NO 1043 AVRIL 2020 WWW.LOFFICIEL.COM
ISSN 0030.0403
Keep smiling ! Devon Lee Carlson Stella McCartney, Giulia Foïs, Kate Fleming, Maison Cléo, Bernadette, Ssone, Coralie Marabelle, Lucille Thièvre, Collina Strada, Emma Brewin, Oskar Metsavaht, Carol Hilsum, Alix Morabito, Damien Pellé Devon Lee Carlwson en Fendi OF1043_COVER_Devon+Puma-DEF.indd 1
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NO 1043 AVRIL 2020 WWW.LOFFICIEL.COM
ISSN 0030.0403
Keep it green ! Puma Rose Buck Stella McCartney, Giulia Foïs, Kate Fleming, Maison Cléo, Bernadette, Ssone, Coralie Marabelle, Lucille Thièvre, Collina Strada, Emma Brewin, Oskar Metsavaht, Carol Hilsum, Alix Morabito, Damien Pellé Puma Rose Buck en Gucci OF1043_COVER_Devon+Puma-DEF.indd 2
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NO 1043 – AVRIL 2020
Édito page 20 Spoiler page 22 Anatomie d’un sac : Le Peekaboo de Fendi page 24 Exposition : Betty Catroux, Histoire d’une muse page 26 Livre : Peter Beard, On the wild side page 27
Style : Intimissimi, Éthique intime page 34 Style : Emporio Armani, Responsable page 35 Figure de style : le luxe éco-responsable selon Barbara Coignet page 36
PAGE 31
Rencontre avec Giulia Foïs page 38 Bijoux : Maillons forts page 40
Style : Stella McCartney, Système stellaire page 28
Horlogerie : Black power page 41
Style : Samsoe & Samsoe, Une philosophie propre page 30
Joaillerie : Boucheron, Le collier de tous les possibles page 42
Style : Acne Studios, Appel d’air page 31
Joaillerie : Cartier, La féline page 46
Musique : Louise Verneuil, Lumière noire page 32
© Acne Studios / © Cécilia Poupon
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NO 1043 – AVRIL 2020
MODE Puma Rose Buck page 50 Devon Lee Carlson page 70 Lua Beaulieu & NYDG page 80 Leandra Medine Cohen page 92
MAGAZINE Keep it clean : La mode responsable, maintenant ou jamais page 98
Keep it clean : Dream Assembly, la recherche selon Farfetch page 108 Keep it clean : Les belles plantes de la création page 110 Keep it clean : L’Oskar de la mode activiste page 118 Tendance : Politique d’austérité page 122 Lifestyle : A green mind page 128 PAGE 50
Keep it clean : Go for Good, objectif 2024 page 100 Keep it clean : La mode grandeur nature avec Pangaia page 104
BE WELL The place to be : J.K.Place page 133 Ma Thérapie, nouvelle ère page 134
© Lauren Maccabee / Puma Rose Buck / © Dennis Tejero / Lua Beaulieu
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N° 1043 – AVRIL 2020
Directrice de la publication et de la rédaction Marie-José Susskind-Jalou Rédactrice en chef mode Vanessa Bellugeon
Directeur de création Jean-Marie Delbès
Rédactrice en chef magazine Adrienne Ribes
MODE
DÉPARTEMENT ARTISTIQUE
MAGAZINE
CONTRIBUTEURS
Market editor Laure Ambroise l.ambroise@jaloumediagroup.com Responsable shopping Samia Kisri s.kisri@jaloumediagroup.com Tél. 01 53 01 10 30
Consultante à la création Jennifer Eymère Graphistes Hortense Proust Louis Ziéglé Iconographe Irène Karabayinga
Rédactrice en chef adjointe Léa Trichter-Pariente lea@jaloumediagroup.com Editor-at-large Delphine Valloire d.valloire@jaloumediagroup.com
Rédacteurs Virginie Beaulieu Mathilde Berthier Pauline Borgogno Silvia Frau Anne Gaffié Sophie Rosemont
SECRÉTARIAT DE RÉDACTION JOAILLERIE/HORLOGERIE
PRODUCTION
Emily Minchella emilyminchella@gmail.com Hervé Dewintre hervedewintre@hotmail.com
Joshua Glasgow j.glasgow@jaloumediagroup.com
Photographes Lauren Maccabee Julia Mayorova Cécilia Poupon Dennis Tejero Fiona Torre
Secrétaire générale de la rédaction Jeanne Propeck j.propeck@jaloumediagroup.com Secrétaire de rédaction Françoise Emsalem
CASTING BEAUTÉ Mélanie Mendelewitsch melanie.mendelewitsch@gmail.com Rédactrice parfum Antigone Schilling aantigone3@aol.com
Traductrice Hélène Guillion CORRESPONDANTS
Jennifer Eymère j.eymere@jaloumediagroup.com Joshua Glasgow j.glasgow@jaloumediagroup.com
Editor-at-large Los Angeles Erica Pelosini Correspondante Rome Allegra Forneris Correspondant New York Jean-Claude Huon
LOFFICIEL.COM Rédactrice en chef Karen Rouach k.rouach@jaloumediagroup.com Community manager Caroline Mas c.mas@jaloumediagroup.com
LES PUBLICATIONS DES ÉDITIONS JALOU L’Officiel de la Mode, L’Officiel Hommes, Jalouse, La Revue des Montres, L’Officiel Voyage, L’Officiel Fashion Week, L’Officiel Art, L’Officiel Chirurgie Esthétique, L’Officiel Allemagne, L’Officiel Hommes Allemagne, L’Officiel Argentine, L’Officiel Autriche, L’Officiel Belgique, L’Officiel Art Belgique, L’Officiel Brésil, L’Officiel Hommes Brésil, L’Officiel Chine, L’Officiel Hommes Chine, Jalouse Chine, L’Officiel Corée, L’Officiel Hommes Corée, La Revue des Montres Corée, L’Officiel Inde, L’Officiel Indonésie, L’Officiel Italie, L’Officiel Hommes Italie, L’Officiel Kazakhstan, L’Officiel Hommes Kazakhstan, L’Officiel Lettonie, L’Officiel Liban, L’Officiel Hommes Liban, L’Officiel Lituanie, L’Officiel Malaisie, L’Officiel Maroc, L’Officiel Hommes Maroc, L’Officiel Mexique, L’Officiel Moyen-Orient, L’Officiel Hommes Moyen-Orient, L’Officiel Art Moyen-Orient, L’Officiel Pays-Bas, L’Officiel Hommes Pays-Bas, L’Officiel Pologne, L’Officiel Hommes Pologne, L’Officiel Russie, L’Officiel Singapour, L’Officiel Hommes Singapour, L’Officiel St Barth, L’Officiel Suisse, L’Officiel Hommes Suisse, L’Officiel Thaïlande, L’Officiel Hommes Thaïlande, L’Officiel Turquie, L’Officiel Hommes Turquie, L’Officiel Ukraine, L’Officiel Hommes Ukraine, L’Officiel USA, L’Officiel Hommes USA, L’Officiel Vietnam Lofficiel.com
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RCS Paris B 340 429 653 - photographie retouchée -
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DIRECTION Global Co-Chairmen and Members of executive and administrative boards Marie-José Susskind-Jalou Maxime Jalou Global Chief Executive Officer, Director of Executive and Administrative Boards Benjamin Eymère Global Deputy Chief Executive Officer, Member of Executive and Administrative Boards Maria Cecilia Andretta Global Chief Creative Officer Stefano Tonchi Global Artistic and Casting Director Jennifer Eymère Global Editorial Committee Giampietro Baudo, Jennifer Eymère, Stefano Tonchi Executive Assistants Céline Donker Van Heel c.donkervanheel@editionsjalou. com Giulia Bettinelli g.bettinelli@lofficielitalia.com INTERNATIONAL ET MARKETING Management international et marketing Flavia Benda f.benda@jaloumediagroup.com Global Head of Digital Product Giuseppe De Martino Global Digital Project Manager Babila Cremascoli Global Media & Marketing Strategist Louis du Sartel Global Head of Content and Event Experience L’Officiel Allegra Benini Global Editorial Content and Archives Giulia Bettinelli
ADVERTISING Global Chief Revenue Officer Erica Bartman Chief Revenue Officer France and Switzerland Jean-Philippe Amos Media Director Italian Market Carlotta Tomasoni Global Digital Ad Ops and Media Planning Ilaria Previtali
Responsable comptable & fabrication Éric Bessenian e.bessenian@jaloumediagroup.com Diffusion Lahcene Mezouar l.mezouar@jaloumediagroup.com Trésorerie Nadia Haouas n.haouas@jaloumediagroup.com PRODUCTION Directeur de la production Joshua Glasgow j.glasgow@jaloumediagroup.com
PUBLICITÉ Directeur commercial France Jean-Philippe Amos jp.amos@jaloumediagroup.com Directrice commerciale L’Officiel Anne-Marie Disegni a.mdisegni@jaloumediagroup.com Directeurs de publicité Christelle Mention (joaillerie, beauté) c.mention@jaloumediagroup.com Marina de Diesbach (horlogerie) m.diesbach@jaloumediagroup.com Stéphane Moussin (opérations spéciales) s.moussin@jaloumediagroup.com Directrice commerciale - marché italien Carlotta Tomasoni c.tomasoni@jaloumediagroup.com Régie externe Mediaobs Sandrine Kirchthaler skirchthaler@mediaobs.com Traffic manager Adama Tounkara a.tounkara@jaloumediagroup.com
DIFFUSION Jean-François Charlier jf.charlier@jaloumediagroup.com RÉDACTION Éditeur délégué Membre du board exécutif Emmanuel Rubin e.rubin@jaloumediagroup.com International editorial et archive manager Nathalie Ifrah n.ifrah@jaloumediagroup.com Assistant marketing Antoine Diot a.diot@jaloumediagroup.com Project Manager Sarah Hissine s.hissine@jaloumediagroup.com Ventes directes diffusion Samia Kisri s.kisri@jaloumediagroup.com
ADMINISTRATION ET FINANCES Tél. 01 53 01 10 30 Fax 01 53 01 10 40 Directeur administratif et financier Membre du board administratif Thierry Leroy t.leroy@jaloumediagroup.com Secrétaire général Membre du board administratif Frédéric Lesiourd f.lesiourd@jaloumediagroup.com Directrice des ressources humaines Émilia Étienne e.etienne@jaloumediagroup.com
ABONNEMENTS CRM ART CRM ART - Editions Jalou CS 15245 - 31152 FENOUILLET CEDEX FRANCE Tél. +335 61 74 77 73 abonnement.editionsjalou@crmart.fr
International Export Press Carine Nevejans Tél. +331 49 28 73 28 FABRICATION Impression, suivi de fabrication et papier par Valpaco, 3, rue du Pont-des-Halles, 94150 Rungis Imprimé sur des papiers produits en Italie et Finlande à partir de 0 % de fibres recyclées, certifiés 100 % PEFC Eutrophisation : papiers intérieurs Ptot 0,006 kg/tonne et Ptot 0,003 kg/tonne ; papier couverture Ptot 0,006 kg/tonne PHOTOGRAVURE Cymagina DISTRIBUTION MLP ÉDITÉ PAR LES ÉDITIONS JALOU SARL au capital de 606 000 € représentée par Marie-José Susskind-Jalou et Maxime Jalou, co-gérants, filiale à 100 % de la société L’Officiel Inc. S.A.S. Siret 331 532 176 00095 Siège social : 128, quai de Jemmapes, 75010 Paris Tél. 01 53 01 10 30 – Fax 01 53 01 10 40 Dépôt légal avril 2020 N° de commission paritaire 0323 K 80434 ISSN 0030.0403 Printed in EU/Imprimé en UE FONDATEURS Georges, Laurent et Ully Jalou (†) DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Marie-José Susskind-Jalou
VENTE AU NUMÉRO France V.I.P. Laurent Bouderlique Tél. 01 42 36 87 78 18
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« Notre tâche doit être de nous libérer nous-mêmes en étendant notre cercle de compassion pour embrasser toutes créatures vivantes et la nature entière dans sa beauté. »
Albert Einstein OF1043_EDITO.indd 1
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21 rue de l’Odéon, Paris 6 17 rue des Blancs-Manteaux, Paris 4 51 rue de la Ferté, Saint-Valery-sur-Somme www.inouitoosh.com
SPOILER
Lua Beaulieu Elle est l’une de ces jeunes filles qui s’imposent chaque jour davantage sur la scène culturelle comme sur celle de la mode. À la fois artiste et mannequin, la New-Yorkaise séduit le monde avec ses beaux yeux bleus. Mais attention, car sous son air candide, la it-girl n’a rien d’une naïve. (p. 60)
Devon Lee Carlson À tout juste 25 ans, elle est déjà une selfmade woman accomplie. Entrepreneure, influenceuse, YouTubeuse, mannequin… la Californienne ne doit son succès qu’à sa seule détermination. Un parcours inouï pour une jeune femme aux prémices de son existence. (p. 50)
Fille de Sibyl Buck, Puma Rose a tout de la fougue d’antan de sa mère. Pleine de vie, elle étonne avec sa chevelure rouge flamboyante. Talentueuse, elle irradie sur les podiums. Inspirante, elle magnétise une nouvelle génération. (p. 78)
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Puma Rose Buck
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ANATOMIE D’UN SAC
Le Peekaboo de Fendi Avec ce modèle culte, Fendi continue d’ensorceler les esprits. Focus sur la version printemps-été 2020.
