Bulletin bois 108/2013 Intérieurs bois Musée international de le Croix rouge et du Croissant rouge, Genève Bibliothèque privée Chasa Plaz, Ardez Hotel Frutt Lodge & Spa, Melchsee-Frutt Bibliothèque de la Haute Ecole de St-Gall, Saint Gall Maison de l’écriture, Montricher
L’aménagement intérieur de l’Hôtel Frutt Lodge & Spa joue sur les textures et les teintes du bois pour offrir aux locaux une atmosphère intime et conviviale. Architectes: Lussi + Halter Partner AG, Lucerne, Architekturwerk AG, Sarnen, et Matthias Buser, Zurich
Le bois anime les espaces intérieurs
Alors que le bois structurel est souvent évoqué pour ses qualités technique, écologique et économique, ce numéro du Bulletin bois met en avant les aménagements intérieurs, où le bois, parement, revêtement de sol ou de plafond, joue des teintes et des textures pour stimuler nos sens. La vue bien sûr, avec les tons rouges ondoyant du merisier, le brun noble du noyer ou le blanc vibrant du sycomore, les teintes saumon du mélèze ou du Douglas, le jaune pâle de l’épicéa ou du sapin. Mais aussi le toucher lorsque raboté ou poncé, il est soyeux, ou lisse lorsqu’il est verni. Ce ne sont là que quelques exemples de ce vaste univers que la boîte d’échantillon de Lignum, comme un vademecum, permet d’explorer. Ainsi, dans l’exposition permanente du Musée international de la Croix rouge et du Croissant rouge à Genève, des lamelles d’épicéa ondulantes habillent les éléments structurant l’espace et contrastent avec le béton brut de la structure. La couleur, la finesse et la facilité de façonnage ont été des critères centraux pour le choix du matériau, tout comme sa résonnance naturelle avec les matériaux des différentes scénographies. L’aménagement d’une bibliothèque dans la grange d’une ferme historique de l’Engadine a eu lieu grâce à un épicéa à la maille fine qui a été débité et façonné dans des entreprises de la région. La structure en madrier isolée est alors revêtue à l’intérieur de larges lambris simplement rabotés, qui procurent un fini naturel soigné propice à la détente. L’aménagement intérieur de l’Hôtel Loges & Spa à Frutt s’appuie sur des matériaux naturels, nobles, pour la plupart de provenance locale. Lorsqu’à l’extérieur rugit le vent glacé, fouettant les façades de cet hôtel d’altitude, le bois offre à l’intérieur un aspect chaleureux et convivial. Dans les chambres, les surfaces de bois sont finement travaillées tandis que dans le sauna les parements et le mobilier, jouant des nuances et des contrastes, dotent ce local d’une ambiance d’exception. Dans les lieux de rencontre, le chêne massif pour les meubles, les parois et le revêtement
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de sol apporte l’élégance voulue. Le placage en chêne des panneaux de l’aménagement intérieur de la bibliothèque de la haute école de St-Gall, procure à cet espace une touche de solennité, favorisant la concentration et l’étude. Les panneaux support en matériaux dérivés du bois démontrent ici leur large possibilité de façonnage, alors que dans la Maison de l’écriture, à Montricher, le chêne massif semble vouloir effacer la frontière entre meuble et structure pour proposer un écrin stimulant la créativité des auteurs. Ces cinq aménagements ne sont bien évidement qu’un faible échantillon de la beauté et de la diversité des essences disponibles en Suisse auxquelles s’ajoute la multiplicité des matériaux dérivés. Ils mettent pourtant en lumière la relation sensorielle que nous entretenons avec le bois, qui de matériau nous apparait alors presque comme un partenaire, un compagnon, avec lequel nous engageons le dialogue. Quoi de plus naturel finalement: le bois n’a-t-il pas inscrit, dans sa matière même, les pages de notre histoire?
