Bulletin bois 146/2023

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Hôtels et restaurants

Restaurant Fischerstube, Zurich

Auberge Hergiswald, Obernau

Aire de repos du Gothard, Erstfeld

Hôtel des Horlogers, Le Brassus

Mad Mount Hotel, Nendaz

Salle de restaurant du Fischerstube à Zurich: Les fenêtres en bandeau encadrent la vue sur le lac et, en direction du plafond, la coupole aux tons clairs délimite l’espace.

Architekturbüro

Bulletin
bois 146/2023
Architecture: Patrick Thurston, Berne. Photo: Amt für Städtebau, Juliet Haller
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1 Une sobre construction à ossature bois: l’auberge de jeunesse de Fällanden, ouverte en 1937 et située sur la rive du Greifensee, constitue un exemple marquant du modernisme classique suisse. Architecte Emil Roth (1893–1980) Photo RIBA Collections (Henri Muller)

2 Le bois comme élément de liaison: le projet d’extension de l’hôtel Hermitage au bord du lac des Quatre-Cantons prévoit, outre une surélévation en bois, une structure en bois filigrane qui réunit l’existant en un tout. Architectes et Visualisation Herzog & de Meuron, Bâle

3 La chambre dans les arbres ‹Biosphere› de BIG pour le Treehotel en Suède: 350 nichoirs entourent la chambre d’hôtel au milieu d’une forêt de pins. Architectes Bjarke Ingels Group BIG, Copenhague Photos Mats Engfors

4 En chantier: l’hôtel ‹Hôta›, en construction bois préfabriquée, est situé dans le site protégé de St-Imier et représente un tourisme local et respectueux de l’environnement. Architectes GMA architecture, Tavannes et Bienne Visualisation 3DM

Villégiature en bois

L’auberge de jeunesse de Fällanden, ouverte en 1937 au bord du Greifensee, fait partie de la première génération d’hébergements de ce type en Suisse. Ces lieux d’accueil étaient alors aménagés très simplement en proposant de nombreux dortoirs séparés par genre.

Cette réalisation, considérée comme l’une des œuvres majeures de l’architecte Emil Roth, est un exemple important du modernisme classique en Suisse. Emil Roth a créé un bâtiment en ossature bois, sans fioritures, qui semble aujourd’hui encore étonnamment contemporain, et peut toujours être réservé pour des groupes dès dix personnes. 1) Le Fischerstube, bâti à l’occasion de l’exposition nationale de Zurich en 1939, est de deux ans son cadet. Cette cabane sur l’eau exceptionnelle, coiffée d’un toit en chaume, fut détruite en 1957 par un incendie puis reconstruite.

Dans ce numéro du Bulletin bois nous présentons le nouveau bâtiment qui se substitue à la reconstruction d’alors et dont le concept s’inspire du projet initial. Détail intéressant, la magnifique coupole structurée au plafond de la salle du restaurant est l’œuvre de l’architecte Urs Beat Roth, le fils d’Emil Roth. Ces deux objets, situés dans un cadre d’exception, offrent des lieux uniques pour des rencontres conviviales ou un hébergement accueillant. Dans ce contexte le bois est un matériau de choix pour créer des espaces particuliers, aussi bien du point de vue de la construction que de l’aménagement intérieur. Des exemples comme la ‹Biosphere› du bureau d’architectes danois Bjarke Ingels Group BIG pour le Treehotel à Harads, en Suède, en témoignent. Ce dernier propose, dans une forêt de pins, des chambres dans les arbres conçues par différents bureaux d’architecture et de design. Perchées entre quatre et dix mètres au-dessus du sol, elles sont accessibles par une rampe ou un pont. En collaboration avec l’ornithologue Ulf Öhman, BIG a créé 350 nichoirs qui entourent cette chambre d’hôtel singulière, entièrement décorée dans des tons sombres dans le but de préserver l’avifaune locale. 2)

Dans une tout autre démarche, l’extension de l’hôtel Hermitage à Lucerne d’Herzog & de Meuron renoue avec la tradition des grands hôtels du lac des Quatre-Cantons et démontre qu’il est possible de développer un ensemble hôtelier existant avec du bois. A terme, le hall d’entrée public reliera les deux bâtiments en lieu et place de la terrasse actuelle. Deux étages supplémentaires en bois complèteront l’ensemble, qui sera en outre recouvert coté route d’un lattage en bois à claire-voie. 3)

Actuellement en chantier dans le Jura bernois, l’hôtel ‹Hôta› de GMA architecture vise à promouvoir un tourisme local et respectueux de l’environnement. Une fois terminé, il com-

prendra 47 chambres offrant toute une gamme de confort, du quatre étoiles au dortoir. En raison de sa situation au cœur du site construit protégé de Saint-Imier, reconnu d’importance nationale, le projet mise sur la préfabrication en bois et interprète formellement la simplicité des ateliers d’horlogerie situés à proximité. L’ouverture est prévue à l’automne 2023. 4)

Si les projets présentés dans ce numéro ont en commun le bois comme matière première, ils véhiculent des aspects très différents pour couvrir le même thème: l’hôtellerie et la restauration. Le Fischerstube et l’auberge Hergiswald, avec sa salle au plafond à cassettes bleues, utilisent ce matériau pour caractériser des lieux traditionnels et créer des espaces festifs. Le restoroute du Gothard incarne en revanche un bâtiment étonnamment accueillant pour un lieu de transit, grâce à sa prise en compte sensible de son environnement et au bois mis en œuvre de manière différenciée. Le jour, la nature est omniprésente à l’intérieur tandis que la nuit, il brille comme un signal à travers sa façade largement ajourée. L’environnement a également été déterminant pour la conception de l’Hôtel des Horlogers au Brassus: Bjarke Ingels Group BIG prend pour thème la topographie et implante l’hôtel qui s’étire en zigzagant dans la pente. La façade en mélèze prégrisé devient ainsi un ruban dans le paysage de la Vallée de Joux. Quant au projet Mad Mount Hotel, dans la station valaisanne de Nendaz, il suit un tout autre concept: des modules en bois préfabriqués, entièrement équipés de leurs installations techniques, sont assemblés à la manière de Legos. L’hôtel a ainsi vu le jour en un temps record. Dans les chambres, pourtant fabriquées en série, le bois apparent crée une atmosphère confortable et chaleureuse, comme personnalisée pour chaque client.

