Loi Thévenoud Taxi English Montréal
1ER AOUT 2014 - NUMÉRO 39
spécial été
Web journal indépendant et gratuit. Disponible par mail tous les 1ers et 15 de chaque mois
édito L’
été 2014 bat son plein sur fond de drames internationaux et ponctué de violents orages hexagonaux. Chaque trêve paraît aussi fragile que les ailes d’un papillon. Du côté des taxis, le conflit avec les sociétés d’application smartphone pour VTC continue à faire rage : auprès des clients, où les quartiers chics d’Îlede-France semblent un peu délaissés au profit des spots touristiques ; dans les rues, où pullulent les comportements illégaux de nombreux chauffeurs de VTC qui cherchent à tirer leur épingle du jeu dans un contexte économique difficile pour tout transporteur ; dans les médias, où des éditorialistes comme Franck Tanguy, chroniqueur péremptoire et dédaigneux à RMC, armé du pouvoir de son micro, insulte toute une profession comme on se chamaillerait avec un conducteur dans les embouteillages… Dans la sphère politique, enfin : si Thomas Thévenoud avait voulu, dans son rapport de concertation, réserver l’exclusivité de la maraude sur la voie publique aux taxis, il voit sa politique contrée au Sénat par un vote du projet de loi remettant en cause, notamment, l’obligation des VTC de stationner dans un garage une fois leur prestation effectuée, gares et aéroports compris ! Croissance en berne, taux de chômage record… Le gouvernement s’accorde un court répit avant de se retrouver le 18 août prochain pour une rentrée qui s’annonce déjà chargée. Commémorations de la Grande Guerre obligent, le Président de la République restera sur le pont. Se souviendra-t-il que le 1er août 1914, autobus, taxis et camions parisiens sont réquisitionnés par l’armée pour emmener renforts humains et matériels sur le front ? Se souviendra-t-il des mots de Jean Jaurès, artisan de la paix, dont le centenaire de son assassinat a été célébré cette semaine et qui soulignait dans son livre, Discours à la jeunesse, publié en 1903 : « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques » ? Espérons-le… Hélène Manceron
Publication : Lempickom sarl Rédactrice en chef : Hélène Manceron Secrétaire de rédaction : Laurent Thelliez Graphisme : Stanislas Marçais
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NUMÉRO 39 /// 1er aout 2014
Web journal indépendant et gratuit. Disponible par mail tous les 1 et 15 de chaque mois ers
Directrice de Publication : Hélène Manceron
loi thévenoud Les taxis lâchés par le Sénat ? une modernisation sous haute surveillance Interview de Pascal Wilder, secrétaire général FNTI
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oursuivant son parcours parlementaire, la loi Thévenoud transformera fondamentalement l’activité taxi. Qu’elles soient perçues comme une « modernisation » ou comme une « déréglementation », les nouvelles règles imposées à leur activité permettront-elles aux taxis de pérenniser leurs entreprises dans un contexte économique défavorable, face à une concurrence rapace ? Commentaires et perspectives de Pascal Wilder, secrétaire général FNTI et président des taxis du Rhône – FTI69. >>> suite de l’article page 5
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Crédit : Le sénat
Spécial Montréal : La Belle Province en émoi
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horizon des taxis semblait s’être assombri lors de l’adoption du projet de Loi Thévenoud, en première lecture, à l’Assemblée nationale mais sa discussion par les sénateurs le 23 juillet dernier fait entendre les grondements du tonnerre. En effet, alors que le texte paraît affirmer une exclusivité de la maraude au service taxi, les débats du Sénat court-circuitent cette disposition en remettant en cause, pour les VTC, l’obligation de stationnement hors de la voie publique lorsqu’ils sont en Habitués aux situations extrêmes, les taxis québécois recherche de clientèle. Synthèse. vont devoir faire face à une mutation de leur activité. >>> suite de l’article page 4
« English in the pocket » avec Taxi English Interview d’Aidan Bunney, associé de la société Talk to me English
Ça bouge au Québec ! Profitant de la période estivale pour ouvrir les horizons de l’information sur la profession, 100% News –Taxis vous propose un focus sur les taxis québécois. En effet, 2014 s'annonce pour nos amis de la Belle Province comme une année charnière. Élu en novembre dernier, Denis Coderre, le nouveau maire de Montréal, entend réformer en profondeur la profession pour 2017. Sécurité et modernisation sont les deux axes principaux pour le nouvel homme fort de la anglais dans votre poche ! Occuper les longues heures d’attente métropole québécoise. en station en travaillant son anglais est désormais possible grâce à Embarquement pour l’actualité des taxis d’outre-atlantique qui l’application Taxi English. Misant sur les nouvelles technologies et se préparent à « attacher leur tuque avec de la broche », c’est-àdire à de prochaines difficultés. l’humour, cette application propose un programme spécial taxi.
