Bulletin bois 144/2022

Page 1

Bulletin bois

Ouvrages d’ingénieurs

‹Schüür› Burgrain, Alberswil Passerelles pour piétons et cyclistes, Rupperswil/Auenstein Tour d’observation Hardwald, Dietlikon Atelier AWEL, Andelfingen Passage à faune Rynetel, Suhr Halle Volprod, Aigle ‹Passerelle des Trappistes›, Val de Bagnes/Sembrancher

Un corps sculptural en pleine forêt: la tour panoramique au nord de Zurich offre un visage différent selon le point de vue de l’observateur et permet de découvrir les strates de la forêt. Architecte: Luna Productions, Deitingen. Photo: Ladina Bischof, Saint-Gall

144/2022

4

International Award for Wood Architecture

Ce prix, décerné par la presse internatio nale spécialisée dans le bois, est une dis tinction annuelle qui récompense des réa lisations exceptionnelles dans le domaine de l’architecture en bois. Il vise à encou rager le développement de solutions ar chitecturales innovantes dans le domaine de la construction en bois. Parallèlement, il permet un échange entre les différents pays dans lesquels la construction en bois joue un rôle de plus en plus important.

Les revues spécialisées Bulletin Bois (Suisse), Mikado (Allemagne), PUU (Fin lande), Séquences Bois (France) et Trä! (Suède) proposent chacune trois projets réalisés au cours de l’année. Un jury com posé de représentants des rédactions dé signe ensuite le lauréat dans le cadre du ‹Forum Bois Construction› international.

1 Campus Ecotope: La structure du pro jet destinée à l’EPFL devient un élément déterminant de l’expression conceptuelle. Architecture et visualisation 3XN Architects et IB Itten Brechbühl.

2 Tour Hasenberg: La tour panoramique de 40 mètres de Widen, en Argovie, offre une vue panoramique. La forme de la tour est caractérisée par sa structure en bois lamellé-collé revêtue de panneaux lamibois imprégnés sous pression. Ingénieurs bois Makiol Wiederkehr AG, Beinwil am See. Photo Jürg Zimmermann, Zurich.

3 Halle de production SWG Schrauben werk Gaisbach GmbH à Waldenburg (D): Le bâtiment a été récompensé en 2022 par le prix de la construction en bois du BadeWurtemberg comme exemple d’architecture industrielle contemporaine. Architectes HK Architekten, Schwarzach (A). Photo Arch. DI Roland Wehinger.

4 Le futur terminal A de l’aéroport de Zurich: vue de l’atrium à plusieurs étages. Équipe de projet Bjarke Ingels Group (BIG, DK) avec Hellmuth, Obata + Kassabaum (HOK, USA), 10:8 Architekten (Zurich), Ingenieurbüro Buro Happold (GB) et Pirmin Jung Schweiz AG (Sursee) Visualisation

Imigo

3642 3 1
2

Des structures porteuses comme expression architecturale

En juin de cette année, l’aéroport de Zurich a présenté l’esquisse d’un nouveau terminal A, approuvé par le Conseil d’administration, destiné à remplacer l’aérogare existante. L’en semble prévu comprend un terminal propre ment dit avec une plateforme d’échange et une tour de contrôle. Le bâtiment devrait être construit en bois issu des forêts de la région. Le projet ‹Raumfachwerk› est issu d’une équipe de planification internationale autour de Bjarke Ingels Group (BIG, DK) avec Hellmuth, Obata + Kassabaum (HOK, USA), 10:8 Architekten (Zurich), le bureau d’ingénieurs Buro Happold (GB) et Pirmin Jung Schweiz AG (Sursee) en tant que concepteur de la structure en bois. Il mise non seulement sur le bois, matériau du rable, mais aussi sur l’énergie solaire: l’entier de la toiture sera dévolu au photovoltaïque. Cette surface permettra de couvrir environ deux tiers des besoins annuels en électricité du nouveau terminal qui devrait voir le jour à partir de 2030 pour un coût estimé à 700 millions de francs. Ce projet a convaincu le jury tant d’un point de vue économique et d’exploitation que de celui de l’urbanisme et de l’architecture. En particulier les piliers de bois en V de la struc ture porteuse apparente, avec sa géométrie marquante, offrira à l’avenir aux voyageurs une expérience spatiale hors du commun. Dispo sée selon une trame régulière, la structure por teuse de la section transversale évolue à me sure que l’on avance dans l’aile. La modulation du toit qui en résulte – d’une épine dorsale à l’extrémité ouest à son déploiement spectacu laire en atrium à la jonction avec la plateforme d’échange – crée un apport de lumière zéni thale qui se déploie en douceur. Le système

porteur et la conception spatiale ne font plus qu’un. Le bois devient à la fois un moyen d’atteindre l’objectif et de structurer l’espace. En Suisse romande, le nouveau campus Eco tope de l’École polytechnique fédérale de Lau sanne (EPFL) est un autre projet d’importance en cours d’élaboration. Dans le cadre d’un appel d’offres qui comptait quatre équipes invitées, l’EPFL a confié la planification et la construction aux bureaux 3XN Architects et IB Itten Brechbühl. L’Ecotope pour l’Innovation fait partie d’un plan directeur stratégique d’une superficie totale de 250 000 m2 qui vise à créer un site social, durable et actif dans un pôle technologique en lien avec l’EPFL. Le nouveau complexe doit étendre le parc scienti fique existant sur un nouveau site, d’une sur face de 140 000 m2, à l’ouest du campus. Si l’on observe les visualisations des nouveaux bâtiments prévus, avec l’édifice principal situé à l’angle sud-est du site, on est également frappé par l’effet de la structure porteuse en bois qui devient une composante de l’architec ture déterminant l’espace, aussi bien de l’exté rieur que de l’intérieur.

Dans l’industrie aussi, le bois de structure anime les espaces. La nouvelle construction de la halle de production à cinq nefs de la société SWG Schraubenwerk Gaisbach GmbH à Waldenburg en Allemagne est également une réalisation pionnière des structures en bois, tout aussi convaincante sur le plan archi tectural. Le bâtiment d’une hauteur d’environ 12 m, pour 96,5 m de large et 114 m de long, a d’ailleurs été récompensé cet été par le prix de la construction en bois du Bade-Wurtemberg 2022. Selon le jury, cette construction est

‹un exemple éclatant d’architecture industrielle contemporaine: efficace en termes de res sources, durable et belle›.

Ce qu’il est possible de faire aujourd’hui avec le bois, comme matériau de construction, est également démontré par le centre culturel Sara à Skellefteä, dans le nord de la Suède, qui a reçu en 2022 le prix international d’architecture en bois décerné par la presse spécialisée (voir l’encadré à la page 3642 et au dos de ce nu méro).

