15 mai 2014 - numéro 34
Rapport Thévenoud Locataires taxis Uber
Web journal indépendant et gratuit. Disponible par mail tous les 1ers et 15 de chaque mois
édito
L’économie de proximité est un domaine stratégique !
Alors que ses citoyens sont appelés aux urnes dans une semaine, l’Union européenne est chahutée de toutes parts. Et voilà que dans les entreprises, l’alimentation, l’environnement, « le traité transatlantique de libre-échange, que négocient l’Union européenne et les États-Unis, favorise les règles ultralibérales voulues par les Américains », nous explique Le Parisien - Aujourd’hui en France dans son édition d’aujourd’hui. « C’est le bras de fer entre le Nouveau et l’Ancien Monde », se plaisent à chroniquer les éditorialistes libéraux. Pour leur gouverne, le « Nouveau Monde » commence à dater car l’expression remonte à Christophe Colomb ; à l’inverse, celle de la « vieille Europe » n’est apparue qu’en 2003 dans la bouche du secrétaire d’État à la Défense des États-Unis. Qu’importe puisque l’un comme l’autre se font désormais régulièrement tacler par les pays émergents ! Les tensions économiques entre les pays entretiennent la crainte du repli des États sur eux-mêmes. Les gouvernements ont-ils d’autres choix pour surmonter la crise ? Si les peuples de consommateurs n’ont plus d’emplois, qui va enfin faire germer la croissance ? En France, la décision du gouvernement d’élargir le dispositif - existant depuis 2005 - pour la protection des domaines dits stratégiques – défense nationale, technologies de l’information et jeux d’argent – aux domaines de l’énergie, des transports, de l’eau, de la santé publique et des communications électroniques s’attire les foudres des partisans du laissez-faire. C’est pourtant une politique qu’ont adoptée de nombreux pays, notamment les États-Unis, premiers détracteurs de l’exception culturelle ! Comme toute arme de dissuasion, la menace de veto qui plane désormais sur les investissements d’entreprises étrangères dans les domaines sensibles devra, bien évidemment, être utilisée avec prudence pour ne pas dériver vers un protectionnisme stérile. Peut-être évitera-t-elle que des sociétés rapaces ne s’abattent comme des nuées de sauterelles sur l’économie de proximité de nombreux pays européens ainsi que le dénoncent les taxis de Paris, Berlin, Bruxelles ou Londres… Créée, entre autres, pour garantir la paix, l’Europe doit aujourd’hui relever le défi d’une guerre économique qu’elle est dans l’obligation de gagner ! Le jeu en vaut la chandelle, d’autant que le vieux continent est dorénavant au coude à coude économique avec les États-Unis. Les élections européennes, c’est le 25 mai prochain... Vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Hélène Manceron
Publication : Lempickom sarl Rédactrice en chef : Hélène Manceron Secrétaire de rédaction : Laurent Thelliez Graphisme : Stanislas Marçais
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numéro 34 /// 15 mai 2014
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Directrice de Publication : Hélène Manceron
actu
taxis / VTC : contre-propositions
Crédit : Lempickom
interview
« Une mission qui a dévié »
Mahécor Diouf, Sud-Taxis
Crédit : Lempickom
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vec 30 propositions, le rapport de la mission Thévenoud ouvre de nombreux débats. Le statut du locataire, le grand Paris, l'Open data... Mais le temps que les propositions se concrétisent, dans les rues, la situation qu’affrontent les taxis, notamment parisiens, continue de se détériorer. Commentaires de Mahécor Diouf, président de Sud-Taxis.
>>> suite de l’article page 5
Le
député Thévenoud a annoncé lors de la remise de son rapport, le 24 avril dernier, qu’une proposition de loi concrétisant les mesures de la mission serait présentée avant l’été. Au regard de l’urgence de la situation à rétablir dans les rues entre VTC et taxis, les organisations professionnelles représentant les taxis ont analysé et enrichi les propositions de leur expertise. Tour d’horizon et synthèse des contre-propositions.
>>> suite de l’article page 4
monde
Haro sur Uber !