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>>> suite de l’article page 6
>>> suite du dossier page 7 et 8
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loi thévenoud
Actu : les taxis lâchés par le Sénat ?
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y a-t-il donc pas assez de véhicules sur la voie publique pour que les sénateurs décident d’en rajouter ? À croire que non si l’on considère l’évolution du projet de loi Thévenoud qui a été adopté par le Sénat le 23 juillet dernier. En effet, ne retenant que quelques amendements, le projet remet notamment en cause l’obligation des VTC à retourner dans un garage après leur prestation. Une décision que rejettent unanimement les taxis et leurs organisations professionnelles. En défaveur des taxis Mercredi 23 juillet, le Sénat a adopté avec modifications la proposition de loi relative aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeur. Faisant pencher la balance en faveur des VTC, le site du Sénat annonce : « Les sénateurs ont modifié la proposition de loi afin notamment de supprimer le retour obligatoire "à la base arrière" pour le VTC dès lors que celui-ci justifie d’une réservation préalable ou d’un contrat avec le client final […] Cette possibilité est également ouverte aux VTC dans les gares et les aéroports. » De même, le projet de loi supprime « la détermination par décret des modalités de calcul du prix et la fixation d'une durée minimale de la prestation » des VTC, ce qui a pour conséquence d’aménager leur obligation d’annoncer à l’avance le tarif de la prestation et de pouvoir ainsi plus aisément ajouter des suppléments à leurs tarifs publicitaires. Lobby VTC Il faut dire que les sociétés d’application smartphone ont mis à profit le temps de navette du texte de loi entre l’Assemblée nationale et le Sénat, allant jusqu’à organiser 48 h avant la discussion au Sénat la manifestation d’une poignée de chauffeurs place Vauban à Paris. « Cette mesure, jamais évoquée auparavant par le député Thévenoud, met en péril la profession de VTC», s’indignait l’un de leurs représen-
Que ce soit dans les rues, auprès de la clientèle, dans les médias ou la sphère politique, le rapport de force Taxis/VTC ne semble pas connaître de trêve estivale.
Crédit : Lempickom
tants dans les médias. Un discours relayé apposent leur carte professionnelle sur le par plusieurs éditorialistes oublieux que les pare-brise comme il est imposé dans les deux dispositions relatives au stationnement et à cas aux taxis. Mais, là encore, nous avons la circulation des VTC sur la voie publique été méprisés ! » déplore Didier Hogrel, ont été définies par la loi président de du 22 juillet 2009 qui " [...] les VTC sont favorisés. Leur maraude est la FNDT. Un invérifiable.", D.Hogrel, FNDT. créa les VTC, et donc constat auquel préexistantes à l’invasion il faut ajouter la des sociétés d’application smartphone dans reprise des immatriculations d’entreprises le secteur. de VTC : « Pour ce mois de juillet, il y a déjà Une rentrée sous tension eu 800 nouvelles immatriculations de VTC « Pour les taxis, le texte du Sénat est plus et 65 renouvellements à Atout France », liberticide que la loi originelle de 2009. Que reprend-il. « Le gel des immatriculations ce soit en termes de méthodologie de travail [ndrl : qui n’empêche pas d’éventuelles ainsi qu’en occupation de la voie publique, créations d’emploi de chauffeurs VTC car les VTC sont favorisés. Leur maraude est indépendantes de la délivrance de carte invérifiable. Nous avions demandé que les professionnelle pour les conducteurs] véhicules soient identifiés par un macaron devait être maintenu jusqu’à la mise en place officiel, infalsifiable et que les chauffeurs des nouvelles règles et là encore, le député Thévenoud n’a pas tenu parole ». Pour éviter que l’Assemblée nationale n’émette un vote de conformité sans discuter à nouveau le texte si profondément modifié, les orgaSyndicat des Artisans Taxi de l'Essonne nisations professionnelles taxis - FFTP, FNAT, FNDT, FNTI, GESCOP, SUD, SATE 91 UDTP, UNIT, UNT et UTP - ont cosigné 37, rue René Charton - 91200 Athis Mons un courrier au Premier ministre pour T. 06 07 05 94 97 - www.taxisdu91.fr l’alerter, avant son départ en vacances, de la dérive de la situation et de ses conséSyndicat affilié à la FNDT - www.fndt.fr quences. HM
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une modernisation sous haute surveillance Interview de Pascal Wilder, secrétaire général FNTI et président des taxis du Rhône – FTI69
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ans qu’elles soient encore définitives car de nombre de leurs modalités dépendent de mesures réglementaires, les dispositions de la loi « Taxis et voitures de transport avec chauffeur », en cours de travail parlementaire, dessinent de nouvelles perspectives pour la profession. Nous avons demandé son commentaire à Pascal Wilder, secrétaire général FNTI et président des taxis du Rhône – FTI69. Quelle est la aujourd’hui ?