Plus modeste mais néanmoins spectaculaire, la tour Hasenberg à Widen, en Argovie, a été achevée en 2021. Située dans la zone de loisirs de Hasenberg à près de 720 m d’altitude, cette tour de 35,9 m offre depuis sa plateforme d’observation une vue panoramique de 220 degrés. La structure porteuse est une charpente en bois basée sur un plan triangulaire. Un es calier métallique intérieur permet d’atteindre son sommet, tandis que le revêtement en lamibois imprégné sous pression caractérise l’expression architecturale de l’ouvrage.

Dans les pages suivantes de ce Bulletin bois vous découvrirez d’autres exemples remar quables: du premier passage à faune en bois à la tour panoramique de Hardwald qui vient d’être achevée, les exemples illustrent la colla boration fructueuse entre les différents concepteurs, architectes et ingénieurs. Nous vous en souhaitons bonne lecture.

3643

‹Schüür› Burgrain, Alberswil

Cette grange réinterprétée abrite le Musée suisse de l’agriculture et réunit sous un même toit des surfaces de stockage et de logistique d’entreprises partenaires. Le foyer d’entrée du musée s’étend sur trois niveaux et accueille un escalier destructuré, tandis que des vi trages intérieurs laissent transparaître pour le visiteur les multiples affectations du bâtiment.

Le nouveau bâtiment complète la zone constructible spéciale rattachée à un ensemble, l’Agrovision Burgrain, centre de découverte du monde agraire. Il fait partie du groupe de constructions autour du Musée suisse de l’agri culture, jusqu’à présent hébergé dans une mai son bourgeoise du 19ème siècle, classé monu ment historique, et sa remise des années 1960. L’ouvrage comprend désormais le musée agri cole ainsi que les surfaces de stockage, de lo gistique et de services de RegioFair Agrovision Zentralschweiz AG, qui distribue des produits biologiques en lien direct avec l’Agrovision Burgrain. Ce regroupement spatial a permis de créer des synergies durables.

Le nouveau volume, semblable à un hangar, complète les constructions existantes du côté ouest et délimite une cour en position cen trale où s’épanouit un magnifique marronnier. Légèrement en retrait, ce bâtiment allongé de dimensions imposantes laisse cependant la préséance à la silhouette de la maison bour geoise. Le foyer, qui s’étend sur trois niveaux, accueille le visiteur et un escalier sculptural le conduit jusqu’aux combles où se développe l’espace muséal. Au rez-de-chaussée, des vi trages intérieurs fixes permettent au public de percevoir les autres affectations en lui offrant une vue de la vaste halle de stockage à l’ar rière, tout comme à l’étage sur les bureaux paysagés qui profitent ainsi, indirectement sur cette face, de la lumière du jour. L’habillage de l’escalier et sa forme libre contrastent avec la trame rigoureuse du reste du bâtiment.

Le rez-de-chaussée, accessible au public, se compose d’une grande réception en tête du bâtiment que différents volumes structurent dans l’espace. On y trouve une salle de réu nion, un bureau et la réception. Cet espace ouvert offre des surfaces pour le café, la bou tique et une pièce en retrait accueillant un lieu de conférence et de formation. Stockage et logistique, visibles depuis le foyer, s’étendent sur l’espace restant du rez-de-chaussée. L’en tresol du bâtiment de tête abrite un bureau paysager ainsi que des unités individuelles avec salle de réunion et petit espace de pause.

Les combles accueillent une salle de sémi naire, la cuisine de formation adjacente, ainsi que le foyer de l’espace muséal qui complète la surface.

Ce programme varié est regroupé dans un volume compact couvert par un toit à deux pans à faible pente. Dès le stade initial du pro jet, le bâtiment a été pensé en bois pour des considérations constructives, mais aussi pour l’acceptation sociale et les propriétés de ce matériau de construction durable. Dans la partie principale, au-dessus de la halle de sto ckage à double hauteur, la structure se com pose d’un plancher à caisson qui repose sur des poutres transversales. Ces sommiers sur trois appuis de 30 m de long, constitués de sections en BLC doubles, reposent sur un unique axe de poteaux au milieu de la halle, limitant ainsi l’emprise au sol de la structure. Evoquent les constructions rurales. Un soli vage traditionnel correspond à la zone des bureaux. Les différents systèmes de plancher ont été choisis en fonction des exigences acoustiques, techniques et de protection in cendie. La toiture est conçue comme une charpente sur poteaux, les pannes centrales et faîtières s’appuyant sur les poutres continues sous-jacentes. La tête du bâtiment se dis tingue de la zone logistique. En raison de son utilisation (foyer, salle, cuisine scolaire), les pannes franchissent l’espace sans poteaux et reposent sur les murs intermédiaires. Le bois est également omniprésent dans les aménage ments intérieurs où il apparaît sous différentes formes et essences, soulignant ainsi la diver sité des espaces.

Un lambris vertical en bois ajouré des effets de profondeur et des jeux d’ombres qui modulent la façade selon l’heure de la journée. Ainsi protégées, les baies vitrées aux formats diversi fiés ponctuent les façades et percent largement les pignons. Ce filtre en bois donne à la peau extérieure une image uniforme.

Le chauffage de l’ouvrage est assuré en pre mier lieu par la valorisation de la chaleur rési duelle de l’installation frigorifique de l’entre prise RegioFair. Une centrale photovoltaïque disposée sur la moitié du toit orienté au sud, d’une surface de 1445 m2, alimente l’ensemble du complexe en énergie électrique.

L’aménagement paysager des alentours recourt à une végétation adaptée au site et typique de la région. Grâce à son volume compact et à la sobriété de son revêtement de façade en bois, le bâtiment s’intègre aujourd’hui parfaitement dans son environnement agricole.

Situation

3644

Lieu Burgrain 24, 6248 Alberswil

Maître d’ouvrage RegioFair, Agrovision Zentralschweiz AG, Alberswil

Architectes/Direction générale Schwyter Benz Architekten AG, Zurich

Architecte paysagiste Rosmarie Eichenberger, Dipl.

