NO 1042 MARS 2020 WWW.LOFFICIEL.COM
ISSN 0030.0403
Emma Mackey
Alexa Chung, Jorja Smith, Nour Arida, Billie Eilish, Little Simz, Flohio, Hannah Diamond, Art School Girlfriend, Charli XCX, Charlotte Lawrence, Lolo Zouaï, Nana Komatsu, Mariam de Vinzelle, Marc Jacobs Emma Mackey en Bottega Veneta et Boucheron.
NO 1042 MARS 2020 WWW.LOFFICIEL.COM
ISSN 0030.0403
Jorja Smith
Alexa Chung, Emma Mackey, Nour Arida, Billie Eilish, Little Simz, Flohio, Hannah Diamond, Art School Girlfriend, Charli XCX, Charlotte Lawrence, Lolo Zouaï, Nana Komatsu, Mariam de Vinzelle, Marc Jacobs Jorja Smith en Lanvin et Boucheron.
NO 1042 MARS 2020 WWW.LOFFICIEL.COM
ISSN 0030.0403
Nour Arida
Alexa Chung, Emma Mackey, Jorja Smith, Billie Eilish, Little Simz, Flohio, Hannah Diamond, Art School Girlfriend, Charli XCX, Charlotte Lawrence, Lolo Zouaï, Nana Komatsu, Mariam de Vinzelle, Marc Jacobs Emma Mackey en Molli, Levi’s, Dr. Martens et Boucheron.
Photographies retouchées
Photographie retouchée
NO 1042 – MARS 2020
Édito page 26 Contributeurs page 32 Anatomie d’un sac : le Chain Pouch de Bottega Veneta page 34 La collab’ Birkenstock/ Proenza Schouler page 36 Sportmax fête ses 50 ans page 38 MJZ débarque à Paris page 40 Dsquared2 fête ses 25 ans page 42 Chanel nous en met plein les yeux page 44 Le denim selon Miu Miu page 46 Expo : “Heimat. A sense of belonging”, à la Fondation Armani/Silos à Milan page 47
Expo : “Cœurs” au musée de la Vie romantique page 54 Musique : la révélation Lous and the Yakuza page 55 Joaillerie : la guerre des pierres page 56 PAGE 36
Tendance bijoux page 58 Anatomie d’un bijou : la collection Dior et Moi de Dior page 59 Joaillerie : le coup d’éclat de Swarovski page 60 Tendance montres page 64 Anatomie d’une montre : l’Égérie de Vacheron Constantin page 65 Joaillerie : la bague Quatre de Boucheron page 66
Marc Jacobs fait son grand retour page 48
Photos Juergen Teller, Elliott Kennedy, Guen Fiore, Matty Bovan
PAGE 52
New face : Mariam de Vinzelle page 50 Tendance : Blitz Kids page 52 Livre : My Window de David Hockney chez Taschen page 53
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NO 1042 – MARS 2020
MODE
MAGAZINE
Haute joaillerie : Pièces maîtresses page 68
Music non-stop : Billie Eilish, Little Simz, Hannah Diamond, Art School Girlfriend, Flohio, Charli XCX, Lolo Zouaï, Charlotte Lawrence page 148
Alexa Chung page 76 Jorja Smith page 88 Emma Mackey page 98 Nour Arida page 108
Société : quand le futur se conjugue au passé page 166 Lifestyle : les codes esthétiques de Ian Schrager page 144
BE WELL Ivanka Smilenko page 118 Nana Komatsu page 130 Emma Chamberlain page 138
Les bouillons détox d’Atelier Nubio page 177 L’Hôtel Particulier Villeroy page 178 Happy Sport & Detox de Carra Sutherland page 180
PAGE 88
Les conseils capillaires de John Nollet page 181 Horoscope page 183
PhotosElliott Kennedy; Marili Andre
Dernières volontés page 184
PAGE 118
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F A L I E R O S A R T I . C O M
N° 1042 – MARS 2020
Directrice de la publication et de la rédaction Marie-José Susskind-Jalou Rédactrice en chef mode Vanessa Bellugeon
Directeur de création Jean-Marie Delbès
Rédactrice en chef magazine Adrienne Ribes
MODE
DÉPARTEMENT ARTISTIQUE
MAGAZINE
Market editor Laure Ambroise l.ambroise@jaloumediagroup.com Responsable shopping Samia Kisri s.kisri@jaloumediagroup.com Tél. 01 53 01 10 30
Consultante à la création Jennifer Eymère Graphistes Hortense Proust Louis Ziéglé Iconographe Irène Karabayinga
Rédactrice en chef adjointe Léa Trichter-Pariente lea@jaloumediagroup.com Editor-at-large Delphine Valloire d.valloire@jaloumediagroup.com
JOAILLERIE/HORLOGERIE
PRODUCTION
Emily Minchella emilyminchella@gmail.com Hervé Dewintre hervedewintre@hotmail.com
Joshua Glasgow j.glasgow@jaloumediagroup.com
CONTRIBUTEURS Photographes Marili Andre Jory Lee Cordy Sergio Corvacho Mia Dabrowski Hannah Diamond David Fanfani Ellius Grace Guen Fiore Florence Mann Laëtitia Mannessier Cécilia Poupon
SECRÉTARIAT DE RÉDACTION Secrétaire générale de la rédaction Jeanne Propeck j.propeck@jaloumediagroup.com Secrétaire de rédaction Françoise Emsalem
CASTING BEAUTÉ Mélanie Mendelewitsch melanie.mendelewitsch@gmail.com Rédactrice parfum Antigone Schilling aantigone3@aol.com
CORRESPONDANTS
Jennifer Eymère j.eymere@jaloumediagroup.com Joshua Glasgow j.glasgow@jaloumediagroup.com
Editor-at-large Los Angeles Erica Pelosini Correspondante Rome Allegra Forneris Correspondant New York Jean-Claude Huon
LOFFICIEL.COM Rédactrice en chef Karen Rouach k.rouach@jaloumediagroup.com Community manager Caroline Mas c.mas@jaloumediagroup.com
Rédacteurs et collaborateurs Virginie Beaulieu Ana Benabs Mathilde Berthier Pauline Borgogno Chrystèle Dessoy Célestine Fanguin Elsa Ferreira Noémie Lecoq Billie JD Porter Manon Renault Laurent-David Samama Violaine Schütz Julien Welter Stylistes Sergio Alvarez Florine Da Silva Lauren-Ann Groves Alizée Hénot Henna Koskinen Laëtitia Mannessier Traducteur Mathieu Warsky
LES PUBLICATIONS DES ÉDITIONS JALOU L’Officiel de la Mode, L’Officiel Hommes, Jalouse, La Revue des Montres, L’Officiel Voyage, L’Officiel Fashion Week, L’Officiel Art, L’Officiel Chirurgie Esthétique, L’Officiel Allemagne, L’Officiel Hommes Allemagne, L’Officiel Argentine, L’Officiel Autriche, L’Officiel Belgique, L’Officiel Art Belgique, L’Officiel Brésil, L’Officiel Hommes Brésil, L’Officiel Chine, L’Officiel Hommes Chine, Jalouse Chine, L’Officiel Corée, L’Officiel Hommes Corée, La Revue des Montres Corée, L’Officiel Inde, L’Officiel Indonésie, L’Officiel Italie, L’Officiel Hommes Italie, L’Officiel Kazakhstan, L’Officiel Hommes Kazakhstan, L’Officiel Lettonie, L’Officiel Liban, L’Officiel Hommes Liban, L’Officiel Lituanie, L’Officiel Malaisie, L’Officiel Maroc, L’Officiel Hommes Maroc, L’Officiel Mexique, L’Officiel Moyen-Orient, L’Officiel Hommes Moyen-Orient, L’Officiel Art Moyen-Orient, L’Officiel Pays-Bas, L’Officiel Hommes Pays-Bas, L’Officiel Pologne, L’Officiel Hommes Pologne, L’Officiel Russie, L’Officiel Singapour, L’Officiel Hommes Singapour, L’Officiel St Barth, L’Officiel Suisse, L’Officiel Hommes Suisse, L’Officiel Thaïlande, L’Officiel Hommes Thaïlande, L’Officiel Turquie, L’Officiel Hommes Turquie, L’Officiel Ukraine, L’Officiel Hommes Ukraine, L’Officiel USA, L’Officiel Hommes USA, L’Officiel Vietnam Lofficiel.com
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DIRECTION Gérants Coprésidents des boards exécutif et administratif Marie-José Susskind-Jalou Maxime Jalou Directeur général Directeur des boards exécutif et administratif Benjamin Eymère b.eymere@jaloumediagroup.com Directrice générale adjointe Membre des boards exécutif et administratif Maria Cecilia Andretta mc.andretta@jaloumediagroup.com Éditeur délégué Membre du board exécutif Emmanuel Rubin e.rubin@jaloumediagroup.com Assistante de direction Céline Donker Van Heel c.donkervanheel@ jaloumediagroup.com
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ÉDITO PAR ADRIENNE RIBES
Mars est le mois du renouveau. On lui associe volontiers les bourgeons et les fleurs. Mais il porte aussi le nom du dieu de la guerre. Un paradoxe que les pierres précieuses subliment, à en croire l’époustouflante présentation que la place Vendôme nous offre cette année, jeunes maisons et plus anciennes, dans la lumière de la maison Boucheron qui nous invite à méditer sur l’infini. Notre journaliste a découvert ce que savent les joailliers ; dans chaque pierre se cache un poème. Ce qu’affirmait déjà Octavio Paz, prix Nobel de littérature, avec “Pierre de soleil”, l’un des plus beaux recueils de poésie de tous les temps. L’aventure géologique rejointe par l’aventure artistique suggère aussi le voyage intérieur. Quatre, la bague emblématique de la maison Boucheron, est l’archétype de cette recherche que l’on pourrait presque qualifier de spirituelle. Dans son existence immémoriale, la pierre, lovée dans le nouvel écrin d’or qui lui est offert, est victorieuse du temps et des humeurs de l’Histoire. Nous vous invitons à partager ce voyage dans un numéro scintillant. Vous y serez accompagnée par quatre cover girls qui incarnent cette splendeur minérale. Quatre corps, quatre visages, quatre sourires comme les quatre ors assemblés sans soudure dans la bague Quatre.
Contributeurs
HERVÉ DEWINTRE Journaliste Après plusieurs années passées dans les arcanes survoltées de la post-production, ce passionné des mots promène désormais un tendre regard sur le monde feutré de la joaillerie et de l’horlogerie féminine. Un univers qui le confond d’admiration et de plaisir. “J’aime la joaillerie parce qu’elle respecte ses artisans. C’est peut-être la raison pour laquelle personne ne jette jamais un bijou, quel que soit son prix.” Pour ce numéro il s’intéresse au premier hit joaillier du xxie siècle, la bague Quatre de Boucheron, et décrypte l’intérêt nouveau de Swarovski pour le diamant de laboratoire. Photos DR
ELLIOT KENNEDY Photographe Diplômé de la Manchester Metropolitan University, Elliot Kennedy a fait ses classes auprès de grands noms de la photographie comme Nick Knight et Gavin Watson. Il a ensuite volé de ses propres ailes pour développer une signature personnelle. Son travail photographique sans vernis, teinté de sous-culture et imprégné d’urbanisme, lui vaut une cote en constante hausse auprès des maisons de mode, de designers et des titres de presses les plus exigeants.
LEAH ABBOTT Styliste Leah Abbott est une styliste, mannequin et consultante en image basée à Londres. Connue pour son style personnel et sa signature esthétique radicale, elle s’est imposée par son professionnalisme sans faille. Styliste adulée de célébrités comme Jorja Smith, Slowthai, DaBaby ou Maisie Williams, Leah est en train de devenir l’un des talents incontournables de la scène londonienne. Elle a été élue “new débutant” par le magazine Tatler et nommée par les British Fashion Awards comme l’un des “100 New Wave Creatives” de l’année 2019.
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Crédits : Gilbert Benesty
L’A B U S D ’A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É , À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N .
ANATOMIE D’UN SAC
Le Chain Pouch de Bottega Veneta Le nouveau modèle signé Daniel Lee est plus qu’un sac, c’est un vrai bijou.
Un talent certain En moins d’un an, Daniel Lee chez Bottega Veneta est devenu l’un des designers les plus influents du monde de la mode, avec pas moins de quatre récompenses remportées aux Bristish Fashion Awards en tant que “créateur de l’année”, “créateur britannique de l’année – vêtements femmes”, “créateur d’accessoires de l’année” et “marque de l’année”. Ce succès est à l’image de sa dernière collection printemps-été : radicalement mode. On a aimé les robes en maille côtelée près du corps, les bermudas en cuir, les trenchs ultra-légers oversized et, surtout, son
nouveau sac : le Chain Pouch, successeur du célèbre Pouch.
Vitello Nappato, souple, léger et ultra-doux.
Dans le détail Le Chain Pouch revisite les codes du Pouch avec une sangle bijou en maille argentée oversized. Le savoir-faire artisanal est directement inspiré du travail de la joaillerie, nécessitant les mains de maîtres joailliers pour sculpter minutieusement chaque maillon de la chaîne, grâce à un processus d’électroformage avant l’assemblage et le polissage à la main. L’évolution se fait également dans le volume avec une forme plus linéaire et l’utilisation du cuir
Fans de la première heure Nombreuses sont celles qui ont adopté le Pouch. Rosie Huntinghton-Whiteley, admiratrice de la maison italienne, avoue posséder une grande partie de la collection mode et accessoires. Sans oublier Diane Kruger, Lily Aldridge, Rihanna, Sofia Richie, Salma Hayek Pinault, pour ne citer qu’elles. On ne doute pas qu’elles craqueront aussi pour le Chain Pouch.
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Par Laure Ambroise Photographie Cécilia Poupon
STYLE
Irresistible ascension
Après Valentino Garavani, Rick Owens ou le magazine 032C, c’est au tour de la marque new-yorkaise Proenza Schouler, alias Jack McCollough et Lazaro Hernandez, de s’associer avec la griffe allemande Birkenstock pour une capsule unisexe. À cette occasion, les modèles Arizona et Milano ont été revisités tout en respectant la qualité et la fonctionnalité de la sandale culte. Inspirés des vêtements de travail et des chaussures de sport, les modèles arborent des fermetures à Velcro et une surpiqûre “industrielle” contrastée. Déclinés dans un colorama minimaliste allant du noir au blanc en passant par l’argent et l’ocre, ces modèles sont proposés dans un cuir à l’aspect brillant, tiré des collections d’hier et d’aujourd’hui de Proenza Schouler. Pour ce partenariat, les marques ont fait appel au photographe Juergen Teller et au directeur artistique et concepteur graphique Peter Miles, en qualité de collaborateurs créatifs. Par Laure Ambroise
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Photo Juergen Teller
De sandale quasi-orthopédique, la Birkenstock est devenue en quelques saisons l’obsession de la planète mode. Focus sur la collaboration de l’été signée Birkenstock x Proenza Schouler.
STYLE
Happy birthday
Il était une fois Fondée par l’entrepreneur italien Achille Maramotti, la marque Sportmax, inspirée par le Swinging London, fut par le passé pilotée par les personnalités les plus créatives de leur génération, depuis l’ex-mannequin Lison Bonfils jusqu’aux créateurs Jean-Charles de Castelbajac et Guy Paulin. Elle fut également l’une des premières marques à proposer le concept de total look avec des pièces faciles à coordonner, et défila avant sa grande sœur Max Mara pour la première fois en 1976, à Milan. Fidèle à son style sportswear futuriste, mais sans excès, depuis cinq décennies, Sportmax célèbre son anniversaire avec une collection capsule, Anniversary Collection, qui réinterprète ses modèles iconiques en quinze modèles graphiques aux couleurs seventies – émeraude, rouge profond et bleu outremer – et ayant pour point commun des techniques de couture et
de construction permettant de réaliser des vêtements déstructurés sans doublures. Une mode en images Pour mieux raconter son histoire, Sportmax a édité chez Assouline, à l’occasion de cet anniversaire, un coffee table book de 250 pages supervisé par le curateur Olivier Saillard et contextualisé par le journaliste spécialisé Luke Leitch, mêlant croquis, images backstage,
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éditos et campagnes publicitaires shootées par les plus grands photographes, de Sarah Moon à Craig McDean ou Peter Lindbergh. Pendant cinquante ans, la marque a construit son patrimoine sur la base solide d’un artisanat italien de qualité et d’innovations toujours plus ambitieuses pour un style inimitable qui lui vaut ce succès indéfectible. Par Laure Ambroise
Photo Sportmax
Voilà cinq décennies que Sportmax ponctue les saisons de son style inimitable. À l’occasion de cet anniversaire, la marque italienne propose une collection capsule reprenant toutes ses pièces signatures ainsi qu’un coffee table book rempli d’images iconiques.
STYLE
Made in Paris Fondée par Michael Chang, la maison MJZ dévoile sa nouvelle collection en peaux de crocodile et d’alligator, le temps des collections parisiennes.
MJZ était une marque dédiée à l’homme, puis nous l’avons étendue à la femme avec la nomination d’Irina Shabayeva à la direction artistique de la mode féminine. Elle était la pièce manquante à notre puzzle créatif, elle nous a rejoints en septembre dernier avec l’élaboration d’une capsule à l’occasion de la fashion week parisienne. Ce défilé nous a fait entrer dans le monde des collections. Nous sommes la première marque à ne proposer que des vêtements en crocodile.
L’Officiel : Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre marque MJZ, créée en 2017 ? Michael Chang : J’ai longtemps cherché une veste en crocodile d’un style plus novateur que ce que l’on a l’habitude de trouver. Les marques qui travaillent cette peau optent trop souvent pour des coupes traditionnelles. J’ai donc décidé de lancer MJZ pour répondre à mes envies. On a commencé avec sept pièces exclusives pour les passionnés et acheteurs de luxe. Au début,
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Pourquoi une telle fascination pour la peau de crocodile ? C’est le matériau le plus luxueux et le plus prestigieux du monde de la mode, donc mon préféré. J’aime sa solidité, sa souplesse, sa texture, son côté unique, spécial. Aucune peau n’est identique. Ainsi, chaque pièce est une édition rare. Parlez-nous des normes éthiques de vos collections mode et accessoires… Quand j’ai lancé MJZ, j’ai reconnu dès le départ la responsabilité qui accompagnait l’utilisation de peaux animales dans nos collections. Le crocodile et l’alligator sont indissociables de l’identité de la marque MJZ, et le respect des animaux est d’une importance cruciale. Lors de nos approvisionnements, une grande attention est accordée aux tanneries qui nous garantissent des pratiques durables et un bon traitement des animaux. Quel a été le moodboard créatif de votre dernière collection ? La collection couture 2020 de MJZ était une capsule femme réalisée avec la gagnante de l’émission Project Runway, Irina Shabayeva, à laquelle nous avons ajouté des pièces hommes. L’objectif était d’introduire des vêtements pour femmes dans notre marque. Un vêtement MJZ est l’expression de l’amour pour les matières extravagantes, un savoir-faire sans limites et une nouvelle identité emblématique. Quels sont vos projets ? MJZ présentera sa collection couture 2021 à travers des looks femmes et hommes en septembre prochain, mais aussi des accessoires. En vente dans les galeries du Ritz à Paris et en boutique à Courchevel. Par Laure Ambroise Photographie Cécilia Poupon
Un tête à tête avec Paris et la grande dame tout en dégustant une cuisine raffinée.
Restaurant Maison Blanche 15 avenue Montaigne - 75008 Paris www.maison-blanche.fr // 01 47 23 55 99 restaurant@maison-blanche.fr
STYLE
Happy 25 Dsquared2 fête ses 25 ans de création sur fond de show anniversaire et de collaboration avec Pepsi.
Quelle épopée que celle des jumeaux Dean et Dan Caten depuis leur Ontario natal jusqu’à New York, où ils ont étudié à la Parsons School of Design, avant de s’établir en Italie au début des années 90… Ils enchaînent alors de nombreuses collaborations jusqu’à présenter leur première collection homme, marquant ainsi le début d’une longue série de shows plus extravagants les uns que les autres. En plus de leur talent en matière de mode, les créateurs peuvent compter sur leur esprit irrévérencieux et le savoir-faire italien, tous deux garants du succès de la marque. Nous voici aujourd’hui 25 ans plus tard et l’heure est encore plus à la fête et aux collaborations. Après un show automne-hiver totalement démesuré pendant la fashion week homme à Milan en janvier dernier, avec rétroprojection des campagnes publicitaires signées Mert Alas et Marcus Piggott ou Steven Klein, une collection à se damner et le trio Sister Sledge au micro comme bouquet final, les festivités continuent avec le lancement d’une capsule avec Pepsi MAX® qui combine le sportswear-street à une palette de couleurs 80s sur fond de logo, soit 43 modèles au total. Et l’année ne fait que commencer…
Photo Dsquared2
Par Laure Ambroise
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CRÉATEUR DE THÉS - TISANES - CADEAUX www.dammann.fr
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Têtes d’affiches
Entre sa première montée des marches au Festival de Cannes habillée en Chanel, et son concert privé donné à l’occasion de la collection des Métiers d’art au restaurant La Coupole, la belle Angèle ne cache pas son affection pour les créations de Virginie Viard, la directrice artistique des collections mode de la maison. Et devient cette saison l’égérie de la ligne eyewear aux côtés des musiciens Pharrell Williams et Sébastien Tellier, et des actrices Isabelle Adjani et Margaret Qualley. Un beau casting, tout à l’image de la marque, shooté par Karim Sadli, qui met en avant les cinq paires de lunettes à adopter pour ce printemps-été. Soit un modèle ovale transparent à branches en métal et chaîne perlée grise (voir photo), un modèle papillon oversized en métal noir à chaîne perlée, un autre carré oversized au motif tweed, un masque rectangulaire XL et un dernier rectangulaire oversized réhaussé de fines plaques de métal gravé du motif tweed. Un manifeste où l’audace est de mise. Par Laure Ambroise
Photo Karim Sadli
À l’occasion de sa campagne eyewear, Chanel dévoile son nouveau casting de top faces avec Angèle, Isabelle Adjani, Sébastien Tellier, Pharrell Williams et Margaret Qualley.
Lauren, Brigitte, Jane et les autres…
Pièce iconique de la mode, le jean ne quitte plus notre garde-robe. À taille haute, slim, skinny, pattes d’eph, oversized, neige, baggy… chaque décennie a son style. Ainsi, Miu Miu a imaginé la collection Miu Miu Denim Icons qui revisite six modèles de six figures de mode. Taillée dans une toile épaisse bleu foncé, le Lauren (Bacall) reprend la silhouette emblématique des années 40 avec son aspect brut, caractéristique du vêtement fonctionnel de l’époque. Le Brigitte (Bardot), lui, est à l’image de la muse des années 50 avec sa taille
Miu Miu imagine Miu Miu Denim Icons, une capsule de six modèles de jean inspirés des muses qui les ont immortalisés.
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haute, sa toile foncé, ses chevilles resserrées dans l’esprit Capri. Pour les sixties, la marque italienne a jeté son dévolu sur Françoise (Hardy) à travers un modèle blanc à jambes droites, taille haute, assez masculin. Pour les seventies, c’est Jane (Birkin) et son taille basse à jambes évasées de couleur délavée qui a inspiré la marque. Le Brooke (Shield) incarne les années 80 et le Kate (Moss) à la coupe boyfriend bleu moyen est l’emblème des années 90. Par Laure Ambroise
Photo Miu Miu
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EXPO
Regard unique Pour rendre hommage au photographe Peter Lindbergh qui a longtemps collaboré avec la maison Armani, celle-ci organise une rétrospective de son travail à la Fondation Armani/Silos de Milan.
À l’occasion de la fashion week milanaise, la maison Armani nous avait donné rendez-vous pour découvrir en avant-première la rétrospective autour du travail publié et non-publié du célèbre photographe de mode allemand Peter Lindbergh, disparu en septembre dernier. Ce natif de l’industrielle Duisbourg sut introduire une forme de nouveau réalisme, mettant au cœur de son travail l’âme et la personnalité de ses sujets, changeant ainsi les normes de la photographie de mode en s’éloignant des stéréotypes de la beauté. Mise en scène par Giorgio Armani avec la Fondation Peter Lindbergh, l’exposition remet en lumière les affinités que partageaient ces deux visionnaires. En effet, le créateur et le photographe ont toujours eu en commun cette obsession pour la vérité de l’âme qui passe par un visage sans artifice et une attitude spontanée. On se souvient des sublimes portraits en noir et blanc de Milla Jovovich, Isabella Rosselini ou Charlotte Rampling, parmi tant d’autres… Exposition “Heimat. A sense of belonging”, jusqu’au 2 août 2020. Fondation Armani/Silos : Via Bergognone, 40, Milan.