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"Ceux qui nous causent le plus de tords sont les sociétés d'application smartphone et non les VTC et notamment les ex-grandes remises", P. Wilder, FNTI - FTI69
taxi
Le transport de moins de dix personnes est en pleine évolution. Aujourd’hui, un taxi a du mal à faire sa recette. Cela fait 34 Crédit : P. Wilder ans que je suis chauffeur et j’ai les mêmes revenus qu’en 1980 ! Notre pouvoir d’achat Que pensez-vous des nouvelles règles en terminaux de paiement qui, sous coua dégringolé et notre activité est grigno- apportées par la loi Thévenoud ? vert d’innovation technologique, nous livre tée de toutes parts : les transports publics Nous sommes favorables au projet d’open- pieds et poings liés aux banquiers ! nous ont pris les petites courses et les data basé sur le volontariat ainsi qu’à la Quelles perspectives peut-on dégager ? VTC nous volent les bonnes ! Ajoutez à mise en place de la location-gérance, En tout état de cause, ceux qui nous causent cela la conjoncture économique qui pèse même si cela risque de poser des diffi- le plus de torts sont les sociétés d’applisur notre activité. À Lyon, les VTC nous cultés sur les locations de courte durée et cation smartphone et non les VTC et font beaucoup de mal, surtout la nuit. Le qu’il faudra nécessairement faire évoluer notamment les ex-grandes remises. L’autre difficulté que nous devons transport individualisé de personnes est une niche toute L'introduction de l'Open-data dans le transport de malades pourrait accentuer affronter concerne le transpetite alors, pour rentabiliser les appétits des groupes de transports et des grosses sociétés d'ambulances. port de malades. Conscients que le budget alloué au transleur journée, ils font du taxi en racolant à la sortie des boîtes de nuit ou aux le code du commerce pour conserver une port assis professionnalisé a fortement équité entre loueur et locataire-gérant. En diminué, nous proposons une convention abords des événementiels. Les dispositions de la loi Thévenoud revanche, remettre sur le tapis la valorisa- nationale comprenant les mêmes remises vont-elles permettre un réel cadrage tion de signes et couleurs distinctifs alors et le même système de travail dans tous que les enseignes de nos taxis viennent les départements pour permettre d’optides VTC ? La loi vise à professionnaliser les VTC seulement d’être changées nous paraît tota- miser l’accès aux soins. Enfin nous redoupar une capacité ainsi qu’une formation lement incongru. Quant à l’incessibilité tons l’utilisation de l’open-data taxi, même professionnelles. Elle impose également des licences, elle risque de déstabiliser les facultatif, par les grands groupes de transdes exigences à leurs intermédiaires. Mais cessions en raison des conditions d’attribu- ports ou les grosses sociétés d’ambulances la situation économique sur le terrain tion des nouvelles autorisations permettant qui détiennent de nombreuses licences de se durcit de plus en plus car la clientèle notamment à chaque chauffeur inscrit sur taxis. Là encore, ce n’est pas la concurrence n’est pas aussi abondante que ceux qui ne liste d’attente de bénéficier d’une création que l’on craint mais la mise en place d’appel sont pas derrière leur volant l’imaginent ! au bout de deux ans d’activité. En outre, d’offres dont les volumes excluent les artiActuellement, il y a très peu de contrôles. nous récusons l’obligation d’équipement sans. HM Pour tout le département du Rhône, nous ne bénéficions que de quatre Boers, certes très actifs, mais qui doivent surveiller un secteur d’activité qui comprend ambuLa Fédération Nationale des Taxis Indépendants – FNTI lances, VSL et jusqu’aux dépanneuses ! 139 rue Baraban – 69003 Lyon Dans le projet de loi est annoncée une augmentation de leurs effectifs alors que nous T. 04 72 33 67 67 savons bien que la politique générale est Antenne Bagnolet /// T. 01 48 59 50 50 à la diminution du nombre de fonctionwww.fnti-taxis.com naires.
