LIFE is morocco
LIFE & STYLE MAGAZINE w w w. l i fe i s m o ro c c o. c o m d • F l i fe i s m o ro c c o
#11
été 2018
CAP AU NORD
Crédit photo ©Philippe Bousbib
Asilah & Tanger
CA P T E R L ES MOME NTS • PARTAGE R L ES EXPÉRI EN CES • PRO VO Q U ER D ES É M OT IONS
Factory nice objects for nice people Médina - asilah
Ouvert tous les jours, 10h30-14h et 17h-21h Tel. 06 55 10 99 20
Bagues Luc Baille Sculpteur de Bijoux - Collection 2018
édito
Bénédicte Bataille
Directrice de la Rédaction
Chers lecteurs,
Dans ce numéro estival, nous commencerons par vous faire partager l'émotion et l'admiration que nous ressentons pour deux photographes, des jeunes femmes d'exception aux destins brisés trop tôt, CAMILLE LEPAGE et LEILA ALAOUI, et pour leurs familles qui continuent avec courage à faire vivre leur travail et leur engagement. Un reportage poignant que nous livre RAPHAËLLE VINON. Ensuite, nous ferons CAP AU NORD, à la découverte d'ASILAH et de TANGER, deux villes surprenantes et fascinantes. Authentique, artistique, accueillante et chargée d'histoire, chacune a su préserver son charme singulier. Ce ne sont pas des villes qui se visitent, elles se vivent ! Et c'est ce que nous avons expérimenté tout au long de ce reportage.
Tout commence lors d'une entrevue avec GUILLAUME MICHEL, qu'un ami nous a présenté. Cet entretien tout à fait professionnel au départ s'est rapidement transformé en discussion à bâtons rompus, comme si nous étions de vieux camarades. Il a su nous transmettre son amour pour cette région et nous a guidés tout au long de notre périple. C'est donc au travers de rencontres avec des personnages passionnants, dont CAMILLE CHATAIGNIER dresse avec brio le portrait tandis que PHILIPPE BOUSBIB les capture avec son appareil photo, que nous partons à la découverte de cette magnifique région du Maroc. Les beaux jours sont de retour, alors partons respirer l'air marin de l'océan atlantique... Cap sur Asilah et Tanger ! <
#contact benedicte@life-is-magazine.com www.lifeismorocco.com G& LIFE is morocco
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life's team
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BÉNÉDICTE BATAILLE
Think big, work hard, push limits, never stop & enjoy life ! Battante (mon patronyme n’est pas usurpé !), volontaire, engagée, entrepreneur dans l’âme, je dis ce que je fais, je fais ce que je dis … Passionnée par la vie, j’aime remplir les pages blanches de projets fous, d’aventures et de rencontres palpitantes. Morocco is MAGIC (Ah non ça c’est Paris !)... Morocco is LIFE (évidemment) !
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CAMILLE CHATAIGNIER
Le meilleur moyen de prédire l’avenir c’est de l’inventer. Journaliste curieuse et multi-casquette. À la fois discrète et fonceuse ! Attention, méfiez vous de l’eau qui dort Morocco is AUTHENTIC
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AMINE HADEF
Il n'y a rien... Non, il y a tout à faire ! De retour dans ce pays qui m'a vu naître et nourri de rêves, d'odeurs et de couleurs, je m'émerveille sans cesse de l'énergie qui anime Casa ! Après quinze ans de carrière de chanteur lyrique, quoi de plus merveilleux que de goûter de nouveau à cette ville si vivante ! Morocco is INSPIRING
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RAPHAËLLE VINON
Une vie réussie est un rêve d’enfance réalisé à l’âge mûr. En 2000, je pars, missionnée par Gallimard pour écrire un guide du Maroc. Six mois de traversée du pays de long en large, des villages de montagne aux villes impériales, des chambrettes en pisé aux palaces 5 étoiles… Je pose finalement mes valises à Marrakech, d’où je ne repartirai jamais vraiment. Fan des mots, des images et des rencontres fortes, j’ai trouvé mon terrain de jeu. Morocco is FULL OF SECRETS
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CHRISTOPHE SOKAL
Faites de l’humour votre quotidien, et de la poésie votre espérance ! Amoureux de la plume parce qu’elle décrit les horizons, j’ai pu faire des deux une passion. Je suis un sans frontières qu’elles soient géographiques ou de l’imagination. Je suis journaliste, communicateur, professeur, et promoteur de l’art, rien que des métiers où l’on rencontre, où l’on partage. Morocco is A SOUL
> REMERCIEMENTS À NOS SOUTIENS INDÉFECTIBLES MILLE MERCIS chère équipe, la LIFE dream team, pour votre engagement, votre enthousiasme, votre réactivité, votre force de proposition, votre compréhension et votre patience angélique... Un immense MERCI aussi, chers amis et partenaires, pour votre participartion active et volontaire, chacun à votre manière, à la construction de ce rêve un peu fou qu'est LIFE : Marco, Mô, Pepette, Max, Bat team... Votre soutien est encourageant et infiniment précieux !
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sommaire
LIFE is morocco EN COUVERTURE Les remparts d'Asilah Remercions notre photographe de choc, Philippe Bousbib, qui nous a accompagné tout au long de ce numéro, et bien sûr, notre guide, Guillaume Michel.
Magazine gratuit édité par B2B MEDIA SARL 40000 Marrakech - Maroc Tel. +212 6 16 54 10 00 www.lifeismorocco.com Gérant : Bénédicte Bataille R.C. : 71831 - Patente : 6409119 I.F. : 18721928 - CNSS : 4689636 Dossier de presse : 16/7 Tous droits de reproduction réservés (titres, textes et photos) La reproduction, même partielle, de tous les éléments parus dans LIFE is morocco est interdite. Vente par abonnement annuel 250 DH par an (hors frais de port) Numéros précédents sur commande 80 DH par numéro (hors frais de port)
Directrice de la Publication & Rédaction Bénédicte Bataille Tel. +212 6 16 54 10 00 benedicte@life-is-magazine.com
Coordination de la Rédaction Camille Chataignier
Rédacteurs & Photographes Camille Chataignier, Amine Hadef, Christophe Sokal, Raphaelle Vinon, Philippe Bousbib Photographe
Direction Artistique Sébastien Pailleux
Direction Administrative & Financière Bénédicte Bataille
Impression SOMADI IMPRIMERIE 9 rue des Orchidées, quartier Beau Site, Aïn Sebaâ - CASABLANCA
#flash culture 7
Camille Lepage - Leila Alaoui “Une fragile poésie”
#cap au nord 12 ASILAH 14
Rencontres
Guillaume Michel, Philippe Bousbib
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Moussem culturel international
Mohamed Benaïssa
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Galeries d'Art
Anne-Judith Van Loock, Mona Liaras, Sadik Haddari
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Séjour et plages
Laurent & Marie Claes, Chef Johan Couland et sa recette, Vanessa Bentolila, Rachida Youdra, Mounir
36 TANGER 39
Paradis culturel
Stéphanie Gaou, Silvia Coarelli
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Nos bonnes adresses
#rendez-vous 48
Sous le soleil de Marrakech
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Où trouver LIFE ?
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flash culture
CAMILLE LEPAGE LEILA ALAOUI DEUX TALENTS, UN REGARD COMMUN SUR L'HUMANITÉ
Crédits photos (de gauche à droite) : En haut : Paroissiens de dos par Camille Lepage - Marocains de dos par Leila Alaoui photos présentées à l'exposition “Une fragile poésie” En bas : Couple marche dans les cendres de sa maison après le bombardement du village de Kauda, Monts Nuba, Soudan, 2012 par Camille Lepage (extrait du livre “Pure colère”, Éditions de La Martinière, Paris - 2017) - Sans titre, série “No Pasara”, 2008 par Leila Alaoui
Par Raphaëlle Vinon
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amille Lepage, tombée dans une embuscade en République Centrafricaine, en mai 2014. Leila Alaoui, tragiquement emportée par les attentats de Ouagadougou en janvier 2016… Ces deux photographes engagées ont marqué de manière indélébile, telles des étoiles filantes, le monde de la photo et du photo-reportage. À l'occasion de l'exposition “Une Fragile poésie”, qui se tient à Dar Moulay Ali, LIFE revient pour vous, avec le concours de leurs proches, sur le parcours et la personnalité hors norme de ces deux jeunes femmes brillantes et courageuses. Talents fauchés trop tôt par des guerres absurdes dont elles dénonçaient les ravages dans leurs clichés saisissants d'humanité…
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exposition
GUILLAUME DE SARDES EXPOSITION “UNE FRAGILE POÉSIE”
Quelques mots sur votre parcours personnel, et
particulièrement votre travail de photographe. Mon travail porte sur l’intime, sur l’errance et la nuit. Mais contrairement à d’autres, je ne pratique pas uniquement la photographie. Je suis aussi vidéaste et écrivain. À ce titre, je me sens proche des écrivains-photographes comme Hervé Guibert ou Alain Fleischer. Comme eux, je suis aussi critique d’art (Guibert a longtemps travaillé pour Le Monde) et commissaire d’exposition (Fleischer a fondé le Fresnoy, une des meilleures écoles françaises d’art, et organisé un grand nombre d’expositions). C’est en tant que commissaire d’exposition que je suis intervenu pour “Camille Lepage - Leila Alaoui, Une fragile poésie”.
Comment l'idée d'une exposition commune
Camille Lepage - Leila Alaoui a-t-elle germé ? L’idée n’est pas de moi, mais de Christine, la maman de Leila. Elle m’a demandé si je pouvais développer ce projet. J’ai immédiatement accepté. D’abord parce que le travail des deux artistes me plaît et qu’il est pertinent de les rapprocher ; ensuite parce que j’ai un peu connu Leila et que j’aime ses parents.
Crédit photo ©Charlotte Jolly
C
ette exposition a été inaugurée en mai dernier à Dar Moulay Ali, Maison de la France à Marrakech, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Elle présente conjointement les travaux photographiques de Camille Lepage et Leila Alaoui, réalisés respectivement au Soudan, en République Centrafricaine d'une part ; au Maroc, en Jordanie et au Liban, d'autre part. Des clichés qui présentent souvent une réalité et une douleur indicible. Mais, du regard unique de ces deux jeunes prodiges, se dégagent, presque par miracle, une grande poésie et une profonde humanité. Guillaume de Sardes, commissaire de l'exposition, nous donne son point de vue d'expert.
Quel regard portez-vous sur ces deux photographes, et de quelle manière leurs travaux se complètent-ils ? Camille Lepage était une photo-reporter si sensible que ses photographies atteignent souvent le rang d’art. Elles existent comme images, indépendamment de leur valeur journalistique. Au contraire, Leila Alaoui, était une photographe plasticienne. Sa série “Les Marocains” l’a justement fait connaître à un large public. Il lui est arrivé de faire des reportages pour des ONG. L’exposition présente ainsi une photo-reporter artiste et une artiste photo-reporter. Les images de l’une et de l’autre fonctionnent bien ensemble, au-delà de leur tragique destin. Leurs photographies sont traversées par la même poésie. Les images de Camille Lepage se distinguent par une qualité de silence et une rare compréhension de la lumière ; celles de Leila Alaoui me frappent par leur humanité et un goût pour l’intériorité. Il y a des similitudes.
Quel avenir pour “Une fragile poésie”, l'exposition va-t-elle s'exporter ? L’exposition devrait être reprise à l’Institut culturel de Casablanca. Nous espérons qu’elle sera ensuite montrée au siège de l’UNESCO à Paris. <
> “Une fragile poésie” jusqu'au 28 juillet avec une propable reprise en septembre, après la fermeture estivale > Dar Moulay Ali Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h Entrée 40 DH, 20 DH pour les résidents et les étudiants, gratuit pour les moins de 12 ans, un thé est offert.
1 rue Ibn Khaldoun - Marrakech Tel. 05 24 44 69 30
G Dar Moulay Ali
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flash culture
CAMILLE LEPAGE
”
Ce qui me fascine dans la photographie, c'est que c'est un langage universel.
A
près une enfance angevine, Camille Lepage poursuit des études de journalisme en Angleterre et aux Pays-Bas. Très vite elle s'oriente vers le reportage photographique, car elle se sent particulièrement à l'aise avec le média image, dont elle apprécie la portée universelle. Camille enchaîne… À peine diplômée, après un stage au Caire à l'Egypt Independant, au cours duquel elle découvre le conflit soudanais, Camille pose son baluchon au Sud Soudan dès 2012, pour couvrir cette guerre oubliée des médias dans ce “pays damné”. Elle partage le quotidien des habitants des Monts Nuba, qui sont durement bombardés et affamés par le régime de Khartoum (Soudan). Elle expose sans pareil la dignité et la souffrance de ces populations, dans des clichés qui s'éloignent souvent du pur reportage de guerre pour dégager une poésie et une humanité puissantes… Sa quête de témoignages - des guerres et des victimes oubliées - la mène quinze mois plus tard en République Centrafricaine, alors en proie à une terrible guerre civile opposant groupe rebelle Séléka - majoritairement musulmans - et milices chrétiennes d'autodéfense anti-balaka. Le 12 mai 2014, à 26 ans à peine, Camille tombe dans une embuscade à la frontière camerounaise alors qu'elle suit une milice chrétienne. Les photos de Camille Lepage ont été publiées dans le monde entier, du Wall Street Journal, en passant par le Washington Post, Le Monde, ou des ONG comme Amnesty International et Médecins
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Sans Frontières. Elle nous laisse des images d'une puissance unique, due, de l'aveu de tous ceux qui l'ont côtoyée, à sa promiscuité et son sens du contact avec les civils, et à sa grande empathie qui transcendait bien souvent la barrière de la langue. Un esprit qui survit aujourd'hui, grâce notamment aux efforts de l'Association Camille Lepage, créée et portée par ses parents Maryvonne et Guy Lepage et son frère Adrien, pour montrer les travaux de Camille, perpétuer son engagement auprès des victimes oubliées et soutenir les photo-reporters. <
ASSOCIATION
“CAMILLE LEPAGE - ON EST ENSEMBLE” “On est ensemble !” c'est une devise que Camille avait découverte en Centrafrique, et qu'elle avait faite sienne tant elle partageait le quotidien de ces populations en péril. L'association a été créée à peine quatre mois après sa disparition, en septembre 2014, pour faire connaître le travail de Camille bien sûr, mais aussi pour aider les populations, victimes innocentes des conflits, au Sud Soudan et en République Centrafricaine.