Photo Armani
Par Laure Ambroise
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Retour en majesté Capitalisant sur son humour, son histoire et sa polymathie, Marc Jacobs aura évité en beauté l’écueil du “has-beenat”. Revue des sept points forts qui signent son brillant come-back.
dernier, repose sur un réseau de cerveaux dont la designer Olympia Le-Tan, la styliste Lotta Volkova ou le photographe Hugo Scott. Des collaborations avec Peanuts, Schott et Stephen Jones ont vu le jour depuis.
Photo Marc Newbold/Char de Francesco
1. L’art se ressentant du bonheur, notre homme aurait donc bel et bien “tué ses démons” comme le titrait Business of Fashion. Grand cru créatif, avec deux défilés acclamés par la presse et le lancement de THE Marc Jacobs, 2019 a vu le designer épouser l’architecte d’intérieur Charly Defrancesco, et aussi fêter ses trois ans de sobriété.
4. Suivi par Tomo Koizumi, Molly Goddard, Matty Bovan & Co, Marc Jacobs s’impose en 2020 comme le grand tribun de l’extravagance. Son défilé été, à New York, en appelait d’ailleurs “au plaisir de s’habiller”, principe qu’il est le premier à mettre en pratique. Face à l’ascétisme ambiant, l’Américain n’hésite pas à dégainer une paire de bottines à talons Rick Owens sur les chemins de Central Park.
2. Si le réseau social tend à se protocolariser, Marc Jacobs en défend une approche improvisée. TBT permis de conduire, photo du chien Neville ou taxi-selfie en foulard Gucci… Partout sur @themarcjacobs, l’idée de behind the scene supplante l’idée de vitrine. Cette politique a le mérite de raccrocher les wagons entre le créateur et l’univers qu’il a créé.
5. Avec le “scolasticat” des saisons passées, c’est toute la pompe autour du sacro-saint défilé de mode que Marc Jacobs envoie valser. Adieu donc, podiums lyophilisés. Adieu, marches en rangs d’oignons. Cette vaste entreprise de désacralisation s’appuie sur un second degré assez rare
3. Balayant le cliché du couturier démiurge, Marc Jacobs envisage la mode comme un jeu collectif. Pour preuve ? Sa nouvelle ligne THE Marc Jacobs, lancée le 30 mai
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pour être souligné. Que la mode rie donc un peu d’elle-même ! 6. Marc Jacobs a toujours fait interagir la mode avec d’autres disciplines, épaulé par un crew comptant Lady Gaga, Selena Gomez ou Rita Ora. Une transversalité importante pour la jeune génération qui milite pour décloisonner les arts. Elle lui a valu le premier “Fashion Trailblazer” de l’histoire aux derniers MTV Video Music Awards. 7. Qu’elle semble loin l’époque où les rééditions étaient taxées de passéistes. Rejouant sa messe grunge de 1993 à l’heure des digital natives, Marc Jacobs parle à ceux qui aiment à la fois la tech’ et les vieilles fringues, à ces seniors-millennials (aka les “sellennials”) qui trouvent dans un mode de consommation raisonné – le vintage – la juste dose de nouveauté instagrammable. Par mathilde berthier
N E W FAC E
Mariam de Vinzelle Cette Parisienne née un 24 décembre fait les belles heures de Louis Vuitton, en exclusivité, depuis trois ans et demi. Et réussit parallèlement de brillantes études d’ingénieure à l’École supérieure de physique et de chimie industrielle de la ville de Paris.
L’Officiel : Comment l’histoire a-t-elle commencé entre vous, la maison Vuitton et Nicolas Ghesquière ? Mariam de Vinzelle : J’ai d’abord enchaîné les castings. Plus on en passe, plus on est à l’aise. Un jour, on m’a présentée à Ashley Brokaw (directeur de casting, ndlr), qui m’a ensuite présentée à Nicolas Ghesquière. En octobre 2016, je défilai pour la première fois pour Louis Vuitton, place Vendôme. En quoi est-ce exclusif d’être “exclusive” ? À chaque défilé, on apprend à connaître davantage l’équipe, la maison. Beaucoup de choses ont changé depuis mes débuts et les shows qui ont suivi au Louvre. Quand j’y retourne “en touriste”, des souvenirs me reviennent. Les souterrains, la cour carrée du Louvre… Je vois les choses différemment. Vous avez grandi à Paris ? Oui, j’ai toujours vécu ici, à l’exception d’une année de césure aux États-Unis entre la seconde et la première. J’ai appris à parler anglais, à connaître la culture américaine. Même si j’ai adoré mon séjour, l’éloignement m’a fait réaliser combien j’aimais ma ville. Rive gauche ou rive droite ? J’ai grandi rive droite mais je vis ma vie étudiante rive gauche, surtout dans le Quartier latin. J’ai étudié au lycée Henri-IV de la seconde à la classe préparatoire. Puis j’ai intégré l’ESPCI dans le 5e arrondissement. La physique, c’est votre truc ? Au lycée, j’ai fait S parce qu’il
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fallait faire S, puis j’ai choisi la section physique-chimie parce que j’avais peur d’un trop-plein de mathématiques. Sachez qu’en classe préparatoire, le niveau augmente radicalement. La difficulté m’a donné envie de me plonger dans la physique. En m’y plongeant, j’en suis tombée amoureuse. Comment gérez-vous votre double casquette d’étudiante-mannequin ? Le mannequinat ouvre à un monde. Je parle autant en termes d’art qu’en termes de rencontres. Un shooting, pour moi, constitue un objet d’étude. Comment on construit une équipe, en quoi consiste une photo… En physique, on applique des théorèmes, des formules, c’est une réflexion plus carrée. J’envisage ma vie, aujourd’hui, comme les deux hémisphères de mon cerveau : le droit et le gauche. Quid du futur ? Je m’oriente vers l’ingénierie appliquée aux sciences. Quelqu’un a un problème, il m’appelle, et je règle le tout avec mes connaissances scientifiques. Je préfère résoudre une question rapidement et voir le résultat de mon travail à court terme, plutôt que de vouer mon existence à l’ordinateur quantique. Ça me permettra aussi de développer ma vie personelle : me marier, peut-être avoir des enfants… et continuer le mannequinat aussi longtemps que possible. Propos recueillis par Mathilde Berthier Photographie David Fanfani Stylisme Florine Da Silva
Col roulé en dentelle de soie, chemise en soie imprimée et jupe à carreaux en laine
Coiffure Giordano Pierini Maquillage Natsuki Oneyama Assistant photo Lucas Matho
et cuir, Louis Vuitton.
TENDANCE
Blitz Kids Marie-Antoinette catapultée sur le dancefloor du Blitz à Londres : voilà quarante ans que la mode y fantasme. Se poudrer de blanc de céruse à l’ombre d’une crête iroquoise, dérouler une lavallière sur un perfecto, glisser une crinoline sous sa minijupe… Des marées de minimalisme auront échoué à faire taire la volubilité des Nouveaux Romantiques. Cette saison, beaucoup y plongent ou y reviennent. Matty Bovan déploie de la toile parachute, du Liberty et de l’imprimé digital sur des paniers qui chancellent. Opératiques, des cascades de taffetas tombent sur des sweat-shirts et des slides & socks paillettées chez Dries Van Noten et Christian Lacroix. Le couturier français a subi de plein fouet l’influence du Nouveau Romantisme anglais. Quand il débutait dans les années 1980, l’Anglaise Vivienne Westwood avait tout juste dévoilé sa révolutionnaire collection Pirate. La nuit venue dans les sous-sols de Covent Garden, Boy George, David Bowie et Marilyn croisaient des Blitz Kids de la Central Saint Martins en redingotes dansant sur de la synthpop. Pas trop rétro pour 2020 ? Hier comme aujourd’hui, les archétypes détournés des xviiie et xixe siècles sont le point de départ d’une campagne d’expérimentation après des phases d’antimode. Élevés au bon grain du nihilisme contemporain, ces Nouveaux Romantiques ne se désengagent pas mais changent de moyens d’expression. La frivolité, rempart de choix face à l’austérité ? Silhouette Dries Van Noten printemps-été 2020.
Par Mathilde Berthier
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Photo Dries Van Noten
Mythifiés par le Londres underground des années 1980, le Nouveau Romantisme et son goût du costume refont surface à l’heure du politiquement correct.
BEAU LIVRE
Over the window
régulièrement changées. Dessin paysagiste ? Pas seulement. Nature morte ? Pas tout à fait. Dès le matin, Hockney saisit son stylet et immortalise le lever de soleil. L’année suivante est celle de la sortie de l’iPad, qui devient le principal matériel de l’artiste. Le plus bluffant dans ce livre ? La force des couleurs, du mauve au jaune en passant par le bleu et le rose. Les nuages, les gouttes de pluie, la buée, la lumière changeante… aucun détail n’est laissé au hasard en dépit de la (fausse) simplicité des traits de Hockney. Réalisés entre 2009 et 2012, ces 120 dessins classés par ordre chronologique suivent le fil rouge des saisons. Le printemps est tendre, l’été éclatant, l’automne vaporeux, l’hiver surprenant. Il n’est pas uniquement question de paysage, mais de ressenti. On suit les variations d’humeur
Photo Taschen
Avec My Window, le célèbre peintre anglais David Hockney rassemble ses dessins digitaux. Contemplatifs, intimistes, mais ouverts, comme toujours, sur le monde.
C’est ce qu’on appelle un livre de luxe. Mille exemplaires, près de 250 pages, 38,5 x 50 cm, 9,5 kilos… Le dernier-né de la collection Sumo de Taschen est numéroté puis signé par David Hockney himself. Bien plus qu’un énième coffee table book, My Window donne à voir le talent prodigieux et sans cesse en renouvellement du peintre anglais. À 82 ans, celui-ci ne semble pas vouloir poser le pinceau ni questionner son processus créatif. En témoigne ce livre magnifique.
Au printemps 2009, David Hockney réalisait son premier dessin digital dans sa maison du Yorkshire, où il est revenu vivre après de longues années passées à Los Angeles : “Je n’avais même pas besoin de sortir du lit. Tout ce dont j’avais besoin, c’était de mon iPhone”, écrit-il dans la préface. Terminé, la peinture à l’acrylique et les grands aplats des piscines californiennes ! My Window nous plonge dans son axe de vision : une fenêtre, donc, mais aussi un vase dont les fleurs sont
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de l’artiste qui n’ont, fort heureusement, rien à voir avec le temps qu’il fait – ou qui passe. Sa mélancolie, sa joie, ses doutes, ses souvenirs et son présent vibrent à travers ses dessins qui, malgré un cadre immuable, réussissent à ne pas se répéter tout en se ressemblant les uns les autres. Cette succession de poèmes visuels constitue une œuvre d’art en soi, dont la genèse digitale n’exclut pas la qualité du papier (et de l’impression, cruciale au vu du format digital originel) et qui justifie le prix élevé de cette édition collector de My Window : 1 700 euros. Mais n’oublions pas que David Hockney est le peintre vivant le plus cher du monde… My Window, de David Hockney, éditions Taschen. Par Sophie Rosemont
EXPO
Cœurs à l’œuvre
Sophie Calle, Annette Messager, Jean-Michel Othoniel, Pierre et Gilles, Agatha Ruiz de la Prada, Niki de Saint Phalle, Françoise Pétrovitch, Ida Tursic et Wilfried Mille… C’est le gratin de la création contemporaine qui est ici convié à spéculer autour de l’organe central de notre appareil circulatoire : le cœur. L’objectif des commissaires de l’évènement, en l’occurence Maribel Nadal Jové et Gaëlle Rio, directrices du musée de la Vie romantique ? Représenter la multiplicité des usages du cœur – outre son utilité physiologique, il peut aussi bien être métaphore qu’outil d’expression. Au sein des ateliers du peintre Ary Scheffer, nichés au cœur du 9e arrondissement, une≈quarantaine d’œuvres se partagent entre plusieurs thématiques où se croisent dessin, peinture, sculpture, céramique, photographie… L’exposition s’inaugure sur la salle Cœur ouvert, où l’anatomie laisse place à la poésie, comme on peut le voir dans le travail d’Oda Jaune et Luise Unger. En parcourant les volets Cœur artistique et Cœur symbole, on découvre les approches créatives qu’ils suscitent – n’est-ce pas ce que l’on dessine dès le plus jeune âge ? On admire sa version en perles de JeanMichel Othoniel, ou peinte sur bois par Niki de Saint-Phalle
(ci-dessus, My Heart, 1965). Cœur amoureux revient ensuite sur la principale fonction de notre organe vital : nous faire vibrer pour une autre personne. Chez Philippe Mayaux, il devient érotico-ludique, chez Pierre et Gilles, c’est son potentiel kitsch qui est mis en scène. Mais les histoires d’amour, on le sait, finissent mal en général. Ainsi, l’espace Cœur brisé traduit la souffrance que l’on ressent lorsqu’on est trahi par l’Autre. Sophie Calle en connaît un rayon, on l’a déjà constaté dans ses œuvres Douleur exquise ou Prenez-soin de vous. Ici, l’amour peut être mortel. Chez Marc Molk, le cœur est transpercé, chez Annette Messager, il a subi un naufrage, et Winshluss, lui, en reproduit les sutures…
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La calligraphie est également présente via des installations ou sur pierres personnalisées par des inconnus photographiées par Claude Nori, dans la salle Cœur gravé. Enfin, on est impressionné par le crâne imaginé par Gilles Barbier pour le dernier chapitre Cœur éternel. Pour les grands sentimentaux, l’exposition se poursuit par petites touches dans lescollections permanentes du musée de la Vie romantique, qui a rarement aussi bien porté son nom… Exposition “Cœurs, du romantisme dans l’art contemporain”, du 14 février au 12 juillet au musée de la Vie romantique. Par Sophie Rosemont
Photo courtesy Niki Charitable Art Foundation et Galerie GP N. Vallois/Adagp, Paris 2020/collection privée
Avec sa nouvelle exposition dédiée à la place du cœur dans l’art, et donc dans nos vies, le musée de la Vie romantique de Paris s’ouvre davantage à la scène contemporaine.
MUSIQUE
Lous and The Yakuza
Photo Laura Marie Cieplik
Elle trace sa route seule, contre vents et marées. Après le buzz de ses premiers singles forts en émotions, cette chanteuse africaine et belge d’adoption s’impose comme la révélation de l’année 2020.
Elle s’appelle Marie-Pierra Kakoma. Son surnom, Lous, est un verlan de “soul”. Il paraît logique lorsqu’on écoute sa musique, un mélange de pop, de R’n’B et de hip hop mâtiné de rap, portée par des textes émotionnels qui reflètent ses états d’âme : “Je ne réfléchis pas au style sonore, explique-t-elle, je suis trop attachée au message que je veux faire passer.” Ce message, c’est celui d’une jeune femme aussi puissante que résiliente. Souhaitant mettre en
Namur, elle s’inscrit en fac de philo. Elle comprend alors ce dont elle a vraiment envie : “Petite, j’avais des difficultés à communiquer, mais, déjà, le besoin irrépressible de m’exprimer. Je n’ai pas pris la décision de devenir chanteuse, l’évidence s’est imposée à moi !” Très vite, elle manque d’argent, mais n’en parle pas à sa famille, elle se retrouve sans domicile fixe, subit des agressions, tombe malade. Malgré tout, elle tient bon : “Dans la rue, j’ai appris ce qui m’a
avant l’importance de son entourage, depuis les danseurs jusqu’au directeur artistique, elle a choisi de se produire sous un nom de groupe qui fait aussi référence à son amour pour la culture nippone. Depuis la sortie du single Dilemme, il y a quelques mois, on entend donc partout le nom de Lous and The Yakuza. Née au Congo en 1996, Lous a grandi entre la Belgique et le Rwanda où s’activent ses parents médecins. Après un bac passé à
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rendue plus forte et plus déterminée. Sans concessions.” Celle qui est devenue Lous écrit, compose, réussit à enregistrer en studio. Elle poste une cinquantaine de titres sur Internet jusqu’à être enfin repérée. Signée sur le label Columbia, elle collabore pour son premier album, Gore, avec El Guincho, producteur de la chanteuse espagnole Rosalia. Ensemble, ils façonnent des chansons où Lous raconte ses batailles, ses espoirs et ses fiertés – celle d’être une femme indépendante et noire de peau. L’immigration, la précarité, l’ambition, le viol, rien n’est caché, même si les mélodies sont accrocheuses et les rythmiques envoûtantes : “Ce que je recherche plus que tout, c’est travailler dans la vérité. Avant Gore, il a fallu pas moins de sept EP pour être absolument en phase avec ce que je voulais dire. Et je ne suis pas au bout de mes peines…” Au fait, pourquoi ce titre, Gore, étonnant pour une artiste d’une beauté lumineuse malgré toutes les tempêtes traversées ? “Dans le cinéma gore, les scènes sont tellement sanguinaires qu’elles en deviennent absurdes, donc drôles. Ma vie a été si violente que mieux vaut en rire qu’en pleurer.” La question se pose désormais : comment résister à Lous ? Album Gore de Lous & The Yakuza (Columbia/Sony), sortie prévue au printemps. Par Sophie Rosemont
JOAILLERIE
La guerre des pierres La semaine des présentations des collections de haute joaillerie a révélé un nouveau visage cette année. Plusieurs maisons ont en effet choisi de mettre en avant, non pas leur style et leur essence, mais leur expertise dans le domaine des pierres d’exception.
La semaine du 20 janvier est traditionnellement décisive, en terme d’image et de commandes, pour les maisons parisiennes de haute joaillerie qui présentent à des clients privilégiés leurs créations uniques entre les défilés de haute couture. Si, officiellement, les maisons ne sont pas rivales mais consœurs, on observe plusieurs effets d’annonce qui font penser que la compétition a gagné en intensité cette année. Aux côtés de Boucheron et Chanel qui ont continué à exalter la virtuosité de leurs ateliers et la richesse de leur imaginaire, d’autres maisons ont choisi de mettre en avant leur capacité à proposer les pierres les plus singulières du marché. C’est le cas de Chopard qui, pour la première fois, a décidé de mettre l’accent sur son expertise dans le domaine des pierres d’exception. Caroline Scheufele, coprésidente et directrice artistique de la maison, a en effet présenté cette semaine un assortiment inédit de pierres précieuses extraordinaires – quatre diamants de grade D-Flawless et D-Internally Flawless, tous de type IIA, un diamant fancy dark grey-greenish yellow, un fancy vivid yellow de 33,26 carats taille émeraude
c’est Louis Vuitton qui a décidé de marquer les esprits en présentant – et c’est un procédé totalement inédit – un diamant brut hors norme de 1 758 carats : c’est-à-dire une pierre non encore taillée ni polie. Elle le sera en fonction des desiderata des clients. Louis Vuitton a partagé les risques d’un telle entreprise avec le tailleur de diamants HB Company basé à Anvers, d’une part, et avec la Lucara Diamond, société canadienne propriétaire de la mine où a été extrait ce diamant brut en avril dernier. Un pourcentage du produit total des ventes sera réinvesti dans des projets communautaires au Botswana. À titre de comparaison, Lucara Diamond avait vendu en 2017 pour 53 millions de dollars un diamant brut de 1 109 carats au joaillier anglais Laurence Graff. La pierre nimbée de carbone noir n’ayant pas révélé pour l’instant ses promesses (on ne connaîtra sa pureté et son éclat qu’au moment du clivage et de la taille), elle constitue un quitte ou double qui atteste la motivation des groupes de luxe pour s’approprier un secteur en plein essor.
présenté non monté, une tourmaline Paraíba de 34, 63 carats. “Une étape décisive qui annonce l’âge de maturité de la haute joaillerie Chopard”, annonce la maison. La collection Dior haute joaillerie a mis elle aussi ostensiblement en valeur les pierres hors norme sur des bagues “toi et moi”. L’univers toujours présent de Victoire de Castellane sert véritablement ici d’écrin à la présentation de spinelles rouges, de tourmalines, d’opales et de perles éblouissantes. Mais le plus spectaculaire vient de deux maisons inattendues : Swarovski tout d’abord. Markus Swarovski est venu à Paris en personne pour présenter une vaste gamme de spectaculaires diamants de laboratoire baptisée “Swarovski Created Diamonds”, aux couleurs vives et évocatrices – “Androgyny Flamingo”, “Gothic Cognac”, “Heavy Metal Cherry”, “Cubist Sky” – et d’un certain poids, 2,5 carats pour les plus importants. Une révolution pour le géant autrichien qui compte bien faire étinceler ses pierres, créées pour “augmenter l’imaginaire des créateurs”, au cou et au poignet d’une clientèle internationale, tout en faisant briller sa conscience environnementale. L’autre maison,
Collier Tweed Couture en or rose, platine, saphirs roses, spinelles et diamants, serti d’un diamant taille coussin de 10,20 carats, collection
Par Hervé Dewintre
Tweed de Chanel, Chanel Haute Joaillerie.
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Photo Chanel
BIJOUX
Précieuses créoles Serties de diamants ou de perles, ces boucles d’oreilles ont l’art de mêler simplicité et sophistication. 1
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1. Repossi Créoles Serti sur Vide Carrés Alternés en or rose et diamants. 2. De Beers Créoles DB Classic en or rose et diamants. 3. Chaumet Créoles Liens Séduction en or blanc serties de diamants taille brillant. 4. Piaget Créoles Piaget Possession en or rose serties de diamants taille brillant. 5. Tiffany & Co Créoles Tiffany T en or blanc serties de diamants. 6. David Morris Créoles en or blanc et diamants blancs taille rose, collection Rose Cut. 7. Graff Créoles en or rose serties de diamants blancs, collection Spiral.
Par Emily Minchella
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Photos DR
8. Tasaki Atelier Créoles Nacreous en or blanc et perles des mers du Sud.
ANATOMIE D’UN BIJOU
La collection Dior et Moi de Dior Exercice de style autour du “toi et moi”, la nouvelle collection de haute joaillerie imaginée par Victoire de Castellane propose 39 créations qui mettent en lumière des duos de pierres d’exception.
Photo Dior
Le mythe Le “toi et moi”, figure de style bien connue des amateurs de joaillerie, appartient au registre des bijoux de sentiments : elle met en scène, principalement sur des bagues, un duo de pierres précieuses. Victoire de Castellane a souhaité s’approprier ce territoire créatif en lui apposant sa propre sensibilité et son sens remarquable des couleurs, proche de l’espièglerie. Le résultat est puissamment contemporain. Le déclic Si habituellement les “toi et moi” se caractérisent par leur facture assez classique, les 39 créations proposées par la nouvelle collection Dior et Moi se recommandent par le vaste choix de gemmes proposées, par l’inventivité des associations et par l’audace qui a présidée la taille des pierres : les pierres précieuses – diamants, émeraudes, saphirs bleus ou roses – dialoguent ici allègrement avec des pierres fines – spinelles rouges, tourmalines, rubellites, turquoises, opales. Certaines sont inattendues : les kunkites, par exemple. À noter : la perle fait son grand retour dans le répertoire stylistique de la directrice artistique.
Le savoir-faire Un examen attentif remarque rapidement l’audace des bagues d’entre-doigts, des joncs, colliers et boucles d’oreilles qui composent cette collection. Les associations de couleurs sont exaltées par des traits de laque, unis ou dégradés, développés par les ateliers joailliers de la maison dans quinze coloramas inédits. À l’image des bijoux à secrets, chaque pièce est travaillée recto et verso. Pierre de prédilection de Victoire de Castellane, l’opale anime une pièce maîtresse de la collection : un collier serti de diamants où la pierre déploie sur chacune de ses deux vastes faces totalement plates la richesse prismatique de ses teintes véritablement envoûtantes. Par Hervé Dewintre
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JOAILLERIE
Coup d’éclat Célèbre pour ses cristaux, Swarovski, qui fête ses 125 ans cette année, investit la joaillerie sous le signe du diamant de laboratoire. Nadja Swarovski nous confie les raisons de ce choix assumé placé sous le signe de l’éco-responsabilité.