Landschaftsarchitektin BSLA, Rodersdorf

Direction des travaux Baureag Architekten AG, Willisau

Ingénieur civil iPlus Bauingenieure AG, Sursee Ingénieur bois Lauber Ingenieure AG, Lucerne Ingénieur électricien Wey + Partner AG, Sursee

Technique du bâtiment Eugen Bienz AG, Ebikon

Physique du bâtiment Kuster + Partner AG, Coire

Entreprises bois Renggli AG, Schötz (structure); Küng Holzbau AG, Alpnach (escaliers); Karl Bucher AG, Goldau (aménagements intérieurs); Strasser AG Thun, Thoune (aménagements intérieur musée); Schreinereri Scherrer Willisau GmbH, Willisau (menuiserie, revêtements acoustiques); Holzbau Bucher AG, Kerns (fenêtres);

Bleisch Schreinerei AG, Lucerne (portes); Strasser AG Thun, Thoune (création mobilier des architectes); Krucker Partner AG, Rothenburg et Hans Späti AG, Winterthour (mobilier); Loosli Holzbau Willisau AG, Willisau (parquet)

Bois mis en œuvre Bois lamellé-collé et bois massif reconstitué, env. 630 m3, panneaux trois plis épicéa 9400 m2

Coûts Pas de données

Surface de terrain SIA 416 13 610 m2

Surface bâtie SIA 416 2480 m2

Surface de plancher SIA 416 5675 m2

Volume SIA 416 31 400 m3

Durée de construction avril 2020 juin 2021

Photographe Romeo Polcan, Wald

3645
3646
3647 20 m Coupe transversaleCoupe longitudinale Rez-de-chaussée Etage sous toiture

Composition toiture sud: Modules PV et supports 109 mm

Lattage 30/50 mm

Contre-lattage 80/80 mm

Lé de sous-toiture étanche

Voligeage 20 mm

Ventilation 60/100 mm

Panneau de fibres tendre 40 mm

Chevrons 80/240 mm, a=0,65/ isolation en laine de roche

Pare-vapeur

Panneau trois plis, vissage apparent 27 mm Lasure anti-UV, incolore

Composition avant-toit: Panneaux PV 25 mm

Rail en aluminium 40/10 mm

Contre-lattage 80/60 mm

Lé de sous-toiture étanche Voligeage 20 mm

Ventilation 60/100, 100 mm Lambris d’avant-toit N1 35 mm

Chevrons 80/240mm, a=0,65

Composition plancher combles: Parquet en bois massif 21 mm

Chape anhydrite 60 mm avec chauffage au sol

Feuille PE

Résilient acoustique 20 mm

Isolation thermique 20 mm

Lé d’étanchéité à l’eau d’extinction

Lamibois à plis transversaux 39 mm Nervures C24 100/260 mm, a=625 mm/ isolation laine minérale 140 mm/ granulats 60 mm

Panneau trois plis 42 mm Lazure anti-UV, incolore

Composition plancher: Revêtement de sol 10 mm Chape anhydrite 60 mm Feuille PE

Résilient acoustique 30 mm Lé d’étanchéité à l’eau d’extinction Elément en caisson de type acoustique 320 mm

Coupe de détail

3648
3649
3650

Passerelles pour piétons et cyclistes, Rupperswil/Auenstein

Les deux passerelles successives pour piétons et cyclistes situées entre Rupperswil et Auenstein, de près de 100 mètres chacune, tra versent l’Aar avec élégance. Leurs structures porteuses principales en poutres continues permettent d’obtenir des profils particulière ment élancés. Les poutres de bord, avec leur forme particulière, soulignent la légèreté de cette construction en bois non traité et rendent visible le cheminement des efforts.

Les ponts routiers existants au-dessus des bras de l’Aar et de son canal de dérivation n’offraient pas une capacité suffisante pour les piétons et les cyclistes. Les deux passerelles supplé mentaires constituent une liaison attrayante et sûre pour la mobilité douce dans la zone de loisirs d’Aarau. Elles sont disposées parallèle ment aux ponts existants à une distance de 7,50 m du côté aval et présentent une largeur utile de 3,50 m. La structure de ces ouvrages est constituée de poutres principales en bois lamellé-collé. Le tablier situé au-dessus est composé de solives disposées transversalement, surmontées d’un panneau trois plis et d’un revêtement de chaussée en asphalte coulé. Le garde-corps en acier de 1,30 m de haut com prend une main courante en bois. Les culées et les piles des passerelles sont en béton armé, fondées sur des pieux forés. Une plateforme, d’où il est possible d’observer la nature dans les environs proches, complète l’un des ou vrages.

Lors d’une première étude de faisabilité, des variantes en béton, en bois, voire des ponts

suspendus de grande portée ont été exami nées. Afin de limiter la restriction de la section d’écoulement de la rivière, la position des piles devait correspondre à celles des ponts routiers existants. Il convenait en outre que les réalisations elles-mêmes s’intègrent de façon harmonieuse à leur environnement. La solu tion bois, convaincante en matière de coûts, répondait parfaitement à ces exigences. La conception formelle des projets était également une priorité : en collaboration avec le bureau d’architectes, la forme a été développée et visualisée au moyen de maquettes. Par leur sobriété, les garde-corps en acier dotés de simples barreaux verticaux, à la manière d’un filtre, jouent un rôle important dans l’expres sion des passerelles, tout comme leurs mains courantes en bois.

Les semelles de fondation et les culées ont été réalisées en béton coulé sur place, tandis que les piles sont en béton préfabriqué. Les culées et les piles sont ancrées sur des pieux forés.

La forme des culées en béton prolonge les ouvrages et marque leurs accès. Les piles pré fabriquées intègrent des chapiteaux sur les quels prend appui la superstructure en bois à travers des appareils d’appui constitué de poutres en acier.

La première passerelle de 5 travées a une por tée maximale de 22 m, tandis que la seconde de 3 travées a une portée maximale de 32 m.

Les porteurs principaux longitudinaux sont composés de poutres individuelles en bois lamellé-collé complétées par des parties laté rales en lamellé croisé. La longueur maximale

des poutres en bois lamellé-collé pour la pro duction et le transport est d’environ 40 m, c’est pourquoi les poutres sont jointes. Grâce à une disposition réfléchie, les poutres conservent cependant leur continuité. Les joints sont en effet alternés dans les zones où les moments sont minimaux. Le premier ou vrage, dont les portées sont plus courtes, comporte des éléments latéraux de 0,72 m x 0,84 m de chaque côté, tandis que le second, de plus grande portée, est soutenu par une poutre principale de 2,16 m x 1,0 m.

Les éléments extérieurs sont façonnés de telle manière que la section pleine, en correspon dance des piles et des culées, s’amincit vers le milieu de la travée, ce qui est judicieux d’un point de vue statique et présente en outre des avantages pour la protection constructive du bois. Les poutres longitudinales ont été dotées d’une contre-flèche à la production conforme aux déformations calculées. Cette exécution permet de respecter l’aptitude au service en ce qui concerne l’aspect et aucune stagnation d’eau n’affecte le tablier après le fluage de la structure porteuse. La construction du gardecorps a été conçue de manière à ce qu’il soit pratiquement indépendant du tablier. Afin d’assurer néanmoins la reprise des poussées sur le garde-corps, des traverses en acier sont montées sur les poutres principales tous les deux mètres et liées aux poteaux par des plaques frontales. Les poutres transversales permettent en outre de répartir efficacement la charge entre les différentes poutres longitu dinales.