Nous vous souhaitons une bonne lecture et vous invitons à visiter l’un ou l’autre des lieux illustrés dans ce numéro.

Jutta Glanzmann

Communication technique Lignum

Sources

1) Auberges de jeunesse suisses – une histoire de l’architecture durable, Jutta Glanzmann, Faktor Verlag, 2016

2) https://big.dk/projects/biosphere-4043

3) https://www.herzogdemeuron.com/ projects/522-hotel-hermitage-luzern/

4) https://www.gma-architecture.ch

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Restaurant Fischerstube, Zurich

Au bord du lac de Zurich, le restaurant ‹Fischerstube› attire l’attention par sa conception soignée qui fait appel à des éléments traditionnels comme le toit de chaume ou la structure porteuse en bois. Que ce soit par sa situation ou son magnifique plafond en forme de voûte en résille, le lieu invite à y revenir.

La langue de terre qui s’avance dans le lac de Zurich, le ‹Zürichhorn›, accueille le restaurant ‹Fischerstube› qui a bénéficié d’une cure de jouvence. Construit à l’origine pour l’exposition nationale de 1939, il a toujours attiré le public, habitants ou touristes, en raison de sa magnifique situation. A l’époque il faisait partie d’un ensemble de deux unités sur pilotis: le restaurant et la cabane de pêcheur, la ‹Fischerhütte›. En 1940, les constructions sont complétées par un pavillon de jardin, transformé à plusieurs reprises. Après un incendie, le Fischerstube est reconstruit en 1957 sous la même forme, mais en utilisant d’autres matériaux. La ‹Fischerhütte› quant à elle est restée en grande partie fidèle à l’original. En raison du mauvais état du restaurant et du pavillon de jardin, un concours en deux étapes avec préqualification est lancé en 2009 par la ville de Zurich afin de les rem-

placer. Les six bureaux d’architectes invités avaient pour mission de proposer un nouveau bâtiment de même nature que le Fischerstube tandis que la cabane de pêcheur devait être remise en état et dotée de nouveaux pilotis. Le parc adjacent avec sa mare aux canards et son pont en arc, ainsi que les aménagements de la rive devaient en outre être rénovés. L’architecte Patrick Thurston a remporté le concours avec son projet. Construit à l’origine comme maison sur pilotis dans le ‹Landidörfli› – une sorte de ‹Village suisse› à l’image de celui qui fit le succès de l’expo de Genève à l’orée du XXe siècle – le Fischerstube offrait une vision idéalisée des huttes palafittes, inspirée du Heimatstil. Du point de vue de l’architecte, le toit de chaume dont était doté le restaurant à l’origine et sa situation sur l’eau étaient l’essence de la construction. Comme Thurston s’était déjà penché sur des projets avec des toitures semblables dans les années 1970, il possédait les connaissances constructives nécessaires pour les intégrer à son projet: le toit doit avoir une inclinaison d’au moins 45° et pouvoir s’égoutter librement en se passant de gouttière. L’idéal étant un toit froid, afin que la construction soit naturellement ventilée et puisse sécher. Sur cette base, Thur-

ston a développé un projet qui respecte ces règles. Un volume de deux niveaux s’insère sous la toiture et scinde l’espace. Côté lac, le restaurant occupe toute la hauteur alors qu’à l’arrière, orientée vers la rive, la cuisine au rez-de-chaussée s’affranchit de poteaux intermédiaires grâce à la suspension du niveau supérieur aux fermes de toiture.

La coupe transversale du Fischerstube fait correspondre une vaste nef au restaurant et sa cuisine. Le bas-côté ouest donne accès à la salle et au lounge, tandis que le bas-côté est abrite les places extérieures bénéficiant d’un dégagement spectaculaire sur la rive opposée du lac de Zurich. Selon le concours, la terrasse sur le lac aurait dû se situer entre le bâtiment principal et la cabane du pêcheur, mais Thurston a proposé de la reporter à l’ouest, de sorte que la vue sur le lac depuis le restaurant et ses tables à l’air libre ne soit pas perturbée. La terrasse s’appuie sur une structure en acier munie d’un caillebotis en bois et apparaît aujourd’hui comme le quatrième élément de l’ensemble. L’ameublement du restaurant fait partie intégrante du projet et souligne, par sa sobriété, le caractère populaire et abordable de l’établissement qui ne s’adresse pas à un cercle exclusif. En effet, ce lieu si particulier

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est souvent valorisé pour des repas d’anniversaire ou de fêtes de famille. La coupole du plafond est réalisée en résille qui apporte une touche de légèreté, presque festive, à l’espace. Elle a été conçue et planifiée par l’artiste Urs Beat Roth et rendue possible par la technologie CNC de l’entreprise de menuiserie Bach Heiden. La coupole est autoportante et réalisée sans vis ni colle, mais jointée à l’aide de chevilles en bois dur. Le bois clair de la voûte fait naître un sentiment d’infini devant la couleur sombre du plafond et dissimule la technique du bâtiment.

