1ER DÉCEMBRE 2013 - NUMÉRO 23
Transports de malades Réglementation réseau 4G
Web journal indépendant et gratuit. Disponible par mail tous les 1ers et 15 de chaque mois
édito Le
compte à rebours des fêtes de fin d’année vient de commencer. Les enfants ouvrent la première fenêtre des calendriers de l’Avent et les villes comme les magasins se parent tour à tour de leurs habits de lumière pour les prochaines festivités. Pourtant, le contexte économique ne semble pas inviter aux réjouissances et ni à la reprise de la consommation. Les chiffres publiés le 29 novembre dernier par l'Insee rapportent que les dépenses effectuées pour acquérir des biens –représentant la moitié de la consommation totale – ont à nouveau reculé en octobre. Même si l'institut adoucit son constat en l’imputant au recul des dépenses de chauffage offert par un automne au-dessus des normales saisonnières, la situation pénalise de nombreuses entreprises. « Nous avons fait un mauvais mois d'octobre. La crise est comparable à celle de 2008. Et l'ambiance politico-fiscale ajoute à l'inquiétude générale pour le futur. Résultat, nos clients ne consomment pas », constatait le 29 novembre dernier, dans le journal Le Monde, le président du directoire des Galeries Lafayette qui gardait malgré tout espoir dans la saison commerciale à venir. Un espoir que partageraient volontiers les chefs d’entreprises de taxi. Dans un contexte économique plus que morose, l’attente de la parution du décret fixant le délai de réservation préalable leur paraît interminable. Pourtant, aucun élément nouveau ne semble remettre en cause les engagements du gouvernement en la matière, en dépit des provocations des sociétés d’applications smartphone qui ne cessent de jeter de l’huile sur le feu d’une polémique commencé il y a plusieurs mois. Le récent passage en force du projet de Loi de financement de la sécurité sociale a aggravé l’inquiétude des chefs d’entreprises de taxi. Méprisant les engagements de concertation pris depuis un an, la stratégie du ministère de la Santé semble jeter le discrédit sur la loyauté réciproque qu’entretenaient jusqu’alors gouvernement et taxis. Le dialogue entre Assurance Maladies et taxis peut-il être renoué ? La profession va-t-elle anticiper l’anniversaire de sa dernière mobilisation ? L’Intersyndicale des organisations professionnelles semble avoir pris les devants pour éviter la rupture, mais quel gage d’espoir le gouvernement pourra-il témoigner aux chefs d'entreprises ? Hélène Manceron
Publication : LNM Communication Rédactrice en chef : Hélène Manceron Secrétaire de rédaction : Laurent Thelliez Graphisme : Stanislas Marçais
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NUMÉRO 23 /// 1er décembre 2013
Web journal indépendant et gratuit. Disponible par mail tous les 1ers et 15 de chaque mois
Directrice de Publication : Hélène Manceron
actu
Transport de malades : le 44 passe, le 31 gagne !
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Crédit : Stanislas Marçais
adoption du projet de loi de financement de la Sécurité sociale par l’Assemblée nationale le 26 novembre dernier laisse à nouveau le champ libre aux établissements de santé pour des expérimentations en matière d’organisation du transport de malades. Redoutant ces mesures qui pourraient, mettre en péril l’équilibre de leurs entreprises, les taxis sont sur le qui-vive, prêts à se mobiliser pour défendre leur activité. Synthèse de la situation. >>> suite de l’article page 4
interview
La 4G, une évolution à saisir
Serge Metz, P-DG de Taxis G7
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ontrairement aux idées reçues, les taxis ont participé au développement de nombreuses innovations technologiques. À peine lancée par les opérateurs de téléphonie mobile, la 4G propose aux entreprises de taxis de nouvelles fonctionnalités, tant pour le service au client que pour l’amélioration de la connectivité des véhicules. Précisions et commentaires de Serge Metz, président-directeur général de Taxis G7. >>> suite de l’article page 5 Crédit : Taxis G7
belgique
C’était au temps où… Brigitte Grouwels, ministre bruxelloise des Travaux publics et des Transports.
