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Abbé Pierre (l’
L’ABBÉ PIERRE
Beaucoup se demanderont ce que fait l’abbé Pierre dans cet ouvrage. Cela signifierait-il que ce héros, cette icône, cet homme des causes désespérées, mais pas perdues, ce défenseur des petits et des humbles, est devenu un «patrimoine» français, que personne ne peut ou n’ose plus s’approprier? Il ne s’agit pas ici de revendiquer quoi que ce soit, mais juste de rappeler que Marie Joseph Henri Grouès est né à la Croix-Rousse le 5 août 1912, au 8 de la petite rue des Gloriettes (actuelle rue Louis Thévenet) et qu’il a été baptisé à Saint-Eucher. C’est le cinquième enfant d’une fratrie de huit, dont le père, catholique engagé, est directeur des Fonderies du Rhône. Ce père qui, le dimanche au sein de l’Association des hospitaliers-veilleurs, rase, coupe les cheveux et sert les repas aux mendiants, est baptisé «le barbier des miséreux».
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En même temps que Marie Joseph Henri étudie chez les Jésuites, il entre chez les scouts. À 15 ans, au cours d’un voyage à Rome, une étape à Assise, en Ombrie, le marque particulièrement. L’exemple de Saint François d’Assise va alors le guider. Entre dépouillement et action, il hésite, et en 1931, choisit de devenir capucin, d’abord à Saint-Étienne puis à Crest dans la Drôme. En 1932, il devient frère Philippe. Si cette étape s’avère décisive dans sa vocation et fondatrice dans sa réflexion, les conditions de vie monastique très dures s’accordent mal à sa santé fragile. Ordonné prêtre le 24 août 1938, il quitte les Capucins en avril 1939 et devient vicaire à Grenoble. Mobilisé en septembre 1939, il revient un an après. En juillet 1942, il entre dans la Résistance. Celui qui se fait alors appeler l’abbé Pierre (un de ses quatre pseudonymes) crée chez lui un atelier de faux papiers, monte des filières de passage en Suisse pour les Juifs, des maquis pour les jeunes fuyant le STO (Service du travail obligatoire). En mai 1944, il part rejoindre le général de Gaulle à Alger.
Rentré en France en janvier 1945, il est élu député MRP (Mouvement républicain populaire) de la Meurthe-et-Moselle le 21 octobre 1945. C’est avec un certain soulagement qu’il n’est pas réélu en juin 1951… En effet, depuis 1947, il a ouvert un nouveau chantier : la création à Neuilly-Plaisance d’une auberge internationale de jeunesse, pour accueillir dans un lieu de fraternité des jeunes du monde entier.
En 1949 naît ce qui est et sera son grand œuvre : Les Compagnons d’Emmaüs, fruit de sa rencontre avec Georges Legay (1903-1966), ancien bagnard dans une grande misère à qui l’abbé Pierre ne peut rien offrir sauf son amitié, mais dont il demandera l’aide!