Roland Brunner Communication technique Lignum
Musée international de le Croix rouge et du Croissant rouge, Genève Situé au cœur de la Genève internationale, jouxtant le siège du CICR, le Musée international de la Croix rouge et du Croissant rouge propose aux visiteurs d’explorer une nouvelle exposition permanente ‹L’aventure humanitaire› grâce à une muséographie inédite, dans laquelle le bois soutient la transition entre les réalisations des scénographes. La nouvelle exposition permanente du musée International de la Croix rouge et du croissant rouge s’insère dans un bâtiment en béton datant des années 1980 de l’architecte Pierre Zoelly. Plutôt que la rupture avec cet environ nement, c’est le dialogue qui a été recherché avec le béton omniprésent dans l’architecture existante. Le bois c’est alors imposé pour sa faculté de contraste avec cette enveloppe minérale. Il devient ainsi le fil rouge qui se déroule comme un ruban tout au long du parcours du visiteur. Si elle laisse une place prépondérante à la connaissance et à la réflexion, la muséographie introduit une dimension nouvelle dans son dispositif: l’émotion. Chacun des trois espaces thématiques convie d’entrée le visiteur à une expérience de sensibilisation qui laissera une empreinte émotionnelle dans sa mémoire avant qu’il ne découvre le contenu informatif du lieu. De nombreux dispositifs interactifs permettent par ailleurs d’impliquer le spectateur dans sa découverte de l’action humanitaire. L’exposition a ainsi été pensée
pour être une aventure aussi bien émotionnelle qu’intellectuelle. Sélectionnés tant pour la qualité de leurs projets que pour la sensibilité particulière dont ils ont fait preuve dans le traitement des thèmes qui leur étaient proposés, les trois architectes scénographes de l’exposition se sont chacun vus attribuer la réalisation d’un espace. L’architecte et designer brésilien Gringo Cardia s’est vu confier l’espace consacré à la défense de la dignité humaine, Diébédo Francis Kéré, architecte burkinabé, celui dédié aux liens familiaux et enfin, l’espace ‹Limiter les risques naturels› a été conçu par l’architecte japonais Shigeru Ban. Coordinateur du masterplan général du nouveau musée, ainsi que des trois architectes pour la réalisation de l’exposition permanente, l’atelier oï est également l’auteur des espaces communs et de l’agencement de la nouvelle salle d’exposition temporaire. Une architecture faite de courbes où l’angle droit est absent, où le bois devient matière vivante en rapport à la pierre, un matériau venant jouer et se marier avec l’existant mais également avec l’environnement, la matière présente de certaines scénographies, comme le béton de chanvre ou les tubes en carton, qui illustrent les réalisations temporaires et de secours qu’à faible coût ce matériau permet de réaliser. Afin de pouvoir jouer de manière différenciée en fonction des programmes et des besoins, l’architecte a créé, à travers la coupe ondulée dans des lames de bois massif, un outil permettant de réaliser les différentes
cloisons et mobiliers nécessaires à l’aménagement des espaces communs. Ainsi, par un léger glissement des lames les unes sur les autres, il est possible de faire varier le degré de transparence et d’opacité des cloisons, venant ainsi accompagner de manière différenciée le parcours du visiteur. Un sol coulé de couleur rouge terre accompagne également de manière fluide les pas des spectateurs, afin de pouvoir se marier de manière chromatique avec le bois de l’aménagement et les multiples matières que l’on retrouve comme des icônes des différentes scénographies.
