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Concurrences - French Tech - Genève

1er mai 2015 - numéro 57 Web journal indépendant et gratuit. Disponible sur abonnement tous les 1ers et 15 de chaque mois


édito

Manifestations... d’indifférence ?

Publication : Lempickom sarl Rédactrice en chef : Hélène Manceron Secrétaire de rédaction : Laurent Thelliez Graphisme et illustration : Stanislas Marçais Contact : helene.manceron@gmail.com archives http://bit.ly/newsarchives abonnement http://bit.ly/newstaxi

Météo pourrie, écoliers en vacances, vendredi de long week-end… : les défilés du 1er Mai, comme les vendeurs de muguet, n’ont pas fait recette. Certains médias prédisent déjà la fin inéluctable du syndicalisme dans son ensemble. Au lieu de bloquer la capitale, les routiers se réunissent en périphérie et organisent des barrages filtrants pour ne déranger que leur filière. « Cette forme d’expression spécifique [les manifestations sur la voie publique] s’est imposée quand prévalait la conception progressiste d’une histoire en marche vers un devenir meilleur, si ce n’est radieux, un avenir dont la révolution pouvait constituer la figure ou la voie d’accès », analyse Danielle Tartakowsky, auteur de « Quand la rue fait l’histoire ». Malgré sa dimension européenne, la journée de solidarité du 1er Mai dont les cortèges devaient se former pour « stopper les politiques d’austérité et investir pour des emplois de qualité et une croissance tenant compte des impératifs de développement durable » n’a pas mobilisé. Le score des manifestions feraient croire qu'il est plus facile aujourd'hui de rassembler autour d’une émotion, depuis le mariage pour tous jusqu'aux attentats perpétrés dans l’Hexagone en ce début d’année, que sur un espoir. Face à l’incompréhension générale, les taxis et leurs organisations professionnelles ont, eux aussi, réservé leur projet de manifestation nationale et contraint les chauffeurs à la patience. Dans ce contexte pesant, la lucidité provocatrice – et parfois caricaturale – de la tribune « Vive les grèves des taxis », publiée sur le blog Médiapart, est salutaire quoique trop rare. Dénonçant le détournement de l’information au profit de la communication, ainsi que l’égocentrisme de nombreuses décisions, elle souligne que le plus néfaste serait de « faire passer nos intérêts de consommateur, celui qui aime un service "rapide et efficace", qui veut une "livraison en 24 h", qui trouve ça "plus pratique" de faire ses courses le dimanche, au détriment des milliers de caissiers, vendeurs, manutentionnaires et livreurs soumis à des cadences folles pour que nous soyons livrés avant le 24 décembre, "sans faute !". Ce serait ça le plus grave, de penser que ce qu’on gagne en tant que consommateur, on ne le perdra pas en tant que travailleur. » Hélène Manceron plus d'info: http://bit.ly/Vivelesgrevesdetaxismédiapart

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numéro 57 /// 1er mai 2015

Web journal indépendant et gratuit. Disponible par mail tous les 1ers et 15 de chaque mois

Directrice de Publication : Hélène Manceron

actu

Taxis unis contre le travail dissimulé T

andis que clients et scolaires sont en vacances, les taxis et leurs organisations professionnelles restent sur le vif. Réunion intersyndicale, projet de loi sur le transport de malades, open data… Dénonçant le travail dissimulé et l’évasion fiscale qui précarisent leur activité, les taxis font de la résistance.

À l'appel de l'ensemble des organisations professionnelles, les taxis organiseront des actions juridiques et d'information, ainsi que des opérations dans les départements.