> Informations et contact : contact@camillelepage.org www.camillelepage.org G associationcamillelepage
portraits
LEILA ALAOUI
”
Je pense que le monde a besoin d'être photographié pour être mieux compris
C
'est à New York que la photographe et vidéaste franco-marocaine Leila Alaoui étudie la photographie. À travers son art, photographique et vidéo, qui mixe subtilement reportage et arts plastiques, Leila entend témoigner des réalités sociales, des problématiques de la construction identitaire, de la migration, et du mix des cultures. Exposée internationalement dès 2009 (Maison européenne de la Photographie et Institut du monde arabe à Paris, Art Dubai), elle travaille aussi régulièrement pour des ONG. Lors de son dernier reportage, qu'elle effectue pour Amnesty International sur le droit des femmes au Burkina Faso, elle est victime des attaques terroristes à Ouagadougou du 15 janvier 2016. Lara Milosevic, historienne de l'art en charge de la conservation des œuvres de Leila, complète pour LIFE son portrait: “Artiste contemporaine, Leila Alaoui incarnait la photographie émergente des pays arabes, en tant que femme traitant de sujets engagés. Son travail photographique consistait à explorer les identités, la diversité culturelle et le paysage humain de la migration. Avec tendresse, tour à tour en noir et blanc ou en couleur, Leila nous parlait silencieusement des blessures, de l’injustice, mais aussi de l’espoir. Le respect des droits humains était au centre du regard photographique de l’artiste.”
Crédits photos : Page de gauche : Camille Lepage, portrait (extrait du livre “Pure colère”, Éditions de La Martinière, Paris - 2017) Ci-dessus : Leila Alaoui, portrait par Augustin Le Gall
FONDATION LEILA ALAOUI
Ainsi Leila décrit son parti pris : “Je crois au fait que des images esthétiquement belles, et profondes en terme de composition, sont nécessaires afin de créer un impact plus fort et plus intense. (…) Je pense que le monde a besoin d’être photographié pour être mieux compris. C’est grâce à la force et à la beauté de ces images que le monde est rappelé à ses atrocités, ses fléaux, et c’est grâce à cellesci aussi que les gens prennent des décisions qui peuvent apporter un changement.”
Créée en mars 2016, La Fondation Leila Alaoui a pour vocation d'assurer l’archivage, la conservation et la diffusion de l’œuvre de l'artiste. Photographies, vidéos, campagnes humanitaires, carnets de notes, lettres personnelles et tirages photos… Leila laisse une œuvre conséquente et diverse, qui mérite non seulement d'être conservée, mais aussi organisée et inventoriée, pour lui donner l'accessibilité qu'elle mérite.
Aujourd'hui le travail de Leila est conservé par la Fondation qui porte son nom, créée au lendemain de sa disparition, par ses parents Christine et Abdelaziz Alaoui. <
contact@fondationleilaalaoui.org www.fondationleilaalaoui.org G fondationleilaalaoui
> Informations et contact :
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flash culture
CHRISTINE & MARYVONNE
P
UN ENGAGEMENT COURAGEUX
ortées par leur proches dans cette épreuve indicible, Christine Alaoui et Maryvonne Lepage se sont engagées toutes deux, dès la disparition de leur fille, à faire vivre et à diffuser leurs œuvres. Respectivement via leur fondation et association, elles entretiennent sans relâche le regard unique que ces deux jeunes photographes de talent portaient sur un monde qu'elles souhaitaient plus juste. LIFE vous livre leur témoignage.
CHRISTINE ALAOUI
MARYVONNE LEPAGE
Pourriez-vous nous citer selon vous, une photo
Quel regard portez-vous sur le travail de
emblématique du travail de Leila ? Pour moi, c'est celle de ce harraga(1) allongé sur une barque de fortune (photo en page 6), qu’elle a sublimée malgré les conditions difficiles. Elle n’hésitait pas à affronter le danger quand elle devait photographier un sujet qui l’intéressait. Elle se gardait bien de me raconter ce qu’elle faisait pour ne pas m’inquiéter... Il fallait qu’elle prouve à ces gens qu’elle photographiait, qu’elle n’avait pas peur et qu'elle était à la hauteur de la situation. Et ils la testaient souvent, elle me l’a raconté. Elle arrivait toujours à ses fins car elle traitait ses sujets avec le plus grand respect. Je pense que c’est la raison pour laquelle le public est toujours bouleversé devant une image de Leila.
migrant clandestin qui prend la mer depuis les pays du Maghreb
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Comment est née l'idée de l'exposition “Une
fragile poésie” ? J’ai fait la connaissance de la maman de Camille Lepage aux Rencontres d’Arles, et elle m’a évidemment bouleversée. Nous nous sommes comprises sans parler. Nous menons le même combat pour survivre, et dès ce jour je n’ai eu de cesse de penser à une exposition commune. Il a fallu la rencontre avec Guillaume de Sardes (commissaire de cette exposition), dont je respecte énormément le travail, et avec Christophe Pomez, le formidable directeur de l’Institut français de Marrakech, qui a tout de suite donné son accord, pour mettre en place le projet... C’est également à lui que nous devons la Salle de Cinéma Leila Alaoui à Marrakech. <
Camille ? Finalement, je l'ai découvert tardivement, après sa mort. Je suivais ses déplacements et son parcours comme une maman qui s'inquiète pour la sécurité de sa fille avant tout. De son côté Camille, qui voyait au quotidien les horreurs de la guerre, ne nous parlait de rien quand elle rentrait. Il y a des choses qui ne se racontent pas… Elle devait aussi recharger ses batteries… J'étais totalement néophyte en photographie ! Quand j'ai commencé à examiner sérieusement ses photos, son entourage d'alors, qui la conseillait dans son travail, m'a aidée à en comprendre tous les aspects. Si je devais caractériser le travail de Camille : en dehors de son fort désir de témoigner de ces guerres oubliées, elle avait un vrai sens du contact et une grande humanité qui transparaissent dans son travail. Et en plus, elle n'avait peur de rien, que ce soit pour prendre des risques pour faire ses clichés, se déplacer dans des zones dangereuses, ou monter au créneau comme une lionne pour vendre son travail.
Via votre association, vous avez créé un prix de
photographie Camille Lepage. Pouvez-vous nous en dire plus ? Le directeur du Festival international du photojournalisme de Perpignan - Visa pour l'image, JeanFrançois Leroy, rencontre Camille en avril 2014. Il aime son travail, trouve qu'elle a bien progressé, et décide qu'il va l'exposer. La disparition de Camille en mai, vient tout bouleverser.
“OFF TO OUAGA” Dans cet ouvrage poignant, tant par la forme que par le fond, le père de Leila, Abdelaziz Alaoui, nous livre le récit déchirant d'un deuil impossible. “Ce livre est tout simplement le récit d’un drame personnel et familial, mais aussi universel. À la manière d'un conteur, c'est inscrit dans ma tradition culturelle, j'ai relaté le drame en lui-même et les conséquences qui s’en suivent : rapatriement du corps, choix du cimetière, préparatifs des funérailles, avec chaque fois un retour sur les coutumes, les traditions, les superstitions. La deuxième partie retrace les aspects de la succession, et particulièrement la conversion de sa grand-mère maternelle de 93 ans qui, pour être enterrée auprès de sa petite-fille, trouve une autre voie et se convertit avec sérénité et apaisement. Ce n’est pas le fait qu'elle soit devenue musulmane qui compte, mais plutôt qu'elle ait embrassé une paix intérieure et surmonté la mort de sa petite-fille. Enfin la fin du livre est consacrée à l’éducation d’une manière générale, et aux problèmes qui opposent les sociétés occidentales face à l’islam, tout en soulignant les responsabilités qui doivent être adressées par ces sociétés et bien évidemment par les musulmans eux même.” Off to Ouaga, Éditions Hermann, 2018
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rencontres L'exposition prévue devient finalement un livre, “Camille Lepage, République Centrafricaine : on est ensemble” (aux Éditions CDP, 2014), édité en collaboration avec J.F. Leroy. Le prix est volontairement modique (10 euros) afin d'être accessible à toutes les bourses. La recette des ventes est destinée à soutenir la création du Prix Camille Lepage. Dès septembre 2014, ce prix, ouvert à tous les photo-reporters, hommes ou femmes sans restriction d'âge, est doté de 8 000 euros. Cette somme servant à finaliser un projet déjà amorcé par les candidats. Cette année, pour la 4e édition, le lauréat est désigné en juin. La société SAIF de droit d'auteur est aussi un partenaire.
Pouvez-vous nous parler du livre “Pure colère” présenté lors de l'exposition “Une fragile poésie” ? J'ai édité cet album photo chez La Martinière. Il présente une partie des photos réalisées par Camille lors de ses reportages au Sud Soudan et en République Centrafricaine. Ce fut un travail fastidieux de neuf mois, durant lesquels j'ai dû choisir parmi plus de 10 000 photos, rassembler des témoignages de photo-journalistes et de proches de Camille… Il en résulte un ouvrage magnifique, qui laisse non seulement entrevoir son talent photographique, mais qui est aussi un vibrant témoignage de son engagement et de ces valeurs qui l'animaient tant. <
Pure colère, Éditions de La Martinière, Paris - 2017
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CAP AU NORD ASILAH
Portraits par Camille Chataignier pour la rédaction et Philippe Bousbib pour les photos Reportage Moussem par Raphaëlle Vinon
murs ornés de fresques multicolores et ses plages sauvages. C'est un savoureux mélange d'Essaouira, de Cyclades grecques et d'Andalousie avec une touche d'histoire portuguaise. Asilah a ce petit quelque chose qui nous donne envie de découvrir son charme et ses habitants, et d’y rester plus longtemps car on s’y sent tout simplement incroyablement bien. Alors que les beaux jours caniculaires sont (enfin !) de retour, partons respirer l'air marin de l'océan atlantique. LIFE vous guide dans cette ville surprenante, envoûtante et si paisible. <
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Crédit photo ©Philippe Bousbib
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n route vers Asilah, il nous est impossible de savoir quelle est son orthographe exacte tant il y a de versions différentes : Azilah, Assilah ou Asilah… Les panneaux se succèdent et ne se ressemblent pas ! Mais ne vous méprenez pas, cette petite ville portuaire située au nord du Maroc, à 40 kilomètres au sud de Tanger, a son caractère et attire les touristes de tous horizons. Très saisonnière, la ville a su cependant garder tout son charme pour conquérir nos cœurs. Authentique, artistique, accueillante et chaleureuse, elle nous éblouit par ses remparts majestueux surplombant l’océan, les demeures blanches de sa médina aux
cap au nord
GUILLAUME MICHEL NOTRE GUIDE IMPLIQUÉ ET ÉCLECTIQUE
A
u départ, c’est un ami d’ami qui nous a mis en contact avec Guillaume Michel en nous disant que c’était LA personne à rencontrer pour connaître les bonnes adresses de la région. On s’attendait donc à passer une petite heure avec lui, stylo en main, histoire de ne manquer aucun de ses précieux conseils... Mais, joie suprême, le courant est passé instantanément entre l’équipe de LIFE et Guillaume, et l'entretien s'est prolongé, se transformant en franche “rigolade”. Alors finalement, nous sommes restées à ses côtés tout au long de notre séjour.