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Plan exposition
Lieu Avenue de la Paix 17, 1202 Genève Maître d’ouvrage Fondation du Musée International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Architectes scénographie Gringo Cardia ‹Défendre la dignité humaine›, Brésil Diébédo Francis Kéré ‹Reconstruire le lien familial›, Burkina Faso Shigeru Ban ‹Limiter les risques naturels›, Japon Architecte Masterplan atelier oï, La Neuveville Direction des travaux atelier oï, La Neuveville Ingénieur civil EDMS SA, Genève Ingénieur technique du bâtiment Zanetti Ingénieurs conseils, Petit-Lancy Entreprise bois Wider SA, Montreux Coûts CHF 8,9 millions (nouvelles exposition permanente), CHF 3,6 millions (rénovation bâtiment existant), CHF 7,3 millions (investissement dans le Visitor’s Center) Surface Exposition permanente 2000 m2, exposition temporaire 500 m2 Durée de construction Juin 2011 – mai 2013 Photographe Corinne Cuendet, Clarens
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Plan, vue et coupe de la paroi de sĂŠparation exposition permanente
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Plan, vue et coupe du meuble de la boutique
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Bibliothèque privée Chasa Plaz, Ardez A l’origine, les habitants de cette maison traditionnelle de l’Engadine ne voulaient que réaliser une bibliothèque pour leur chambre à coucher. L’architecte les a cependant convaincus d’opter pour une contre-proposition, qui n’empiétait pas sur la substance du bâtiment historique. La réalisation s’insère donc de manière sensible dans la grange de la maison. La nécessité d’un espace supplémentaire afin d’accueillir des livres a servi de base au projet. Selon les vœux du maître d’ouvrage, la bibliothèque devait être intégrée de manière fine dans une des chambres existantes. Cependant la perte d’une pièce de cette maison de trois étages apparaissait problématique et d’autre part, l’ensemble des chambres est doté de panneaux de menuiserie ouvragés de la fin du 19e siècle. Il aurait ainsi fallu soit démonter ces éléments, soit les voir disparaître derrière la nouvelle réalisation. La perte d’espace et d’éléments historiques a fini par peser bien lourd, conduisant ainsi l’architecte à élaborer une alternative. La maison, située sur la place de l’église au centre du village médiéval d’Ardez et la grange adjacente au sud qui surmonte une étable, s’orientent dans l’axe de la petite place. Cette situation offre une échappée unique par-dessus les toits vers les pentes verdoyantes de la vallée. Jusqu’alors il n’était possible de profiter de cette vue qu’en été depuis la véranda. Elle est dorénavant accessible toute l’année depuis la bibliothèque. Le concept du projet s’est donc appuyé sur une solution traditionnelle dans les fermes de l’Engadine pour disposer d’un espace supplémentaire: une structure en madriers dans les combles ou dans la grange, comme une boîte à ouvrage. Ainsi sous la toiture de la grange, une bibliothèque est désormais suspendue – un corps allongé avec deux unités de séjour accolées accueillant des fonctions différentes, en étroite relation cependant l’une avec l’autre. La première héberge dans la pénombre 54 m de rayonnages prêts à protéger les ouvrages, tandis que la seconde, baignée de lumière, offre non seulement des conditions propices à la lecture, mais également un dégagement saisissant sur les montagnes avoisinantes. Les deux unités de taille semblable sont séparées par un passage resserré, comme une taille de guêpe. L’espace situé sur le même niveau, en dessous des boîtes, se présente comme une pièce d’été agréable et fraîche pour des réunions conviviales ou un séjour reposant. Le volume indépendant de la grange s’étendant sur plusieurs étages, non chauffé, ne devait être modifié dans son aspect et une utilisation ultérieure ne devait être compromise. Il a donc été renoncé à toute structure verticale ou horizontale. Les premières esquisses de la structure comprenaient encore deux poutres en caisson de la hauteur de l’étage, qui tels les porteurs d’un pont auraient repris la charge sur toute la portée en intégrant l’isolation thermique aux éléments. L’agencement spatial de la suite de cellule n’aurait cependant pas été perceptible. La concrétisation de la répartition spatiale dans la structure porteuse ainsi qu’une typologie de l’ensemble transposée en madrier n’eut lieu que dans un deuxième temps avec le choix de boîtes indépendantes suspendues à la structure de toiture existante. La charge supplémentaire non négligeable a nécessité un renforcement des porteurs de toi-
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ture qui étaient par ailleurs en bon état. En particulier, la configuration des tirants et leur ancrage à l’appui ont dû être soigneusement étudiés. La zone de transition entre les boîtes ainsi que la liaison à la cage d’escalier et la tablette de fenêtre, une alcôve munie d’un matelas de crin, sont conçus comme des éléments secondaires. Tout comme la construction en madrier traditionnelle qui a été transposée et valorisée en élargissant son potentiel constructif, l’aménagement intérieur devait aussi s’orienter vers les éléments traditionnels. De plus, la proximité de la taille du bois massif avec la dimension des livres invitait à développer un revêtement de l’espace intérieur qui crée une unité entre le sol, les parois et le plafond. Les montants de la bibliothèque et ses rayons ainsi que les madriers des parois ou du sol présentent donc la même largeur et seul le léger débord des montants permet de différencier la fonctionnalité de ces éléments liés sans moyens mécaniques. Un épicéa de montagne à la maille fine de Luzein a été mis en œuvre, dont la surface acquiert un fini soyeux en une seule passe de rabotage. Le motif de la fenêtre en croix est un élément traditionnel en Engadine, et dans ce cas chacun des quatre modules peut être ouvert individuellement alors que le croisillon fonctionne dans le même temps comme garde-corps. Les ferrements en acier noir ou en nickel poli achèvent de donner à cet ensemble un aspect raffiné.