Crédit :Lempickom

>>> suite de l’article page 4

monde

interview

Uber Genève : au nom de la loi

Ça

chauffe à Genève ! Pas franchement réputée pour son anti-libéralisme, la ville « au bout du lac » se voit une nouvelle fois contrainte de légiférer sur son service taxi. La raison ? L’arrivée à l’automne dernier d’Uber, qui a contribué à désorganiser un peu plus un service de transport individualisé de personnes déjà passablement contesté par la clientèle et les médias. Une pierre de plus dans le jardin du géant californien ? >>> suite de l’article page 6

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« Faire valoir la French tech ! » Yann Ricordel - Taxis Bleus

A

lors que le volet réglementaire permettant de rééquilibrer la concurrence entre taxis et VTC patine, les partenaires des taxis s'engagent dans l'innovation pour faire valoir la qualité de service et faciliter la mise en relation avec le client. Avec le « Bouton taxi », les Taxis Bleus créent la surprise et participent à rendre le taxi incontournable pour tous ! >>> suite de l’article page 5


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Actu

Taxis unis contre le travail dissimulé

À

l’issue de la réunion intersyndicale des taxis et en réponse à leur ultimatum, le Premier ministre a annoncé sa décision de saisir la délégation interministérielle de lutte contre le travail illégal « pour organiser toutes voies de recours contre les chauffeurs et utilisateurs de l’application UberPOP ou Heetch ». Écartant dans l’immédiat le projet d’une manifestation nationale, les organisations professionnelles représentatives du secteur– CFDT, CGT, CST, FO, FNAT-UDTP, FNDT, FNTI, GESCOP, SDCTP, SUD, UNIT, UNT et UTP – ne semblent pas pour autant décidées à rester les bras croisés. Impatience La récente rixe entre taxis et chauffeurs UberPOP à Bordeaux témoigne une nouvelle fois de la dégradation du climat social dans le secteur. Malgré les efforts du gouvernement, la procédure pénale engagée contre UberPOP par la DGCCRF et les 350 (!) poursuites judiciaires intentées par les forces de police, les manœuvres dilatoires de la multinationale continuent de mettre à mal l’activité des taxis. Excédés par des provocations quotidiennes et la chute de leur chiffre d’affaires, de nombreux chauffeurs et leurs organisations professionnelles tentent de contenir le développement de cette concurrence illégale malgré un temps judiciaire et législatif qui leur est peu favorable.

Face au développement du travail dissimulé favorisé par l'économie numérique, les taxis refusent de se résigner.

Crédit : Lempickom

Mobilisation générale Open data & TAP « C’est la première fois dans l’histoire du taxi que toutes les organi- Mais la lutte contre la concurrence sations professionnelles travaillent ensemble pour défendre la pro- déloyale n’est pas le seul front que les fession », souligne Pascal Wilder, secrétaire général de la FNTI. taxis surveillent de près. Lundi 27 « Nous allons conduire des actions juridiques, d’information ainsi avril, le secrétariat général pour la que de terrain. À Lyon, nous avons investi, ce mardi, l’accueil de Modernisation de l’Action Publique l'immeuble du siège d'Uber Lyon puis été reçus à la préfecture. Cette et le ministère de l’Intérieur ont préopération coup de poing devrait être prochainement relayée par les senté le projet de la mission « open taxis de Bordeaux et de Paris ! » Par ailleurs, « le SATE 91 affilié data des taxis » conformément à la er à la FNDT a d’ores et déjà attaqué le décret Les organisations professionnelles loi du 1 octobre d’application de la loi du 1er octobre 2014 2014. Créant un coordonneront des actions juridiques, registre national concernant l’obligation d’équipement des taxis d'information et de terrain. d’identification d’un terminal de paiement », annonce Didier Hogrel, président de la FNDT. « Même si nous sommes favorables et de disponibilité des taxis ainsi au développement des supports de paiements dématérialisés, nous qu’un « registre d’open data des ne pouvons cautionner le caractère obligatoire au détriment des taxis, à des fins d’analyses statistiques seuls taxis. Cette disposition n’est pas justifiée pour toutes les voitures publiques et privées et ne permettant pas la ré-identification des indiviet nous soumet sans négociation aux établissements bancaires ! » dus », le gouvernement affirme sa volonté de « créer des services innovants capables de rivaliser avec ceux d’Uber », ont commenté les médias. Un projet accueilli avec circonspection, d’autant que la proposition de loi relative à l’organisation du transport des patients présentée par le député Pierre Morange propose l’équipement des VSL et des taxis 37, rue René Charton « d’un dispositif de géolocalisation installé à leurs frais » afin de renfor91200 Athis Mons cer le contrôle sur les dépenses de T. 06 07 05 94 97 www.taxisdu91.fr transport de patients. HM

