Bulletin bois 93/2009 Edifices religieux Centre paroissial, Kulm Centre paroissial, Sarmenstorf Centre paroissial catholique, Bonaduz Eglise catholique St. Maria, Strengelbach Chapelle provisoire de St-Loup, Pompaples Chapelle œcuménique de St Henry, Turku Bâtiments funéraires avec chapelle ardente, Escholzmatt
Générant une ambiance propice au recueillement, la chapelle de St-Loup adopte des formes résolument contemporaines. Architectes: Groupement d’architectes: Localarchitecture Bureau d’architecture Danilo Mondada, Lausanne; Shel, Hani Buri, Yves Weinand, Architecture, Engineering and Production design, Genève
Le bois: matériau de l’immatérialité
La modernité se comprend comme un projet rationnel dans le prolongement direct des Lumières, comme autodétermination de l’espèce humaine après la ‹sortie de l’ ‹immaturité› où elle se maintient par sa propre faute›, comme l’a formulé Kant. Dans le discours contemporain, le monde n’est plus considéré comme une création divine. La culture humaine impose sa présence sur le visage originel et naturel de la terre, et l‘emprise de la technique est toujours plus marquée. L’Homme du 21ème siècle se voit comme acteur de sa propre vie, aussi bien dans son ensemble que dans les détails. L'individu est dans de nombreux aspects de sa vie de plus en plus livré à sa propre responsabilité, avec pour compenser des troubles possibles entre la crèche et la vie adulte, des outils allant du génie génétique à la psychanalyse. Toute personne est responsable de faire de sa vie un tout heureux et harmonieux. Dans cette conception cependant, l'Homme ne peut échapper, même s’il a beau résister, à sa propre finitude. Une créature reste une créature, et le mystère qui se cache derrière cette constatation provoque chez chacun de nous de l’inquiétude. C’est bien pour cette raison qu’une corde sensible vibre toujours en nous lorsque nous pénétrons dans des environnements qui nous rappellent la dimension d'un tout plus grand que notre existence. Cela peut être les petites et les grandes œuvres de la nature, comme un spectacle naturel, ou des œuvres d’art, des bâtiments, même ceux sans symbolique religieuse, le plus important étant qu'ils touchent notre âme. Matériaux et structures occupent une place prépondérante dans la genèse de ce sentiment. Le bois, comme élément naturel, constitue pour le spectateur un médium particulier. Parce que le matériau bois évoque des notions de courage, de force, de puissance mais aussi de beauté, de diversité et d’émotion. Plus prosaïquement: le bois peut servir à créer des ambiances et à moduler les sensations physiques de l’espace telles que l'acoustique, la réfraction lumineuse, ou le toucher, ce qu’illustrent les projets présentés dans ce numéro.
Roland Brunner Communication technique Lignum
1898
Centre paroissial, Kulm L'extension du centre paroissial de Kulm, devait malgré les modestes moyens de la commune, permettre aux fidèles de se retrouver à nouveau au sein d'un lieu convivial et confortable. Situé au centre du village, l'ensemble paroissial d'Unterkulm est, grâce à son église érigée en l'an 1300, son cimetière, sa cure datant de 1862, et son lavoir, partiellement classé à l’inventaire des monuments historiques. En 1968, un baraquement provisoire a été érigé suivi en 1982 par un pavillon accueillant une salle dévolue aux réunions de la paroisse. A la suite d'une phase de planification stratégique, il a été décidé d'agrandir le pavillon ainsi que de démonter le baraquement existant. Ainsi, avec l’acceptation du plan d'affectation, la salle actuelle a pu être complétée avec une annexe à toit plat abritant la nouvelle entrée, un wc, une cuisine avec comptoir et un local de rangement. La structure en bois a été choisie pour des raisons économiques et de simplicité. En effet, ce matériau permettait une réalisation rapide sans investissement important. De plus, la structure porteuse apparente confère au local une sobriété qui s'accorde judicieusement aux activités du lieu. Le pavillon existant et l’annexe se fondent en un volume, grâce au revêtement en plaques fibro-ciment gris apposé sur l’ensemble.