la collection printemps-été 2009, le Peekaboo ne cesse d’être réinventé, saison après saison. Il devient même modèle masculin dans une version ultrasophistiquée (automne-hiver 2014-15), ou encore micro-bag (automne-hiver 2018-19). Richesse des détails, contraste des matières et des couleurs et double fermeture iconique sont les atouts de ce it-bag. Pour la collection printemps-été 2020, il célèbre les seventies avec une version en velours fleuri, une autre en raphia tressé et
Une histoire sans fin Imaginé la première fois pour
plusieurs déclinaisons de cuirs (tressé, imprimé ou rebrodé de sequins). A-list Depuis ses débuts, le Peekaboo est au bras des plus belles stars, que ce soit Angelina Jolie pour une conférence internationale, Zendaya pour une première ou Adèle Exarchopoulos au quotidien. Par Laure Ambroise Photographie Cécilia Poupon
Sac Fendi - © Cécilia Poupon
Action-réaction De cette affection particulière pour la pièce unique et l’originalité, Silvia Venturini Fendi marque un retour au classicisme avec le modèle Peekaboo. Avec lui, “la simplicité est la nouvelle excentricité”, aime à raconter la créatrice. Le Peekaboo étant aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur, on se prend à marcher avec le sac grand ouvert, du jamais-vu !
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25— 28 June 2020 Tour & Taxis
25-28 06.2020 Main partner
by EASYFAIRS
Contemporary Art Fair
EXPOSITION
Histoire d’une muse La nouvelle exposition du musée Yves Saint Laurent célèbre le style androgyne de Betty Catroux, icône de la maison, à travers les pièces uniques de son vestiaire sélectionnées par Anthony Vaccarello.
Betty Catroux photographiée par Steven Meisel pour Vogue en 1993.
un véritable objet de fascination. L’exposition retrace également toute l’histoire du style Saint Laurent à travers la saharienne, le tailleur-pantalon ou le smoking, et témoigne de l’appropriation du vestiaire masculin et son adaptation au corps féminin. En 1978, Yves Saint Laurent disait : “Ce que j’essaie de faire, c’est un type parfait – un type parfait de vêtements, même si c’est une simple blouse ou une paire de pantalons, et
de cette maison, on en comprend l’ampleur quand on rencontre Betty”, raconte le créateur. Cette rétrospective montre à quel point Betty Catroux incarne pour Yves Saint Laurent un idéal physique et un style radical que le couturier est en train de définir lorsqu’ils se rencontrent au New Jimmy’s en 1967. Il a un véritable coup de foudre pour cette silhouette androgyne qui casse les codes de la féminité, et qui reste encore aujourd’hui
d’encourager les femmes à construire autour d’eux. De saison en saison, je varie toujours mon style autour des mêmes prototypes de base, de façon qu’une femme n’ait pas besoin de changer sa garde-robe constamment.” Exposition “Féminin singulier” jusqu’au 11 octobre au musée Yves Saint Laurent, 5, avenue Marceau, Paris 16e. Par Laure Ambroise
© Steven Meisel
Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, a porté son regard sur le vestiaire du “double féminin” de Monsieur Yves Saint Laurent, Betty Catroux, et a sélectionné une cinquantaine de pièces issues de la donation de l’icône à la fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent. “Elle est Saint Laurent comme elle respire. Son allure, son mystère, son côté subversif, un danger insaisissable, désirable, presque palpable, tout ce qui fait l’aura
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LIVRE
On the wild side
© courtesy Taschen
Entre Afrique et Occident, photographies, écriture et collages, paraît aujourd’hui une belle somme du travail hautement esthétique du photographe américain Peter Beard, aussi dandy que nomade.
770 pages de couleurs, de noir et de blanc, de paysages arides ou de jungle luxuriante, d’animaux sauvages et de guerriers massaïs, de rockeurs et de jolies femmes, le tout accompagné de coupures de presse, de notes et d’images de mode. À la fois livre de photos, œuvre d’art et carnet de bord, cette superbe monographie était devenue introuvable après un premier tirage en 2006, très vite épuisé. Le mal est aujourd’hui réparé avec cette réédition en grand format d’un ouvrage fort en caractère, où l’on découvre le quotidien de Peter Beard, des États-Unis au Kenya. Dans les années 60, le photographe américain a pu
acquérir une ferme en face des monts Ngong, sur les bons conseils de Karen Blixen, célèbre auteure d’Out of Africa. De son Hog Ranch, il observe les changements subis par le pays, tant du point de vue politique que démographique : la population passe de 5,5 à 30 millions d’habitants. “On goudronne le Pléistocène et c’est la fin de la faune. Le mercantilisme engloutit le cannibalisme ; les lances et les flèches ont cédé la place aux mitraillettes AK-47”, écrit Peter Beard dans sa préface. Mais la splendeur de la nature règne, malgré tout. Dans ces pages, on admire non seulement les beautés locales ou les top modèles que
le photographe fait venir des États-Unis, mais aussi des singes, des girafes, des lions et, bien sûr, des éléphants, qu’il adore. Ce sens de l’esthétisme, Peter Beard le cultive depuis toujours. Enfant, il rêvait d’aventures et collait sur les pages de son journal intime des morceaux d’écorces, des papillons, des plumes d’oiseaux, du crin de cheval… Durant ses études en histoire de l’art à Yale, il fait ses débuts de photographe dans la mode, et côtoie la bourgeoisie comme le gratin arty. Parmi ses amis, Andy Warhol, qui dit de lui qu’il est un “Tarzan moderne”, Salvador Dali, Truman Capote ou les Rolling Stones – qu’il suivra même en
tournée. À son actif, trois épouses et, parmi ses maîtresses, la sœur de Jackie Kennedy, la troublante Lee Radziwill. Mais l’Afrique reste l’une de ses plus grandes passions. Si ses pérégrinations des sixties sont désormais bien loin pour lui qui coule des jours tranquilles à Montauk, sa vision du Kenya brille toujours par son avant-gardisme écologique, sa justesse et sa poésie. En témoigne ce livre-objet, racontant une nature dont la beauté est d’autant plus poignante qu’elle n’a jamais été aussi fragile. Peter Beard, éditions Taschen. Par Sophie Rosemont
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STYLE
Système stellaire
Depuis sa création en 2001, la marque éponyme de la créatrice anglaise Stella McCartney persiste et signe avec son engagement en faveur d’une mode toujours plus durable. Elle explore ainsi constamment des moyens innovants pour y parvenir dans tous domaines confondus, de la conception à la fabrication. En plus de ne pas utiliser de cuir, de fourrure ou de plumes dans ses produits pour des raisons éthiques et environnementales, cette végétarienne convaincue a établi une norme pour l’utilisation de matériaux alternatifs comme le bio-acétate (provenant de fibres de pâte de bois) utilisé dans la fabrication de ses lunettes, ou l’Eco Alter Nappa fabriqué avec un support en polyester recyclé provenant de déchets plastiques dans l’utilisation de certains de ses sacs. Dans ce même souci de transparence, la créatrice a donc décidé de lever le voile sur ses coulisses de production en les utilisant comme décor du second volet de sa campagne publicitaire printemps-été shootée sur la militante topmodèle et amie de la maison Amber Valletta et le mannequin
Achenrin Madit. C’est donc chez son partenaire de la première heure, Brunello, qu’elle a décidé d’immortaliser cette collection, la plus durable de la marque à ce jour, réalisée à partir de matériaux comme le polyester recyclé, la viscose, le coton biologique ou la laine responsable et traçable. Située à Varèse en Italie, cette usine garantit la qualité de ses produits en choisissant des matériaux durables comme les fibres végétales en plus de la viscose FSC et du coton biologique certifié GOTS et en entretenant ses bâtiments de production et machines afin de minimiser le gaspillage d’énergie dans le but de réduire les émissions polluantes. Dans ces conditions, la designer Stella McCartney met l’accent sur une confection soignée, une confiance et une attitude qui témoignent de l’engagement de son entreprise, éthique et moderne, estimant qu’elle est responsable des ressources qu’elle utilise et de l’impact qu’elle a sur l’environnement. Par Laure Ambroise
© Stella McCartney
Militante de la première heure pour une mode toujours plus durable et plus éthique, la créatrice anglaise Stella McCartney nous dévoile les coulisses du second volet de sa campagne publicitaire.
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STYLE
Une philosophie propre
Ce porte-parole de la mode scandinave et de la slow fashion ne cesse de nous séduire avec sa philosophie responsable qui vise à moins ou mieux consommer. La marque a en effet instauré un code de conduite éthique en cinq points – les droits humains, le travail des enfants, la corruption, la protection des animaux et la protection de l’environnement – soumis à l’ensemble de la chaîne de production. Et c’est avec ce même état d’esprit qu’elle lance sa ligne
naturellement oxydés, de fermetures sans nickel, de fils en polyester recyclé et de patches en papier Jacron (imitant le cuir). Pour le délavage, la marque a adopté l’utilisation de lasers au lieu de produits chimiques. Enfin, pour chaque pièce vendue, un euro sera reversé à l’organisation caritative à but non lucratif Water qui fournit de l’eau potable aux communautés les plus pauvres du monde.