L’anecdote est assez connue. Une cliente admirant un bijou scintillant demande à une conseillère : “Est-ce du vrai ou du faux ? – Ni l’un ni l’autre, Madame. – C’est quoi alors ? – Madame, c’est du Swarovski !” Cette réponse résume l’essence de la maison qui a fondé sa longue existence et bâti sa grande prospérité non pas seulement sur un matériau de prédilection, un savoir-faire spécifique ou une catégorie de produits, mais sur une philosophie. La philosophie de l’éclat. Cette philosophie puise ses racines telluriques dans une petite commune nichée dans une vallée bordée de montagnes, en plein cœur du Tyrol autrichien. Cette commune, c’est Wattens : un village calme et reculé qu’irrigue en abondance l’eau claire et pure des Alpes. C’est ici que vint s’installer en 1895, avec toute sa famille, un jeune lapidaire passionné par les nouvelles possibilités offertes par l’électricité et par les récentes découvertes présentées à Vienne par Thomas Edison. L’endroit est bien loin de sa Bohème natale. Pourquoi avoir quitté cette région si parfaitement en adéquation avec son métier ? Parce que ce lapidaire – qui se nomme Daniel Swarovski – est aussi un inventeur. Il vient de créer une machine à tailler et polir le cristal à la perfection. L’endroit lui convient pour plusieurs raisons : l’eau tout
Balenciaga. Au sommet de sa gloire, Christian Dior exprimait volontiers sa prédilection pour ces remarquables pierres du Tyrol, et plus précisément son admiration pour la richesse chromatique d’une pierre opalescente, baptisée Aurore Boréale, créée spécialement pour lui par Manfred Swarovski, le petit-fils de Daniel Swarovski. Pour compléter le portrait du fondateur d’une saga plus que centenaire, disons encore que Daniel Swarovski était un parfait ami des arts et des artistes. Son amitié pour Gustav Klimt, qu’il soutenait énergiquement, était notoire. Ce trait de caractère aura son importance dans la suite du récit.
d’abord. Ou plus exactement l’énergie hydraulique nécessaire aux fonctionnements des machines. Le calme ensuite. Le village, protégé par les sommets environnants, est parfaitement à l’abri des regards, loin des contrefacteurs. Enfin, la troisième raison : bien que reculé, le village n’est pas inaccessible. Au contraire, la récente ligne de chemin de fer Zurich-PragueMoscou auprès de laquelle est reliée Wattens permet au prodige d’entretenir, grâce à l’entregent de son associé parisien Armand Kosman, des relations amicales et commerciales avec tous les grands noms du continent. Car les cristaux prodigués par Daniel Swarovski, épaulés par ses trois fils – Fritz, Alfred et Wilhelm – s’avèrent très vite d’excellente qualité : ils sont parfaits, étincelants. Ils affolent l’imagination. Celle tout d’abord du prestigieux “père” de la haute couture, Charles Frederick Worth, mais aussi celle de Jeanne Paquin, des sœurs Callot. La légende affirme que Coco Chanel venait en personne dans le Tyrol choisir les sachets de pierres. Les archives de L’Officiel le prouvent : peu de décennies, des Années folles aux Trente glorieuses, ont résisté à l’irrésistible attraction de Swarovski qui vit son nom associé tour à tour à Jeanne Lanvin, Elsa Schiaparelli, puis un peu plus tard Jacques Fath ou encore Cristóbal
Un esprit créatif Swarovski, 125 ans plus tard, est toujours une maison familiale. Elle est incarnée par Nadja Swarovski qui semble avoir hérité de son arrière-arrière-grand-père le goût de l’innovation, l’esprit créatif et le sens de l’engagement social. Sous son impulsion, Swarovski multiplie ses champs d’expression : la mode tout d’abord (les cristaux n’ont jamais autant brillé sur les podiums que depuis le début du nouveau millénaire), mais aussi le design, la maison, le bijou ; parfois contre l’avis de tous : comme lorsque, par exemple, Nadja s’implique avec enthousiasme dans l’univers du luminaire. Et pourtant, le succès, là aussi, révèle
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Bagues Duchesse, Atelier Swarovski Fine Jewelry.
JOAILLERIE
la pertinence de son flair : les lustres dont elle confia la réalisation à des designers de premier plan, comme Ron Arad ou les frères Bouroullec, ont été remarquablement consacrés par la presse et public. Elle crée, enfin, le concept baptisé Atelier Swarovki au sein duquel la maison tisse des liens profonds avec l’avant-garde de la création contemporaine, aux quatre coins du globe. En filigrane de cette curiosité universelle, une véritable éthique s’exprime par un vaste investissement dans le champ culturel par le biais de la recherche, de l’éducation, de la défense du patrimoine, de la protection de l’environnement, du mécénat. Les exemples de cet investissement sont trop nombreux pour être énumérés, citons simplement l’existence de la Fondation Swarovski qui soutient de nombreuses actions caritatives et qui promeut activement, par le biais de multiples initiatives, l’empowerment féminin, une cause très chère à Nadja. La présentation, en 2017, de la première ligne de joaillerie éthique Atelier Swarovski (baptisée Atelier Swarovski Fine Jewelry) s’inscrit précisément dans une démarche soucieuse de préserver l’environnement. Cette ligne composée de collections imaginées par des personnalités créatives – Penélope Cruz, Stephen Webster, Paige Novick, pour ne citer que les collaborations les plus récentes – s’articule autour de pièces sculpturales, d’une grande beauté formelle et créative, serties de pierres créées en laboratoire : des diamants, mais aussi des saphirs, des rubis et des spinelles. Elles sont enchâssées dans l’or fairtrade qui provient de la coopérative minière Limata Limitada au Pérou, ou dans de l’or recyclé. Tous les
lapidaires, des ingénieurs, il faut toujours garder cette empathie qui permet de faire comprendre à votre interlocuteur que l’on ne tire pas avantage à ses dépens. Cela nécessite de la passion qui permet de faire émerger cette symbiose nourrie de respect mutuel.” Cette éthique chevillée au corps explique également pourquoi Swarovski reste et restera à Wattens ou s’élève, en plus de la manufacture, le Swarovski Kristallwelten, que l’on pourrait traduire par “les mondes de cristal”, un musée destiné à l’émerveillement, qui enchante des millions de visiteurs venus du monde entier chaque année. Des artistes et créateurs internationaux – Ron Arad, Zaha Hadid, Alexander McQueen, Tom Dixon, Ross Lovegrove, Tokujin Yoshioka, Tord Boontje ou encore Brian Eno – y ont donné libre cours à leur imagination. “Nous avons bâti notre atelier il y a 130 ans dans une vallée entourée de montagnes ou vivaient des communautés de fermiers. Les fils et les petits-fils de ces fermiers sont descendus dans la vallée au fil des générations pour devenir lapidaires chez Swarovski. Ces descendants des montagnes forment aujourd’hui une communauté solidement établie qui aime sa manufacture et que je suis fière de soutenir. Bien sûr, nous avons une mosaïque de filiales importantes, que ce soit à Paris ou Milan, Singapour ou Los Angeles, des filiales installées au sein des univers vibrants de la mode, de la haute couture, de la musique ou du cinéma, mais le cœur vibrant de Swarovski est à Wattens, en Autriche, et il le restera.” La voici donc résumée cette philosophie de l’éclat : plus qu’une réfraction sur une matière, c’est avant tout une énergie positive qui se propage.
diamants créés par Swarovski sont sélectionnés à la main et examinés par des gemmologues expérimentés, pour garantir une qualité élevée. Toutes les pierres de plus de 0,50 carat sont certifiées par l’International Gemological Institute, l’un des instituts de gemmologie les plus réputés au monde. De plus, Swarovski a créé pour les diamants de plus de 0,10 carat une inscription au laser, visible uniquement au microscope, identifiant clairement leur origine synthétique. Une énergie positive Cette exigence éthique, longuement réfléchie et pleinement assumée, a été reconnue par le Responsible Jewellery Council – une organisation internationale de normalisation et de certification à but non lucratif. Atelier Swarvoski a ainsi obtenu fin 2019 une recertification de trois ans de la part du RJC : une validation positive de pratiques commerciales responsables auxquelles tient tant Nadja Swarovski : “Les diamants cultivés en laboratoire sont un choix conscient qui respecte le bien-être des personnes et de la planète. Face aux questions environnementales, comme les émissions atmosphériques, la perturbation des terres et des océans, la consommation d’eau et d’énergie, les études – notamment l’étude Frost & Sullivan qui fait autorité sur ce sujet – penchent largement du côté des diamants créés.” Un défi de transparence taillée sur mesure pour ce talent multifacette : “L’important, c’est toujours l’humain. Que ce soit lorsqu’on travaille avec des créateurs et des artistes, reconnus ou prometteurs, ou lorsqu’on travaille avec des mineurs, des
Par Hervé Dewintre
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Photographie Cécilia Poupon
Bague Duchesse, Atelier
Set design Ardita Meha
Swarovski Fine Jewelry.
HORLOGERIE
Un parti-pris radical pour ces montres tout en acier qui laissent entrevoir un caractère… bien trempé.
1. Rolex Montre Oyster Perpetual Datejust 36 en acier Oystersteel, cadran argenté, mouvement mécanique à remontage automatique.
4. Louis Vuitton Montre Tambour Moon Dual Time en acier, cadran blanc satiné soleil, bracelet interchangeable, mouvement à quartz.
2. Jaeger-LeCoultre Montre Reversi Classic Medium en acier, calibre JaegerLeCoultre, mouvement à quartz.
5. Audemars Piguet Montre Royal Oak en acier, cadran blanc avec motif Grande Tapisserie, bracelet avec boucle déployante AP, mouvement automatique.
3. Chanel Horlogerie Montre Code Coco en acier, cadrans laqués noirs dont un serti d’un diamant taille princesse, mouvement à quartz de haute précision.
6. Bulgari Montre Serpenti Seduttori en acier, couronne sertie d’une rubellite rose taille cabochon,
cadran en opaline blanc argenté, bracelet et boucle déployante, mouvement à quartz. 7. Cartier Montre Panthère de Cartier, modèle mini, en acier, mouvement à quartz. 8. Patek Philippe Montre Nautilus Dame en acier, cadran gris opalin, dégradé noir, sertissage diamants, mouvement mécanique à remontage automatique. Par Emily Minchella
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Photos DR
Total métal
ANATOMIE D’UNE MONTRE
L’Égerie de Vacheron Constantin
Le mythe Vacheron Constantin bénéficie d’un statut à part dans le cœur des amoureux de montres d’exception : ses 265 ans d’activité ininterrompue en font la plus ancienne manufacture horlogère au monde. À ce statut prestigieux s’ajoute la maestria d’un savoir-faire capable d’appréhender avec panache les complications les plus sophistiquées, et le charme d’une signature stylistique qui se recommande par sa grande élégance et sa plaisante sobriété.
Inspirée par l’univers de la haute couture, cette nouvelle collection entièrement dédiée aux femmes exalte avec une suprême délicatesse l’excellence et le patrimoine de la plus ancienne manufacture horlogère au monde.
Photo Vacheron Constantin
Le déclic Quand la haute manufacture rencontre la haute couture, cette romance est le point de départ d’une nouvelle muse horlogère, baptisée Égérie, qui porte haut les couleurs et les valeurs de l’artisanat. Le raffinement de la collection – qui comprend trois modèles : automatique, phase de lune et phase de lune pavée de diamants – s’exprime par de subtils jeux de textures, d’aplats, de reliefs, de formes enlacées et d’un motif plissé qui
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fait immanquablement penser aux gracieux mouvements d’une luxueuse étoffe. Le savoir-faire Parmi les prodiges manufacturiers qui ont présidé la réalisation de ce garde-temps, citons le cadran qui met en lumière un merveilleux ouvrage argenté opalin composé de cercles concentriques : ce décor, né dans l’atelier de guillochage de la manufacture, a nécessité l’utilisation d’une vénérable machine à tapisser datant de 1904, fonctionnant sur le principe d’un pantographe. Une auréole de diamants souligne le galbe féminin du boîtier. Signature de la collection, les afficha ges décentrés jouent sur l’entrelacement de deux cercles. La couronne s’orne, selon les modèles, d’une pierre de lune en cabochon ou d’un diamant taille rose. Montre Égérie Automatique en acier, Vacheron Constantin. Par Hervé Dewintre
ANATOMIE D’UN SUCCÈS
La bague Quatre de Boucheron
Gros-grain Lors de sa première présentation en 2004, la bague Quatre a vivement marqué les esprits. Quatre joncs réunis sans soudure, quatre ors différents – jaune, rose, blanc et chocolat (grâce à un revêtement en PVD) –, quatre motifs singuliers : le double godron, le clou de Paris, le gros-grain et le serti miroir (parfois pavé de diamants). L’engouement pour ce métissage des textures est total. Le génie de la maison a consisté – tout en célébrant le savoir-faire de ses artisans sculpteur d’or – à enchâsser dans le métal précieux l’âme de son fondateur. Cette double lecture se manifeste puissamment avec le motif gros-grain qui rappelle en filigrane les origines de Frédéric Boucheron dont les parents étaient drapiers.
Ses combinaisons de matériaux et de textures en ont fait le premier “hit joaillier” du xxie siècle. Ce succès mérité repose sur une allure contemporaine mais aussi sur un design évocateur qui raconte l’histoire du premier joaillier de la place Vendôme et l’esprit de la Ville lumière.
Clou de Paris Ce guillochage spécifique est fort ancien puisqu’il est né au xvie siècle. Il fait partie des décors les plus fréquemment utilisés dans la haute horlogerie. Boucheron a transposé cette finition dans le répertoire de la joaillerie et en a fait un de ses motifs de prédilection. On comprend pourquoi : les têtes de clous pyramidales séparées de sillons sont d’une grande beauté. Et surtout, parcequ’elles évoquent les pavés parisiens, elles rappellent tout ce que la joaillerie parisienne doit à Boucheron qui, le premier, a choisi de s’installer place Vendôme et a contribué plus qu’aucune autre maison à faire de ce lieu d’origine martiale l’épicentre mondial du luxe et de la joaillerie.
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Double godron Ornement en relief, le godron s’impose dans le registre créatif de la maison depuis la fin du xixe siècle. On dit même parfois qu’il a été créé en 1889 par Frédéric Boucheron grâce à une technique, dite de la cheminée, permettant d’assembler différents joncs d’or. Sa forme arrondie proclame volontiers l’éternité, elle exprime aussi l’étendue des savoir-faire mis en œuvre dans une collection qui se réinvente à l’infini : dans le blanc de la céramique, dans le noir brillant du PVD, dans les ajours monochromes et géométriques de la version Radiant qui métamorphose avec sensualité le bijou de peau. Serti miroir La Parisienne véritable n’est pas la femme qui est née à Paris mais celle qui s’y est réfugiée, ne serait-ce que par l’imagination. Voici ce à quoi nous pensons en contemplant l’anneau d’or qui se caractérise par son serti miroir offrant à la lumière toute la surface nécessaire à sa réverbération. Car chacun trouvera dans la bague Quatre les reflets des paysages qui ont fortifié ses propres jardins secrets. La richesse architecturale et la prismatique diversité de la bague évoqueront, selon les tempéraments, les balustrades des stupas bouddhiques, les tissages serrés à l’ottomane, les moulures romanes. Au fond, Quatre est aussi le bijou des voyages intérieurs. Par Hervé Dewintre Photographie Cécilia Poupon Set design Ardita Meha
Pièces maîtresses PHOTOGRAPHIE CÉCILIA POUPON RÉALISATION EMILY MINCHELLA SET DESIGN ARDITA MEHA
Bague Dior et Moi Émeraude en or jaune et blanc, diamants, émeraudes, malachite et laque verte, DIOR JOAILLERIE.
Collier Point d’Interrogation Plume de Paon XL pavé de diamants sur or blanc, BOUCHERON.
Bracelet Tweed Graphique en or blanc serti d’onyx, diamants et diamant central taille coussin, CHANEL JOAILLERIE.
Collier Zip Antique Pastilles en or blanc, turquoises et diamants, VAN CLEEF & ARPELS.
Bracelet en or gris serti de rubellite, saphirs de couleur, onyx et diamants, collection Magnitude de Cartier, CARTIER.
Collier Crossover en platine serti de diamants tailles marquise, poire et brillant, collection New York, HARRY WINSTON.
Bracelet Golden Oasis en or blanc serti de diamants taille brillant, PIAGET.
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Collier en or blanc serti de jadÊites cabochon vertes, de diamants taille cœur, de diamants taille poire et de diamants, collection Haute Joaillerie, CHOPARD.
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Alexa PHOTOGRAPHIE GUEN FIORE STYLISME MARIANTHI HATZIKIDI PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE AMBROISE
Entre sa dernière collection Alexachung et sa nouvelle émission Next in Fashion sur Netflix, la jeune créatrice est partout, et n’a pas fini de nous épater. Rencontre.
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Chemise en popeline de coton, DIOR. Pendentif Quatre Red Edition Mini en or jaune, rose et blanc, céramique rouge et diamant. Collier Quatre Classique en or jaune, rose et blanc, PVD marron et diamants. Clip d’oreille Quatre en or blanc et diamants. Main droite : Bague Quatre White Edition Large en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants ronds. Bracelet Quatre Clou de Paris Petit Modèle en or blanc. Main gauche : Bague Quatre Red Edition en or jaune, rose et blanc, céramique rouge et diamants. Bague Grosgrain en or blanc. Bague Quatre Black Edition Small en or blanc, PVD noir et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants. Bracelet Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Clou de Paris en or blanc et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et diamants, BOUCHERON.
Ci-dessus : Manteau en cuir de veau et broche en laiton, LOUIS VUITTON. Top en nylon transparent, ALEXACHUNG. Main droite : Bracelet Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants. Bracelet Quatre Clou de Paris Petit Modèle en or blanc. Main gauche : Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et diamants, BOUCHERON. Page de droite : Chemise en viscose et babies à talons en cuir, ALEXACHUNG. Jean en denim, BOTTEGA VENETA. Collier White Edition en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants rouds, BOUCHERON.
Robe Adeline en viscose, ALEXACHUNG. Mocassins Swift en cuir de veau verni, LOUIS VUITTON. Parterre : Babies en cuir, ALEXACHUNG. Boucle d’oreilles Quatre White Edition en or blanc et rose, céramique et diamants ronds. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants, BOUCHERON.
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L’Officiel : Quelle a été votre première rencontre avec la mode ? Alexa Chung : J’ai été repérée à l’âge de 15 ans par une agence de mannequins, ce fut mon premier contact avec l’industrie de la mode. Avant cela, je faisais des magazines et des émissions de télévision sur la mode mais dans ma chambre, avec mon voisin. Depuis votre premier front row jusqu’à maintenant, avez-vous vu la mode changer ? Tout à fait. La mode s’est diversifiée et a pris en compte des questions sociétales. La notion de durabilité a vraiment été motivée par les consommateurs. Et je pense que l’arrivée des médias sociaux, il y a une décennie, a vraiment changé l’expérience du show pour toujours. Pourriez-vous résumer votre collection Alexachung printemps-été 2020 en quelques mots ? C’est une sorte de goûter de Pâques sous acide. Je ne sais pas d’où me vient cette idée. Je pense que c’est à force de trop regarder Mad Men et les couleurs pastel que porte Betty. Votre approche du style est-elle instinctive ? Assurément, je m’habille comme je le sens, et j’exprime ma personnalité à travers des vêtements. Qui est la femme Alexachung ? Elle pourrait être n’importe qui. Je ne conçois pas ma mode avec une muse à l’esprit. D’ailleurs, ce que je dessine est de plus en plus personnel, alors peut-être que la femme Alexachung, c’est… Alexa Chung. Vous présentez une nouvelle émission sur Netflix appelé Next in Fashion dans laquelle vous rechercher LE nouveau designer de demain. Comment avez-vous challengé les candidats ? Chaque semaine, il y avait un défi conçu pour tester leur polyvalence ainsi que leur capacité à collaborer car, selon mon expérience, une grande partie de l’exécution d’une vision créative consiste à être en mesure de communiquer clairement une idée, mais également à prendre en compte l’avis des autres. On leur a donc demandé de concevoir un ou deux looks selon différents thèmes comme “la montée des marches”, “l’active wear”, etc. Ce sont de jeunes créateurs (18 ans) qui ont participé à cette émission, avez-vous été impressionnée par leur talent ? Absolument. Je pense que la production de la série a fait un excellent travail pour trouver des personnes talentueuses dans des écoles de mode de qualité, il y a donc une réelle légitimité dans cette compétition. Est-il difficile de choisir un seul gagnant (le gagnant remporte 250 000 dollars et a l’opportunité de proposer sa collection sur Net-a-porter) ?
Oui, c’était vraiment difficile car les deux finalistes étaient tous deux des designers avec lesquels nous avions établi des liens, et tous deux méritaient de remporter cet argent pour développer leur travail. Mais ils étaient aussi totalement différents sur le plan stylistique. En fin de compte, la décision a été fondée sur la force de leur dernière collection dans un esprit commercial. Êtes-vous impatiente de toucher un public mondial via Netflix avec la diffusion de Next in Fashion ? Je pense que oui… C’est toujours agréable de se retrouver dans un pays étranger et d’être saluée dans la rue. Avec un peu de chance les gens m’aimeront, et si ce n’est pas le cas, je mettrai un grand chapeau et je me cacherai dessous. Comment était la coprésentation avec Tan France, l’expert de la mode dans Queer Eye ? Aviez-vous regardé son émission auparavant ? Oui, je suis fan de Queer Eye. Un jour, Tan France est arrivé à une fête à laquelle j’étais et j’ai poussé un cri en le voyant car pour moi il est si célèbre ! Je pense qu’il a apprécié ma compagnie parce qu’il était arrivé seul, ça ne le dérangeait donc pas d’être en compagnie d’une fan aussi bizarre que moi. C’est de cette façon que nous nous sommes rencontrés. Directrice créative d’Alexachung, star de YouTube, mannequin, écrivain, vous avez de nombreux talents. Aimeriezvous ajouter une autre corde à votre arc ? Déesse ? Wow. Non, merci. Je pense que je donne le meilleur de moimême et je suis très heureuse du travail que je réalise au sein de mon entreprise, car il me permet de vivre toutes les choses que j’aime faire. Quelles rencontres ont changé votre vie ? Celle avec Karl Lagerfeld, en ce sens qu’elle m’a apporté une certaine légitimité dans le monde de la mode lorsque j’étais présentatrice télé. Et celle avec mon premier investisseur qui m’a encouragée à créer ma propre marque. Quelle musique pourrait être la bande originale de votre vie ces jours-ci ? Probablement de la musique classique. J’essaie d’être calme et élégante. À quand remonte la dernière fois que vous avez été bluffée ? Lors de ma rencontre avec Tan France à Londres. Avant cela, c’était avec Bruce Willis à New York. Que voulez-vous faire par la suite, quel est votre rêve ? Je suis très heureuse en ce moment, alors je souhaiterais maintenir cet équilibre entre mon travail et ma vie personnelle. À part ça, je veux vraiment un pull ennuyeux, un cachemire noir à col roulé. C’est tout ce qui me vient à l’esprit (rire).
“ La mode s’est diversifiée et a pris en compte des questions sociétales. La notion de durabilité a vraiment été motivée par les consommateurs. Et je pense que l’arrivée des médias sociaux, il y a une décennie, a vraiment changé l’expérience du show pour toujours.” Alexa Chung 81
Robe en crèpe de soie et mocassins Swift en cuir de veau verni, LOUIS VUITTON. Clip d’oreille Quatre en or blanc et diamants. Main droite : Bague Quatre White Edition Large en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants. Alliance Quatre White Edition en or rose et blanc, céramique et diamants. Main gauche : Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants. Bracelet Quatre Clou de Paris en or jaune et diamants. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants, BOUCHERON.
Robe en coton mĂŠlangĂŠ, ALEXACHUNG. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants, Bracelet Quatre Clou de Paris en or blanc et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et diamants, BOUCHERON.
Robe en voile de coton, MIU MIU. Clip d’oreille Quatre en or blanc et diamants. Main droite : Bague Quatre White Edition Large en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants ronds. Bracelet Quatre Clou de Paris Petit Modèle en or blanc. Main gauche : Bague Quatre Red Edition en or jaune, rose et blanc, céramique rouge et diamants. Bague Grosgrain en or blanc. Bague Quatre Black Edition Small en or blanc, PVD noir et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants. Bracelet Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Clou de Paris en or blanc et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et diamants, BOUCHERON.