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asilah • rencontre On ne pouvait rêver meilleur guide pour découvrir Asilah, Guillaume y habite depuis sept ans, et Tanger, car il y va “prendre l'air” au moins une fois par semaine. Entre coups de cœur et rencontres, il nous a fait partager son amour pour la région. Bien qu’il ait endossé le rôle de guide avec brio (il a l’habitude avec ses amis qui viennent lui rendre visite), Guillaume a bien d’autres occupations dans la vie. Installé à Asilah depuis 2011, il a auparavant vécu vingt ans à Paris. “J’y suis allé pour faire du droit et j’ai finalement fini dans la musique. J’ai travaillé 15 ans dans l’événementiel et la presse musicale.” Organisateur de concerts et de soirées électro et rock underground, DJ, Guillaume crée en 2000 le magazine musical D-Side, en kiosque jusqu’en 2010. “Au bout de dix ans, tout allait bien mais j’ai eu envie de changer de vie.” Il pensait s’envoler pour Londres ou Montréal mais il a finalement atterri à Asilah, après un gros coup de cœur pour la ville où ses parents venaient d’acheter une maison de vacances. “La tranquillité et le fait de vivre au rythme espagnol m’ont conquis. Et après trois ans relax à chercher ce que j’avais envie de créer dans le coin, j’ai rencontré une amie à Tanger, férue de bijoux, et je lui ai demandé pourquoi elle n’ouvrait pas de boutique à Asilah. Elle avait d'autres projets, mais elle m'a communiqué sa passion et m'a aidé à me lancer.” Cela fait aujourd’hui quatre ans que sa boutique, Factory, a ouvert ses portes au cœur de la médina d’Asilah et que Guillaume nous fait fondre avec ses bijoux. “Je travaille avec des créateurs du Maroc comme Luc Baille et je fais aussi mes propres créations et sélections de pierres et de bijoux artisanaux, des pièces uniques ou en éditions limitées.” Si vous aimez les bijoux contemporains en argent ou avec des pierres semi-précieuses, vous serez donc conquis. Quant au nom de sa boutique, Factory, rien à voir avec la joaillerie, c’est plutôt un clin d’œil à son éternelle passion, la musique, et le mythique label éponyme de Manchester. En plus de nous guider à travers la ville, Guillaume nous a fait partager ses connaissances cinématographiques et littéraires pointues ou encore musicales. Il nous a même concocté quelques playlists dont il a le secret ! <
> Guillaume Michel
NOS BONNES
ADRESSES OÙ SÉJOURNER Au fil des pages, nous allons vous faire découvrir nos petits coins de paradis à Asilah et leurs hôtes accueillants : l'hôtel ASILAH 32 sur la corniche, BERBARI la maison d'hôtes champêtre et VILLAZILA surplombant les remparts face à l'océan. Voici deux autres adresses charmantes au cœur de la Médina : • DAR MANARA La joviale espagnole Ana nous accueille dans son riad de cinq chambres et sa jolie terrasse. Atmosphère sereine et chaleureuse, on s'y sent comme à la maison. Rue Mjima'a, Médina - Tel : 06 77 39 82 67 • DAR MIMOUNA Françoise et Alain nous proposent de vivre un séjour dans leur riad familial. Simple et cosy, c’est l’endroit idéal pour se ressourcer. 28 Calle Ben Kadour, Médina - Tel. 06 61 33 90 65
OÙ SE RESTAURER Nous vous recommandons les plats raffinés et inventifs du Chef Johan à ASILAH 32 et la cuisine marocaine traditionnelle de Rachida à BERBARI. Rendez-vous à LA PERLE(1) pour la cuisine française savoureuse du Chef Lahcen et son accueil sympathique. Dans la catégorie poissons et fruits de mer, CASA GARCIA(2) est l'incontournable. Crevettes, calamars, palourdes… en tapas, poissons grillés ou cuisinés, on se régale. Côté déco, préparez-vous à embarquer pour une pêche en mer ! (1) Rue Allah ben Abdallah - Tel. 05 39 41 87 58 (2) Rue Moulay Hassan ben el-Mehdi - Tel. 05 39 41 74 65
À VOIR ET À VISITER DANS LA MÉDINA Au XVe siècle, Asilah fut conquise par les Portugais. Certains monuments rappellent encore cette période. La balade est très agréable dans cette jolie médina, calme, propre et chargée d'histoire. • La Tour de Menagem et la place principale • La Krikiya : une avancée au bout des remparts avec une vue imprenable sur l’océan et sur la médina • La Grande Mosquée • Le Palais de Raïssouni datant du XXe siècle et aujourd’hui centre culturel • Les fresques street art qui parent les murs de la médina (lire notre article pages 18 à 20) • La rue principale et les rues adjacentes, remplies de boutiques d’artisanat de qualité et de galeries d’art que nous mentionnons dans les pages suivantes : Aplanos, Monassilah, Casa del calígraf.
À NE PAS MANQUER
Tel. 06 55 10 99 20 gumicside@gmail.com
• Tous les samedis soirs, les pêcheurs donnent un concert gratuit à l’entrée du port. Oud, banjo, mandoline, flûte et chants y font bon ménage dans une ambiance joviale et typique.
> Boutique Factory Ouvert tous les jours de 10h30 à 14h et de 17h à 21h Médina - Asilah
• Les belles plages sauvages, avec, en été, leurs paillotes en mode chiringuitos pour se restaurer et se mettre à l’ombre (lire notre article pages 34-35).
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 15
cap au nord
PHILIPPE BOUSBIB
NOTRE PHOTOGRAPHE, CAPTEUR D'ÉMOTION
A
près la rencontre avec notre guide, celle avec notre photographe ! Car pour ce numéro d’été, Philippe Bousbib, photographe professionnel, nous a proposé d’immortaliser les rencontres que nous avons faites et les lieux emblématiques de notre périple. Et nous avons de la chance car sa spécialité, c'est “de tirer le portrait” ! À travers son objectif, il capte l'âme de ses sujets, les émotions fugaces, les expressions qui les caractérisent. Un véritable artiste !
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Crédits photos ©Philippe Bousbib
asilah • rencontre
Revenu au Maroc il y a quelques mois seulement et installé à Tanger avec sa fille, Philippe est né à Rabat. Il a habité à Fès jusqu’à l'âge de dix-sept ans, puis sa mère, travaillant pour l’éducation nationale française, a été mutée à Dunkerque ! “La première année, il faisait tellement froid que même la mer avait gelée. Un vrai choc !” Philippe s’acclimate au mieux avec ces changements de culture et de température et entreprend des études de photographie avant d’entrer aux Beaux-Arts. Il débute ensuite sa carrière dans l’un des plus gros studios de photos français de l’époque, et s’occupe plus particulièrement des catalogues pour des grands groupes de vente par correspondance. Parallèlement il réalise des photos de mode. “Les photographes sont souvent pris pour des saltimbanques qui voyagent sans arrêt, mais une minorité d'entre nous travaille dans de gros studios équivalents à ceux du cinéma.” Il y a dix ans, lorsque Philippe constate que son marché évolue vers la photo numérique pour sites d'e-commerce, il ouvre un studio à Tanger et se partage entre la France et le Maroc. Il entrevoit alors une problématique : “la photo est encore travaillée comme à ses débuts, il y a deux cents ans, alors que son utilisation est aujourd’hui essentiellement digitale. On n’a pas vraiment fait évoluer notre façon de faire.” Avec les contraintes dictées par les e-shops, ce n’est plus 30 photos par jour mais 80 qu’on lui demande de réaliser. Il commence alors à réfléchir à une technologie qui permettrait de prendre le modèle (mannequin ou produit) sous tous les angles en une seule prise, à 180° voire 360°... Un gain de temps considérable... Une vraie (R)évolution !
Il part s’installer à Bali quelques temps pour travailler avec une agence de mannequins, mais son projet prend forme peu à peu. Et bientôt, il trouve les solutions techniques pour le faire aboutir. “Aujourd’hui, je travaille sur le prototype final pour le rendre duplicable et facilement utilisable par les studios photo ou directement chez les clients. Mais ça y est, le système fonctionne ! Attention, il ne s’agit pas de modélisation 3D comme on peut déjà le voir. C’est vraiment de la photographie pas un avatar conçu par ordinateur. Le but est de préserver l'écriture photographique, l'intention et le style d'une image de mode, en un mot tout le talent du photographe. Je pense que c’est vraiment un outil qui intéressera les grandes marques et les sites d'e-commerce.” Supposition confirmée car Philippe a déjà réussi à convaincre le groupe L’Oréal et le magazine Elle. LIFE s'y intéresse de près car il est très probable que cette innovation fasse parler d'elle très prochainement ! <
> Philippe Bousbib Photographe de mode, portrait, décoration… Tel. 06 15 34 12 67 - info@tangerphotoprod.com www.philippebousbib.com G Finally blue > Découvrez l'innovation Upics : www.tangerphotoprod.com/u-pics
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 17
asilah • culture
MOUSSEM
CULTUREL INTERNATIONAL D'ASILAH... 40 ANS DÉJÀ !
T
out démarre en 1978, quand deux enfants de la ville, Mohamed Benaïssa et Mohammed Melehi, décident de se lancer dans un projet fou. Le premier, issu d'une grande famille zaïlachie(1), est descendant d'un grand maître soufi. Après des études aux États Unis, et une carrière aux Nations Unies et à la FAO(2), durant laquelle il séjourne de nombreuses années en Afrique subsaharienne notamment, il siège au parlement marocain. Le second est peintre, l'un des pionniers de l'art marocain moderne, issu d'une famille de notaires, diplômé des Beaux-arts de
Tétouan, et voyageur impénitent (de Tanger avec la Beat Generation, à Rome pour la dolce vita, en passant par Paris, New York, Séville…). Tous deux chérissent leur ville natale et veulent lui rendre ses lettres de noblesse. Pour ce faire, ils lancent, avec un groupe de jeunes motivés, l'Association Culturelle Internationale d'Asilah, et le Moussem(3) du même nom. ) Les zaïlachis sont les habitant d'Asilah. Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. (3) À l'origine, moussem désigne une fête régionale annuelle qui associe une célébration coutumière, qui peut être religieuse (souvent pour honorer un saint) à des activités festives et parfois commerciales. (1) (2)
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cap au nord
MOHAMED BENAÏSSA CO-FONDATEUR DU FESTIVAL, MAIRE D'ASILAH
À
quelques jours du coup d'envoi de la 40e édition du Moussem Culturel International d'Asilah, qui se tiendra du 23 juin au 20 juillet, nous avons interviewé Monsieur Mohamed Benaïssa, co-fondateur du festival et maire d'Asilah depuis plus de trente ans. Cet ancien ministre de la Culture, ambassadeur aux États-Unis et ancien ministre des Affaires Étrangères, revient avec passion pour LIFE, sur la genèse de cette grande aventure qui transforme chaque année la petite ville côtière en véritable “bouillon de culture” et galerie d'art à ciel ouvert. Pourquoi et comment est né le festival ?
Il faut d'abord se rappeler l'état de notre ville dans les années soixante-dix : les rues étaient sales, l'eau potable quasi inexistante, les remparts délabrés... Il n'y avait pas de médecin, pas de pharmacie. Notre premier désir était de rénover notre belle cité, de nous la réapproprier. Enfin, à l'époque, pour se rencontrer, échanger, et même exposer leurs œuvres, intellectuels et artistes du tiers-monde et du monde arabo-musulman devaient toujours passer par l'Europe : Avignon, Cannes, Venise, Berlin… Il nous manquait une plateforme sur le continent africain. Notre projet était de l'établir à Asilah. Miser sur la culture, en impliquant sa dimension populaire, est facteur de développement.
Comment crée-t-on un moussem en ne partant
de rien, sans ressources ? Quand on n’a ni moyen, ni d'argent, on a toujours une richesse : celle de la créativité des hommes. Et c'est ce que nous avons exploité. Au départ, personne n'a cru en nous. À l'époque j'étais parlementaire, et avec ma barbe et mes cheveux longs, je passais pour le hippie de service. On me reprochait notamment de vouloir inviter au Maroc des artistes ou des intellectuels controversés
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ou même hermétiques à nos idées. Mais je n'y voyais qu'un indispensable dialogue des cultures. Je comptais faire découvrir un autre Maroc aux artistes et intellectuels étrangers, plus authentique, loin des palaces, pour échanger “autour d'un verre de thé, de pain et d'huile d'olive”. Par chance pour nous, à l'époque, une charte de décentralisation des communes est adoptée. Nous sautons sur l'occasion pour lancer notre association. Le soutien du Roi Hassan II a aussi été décisif pour le succès du moussem : le Prince héritier en était le parrain, et participa lui-même aux ateliers plusieurs années de suite. Un jour Sa Majesté le Roi Hassan II m'a dit “Benaïssa, fait de Asilah le Hyde Park Corner du Maroc”... C'était plus qu'un feu vert, c'était sa protection intellectuelle et morale pour poursuivre sur notre voie !
Racontez-nous la première édition…
Je dois d'abord vous expliquer pourquoi nous avons choisi le mot moussem. Pour deux raisons : on voulait se démarquer d'un autre festival qui s'est créé à l'époque à Asilah, dont le propos, certes louable, était commercial. Le moussem, qui renvoie à une tradition religieuse et soufie, nous permettait d'évoquer dès le départ la
asilah • culture dimension culturelle de notre projet, et de sensibiliser aussi les habitants à notre démarche. Pour la première édition, nous avons convaincu onze grands artistes marocains et internationaux (originaires du Japon, du Soudan, de Palestine, de Pologne, du Portugal, d'Iraq) de peindre des œuvres monumentales sur les murs de la vieille médina. Dans chaque quartier de la médina, des “brigades” de jeunes ont participé à la réalisation des fresques, et se sont ensuite chargées de garder les œuvres intactes. C'était une façon d'attirer l'attention, de crier en quelques sorte “Sauveznous !”, et de dire aux gens, “Voyez comme votre ville est belle”. Depuis, chaque année, des artistes du monde entier s'emparent des murs de la cité pour réaliser des fresques et animer des ateliers, en associant les jeunes locaux. Dans la foulée du moussem, nous avons créé l'Université d'été qui soufflera cette année sa 33e bougie. Elle donne lieu à de multiples colloques, animés par des artistes, intellectuels du monde entier, autour d'un thème central.