Conscious Denim, une collection de jeans entièrement fabriqués à partir de matières et d’ornements durables, au moyen d’une technologie de pointe réduisant au maximum l’utilisation de l’eau pendant le processus de blanchissage. Cette initiative s’inscrit dans le programme Blue Relief, visant à réduire l’impact de Samsøe & Samsøe sur l’environnement en achetant des tissus durables avec du coton éco-responsable, biologique ou entièrement recyclé, de bords en goujons
Par Laure Ambroise
© Samsøe Samsøe
La marque danoise Samsøe & Samsøe lance une collection engagée dans le cadre de son programme Blue Belief Denim qui prône la durabilité.
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STYLE
Appels d’air Pour sa collection printemps-été, Acne Studios s’inspire des peintures de l’artiste et dramaturge suédois August Strindberg reconnu comme l’un des pionniers de l’expressionnisme européen moderne. Une jolie façon de convier la nature sous forme d’imprimés.
“J’aime les paysages tourmentés peints par August Strindberg pendant ses périodes de panne d’inspiration littéraire. C’est comme si la nature était une réponse pour lui (…) Ses peintures se sont immiscées dans notre dernière collection, à la façon d’imprimés”, raconte Jonny Johansson, le directeur créatif d’Acne Studios. La collection de la marque suédoise reprend donc quatre toiles du peintre du xixe siècle, Underlandet (Le Pays des merveilles), Svartsjukans Natt (La Nuit de la jalousie), Den Ensamma Giftsvampen (Le Champignon solitaire) et Staden (La Ville) sous forme d’imprimés. Une façon d’inviter la nature dans notre mode de vie urbain. Blazers oversized, chemise en organza, jupe longueur cheville ou long trench en taffetas, entre autres, seront les pièces phares de cette collection fabriquée à partir de lin froissé et photographiée par Johnny Dufort.
© Acne Studios
Par Laure Ambroise
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Louise Verneuil - © Emma Picq OF1043_ENTREE_MusiqueLouiseV2p.indd 1
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MUSIQUE
Lumière noire À tout juste 30 ans, la chanteuse française Louise Verneuil impose son caractère sur son premier album. Ambivalent, comme elle.
C’est ce qui s’entend dans ce Lumière noire féminin et affirmé. Elle a fait appel à Samy Osta, un des producteurs les plus en vue puisqu’il a travaillé avec La Femme, Juniore ou Feu! Chatterton. Il a compris qu’il fallait habiller le vibrato de Louise d’une orchestration organique. Entre anglais et français, la chanteuse est à l’aise, variant les registres, puisant dans le rock bohème 70s comme la pop 60s. Les influences font partie de la vie de Louise, qui a choisi Verneuil comme nom de scène en hommage à la rue où vivait Serge Gainsbourg. Là aussi sa famille a joué dans son éducation musicale : “Un papa guitariste fan d’artistes anglosaxons comme les Beatles, Supertramp, The Kinks, David Bowie, et une maman amoureuse de la chanson française, Barbara, Françoise Hardy ou Jean Ferrat. J’ai grandi avec des univers riches
“J’ai griffé, j’ai filé le haut de mes bas, j’ai mordu ton dos nu”… De la sensualité, il y en a à revendre dans le premier album, Lumière noire, de Louise Verneuil. Et aussi une bonne dose de guitare électrique et de mélodies vintage, servies par son grain rugueux. Cela fait quelques saisons déjà qu’elle faisait le buzz avec des singles, tel Nicotine. Et aussi parce qu’on l’a vue main dans la main avec son boyfriend Alex Turner, le leader des Arctic Monkeys. Aux groupies habituelles, le petit génie du rock anglais a succombé à l’élégance de Louise qui, si elle peut être muse, ne fait pas moins preuve de caractère, origines méditerranéennes obligent… “Je viens d’une famille pied-noir corse, explique-t-elle. Donc chaque dîner, se terminait à la guitare. Là, j’ai compris l’expression des sentiments.”
et différents qui définissent ma musique et ce que je cherche quand j’écris et compose : une certaine vérité…” Pas de voile hormis sur sa voix, peu de tabous, de Désert à À Mort Amant en passant par Fugitif : “Ce premier album, je le présente comme une expérimentation autour de chansons que j’ai gardées au fil des ans, qui ont vieilli avec moi. Différentes les unes des autres… Des années 1960 au début, aux années 2010 à la fin. Lumière noire résume aussi les huit années de ma vie à Paris. Je voulais prendre le temps d’écrire mes déceptions, mes espoirs et ne ressembler à personne.” Mission accomplie. Album Lumière noire, de Louise Verneuil, Universal. Par Sophie Rosemont
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STYLE
Éthique intime Intimissimi fait de nouveau appel au top-modèle Irina Shayk pour incarner sa première collection écoresponsable.
© Intimissimi
Égérie historique de la marque de lingerie, qui l’a découverte en Russie il y a plus de dix ans, Irina Shayk a d’abord commencé à travailler en tant que mannequin avant de devenir égérie pour le catalogue iconique The Perfect Bra Book, puis pour la campagne Real Women en 2017, et l’année dernière pour la nouvelle collection soie. Elle continue cette année avec la Green Collection, première ligne écoresponsable de la marque qui vient célébrer le 10e anniversaire du projet Recycle, dont l’objectif est de récupérer en boutique des pièces de lingerie usagées afin de les recycler. Cette capsule s’adresse à celles qui veulent porter des sous-vêtements et vêtements respectueux de l’environnement sans se priver de la qualité des tissus dont la composition et l’origine sont parfaitement connues. Ainsi, chaque pièce est fabriquée à partir de matières à faible impact environnemental, certifiées par les fournisseurs, comme cette dentelle en fil recyclé Q-nova by Fulgar® ou cette soie certifiée Bluesign®. Cette première collection comprend deux séries de lingerie avec la Garden Fairy et la Rare Beauty, le tout complété par une sélection de vêtements de nuit et une collection de tricots. Intimissimi continue de faire du bien avec du beau. Par Laure Ambroise
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STYLE
Responsable
© Armani
En lançant Emporio Armani Icon, la marque italienne s’inscrit dans une approche durable avec des pièces intemporelles.
Créée en 1981 pour toucher un public plus jeune, Emporio Armani, la deuxième ligne du groupe Giorgio Armani, a, depuis ses débuts, affirmé sa propre identité de “hub” transversal mode et accessoires. À la façon d’un électron libre, la marque italienne n’a donc jamais cessé de proposer des alternatives aux diktats de la mode avec des silhouettes urbano-sportswear en
phase avec la réalité du quotidien. Comme le dit le créateur : “J’ai toujours été enclin à produire des pièces intemporelles, en dehors des tendances. Il est également intéressant d’observer comment certaines silhouettes peuvent être réinventées et évoluer au fil du temps.” C’est pourquoi, cette saison, le créateur a décidé de revisiter avec un esprit contemporain ses pièces
iconiques aussi bien en terme de volumes que de matériaux sous le nom d’Emporio Armani Icon. Dans ce vestiaire aussi beau que pratique, on affectionne tout particulièrement les costumes avec de longues vestes croisées, mais aussi les pulls logo et les pantalons fluides, le tout dans une palette de noir et de gris-bleu, sans oublier les blousons et les pantalons à fléchettes qui se portent avec les bretelles signatures. Repenser ce vestiaire est pour Giorgio Armani la plus belle des façons de s’inscrire dans la durabilité. “Adopter une approche plus eco-consciente de la création mode, avec des produits conçus pour durer, contribue à favoriser une attitude responsable. Porter des vêtements plus longtemps est un vrai moyen de préserver l’environnement, et cela ne peut être fait qu’avec l’utilisation de standards de qualité, qui ne se démodent pas rapidement.” Par Laure Ambroise
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Bouger les lignes, revoir les mentalités, telle est devenue un jour l’urgence pour cette fille diplômée de l’EFAP, qui avait toujours eu pour objectif de travailler dans le “merveilleux”, le “beau”, “l’exceptionnel”, “l’éphémère”. Pour pouvoir continuer à “créer des moments d’exception, sublimer le travail de créatifs, défendre les artisans et les artistes”, ceux qu’elle qualifie comme “en dehors des cases”, elle a revu sa structure, et s’est lancée en solitaire. Avec 1.618 elle intègre le luxe, la beauté et l’écologie à son nouvel axe de réflexion. Les débuts sont difficiles, les clients sont réticents. Elle fonce, ne lâche rien. Celle pour qui la nature est capitale s’impose comme une des actrices phares de la nouvelle scène du “luxe sustainable”. Son agence fédère un réseau international de marques, d’entrepreneurs, de visionnaires et de créatifs qui proposent donc un luxe plus éthique, en phase avec le temps, tous allant dans le même sens : trouver des solutions et interagir pour construire un monde harmonieux, innovant et responsable. Au travers d’évènements uniques 1.618 met en lumière toutes ces entreprises pionnières. En juin prochain, en clôture de la semaine européenne du développement durable, aura lieu au Carreau du Temple à Paris, la sixième édition de la Biennale 1.618, évènement phare de l’agence, véritable plate-forme d’influence et d’inspirations. L’occasion de rencontrer Barbara Coignet, cette fille chic pour qui nature, beauté et art forment une trilogie vitale.
Une certaine idée du luxe responsable Il y a douze ans, Barbara Coignet, à la tête du bureau de presse BMCS, a eu une sacrée intuition. À l’écoute des indices que l’époque lui envoyait, elle a fait un pas de côté et s’est lancée en solo dans la création de 1.618, une agence qui fédère un réseau de marques et d’acteurs eco-responsables et qui réunit aujourd’hui les plus grands noms lors de sa Biennale. Rencontre.
