de Mevasseret Tsion, on a refusé notre bébé parce que trisomique. Je ne pouvais pas faire mon oulpan alors qu’un bébé de 1 an, trisomique ou non, demande les mêmes soins. La seconde fois, en 2007, parce que nous avons connu les mêmes difficultés d’intégration avec notre enfant handicapée. Mon mari est tombé malade et nous ne sommes jamais repartis puisque, seule La Timone, pouvait s’occuper de lui. Nous nous sommes installés à Château Gombert et nous avons rencontré la famille Rosenthal. Des gens admirables qui ont créé une structure, Beyahad, qui vient en aide à de jeunes handicapés juifs. Ils leur offrent des sorties, des loisirs culturels mais le but est surtout de soulager les mamans et d’offrir une vie juive authentique à ces enfants. Il existe une autre association, Handicap, Amitié, Culture mais pas de vraie structure de vie, dans laquelle les handicapés pourraient passer la nuit. Mon mari m’a donc passé le flambeau. Je souhaite rassembler les familles concernées par le handicap pour commencer à réfléchir au sujet. Aujourd’hui, ma fille va en structure spécialisée catholique et c’est très compliqué de lui faire conserver ses traditions et sa culture juive dans ces conditions. Je crois qu’on peut faire quelque chose pour les handicapés pour ne pas les déraciner. Je me dois de continuer la tâche de mon mari.



INTERVIEW

Par Francine Kosmann

Gérard Garouste

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« L’art est une manière de recréer du désir »

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G.Garouste_Wagner, Mephistopheleset l’Homonculus

Quels sont les fondements de votre engagement dans le social ? Pourquoi je me préoccupe des enfants en difficulté ? Cela vient d’un souvenir d’enfance : j’étais tout jeune encore chez un oncle et une tante dans un petit village à la campagne, en Bourgogne. Les enfants de tous âges étaient dans la même classe. Mes copains étaient de l’Assistance Publique, on se faisait des confidences ; c’est comme cela que j’ai approché leur malheur… J’ai retrouvé cela en Normandie dans un village dans

Un partenariat avec la Source de Gérard Garouste Présentation par Francine Kosmann, Directrice des services d’action éducative de milieu ouvert de l’OSE

L’OSE a engagé un partenariat avec l'association La Source présidée par le peintre Gérard Garouste afin de mettre en place un projet d'atelier d’expression artistique dans trois de ses centres sociaux éducatifs. Pourquoi mener des activités de médiations artistiques, et plus largement culturelles dans le cadre de l’action éducative ? Proposer un atelier d’expression artistique dans l’institution, c’est d’abord créer un espace poétique, un espace de liberté, sécurisant et ludique, où la communication peut se vivre autrement, en dehors du quotidien. Il s’agit d'aider et d’accompagner les enfants à développer une connaissance d’eux-mêmes et des autres, favoriser leur inventivité, les prises d’initiatives et l’autonomie, tisser des liens sociaux avec leurs camarades, les travailleurs sociaux et les artistes. Ainsi le projet avec La Source prévoit des ateliers artistiques animés par des artistes professionnels. Le thème retenu pour cette première session qui débutera au 1er trimestre 2015, s’articulera autour du Golem, figure de la mystique et de la mythologie juive. Douze enfants, quatre de chaque centre de l'OSE accompagnés de leur éducateur, seront mobilisés chaque mercredi sur un trimestre pour une réalisation artistique collective autour de ce projet commun. Une semaine de séjour en résidentiel dans les locaux de La Source dans l'Eure prolongera l'expérience collective durant les vacances de printemps 2015.

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les années 80. A l’époque, je travaillais sur une œuvre de commande pour le Premier ministre de l’époque, Michel Rocard, à qui j’ai pu confier mon indignation. C’était le moment de s’impliquer. Avec un éducateur, nous avons créé la Source en 1991. Le projet, une projection de mon métier d’artiste, consistait à mettre en place des ateliers conduits par des César, des Buren… pour des groupes d’une dizaine d’enfants ! Au fil du temps nous avons lancé des bourses pour que de jeunes talents viennent animer nos ateliers et l’Education nationale nous a envoyé des élèves. L’association concerne désormais 5000 enfants et 90 artistes par an. L’art est une manière d’éveiller, de responsabiliser, de recréer du désir…

Comment vous êtes-vous impliqué dans le judaïsme ? Je suis issu d’une famille antisémite. En me demandant ce que cela voulait dire, j’ai découvert l’injustice de cette attitude. Plus tard, je me suis marié avec une femme juive. Elle a eu beaucoup d’influence sur moi. Pas du tout pratiquante, elle venait d’un milieu socialiste et il ya avait dans sa façon de penser, quelque chose qui sortait de mon éducation, une ouverture d’esprit. Cette étrangeté d’une autre culture m’a attiré. Le temps passant, j’ai éprouvé le désir de suivre des cours d’hébreu et me suis passionné pour la bible. Un jour mon fils m’a annoncé qu’il allait faire circoncire son fils. C’était le moment…Je me suis converti au judaïsme. Abraham dit « quitte ton père pour aller au delà de toi-même ». Etre Juif pour moi, c’est être un passeur d’une rive à l‘autre et un porteur d’avenir. Comment se sont noués vos liens avec l’OSE et comment se sont-ils développés ? J’ai découvert l’OSE par un film sur Arte. J’ai tout de suite eu beaucoup d’admiration pour l’aventure de cette association, depuis ses origines à nos jours. Il se trouve qu’aujourd’hui je fréquente la même communauté que Jean-François Guthmann, le président de l’OSE. J’ai été vraiment très honoré lorsqu’il m’a proposé d’intervenir. Des enfants pris en charge par l’OSE vont venir à la Source, dans l’Eure, pendant les vacances scolaires. Je m’en réjouis car pour moi, travailler avec cette belle association, c’est une consécration !



EN COUVERTURE

Par Sandrine A.Sroussi

Avec votre ISF, soyez solidaire du programme Massa grâce au Keren Hayessod !

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Partenaire de la Fondation France-Israël, le Keren Hayessod France, propose, depuis 2014, d’employer son ISF pour soutenir le programme MASSA. Ce dernier permet à des jeunes de 17 à 30 ans, d’effectuer un séjour éducatif de 5 à 12 mois, en Israël dans des domaines très variés (universitaires, artistiques, stages professionnels, volontariat, etc.). De nombreux jeunes de notre région participent à ce programme. Le Docteur Martine Sebaoun, présidente du Keren Hayessod de Marseille, a bien voulu répondre à nos questions sur ce partenariat riche de sens et profitable à tous. Pouvez-vous nous expliquer comment se coordonne l’action entre le Keren Hayessod, la Fondation France Israël et le programme Massa, dans le cadre de l’ISF ? Depuis qu’il existe, le programme Massa est soutenu par le Keren Hayessod au niveau mondial. En France, de plus en plus de jeunes participent à ce programme. C’est pourquoi le Keren Hayessod de France a décidé de le soutenir de manière très significative dans le cadre de l’ISF. Nous avons décidé de nous rapprocher de la Fondation France Israël, reconnue d’utilité publique et donc habilitée à recevoir des dons dans le cadre de l’ISF. Ensemble nous avons souhaité œuvrer, pour que les jeunes de France puissent se rapprocher d’Israël, à travers un magnifique programme qui a fait ses preuves, Massa.

Parlez-nous du programme MASSA… Initié par le gouvernement israélien et l’Agence juive, Massa, « voyage » en hébreu, s’impose comme le programme le plus efficace pour approfondir les liens avec Israël. Il offre aux jeunes âgés de 18 à 30 ans la possibilité de vivre pleinement une expérience en Israël, dans le cadre de séjours de longue durée. Un semestre ou une année en Israël avec Massa permet d'élargir ses horizons, de sensibiliser les jeunes à de nouvelles idées et cultures et leur donne au final, une meilleure compréhension du patrimoine juif. Massa, comprend plus de 200 programmes de découverte et de bénévolat, d'études universitaires, de stages professionnels… Depuis 2004, Massa a presque triplé le nombre de participants à ce programme. En 2014-2015, on dénombre près de 11 000 « masséens », dont 1 400 pour la France, un chiffre que devrait augmenter en 2015-2016, où 1 700 jeunes de France sont attendus. Comment peut-on réduire son ISF par le biais d’un soutien à Massa ? En choisissant de soutenir Massa, on peut effectivement réduire son ISF de 75%. Il suffit d’aller sur le site du Keren Hayessod www.keren-hayessod.fr et de se laisser guider

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pour l’ISF. On peut faire son don en ligne, c’est très pratique. Les Cerfa sont émis très rapidement. On peut également de manière plus traditionnelle, faire un chèque. Dans ce cas, le plus simple est d’appeler Erika Fitoussi, déléguée de collecte pour la région Marseille, Provence-Languedoc, qui,en toute confidentialité, vous guidera et répondra à toutes vos questions : 04 91 02 78 73 ou 06 73 27 20 94.

Témoignages de deux jeunes Marseillais Roméo, candidat au programme Massa pour 2015-2016 et Anouck, déjà sur place depuis l’été dernier Anouck : J’ai décidé de partir vivre en Israël l’année dernière par conviction religieuse et sionisme mais aussi pour quitter la France où je n'arrivais plus à me projeter pour mon avenir… J’ai choisi la mekhina de Bar ilan pour pouvoir m'intégrer et, honnêtement, aussi parce que beaucoup de mes amis y allaient : c’était important pour moi de ne pas me sentir isolée. De plus, c’est une préparation sérieuse et qualitative. Par la suite, on a toujours le choix d’intégrer une autre université en fonction des résultats obtenus aux psychométriques et de ses aspirations. Une chose est sûre, c'est en Israël que je veux faire ma vie !