Lieu Aarauerstrasse, 5105 Auenstein

Maître d’ouvrage Canton d’Argovie

Ingénieurs bois Makiol Wiederkehr AG, Beinwil am See

Ingénieurs civils Wilhelm+Wahlen Bauingenieure AG, Aarau

Architectes Edelmann Krell, Zurich

Entreprise bois Schäfer Holzbautechnik, Aarau

Bois mis en œuvre Panneaux trois plis 50 mm, 648 m2/32,4 m3; lamellé croisé 100 mm, 6,4 m2/0,64 m3; BLC GL24h/GL28h 358 m3; main courante mélèze (d=100 mm) 378 m/2,97 m3

Coûts CHF 5,7 millions

Durée de construction juin 2019 avril 2020 Photographe Roger Frei, Zurich

3652 Coupe pont A
Île

Composition passerelle A:

Gravier 2/4

Couche supérieure asphalte coulé MA 11 35 mm

Couche de protection MA 8 25 mm

Lés d'étanchéité en bitume polymère (PBD), en pleine surface, bords et joints soudés

Couche de séparation (voile de verre)

Panneau trois plis 50 mm

Poutres transversales 160/220 mm, GL24h, e=500 mm

Poutres longitudinales BLC h=840 mm

Composition passerelle B:

Gravier 2/4

Couche supérieure asphalte coulé MA 11 35 mm

Couche de protection MA 8 25 mm

Lés d'étanchéité en bitume polymère (PBD), en pleine surface, bords et joints soudés

Couche de séparation (voile de verre)

Panneau trois plis 50 mm

Poutres transversales 160/220 mm, GL24h, e=500 mm

Poutres longitudinales BLC h= 1000 mm

3653 Elévation pont A Elévation pont B Coupe pont B
Île

Tour d

observation Hardwald, Dietlikon

Dans la forêt de Hardwald, au nord de Zurich, se dresse depuis peu une tour d’observation singulière. Véritable corps sculptural, sa sil houette varie selon les points de vue. La struc ture primaire se base en effet sur le triangle, forme statique idéale. Une enveloppe protec trice ajourée protège les éléments de l’action directe des intempéries et offre une percep tion originale des espaces intérieurs et de la verticalité de la forêt.

Située au centre de la forêt de Hardwald, visible loin à la ronde, la tour panoramique domine la cime des arbres du haut de ses 41 mètres.

Projet du triage forestier du Hardwald et des communes limitrophes d’Opfikon, Kloten, Wallisellen, Bassersdorf et Dietlikon, elle tire parti de l’utilisation du bois de sa propre forêt.

La tour devient alors une attraction dans cette zone de détente particulièrement fréquentée de l’agglomération zurichoise.

Le triangle, en tant qu’unité statique stable, a servi de point de départ à la conception. Les plateformes sont constituées de deux triangles équilatéraux, formant un losange, disposés symétriquement à chacun des quatre niveaux.

La rotation de 60° de ces éléments crée un corps sculptural qui se présente sous différentes formes selon le point de vue. La tour présente, de cette manière, un visage distinct à chacune des communes riveraines.

L’ouvrage se compose de quatre modules identiques qui s’empilent pour atteindre une hauteur totale de 40 mètres. La tour Hard wald est ainsi actuellement la troisième tour en bois la plus élevée de Suisse, la plus haute

entièrement protégée par un bardage. La structure primaire est formée par les diagonales dans l’axe vertical et les traverses horizontales.

Les diagonales et les traverses forment des triangles isocèles, d’une hauteur d’environ 10 m chacun, réunis en parallélogrammes verticaux sur les grands côtés de la réalisation, tandis que placés obliquement, ils constituent autant de facettes sur les petits côtés.

Chacun des quatre modules comprend huit diagonales formant autant de triangles avec les traverses horizontales qui sont doublées afin d’assurer l’autonomie de chaque segment. Ces segments sont édifiés exactement de la même manière, ce qui permet de répéter les éléments de construction et d’assurer une pré fabrication efficace. Cette géométrie ne crée en effet que deux types de nœuds différents.

La tour repose sur des fondations individuelles qui n’occupent que 1,8 m2 de la surface du sol.

Les réactions d’appui, y compris celle de sou lèvement, sont transmises au sol au moyen de micropieux (16 unités de 20 m chacune). Il a ainsi été possible de renoncer à une excavation de grande envergure, préservant de la sorte le terrain naturel. La couverture végétalisée de l’escalier menant à la plateforme panoramique a même permis de compenser cette emprise.

Les escaliers longent les faces longitudinales et leurs paliers sont disposés sur des éléments transversaux qui stabilisent en outre les diago nales. Le solivage des plateformes prend quant à lui appui sur les traverses.

La structure porteuse est revêtue d’une enve loppe protectrice. Selon la perspective, ce bardage ajouré en pin, disposé sur une crémail

lère, semble étanche ou perméable et un jeu d’ombres et de lumières anime l’espace. Les lames sont vissées et peuvent être aisément remplacées. Des ouvertures généreuses de 6 m de haut, placées dans les triangles en surplomb, sont protégées des intempéries. Elles offrent des vues dans toutes les directions sur les dif férentes strates végétales de la forêt, à une hauteur de 10, 20 et 30 m. La plateforme su périeure, située à 40 m de hauteur, permet alors de découvrir la canopée à 360° et de suivre les mouvements aériens de l’aéroport tout proche.

La tour est entièrement en bois, à l’exception des fondations en béton armé et des nœuds métalliques. L’ensemble de la chaîne d’appro visionnement, des grumes au bois lamellécollé, en passant par le bois de sciage et la transformation par le constructeur bois, a été pris en compte et contrôlé lors de la planifica tion. Seules des essences poussant dans la forêt de Hardwald ont été utilisées. Le bois de construction retrouve ainsi sa forêt d’origine. L’ouvrage est également exemplaire en termes de durabilité: la préfabrication, qui a eu un effet positif sur les coûts de construction, a permis en outre de réduire la durée des tra vaux sur ce site sensible. Le bois 100 % suisse et le recours à des entrepreneurs locaux ont permis de réduire au minimum l’énergie grise. A l’exception de la structure porteuse princi pale en BLC, le bois équarri non traité et non collé est le seul matériau utilisé. Avec son aspect largement ajouré, la tour offre enfin des opportunités de nidification à de nom breuses espèces.