Chemise en popeline de coton, DIOR. Jupe en jacquard de laine, PRADA. Mocassins en cuir, ALEXACHUNG. Collier Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants ronds. Main droite : Bracelet Quatre Grosgrain en or rose. Main gauche : Bracelet Quatre Clou de Paris en or rose. Bracelet Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants, BOUCHERON.
Ci-contre : Manteau et jupe en coton et soie, débardeur en laine et coton (et, parterre, babies en cuir), ALEXACHUNG. Mocassins en cuir de veau verni, LOUIS VUITTON. Bague Quatre Radiant Edition Large en or blanc et diamants, BOUCHERON. Page de droite : Robe en coton mélangé, ALEXACHUNG. Clip d’oreille Quatre en or blanc et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants. Bracelet Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Clou de Paris en or blanc et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et diamants, BOUCHERON. Coiffure : George Northwood Maquillage : Florrie White Assistant photo : Francesco Zinno Assistante stylisme : Gabriela Cambero
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Jorja PHOTOGRAPHIE ELLIOT KENNEDY STYLISME LEAH ABBOTT TEXTE NOÉMIE LECOQ
Deux ans après son monumental premier album Lost and Found (disque d’or) qui a mis la planète R’n’B à ses pieds, Jorja Smith prépare la suite. Portrait d’une working-girl à la voix d’or.
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Veste en soie et pantalon en soie et laine, LANVIN. Bague Quatre Radiant Edition pavĂŠe de diamants s ur or jaune et or blanc. Bague Quatre Radiant Edition sur or jaune, BOUCHERON. Doudoune, perso.
Veste matelassée en coton, FENDI. Bague Quatre White Edition Large pavée de diamants ronds, sur or jaune, or blanc, or rose et céramique. Bague Quatre Radiant Edition pavée de diamants sur or jaune et or blanc, BOUCHERON.
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sensuel aussi. Elle préfère garder le secret sur son deuxième album, sur lequel elle travaille en ce moment. Pas de date prévue, pas de révélation sur d’éventuels guests ni sur l’ambiance qu’elle privilégiera. Au détour d’un autre sujet, elle nous révèle quand même quelques indices. “Je ne me fixe jamais de bonnes résolutions. D’un point de vue professionnel, j’essaie simplement, depuis des lustres, de ne pas être trop dure avec moi-même. Cette année, j’ai juste envie d’écrire encore et encore. […] Ma façon de composer n’a pas changé : je me mets à chanter par-dessus une rythmique ou un instrument et je laisse les paroles sortir. Je fais un peu de freestyle, ensuite je réécoute le tout et j’essaie que cela tienne debout. J’ai envie de me remettre au piano, je vais m’acheter un ‘baby grand’.”
Quand une jeune artiste fait ses premiers pas, on a tendance à la situer par rapport à ses influences revendiquées, ou aux stars qui croient en elle. Ainsi, à ses débuts, Jorja Smith a parfois été décrite comme l’héritière d’Alicia Keys et de Lauryn Hill, ou encore comme la protégée de Drake. Aujourd’hui, alors que son premier album vient d’être certifié disque d’or en France, cette Anglaise n’est plus une étoile montante ni la disciple de ses héroïnes, et elle n’a besoin d’aucun parrainage, aussi prestigieux soit-il. Elle est simplement Jorja Smith, l’une des reines du R’n’B contemporain. La dernière fois qu’on lui a parlé, en 2018, cette chanteuse envoûtante s’apprêtait à sortir Lost & Found. Ce premier album s’est propulsé à la troisième place des charts britanniques et Jorja
“C’est vrai que le monde peut apparaître sombre et déprimant, c’est d’ailleurs ce qu’on entend à longueur de journée dans les médias, comme tous ces incendies terrifiants en Australie. Mais je reste remplie d’espoir. J’ai l’impression que ma génération se rassemble de plus en plus et prend position. Voilà l’aspect positif qu’on peut tirer de tout ce qui se passe en ce moment.” Jorja Smith Cette jeune femme de 22 ans semble à l’aise dans son époque, capable de s’inspirer des sonorités de ses idoles et de signer des morceaux bien d’aujourd’hui. Quand on lui demande son avis sur l’état actuel du monde, elle hésite un peu à se lancer : “Je n’aime pas trop parler politique. Je préfère me concentrer sur le positif.” Et puis, elle se ravise : “C’est vrai que le monde peut apparaître sombre et déprimant, c’est d’ailleurs ce qu’on entend à longueur de journée dans les médias, comme tous ces incendies terrifiants en Australie. Mais je reste remplie d’espoir. J’ai l’impression que ma génération se rassemble de plus en plus et prend position. Voilà l’aspect positif qu’on peut tirer de tout ce qui se passe en ce moment.” Côté musique, elle garde la même attitude confiante et dynamique quand elle pense à l’esprit solidaire qui existe entre toutes les artistes féminines qui l’entourent : “Il y a une notion de sororité. On se soutient mutuellement, on se remixe les unes les autres et on se montre l’amour qu’on se porte.” En se remémorant avec plaisir la session photo qu’elle vient de faire avec L’Officiel, Jorja nous donne sa vision de la mode : “Mon rapport à la mode change constamment, et j’adore ça. J’aime vraiment exprimer mon humeur et ma personnalité à travers les vêtements que je porte, qui sont soit confortables, soit sexy, avec souvent un accessoire marquant.” On la laisse retourner à son travail, afin qu’elle termine le plus vite possible ce deuxième album très attendu, qui devrait à nouveau nous faire tomber à la renverse.
a reçu plus d’une récompense : le Brit award du “choix de la critique” 2018 (décerné par les professionnels de la musique à l’artiste le plus prometteur), puis l’année suivante, à la même cérémonie, elle a décroché le prix de la “meilleure artiste féminine britannique”. En à peine un an, son statut a radicalement changé, de jeune pousse à diva du R’n’B. Elle a concouru pour le grammy du “meilleur nouvel artiste” l’an dernier – cette simple nomination était déjà une vraie reconnaissance et un honneur. En la retrouvant, on a envie de lui demander, d’emblée, comment elle a vécu de l’intérieur le tourbillon du succès. “J’ai eu une année tellement remplie… J’ai voyagé à travers le monde avec ma musique : le rêve. Je n’avais jamais sorti d’album, alors je ne savais pas du tout à quoi m’attendre.” Se retrouver sous les projecteurs aussi rapidement apporte forcément des hauts et des bas : “Ma vie privée n’existe plus vraiment. On me reconnaît davantage et parfois c’est difficile. Devoir me produire sur scène quand je ne me sens pas en forme, c’est compliqué aussi, mais j’essaye de garder un état d’esprit qui va de l’avant. Les côtés positifs, c’est, par exemple, pouvoir m’acheter ma première maison, une sorte de ferme dont je viens de faire l’acquisition, et rendre la vie de mes parents plus confortable.” En 2018 et 2019, Jorja a passé beaucoup de temps en tournée – en août dernier, on a pu la croiser au festival Rock-en-Seine, dont elle était l’une des têtes d’affiche, ou fin 2018 à l’Olympia. “Sur scène, chaque chanson est comme un numéro faisant partie d’une performance, explique-t-elle. La plupart du temps, je m’immerge dans la musique. Jouer en concert, c’est parfois revivre le passé, mais ça ne me dérange pas d’être nostalgique.” L’été dernier, Jorja a dévoilé un nouveau morceau, Be Honest, en collaboration avec Burna Boy, dans un style plus débridé, plus
Album Lost & Found de Jorja Smith (FAMM/Because Music), disponible. Nouvel album à venir.
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Ci-dessus : Veste matelassée en coton et collant en soie, FENDI. Bague Quatre White Edition Large en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants ronds. Bague Quatre Radiant Edition en or jaune, or blanc et diamants, BOUCHERON. Page de gauche : Veste en soie et pantalon en soie et laine, LANVIN. Bague Quatre Radiant Edition Openwork en or jaune et diamants. Bague Quatre Red Edition en or jaune, blanc, rose, céramique rouge et diamants, BOUCHERON.
Veste en soie et pantalon en soie et laine, LANVIN. Bague Quatre Radiant Edition Openwork en or jaune et diamants. Bague Quatre Radiant Edition en or jaune, BOUCHERON.
Blouse en mousseline de soie plissée et chemisier sans manches en coton, GUCCI. Bague Quatre Red Edition Grand Modèle en or jaune, blanc et rose, céramique rouge et diamants, BOUCHERON.
“Mon rapport à la mode change constamment, et j’adore ça. J’aime vraiment exprimer mon humeur et ma personnalité à travers les vêtements que je porte, qui sont soit confortables, soit sexy, avec souvent un accessoire marquant.” Jorja Smith
Ci-dessus : Robe en soie brodée de cristaux et sequins, GIORGIO ARMANI. Collant en soie, FENDI. Sandales en cuir, AQUAZURRA. Page de gauche : Veste matelassée en coton, FENDI. Bague Quatre White Edition Large en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants ronds. Bague Quatre Radiant Edition en jaune, or blanc et diamants, BOUCHERON. Coiffure : Zateesha Barbour. Maquillage : Carol Ann Reid. Assistant photo : Mike Hani. Assistante stylisme : Gabriela Cambero.
Manteau en veau brillant, BOTTEGA VENETA. Créoles Quatre Classique en or jaune blanc et rose, PVD marron et diamants. Main droite : Bague Quatre Radiant Openwork en or jaune. Bague Quatre Red Edition Petit Modèle en or jaune, blanc et rose et céramique rouge. Bague Quatre Grosgrain en or rose. Main gauche : Bague Quatre Red Edition en or rose et céramique rouge. Bague Quatre Red Edition en or jaune, blanc et rose, et céramique rouge. Bague Quatre White Edition en or jaune, blanc et rose et céramique. Bague Quatre White Edition en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants ronds. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants, BOUCHERON.
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Emma PHOTOGRAPHIE GUEN FIORE STYLISME VANESSA BELLUGEON TEXTE VIRGINIE BEAULIEU
Révélée par la série Sex Education et à l’affiche de la prochaine adaptation de Mort sur le Nil par Kenneth Branagh, l’actrice Emma Mackey passe les étapes du star system à grande vitesse.
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Polo en cachemire et jupe en cuir rebrodée de sequins, PRADA. Collier Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Main droite : Bague Quatre Radiant en or rose et diamants. Bague Quatre Classique Petit Modèle en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Grosgrain en en or jaune. Main gauche : Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Radiant Edition Bangle en or blanc et jaune et diamants, BOUCHERON.
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Les cheveux roses décolorés, portant minijupe, Dr. Martens et bomber noir, bref une fille un peu goth, un peu punk mais surtout féroce, Emma MacKey a fait son entrée fracassante il y a un an à peine simultanément dans la cour du lycée de la série anglaise de Netflix Sex Education et dans la cour des grands. Elle y joue Maeve Wiley, un des rôles principaux, complexe, celui d’une adolescente rebelle, brillante et solitaire, qui rejette tout lien affectif et toute autorité, cachant au fond d’elle une grande empathie et pas mal de blessures. Aujourd’hui, alors que la saison 2 de vient de sortir, Emma MacKey est devenue plus qu’un espoir : une météorite qui est passée en à peine deux ans de l’école de théâtre à un des premiers rôles dans une série acclamée par le public et les critiques. Elle a tout de suite enchaîné avec un tournage avec le réalisateur et acteur britannique Kenneth Branagh qui lui a confié un des plus beaux rôles, celui de Jacqueline de Bellefort, dans sa nouvelle adaptation de Mort sur le Nil d’Agatha Christie aux côtés de Gal Gadot et d’Armie Hammer – le film sortira à l’automne prochain sur grand écran. Pour l’heure, Emma défend à nouveau Maeve, une fille qui ne pourrait pas être plus différente d’elle quand on la voit arriver détendue mais concentrée, ouverte et souriante sur le plateau du shooting, avec un petit look sixties et ses yeux de biche plus qu’immenses, de grandes fenêtres dans lesquelles défilent si bien ses émotions à l’écran. Premier décalage, contrairement à ce qu’on pourrait croire en l’entendant dans Sex Education, Emma Mackey est née et a grandi en France dans la Sarthe, entre un père français et une mère anglaise, un univers parfaitement bilingue et biculturel : “Ma famille britannique est très mélomane, très branchée théâtre. Petite, je jouais des personnages, je me déguisais. Cela a toujours fait partie de moi, de mon éducation. Mon rêve d’adolescente, c’était la Royal Shakespeare Company. J’y suis allée à 16 ans pour la première fois voir une production de Beaucoup de bruit pour rien avec mes parents, et cela m’a bouleversée. Je me suis dit, c’est ça que je veux. Mais il a fallu que j’arrive à l’Université de Leeds – pour suivre des études de littérature – pour que je comprenne qu’il était possible d’en faire un métier. Au premier semestre, j’ai mis en scène une pièce de théâtre, et puis j’ai rencontré des gens qui avaient la même passion, et j’ai commencé à passer des auditions.” Sur Sex Education, elle retrouve ce même esprit de troupe, dans un cadre différent, très champêtre de la Vallée de la Wye entre le Pays de Galles et l’Angleterre : “On a vécu ces tournages comme dans une bulle : on se voyait tous les jours, on travaillait de façon très intense, sur un campus, et cela a duré quatre mois. L’alchimie qu’on voit à l’écran vient de là. Une troupe où tout le monde s’adore, se soutient ; c’est une grande chance.”
Successeur de la série Skins et concurrent d’Euphoria, Sex Education égrène une galerie de personnages très attachants : Jean Milburn jouée par Gillian Anderson (la Scully d’X-Files), une sexologue sexy, se dispute malgré elle avec son fils Otis (Asa Butterfield, vu chez Scorsese et Tim Burton), un ado mal dans sa peau mais thérapeute dans l’âme. Au lycée, Otis va ouvrir avec Maeve qu’il aime en secret une sorte de cabinet de thérapie sexuelle. Autres personnages importants qui vont s’épanouir dans la saison 2 : Eric (Ncuti Gatwa), gay extraverti et meilleur ami d’Otis, et Adam (l’extraordinaire Connor Swindells), une brute pas si brute que ça. Maeve, elle, est la seule “petite adulte” du groupe vivant seule dans la caravane dont elle paie le loyer. Un très beau rôle pour Emma qui aime l’ambivalence de son personnage : “Cette saison est un peu plus sombre, plus approfondie, on voit tout le monde grandir, s’émanciper et je trouve ça beau, très juste dans l’écriture, parfois même déchirant. Ça m’a brisé le cœur de tourner certaines scènes entre Maeve et sa mère (une ex-junkie, ndlr), mais c’est un défi que j’adore, je vis pour ça.” Finalement, Sex Education parle de tout le monde, à tout le monde, sans drame, avec humour et honnêteté. Paraphrasant le légendaire “Nobody’s perfect” qui clôt Certains l’aiment chaud, on pourrait dire que Sex Education démontre que la sexualité parfaite n’existe pas. Série fun mais surtout bienveillante, elle parle à la Gen Z mais aussi aux autres. Emma le confirme : “On a créé des personnages singuliers mais c’est quand même un outil : on n’est pas là pour assener des vérités mais donner un point d’appui pour ouvrir des discussions sur la sexualité.” Changement de décor radical : quelques mois après avoir terminé la saison 2 de la série et s’être ressourcée à Londres, où elle vit, Emma Mackey s’est retrouvée dans le monde luxueux mais létal imaginé par Dame Agatha Christie aux côtés d’un casting prestigieux, en Égypte. Cette bosseuse est encore sidérée par cette expérience : “Pendant ces deux mois surréalistes, je me levais le matin comme sur un ressort : c’était un bonheur du début à la fin.” Kenneth Branagh, cinéaste et acteur mais homme de théâtre avant tout, repère toujours les acteurs avec un flair hors pair. Un excellent signe pour Emma qui a été bluffée par “Monsieur Shakespeare” : “Être guidée et instruite par lui, pour créer mon personnage et le peaufiner de façon très technique, assez ‘conservatoire’, ça a été extraordinaire. Pour Jacqueline, j’ai pris des cours de voix et de chorégraphie. Il y avait une ambiance fantastique, très sensuelle avec des costumes et une lumière magnifiques. Même si j’étais un peu le ‘bébé’ du groupe, je me suis sentie femme pour la première fois dans ce film, adulte.” Emma n’a que 24 ans et un an de carrière fulgurante derrière elle, mais il nous tarde de voir où son étoile va la mener.
“Petite, je jouais des personnages, je me déguisais. Cela a toujours fait partie de moi, de mon éducation. Mon rêve d’adolescente, c’était la Royal Shakespeare Company. J’y suis allée à 16 ans pour la première fois voir une production de ‘Beaucoup de bruit pour rien’ avec mes parents, et cela m’a bouleversée. Je me suis dit, c’est ça que je veux.” Emma Mackey 101
Ci-dessus et page de droite : Veste et short en mohair et blouse en soie, VALENTINO. Créoles Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Main droite : Bague Quatre Radiant Openwork en or jaune. Bague Quatre White Edition en or jaune, blanc et jaune, céramique et diamants ronds. Main gauche : Bague Quatre Classique Petit Modèle en or jaune, blanc et rose, PVD marron. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bracelet Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants, BOUCHERON.
Ci-dessus et page de gauche : Robe en coton irisé, CHANEL. Mules Iluna en satin noir et strass, MANOLO BLAHNIK. Créoles Quatre White Edition en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Collier Quatre Classique Petit Modèle en or jaune, blanc, rose, PVD marron et diamants. Main droite : Bague Quatre Radiant en or blanc et diamants. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Alliance Quatre Grosgrain en or rose. Main gauche : Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose et PVD marron. Alliance Quatre White Edition en or blanc et rose, céramique et diamants. Bague Quatre White Edition en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants ronds, BOUCHERON.
Ci-dessus et page de droite : Manteau en veau brillant, BOTTEGA VENETA. Créoles Quatre Classique en or jaune blanc et rose, PVD marron et diamants. Pendentif Quatre Red Edition en or jaune, blanc et rose, céramique rouge et diamants. Main droite : Bague Quatre Red Edition Petit Modèle en or jaune, blanc et rose et céramique rouge. Bague Quatre Red Edition Petit Modèle en or jaune, blanc et rose et céramique rouge et diamants. Main gauche : Bague Quatre Red Edition en or rose et céramique rouge. Bague Quatre Red Edition en or jaune, blanc et rose, et céramique rouge. Bague Quatre White Edition en or jaune, blanc et rose et céramique. Bague Quatre White Edition en or jaune, blanc et rose, céramique et diamants ronds. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants, BOUCHERON. Coiffure : Walter Armano. Maquillage : Megumi Itano. Assistant photo : Francesco Zinno. Assistante stylisme : Gabriela Cambero.
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Nour PHOTOGRAPHIE GUEN FIORE STYLISME VANESSA BELLUGEON PROPOS RECUEILLIS PAR KAREN ROUACH
Du virtuel au réel, il n’y a aucune différence quand il s’agit de Nour Arida. Cette jeune femme d’influence basée à Beyrouth vit sa meilleure vie et l’illustre avec une authenticité rare.
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Pull en laine fine, MOLLI. CrĂŠoles Quatre White Edition en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Collier Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants, BOUCHERON.
Robe en soie et satin avec broderies, VERSACE. Main droite : Bague Quatre Clou de Paris en or jaune. Bague Quatre Radiant Petit Modèle en or blanc et diamants. Bague Quatre Radiant Petit Modèle en or blanc. Bague Quatre Radiant en or blanc et diamants. Bague Quatre Radiant Openwork en or jaune et diamants. Bracelet Quatre Radiant Bangle en or blanc et jaune et diamants. Bracelet Quatre Clou de Paris Petit Modèle en or jaune. Bracelet Quatre Grosgrain en or rose. Main gauche : Bracelet Quatre Classique en or jaune, blanc et or rose, PVD marron et diamants, BOUCHERON.
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“Au Moyen-Orient les stéréotypes sont assez forts. Alors je suis d’abord entrée dans le moule : cheveux impeccables, maquillage très marqué, vêtements ‘conservateurs’… J’avais peur que les femmes ne s’identifient pas à moi. Puis, petit à petit, j’ai commencé à imposer mon style, et c’est là que j’ai gagné en notoriété. Les gens me préféraient finalement au naturel.” Nour Arida
L’Officiel : À quoi ressemblait votre vie avant les réseaux sociaux ? Nour Arida : Pas du tout à celle d’aujourd’hui. J’étais acheteuse dans la mode, pour un des plus grands retail stores de Beyrouth. Et j’étais très timide. Comment vous êtes-vous finalement retrouvée sur Instagram avec 3 millions de followers ? Mon mari a toujours été accro aux réseaux sociaux et il adore faire des photos. C’est lui qui a créé ma page Instagram il y a six ans. Le jour où nous nous sommes mariés, j’avais 400 followers, que des amis. Le lendemain, je me suis réveillée avec 10 000 de plus : tous les comptes dédiés au mariage avaient reposté des photos de ma robe. Après j’ai commencé à partager des photos de moi enceinte, et quand j’ai accouché, j’ai décidé que ma page deviendrait professionnelle. Qu’est-ce que ça fait d’avoir autant de monde qui vous regarde ? C’est un peu surréaliste. Je dis toujours que c’est à nous de fixer les limites entre vie publique et vie privée, mais c’est de plus en plus difficile. Les gens veulent savoir de plus en plus de choses de ma vie, et c’est leur droit. Je ne peux pas le leur reprocher. Quels sont les inconvénients de cette nouvelle forme de célébrité ? Les haters, ceux qui m’envoient des méchancetés sur moi ou ma famille, mais je ne leur en veux même pas. Cela ne m’atteint pas parce que ce sont des gens qui se cachent derrière un écran : ils ne doivent pas être très bien dans leur peau pour en arriver là. Il m’arrive parfois de leur répondre, surtout
quand on me dit que je surexpose ma fille, ou que je l’utilise à des fins commerciales. Votre influence vous permet-elle de militer ? Bien sûr. J’ai la chance d’avoir une communauté très internationale, alors m’engager est devenu une évidence. J’ai, par exemple, participé récemment à cette “révolution libanaise” car il nous manque certains droits. Je dois me servir de ma voix pour faire avancer les choses, et beaucoup de jeunes me suivent. De manière générale, toutes les causes en rapport avec les enfants me touchent. Je me suis engagée avec l’Unicef en faveur des enfants défavorisés, surtout en matière d’éducation car c’est un passeport pour le futur. Qu’est-ce qui vous a fait garder les pieds sur terre ? Le fait d’avoir grandi dans un environnement de mode m’a peut-être évité de faire certaines erreurs. Ma grand-mère, qui s’appelle Nour également, était la directrice de Dior à Beyrouth dans les années 80, et ma personne préférée au monde. Elle m’a inculqué les valeurs de la vie. Ma mère aussi, en tant qu’acheteuse, m’a donné de précieux conseils. George, mon mari, m’a poussée à être plus forte. C’est grâce à lui si je suis là aujourd’hui. Comment vous a-t-il demandé en mariage ? Je ne m’y attendais pas du tout car cela faisait seulement huit mois que nous étions ensemble. Lui, depuis le premier jour, était persuadé qu’on allait se marier. Il me le disait mais je pensais toujours que c’était une
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blague. Un jour, alors qu’on était chez ses parents, sa mère a mis le son de la télé à fond pour ne pas que j’entende ce qui se passait dans le jardin : tous nos amis et notre famille étaient là pour assister à la demande. Je suis sortie sur le balcon et je les ai tous vus, tandis que lui se mettait à genoux. Cinq mois après, nous nous sommes mariés à Paris, et je suis tombée enceinte dans la foulée. Vous avez un style plutôt effortless, différent de celui d’autres célébrités du Moyen-Orient. Est-ce qu’il a été difficile à imposer ? C’est vrai que je n’aime pas être habillée par les grandes maisons de la tête aux pieds, et que je ne mets quasiment pas de maquillage. Je suis du genre à sortir de la douche les cheveux mouillés, à mettre juste un peu d’anticernes, enfiler un jean, des boots et un top. Au début, je pensais que je ne pouvais pas être celle que j’étais vraiment, car au Moyen-Orient les stéréotypes sont assez forts. Alors je suis d’abord entrée dans le moule : cheveux impeccables, maquillage très marqué, vêtements “conservateurs”… J’avais peur que les femmes ne s’identifient pas à moi. Puis, petit à petit, j’ai commencé à imposer mon style, et c’est là que j’ai gagné en notoriété. Les gens me préféraient finalement au naturel. Quel est le meilleur compliment que l’on puisse vous faire ? “Tu es exactement comme sur tes photos”. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, on peut se retoucher, faire croire que l’on est une autre… Le fossé reste énorme entre Instagram et la réalité.