Quel bilan tirez-vous de cette aventure qui dure
depuis 40 ans ? Quarante ans, c'est long, c'est plusieurs générations ! Je peux d'ores et déjà vous dire avec fierté que nous sommes des pionniers dans le concept du dialogue des civilisations. Beaucoup de moments forts, des rencontres, comme lors de la venue de Kofi Annan, ou encore Léopold Sédar Senghor. Nous sommes aussi fiers de toutes les infrastructures que nous avons pu réaliser. Culturelles : le Centre Hassan II, la Bibliothèque Prince Bandar Bin Sultan, le Musée et l'Académie des arts. Sociales : logements sociaux, Dar Assabah de la solidarité, gare routière. Historiques : conservation du patrimoine de la ville, restauration du Palais de la Culture et de la Tour portugaise “Donjon de Arzila”. Aujourd'hui notre ville est l'une des mieux dotées d'Afrique en la matière.
Pouvez-vous nous dévoiler le programme de
l'édition 2018 ? Toujours cette envie de tirer le rideau trop tôt ! Gardons un peu de suspens… Plus sérieusement, cette année réserve son lot de surprises, et démarrera traditionnellement par une semaine de peinture et d'ateliers en médina et d'expositions. Quant au thème central de l'édition de cette année, c'est “l'intégration africaine”.
L'interview s'achève, mais nous pourrions écouter Mohamed Benaïssa nous parler du moussem pendant des heures… Au risque de briser le suspens, on peut déjà vous dire qu'auront lieu des expositions (dont un hommage à Léopold Sédar Senghor), un défilé de mode de Nabiha El Ghiyati, la remise de prix littéraires (Prix Mohamed Zafzaf du roman arabe, Prix Buland Al Haidari de la jeune poésie arabe, Prix Tchicaya U Tam'si de la poésie africaine), des concerts (la chanteuse libanaise Jahida Wehbe, le Cap verdien Mario Lucio, la Marocaine Nabila Maan…). Les trois pays à l'honneur cette année sont : Barhein, Émirats Arabes Unis et Koweit.
Quand il nous confie son âge, nous avons grandpeine à le croire, tant il déborde d'énergie et de passion… “Le moussem a quarante ans d'existence… Il est temps pour nous d'évoluer avec notre époque. Nous devons repenser certaines choses pour nous adapter, notamment aux nouvelles technologies…” Voilà qui promet encore de beaux jours pour ce festival auquel LIFE souhaite longue vie ! <
> DATES Du 23 juin au jusqu'au 20 juillet à Asilah Du 23 au 28 juin : peinture sur les murs 29 juin : ouverture solennelle du festival
> INFOS Asilah Forum Foundation G assilah.arts - www.c-assilah.com/39/
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 21
cap au nord
ANNE-JUDITH VAN LOOCK
APLANOS ART GALLERY, ESPACE DE LIBRE EXPRESSION
L
a galerie d’art Aplanos est ouverte toute l’année depuis 1995. Dans l’ancienne médina d’Asilah, c’est un incontournable ! Mais on nous parle autant des œuvres et des artistes exposés que de celle qui a ouvert cette galerie, Anne-Judith Van Loock ! Retraitée, qui n’en a d’ailleurs que le statut, la pétillante Belge nous accueille avec enthousiasme et plaisir pour une rencontre qui dépote, à l’image de ses tableaux et sculptures.
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asilah • galeries d'art
Au fur et à mesure de nos balades et rencontres dans la ville, nous avons eu une certitude, il fallait absolument découvrir la Galerie Aplanos et faire la connaissance de la fameuse Anne-Judith. Et plus qu’une galerie nous découvrons en réalité, un espace d’expression dans lequel Anne-Judith et d’autres artistes exposent leurs œuvres et y créent également. “C’est un atelier où l’on montre ce que l’on fait. Je ne suis pas une galériste, même si je suis née dans la marmite de l’art.” Il suffit pour cela de voir la reproduction de son portrait réalisé par René Magritte lorsqu'elle était enfant. “Mon père était libraire. Il exposait des livres et des gravures anciennes. Magritte était l’un de ses amis. J’étais toujours avec eux et ça me poursuit encore !” plaisante-t-elle en nous montrant ses toiles. Autrefois professeur d’art et graphiste à la CambreBruxelles, cela fait vingt-neuf ans qu’elle a posé ses valises et ses pinceaux à Asilah. “Je suis venue m’installer ici, mais il fallait que je travaille... enfin que je m’occupe. Alors un ami marocain m’a déniché cet endroit. On a tout refait car c’était une vraie poubelle et on a essayé d’en faire une fleur !” Dans la galerie, la Belge n’expose pas seulement ses propres œuvres, elle poursuit la mission de faire connaître des créateurs marocains ainsi que des artistes européens, belges surtout. “J’expose uniquement les artistes que j’aime et dont je trouve le travail intéressant.” Ainsi, on peut suivre Ahmed Benraadiya, Hicham Elmoutaghi, Charley Case, Mercedes Benito, Mina Maati ou encore Khalil El Ghrib, grand ami de notre galériste. D'ailleurs, s’il est exposé ici, ses œuvres n’y sont pourtant pas à vendre. Il n’en fallait pas plus pour piquer notre curiosité... Exposant rarement ses œuvres, ce “philosophe érudit” est néanmoins reconnu au Maroc et à travers le monde pour son travail artistique. Il montre le temps qui agit sur la matière, la notion d’éphémère. Ses créations ont donc souvent vocation à s’effacer ou à disparaître avec le temps. Une démarche conceptuelle très recherchée et aboutie qui en fait toute la beauté ! On y découvre aussi quelques pépites de la collection des parents d'Anne-Judith, notamment une série de gravures originales datant du XVIe au XIXe siècle. “Je les sors de mes tiroirs et je les cloue au mur. J’essaie de donner le maximum d’informations à mes visiteurs pour qu’ils sachent ce qu’ils regardent. Les œuvres présentes dans la galerie ne sont que des coups de cœur. Et les personnes qui reviennent en ont surement eu un aussi. Ce n'est pas la renommée des artistes que l'on met en avant.” Nous, si l'on revient, c'est aussi pour Anne-Judith ! <
> Aplanos Art Gallery
89 rue Tijara, Médina - Asilah Tel. 06 61 99 80 30 www.aplanosgallery.com
MONASSILAH BY MONA LIARAS
AS UE & MONA LIAR MARTIN LARTIG
C
’est en 1997 que Mona Liaras s’installe à Asilah après avoir eu un coup de foudre pour la ville. Dix ans après, elle décide de conjuguer son amour pour le Maroc et pour l’art en y ouvrant une galerie. Elle affiche l’objectif de confronter les œuvres d’artistes marocains et internationaux dans un parallèle thématique. Pour cela, cette férue d’art s’appuie sur des artistes marocains professionnels ou autodidactes proposant un art populaire ou brut très “engagé et puissant”. On y découvre donc le travail de Mohammed El Wahhabi avec qui vous pourrez peut-être discuter en passant à la galerie ou encore Ahmed El Mourabite, artiste du Moyen Atlas aux œuvres riches de motifs orientaux, de calligaphies et délires poétiques sur des supports divers. Côté artistes étrangers, Mona les sélectionne au gré de ses voyages et comme lorsqu’elle n’est pas au Maroc, elle partage son temps entre le France et le Mexique, on retrouve logiquement des artistes de ces deux pays avec quand même, une forte influence de l’Amérique du Sud dans leur travail. “Cela fait cinq ans que je vais au Mexique et forcément je suis influencée par cet art populaire d’Amérique du Sud. J’essaie donc de le montrer dans la galerie. Et j’expose également le travail de Martin Lartigue, artiste français, qui lui s’inspire de mythologies diverses dans une narration actuelle.” Différentes contrées donc, différentes cultures et des influences spirituelles diverses qui font toute la richesse de la galerie Monassilah. <
> Galerie Monassilah 3 rue Jamae Zecouri, Médina - Asilah Tel. 06 54 97 94 21 G Mona Liaras (galerie.monassilah)
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 23
cap au nord
SADIK HADDARI ARTISAN CALLIGRAPHE
N
e dites surtout pas à ce retraité de l’Office National des Chemins de Fer que c’est un artiste ! Pourtant depuis qu’il se consacre entièrement à sa passion, Sadik Haddari est invité à travers le monde en tant que calligraphe émérite afin de parler de son travail autour du geste. Il anime également des ateliers pour petits et grands. Au bout d’une ruelle de la médina, nous avons passé une tête dans sa petite galerie afin de le rencontrer et d’échanger avec lui. Et nous n’avons pas regretté le détour !
Alors c’est ici votre fameux atelier… Oui, enfin mon atelier est juste à côté, ici j’expose. C’est ma base, le petit nid que j’ai tissé sur cette terre. Je suis originaire de Rabat mais j’ai ouvert mon atelier à Asilah en 2005 et après ma libération, c’està-dire à ma retraite en 2007, je me suis installé ici. Je n’y suis pour rien, Asilah n’a pas été spécialement un coup de cœur, c’est la vie qui a décidé pour moi. Je suis devenu le calligraphe de la ville mais je voyage énormément : au Maroc, en Espagne où je vis la plupart du temps, ou encore en Asie lorsqu’on m’invite pour intervenir dans des écoles d’art ou pour faire une performance.
Comment êtes-vous devenu calligraphe ? J’ai pris tous les chemins de la beauté mais avec le temps, j’ai découvert que l’ami le plus proche à mon cœur était la calligraphie. Peinture, sculpture, j’ai fait plein de choses. Je suis un artisan avant tout.
Parlez-nous de votre travail ? Ma particularité est de travailler le geste et non la lettre, que j'ai tellement exploitée que j'en connais toutes ses composantes. En fait, la lettre est un ensemble de gestes, alors j’ai fini par me concentrer sur cette quintessence. Et voilà ce que j’en fais ! Mais je suis encore en train d'apprendre. Rien n’est jamais vraiment abouti.
Quel est votre processus de création ? Ah non je ne crée pas, je compose ! C’est un mot que je n’aime pas car ceux qui font partie du domaine artistique l’utilisent comme une conviction. Or nous ne sommes que des êtres humains. On agit
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avec le bagage que l’on a acquis dans notre vie. Alors en réalité, on ne crée rien. Donc je compose… avec honnêteté et au fur et à mesure. Je ne me considère pas comme un artiste. Je n’ai pas de processus précis. C'est comme devant une piscine, je ne pense pas, je me jette à l'eau !
S’il n’y a pas de lettres dans votre travail, y a-t-il néanmoins un message ? On me fait souvent la remarque mais non ! Honnêtement, c'est plutôt un défoulement. Il n’y a pas de mots à déchiffrer ou de messages cachés. Ce sont juste de petits ou grands gestes, selon l'inspiration. Par exemple à Venise, lors de ma dernière performance, j’ai composé sur un support de 4 mètres sur 11 en vingt minutes. Il faut alors se concentrer sur la forme et non sur le fond. Et mon secret, c’est que je danse, je compose toujours en musique ! Et c’est pour cela que dans chaque geste, chaque mouvement, je vois de la calligraphie. Il suffit d’avoir le potentiel pour faire ressortir de chaque chose sa beauté, son graphisme... et donc sa calligraphie ! <
> Sadik Haddari Casa del calígraf N°8 bis, rue Borj Al Ghoula, Dar Al Khattat, Médina Tel. 06 60 95 40 40 www.haddarisadik.com La calligraphie ci-dessus composée par Sadik représente LIFE is morocco
cap au nord
LAURENT & MARIE CLAES ASILAH 32, SÉJOUR AU BORD DE L'EAU
A
ux abords de la médina, sur la corniche, Asilah 32 a ouvert il y a moins d’un an. Cet établissement, d’un genre nouveau en ville, se compose d'un appart-hôtel avec vue sur l’océan ; d'un restaurant, Le 32 resto, qui propose une gastronomie subtile et délicate ; et bientôt d'une supérette version haut de gamme. Ces services offrent aux visiteurs l’occasion de passer un séjour malin et modulable selon leurs envies. Aux commandes de ce projet, Marie-Laure (Marie pour les intimes) et Laurent Claes, fraîchement débarqués à Asilah après quelques années passées à Marrakech.
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asilah • séjour
Vous les connaissez peut-être grâce à “La Conciergerie de Marie”, société qui organise des séminaires, team building et autres séjours événementiels à Marrakech. Mais cela fait quelques mois que Marie et Laurent ont changé de vie !
On a importé le mobilier et on a misé surtout sur la literie et toutes les commodités. Les appartements sont fonctionnels avec une ou deux chambres et salle de bain, salon et coin cuisine. C’est important de s'y sentir vraiment bien.”
Après s’être rencontrés au Club Med où ils officiaient tous les deux, le Belge et la Française s’installent en Belgique quelque temps. Mais ils ont le goût des voyages et de l’expatriation. Laurent qui travaille alors pour l’enseigne Carrefour, accepte de venir au Maroc pour le déploiement du groupe sur place. Le couple y retrouve ses amis du Club Med et s’y sent rapidement très bien. Quelques années plus tard, malgré une opportunité professionnelle à l’étranger, ils décident de s'installer au Maroc et de se lancer à leur compte. C’est comme cela que naît “La Conciergerie de Marie”.
