LIFE#08 hors-série Musée Yves Saint Laurent Marrakech

LIFE is morocco

LIFE & STYLE MAGAZINE w w w. l i fe i s m o ro c c o. c o m d • F l i fe i s m o ro c c o

#DOSSIER HORS-SÉRIE automne 2017

m usée

YVES SAINT LAURENT

&

LES ANNÉES MARRAKECH

CA P T E R L ES MOME NTS • PARTAGE R L ES EXPÉRI EN CES • PRO VO Q U ER D ES É M OT IONS

 Le Restaurant • La Pâtisserie • La Boutique • Le Barbier Ouvert tous les jours, service continu de 11h à 23h • 15 souk Cherifia, Sidi Abdelaziz, Marrakech Médina • Tel : +212 (0)5 24 37 59 04 G Terrasse des Épices • www.terrassedesepices.com • Terrasse des Épices



é d i to

Bénédicte Bataille

Directrice de la Rédaction

DANS LES PAS D'YVES SAINT LAURENT Chers lecteurs,

Comme à notre habitude, ce dossier hors-série a pour ambition de vous faire découvrir les activités, les projets, les personnalités qui font bouger le Maroc et qui contribuent à renforcer ses atouts et son image au niveau culturel, artisanal et touristique. Cette fois encore, c'est à Marrakech que nous faisons étape pour vous révéler ses richesses.

En octobre, Marrakech célèbre Yves Saint Laurent à l'occasion de l'ouverture du musée qui lui est consacré. Nous avons eu la chance d'y faire un tour avant l'inauguration officielle le 19 octobre et de rencontrer les acteurs majeurs qui ont permis à ce prestigieux projet, fruit de la volonté énergique et de la passion éternelle de feu Monsieur Pierre Bergé, de voir le jour.

Plus qu'une visite, c'est une plongée émotionnelle dans l'univers d'Yves Saint Laurent et un sublime hommage à son œuvre.

Plus qu'un musée, ce centre culturel multi-disciplinaire est une contribution inestimable, un héritage artistique et patrimonial hors du commun, que Pierre Bergé offre à sa ville de cœur et au Royaume.

LIFE a souhaité en savoir davantage sur les “Années Marrakech” à l'époque où le célèbre couturier et sa joyeuse bande de jet-setters bohèmes et insouciants faisaient flamboyer la ville ocre de mille couleurs. Laissez-nous vous guider dans les pas d'Yves Saint Laurent, hors des sentiers battus, à la découverte de ces lieux mythiques et intemporels, à la rencontre des gardiens de la mémoire de ces jours heureux. <

#contact benedicte@life-is-magazine.com www.lifeismorocco.com G& LIFEismorocco

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life's team

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BÉNÉDICTE BATAILLE

Think big, work hard, push limits, never stop & enjoy life !

Battante (mon patronyme n’est pas usurpé !), volontaire, engagée, entrepreneur dans l’âme, je dis ce que je fais, je fais ce que je dis … Passionnée par la vie, j’aime remplir les pages blanches de projets fous, d’aventures et de rencontres palpitantes.

Morocco is MAGIC (Ah non ça c’est Paris !)... Morocco is LIFE (évidemment) !

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CAMILLE CHATAIGNIER

Le meilleur moyen de prédire l’avenir c’est de l’inventer.

Journaliste curieuse et multi-casquette. À la fois discrète et fonceuse !

Attention, méfiez vous de l’eau qui dort Morocco is AUTHENTIC

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AMINE HADEF

Il n'y a rien... Non, il y a tout à faire !

De retour dans ce pays qui m'a vu naître et nourri de rêves, d'odeurs et de couleurs, je m'émerveille sans cesse de l'énergie qui anime Casa ! Après quinze ans de carrière de chanteur lyrique, quoi de plus merveilleux que de goûter de nouveau à cette ville si vivante !

Morocco is INSPIRING

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RAPHAËLLE VINON

Une vie réussie est un rêve d’enfance réalisé à l’âge mûr.

En 2000, je pars, missionnée par Gallimard pour écrire un guide du Maroc. Six mois de traversée du pays de long en large, des villages de montagne aux villes impériales, des chambrettes en pisé aux palaces 5 étoiles… Je pose finalement mes valises à Marrakech, d’où je ne repartirai jamais vraiment.

Fan des mots, des images et des rencontres fortes, j’ai trouvé mon terrain de jeu.

Morocco is FULL OF SECRETS

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PATRICK NICLOT

L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs.

Après avoir traversé mers et océans, l’hiver au Canada, le printemps à Dubaï, l’été entre Rome et Monaco pour finir un fameux automne au Maroc…

Passionné par la vie : Art, Automobile, Gastronomie, Géopolitique et Palaces…

Entre traditions et modernité, j’ai été accueilli, séduit et conquis par ce Maroc en marche !

Morocco is AMAZING

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VALÉRIE BARADAT

Réaliser votre rêve sans qu’il devienne un cauchemar !

Installée à Marrakech en 2001, fascinée par sa Médina, cet univers urbain unique, profondément humain, c’est tout naturellement que j’ai implanté l’agence Côté Médina en son coeur, près de la place Jemâa el Fna... Les riads, c’est notre métier ! Notre crédo : le service apporté à nos clients.

Morocco is A WAY OF LIFE

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CHRISTOPHE SOKAL

Faites de l’humour votre quotidien, et de la poésie votre espérance !

Amoureux de la plume parce qu’elle décrit les horizons, j’ai pu faire des deux une passion. Je suis un sans frontières qu’elles soient géographiques ou de l’imagination. Je suis journaliste, communicateur, professeur, et promoteur de l’art, rien que des métiers où l’on rencontre, où l’on partage.

Morocco is A SOUL

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I LIFE is morocco #hors-série • automne 2017

sommaire

LIFE is morocco Remerciements ORIGINAL MARRAKECH Paniers, corbeilles, chapeaux personnalisés www.panier-marocain.com original marrakech

G originalkech

Magazine gratuit édité par B2B MEDIA SARL 40000 Marrakech - Maroc Tel. +212 6 16 54 10 00 www.lifeismorocco.com Gérant : Bénédicte Bataille R.C. : 71831 - Patente : 6409119 I.F. : 18721928 - CNSS : 4689636 Dossier de presse : 16/7 Tous droits de reproduction réservés (titres, textes et photos) La reproduction, même partielle, de tous les éléments parus dans LIFE is morocco est interdite.