Pull en laine fine, MOLLI. Jean en denim, LEVI’S. Bottines 1460 Vegan en Felix Rub Off, DR. MARTENS. Créoles Quatre White Edition en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Main droite : Bague Quatre Radiant Openwork en or jaune. Bague Quatre Grosgrain en or blanc. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Alliance Quatre White Edition en or rose et céramique. Alliance Quatre White Edition en or rose, or blanc et céramique. Alliance Quatre Radiant Edition en or jaune, or blanc et diamants, BOUCHERON.
Robe en jersey crêpe avec broderies métalliques, MICHAEL KORS COLLECTION. Bottines 1460 Vegan en Felix Rub Off (matière synthétique souple et douce avec une finition double-ton), DR. MARTENS. Main droite : Bague Quatre Radiant en or blanc et diamants. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants. Bague Quatre Radiant Openwork en or jaune. Bracelet Quatre Radiant Bangle en or blanc et diamants. Main gauche : Bague Quatre Black Edition Petit Modèle en or blanc et PVD noir. Bague Quatre Black Edition Petit Modèle en or blanc, PVD noir et diamants. Alliance Quatre Black Edition en or blanc, PVD noir et diamants, BOUCHERON.
Robe en soie et satin avec broderies, VERSACE. Bottines 1460 Vegan en Felix Rub Off (matière synthétique souple et douce avec une finition double-ton), DR. MARTENS. Main droite : Bracelet Quatre Grosgrain Petit Modèle en or rose. Bracelet Quatre Clou de Paris Petit Modèle en or jaune. Bague Quatre Radiant Petit Modèle en or rose. Bague Quatre Radiant Petit Modèle en or jaune et diamants. Bague Quatre Radiant en or jaune et diamants. Bague Quatre Radiant Openwork en or jaune et diamants. Main gauche : Bracelet Quatre Radiant Bangle en or blanc, or jaune et diamants. Bracelet Quatre Grosgrain Petit Modèle en or jaune. Bague Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, et PVD marron, BOUCHERON.
Pull en laine fine, MOLLI. Jean en denim, LEVI’S. Bottines 1460 Vegan en Felix Rub Off, DR. MARTENS. Collier Quatre Classique en or jaune, blanc et rose, PVD marron et diamants, BOUCHERON.
Robe en tissu technique, BOTTEGA VENETA. Bracelet manchette Quatre Radiant Edition en or rose et diamants bruns. Bague Quatre Radiant Petit Modèle en or jaune et diamants. Bague Quatre Radiant en or jaune et diamants. Bague Quatre Radiant Openwork en or jaune et diamants. Bague Quatre Radiant en or jaune, BOUCHERON. Coiffure : Walter Armano Maquillage : Megumi Itano Assistant photo : Francesco Zinno Assistante stylisme : Gabriela Cambero
Ci-contre : Veste en flanelle de laine et cachemire, PATOU. Jupe-culotte en mohair et blouse en soie, VALENTINO. Bracelet chaîne en métal doré et cuir, CHANEL. Sac Constance en veau Allegro avec fermoir en laque phosporescente, HERMÈS. Sandales Natan en agneau verni à talons carrés facettés de strass, REPETTO. Page de droite : Doudoune à cagoule en nylon rebrodé, 4 MONCLER SIMONE ROCHA.
Ivanka PHOTOGRAPHIE MARILI ANDRE STYLISME VANESSA BELLUGEON
Smilenko
Trench Orfèvre en coton, PAUL & JOE. Chemise en jacquard de soie, pantalon en laine et collier Denise en laiton, laque et cristal, CHLOÉ. Sac seau en cuir de veau, OBJECT PARTICOLARE.
Blazer Classique en gabardine à boutons dorés, chemise en soie, pantalon Serge flare en coton et sac chaîne maillon Triomphe en cuir, CELINE PAR HEDI SLIMANE. Lunettes de soleil en métal, VALENTINO. Bague en argent sterling et diamants, STATEMENT PARIS.
Blouse et jupe en taffetas imprimé fleurs, MSGM. Bague Angelina en or jaune et bague Angie en or rose, perles fines et tsavorite, CÉCIL. Manchette feuille en bronze doré, TRAVAIL CONTEMPORAIN CHEZ KARRY GALLERY. Escarpins Belle Vivier Duo Buckle en cuir verni, ROGER VIVIER.
Cagoule en laine mérinos et plumes d’autruche, PATOU. Bague Angelina en or jaune et bague Angie en or rose, perles fines et tsavorite, CÉCIL.
Doudoune à cagoule en nylon brodé, 4 MONCLER SIMONE ROCHA. Jupe-culotte en denim, LA REDOUTE X VANESSA SEWARD. Bottes Claude en cuir, CELINE PAR HEDI SLIMANE.
Veste en gabardine brodée, chemise à large col en mousseline de crêpe de soie et bermuda en denim, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. Bague en argent sterling et diamants, STATEMENT PARIS. Bague Angelina en or jaune et bague Angie en or rose, perles fines et tsavorite, CÉCIL.
Veste en daim, FENDI. Top en coton, INTIMISSIMI. Jupe Drunken Tartan en coton, VIVIENNE WESTWOOD. Petit foulard en soie, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. Bottes Hattie en daim, GIUSEPPE ZANOTTI.
Veste en gabardine brodée, chemise à large col en mousseline de crêpe de soie et bermuda en denim, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. Sandales Natan en agneau verni à talons carrés facettés de strass, REPETTO. Coiffure : Marion Parizot Maquillage : Sergio Corvacho Assistant photo : Jeremy Konko Assistante stylisme : Gabriela Cambero
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Nana Sous ses airs de Lolita se cache une détermination sans faille qui lui a permis de décrocher un rôle dans Silence de Martin Scorsese, ainsi qu’un autre tout aussi convoité : celui d’ambassadrice de la maison Chanel. À 24 ans, la Japonaise est parée pour conquérir la planète.
Komatsu PHOTOGRAPHIE MARILI ANDRE STYLISME JENNIFER EYMÈRE TEXTE CAROLINE MAS
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Cardigan et pantalon en laine et coton, boucles d’oreilles et collier en métal et strass, CHANEL.
Ci-contre : Veste en tweed, collier et bracelet en perles et métal, bracelet en PVC, strass et métal, bracelet en métal, bracelet en cuir et métal et pochette en cuir et métal, CHANEL. Page de droite : Veste en tweed, pantalon en denim, ras-de-cou en cuir et métal, sac Chanel 19 en cuir et métal et sandales en cuir, CHANEL.
“Mon histoire avec Chanel a commencé lorsque j’avais 18 ans. Mais je suis officiellement devenue ambassadrice de la Maison il y a trois ans. C’est un honneur de pouvoir exprimer l’allure Chanel à ma façon. Visiter les ateliers, rencontrer les artisans qui façonnent chacune des collections, tout cela développe en moi une passion de plus en plus grande pour cette Maison.” Nana Komatsu Pour lire entre les lignes de la jeune Nana Komatsu, il faudrait idéalement être Nana Komatsu. Singulière et plurielle à la fois, massivement suivie à l’échelle internationale (1,7 million d’abonnés sur Instagram), sa filmographie reflète une forte personnalité, une capacité – et facilité – à incarner l’ombre et la lumière. Sa part obscure, elle la donne à voir en 2014 dans The World of Kanako de Tetsuya Nakashima, et plus récemment dans Family of Strangers, un drame adapté d’un roman de l’auteur et psychiatre Hosei Hahakigi par le réalisateur Hideyuki Hirayama, dans lequel Nana campe le rôle d’une jeune fille fugueuse et suicidaire internée dans un hôpital psychiatrique. Adulée par la jeune génération pour ses rôles dans des teen-movies tels que My Tomorrow, Your Yesterday, de Takahiro Miki, où elle respire la fraîcheur et la spontanéité, Nana Komatsu donne la réplique aux Américains Adam Driver et Andrew Garfield, en 2016, dans le christique Silence de Martin Scorsese, basé sur le roman de Shusaku Endo. Bien avant de fréquenter les plateaux de cinéma, Nana Komatsu se fait repérer par une agence de mannequins à l’âge de 12 ans dans les rues de Harajuku à Tokyo, sa ville natale. C’est ainsi qu’elle apparaît, jeune ado, dans les magazines nippons Nico-Petit et Soup, puis parvient à prêter sa silhouette aux prestigieux Vogue Taïwan et i-D Japan. Mais c’est véritablement sa rencontre avec Chanel qui la propulse au premier rang de la mode : “Mon histoire avec Chanel a commencé lorsque j’avais 18 ans. Mais je suis officiellement devenue ambassadrice de la Maison il y a trois ans. C’est un honneur de pouvoir exprimer l’allure Chanel à ma façon. Visiter les ateliers, rencontrer les artisans qui façonnent chacune des collections, tout cela développe en moi une passion de plus en plus grande pour cette Maison. J’aurais beaucoup aimé rencontrer Gabrielle Chanel pour observer sa façon de travailler”, confie l’actrice et mannequin. Aucun doute que Mademoiselle Chanel aurait également pris plaisir à observer Nana bouger dans les créations Croisière 2019/20 dessinées par Virginie Viard, directrice artistique des collections mode de la Maison depuis février dernier. Placée sous le signe du mouvement et de la liberté, elle ne pouvait davantage coller au caractère affranchi de Nana Komatsu : “Je ne cesse de cultiver ma différence au quotidien. Il est essentiel pour moi de me démarquer”, affirme-t-elle. Une audace qui s’étoffe encore quand elle enfile une veste oversized rose corail associée à un large pantalon en denim pastel. “Je me sers de ma personnalité pour être unique dans cette industrie”, ajoute-t-elle. Une méthode qui a l’air de fonctionner : de Nana, il n'y en a qu’une.
Veste en tweed, pantalon en denim, ceinture en métal et perles de verre et sac Chanel 19 en cuir et métal, CHANEL.
Veste en tweed, blouse et short en popeline, colliers en perles et métal, bracelets en cuir et métal, boucles d’oreilles en métal, broche en strass et métal et sandales en cuir, CHANEL.
Veste en tweed, blouse et short en popeline, colliers en perles et métal, bracelets en cuir et métal, boucles d’oreilles en métal, broche en strass et métal et sandales en cuir, CHANEL.
Veste en tweed, jean en denim, ras-de-cou en cuir et métal et sac Chanel 19 en cuir et métal, CHANEL. Coiffure : Takai Maquillage : Yuka Hirata Manucure : Rie Nakajima Assistante photo : Hiroki Nagahiro Assistante stylisme : Pauline Borgogno
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Emma PHOTOGRAPHIE EMMAN MONTALVAN STYLISME SUE CHOI TEXTE CAROLINE MAS
Icône d’une génération absente de Facebook et qui a délaissé Snapchat pour Tiktok, Emma Chamberlain débute sans le savoir une incroyable success story en 2017. La jeune femme incarne bien plus qu’un produit né sur les réseaux sociaux. En deux ans, elle est devenue un véritable phénomène de société.
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Robe en cuir de veau, LOUIS VUITTON. Collier, perso.
Robe en cuir de veau, gants en cuir, boucles d’oreilles en métal doré et rangers Metropolis en cuir de veau, LOUIS VUITTON. Collier, perso.
Veste et short en cuir, chemise en soie et sac Twist en cuir épi, LOUIS VUITTON. Bagues, perso.
Veste en denim, legging en matière technique, boucles d’oreilles en métal doré, bracelet Silver Lock It en métal argenté et lunettes de soleil en métal et acétate, LOUIS VUITTON.
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“J’ai toujours aimé les fringues mais j’étais étrangère au milieu du luxe. J’étais le genre de personne qui, dans une boutique, craignait de toucher aux choses de valeur. Chez moi, un sac de designer aurait eu sa place dans une vitrine. Je n’avais aucune idée de ce que représentait un défilé de mode.” Emma Chamberlain
Emma Chamberlain voit le jour le 22 mai 2001 aux abords de la Silicon Valley. Elle suit sa scolarité au lycée catholique Notre-Dame à Belmont, Californie. À 15 ans, elle troque son costume de cheerleader contre celui de vlogger, se filmant elle et ses amis entre les cours. Emma ne le sait pas encore mais elle vient de trouver sa vocation en même temps qu’elle donne naissance à un style singulier : un format de vidéos dynamiques et loufoques, rythmées par des zooms et commentaires plein de sarcasmes. Sa microcommunauté de l’époque approuve mais reste sur sa faim : l’école et un épisode dépressif lourd occupent une place trop importante dans la vie d’Emma pour lui permettre de produire davantage de contenu. Sous l’impulsion de son père, sa chaîne YouTube voit le jour en 2017 et marque la naissance d’un nouveau cru de vloggers maîtres de l’hyper-réalisme, en rupture avec les mondes parfaitement filtrés des YouTubeurs spécialisés dans la mode, la beauté et le luxe. En témoigne le premier hit d’Emma, inspiré des vidéos de unboxing (action de déballer un achat, ndlr) ou de shopping haul (fait de commenter ses achats, ndlr). Avec son mythique We All Owe the Dollar Store an Apology (en français, “Nous devons tous des excuses aux magasins à un dollar”), elle réalise l’inventaire ironique des produits les plus absurdes vendus par la chaîne de magasins à $1. Son statut de mégastar YouTube (son “aura” est estimée à 3 millions de dollars, ndlr), Emma le doit à la transparence avec laquelle elle partage ses expériences traumatisantes, ses épisodes d’acné ou ses expérimentations farfelues. Autant de pièces formant le puzzle ultra-réaliste d’une jeune femme de 18 ans à la tête d’une communauté de plus de 19 millions de followers (YouTube, Instagram et Twitter réunis), et générant un engagement (quantité de likes et commentaires sur un post divisé par le nombre total de followers, ndlr) de 25 % sur Instagram, là où Kim Kardashian ne plafonne qu’à 4 %. Un succès qui s’accompagne d’un changement de vie : Emma déménage seule à Los Angeles en 2018 et intègre la United Talent Agency, agence de talents comptant Snoop Dogg, l’activiste Malala Yousafzai ainsi que Jeffree Star, autre célèbre YouTubeur spécialisé dans la beauté. La nouvelle vie d’Emma l’amène à rencontrer des personnalités excellant comme elle dans l’art du vlogging. C’est ainsi qu’elle forme deux groupes : The Girdies, avec Ellie Thumann et Hannah Meloche, et The Sister Squad avec James Charles (make-up artist aujourd’hui suivi par plus de 16 millions d’abonnés) ainsi qu’Ethan
et Grayson Dolan, plus connus sous le nom des Dolan Twins (suivis par une audience dépassant les 10 millions d’abonnés). Après quelques collaborations filmées, Emma préfère prendre ses distances (du moins à l’écran) avec ses acolytes, à l’exception d’Ethan Dolan avec qui elle entretient une relation amoureuse de l’été 2018 à l’été 2019. La carrière d’Emma prend une nouvelle tournure en mars 2019 lorsqu’elle s’envole pour Paris afin d’assister à son premier défilé de mode. Sa présence en front row du show Louis Vuitton automne-hiver 2019 constitue son premier contact avec une maison de luxe. Un “symbole fort de l’émergence d’une nouvelle classe d’influenceuses, très jeunes, hors circuit mode et issues de la plate-forme YouTube”, explique le journaliste Loïc Prigent dans une vidéo dédiée à la jeune Californienne. Un rôle qu’elle endosse avec enthousiasme et sur lequel elle pose un regard empreint d’humilité : “Un jour, mon agent m’appelle pour m’annoncer que je suis invitée par la maison Louis Vuitton à assister à son défilé. Je traversais à ce moment-là une période difficile. À partir du moment où elle m’a fait part de la nouvelle, j’ai instantanément ravalé mes larmes. J’ai toujours aimé les fringues mais j’étais étrangère au milieu du luxe. J’étais le genre de personne qui, dans une boutique, craignait de toucher aux choses de valeur. Chez moi, un sac de designer aurait eu sa place dans une vitrine. Je n’avais aucune idée de ce que représentait un défilé de mode jusqu’à ce qu’une équipe beauté s’occupe de moi, jusqu’à réaliser mes premiers essayages à Paris… C’était une expérience magique.” Lorsqu’on mentionne le nom de Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections femme de la maison Louis Vuitton, la jeune fille ne cache pas son admiration : “J’adore Nicolas. J’ai eu la chance d’être invitée à dîner avec lui. Il est tellement cool et inspirant. Ce qu’il fait au sein de Louis Vuitton est unique.” La tornade Emma est loin de s’arrêter là – en avril dernier, l’icône Gen-Z lance son propre podcast intitulé Stupid Genius. Disponible à l’écoute sur Apple Podcast et Spotify, le programme propose à ses auditeurs de répondre aux questions que tout le monde s’est déjà posées, mais sur lesquelles personne n’a jamais pris le temps d’enquêter. Quelques jours seulement après la diffusion du premier épisode, Stupid Genius est devenu le podcast le plus écouté dans 50 pays sur Apple. Un des derniers épisodes en date s’interroge si oui ou non les poissons boivent de l’eau. Nous vous conseillons de l’écouter comme Emma le ferait : en sirotant un Almond Iced Latte.
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Doudoune sans manches garnie de duvet, brassière et cycliste en matières techniques, bracelet Silver Lock It en métal argenté et sneakers LV Archlight en cuir de veau, LOUIS VUITTON.
Veste et short en cuir, chemise en soie, sac Twist en cuir épi et rangers basses Metropolis en cuir de veau et métal, LOUIS VUITTON. Bagues, perso.
Veste en cuir et matière technique, bermuda en laine et soie et rangers basses Metropolis en cuir de veau et métal, LOUIS VUITTON. Bagues, perso. Coiffure : Matthew Collins Maquillage : MichaelAshton Manucure : Stéphanie Stone Assistants photo : Caroline Salazar et Kenny Castro Assistante stylisme : Gabriela Cambero
Lolo ZouaĂŻ
Charlotte Lawrence
Charli XCX
Flohio
Art School Girlfriend
Little Simz 148
Ces huit étoiles montantes ont fait briller leur nom tout en haut de la galaxie pop cette année : la rebelle Billie Eilish, l’espoir du rap Little Simz, Hannah Diamond l’hyper-artiste de l’électro,
Billie Eilish
l’élégante Art School Girlfriend, la bombe pop-punk Charli XCX, la révélation indie Charlotte Lawrence,
Flohio et son hip-hop nouvelle génération
Crédits photo
et enfin Lolo Zouaï et son RnB ravageur.
Hannah Diamond
MUSIQUE
Billie Eilish À 18 ans, elle vient de rafler quatre grammy awards en janvier : révélation de l’année, meilleure chanson et meilleur enregistrement avec “Bad Guy” et meilleur album de l’année avec “When We All Fall Asleep, Where Do We Go?” Nous avions rencontré la nouvelle reine de la pop il y a quelques mois, juste avant la sortie de son album. Armée d’une sincérité rare et d’un regard décapant sur le monde, elle nous avait parlé sans fard de musique, de danse et de résistance. PHOTOGRAPHIE JORY LEE CORDY STYLISME HENNA KOSKINEN PROPOS RECUEILLIS PAR BILLIE JD PORTER TRADUCTION MATHIEU WARSKY
Durant des décennies, le modèle de la pop-star américaine, – l’archétype Disney de la fille innocente mais qui déborde de sex-appeal (Britney, Miley, Selena) – a bien joué le rôle que les maisons de disques lui ont attribué. Quand Billie Eilish débarque, avec sa voix angélique et une production plus sombre et envoûtante, l’industrie ne sait pas quoi en faire. Par bien des aspects, Billie jette à la poubelle le vieux règlement de la musique mainstream, que trop d’artistes féminines ont été jusqu’alors contraintes de respecter. Elle porte un uniforme composé presque exclusivement de survêtements aux couleurs tapageuses. Elle est brute, sans filtre. Et ça plaît, beaucoup. Fraîche sincérité Au moment de notre interview, Billie, 17 ans, va annoncer dans quelques jours la sortie de son premier album, When We All Fall Asleep, Where Do We Go? Elle s’est fait des millions de fans avec une poignée de singles, et un EP, Don’t Smile At Me. Avoir amassé un tel following, et joué des concerts complets partout dans le monde avant même d’avoir sorti un album, n’est pas donné à tout un chacun. Quel effet ça fait ? “Ça semble irréel. Genre, littéralement fou, dit-elle. J’ai travaillé vraiment dur sur cet album. Il y a eu plein de disputes, et maintenant, putain, ça sort enfin. Je me réjouis de ce qui m’attend. Mais je ressens la pression à mort.” Billie a toujours fait preuve d’une rafraîchissante honnêteté quant à la réalité de sa vie. Dans ses interviews elle reconnait souffrir de troubles mentaux, et discute candidement de l’épuisement, ou de la solitude en tournée. Contrairement à d’autres, elle n’édulcore pas la vérité. “Je vois pas l’intérêt de faire une interview si les réponses sont bidon. Ça n’a pas de sens. Pourquoi s’emmerder à faire une interview dans ce cas ? Les gens veulent entendre vos opinions véritables.” Si cette attitude est un rêve pour les journalistes qui ont le plaisir de la rencontrer, je me demande si sa sincérité lui a attiré des ennuis côté coulisses. “J’adore mon équipe, mais, bien sûr, elle préférerait sans doute que je ne dise que des choses positives dans la presse, que je n’exprime que mon excitation à faire ce que je fais, confie Billie. Je sais ce que je devrais dire, je connais les réponses parfaites pour une artiste de mon âge, mais honnêtement, je m’en bats les couilles.” Et c’est sans doute parce que sa priorité : c’est la musique.”
Sourire davantage ? En 2016, le fruit de son travail a été validé dans le monde entier quand son premier single Ocean Eyes a explosé sur internet. “Ocean Eyes a littéralement été créé pour une danse, se souvient Billie. Toute la question était : comment rendre ça dansant ? Qu’est-ce qu’on peut ajouter pour donner envie de lever une épaule ici, ou de bouger comme ça là. Pour moi, si on ne peut pas danser sur une chanson, alors ce n’est pas vraiment une chanson.” Ce succès a catapulté Billie dans la lumière, et les journaux l’ont présentée comme un prodige musical précoce, elle n’avait alors que 15 ans… “J’ai toujours dit qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vécu ce sur quoi on écrit. Ceci dit, à 12 ans je n’avais rien vécu qui ressemble à ce que j’ai pu vivre dernièrement. Je ne suis tombée amoureuse pour la première fois que l’an dernier.” L’adolescence est une période douce-amère où beaucoup de premières fois peuvent changer une vie. Mais la plupart d’entre nous ne la traversons pas avec des millions d’abonnés prêts à donner leur avis. On attend des jeunes femmes sous les feux de la rampe qu’elles soient des modèles. “C’est de la merde. T’imagines pas combien de fois on m’a dit de sourire davantage, de porter des vêtements à ma taille ou d’écrire des chansons plus gaies, dit Billie avec lassitude. Et tout ce truc de ‘s’habiller comme un garçon’, du coup les gens pensent que je suis gay. Ces gens ont une vision du monde tellement stéréotypée.” Elle ajoute que son nouvel album a de quoi plaire à tout le monde. “J’espère que ça ne fait pas mensonge. Mais honnêtement, toutes les chansons sont différentes, c’est quelque chose que mon frère et moi avons toujours eu à cœur de faire. Si on met cinquante personnes dans une pièce, et qu’ils ont tous un genre de musique préféré, on veut que chaque personne dans cette pièce aime au moins une chanson de l’album.” La semaine qui suit notre interview, je passe devant un immense panneau à Hollywood qui annonce le nouvel album de Billie. On la voit assise sur un lit, un sourire fou aux lèvres, les yeux blancs, comme son survêtement. L’image est à la fois glaçante et enjouée. Moi qui ai grandi à une époque où les jeunes chanteuses de pop étaient si sexualisées que c’en était grotesque, ça me réchauffe le cœur de voir Billie devenir une nouvelle icône de la musique. Sa rébellion n’a pas été décidée par un conseil d’administration de label pour vendre un disque. “Je n’ai pas de robe ou de jupe. Ni de talons hauts, dit Billie. Je m’en bats les couilles.”