Lieu Herrenholz, 8305 Dietlikon

Maître d’ouvrage Communes riveraines de Hardwald (Opfikon, Kloten, Wallisellen, Bassersdorf, Dietlikon)

Architecte Luna Productions, Deitingen

Ingénieurs civil BSB + Partner, Ingenieure und Planer AG, Biberist

Ingénieurs bois Holzing Maeder GmbH, Evilard

Entreprise bois Frischknecht Holzbau-Team AG, Kloten; Raschle Holz AG, Nürensdorf (bois scié); Hüsser Holzleimbau AG, Bremgarten (BLC)

Bois mis en œuvre 380 m3 de bois 100 % issus de la forêt de Hardwald; épicéa/sapin 301,6 m3 (structure), pin 38 m3 (façade), frêne 35 m3 (escaliers, plateforme), robinier 0,3 m3 (sous-construction plateforme supérieure), mélèze 2,7 m3 (plateforme supérieure), Douglas 2,2 m3 (corniche), chêne (mobilier alentour)

Coûts CFC 2 CHF 1,05 million

Hauteur 41,5 m

Ancrage 16 micropieux de 20 m

Durée de construction novembre décembre 2021 (fondations), mars juin 2022 (construction bois)

Photographe Ladina Bischof, St-Gall

3655
3656 Plans (de bas en haut: du sol à la plateforme d’observation)
3657 10 mCoupe 0,0 m – 0.0 Sol forestier +3,33 m +6,66 m +10,00 m – Vue sur le sous-bois +20,00 m – Vue sur la forêt +30,00 m – Vue sur la couronne des arbres +35,00 m – Cîme des arbres +38,90 m – Plateforme d’observation +40,10 m +41,50 m – Couverture escalier

Atelier AWEL, Andelfingen

Le nouvel atelier, extension du centre Neugut de gestion des eaux du canton de Zurich, tire sa force spatiale de l’assemblage de ses composants formés de poutres en bois lamellé collé. Malgré son aspect massif, le bois laissé brut aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur lui procure une certaine élégance. Par son apparente simplicité constructive, cette réali sation rappelle un jeu de plots de construction ou le jeu informatique Mindcraft, où des mondes entiers sont créés à l’aide de blocs assemblés.

Ce nouveau bâtiment qui dépend de l’Office des déchets, de l’eau, de l’énergie et de l’air (AWEL) du canton de Zurich est polyvalent: garage pour les véhicules et les machines, il sert également de surface de stockage ainsi que d’espace de travail pour divers travaux dans un environnement protégé des intempéries. Idéalement situé au bord de la Thur, les archi tectes décrivent le lieu d’implantation comme ‹Une zone alluviale, traversée par une rivière au parcours sinueux, bordée d’un cordon boisé qui s’ouvre à cet endroit sur une clairière›. Cet ouvrage fonctionnel fait référence aux

bâtiments traditionnels réalisés avec une éco nomie de moyens. Les architectes ont placé l’atelier au point haut du terrain, afin de le protéger dans la mesure du possible des inon dations. La protection contre les aléas clima tiques a été développée dès la conception du projet, en référence là aussi aux réalisations traditionnelles. Le hangar dispose ainsi d’un avant-toit étendu qui protège les ouvertures, alors que la face exposée aux intempéries est complètement fermée.

Le hangar de 31 x 17 x 10 m, monté en quatre jours, repose sur un socle en béton. Il est constitué de 36 poutres en bois lamellé-collé assemblées sur le chantier. Parmi elles, des parois dotées de larges entailles sont emboîtées à leurs intersections, comme dans les chaînes d’angle des greniers en madrier, et laissées apparentes aussi bien à l’intérieur qu’à l’exté rieur. Les moyens d’assemblage métalliques ont ainsi été réduits au strict nécessaire. Le matériau laissé brut ne reçoit qu’une lasure de pré-grisaillement qui laisse cependant transpa raître les tons chauds du bois. Les parois, dont les composants sont en encorbellement, caractérisent le bâtiment et favorisent la pro

tection constructive. La toiture, quant à elle, est constituée d’éléments en lamellé croisé. Selon les architectes, la construction rappelle un jeu d’enfants : des éléments en bois massif de grande taille définissent l’enveloppe du hangar et déterminent en même temps la ma nière dont il est perçu de l’intérieur. Aucun autre matériau n’a été utilisé: les ouvertures entre les porteurs de toiture laissent filtrer la lumière du jour à l’intérieur et garantissent une aération optimale.

‹Avec ce projet, nous avons cherché une maté rialité adaptée à la structure à construire›, soulignent les architectes. Dans le domaine de la construction en bois cela implique un échange intensif avec les différents interve nants et conduit à une collaboration enrichis sante basée sur la confiance. Pour la construc tion de l’atelier, 256 m3 de bois suisse ont été utilisés sous forme de bois lamellé-collé et 72 m3 supplémentaires sous forme de pan neaux. Bien que la construction mette en avant sa massivité, la quantité totale de bois utilisée repousse en 18 minutes seulement dans la forêt suisse.

3658

Situation

Lieu Neugutstrasse, 8450 Andelfingen Maître d’ouvrage Baudirektion des Kantons Zürich Architectes et D.T. Rossetti+Wyss Architekten AG, Zollikon; Collaborateur Claudio Sticca Ingénieur civil Dr. Lüchinger + Meyer Bauingenieure AG, Zurich Ingénieur électricien Zürcher Elektroplanungen AG, St-Gall Entreprises bois Erne AG Holzbau, Stein (construction, portes); Hüsser Holzleimbau AG, Bremgarten (lamellé-collé); Holzbau Koch AG, Büttikon (portes)

Bois mis en œuvre Bois lamellé-collé 256 m3 (origine bois suisse), panneaux 72 m3 Coûts CFC 1–9 CHF 1,4 Mio.

Surface de terrain SIA 416 7740 m2

Surface bâtie SIA 416 503 m2

Surface de plancher SIA 416 496 m2 Volume bâti SIA 416 5175 m3

Durée de construction août 2014 mars 2015 (montage bois en 4 jours) Photographe Jürg Zimmermann, Zurich

3659

Composition toiture: Étanchéité (EPDM) 1,5 mm Toiture nue, accessible, fixée mécaniquement selon exigences Non-tissé de séparation 0,5 mm Panneaux multicouches grand format 80 mm, épicéa, pré-grisé

Composition façade: Éléments BLC 260 mm, empilés, entaillés à mi-bois et chevillé, épicéa, pré-grisé Socle en béton armé apparent 250 mm

Composition radier: Béton dur 30 mm Béton armé 250–320 mm, façon de pente Béton maigre 50 mm

3660 Coupe de détail
3661 20 m Coupe de détail Coupe longitudinale Plan

Passage à faune Rynetel, Suhr

Le passage à faune à proximité de Suhr est la première structure porteuse en bois de cette ampleur qui enjambe une autoroute en Suisse. Cette construction en arc, qui permet à la faune de franchir un obstacle incontour nable, démontre que le bois est parfaitement adapté aux projets d’infrastructure routière.