L’Officiel. Quand est née cette idée de lier le luxe et le développement durable? Barbara Coignet : En 2007. J’ai
eu envie de concilier le luxe et la protection de l’environnement. Je me suis dis “Et si notre monde pouvait se développer en préservant sa beauté initiale, et non en puisant sans cesse dans ses ressources…” J’avais l’intuition forte que quelque chose se passait autour du luxe. Sa définition est une chose, sa perception au xxie siècle en est une autre. Il fallait trouver la bonne idée pour convaincre un écosystème de créatifs exigeants et réfractaires au sujet de consommer autrement. Pour cela je devais identifier des entreprises et des produits à la hauteur de leurs exigences et de leur critères de “désirabilité”. Le challenge : trouver des alternatives créatives, innovantes, belles, tendance, qualitatives et responsables. 1.618 est née. 1.618, ça veut dire quoi? 1.618 définit la proportion divine, la clé de la beauté et de l’harmonie universelle. Elle est omniprésente dans le monde animal, végétal et minéral. Une définition en symbiose avec ce que nous souhaitons accomplir. Vous parlez sans cesse du Beau, quel sens a-t-il dans votre réflexion? À titre personnel, je travaille, me questionne et réfléchis constamment à cette question depuis des années et je ne sais toujours pas très bien y répondre. En revanche, dans notre projet 1.618, il s’agit du point d’émotions positives suscitées par des lignes, un style, une harmonie, une histoire, des hommes. Et que veut dire “luxe”? L’exceptionnel, les valeurs telles que l’appréciation de la rareté, le respect, l’émotion, la notion de temps, de patrimoine, de qualité. Le respect des richesses naturelles et des droits de l’homme. La préservation des savoir-faire, la recherche et
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l’innovation. Comment ont réagi les marques à ce moment-là? Les “native brands” étaient extrêmement excitées, les marques historiques du luxe, moins. Elles ne se sentaient pas très concernées même si certains groupes avaient déjà entamé une démarche en interne. C’était il y a douze ans, le monde ne réfléchissait pas encore dans cette optique? Nous avons été surpris de constater que la réflexion était déjà engagée dans certains secteurs (spiritueux, cosmétiques, hôtellerie) mais pas ou très peu dans d’autres (mode, accessoires, joaillerie). Et peu étaient prêts à se présenter au public et aux médias en tant que marque responsable. Est-ce que cela a été facile de convaincre vos clients? Non, vraiment pas. L’intérêt et la curiosité étaient extrêmement vifs mais la crainte et la nouveauté d’un tel engagement, sans aucune base concrète, étaient beaucoup plus puissantes. Nous avons en revanche facilement trouvé des soutiens auprès de différents partenaires comme les médias, les grandes écoles, certaines ONG, des sociétés de services… Et pourquoi cette Biennale 1.618? Pour montrer que ce monde de la création responsable est réel, possible et que ce n’est pas une tendance ou un projet. Pour sublimer et mettre en lumière les créatifs et entrepreneurs responsables. Pour les mettre en relation des entreprises engagées, créer des synergies qui accélèrent le progrès. Pour offrir des alternatives concrètes, responsables et désirables aux consommateurs en quête de sens et de valeurs. Pour démontrer que le nouveau luxe
que la pression des consommateurs est prégnante. Tout pousse à croire que la nouvelle génération ne consommera plus de marques qui ne sont pas respectueuses de l‘homme et de l’environnement. Le luxe a plus que n’importe quelle autre industrie la possibilité et le devoir de participer à la transition. Premièrement, parce qu’il a les marges nécessaires qui lui permette de choisir de nouvelles alternatives, et deuxièmement parce que sa visibilité est si grande et si désirable qu’il se doit, pour continuer de susciter le désir, de se montrer à la pointe des sujets qui animent aujourd’hui le monde et les consommateurs. Le luxe a un rôle d’exemple, de leader. Comment susciter le désir dans notre monde en mutation? À quoi ressemble l’entreprise moderne? Au xxie siècle, le rêve est ailleurs. Dans la notion d’universalité, d’éthique, de responsabilité, d’émotion. L’absence de culpabilité et la sensibilisation par le beau sont les leviers de notre approche différente du développement durable. Et c’est ce que nous conseillons aux marques. Pour susciter le désir dans un monde en mutation, animé par une société en quête de sens, les entreprises modernes ont besoin d’exprimer leurs engagements en faveur du développement durable, de communiquer les émotions, l’empathie et la compréhension, en toute transparence afin d’engager le consommateur. L’entreprise éthique devient une entreprise à succès. À quoi va ressembler l’édition 2020 de la Biennale 1.618? La transparence sera le fil rouge
est durable ou n’est pas. Quels ont été les grands moments des Biennales 1.618 passées? Il y a eu tellement de grands moments ! Je pense, par exemple, à la soirée de vernissage de la première édition en 2009 au Palais de Tokyo. Après de longs mois sans sommeil, lorsque tout était en place, dans une scénographie sublime de Yo Luxury Events, toutes les incertitudes étaient là. Vont-ils venir? Va-t-il y avoir les personnes que l’on souhaite pour nos exposants ? Un doute énorme. Le temps de m’éclipser pour mettre ma robe de bal, et là, de retour au Palais de Tokyo, je découvre une file d’attente gigantesque… Je comprends que tout le monde, mes équipes, la sécurité me cherchent. Il y avait trop de monde. Déjà 1200 personnes à l’intérieur, nous avions atteint le quota de sécurité. C’était divin! Au-delà de toutes nos espérances. J’ai aussi en tête les visites non organisées de François-Henri Pinault, Philippe Starck et Vincent Cassel lors de l’événement 2012 à la Cité de la Mode et du Design. Et, moins drôle, l’annulation de notre événement deux mois avant sa tenue suite aux attentats de 2015 et les conséquences économiques difficiles qui ont suivi… J’ai mille histoires mais ça serait bien trop long. Pourquoi le luxe doit-il réfléchir autrement? Et surtout le peut-il? Le luxe réfléchit déjà autrement et pour certains acteurs depuis longtemps. Seulement, s’engager dans un développement durable est très complexe et les solutions ne sont pas toujours disponibles ou parfois elles sont extrêmement coûteuses.Cela prend un temps fou. Les choses s’accélèrent dernièrement parce
d’une scénographie hybride. Nous circulerons dans cinq espaces d’exception intitulés : Le Beau Marché, l’espace Sourcing et Solutions, l’Exposition d’Art Contemporain, l’espace On my Way et l’auditorium de 250 places avec tables rondes, débats et interventions. Quels seront les invités? JEM Jewelry Ethically Minded, NOMA, WaterRower, Caralarga, Dr Hauschka, Valentine Gauthier, Parsua, Ride Cake, Authentic Material, Forweavers, Future Fabrics, Spiber, Sericyne, Maison Ruinart, Volvo, Osklen… Propos recueillis par Adrienne Ribes
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RENCONTRE
Toutes les 7 minutes La journaliste Giulia Foïs publie le livre le plus intense de ce printemps où elle raconte son viol, et l’après. Rencontre avec une combattante.
Elle a 20 ans, sort de son travail d’hôtesse d’accueil au Festival d’Avignon, et, en rendant service à un inconnu, tombe dans un piège qui aurait pu être mortel. Violée sous la menace d’une arme blanche, Giulia Foïs porte plainte mais, trois ans plus tard, pour des raisons ahurissantes qu’on vous laisse découvrir dans Je suis une sur deux, le violeur est acquitté. Après des années passées à se reconstruire et à s’activer dans un journalisme sociétal très engagé, elle témoigne aujourd’hui avec son énergie et sa verve légendaires. Pourquoi écrire ce livre aujourd’hui ? Depuis l’acquittement de mon agresseur, je me disais que j’allais reprendre le pouvoir sur cette histoire, où j’avais été niée deux fois : d’abord le soir même, puis le jour du verdict. Mais je ne savais pas comment. Dix ans plus tard, j’ai écrit ma première enquête pour Marianne, sur le viol. Elle m’a permis de mettre
on a grandi avec l’idée que l’homme était un être secoué de pulsions incontrôlables et que c’était à nous, femmes, tentatrices, de les contenir… Sondage après sondage, on constate que l’on nous suspecte à chaque fois de mentir, comme si on pouvait accuser quelqu’un parce qu’il nous aurait posé un lapin ou refusé une augmentation ! Les fausses plaintes, c’est seulement 2 à 8 % des cas. Les chiffres sont là : il y a un viol toutes les 7 minutes en France. Le point commun entre Despentes, Autain et moi, c’est qu’il s’agit d’agressions plus facilement concevables dans l’imaginaire collectif : un inconnu, la nuit, une arme… et non pas un ami ou quelqu’un de la famille. C’est ce qui m’a aussi permis d’oser porter plainte, à l’époque.
des chiffres et des mots, donc du sens, sur le non-sens absolu qu’est un viol. Ensuite, il y a eu des années d’expérience de journaliste qui m’ont fait me sentir légitime, et puis Balance ton porc. J’ai réalisé que les réactions étaient les mêmes qu’il y a vingt ans : on devient accusée alors qu’on est victime. Enfin, j’ai failli perdre mon fils, et j’ai retrouvé à ce moment-là une colère intacte. J’étais déjà en contact avec mon éditeur, qui m’avait demandé un recueil de chroniques ou un essai sur Balance ton porc. Je lui ai annoncé que, finalement, je voulais raconter ce viol-là, du 24 juillet 1997. Dans votre livre, vous citez Virginie Despentes et Clémentine Autain, qui ont chacune raconté leur viol. Pourquoi, d’après vous, si peu de femmes témoignent ? Parce que notre parole est trop souvent mise en cause. Après la violence qu’on a subie, on n’en a pas toujours le courage. De plus,
En quoi cette agression a-t-elle influencé votre parcours ? En tout. Quand on frôle la mort dans un champ, que le coupable
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a été acquitté et qu’on n’a que 23 ans, la vision du monde est très assombrie. Cela conditionne un rapport à la vérité, au récit, donc au journalisme. Le viol ne transforme pas, il maximalise. J’ai toujours aimé écrire, le viol m’a donné une urgence à écrire. J’ai toujours été quelqu’un de joyeux, le viol m’a donné une urgence à vivre. Avec Me Too et Balance ton porc, peut-on parler de libération de la parole, qui plus est féministe ? Je dirais plutôt que les filles s’emparent de la parole, et c’est pour ça qu’elles sont belles et courageuses. Quand on dit qu’on est féministe aujourd’hui, on est moins agressées, certaines s’excusent presque de ne pas l’être, sans oublier l’opportunisme de ceux qui arrivent trop tard… C’est toujours mieux qu’avant Me Too, où on était quelques poignées à défiler le 8 mars, à se faire traiter d’hystéros. C’est grâce à une jeune génération,
large public afin que les auditeurs se sentent concernés par la discussion : qu’est-ce que c’est d’être hétéro, gay, homme, femme, qu’est-ce que la domination ou l’équilibre ?
celle des réseaux sociaux, que le féminisme se renouvelle, communique mieux et davantage. Lors de la manifestation du 23 novembre 2019, il y avait beaucoup d’hommes. Ils en ont marre des injonctions à la virilité, qu’on viole leurs femmes, leurs sœurs ou leurs filles. Mais, tant que le Secrétariat d’État des femmes touchera le budget le plus ridicule du gouvernement, cela signifiera que les politiques nous ignorent.
Une question futile pour la fin : peut-on parler de vos fameuses créoles ? Évidemment ! En effet, je ne les quitte jamais. À la fin de chaque émission, je demande aux invités : “Qu’est-ce qui incarne votre féminin ?” Moi, ce sont mes créoles. J’aime leur côté bling, ce côté rond qui va bien avec mes origines méditerranéennes. Et quand on a pu se relever de quelque chose aussi terrible que le viol, la futilité n’est pas un droit, c’est un devoir.
Que vous apporte votre émission, Pas son genre, où vous décryptez une société post Me Too qui cherche à redéfinir les codes ? Une forme de paix. Après des années à travailler sur ce terrain-là, j’avais parfois l’impression de parler dans le vide. Désormais, j’entends un véritable écho. Cela signifie aussi qu’il ne faut pas se tromper, être démago ou tomber dans l’entre-soi. Et qu’il faut viser un
Je suis une sur deux, de Giulia Fois, Flammarion. Pas son genre, le vendredi de 20 à 21 h sur France Inter. Par Sophie Rosemont
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BIJOUX
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Maillons forts Un peu bling, un peu canaille, ces bracelets et colliers chaînes XXL jouent la précieuse démesure.
1. Messika Paris Collier Lucky Move en or rose et diamants. 4
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2. Pomellato Bracelet Iconica Bold en or rose. 3. Cartier Collier Maillon Infini de Cartier en or jaune. 4. Tiffany & Co Bracelet Tiffany City HardWear en or jaune.
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5. Louis Vuitton Bracelet B Blossom en or jaune, or blanc, onyx, nacre blanche et diamants. 6. Bare by Dries Collier Bond Classic en or jaune. 7. Dinh Van Bracelet Menottes en or jaune.