Roméo : Je pars en Israël parce que j’ai envie de me construire un avenir en Israël. J’ai choisi Massa parce que mes amis me l’ont conseillé et la « mekhina » de Bar Ilan en particulier parce que c’est une préparation sérieuse qui me donnera les meilleures chances d’intégration en Israël.



SUR LE VIF

Par Guitel Ben-Ishay

Plusieurs journalistes Juifs et non Juifs ont fait l’expérience de se promener dans les rues de certaines capitales européennes vêtus d'une kippa et tsitsit dehors. Le résultat de ces caméras cachées est édifiant : insultes, crachats, regards menaçants. LPH a voulu aller plus loin. Nous avons interrogé trois Rabbins de communautés importantes. Ils nous ont livré leur sentiment sur ce qu'est vivre comme Juif en général et Juif religieux en particulier en France en 2015.

Grand Rabbin Richard Wertenschlag Grand Rabbin de la Région Rhône-Alpes Auvergne Grand Rabbin de Lyon

Il est vrai que, depuis de nombreuses années, la situation est préoccupante. Que ce soit clair, on ne peut pas parler d’antisémitisme d’État, évidemment. Nos gouvernants ont toujours lutté avec énergie contre ce phénomène. Mais malheureusement nous déplorons, depuis la Guerre du Golfe, un nouvel antisémitisme avec des attaques à la voiture bélier contre les synagogues, des insultes verbales et des attaques physiques parfois mortelles. L’insécurité est réelle pour les Juifs de France. Souvenons-nous en 1995, déjà, l’école juive de Villeurbanne était victime d'un attentat à la voiture piégée quelques minutes seulement avant la sortie des classes. Cet événement reste traumatisant pour la communauté lyonnaise. Nous devons déplorer aujourd'hui cet antisémitisme motivé par un islamisme radical. Notre principale source de préoccupation est cette jeunesse qui adhère à la haine du Juif et qui est sensible à l’importation de dogmes d'une approche extrémiste de la religion musulmane. Cette menace sur le vivre ensemble m’amène à penser que l'apaisement est gravement menacé. Parallèlement, les Juifs se sentent pris pour cible à chaque manifestation de soutien de la communauté musulmane envers Gaza ou de toutes sortes de français pour le boycott de produits israéliens. En réalité, il s'agit plus de manifestations de haine du Juif que d'amour des Palestiniens. Entre 2000 et 2004, il était, pour moi, difficile de me promener en étant identifiable comme Juif : les agressions verbales étaient permanentes de ''Rabbi Jacob'' à ''Juif'' en me montrant du doigt. Actuellement, je remarque une certaine retenue de la jeunesse des banlieues due certainement à l'appel des dirigeants de la communauté musulmane dont on note le changement de position. En effet, ils condamnent sévèrement Daech. Nous réussissons, depuis trois ans, à tenir des tables rondes avec les représentants des trois religions monothéistes et elles portent leurs fruit apparemment. Ceci dit, il est certain que l’insécurité ressentie par la majorité de la population quand elle se promène le soir, est encore amplifiée lorsque l'on est Juif aujourd'hui. 80 sites juifs de la région sont protégés par une garde statique 24h/24. Nous avons l'impression de vivre dans un camp retranché… Mais nous n'avons pas d'autres solutions, la me-

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nace est sérieuse. Cette protection fait vivre un paradoxe : si elle n'y était pas, on nous le reprocherait mais parce qu'elle y est, alors, les Juifs se disent que le problème est important, et certains moins pratiquants ne fréquentent plus les lieux communautaires, par peur. Je m’inquiète aussi de la radicalisation de la laïcité au sein de la société française. Aujourd'hui, il est quasiment impossible d’être un étudiant juif religieux dans les universités françaises. Contrairement à ce qui était admis, il y a quelques années, les calendriers des examens ne correspondent plus au calendrier juif et ce, presque sans aucun recours. Le Doyen de la Faculté de Droit me confiait même que cela allait en s'aggravant pour les Juifs. Beaucoup sont poussés à transgresser. On peut donc comprendre ceux qui décident que leur avenir sera en Israël où ils pourront vivre leur judaïsme sans entrave. Le sentiment dominant en France est celui de l’insécurité et d'un grand point d'interrogation. Ne nous berçons pas d'illusions, soyons réalistes : la population musulmane et son influence vont en augmentant, les Juifs sont de moins en moins entendus. Rabbin Laurent Berros Rabbin du Département du Val d'Oise Rabbin de Sarcelles

Aujourd'hui, on sent que la communauté musulmane est divisée en deux parties à Sarcelles : une officielle, avec laquelle nous avons toujours de bonnes relations et l'autre, une minorité, qui refuse tout dialogue avec nous. Le 21 juillet 2014, jour de la grande manifestation pro-palestinienne, est une date qui reste gravée dans la mémoire des Juifs de Sarcelles. Personne ne pensait qu'une telle violence pouvait se déclencher chez nous car il est vrai que nous vivons en bon entente avec la plupart des membres de la communauté musulmane. Quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que les fauteurs de trouble étaient issus de la communauté turque, nourrie de la propagande d'Erdogan. Avec la communauté maghrébine, nous entretenons de meilleures relations. Le 21 juillet, des Musulmans se sont joints aux Juifs pour protéger la synagogue. Il y a eu aussi un grand mouvement de solidarité. Nous essayons de préserver ce lien et de réfléchir à explorer d'autres réseaux mais pour une partie il n'y a aucune volonté de


SUR LE VIF

contact avec la communauté juive et cela est inquiétant. Il y a dix ans, on pouvait se promener partout à Sarcelles avec une kippa sans être inquiété. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Personnellement, j'ai fait l'objet d'interpellations verbales du style ''Merah''. J'ai alors ouvert le dialogue avec les jeunes. Je crois en ce dialogue. Nous devons leur expliquer, leur amener des contre-arguments face à ce qu'ils entendent et lisent. La communauté juive est rassurée par la protection militaire mais se rend bien compte que celle-ci témoigne aussi d'un fait anormal. Ceci étant, la vie juive à Sarcelles est toujours aussi intense, les restaurants cachers sont pleins et la synagogue aussi. La situation des Juifs, aujourd'hui, est inquiétante, il faut le dire. La communauté juive a été fragilisée par les événements qui l'ont touchée. Si, à D' ne plaise, il y avait un regain de tension, nous serions dans un véritable danger. Nous avons été compris par les autorités donc nous essayons de penser sereinement, mais cette confiance est fragile. Rabbin Avraham Weill Rabbin de Toulouse

Il est incontestable que la situation a évolué négativement ces dernières années. Je suis un jeune rabbin et je me

Par Guitel Ben-Ishay souviens de mon enfance à Strasbourg : cela n'avait rien à voir. Toulouse était une ville tranquille qui a été mis sous les projecteurs bien malgré elle avec l'attentat à Ozar Hatorah. Le djihadisme de France est né à Toulouse. Cela explique peut-être la réaction impressionnante des Toulousains après les attentats de janvier. Personnellement, je bénéficiais d'une garde rapprochée 24h/24, après l'attentat de Toulouse. Les Shabbatot qui ont suivi les attentats de Paris, j'avais aussi une protection. Aujourd'hui je n'ai pas de problème à me promener dans la rue, mes enfants sortent aussi, sans problème avec kippa et tsitsit. Mais bien entendu, on fait attention à éviter certains endroits, que la majorité des Toulousains évitent aussi. Je sais, cependant, que beaucoup de Juifs toulousains ont subi des agressions plus ou moins violentes. Nous avons l'impression d’être assis sur une poudrière. Mais nous ne baissons pas la tête, nous ne devons pas penser que nous devons cacher notre judaïté. Je suis un enfant de la République, j'ai de très bons contacts avec les autorités officielles ainsi qu'avec le vice-président du Conseil Français du Culte Musulman. Je n'entretiens aucune relation, en revanche, avec les imams. Le problème du djihadisme doit être réglé sinon notre avenir est compromis. L’inquiétude est permanente, je ressens aussi un sentiment d'amertume face à ce qui se passe dans le pays où j'ai grandi et dans lequel jusqu’à aujourd'hui, je ne m’étais jamais senti différent.

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LE SAVIEZ-VOUS ?

Par Martine YANA

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Si on en trouve en méditerranée durant l’antiquité c’est surtout l’inquisition espagnole et l’expulsion des juifs d’Espagne qui vont pousser certains juifs audacieux, surtout ceux contraints de se convertir au catholicisme à vouloir se venger des espagnols (et portugais) et à leur piller ces cargaisons d’or et de produits nouveaux récupérés dans le nouveau Monde. Outre le fait que ces pirates choisirent souvent des noms bibliques pour baptiser leur bateaux, certains mangeaient casher, ils ne partaient pas en maraude le shabbat et même l’un avait choisi comme emblème sur son drapeau portant le crane et les deux fémurs d’ajouter la Maguen David.