Vente par abonnement annuel 250 DH par an Infos & inscriptions benedicte@life-is-magazine.com

Directrice de la Publication & Rédaction Bénédicte Bataille Tel. +212 6 16 54 10 00 benedicte@life-is-magazine.com

Coordination de la Rédaction Camille Chataigner

Rédacteurs & Photographes Valerié Baradat, Camille Chataigner, Amine Hadef, Patrick Niclot, Christophe Sokal, Raphaelle Vinon

Direction Artistique

#flash culture 06

rencontre : Philippe Casenave, Consul Général de France à Marrakech

#musée YSL 10

héritage artistique et patrimonial de Pierre Bergé

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centre culturel haute couture

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exposition inaugurale

Sébastien Pailleux

Direction Administrative & Financière Bénédicte Bataille

Impression PIPO IMPRIMERIE 9 rue des Orchidées, quartier Beau Site, Aïn Sebaâ - CASABLANCA

#les années #marrakech 18

dans les pas d'YSL

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villa oasis

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iconic ride en side-car

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la trattoria

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maroc'n roll

#rendez-vous 28

où trouver LIFE

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flash culture

PHILIPPE CASENAVE

CONSUL GÉNÉRAL DE FRANCE À MARRAKECH

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I LIFE is morocco #hors-série • automne 2017

rencontre POUR DES INITIATIVES CULTURELLES ET PÉRENNES À MARRAKECH

N

ommé Consul Général de France à Marrakech en juillet dernier et en poste depuis le 1er septembre, Philippe Casenave n’a déjà plus une minute à lui. Pourtant, c’est dans le salon de la résidence consulaire, situé au pied de la Koutoubia, qu’il prend le temps de nous recevoir pour faire connaissance et parler de culture.

Il n'est à Marrakech que depuis quelques semaines mais on sent déjà que Monsieur le Consul s’y sent à son aise. C’est qu’il ne s’agit pas de sa première affectation à l’étranger, ni de son premier déménagement. Philipe Casenave a débuté sa carrière au Ministère de la Défense comme commissaire lieutenant-colonel au sein de l’armée de l’air. Il devient ensuite, coordinateur du protocole de l’Elysée avant d’intégrer le Ministère des Affaires Etrangères. En 2003, il rejoint l’ambassade de France au Pérou, puis celle du Pakistan trois ans plus tard, avant de s'envoler vers les Emirats-Arabes pour conseiller le ministre des Affaires Etrangères.

Après un passage à Paris en tant que sous-directeur du cérémonial d’État au ministère des Affaires étrangères, il part cette fois-ci, au Panama pour devenir Ambassadeur de France.

”

Après cette aventure au Panama, j’avais le choix entre une autre mission en Amérique Latine ou venir à Marrakech. Je n’ai pas hésité longtemps car c’est une vraie chance d’être dans un pays où les relations avec la France sont aussi riches et denses.

“C’est ma cinquième affectation dans le monde arabo-musulman, je ne découvre pas totalement cette aire culturelle. En revanche, c’est vrai que depuis la dernière fois où je suis venu à Marrakech il y a 20 ans, la ville s’est vraiment métamorphosée !

En plus de sa vocation touristique, la ville ocre est une destination événementielle importante avec des rendez-vous internationaux marquants à l’image de la COP22. Sans oublier, l’offre culturelle qui est très développée !”

Les années 2017-2018 marqueront forcément un tournant dans la vie culturelle de la ville.

Car si deux événements majeurs ont été, pour le moment, annulés, le Festival International du Film et La Biennale, l’offre muséale ne cesse de s’agrandir avec l’ouverture récente du MACMA, du MACAAL, du Musée de l’Eau, ou encore du très attendu Musée Yves Saint Laurent.

“Notre rôle à l’Ambassade comme au Consulat est d’améliorer et de rendre pérennes les relations entre le Maroc et la France. Les champs politiques, économiques, universitaires, commerciaux et bien sûr culturels sont au cœur de nos préoccupations. On s’appuie donc sur la société marocaine, les relais d’influence, les associations et autres acteurs comme l’Institut Français, pour notre action culturelle. Nos événements s’inscrivent dans un continuum.

On suit bien sûr, l’actualité française comme par exemple à l’occasion de la semaine de la Francophonie où l’on organise ici, la Fête du Livre, et on travaille avec les autorités locales sans lesquelles nous ne pourrions rien organiser.”

Et qu’il soit partenaire, initiateur, créateur, le Consulat de France à Marrakech s’inscrit dans une vraie démarche d’ouverture. Ainsi, pour l’exposition inaugurale du Musée Yves Saint Laurent, le Consulat a prêté une pièce maîtresse de sa collection, une œuvre magistrale de Jacques Majorelle, qui tient une place de choix parmi les autres tableaux (vous ne pourrez pas le manquer, c'est le plus grand !).

Dar Moulay Ali Maison de France (lire notre article dans LIFE#07), ouvert il y quelques mois en partenariat avec l'Institut Français, œuvre pour la démocratisation de la culture vers de nouveaux publics en proposant notamment des expositions étonnantes, comme Scenocosme cet été, ou Jace, street artiste, cet automne.