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8. Foundrae Bracelet médaillon Lion Strengh en or jaune et diamant, chaîne maillons Classic Fob en or jaune.
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HORLOGERIE
Black power Mouvement squelette, titane, céramique ou carbone, ces montres au design masculin imposent puissance et maîtrise.
1. Chanel Horlogerie Montre Boy.Friend, boîtier en céramique noire brillante, mouvement squelette à remontage manuel, bracelet en alligator noir brillant, édition limitée à 55 pièces. 2. Bulgari Montre Octo Finissimo Squelette, boîtier extra-plat en céramique noire, mouvement mécanique à remontage manuel, glace et fond saphir, bracelet en céramique noire à boucle déployante.
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3. Richard Mille Montre RM 07-01 Ladies en carbone TPT®, mouvement squeletté à remontage automatique avec heures, minutes et rotor à géométrie variable.
4. Audemars Piguet Montre Royal Oak Quantième Perpétuel Squelette, boîte en céramique noire, cadran saphir, remontage automatique, bracelet en céramique noire avec fermoir déployant AP en titane.
7. Hublot Montre Spirit of Big Bang Meca-10, boîtier en céramique noire, mouvement avec réserve de marche sur squelette à enroulement manuel, bracelet en caoutchouc noir.
5. Louis Vuitton Montre Tambour Curve Tourbillon Volant Poinçon de Genève, boîtier en titane et Carbostratum®, mouvement mécanique à remontage manuel, bracelet en caoutchouc noir.
8. Jacob & Co Montre Epic X en titanium noir, mouvement squelette exclusif Jacob & Co, bracelet en caoutchouc noir. Par Emily Minchella
6. Cartier Montre Santos de Cartier Squelette, grand modèle, en or rose, mouvement manuel, bracelet en métal et cuir interchangeables.
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JOAILLERIE
Le collier de tous les possibles Dès son arrivée au sein de la maison Boucheron, Claire Choisne a souhaité remettre à l’honneur le collier Point d’interrogation. Cette année, la directrice des créations pose de nouveau son regard sur cette pièce maîtresse du premier joaillier de la place Vendôme.
Boucheron n’est pas seulement le joaillier parisien par excellence, c’est aussi le joaillier qui a le mieux compris les Parisiennes. C’est en tout cas l’avis de Marcel Proust qui évoquait spontanément Boucheron dès qu’il s’agissait de parer les héroïnes (cocottes, actrices, duchesses) d’À la recherche du temps perdu. Il est intéressant de constater que ces Parisiennes, quel que soit leur rang social, se caractérisaient par un vif attrait pour l’innovation tempérée par un sens remarquable de la mesure, mais aussi par une volonté commune de se libérer du carcan du quotidien (la terrible “habitude” qui dissout, d’après Balzac, le sens de l’harmonie), et enfin par une aptitude singulière à prendre au sérieux la frivolité. En somme, Boucheron est un joaillier qui a fait briller un éclat de conscience sur ses créations. Cet éclat perdure depuis 1858. Boucheron est un joaillier qui injecte à l’inventivité du dessin et des techniques mises en œuvre, une notion d’épanouissement personnel. Cela suffit largement à définir l’essence d’un style.
En janvier, à Paris, lors des présentations de haute couture, qui sont propices à la révélation de nouvelles pièces de haute joaillerie, Claire Choisne a décidé de mettre en lumière des pièces intemporelles : huit nouveaux colliers Point d’Interrogation, majestueux et virtuoses, mais aussi plusieurs créations qui s’articulent autour de motifs phares comme le chevron et le liseré. La directrice des créations l’avoue volontiers, elle adore piocher dans ces vastes archives ; ce plaisir est renforcé par le fait que la maison n’a jamais souhaité rationaliser ces archives outre mesure. Rien ici ne sent le marketing tapageur, la formule facile ou le slogan. La maison, plutôt que de claironner sa supériorité (qui est pourtant réelle : Boucheron, qui a travaillé avec toutes les cours royales, toutes les étoiles et les sommités sur tous les continents, possède des archives, des collections et des savoir-faire dont l’étendue et la richesse peuvent tenir la dragée haute à n’importe quelle institution) préfère laisser parler les créations.
Éclairer l’air du temps Directrice des créations de la maison depuis neuf ans, Claire Choisne aborde elle aussi la frivolité avec sérieux. On lui doit notamment la vivifiante collection de joaillerie Jack qui poétise avec tant d’allégresse un objet du quotidien. On lui doit aussi l’extraordinaire collection de haute joaillerie Nature Triomphante qui fera date dans l’histoire du bijou et pour laquelle de véritables pétales naturels ont abandonné leur caractère éphémère pour s’incurver définitivement dans une corolle de métal précieux. Prête à toutes les audaces, et notamment à celle qui consiste à élargir la vaste palette – a priori figée – des savoir-faire joailliers en ayant recours aux ressources de la technologie moderne, elle n’hésite pas non plus à puiser dans les archives de la maison pour en extraire la pièce décisive qui permettra d’éclairer l’air du temps en y enchâssant un parfum d’éternité. Le tout sans autre motivation que celle du plaisir et de la pertinence.
Collier Point d’Interrogation
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Philosophie du geste “Le graal d’un joaillier, c’est de créer une pièce qui traverse les époques pour défier les tendances. C’est intéressant ce rapport au temps. C’est la raison pour laquelle, dès mon arrivée chez Boucheron, j’ai souhaité remettre au premier plan le collier Point d’Interrogation. J’aime son caractère et sa douceur, la sobriété de sa partie circulaire et le foisonnement de son motif principal. Son asymétrie était en totale rupture avec la sage harmonie des bijoux naturalistes de l’époque. Cette asymétrie, il faut le souligner, s’appuie encore aujourd’hui sur de nombreuses prouesses techniques, d’autant plus stimulantes qu’elles sont discrètes et quasiment insoupçonnables”, raconte Claire Choisne. Les huit nouveaux colliers Point d’Interrogation qu’elle propose en ce début d’année impressionnent effectivement par l’élégance de leur parti-pris : les sertis, les mises à jour et le travail du métal précieux qui illuminent un magistral collier Plume de Paon constellé de diamants, sont ceux qui étaient
inédite du Point d’Interrogation, le collier Perles ponctue la pureté d’une arabesque de gourmandes gouttes de nacre. Le collier Feuilles d’acanthes métamorphose quant à lui l’emblématique motif ornemental fleurissant si volontiers aux fûts des colonnes parisiennes en capricieux treillage où s’incurvent voluptueusement des feuilles d’or jaune. Ce trait d’union entre le végétal et l’architecture s’épanouit également au cœur d’une boucle d’oreille asymétrique, unique et radicale. Mais au-delà de la science de l’allure et de la virtuosité des savoir-faire mis en œuvre dans cette collection, c’est aussi une philosophie du geste qui s’exprime. “L’une des prouesses est l’absence de fermoir, totalement inédite en joaillerie. C’est, mine de rien, un acte fondateur car ce collier permettait aux femmes de se parer toute seule, sans l’aide de personne.” Une manière pudique et plaisante de rappeler que Boucheron est le joaillier des femmes libres.
en usage à la fin du xixe siècle. Le volume quant à lui est très affirmé : “J’adore le volume XL de ce collier que je considère comme la mère de cette collection : il donnera le diapason aux dimensions des créations futures.” Même démonstration de virtuosité dans le collier Lierre de Paris dont les feuilles mouvantes, animées par un trembleur, sont serties d’émeraudes (ce qui constitue déjà en soi un exploit qu’apprécieront les connaisseurs) : réinterprétation d’un collier en or blanc extrait de la collection Nature Triomphante, cette variation verdoyante offre un éventail complet des arts joailliers les plus sophistiqués. La sensibilité de Claire Choisne rayonne également sur le collier Nuage de Fleurs qui offre au regard un bouquet d’hortensias. “C’est la première fleur que m’a offerte ma petite fille, confie la directrice des créations. J’aime cette fleur parce qu’elle me semble parée de simplicité, presque d’humilité.” Chaque pétale d’hortensia a été scanné afin de graver le côté naturel éphémère dans le relief immortel de la nacre. Variation totalement
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La féline Le succès du fauve le plus célèbre de la joaillerie est intimement lié à la personnalité magnétique de Jeanne Toussaint. Portrait d’une femme fatale qui a griffé de son empreinte le destin de la Panthère de Cartier.