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Assistants photo William Matthieu et Svet Jaqueline
Chemise en coton imprimĂŠ motif FF, pantalon en micro pied-de-poule, sac banane en cuir noir et sneakers en cuir et toile imprimĂŠe monogramme, FENDI.
MUSIQUE
Little Simz Elle a reçu les honneurs de Dizzee Rascal, Gilles Peterson ou Kendrick Lamar. A tourné avec Gorillaz et a organisé son festival. À 25 ans, elle sort son troisième album, “Grey Area”, sur son propre label bien sûr. Rencontre. PHOTOGRAPHIE ET STYLISME LAËTITIA MANNESSIER PROPOS RECUEILLIS PAR ELSA FERREIRA
Little Simz, née Simbiatu Abisola Abiola Ajikawo, n’a pas le temps. Attablée devant un bol de frites dans un bar de London Field, la jeune fille de 26 ans, née à Londres et de parents nigérians, a même gardé sa doudoune le temps de notre conversation. Mais elle n’a pas l’air pressé non plus. Concentrée. Efficace. Déterminée. Droit à l’essentiel, donc : son album. Le troisième depuis sa première mixtape Blank Canvas, en 2013. Une œuvre vibrante et complexe, aux influences aussi nuancées que l’histoire du hip hop et du R’n’B. Sur fond de boom bap old school en forme de big up à Missy Elliott sur Boss ou le funky et sexy Selfish, elle raconte cette période de doute qui flotte autour des 25 ans. “Personne ne m’avait dit que ça serait aussi dur, a-t-elle expliqué à Annie Mac sur la BBC. Il faut presque que tu te réinventes entièrement. Tout ce qu’on m’a appris, je l’ai désappris pour recommencer en suivant mon instinct et mes impressions plutôt que ce que les gens disent.” Cela commence d’abord par se confier, quelque chose dont Little Simz n’a pas l’habitude. Une sorte de thérapie, dit-elle, et une manière de “documenter mon histoire et affirmer mes sentiments de vive voix. Je suis plutôt du genre à garder les choses pour moi, je ne m’ouvre pas vraiment aux gens”. Désapprendre l’idée que les gens ont d’elle aussi. “Tout le monde pense que je devrais partir aux États-Unis, travailler avec telle personne. Oui, je pourrais le faire. Mais je ne sais pas si ça me rendrait heureuse.” Londres et sa jeunesse Elle parle aussi de violence, notamment dans le très beau morceau Wounds, avec l’artiste jamaïcain Chronixx, écrit le jour où elle a appris le meurtre de son ami, l’acteur et mannequin Harry Uzoka. Politique mais subtile, elle se fait l’observatrice d’un système qui, à Londres, atteint ses limites, avec une augmentation des attaques à l’arme blanche et des meurtres, particulièrement parmi les jeunes. “Je ne suis pas là pour prêcher, dit-elle. Au-delà de Little Simz, je suis Simbi, une jeune femme noire qui essaie de comprendre. Je ne prétends pas avoir les réponses, j’ai la perspective de quelqu’un qui vit au milieu des gens et qui voit ces choses se passer. Je ne m’intéresse pas particulièrement à la politique, je ne regarde pas les infos tous les jours, mais je réponds à ce qui m’affecte directement.” Ce qu’elle voit, dit-elle, c’est qu’il est facile de pointer le doigt sans regarder les racines du problème. “Quand j’étais plus jeune, il y avait déjà des crimes au couteau et de la violence. Mais il y avait aussi des endroits positifs pour
la jeunesse, pour la communauté. Beaucoup ont fermé sous les coupes budgétaires du gouvernement.” Elle regrette une éducation standardisée qui donne peu d’horizon aux jeunes. “Mes rêves étaient plus grands, ils n’étaient pas faits pour cette école”, dit-elle en se remémorant sa scolarité. La prochaine génération, imagine-t-elle, “nous devons l’éduquer et l’élever pour qu’elle ait des rêves”. “Je veux être une légende” Pour la première fois, Little Simz prend le temps de jeter un œil dans le rétroviseur. Et de se donner une tape dans le dos bien méritée. “À 10 ans, je n’aurais même pas rêvé de sortir un troisième album. Et je l’ai fait.” Un troisième et excellent album et une carrière menée de main de maître et en toute indépendance. En 2014, elle a lancé son label et y sort depuis tous ses projets. “J’ai été approchée par de nombreux labels. Mais je leur ai tous dit non car ça ne me semblait pas être ce qu’il me fallait. Je sentais qu’il fallait que je fasse ce travail de terrain. Et même si ça m’aurait soulagée de beaucoup de stress, je ne changerais mon expérience pour rien au monde.” À son actif aussi, un festival, un livre et une exposition, tous les trois organisés autour de la sortie de son deuxième album, Stillness in Wonderland. “J’apprends à utiliser mon cerveau autrement qu’en étant créative, explique-t-elle à propos de son ambition touche-àtout. Tu me mets dans un studio, je sais faire. Si tu me mets dans une réunion avec des cadres et des patrons de labels, je veux aussi assurer.” Avec son équipe de huit personnes, elle reste concentrée et affûte ses lames. “Ça ne veut pas dire que je n’aime pas les gens ; je suis juste très concentrée, protectrice de mon énergie.” C’est que Little Simz le sait, “de grandes choses sont à venir”. Première partie de Gorillaz sur leur Humanz Tour, elle a eu un avant-goût de ces immenses shows et des publics qui vont avec. “Pour moi, ce n’est pas maintenant qui compte, je pense à dans dix ans. Quelle sera ma trace à ce moment-là.” Dans dix ans, “je veux être une légende, assume-t-elle. Je veux avoir déjoué le destin. Je veux avoir changé les choses, pas seulement pour ma famille et mes proches mais pour les masses. Pour ça, il faut que je cimente et que je travaille les fondations”. En attendant, l’artiste aurait tourné Top Boy, une série sur la vie d’un gang du quartier de London Field – là où, justement, elle nous a donnée rendez-vous – et dont la dernière saison serait produite par Drake. Une corde de plus à l’arc de l’inarrêtable Little Simz.
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Coiffure Elvire Roux Maquillage Billie McKenzie Assistante stylisme Raminta Ceponyte Assistant photo Franky Leyland
Débardeur Coco Beach en éponge, CHANEL. Bijoux perso.
Coiffure Elvire Roux Maquillage Carolyne Gallyes
Veste en coton mélangé, T-shirt et cycliste en polyamide et élasthanne, et escarpins en cuir, OFF-WHITE. Bijoux, perso.
MUSIQUE
Hannah Diamond Cette Anglaise de 28 ans fait briller tout ce qu’elle touche. Chanteuse, compositrice et photographe, elle termine son premier album après sept singles remarqués sur le label PC Music. L’occasion de parler musique et mode avec la Barbie mutante de 2020. PHOTOGRAPHIE ELLIUS GRACE STYLISME ALIZÉE HÉNOT PROPOS RECUEILLIS PAR VIOLAINE SCHÜTZ
Si Barbie faisait de la musique, elle composerait sans doute ces sonorités dance régressives et bizarroïdes inventées par la Londonienne à couettes et à doudoune rose Hannah Diamond. D’ailleurs, quand la jeune femme a commencé à sortir des morceaux, en 2013, des singles bubblegum, personne ne croyait qu’elle existait vraiment. Avant que des influenceuses créées par l’intelligence artificielle ne fassent leur apparition, l’artiste questionnait déjà la réalité, la starification et le progrès technologique. “À l’époque, explique-t-elle, je m’intéressais à la notion de célébrité sur Internet, et à la transition entre microcélébrité et vraie célébrité dans la vie réelle. Je prenais en photos mes amis connus en ligne pour les replacer dans un contexte glossy de stars plus tradi. C’était une manière de déconstruire ce que je pensais de la culture pop et des images de mode.” Bonbons doux-amers Non sans humour, Hannah incarne à merveille un nouveau genre de pop-star à l’imagerie léchée qui réalise ses propres visuels et qui porte toujours une basket Nike mainstream (une collab avec Charli XCX) et une autre underground… La jeune fille a en effet signé avec le label PC Music, qui est aussi l’écurie barrée de l’ovni Sophie. Le résultat ? “Je vois ma musique comme une ‘simulation’ de pop. Je m’inspire de tout un tas de choses que j’ai écoutées, comme de la trance, du UK garage, du hardstyle, du nightcore, mais ça sonne presque comme de la pop musique.” Les titres ressemblent à des bonbons doux-amers. Des berceuses aliens dont la voix enfantine nous parle d’amour moderne mais qui peut aussi être plus mélancolique comme dans une version chipie et girly de Robyn. Le rythme de ses pépites synthétiques peut s’accélérer et se saccader par moments, un peu comme si Aqua (auteur de Barbie Girl) flirtait avec Aphex Twin dans une rave peuplée de licornes et d’hologrammes. Cette esthétique forte est portée par la créativité visuelle de l’artiste. Quand elle n’écrit pas des chansons, Hannah photographie et retouche des portraits entre pop art kitsch et
mignonnerie. Et collectionne les pièces Dior du début des années 2000, surtout celles frappées de monogrammes roses. “Je pense qu’être une pop-star, quel que soit le niveau, consiste à créer un monde autour de la musique. Les images et les vidéos en font partie. Et vous devez vivre dans ce monde pour croire vousmême à ce que vous faites.” Voyage émotionnel Inspirée par le travail de David LaChapelle, Nick Knight (surtout ses campagnes Dior de 2000 à 2004), John Galliano, les clips futuristes de TLC et la Mariah Carey de Heartbreaker, Hannah a nourri son univers en étudiant la communication mode et le stylisme. “J’ai toujours eu un intérêt pour les images de mode. Ado, j’achetais tous les magazines fashion pour pouvoir déchirer les pubs et en faire des posters. J’ai conservé un dossier de pages déchirées du début des années 2000 que je regarde comme un moodboard. Je suis une fan de mode extrême, assez nerd. J’ai une mémoire photographique de tous mes défilés préférés et des pièces de ces shows que je trouve excitantes.” Capable aussi bien de créer une police de caractères pour un de ses clips que de photographier une campagne pour une marque (Boohoo, Sophia Webster), Hannah est aussi l’auteure des images surnaturelles d’Offset pour la couverture du Jalouse d’avril 2019. Le jour du shooting, la jeune Anglaise portait des tresses, un baggy et un crop top qui lui donnaient des airs de lutin débarqué d’une autre dimension, et dont la fraîcheur authentique illuminait le studio. Son premier album, intitulé Reflections, est sorti en novembre dernier. “Pour ce disque, je me suis vraiment souciée de l’écriture. Je ne voulais pas réaliser quelque chose de trop superficiel, ou concentré sur le visuel. Il y a à la fois des concepts et du fun, et aussi des chansons très personnelles et sincères. J’y ai mis beaucoup de moi. L’album résume mon voyage émotionnel depuis mes débuts, et comment tout ce que j’ai pu ressentir dans la vie a pu être transformé en quelque chose de positif. J’espère que d’autres personnes l’écouteront et se sentiront moins seules dans ce monde.”
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Coiffure Maki Tanaka Maquillage Emily Porter Assistante photo Caitlin Chescoe Assistante stylisme Elodie Purcell
Maillot de bain en laine mérinos, LUDOVIC DE SAINT SERNIN X SUNSPEL. Pantalon en tweed, CHANEL. Bijoux, perso.
MUSIQUE
Art School Girlfriend Derrière ce pseudo, l’artiste et productrice anglaise Polly Mackey façonne une électro intimiste qui parle de désir et de désillusion. Portrait d’une tête chercheuse. PHOTOGRAPHIE FLORENCE MANN STYLISME LAËTITIA MANNESSIER TEXTE NOÉMIE LECOQ
Assise sur une chaise au milieu d’un décor blanc, elle enlace tendrement son lévrier : l’image de profil WhatsApp de Polly Mackey, alias Art School Girlfriend, montre l’importance de son chien dans sa vie, comme le confirment les nombreuses photos de ces deux inséparables sur la page Instagram de l’Anglaise. “Il est allongé à côté de moi en ce moment-même, s’esclaffe-t-elle au bout du fil. À Margate, où nous vivons, je vais le promener sur la plage tous les jours, quelle que soit la météo, c’est primordial pour mon équilibre mental. Il m’oblige à sortir, à ne pas me replier sur moi-même. Il m’apporte énormément.”
Les amateurs de Portishead, The XX, ou encore Everything But The Girl ne seront pas dépaysés par ces premières pépites, qui laissent présager du meilleur pour son premier album, en pleine préparation. “J’ai une idée assez claire de ce que je veux créer. Cette année, j’ai connu plusieurs bouleversements personnels, dont une rupture avec ma petite amie, donc j’ai pas mal de choses à exorciser, dit-elle dans un sourire. Sur mes deux premiers EP, je me sentais un peu perdue et je me suis servie de ces chansons pour démêler mes idées. Je crois que mon album sera plus direct, cette fois je sais exactement ce que j’ai envie d’exprimer.”
Calme et introspection En parallèle de son rôle de maîtresse dévouée, Polly a un deuxième amour : la musique. En 2014, après la séparation du groupe Deaf Club, dont elle était la chanteuse et guitariste, elle quitte Londres pour se ressourcer à Margate, petite ville au bord de la mer qui devient de plus en plus un refuge arty pour Anglais en quête d’évasion. Outre ce changement de décor, Polly prend la décision de s’éloigner des guitares. “J’ai eu envie de me consacrer à la musique électronique. Je m’intéresse à la production depuis que je suis ado et j’adore le côté technique et le bidouillage. J’ai toujours été obsédée par les sons.” Sous le nom d’Art School Girlfriend, elle se fait repérer par le célèbre producteur Paul Epworth (Adele, Rihanna…), qui la signe sur son label (Wolf Tone) et sort son premier EP, Measures, en 2017. Après d’autres explorations, elle dévoile en janvier 2019 son deuxième EP, Into The Blue Hour, suivi en juin par Diving, un single ensorcelant. Portés par sa voix envoûtante, ses morceaux invitent à l’introspection et au calme.
Transcender les doutes Art School Girlfriend dégage une élégance naturelle, perceptible dans sa musique comme dans son allure. “Au quotidien, je porte souvent une sorte d’uniforme composé d’un pantalon bleu ou noir et d’un T-shirt, commente-t-elle sobrement. Je ne mets pas souvent de maquillage. Pour moi, les sessions de photos peuvent donc être un peu intimidantes, mais ça m’amuse aussi de porter des tenues irréelles. Pendant mon adolescence, mes goûts en matière de mode étaient dictés par mes goûts musicaux, comme les Yeah Yeah Yeahs et tous ces rockeurs de l’époque en jeans skinny. Je suis très amie avec le styliste Daniel w. Fletcher. Nous avons débuté à la même période et avons été colocataires pendant deux ou trois ans. Il m’a déjà fait des vêtements de scène. J’aime bien l’idée de me transformer en une version plus grandiose de moi-même le temps d’un concert.” Transcender les doutes et les revers en quelque chose de beau et de grand : voilà exactement ce que la musique d’Art School Girlfriend produit.
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MUSIQUE
Charli XCX Elle nous avait prévenus : “I don’t care”, lance-t-elle dans le tube qui lui a donné sa renommée internationale. Dix ans de carrière, deux albums et pléthore de collaborations plus tard, la Britannique de 27 ans revient avec “Charli”, une œuvre brute et assumée. Rencontre. PHOTOGRAPHIE HANNAH DIAMOND STYLISME LAUREN ANNE GROVES PROPOS RECUEILLIS PAR ELSA FERREIRA
“J’aime quand c’est fiévreux”, dit Charli XCX. Par cette chaude journée de juin, dans un studio photo du nord de Londres, cinq personnes s’affairent autour de la pop star. Elle s’apprête à poser pour Hannah Diamond (voir pages précédentes). Les deux artistes se connaissent bien. Elles ont travaillé ensemble sur le titre Paradise sorti en 2015 sur l’EP Vroom Vroom de Charli, un tournant électronique et underground dans la carrière de l’artiste qui signait jusque-là des titres taillés pour la scène pop mainstream internationale.
producteur très en vogue qui a signé des morceaux pour Slowthai, A$AP Rocky ou Damon Albarn. Fait d’arme particulier : elle a sorti Spicy avec Diplo, un remix du fameux Wannabe des Spice Girls. Une sortie “par hasard”, explique-t-elle, enregistrée en dix minutes avec son voisin de Los Angeles pour enterrer la hache de guerre d’une relation amicale un brin querelleuse. “Je veux collaborer avec des artistes qui sont vraiment uniques, qui sont les seuls à faire ce qu’ils font, affirme-t-elle. Personne ne peut imiter Sophie, personne n’est une rappeuse aussi féroce que Cupcakke.”
Lizzo, Miley Cyrus et Mykki Blanco en collab’ Née en 1992, Charli XCX a déjà une longue carrière derrière elle. Si longue que c’est sur MySpace qu’elle a été repérée par un organisateur de raves qui l’invite à faire ses premières scènes dans les soirées wharehouse londoniennes. Nous sommes en 2008 et Charlotte Emma Aitchison, déjà connue sous le nom Charli XCX sur les réseaux, a 14 ans. “Je faisais des beats sur un clavier. C’était du trashy bubblegum rap beats, tente-t-elle de décrire. Je ne sais pas vraiment, c’était mauvais !” Les raves ouvrent son imaginaire. “J’ai grandi à la campagne, je ne connaissais pas la culture club ou gay, la mode. Quand je suis arrivée dans ces soirées-là, je me suis sentie totalement immergée et inspirée.” Deux albums et quelques mixtapes plus tard, elle sort Charli, un album exigeant et aventureux qui navigue entre dance trap et expérimental, hymnes pop synthétiques, ballades épurées et featurings rap. Une approche qui révèle le goût de l’artiste pour une pop osée. “Je m’en fiche d’être une pop-star, je m’en fiche d’avoir les lumières braquées sur moi, de chanter des chansons qui vont passer à la radio. Ce qui m’importe c’est de créer une atmosphère que tu n’oublieras jamais, être brute. Mon show sera le plus rave jamais”, annonce-t-elle. Dans une tradition des featurings bien choisis, elle invite sur Charli une short list de cette vague pop inventive : Christine and The Queens, Sky Ferreira, le rappeur estonien Tommy Cash, la rappeuse Cupcakke, ou encore Lizzo, dont le dernier album, Cuz I Love You, un concentré d’énergie et de soul, a bercé plus d’un été. Quelques noms à ajouter à une liste déjà prestigieuse. Parmi les artistes avec lesquels Charli a collaborés, des stars du calibre de Mykki Blanco ou Miley Cyrus. Des cautions plus underground aussi avec Mr. Oizo, Sophie, de PC Music, ou Mura Masa,
Inspirations Ed Banger et PC Music Le “I don’t care” de son premier tube semble être un bon mantra pour l’artiste. Dans un paysage pop souvent calibré pour le succès, Charli XCX explore les confins du genre au fil de ses sorties. Après un premier True Romance plutôt mainstream en 2012, elle se risque en terrain plus punk pour Sucker, en 2013. En 2015, elle sort l’EP Vroom Vroom sur PC Music, un label électronique anglais pointu qui exagère l’esthétique pop dans ses limites les plus artificielles, et dont Hannah Diamond est l’une des figures de proue. Charli XCX s’aventure alors dans des sonorités plus sombres et énervées, emprunte ses samples à Pulp Fiction et pousse le BPM dans des accents eurodance et trap, marques de fabrique du label. Elle traîne sur les forums quand elle découvre Pink and Blue, de Hannah Diamond. “J’ai trouvé ça tellement bon. C’était le genre de musique que j’essayais de faire quand j’avais 16 ans, sans savoir comment y arriver.” Adolescente, la jeune artiste est inspirée par la house française d’Ed Banger. “C’est la première scène que j’ai trouvée vraiment excitante, dit-elle. Quand j’ai découvert PC Music, j’ai ressenti la même chose. La même excitation face aux possibilités de directions et de sonorités que la pop musique peut emprunter.” Elle embarque A. G. Cook, le fondateur du label, devenu proche collaborateur et avec qui elle a produit Charli. “On s’est tout de suite entendu. Je crois que l’on naît pour rencontrer certaines personnes, A. G. est l’une d’elles pour moi.” Pour l’enregistrement de Charli, dans une maison de Los Angeles transformée en studio, le duo s’enferme pendant trois mois et travaille tête baissée. “Notre travail est émotionnel mais nous n’en parlons pas, nous préférons avancer. Quand tu commences à trop réfléchir dans la pop, tu deviens ennuyeux. Je préfère être instinctive.” De la pop brute et audacieuse, on dit oui !
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Coiffure Nicole Kahlani Maquillage Danielle Kahlani
Robe en cristaux et plumes, ALESSANDRA RICH. T-shirt en polyamide et élasthanne, MARINE SERRE. Sneakers en matières techniques, PRADA.
MUSIQUE
Charlotte Lawrence À 19 ans, la Californienne Charlotte Lawrence, meilleure amie de Kaia Gerber, mène de front deux carrières : mannequin et pop-star en devenir. Aussi volontaire que sensible, cette artiste inspirée nous dévoile ses envies. PHOTOGRAPHIE MIA DABROWSKI STYLISME SERGIO ALVAREZ PROPOS RECUEILLIS PAR NOÉMIE LECOQ
La rivalité entre filles serait-elle démodée ? La nouvelle génération pop invente ses propres codes pour s’affranchir des mesquineries, jalousies, coups bas et autres guéguerres puériles qui rongeaient de l’intérieur le star-system d’hier. Non seulement les artistes féminines trônent aujourd’hui au premier plan, mais elles se connaissent, se suivent sur les réseaux sociaux, voire s’entraident et collaborent ensemble. Cette fraternité au féminin saute aux yeux quand on se penche sur l’entourage de l’Américaine Charlotte Lawrence. Son amitié indissoluble avec Kaia Gerber, la fille de Cindy Crawford, remonte à leur enfance à Los Angeles. Depuis, elles restent inséparables malgré leurs occupations respectives. En parallèle de sa carrière de mannequin (chez IMG Models), Charlotte Lawrence se concentre désormais sur sa grande passion, la musique. Là encore, l’esprit de sororité reste primordial pour elle, dans la lignée de Billie Eilish et de Charli XCX. Famille artistique L’année dernière, elle collabore avec Nina Nesbitt et Sasha Sloan, notamment pour une reprise du tube Girls Just Want To Have Fun. “J’adore cette idée que la pop music d’aujourd’hui est dominée par des filles, sourit-elle. Il suffit de regarder le top 100 pour s’en convaincre. Bien sûr, il existe encore des combats à mener, des frontières à éliminer, des choses à améliorer. Mais la féminité est nettement plus visible qu’elle ne l’était ces dernières années. J’adore les filles qui savent rester elles-mêmes, sans concession, comme Lizzo. Se moquer du regard des autres, ça rend fort, confiant, positif. Pas besoin d’être parfaite ou de faire semblant d’être quelqu’un d’autre : il faut juste exprimer notre propre personnalité et suivre nos envies. C’est vraiment cool que le monde accepte enfin ça.” Du haut de ses 19 ans, cette L.A. woman a grandi dans une famille artistique : sa mère est l’actrice Christa Miller (vue dans Seinfeld, Scrubs, Le Prince de Bel-Air…) et son père est le producteur, scénariste et réalisateur Bill Lawrence (créateur de séries comme Scrubs, Spin City…). Contrairement à ses parents, Charlotte préfère se lancer dans la musique plutôt que dans le cinéma. “J’ai commencé à prendre des cours de piano quand j’avais 5 ans, explique-t-elle. J’ai eu ma première guitare
à l’âge de 13 ans et j’ai appris toute seule. Un an plus tard, je suis entrée en studio pour la première fois pour enregistrer une reprise d’un morceau de Bon Iver, Skinny Love. C’est là que j’ai compris que ce que j’adorais plus que tout, c’était cette sensation de chanter et de jouer, et j’ai voulu continuer sur cette voie. Ça a été un vrai déclic. Ma mère a toujours eu une incroyable collection de disques et elle m’a fait découvrir beaucoup artistes qui comptent énormément pour moi, comme Damien Rice, Joni Mitchell, Patti Smith, Sufjan Stevens… J’ai toujours été attirée par les paroles un peu sombres, par une certaine tristesse, par les chansons qui racontent une histoire et reflètent nos émotions. Je me sens autant chanteuse que compositrice.” Ambiances mélancoliques À 11 ans, elle signe sa première chanson, Your Love. Pendant son adolescence, elle publie régulièrement de nouvelles compositions (dont Keep Me Up), jusqu’à son premier EP, Young, sorti l’an dernier alors qu’elle vient de fêter ses 18 ans – six morceaux prometteurs, notamment le single Sleep Talking. Depuis, elle a également dévoilé d’autres morceaux comme Stole Your Car, puis cette année Why Do You Love Me et Navy Blue, mélangeant électro-pop et intimité, avec un penchant assumé pour les ambiances mélancoliques. Son goût pour le folk acoustique ne s’entend pas encore, mais ce sera peut-être le cas sur son premier album, qu’elle promet pour cette année. Ses icônes de mode reflètent ses goûts musicaux : elle admire la créativité et la liberté de David Bowie. “En découvrant son œuvre, je me suis dit que si j’avais envie de me teindre les cheveux en rose, c’était possible, rigole-t-elle en nous montrant ses mèches bariolées. Je suis aussi fascinée par Mazzy Star, Stevie Nicks, toutes ces chanteuses un peu hippie et tellement cool avec leurs vêtements négligés et sans maquillage. La mode et la musique sont inséparables, ce sont deux formes d’expression de soi. J’adore Billie Eilish et j’admire sa constance : je la connais depuis déjà un moment et elle ne change pas, elle ne se conforme pas aux règles. Elle parvient à imposer sa musique géniale et son look vraiment unique.” On souhaite la même réussite à Charlotte Lawrence.