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axis de Bruxelles, de Paris ou de Londres, on assiste en Europe à une véritable levée de boucliers contre l’invasion des sociétés d’application de mise en relation VTC par smartphone. Pourtant, rien ne semble arrêter Uber et ses congénères, qu’ils soient accueillis avec nonchalance ou expulsés manu militari par les gouvernements. Mais quelle est leur recette ? >>> suite de l’article page 6
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actu
Mission taxis/VTC : contre-propositions
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Une proposition de loi sera donc déposée avant l’été, avec une procédure d’urgence » déclarait en préambule Thomas Thévenoud dans son rapport de mission remis au Premier ministre le 24 avril dernier. Depuis, l’ensemble des organisations professionnelles représentant les taxis ont analysé les propositions. Consultations internes, réunions publiques : les intersyndicales ont soumis le texte à un décorticage en règle afin d’obtenir des garanties sur les « conditions pérennes d’une concurrence équilibrée entre les différents modes de transports particuliers de personnes » souhaitées par le Premier ministre dans sa lettre de mission au député. Intersyndicale nationale L’Intersyndicale nationale des Taxis regroupant FFTP, FNDT, FNTI, FNAT, Gescop, Slota, Sud et UNIT a adressé le 12 mai dernier un courrier commun à l’attention d’Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique, ainsi qu’à Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. Résultant de la consultation interne de chacune des organisations professionnelles et de leurs échanges en réunions intersyndicales, « les remarques qui sont faites ont été dictées sur la base d’un fragile consensus », précise Didier Hogrel, président de la FNDT. Dans le courrier, les 30 mesures sont scindées en 3 catégories : 16 qui « vont dans la bonne direction » et pour lesquelles l’Intersyndicale « y souscrit sans réserve », 8 « acceptées sous conditions », 2 qui « restent vagues » et nécessitent des précisions. 4 enfin ne sont pas acceptées. Des propositions inadmissibles Dans la catégorie « qui fâche » : l’Open data. « À lire les faits d’armes des pirates informatiques dans les médias, aucune
Taxis parisiens comme taxis ruraux ont enregistré une baisse importante de leur activité.
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donnée confidentielle ne paraît en sécurité », dans le cadre de la loi LOTI ». Enfin, elle commente Ahmed Senbel, président de la s’interroge sur la réalité de la suspension FNTI. Un point de vue également partagé temporaire des immatriculations VTC et par les autres fédérations qui dénoncent demande des garanties sur son effectivité. les risques auxquels cette mesure expose- Paris sous pression rait et la clientèle, et les taxis, et qui sou- À Paris, la tension est palpable. Les lignent l’injustice de la « nationalisation » confrontations avec les VTC sont arbitraire des investissements d’entreprises quotidiennes et le violent chahut que déjà implantées dans le secteur au profit de connaît le prix de cession des licences sociétés dont la rapacité économique n’est témoigne de l’inquiétude des taxis. « Il plus à démontrer. S’agisfaut garder le sant des règles de Certaines propositions ne demandent pas de cap de l’intérêt concurrence entre taxis général et ne nouvelle loi et pourraient être appliquées. et VTC, elles demandent pas se perdre que soit définies des « contre-propositions dans les querelles intestines », rappelle qui permettront d’atteindre les mêmes objec- Ahmed Senbel. Faisant écho à l’un des tifs » de cadrage que permettaient l’instau- principaux sujets de désarroi exprimés ration d’une course minimum de 90 € pour par les chauffeurs de taxi parisiens lors les VTC ainsi que l’interdiction du régime de la réunion d’information organisée d’auto-entrepreneur pour leurs chauffeurs, par l’Intersyndicale parisienne (CFDT, des revendications exprimées par les taxis CGT, CST, FO, FTI75, STM et SDCTP) dès le début de la mission de concertation. à la Bourse du travail le 29 avril dernier, L’intersyndicale nationale regrette égale- la CFDT propose une 31e disposition ment qu’ait été abandonnée « la proposition au rapport en relevant que « certaines de définir un niveau de qualification mini- propositions ne demandent pas de nouvelles mum pour le chef d’entreprise VTC, aligné lois [et] qu’il suffit de mettre en application sur les conditions imposées aux VLTP* et de faire respecter les lois existantes ». En effet, comme le rappelle Abdel Ghani Ghalfi, secrétaire général de la CFDT – Les Travailleurs du taxi dans les Réflexions et positions sur le rapport du député La Fédération Nationale des Taxis Indépendants – FNTI Thévenoud, des moyens de cadrage existent déjà qui, même s’ils n’apparaissent pas 139 rue Baraban – 69003 Lyon suffisants, pourraient néanmoins être mis T. 04 72 33 67 67 en œuvre avant l’été… HM
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« Une mission qui a dévié »
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uvrant la porte à de nombreuses polémiques, les 30 propositions du rapport de la mission Thévenoud inquiètent de nombreux chauffeurs de taxi. Malgré le tumulte actuel, Mahécor Diouf, président de Sud-Taxis, a pu dégager un certain nombre de perspectives.