La cabane du pêcheur a été démontée, assainie et remise en place sur ses nouveaux pilotis. Elle sert aujourd’hui de salle de réception avec ses peintures d’époques qui ont retrouvé leur lustre d’antan. Quant au nouveau pavillon de jardin, il complète l’ensemble à terre. Cet espace recouvert cette fois-ci de bardeaux abrite également les éléments techniques des constructions rebâties, qui répondent au standard MinergieEco. Un couloir souterrain praticable et facile d’accès relie les installations du pavillon de jardin au bâtiment principal. Finalement, une offre de 200 places sur la terre ferme à l’ombre d’un platane majestueux complète la disponibilité à l’intérieur et sur les terrasses du Fischerstube.

Situation

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20 m Coupe transversale et longitudinale Rez­de­chaussée
Etage

Lieu Bellerivestrasse 160, 8008 Zurich

Maître d’ouvrage Ville de Zurich, Amt für Hochbauten, Grün Stadt Zurich

Architecte et D.T. Architekturbüro Patrick Thurston, Architekt BSA SIA SWB, Berne

Paysagiste Müller Wildbolz Partner GmbH, Berne

Ingénieur bois Indermühle Bauingenieure HTL/SIA, Thoune

Protection incendie Makiol Wiederkehr AG, Beinwil am See

Ingénieur civil Dr. Lüchinger + Meyer Bauingenieure AG, Zurich; Staubli, Kurath & Partner AG, Zurich (construction hydraulique)

Ingénieur électricité Mosimann + Partner AG, Zurich

Ingénieur CV Waldhauser + Hermann AG, Münchenstein

Ingénieur sanitaire Grünig + Partner AG, Liebefeld Berne

Physique du bâtiment Grolimund + Partner AG, Berne

Concepteur coupole Urs Beat Roth, Atelier für konkrete Kunst, Zurich

Entreprises bois Kübler Holzbau AG, Oetwil am See (Fischerstube et pavillon de jardin); Jampen Holzbau, Hittnau (Fischerhütte); Hauri AG, Staffelbach (fenêtres); Forster AG, Oberburg (aménagements intérieurs); Bach Heiden AG, Heiden (coupole)

Bois mis en œuvre Structure porteuse en lamellé-collé épicéa (D, CH, A), carrelets d'ossature parois (CH, A), lambris de façade épicéa/sapin blanc (nordique, CH), fenêtres mélèze extérieur et épicéa intérieur (Sibérie, CH), coupole salle de restaurant pin Weymouth (CH), parois salle de restaurant pin Weymouth (CH, D)

Coûts CFC 1–9 CHF 21,72 millions TTC

Coût CFC 2 CHF 12,30 millions TTC

Coût CFC 214 CHF 1,32 millions TTC

Prix au m³ CFC 2 CHF 1752.–

Surface de terrain SIA 416 31 803 m2

Surface bâtie SIA 416 973 m2

Surface de plancher SIA 416 1660 m2

Volume bâti SIA 416 7020 m3

Durée de construction octobre 2019 – juin 2021

Photographe Amt für Städtebau, Juliet Haller; Baugeschichtliches Archiv, Louis Beringer (photo du Fischerstube, exposition nationale de 1939)

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Composition toiture:

Couverture en chaume (épaisseur moyenne 350 mm)

Lattage 40 x 60 mm

Chevrons 100 x 180 mm

Composition plancher des combles: Etanchéité de toit plat (sans pente)

Panneau trois plis 27 mm

Ventilation 100 mm

Panneau de fibres 120 mm

Moises/solivage/

isolation laine minérale 240 mm

Panneau OSB, joints étanchés 25 mm

Lé acoustique (avec tissu en fibres de verre noir) 40 mm

Composition paroi restaurant:

Revêtement intérieur bois (lambris/ pin blanc) 20 mm

Vide d’installation 85 mm

Panneau OSB, joints étanchés 15 mm

Ossature/isolation laine minérale 180 mm

Panneau de fibres 40 mm

Lé de façade

Ventilation 25 mm

Bardage vertical sapin/épicéa (rainé­crêté/raboté) 25 mm

Composition plancher restaurant

(plateforme):

Béton dur, poncé 95 mm

Barrière vapeur

Isolation XPS (140 + 200 mm) 340 mm

Etanchéité

Surbéton 145 mm

Prédalle béton (coffrage) 120 mm

Composition plancher véranda:

Lames chêne 40 mm

Solivage chêne (avec lame de protection chêne) 100 x 180 mm

Poutres de support acier zinguées au feu

Coupe de détail

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Auberge Hergiswald, Obernau

L’auberge située à proximité d’Hergiswald, un lieu chargé d’histoire, a fait peau neuve et offre désormais de nouveaux espaces, restaurant, salle polyvalente et un lieu de retraite. Répondant à son environnement forestier, l’intérieur, tout comme la structure, est marqué par le bois. La pièce maîtresse de l’ouvrage est la salle bleue et son magnifique plafond à cassettes.

Le lieu de pèlerinage d’Hergiswald surplombe Kriens dans un paysage vallonné. A l’orée d’une clairière, plusieurs bâtiments forment un ensemble dont le fleuron est l’église construite en 1652 et sa précieuse chapelle de Loreto. L’auberge entièrement remodelée lui répond pour former un espace culturel reprenant les aspects spirituels et séculiers du lieu en les interprétant de façon contemporaine. Selon les architectes, elle doit être à la fois ordinaire et évocatrice afin de s’insérer dans son contexte particulier. Le matériau utilisé et le type de construction choisi soutiennent cette intention. La structure en Douglas indigène repose en partie sur l’ancienne maçonnerie complétée par une construction en béton. Des piliers du rez inférieur au premier étage, disposés selon une trame régulière en avant de la façade originelle, supportent le poids des étages et le reporte sur des fondations additionnelles. Les différentes affectations des locaux ont dicté le système statique constitué de poteaux et de parois en ossature dans les deux premiers niveaux, tandis que les deux niveaux supérieurs recourent à des parois en madrier. Il est alors possible d’intégrer le comportement aux tassements particuliers de cette méthode de construction.