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Coiffure et maquillage Jonathan Sanchez Assistant photo Jeremy Konko Assistante stylisme Séraphine Bittard
Corset en soie, VIVIENNE WESTWOOD. Pantalon en velours côtelé, JACQUEMUS. Gants et escarpins en cuir, ACNE STUDIOS.
Coiffure Patrick Wilson Maquillage Amy Wright
Polo et pantalon en piquĂŠ de coton, MULBERRY. Bijoux, perso.
MUSIQUE
Flohio Textes incisifs, flow impeccable et gestuelle impressionnante, Flohio est la rappeuse que l’on attendait tous. Nigérienne d’origine, elle a grandi à Bermondsey, dans l’Est de Londres. Deux EP plus tard, elle est citée par Naomi Campbell comme “l’une des femmes qui changeront le futur”. Rencontre avec un phénomène, décidé à tout renverser sur son passage. PHOTOGRAPHIE ELLIUS GRACE STYLISME ALIZÉE HÉNOT PROPOS RECUEILLIS PAR ANA BENABS
Vous pouvez me parler de la façon dont Funmi Ohio est devenue Flohio ? Flohio : (Rires.) Je ne sais pas vraiment. Je pense que Flohio a toujours été là. Ça m’a juste pris du temps pour la présenter mais elle a toujours été là, je pense. Vous avez grandi à Londres, et y vivez encore actuellement. Cette ville est importante pour vous ? Oui ! J’ai grandi ici, mes amis sont ici, j’ai vécu mes expériences ici, donc oui, cette ville représente beaucoup pour moi. Si je ne vivais pas là, je serais sans doute à Tokyo ou à Séoul, quelque part en Asie. Parce que j’adore la cuisine asiatique en général ! À part Londres, qu’est-ce qui vous donne envie de créer des morceaux ? J’ai tellement d’influences, je ne peux même pas en choisir une. Je dirais que la culture est essentielle pour moi. La forme n’a même pas d’importance. Je suis inspirée par la culture anglaise, africaine, américaine… C’est ce que j’essaie de retranscrire dans mes titres. Rap, grime, électro… Vous mélangez beaucoup de styles. Comment écrivez-vous ? Je peux écrire avec mon équipe, mes amis, mes producteurs… ou tout simplement seule dans ma chambre. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de composer, selon moi. Je ressens ce que je ressens, et je compose. C’est tout. Vous pouvez m’en dire un peu plus sur votre collaboration avec God Colony, vos producteurs ? God Colony, ce sont mes amis ET mes producteurs. Je les ai rencontrés en 2015, et il y a directement eu une bonne énergie, un bon lien. Avec les années, ce lien est devenu encore plus fort. Ils m’ont conseillée, ils ont veillé sur moi et sur ma musique. Ça ne s’arrêtera pas de sitôt, c’est un des liens les plus précieux de mon entourage. Qu’est-ce que cela représente pour vous d’être une femme en solo dans le monde du rap ? C’est incroyable. Je suis moi, vous voyez ? Chacun peut le vivre
d’une façon différente. Mais je suis de plus en plus fière de la femme que je suis car plus j’avance dans cette industrie, plus je suis en phase avec ma féminité. Car je vois que les gens m’apprécient pour ce que je suis, la façon dont je m’habille, dont je me tiens. Et le fait que cet univers soit encore majoritairement masculin, ce n’est pas contraignant ? Je me sens tellement riche de ce que je suis que ça ne m’importe pas, ce contexte. Quand tu sais qui tu es, peu importe où tu te trouves. Je ne regarde pas autour de moi, je suis la seule dans mon petit océan. On vous a déjà reproché de ne pas être assez féminine ? En 2020, les gens sont un peu plus ouverts d’esprit. Personne ne m’ennuie avec ça, et si quelqu’un le fait, je l’ignore. N’écoute pas mes morceaux dans ce cas-là, mec ! Vous êtes souvent comparée à A$AP Rocky, cela vous parle ? C’est à cause de mes cheveux. Juste une coupe de cheveux ! Quand tu es gamin, ta mère te fait des braids rapidement pour retourner faire ce qu’elle a à faire (rires), c’est tout bête. J’adore A$AP, sa musique défonce et il est très mignon, mais cette comparaison n’est pas vraiment justifiée, tu sais comment sont les gens (rires). Certains de vos morceaux, notamment sur votre dernier EP, Wild Yout, sont très personnels. Qu’est-ce que vous ressentez quand vous les interprètez sur scène ? Ce n’est pas tant ce que je chante, c’est plutôt la manière dont je le chante. Parfois, les gens dans le public pleurent, ce qui me fait pleurer aussi. En concert, il peut y avoir une atmosphère super émotionnelle, mais c’est une super énergie. Et votre timidité disparaît ? Oui. Je ne peux pas expliquer comment, je dirais que la scène est ma cour de récréation. C’est comme une grosse fête, et je m’y sens bien.
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MUSIQUE
Lolo Zouaï Portée par une poignée de singles et un premier album inspiré, Lolo Zouaï est devenue la nouvelle prodige du R’n’B. Portrait d’une chanteuse à la croisée des cultures française, algérienne et américaine. PHOTOGRAPHIE JORY LEE CORDY STYLISME HENNA KOSKINEN PROPOS RECUEILLIS PAR NOÉMIE LECOQ
Quand Lolo Zouaï décroche son téléphone, elle vient d’arriver à Seattle et descend de son bus pour nous parler au calme. La chanteuse est sur la route depuis presque un mois, c’est la première fois qu’elle fait une tournée de cette ampleur aux États-Unis, en tête d’affiche. “Pour garder le rythme, je dois rester concentrée, explique-t-elle. Je me réveille, je fais quelques trucs, on va dans la salle pour faire les balances, puis je rencontre des fans, ensuite c’est l’heure du concert et enfin je vais me coucher. On imagine souvent une tournée comme un moment dingue, mais il faut aussi savoir tenir le coup. Je viens de perdre ma voix pendant deux jours, ça ne m’était jamais arrivé avant et j’ai vraiment eu peur… Ça va mieux heureusement.” Vivre l’instant présent Son tempérament de guerrière a repris le dessus et elle continue sa tournée. Quelques jours auparavant, Lolo (Laureen, sur son passeport) a joué à San Francisco, la ville où elle a grandi. “Le concert était complet, c’était incroyable. La dernière fois que j’étais entrée dans cette salle, j’avais 17 ans et j’assistais à un concert de Sky Ferreira, en rêvant d’être à sa place un jour. C’est comme ça qu’on se rend compte que la vie passe vite !” Un peu plus tard, tout en riant, elle confie : “Parfois, je dois sortir de scène quelques secondes parce que l’émotion peut me submerger jusqu’aux larmes. J’adore vivre l’instant présent pendant un concert, et regarder droit dans les yeux ces gens qui partagent ce moment avec moi, mais je
suis tellement sensible que ça peut devenir trop intense.” Des hauts et des bas À la fois posée et à fleur de peau, naturelle et soignée, Lolo Zouaï signe des chansons à son image. “J’ai écrit ma première chanson à l’âge de 6 ans. Après l’école, je me dépêchais de rentrer chez moi pour me remettre à jouer de la musique.” Ses compositions reflètent aussi son identité cosmopolite : née à Paris, elle a été élevée par une mère française et un père algérien et, quand elle avait 3 mois, toute la famille s’est expatriée en Californie. Chanter en anglais n’est pas une pose chez cette artiste bilingue : c’est simplement la langue qui l’a entourée toute sa vie. Elle aime incorporer quelques phrases en français ou en arabe sur certains morceaux pour montrer qui elle est et d’où elle vient, comme en témoigne son premier album de pop et R’n’B, High Highs to Low Lows, sorti en avril dernier. Le titre suggère son goût pour les contrastes. “Dans les paroles et les mélodies, j’aime alterner entre sombre et lumineux, triste et joyeux, dit-t-elle. J’avais juste envie de raconter mon histoire de façon fun et créative, déterminée mais aussi vulnérable. Je me suis préparée toute ma vie pour ça, en traversant beaucoup de hauts et de bas pour y parvenir.” Vu son fan-club actuel (Gigi Hadid en tête) et ses collaborations de luxe (avec Dev Hynes, H.E.R., Myth Syzer…), on parie qu’elle restera désormais en haute altitude.
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Coiffure Clayton Hawkins, Maquillage Holly Sillius, Assistant photo William Mathieu
Robe Flying Phoenix en jersey, KENZO. Bijoux perso.
Look Yuhan Wang printemps-été 2020.
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Futur Ils ne jurent que par le style victorien, Empire ou Ancien Régime. Mais au-delà de la question vestimentaire, c’est une forme d’engagement politique que revendiquent aujourd’hui artistes et créateurs en rupture avec la société de consommation et ses ravages écologiques. Plus qu’une mode, un mode de vie.
Photo Yuhan Wang
antérieur
PAR MANON RENAULT
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Ils lisent le Cabinet des modes, portent des vestons de l’ère napoléonienne par-dessus leurs blouses à col lavallière, et leur style dit “vintage” a envahi les podiums de la dernière fashion week. Cette communauté, qui a choisi l’esthétique comme langage politique, prend part à un mouvement plus global qui emprunte au passé des codes vestimentaires mais aussi un mode de vie, au ralenti, respectueux de l’humain et de la nature. Le revival qu’ils incarnent, loin de l’image de dandy égaré dans le temps, est une manière d’appréhender le futur hors des circuits de consommation actuels. Créer pour durer Assis au bord de son lit, dans un costume chiné à la coupe années 1930, les cheveux gominés et coiffés en arrière, David McDermott pose dans son premier appartement dans l’Upper West Side à New York. Il vient tout juste de quitter l’université, espère devenir artiste et loue ce logement qu’il rénove du sol au plafond dans la grandeur du style de 1880 avec chandeliers, tableaux aux cadres dorés et papier peint fleuri. Il construit à sa manière une “machine à remonter le temps”. Peter McGough ne l’a pas encore rencontré. Pourtant, ce cliché de son ex-compagnon et fidèle allié artistique depuis quarante ans, orne et inspire ses mémoires intitulées I ’ve Seen the Future and I’m Not Going. Un slogan pour la nouvelle génération ? “Cette phrase a été prononcée par David lors de notre première rencontre. J’étais hypnotisé par lui. Il me racontait qu’à l’âge de 14 ans il avait décidé de s’habiller comme dans le passé, et disait qu’il finirait par disparaître dans une époque antérieure où les choses – les vêtements, la culture, les meubles – avaient été créées pour durer. Tout le contraire du présent, de cette culture de l’image, du consumérisme. Ce titre, c’est également une réaction à l’état de crise permanent dans lequel nous vivons. L’écologie, le Brexit, les décisions politiques de Trump, les guerres, la forêt amazonienne. Notre maison brûle. Le tout est documenté par des images qui se succèdent les unes aux autres à grande vitesse sur les réseaux sociaux. Les gens regardent, mais s’engagent-ils ? Entre-temps, on les gave de fictions qui leur promettent le bonheur avec des scripts mielleux, et ils oublient les vrais problèmes. Le temps dédié à la compréhension est mort, tout s’évapore. Le temps se perd dans les havres de l’éphémère, et tout le monde crie à travers des écrans. Si c’est cela le futur alors ce n’est pas pour moi !” Une réaction qui semble être partagée par une jeune génération d’artistes qui rompt avec la culture de la célébrité, la course éperdue à la consommation, et capture dans le passé des compétences et savoirs essentiels pour ralentir la spirale de la modernité. Dans cette quête, le sublime et la frivolité font valeur.
“L’artiste doit révéler la beauté dans la trivialité. Cela ne signifie en rien créer des illusions. Avec David nous passions pour deux pédales vêtues de costumes victoriens, vivant dans une ‘fantaisie’ du passé. Mais nous étions bien plus connectés à la nature et proche des réalités que certains ‘écolos’. Dès les années 1980 nous étions vegan, nous recyclions et avions le goût du beau vêtement : c’était un mode de vie non une ‘mode’”, raconte Peter McGough, esquissant un programme des plus politiques. Une manière de vivre avec son temps Depuis plusieurs saisons, le spectre dystopique s’avère l’unique remède face aux diverses crises sociétales. Sur les écrans, La Servante écarlate cartonne, tandis que Black Mirror imagine un futur calibré par une surveillance mutuelle dans une société des écrans. Sur les podiums, les iPhones vissés aux chevilles des mannequins chez Maison Margiela ou les sets de Jon Raffman pour Balenciaga interrogeaient l’impact de la technologie sur nos vies. Peut-être pour tenter de sortir de cette ambiance anxiogène, la mode renoue aussi avec l’esthétique pré-industrielle où les techniques étaient encore au service de l’homme. Des robes longues aux volumes gigantesques, imprimées de fleurs nostalgiques et surmontées de cols en dentelle, ont envahi les podiums d’Erdem, de Molly Goddard, de Loewe ou encore de Simone Rocha. Riccardo Tisci s’est immergé dans les archives de Burberry renouant avec la fascination pour l’esthétique victorienne des origines. Dans un show performance au Palais des Beaux-Arts, Thom Browne articule crinolines aux baleines apparentes et corsets pour ressusciter avec humour une MarieAntoinette. “Marie-Antoinette est une inspiration récurrente dans la mode, explique Tomi Kono, jeune artiste japonais qui s’est fait remarquer par la création de perruques portées, entre autres, par Gigi Hadid. J’aime me plonger dans le mouvement rococo, mais il ne s’agit pas pour moi d’un geste nostalgique. Le patrimoine visuel de la mode est une vaste archive ouverte qui s’est démocratisée à l’heure d’internet. Si j’aime l’esthétique nostalgique, je pense que fouiller dans le passé est, contrairement à ce qu’on pourrait penser, une manière de vivre avec son temps. Les perruques que je fabrique ne sont pas faites pour se déguiser ou se cacher, mais se connecter avec d’autre cultures, avec l’inconnu.” De son côté, la créatrice Yuhan Wang explore les dialogues entre féminités asiatiques et culture occidentale. Après avoir reçu un diplôme à la Central Saint Martins, elle découvre la mode au côté de J.W. Anderson ou Oscar de La Renta. “J’ai appris que le futur provient toujours du passé. Ma perception de la féminité vient de mon parcours professionnel et de mon
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Photo courtesy of McDermott and McGough; DR
David McDermott et Peter McGough à Williamsburg.
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“Il faut proposer des vêtements de qualité, avec des matières faites pour durer. Je passe du temps à choisir et j’aime partager avec mes clients ce que j’apprend.” Zack Pinsent
enfance en Chine. J’ai été nourrie aux arts et à la littérature locale, et j’ai vu les femmes de ma famille se battre pour construire leurs vies sous la pression de la société orientale traditionnelle. Ma vie entre Londres et New York m’a permis d’avoir une meilleure compréhension des femmes à travers les époques et selon les cultures. Pour moi, ce qui a le plus de valeur, ce ne sont pas les différences, mais c’est de tenter d’exprimer des émotions et des sentiments communs aux femmes.” D’un point de vue vestimentaire, la jeune femme aime se plonger dans l’ère napoléonienne. “Cela me permet d’imaginer une garde-robe contemporaine. Personne ne devrait se limiter pour exprimer le futur. Il faut transmettre un rêve pour avancer.” À travers les réminiscences d’ères rêvées, les créateurs proposent une mode plus universelle. Plus que les fantasmagories dictées par une tendance, il s’agit pour certains d’adopter ces anachronismes au quotidien. Partager des techniques anciennes “Oscar Wilde disait : ‘La mode est une forme de laideur si intolérable qu’il faut en changer tous les six mois !’”, rappelle Zack Pinsent, créateur de vêtements d’époque. L’Anglais de 25 ans fabrique son entière garde-robe depuis l’âge de 14 ans, moment où, plutôt que de se perdre dans les tourments existentiels de l’adolescence, il choisit d’adopter des vêtements des années 1930 et brûle tous ses jeans. “Le problème c’est que le mot ‘mode’ renvoie à une industrie moderne liée au consumérisme. Tout cela n’est pas bon pour l’environnement. Moi, je me suis toujours habillé de manière différente : la découverte de la garde-robe de mon arrière-arrière-grand-père a été comme un déclic. Je me suis ensuite formé de manière autonome : à la couture mais aussi à la cuisine, au bricolage. Mon but n’est pas de livrer un fantasme mais de partager des techniques de réparation et conservation anciennes mais applicables à notre époque moderne.” Aujourd’hui, le jeune garçon aux 335 k de followers sur Instagram crée également des vêtements pour les autres. “Il faut proposer des vêtements de qualité, avec des matières faites pour durer. Je passe du temps à choisir et j’aime partager avec mes clients ce que j’apprend.” Tout comme Zack, Colombe D’Humières explore dans son atelier parisien des manières de réparer des objets pour créer des bijoux “reliques du futur”. “Mes créations se
concentrent sur les propriétés du métal. La trace du temps sera visible seulement en surface. Les pièces et bijoux vont s’oxyder, changer de couleurs, mais jamais de forme. Même enfoui dans le sol le métal ne se dégradera pas. C’est pour ça que les gens qui veulent qu’on se souvienne d’eux choisissent l’or, comme le faisaient les pharaons.” Cependant, contrairement aux anciens régimes, impérial ou monarchique, dont s’inspirent ces créateurs, ces vêtements et savoir-faire ne sont pas réservés à l’élite mais sont inclusifs et unificateurs. “Peu m’importe le nombre de followers. Je ne suis pas là pour influencer les autres. Personne n’a à dicter aux gens ce qu’ils doivent porter. Cela relève de la liberté de chacun et devrait toujours être une expérience heureuse. Quant au passé, s’il peut être une forme d’échappatoire, il ne faut pas penser que c’était mieux avant. L’esclavagisme, l’absence de droits pour les femmes, les LGBT, etc. C’est important d’imaginer et d’avoir des fantasmes mais il ne faut pas confondre fiction et réalité. Je vis bel et bien dans le monde moderne. Je ne nie pas le présent, je trouve des solutions à ma manière pour que chacun se sente un peu mieux et accepté”, explique Zack Pinsent. Il aura fallu du temps à Peter McGough pour s’accepter. Entre le Studio 54 et les flea markets de la sixième avenue, il aura croisé Basquiat, Hockney ou Louise Bourgeois dont il enviait la réussite. “Je ne suis plus nostalgique. Ce n’est pas cela la vie d’un artiste. En me plongeant dans mes souvenirs pour le livre, j’ai compris que la vie n’était qu’une succession de faits. Demain n’est pas promis. La plupart des choses du New York que j’ai connu se sont effondrées. Le temps est une construction et la gloire, l’argent ne sont rien. Ce qu’il reste à la fin, c’est votre art. Les dessins, les peintures. Ce sont les seuls éléments que l’on pourra juger. Ma mère était libraire et me disait que la lecture était le meilleur moyen de découvrir le monde et d’imaginer. Alors j’ai écrit un livre qui est une série de désastres, de pertes et d’échecs mais aussi de joies.” Un passé dans lequel on peut piocher pour s’inventer, à défaut d’un futur, un présent bien plus doux que celui, anxiogène, qu’on nous sert trop souvent. I’ve Seen the Future and I’m Not Going, The Art Scene and Downtown New York in the 1980s, de Peter McGough (Pantheon).
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Photos pinsent-tailoring; DR
De haut en bas de droite à gauche : Backstage show Yuhan Wang printemps-été 2020. Défilé Loewe printemps-été 2020. Zack Pinsent. Défilé Thom Browne printemps-été 2020.
Photo DR
LIFESTYLE
Nom
de codes
Des grandes heures du Studio 54 jusqu’au raffinement de la norme Edition des hôtels Marriott, Ian Schrager redéfinit depuis des décennies les codes du lifestyle. Nous l’avons rencontré en exclusivité à Los Angeles, à l’occasion de l’inauguration du West Hollywood Edition, son dernier hôtel. PAR LAURENT-DAVID SAMAMA
La vue panoramique sur la Cité des Anges est à couper le souffle. C’est en altitude que Ian Schrager nous a donné rendez-vous, sur le rooftop de sa dernière création hôtelière, le somptueux West Hollywood Edition. Notre hôte nous y accueille à l’américaine, c’est-à-dire avec un large sourire, au moyen d’un indescriptible cocktail de chaleur et de prévenance. La veille – en compagnie des idoles du groupe Haim, de la top-modèle, socialite et actrice Poppy Delevingne ainsi que des rappeurs old school du Wu Tang Clan –, un costume seersucker sur le dos et un verre de Martini Rosso à la main, nous inaugurions les lieux en sa présence. “Alors, ça vous a plu ?”, lance-t-il avec assurance avant que ne débute l’interview. Depuis les années 1970, les plus grandes stars se déplacent sans résister pour Ian Schrager. On dirait même qu’elles accourent, comme si l’homme qui nous fait face détenait une aura mystérieuse, peut-être même la recette du cool.
Pourtant, un peu à la manière d’un fantôme, il n’aime rien tant que sa liberté. Sa communication est strictement organisée, ses apparitions publiques se comptent sur les doigts de la main, à l’image de son idole Greta Garbo, autre mythe à la discrétion légendaire. Le rencontrer tient du miracle et lui soutirer un entretien du prodige journalistique ! Notre ermite fuit le monde. Il se vit comme un “reclus”… Sa vie tient pourtant du blockbuster hollywoodien. Ian Schrager naît en 1946 à New York. Ses parents sont issus de la classe moyenne, son père dirige une petite usine de textile et poursuit pour Ian et son frère des rêves classiques d’ascension sociale. “Ça peut paraître cliché, mais à l’époque, il s’agissait de correspondre au fantasme de tous les parents juifs de Brooklyn : autrement dit, avoir un fils médecin et l’autre avocat !” La suite sera pourtant moins académique…
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LIFESTYLE
“De la même manière que le Studio 54 constituait un lieu où l’on voulait se retrouver, nous avons voulu créer un hôtel qui nous plaisait. Pas un hôtel pour satisfaire mes parents, un hôtel pour nous ! Il fallait imposer de nouveaux standards, faire voler en éclats les règles qui existaient jusqu’ici. L’idée était d’imaginer un lieu où l’on puisse se sentir comme à la maison. Quelque chose de beaucoup moins aseptisé que ce qui existait sur le marché.” Ian Schrager
De Brooklyn la juive au Studio 54 Accompagné de Steve Rubell, le jeune homme se met en tête de se faire un nom dans le monde de la nuit. “À l’époque, il suffisait d’avoir des idées, du courage et beaucoup d’envie, raconte Schrager. Mon premier nightclub, Enchanted Garden, dans le Queens, je l’ai lancé avec 27 000 dollars, vous imaginez ça aujourd’hui ?” L’aventure fonctionnera au-delà des espérances. À l’heure où le disco emporte tout, le duo, bien inspiré, a déjà investi son légendaire Studio 54. Bientôt, le nightclub devient synonyme de fêtes endiablées, d’hédonisme effréné et d’excès en tous genres. Il deviendra, à lui seul, un monument de la pop culture. Andy Warhol, Liza Minnelli, Bianca et Mick Jagger, Elizabeth Taylor, Michael Jackson et David Bowie s’y croiseront régulièrement. Mais après le temps de la fête viendra celui de la chute. L’euphorie passée, Schrager est inquiété par la justice américaine pour les montagnes de cocaïne qui s’échangent sous son nez et pour l’évasion fiscale pratiquée, sans sourciller, par sa comptabilité. Au tournant des années 1980, le couperet tombe : Schrager et Rubell passeront une année en prison, au fin fond de l’Alabama. Un moment difficile. Mais passé maître dans l’art du rebond, voilà que le gamin de Brooklyn pense déjà à la suite. Il profite de son temps derrière les barreaux pour imaginer une spectaculaire reconversion. Révolutionner les codes C’est sur le secteur de l’hôtellerie, alors en pleine recomposition, qu’il va jeter son dévolu. La période est propice : dans Big Apple, un jeune businessman aux dents acérées, Donald Trump, construit le Grand Hyatt tandis que Harry Helmsley, magnat vieillissant de l’immobilier, s’attaque à d’autres palaces.