La particularité de ces pirates juifs, qui étaient quand même des êtres à la marge et des personnages redoutables, était de garder en eux une fibre de leur judéité et de défendre leurs frères. Ainsi les richesses amassées par les pirates Juifs serviront à aider d’autres juifs ou conversos en détresse et d’échafauder les infrastructures de diverses communautés juives qui se constituent dans cette période comme Amsterdam, Londres, mais aussi Recife puis New York et de petites villes des Caraïbes où des communautés se formaient. L’histoire de ces pirates a pu être mise au jour grâce à la découverte de cimetières de pirates juifs notamment en Jamaïque il y a seulement quelques années et des tombes juives (écrites en hébreu) mais portant l’emble distinctif des pirates le crane et les deux fémurs croisés. Prenant pour base le livre d’Edward Kritzler, Les pirates juifs des Caraïbes, L'incroyable histoire des protégés de Christophe Colomb aux éditions

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André Versailles, cette exposition a été réalisée grâce aux recherches et au travail de notre groupe de recherche. Elle est présentée au centre Fleg jusqu’en juin 2015. Qui sont ces pirates ? Pour certains leur histoire ou une partie de leur vie a pu être reconstituée et c’est leur histoire qui est racontée. Deux pirates juifs sillonnèrent la méditerranée : Sinan Reis, bras droit de Barberousse et de commandant de la marine ottomane et Samuel Pallache (1550-1616) hollandais d’origine marocaine qui fut tour à tour pirate, négociant international, diplomate et agent secret. Les autres pirates juifs œuvraient dans les Caraïbes (dans son acception la plus large) comprenant donc les îles de la mer des Caraïbes (Antilles) et les pays d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud bordant cette mer. Moses Cohen Henriques contribua à une opération spectaculaire qui rapportera un butin considérable volé aux espagnols (en 1628) et participa à la création de la communauté de Récife (brésil). Subatol Deul créera avec le fameux corsaire Henry Drake, la Fraternité du Drapeau Noir et écumera les cotes chiliennes durant la première moitié du 17e. Jean Lafitte, le français, revendiquant une grand-mère juive qui devint pirate et aida notamment les jeunes Etats Unis à vaincre les britanniques en 1815. Bartholomew Portugues, le pirate juif le plus malchanceux qu’on puisse trouver mais qui participa à la rédaction du code des pirates avec Henry Morgan au 17e s. Roberto Cofresí, le pirate portoricain qui vécut au 18e et partageait son butin avec les gens dans le besoin. David Abrabanel ou Captain Davis qu’on appelait le rabbin pirate car il était juif pratiquant vécut fin du 16e. Antonio Fernandez Carvajal et Simon Jacob de Caceres tous deux pirates et commerçants vécurent au 17e et furent à l’origine du renouveau de la communauté de Londres en 1656 lorsque Cromwell donna son accord à pour le retour des juifs en Angleterre. Sans oublier le pirate Yaakov Koriel, converti de force qui reviendra étudier à Safed auprès du Ari, le fondateur de l'école cabaliste de Safed (1650). DR.

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L’histoire des pirates juifs



ÉDUCATION

Par Guitel Ben-Ishay

L'oulpan pour enfants : Une option à considérer sérieusement

Que cela soit dit : la priorité quand on fait son alya c'est d'apprendre l’hébreu. Cette importance n'est pas moindre pour les enfants. Bien entendu, ces derniers ont le privilège de l’âge et apprennent plus vite. Cependant, cette phase d'apprentissage n'est pas à prendre à la légère pour eux aussi. C'est pourquoi la ville de Jérusalem, soutenue par le ministère de l'Alya et de l’intégration, a mis en place depuis plus de 40 ans, un oulpan destiné aux enfants de 10 à 18 ans, olim hadashim.

Avant de penser à l’école : penser oulpan Cet oulpan présente la particularité d’être une école à la place de l’école. La directrice Yaël Shalom nous en explique les raisons : « Avant même de rentrer dans le circuit scolaire, l'enfant qui vient de faire son alya, a tout intérêt à se consacrer presque exclusivement à apprendre l’hébreu ». Ainsi, les cours y sont intensifs du dimanche au jeudi toute la matinée. Des cours de mathématiques, de Tana'h, d'histoire, de géographie, d'instruction civique et d'anglais y sont dispensés en parallèle de l'oulpan pour que les enfants ne perdent pas leur niveau scolaire général. Le principe est le suivant : tout enfant inscrit dans cet oulpan rentrera à l’école avec un niveau d’hébreu lui permettant de suivre parfaitement sa scolarité, quitte à manquer quelques mois de classe. « De toute façon, un en-

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fant qui vient d'arriver en Israël, ne comprend pas ce qui se passe en cours, il accumule du retard. Autant solidifier la connaissance linguistique avant de se lancer. Cela n'est certainement pas une perte de temps, bien au contraire », estime Yaël Shalom.

Une structure parfaitement adaptée Les classes sont à effectifs réduits, au maximum 15 élèves. Par ailleurs, un suivi individuel est assuré, permettant au jeune olé de partager ses problèmes, ses angoisses. Des conseils sur le choix de l’établissement scolaire en fonction du profil de l'enfant sont aussi donnés par l’équipe pédagogique. Autant dire que les résultats obtenus sont très probants : « nos anciens élèves s'adaptent parfaitement par la suite à l’école et à la société israélienne ! », confirme Yaël Shalom.

Pour plus de renseignements : Journées d'inscription les 30 et 31 août prochain sur place au 38 Rehov Oussishkin, Jérusalem Tel : 02-6731293 / Fax : 02-6731298 / e-mail : ulpanolim@gmail.com (possibilité d’écrire en français ou d'appeler en français. Un correspondant francophone vous sera attribué). A noter : Prendre contact de préférence avant les mois de juilletaoût



NOS COMMUNAUTES

AIX EN PROVENCE

Intronisation du rabbin Daniel Dahan

GG.

La communauté israélite d’Aix en Provence (CIAP) a organisé l’intronisation de son nouveau rabbin, Daniel Dahan, en présence de personnalités civiles, religieuses, politiques et militaires. L’effervescence était palpable déjà dans le couloir de la synagogue où tout le monde s’affairait autour du nouveau rabbin pour faire de cette intronisation une fête de famille.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, et le nouveau rabbin, Daniel Dahan.

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La présence des juifs dans cette cité remonte à 1283. Même s’il y eut des po-groms et des expulsions en 1430, la plupart des juifs d’Aix se dirigèrent vers le Comtat Venaissin et devinrent juifs du pape. Après la décision de l’Assemblée constituante d’accorder en 1791 la liberté de conscience et de culte aux juifs, une centaine de juifs du Comtat revinrent à Aix, reconnaissables à leurs noms, noms de localités le plus souvent, comme les Vallabrègues, Bédarride, Milhaud ou Carcassonne. En 1954, la communauté se transforma avec l’arrivée des juifs d’Afrique du Nord. Aujourd’hui plusieurs centaines de familles vivent dans la cité. Alors la mission d’un grand rabbin dans cette ville revêt une importance consi-dérable car elle s’inscrit dans la continuité de cette belle et longue histoire À Aix-en-Provence les rabbins ont toujours été à la hauteur de leur engagement, à l’exemple du rabbin Harboun et de tous les autres. Dans la synagogue, plus une seule place de libre, et sur l’estrade jouxtant le n° 34 - mai 2015 - www.levhair.com - LPH

Hekal, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, le grand rabbin de Marseille, Reouven Ohana, et l’aumônier des Armées, le cantor rav Yehouda Berdugo, et d’autres sommités religieuses ont pris place aux côtés du nouveau rabbin. C’est le président de la synagogue, Bernard Agaï, qui a pris la parole le premier, d’abord pour remercier les personnalités et les amis puis pour rappeler l’engagement du nouveau rabbin. « Pour ce mariage, je vais lui demander d’agir pour rassembler autour de lui l’ensemble de la communauté mais également d’être le grand rabbin à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté. » Puis il a adressé toute sa reconnaissance au grand rabbin de France pour l’avoir guidé sur le choix du nouveau guide spirituel. Ensuite après quelques chants du cantor, le président du consistoire central, Joël Mergui, a souligné qu’en cette période troublée pour les Juifs de France, cet événement est le signe d’une communauté vivante. « Quels que soient les obstacles, les doutes, les peurs qu’ont veut mettre en nous, la communauté continue et continuera à vivre. » Après le chant des enfants de l’école juive d’Aix-en-Provence, le grand rabbin de Marseille Reouven Ohana s’est réjoui de partager l’intronisation de son ami Daniel Dahan, et a rappelé que celle-ci tombait à point nommé car elle avait lieu au mois d’Adar, mois de la fête de Pourim, un mois de réjouissance et de joie. Dans son sillage, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, ne manquera pas d’éloges en soulignant, à l’instar des autres intervenants, les qualités de Daniel Dahan. Ayant travaillé ensemble au consistoire, les deux hommes se connaissent bien. Citant la Bible plusieurs fois, il a indiqué quels étaient les attributs d’un rabbin. « C’est un homme qui fait naître l’énergie chez autrui mais aussi celui qui guide et qui indique le chemin. » Mais pour relever ce défi et contrer les dangers qui menacent, il a ajouté : « Il est temps que dans notre communauté nous soyons unis. » À son tour, le nouveau rabbin, chaleureux et enthousiaste, a remercié tous ceux qui l’ont aidé à être là. Ensuite il a évoqué ses parents, sa famille et notamment sa femme et ses enfants et ses maîtres du Talmud qui lui ont donné cette envie d’aller de l’avant. Mais rien ne peut se faire, selon le rabbin, sans le shalom, un terme qui désigne à la fois la paix et la plénitude. En fin de cérémonie, le grand rabbin de France et les autres rabbins ont procédé à la bénédiction du rabbin.


Par Gilbert Gabbay

Daniel Dahan, Grand rabbin d’Aix-en-Provence À 45 ans, Daniel Dahan, le nouveau grand rabbin d’Aix-en-Provence se confie en abordant son parcours et espérances. Lev HAir/ LPh : Parlez-nous de vous et de votre parcours. Daniel Dahan : Je suis né à Annecy au sein d’une famille pratiquante venue de Fès (Maroc). Après le bac à la yeshiva d’Aix-les-Bains, le diplôme de l’École rabbinique de France à Paris et le diplôme de l’École pratique des hautes études, je suis parti étudier en Israël à la yeshiva de Mir (Jérusalem). Durant mon séjour j’ai reçu l’ordination (semikha) de Maran Ovadia Yossef (ZTSL) et du Rishon Letsion, Harav Mordekhay Eliahou (ZTSL), entre autres. Je me suis marié en Israël avec Myriam née Bloch, originaire de Bâle (Suisse). À mon retour en France, j’ai assumé la charge de grand rabbin de Nancy et de Lorraine et des régions voisines, ce qui m’a rendu attentif aux besoins des communautés de province. J’ai été membre du Comité d’éthique biomédicale du Consistoire de Paris, aumônier des Armées, ce qui m’a beaucoup apporté. J’ai repris des études avec le professeur Raphael Draï. J’ai soutenu il y deux ans, sous sa direction, une thèse de doctorat en droit privé sur le thème du statut de la femme dans le judaïsme au regard du droit matrimonial, à la faculté d’Aix-en-Provence. L’année dernière, cette thèse est parue sous forme de livre (1).