Situation
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Coupe
Coupe longitudinale
Plan niveau bibliothèque
8 m
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Coupe
Coupe
Coupe longitudinale
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4 m
Lieu 7546 Ardez Maître d’ouvrage Dr. J.C. Arquint Architecte Men Duri Arquint Architekten, Coire/Ardez Ingénieur civil Jon Andrea Könz, Zernez Entreprises bois Ruwa Holzbau AG, Küblis, et Schreinerei Clà Riatsch, Ardez Bois mis en œuvre Bois massif renforcement fermes de toiture 12 m3, lambris rayonnages et fond bibliothèque 24 mm 126 m2, lame de plancher 30 mm 25 m2, parois rayonnage et couvre-joints 36 mm 33 m2, lattage isolation 40 x 40 mm 350 m Surface de plancher SIA 416 Bibliothèque 24,5 m2, niveau transformé dans les combles de la grange 91,5 m2 Volume transformé total 433 m3, dont bibliothèque 65,4 m3 Durée de construction Février – mai 2011 Photographe Heinrich Helfenstein, Zurich
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Hotel Frutt Lodge & Spa, Melchsee-Frutt Le bâtiment du nouvel hôtel se situe à l’emplacement d’un ancien complexe détruit il y a une dizaine d’années par un incendie. Il marque de son empreinte le hameau de montagne réputé pour les nombreuses possibilités de randonnées et les grands espaces qu’il offre aux touristes avides d’air pur. Un paysage de prairies alpines vallonnées et un panorama grandiose sur les sommets caractérisent la région de ce lac de montagne situé à 2000 m d’altitude. L’empreinte de la construction dans ce contexte se limite au corps de bâtiment allongé qui s’adapte à la topographie pour la laisser intacte. Le volume vigoureux en construction massive s’insère alors avec soin dans le terrain, orienté vers les beautés de ce paysage naturel, prêt à affronter la rudesse du climat. La construction en contact avec son environnement apparaît majestueuse et imposante par le contraste qui se crée entre la géométrie épurée de la façade claire et le paysage alpin dont les teintes évoluent avec la saison. L’architecture n’est donc pas soumise à son environnement mais au contraire, elle est mise en scène dans ce paysage de montagne. Le bâtiment rappelle les ouvrages hôteliers du tournant du siècle. La structure régulière de la façade et la formulation précise du volume de l’ouvrage exprime le calme et la retenue. Sur la face orientée vers le panorama, de grandes ouvertures reflètent la générosité des espaces intérieurs publics tels que le restaurant, le hall et la zone des bains. La structure de la façade est constituée d’une peau en éléments de béton préfabriqué, munis de structures en relief ou traités par sablage de manière à produire une surface différenciée, adaptée au milieu montagnard. Le relief, développé spécialement pour cette application, reprend comme ornement de manière abstraite le thème des cristaux de glace offrant ainsi à l’édifice un caractère dis-
tinct. Ce détail n’apparaît toutefois qu’à courte distance et se dévoile alors comme un zoom microscopique. En hiver, les flocons restent suspendus à ces contours, et la façade luit alors comme un cristal de roche. L’hôtel abrite outre les 16 appartements destinés au personnel dans une aile de bâtiment situé à l’est, 58 chambres et trois suites. Les chambres allient design moderne et style traditionnel. L’élément marquant est à chaque fois constitué par la large fenêtre dont la tablette surdimensionnée accueille un sofa qui invite à la détente et à l’immersion dans le monde de la montagne. Le rez comprend les espaces publics avec notamment le hall qui s’entend sur deux niveaux et offre une vue privilégiée sur le Melchsee ainsi que sur les montagnes en arrière-plan. Dans ce cadre, la zone de détente est particulièrement mise en valeur. Une vaste cheminée, une galerie de persiennes ouvragées retro-éclairées et un lustre imposant complètent l’aménagement de cette zone, point de ralliement de l’hôtel. Juste à côté, le bar, avec ses