… Bruxelles rêvait ! Aujourd’hui, la capitale européenne sort de sa torpeur de belle endormie et ses taxis avec elle. La ministre bruxelloise des Transports, Brigitte Grouwels, avance à marche forcée et leur a imposé coup sur coup la cession des licences à titre onéreux, une durée minimum d’exploitation de 10 ans avant la présentation d’un successeur et, tout dernièrement, l’introduction de taximètres numériques capables d’éditer une « feuille de route » où figureront toutes les données enregistrées par l’appareil… Ça ne vous rappelle rien ? >>> suite de l’article page 6
100% NEWS numéro 23 /// 1er décembre 2013
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Transport de malades : le 44 passe, le 31 gagne !
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nationale est également étonnant de passivité face aux négociations qui se déroulent actuellement à l’échelon local. Dans certains départements, il est imposé aux taxis des remises abusives, sans fondement, voire même menaçantes, alors que la CNAMTS prônait, à l’occasion d’une tribune du Salon des taxis de février 2013, la mise en place d’une convention nationale », déclarait la Fédération nationale des taxis dès l’adoption du Depuis un an, aucun dialogue n'a pu se lier entre la ministre de PLFSS 2014 par l’Assemla Santé, Marisol Touraine, et les chefs d'entreprises de taxis. blée nationale. Crédit : Wikimédia Une confiance qui s’effrite Les « nouvelles modalités d’organisation et ou examens délivrés dans un même établisde régulation des transports » qui pourront sement de santé et d’optimiser l’utilisation être expérimentées à compter du 1er janvier des véhicules de transport des patients » 2014 par « des établissements de santé volon- annonce l’article 31. taires, pour les transports de patients au « Cette nouvelle mouture est beaucoup départ ou à destination de ces établissements plus grave que la simple mise en place d’apautres que les transports pels d’offres qui Près de 20 000 entreprises taxis risqueront d’urgence régulés par les impliquent le d'être exclues du transport de malades si services d’aide médicale respect d’un l'article 31 est appliqué. urgente » auront « pour cadre juridique objectifs de développer des modes de trans- précis, car elle ouvre la possibilité de mettre port plus efficients en proposant au patient en place des conventions aux règles occultes. le mode de transport le moins onéreux com- Concrètement cela risque de déstabiliser les patible avec son état de santé, de contribuer entreprises de transport en favorisant les à l’amélioration de l’organisation des soins grandes sociétés au détriment des artisans. De même, elle détériore fondamentalement l’accompagnement et les conditions de transport des malades », nous précise André Alogna, président de la FNTI. 15 000 à 20 000 entreprises risqueraient d’être direcWeb journal gratuit et indépendant, tement évincées de l’activité en cas d’appliers 100% NEWS est disponible tous les 1 et 15 de chaque mois. cation de l’article 31. Abonnez-vous gratuitement l'actualité taxi Très discrètes afin de ne pas nuire à leurs et retrouvez nos précédentes publications : actions, les organisations professionwww.100pour100news.com nelles représentatives des entreprises taxis semblent avoir mis en œuvre toutes les À paraître compétences de l’intersyndicale et mobi100% Paris : Les voies de bus accessibles aux véhicules propres ? lisé leurs réseaux. Espérons que ces appels 100% Nantes : La taxe de la révolte ! à la raison porteront leurs fruits dans les 100% Lecteurs : Les Grandes remises font de la résistance ! semaines à venir car de nombreux taxis 100% Technique : Des applications qui vous rapprochent. semblent prêts à célébrer le mouvement de Photos, infos, commentaires... Envoyez vos contributions à la rédaction : mobilisation de janvier 2013 par une nouhelene.manceron@gmail.com velle manifestation nationale, voire même Accédez directement à notre liste de diffusion : http://bit.ly/newstaxi à l’anticiper ! HM ans notre précédent numéro, nous faisions écho à la décision de la ministre des Affaires sociales d’utiliser le vote bloqué pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2014 – PLFSS14. Cette manœuvre de dernière minute créé la surprise tant auprès des sénateurs, qui avaient déposé des amendements, que de l’opinion publique. Ne bénéficiant pas de l’accord des deux assemblées, le projet de loi sera désormais dans les mains de la commission mixte paritaire qui se réunira début décembre afin d’élaborer un texte commun. Quant aux chefs d’entreprises de taxi, le retour des expérimentations en matière d’organisation et de régulation des transports médicaux assis a fait brusquement monter la pression. Cette mesure remettrait en cause l’activité de nombreuses entreprises avec notamment des répercussions dramatiques en zones rurales. Alors que le renouvellement des conventions entre taxis et CPAM se négocie au coup par coup dans les départements, les craintes des taxis augmentent et risquent de venir amplifier la contestation de nombreuses autres entreprises de proximité. Concertation fantôme « La FNDT s’inquiète de l'article 31 de la nouvelle loi de financement de la sécurité sociale pour 2014 qui a été rédigée sans concertation avec les organisations professionnelles, comme s’y était engagé le gouvernement le 10 janvier 2013, mettant en péril, de fait, la majorité des artisans taxi de France. Le comportement de la Caisse
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interview
La 4G, une évolution à saisir Anticiper les nouveaux besoins de la clientèle, tel semble être le mot d'ordre de Taxis G7.