Les itinéraires permanents le long desquels les animaux sauvages comme les chevreuils, les sangliers ou les renards se déplacent sur de grandes distances sont appelés corridors à faune. Définis par l’Office fédéral de l’environ nement comme d’importance suprarégionale, la plupart de ceux-ci sont cependant interrom pus par nos voies de communication. L’édifi cation de passages supérieurs afin de combler ces lacunes est donc de première nécessité. Jusqu’à présent, ces ponts étaient construits en béton armé, mais la donne change: le pre mier pont en bois pour animaux sauvages de Suisse a été construit en 2021 et fait partie du corridor ‹AG6› qui relie la région du Jura au Plateau suisse et passe au-dessus de la route nationale A1 entre Gränichen et Suhr. Il permet désormais aux animaux sauvages de franchir l’autoroute en toute sécurité.

Timbatec s’engage depuis plus de vingt ans en faveur des passages à faune en bois. Dès 1998, un rapport a montré que le bois, matière pre mière locale, pouvait être une alternative éco nomique et écologique à la construction tradi tionnelle de ponts ‹verts›. Lors de la phase de planification du pont à gibier de Rynetel, dif férentes variantes de construction ont été exa minées et comparées entre elles. Le choix s’est finalement porté sur le bois. Lors des phases

d’avant-projet, les réalisations en béton et en bois ont obtenu des résultats à peu près équivalents en termes d’économie, de durée de vie et de restrictions de circulation pendant la construction. Le meilleur écobilan du bois fut cependant déterminant. Enfin, les parties prenantes ont pu acquérir une précieuse expé rience dans l’utilisation du matériau bois.

Les porteurs en bois, bien visibles des auto mobilistes, caractérisent l’aspect novateur de ce viaduc. En effet, cette réalisation en bois à double arche de plus de 50 mètres de large se compose au total de 156 poutres courbes en lamellé-collé de 17,4 m de long avec une section de 24 x 76 cm, surmontées de panneaux en lamibois. Chaque pièce pèse près de deux tonnes et l’ensemble représente environ 850 m3 de bois. Ces éléments prennent appuis sur des murs en béton coulé sur place par le biais d’articulations en acier. La structure reçoit une couche de terre d’au minimum 70 cm au point le plus haut pour les diverses plantations. Les projets de construction au-dessus des voies de circulation sont toujours exigeants: pour le montage de la structure porteuse, l’au toroute a été réduite à deux voies de circula tion pendant seulement 24 nuits, de 21h30 à 4h du matin. Cette rapidité d’exécution a été possible grâce à la préfabrication des éléments porteurs. Cette réalisation d’exception dé montre le potentiel du bois pour de telles ap plications. C’est ce qu’a souligné le jury du Prix Lignum 2021 qui a attribué la ‹Mention région Nord› au passage à faune Rynetel.

Lieu Rynetel, 5034 Suhr Maître d’ouvrage Office fédéral des routes (OFROU), filiale Zofingue Architecte, Planification, Ingénieur bois Ingenieurgemeinschaft WUEF (Communauté d’ingénieurs), Bänziger Partner AG et Timbatec Holzbauingenieure Schweiz AG, Baden Entreprises bois ARGE (Communauté d’entreprises) Fera, Aarvia Bau AG et Häring AG, Würenlingen; Hüsser Holzleimbau AG, Bremgarten (production BLC)

Bois mis en œuvre 850 m3 épicéa CH, imprégné

Portée 2 x 17,4 mètres

Longueur 35,5 mètres (perpendiculairement à la chaussée)

Largeur 54 mètres (parallèlement à la chaussée) Surface de la passerelle 1922 m2

Coûts de construction CHF 13,9 millions

Durée de construction février 2020 juin 2021 Photographe Nils Sandmeier, Bienne

3662
Plan
3664

Composition au point le plus haut:

Couverture terrain min. 300 mm, localement couche d’humus supplémentaire 200 mm pour la végétalisation Remblayage gravier Étanchéité structure bois: couche drainante gravier 200 mm nappe de drainage à picots étanchéité bitumineuse bi-couche Couverture en panneaux lamibois Structure secondaire en bois lamellé-collé couché, imprégné sous pression

Construction en arc double composée de 156 poutres courbes en bois lamellé-collé, section 240 x 760 mm, portée 17,4 m, pre nant appui par articulations en acier sur les murs en béton armé

Composition latérale: Fermeture de la fouille/paroi clouée Gravier drainant 30/50 mm Étanchéité béton: mélange non lié 0/22 200 mm natte de protection membrane d’étanchéité PBD, chevauchement > 100 mm Pont d’adhérence

3665 Demi-coupe

Situation

Halle Volprod, Aigle

La dernière société du Groupe Volet, Volprod SA, a vu le jour dans une toute nouvelle halle Minergie-P. Cette réalisation aux dimensions imposantes de 55 x 80 m a été conçue pour la production d’éléments préfabriqués et des sert les différentes entreprises du groupe. Elle porte haut le ‹Label Bois Suisse› avec 890 m3 de bois indigène.

Situé dans la zone industrielle d’Aigle, en bor dure du Rhône, la nouvelle société Volprod a été créée fin 2020 pour répondre au besoin croissant en préfabrication des sociétés sœurs basées dans le canton de Vaud. Elle profite de sa situation géographique pour étendre le marché du Groupe Volet dans le Chablais. Une réflexion globale sur les modes de production actuels de la construction bois a été engagée en amont pour optimiser la conception du projet. A noter qu’un soin particulier a été ap porté au chêne majestueux et centenaire qui borde le site ainsi qu’à la création d’une bande de verdure pour le passage de la faune. Deux éléments importants aux yeux du maître d’ouvrage qui ont naturellement été pris en compte dès le début de l’étude.

Cette halle modulable de 55 mètres par 80 a été conçue pour la production d’éléments dans le cadre de projets de grande envergure. D’une hauteur de 12,5 mètres à la corniche et de 16 mètres au faîtage, elle est organisée en deux travées, séparées par une grande poutre trian gulée qui repose sur 5 poteaux bois reconsti tués en croix. Cette dernière reprend les charges de la toiture et des deux ponts roulants pa rallèles. Ces bandes de production de 27,5 mètres de largeur sont desservies par des pa lans à double crochet de 6,3 tonnes, avec 10 mètres de hauteur sous crochet.