La résidence consulaire se prête également au jeu. En effet, outre les habituelles réceptions officielles, les jardins et les salons accueillent ponctuellement des concerts, des expositions et même des événements privés, organisés par de grandes sociétés françaises séduites par ce cadre prestigieux. Ce sont autant d’occasion de créer des interactions avec le public. <

> Informations sur le Consulat : www.ma.consulfrance.org/-Marrakech> Programme et actions culturelles : G Dar Moulay Ali, Maison de la France à Marrakech www.if-maroc.org/marrakech

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flash culture

mYSLm façade est ©Fondation Jardin Majorelle, Marrakech_Photo Nicolas Mathéus, 2017

mYSLm patio circulaire ©Fondation Jardin Majorelle, Marrakech_Photo Nicolas Mathéus, 2017

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musée YSL

MUSÉE

YVES SAINT LAURENT MARRAKECH

HÉRITAGE CULTUREL DE PIERRE BERGÉ Par Camille, Christophe & Bénédicte

L

’ouverture du Musée Yves Saint Laurent, que l’on doit à Pierre Bergé, nous donne d'occasion d'évoquer les multiples liens tissés entre le célèbre couturier et Marrakech, sa ville de cœur. De la passion qu’il y a vécue avec son compagnon durant cinquante ans, à l’inspiration des couleurs que la ville lui a offertes, de sa vie quotidienne au cœur du Marrakech populaire, à l’évocation des trésors contenus dans ce nouveau temple culturel, nous marchons dans les pas d'Yves Saint Laurent, icône de la mode, sur qui veille à jamais l'ombre bienveillante de Pierre Berger pour le protéger d’un soleil trop ardent.

Les superlatifs manqueront toujours pour caractériser l’œuvre d'Yves Saint Laurent, mais l’hommage mémoriel qui lui est rendu par la création de deux musées dans ses villes de création et d’inspiration, Paris et Marrakech, lève un peu plus le voile sur celui qui a élevé la mode au rang d’art majeur à part entière, et a été sans doute le “dernier orientaliste” dans l'esprit d’un Jacques Majorelle.

C’est un hommage aussi à Marrakech et ses multiples attraits, qu’offre le Musée Yves Saint Laurent dans la ville ocre, posé juste derrière le Jardin Majorelle, que le couple a sauvé, jardin qui a tant inspiré et apaisé ce grand artiste tourmenté. <

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musée YSL

PIERRE BERGÉ

SON ŒUVRE, LA PASSION EN HÉRITAGE

P

ierre Bergé ne verra pas l’aboutissement de ses projets au Maroc auxquels il tenait tant, le Musée Yves Saint Laurent à Marrakech, symbole de sa passion pendant un demi-siècle pour le grand créateur, et pas plus que la fin de la restauration de la Librairie des Colonnes à Tanger dont il a été le soutien inconditionnel, en amoureux des livres.

C’est dire si Pierre Bergé, même s’il privilégiait l’ombre derrière son illustre compagnon, a été non seulement l’architecte de son rayonnement et le gardien de son génie, mais également une source incontournable et généreuse pour le développement de la culture au Maroc, comme ailleurs dans le monde.

Derrière la simplicité et la détermination dans son amour, on découvre aussi l’homme d’affaires avisé, énergique, au franc-parler, engagé socialement et politiquement. Pierre Bergé a non seulement construit une marque de prestige autour d’un véritable artiste qu’il aimait, mais il a fait rayonner son talent de directeur et de mentor bien au-delà du monde de la mode, qu’il a élevé au rang des Beaux-Arts.

”

Pierre Bergé 2013 ©Yann Révol

Je sais que je n'oublierai jamais ce que je te dois, et qu'un jour j'irai te rejoindre sous les palmiers marocains.

Pierre Bergé - juin 2008 lors des obsèques d'YSL

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Inspirée par la mémoire du couturier, la main de Pierre Bergé a tout façonné, le choix des contributeurs à la création du musée jusqu’au détail des couleurs et des matières. Faire vivre et animer le musée dans l’esprit de son créateur, ce sera rendre justice et hommage à un grand amoureux de l’art, un généreux mécène, et le remercier pour cette part de beauté qu’il voulait offrir au monde.

Avec la mort de Pierre Bergé, le 8 septembre dernier, la ville se vide de la présence d’un grand homme, admirateur du Maroc. Mais ce musée ouvert sur le monde, à deux pas du lieu où reposent les cendres et la mémoire d'Yves Saint Laurent et sans doute celles de Pierre Bergé, porte son empreinte comme une signature sur un magnifique tableau représentant le Marrakech culturel d’aujourd’hui et demain. <

de paris à marrakech

UNE FONDATION, DEUX MUSÉES DE PARIS À MARRAKECH

Facade du 5 avenue Marceau à Paris ©Sacha

P

lus de 5 000 vêtements et 15 000 accessoires de mode constituent la collection de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.

Robes et costumes, esquisses, photos, dessins, notes… Les deux musées exposent l’œuvre du couturier et lui rendent hommage. Celui de Paris témoigne du processus de création tandis que celui de Marrakech évoque l'inspiration et l'émotion.

Le 5 avenue Marceau, qui a abrité jusqu’en 2002, l’atelier de couture et le salon personnel d’Yves Saint Laurent, devient ainsi, l'un des sanctuaires de sa mémoire, et plus largement de l’art de la Haute Couture. Plus de 450 modèles et les dessins ou formes qui les ont inspirés, des accessoires, des documents visuels, seront présentés et mis en scène dans la décoration raffinée des salons.

Pour saluer l’extraordinaire collaboration des “petites mains” et artisans, on y découvre l’atelier de confection et surtout le studio d’où tout partait pour porter le rêve de l’élégance signé par un artiste authentique. À Marrakech, c’est plus la dimension iconique et emblématique qui prime. La salle plonge le visiteur, sous deux portraits de l’artiste, dans les créations inspirées par l’art, dont la fameuse robe Mondrian,

Musée Yves Saint Laurent Paris ©Luc Castel

par les couleurs de Marrakech, avec une cape inspirée par les bougainvilliers des jardins marrakchis, et bien sûr, les robes et smokings noirs “qui dessinent une femme comme un trait de crayon” et une éblouissante robe Bambara, éclatante des teintes vives de l’Afrique. Un écran diffuse des souvenirs des défilés, des entretiens, de la vie heureuse et intimiste aussi de Yves Saint Laurent. Le final est dominé par un portrait hommage du roi du Pop Art Andy Warhol, au magicien des formes et des textiles, qui habillait les femmes d’une seule idée, celle de la beauté (lire notre article pages suivante). <

> Musée YSL Paris : 5 avenue Marceau, Paris XVI - France Tel. +33 (0)1 44 31 64 00 www.museeyslparis.com > Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h (dernière entrée à 17h15), nocturne le vendredi jusqu’à 21h (dernière entrée à 20h15)

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musée YSL

LE MUSÉE

CENTRE CULTUREL HAUTE COUTURE

Hall du musée - Oiseau Sénoufo, 1960 ©Fondation Jardin Majorelle / Nicolas Mathéus

Entrée salle YSL ©Fondation Jardin Majorelle / Nicolas Mathéus

VOYAGE ÉMOTIONNEL AU CŒUR D'UNE ŒUVRE INTEMPORELLE

Salle YSL ©Fondation Jardin Majorelle / Nicolas Mathéus

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marrakech

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L'extérieur, au camaïeu d'ocre, évoque l'aspect tramé d'un tissu, alors que l'intérieur, lisse et éclatant, éclairé par des vitraux colorés, rappelle la doublure soyeuse d'un vêtement de créateur.