La mission Thévenoud envisage une réforme de la location taxi, cheval de bataille de votre organisation professionnelle. Que pensez-vous de cette proposition ?
L’amélioration des conditions de travail des locataires est une revendication portée Quels enseignements par notre organisation tirez-vous de ce rap- professionnelle depuis de nombreuses années port ? "Les locataires doivent avoir Nous sommes partagés. et nous sommes heule choix de leur affiliation Il y a des points positifs reux qu’elle soit enfin sociale", soutient Mahécor mais la mission n’est pas prise en compte. Pour Diouf, président de Sud-Taxis allée jusqu’au bout de garder la souplesse et son objectif. Le député la dynamique d’emploi a cherché à moderniser qu’offre notre profession, notre profession, ce qui les locataires devraient est une bonne chose, avoir le choix de leur mais il n’apporte pas affiliation sociale. Or Crédit : Lempickom de réponses quant à la actuellement, tous les locataires la profession à 25 ans n’a pas les mique très dur, avec des stations pleines concurrence des VTC chauffeurs obligatoirement mêmes aspirations qu’un autre de taxis en attente, les collègues paniquent, en termes de charges, de sont de 45 ans en pleine reconversion ce qui déstabilise le marché des cessions "Il y a des points positifs mais la mission n'est professionnelle ! Pour ce dernier, d’autorisations de stationnement, bien il est plus judicieux de conserver que les variables les plus influentes dans pas allée jusqu'au bout de son objectif." l’affiliation au régime général pour ce domaine restent le taux de chômage tarification et de limita- affiliés au régime géné- terminer sa carrière. Dans un cas national et les conditions de retraite. Je ne tion des amplitudes de ral de la Sécurité sociale comme dans l’autre, les loueurs suis pas un intermittent du taxi, je vis de travail. À notre grande et leurs cotisations sont s’adapteront ! mon compteur et, de fait, je privilégie ma surprise, l’une de nos fixes quel que soit leur En attendant, la situation des profession à mes intérêts syndicaux ! Nous revendications, l’ins- chiffre d’affaires. Souvent taxis parisiens semble se dété- devons être sur le terrain et nous concentauration d’une course considérée comme solu- riorer… trer sur le fléau actuel des taxis parisiens, minimum pour les VTC, tion transitoire avant de La persistance des agissements les VTC. Pas leurs chauffeurs bien sûr, a été qualifiée d’« impos- se mettre à son compte, illégaux de nombreux VTC sur le mais le système auquel ils appartiennent et sible ». Pourtant elle a la location doit per- terrain et les pratiques déloyales contribuent. Pour ce qui est de Paris, pour déjà été mise en place mettre aux chauffeurs de leurs sociétés d’application défendre l’activité, nous serions plus effidans d’autres pays et de constituer le capital smartphone demeurent intolé- caces si des élections des organisations proexiste depuis longtemps pour créer leur entre- rables. Dans un contexte écono- fessionnelles étaient enfin organisées ! HM dans notre profession. prise. L’affiliation des Parallèlement, le rapport locataires au RSI ferait propose la création de baisser mécaniquement forfaits dans le taxi, une les tarifs de location La Fédération Nationale Du Taxi proposition sans doute puisque leurs cotisaFNDT réunira son Assemblée Générale 2014 à Besançon, intéressante pour une tions sociales tiendraient le week-end des 24 et 25 mai 2014. partie de notre clientèle, compte des résultats de Organisée par l’équipe de la FDT 25 – Doubs mais qui souligne une l’activité. Reste qu’un chauffeur qui entre dans incohérence. T. 06 09 87 29 18 / infocontactfndt@orange.fr / www.fndt.fr
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Haro sur Uber !