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« English in the pocket » avec Taxi English Interview d’Aidan Bunney, associé de la société Talk to me English
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évelopper l’accueil des touristes dans leur taxi est le souhait de nombreux chauffeurs. Mais difficile d’être en même temps en cours et derrière son volant ! La nouvelle application Taxi English permettra désormais de réviser et d’améliorer son anglais en fonction de la disponibilité de chacun et à petit prix ! Nous avons rencontré Aidan Bunney, associé de la société Talk to me English qui développe l’application smartphone Taxi English.
Avec 90,3 millions de passagers enregistrés pour l'année passée par Aéroports de Paris, la pratique de l'anglais est un atout supplémentaire pour le service taxi.
Comment fonctionne votre application ?
Taxi English est une application smartphone pour apprendre l’anglais, conçue spécifiquement pour les chauffeurs de taxi. Elle comprend un programme établi sur trois mois de cours vidéo qui permet aux professionnels de communiquer en anglais avec leur clientèle internationale. Une fois l’application téléchargée sur L'objectif est de permettre aux chauffeurs smartphone, un de comprendre et utiliser le vocabulaire cours, filmé sous employé par les clients internationaux. forme de sketchs humoristiques, est mis en ligne chaque jour. En plus des sketchs vidéo, les utilisateurs visitent une section grammaire qui leur permet d’écouter et de réécouter le vocabulaire de la leçon du jour. Le programme est basé sur un calendrier, ce qui signifie que chaque cours visionné active le cours vidéo du jour suivant. Ces vidéos se focalisent sur le vocabulaire, la grammaire et les expressions usuelles du secteur des taxis. Quelle méthode proposez-vous ?
L'application comprend trois niveaux. Les stagiaires recevront une vidéo de deux à trois minutes par séance. Chaque vidéo consiste en un sketch humoristique et réaliste qui met en scène une situation concrète de la vie du taxi. Nous utilisons l’humour car il aide à retenir les notions abordées et c’est un bon stimulant mnémotechnique. Puis cette séquence est suivie d'une partie grammaire récapitulant les expressions du jour et comprenant également des entraînements à la prononciation. Ces cours vidéo ont pour but d’apprendre l’anglais en se divertissant au travers de situations vécues par les conducteurs de taxi dans leur environnement professionnel. Cela permet
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Formation Taxis des Hauts-de-Seine Inscriptions du 1er au 30 septembre 2014 Cours du 25 octobre au 28 novembre 2014 Examen en décembre 2014. Contact : Christophe Van Lierde - SATC92 Tel 06.50.35.65.53 Email satc92@1s.fr
Crédit : Stanislas Marçais
de s’exercer sur des exemples réels qu’ils sont susceptibles de rencontrer dans leur travail. L’objectif est de permettre aux stagiaires d’être capables de comprendre le vocabulaire employé par les clients internationaux et de répondre aux phrases types qu’ils utilisent. Comment votre label « I speak taxi English » valorise-t-il votre formation ?