Le sous-sol abrite des locaux d’exploitation et de stockage, alors qu’au rez-de-chaussée se trouvent la cuisine et les chambres froides. Différents espaces extérieurs entourent l’auberge: une terrasse à l’entrée pour les clientes et clients du restaurant et une autre, couverte, accessible du premier étage, qui peut être privatisée. Le salon des pèlerins, situé au rez inférieur, auquel on accède de plain-pied en raison de la déclivité, constitue un espace particulier. Les murs et les plafonds sont enduits d’argile sur des panneaux de roseaux. Une banquette donnant sur la fenêtre et une table sont les seuls aménagements de la pièce. La diversité des utilisations de l’auberge se reflète dans la disposition spatiale intérieure complexe. L’accès se fait par le côté ouest de la maison. Les hôtes pénètrent au rez-dechaussée où un vestibule central les dirige soit au restaurant, soit à la salle du niveau supérieur par un escalier en bois à l’aspect presque sacré. Du restaurant, où les tables sont disposées devant les fenêtres, on profite d’une vue dégagée sur l’église et du panorama qui porte jusqu’à Lucerne. La grande salle du premier étage, abondamment éclairée sur trois côtés par de larges baies vitrées, permet d’accueillir diverses manifestations. Les grands vitrages entre les piliers offrent une certaine prestance et seules les allèges qui servent de sièges délimitent leur hauteur. Une structure en ferme aux étages supérieurs libère la salle de tout pilier intermédiaire. Cette structure s’étend jusqu’aux combles et transmet les charges du plancher suspendu de la salle aux fondations par d’imposants piliers en bois moisés. L’artiste obwaldien Christian Kathriner a réalisé le plafond à cassettes en épicéa doté d’une pein-

ture à l’huile de la même teinte que le fond tendu d’un tissu bleu en soie damassée qui souligne l’importance de la salle. Les dessins qui ornent les cassettes représentent des mains à la gestuelle plurielle.

Un escalier séparé de l’espace public mène du foyer de la grande salle aux chambres situées aux étages supérieurs. Ici, des parois en madrier délimitent l’espace en le rendant plus intime. Au deuxième étage, quatre chambres d’hôtes, disposées symétriquement, profitent chacune d’une salle d’eau et d’une loggia. Une suite comprenant deux pièces donne sur le pignon dans les combles, tandis que l’appartement de 3 pièces du gérant est reporté sur l’autre face.

Les matériaux ont été choisis pour créer différentes atmosphères dans les pièces, à l’instar du Douglas, de l’épicéa et du sapin blanc qui s’alternent. Les planchers sont des dalles mixtes bois-béton. La partie bois en planches juxtaposées et le béton sont liés par des entailles munies de goujons. Cette construction permet de grandes portées et contribue de manière déterminante à l’isolation acoustique grâce à son poids. L’utilisation structurelle du sapin de Douglas dans le restaurant fait ressortir ses propriétés constructives et l’esthétique chaleureuse de cette essence. La surface fine du sapin blanc dans les chambres d’hôtes procure quant à elle un sentiment de calme et de sérénité. Cette diversité illustre les potentialités presque illimitées du bois et sa capacité à renforcer l’image de ce lieu culturel important.

3714 Situation
3717 20 m Rez­de­chaussée 1er étage 2e étage
Combles Coupe transversale et longitudinale

Composition toiture:

Couverture en cuivre

Voligeage, sapin/épicéa, Douglas en avant­toit 30 mm

Faux chevrons Douglas (140 x 120 mm, e = 600 mm) 120 mm

Lé de sous toiture

Panneau de fibres, 40 mm

Isolation cellulose/structure (chevrons 120 x 240 mm, e = 600 mm) 240 mm

Frein vapeur

Panneau OSB 30 mm

Vide d’installation 40 mm

Revêtement bois sapin peint/ lasuré 30 mm

Composition plancher sur salle bleue:

Lame de plancher Douglas 27 mm

Lattage croisé/Installation 70 mm

Résilient acoustique 20 mm

Structure mixte bois­béton

Béton 100 mm

Planches juxtaposées 160 mm

Laine minérale 100 mm

Vide d’installation 300 mm

Plafond plâtre suspendu (absorbant phonique) 30 mm

Laine minérale 50 mm

Damas de soie tendu sur bois 30 mm

Composition plancher salle bleue:

Parquet en noyer 15 mm

Panneau OSB 22 mm

Lattage croisé/installation 83 mm

Résilient acoustique 20 mm

Structure mixte bois­béton

Béton 140 mm

Panneau trois plis 30 mm

Porteur bois 200 mm

Entre­poutre laine (absorbant phonique) 40 mm

Tissu tendu sur grille en bois 20 mm

Composition paroi salle/restaurant:

Bardage Douglas/ tablette avec couvertures cuivre 30 mm

Lattage 60 x 170 mm

Coupe­vent

Panneau trois plis 30 mm

Laine minérale/lattage 260 mm

Frein vapeur

Panneau trois plis 30 mm

Lattage d'installation/radiateur 150 mm

Revêtement intérieur Douglas/ noyer 30 mm

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Coupe de détail

Lieu Hergiswald, 6012 Obernau

Maître d’ouvrage Albert Koechlin Stiftung, 6003 Lucerne

Architecte Gion A. Caminada, Vrin; chef de projet Jan Berni

Paysagiste Freiraum Architektur GmbH, Lucerne

Direction des travaux Schärli Architekten, Lucerne

Ingénieur civil Conzett Bronzini Partner AG, Coire Ingenieur CVSE Zurfluh Lottenbach GmbH, Lucerne

Planification électricité Gernet Elektroplanung GmbH, Schwarzenberg Entreprise bois Tschopp Holzbau, Hochdorf ; Vogel Design, Ruswil (menuiserie); Christian Kathriner und Susanne Hissen, Lucerne (plafond grande salle) Bois mis en œuvre Douglas (grumes) 400 m3 (forêts de Meggen, Reinach, Wolhusen, Zofingen)

Coûts CFC Non communiqués

Surface bâtie SIA 416 316 m2

Surface de plancher SIA 416 1361 m2

Volume bâti SIA 416 4470 m3

Durée de construction septembre 2017

Photographe Kuster Frey, Zurich

mars 2019

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Aire de repos du Gothard, Erstfeld

Insérés dans le relief imposant de la vallée de la Reuss, quatre volumes à l’implantation dynamique forment des unités de séquences spatiales attrayantes composant le nouveau restoroute sur la pente nord du Gothard. Sa perméabilité entre extérieur et intérieur rappelle les constructions rurales alpines et offre aux hôtes de passage une expérience singulière dans un environnement bois chaleureux.