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Syndicat des Artisans Taxi de l'Essonne SATE 91 Syndicat affilié à la FNDT - www.fndt.fr 100pour100news.com


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interview

Taxis, « Faisons valoir la French tech ! » O bjets connectés, véhicules électriques, tchat en temps réel… les Taxis Bleus développent de multiples services pour répondre à la modernisation à marche forcée imposée par la concurrence. Questions à Yann Ricordel, directeur général des Taxis Bleus. Les nouvelles dispositions réglementaires tardent à se mettre en place. Est-ce inquiétant ? Bien qu’insatisfaisante, la loi Thévenoud – loi de transition, qui nécessitera sans doute des améliorations –, fixe néanmoins les règles des nouvelles plates-formes de mise en relation et cadre a minima les VTC. Sa remise en cause reviendrait à légaliser l’anarchie actuelle du secteur et nous ferait repartir de plus bas ! Il est vrai que l’activité taxi connaît depuis 2013 beaucoup d’aléas. En 2014, selon les témoignages, la baisse de la demande de taxis a impacté de – 15 % à – 20 % le chiffre d’affaires des chauffeurs. C’est le travail en station qui semble avoir le plus souffert. Entre concurrence et situation économique, le marché reste tendu. Très rapidement, l’offre des transporteurs privés a été multipliée par 5 mais la clientèle n’a pas augmenté d’autant. Heureusement, de nombreux clients reviennent aussi à nos services après avoir essayé celui des VTC, pour la fiabilité et la sécurité du taxi. Quelles réponses la profession peut-elle apporter ? Les observateurs ont cru que notre profession se protégeait par sa réglementation. La réalité quotidienne leur démontre le contraire. La réglementation protège avant tout la clientèle, mais pour se défendre, notre profession doit miser sur son amélioration continue. Les Taxis Bleus y participent en développant notamment des outils de commandes à la pointe : notre application mobile, et

Tchat en direct, bouton connecté, applications de dernière génération... Les Taxis Bleus développent un faisceau de modes de communication vers la clientèle.

Yann Ricordel – Taxis Bleus

Crédit : Lempickom

sa prochaine variante pour l’Apple Watch, qui moment où la demande de client est la devraient représenter, à terme, 25 % des commandes, plus forte. Cela a fait ses preuves partout mais aussi le Bouton connecté, que nous venons dans le monde, surtout aux aéroports. d’inaugurer pour répondre à une demande forte Mais la circulation est une réelle entrave des hôteliers, des restaurateurs, des hôpitaux ainsi au développement de la mobilité. Sur Paris, que celle des organisateurs d’événements. C’est un la vitesse moyenne des taxis est passée de moyen de commande ultra-simplifié et sécurisé 19,5 km/h à 16,5 km/h en 10 ans. Ce sont pour leurs clients comme pour nos chauffeurs, et des courses en moins pour les chauffeurs il est disponible gratuitement sur notre site web, et près de 10 % en plus sur la note du où l’on peut par ailleurs dialoguer par tchat avec client ! Pour la réduire, il serait nécessaire nos téléconseillers. Je voyage beaucoup à l’étranger de libérer les voies de bus des VTC, du illicite et j’observe l’essor du taxi La circulation reste une entrave majeure stationnement ainsi que des vélos. Il est électrique dans de nombreuses au développement du service taxi. nécessaire de poursuivre capitales européennes : Amsterdam compte déjà 400 taxis électriques sur le développement des pistes protégées 3 000 véhicules ! L’avenir du taxi en France passera pour les cyclistes et le réseau de voies bus/ aussi par le développement de ces « Taxis Verts » et taxis. Les voies dédiées en redescente vers nous comptons y prendre notre part. Faisons valoir la capitale sont une avancée, mais il est surprenant que la montée aux aéroports la french tech* ! La réglementation et l’innovation sont-elles les seules pistes de ne soit pas prévue, alors que les clients que nous transportons sont souvent pressés de modernisation du secteur ? La mise en place de forfaits dans la tarification taxi rejoindre leur aérogare. HM participerait au rééquilibrage de la concurrence au * Technologie française.

partenaire

La Fédération Nationale des Taxis Indépendants – FNTI

139 rue Baraban – 69003 Lyon T. 04 72 33 67 67 /// Antenne Bagnolet – T. 01 48 59 50 50 - www.fnti-taxis.com 100pour100news.com


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monde

Uber Genève : au nom de la loi Genève, son lac, ses taxis... qui redoutent que la libéralisation les transforme petit à petit « en cireurs de chaussures du Caire », dixit leur avocat, Jacques Roulet.