Nous passons par la vaste cour ovale où se dessinent les initiales YSL en grand format pour accéder à l'intérieur du musée. À l'entrée, le patio lumineux carrelé de zellige vert où trône une fontaine minimaliste, donne le ton. Couleurs, matériaux traditionnels et design moderne se mêlent dans une gracieuse harmonie.

En contraste, la pénombre règne dans la salle d’exposition permanente Yves Saint Laurent, écrin noir de 400 m². La célèbre robe Mondrian de 1965 nous accueille, tel un tableau. Elle souligne l'esprit de l'exposition scénographiée par Christophe Martin : saisir l'œuvre du couturier à travers le prisme de ses sources d'inspiration (l'art, les voyages imaginaires puisés dans la littérature, l'Afrique, les jardins...). Les créations emblématiques présentées, du noir profond des débuts aux couleurs du Maroc, nous offrent un voyage à travers le temps et ses 40 ans de carrière, et une immersion au cœur de “son studio mental” et du processus d'inspiration.

Le book-shop attenant, laqué aux couleurs du flacon Opium inspiré de l'ocre de Marrakech, propose une large collection de beaux livres, des ouvrages composant la bibliothèque idéale selon Saint Laurent (Proust, Cocteau...) et des objets vintage.

Comme une évidence, c'est l'œuvre de Jacques Majorelle autour de l'Afrique qui inaugure la salle d'expositions temporaires, habillée de bleu pour l'occasion. Elle accueillera ensuite d’autres expositions dans des disciplines variées mais toujours liées à l’art et la science dans le monde oriental.

”

L’importance du Maroc dans son œuvre fut telle qu’il était naturel d’y construire un musée à partir des collections de la fondation.

Pierre Bergé

Salle YSL ©Fondation Jardin Majorelle / Nicolas Mathéus

out en courbes et lignes droites, le bâtiment de briques rouges de Tétouan et granito rose a été conçu par le duo d'architectes français, Karl Fournier et Olivier Marty du cabinet Studio KO, selon le cahier des charges établi par Pierre Bergé.

L'architecture, la décoration, le choix des matériaux, des motifs et des couleurs, tout ici respecte cette volonté d'associer contemporain et artisanat marocain traditionnel.

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musée YSL

Biographie en images, salle YSL ©Fondation Jardin Majorelle / Nicolas Mathéus

Auditorium ©Fondation Jardin Majorelle / Nicolas Mathéus

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marrakech

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Plus qu'une visite, c'est une plongée émotionnelle dans l'univers d'Yves Saint Laurent et un sublime hommage à son œuvre.

Plus qu'un musée, ce centre culturel multi-disciplinaire est une contribution inestimable, un héritage artistique et patrimonial hors du commun, que Pierre Bergé offre à sa ville de cœur et au Royaume.

> Musée YSL Marrakech : Rue Yves Saint Laurent, Marrakech - Maroc www.museeyslmarrakech.com

Galerie photos ©Fondation Jardin Majorelle / Nicolas Mathéus

La galerie photo rend hommage au photographe allemand André Rau avec une dizaine de clichés de Catherine Deneuve portant les modèles phares du créateur, pris en 1992 à Marrakech (Villa Oasis, place Jamaa el Fna, Palmeraie...) pour célébrer les 30 ans de la Maison de couture YSL. Le foyer présente ses contributions, dessins et projets, pour le théâtre et le cinéma, notamment les costumes pour le ballet Roland Petit, les films de Buñuel et de Truffaut…

L’auditorium de 150 places, cher à Pierre Bergé, bénéficie d'une acoustique de très haute qualité, sensible et amplifiée, pour accueillir tout type de prestations. Totalement dédié à la culture, on pourra assister à des projections de films, des concerts et des retransmissions (en collaboration avec l’Opéra de Paris), des conférences... À l'étage, un espace de préservation de 700 m² à la technologie très élaborée renferme près de mille pièces de la collection Yves Saint Laurent, ainsi que des pièces rares non exposées au Musée Berbère (notamment des costumes très fragiles).

> Ouvert tous les jours sauf mercredi de 10h à 18h (dernière entrée à 17h30) Tarif public : 100 DH, citoyens marocains et résidents : 60 DH

La bibliothèque est un outil de recherche pour des professeurs, des artistes, des commissaires d'exposition... Elle contient des ouvrages précieux des XVIIIe et XIXe siècles et une abondante documentation sur différents thèmes : la culture Berbère, l'histoire du Maroc et l'influence araboandalouse, les patrimoines matériels et immatériels du Maroc la botanique, les jardins, l'univers de la mode...

Pour terminer, passons par “Le Studio” (clin d'œil au bureau d'Yves saint Laurent), un restaurant de 75 places. À la carte, une cuisine bistrot dans l'esprit du musée, mêlant contemporain et tradition, saveurs françaises et marocaines. La décoration intérieure est sobre et minimaliste, le bois clair côtoie les touches de couleurs. La terrasse s'ouvre sur bassin de zellige bordé d'une végétation luxuriante.

Ce paysage a été imaginé par Madison Cox (mari de feu Pierre Bergé et désormais président de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent), tout comme le Jardin d'arridité, planté de cactées, qui accompagne les visiteurs jusqu'à la sortie. <

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musée YSL

LE MUSÉE

OUTIL SOCIAL & EXPO INAUGURALE “LE MAROC DE JACQUES MAJORELLE”

Salle expositions temporaires ©Fondation Jardin Majorelle / Nicolas Mathéus

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marrakech

” “La Séguia, Aït Ben Addouk, vallée de l'oued Mellah” - Jacques Majorelle - 1929

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e nouveau musée Yves Saint Laurent de Marrakech est tel que Pierre Bergé l’a souhaité, dans ses moindres détails. “Mais loin d’être un sanctuaire, il se veut d’abord être un “outil social”, explique Björn Dahlström, directeur des musées de Paris et Marrakech.