couleurs sombres, semble un lieu mystérieux. Deux restaurants permettent d’accueillir les hôtes, le premier dans un style traditionnel de pinte montagnarde tandis que le second, plus étendu, offre différentes configuration pour les convives attablés, dans des niches, le long de tables communes ou vers les fenêtres panoramiques. Le dernier étage accueille quant à lui une vaste salle de conférence avec accès direct à la toiture. Le monde des bains situé dans l’étage à demi enterré surprend par la diversité des aménagements offerts. L’espace est structuré par des partitions en bois revêtues d’un choix d’essen ces aux teintes variée, qui déterminent différentes niches et zones de repos. Au centre des bains se trouve la piscine qui semble se fondre en une seule unité avec le lac de montagne à proximité. L’aménagement intérieur devait offrir une ambiance intime dans cette architecture dépouil-
lée, grâce à l’utilisation de matériaux naturels et nobles, en majorité de provenance locale, comme les revêtements en chêne massif noueux des parois, et le mobilier en bois massif des chambres et du restaurant. La majorité du mobilier et notamment les fauteuils, les chaises, les tables et les luminaires ont été développés spécialement pour ce projet, dont les aménagements intérieurs sont mis en valeur par les jeux de lumière.
Situation
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Lieu Frutt 9, 6068 Melchsee-Frutt Maître d’ouvrage Frutt Lodge AG, à travers Eberli Generalunternehmung, Sarnen Entreprise générale Eberli Generalunternehmung, Sarnen Direction de projet Siegwart Baumanagement, Buochs Architecte Lussi + Halter Partner AG, Lucerne, et Architekturwerk AG, Sarnen Architecte d’intérieur Matthias Buser, Zurich Direction des travaux Thomas Spitzmüller, Giswil Ingénieur civil Durrer AG, Kerns Ingénieur technique du bâtiment Rebsamen Elektroplan AG, Lucerne (électricité), Peter Berchtold Ingenieure, Sarnen (CVC), et BauConnect AG, Stans (sanitaire) Aménagement intérieur Amstutz Holzbau AG, Stans (revêtement de paroi dans le bar et le spa, sol en bois massif), Frank Türen AG, Buochs (portes et portes coulissantes, avec ou sans résistance au feu, parois vitrée, sas d’entrée), Holz + Idee GmbH, Meiringen (vitrines, rambardes escaliers), Holzbau Bucher AG, Kerns (fenêtres, banquette dans le spa), Klosterschreinerei Engelberg (aménagement salle de séminaire, revêtement chêne, embrasures fenêtres avec jalousies en cèdre dans la zone spa), schaerholzbau AG, Altbüron (plafond, lambris et embrasures en chêne dans la pinte, le restaurant et les corridors, table du buffet en chêne), Vogel Design AG, Ruswil (armoires, lambris, corniches, vestiaire, réception, cloisons, meubles) Investissement CHF 44 millions (hôtel) et CHF 4 millions (maison du personnel) Volume 42 724 m3 Durée de construction Mai 2008 – octobre 2009 (habitations), mai 2009 – décembre 2011 (hôtel) Photographe Franz Rindlisbacher, Zurich
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Coupe
Semi-enterré
Rez-de-chaussée
1er étage
2e + 3e étage
Etage de toiture
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40 m
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Plan chambre
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Plan restaurant
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Bibliothèque de la Haute Ecole de St-Gall, Saint Gall Le nouveau bâtiment de la Haute Ecole de St-Gall, situé à proximité de la gare, regroupe différentes disciplines qui se trouvaient jusqu’ici disséminées en divers lieux. Composé d’une tour s’élevant au-dessus d’un socle de cinq niveaux, l’édifice permet de profiter ainsi de nouvelles synergies. Située en position centrale et marquant ainsi son importance, la bibliothèque fait appel au bois pour son aménagement intérieur. La situation du bâtiment à deux pas de la gare, lui permet d’accueillir de manière optimale les étudiants provenant de l’ensemble du canton et même au-delà. L’ouvrage