Situation
1899
-
Coupe transversale
Coupe longitudinale
1900
10 m
Plan
Lieu Juchstrasse, 5726 Unterkulm Maître d’ouvrage Paroisse de Kulm Architecte Eins zu Eins AG, Architekten ETH/SIA, Aarau Entreprise bois Herzog Holz AG, Menziken Bois mis en oeuvre Bois massif 9 m3; Panneaux: OSB 210 m2, trois plis 27 mm 75 m2 et 45 mm 76 m2, panneaux de fibres isolants 64 m2; Lattes 40 x 60 mm 560 m; Revêtement de façade: plaques fibro-ciment 65 m2 Coûts CFC 2 CHF 370 000.– (Extension et adaptation de la salle polyvalente existante ) Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 417.– Surface de plancher SIA 416 227 m2 Volume SIA 416 887 m3 Durée de construction Juillet – décembre 2007 Photographe Michael Freisager, Baar
1901
Centre paroissial, Sarmenstorf Une zone verte au centre du village, proche de l’église, de la maison de paroisse et du cimetière, se prêtait parfaitement à la réalisation d’un centre paroissial. Afin de ne pas entrer en concurrence avec les bâtiments religieux, le centre, comprenant une salle polyvalente, a pris place dans un bâtiment d’un niveau de forme pavillonnaire. L’expression architecturale de l’édifice se caractérise par une façade ventilée en panneaux fibro-ciment gris anthracite. Avec sa couleur foncée, il contraste avec les bâtiments religieux crépis blanc et souligne ainsi le caractère profane du lieu, ouvert à toute la population villageoise pour différentes manifestations. Le grand avant-toit protège l’entrée, marque le lieu de rencontre de la communauté, et entretient une relation directe avec la paroisse, l’église et la rue. L’impression de fermeture par rapport à l’artère principale laisse la place à un intérieur coloré et ouvert, à l’image du foyer qui, distribuant les pièces, est lumineux et accueillant. La salle polyvalente et le foyer sont conçus comme une pièce unique aux larges dimensions qui peut être divisée en salles de réunions avec des parois de séparation coulissantes. Formant un seul compartiment coupe-feu, elle peut être utilisée pour des manifestations jusqu’à 200 personnes. Une cuisine professionnelle, des locaux sanitaires et des locaux techniques complètent le programme spatial. Une armoire le long de la salle intègre des réduits pour les sociétés et une niche pour les parois coulissantes. Les pièces sont aménagées de manière fonctionnelle et retenue. Les parois et la toiture sont composées d’éléments en ossature bois
1902
préfabriqués. A l’intérieur ils sont revêtus de panneaux OSB peints qui stabilisent la structure. La paroi en béton, sise en façade ouest, soutient les poutres en bois lamellé collé de la toiture froide. Celle-ci est étanchée par un lé bitumineux bicouche et recouverte d’une couche de gravier. Cette composition garantit une protection estivale importante et empêche la surchauffe des pièces. Une ventilation naturelle et une rangée de lanterneaux garantissent un climat intérieur agréable même lors de manifestations importantes. Dans le souci du respect des principes du développement durable, le bâtiment recourt au bois pour le chauffage.