Au rez-de-chaussée, le restaurant et le bar accueillent les convives dans un cadre sobre et contemporain. On vous recommande vivement de venir déguster la cuisine fraîche et inventive du Chef Johan Couland (lire notre article en page suivante), ça vaut vraiment le détour !
Après sept années passées à Marrakech, Laurent se rend à Asilah pour voir un ami. “La première fois que je suis venu, il pleuvait et il faisait gris. Je n’ai vraiment pas eu une bonne première impression. Mais la deuxième, je ne saurais pas vous l’expliquer, j’ai eu un véritable coup de cœur. J’ai vu le potentiel de la ville. Et lorsque mon ami m’a parlé de ce projet hôtelier, j’ai eu envie de me lancer avec lui.” Pendant treize mois, Marie et Laurent se relaient nuit et jour pour suivre les travaux. Et en septembre 2017, c’est enfin l’ouverture ! “On propose 32 appartements (d’où le nom !) tout confort, avec terrasse et vue mer.” Côté décoration, Marie a eu carte blanche et s’en est donné à cœur joie. “J’ai souhaité garder le côté épuré et zen du bord de mer. Pour magnifier l’océan, on a choisi de grandes baies vitrées, des murs blancs avec quelques touches de couleurs.
Jamais à court d'idées pour satisfaire leurs clients, nos entreprenants hôtes vont prochainement ouvrir une supérette haut de gamme. “Ce sera une sorte de marché couvert avec des produits d’épicerie fine et des petits plats concoctés par le chef, idéal pour nos résidents qui souhaiteraient se restaurer dans leur appartement. Le but c'est qu'ils aient le choix et qu’ils partagent une cuisine bistronomique conviviale qui les rassemble.” Et pour animer la saison estivale, Asilah 32 proposera de la musique live et des soirées thématiques. Voilà qui devrait faire bouger la petite cité balnéaire ! <
> Asilah 32 Avenue Moulay Hassan Ben Mahdi Tel. 05 39 41 64 23 G Asilah 32 - www.asilah32.com > Le 32 Resto Avenue Moulay Hassan Ben Mahdi Tel. 05 39 41 64 23 - 05 39 41 64 52 G Le 32 resto
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 27
cap au nord
CHEF JOHAN COULAND
LE 32 RESTO, TALENT ET INVENTIVITÉ
S
i au départ Laurent et Marie se posaient des questions sur ce qu’ils souhaitaient proposer dans leur restaurant, Le 32 resto, la cuisine inventive et raffinée du Chef Johan Couland les a très vite convaincus. Avec humilité et talent, ce jeune chef a su nous conquérir nous aussi.
Il faut dire qu’à tout juste 32 ans, Johan a déjà un parcours impressionnant ! Après trois ans d’études hôtelières, il commence directement à travailler dans un restaurant étoilé de sa ville natale, ClermontFerrand. Puis, il part à Bourges, chez François Adamski, meilleur ouvrier de France et Bocuse d’or, qu’il accompagnera ensuite à Bordeaux pour ouvrir le Gabriel, son nouveau restaurant gastronomique. Et seulement quatre mois plus tard, le restaurant obtient sa première étoile ! Viennent ensuite les rencontres avec Laurent Delarbre, chef exécutif de la Tour d’Argent à Paris, qui lui propose de venir apprendre le fameux “canard au sang”, et quelques années plus tard, avec Bruno Garcia, ancien bras droit des Frères Costes. Il travaille d'abord avec lui en consulting, puis il le suit à Marrakech, pour l’ouverture du nouveau restaurant : Le Montaigne. Bien installé au Maroc, mais pas vraiment satisfait du projet dans lequel il s’est lancé, Johan accepte la proposition de Laurent et déménage à Asilah pour devenir le Chef exécutif du 32 resto.
locaux et de saison pour une meilleure qualité dans l’assiette.” Entre viande et poisson, le Chef propose une carte équilibrée enrichie de quelques recettes familiales, comme la terrine de foie de volaille de sa mère, ou encore de coups de cœur venus d’ailleurs, tel le Pad Thaï qui devrait ravir la nouvelle clientèle asiatique de la ville.
Johan a carte blanche et change la carte tous les deux ou trois mois, au fil des saisons et des produits de qualité qu'il déniche chez ses fournisseurs. “On travaille ensemble, il est donc capital que je les écoute pour savoir ce que je vais pouvoir proposer de mieux à mes clients. Je travaille les produits
Pour épater nos convives, dans sa grande générosité, le Chef nous a confié une de ses recettes signature : le Saint-Pierre poché au lait de nori, polenta croustillante et sauce safran. Ce n'est pas compliqué à réaliser, le secret tient au choix de bons produits et à la maîtrise des cuissons... À vos fourneaux ! <
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Ce que l’on remarque avant tout dans la cuisine de Johan c’est son âme ! Que nous dégustions un ceviche de poisson aux agrumes, un croustillant de lotte teriyaki ou le fameux filet de saint-pierre poché au lait de nori, nous sommes séduites par la justesse des cuissons et des goûts, les assaisonnements parfaits, aux épices et condiments dosés avec subtilité. Cela sublime chacun de ses plats, en relevant la saveur des produits sans les dénaturer. Et pour preuve du talent incontestable de ce jeune chef, goûtez simplement sa purée maison... elle est juste exceptionnelle ! Comme nous, vous la finirez sûrement à la petite cuillère !
recette de chef
Saint-Pierre poché
au lait de Nori, polenta croustillante & sauce safran INGRÉDIENTS POUR 2 PERSONNES
PRÉPARATION LA VEILLE
SAINT-PIERRE • 600 à 800 g PESTO • 50 g d’huile d’olive • 80 g de parmesan • 50 g de pignon de pin • 50 g d’amandes hachées • 150 g de roquette • 2 gousses d’ail • sel et poivre POLENTA • 170 g de polenta (farine de maïs) • 0,5 litre de lait • 0,5 litre de fumet de poisson • 80 g de pesto • sel et poivre LAIT DE NORI • 1 litre de lait entier • 5 feuilles de Nori (algue japonaise pour maki) • 3 gousses d’ail • sel et poivre SAUCE SAFRAN • 1 litre de fumet de poisson • 1 litre de crème fraîche • pistils de safran PANURE • farine • œuf battu • chapelure
SAINT-PIERRE • Lever les filets de poisson ou demander à votre poissonnier (et garder les arêtes) FUMET DE POISSON • Mettre les arêtes (préalablement nettoyées) dans une grande marmite d'eau froide • Dès l’ébullition, enlever les impuretés sur la surface et ajouter une garniture aromatique • Cuire 30 minutes à feu doux et passer au chinois PESTO • Mixer tous les ingrédients • Réserver au frais POLENTA • Faire bouillir le lait et le fumet de poisson avec une poignée de gros sel • Ajouter la polenta en pluie en remuant sans cesse • Réduire le feu et remuer jusqu’à obtenir une consistance assez épaisse • Ajouter le pesto de roquette et assaisonner • Mettre dans un plat pour que ce soit bien lisse • Laisser refroidir et placer au frais
CONSEIL DU SOMMELIER Par Boris-Romain Bille, sommelier et membre fondateur de l'Association des Sommeliers du Maroc
Le Chef Johan signe une belle interprétation du Saint-Pierre de la côte d'Asilah. Tout en subtilité, l'iode se marie remarquablement avec le moelleux de la cuisson au lait de Nori et le crémeux de la sauce safran. La polenta et le pesto apportent une note pleine de caractère et de croquant. Le choix d'un Viré-Clessé Quintaine 2016 n'est pas anodin. Il dévoile une belle expression du Chardonnay, élevé sur des marnes argilo-calcaires, il allie finesse, élégance aromatique et profondeur. Il accompagne, dans une valse de goûts et d'émotions, un mélange plein de tendresse, de puissance et de fraîcheur, pour ne faire plus qu'un avec le jaune soleil du safran et la robe de ce Quintaine. Le Viré-Clessé Quintaine 2016 du Domaine Guillemot-Michel est distribué au Maroc par Grand Sud Import (Casablanca).
CUISSON & DRESSAGE LAIT DE NORI • Mixer tous les ingrédients et laisser infuser SAUCE SAFRAN • Faire réduire le fumet de poisson et la crème fraîche en ajoutant les pistils de safran jusqu’à obtenir une consistance crémeuse POLENTA • Tailler des cubes de polenta de 4 cm • Les paner (farine, œuf, chapelure) • Les passer à la friteuse SAINT-PIERRE • Plonger les filets de Saint-Pierre dans le lait tiède et remonter légèrement la température pendant 3 à 5 minutes selon la cuisson souhaitée • Remarque : le lait ne doit pas bouillir ! DRESSAGE • Sur des assiettes chaudes, verser la sauce (voir notre photo) • Disposer les cubes de polenta et les filets de Saint-Pierre • Servir aussitôt. BONNE DÉGUSTATION !
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 29
cap au nord
VANESSA BENTOLILA VILLAZILA, MAISON D’HÔTES SUR L’OCÉAN
N
ichée au cœur de la médina, face à l’océan, se cache une maison d’hôtes au charme simple et tellement ressourçant. Grands espaces, décoration épurée de très bon goût, et un accueil chaleureux, font la singularité de la Villazila. Et cela tombe bien car tous les habitants d’Asilah vous le diront, pour découvrir la ville, il est préférable de séjourner dans la vieille médina pour en comprendre son essence.
Encore une fois, c’est Guillaume, notre guide de choc, qui nous a parlé de cet endroit et de Vanessa Bentolila, qui l’a ouvert il y a tout juste un an. Cette Française, à qui ses parents ont transmis le goût des voyages, est une vraie touche-à-tout. Sa voie initiale ? Les sciences humaines ! Après une formation en sociologie, anthropologie et psychologie, elle poursuit dans la communication et l’événementiel. Mais plus que ça, Vanessa a de “la tchatche” et sait saisir les occasions. “Je fus aussi bien barmaid dans de grands établissements qu’institutrice, plaisantet-elle. Mais c’est une rencontre qui m’a permis de concilier les diplômes que j’avais obtenus avec ma vie professionnelle.” Vanessa commence ainsi
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à travailler pour la fondation Caisse d’Epargne et devient directrice du service de lutte contre l’exclusion des jeunes. Après douze ans de bons et loyaux services, elle décide de prendre un peu de temps pour elle. Et c’est en venant à Casablanca pour travailler pour l’association InJazz, qu’elle redécouvre Asilah. “J’étais déjà venue il y a bien longtemps, et je cherchais un endroit sympa pour décompresser.” Finalement, les trois semaines prévues initialement se transforment en un véritable projet d'installation et l'ouverture d'une maison d’hôtes ! “J’ai trouvé
asilah • séjour
une maison magnifique dans l'ancienne médina avec une vue incroyable sur la mer, mais c’était une ruine abandonnée depuis huit ans. J’ai mis plus d’un an à réaliser les travaux. Je fête tout juste la première année d'ouverture.” Difficile d’imaginer cela quand on découvre les lieux tant on s’y sent bien. C’est un peu la rencontre entre le Maroc et la Grèce, pour l’architecture. Pour la décoration, Vanessa a su associer le côté chaleureux de la Méditerranée avec quelques touches marocaines. Et pour tout cela, elle a mis un point d’honneur à ne faire travailler que des artisans de la ville, tant pour le gros œuvre ou le mobilier que pour les éléments de décoration. Osier, bois, poteries, tout est simple, de bon goût et terriblement cosy. “Je voulais un lieu très épuré et reposant.” On découvre avec plaisir les cinq vastes chambres ainsi que les immenses salons et terrasses,
tout à fait rarissimes ! “Sur les 360 m2 de la maison, j’ai préféré ne faire que trois chambres et deux suites, pour avoir des espaces de vie vraiment agréables, où l’on a plaisir à se retrouver.” Pari réussi ! Et l'on comprend pourquoi la maison se loue souvent dans son intégralité. Que ce soit en famille ou entre amis, on s’imagine tout à fait passer un séjour ici… Surtout que la maîtresse des lieux fait aussi un excellent guide et prend le temps pour nous accueillir comme il se doit dans sa ville de cœur. Alors Vanessa, tiens toi prête, car c’est sûr, on reviendra ! <
> Villazila 48 rue Sidi Taieb, Médina - Asilah Tel. 06 57 79 47 82 ou +33 6 58 52 68 15 G Villazila Maison d'hôte sur l'océan www.villazila.com
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 31
cap au nord
RACHIDA YOUDRA BERBARI, AUTHENTIQUE ET BUCOLIQUE
À
Asilah, la nature exerce encore tous ses droits ! C’est pour cela l'on peut aussi quitter la médina pour passer quelques nuits à la campagne ou aux abords des plages sauvages. À seulement quelques minutes de la ville, nous vous avons déniché une petite perle rare, comme on en trouve peu : Berbari. Pour parvenir à cette maison d’hôtes singulière, tenue par Rachida Youdra, il faudra vous laisser guider par le vol des cigognes et suivre une piste escarpée bordée de champs séculaires.
