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QUi sONT Les LYcéeN·Nes, aPPReNTi·es
De L’eNseiGNeMeNT PROFessiONNeL
L’enseignement professionnel, ce sont des lycéen·nes (pour les trois quarts) et des apprenti·es (pour un quart), qui suivent un même programme, mais dans des conditions différentes. Les un·es au lycée, les autres alternant formation théorique en CFA et pratique en entreprise. Au total, on compte 731 000 lycéen·nes (lycées publics ou privés) et 306 000 apprenti·es aux niveaux Baccalauréat, Brevet professionnel et CAP.
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En 2020, les élèves/apprenti·es dans les formations professionnelles peuvent être inscrit·es soit en CAP ou à un autre diplôme de niveau 3 (30 %) soit en Baccalauréat professionnel ou Brevet professionnel (70 %)25. Vingt ans plus tôt les proportions étaient inversées. En 1998, on recensait 78 % d’élèves/apprenti·es au niveau CAP/BEP et 22 % au niveau Baccalauréat.
Dans le système éducatif, les publics sont très différents, en particulier du point de vue du genre26 et du milieu social d’origine, de la filière (générale ou professionnelle), du domaine d’études (production, services).
Ainsi les jeunes issus de catégories plus modestes (dont les parents sont ouvriers ou employés) sont plus présents dans les filières professionnelles que les jeunes issus des milieux plus favorisés (dont les parents sont cadres)27 .
La voie professionnelle, ce sont aussi majoritairement de jeunes hommes (près de 59 % des effectifs)28, qui s’y orientent davantage et plus précocement que les filles. Dans les faits, tout dépend du domaine d’études. La mixité des cursus (le fait qu’il y ait à peu près autant d’hommes que de femmes) est exceptionnelle. La plupart des spécialités professionnelles sont sans ambiguïté à « dominante » masculine ou féminine29 .
Les filles représentaient, à la rentrée 2018, 15 % des effectifs de l’ensemble des spécialités de production et 65 % de l’ensemble des spécialités de service. Elles sont invisibles (moins de 3 %) dans les filières du bâtiment, de l’énergie, du génie civil, de la mécanique, de l’électricité ou de l’électronique. Elles sont très marginales (moins de 10 %) dans les filières du travail du bois et de l’ameublement, de la plas-
25 Le BEP a disparu progressivement à la suite de la réforme de 2009.
26 Jarlégan A., 2009, « De l’intérêt de la prise en compte du genre en éducation », Recherches & éducations, 2 | p. 11-21.
27 En 2019, le Baccalauréat professionnel est composé de 28,2 % d’enfants d’ouvriers, de 23,4 % d’enfants d’employés, c’est-à-dire un peu plus de la moitié des élèves de cette filière. Ces mêmes catégories (employés, ouvriers) ne représentent que 29 % des bacheliers généraux. À l’inverse, on ne compte que 10 % d’enfants de cadres en Baccalauréat professionnel contre 34 % chez les élèves de Baccalauréat général.
28 Les filles vont aussi peu en apprentissage : en 2018, 19 % des filles et 31 % des garçons qui suivent une formation dans le second degré professionnel de niveau V et IV le font dans le cadre de l’apprentissage.
29 MENJ-MESRI-DEPP, 2020, Filles et farçons sur le chemin de l’égalité de l’école à l’enseignement supérieur turgie, de l’aménagement paysager des parcs, des jardins et des espaces verts. A contrario, elles sont très largement sur-représentées dans les formations initiant au travail du textile, de l’habillement et du cuir (89 %) et quasi à parité dans la métallurgie (59 %) et les formations portant sur les matériaux de construction, du verre, de la céramique (47 %). Dans le domaine des services, ce sont à leur tour les hommes qui sont absents des filières de coiffures, d’esthétique, des services à la personne (7 %) et des spécialités sanitaires et sociales (11 %). La mixité est donc rarement atteinte dans l’enseignement professionnel.
ET Les « MaF », DaNs TOUT ça ?
La comparaison des Meilleurs Apprentis de France à l’ensemble de la population de la voie professionnelle est complexe, car nous ne disposons pas de données précises et exhaustives sur ces derniers. Néanmoins l’enquête que nous avons réalisée auprès des lauréat·es MAF (ayant remporté le concours entre 2011 et 2014) permet d’avoir un aperçu de ce qui les rapproche ou les différencie de la population d’ensemble des jeunes évoluant dans l’enseignement secondaire professionnel.
Les MAF sont aussi majoritairement des hommes (67 %), les femmes étant moins présentes dans les filières professionnelles, moins représentées dans ce type de concours et, de fait, moins souvent lauréates. À titre d’exemple, en 2014, 71 % des lauréat·es au concours étaient des hommes. Cette surreprésentation masculine doit être rapportée aux métiers préparés et à la composition sexuée des filières représentées.
À l’issue de la troisième, une moitié des MAF n’avait pas de projet professionnel. Pour celles et ceux qui en avaient un, celui-ci était très orienté vers l’exercice d’un métier spécifique et identifié : coiffeur·se ; cuisinier·e, électricien.ne, etc. La formulation des projets peut aussi toucher à une orientation prestigieuse : devenir fleuriste de luxe, horloger « grande complication », perruquier·e pour le cinéma, première main haute couture, créateur·trice de mode ; intégrer un prestigieux atelier de haute joaillerie place Vendôme, travailler chez un sculpteur reconnu, devenir MOF. Il peut aussi s’agir de se perfectionner : rentrer chez les compagnons, se mettre à son compte, apprendre le métier en évoluant au sein de différentes entreprises. De ce point de vue, 70 % des jeunes interrogés disent avoir réalisé leur projet, 20 % l’avoir partiellement réalisé et 10 % ne pas l’avoir réalisé (pour plus de précisions voir le chapitre 8).
Une majorité de MAF indique que l’engagement dans la voie professionnelle correspondait à leur premier vœu d’orientation (76 %). Si cette proportion peut paraître à première vue importante, elle ne différencie pas les MAF de l’ensemble de la génération à laquelle ils appartiennent puisqu’une enquête auprès des sortants du système éducatif menée en 201330 montre que c’était le cas, dans des propor-
30 Les enquêtes Génération du Céreq sont des enquêtes nationales réalisées auprès d’un échantillon représentatif de l’ensemble des jeunes sortant du système éducatif une année donnée. Quels que soient leur niveau de qualification et leur classe de sortie, ceux-ci sont...