« Nous devons affirmer haut et fort que le peuple juif est vivant »

LVH/LPH : Pourquoi avez-vous choisi la communauté d’Aix-en-Provence? La connaissiez-vous auparavant?

B.D : J’étais venu deux fois à Aix dans le cadre de mes études. C’est le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui m’a convaincu. Le président de la communauté, Bernard Agaï, a su se montrer persuasif et le courant est vite passé, tant avec lui qu’avec les autres membres de la communauté. La présence d’une école juive de qualité à Aix, l’EJAP, n’a pas été étrangère au choix que j’ai effectué avec mon épouse. L’idée de changer, de se renouveler et de relever un nouveau défi n’a pas non plus été pour me déplaire. Enfin, la présence d’un miqwé et de commerces cashers à Aix ainsi que d’un grand centre juif à Marseille ont aussi pesé dans la balance.

LVH/LPH : Comment allez-vous aborder votre mandat, surtout dans une situation où les communautés juives sont en souffrance ? B.D. : Avec entrain, attention et sérénité. Avec entrain, car tout nouveau poste nécessite une forte dose d’enthousiasme. Avec attention pour chaque membre de la communauté, et pour l’extérieur, afin de tisser des liens et de montrer la beauté du judaïsme. Il s’agit aussi de veiller à garder la tête froide en une période particulièrement troublée où nombre de nos coreligionnaires se posent des questions cruciales pour leur avenir. Avec sérénité, qui marque la maîtrise de soi et permet d’affirmer haut et fort que le peuple juif est vivant et qu’il continuera à exister contre vents et marées et à proclamer le message du Sinaï au monde. Sans agressivité, sereinement. Livre : Agounot, les femmes entravées, Presses universitaires d’Aix-Marseille

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RENCONTRE AVEC Shmuel Trigano

Propos recueillis par Magali Barthès

Juifs de France, que faire ? Une question quasi insoluble à laquelle le sociologue Shmuel Trigano a tenté de répondre le 22 février, à la synagogue Mazal Tov. L’occasion pour le fondateur de l’Université Populaire du Judaïsme de dédicacer son dernier ouvrage « Quinze ans de solitude. Juifs de France 2000-2015 ».

DR.

ble car le nouvel antisémitisme, l’antisionisme, a dissocié la figure du juif : d’un côté le sioniste, de l’autre le juif ; d’un côté le juif souverain, de l’autre le juif victime de la shoah. Ce dédoublement permet d’exalter une figure pour condamner l’autre ».

Lev haïr : L’antisémitisme n’est-il pas plus complexe aujourd’hui ? Shmuel Trigano : « Un élément d’appréciation, donné par Natan Sharansky, celui des trois D, illustre parfaitement l’antisémitisme d’aujourd’hui : Déligitimation, Double standard, Diabolisation. Vous êtes antisémite si vous critiquez uniquement la colonisation israélienne, et que vous ne critiquez pas en même temps par exemple la colonisation de Chypre par la Turquie. Vous êtes sous le signe du double-standard car vous appliquez à la politique israélienne des critères que vous n’appliquez pas en règle générale. L’argument qui vise à écarter l’antisémitisme de telles positions est un argument qui ne tient pas la route sur le plan rationnel et sur le plan comparatif. Mais cet argument est possi-

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Lev Haïr : « Y a t-il eu un déni d’antisémitisme ces dernières années dans notre pays ? » Shmuel Trigano : « De 2001 à 2002, 500 agressions antisémites ont été commises sur le sol Français dans le black out le plus total des médias et des pouvoirs publics. Quelques années plus tard, nous avons su par Daniel Vaillant, le ministre de l’intérieur de l’époque, que le gouvernement avait imposé ce black-out pour ne pas « jeter de l’huile sur le feu ». Durant cette période, nous avions alerté l’opinion, mais nous ne récoltions que stigmatisations et accusations de racisme. On ne parlait pas d’antisémitisme mais de tensions communautaires. C’est dans ce contexte que nous avions créé l’Observatoire du monde juif pour publier la première liste tenue par les institutions juives, tenue secrète sur ordre des autorités. Il s’agit d’une faute politique majeure du gouvernement Jospin car il n’y a aucune raison de condamner une partie des citoyens pour assurer la paix publique. Cela signifiait que l’on sacrifiait les juifs pour ne pas se confronter à un problème plus grave, qui a éclaté quelques années après avec la révolte des banlieues en 2005. J’ai souhaité que ce livre soit une sorte de mémorial ou de témoignage pour le futur ».

Lev haïr : Comment préserver l’identité juive dans ce contexte ? Shmuel Trigano : « Je regrette de constater en France que lorsque des gens font leur retour au judaïsme, ils ne reviennent pas à la religion consistoriale ni au sionisme religieux mais vont carrément vers l’ultra orthodoxie. Le peuple juif est un peuple église, c’est-à-dire une communauté religieuse dont tous les membres sont des prêtres, mais aussi un peuple car il a reçu la révélation. Le judaïsme ultra-orthodoxe a perdu ce lien au peuple. Je crois au contraire que le judaïsme doit apparaître sur la scène de l’humanité ». Conférence organisée par Siman Tov, France-Israël Marseille et l’Association B’nai B’rith Emile Zola



ÉDUCATION - PSYCHO

Par Elizabeth Lezmi-Delouya

L'estime de soi chez les juifs yéménites Elizabeth Lezmi-Delouya est psychanalyste. Mais elle est aussi ethnologue, chercheuse et s’intéresse activement à la recherche des tribus perdues d’Israël. Dans son dernier ouvrage, « Judaïdoscope », elle mêle roman, analyse psychologique et recherche des tribus perdues d’Israël. Pour les lecteurs de Lev Haïr, elle nous livre un extrait de ses recherches sur la spécificité des couples juifs yéménites. Au cœur des montagnes couleur d'argile du Yémen, sous la menace permanente des islamistes radicaux, se trouvent les villages isolés de Beit Baous et Zakati, à 15mn de Sanaa. Là, des maisons creusées à même la falaise, abritent l'une des plus vieilles communautés juives au monde, réputée pour son travail d'orfèvrerie et venue dans le sillage des caravanes du roi Salomon 900 ans avant JC. Dans ces montagnes, (d'où est issue la chanteuse Ofra Haza), sur 350 juifs au total, les hommes portent le keffieh sur la tête pour cacher la kippa, leurs prénoms officiels sont des prénoms musulmans et les femmes pour sortir, portent une Burqa noire et opaque, avec pour seule ouverture, une fente pour les yeux, et une autre plus légère pour l'intérieur de la maison, de peur d'être dénoncées par le voisinage. Quant aux jeunes filles, pour trouver un mari, les plus courageuses fuient à travers les montagnes pour atteindre Israël, laissant celles qui restent affronter leur réalité de femme. En dépit de ces difficultés, on observe une particularité chez les couples juifs yéménites, qu'ils vivent au Yémen ou en Israël ; cette communauté connaît l'un des plus bas taux de divorce au monde.

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Non pas à cause de l'asservissement de la femme, puisqu'en Israël, elles n'ont plus à craindre, comme au Yémen, la lapidation, mais grâce à quelques règles de respect impérativement respectées. On fait très attention aux susceptibilités de l'un et de l'autre. Il ne peut y avoir de véritable amour sans, au préalable, le face à face de deux amour-propres solides et en bon état. Il est difficile de vivre avec l'impression que l'autre puisse être jaloux de votre bien-être psychique ou puisse vous étouffer, vampiriser ou vous éteindre au profit de sa lumière personnelle. Et attention à ne pas confondre amour-propre et narcissisme au risque de sacrifier l'amour. Chacun porte une part narcissique en soi. Il faut du courage pour se voir en face avec ses faiblesses et avoir l'estime de soi pour s'accepter en reconnaissant ses erreurs et ses défauts. Il faut de la maturité pour aimer, sans devenir mendiant et chercher la valorisation dans le regard de l'autre. Car la peur de n'être rien, la peur du sentiment d'insignifiance «rend fou». L'amour propre, c'est le sentiment d'estime qu'aura un individu sur sa propre valeur ; aije de plus en plus besoin de l'image que l'autre et que les autres ont de moi ? Dois-je porter un masque, jouer à ce que je ne suis pas pour exister ? Ai-je besoin d'être reconnu ? Ai-je des doutes sur ma valeur réelle ? Estce que j'imagine ou exagère ma valeur pour supporter la réalité ? Ai-je besoin d'exiger le respect ? Ai-je besoin d'être rassuré sur moi-même ? Ai-je du mal à supporter la critique comme si ma santé psychique pouvait être en jeu ? Si je ne peux m'estimer, alors je prends le risque que la part narcissique en moi glisse dans la dictature de la colère, la panique, la maladresse, la détresse, la dépression. Le traité Sota (Sota 3b) constate que l'homme -ou la femme- ne commettent de transgression que s'il entre en eux un vent de folie (Rouah Shtout) car, à partir de l'amour de soi déstabilisé, commence l'escalade de la souffrance avec la mise en place, en bouée de sauvetage psychique, d'une sorte de projection d'un double idéal. Mais ai-je besoin, pour exister, de la fabrication d'un double idéal de moi-même que je plaque et porte devant moi comme un bouclier ou un petit veau d'or personnel ? L'estime mutuelle soigne l'amour propre et les blessures narcissiques tel un remède miracle aux incontournables blessures de la vie. Compagnons solidaires sur un chemin glissant, telle est la définition juive yéménite de l'amour.