32 I LIFE is morocco #11 • été 2018
asilah • séjour
À peine notre voiture garée, Rachida vient nous accueillir chaleureusement, nous fait faire le tour du propriétaire et nous raconte son aventure pour ouvrir cette maison écologique de style lodge africain. “Pour rénover cette ancienne ferme du Caïd, laissée à l’abandon depuis une vingtaine d’années, il a fallu entreprendre de gros travaux, étalés sur deux ans. Avec l’aide d’un ami architecte et décorateur de cinéma, nous avons voulu créer un lieu à la fois écologique et atypique. Nous avons donc privilégié les matériaux naturels ou recyclés, avec la perspective de faire de cette maison une sorte de bateau.” Résultat, ce qui était avant qu’une étable s’est complètement transformée. On y découvre un mélange de style détonnant : portefenêtres des années 60, vieux marbre, plafonds en cannisse et eucalyptus… Le dépaysement est tel qu’il nous permet un lâcherprise total. Les crissements des pneus et les pots d’échappement sont remplacés par le braiment des ânes et le claquement de bec des cigognes qui ont colonisé le toit de chaume pour en faire leurs nids. À l’heure de l’apéritif sur la terrasse, nous apprécions d’ailleurs, le vol de ces oiseaux majestueux qui viennent donner la becquée à leurs petits. Un spectacle apaisant et assez unique. Il est temps à présent de passer à table. Dans le restaurant-salon, l’ambiance est très décontractée, les convives de tous horizons se retrouvent et échangent à propos de leur séjour au Maroc. Toute l’équipe, composée de femmes originaires du village voisin et formée par Rachida, est aux petits soins. On déguste une gastronomie marocaine 100% bio et typique, mettant en avant la cuisine
traditionnelle d’autrefois, celle de la mère et grandmère de notre hôte, avec par exemple des recettes juives marocaines ou encore des alliances sucréessalées oubliées. Pour nous ce soir, c'est salade de crudités avec une vinaigrette au miel, suivie d'un tajine de bœuf aux poires et pruneaux. Un délice ! Mais sa spécialité, renommée dans toute la région, c'est le gigot d'agneau cuit pendant près de 24 h. “Un pur régal, on peut même le couper à la petite cuillère, tellement il est tendre !” s'extasient nos chanceux voisins de table qui ont pu y goûter la veille ! Berbari est l'acronyme de Ber -qui signifie la terre en langue berbère- et de Bari -la figue de barbarie, fruit qui a besoin de peu de ressources pour se développer. Ici, on retrouve le goût des choses simples, on se reconnecte à la nature. Alors oui, si vous préférez le confort d'un palace, passez votre chemin. En revanche, si un séjour bucolique vous tente, vous y trouverez tout ce qui fait son attrait : une bonne nuit de sommeil, un savoureux repas marocain, un petit-déjeuner avec vue sur la campagne environnante et vol de cigognes en prime. Rachida se fera une joie de vous accueillir dans sa maison atypique et pleine de charme. <
> Berbari Village Dchar Ghanem - Asilah
À 6 km d’Asilah, tourner à gauche au niveau du panneau Douar El Houmar et suivre les indications
Tel. 06 60 29 54 54 - 06 62 58 80 13 www.berbari.com
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 33
cap au nord
MOUNIR
PAILLOTTES ET PLAGES SAUVAGES
L
es plages d’Asilah sont réputées être parmi les plus belles du Maroc. Mais pour dénicher ces belles étendues de sable fin, il faut sortir des sentiers battus (au sens propre du terme) ! Situées au sud d'Asilah en direction de Larache, c'est au bout de quelques kilomètres de pistes que nous découvrons avec émerveillement ce panorama resté sauvage. La plus éloignée de toute et donc la plus préservée, s’appelle la plage de Rada, mais quand on en parle aux locaux, ils disent tous “Chez Mounir”. Alors, vous nous connaissez, à force d’entendre parler de Mounir et de sa plage, nous sommes allés à sa rencontre !
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Avant de prendre la route, nous étions, comme beaucoup, pressés d’arriver malgré tout le chemin à parcourir. Heureusement, notre route fut un véritable voyage. Piste à travers champs, vues incroyables sur l’océan et la campagne, il ne nous en fallait pas plus pour nous conquérir, surtout qu’à l’arrivée nous découvrons une immense plage déserte de près de dix kilomètres. Enfin, presque… Mounir est là pour nous souhaiter la bienvenue. Avec les artisans du village, il a bâti trois paillotes en roseaux et bambous ainsi qu’une maison en pierre pour permettre aux touristes de se restaurer et de dormir sur place. Le concept est très simple et sans tralala. Ici, on vient profiter du cadre et se reposer. Originaire d’Asilah, Mounir a quitté le Maroc pour vivre en Angleterre durant vingt ans où il officie en tant que coach sportif. Mais dans un coin de sa tête, il garde le rêve de s’acheter un terrain le long de cette plage pour pouvoir y revenir plus souvent. Alors quand l’occasion se présente il y a neuf ans, et bien qu’il ne sache pas comment il va pouvoir y installer l’eau et l’électricité, Mounir se jette à l’eau.
asilah • plages
Plage Rmilat ©Maxim Massalitin
“À l’époque c’était une vraie expédition pour venir ici. Il fallait regarder les horaires de marées ou attendre que l’océan redescende pour pouvoir accéder à la plage ! Mais j’aimais tellement cet endroit et y pêcher que j’ai fait construire une paillote et j’ai commencé à faire venir des amis qui en ont à leur tour, parler à d’autres… Et ça s’est développé doucement. Du coup les années suivantes, j’ai construit deux autres paillotes dont une pour en faire un restaurant ainsi qu’une maison en pierre comportant cinq chambres.” Le tout en matériaux naturels mais avec aujourd’hui l’eau courante et même l’électricité grâce à des panneaux solaires, pour mieux respecter la nature environnante et préserver ce côté sauvage. “Notre véritable atout, c'est qu’il n’y a aucune construction donnant sur la plage. Notre seul voisin est Patrick Guerrand-Hermès, qui a une maison un peu retirée, et qui a acheté tous les terrains avoisinants pour empêcher toute autre construction. En plus, contrairement aux autres plages du nord du Maroc, on est protégé du vent.” Bercés par les vagues de l’Atlantique et le sable chaud, un sentiment de grande liberté nous envahit et comme chacun des visiteurs passés par là, on a juste envie d'y rester ! L’occasion de déguster un poisson grillé fraîchement apporté par un pêcheur du coin. C’est généreux, savoureux et fait maison. Chez Mounir tout est simple et authentique, agencé pour profiter au mieux du cadre. Pour certains, c’est ça le grand luxe ! Un endroit calme et encore préservé, où le temps s'arrête, et où l'on profite d’une nature luxuriante et de l'air iodé pour
recharger les batteries. Alors quand il est temps de reprendre la piste, on se félicite que le côté inaccessible de cette superbe plage sauvage la mette à l’abri du tourisme de masse... Et oui, profiter de ce petit paradis, ça se mérite ! <
> Chez Mounir Plage de Rada - Asilah Tel. 06 96 34 60 58 G Chez Mounir Asilah (radabeach)
ACCÈS
AUX PLAGES SAUVAGES Pour s'y rendre en venant d'Asilah, il faut suivre la départementale (R15) vers le sud en direction de Larache et s’enfoncer sur les pistes… 4x4 conseillé ! En été, paillotes, petits restos improvisés, parasols et transats fleurissent.
PLAGE R'MILAT
C'est la première sur la route. Également appelée Las Cuevas ou Paradise Beach, on peut même y aller à pied au départ d'Asilah, idéal pour les amateurs de marche sportive entre océan, prairies et rochers. Durant l’été, c'est plutôt calme la semaine mais très fréquenté le week-end.
PLAGE SIDI MGHAYET
Un peu plus tranquille car il faut faire une petite dizaine de kilomètres et prendre une piste sur 4 km.
PLAGE DE RADA
La plus inaccessible (notre préférée d'ailleurs) et c'est là que Mounir s'est installé. Elle est située à une quinzaine de kilomètres avec environ 7 km de piste.
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 35
CAP AU NORD TANGER
Crédit photo ©Ahmed Magdi
Portraits par Camille Chataignier pour la rédaction et Philippe Bousbib pour les photos
cap au nord
TANGER
L'INCOMPARABLE
D
ans le précédent numéro d'été de LIFE, nous étions brièvement passés par Tanger au cours de notre escapade sur les côtes atlantiques marocaines. Nous avons décidé d'y retourner afin de vous faire partager notre fascination pour cette ville exceptionnelle à bien des égards. Point stratégique entre l’Afrique et l’Europe grâce à son port situé dans le détroit de Gibraltar, Tanger fut un carrefour multiculturel au fil des siècles. Dans les années 20, la ville était gouvernée par neuf pays et bénéficiait d'un “Statut International” unique. Cette position singulière favorisa les échanges de cultures et d’histoires qui l'ont profondément marquée. Dans les années 50, nombre d’artistes, écrivains et intellectuels s'y sont installés. Et si le souvenir d’une ville de perdition et de trouble refuge pour
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les Européens lui colle encore à la peau, la ville a mis du temps à se renouveler et à retrouver un second souffle, tout en acceptant son passé. Aujourd’hui, Tanger attire grâce à ses festivals (le Festival National du Film, le Printemps du Livre et des Arts ou encore le Tanjazz) et séduit par son charme, son authenticité et son passé très présents. Elle regorge de trésors historiques, comme l'incontournable palais du sultan Dar el Makhzen. Sa médina et sa kasbah offrent un dépaysement garanti tout comme son port où les cris des pêcheurs s’entremêlent à ceux des mouettes. Depuis les années 2000, la ville connaît un développement spectaculaire avec le port Tanger Med (2008), la zone touristique Tanger Marina Bay (2016), et la Ligne à Grande Vitesse (LGV) entre Tanger et Casablanca qui devrait être lancée courant 2018. À travers nos pérégrinations, nous avons découvert une ville apaisée et apaisante, où on prend plaisir à se balader, à découvrir de nouveaux lieux et à rencontrer ses habitants. Tanger est une ville qui se développe à “grande vitesse” mais qu’il faut prendre le temps d’effeuiller pour en comprendre l’essence. <
tanger • culture
UN PARADIS
CULTUREL
D
ifficile de dissocier Tanger de ses nombreux écrivains et intellectuels qui y ont trouvé dans les années 50, refuge et inspiration pour leurs œuvres. Matisse et Delacroix ont, par exemple, posé leur chevalet aux pieds des remparts de la Kasbah. Tennessee Williams, William Burroughs et Paul Bowles comme tant d’autres protagonistes de la Beat Generation* sont venus profiter de la douce atmosphère que proposait alors la ville, sans doute aussi attirés par son côté sauvage et indomptable.
Des événements majeurs rythment la vie culturelle de Tanger : le Festival National du Film dont la 19e édition s'est tenue en mars, le 22e Printemps du Livre et des Arts s'est déroulé en avril, le Tanjazz fêtera son 19e anniversaire du 20 au 23 septembre prochain. Et pour mieux comprendre l’essence de la ville, son passé, ses histoires et ses habitants, découvrons une sélection d'œuvres cinématographiques
et littéraires au travers desquelles les artistes nous révèlent leur regard, leur point de vue, un moment de vie, et un pan de Tanger. Guillaume Michel (portrait en page 15), grand cinéphile, et Stéphanie Gaou (portrait en pages 40-41), nous livrent leurs coups de cœur. < * La Beat Generation est un mouvement littéraire et artistique né dans les années 1950 aux États-Unis, dont certains membres éminents séjournèrent à Tanger à cette période.
LES TEMPS QUI CHANGENT - André Téchiné, 2004
Antoine, entrepreneur, se fait muter à Tanger dans le but de reconquérir Cécile, qui fut l’amour de sa vie. Ce film romanesque et mélancolique propose une image de Tanger différente de celle de “Loin“ du même Téchiné : une ville immobile, figée dans son passé de la même façon que les migrants sont bloqués devant la mer, et où les amours enfouis peuvent encore, en conséquence, se raviver.
UN THÉ AU SAHARA - Bernardo Bertolucci, 1990
(inspiré du roman éponyme de Paul Bowles, paru en 1949) En 1947, Port et Kit, deux Américains, débarquent à Tanger avec leur ami Tunner. À travers leur voyage, ils souhaitent raviver leur couple. Mais Tunner tente de séduire Kit... Bertolucci livre une partie de cache-cache entre art et artifice dans un Maroc saisi dans sa réalité la plus envoûtante, attardant notamment sa caméra dans le quartier du Petit Socco pour en saisir son atmosphère aussi moite que sensuelle.
FLIGHT TO TANGIER - Charles Marquis Warren, 1953 À bord d’un avion privé, le pilote Hank Brady tire au fusil sur son seul passager, Franz Kovaz, met l’appareil en pilote automatique et saute en vol. À l’aéroport de Tanger, un autre pilote américain, Gil Walker, accompagne sa petite amie Nicki, une femme nommée Susan Lane et un lieutenant de police, Luzon, au moment où l’avion tombe, en flammes. Les témoins sont emmenés au colonel Wier, pour un interrogatoire au cours duquel on s’aperçoit que Gil avait connu Hank pendant la guerre et que Susan était une connaissance du pilote tandis qu’on découvre sur Kovaz des documents falsifiés qui suscitent un intérêt pour la police et parmi de mystérieux hommes de main.