joue bombée, mais pas trop, afin de ne pas cerner le regard, le “serti pelage” qui consiste à encercler les pierres taillées de manière irrégulière par de minuscules grains de métal qui seront ensuite étirés puis recourbés avant d’être transformés en fils pour mieux reproduire la fourrure de l’animal. La deuxième explication est moins connue. Elle concerne une femme qui allait paver le chemin à ses futures consœurs, en prenant pour la première fois (nous sommes dans les années 30), un rôle central au sein d’une grande maison de joaillerie et qui allait transformer la Panthère en symbole le plus éclatant de la création Cartier. Jeanne Toussaint rencontre Louis Cartier à la veille de la Première Guerre mondiale. Enfance flamande mouvementée, liaisons tumultueuses, c’est une Parisienne d’adoption, comme le sont les Parisiennes véritables. C’est aussi et surtout une femme libre dont le style est salué par la société mondaine de son temps. Les artistes de la Belle Époque – Paul Helleu, Adrien Drian et Giovanni Boldini, pour ne citer qu’eux, croquent volontiers son allure tandis que Paul Claudel lui dédicace ses poèmes. Louis Cartier est un homme érudit et élégant que n’effraie ni l’intuition (il a introduit le platine dans la joaillerie et révolutionné l’horlogerie) ni le qu’en-dira-t-on. Au moment de quitter l’entreprise familiale pour partir à Budapest avec sa seconde épouse, une aristocrate hongroise, il confie à Jeanne, contre toute attente, les
Le bestiaire est un exercice imposé auquel se sont confrontées, souvent avec talent et parfois avec succès, de nombreuses maisons de joaillerie. Cet exercice produit des pièces qui séduisent par leur espièglerie, leur exotisme, leur légèreté. Des bijoux dont on dit volontiers, quand ils sont réussis : “C’est trop mignon !” Pourtant l’animal le plus célèbre, le plus reconnaissable, le plus vendu, le plus copié de la joaillerie n’a rien d’adorable. Cet animal est un félin, c’est la Panthère de Cartier. Regardez-la bien. Sa gueule est ouverte, ses oreilles sont dressées, son regard est aux aguets. Et pour qualifier l’attitude – qui varie d’une création à l’autre – un seul mot nous vient à l’esprit : le défi. Le fameux “goût Toussaint” Comment cette féroce préciosité a-t-elle conquis la planète en se taillant, en quelque sort, la part du lion ? Il y a deux explications : la première, la plus évidente, concerne la virtuosité des ateliers et des studios de création de la maison. Les spécialistes et les collectionneurs sont unanimes : jamais un félin n’a été traité en joaillerie avec autant de constance et d’inspiration. Travail des proportions, du volume, des articulations : un livre entier ne suffirait pas à détailler l’étendue et la richesse des techniques mises en œuvre pour accentuer le mouvement, suggérer la musculature, exalter la puissance, déterminer le caractère de l’animal. Disons simplement que tout se joue au millième de millimètre : l’espace entre le nez et les yeux, la
rênes de la société fondée par son grand-père en 1847. Un choix stupéfiant, mais judicieux. Jeanne connaît bien la maison : son premier bijou Cartier lui a été offert à l’âge de 16 ans par le comte de Quinsonas, et elle a dirigé pendant plusieurs années le département maroquinerie avant de prendre en charge, en 1924, le département S (comme Silver) dédié à la création d’objets “accessibles”. Dès son entrée en fonction, son goût si singulier, si sûr – le fameux “goût Toussaint” – éclate avec vigueur. Son panache rugit pendant l’Occupation de Paris : en 1941, elle choisit en effet de placer en vitrines une broche figurant un rossignol en lapis-lazuli, corail et saphir, emprisonné dans une cage d’or. La Gestapo l’interroge longuement sur la signification de ce bijou tricolore et sur ses liens supposés avec De Gaulle, alors installé dans les bureaux de Cartier de New Bond Street à Londres. Trois ans plus tard, la broche est refaite mais la cage, cette fois-ci, est ouverte : c’est “l’Oiseau libéré” qui célèbre la Libération. La bombe atomique dans la vitrine du centre Après la guerre, la Panthère telle que nous la connaissons, sculpturale et incarnée, fait véritablement son apparition. Jusqu’alors, le félin, ou plutôt son pelage, n’avait été qu’évoqué, soit par de fines allusions – un dessin de Charles Jacqueau jamais réalisé en 1913, une composition de taches d’onyx sur fond de diamants pour une montre-broche rectangulaire en 1914 – ou par
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campé avec majesté sur un saphir du Cachemire de 152,35 carats. Le succès rencontré par les premiers modèles marque le début d’un long engouement porté par des femmes de légende au caractère bien trempé. Parmi elles, Daisy Fellowes, qui dirige le bureau parisien de Harper’s Bazaar et qui joue avec la duchesse de Windsor, son amie et sa concurrente, le rôle de “femme la plus élégante du monde” : elle jette son dévolu sur une panthère de diamants et de saphirs retenue à un anneau de diamants baguettes. En décembre 1949, un journaliste invité au vernissage de l’exposition de diamants de la maison parisienne, décrit ainsi ce bijou : “La bombe atomique dans la vitrine du centre.” La princesse Nina Aga Khan possède bientôt elle aussi une parure somptueuse,
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des représentations figuratives – en applique sur un nécessaire de 1917, sur un étui à cigarettes, sur un nécessaire en laque de 1928, sur des sacs. L’icône joaillière que fait naître Jeanne Toussaint en 1948, en décidant de mettre en lumière les croquis de Peter Lemarchand, est d’une tout autre envergure. En trois dimensions, c’est une sculpture animalière fièrement posée sur une émeraude cabochon de plus de 116 carats. Cette broche, en or jaune tacheté d’émail, est accompagnée de clips d’oreilles représentants des panthères tenant entre leurs pattes, selon l’envie, des cabochons de saphirs ou des motifs d’or tressé. Le duc de Windsor acquiert l’ensemble pour son épouse qui se voit offrir l’année suivante un nouveau spécimen de même nature,
tachetée de diamants et de saphirs. Nina Dyer, mannequin anglais réputée pour sa beauté et sa gouaille, reçoit de son premier mari (le baron von Thyssen) une panthère noire, du second (le prince Sadruddin Aga Khan) des miniatures précieuses. Barbara Hutton à son tour se console de ses multiples mariages en chérissant, dès 1961, des pendants d’oreilles, devenus célèbres, figurant des panthères, pliées en deux, comme suspendues par le milieu du corps, dans une pose d’abandon d’une remarquable expressivité. Maria Felix commande, quant à elle, en 1967 un bracelet rigide dont les extrémités sont faites des têtes et des pattes de deux panthères qui se croisent sans se regarder. Jeanne Toussaint quitte Cartier en 1970 avant de s’éteindre six ans plus tard. Le grand Cecil Beaton la comparait à “une petite femme oiseau” lorsqu’il célébrait l’ampleur de son héritage : “N’oublions pas que c’est à elle que nous devons les bijoux actuels, plus flexibles”. Louis Cartier la surnommait plus simplement : “La Panthère”. C’est ce surnom qui est passé à la postérité. Jeanne Toussaint a disparu depuis plusieurs décennies mais sa gloire et son règne n’ont jamais cessé de s’étendre et de rayonner. Les créations mettant à l’honneur le célèbre félin continuent de foisonner. Et les nombreuses personnalités – féminines et masculines – formant la vaste communauté des amoureux de la Panthère (on pense aujourd’hui à Annabelle Wallis, Chang Chen, Karen Mok, Yasmine Sabri, Ella Balinska, à Mariacarla Boscono) clament la réjouissante et rugissante pertinence d’une icône qui prône l’affirmation de soi. Par Hervé Dewintre
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Puma Rose Buck Puma Rose Buck a de qui tenir. Sa mère, Sybil Buck, sirène à la chevelure couleur rubis, était l’icône de la mode grunge des années 90. Aujourd’hui Puma Rose pose pour nous dans les meilleurs looks de la saison et raconte sa première fashion week sans détours. PHOTOGRAPHIE LAUREN MACCABEE STYLISME VANESSA BELLUGEON TEXTE VIRGINIE BEAULIEU
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Costume en laine, blouse en soie, boucles d’oreilles en métal doré et collier en métal doré et résine, lunettes GUCCI.
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Robe longue folk et foulard en soie, ceinture Éperon en veau et bottes en python, CELINE PAR HEDI SLIMANE.
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Robe longue en soie brodée de cristaux et étole en tulle, GIORGIO ARMANI.
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Top en cachemire et jupe en cuir rebrodĂŠe de sequins, PRADA.
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Cardigan sans manches en laine rebrodé de sequins et perles, LOUIS VUITTON. Chemise à manches longues bouffantes avec détail chaîne, en crêpe de Chine bleu et bermuda en denim, GIVENCHY. Écharpes en coton avec broderies en soie, FALIERO SARTI.
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Top en coton brodé, collier en perles, métal et strass et boucle d’oreille en perles, métal et strass, CHANEL.
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T-shirt en coton, DESIGUAL. Lunettes en acétate, GUCCI. Boucles d’oreilles en métal et résine, VALENTINO.
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Veste en satin de soie à paillettes, EMPORIO ARMANI. Chemise en crêpe de Chine et gilet tailleur à boutons Pegaso, ETRO. Boucle d’oreille Dior Tribales en métal finition dorée et collier Dior Jardin en métal finition dorée, perles de résine blanches et cristaux noirs, DIOR. Bracelet Tiffany T True en or et bracelet Tiffany T Square en or pavé de diamants, TIFFANY & CO.
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Costume en laine, blouse en soie, sac Gucci 1955 en python, bague en métal doré tête de lion, lunettes en acétate et sandales en cuir, GUCCI.
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Veste en jacquard de soie Tussah à grands carreaux, chemise à col en soie et collier Dior Jardin en métal finition dorée, perles de résine blanches et cristaux noirs, DIOR. Pantalon en laine compacte, MIU MIU. Bonnet en laine, GUCCI.
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Veste Narrow DB et pantalon Dave à rayures en coton, VIVIENNE WESTWOOD. Top en crêpe georgette, CHANEL. Collier Dior Jardin en métal finition dorée, perles de résine blanches et cristaux noirs, DIOR.
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Blazer en gazar imprimé pois avec gilet assorti, MAX MARA. Chemise en denim et ceinture en cuir, Celine par HEDI SLIMANE. Jean en denim, LEVI’S. Collier Tiffany City Hardwear en or, TIFFANY & CO. Mocassins Mocca en cuir de veau brillant, JIMMY CHOO.
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Manteau en serge de coton, MIU MIU. Créoles et bracelets en métal doré, GAS BIJOUX. Bracelet Tiffany T True en or et bracelet Tiffany T Square en or pavé de diamants, TIFFANY & CO.
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Trench en toile de coton et cuir, collier en mĂŠtal argentĂŠ, combinaison en jersey de laine et ballerines en cuir, GUCCI.
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Veste en coton, PINKO. Jean en denim, LEVI’S. Sac Maxi BV Jodie en nappa intrecciato, BOTTEGA VENETA. Choker en métal doré, GAS BIJOUX. Collier Tiffany City Hardwear en or, TIFFANY & CO. Bague en métal doré tête de lion, GUCCI. Grand sac zippé ID93 avec bandoulière en cuir de veau souple, GIVENCHY. Assistante stylisme : Gabriela Cambero Assistant photo : Jack Orton Assistant styliste : Gabriela Cambero Coiffure : Muriel Vancuwen Maquillage : Sergio Corvachio
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CréditsRose Puma photo Buck - D.R.