NOS RACINES

COMMUNAUTÉS JUIVES DU MONDE ENTIER

Par Jean-Pierre Allali

Les juifs du Pérou

Au pays des incas DR.

Situé à l'ouest de l'Amérique du Sud, entouré par l'Équateur, la Colombie, le Brésil, la Bolivie, le Chili et baigné par l'Océan Pacifique, le Pérou est un pays très étendu d'environ 1 285 000 kilomètres carrés. Si ses trente millions d'habitants sont, pour l'essentiel, des descendants des Incas de religion catholique, une émigration constante venue d'Europe et d'Asie en fait une société bigarrée et, en général très tolérante. Pendant de nombreuses années, le pays a été victime d'une campagne de terreur menée par le tristement célèbre « Sentier Lumineux » maoïste, campagne qui fit quelque vingt-cinq mille morts. Une petite communauté juive y est installée depuis longtemps, quelques cinq mille âmes qui vivent, pour l'essentiel, à Lima, la capitale du pays. Les Juifs sont venus au Pérou dans le sillage de Christophe Colomb, à ce moment de l'histoire de la péninsule ibérique où l'Inquisition les oblige à fuir un continent où ils s'étaient installés depuis des millénaires. Dès leur arrivée dans leur nouvelle patrie, nombreux sont ceux qui participeront à l'édification de la capitale, Lima. Hélas, l'infâme Inquisition finira par les rattraper et la répression, comme en témoigne le Musée de l'Inquisition de Lima, sera féroce. La communauté juive qui avait commencé à se structurer se désagrège et disparaît peu à peu. Il faudra attendre 1870 pour que des Juifs venus d'Alsace et de Lorraine la reconstituent. Signe de leur foi en l'avenir, ces nouveaux Juifs péruviens venus d'Europe font l'acquisition d'un cimetière à Callao, dans la quartier du port. On peut y voir, de nos jours, les treize mille tombes qui témoignent de cette implantation. Au début du vingtième siècle, c'est au tour de Juifs venus de Turquie de renforcer la communauté. Dans les années 1920-1930, on voit arriver des Juifs de Roumanie, de Pologne, d'Allemagne, des Pays-Bas, d'Espagne et de France. Outre le cimetière évoqué plus haut, il y a plusieurs synagogues à Lima, de nombreux rabbins et une école juive. Preuve s'il en fallait de l'ouverture d'esprit des Péruviens : en juillet 1990, ils ont porté au pouvoir un Péruvien d'origine japonaise, Alberto Kenya Fujimori qui restera plus de dix ans président de la République. Sa propre fille aînée, Keiko Fujimori, candidate de la droite, tentera en 2011 de reprendre le flambeau mais elle sera battue par un nationaliste de gauche, Ollanta

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Humala, l'actuel président. Plus incroyable encore, le gouvernement d'Alfonso Bustamente comprendra un Juif, au poste stratégique de ministre des Affaires étrangères : Efraïm Goldenberg-Schreiber, dont les parents venaient venaient de Moldavie. Ce même Efraïm GoldenbergSchreiber deviendra peu après, Premier ministre du Pérou, une première dans l'histoire du pays. Un Premier ministre yiddishisant et traditionaliste qui milita très jeune au sein d'un mouvement de jeunesse sioniste et qui, par ailleurs, était membre du Congrès Juif. Un autre clin d’œil de l'Histoire viendra en 2001 lorsque Éliane Chantal Karp, une Israélienne née en France, deviendra la « first lady » du Pérou, son mari Alejandro Toledo ayant été élu à la présidence. Les relations entre le Pérou et Israël ont toujours été cordiales. Un petit miracle s'est produit en mai 2002 lorsque une cinquantaine de Péruviens d'origine protestante convertis au judaïsme ont obtenu le bénéfice de la Loi du Retour et se sont installés à Elon Shvour dans les environs de Bethléem. Des dizaines d'autres convertis les ont rejoints peu après. Un peu plus tard, en 2005, 700 Indiens ont quitté la jungle péruvienne pour s'installer à Beer Shéva puis à Ramleh. Une enquête de la presse israélienne a permis de comprendre d'où venaient ces étranges « olim hadachim ». On apprit ainsi qu'il y a cent cinquante ans des commerçants juifs marocains s'étaient installés en Amérique latine pour y pratiquer le commerce du caoutchouc. Ils ont épousé des femmes du cru et se sont intégrés, notamment dans le village de Countanamah. À la recherche de ses racines, une famille d'Indiens, les Lévy a fini par rencontrer des rabbins libéraux du Pérou qui ont accepté de la convertir. Des dizaines d'autres conversions d'Indiens d'origine marocaine ont suivi avant une alyah collective. Une petite ombre est venu récemment ternir la tranquillité de la communauté juive du Pérou avec l'apparition d'un groupuscule nazi qui prône l'expulsion des Juifs du pays. Les autorités péruviennes prennent très au sérieux cette dérive et ont promis aux dirigeants de la communauté juive d'être vigilantes. En mai 2013, quelque 300 Juifs Iquitos d'Amazonie ont rejoint Israël. Et ce flot ne se tarit toujours pas. En 2015, les Juifs péruviens, dont l'intégration est bien réussie, s'inscrivent peu à peu dans le paysage déjà varié et coloré d'Israël.


INTERVIEW

KAATÉ MAR

RAV HAIM DYNOVISZ

Par Guitel Ben-Ishay

Une nouvelle communauté sous le signe de la pluralité

DR.

Le dimanche 10 mai une nouvelle communauté verra officiellement le jour à Jérusalem : « Kaaté Mar » sous la direction du Rav Haïm Dynovisz. Nous avons pu nous entretenir avec lui, et nous sommes revenus sur l'origine de la communauté, ses ambitions, ses projets, ses attentes. Le Plus Hebdo : Rav Dynovisz, vous êtes aujourd'hui très connu pour être en quelque sorte le « Rav de l'Internet ». Vos cours en ligne sont diffusés dans le monde entier. Êtes-vous surpris par le succès de votre site ? Rav Haïm Dynovisz : Le site est né en 2008. À l'époque, je donnais des cours dans tout Israël. Une personne, mon ami et compagnon de travail Shmouel Ben Hamou, est venue me trouver et m'a fait comprendre que très simplement, mes cours pourraient potentiellement toucher un très grand nombre de personnes s'ils étaient retransmis sur Internet. Depuis que le site existe, nous n'avons jamais fait aucune publicité et aujourd'hui nous pouvons nous féliciter d'atteindre les 150,000 entrées mensuelles en provenance du monde entier. Les cours sont suivis du Japon à l’Afrique en passant par la Corée du Sud et Haïti. À cela s'ajoutent les applications et les vidéos postées sur YouTube. Pour revenir à votre question, oui, je suis surpris du succès. D'abord parce que je n'imaginais pas qu'autant de personnes dans le monde comprenaient le français et surtout parce que cela prouve la soif d'enseignements de la Torah qui existe dans toutes les populations. En effet, je pense pouvoir affirmer que 2/3 des auditeurs de mes cours ne sont pas Juifs.

LPH : Comment l'envie de fonder une communauté à Jérusalem est-elle née ? Rav H.D. : J'ai toujours dirigé un centre d'études. J'ai plus ou moins interrompu mon investissement en son sein pendant les sept années qu'ont duré la construction et le renforcement du site. Au bout du compte, je me suis aperçu que nous avions par ce biais créé une communauté virtuelle mondiale. Je reçois entre 300 et 500 mails par semaine de gens du monde entier. Grace aux cours diffusés sur le site, des personnes sont revenues à la religion, d'autres se sont converties, d'autres encore ont fait leur alya. Mais, progressivement, les limites de ce moyen de transmission sont apparues. En effet, toutes ces relations se cantonnent à un écran. Je n'ai plus le temps de voyager pour donner des cours, des conférences. Je suis arrivé à un point où le contact virtuel est devenu limitant. Il fallait créer un complément humain. Le danger d'Internet est vraiment celui-ci : être avec le monde entier tout en étant profondément seul. Fort de l'expérience acquise avec le site, fort de l’énergie que me procure le constat que les paroles de

Torah réunissent le monde entier, quelle que soit la couleur ou la religion, j'ai mené une réflexion qui a abouti à la fondation d'une communauté à Jérusalem.

LPH : Comment définissez-vous cette communauté ? Rav H.D. : Tout d'abord, je ne voulais pas que ce soit juste une nouvelle synagogue ou un nouveau centre d'études. La communauté est la concrétisation de tous les cours donnés sur Internet depuis 7 ans, du travail de transmission qui parle de tous les aspects de la vie et qui unit le peuple.

LPH : Concrètement, comment cela se traduira-t-il ? Rav H.D. : La communauté est fondée sur un centre d'études qui existait déjà, auquel nous ajoutons une synagogue avec en plus des prières, l'organisation de kiddouch, de la seouda chlichit et encore d'autres activités communautaires. Par ailleurs, j'ai voulu que la communauté reflète la pluralité de notre peuple dans l'unité. Il n'y a donc pas de rite prédéfini. Celui qui montera comme ministre officiant dirigera la prière selon son rite, que tous les fidèles suivront. Évidemment, des cours y seront dispensés avec des panels de rabbins de toutes les tendances possibles. LPH : La communauté s'adresse-t-elle uniquement aux Francophones ? Rav H.D. : Absolument pas. D'ailleurs, à part certains cours définis, tout ce qui se passera dans l'enceinte de la communauté se fera en hébreu. Nous pensons que dans un premier temps, le public sera essentiellement francophone mais nous souhaitons y attirer toutes les populations.