“Le musée est intégré, par son architecture, mais aussi par sa vocation multidisciplinaire, à la ville de Marrakech. À l’intérieur, on y trouve une référence constante aux couleurs, comme le voulait le mentor et compagnon du grand couturier. Le lieu stimule l’expérimentation sensorielle, à travers la salle dédiée à Saint Laurent et à ses robes emblématiques, mais aussi dans l’auditorium, la salle d’expositions temporaires, la bibliothèque et ses riches références documentaires sur le pays et ses habitants, son histoire, ses traditions.”

Partout, le lien se fait avec le Maroc et la ville ocre.

“Nous voulons un lieu ouvert, convivial qui tisse un lien social, fidèle à l’esprit du créateur, et aux volontés de Pierre Bergé. À travers les expositions, la librairie, l’auditorium, les visiteurs trouveront une attraction complémentaire au quartier Majorelle, qu’ils découvrent déjà par centaines de milliers chaque année.”

L’exposition inaugurale est dédiée à Jacques Majorelle, comme un hommage à un autre inspirateur-inspiré de et par Marrakech. Un choix très cohérent avec la personnalité du grand couturier.

Une trentaine de tableaux de Majorelle trop rarement exposés, sont aujourd’hui réunis pour marquer le lien d’esprit entre ces deux artistes envoûtés par les couleurs, la sensualité un peu farouche du Maroc, et qui se doivent beaucoup l’un à l’autre. Majorelle et son fameux “bleu”, sa collection botanique et son amour de l’art berbère, ont subjugué Saint Laurent. En retour, le couturier a

Tous deux étaient à la fois imprégnés de ce foisonnement des couleurs du Maroc, et tous deux aussi, exprimaient ce fantasme et cette fascination de l’exotisme, jusqu’à créer et transcender à travers leurs œuvres, leur rêve d’Orient. Au-delà de ce lien matériel, il y a aussi une convergence d’inspiration et d’expression entre les deux hommes.

Björn Dahlström

sauvé la propriété du peintre et a fait de l’atelier et son jardin, un lieu incontournable d’abord pour son inspiration, et pour le tourisme culturel au Maroc.

Les prochaines expositions temporaires resteront dans cet esprit d’ancrage et découverte de l’art local, avec d’abord une présentation des robes sculptures du grand couturier marocain Nourredine Amir, puis des présentations et variations contemporaines sur l’art ancestral du tissage, une exposition thématique sur les cactus, ou encore un regard croisé entre les créations de deux plasticiennes libanaises, très influencées par le Maroc et le scénographe Bob Wilson, dans l’espace exposition et l’auditorium. <

> À PROPOS DE L’ARTISTE Jacques Majorelle vient à Marrakech en 1917, pour y soigner son asthme. Il ne quittera plus ce havre où il respire dans tous les sens du terme, dont il peint aussi bien les scènes populaires et bariolées de la médina que les natures environnantes aux couleurs contrastées et où il constitue son jardin d’espèces rares de bambous et cactées. Il y reçoit ses amis peintres Eddy Legrand et Henri Pontoy, eux aussi vite subjugués par la lumière et l’authenticité marocaines et influence les jeunes artistes locaux, dont Hassan El Glaoui. Deux accidents graves vont hélas l’obliger à rejoindre l’Europe, et il meurt à Paris en 1962. > Exposition “L'Afrique de Jacques Majorelle” jusqu'en février 2018

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flash culture

LES ANNÉES

MARRAKECH DANS LES PAS D'YVES SAINT LAURENT Par Camille, Raphaelle, Christophe & Bénédicte

Yves Saint Laurent place Jamaa el-Fna ©Reginald Gray

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les années marrakech

B

ien sûr, la Jet-Set, la légèreté, l’exotisme coloré qui animaient la ville avaient tout pour séduire le créateur en plein doute sur lui-même. En arrivant à Marrakech en 1966, Yves Saint Laurent est assez déprimé et épuisé par son propre succès, depuis qu’il a succédé à 22 ans au grand Christian Dior, avant de créer sa propre maison de couture. Il vient alors se ressourcer dans les lumières de la ville.

Attendu à chaque nouvelle collection au tournant de l’innovation, Yves Saint Laurent noie son stress dans l’alcool et les paradis artificiels. Il avait donc un besoin vital de respirer un autre air. Celui sec et chaud de Marrakech, enveloppé des parfums portés par le Chergui et des voluptés d’une hospitalité riche et raffinée, va lui permettre de réconcilier curiosité et inspiration, sans peser sur ses envies de nonchalance. Très rapidement, Saint Laurent s'installe en médina avec son compagnon et mentor Pierre Bergé.

En 1980, ils achètent la Villa Oasis ainsi que le Jardin Majorelle, qu’ils sauvent de la destruction.

Ils restaurent entièrement la maison pour en faire leur résidence et y installent un atelier où le créateur vient travailler sur ses collections. Il puise son inspiration dans la ville ocre et les jardins qui le fascinent.

“Nous allions souvent nous promener sur Jemaa El Fna que Yves adorait pour son explosion de couleurs. Nous venions à la villa régulièrement en août, à Pâques et pendant les périodes où Yves concevait ses collections. Il dessinait aussi des pergolas, des fontaines, des allées qui, d’ailleurs, n’ont jamais été réalisées. On passait notre vie dans le jardin.”

“C’est au Maroc que nous avons été le plus heureux. À Marrakech, le souvenir d’Yves est présent partout.