Une passerelle entièrement fabriquée en bois court le long de la poutre centrale à 9 mètres du sol. Elle surplombe la halle et permet aux visiteurs du site de découvrir en toute sécurité les différentes étapes de la préfabrication. L’accès se fait par deux cages d’escalier en bois s’appuyant sur les piliers des deux extrémités. Ces éléments répondent aux dernières normes feu (REI 90/RF1) et leurs murs sont composés de panneaux CLT revêtus de plaques de plâtre fibrées. Les deux escaliers de deux volées chacun sont réalisés selon quatre variantes constructives: une variante tout bois protégée

par des plaques de plâtre fibrées en partie infé rieure, une deuxième avec marches béton en L sur limon en bois entaillé en crémaillère, une troisième en béton plein avec partie inférieure en CLT et la dernière en béton préfabriqué. A l’extérieur, de grandes marquises en bois mesurant jusqu’à 7 m de large, revêtues d’une membrane textile, habillent le pourtour de la halle et couvrent une surface de 1800 m2. Elles permettent de stocker à l’abri les éléments finis ou du matériel. Leurs poutres triangulées reportent les charges alternativement sur des consoles et des tirants en partie haute et les virevents en bois en forme de V, recouverts d’un capot en métal de teinte rouge, rappellent le logo du Groupe Volet. Leur positionnement, à mi-hauteur du bâtiment, permet de placer un grand bandeau de polycarbonate sur le haut de la façade, assurant un éclairage naturel diffus et généreux sur l’entier de la halle. Des vitrages ponctuent le bandeau et offrent des points de vue sur les montagnes environ nantes. Ainsi, hormis les accès, aucune ouver ture n’est nécessaire dans les parties basses où la production et le stockage auraient pu occulter les apports de lumière. Ces parties

3666

inférieures de façades ainsi que la toiture sont constituées de panneaux sandwichs métal liques isolés.

En façade nord-ouest, douze éléments de type ‹containers› en structure bois viennent se greffer sous cette protection et accueillent des bureaux administratifs, des vestiaires et des locaux techniques. Leur emplacement optimise les surfaces de travail nécessaires à la préfabri cation des éléments de grande portée qui transitent par les larges ouvertures, disposées aux deux extrémités de la halle. La toiture a été entièrement recouverte de panneaux pho tovoltaïques qui totalise plus de 3400 m2 et rendent la halle énergétiquement autonome.

Les sanitaires ont également été conçus afin de réutiliser l’eau de pluie pour les chasses d’eau et un système de pompes à chaleur air-eau puise son énergie dans la production énergé tique produite par la toiture.Cette halle indus trielle est une des premières de cette enver gure à bénéficier du label Minergie-P dans le canton de Vaud. Elle a également été pour le maître d’ouvrage l’occasion d’expérimenter des possibilités constructives de mettre en avant son savoir-faire à l’attention de ses clients.

3667
20 mCoupe longitudinale Coupe transversale

Lieu Chemin du Chêne 29, 1860 Aigle

Maître d’ouvrage Volprod SA, Aigle

Architecte projet Index architectes Sàrl, Lutry

Architecte réalisation et D.T. Groupe Volet SA, St-Légier

Géomètre Geo Solutions Ingénieurs SA, Aigle

Ingénieur civil Willi Ingénieurs SA, Montreux

Ingénieur électricité Groupe E connect, Matran

Sanitaire Robert Uldry Sàrl, Blonay

Ingénieur bois Jean-Marc Ducret, Orges

Conception incendie Fire Safety & Engineering SA, Montreux

Entreprises bois Atelier Volet Charpentier/Bâtisseur SA, St-Légier

Bois mis en œuvre Lamellé-collé épicéa/sapin (porteurs, toiture, planchers, parois); CLT épicéa/sapin (parois cage escalier, limon escalier); OSB (parois et plafonds des bureaux); trois plis (planchers des bureaux) chêne (escaliers bureaux); sapin (plafonds et bardage) mélèze (terrasse)

Provenance du bois 890 m3 de bois suisse sur un total de 1015 m3

Label Bois Suisse pour l’ensemble de l’objet

Surface de terrain SIA 416 11 200 m2

Surface de plancher SIA 416 4915 m2

Volume bâti SIA 416 69 800 m3

Coût CFC 1–9 CHF 10,5 millions HT

Coût CFC 214 CHF 2,3 millions HT

Durée de construction octobre 2019 décembre 2020

Photographe Philippe Joner, RomontPlan

3669

‹Passerelle des Trappistes›, Val de Bagnes/Sembrancher

La passerelle des Trappistes relie depuis l’été 2020 les rives de la Dranse entre les com munes de Val de Bagnes et Sembrancher et offre au regard du promeneur sa silhouette élancée et cintrée. En proposant un ouvrage en bois lamellé-collé d’un seul tenant pour franchir les 41,50 m de portée, ses concepteurs ont dû relever un défi technique et logistique de taille. L’ensemble porte le ‹Label Bois Suisse›

La genèse de cette réalisation revient au Centre régional d’études des populations alpines (CREPA), un centre de recherche et d’anima tion socioculturel qui collabore avec la HEP de Saint-Maurice. Leur démarche a encouragé les communes de Val de Bagnes et de Sembran cher à les mandater en vue de valoriser le district d’Entremont. Un sentier didactique de 3,5 km ‹LaboNature Entremont› relie désor mais les deux territoires et valorise les richesses de la nature environnante par le biais de pan neaux thématiques. Ce parcours sensibilise le public à l’impact humain sur l’environnement et aborde des thèmes variés comme la biodi versité, le vignoble, les anciennes mines des Trappistes ou encore l’exploitation forestière.

Les deux communes Maîtres d’ouvrage ont fait le choix du bois pour cette passerelle qui valo rise non seulement la filière locale, mais égale ment le développement économique durable, thématiques que prône le parcours. La portée de cet ouvrage en bois qui s’élance sur 41,50 m et pèse près de 20 tonnes représente un chal lenge à tous les niveaux: du projet à la pose, en passant par le fournisseur, le charpentier, et le transporteur, tout concourt à en faire un chan tier d’exception.

La statique et surtout le bois ont grandement influencé la forme de l’objet. Les culées en béton sont calculées par rapport aux exigences cantonales selon la hauteur des crues. Les por tées entre ces appuis sont de 37,20 m. L’utili sation de bois fortement exposé aux intempé ries et au-dessus d’un cours d’eau implique de protéger les arcs porteurs en lamellé-collé

d’épicéa (41,50 m x 240 mm x 950 à 1500 mm). Latéralement, un lattage vertical 60 x 60 mm permet de ventiler les deux faces exposées des arcs, support du bardage en mélèze de 22 à 27 mm, similaire au garde-corps. Le revête ment supérieur se compose de BLC d’épicéa 120 x 1610 mm (largeur passerelle) revêtu d’une étanchéité bitumineuse, qui reçoit le plancher en mélèze de 24 mm sur lambourdes de 60 x 120 mm.

Des poteaux en mélèze massif de 100 x 200 mm, régulièrement espacés, rythment l’ouvrage et maintiennent les lames horizontales des gardecorps, de la même essence. Les assemblages utilisés sont standards: des vis de 13 x 400 mm sur plaques zinguées vissées, avec caoutchouc de 7 mm et cales 3 plis sont ancrées dans les culées. Les assemblages latéraux sont collés, des lambourdes de 40 x 60 mm vissées fixent les 10 entretoises en BLC d’épicéa (120 mm x 960 mm) et des connecteurs métalliques maintiennent les garde-corps. Un panneau en CLT de 100 x 960 mm ferme la partie infé rieure. Commun à de nombreuses passerelles de longue portées, un amortisseur de vibra tions verticales équipe cet ouvrage, matérialisé par une masse d’acier reposant sur des res sorts spécifiques à l’objet.