LPH : Comme pour toute communauté, il s'agira cependant d'une population très locale. Rav H.D. : J'habite le quartier de Talpiyot depuis 15 ans et la majorité de mes élèves y vivent aussi. Effectivement, les activités liées au shabbat et aux fêtes seront plus locales. Mais nous organiserons aussi des cours et des rencontres en semaine auxquelles pourront participer des gens venant de plus loin voire d'en dehors de Jérusalem.

LPH : Quelle est la signification du nom que vous avez choisi pour la communauté : « Kaaté Mar » ? Rav H.D. : Il s'agit d'une expression employée par le Baal Chem Tov dans une lettre où il raconte que lorsque son âme est montée pendant la prière de Rosh Hashana, il a pénétré dans la chambre du Roi Mashiah. Il lui a alors demandé : « Emataï Kaaté Mar » ? « Quand viendras-tu, Maître » ? Le Roi Machiah lui a répondu : « Lorsque tes sources se répandront dans les endroits les plus éloignés ». L'histoire de la communauté est basée sur ce qui s'apparente à ce vœu. En effet, les paroles de Torah atteignent maintenant les moindres recoins du monde. Le nom correspond donc à ce symbole et, grâce à la pluralité que nous revendiquons, nous espérons pouvoir transmettre encore et toujours plus, pour arriver à la venue du Machiah. n° 34 - mai 2015 - www.levhair.com - LPH

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NOS AINES

Par Sandrine A. Sroussi

Vieillir oui mais mieux, en bougeant ! DR.

fois par semaine pendant 30 minutes. L’activité physique doit rester un plaisir avant tout et pas une contrainte.

(1) la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps.

L’espérance de vie ne cesse d’augmenter. Tant mieux. Cependant, à quoi sert de vivre plus longtemps si l’on est en mauvaise condition physique ? Le marché de la forme physique des seniors est donc un marché en pleine expansion. Récemment, un réseau de coachs à domicile a lancé un programme qui consiste à prendre en charge l’activité physique des seniors de manière particulière sur les plans diététique, biologique et physique. Il semblerait même que la pratique d’une activité physique soit aussi efficace à ralentir (à éviter ?) la maladie d’Alzheimer. Nous avons interrogé M. Christophe Lentz et son équipe (Villa David) sur ce sujet, qui devient crucial, compte tenu de l’évolution démographique générale.

De quelle manière peut-on pratiquer une activité physique après 60 ans ? La meilleure manière de pratiquer un sport est de marcher à un rythme régulier sans être essoufflé et sans douleur (articulaires par exemple), si possible 3

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Quels sont les bienfaits d’ordre général sur la santé des seniors ? L’activité physique a 3 principaux effets sur la santé des seniors. Elle permet : - un excellent entretien des fonctions cardio-vasculaires, - la préservation d’une bonne perfusion sanguine cérébrale avec lutte contre l’ostéoporose et la sarcopénie (entretien de la masse musculaire), - la création de répercussions positives sur la santé mentale « BIEN DANS SON CORPS, BIEN DANS SA TETE ».

Quels sont les bienfaits particuliers de certains sports sur certaines pathologies ? Le sport en piscine est parfait pour soulager les problèmes rhumatologiques ou lutter contre le surpoids. La marche permet de prévenir les problèmes cardiovasculaires. Le golf est le meilleur sport d’entretien aussi bien pour les fonctions cardio-vasculaires que pour la proprioception (1) et le maintien de la coordination physique.

Quelles peuvent être les contre-indications à la pratique du sport chez les seniors ? Les contre-indications doivent être définies par le médecin traitant qui doit d’ailleurs délivrer un certificat de non contre-indication au sport, avant toute pratique. Le choix du sport envisagé par les personnes âgées doit être validé par le médecin traitant.



Les Juifs d'Afrique du Nord et la Shoah meure pas moins que la Shoah n'a pas été sans conséquences pour ces populations aussi. Pour évoquer un sujet peu traité, LPH a rencontré l'historien, le Docteur Haïm Saadon, Doyen des Étudiants de l'Université Ouverte d’Israël, Directeur du Centre de Documentation et de Recherche sur les Juifs d’Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre Mondiale et Rédac-

DR.

La Shoah est une tragédie qui a décimé la population juive d'Europe. Il n'y a pas ou presque pas de familles ashkénazes qui ne comptent des déportés dans leurs membres… Bien que les Juifs séfarades, et particulièrement ceux d'Afrique du Nord n'aient pas subi les mêmes souffrances ni le même traumatisme, même si leur sort était de loin enviable, il n'en de-

Salut nazi d’enfants musulmans

LEV HAIR - Le Plus Hebdo : Pourquoi avoir commencé des recherches sur les Juifs d'Afrique du Nord pendant la Shoah ? Dr Haïm Saadon : Tout a commencé avec l'histoire de ma famille en Tunisie. En effet, la Tunisie a été occupée pendant six mois par les nazis. C’était le seul pays d'Afrique du Nord qui avait sur son sol des soldats allemands. J'ai contacté l'Institut Ben-Zvi de l'Université Hébraïque de Jérusalem et j'ai créé sous son égide le Centre de Documentation pour la Recherche sur le Judaïsme d'Afrique du Nord pendant la Shoah en 2006. Le sujet est très peu étudié. En Israël, je suis le seul à avoir une équipe de recherches sur le sujet et pourtant il y a beaucoup à faire. LVH - LPH : Sur quels documents basez-vous votre travail ? Dr H.S. : Il y a quelques années, les archives françaises sur la deuxième guerre mondiale ont été ouvertes. Il s'agit pour nous d'une source importante de

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DR.

NOTRE HISTOIRE

teur en chef de « Les communautés juives d’orient au XIXème et au XXème siècles » pour l’étude des Communautés Juives de l’Est à l’Institut Ben-Zvi de Jérusalem. Né à Sfax en Tunisie, il s'est intéressé à l'histoire de sa famille pendant la période 1939-1945 et s'est aperçu de la nécessité d'une étude approfondie sur les Juifs d'Afrique du Nord pendant la Shoah.

documentation. Par ailleurs, nous avons en notre possession des documents personnels riches en informations. Le premier est la correspondance (188 lettres) entre un Juif de Tunisie interné dans un camp de travail obligatoire - il y en avait 24 en Tunisie - au nord du pays et sa famille. Une de mes étudiantes est parvenue à l'analyser pour en extraire des informations fondamentales. Nous travaillons aussi sur le journal d'un Juif tunisien, Clément Houri, qui y a tous les jours écrit ce qu'il vivait pendant les six mois d'occupation. La maison de cet homme avait été réquisitionnée par les nazis, lui et sa famille s’étant retranchés dans une chambre pendant tout ce temps. Clément Houri décrit tout ce qu'il voit et entend, on lit la souffrance des Juifs de Tunisie, les peurs, les bombardements alliés. Enfin, nous avons pu récupérer le journal « opérationnel » de Walter Rauff, le chef des SS en Tunisie ; Rauff est également tristement connu pour être l'inventeur des camions à gaz en Europe de l'Est. LVH - LPH : Avez-vous des partenaires dans les recherches ? Dr H.S. : En premier lieu, Yad Vashem avec qui nous travaillons en étroite collaboration. Ensuite, nous avons ouvert quatre pages FaceBook : en français, en arabe, en hébreu et en anglais. Nous y recueillons des commentaires franchement désagréables mais aussi des témoignages. Nous avons aussi par ce biais pu entrer en contact avec d'autres chercheurs en France mais aussi au Maghreb qui s’intéressent au sujet.

LVH – LPH : Tous les pays d'Afrique du Nord ont-ils vécu la Shoah de la même façon ? Dr H.S. : Non. L’Algérie était française et donc sous le régime de Vichy. La guerre a été très difficile pour les Juifs du fait que le Décret Crémieux qui faisait d'eux des Français a été annulé par les lois de Vichy. En Tunisie, comme je l'ai dit, l’armée allemande avait


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Par Guitel Ben-Ishay

Travailleurs forcés à Tunis

pris position. 200 Juifs de Tunisie ont été envoyés en France avant d’être déportés à Auschwitz. On compte environ 450 Juifs de Tunisie morts directement ou indirectement du nazisme. Le chiffre peut paraître relativement faible mais rappelons-nous qu'il s'agit d'une période de six mois. En Libye, des Juifs ont été déportés vers le camp de Bergen Belsen et près de 5000 ont été parqués dans un camp au sud de Tripoli dans lequel plus de 600 ont succombé à une épidémie. Au Maroc, nous cherchons encore à définir le rôle exact de Mohamed V et son attitude envers les Juifs.

Dr H.S. : On ne peut pas l'affirmer. En effet, l'Afrique du Nord n’était pas dans les projets nazis. Pour eux, l'Europe était un terrain beaucoup plus grand et beaucoup plus important. Hitler est arrivé en Afrique du Nord sans l'avoir vraiment voulu. Il y est en fait venu au secours de son allié Mussolini en difficulté en Égypte. Les Juifs d'Afrique du Nord ont certainement souffert mais n'ont pas connu l'extermination, leur sort n'est absolument pas comparable à celui des Juifs d'Europe.

LVH - LPH : Faut-il penser que si la guerre avait duré plus longtemps, les Juifs séfarades auraient subi le même sort que leurs frères ashkénazes ?