Situation
Lieu Breitistrasse, 5614 Sarmenstorf Maître d’ouvrage Paroisse catholique de Sarmenstorf Architecte Hegi Koch Kolb Architekten, Wohlen; Direction du projet: Stefan Hegi; Collaborateur: Filippo Lo Iudice Entreprises bois Hüsser Holzleimbau AG, Bremgarten, et Max Fischer AG, Lenzburg Bois mis en oeuvre Bois de structure: bois massif 25 m3, BLC 13 m3; Panneaux: trois plis 395 m2, OSB 670 m2, panneau de fibre de moyenne densité, ouvert à la diffusion 490 m2, panneau de laine de bois liée au ciment 90 m2; Revêtement de façade: fibro-ciment 250 m2 Coût CFC 2 CHF 0,91 million dont CFC 214 CHF 200 000.– Surface de terrain SIA 416 1732 m2 Surface de plancher SIA 416 328 m2 Volume SIA 116 1789 m3 Prix /m3 SIA 116 (CFC 2) CHF 510.– Durée de construction Juin 2006 – mars 2007 Photographe Hegi Koch Kolb Architekten, Wohlen
1903
Composition toiture: Gravier 30 mm Etanchéité Panneau trois plis 27 mm Carrelets 80 x 100 mm Porteur en BLC 200 x 400 – 940 mm, avec porteurs transversaux 100 x 240 mm Eléments en caisson: panneau de fibres de bois 15 mm nervures 180 mm/Isolation laine minérale OSB 22 mm Composition parois: OSB 15 mm, peint Montants 160 mm/Isolation Panneau de fibres de bois 15 mm Lattage 30 mm Panneau fibro-ciment 10 mm Composition plancher: Plaque céramique 10 mm Chape 70 mm Pare-vapeur Isolation 100 mm Lé d’étanchéité Radier 200 mm Béton maigre 50 mm Coupe détail
1904
Plan
10 m
1905
Centre paroissial catholique, Bonaduz La réalisation du nouveau centre paroissial de Bonaduz devait permettre de redynamiser le village, en proposant un lieu de rencontre et de culture mis à disposition de toute la population. Le choix du bois pour la construction a permis une intégration sensible dans le contexte bâti historique. Intervenir dans ce contexte exige beaucoup d’égards de la part des planificateurs. Ainsi, les arbres centenaires avoisinants n'ont pas été affectés par la construction, tout comme la topographie du terrain afin de maintenir le caractère rural du lieu et ainsi perpétuer, voire renforcer l'ancienne structure du village. Le nouveau centre paroissial a été érigé sur les fondations d'une ancienne étable et complété par les bâtiments de l'administration paroissiale situés au nord de l'église. De par leurs revêtements de façades en lames de bois aux couleurs chaleureuses et en tavillons, les trois volumes constituant le centre se détachent des constructions en pierre avoisinantes. Le corps principal du complexe paroissial remplace l'ancienne étable en reprenant l’alignement des maisons adjacentes. Son revêtement en tavillons gris anthracite a un effet apaisant et souligne le caractère culturel de l'édifice. Le bâtiment d’entrée, lié au corps central par un couloir sombre, ainsi que la passerelle d’accès, sont quand à elles revêtues de mélèze claire. Pour atteindre le nouveau lieu de rencontre, il faut traverser la place de l’église parsemée de vieux arbres. La passerelle liant le centre paroissial à cette place permet, également aux personnes à mobilité réduite, d’accéder aisément à la salle principale. Sa structure en bois ajourée fait référence autant
au nouveau centre paroissial qu’à l’ancienne étable. Ce passage faisant office d'entrée mène à l’étage comprenant le foyer, une cuisine et des sanitaires. Les revêtements sans joints des parois en épicéa confèrent une clarté agréable aux locaux. S'en suit un couloir sombre donnant accès à la vaste salle aux parois crépies du bâtiment principal. Cet espace qui constitue le cœur de cet ouvrage à deux étages est dévolu aux activités culturelles et peut accueillir jusqu'à cent personnes. Les diverses sociétés villageoises y trouvent un lieu propice à leurs activités. Le rez-de-chaussée quant à lui, abrite les archives communales ainsi que plusieurs autres pièces, dont une salle de conférence. La passerelle, dont l'accès se fait par un cadre en acier, est porté par une poutre simple en bois lamellé-collé recollé et transversalement précontrainte d'une section de 44 cm par 178 cm pour une longueur de 10,7 m. Les lattes ajourées en mélèze de 69 mm de large par 112 mm de haut placées tous les 128 mm ont été directement fixées sur le porteur. Dans chaque espacement une latte verticale de même section à été fixée constituant ainsi les parois ajourées de la passerelle. Les lattes sont maintenues ensemble par une tige filetée de 12 mm de diamètre. Un plancher de 10 mm d'épaisseur et d'un mètre de large a été posé sur la poutre. Les deux bâtiments du centre paroissial sont constitués d'une structure en ossature bois posée sur des fondations massives, alors que la toiture et les planchers sont des éléments en caissons. Cependant, le plafond du local d'archives a dû être réalisé en béton pour des raisons de protection
incendie. La réalisation se distingue par une conception soignée des détails.