La réalisation d’une structure cintrée sur une si grande longueur a nécessité la collaboration avec une entreprise pouvant non seulement disposer d’une structure pour une fabrication hors normes, mais permettant aussi d’avoir un accès direct à l’autoroute pour acheminer l’objet à bon port. Le transport routier n’a pas été aisé: des panneaux de signalisation ont dû être démontés et la circulation déviée par endroits. Le levage et la pose, millimétrée, a été effectué de nuit par deux autogrues en une vingtaine de minutes.

Ce projet qui met en commun des ressources techniques et logistiques hors normes franchit un pas supplémentaire avec l’utilisation du bois suisse pour tous les éléments, voire des res sources locales pour les revêtements en mélèze qui sont d’origine du Val d’Entremont.

3670 10 m
Demi-élévation longitudinale Demi-coupe longitudinale

Composition garde-corps:

Poteaux mélèze valaisan C24 100/200 mm Garde-corps mélèze valaisan panneaux assemblés 30 à 50 mm

Composition tablier: Platelage mélèze valaisan lattage 60/120 mm Etanchéité soudée, anti-UV BLC sapin/épicéa suisse 120/1610 mm

Composition structure: Arcs sapin/épicéa GL24 2 x 240/variable mm, longueur 41 m/Entretoises GL24 120/960/variable mm dont 8 pièces perfo rées pour ventilation et inspection/face inférieure CLT 80 cm épicéa suisse collage continu

Fermeture latérale: Bardage mélèze assemblage idem garde-corps Lames mélèze 27 mm horizontales en arc, rainées-crêtées Lattage vertical de ventilation 60/60 mm Compensation C24 mélèze valaisan 97/100 mm pour pose poteaux Fixation contre BLC avec mesure d’étanchéité

Lieu Lieu-dit ‹Les Trappistes›, rives de la Dranse Maître d’ouvrage Communes de Sembrancher et de Vollèges (devenue Val de Bagnes)

Ingénieur concepteur bois Renaissance Bois Sàrl, Les Vérines, Chamoson

Ingénieur civil Huber & Torrent SA, Martigny; HydroCosmos SA, Martigny

Entreprises bois Frossard Bois SA, Etiez

Fourniture bois JPF-Ducret SA, Orges et Yverdon-les-Bains; Scierie Roby Voutaz Sàrl, Sembrancher; Alter & Deslarzes SA Scierie, Versegères

Bois mis en œuvre Epicéa suisse lamellé-collé cintré 38m3 (arcs porteurs); mélèze du Val d’Entremont, massif (revêtement protecteur, plancher, balustrades) 12 m3

Label Bois Suisse pour l’ensemble de l’objet Dimensions 41,5 m x 2 m

Coût CFC 1–9 CHF 310 000.– TTC

Coût CFC 2 CHF 263 000.– TTC

Coût CFC 214 CHF 213 000.– TTC

Durée de construction mars 2020 août 2020 Photographe Corinne Cuendet, Clarens

3671
Coupe transversale

International Award for Wood Architecture 2022 Centre culturel Sara à Skellefteå

La ville de Skellefteå est récente: située dans la province suédoise de Västerbottens län à seulement 200 km du cercle polaire, elle n’a été fondée qu’en 1845 et compte aujourd’hui près de 75 000 habitants. Le ‹Centre Sara› de White Arkitekter (Göte borg), qui a ouvert ses portes à l’automne 2021, accueille une multitude d’activités culturelles. Il est le nouveau siège du théâtre régional de Västerbotten, du musée Anna Nordlander, de la galerie d’art de Skellefteå et de la bibliothèque municipale. Sa tour qui culmine à 75 mètres abrite un hôtel de 205 chambres, un centre de congrès, trois restaurants, un bar panoramique avec une terrasse en toiture et un centre de bien-être. Le jury a récompensé le centre culturel car il convainc tant sur le plan architectural que sur celui de l’ingénierie: malgré sa hauteur, il a par exemple été possible de renoncer à un noyau en béton. En même temps, la structure porteuse en bois est lisible de l’ex térieur et l’utilisation variée du bois à l’inté rieur permet de créer une esthétique très particulière. Pour en savoir plus sur l’Inter national Award for Wood Architecture dé cerné par la presse spécialisée, consultez la page 3642 de ce numéro du Bulletin bois.

1 L’intérieur du centre culturel dispose au total de six scènes de différentes tailles, de la plus grande avec une hauteur sous plafond de 15,5 m et une capacité de 1200 spectateurs, jusqu’à la salle intimiste de 50 places. Photos: David Valldeby.

2 La nuit, la structure porteuse du com plexe transparaît à l’extérieur: le socle du bâtiment de quatre étages abrite le centre culturel et dispose d’un squelette composé de poteaux et de poutres en bois lamellécollé ainsi que de parois de stabilisation et de planchers en bois lamellé croisé. Les chambres modulaires de la tour de l’hôtel de 16 étages, située au-dessus, ont été construites en bois lamellé croisé, tout comme les deux cages d’escalier et d’as censeur autour desquelles elles s’articulent.

Lignum Holzwirtschaft Schweiz

Mühlebachstrasse

Tél. 044

Tél. 021

Fax 021 652

info@lignum.ch cedotec@lignum.ch www.lignum.ch www.lignum.ch

Bulletin

du bois, Zurich

Rédaction

Jutta Glanzmann, Lignum et Ariane Joyet, Lignum-Cedotec

Conception graphique BN Graphics, Zurich

Impression Kalt Medien AG, Zoug

Administration, abonnements, expédition Lignum, Zurich

La publication du Bulletin Bois est soutenue par l’Office fédéral de l’environnement dans le cadre du Plan d’action bois 2021 2023.

Le Bulletin bois paraît quatre fois par année, en allemand et en français.

Abonnement annuel CHF 48.–Publications isolées CHF 20.–

Classeur (10 numéros) CHF 140.–Classeur vide CHF 10.–Prix sous réserve de modifications.

Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des différents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.

Hotline Service technique: 021 652 62 22 Nos spécialistes répondent gratuitement à vos questions entre 9 h et 17 h.

2 1
ISSN 1420-0252
Economie suisse du bois Economia svizzera del legno
8 Ch. de Budron H6, CP113 CH-8008 Zurich CH-1052 Le Montsur-Lausanne
267 47 77
652 62 22
93 41
bois, septembre 2022 Editeur Lignum, Economie suisse
Photo: Visit Skellefteå © DR

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.