Pour aller plus loin : www.ybz.org.il sur FaceBook : Les Juifs d'Afrique du Nord pendant la Shoah

LVH - LPH : Comment les populations musulmanes ont-elles réagi ? Dr H.S. : Nous avons retrouvé des documents prouvant que certains musulmans s’étaient portés volontaires dans la Wehrmacht (l’armée allemande). Dans l'ensemble, cependant, le sentiment général des populations musulmanes était l’indifférence face au sort des Juifs. Ils étaient davantage préoccupés par leur lutte nationale anticolonialiste. Ils se demandaient surtout comment utiliser la guerre à leur avantage.

LVH - LPH: Comment avancent vos recherches ? Quelles difficultés rencontrez-vous ? Dr H.S. : Nous avons déjà pu produire plusieurs publications et nous effectuons un travail de fourmi à la fois pour trouver des documents et pour nous rapprocher de chercheurs du monde entier. Nous manquons malheureusement de moyens et de chercheurs. Le sujet n'est pas suffisamment traité notamment en Israël alors que beaucoup de travail reste encore à faire. Nous vous invitons à consulter notre site et nos pages FaceBook ainsi qu’à prendre contact avec nous si vous avez des témoignages à nous livrer sur cette période.

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SANTÉ-BIEN ÊTRE

Par Esther Horgen

La méthode Yemima

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Étude de la pensée consciente cognitive

Basée sur l’enseignement de Yemima Avital, l’étude de la pensée cognitive (EPC) est à la fois un système de pensée et une méthode efficace qui se découvre et s’approfondit dans le cadre de groupes motivés par cette approche. Yemima Avital s’est intéressée au langage souvent obscur et ambivalent des pensées et des émotions qui animent, traversent et modèlent l’être humain. Ses observations, ses recherches et son expérience ont abouti à l’élaboration d’une méthode constituée d’étapes bien définies et ordonnées dont le but est de permettre un réagencement harmonieux des différentes sphères constitutives de « l’être-humain ». Il s’agit d’identifier en soi-même les zones sombres comme autant de richesses et de potentiels et, en développant ses propres points forts, d’accéder à une paix intérieure. L’écoute intérieure est la clé de voute de cette approche minutieuse. Chaque personnalité est habitée par des forces contradictoires. Certaines sont constructives d’autres destructives. Il appartient à l’être humain de les reconnaître, de les nommer et de les gérer. Les forces positives doivent être reconnues, valorisées et développées dans la conscience active. Les forces défavorables, les résistances, doivent quant à elles faire l’objet d’une reconnaissance et d’une acceptation préalable. Le monde intérieur de chacun s’apparente à un petit Tohubohu personnel, les blessures non refermées du passé y font figure de ténèbres. Le propos de l’EPC consiste à faire primer la recherche de la lumière sur le combat contre l’obscurité. Toute émotion négative (colère, tristesse, etc.) dissimule en réalité une blessure, un manque ou une déception que ni les combats ni les accusations ne solutionnent. Seule l’acceptation de soi, de ce « soi » composé de forces et de faiblesses est à même de panser les plaies. Accepter au lieu de résister est le credo de base de l’EPC. Cette partie de nous qui dans sa souffrance silencieuse se bat pour recevoir une attention chaleureuse est en quête d’un amour inconditionnel. L’amour inconditionnel de soi-même, qui seul permet l’amour inconditionnel de l’autre, dans un amour inconditionnel de l’existence. Par réaction de protection, nous fermons les portes de notre cœur, et nous acharnons à nous battre avec la situation extérieure. Yemima nous apprend à accepter les évènements indésirables.

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Ceux-ci ne sont en fait que la projection d’un malaise intérieur que nous omettons d’écouter. Les épreuves et les circonstances extérieures n’existent que pour nous engager à nettoyer, travailler, affiner certaines parties de notre personnalité. Ce travail permet de mettre en lumière de nouvelles dimensions en nous, qui ne se seraient pas révélées en l’absence de ces interactions ou difficultés extérieures. Les clés de l’enseignement reposent sur l’élaboration et la mise en place d’un nouvel appareil réactionnel permettant de gérer les situations indésirables : la première étape est celle de l’attente active. Face à une situation déplaisante pour nous, il s’agit d’écouter les différentes voix qui résonnent en nous, de les accueillir et de les accepter toutes sans jugement ni critique. Le but est de s’accepter telle que l’on est réellement, sans s’accuser. Seule l’écoute véritable émanant du plus profond de notre être est à même de nous révéler les véritables solutions. L’enseignement de Yemima fait référence à la notion de « surcharges » psychologiques. Des émotions comme la colère, la déception, la tristesse, la peur, la culpabilité, le découragement, l’impatience etc., constituent des obstacles à l’écoute créative. Une personne dépassée par ses émotions et dispersée mentalement aboutira à une écoute d’elle même biaisée, et à une compréhension erronée de la situation. Au fil des rencontres, l’étudiant/e apprend à se dégager de ses excédents émotifs et à gérer de plus en plus efficacement les situations de tensions ou de conflits. Une nouvelle relation s’instaure entre lui et l’ensemble de ses propres émotions négatives. Elles s’atténuent jusqu’à disparaître, tandis que les émotions négatives provenant de son entourage cessent peu à peu de le perturber. Il retrouve ainsi sa réelle liberté. Il déplace son centre d’intérêt de l’« Autre » à « Lui-même », et accède au soi essentiel, celui de l’âme. L’attente active libère des exigences, elle réduit l’écart douloureux entre le désir et la réalité. Elle offre le recul nécessaire qui permet de faire la part entre le superflu et l’essentiel. Le superflu des actes, des pensées et des émotions qui dispersent l’individu et l’éloignent de sa propre vérité. Dans cette attente, espace de retrait, l’individu retrouve à se déployer ; il rencontre la partie intacte de lui-même qui est restée indemne : son identité divine. Par le souffle divin de la création, il se dégage des pensées, des actes et des ressentis qui l’ont endommagé pour retrouver la saveur infinie de la Kedousha. L’ultime liberté de l’homme procède du choix de s’engager dans cette rencontre. Celle du dévoilement de son essence divine. L’étude de la pensée-consciente enseignée par Yemima z’’l offre à ceux qui y aspirent les instruments nécessaires pour accéder à cette transcendance et s’engager dans la voie d’une vie humaine marquée du sceau de la joie et de la sérénité intérieure.



DÉCO

Par Déborah COHEN

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COTÉ-PSY

Par Laurence Bernheim

Surpoids et obésité :

Quand manger vient combler un manque, un vide

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Beaucoup d’entre nous ont, dans leur vie, eu l’occasion de côtoyer une personne en réel surpoids, voire obèse (exit les obésités métaboliques…). Avez-vous remarqué que très souvent ces personnes sont joviales, de bons copains, toujours prêts à rire, à faire la fête. Ce sont des personnes pour qui tout semble aller pour le mieux, qui « ne se prennent pas la tête », qui vous disent être heureuses.

Et pourtant, souvent les choses ne sont pas si simples. En témoignent ces patients qui viennent en consultation pour maigrir, amenés par une contrainte « extérieure » : « Mon médecin m’a dit que je devais absolument maigrir », ou « Je voudrais un nouvel enfant mais je dois d’abord maigrir… » Quand ils en arrivent à me consulter, c’est que l’idée de se mettre au régime, de ne plus pouvoir manger ce qu’ils veulent quand ils veulent est pour eux une véritable épreuve. C’est un peu comme si on allait les priver de leur meilleur ami. Alors avec eux, on commence à explorer un peu leur monde intérieur, et il n’est pas rare que cela se révèle être un exercice un peu périlleux pour le thérapeute. C’est un peu comme se retrouver face à un mur de béton armé que l’on voudrait faire tomber. Impossible de faire tomber l’énorme carapace émotionnelle dont

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s’est recouvert le patient. C’est sa façon à lui de traverser ce monde sans souffrir, ou du moins, sans ressentir sa souffrance. Alors en posant des questions du style : « que ressentez-vous ? », « quelle émotion cela entraîne chez vous ? », « que ressentez vous présentement dans votre corps ? », le thérapeute a tout d’un coup l’impression de parler une langue étrangère à son patient. C’est d’ailleurs, inconsciemment, pour parer à toute intrusion intimiste, que ces personnes se parent de ce sourire et cette jovialité. Un peu comme un panneau qui dirait : « Regardez comme je suis heureux, pas besoin de vous inquiéter pour moi ». Mais très souvent, au plus profond d'elles-mêmes, se trouvent un vide, un manque, ou un désordre émotionnel, que surtout, au grand jamais, elles ne voudraient ressentir. D’ailleurs, la plupart du temps elles n’en n’ont pas vraiment conscience. Et pour cause : cela fait des années, qu’elles ont tout mis en place pour ne rien ressentir de désagréable émotionnellement. Alors, dès que se profilent le moindre indice, le moindre signe de perturbation émotionnelle, elles choisissent (inconsciemment) de s’anesthésier. Surtout ne pas sentir. Et très souvent leur meilleure arme, leur meilleur ami, leur meilleur refuge est LA NOURRITURE ! Cela fait des années, que sans s’en rendre compte vraiment, elles viennent combler ce manque, ce vide ou tout mini-désordre émotionnel en se remplissant. Se remplir, ne pas sentir… Se remplir, ne pas sentir ! Une recette qui fonctionne parfaitement, jusqu’au moment où le système craque (vomir pour mieux se re-remplir, surpoids insupportable, alerte de santé, premiers signes dépressifs…). Et c’est alors le moment de se retrouver avec soi-même, avec l’aide d’un thérapeute. Se reconnecter à son essence, là où tout est présent, tout est plein. Certes, ce travail demande un peu de courage… mais le résultat au bout est tellement beau, juste. Laurence Bernheim Psychothérapeute Tél. : 054 700 73 61 - laucain@aol.com



ALYA

Par Noémie Grynberg

Jeunes bacheliers, réussissez vos études en Israël grâce à P4U

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Que proposez-vous d’original dans cette formation ? David Ouaknine : Elle se compose de trois étapes. La première consiste à l’entrainement aux psychométriques. La seconde propose une aide à l’orientation et à l’inscription en faculté d’après les résultats obtenus. Enfin la troisième dispense un oulpan technique ainsi qu’une remise à niveau dans les matières les plus faibles. La spécificité de P4U est de bien comprendre la différence de mentalité entre la France et Israel. Alors que la première se veut plus analytique et théorique, la seconde table davantage sur l’assiduité et la résolution des problèmes. La bonne compréhension de ces caractéristiques fait que la formation dispensée utilise l’intelligence de la première et l’assiduité de la seconde pour mener à la réussite. Quel avantage présente-t-elle ? David Ouaknine : Celui de pouvoir étudier en direct, par ordinateur directement là ou ils sont à chaque instant. La classe est virtuelle. Pas besoin de s’encombrer de livres. Tout se passe par le net. De plus, nous proposons un suivi très personnel. Grâce aux résultats en ligne, la formation aménage des groupes pour renforcer les points faibles en vue d’acquérir technique et rapidité. Sur les 100 heures d’enseignement (30 cours), deux sont consacrées à la théorie, deux à la mise à niveau et le reste aux travaux pratiques.