Crédit : Stanislas Marçais
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après les opérateurs de téléphonie mobile, la 4G permettra de faire sur son smartphone tout ce que l’ADSL nous offre à la maison. En adoptant cette nouvelle technologie, les chauffeurs de taxi cumuleraient ainsi gain de temps et nouveau service à bord pour la clientèle. Mais le réseau est-il fiable ? Quelles sont les contraintes d’équipement ? À Paris, 2000 taxis parisiens affiliés à Taxis G7 ont été équipés de la 4G en novembre 2013. Précisions de Serge Metz, P-DG de Taxis G7. Pourquoi Taxis G7 s’est-elle lancée dans la 4G ? Est-ce pour lutter contre la campagne de dénigrement de ses concurrents ? Serge Metz : Afin de rester leader, nous ne pouvons
pas nous satisfaire d’immobilisme. Très souvent imités, nous avons initié depuis 20 ans plus d’une centaine d’innovations. Mais le client reste notre priorité. Pour le fidéliser, nous devons être attentifs à chacun de ses besoins. Depuis novembre, Taxis G7 a lancé une campagne d’équipement, avec un premier objectif de 2000 véhicules disposant de hotspots wi-fi compatibles 4G. Investir pour valoriser l’offre de service taxi et mettre en place un service dédié pour chaque segment de passagers, telle est notre responsabilité d’acteur. L’évolution technologique que propose la 4G est à saisir. L’ancienne génération 3G perd toute son efficacité dès que le véhicule est en mouvement, une contrainte à laquelle les taxis peuvent désormais échapper.
Comment Taxis G7 compte-t-il procéder ?
Quels avantages pour les professionnels ?
Jusqu’à la fin de l’année, nous développerons deux axes d’équipement. L’un concerne l’ensemble des membres du Club Affaires de notre réseau. Ce nouveau service à bord viendra compléter le package d’accueil à disposition de la clientèle, qui comprenait des lingettes et une bouteille d’eau. Il sera assorti de la mise à disposition d’un iPad offrant aux passagers un bouquet de services, tels que le libre accès à
Cette technologie bénéficie non seulement aux passagers, mais également aux taxis affiliés qui peuvent l'utiliser pour leurs propres besoins. . Notre partenaire Bouygues offre une excellente couverture sur la région Ile-de-France. L’équipement des véhicules est aisé – une courte antenne fixée par patch sécurisé sur le pare-brise – et son coût raisonnable. Pendant la période de déploiement de la 4G auprès de notre réseau, l’accès à cette innovation sera gratuit. Par la suite, l’importance du nombre de nos affiliés nous permettra de proposer des tarifs très intéressants. Le chauffeur pourra choisir l’abonnement selon sa consommation. Qu’il s’agisse du chauffeur ou des passagers, la 4G recèle un potentiel extraordinaire, allant de la simple consultation de sa messagerie au téléchargement de vidéos, ainsi que l’utilisation embarquée de programmes de communication instantanée largement utilisés aujourd’hui. HM
Pour la nouvelle année, 2 000 Taxis G7 auront équipé leurs véhicules de cette nouvelle technologie embarquée. un kiosque de presse diversifié et automatiquement actualisé, l’actualité en vidéo préchargée, les bandes annonces cinéma ainsi qu’un programme culturel et touristique. Parallèlement, nous faisons bénéficier le réseau GreenCab et les volontaires affiliés à Taxis G7 de 1000 équipements supplémentaires. La disponibilité de la 4G dans les véhicules sera signalée par un sticker. Lorsqu’il monte à bord du véhicule, le client prend connaissance du code de connexion au réseau et s’enregistre. Dès lors, quel que soit le modèle de son smartphone, il sera reconnu dans chaque taxi équipé.