s’insère dans la trame orthogonale du parcellaire dont les immeubles forment des blocs de taille similaire ou s’étendent le long des artères principales. Des édifices publics à l’image de la poste principale sont également intégrés à ce quartier en pleine mutation. Le bâtiment s’articule en plan par la reprise de l’alignement des rues et en coupe par la relation du socle avec la hauteur de corniche des immeubles alentour. Dominant celui-ci, s’élève la tour qui en accord avec celles de la poste principale et de l’hôtel de ville, répond à une échelle urbaine supérieure. La tour constitue en soi un second caractère par rapport au socle intégré au tissu urbain qui l’enceint: elle semble un solitaire, symbole de la nouvelle Haute Ecole de St-Gall et caractérise l’esprit de pionnier de ce quartier situé entre la Rosenbergstrasse et les voies ferroviaires. Le bâtiment s’aligne sur deux faces aux rues existantes tandis que sur les deux autres, en retrait, il ménage des esplanades. La place surélevée devant la haute école s’oriente en direction des voies de chemin de fer, séparée de celles-ci par la rampe d’accès à la gare. Malgré sa situation urbaine, l’implantation du bâtiment permet ainsi de dégager des espaces dédiés au délassement et à la mobilité douce. La répartition du programme en groupes principaux correspond à la division spatiale des corps de bâtiment. Dans les cinq niveaux de la partie inférieure se situent les locaux d’enseignement, du niveau de base à la formation continue. Le rez-de-chaussée accueille l’auditoire, la cafétéria et le restaurant universitaire qui profitent de hauteurs sous plafond plus élevées. La mise en porte-à-faux des étages par rapport au rez permet en outre de créer un auvent qui abrite le parc à vélo et l’entrée principale de l’institution. Dans la tour de quatorze étages surplombant la ville, se trouvent les espaces à plus petite échelle des instituts et de l’administration. La toiture du socle est une terrasse conçue comme un parc qui bénéficie d’une vue attractive. Elle offre un large espace de détente aux étudiants où alternent les plantations, les zones praticables et les bancs. En dépit de sa composition en deux volumes distincts, l’ensemble du bâtiment est perçu comme une seule unité grâce à l’expression uniforme des façades qui ne se différencient que par la prépondérance des horizontales dans le socle et des verticales pour la tour. L’ouvrage acquiert ainsi une certaine légèreté malgré sa structure massive. La disposition en couronne des locaux d’enseignement du socle dégage une zone libre au milieu du bâtiment ou s’ancre la tour en position
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centrale, flanquée de deux atriums. Le premier, ouvert sur extérieur, permet l’éclairage des circulations tandis que le second, qui s’étend sur quatre niveaux à l’image d’un puits de lumière surdimensionné, accueille la bibliothèque sur trois étages. Celle-ci est donc située en position centrale, affirmant son rôle d’appui indispensable dans le processus d’étude et rappelant dans sa disposition la bibliothèque baroque du monastère de la ville. L’ensemble de l’aménagement intérieur de la bibliothèque est réalisé par des panneaux à base de bois plaqués de chêne. Les gardes corps sont en partie munis de tables de lectures et se transforment de cette façon en autant de lieux d’étude. Des modules complémentaires indépendants assurent la même fonction. Les composants principaux de la bibliothèque s’incarnent dans 30 ’tours à livres’ cubiques munies d’un éclairage supérieur les mettant en relief. De part et d’autre de l’espace central, deux éléments semblables accueillent les escaliers de liaison. Au niveau inférieur de la bibliothèque, des banquettes prennent en outre place autour des puits de lumière qui éclairent le foyer. Celui-ci, situé au rez et doté des équipements audiovisuels nécessaires, permet à l’occasion d’accueillir des expositions et d’autres manifestations.