Le projet pour le nouveau restoroute du Gothard à Erstfeld a transformé le lieu en oasis claire et spacieuse qui permet aux clients de se détendre avant de rejoindre le versant sud des Alpes. Le restoroute se distingue par sa situation unique: il est implanté dans l’impressionnant paysage alpin de la vallée de la Reuss, avec un accès direct à l’environnement naturel de la rivière.

En s’inspirant des typologies de constructions vernaculaires, les architectes ont créé un ensemble de quatre volumes mitoyens en bois, légèrement décalés, avec chacun sa destination soulignée par l’inclinaison de sa toiture revêtue de lattes. Les corps de bâtiment ont été

placés de manière à ce que leurs positions tirent parti de la topographie, du panorama et de l’espace fluvial.

Le concept des aménagements de plein air répond aux éléments paysagers marquants, que ce soit la falaise ‹Tschingelfluh› toute proche ou le cours parfois torrentiel de la Reuss. Les différents corps de bâtiment avec boutique, self-service et restaurant sont déjà discernables de l’extérieur. Les voyageurs sont accueillis dans le hall d’entrée, spacieux et convivial, par une sculpture en bois représentant Guillaume Tell et son fils Walter, avec en arrière-plan une vue sur la paroi rocheuse. La grande verrière donne alors l’impression de baigner dans la nature. D’un seul regard, les visiteurs perçoivent les différentes zones: la boutique adjacente à l’entrée, l’accès à l’étage supérieur abritant les sanitaires et, à gauche, le self-service qui fait face à une large terrasse. Ce dernier se développe sur un seul niveau. Avec un choix de matériaux aux tons neutres, il reste sobre et met en valeur l’offre riche et colorée des mets et boissons. La partie restaurant en revanche occupe l’entier du volume. Selon la saison, lorsque la météo le permet, il est possible de

profiter de la loggia couverte ou de la vaste terrasse qui, grâce à sa situation abritée au bord de la Reuss, procure aux utilisateurs une sensation de délassement. Les sanitaires à l’étage sont autant exceptionnels et surprenants par leur matérialité que par leur disposition. Les femmes bénéficient d’une vue sur la ‹Tschingelfluh› alors que les hommes profitent d’un dégagement sur la Schächental. Les WC se déclinent en petites cabanes en bois rappelant là aussi la tradition paysanne. Afin de compléter l’offre, des douches destinées aux routiers par exemple, sont également disponibles.

La structure principale, formée de portiques à trois articulations en bois lamellé collé, repose sur un socle minéral. La façade en lamelles ajourées permet une transition fluide entre l’intérieur et l’extérieur avec un environnement qui reste perceptible dans tous les espaces. La nuit, la sensation est inverse et le corps du bâtiment s’illumine de manière accueillante, faisant rayonner l’intérieur vers l’extérieur. Les matériaux utilisés se caractérisent par leur simplicité, principalement du sapin blanc suisse provenant de la région du Napf et du béton

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constitué avec du gravier local de la Reuss. Le même gravier est également ajouté au sol en terrazzo poncé, prolongeant de cette façon les nuances de couleur des roches environnantes dans le bâtiment. Le sol minéral offre ainsi comme un contrepoint à la construction en bois légère qui délimite les volumes. Le sapin blanc de l’enveloppe est également présent à l’intérieur, avec la même configuration ou sous forme de lambris pour les surfaces destinées à être opaques.

Le restoroute, grâce à son aspect accueillant et convivial, est une halte privilégiée pour les touristes qui profitent alors des produits régionaux avant de se confronter à la longue ascension du Gothard pour découvrir les pentes ensoleillées du versant tessinois.

Situation

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3722 Axonométrie
3723 20 m Rez­de­chaussée Etage
Coupe de détail sur lamelles de toiture et vitrage

Composition toiture:

Latte de toiture, bois acétylé 36 x 80 mm

Lattage croisé, profils alu 2 x 40 mm

(latte inférieure sur taquets)

Etanchéité de toiture bitumineuse bicouche

Panneau de particules liées au ciment

20 mm

Lattage ventilation 60 x 50 mm

Lé d’étanchéité de sous­toiture

Panneau de fibres 60 mm

Nervures C24 60x180 mm/

isolation 180 mm

Panneau OSB, joints étanchés 25 mm

Composition parois (opaques et vitrées):

Portiques bois e = 2 m, d = 180 mm

Fenêtre bois (cadre min. 76 mm) 80 mm

ou

Lambris vertical, sapin 20 mm

Lattage 30 mm

Panneau OSB 15 mm

Nervures C24 80 x 200 mm, e = 625 mm/

Isolation 200 mm

Panneau de fibres 30 mm

Lé de façade

Lattage 2 x (30 x 60 mm), e = 625 mm

Lambris vertical, sapin 20 mm

Espace intermédiaire env. 100 mm

Lieu Aire de repos direction sud, Dimmerschachen, 6467 Schattdorf

Maître d’ouvrage Aire de repos du Gotthard A2 Uri AG, 6467 Schattdorf

Représentant du M.O. Nüesch Development AG, Zurich

Architecte alp Architektur Lischer Partner AG, Lucerne Paysagiste Müller Illien Landschaftsarchitekten, Zurich