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belgique
C’était au temps où…
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26 novembre dernier, quelque 200 taxis bruxellois ont manifesté leur mécontentement, provoquant durant quelques heures de grosses perturbations dans le centreville. Les raisons de leur courroux ? L’obligation faite à tous les professionnels de s’équiper d’un taximètre numérique. Ce dernier épisode clôt momentanément un véritable bouleversement, commencé il y seulement quelques mois avec une refonte majeure de l’ordonnance de 1995 qui régissait jusqu’alors l’activité. Vous avez dit loi de 1995 ? « Nous avons travaillé pour rendre le secteur des taxis viable et plus moderne, plus transparent. » Par En six mois les 1300 taxis que compte la capitale du royaume de ces mots, la ministre bruxelloise Belgique voient leur profession fondamentalement modernisée. des Transports justifie son action dans ce que les médias belges appellent un « plan de moderni- services de taxis, des usagers, de l'administration et sation ». Elle s’est attaquée tout des experts, réforme de l’accès à la profession insd’abord à l’ordonnance de 1995 taurant une formation et un examen obligatoires… – décidément une année char- La ministre souligne que ces mesures ont également nière pour les taxis, qu’ils soient pour but de permettre aux sociétés de taxis d'obtenir belges ou français – qui « pré- plus facilement des emprunts auprès des banques, et voyait que les autorisations d'ex- qu’elle compte bien les renforcer de dispositifs visant ploiter un service de taxis étaient à lutter contre la concurrence déloyale des taxis non personnelles, indi- De nouvelles dispositions inspirées bruxellois, des « taxis pirates » – visibles et incesde la réglementation française. autrement dit les clandestins –, sibles ». Les taxis des limousines et des minibus de l’Hexagone connaissent bien exécutant des services de taxis. Que du bonheur ! le genre de dérive qu’induit inévi- Sauf que, dans son élan, Brigitte Grouwels vient de tablement ces textes de loi pleins demander aux professionnels de s’équiper de taxide bonnes intentions : l’émergence mètres numériques. C’est là que les choses se gâtent. d'un marché noir de la licence. Taximètre digital Tout comme la loi du 20 jan- Malgré une subvention régionale de 1000 euros et vier 1995 en France, la nouvelle une diminution de 65 % de la taxe annuelle d’aggloordonnance devrait permettre, mération qui passera de 575 euros à 200 euros (offre selon les autorités bruxelloises, uniquement valable jusqu’à fin 2014), l’obligation de moraliser la profession, d’au- faite à tous les taxis bruxellois d’adopter ce nouvel tant que s’y ajoutent d’autres équipement à partir du 1er janvier 2016 a fait aussidispositions inspirées en droite tôt réagir une partie de la profession qui a bloqué le ligne du modèle français : durée centre de Bruxelles pendant quelques heures mardi minimum d’exploitation de 10 26 novembre. Les associations de chauffeurs ATB, ans pour éviter la spéculation, UPETTC et Taxis United dénoncent le coût exorprix de vente librement négocié bitant – environ 2 600 euros – d’un appareil qu’ils mais transaction contrôlé par une jugent inutile et la compensation dérisoire qui leur commission composée par des est accordée par les autorités. Face à eux, la ministre représentants des exploitants de campe sur ses positions, mais aussi des collègues
Crédit : Wikimédia
représentant presque 400 chauffeurs et qui pointent du doigt les incohérences de cette manifestation : « Le taximètre numérique obligatoire fait partie d'une directive européenne. La région n'a fait que reprendre les exigences imposées au niveau européen. Ce taximètre sera une nouvelle manière de traLes taxis d'outre-Quiévrain devront s'adapter aux nouvelles règles et équipements.
vailler […] et c'est un non-sens de s'opposer à une évolution technologique qui finirait de toute manière par s'imposer ». Reste que l’on peut comprendre les réticences des taxis d’outre-Quiévrain qui, en l’espace de six mois, ont vécu une (r)évolution de la profession que leurs homologues français ont eu vingt ans pour assimiler. LT