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“Chez ma sœur, en Virginie. Chris (le guitariste Chris Traynor, père de Puma Rose, ndlr) et moi avions pris une année de repos 6 et ma mère. Sur cette photo, début 2001, Puma a 4 mois.” quand on a eu Puma, et on est venus vivre près de chez ma 6sœur
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La mode rock en héritage Sa mère, Sybil Buck, icône grunge aux cheveux écarlates, a révolutionné le catwalk dans les 90s avant de mener sa propre vie d’artiste et de musicienne, hors de la mode. Aujourd’hui, Puma Rose suit les pas de sa mère et vient de faire sa première fashion week pour les créateurs les plus exigeants et créatifs, de Marc Jacobs à Miuccia Prada. Toujours en rouge rebelle…
ses piercings dans le nez et sur la langue. Gaultier, à qui elle tire la langue lors du casting, l’engage immédiatement et lui demande de le faire à nouveau sur le podium. Suivront d’autres créateurs, dont quatre iconoclastes visionnaires : Karl Lagerfeld, Alexander McQueen, John Galliano et, plus étonnamment, Yves Saint Laurent qui posera même en 1995 avec elle, habillée d’un fourreau de satin rouge et velours noir dans son salon, devant Le Profil Noir de Fernand Léger, sous l’objectif de Jean-Marie Périer. Sybil Buck casse alors tous les stéréotypes, ouvrant la voie à d’autres beautés étranges. Toujours anticonformiste, elle quitte l’industrie de la mode en 1997 presque au pic de sa carrière et aménage à New York un loft en studio d’enregistrement. Après collaborations et tournées, elle décide d’avoir un enfant avec le guitariste Chris Traynor, et Puma Rose naît à Brooklyn, dans un univers purement musical. Quand Puma fête ses 8 ans, Sybil déménage à Topanga Canyon, en Californie, et devient professeur émérite de yoga spécialisée en yoga thérapeutique. Puma, elle, est partie étudier il y a un an à New York mais reste très proche de sa mère, son modèle à elle. Pour boucler la boucle de cette transmission, Sybil – venue spécialement à Paris – et Puma Rose ont défilé côte à côte pour Marine Serre, un passage initiatique, symbolique et un moment fort de mode, comme Puma nous le raconte depuis New York dans un entretien à bâtons rompus…
À Milan il y a un mois, elle a arpenté le catwalk fait d’imprimé psychédélique du défilé Miu Miu d’un pas assuré : une princesse néo-punk vêtue d’une longue robe rose à taille Empire rebrodée de perles, babies à plates-formes rouges, lunettes 80s et gants violets. Avec ses longs cheveux rouges et son air rebelle, Puma Rose a rappelé avec émotion aux invités du show une icône de la mode 90s : Sybil Buck, la top modèle reine du grunge, sa mère. Puma n’a participé qu’à une poignée de défilés pour la saison automne-hiver 2020-21 mais pas des moindres : Marc Jacobs, Koché, Marine Serre et Matty Bovan. Suivant ainsi les pas de sa mère qui, en 1991, avait défié tous les archétypes du mannequinat. Née à Versailles, mais ayant grandi dans le Connecticut, Sybil Buck arrive à Paris (son rêve) pour faire des études artistiques, et tente de les financer en devenant mannequin. Elle joue de la basse, porte une panoplie Dr. Martens-t-shirt punk rock-jean troué et fait du skateboard entre ses rendez-vous. Elle enchaîne les séries mode et quelques publicités mais, angoissée par cette nouvelle solitude, les pressions du business et la nostalgie de son mode de vie plutôt rock, elle décide de redevenir elle-même avant de se conformer à ce que l’on attend d’elle, et se fait teindre les cheveux en rouge vif, un an tout juste après son arrivée. Un acte de rébellion qui angoisse ses agents sur le moment mais qui va devenir sa signature, son étendard. Tout comme
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“Tous mes premiers souvenirs sont backstage ! Je suis en tournée avec mes parents depuis que je suis dans le ventre de ma mère.” Puma Rose Buck ou le coiffeur Guido Palau qui m’a confectionné la plus magnifique couronne bouclée dont j’aurais pu rêver pour Miu Miu, ou encore Katie Grand qui m’a donné les looks les plus cool que j’ai portés. Quel est votre porte-bonheur ? J’en ai beaucoup. Le premier qui me vient à l’esprit est mon collier à breloques sur le thème de Jupiter. Jupiter est la planète de l’expansion, de l’optimisme et de la chance, qui sont mes trois principes directeurs. Ma mère et moi en avons des assortis. Comment définiriez-vous votre style ? En évolution constante, toujours confortable, vintage et un peu androgyne. Que faites-vous à côté du mannequinat ? Je compose beaucoup de musique et maintenant que je suis de retour à New York, je vais commencer à enregistrer de la musique avec deux de mes amis. Nous prévoyons de jouer quelques concerts ici au cours des prochains mois. Je suis vraiment excitée. J’écris aussi toujours, j’écris dans mon journal tous les jours, de la poésie, de la prose ou simplement des pensées. Pourquoi avez-vous choisi New York et pourriezvous décrire une journée parfaite pour vous là-bas? Une journée parfaite à New York serait certainement une journée avec beaucoup de soleil, passée dans mon jardin préféré sur Elizabeth Street et à cuisiner beaucoup de bons petits plats. Avec les personnes que j’aime le plus. À propos de votre style de vie, êtes-vous une passionnée de yoga ? Êtes-vous végan? Je ne dirais pas que je suis accro, mais je fais vraiment beaucoup de yoga. C’est plus une pratique mentale que physique pour moi, je n’aime pas vraiment les cours très difficiles où l’on est en sueur. Il est très important d’avoir ce temps pour vérifier quotidiennement son corps et son esprit. Et non, je ne suis pas végan même si j’essaie d’être la plus végétarienne possible, pour la planète et pour les animaux. Mais j’aurais du mal à me passer des œufs. Vous considérez-vous comme une féministe? Certainement, ce serait ridicule de vivre à notre époque et de ne pas l’être. Je pense qu’être activiste est impératif car les problèmes écologiques et sociaux deviennent de plus en plus aigus. Qui est votre modèle ? En termes d’art et d’écriture, Patti Smith, j’aime aussi son style androgyne et son esprit à la fois vulnérable et sincère. Mais mes grands modèles seront toujours mes parents et ma grand-mère.
L’Officiel : Qu’avez-vous ressenti en défilant avec votre mère pour Marine Serre ? Puma Rose : Ce fut un moment doux et spécial pour nous deux. J’admire tellement ma mère que ça me semblait juste de terminer ma première saison en marchant avec elle. Vous êtes-vous teinté les cheveux en rouge en hommage à la couleur légendaire de votre mère dans les années 90 ? J’aimerais pouvoir dire que j’y ai réfléchi, mais l’année dernière, dans un moment d’ennui, j’ai juste acheté une teinture pour avoir les cheveux roux. Dès que je me suis regardée dans le miroir, je me suis dit “et oui, c’est moi”. Je me sens absolument moi-même en rousse, et j’aime aussi l’idée de rendre un petit hommage à ma maman qui compte tellement pour moi. Y a-t-il une histoire derrière votre prénom Puma Rose ? Mes parents m’ont donné ce prénom en référence à Puma Jones, le chanteur et danseur du groupe de reggae Black Uhuru. Et Rose est le second prénom de ma tante. Quels sont vos premiers souvenirs liés aux backstages dans le monde de la musique ? Tous mes premiers souvenirs sont backstage ! Je suis en tournée avec mes parents depuis que je suis dans le ventre de ma mère. Mes souvenirs préférés sont ceux d’une tournée avec mes parents à San Francisco, où je me faufilais pour manger de délicieux plats chinois. Ou encore regarder mon père jouer depuis les coulisses, pour moi c’est le plus grand guitariste de tous les temps. Quels ont été les moments forts de votre première fashion week ? J’en ai tellement ! Le backstage de Matty Bovan m’a donné l’impression d’être dans un film d’aventures de science-fiction, avec toutes les filles portant de magnifiques coiffes et d’immenses perruques à la manière de princesses extra-terrestres. Chez Miu Miu, je me suis sentie comme une princesse au bal ; j’étais complètement fascinée par la beauté de toutes les filles. Et chez Marc Jacobs, l’énergie était inégalée. On pouvait toutes sentir que nous faisions partie de quelque chose de plus important qu’un simple défilé. Je regardais les danseuses répéter en coulisses, émerveillée. C’était vraiment une expérience surréaliste d’avoir la possibilité de travailler avec de telles légendes de l’industrie de la mode, comme la maquilleuse Pat McGrath, une des femmes les plus douces que j’ai jamais rencontrées,
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“En 2008, quand nous sommes venues nous installer en Californie. Je revenais juste de la tournée de Joseph Arthur. Cette photo est prise devant l’école élémentaire de Topanga.”
“Dans notre immense loft communautaire à Brooklyn, je dirais en 2007. Au moment où je tournais avec Joseph Arthur.”
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“En 2001, Puma, qui avait 2 ans, ma mère et moi sommes allées à Porto-Rico dans une ferme de permaculture. Sur la plage, Puma et moi adorions creuser de grands trous pour faire des piscines naturelles.”
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Devon Lee Carlson MODE
À tout juste 25 ans, elle est l’un des phénomènes viraux sur les réseaux sociaux. Devon Lee Carlson subjugue son monde avec ses yeux bleus rieurs, son naturel déconcertant et son esthétique résolument nineties. Portrait d’une jeune business woman à qui la vie sourit.
PHOTOGRAPHIE FIONA TORRE STYLISME JENNIFER EYMÈRE TEXTE PAULINE BORGOGNO
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Chemise en organza vichy, short en textile technique vichy, chaussettes en soie et mocassins Ă talons en cuir, FENDI.
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forgé la Californienne. Grâce au soutien de ses proches, elle s’est peu à peu affranchie du regard des autres, s’affirmant avec plus d’audace par le biais vestimentaire. “Si je pouvais donner un conseil à la Devon de 16 ans, ce serait celui d’arrêter de tant se préoccuper de l’avis des autres. Au final, il n’est pas important et rend inutilement malheureuse. Si seulement cette adolescente savait ce qui l’attend.” Comme une revanche sur la vie, la jeune femme a réouvert sa chaîne YouTube. “J’ai l’impression que ce que j’ai l’occasion de vivre et les opportunités dont je peux faire l’expérience sont des choses que la petite Devon auraient adoré voir. Être entrepreneure pour WildFlower, assister à des défilés lors de la fashion week, faire des shootings pour Louis Vuitton ou une collaboration avec Marc Jacobs, voyager autour du globe avec mon petit ami… Tout ceci sonne comme une réelle consécration, le résultat de mes attentes les plus folles.” C’est en partie pour répandre cette positivité que l’Américaine documente chacune de ses activités. En aparté, elle confie être encore sous le choc de ce qui lui arrive, et se surprend à avoir eu l’audace de réouvrir ce compte YouTube lui ayant causé tant de chagrin par le passé. De ses failles, elle a fait un piedde-nez à la vie, signant par là-même le commencement d’une aventure pleine de promesses.
De la petite ville de Newbury Park au vaste territoire d’Internet, Devon Lee Carlson a rapidement su s’imposer dans la cour des grands. À l’origine de son entreprise florissante, une rencontre. Celle de son idole de l’époque, Miley Cyrus, alias Hannah Montana sur Disney Channel. Alors âgée de 17 ans, Devon croise la popstar dans un restaurant de Los Angeles et lui demande une photo. Elle dégaine aussitôt son iPhone customisé d’une jolie coque conçue par sa mère, Michelle Carlson. Recontextualisons : nous sommes en 2012, l’iPhone 4 sort à peine sur le marché et les étuis attrayants pour téléphones ne sont pas encore développés. Miley est subjuguée par le design singulier de cette création, et veut se procurer la même. “Quand je lui ai dit que ma mère l’avait faite, elle m’a demandé le nom de la société. Nous n’en avions pas et, grâce à un coup de pouce de Miley sur Twitter, nous avons lancé WildFlower. Tout a été très rapide : nous n’avions aucun stock, et croulions déjà sous les commandes. Toute la famille s’est unie et a mis la main à la pâte.” Depuis, WildFlower a pris de l’ampleur et les coques ont séduit les it-girls les plus branchées, de Kylie Jenner à Emma Chamberlain.