D.T.et planification des coûts bhp Baumanagement AG, Emmenbrücke

Ingénieur civil Schubiger AG Bauingenieure, Lucerne

Ingénieur bois et protection incendie Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee

Ingénieur électricité Elektroplanung R. Mettler AG, Altdorf

Ingénieur CVS Zurfluh Lottenbach GmbH, Lucerne

Physique du bâtiment et acoustique Kopitsis Bauphysik AG, Wohlen

Conception éclairage Lichtbau GmbH, Berne

Entreprises bois Burch Holzbautechnik AG, Sarnen; Otto Schuler Holzbau AG, Schattdorf; Neue Holzbau AG, Lungern

Bois mis en œuvre bois lamellé-collé épicéa 171 m3 (CH); bois lamellé-collé mélèze 5 m3 (D/A); carrelets d’ossature épicéa 70 m3 (CH); lambris sapin blanc (intérieur) 1180 m2 (CH); lames sapin blanc (intérieur) 1480 m (CH); bardage sapin blanc 435 m2 (CH); lames de façade sapin blanc 4900 m (CH); lattes de revêtement de toiture bois acétylé 10 650 m (NZ); lames de terrasse bois acétylé 275 m2 (NZ); dérivés du bois (D, A)

Coûts CFC 1–9 CHF 15,04 millions HT

Coûts CFC 214 CHF 2,20 millions HT

Prix au m3 (CFC 2) CHF 693.– HT

Surface de terrain SIA 416 20 646 m2

Surface bâtie SIA 416 1195 m2

Surface de plancher SIA 416 2391 m2

Volume bâti SIA 416 11 870 m3

Durée de construction juin 2017 – mai 2018

Photographe Roger Frei, Zurich

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Hôtel des Horlogers, Le Brassus

Le nouvel ‹Hôtel des Horlogers› présente deux visages: alors qu’il offre une façade d’entrée sur deux niveaux qui fait la part belle au bois, sa face opposée, tout en baies vitrées, s’étire en un long ruban décalé. Abritant les chambres, il suit la pente du terrain et zigzague face à la vue exceptionnelle sur la plaine et, plus loin, la forêt du Risoud.

Le dernier-né des bâtiments d’Audemars Piguet, entreprise installée au Brassus dans la vallée de Joux et en mains des familles éponymes depuis 1875, s’inscrit dans la même veine que la réalisation voisine de son Musée Atelier: innovante et spectaculaire. Son prédécesseur, l’‹Hôtel de France›, a hébergé des hôtes de 1857 à 2000. Racheté en 2003 et exploité entre 2005 et 2016 par la firme horlogère, il ne répondait cependant plus aux exigences de la marque. Après avoir été dépollué, le site était prêt pour accueillir un édifice moderne qui, en 2018, avait d’ailleurs reçu le prix ‹Leisure Led Development Future Project› du World Architecture Festival.

Le projet du nouvel hôtel à l’architecture avantgardiste est conçu par le bureau new-yorkais des architectes danois BIG (Bjarke Ingels Group) et réalisé par CCHE, deux partenaires qui avaient déjà signé le Musée Atelier Audemars Piguet voisin. La démarche pour réduire l’empreinte de la réalisation sur l’environnement a conduit à adopter la norme écoresponsable la plus exigeante en la matière: Minergie-Eco. Elle englobe aussi bien la construction du bâtiment que son exploitation, tout au long de son cycle de vie. Si l’ouvrage fait la part belle aux matériaux naturels comme la pierre et le bois de la région, un maximum de matériaux recyclés a en outre été utilisé.

De la rue, on accède au bâtiment par l’esplanade aménagée avec une végétation d’essences indigènes. De ce côté la façade en bois se pare de claustras horizontaux en correspondance des baies, tandis que l’entrée est protégée par un large auvent. Sur l’autre face, les architectes ont su tirer parti de la pente pour disposer les chambres qui s’avancent progressivement en escalier le long des façades en biais. Un cheminement extérieur sur leur toiture végétalisée en forme de rampe trace alors un long ruban en zigzag. Cette disposition

permet non seulement de jouer sur la profondeur des pièces, mais aussi sur leur hauteur. Ce parcours se dédouble à l’intérieur en un couloir en pente douce qui distribue les différents locaux.

Cette absence de superposition horizontale et verticale a requis la modélisation 3D de l’ouvrage pour permettre aux entreprises d’intégrer sa géométrie particulière, car les nombreux décalages impliquaient autant d’étapes de bétonnage. Pour le second œuvre également, les alignements complexes ont nécessité une coordination sans faille. Une grande partie de la structure est massive, à l’image des murs intérieurs apparents en béton de parement. Les dalles mixtes bois-béton des chambres, dont la sous-face en épicéa est visible, leur procurent un aspect confortable et chaleureux. Le sauna se distingue par son revêtement en bois d’Hemlock, alors que pour l’enveloppe et les claustras, le choix s’est porté sur du mélèze pré-grisé.

Cet hôtel quatre étoiles supérieur dispose de 50 chambres de différents niveaux d’équipement et de confort, dont 12 suites. Il propose une brasserie et un restaurant gastronomique, un bar, quatre salles de conférences et un espace bien-être avec spa et fitness. La rampe interne relie ces espaces qui présentent la même orientation et s’ouvrent sur le panorama exceptionnel de la vallée de Joux.

La décoration intérieure, conçue par l’entreprise spécialisée AUM, est la manifestation d’une identité forte à même d’incarner le tourisme de luxe dans la région. Pour les aménagements et le mobilier, elle s’inspire des codes de l’horlogerie: précision, raffinement et souci du détail.