Situation
Lieu Via Sogn Gieri, 7402 Bonaduz Maître d’ouvrage Paroisse catholique de Bonaduz Conception du projet Walter Bieler AG, Bonaduz Entreprise bois Untersander Holzbau, Bad Ragaz, et Möhr Gebr. AG Holzbau, Maienfeld (montage), Andreas Gredig, Schreiner, Versam (tavillons, revêtement de façade) Bois mis en œuvre Bois de structure: bois massif 32 m3, BLC 22 m3; Panneaux 1060 m2: Revêtements: lambris épicéa/sapin 700 m2, lambris mélèze 202 m2, tavillons mélèze 245 m2 Coûts CFC 2 CHF 1,2 millions dont CFC 214 CHF 392 500.– Surface de plancher SIA 416 270 m2 Volume SIA 416 1410 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 850.– Durée de construction Mars – décembre 2007 Photographe Ralph Feiner, Malans
Coupe
10 m
Rez-de-chaussĂŠe
1er ĂŠtage
Composition toiture: Revêtement zinc-titane Lambris 27 mm Lattage 80 mm Lé de sous-couverture Eléments en caisson: panneau trois plis 27 mm nervures 280 mm /Isolation fibres de cellulose panneau trois plis 27 mm Lattage 50 mm /Isolation laine minérale Panneau acoustique 15 mm Composition plancher: Revêtement de sol Chape coulée 65 mm Couche de séparation Isolation 20 mm Isolation phonique 20 mm Béton armé 200 mm Composition paroi extérieure: Panneau de plâtre armé de fibres 15 mm Lattage 44 mm /Isolation laine minérale OSB 22 mm Montants 180 mm /Isolation Lambris 24 mm Pare-vent
Coupe façade
Eglise catholique St. Maria, Strengelbach L’église catholique de Strengelbach a été conçue comme un édifice fonctionnel et polyvalent, qui peut même apparaître pour certains comme banal, dénué de toute référence à une symbolique métaphysique. Cette démarche présente, à travers sa sincérité, la chance de réaliser un ouvrage apparaissant comme le reflet de notre époque et qui démontre que le besoin humain d’un monde moins axé sur les biens matériels est bien réel, malgré le climat de consumérisme ambiant. Le nouveau centre paroissial a été conçu comme un simple cube, qui permet de répondre aux besoins spatiaux actuels de la communauté, tout en autorisant une éventuelle extension. Son front dominant est orienté sur la rue principale, de laquelle on accède au parvis de l’église protégé par un mur à la frontière duquel se dresse le clocher – reste de l’ancienne église démolie. Un foyer lumineux distribuant les pièces de part et d’autres, s’étend d’est en ouest et permet également l’accès depuis le parking. Le coeur du bâtiment, l’église proprement dite, n’a pas une fonction uniquement sacrale, mais sert à d’autres affectations. Seuls la croix en bois et le vieil orgue, qui ont été récupérés dans l’ancien édifice, confèrent une dimension sacrée à l’espace. La salle offre de la place à 200 personnes pour les diverses manifestations de la paroisse. A côté se trouvent la sacristie, différentes salles poly-
valentes, une cuisine professionnelle, ainsi que des locaux techniques et les sanitaires. Pour répondre aux exigences fonctionnelles, constructives et financières, le bâtiment a été réalisé avec une ossature bois préfabriquée basée sur une trame de 2,5 m. Grâce à une isolation conséquente, il atteint le standard Minergie. Les façades sont revêtues de lamelles de cèdre rouge, qui selon l’heure du jour ou la lumière du soleil, génèrent un jeu d’ombres et de lumière vivant. De grandes surfaces
vitrées, en partie translucides, rompent la rigueur des façades. L’aménagement intérieur fait appel à des matériaux régionaux. Du bois d’érable et du calcaire du Jura soulignent avec leurs tons clairs l’atmosphère gaie qui se dégage du lieu. A l’intérieur dominent une clarté formelle et une douce chaleur, alors qu’à l’extérieur, les façades confèrent au bâtiment une présence retenue mais évidente dans le village et l’enrichissent de manière durable.