Situation
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Coupe
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Rez-de-chaussée
1er étage
5e étage
15e étage
40 m
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Lieu Rosenbergstrasse 59, 9000 Saint-Gall Maître d’ouvrage Office des constructions du canton de Saint-Gall, City Parking AG St-Gall, Tiefbauamt St-Gall Architecte giuliani.hönger, Zurich Direction des travaux b + p Baurealisation, Zurich Ingénieur civil Dr. Lüchinger + Meyer Bauingenieure, Zurich Ingénieur technique du bâtiment 3-Plan, Winterthour (CVC, coordination), mtp, Uster (électricité), Tri Air, Jona (sanitaire, sprinkler), et Boxler MSRL-Engineering, Rapperswil-Jona (automation du bâtiment) Ingénieur façade gkp fassadentechnik, Aadorf Architecte paysagiste Hager Landschaftsarchitektur, Zurich Ingénieur éclairage Artlight, St-Gall Physique du bâtiment et acoustique Mühlebach Akustik + Bauphysik, Wiesendangen Ingénieurs de protection incendie Makiol + Wiederkehr, Beinwil am See, et Balzer Ingenieure AG, Coire Aménagement bibliothèque Spirig Schreinerei AG, Oberegg Coûts CFC 1–9 CHF 131 millions Surface de plancher SIA 416 36 600 m2 Volume bâti SIA 416 131 000 m3 Calendrier Concours de projet ouvert 2003 (1er prix), avant-projet et projet d’exécution 2003–2004, réalisation dès 2008, achèvement 2012 Photographes Walter Mair, Zurich (intérieur), et Georg Aerni, Zurich (extérieur)
Détails coupe
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Maison de l’écriture, Montricher Lorsque le maître d’ouvrage, la fondation Michalski, s’approche de l’architecte, ce qui deviendra la maison de l’écriture n’est pas encore un projet, même pas une esquisse; pas de programme, de ligne directrice. Ce n’est qu’un souhait, un songe, celui d’accueillir des écrivains dans un lieu qui favorise la création afin que, libérés de toute contingence, ils puissent se consacrer entièrement à leur art. Du dialogue entre architecte et maître d’ouvrage naîtra au fil des rencontres, des échanges, une unité de vue, jusqu’à ce que, presque fortuitement, un lieu soit trouvé; au pied du versant du Jura, les prémices d’une ville. Ce n’est pourtant qu’une colonie de vacances, comprenant plusieurs corps de bâtiment et une chapelle, qui s’ouvrait en été pour accueillir, grâce à l’église St-Joseph, les petits Lausannois. Aujourd’hui, faisant place à ce groupe se dresse maintenant un vaste ensemble, une ‹maison› protégée par une canopée de près de 4500 m2, faite d’une résille organique de béton qui délimite sans enfermer. Sous elle, deux prismes sobres semblent jaillir du sol. Suivant la rue originelle, on accède par une rampe en pente douce à la piazzetta située entre ces deux monolithes. De là on entrevoit au loin, évanescente dans la brume de juillet, la ville de Lausanne, comme peut-être les enfants d’alors espérant leurs parents les devinant depuis le pont Chaudron. De cet ensemble, conçu comme un tout évolutif, ne sont encore visibles que les bâtiments qui forment la colonne vertébrale du projet: l’auditorium et la salle d’exposition dans l’un des coffres, la bibliothèque dans l’autre. Ceux-ci seront bien-
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tôt complétés par les unités communes et les lieux de vie des auteurs, suspendus à la canopée dans un esprit de légèreté. L’auditorium surmonté par la vaste salle d’exposition occupe la place de l’ancienne chapelle. Si le béton à l’extérieur forme comme une gangue protectrice qui joue avec la lumière filtrant à travers la canopée, à l’intérieur le bois prédomine. Accompagné du dallage en pierre naturelle du Jura, il souligne les espaces et conduit les visiteurs. A travers le foyer on atteint en gravissant des marches en pente douce le site des expositions, semblant presque une nef, dont la toiture formée de poutres lamellées collées de chêne repose sur des poteaux de la même essence. Vers l’auditorium en revanche, l’escalier prend appui sur des voiles imposants en béton qui s’inclinent alors pour le recevoir, tels des atlantes agenouillés. Les détails ont été soigneusement étudiés à l’image de la rambarde en chêne, munie d’une gorge sur sa face arrière qui, invisible, guide pourtant la main du visiteur. Au plafond de l’auditorium, construit