Tout, dans la Villa Oasis, où je suis seul aujourd’hui, me rappelle notre vie. Cette maison, nous l’avons faite ensemble, nous n’aurions jamais pu l’un sans l’autre” racontait Pierre Bergé après la disparition de son compagnon. Étonnamment, le couple y vit assez simplement et reçoit le plus souvent des intimes ainsi qu’une foule de relations du milieu parisien qui sont liés à Pierre Bergé et Saint Laurent, autant par le travail que par l’amitié : décorateurs, photographes, artistes, auteurs. Les plus connus sont Jacques Grange, le décorateur, Talitha Getty, qui fascinait Yves par son style libre et anarchique (dans sa vie comme dans

”

Yves Saint Laurent ©Pierre Bergé

J'ai découvert Marrakech très tard, et ça a été un choc extraordinaire. Surtout pour la couleur. Cette ville m'a amené la couleur !

Yves Saint Laurent

ses vêtements), Christopher Gibbs, Mick Jagger, Catherine Deneuve, Madison Cox, et le célèbre architecte d'intérieur Bill Willis qui décora avec style la Villa Oasis, la Trattoria et de nombreux autres palais de la Jet-Set dorée.

Yves Saint Laurent a amené à Marrakech, audelà de ses amis stars et artistes, des traces plus permanentes : le Jardin Majorelle, les étonnantes photos de Catherine Deneuve en smoking dans la médina (réalisées par André Rau, et exposées lors de l’ouverture du musée), un soutien à nombre d’artisans locaux, une collection inouïe d’art marocain ancien (vendue en 2009, au profit de la lutte contre le Sida).

“Lorsque je découvris le Maroc, expliquait Yves Saint Laurent en 1983, je compris que mon propre chromatisme était celui des zelliges, des zouacs, des djellabas et des caftans. Les audaces qui sont depuis les miennes, je les dois à ce pays, à la violence des accords, à l'insolence des mélanges, à l'ardeur des inventions. Cette culture est devenue la mienne, mais je ne me suis pas contenté de l'importer, je l'ai annexée, transformée, adaptée.”

En témoignent ses célèbres créations : robes caftan, les cabans, et ses capes orientales redéployées dans la légèreté, un amour des traditions auquel le Musée Berbère de la Villa Majorelle rend hommage… Son âme inspire encore et toujours la ville au niveau culturel et artistique. <

LIFE is morocco #hors-série • automne 2017 I 19

les années marrakech

VILLA OASIS

& JARDIN MAJORELLE VISITE EXCLUSIVE AVEC LE FOUR SEASONS

Villa Oasis ©Fondation PB-YSL Paris

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our célébrer l’ouverture du nouveau musée Yves Saint Laurent, le Four Seasons Marrakech, en collaboration avec la Fondation Jardin Majorelle, a imaginé une “expérience extraordinaire” pour ses heureux clients : la visite exclusive de la Villa Oasis, mythique par son créateur Jacques Majorelle et ses mécènes, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé.

20 I LIFE is morocco #hors-série • automne 2017

Réservées aux clients du resort sur réservation uniquement et limitées à des groupes de 8 personnes, ces visites permettent aux privilégiés de découvrir la villa, guidés par l'un des responsables de la Fondation, à travers souvenirs et anecdotes.

L'expérience se poursuit par un tour du Jardin Majorelle, lieu enchanteur aux couleurs mythiques et par une visite privée du musée Yves Saint Laurent, pour une immersion intense dans les deux univers chers au cœur d'Yves Saint Laurent : la mode et le Maroc. Et pour terminer, l'étape ultime se déroule dans les jardins luxuriants du palace, pour un moment culinaire personnalisé et unique. Le Chef exécutif Thierry Papillier propose un menu sur-mesure inspiré des couleurs, des textures et des formes issues des dessins du créateur et des parfums du Jardin Majorelle. Les plats sont accompagnés d'une sélection soigneusement élaborée de vins marocains. )

Pierre Bergé et Yves Saint Laurent ©Fondation PB-YSL Paris

four seasons • exclusif

Yves Saint Laurent à Dar el Hanch ©Pierre Bergé

UN NID D'AMOUR À L'ORIENTAL

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our pénétrer dans la Villa Oasis, il faut franchir une porte de bois modeste et frappée de soleil. Dès le hall d’entrée, qui évoque une cour de riad, la pénombre contraste avec le feu extérieur. La sérénité se révèle vite dans les plâtres sculptés des panneaux muraux et de l’arcade maure qui ouvre sur le salon et la bibliothèque.

C’est la première fois depuis le décès de Pierre Bergé, que l’on pénètre, guidés par Quito Fierro, le directeur général de la Fondation Majorelle, dans ce qui a été l'un des plus beaux écrins d’amour imaginé par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé.

Tout y respire cette passion, celle qu'ils se portent l'un à l’autre, et celles communes pour les beautés opulentes de l’art oriental, les tableaux précieux, un mobilier en cèdre, thuya ou acajou, à la fois éclectique mais plein de raffinement et d’histoires.

Et rien n’a bougé depuis la mort du grand créateur en 2008, selon le vœu de son compagnon, qui y séjournait encore en juin dernier.

Chaque pièce offre une vision baroque et langoureuse, dans ses riches décorations inspirées par l’art local, et revisitées par les deux artistes préférés du couple, l’architecte Bill Willis et le décorateur Jacques Grange. On ressent d’ailleurs, dans les épais tapis berbères, et les tissus rayés bleus et ocres ou les coussins brodés des divans du salon Matisse, combien ces deux créateurs ont voulu magnifier cette intimité cossue dont ils étaient des témoins réguliers. Mais ils ont aussi parfaitement respecté les thématiques et l’agencement des pièces telles qu’elles avaient été voulues par Jacques Majorelle, le créateur de la villa. Plusieurs de ses œuvres décorent également les murs des salons comme un hommage permanent. On y découvre la chambre de Pierre Bergé, presque austère, et celle d’Yves Saint Laurent.

La couleur est partout dans les séjours, dans les tableaux, le foisonnement des textiles, kilims, tapis, foulards étalés sur les divans et fauteuils, les coussins, les murs et les plafonds. Il y a des photos, bien sûr, des jours heureux des deux amants dans leur jardin, les salons, dans la Palmeraie, à Jemaa El Fna ou au marché central. C’est à l’étage, que l’épure reprend peu à peu ses droits, avec une vaste pièce centrale inspirée d’un minzeh et quatre chambres d’hôtes, sous un plafond pyramidal, puis la terrasse et ses fenêtres à voilages donnant sur le jardin, avec toujours ce confort cosy auquel invitent des fauteuils en rotin aux coussins bleus.