Situation
1911
Lieu Zofingerstrasse, 4802 Strengelbach Maître d’ouvrage Paroisse catholique de Zofingue Architecte Alberati Architekten AG, Zofingue; Collaborateurs: Robert Alberati, Bruno Gloor, Jaana Küttler Ingénieur civil Emch & Berger, Zofingue Acousticien Bakus Bauphysik & Akustik GmbH, Zurich Ingénieur bois MOM mobile business, Laufenburg Entreprise bois Erne AG Holzbau, Laufenburg Bois mis en oeuvre Bois de structure: carrelets d’ossature 33 m3, BLC 58 m3; Panneaux: OSB 1990 m2, trois plis 420 m2, panneau de plâtre cartonné 540 m2; Lattes 850 m; Lambris façade Red Cedar 7100 m Coûts CFC 2 CHF 2,1 millions dont CFC 214 CHF 464 600.– Surface de terrain 4123 m2 Surface de plancher brute 562 m2 Volume SIA 116 3915 m3 Prix/m3 SIA 116 (CFC 2) CHF 535.– Durée de construction Mai – décembre 2006 Photographe Alberati Architekten AG, Zofingue, et Erne AG Holzbau, Laufenburg
1912
Coupe longitudinale
10 m
Plan
1913
1914
Composition toiture: Végétation extensive 80 mm Lé d’étanchéité Isolation avec forme de pente, 280 mm Frein vapeur Eléments nervurés: OSB 22 mm nervures 380 mm Composition plafond acoustique dans le foyer: Isolation acoustique 40 mm Non-tissé Panneau trois plis 27 mm, peint et perforé Composition parois: Panneau de plâtre cartonné 18 mm Lattage 82 mm / RHS 80/80/10 OSB 18 mm Montants 220 mm/ Isolation OSB 18 mm Pare-vent Lattage 30 mm, noir Lambris ajouré 40 x 30 mm Red Cedar Composition plancher: Revêtement de sol 20 mm Chape 80 mm Isolation 140 mm Lé d’étanchéité Dalle béton 200 mm
Coupe façade
1915
Chapelle provisoire de St-Loup, Pompaples Située sur le terrain de l’hôpital et de la Communauté de Saint-Loup, cette chapelle se dresse au pied du Jura, dans un cadre naturel unique. Ce bâtiment provisoire, lieu de rencontre et de recueillement de la communauté religieuse, est un petit bijou expérimental, où les panneaux de bois définissent à la fois l’espace et la structure porteuse et participent pleinement à la création d’une ambiance calme et sereine, propice à la prière. Suite à la rénovation de leur Maison Mère et du redimensionnement de leur chapelle, les Diaconesses de la communauté de St-Loup se sont vues obligées de trouver une solution transitoire pendant la durée des travaux, pour leurs cultes journaliers. Vue la spécificité de l’affectation et de la situation, des variantes traditionnelles de types containers ou tentes ont rapidement été écartées. Ce programme exceptionnel nécessitait une solution exceptionnelle. Les architectes de LOCALARCHITECTURE, partenaires du Groupement d’architectes mandaté avec le Bureau d’Architecture Danilo Mondada, intéressés par la construction en bois, ont alors proposé une collaboration avec l’IBOIS de l’EPFL, dont les recherches en cours sur les structures plissées s’inspirant de l’origami, l’art japonais du pliage de papier, paraissaient particulièrement prometteuses pour ce type de projet. L’outil informatique développé par l’institut permet de générer la forme voulue, d’analyser son comportement structurel et d’élaborer les plans de découpe des panneaux. Jusque-là seuls des petits prototypes avaient été réalisés. La chapelle de St-Loup constituait
1916
ainsi une occasion unique d’appliquer la méthode à plus grande échelle. L’utilisation de panneaux en bois, définissant à la fois la structure porteuse et l’espace, permettait une réalisation à moindre coût, critère fondamental pour une solution provisoire. La nouvelle chapelle vient s’implanter dans le vaste espace libre disponible au centre du complexe, à la croisée des cheminements, là où un vieux noyer signale l’entrée du parvis. Elle devient ainsi l’élément réunificateur du site. Posée à même le sol, elle se développe d’est en ouest dans l’axe de la vallée et, ouverte à chaque pignon, elle laisse pleinement entrer la lumière naturelle. L’ouvrage, petit en volume, possède une réelle monumentalité. Il s’inspire pour cela de la forme traditionnelle des églises en proposant un espace se déployant en profondeur, rythmé par les plis du bois à la manière des colonnades, et s’élevant vers le cœur, où une ossature constituées de montants et de diagonales évoque la structure d’un vitrail. A l’intérieur, la lumière est filtrée par des panneaux de polycarbonate générant une ambiance de quiétude propice au recueillement alors que vers l’extérieur, les façades pignon sont revêtues d’un textile aux reflets cuivrés. Grâce au principe des plis, les panneaux structurels en bois contrecollés peuvent être relativement fins, soit 60 mm en toiture et 40 mm pour les façades et sols. Tous de tailles et de formes différentes, ils sont découpés à la CNC et ensuite assemblés par des tôles métalliques pliées de 2 mm et clouées. Une étanchéité bitumineuse recouvre la charpente. La peau extérieure protectrice est constituée de simples panneaux trois plis de 19 mm lasurés,
montés sur un lambourdage. L’inclinaison des différents plis et l’assemblage des panneaux à joints ouverts, permettent de garantir l’écoulement des eaux de pluie.