en crypte, des panneaux en chêne procurent à cet espace une acoustique propice à l’échange et au débat. Jouxtant le bâtiment de l’auditorium, la bibliothèque d’une capacité de 85 000 volumes, paraît un autre univers. Le chêne, omniprésent, semble vouloir effacer la limite entre meuble et structure grâce à l’étroite collaboration qui s’est développée avec l’ingénieur bois. Issu de près de 260 arbres centenaires peut être un jour plantés pour quelque vaisseau au long cours, il forme les colonnes de soutien des passerelles où les panneaux supports des livres viennent se loger. Les coursives apparaissent alors au spectateur comme
autant de ponts de navire voguant sur une mer imaginaire, matérialisée par le lac en arrière-fond que l’on devine au-delà des oriels. Ces lieux d’écriture accueilleront les écrivains dans des espaces privilégiés où la frontière entre intérieur et extérieur s’estompe. Les circulations prennent appui sur des consoles suspendues à leur extrémité par des tirants en acier qui remontent les charges vers la toiture. Au rez, une vaste salle dégagée par l’absence des coursives, permet d’accueillir une large table de lecture, tout comme la salle dite du Jury qui à l’étage supérieur, insonorisée, s’étend sur deux niveaux. Dans cette construction que son concepteur a souhaitée comme un projet en constante évolution, le bois prend une place de premier plan et ses fonctions structurelles se fondent dans une unité harmonieuse qui offre à l’ensemble ses caractéristiques propices à la réflexion et à la création. L’ouvrage s’incarne alors pleinement en maison de l’écriture qui accueillera bientôt des auteurs du monde entier.
Situation
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Coupe bibliothèque
Coupe piazzetta
Coupe auditorium
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Coupe longitudinale
40 m
Plan niveau +2
Plan niveau jardin
Plan niveau -2
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Lieu En Bois Désert, 1147 Montricher Maître d’ouvrage Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature, Montricher; Présidente Vera Michalski; Conseillers: AOS Studley SA, Lausanne, SO Management, Nyon Architecte Bureau d’architecture Vincent Mangeat SA, Mangeat-Wahlen architectes associés, Nyon Ingénieur bois Charpente Concept, Perly; collaborateur: Rafael Villar Ingénieur civil E. Dupuis & associés Ingénieurs civils SA, A. Colombo, Nyon, et Muttoni & Fernandez Ingénieurs Conseils SA, Ecublens Conception auditorium Schwab-System John Schwab SA, Prêles Ingénieur CV thermique Sorane SA, Ecublens Ingénieur sanitaire Tecsan, Ollon Ingénieur électricité Louis Richard Ingénieurs Conseil SA, Orbe Ingénieur environnement Biol Conseils SA, Neuchâtel Entreprise générale Losinger Marazzi SA, Bussigny Entreprises bois JPF-Ducret, Orges et Bulle (charpente), J. Bodenmann SA, Le Brassus (menuiserie), Schwab-System John Schwab SA, Prêles (auditorium), Menétrey SA, Le Mont-sur-Lausanne (revêtement de sol), et André SA, Yens (portes) Bois mis en œuvre Chêne lamellé collé 67 m3 (auditorium) et 250 m3 (bibliothèque) Volume bâti SIA 416 7100 m3 Durée de construction Août 2009 – juin 2013 (1ere étape) Photographe Corinne Cuendet, Clarens
Coupe façade bibliothèque
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Lignum Holzwirtschaft Schweiz Economie suisse du bois Economia svizzera del legno Mühlebachstrasse 8 En Budron H6, CP 113 CH-8008 Zurich CH-1052 Le Mont sur-Lausanne Tél. 044 267 47 77 Tél. 021 652 62 22 Fax 044 267 47 87 Fax 021 652 93 41 info@lignum.ch cedotec@lignum.ch www.lignum.ch www.lignum.ch Bulletin bois, septembre 2013 Editeur Lignum, Economie suisse du bois, Zurich Christoph Starck, directeur
Rédaction Roland Brunner, Lignum, et Denis Pflug, Lignum-Cedotec Conception graphique BN Graphics, Zurich Impression Kalt-Zehnder-Druck AG, Zoug Administration, abonnements, expédition Andreas Hartmann, Lignum
ISSN 1420-0252
Le Bulletin bois paraît quatre fois par année, en allemand et en français. Abonnement annuel CHF 48.– Publications isolées CHF 20.– Classeur (10 numéros) CHF 140.– Classeur vide CHF 10.– Prix sous réserve de modifications. Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des différents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.