La terrasse plonge sur le bassin et le petit pavillon édifié par Bill Willis, en bois et stucs, est couvert de tuiles émaillées bleues et ocre. Le merveilleux jardin créé par Majorelle étale ses allées de carreaux non émaillés, les beijmats sauvés de la destruction par le couple. Ils ont aussi embelli les parterres en les complétant par près de 300 espèces exotiques, cactus, jasmins, orangers, bougainvilliers… Ils se sont admirablement adaptés dans le cadre presque zen dessiné par le paysagiste Madison Cox, désormais héritier de la mémoire de ce couple mythique, et président de la Fondation Pierre Bergé - Yves saint Laurent. <

> Four Seasons Resort Marrakech Avenue de la Ménara Tel. 05 24 35 92 00 > Renseignements et réservation : Extraordinary Experiences www.fourseasons.com/magazine/extraordinaryexperiences

LIFE is morocco #hors-série • automne 2017 I 21

les années marrakech

ICONIC RIDE AVEC INSIDERS EXPERIENCE

22 I LIFE is morocco #hors-série • automne 2017

insiders • iconic ride

C

'est hors des sentiers battus que nous poursuivons notre voyage dans le temps, dans les pas d'Yves Saint Laurent et de ses amis, au cœur de la flamboyante Marrakech des années 1960. Fidèles à leur concept d'expériences “friendly” et originales de la ville ocre, ce sont nos amis d'Insiders Experience qui ont concoctés un parcours inédit, “The Iconic Ride”. À bord d'un side-car rutilant piloté par Félix, nous partons à la découverte des lieux mythiques fréquentés à l'époque par cette Jet-Set insouciante et bohème. Première étape, direction la Médina et ses couleurs qui ont tant inspiré le couturier dans ses créations. Nous passons devant Dar-El Hanch, la maison au serpent, qui fut la première résidence marrakchia du couple Saint Laurent-Bergé, avant de foncer, cheveux au vent ou presque, vers la Palmeraie.

Nous pénétrons dans le parc luxuriant de la Casa Gyla, planté de palmiers géants et d'oliviers centenaires, accueilli par le sourire chaleureux d'Amine, l'heureux propriétaire des lieux. Autour d'un thé à la menthe, il nous conte l'histoire de la demeure de son enfance, qu'il a transformé en maison d'hôtes, et qui était auparavant la résidence de Jacqueline Foissac, célèbre décoratrice et amie très proche d’Yves Saint Laurent. À l’époque, elle fut une des premières à s'installer dans la Palmeraie, pour vivre son idylle avec le peintre Alejandro Reino en toute discrétion. Amine a restauré la villa en conservant son charme et son âme, et en préservant le travail de l’architecte américain Bill Willis, notamment le hammam et la majestueuse cheminée qui trône dans le salon turquoise.

Quittons ce havre de fraîcheur et de sérénité pour reprendre la route à travers le paysage aride de la Palmeraie, direction Bled Roknine, une magnifique villa des années 1930, œuvre de l'architecte Paul Sinoir. Christine Alaoui, la maîtresse de maison, nous fait l'honneur de nous recevoir et de partager avec nous ses souvenirs… Et il y en a tellement, à l’image de ces photos sur les murs où elle apparaît avec son mari aux côtés du couturier, de ce fauteuil dans lequel il aimait s’asseoir ou encore d'une sublime table en bois qui appartenait à la comtesse Boul de Breteuil, sur laquelle Churchill, Chaplin ou encore John F. Kennedy ont mangé. Au-delà de ces anecdotes légères et d'un autre âge, certains souvenirs sont plus douloureux, ceux liés à sa fille, la regrettée Leila Alaoui, talentueuse photographe disparue tragiquement en 2016. Mais malgré son chagrin, Christine a le projet de créer à Marrakech un centre culturel et un prix de la photographie en souvenir de Leila.

Après cette rencontre bouleversante et chargée d'émotion, sur le chemin qui nous mène à Guéliz, nous passons devant le Jardin Majorelle, la Villa Oasis et le tout nouveau Musée Yves Saint Laurent, en ne pouvant nous empêcher d'y voir un hommage laissé par Pierre Bergé pour honorer, à sa manière, la mémoire de cet être cher.

Et pour terminer cette balade “iconique” absolument passionnante, Félix nous réserve une jolie surprise : un déjeuner à La Trattoria, restaurant emblématique des “années Marrakech”, qui consacre une exposition inédite qui rend hommage à tous ces convives prestigieux, habitués du lieu, et qui ont témoigné de leur passage dans le livre d’or de l’établissement (lire notre article pages 20-21).

En quelques heures, nous avons fait le plein d’émotions, loin des sentiers touristiques classiques, au gré des lieux et des rencontres, et nous en avons appris davantage sur Yves Saint Laurent, son entourage et sa vie pendant ces années un peu folles. Un conseil : n’oubliez surtout pas votre appareil photo pour immortaliser ce moment unique ! <

Pour toute réservation de la part de LIFE is morocco, une surprise vous attend !

> Informations et contacts : Insiders Experiences Tel. 06 69 69 93 74 G insidersexperience www.marrakechinsiders.com/fr > Tarif : 2 100 DH (hors déjeuner)

LIFE is morocco #hors-série • automne 2017 I 23

les années marrakech

LA TRATTORIA RESTAURANT MYTHIQUE & EXPO INÉDITE

24 I LIFE is morocco #hors-série • automne 2017

la trattoria • expo

Croquis d'Yves Saint Laurent - Livre d'or de La Trattoria

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itué en plein cœur de Guéliz dans une magnifique villa au décor singulier signé par Bill Willis, mêlant avec goût style art déco et touches hispano-mauresque, ce restaurant est une institution depuis son ouverture en 1974 par la famille Ruspoli, repris en 1980 par Giancarlo. De nombreuses célébrités, telles qu'Yves Saint Laurent, Pierre Bergé et leurs amis, y avaient leurs habitudes et venaient y déguster une savoureuse cuisine italienne aux accents vénitiens.