Situation
Lieu 1318 Pompaples Maître de l'ouvrage Institution des Diaconesses de St-Loup, Pompaples Architectes Groupement d’architectes LOCALARCHITECTURE Bureau d’architecture Danilo Mondada, Lausanne; Shel, Hani Buri, Yves Weinand, Architecture, Engineering and Production design, Genève Entreprise bois Lambelet SA, Puidoux Bois mis en œuvre Panneaux contrecollés 40 mm 327 m2 et 60 mm 160 m2; panneaux trois plis 19 mm 333 m2 Volume SIA 600m3 Coûts CFC 2 CHF 278 400.– Durée de construction Avril – juin 2008 (2 mois) Photographe Milo Keller
1917
Coupe longitudinale
Plan
1918
10 m
Composition toiture: Panneau trois plis 19 mm, peint Lattage 27 mm Lé d’étanchéité bitumineux Bois panneauté multicouche 60 mm Composition paroi: Bois panneauté multicouche 40 mm Lé d’étanchéité bitumineux Lattage 27 mm Panneau trois plis 19 mm, peint Composition pignon: Plaque polycarbonate 10 mm Montants 60 x 100 mm Textile façade monté sur cadres 20 x 20 mm
Coupes façade
Composition plancher: Bois panneauté multicouche 40 mm Longrine 100 x 160 mm Fondations ponctuelles béton
1919
Chapelle œcuménique de St Henry, Turku Se dressant dans le paysage à l’image des bâtiments religieux traditionnels, la chapelle de St Henry est située sur l’île de Hirvensalo face à la méridionale Turku. Entourée de pins et d’épicéa, sa forme épurée lui permet de se fondre dans le paysage des champs et des collines boisées qui l’entourent. D’une forme extérieur presque ascétique, elle est pourtant le deuxième bâtiment religieux le plus visité de Finlande. Située au sommet d’une des nombreuses collines que compte l’île, on atteint la chapelle par un chemin serpentant dans la déclivité. Intégré à un centre de service destiné à accueillir des personnes atteintes de maladies incurables, sa vocation est œcuménique. Ainsi plus qu’une identité religieuse en particulier, c’est l’essence du sacré qui a guidé les concepteurs. De l’extérieur, l’édifice semble un bateau retourné, ou un poisson, référence au signe de ralliement des premier chrétiens. Cette impression est renforcée par le faîte à la forme organique et le revêtement en feuilles de cuivre, dont la disposition en diagonale rappelle autant d’écailles. Avec le temps celui-ci, grâce à l’oxydation des plaques, gagnera un ton vert en harmonie avec la nature voisine. Ainsi de l’extérieur rien ne laisse présager de l’affectation de l’ouvrage, si ce n’est sa stricte orientation est-ouest. Pourtant lorsque le visiteur franchit l’entrée par une journée d’hiver au soleil rasant, il est immédiatement frappé par l’atmosphère intérieure, qui sans signe distinctif propre à une communauté, semble vouloir le conduire vers la méditation et le recueillement. Le foyer d’accueil est de taille modeste, immédiatement suivi par deux box qui représentent
1920
un lieu de transition pour qui s’avance vers la nef. A cet endroit, seule une ouverture sommitale procure un apport de lumière. Les deux édicules contiennent les services minimaux pour cet espace qui sert à l’occasion de lieu d’exposition. Il s’engage alors dans la nef proprement dite dont le plan va en s’évasant, illuminée par le dernier axe où se situe l’autel. Celui-ci est entièrement muni de vitraux qui baignent l’intérieur de lumière naturelle. Les arcs de lamellé collé en ogive surhaussée, disposés selon un trame de 2 m et s’élevant jusqu’à 12 m de hauteur, supportent un lambris de pin qui
Situation