À

À ma gauche, les « bonbonnes bleues », Uber n’offre pas (encore) comme prestation des taxis « privés » sans contingentement de se télétransporter d’un endroit à l’autre, ni obligation particulière de service, mais sans faire usage du domaine public, elle qui ne peuvent utiliser ni les voies réservées est logiquement soumise à la loi régissant ni les stations. Avec l’arrivée d’Uber, en le transport de personnes. » Tout en se octobre 2014, la situation déclarant prêt à accueillir « Uber a la prétention de n’a pas tardé à dégénérer, s’affranchir de toutes règles » la multinationale « à à tel point que les autorités condition qu’elle remplisse du canton ont décidé de prendre les choses les conditions fixées par l’actuelle loi sur les en main. Taxis et Limousines », il conclut : « Je n’ai Pour une concurrence équitable actuellement pas de marge de manœuvre Partisan déclaré de la libéralisation, Pierre pour permettre à Uber d’exercer son Maudet, conseiller d’État en charge des activité. » taxis, a dû se résoudre à modifier la loi Une loi pour quoi faire ? pour éviter l’explosion. Il répond point par Face à lui, Jacques Roulet, avocat des point aux arguments du géant californien : «  taxis jaunes  », lui aussi un libéral. En « Uber ne met pas en relation l’offre et la fin connaisseur de la profession, il reste demande à titre gracieux mais touche bien néanmoins lucide : «  Mon cœur […] de l’argent sur cette activité. Il est donc pour irait volontiers vers la dérégulation et la le moins curieux d’affirmer qu’Uber n’a pas libéralisation. Mais ça ne marche pas, une activité analogue à celle d’une centrale c’est l’expérience qui le dit, partout dans le de taxi ? » Et quand Uber se définit comme monde. » Aux défenseurs d’une concurrence un simple opérateur virtuel, il ajoute avec maîtrisée à la Pierre Maudet, il rétorque : une pointe d’humour : « Dans la mesure où « La concurrence existe déjà dans le cadre légal actuel ! Uber pourrait s’y conformer, ouvrir une centrale à Genève et exercer sous le régime des taxis bleus, qui ne sont pas soumis à numerus clausus. Ce qui ne va pas, c’est qu’Uber encaisse l’argent des clients sur son compte à San Francisco et ne paie ni impôts Web journal gratuit et indépendant, ni TVA en Suisse. […] Uber n’a aucune envie de rentrer dans le moule. Je ne vois pas très 100% NEWS est disponible tous les 1ers et 15 de chaque mois. bien quelle nouvelle loi serait compatible avec Abonnez-vous gratuitement l'actualité taxi ce modèle d’affaires, qui a la prétention de et retrouvez nos précédentes publications : s’affranchir de toutes règles. » LT

Genève, il y a les taxis de « service public », avec leur bonbonne* jaune, et les taxis « privés », à bonbonne bleue. À cela s’ajoutent les limousines, les taxis des cantons voisins, les taxis français, les taxis pirates… Genève est un vaste gâteau international où tout le monde vient picorer. L’arrivée d’Uber l’année dernière a mis le feu aux poudres, d’autant que ses chauffeurs ont démarré en pratiquant des tarifs inférieurs à ceux des taxis ! Une situation particulière Les 1 400 taxis genevois se répartissent en deux catégories. À ma droite, les « jaunes » : assimilés à du service public, ils pratiquent des tarifs au compteur fixés par la loi, ont l’obligation d’être affiliés à un central radio, d’accepter toute destination et le paiement par carte de crédit ainsi que d’assurer un service 24/24. En contrepartie, ils bénéficient des couloirs de bus, des stations réparties sur le domaine public… et d’une réputation exécrable auprès d’une partie de la clientèle et surtout des médias.

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