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La vOie

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PROFessiONNeLLe : Des PUBLics, Des PaRcOURs

eT Des MeiLLeURs

ΑPPReNTis De FRaNce

L’enseignement professionnel, qui scolarise un lycéen·ne sur trois, est loin de constituer une réalité marginale. Il recouvre des situations très contrastées, en termes de formations, de publics, de trajectoires scolaires et de parcours d’emploi. On peut se demander si les Meilleurs Apprentis de France avec 300 lauréat·es par an pour environ un million de lycéen·nes dans la voie professionnelle, constituent des figures d’exception, des contre-modèles ou s’ils partagent un certain nombre de caractéristiques communes avec les autres élèves ou apprenti·es.

En 2020, l’enseignement professionnel concerne plus d’un 1 million d’élèves ou apprenti·es, une orientation sur trois à l’issue de la 3e et donc un·e lycéen·ne sur trois20. Le poids quantitatif de cette population est paradoxalement masqué par la faiblesse des travaux sur ce champ éducatif, a contrario de ceux portant sur les autres jeunes, les « décrocheurs21 », les lycéen·nes de la voie générale, les étudiant·es inscrits dans l’enseignement supérieur, les jeunes actifs entrant sur le marché du travail.

Le bac professionnel a pourtant connu une expansion considérable au cours des dix dernières années avec des effectifs qui ont presque doublé entre 1998 et 2018, tandis que ceux des baccalauréats généraux n’ont que très peu varié. Ces évolutions prennent place dans un contexte de réforme qui a égalisé la durée des parcours entre le baccalauréat général et professionnel22. L’objectif recherché par les pouvoirs publics est que la moitié d’une classe d’âge accède à la fin de son parcours à un diplôme de l’enseignement supérieur, en faisant du baccalauréat professionnel un diplôme d’entrée dans l’enseignement supérieur, plutôt qu’un diplôme de sortie vers le marché du travail, comme il l’a initialement été conçu en 198523. Il deviendrait donc un tremplin vers l’enseignement supérieur pour des jeunes d’origine sociale plus modeste, majoritaires dans ces formations.

Dans les faits, en 2020, alors que la quasi-totalité (92 %) des néo-bacheliers généraux accède à l’enseignement supérieur, ce ne sont encore que quatre bacheliers professionnels sur dix qui sautent le pas (40 %). Si l’accent est mis sur le développement de l’enseignement supérieur, il ne faut toutefois pas oublier « qu’un tiers des jeunes entrent sur le marché du travail avec pour bagage un diplôme de l’enseignement professionnel secondaire24 ».

20 L’ensemble des données statistiques présentées dans ce chapitre sont issues de trois publications : DEPP-MENJSMESRI, 2020, Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche ; DEPP, État de l’école, 2021 ; MESRI, État de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, n° 14, 2021.

21 Les décrocheurs sont les jeunes ayant interrompu précocement leurs études sans obtenir le diplôme préparé.

22 Le développement de la voie professionnelle accompagne les objectifs plus généraux d’expansion scolaire, promus par les pouvoirs publics, qui affichent une ambition de développer des parcours de « bac-3 à bac+3 » en établissant un « continuum de formations articulant les trois années qui précèdent et les trois années qui suivent le baccalauréat » (circulaire MEN-MESR n° 2013-2012 du 18/06/2013). Des parcours plus diversifiés sont ainsi susceptibles de se développer et la frontière entre filières générales et professionnelles deviendrait plus lâche.

23 Maillard F., 2017, « Le baccalauréat professionnel de 1985 à nos jours : d’une singularité à l’autre », Revue française de pédagogie, 198, p. 11-22.

24 Ilardi V., Sulzer E., 2015, « Enquête 2013 auprès de la Génération 2010. CAP-BEP : des difficultés d’insertion encore aggravées par la crise », Bref, n° 335.

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