Après la disparition de Giancarlo, les nouveaux propriétaires ont repris le flambeau et œuvrent pour conserver l’âme de cette “maison” dans un quartier profondément transformé, où les immeubles ont remplacé les belles villas historiques.

Et c’est ce que l'on constate dès que l'on passe le portail. On pénètre dans un jardin planté de bananiers et de palmiers, surpris par la tranquillité et la quiétude qui se dégagent du lieu, loin de la frénésie urbaine. Installés dans de confortables fauteuils pour siroter une citronnade maison. Le soir, l'ambiance est plus feutrée, parfaite pour prendre un cocktail, bercés par la lumière chatoyante des bougies et par les notes jazzy du piano.

Le Chef vient nous saluer et nous accompagne pour une visite de la villa, ponctuée d'anecdotes et de détails sur Bill Willis et les célébrités qui ont contribué à rendre ce lieu mythique.

C'est d'ailleurs pour rendre hommage à ces prestigieux convives que La Trattoria organise une exposition “Un lieu d’exception pour des gens exceptionnels” pour présenter son histoire et son illustre passé à travers le livre d’or qui renferme des témoignages inédits, comme ce croquis d’Yves Saint Laurent, grand habitué du lieu.

Avant de nous régaler de ses spécialités, le Chef nous ouvre les portes de sa cuisine et met l'accent sur le soin qu'il porte à la qualité des produits et à leur traçabilité. Toutes ces odeurs appétissantes nous titillent les papilles, il est temps de passer à table. Là encore, nous ne sommes pas au bout de nos surprises… Notre table est dressée au bord du bassin dans le cadre insoupçonné du vaste jardin couvert situé à l'arrière de la villa et le Chef nous a préparé un menu de circonstance composé des plats préférés de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent.

Mais on ne vous en dit pas plus... Venez découvrir ce lieu de légende, dégustez cette succulente cuisine italienne et immergez-vous dans l'atmosphère des "années Marrakech” ! <

> La Trattoria 179 rue Mohamed El Bequal, Guéliz - Marrakech Tel. 05 24 43 26 41 G la trattoria marrakech > Expo “Un lieu d’exception pour des gens exceptionnels” jusqu'à fin octobre

LIFE is morocco #hors-série • automne 2017 I 25

flash culture

MAROC'N ROLL ROBERT MERLOZ, CRÉATEUR INSPIRÉ

26 I LIFE is morocco #hors-série • automne 2017

maroc'n roll • créateur

S

i une boutique de créateur se devait d'ouvrir ses portes face au très attendu Musée Yves Saint Laurent, c'est bien celle de Robert Merloz, fondateur de Maroc'n Roll, qui a déménagé de Guéliz au quartier Majorelle.

Ce styliste et créateur de talent, a en effet, fait ses armes dans la maison Yves Saint Laurent -il rencontre Pierre Bergé durant ses études de stylisme qui lui propose un stage chez YSL- où après avoir été l'assistant du maître des lieux dans son studio personnel, il dirige la ligne de fourrure de la maison. Il part ensuite voler de ses propres ailes, et des milliers de kilomètres de voyage plus tard, sur les traces de son inspiration, du Brésil à Madagascar, il pose finalement ses valises à Marrakech en 2011, pour y créer sa marque de prêt-à-porter et accessoires de luxe. Toujours fasciné par la richesse de l'artisanat quand il voyage, il trouve au Maroc un terrain de jeu idéal, extrêmement riche et proche de l'Europe. “Ici, on peut faire plein de choses très différentes rapidement. Moi qui suis à tendance créatif-boulimique, c'est juste parfait. Entre les broderies, le travail du cuir… Je suis heureux ici, c'est là où je peux vraiment travailler en toute liberté.”

Quant à Marrakech ? “C'est une ville extraordinaire, magique, et mythique, qui a su conserver son charme et sa part de mystère, malgré toutes ses évolutions. Le monde entier vient à nous, on peut faire connaître ses créations à des gens de tous horizons et des quatre coins du globe.”

Son emménagement face au musée, s'il paraît logique, doit pourtant tout à la chance. “Le hasard fait bien les choses : je ne savais même pas qu'il y avait des boutiques disponibles dans le quartier.

C'est une amie qui me l'a signalé, et les choses se sont faites tout naturellement.” Le quartier du musée et du Jardin Majorelle, est comme une bulle hors du temps et même de la ville. Trottoirs pavés immaculés, cascades de végétations luxuriantes le long des murs des villas, et un nombre croissant de boutiques de créateurs ou de concept stores, ont créé un îlot particulièrement dynamique dans lequel Robert se sent bien. À travers les moucharabiehs de son bureau du premier étage, Robert profite parfois des balades en calèches des amoureux de passage.

Le romantisme des lieux inspire le créateur dans ses lignes de sacs, de vêtements et d'accessoires, comme ses écharpes ornées de calèche et d'amoureux en goguette. En souriant, Robert avoue une fausse faiblesse, qui est en fait l'une des clefs de son succès et de son talent : “Je suis incapable de refaire la même chose d'une pièce à l'autre.

”

J'ai ouvert le 4 septembre, et le 8, Pierre Bergé nous quittait, juste avant l'ouverture du musée pour lequel il a tant œuvré… C'est très triste et en même temps très beau et émouvant : un cycle s'achève, il passe le flambeau en beauté.

C'est une incroyable redistribution des énergies.

Chaque création est unique, c'est plus fort que moi... On est dans des années tellement uniformes, et là, on revient à des choses uniques, qui ont chacune une histoire.” Le vrai luxe en somme…

La nouvelle collection (prêt-à-porter femme et hommes, accessoires, sacs en cuirs, luminaires) continue l'exploration de l'univers unique de Maroc'n roll, qui mêle poésie, rock'n’roll, artisanat d'art, influence marocaine, et haute couture… les pulls en cachemires sont peints ou brodés, les sacs en cuir s'ornent de souak ou de perles semiprécieuses. Des abat-jour peints racontent des histoires de périples au Maroc… On voudrait ne plus sortir de ce voyage. <

> Maroc'n roll : 6 Rue Houdhoud, quartier Majorelle, Marrakech Tel. 05 24 30 49 06 www.maroc-n-roll.com

LIFE is morocco #hors-série • automne 2017 I 27

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