L’hôtel dispose en outre de places de parc, dont certaines pour véhicules électriques. Des panneaux photovoltaïques assurent une partie de l’apport nécessaire en énergie, alors que le chauffage et l’eau chaude sont alimentés par le réseau à distance ‹Brassus Bois›.

L’hôtel, géré indépendamment, n’est cependant pas réservé à la seule marque horlogère. Il accueille en effet tous les visiteurs, sans distinction, et donne un nouvel essor au développement touristique d’une région qui offre tous les atouts d’un espace en harmonie avec la nature.

Situation

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Lieu Route de France 8, Le Brassus

Maître d’ouvrage Manufacture d’horlogerie

Audemars Piguet SA, Le Brassus

Architecte projet BIG (Bjarke Ingels Group), bureau de New-York

Architecte réalisation CCHE Lausanne SA, Lausanne

Architecte d’intérieur AUM, Tassin-la-Demi-Lune (FR)

Géomètre Bureau d’études techniques Thorens et Associés SA, Le Brassus

Ingénieur environnement ALTEREGO Concept SA, Petit-Lancy

Ingénieur civil et bois Ingphi SA, Lausanne

Entreprises bois JPF-Ducret SA, Bulle (structure); Etienne Berney SA, Le Brassus (façades); Gindraux Fenêtres SA, St-Aubin-Sauges (fenêtres); Wider SA Montreux, Clarens (menuiserie parties communes)

Bois mis en oeuvre sapin blanc pré-grisé 983 m2 (façades); épicéa massif lamellé collé 1048 m2 (plafond chambres)

Ingénieur façade BCS SA, Neuchâtel

Ingénieur sécurité IGNIS SALUTEM SA, St-Légier

Ingénieur chauffagiste Chuard Ingénieurs Vaud SA, Lausanne

Ingénieur ventilation/sanitaire Duchein SA, Villars-sur-Glâne

Ingénieur électricien MAB-Ingénierie SA, Morges

Coûts CFC Non communiqués

Surface de terrain SIA 416 14 578 m2

Surface bâtie SIA 2400 m2

Surface de plancher SIA 416 8715 m2

Surface utile de plancher SIA 416 5870 m2

Volume SIA 416 28 111 m3

Nombre de chambres 50 dont 12 suites

Durée de construction juin 2018 – avril 2022

Photographe Audemars Piguet

De haut en bas: plans des étages inférieurs au 1er étage

3728
3729 20 m Coupe transversale

Composition toiture:

Substrat végétalisé 170 mm

Natte géotextile 3 mm

Drainage 75 mm

Etanchéité bicouche 10 mm

Isolation PIR 120 mm

Pare­vapeur

Dalle mixte bois­béton:

béton 150 mm bois 180 mm

Composition façade:

Lames bois prégrisées 22 mm

Lattage 27 mm

Contre­lattage 40 mm

Pare­pluie

Isolation PBM 220 mm

Etanchéité 20 mm

Mur béton armé 240 mm

Composition dalle en encorbellement:

Parquet 20 mm

Chape ciment 80 mm

Feuille PE

Isolation 50 mm

Dalle béton 300 mm

Isolation PBM 300 mm

Pare­pluie

Contre­lattage

Lattage 27 mm

Lames bois prégrisées 22 mm

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Coupe de détail
3731

Mad Mount Hotel, Nendaz

Dans la station valaisanne de Nendaz, des modules en bois préfabriqués, déjà équipés de toutes les techniques nécessaires et s’emboîtant comme des Lego®, ont permis de construire en un temps record un hôtel d’un genre nouveau. Cette réalisation permet en particulier de valoriser tant le bois que la compétence des entreprises locales.

Au cœur de la station, à proximité immédiate des remontées mécaniques qui emmènent les skieurs et randonneurs en altitude, se dresse l’hôtel flambant neuf ‹Mad Mount›. Le credo de cette chaîne d’hôtels, ‹être durable et en phase avec la nature›, se concrétise non seulement dans l’exploitation mais dès les premières esquisses du projet. Ce premier bâtiment d’un nouveau modèle hôtelier vise à terme la dénomination de ‹négatif en carbone›. Il reflète ainsi une certaine évolution de la société: de la construction aux produits mis à la disposition des clients, il considère les matériaux en tenant compte de leur proximité. Dans ce contexte, une entreprise bois locale, Modubois SA, a su proposer une variante innovante de modules de chambres en bois dont la structure provient de forêts suisses. Entièrement préfabriquées, elles sont à même de réduire la durée du chantier. Ce concept s’appuie sur des éléments incorporant avant le montage final toutes les installations techniques sanitaires et électriques pour finalement s’empiler comme des Lego®. Il n’y a alors plus qu’à les raccorder pour finaliser l’ensemble. Si ces modules constituent ici à chaque fois une chambre, ils sont dans d’autres cas personnalisables selon les besoins des clients, de la structure extérieure aux finitions intérieures.

Deux chambres peuvent être ainsi couplées pour former un petit logement par exemple. Seule contrainte, la technique du bâtiment et ses interfaces doivent être gérées en amont, comme pour l’ajout d’un élément électrique ou sanitaire. Modubois SA, qui gère la production de ces modules, a été fondée en 2018 par plusieurs entrepreneurs actifs dans le bois et expérimentés dans des domaines aussi variés que l’ingénierie, l’architecture, la charpente ou la construction. Elle fonctionne comme un catalyseur et utilise les compétences et les infrastructures des entreprises existantes du canton pour la structure, les façades et les aménagements intérieurs selon la région où se situe le projet. Ce processus permet de gagner en rentabilité et en temps, allié à une qualité d’exécution constante. A noter que cette innovation a été récompensée en 2019 par le ‹Prix Créateur BCVs›.