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fils des mois, la société Uber est devenue aujourd’hui l’homme à abattre. Une société américaine qui planque ses bénéfices dans les paradis fiscaux et que dénoncent même nos voisins Anglais et Belges constitue forcément un coupable idéal ! Mais n’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt ? Une start-up pas comme les autres Les start-up, c’est mignon tout plein : le rêve de beaucoup d’ados boutonneux qui cherchent désespérément des financeurs pour développer leur microentreprise... Sauf que Uber, née UberCab il y a seulement 5 ans à San Francisco, n’a aujourd’hui plus rien à voir avec un modeste inventeur du concours Lépine désireux de commercialiser son épluche-patate à panneau solaire ! La société représente aujourd’hui une force de frappe considérable, à la fois financière et technologique et qui s’étend sur une trentaine de pays et une centaine de villes sur plusieurs continents. Financière grâce à des investisseurs tels que Google et Goldman Sachs, entrés dans le capital en 2014 ; technologique grâce à l’explosion du taux d’équipement en smartphones des populations urbaines et de leurs applications intégrées, ces fameuses « apps » qui vont du GPS au localisateur de pizzerias à moins de 5 euros dans un rayon de 2 km… Pourtant, malgré des parrains aussi puissants et prestigieux, Uber doit faire face
À Berlin, les taxis sont parvenus à obtenir l'interdiction - temporaire - de Uber. Crédit : Wikimédia
aujourd’hui à une contestation grandissante, et pas crainte de perdre en appel. À Bruxelles, la seulement en France. ministre en charge des Transports, Brigitte Le mal incarné ? Grouwels, soutient ouvertement les taxis Force est de constater qu’en à peine quelques bruxellois et déclare illicite le système mois, cette société a réussi l’exploit de concentrer UberPop de covoiturage « rémunéré » lancé sur elles les foudres de ses concurrents directs. en février, avec amendes et confiscation D’abord les taxis, mais également de certains VTC des véhicules à la clé. Idem en Australie à qui souhaitent se démarquer d’un confrère bien Sydney, aux États-Unis à Cincinnati, … trop grand et plutôt encombrant. Mais aussi, d’une Une remise en question nécessaire clientèle - apparemment seulement nord-américaine Cette levée de boucliers ne devrait pourtant pour l’instant - qui découvre les effets pervers pas occulter quelques vérités dont les d’une quasi-absence de réglementation, et enfin de professionnels du transport de personnes, gouvernements ou de métropoles européennes qui qu’ils soient de France ou d’ailleurs, n’ont plus les moyens de tolérer l’évasion fiscale... feraient bien de se préoccuper. Au-delà Baptisée « optimisation fiscale » par les avocats même du prix de la course, une partie non d’affaires, cette dernière facétie est particulièrement négligeable de la clientèle recherche avant reprochée à Uber, notamment par le député Thomas tout une prestation de qualité de service Thévenoud qui estime anormal que 20 % des profits ajouté à la prestation de transport, ce de Uber soit fiscalisés aux îles Caïman – en réalité service plus incluant un véhicule propre et aux Bermudes et dans le Delaware, ce qui ne change confortable, un accueil convivial avec choix rien à l’aspect nauséabond de magazines, bouteille d’eau, Brusques innovation technologique et etc. Elle désire également de ce montage financier. À Londres, les « black cabs » évolution de la demande ont permit à des un temps d’attente fiable à sociétés rapaces de se déployer. menacent de paralyser défaut d’être réduit, un prix la capitale britannique de la course fixé à l’avance, dès le mois prochain, accusant Uber d’utilisation quitte à payer plus cher… Un concept frauduleuse de taximètre. À Berlin, l’association des difficile à avaler pour les taxis qui, après des taxis a réussi à obtenir l’interdiction temporaire de la années d’interdiction du forfait, se voient société californienne… avant de retirer sa plainte de désormais confrontés à une concurrence qui en abuse, et avec succès ! Enfin, il faut prendre garde que derrière l’arbre Uber se cache une forêt d’entreprises prêtes à reprendre le flambeau moyennant quelques Web journal gratuit et indépendant, aménagements de façade. À Bruxelles déjà, des clones de Uber tels que Djump 100% NEWS est disponible tous les 1ers et 15 de chaque mois. et Taxi2share attendent avec impatience la Abonnez-vous gratuitement l'actualité taxi chute du géant américain pour s’emparer et retrouvez nos précédentes publications : du marché et fondent d’ores et déjà leur www.100pour100news.com stratégie marketing en faisant écho au haro Recevez directement le prochain numéro en cliquant sur le lien suivant : http://bit.ly/newstaxi jeté sur leur leader. LT
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