Après le suivi du cursus complet, une dernière étape consiste à satisfaire à un examen oral attestant de la capacité des chauffeurs à parler anglais dans leur milieu professionnel. Il confirme ainsi que le conducteur connaît le vocabulaire utile à son secteur et qu’il a acquis le niveau nécessaire à l’obtention du certificat Talk To Me English et du label que nous avons défini. Être muni d’un label et d’un certificat signifie que le conducteur de taxi possède les bases de l’anglais et est en mesure de communiquer dans cette langue. Il sera plus à l’aise pour recevoir les clients anglophones et pourra facilement reconnaître et utiliser les phrases types et le vocabulaire courant dans son secteur professionnel. Le label « I speak taxi English » sera matérialisé par un macaron autocollant collé sur le pare-brise qui permettra aux chauffeurs de se distinguer vis-à-vis de la clientèle étrangère et d’améliorer leur image de marque. Notre initiative s’adresse aux chauffeurs de taxi parisien mais aussi aux taxis des départements et nous développons d’ores et déjà notre application auprès de ceux affiliés à l’UNT. HM
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montréal, Sous l’œil des caméras
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uite à l'agression mortelle d'un chauffeur de taxi en novembre 2013, Denis Coderre, le maire de Montréal, a pris la décision de doter les quelque 5500 voitures taxis de la ville Montréal compte aujourd'hui 5 500 taxis qui, comme leurs collègues de caméras de sécurité d'ici la fin de l'aninternationaux, doivent au quotidien déjouer la congestion du trafic urbain. née. Un dispositif qui suscite la polémique chez les taxis montréalais, d'autant qu'elle s'accompagne d'autres mesures visant non seulement à renforcer la sécurité des chauffeurs et des passagers, mais également à moderniser la profession. Le rêve américain... Arrivé d'Algérie en 2002 avec son épouse, tous deux diplômes d'ingénieur en poche, Ziad Bouzid n'a pas tardé à déchanter. En 2008, il doit se résoudre à adopter la profession de chauffeur de taxi pour faire bouillir la marmite tandis que sa femme garde des écoliers pendant la pause du midi. Le rêve américain a tourné au cauchemar pour cette famille en novembre de l'année dernière quand un client tue Ziad à bout portant avec un fusil à pompe. Le drame a suscité un fort émoi dans la communauté des taxis, d'autant qu'il fait écho Crédit : Wikipédia à une tragédie similaire dont avait été vic- obligatoire pour l’ensemble des taxis, à leur estiment que la caméra serait un moindre time un chauffeur algérien 4 ans plus tôt. centrale d’appels ou à une entité à définir mal : « Une caméra directement reliée à Un mort pour rien pour les chauffeurs indépendants !» la centrale, ça va donner aux clients l’imBien qu'elles aient réussi à appréhender un Des taxis partagés pression qu’il vaut mieux ne rien tenter de suspect qui risque la perpétuité, les forces Une décision qui est loin de faire l’unani- louche. » D’autre sont carrément contre et de police ne sont pas parvenues à détermi- mité parmi les chauffeurs, même si certains posent la question à 100 000 $ (canadiens, ner les raisons de ce meurtre. Selon elles, préfèrent encore la caméra à la vitre de of course) : qui va payer ? Le coût est en il ne s'agit pas d'un séparation en vigueur effet estimé à plus de 3 millions de dollars « crime haineux », L'installation de caméra directement reliées dans nombre de villes (environ 2 millions d’euros) ! La commisautrement dit raciste, au central radio permettra-t-il d'éviter un des États-Unis. « Les sion propose, dans sa recommandation nouveau drame ? et le vol ne semble vitres existent beaucoup n° 14, de financer le projet par l’instaupas être le mobile de aux États-Unis, où il y ration de la publicité dans les véhicules, l'agression. Cela n'a pas empêché le maire a beaucoup plus d’incidents avec les chauf- mais elle propose également, pour limiter de Montréal de s'emparer de l'affaire pour feurs. Ici, c’est beaucoup plus tranquille. La le nombre d’agressions pour vol, de « senproposer une « modernisation » de la pro- vitre n’est pas nécessaire, la caméra est suffi- sibiliser l’industrie à la mise en place d’un fession, alors que se profilent à l'horizon sante. » Encore secoués par le meurtre d’un système de paiement électronique »… Ça ne 2017 les célébrations du 375e anniversaire de leurs collègues, les taxis montréalais vous rappelle rien ? LT de la fondation de Montréal. Répondant aux vœux du maire, la Commission sur le transport et les travaux publics n’y est pas allée avec le dos de la cuillère ! Première recommandation : « Obliger, par voie Web journal gratuit et indépendant, réglementaire, l’installation de caméras de 100% NEWS est disponible tous les 1ers et 15 de chaque mois. sécurité à bord des véhicules » ; troisième Abonnez-vous gratuitement l'actualité taxi recommandation : « Rendre obligatoire la et retrouvez nos précédentes publications : localisation électronique des courses via un système de géolocalisation en temps réel […] www.100pour100news.com et faire relier le bouton d’urgence 911, déjà Recevez directement le prochain numéro en cliquant sur le lien suivant : http://bit.ly/newstaxi