Tout cela, pourtant, ne convainc pas le duo Schrager-Rubell, bien décidé à jouer les outsiders. “De la même manière que le Studio 54 constituait un lieu où l’on voulait se retrouver, nous avons voulu créer un hôtel qui nous plaisait. Pas un hôtel pour satisfaire mes parents, un hôtel pour nous ! Il fallait imposer de nouveaux standards, faire voler en éclats les règles qui existaient jusqu’ici. L’idée était d’imaginer un lieu où l’on puisse se sentir comme à la maison. Quelque chose de beaucoup moins aseptisé que ce qui existait sur le marché.” Ainsi naît le concept du boutique-hôtel, largement inspiré du travail entrepris, à Paris, par les frères Costes qui réinventent au même moment l’univers de la brasserie. Au cœur des deux projets, on retrouve un même créateur : Philippe Starck. Son approche est “révolutionnaire, irrévérencieuse”. Elle rencontre l’appétit de Schrager, parce qu’elle conceptualise le pouvoir d’attraction de lobbies grandioses “pensés comme des lieux de vie” ainsi qu’un esprit qualifié de “cheap chic” par les observateurs. À New York, les Morgans, Royalton et Paramount connaîtront un succès indéniable. La “schragerisation” est en marche. Elle évoluera au gré de l’évolution du goût des consommateurs, vers plus de raffinement. Avec en point d’orgue une pièce maîtresse, l’hôtel Delano, à Miami, à l’atmosphère Art déco revisitée. Désormais, c’est en relation étroite avec la chaîne Marriott que Ian Schrager imagine le futur de l’hôtellerie. Et puisque les attentes du public ont bien changé, l’homme révolutionne une fois encore son approche. Au programme : architecture durable, bannissement du plastique, utilisation du bois et volonté de servir, à l’Ardor, le restaurant de l’hôtel, une cuisine flexitarienne directement inspirée des inclinaisons progressistes californiennes. Le résultat est bluffant. À 73 ans passés, Schrager est, plus que jamais, incandescent !
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Photo DR
L’entrée du restaurant Ardor de l’hôtel West Hollywood Edition.
1 TESTER
3 S’INITIER
Les bons bouillons détox
Aux master classes Happy Sport & Detox
d’Atelier Nubio
de Carra Sutherland
2 BULLER
4 ÉCOUTER
Au spa Buly de l’Hôtel Particulier Villeroy
Les précieux conseils capillaires de l’expert John Nollet
Photo Guen Fiore
BE WELL
BE WELL
1. Bon bouillon Photo Atelier Nubio
Savoureux, peu calorique et bienfaiteur : le Bone Broth d’Atelier Nubio s’impose comme l’allié idéal de nos détox.
Un bouillon qui fait autant de bien à notre système digestif qu’à notre peau ? C’est le pari réussi des Bone Broth d’Atelier Nubio, concentrés d’éclat frais et préparés à Paris. Disponibles en version protéinée (poulet, curcuma, gingembre, carottes) ou dans leur variante végan (grâce au duo malin de l’algue wakame et du
champignon shiitake), ces bouillons miracles multiplient les bienfaits : renforcement du système immunitaire, amélioration de la digestion, sans oublier des vertus antiinflammatoires bienvenues pour combattre les imperfections du teint. Véritables soins cutanés à boire, ils contiennent 11 grammes de collagène naturel pour une
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dose de 30 cl, et améliorent sensiblement la qualité de la peau. Armes fatales antiballonnements, ils se savourent seuls (pour détoxiner son corps après un dîner orgiaque, par exemple) ou en complément des repas habituels. Par Mélanie Mendelewitsch
2. Le luxe en sa demeure L’Hôtel Particulier Villeroy, nouvelle adresse des résidences The Collection, est le point de chute parisien le plus luxe du moment. Un luxe contemporain, sur mesure où beauté, bien-être, savoir-faire et design se marient pour une hospitalité ultime. Visite privée. Situé dans la très tranquille rue Jean-Goujon, en plein Triangle d’or, l’édifice qui date de 1908 propose une expérience globale. Le concept ? Un hôtel particulier imaginé comme une maison privée ultra haut de gamme, offrant à ses hôtes une intimité et un niveau de confort plus-plusplus. L’atout de ce lieu super confidentiel et sélect est qu’il ne possède “que” onze appartements, suites et chambres. L’aménagement permet aux hôtes d’occuper soit l’intégralité de l’hôtel, soit un étage entier, qui sera alors privatisé. Dépasser les attentes des résidents semble être le motto de ce nouvel endroit. Et pour cela, une brigade de butlers, sous la direction de Dorian Fournier, est là à tout moment, jour et nuit, dès votre arrivée. Chacun aura son majordome dédié le temps de son séjour. Comme des assistants personnels, ils semblent formés pour lire dans les pensées de chacun des hôtes. Pour la petite histoire, l’édifice a été construit au début du xxe siècle par l’architecte Ernest Rahir, à la demande de Maurice Villeroy – appartenant à l’une des familles fondatrices de la marque Villeroy & Boch. À sa mort en 1914, c’est son fils qui hérite du
lieu. Puis, en pleine guerre, le bâtiment est mis sous séquestre et est adjugé à une société immobilière. Il faut attendre 2016 pour que Wainbridge, société privée d’investissement, de développement et de gestion d’actifs immobiliers, rachète le bâtiment. Inscrit aux Monuments historiques depuis 2014, l’hôtel particulier fait alors l’objet de travaux de réhabilitation minutieux, car il faut préserver le caractère patrimonial du bien : façade en pierre de taille de style néoclassique, hall central, escalier principal, mais également décors intérieurs du salon et de la salle à manger du rez-de-chaussée, vestiges des aménagements intérieurs créés par Ernest Rahir. Ces deux salons sur cour, qui sont aujourd’hui le restaurant et le bar, ont conservé leur parfaite intégrité. Le restaurant Trente-Trois, réservé à la clientèle de l’hôtel, piloté par Sébastien Sanjou – chef étoilé du Relais des Moines, dans le Var – propose une carte de saison courte, gourmande et respectueuse du terroir. La vaisselle Jaune de Chrome, l’argenterie de chez Christofle et la cristallerie de Montbron et Zalto mettent en lumière un certain art de vivre à la française. Au bar Jean Goujon, tous les codes du club privé sont là. Feu de cheminée, lumière tamisée, moulures dorées à la feuille d’or sont twistés par des éléments de déco modernes comme les imposants luminaires en albâtre et cristal de roche de l’Atelier Alain Ellouz. On rejoint les étages en empruntant un escalier monumental doté d’une rampe en fer forgé décorée à la feuille d’or. Cinq mètres de hauteur sous plafond au
rez-de-chaussée, et jusqu’à trois mètres dans les suites du dernier étage… la lumière naturelle est la guest star du lieu. Les chambres, suites et appartements, déclinés dans les mêmes tons de gris et crème, sont conçus dans des matériaux nobles et meublés d’éléments design. Tout est choisi pour respecté les codes de l’élégance parisienne et du romantisme à la française apprécié dans le monde entier. Le marbre est un des matériaux les plus présents, notamment celui de Calacatta utilisé pour les cheminées des suites, toutes plus belles et originales. Le maître d’art français Pierre Bonnefille a réalisé des œuvres polychromes sur mesure pour l’hôtel, qui ornent les chambres, les parties communes et la salle de restaurant. Enfin, last but not least, le spa. On y retrouve la marque L’Officine Universelle Buly et ses huiles de plantes biologiques réalisées en exclusivité pour l’hôtel, pour une large gamme de soins dont quatre protocoles de soins visage, ainsi qu’un choix de massages : deep tissue, balinais, anti-jet lag… Ces soins à base d’huiles et de pierres précieuses et semi-précieuses abreuvent l’épiderme en nutriments essentiels et stimulent son éclat et sa vitalité. La salle de fitness de 45 m2 est équipée de machines Technogym, pour des séances de cardio ou de Pilates sur mesure 24h/24h. Sauna, hammam, jacuzzi et douche d’hydrothérapie complètent cet espace de détente, cocon wellness à l’écart des bruits de la ville. Ici tout est calme, luxe et volupté. Par Adrienne Ribes
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Photo The Collection/Hôtel Particulier Villeroy (suite Thimmonier)
BE WELL
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3. Pour vivre heureux…
me font énormément de bien. J’utilise les applis Calm ou Petit Bambou, et parfois je fais les 21 jours de Deepak Chopra que j’adore.
Irlandaise mais Parisienne depuis 25 ans, Carra Sutherland est une adepte du “positive thinking”. Cette Wonder Woman lance une série de master classes baptisées Happy Sport & Detox. L’occasion pour nous de décrypter cette nouvelle pratique qui mêle sport, médiation et écriture.
En quoi consistent ces master classes données à Paris ? C’est la première master class Happy Sport & Detox parisienne en partenariat avec La Salle de Sport with Reebok. C’est un rituel pour retrouver la pêche, se détendre, et un moyen d’installer de la positivité dans sa journée. Vous dites être inspirée du célèbre Miracle Morning de Hal Elrod… Oui, il est la source d’inspiration pour ce rituel, et l’ayant pratiqué de façon assidue je peux vous dire que les résultats sont spectaculaires en termes de
regain d’énergie et de gestion du stress. J’ai personnalisé le rituel, les master classes sont un mélange de plusieurs pratiques : psychologie positive, Do In, massage gua sha… Il s’agit de disciplines rassemblées sous forme de sessions ? Oui, il y a six Life Savers, des sauveteurs imaginés pour sauver votre journée, et peut-être votre vie quotidienne si la pratique est assidue. S – Silence A – Affirmation V – Visualisation E – Exercise R – Reading S – Scribing (écriture) Décrivez-nous une master class… Chaque master class est différente, mais à chaque fois on démarre par un temps d’accueil. Chacun se présente et explique ce qu’il vient chercher. La bande-son permet de lâcher prise ou de se dynamiser selon les moments du cours. Ensuite on passe aux Life Savers. Il est important que
les participants soient indulgents envers eux-mêmes, il ne s’agit pas d’une compétition. On démarre par une méditation guidée d’environs 15 minutes, puis on passe aux autres Savers. Il y a un temps d’échange à la fin de chaque cours permettant à chacun de s’exprimer. Vous promettez une déconnexion totale, est-ce vraiment possible aujourd’hui ? Ce cours à La Salle de Sport permet en tout cas une déconnexion totale pendant 90 minutes ! Nelson Mandela disait que lorsqu’il n’avait pas grand-chose à faire dans sa journée il méditait une heure, et quand il n’avait pas le temps de méditer, il méditait deux heures ! Je suis assez d’accord avec cette philosophie ! À quel moment méditez-vous, et où ? Je médite chaque matin dans mon salon pendant dix minutes depuis au moins trois ans, et parfois le soir avant de dormir. De nature angoissée et stressée, ces dix minutes de pleine conscience
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Et comment déconnecter ? Éteindre son portable ! Depuis quelques mois, lors des séjours, nous faisons une détox digitale de 24 h, c’est le moment que les participants redoutent le plus ! Pour ma part, j’essaye d’éteindre mon téléphone chaque soir vers 20 h. Parfois j’y arrive, parfois non. Mais pour déconnecter, il est vital de l’éteindre ! Avez-vous trouvé le chemin du bonheur ? Je crois que oui, ou presque ! Vivre de sa passion n’a pas de prix, et c’est mon cas ! Mon fils Max me comble de bonheur également. Récemment séparée, l’année 2019 a été plutôt mouvementée, mais je pense être sur la bonne voie, je possède toutes les clefs. Je prends soin de moi car je suis convaincue que si on ne prend pas soin de soi on ne peut pas prendre soin des autres. Le bonheur est assez subjectif, non ? Quel est son synonyme pour vous ? Hmm… je dirais harmonie ! Master classes les samedis 29 février et 21 mars 2020 à La Salle de Sport with Reebok à Paris. Propos recueillis par Adrienne Ribes
Photo Happy Sport & Detox
L’Officiel : Pourquoi Happy Sport & Detox ? Carra Sutherland : Je fais du sport depuis mon plus jeune âge. Cela m’a sauvée. C’était assez normal qu’après des années dans le milieu de la mode, en tant que mannequin au début puis comme attachée de presse, je revienne vers lui. Avec la création de Happy Sport & Detox, j’ai imaginé le type de séjour sportif et détox de mes rêves, celui qui allie activité physique, alimentation équilibrée, goûteuse et généreuse (car je déteste les régimes), bonne humeur, plaisir et séances de coaching.
Comment méditer dans notre monde moderne ? Au début c’est difficile, mais il faut se forcer un peu. Chaque nouvelle habitude est à installer pendant une période de 21 jours, les 21 premiers jours sont compliqués, ensuite cela devient une “habitude” nécessaire pour être bien.
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4. Comment prendre soin de ses cheveux à la montagne ?
Photo Marili Andre
Fils d’hôteliers, John Nollet a littéralement grandi à l’hôtel. C’est donc tout naturellement qu’il a posé ses ciseaux, il y a plus de 15 ans déjà, au sein du Hair Room Service du Cheval Blanc Courchevel. Rencontre au sommet. L’Officiel : En quoi notre routine capillaire doit-elle changer à la montagne ? John Nollet : Parce qu’il fait beaucoup plus froid, mais surtout parce que l’on porte des bonnets et des casques toute la journée, le cheveu n’a pas la même vie qu’en ville, bien qu’il échappe à la pollution. L’électricité statique n’aide pas non plus. Tout cela demande un soin quasi journalier. Que faire pour limiter les dégâts ? Si vous lavez vos cheveux tous les jours, vous pouvez vous permettre de ne faire qu’un seul shampoing. Sinon, toujours en faire deux pour assainir le cuir chevelu. En revanche, il faut éviter de faire mousser le shampoing. Et lors du brushing, se contenter de l’air le moins chaud possible pour éviter le choc thermique. Parlez-nous de votre nouveau soin Grand Froid développé spécialement pour le Cheval Blanc Courchevel… Il purifie et vivifie le cuir chevelu grâce à un masque à base d’argile et d’huiles hautement nutritives pour gainer, protéger et regonfler les cheveux. Quelle coiffure pour partir sur les pistes ? On laisse poser un masque toute
la journée que l’on maintient à l’aide d’un film plastique, et qu’on peut cacher sous un bonnet ou une chapka pendant qu’on skie. À la fin de la journée, on enlève le tout, et on a des cheveux extrêmement soyeux. Que vous demande-t-on le plus ici au Cheval Blanc Courchevel ? Des coiffures du soir. Les femmes sortent énormément ici, c’est aussi pour cela qu’on présente une collection d’accessoires très particulière fabriquée chez Lesage, quasiment exclusive à
Cheval Blanc, et en avance sur ce qui est disponible à Paris. Votre style à la montagne ? Je m’habille plus chic qu’à Paris. Un treillis kaki, une chemise blanche, un pull en cachemire et une veste cintrée. Et un smoking pour les grands soirs. Êtes-vous un bon skieur ? Non, je le fus, jusqu’à ce que j’aie un accident il y a une dizaine d’années sur un film de Chabrol avec Isabelle Huppert. Je me suis fait très mal, et je suis resté immobilisé un certain nombre de mois. Depuis, je m’y suis remis
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mais dans des conditions optimales, c’est-à-dire avec de la neige poudreuse, un grand soleil et un moniteur, voire deux ! Vos bonnes adresses à Courchevel ? J’avoue que je passe la plupart de mon temps au Cheval Blanc. Quand j’en sors, j’adore aller dîner au Chabichou. Plutôt fondue ou raclette ? Définitivement raclette. Par Karen Rouach
ADRESSES
MODE, JOAILLERIE & HORLOGERIE Acne Studios acnestudios.com Alessandra Rich alessandrarich.com Alexachung alexachung.com Armani armani.com Atelier Swarovski atelierswarovski.com Aquazzura aquazzura.com Audemars Piguet audemarspiguet.com Birkenstock birkenstock.com Bottega Veneta bottegaveneta.com Boucheron boucheron.com Bulgari bulgari.com Cartier cartier.fr Cécil cecil-cfl.com Celine celine.com Chanel chanel.com Chaumet chaumet.com Chloé chloe.com Chopard chopard.fr David Morris davidmarris.com De Beers debeers.fr Dior dior.com Dr. Martens drmartens.com Dsquared 2 dsquared2.com Fendi fendi.com Giuseppe Zanotti giuseppezanotti.com Graff graff.com Gucci gucci.com Hermès hermes.com Intimissimi intimissimi.com Jacquemus jacquemus.com Jaeger-LeCoultre jaeger-lecoultre.com Karry Gallery karry-gallery.com Kenzo kenzo.com La Redoute laredoute.fr Lanvin lanvin.com Levi’s levi.com Louis Vuitton louisvuitton.com Manolo Blahnik manoloblahnik.com Marc Jacobs marcjacobs.com Marine Serre marineserre.com Michael Kors michaelkors.fr Miu Miu miumiu.com
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Horoscope Mars 2020 Par CHRYSTèle deSSoY
BÉLIER (21 mars-20 avril) FORME : un peu sous tension, prenez soin de vous. AMOUR : Vénus vous donne envie d’ancrer votre relation dans la durée, ne vous laissez pas influencer négativement par votre entourage. VIE SOCIALE : vous allez travailler dans des sphères créatives, vos projets ne sont pas encore totalement définis mais un essor financier se dessine déjà pour vous. MON CONSEIL : sortez de l’ombre.
Photo DR
TAUREAU (21 avril-21 mai) FORME : en berne… prenez du temps pour vous. AMOUR : la période est propice à une rencontre qui devrait vous donner de l’assurance, vous pourriez même fasciner quelqu’un… VIE SOCIALE : vous avez un fort désir de bouger, il est temps de vous tourner vers des projets porteurs de réussite. MON CONSEIL : échangez davantage. GÉMEAUX (22 mai-21 juin) FORME : marche et vélo seront vos meilleurs atouts. AMOUR : vous traversez une période d’harmonie au sein de votre foyer. VIE SOCIALE : pour certaines, un loisir artistique pourrait devenir une véritable passion, à vous de vous adapter également aux nécessités du quotidien. MON CONSEIL : accommodezvous des nouvelles situations.
CANCER (22 juin-22 juillet) FORME : vous êtes tonique, continuez à faire du sport. AMOUR : vous prendrez des décisions pour améliorer votre bien-être : réaménagement ? déménagement ? VIE SOCIALE : sans vous lancer aveuglément, vous accomplirez un projet qui vous tient à cœur depuis longtemps. MON CONSEIL : saisissez votre chance.
BALANCE (24 septembre-23 octobre) FORME : les astres vous font rayonner. AMOUR : côté cœur, vous avez envie de légaliser vos amours ou de convoler, vous êtes sur la voie royale… VIE SOCIALE : vous obtenez satisfaction dans une affaire de succession ou un procès. Côté professionnel, une opportunité en or pourrait se profiler. MON CONSEIL : profitez de cette période bénie des dieux.
CAPRICORNE (22 décembre-20 janvier) FORME : ressourcez-vous en forêt ou à la campagne. AMOUR : vous avez envie de donner un nouveau souffle à votre relation. Pour les personnes en couple, il est temps d’officialiser votre amour. VIE SOCIALE : votre quotidien est bien chargé, pas beaucoup de place pour les loisirs en ce moment… MON CONSEIL : mettez du délice dans votre vie.
LION (23 juillet-23 août) FORME : votre ambition est au top, vous croquez le monde à pleines dents. AMOUR : une personne du passé risque de ressurgir mais vos liens se consolideront à travers certaines difficultés, ne baissez pas les bras. VIE SOCIALE : vous avez envie de réaliser de grands projets mais vous éprouvez aussi une certaine appréhension. MON CONSEIL : concentrez-vous sur le court terme.
SCORPION (24 octobre-22 novembre) FORME : épuisez-vous dans le sport, votre meilleur remède contre le blues. AMOUR : vous souhaitez enraciner votre couple dans un projet de vie ; ne serait-ce pas le moment de faire un enfant ? VIE SOCIALE : des vieux démons pourraient venir gâcher vos succès actuels, soyez sur vos gardes… MON CONSEIL : positivez !
VERSEAU (21 janvier-19 février) FORME : un ciel lumineux. AMOUR : vous pourriez avoir des nouvelles de quelqu’un que vous n’avez pas vu ou entendu depuis longtemps… VIE SOCIALE : on pourrait vous proposer une mission prestigieuse et généreuse à la fois, de quoi sortir des sentiers battus. MON CONSEIL : privilégiez l’autonomie et la liberté !
VIERGE (24 août-23 septembre) FORME : vos journées exigent de la discipline, optez pour un sport relaxant ou du yoga. AMOUR : nostalgie et vague à l’âme vous habitent en ce moment. Vous avez du mal à faire abstraction de vos déceptions et désillusions. VIE SOCIALE : recréez-vous un univers, songez à évincer les fantômes du passé et faites peau neuve. MON CONSEIL : soyez moins perfectionniste et exigeante.
SAGITTAIRE (23 novembre-21 décembre) FORME : votre tonus est en hausse, foncez ! AMOUR : vous aimeriez changer d’environnement ou de domicile, vous ancrer dans un cocon plus douillet. VIE SOCIALE : votre travail devrait exiger de plus en plus de déplacements et de voyages, votre nature aventurière s’en trouvera comblée. MON CONSEIL : laissez-vous pousser des ailes.
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POISSONS (20 février-20 mars) FORME : la détente vous est plus que nécessaire, alors gérez mieux votre temps libre. AMOUR : pour les âmes seules, il y aura de bonnes surprises. Si vous êtes en couple, vous vous sentirez davantage insatisfaite ou incomprise. VIE SOCIALE : des projets liés à la culture, l’édition ou l’écriture vous captivent, vous pourriez essayer de vivre de votre passion… MON CONSEIL : faites confiance à votre clairvoyance.
Dernières volontés 1
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4 1. Réinstaurer les dîners mondains en s’inspirant du passé grâce à ce nouveau beau livre édité chez Assouline. 2. Dormir au Drisco, l’hôtel le plus confidentiel de Tel Aviv, repaire de Madonna et Jean-Paul Gaultier. 3. Parfumer aussi son bureau grâce aux crayons Buly odoriférants et leur système de gouttes à appliquer sur la mine. 4. Prendre le temps de choisir
sa prochaine paire de souliers Louis Vuitton dans la nouvelle collection incarnée par Leandra Medine. 5. Porter au poignet ce sac Alaïa, idéal pour accueillir le printemps. 6. S’afficher aux Jardins du Presbourg, nouvelle table des frères Costes aux allures de jardin d’hiver, 3, avenue de la Grande-Armée à Paris. Par Karen Rouach
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Photos 2020 Assouline; Assaf Pinchuk; Officine Universelle Buly Paris; Louis Vuitton; Alaïa; Tristan Avrouet
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02 05 Avril Grand Palais 2020 www.artparis.com Un regard sur la scène française : histoires communes et peu communes
Étoiles du Sud :
une exploration de la péninsule ibérique
Art moderne + Contemporain
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Liste des galeries au 9/01/2020
Hossack Art Gallery (Londres) | Red Zone Arts (Francfort-sur-le-Main) | Galerie Richard (Paris/New York) | Galerie Véronique Rieffel