A qui s’adresse-t-elle ? David Ouaknine : A tous les jeunes bacheliers français entre 18 et 22 ans qui souhaitent entamer des études supérieures en Israel.

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Avec la vague d’alya venue de l’Hexagone qui se prépare, certains Français installés en Israël depuis longtemps se mobilisent afin de proposer des aides à l’insertion de diverses manières. C’est le cas de Ψ4U (Psy for you), lancée par David Ouaknine.

David Ouaknine, ingénieur en électronique et en physique sorti du Technion de Haïfa, a derrière lui une longue expérience dans le domaine de l’industrie aéronautique, des télécommunications et du business développement. Aujourd’hui, il souhaite mettre sa science au service des autres. Aussi, ce Français vivant à Jérusalem depuis 33 ans, a-t-il créé P4U, une initiative privée destinée aux jeunes bacheliers Français désirant poursuivre leurs études supérieures en Israël.

Comment et quand l’idée de créer ce programme vous est-elle venue ? David Ouaknine : Dans le cadre de son service national, ma fille s’est occupée de jeunes Françaises arrivées en Israel. Elle a constaté que ces nouvelles arrivantes ne maitrisaient pas la technique des psychométriques nécessaire pour passer les tests d’entrée à l’université, ni la mentalité israélienne. Et il n’existe pas de structure permettant aux olim de France de s’y former. Aussi ai-je eu l’idée de la concevoir.

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Qui compose l’équipe pédagogique ? David Ouaknine : Moi-même pour la formation et ma fille Shirel pour l’orientation et l’administratif.

Quelles sont les modalités ? David Ouaknine : L’inscription se fait en ligne sur le site www.p4u.mobi (tel Israel: +972-54-6874829 ou France : +331-830801569). Pour les soldats isolés et les filles effectuant leur service civil, nous offrons une remise de 50%, avec facilité de paiement (et en plus un parrainage pour ceux qui sont en difficulté financière).


Bulletin d’abonnement

Merci de nous retourner le coupon ci-dessous dûment rempli, accompagné de votre règlement d’un montant de 15 euros pour 7 numéros, par chèque à l’ordre de : ART COM C LEVHAIR Nom : __________________________________________ Prénom : ________________________________________

Adresse : ________________________________________ Tél : ____________ E-mail : ________________________

Programme Mai-Juin 2015 du Centre Edmond Fleg • Jusqu’au 4 juin : Exposition « Les pirates juifs ». Exposition en entrée libre du lundi au jeudi 9h- 18h, vendredi 10h -13h30. Organisation / Lieu : Centre Fleg 4 • Mardi 12 mai à 21h : Concert de Mor Karbasi, chanteuse israélienne sépharade « La Tsadika » Paf 15€. Places en vente au centre Fleg Lieu : Théâtre Toursky 16 prom Léo Ferré 13003 Marseille

• Dimanche 17 mai à 14h30 : Séminaire de Marc Alain Ouaknin sur «l’imaginaire dans les textes de la tradition juive ». Paf 15€ adh/20€ non adh. Organisation / Lieu : Centre Fleg 4

• Mercredi 20 mai à17h : Conférence « Les femmes au temps d’alAndalus » par Rosana de Aza. Organisation / Lieu : Horizotes del Sur, BMVR de l’Alcazar 58 cours Belsunce 13001 Marseille. Entrée libre

• Jeudi 21 mai à 16h : Atelier d’initiation à la mosaïque sur motifs andalous. Inscription obligatoire avant vendredi 15 mai au 04 91 37 42 01 ou par mail : mail@centrefleg.com. Possibilité d’organisation d’un 2ème atelier. Oranisation / Lieu : Centre Fleg 4 Entrée libre

• Jeudi 21 mai à 20h : Contes : « Les pieds emmêlés et autres contes judéo-espagnols » par Gisèle Abadia conteuse. Paf : 7€. Organisation / Lieu : Centre Fleg 4

• Mardi 26 mai à 17h30 : Conférence « Chrétiens, juifs et musulmans en Catalogne à la fin du Moyen-âge » par Christophe Cailleaux, historien. Organisation / Lieu : Horizontes del Sur BMVR de l’Alcazar 58 cours Belsunce 13001 Marseille Entrée libre

• Mercredi 27 mai à 17h : Rencontre littéraire avec Gérard de Cortanze, écrivain, essayiste autour de son livre « L’an prochain à Grenade » Ed

Albin Michel présenté par Dina Dian. Organisation / Lieu : Centre Fleg, BMVR de l’Alcazar, 58 cours Belsunce Marseille 1er. Entrée libre

• Mardi 2 juin à 19h : Buffet des trois cultures, la table judéo-arabo-andalouse en musique Paf 10€. Organisation : Horizontes del Sur, Femmes d’Ici et d’Ailleurs, Centre Fleg. Lieu : Femmes d’Ici et d’Ailleurs 4, rue Mazagran Marseille 1er.

• Jeudi 4 juin à 20h : Chorale judéo-espagnole par la chorale d’Aki Estamos. Paf : 5€. Organisation / Lieu : Centre Fleg/Centre Darius Milhaud 3 bis rue de Jérusalem 13100 Aix

• Vendredi 5 juin à 20h : Diner de Chabbath judéo-espagnol à l’occasion de l’accueil de la chorale Aki Estamos. Paf 18€ Réservation obligatoire payée avant le 3 juin. Organisation / Lieu : Centre Fleg 4

• Samedi 6 juin à 19h : Soirée judéo-espagnole. Buffet judéo-espagnol, exposition, chants et contes. Paf 20€ réservation obligatoire payée avant le 3 juin. Organisation / Lieu : Centre Fleg 4

• Lundi 8 juin à 18h : Cinéma « Madrid before Hanita », l’engagement juif dans la guerre d’Espagne d’Eran Tobiner en présence de Bernard Bessière, professeur d’université. Organisation / Lieu : Centre Fleg 4. Entrée libre

• 17 au 24 juin 2015 : 16ème Festival du cinéma israélien

Centre Fleg 4 impasse dragon - 13006 www.centrefleg.com Tél : 04 91 37 42 01


Par Stéphane Laïk

Dans une large poêle Mettre 2 oignons émincés avec 3 gousses d'ail écrasé, que l'on fait frire légèrement dans 1/4 verre d'huile d'olive. On ajoute la sauce tomate en boite puis on y mélange des herbes fraîches basilic, origan, thym etc... On laisse bien cuire 15/20 minutes tout en mélangeant délicatement. On goute puis on ajoute, sel, poivre, cumin, et pour le côté "piquant" une cuillère à soupe d'harissa. On prépare les œufs cassés dans un verre en plastique (c'est plus simple pour le verser) et avec le dos d'une cuillère à soupe on prépare la place de l'œuf en faisant un creux. Ajouter de la coriandre fraîche hachée juste avant de mettre les œufs et laisser mijoter jusqu'au degré souhaité de cuisson. Servir chaud avec des croutons ou bien avec une pita passée au four quelques minutes pour le coté croustillant. On peut aussi rajouter avec la sauce tomate d'autres légumes comme morceaux

• Le problème au Moyen-Orient, c'est qu'ils ont mis la charia avant l'hébreu. • J'ai l'intention de vivre éternellement, pour le moment, tout se passe comme prévu. • Je me demande si à moyen terme, le changement climatique finira par avoir des conséquences irréversibles sur les pizzas 4 saisons. • Quand un crocodile voit une femelle, il l'accoste.

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de poivrons, courgette en cube, olives noires, merguez etc etc... Avant de servir saupoudrer de zaatar.

Voilà c'est tout simple et très bon ! Bon appétit !

• Que celui qui n'a jamais bu me jette la première bière. • Jeanne d'Arc s'est éteinte le 30 mai 1431, environ deux heures après sa mort. • Il y a 40 ans, la SNCF présentait le TGV. Grande invention qui permettait aux voyageurs d'arriver plus vite en retard. • Kadhafi est parti sans dire au revoir, ce n'est pas Tripoli de sa part. C'est écrit dans la presse si tu libyen.

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• Il est impossible de faire 1000 pompes par jour... sauf si vous êtes un enfant chinois dans une usine Nike. • Un milliardaire change de Ferrari tous les jours, et un SDF change de porche tous les soirs. • C'est en se plantant qu'on devient cultivé ... • Soyez gentils avec vos enfants : ayez toujours à l'esprit que ce sont eux qui choisiront votre maison de retraite.






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