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montréal, À l’heure de l’électrique Le taxi montréalais en chiffres 25 000 à 30 000 $ (17 000 à 20 500 euros) : coût d'acquisition d'un véhicule thermique 48 000 à 58 000 $ (33 000 à 40 000 euros) : coût d'acquisition d'un taxi 100% électrique (après crédit d'impôt) 1 cent (0,007 euro) : coût par kilomètre pour un taxi électrique 10 à 14 cents (0,07 à 0,097 euro) : coût par kilomètre pour un taxi thermique 6000 à 10 000 $ (4 100 à 7000 euros) : économie annuelle avec un taxi électrique comparativement à un taxi thermique 70 000 : kilomètres parcourus par année, en moyenne, par un taxi dans l'île de Montréal (environ 11 millions d’euros) nécessaires pour amorcer le projet. Pourquoi 2017 ? En premier lieu parce que l’année marquera les célébrations du 375e anniversaire de la fondation de Montréal, ensuite pour griller la politesse à l’Anglais, l’ennemi héréditaire, car Londres Crédit : Wikimedia envisage la même chose pour 2018 [voir « Allo Paris ? Ici Londres. » Élu en novembre dernier, Denis Coderre, le nouveau maire de Montréal, 100% News n°27 – 1er février 2014). e entend réformer les taxis avec en point de mire le 375 anniversaire Tesla, le retour de la fondation de la plus grande ville du Québec qui aura lieu en 2017, Pourquoi les Québécois sont-ils si confiants, alors que le dernière année de son mandat.. développement de flottes de véhicules électriques se heurte depuis des années à un problème rédhibitoire pour les gros rouleurs, l’autonomie ? Tout simplement parce qu’Alexandre Taillefer envisage de s’allier au constructeur américain Tesla qui présente deux atouts majeurs. D’une part, il n’est pas issu du monde automobile mais de celui des nouvelles technologies (voir « Voitures connectées, attention dangers ! », 100 % News n°33 - 1er mai 2014), d’autre part, ses véhicules sont dotés d’une autonomie hors du commun dans le monde du 100 % électrique : au minimum 200 km et jusqu’à 500 km pour la Model S Performance ! Enfin, Taillefer a pour projet de remplacer les 5 500 taxis à moteur thermique de Montréal par des taxis « made in Québec » en près la sécurité, le maire de Montréal s’attaque dans la s’associant à la société d’État Hydro-Québec qui a déjà mis au point foulée à la « propreté » de sa ville. Même si le niveau un moteur-roue et des piles au lithium. Il recevra en cela le soutien de pollution atmosphérique à Montréal est néanmoins de la municipalité et de la Commission sur le transport et les travaux nettement moins élevé qu'à Paris, Mexico ou encore Beijing, la métropole québécoise reste néanmoins la deuxième grande ville canadienne où cette pollution est la plus intense et provoque chaque année 1500 décès prématurés, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé. Une fois encore, les taxis vont être mis à contribution… Le souffle du dragon Pour ce faire, le maire Denis Coderre s’appuie sur le « dragon » Alexandre Taillefer, entrepreneur canadien qui doit son surnom à sa participation à une émission de téléréalité Tesla, le jeune constructeur crée la surprise 100% électrique. dans laquelle des publics qui, dans sa recommandation n° 12, propose de « soutenir Les taxis québécois réussiront-ils la e n t r e p r e n e u r s les démarches d’électrification d’une partie de la flotte de taxis et de mutation de leur industrie ou seront-ils viennent présenter limousines entreprises par l’industrie pour augmenter le nombre de instrumentalisés comme leur collègues de nouvelles idées véhicules à caractère écologique dans la flotte montréalaise d’ici 2020 et de France ? et inventions à cinq accélérer la mise en place de bornes électriques ». « dragons », investisseurs dans du capital à risque. D’après le Mutation en profondeur de l’industrie du taxi québécoise, ou simple sieur Taillefer, Montréal a le potentiel pour devenir la première miroir aux alouettes dont les taxis de l’Hexagone et d’ailleurs sont ville au monde à se doter d'un parc de taxis 100 % électriques désormais habitués ? L’avenir proche nous le dira et nous ne manquerons conçus et assemblés au Québec. « Si nous réunissons nos forces, pas de vous en tenir informés. D’autant que dans l’intervalle, les affirme-t-il, nous serons en mesure de livrer les premiers taxis professionnels montréalais vont se heurter à un autre défi, et de taille : verts à compter de 2017. » Le quadragénaire multimillionnaire l’arrivée dans leur secteur des sociétés Uber et Hailo, le pendant british se déclare prêt à apporter le tiers des 50 millions de dollars de la start-up californienne… LT
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