Cette alternative aux constructions tout en béton se prête parfaitement à la réalisation de bâtiments collectifs et/ou commerciaux ou tout autre ouvrage en série. Ce concept a déjà fait ses preuves pour un autre hôtel à Hérémence, dans la vallée voisine. Au ‹Mad Mount Hotel›, un socle en béton sert de base à la pose des premiers éléments en bois qui pèsent en moyenne 13 tonnes. L’ensemble intègre également les voies d’évacuation verticales et la cage d’ascenseur dans un noyau en béton apparent qui s’étend d’un pignon à l’autre. Lors du terrassement et de la réalisation du noyau, les chambres étaient déjà en phase de fabrication. Ces modules autoportants de 3,70 m x 6,40 m ext. (3,30 m x 6,00 m int.) sont en bois lamellé croisé (CLT) et dimen-

sionnés en tenant compte de la zone sismique, du nombre d’étages, de l’altitude et de l’isolation phonique. Ils répondent en outre aux directives de protection incendie avec un tablier d’interruption de ventilation, souligné en façade par des filières métalliques noires, rehaussant le caractère modulaire de la réalisation. Le bois de structure a obtenu le Label Bois Suisse. Toutes les faces du module sont isolées avec de la laine minérale à des fins phoniques et thermiques. Les éléments sont assemblés latéralement par des plaques clouées, et le tout est fixé avec des tiges filetées encollées.

Les cinq niveaux sur rez de l’hôtel comportent 28 chambres livrées sur le chantier, pleinement équipées avec porte, couloir incluant armoire et rangements, salle de bain avec douche, pièce principale avec lits et rangement pour valises, mobilier fixe et fenêtre. 24 modules sont identiques alors que les 4 restants dans les combles, profitant d’un plus grand volume, se partagent entre 2 éléments pour des personnes à mobilité réduite et 2 dortoirs à 8 lits chacun.

L’établissement, destiné aux amateurs de sports de montagne hiver comme été, offre une prise en charge entièrement numérisée accessible en ligne sur son portable. Un QR-code sert de clé pour tous les services offerts: parking, chambre, bar avec terrasse, piscine, spa de luxe avec de nombreux équipements de bien-être, mais également un local de réparation de vélos et de skis et des chargeurs de vélos électriques. La finition intérieure entièrement en bois permet alors de profiter des effets positifs de ce matériau sur la santé et procure délassement et sérénité aux occupants.

Lieu Haute-Nendaz (VS)

Maître d’ouvrage Mad Hotels Group SA, Haute-Nendaz

Architecte mjd architectes sa, Haute-Nendaz

Géomètre Ingeo SA, Haute-Nendaz

Ingénieur civil AMV SA, Sion

Ingénieur bois AMV SA, Sion en collaboration avec JM Etude bois Sàrl, Liddes

Conception incendie ECOFire SA, Venthône

Ingénieur CVSE Betica SA, Sion

Entreprise bois Modubois SA, Ardon

Bois mis en œuvre Bois lamellé-collé et lamellé croisé en épicéa suisse 389 m3(structure); mélèze européen 350 m2 (façade); sapin/épicéa européen 43 m3 (mobilier, fenêtres, portes)

Label Bois Suisse Structure porteuse

Coûts CFC 1–9 CHF 9,5 millions TTC

Coûts CFC 2 CHF 7,5 millions TTC

Dont coûts CFC 214 CHF 2,5 millions TTC

Surface de terrain SIA 416 930 m2

Surface utile SIA 416 1608 m2

Surface de plancher SIA 416 2095 m2

Volume bâti SIA 416 6700 m3

Prix/m3 SIA 416 (CFC2) CHF 1100.–/m3 TTC

Nombre de chambres 28 chambres d’hôtel + lobby (réception, bar, restaurant) + spa

Durée de construction juillet 2021 – décembre 2022

Photographe François Panchard

Situation

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3733

Composition toiture:

Revêtement métallique à double agrafe

Voligeage

Contre­lattage

Sous couverture

Isolation EPS

Pare­vapeur

Bois lamellé croisé

Composition plancher 4e étage:

Revêtement de sol linoléum + support

Panneau OSB

Chape sèche + chauffage au sol

Résilient acoustique

Isolation

Plaque de plâtre fibrée

Bois lamellé croisé

Plaque de plâtre fibrée

Laine minérale

Plaque de plâtre fibrée

Laine minérale

Bois lamellé croisé

Composition paroi:

Bois lamellé croisé

Laine minérale

Coupe­vent

Lattage vertical

Lattage horizontal Bardage bois

3734 Coupe détail
3735 20 m
1er au 4e étage Rez­de­chaussée
Combles Coupe

Documentation spécialisée BOIS

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Lignum

Holzwirtschaft Schweiz

Economie suisse du bois

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Mühlebachstrasse 8 Ch. de Budron H6, CP113 CH-8008 Zurich CH-1052 Le Montsur-Lausanne

Tél. 044 267 47 77 Tél. 021 652 62 22 Fax 021 652 93 41 info@lignum.ch cedotec@lignum.ch www.lignum.ch www.lignum.ch

Bulletin bois, mars 2023

Editeur

Lignum, Economie suisse du bois, Zurich

Rédaction

Jutta Glanzmann, Lignum et Ariane Joyet, Lignum-Cedotec

Conception graphique

BN Graphics, Zurich

Impression

Kalt Medien AG, Zoug

Administration, abonnements, expédition Lignum, Zurich

La publication du Bulletin Bois est soutenue par l’Office fédéral de l’environnement dans le cadre du Plan d’action bois 2021 – 2023.

ISSN 1420-0252

Le Bulletin bois paraît quatre fois par année, en allemand et en français.

Abonnement annuel CHF 48.–

Publications isolées CHF 20.–Classeur (10 numéros) CHF 140.–Classeur vide CHF 10.–Prix sous réserve de modifications.

Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des différents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.

Hotline – Service technique: 021 652 62 22 Nos spécialistes répondent gratuitement à vos questions entre 9 h et 17 h.

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