ONLY LOVERS LEFT ALIVE - Jim Jarmusch, 2013 Adam et Eve forment un couple de vampires cultivés et fragiles. Leur idylle dure depuis plusieurs siècles... De Tanger, elle reste en contact avec lui, punk aristo qui vit à Détroit. Avec ce film de vampires, Jim Jarmusch livre son œuvre la plus séduisante et intimes : une balade élégante et lasse, subtilement incarnée et judicieusement décalée.
EL CHERGUI (Le Silence violent) - Moumen Smihi, 1975 Tanger, ville internationale, dans les derniers instants du protectorat marocain : Aïcha, jeune femme mariée et mère d’un garçon, vit prostrée et silencieuse. Le projet de secondes noces de son époux, homme dévot et traditionnel, lui est insupportable. Afin de conjurer le sort, elle recourt à des pratiques magiques. Mais, elle ôte aussi son voile en guise de protestation. Alors que le pays, en liesse, accède à l’indépendance, Aïcha s’enfonce, quant à elle, dans la dépression…
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 39
cap au nord
STÉPHANIE GAOU
LIBRAIRIE LES INSOLITES, ÉLITISTE ET ENGAGÉE
L
a taille ne fait pas tout ! Et c’est ce que l’on a constaté en découvrant la Librairie Les Insolites. Cet espace de 54 m2 seulement abrite pourtant bien des trésors et fait partie des lieux qui apportent une réelle dynamique culturelle à la ville de Tanger.
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Il y a presque neuf ans lorsque Stéphanie Gaou, jeune azuréenne installée à Tanger, ouvre sa librairie, rien n’est pourtant gagné. “Quand j’expliquais mon projet, ça faisait rire les gens, personne n’y croyait. À l’époque, il n’y avait aucune aide du Ministère de la Culture et j’avais en plus un sérieux concurrent avec la Librairie des Colonnes, qui venait d’être rachetée par Pierre Bergé.” Déterminée à faire aboutir son projet, Stéphanie, qui a suivi des études littéraires, fonce avec une idée bien précise en tête : proposer un lieu avec des livres bien entendu, des événements artistiques, et où l'on pourrait tout simplement s’asseoir, boire un thé ou un café.
tanger • culture
LE FESTIN NU - William Burroughs, 1959
Pour celles et ceux qui aiment les littératures marginales, ce livre est le must. L'intrigue se déroule à Tanger et William Burroughs y dévoile de grands pans de folie dans une écriture incroyable. La version définitive date de 1964. Le cinéaste David Cronenberg en a donné une transposition très originale en 1991.
JE M'APPELLE UNE VILLE - Philippe Pigeard, 2015 Poète, écrivain, Philippe Pigeard est également le fondateur et chanteur du groupe français Tanger. C'est dire toute son admiration pour la ville du détroit. Avec un style imparable, il crée une histoire rocambolesque et drôle à partir des rumeurs de traites des blanches à Tanger, totalement atypique. Un de nos livres préférés. HÉCATE ET SES CHIENS - Paul Morand, 1954
L'auteur signe là un de ses meilleurs romans. Dans un Tanger jamais cité, une femme se sert de son amant pour élaborer une géographie érotique avec des enfants. C'est sulfureux malgré une écriture très nuancée et intelligente.
TINGIS CAFÉ - Najib Arfaoui, 2017 Najib Arfaoui, Tangérois de naissance, vit en France depuis de nombreuses années. Il a écrit ce premier roman autour du thème du retour. Un livre très sensible et finement tissé autour de deux hommes que tout sépare et qui, pourtant, trouveront bien des points communs. APRÈS TOI, LE DÉLUGE - Paul Bowles, 1952 Un des livres de Paul Bowles les plus aboutis. Un jeune américain trouve refuge à Tanger dans l'espoir de relancer sa carrière un peu ronronnante. Rien de ce qu'il avait imaginé ne se réalisera. Au contraire, il va vivre une accablante déchéance et une fin tragique.
Et pour cela, elle a trouvé le bon emplacement, une rue piétonne avec une vue imprenable sur le détroit de Gibraltar ! Résultat : un endroit cosy et chaleureux où l'on se sent bien. On y échange avec nos hôtes enthousiastes, que ce soit Stéphanie ou les membres de son équipe, pour dénicher des pépites littéraires dont eux seuls (et quelques lecteurs avertis) ont le secret. Loin des grandes librairies traditionnelles, Stéphanie revendique haut et fort le côté “élitiste” des Insolites. “Je sais que cela peut paraître un peu prétentieux mais mon but est de promouvoir la littérature, pas seulement les livres. Ce n’est pas parce qu’on veut ouvrir le monde littéraire au plus grand nombre qu’on doit proposer de la littérature bas de gamme.” Et il y a un vrai potentiel à Tanger avec des lecteurs qui sont prêts à acheter des ouvrages un peu plus pointus. Contrairement aux grands sites de vente en ligne impersonnels, les conseils de Stéphanie et les discussions passionnées sur les écrits et leurs auteurs, ont séduit un public toujours plus demandeur. “C’est une démarche engagée qui est parfois difficile à défendre mais je tiens à ma ligne de conduite et à mon identité. Il y a suffisamment de distributeurs de livres pour que tout le monde s’y retrouve.” Stéphanie ne s’arrête pas là, lorsqu’elle a des coups de cœur, elle les met en avant. Elle organise
ESPRITS DE TANGER - Tessa Codrington, 2008 Elaboré pendant des années par la photographe Tessa Codrington, cet ouvrage qui se présente comme un album de famille est le parfait Who's Who pour savoir qui fait quoi à Tanger. De plus, par sa connaissance de la ville, elle fait revivre un Tanger international et totalement cosmopolite. Indispensable dans une bibliothèque. LE PAIN NU - Mohamed Choukri, 1973 Roman de l'enfance sacrifiée, ce livre est le roman de Tanger par excellence. Mohamed Choukri raconte son enfance après avoir quitté sa famille du Rif dans les rues de Tanger. Même si ce livre est cru, c'est un classique qu'il faut lire car cet auteur fut longtemps une voix discordante au Maroc. Il est devenu une de ses plus authentiques plumes. CARNETS DE TANGER (1962-1979) - John Hopkins, 1995
L'auteur livre quelques impressions drôles, “witty” comme diraient les Anglais, de son expérience tangéroise. C'est un livre délicieux qui n'a pas pris une ride ou presque.
chaque mois des rencontres, des conférences, des signatures ou des cycles littéraires avec des auteurs marocains et étrangers, connus ou un peu moins, à l’instar de Hicham Houdaifa, Camille de Toledo ou Yannick Haenel. “Les Insolites c’est avant tout un lieu où les écrivains et les artistes se sentent valorisés.” Un amour de l’art dans sa globalité et une véritable dynamique culturelle que Stéphanie insuffle également grâce à des expositions qu’elle programme mensuellement. “Ces expositions présentant des artistes, connus ou non, sont inédites au Maroc et permettent de montrer la belle énergie qu’il y a dans le Royaume.” Elle a notamment reçu Mahi Binebine, Hicham Gardaf ou Anuar Khalifi. Quelles que soient les expositions programmées (dessin, lithographie, peinture, collage...), les artistes partagent avec les écrivains un médium commun : le papier, qui agit ici comme un trait d’union entre les âges, les sexes et les cultures. <
> Librairie Les Insolites Ouvert du lundi au samedi, 10h-18h 28 rue khalid ibn oualid (ex Velazquez)- Tanger Tel. 05 39 37 13 67 G librairie les insolites
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 41
cap au nord
SILVIA COARELLI TABADOUL, CENTRE CULTUREL ÉQUITABLE
D
ans les lieux culturels dont il faut souligner le travail et l’importance, Tabadoul s’impose comme le plus atypique. Situé à deux pas de la Marina, cet espace polyvalent de 400 m2 est destiné à promouvoir les artistes ainsi que les échanges culturels entre le Maroc et le reste du monde, plus particulièrement l’Europe et l’Afrique.
Ce lieu d’échange et d’expression principalement axé sur la musique met aussi l’accent sur les pratiques écologiques, environnementales et solidaires en multipliant les actions, événements et ateliers ouverts au grand public. Un lieu indépendant à la croisée des genres comme il en existe encore trop peu au Maroc. Si au début du XXe siècle, ce lieu était une usine espagnole de pansements, il est aujourd’hui, un véritable carrefour d’échanges et de rencontres pour les artistes tangérois et plus largement marocains. À la tête de cet espace ouvert, à la décoration très épurée faite de matériaux recyclés, Silvia Coarelli, ancienne productrice de musiques du monde en Italie du Sud a travaillé durant vingt ans à mettre en relation la musique de cette région avec les autres pays du monde. “En 2006, on a rencontré de vifs problèmes pour faire venir les artistes qui ne faisaient pas partie de l’espace Schengen. Pour moi, ça a été un déclic, j’ai compris qu’il fallait que je m’installe ailleurs pour qu'ils puissent se rencontrer plus facilement. Souhaitant rester sur le pourtour méditerranéen, le Maroc s’est vite imposé, et plus particulièrement
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Tanger où l’histoire de la ville me ramenait un peu chez moi.” Installée en 2010, Silvia travaille d’abord avec la fondation Elisa Chimenti, où elle mêle culture et éducation. Puis, lorsqu’une amie lui montre cette ancienne usine près du port, elle décide de sauter le pas pour fonder un incubateur de jeunes talents et un centre culturel indépendant. “Finalement, on a réussi, avec la venue de nombreux artistes étrangers, à faire voyager les artistes marocains à travers les rencontres et le travail qu’ils peuvent faire au centre mais sans leur faire prendre l’avion.” Silvia a d’abord fait un bon nombre de travaux dans le lieu et l’a équipé en instruments de musique avec le soutien du Festival Tanjazz dont elle est la coordinatrice, ainsi que d’une sonorisation, de lumières et d’une scène dignes de ce nom. Et c’est finalement en décembre 2013 qu’ouvre Tabadoul. En cinq ans, de nombreux jeunes artistes sont venus se former en résidence, échanger durant des conférences et ateliers, ou tout simplement se produire sur scène lors de concerts, spectacles et autres événements spéciaux dont Silvia a le secret. Il n'y a qu'à voir le programme mensuel bien chargé qu'elle organise !