donne à l’ensemble une clarté dorée. Le mobilier, composé de bancs sans dossier dans le même matériau que l’ensemble de l’édifice, est particulièrement sobre et, répondant au parquet ciré, souligne ainsi la force expressive de l’intérieur. Si la dernière partie de la nef reste dédiée aux offices, la première partie se transforme en un lieu d’exposition. Les sièges sont alors retirés pour libérer l’espace. Cette cohabitation de l’art et du sacré évoque les églises de la renaissance, et souligne l’aspect d’ouverture spirituelle voulu par les maîtres d’ouvrage.
Lieu Seiskarinkatu 35, Turku Maître de l'ouvrage Association de la chapelle St Henry, Turku Architecte Sanaksenaho Architects, Helsinki Ingénieur civil Kalevi Narmala, Narmaplan Oy, Turku Entreprise bois Hartela Oy, Turku Volume 2400 m3 Coûts 1,6 million Euros Durée de construction Février 2004 – mai 2005 Photographe Jussi Tiainen
1921
Coupe longitudinale
Plan
1922
10 m
Coupe transversale
Composition paroi extérieure: Lambris pin 21 mm Vide d’installation 32 mm Frein vapeur Filière 150 mm / Isolation Panneau dérivé du bois 9 mm Lattage 100 mm Lambris 20 mm Lé d’étanchéité Coupe de détail
Revêtement cuivre
1923
Bâtiments funéraires avec chapelle ardente, Escholzmatt Le vieux cimetière d’Escholzmatt datant de la fin du 19ème siècle, devait être rénové. L’ancienne morgue devait être remplacée par un nouveau bâtiment funéraire comprenant une chapelle ardente et un local annexe et complété par une zone d’ensevellissement commune, le jardin du souvenir. La chapelle ardente, élément emblématique du nouvel aménagement, est un volume en bois de forme ellipsoïdale, qui transperce un couvert en béton. Le cimetière est un lieu chargé d’émotions. Les bâtiments et les installations sis à l’intérieur en sont les porteurs, que ce soit une tombe avec inscription, une croix, un jardin du souvenir ou une chapelle ardente. Alors que dans tout projet architectural, la fonction est importante, dans un cimetière, la notion fonctionnelle n’est pas suffisante pour donner une réponse adaptée à l’endroit. Les architectes mandatés ont alors essayé de comprendre le cimetière comme lieu de projection, dans lequel tout être humain puisse vivre ses émotions et son chagrin, et laisser une trace, à sa façon et sous la forme qu’il désire. Ils ont cherché à concevoir un contenant qui puisse répondre aux besoins des visiteurs, lui donner une forme qui se détache des bâtiments profanes sans pour autant être voyant, et réduire son expression à l’essentiel sans tomber dans la banalité. Cette recherche a été accompagnée par un groupe de travail et par la suite soutenu par la commission de construction, permettant d’atteindre une solution convenant à tous. Le nouveau volume en bois est déjà visible depuis l’église et signale l’implantation spécifique du jardin du souvenir et de la chapelle à l’intérieur du cimetière. Le visiteur atteint
cette zone par l’axe central remanié. La grande dalle du colombarium s’avance dans l’esplanade. Les pierres funéraires, ordonnées le long d’une rigole d’eau comme de petites tombes, apparaissent comme une seule grande tombe. De l’esplanade, le mur en béton légèrement courbe du cimetière guide les visiteurs à l’entrée des bâtiments funéraires. Le couvert en béton sous lequel sont regroupés la chapelle et le local annexe offre une place d’entrée protégée aux visiteurs. Il est transpercé par le volume en bois de la chapelle, pièce unique dans laquelle intérieur et extérieur se répondent, rappellant les