tanger • culture
ÉVÉNEMENTS P TANJAZZ
Ce festival, consacré à tous les types de musique s’apparentant au jazz, a commencé son périple en l'an 2000 et depuis, il s'est imposé comme une rencontre culturelle à ne pas rater. Concerts gratuits sur les scènes publiques, animations dans les rues, concerts au Palais des Institutions Italiennes pendant cinq jours. 19e édition Festival de Jazz de Tanger du 20 au 23 septembre www.tanjazz.org
P #PARCOURS
Pour soutenir et participer au rapprochement entre les Marocains et les autres populations d’Afrique à Tanger, l’association “Zanka 90”, en partenariat avec le collectif “Voie des Migrants”, organise le festival nomade #PARCOURS dans les rues de Tanger. Spectacles multidisciplinaires (musique, danse, peinture, photographie... ) à travers un parcours urbain. www.facebook.com/zanka90association
P FESTIVAL TWIZA
GALERIES GALERIE DELACROIX de l’Institut français de Tanger
Cette galerie permet à l’Institut français de mettre en avant de jeunes talents en favorisant la création artistique contemporaine, mais aussi des artistes confirmés qui marquent ou ont marqué l’histoire de l’art contemporain. Une résidence ainsi qu’un atelier est mis à disposition de certains artistes accueillis par l’Institut pour leur permettre de vivre Tanger et de faire en sorte que la ville se développe en eux pour nourrir leur réflexion et leur travail. 86 rue de la Liberté - Tel. 05 39 93 21 34
GALERIE DE L’INSTITUT CERVANTÈS
Elle compte parmi les plus anciennes de la ville. Depuis 1991, elle présente des artistes pour la plupart espagnols mais aussi le travail de Marocains en relation avec la culture hispanique. Elle s’ouvre à de multiples disciplines : peinture, photographie, vidéo,... et ne se contente pas de n’être qu’une salle d’exposition. Elle reçoit également d’autres activités telles que des tables rondes et des conférences. 9 rue de Belgique - Tel. 05 39 93 20 01
C'est le festival méditérranéen de la culture amazighe de la région du Nord du Maroc. Twiza assure un parfait équilibre entre la musique et le chant d'une part et la culture, la pensée et la littérature d'autre part, à travers un programme riche et spécial qui comprend les différents styles musicaux “engagés, jeunes et populaires”, du Maroc et de l'étranger. www.festivaltwiza.ma
LUSKO Galerie d'Art et Vente aux Enchères
P FESTIVAL NATIONAL DU FILM DE TANGER
Ce festival mettant en avant les réalisateurs marocains fêtera ses 20 ans en 2019 ! Au programme, de nombreuses projections et découvertes cinématographiques. 20e édition en mars 2019 - www.ccm.ma
Implanté à Tanger depuis 2011 et dirigé par Intha et Olivier Conil, ce lieu d'expression artistique dédié à l'art brut et contemporain (peinture, sculpture et dessin), est destiné à promouvoir les talents marocains et les artistes ayant un lien avec la cité tangéroise. 7 rue du Palmier, quartier Petit Socco - Tel. 05 34 80 65 07
P PRINTEMPS DU LIVRE ET DES ARTS DE TANGER
VOLUBILIS ART GALLERY
Ecrivains, philosophes et autres artistes internationaux se réunissent une fois par an dans la cité du détroit pour échanger avec le grand public sur une thématique précise. Concerts, expositions et bien sûr, tables rondes, conférences, lectures et débats sont au rendez-vous de cet événement devenu incontournable. 23e édition en avril 2019 - www. printempsdulivretanger.org
Depuis 2015, Tabadoul a créé, en partenariat avec le Festival Tanjazz, un concours de jeunes talents marocains, Tanjil. “Il s’agit d’un appel à candidature sur dossier, afin de sélectionner dix groupes ou talents appartenant à la grande famille de la musique fusion ou jazz. Ensuite, ils jouent chacun en première partie d’autres artistes durant le festival. Les deux gagnants, désignés par le public et par le jury, participent ensuite au Visa For Music. Cet événement musical mondial, qui se tient à Rabat chaque année en novembre, leur permet de jouer devant des programmateurs internationaux...” Silvia essaie d’aider ces artistes dans leur culture musicale, mais aussi avec les outils de communication ou les moyens de se mettre en valeur. “Ma volonté est aussi d’arriver à unir des concours de jeunes talents d’Afrique pour créer des scènes sur lesquelles ces artistes en devenir pourraient se professionnaliser et se former. Créer des synergies cela signifie un marché plus large et plus de possibilités pour les artistes de vivre de leur art !” À Tabadoul, l’accent est définitivement mis sur l’aide, le partage, la tolérance et l’écoute. C’est
Cet espace vivant et innovant propose peintures, sculptures et créations de jeunes designers, avec un souci d’originalité et d’ouverture sur toutes les formes d’expression. 4 rue Téhéran, quartier Wilaya - Tel. 05 39 94 62 59
GALERIE CONIL
Ancien four à pain traditionnel, ce lieu atypique est chargé de mémoire et d'histoire. Ouverte en 1993 par Mohamed Raiss EL Fenni et son épouse Carla, Volubilis fut la première galerie privée de Tanger. C'est une halte privilégiée pour les artistes locaux ou de passage dans la ville. Rue Sidi Boukouja, Kasbah - Tel. 05 39 33 38 75
aussi sans doute pour cela que Silvia multiplie des actions écosolidaires et des rendez-vous écocitoyens. Un prochain projet est en préparation, en collaboration avec le Djebli Club, un organisme communautaire, une sorte de Tabadoul à Mokrisset (petit village situé à une heure de Chefchaouen). La première édition du Djebli Festival aura lieu en juillet afin de faire venir la culture dans un milieu rural isolé et aussi de permettre un développement éco-touristique. Vous l’aurez compris Tabadoul bouillonne de projets et d’initiatives. Et on n’a pas tout dit ! Alors on vous encourage à aller y faire un tour ou, à défaut, à consulter leur site internet pour mieux apprécier tout le travail accompli par Silvia et sa petite équipe de bénévoles. <
> Tabadoul Rue Magellan - Tanger Tel. 05 39 37 19 78 G Tabadoul - www.tabadoul.org
LIFE is morocco #11 • été 2018 I 43
tanger • nos adresses NOS BONNES
PLACE
ND DU GRA
SOCCO
SALON BLE U KASBAH
ADRESSES OÙ SÉJOURNER
• VILLA JOSÉPHINE Cette discrète demeure située non loin du Palais Royal, date du XXe siècle. Elle fut la propriété du célèbre Walter Burton Harris, correspondant du Times et écrivain, et fut aussi la résidence estivale du Glaoui, Pacha de Marrakech. Avec son décor d’antan et son service impeccable, la Villa Joséphine nous propose un voyage dans le temps. On peut y venir pour séjourner ou prendre un verre en terrasse et admirer la vue, ou encore pour diner dans la salle de réception chargée d’histoire. Un grand moment. 231 rue Sidi Mesmoudi (Vieille Montagne) - Tel. 05 39 33 45 35
• CAFÉ HAFA Célèbre pour sa terrasse et sa vue imprenable sur le détroit, ce café est une véritable institution depuis les années 20. L’ambiance est chaleureuse, les conversations se nouent facilement avec les habitués et mènent parfois à d’interminables parties de backgammon. Quartier Marshan (au nord-ouest de la Kasbah)
• DAR NOUR L’une des plus vieilles maisons d’hôtes de la ville située au cœur de la médina et aux dix chambres atypiques. 20 rue Gourna, Kasbah - Tel. 06 62 11 27 24 • LA TANGERINA Au cœur de la Kasbah, perchée sur les hauteurs de la Médina avec une vue panoramique sur le détroit de Gibraltar, cette maison d'hôtes de 10 chambres a été restaurée avec goût, en alliant l'architecture historique et quelques touches de décoration coloniale. 19 Riad Sultan, Kasbah - Tel. 05 39 94 77 31 • HÔTEL EL MINZAH L’établissement 5 étoiles date des années 50 et nous donne un petit goût de cette époque. Quelques scènes du film OSS 117 ont d’ailleurs été tournées là-bas. 85 rue de La Liberté - Tel. 05 39 33 34 44
OÙ SE RESTAURER • LA VILLA Ô SAVEUR Les gastronomes apprécieront cette très bonne table ouverte il y a dix ans et repensée l’année dernière par Guillaume et sa femme. Lui est en salle et elle en cuisine ! On y retrouve une décoration épurée à l’esprit “jungle chic” et une cuisine méditerranéenne savoureuse. Les plats sont simples mais toujours justes et généreux et surtout présentés avec soin. À l’étage, on peut aller prendre un verre et apprécier quelques tapas en admirant la vue ou les matches de foot. Angle rue Boubana et bvd Lavendish - Tel. 05 39 94 96 60 • SAVEUR DE POISSON Vous devez absolument tester ce “restaurant populaire” proposant un menu unique à 200 DH. On n’y mange comme nulle part ailleurs. Ouvrez bien l’œil et ne faites pas attention à la décoration sommaire. Si on y vient, c’est pour la cuisine et le folklore ! Comme son nom l’indique, on n'y mange que du poisson. En entrée, une soupe de lotte, requin avec de l’orge, du maïs et du millet. Puis, le serveur (qui nous dit bonjour à chaque fois qu’il vient à notre table, ça fait parti de l’expérience) vous apporte un tajine de calamars et lotte aux épinards ainsi que le poisson du jour braisé au charbon de bois et ses brochettes de requin. Oui, le chef est très généreux et surtout c’est excellent. Pour finir le repas, grains d’orge au miel naturel et fruits frais vous sont proposés. La balade digestive s’impose ! Escalier Waller 2 (proche Rue de la Liberté) - Tel. 05 39 33 63 26
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OÙ BOIRE UN VERRE
• GRAND CAFÉ DE PARIS et CAFÉ CENTRAL Ces deux cafés ont pour point commun d’avoir été fréquentés par les grands noms des arts et de la littérature du XIXe et XXe siècles. À visiter pour leur petit côté désuet et surtout pour l’atmosphère qui y règne encore. Grand Café de Paris : Place de France - Tel. 05 39 93 84 99 Café Central : Petit Socco - Tel. 05 33 07 92 83 • SALON BLEU Il nous faut grimper pour aller prendre un verre tout en haut de ce café-restaurant de poche. Mais ça vaut vraiment le coup. La vue à 360° donne un aperçu spectaculaire de la ville. 71 rue Amrah, Kasbah - Tel. 05 39 37 16 18 • MOROCCO CLUB C’est the place to be pour aller prendre un verre, surtout le soir ! Situé dans la Kasbah, ce lieu est l’ancienne résidence de Stuart Church, peintre et décorateur de renom, fréquentée à l’époque par de nombreuses célébrités de la Beat Generation. Trois ambiances, le café-terrasse pour déjeuner, et le soir, le restaurant et le piano-bar pour un moment hors du temps. Place du Tabor, Kasbah - Tel. 05 39 94 81 39 • LE MIRAGE C’est un des lieux les plus prestigieux de la ville. Situé à Cap Spartel, cet hôtel 5 étoiles vous plaira si vous aimez le luxe ostentatoire. Ces 25 suites sauront vous séduire grâce à leurs larges baies vitrées et leurs terrasses privées surplombant l’océan. L´immensité de l´Atlantique et de la plage si rectiligne que l´on n´en voit pas la fin, donne tout son sens à cet hôtel qui nous accueille également pour prendre un verre. On vous conseille donc d’y aller au coucher du soleil pour prendre un cocktail et profiter de cette vue unique aux dernières lueurs du jour. Route des Grottes d'Hercule - Tel. 05 39 33 33 32
OÙ SORTIR • THE TANGERINN PUB et BLUE PUB The Tangerinn Pub est LE bar branché où la jeunesse tangéroise se retrouve pour boire un verre dans une ambiance animée par des DJ le week-end au son de la musique électro surtout, mais aussi hip-hop, afro, latino… ou pour voir un match de foot. Et pour poursuivre la soirée, rendez-vous au Blue Pub. The Tangerinn Pub : Ouvert de 20h à minuit Hôtel el Muniria, 1 rue Magellan - Tel. 06 13 32 15 94 Blue Pub : Ouvert de 19h à 4h Hôtel Rembrandt (sous-sol) - Angle boulevards Pasteur et Mohamed V - Tel. 06 54 35 58 16 )
tanger • nos adresses
L P SPARTE PHARE CA
GROTTES
D'HERCU
LE
SHOPPING • LAS CHICAS L'incontournable, on ne pouvait passer à côté de ce lieu situé aux portes de la Kasbah. Ayda Diouri et Yasmine Durner y soutiennent le made in Morocco et y exposent de nombreux créateurs du Royaume. Vêtements, accessoires, bijoux, produits du terroir, cosmétiques… s’y côtoient pour le plus grand bonheur des fashionistas et autres curieux. On peut même s’y arrêter pour faire une pause gourmande à l’étage. Dans le salon de thé, jus et plats du jour sont proposés. Place du Tabor - Tel. 05 39 37 45 10 • LES MÉRINIDES La réputation d'Hassan n'est plus à faire, et son showroom regorge d'objets artisanaux : lustres et appliques en dinanderie, mobilier maroco-contemporain, pièces en tadelakt, maroquinerie luxueuse,… Rue Sebou, Médina - Tel. 05 39 93 38 64 • BOUTIQUE MAJID Abedelmajid Rais El Fenni, alias Majid, est l'antiquaire le plus connu de la Médina. Tapis, céramiques, mobilier, objets en bois, bijoux anciens font le plaisir des amateurs et touristes depuis plus de 30 ans. 66 rue Les Almouhads, Médina - Tel. 05 39 93 88 92 • BAZAR TINDOUF Cette véritable caverne d'Ali Baba est un bric-à-brac labyrinthique où s'entassent des piles d'objets d'Afrique, du Maghreb, du Moyen-Orient et d'Asie depuis les années 60. 72 rue de la Liberté - Tel. 05 39 93 86 00
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À VOIR ET À VISITER • CAP SPARTEL ET GROTTES D’HERCULE Ce promontoire à la végétation abondante domine la mer de plus de 300 mètres et voit se mêler les eaux de la Méditerranée et de l'Atlantique. On y trouve un phare en fonction depuis 1864 et aussi d'élégantes villas ! La principale attraction est la visite des cavernes, les célèbres “Grottes d’Hercule” creusées par les vagues de l’océan. De belles balades à faire en famille ou pour retrouver un peu de sérénité. À 14 km à l'ouest de Tanger • LA LÉGATION AMÉRICAINE Située dans la médina, la Légation Américaine est la première propriété publique américaine en dehors des États-Unis, elle commémore les relations culturelles et diplomatiques historiques entre les États-Unis et le Royaume du Maroc. Aujourd’hui, elle a été transformée en centre culturel et musée. 8 rue d'Amérique - Tel. 05 39 93 53 17 • L’ÉGLISE ANGLICANE SAINT ANDREWS Datant du XIXe siècle, cette église anglicane a été construite dans un style Maure-Andalou. Le cimetière anglican de Tanger et un joli jardin verdoyant jouxtent cette église pour le plus grand étonnement et plaisir des visiteurs. 50 rue d'Angleterre - Tel. 05 39 31 44 69
SOUS
LE SOLEIL
EXACTEMENT
P
our profiter de l'été à Marrakech, LIFE vous emmène dans de petits paradis aux cadres enchanteurs, aux tables gourmandes et aux ambiances très différentes qui vous charmeront à n'en pas douter ! Des piscines pour le farniente, des brunchs d'exception, des terrasses où apprécier un déjeuner ensoleillé, des endroits magiques pour dîner sous les étoiles… Et vous avez bien de la chance, car il y a certaines adresses que nous aurions volontiers gardées pour
48 I LIFE is morocco #11 • été 2018
nous… Mais bon, vous savez bien que nous, quand on aime, on partage ! Il n’y a plus qu’à sortir maillots de bain, tuniques, paréos, crèmes solaires et profiter de la vie ! Allez, c'est parti… Il fait beau, il fait chaud, ça sent bon le sable chaud (enfin presque !)… Et hop, on se jette à l'eau ! Carnet d'adresses, infos utiles, vous trouverez tout et même plus sur notre site :
www.lifeismorocco.com
Crédit photo ©Alexia Garcia
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50 I LIFE is morocco #11 • été 2018
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