édifices chrétiens primitifs. Elle est caractérisée par son intérieur entièrement en bois. Les parois et le plafond sont en bois d’épicéa indigène non traité, un matériau traditionnel de l’Entlebuch. La construction reflète ainsi la tradition locale du travail du bois et les compétences des charpentiers. Le sol en pierre naturelle de la région marque le lieu du recueillement tout en faisant le lien avec le jardin du souvenir. Un bandeau vitré placé en hauteur sur tout le pourtour amène une lumière diffuse sur les deux catafalques en chêne aux formes géométriques strictes et confère à ce lieu du recueillement et de l’adieu une atmosphère de calme, propice à la méditation. La durée de construction très courte, de moins de 5 mois, la forme courbe et les détails constructifs ont exigé de tous les intervenants, planificateurs et entrepreneurs un haut degré de précision et de qualité. Les éléments de parois, possédant un rayon de courbure faible, ont été réalisés en lamibois composés de nombreuses couches. A l’extérieur, ils sont revêtus d’un lambris ajouré d’épicéa alors qu’à l’intérieur, un lambris à joints fermés en lames alternées les habillent, rythmant le volume.
Situation
Lieu Hauptstrasse, 6182 Escholzmatt Maître d’ouvrage Commune d’Escholzmatt Architecte A6 architekten ag, dipl. architekten eth fh sia, Buttisholz Architecte paysagiste Freiraumarchitektur, Lucerne Ingénieur civil Arregger Manfred AG, Hasle Ingénieur bois Pirmin Jung Ingenieure für Holzbau AG, Rain Entreprises bois Consortium: A. Portmann & Co. et A. Krummenacher, Escholzmatt Bois mis en oeuvre Bois massif 4 m3; Panneaux: OSB 105 m2, bois panneautés 46 m2, trois plis 43 m2; Lattes épicéa/ sapin 21 x 50 mm 145 m2, lambris vertical épicéa/sapin 30 x 50 mm 88 m2 Coûts CFC 1–9 CHF 779 000.– (bâtiment funéraire, jardin du souvenir, travaux préparatoires, frais annexes, aménagement) Coûts CFC 2 CHF 372 000.– (bâtiment funéraire) dont CFC 214 CHF 107 000.– Volume SIA 416 580 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 640.– Durée de construction Juin – octobre 2007 Photographe Gabriela Acklin, Sursee
Coupe longitudinale
Plan
10 m
Coupe transversale
Composition toiture: Végétation extensive 80 mm Couche drainante 30 mm Etanchéité 10 mm Isolation 60 mm OSB 22 mm Nervures 240 mm/Isolation laine minérale Pare-vapeur Lattage 54 mm Revêtement de plafond 18 mm Composition paroi: Lambris vertical, lames alternées 30 x 50 mm Lattage 20 mm Lamibois 15 mm, joints étanches Montants 160 mm/Isolation laine minérale Lé de façade noir Lattage vertical 20 mm Lattage horizontal 20 mm Lambris ajouré vertical 21 mm Composition plancher: Revêtement de sol 30 mm Chape 60 mm Etanchéité Radier 200 mm
Coupe façade
Lignum Holzwirtschaft Schweiz Economie suisse du bois Economia svizzera del legno
Rédaction Roland Brunner, Lignum, Mélanie Pittet-Baschung et Denis Pflug, Lignum-Cedotec
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Administration, abonnements, expédition Andreas Hartmann, Lignum Bulletin bois, décembre 2009 Editeur Lignum, Economie suisse du bois, Zurich Christoph Starck, directeur
ISSN 1420-0252
Le Bulletin bois paraît quatre fois par année, en allemand et en français. Abonnement annuel CHF 48.– Publications isolées CHF 20.– Classeur (10 numéros) CHF 100.– Classeur vide CHF 10.– Prix sous réserve de modifications. Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des différents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.