“Tout a commencé par accident. Mais j’ai toujours senti que je devais accomplir quelque chose de grand. C’était un rêve que je gardais en tête, même si je ne connaissais pas encore ma destinée.” Devon Lee Carlson Un univers kitsch signature Difficile d’imaginer une Devon Lee Carlson sans son esthétique assumée. Ses inspirations : les réminiscences d’une obsession pour les poupées Barbie, la mode vintage, l’esprit R’n’B nineties, le style de Britney Spears début des années 2000, ou des personnages de rom-com cultes, à l’instar de Cher Horowitz dans Clueless et Elle Woods dans La Revanche d’une blonde. “J’ai toujours voulu m’habiller comme les protagonistes de ces films, sans jamais avoir suffisamment confiance en moi pour le faire adolescente. Je suis si heureuse d’enfin assumer cet aspect de ma personnalité. Je me sens plus en accord avec moi-même.” Et cette harmonie se ressent. L’aura qui plane autour d’elle attire les grandes maisons de luxe. Récemment, Louis Vuitton et Marc Jacobs ont fait appel à elle pour apparaître dans leurs campagnes. Cet hiver, Marc Jacobs lui a même laissé carte blanche le temps d’une collection capsule, pour laquelle elle et son petit ami Jesse Rutherford ont pu imaginer le design d’un T-shirt à l’occasion de la Saint-Valentin. “Ces opportunités sont incroyables. Au lycée, je ne pouvais pas me permettre d’avoir des pièces de designers. Cet univers du luxe me semblait si inaccessible.” Une nouvelle preuve, s’il en fallait, que Devon est consciente de l’existence privilégiée qu’elle mène. Modeste, sincère : cette star made in Internet n’entend pas oublier ses racines ni se laisser envahir par sa notoriété grandissante. Profitant de l’instant présent, elle mûrit en parallèle de multiples projets, et nous réserve pour sûr encore bien des surprises…
Une influenceuse ancrée dans la réalité Près de 800 000 abonnés au compteur sur son Instagram, 160 000 sur YouTube et 68 000 sur Twitter. Des chiffres qui pourraient donner le tournis, mais pour lesquels Devon ne prête pas grande importance. La Californienne garde la tête sur les épaules : son influence sur les réseaux, au sein de son entreprise et dans l’industrie de la mode lui paraissent encore incroyables. Malgré les huit années passées depuis le succès de WildFlower, la belle ne s’est toujours pas habituée à son ascension vertigineuse. Elle aime d’ailleurs parler d’heureux hasard plutôt que de réussite. “Tout a commencé par accident. Mais j’ai toujours senti que je devais accomplir quelque chose de grand. C’était un rêve que je gardais en tête, même si je ne connaissais pas encore ma destinée.” De ce souhait intime, Devon a su user de ses atouts pour en faire une réalité. Entourée de sa famille, elle tient à toujours prôner les valeurs qui lui ont été inculquées, et rester fidèle à ce qu’elle est en accueillant chaque nouveau projet comme une bénédiction. Une persévérance à toute épreuve Aujourd’hui, Devon est à l’aise face à l’objectif comme face à la caméra, jouant de son image entre son compte Instagram et sa chaîne de blog vidéo. Pour autant, cette décontraction apparente est loin d’être innée. “J’avais si peu confiance à l’adolescence. Je me souviens avoir ouvert une première chaîne YouTube en 2013, sous les conseils avisés de mon père. J’y ai reçu tant de haine en retour que je me suis vue contrainte de supprimer l’intégralité des contenus postés. Tout ceci était tellement embarrassant.” Quoique désagréables, ces moqueries ont
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Combinaison zippée en gabardine, collier chaîne et bague en métal doré, FENDI.
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Combinaison zippée en gabardine, bague en métal doré et bague en métal doré et résine, FENDI. Page de gauche : Pull col V brodé de sequins, short en crêpe de Chine ajouré, chaussettes en soie et mocassins à talons en cuir, FENDI.
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Chemise en coton, cardigan en laine et daim, bague en métal doré et résine et sandales en cuir, FENDI. Page de gauche : Chemise en coton, cardigan en laine et daim, bague en métal doré et résine et sandales en cuir, FENDI.
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Polo en maille Ă manches courtes et jupe en organza vichy, FENDI. Page de gauche : Trench en gabardine, FENDI. Assistant photo : Mathilde Hiley Assistant styliste : Kenzia Bengel Coiffure : Kevin Jacotot Maquillage : Carole Lasnier
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Cryothérapie Dans une chambre prévue à cet effet, des séances de remise en forme étonnantes. À l’aide d’un appareil électrique, la température corporelle est réduite pendant une à trois minutes. À la clé de cette expérience, bon nombre d’avantages dont une diminution de l’inflammation et des douleurs, une stimulation de la production de collagène et une augmentation des niveaux d’énergie. Prix : env. 58 € la séance.
Maillot de bain une pièce Polo en peau douce, ERES. Gants et chaussettes, parties du traitement Dr. Colbert.
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Lua Beaulieu PHOTOGRAPHE DENNIS TEJERO STYLISTE JENNIFER EYMÈRE PROPOS RECUEILLIS PAR PAULINE BORGOGNO
Implanté sur la célèbre 5e Avenue, le New York Dermatology Group (NYDG), fondé par le prestigieux Dr David Colbert, propose un large panel de protocoles santé et bien-être pour retrouver un équilibre physique global. Ce centre wellness à la pointe de la technologie, alliant approche médicale et holistique, répond aux attentes les plus folles, du remodelage du corps aux soins rajeunissants, en passant par la cryothérapie. Pour L’Officiel, Lua Beaulieu s’est prêtée au jeu, testant tour à tour l’ensemble des traitements.
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EmSculpt Sculpter son corps en seulement 30 minutes sans sport ni chirurgie ? Voilà le défi de la technologie Emsculpt. Ce contouring corporel fait appel à la technologie électromagnétique focalisée à haute intensité pour laquelle les muscles abdominaux ou fessiers sont exposés à des contractions supramaximales augmentant la masse musculaire de 16% et réduisant la graisse de 19% en moyenne. Prix : env. 900 € la séance.
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Thérapie IV (ou intraveineuse) Page 4 – Droite, Page 7 – Gauche Inutile de s’enfuir à l’idée d’un traitement en intraveineuse, bien au contraire. Chaque patient jouira des bienfaits d’une association de complexes pour une désintoxication optimale du corps. Résultat ? Amélioration des niveaux d’énergie, accélération de la récupération musculaire après l’entraînement, renforcement du système immunitaire et augmentation des niveaux de collagène et d’antioxydants. Cette gamme d’infusions de vitamines et de boosters intramusculaires assure une amélioration globale des performances. Prix : entre env. 50 et 700 € selon les complexes souhaités.
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Lumière pulsée La lumière pulsée intense stimule la production de collagène, uniformise le teint et diminue les rougeurs. Mais elle s’attaque également à certaines problématiques comme la présence de petites veines et de taches brunes sur le visage, le cou et le décolleté. Prix : env. 355 € la séance.
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Consultation Le fondement de la relation patient-médecin se construit lors d’une première consultation approfondie. Avant de se lancer dans un quelconque protocole, le NYDG met un point d’honneur à établir un rapport détaillé des antécédents médicaux de ses hôtes, qui prend en compte le mode de vie, l’examen de l’hérédité ainsi que tous les symptômes, conditions et médicaments présents au quotidien. Par le biais d’une conversation collaborative, pouvant donner lieu à une forme de prévention, le lien de confiance entre le patient et le médecin s’établit. Une démarche appréciée et recherchée par les stars du monde entier qui viennent bénéficier de la maîtrise unique du Dr. Colbert. Cette première consultation s’avère primordiale avant toute intervention de médecine esthétique. Prix : env. 400 € la consultation.
Maillot de bain en polyester, COPERNI. Sandales en peau de mouton, UGG.
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Lumière infrarouge Cette thérapie utilise l’exposition à des longueurs d’ondes de lumière rouge de faible intensité afin d’améliorer l’apparence des rides, ridules, cicatrices, décoloration du derme, rosacée et acné. Une solution rapide qui stimule la régénération cellulaire et active la production de collagène. Prix : env. 220 € la séance.
Culotte en viscose, DIOR. Top en polyester, LISA MARIE FERNANDEZ.
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Consultation Le fondement de la relation patient-médecin se construit lors d’une première consultation approfondie. Avant de se lancer dans un quelconque protocole, le NYDG met un point d’honneur à établir un rapport détaillé des antécédents médicaux de ses hôtes, qui prend en compte le mode de vie, l’examen de l’hérédité ainsi que tous les symptômes, conditions et médicaments présents au quotidien. Par le biais d’une conversation collaborative, pouvant donner lieu à une forme de prévention, le lien de confiance entre le patient et le médecin s’établit. Une démarche appréciée et recherchée par les stars du monde entier qui viennent bénéficier de la maîtrise unique du Dr. Colbert. Cette première consultation s’avère primordiale avant toute intervention de médecine esthétique. Prix : env. 400 € la consultation.
Maillot de bain deux pièces en velours logo FF réversible et mules à plates-formes logo FF en tissu et cuir, FENDI.
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Thérapie IV (ou intraveineuse) Inutile de s’enfuir à l’idée d’un traitement en intraveineuse, bien au contraire. Chaque patient jouira des bienfaits d’une association de complexes pour une désintoxication optimale du corps. Résultat ? Amélioration des niveaux d’énergie, accélération de la récupération musculaire après l’entraînement, renforcement du système immunitaire et augmentation des niveaux de collagène et d’antioxydants. Cette gamme d’infusions de vitamines et de boosters intramusculaires assure une amélioration globale des performances. Prix : entre env. 50 et 700 € selon les complexes souhaités.
Maillot de bain en polyamide, GUCCI.
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Leandra Fondatrice du blog mode Man Repeller adulé par 2,3 millions de followers, la journaliste newyorkaise Leandra Medine a le mot et le style justes. Pas étonnant que Louis Vuitton ait demandé à cette amie de la maison de jouer les mannequins le temps d’un shooting avec sa dernière collection de souliers printemps-été 2020.
PHOTOGRAPHE JULIA MAYOROVA
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Bomber en cuir, chemise en coton, top en maille rebrodé de sequins, jupe à volants en taffetas, broche en laiton, sac Capucines Mini en cuir Taurillon et cuir de python et derbies à plates-formes LV Beaubourg en cuir de veau et toile Monogram, le tout LOUIS VUITTON.
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Bomber en cuir, chemise en coton, top en maille rebrodé de sequins, jupe à volants en taffetas, broche en laiton et mocassins Swift en cuir de veau et toile Monogram, le tout LOUIS VUITTON. Page de droite : Bomber en cuir, chemise en coton, top en maille rebrodé de sequins, jupe à volants en taffetas, broche en laiton et bottines à plates-formes Podium en cuir de veau et toile Monogram, le tout LOUIS VUITTON.
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Bomber en cuir, chemise en coton, jupe à volants en taffetas, broche en laiton, mocassins Swift en matière technique, le tout LOUIS VUITTON. Page de droite : Bomber en cuir, chemise en coton, top en maille rebrodé de sequins, jupe à volants en taffetas, broche en laiton et sneakers LV Archlight en matière technique, le tout LOUIS VUITTON. Coiffure : Tamara Mcnaughton Maquillage : Emi Kaneko
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La mode responsable, maintenant ou jamais
© courtesy Osklen
DOSSIER COORDONNÉ PAR ANNE GAFFIÉ
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Le monde entier sait. Il y aura un avant et un après. Une leçon de vie pour l’humanité, et pour des générations qui l’ont bien cherché. Le 25 février dernier, jour exact où Wall Street s’est effondré, sortait aux États-Unis le livre The Future We Choose, Surviving the Climate Crisis, de Christiana Figueres et Tom Rivett-Carnac, dont on dit qu’il pourrait être l’électrochoc éco-conscient de ce début de siècle, enfin. Quel extraordinaire alignement de planètes! “La colère qui se perd en désespoir est impuissante à changer les choses. La colère qui se transforme en conviction est inarrêtable.” L’engagement de la responsabilité de chacun pour la planète, c’est ici et maintenant. Dans l’industrie de la mode aussi, luxe compris. Histoire de lui donner un nouveau souffle, un nouveau sens. Et ce petit supplément d’âme qui lui manque cruellement.
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Photo © courtesy DR Groupe Galeries Lafayette OF1043_MAG_KIC_Goforgood.indd 1
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Go for Good, objectif 2024 En lançant Go for Good il y a deux ans, le groupe Galeries Lafayette avait vu juste : désacraliser les codes classiques de la consommation, dont il est pourtant le temple, en proposant une nouvelle façon d’aimer la mode “responsable”. Alix Morabito, directrice Mode, et Damien Pellé, directeur du Développement durable, à l’initiative du projet, nous expliquent pourquoi et comment. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE GAFFIÉ
L’Officiel : Depuis quand croyez-vous à la mode responsable ? Alix Morabito : Disons que j’ai, depuis longtemps, une logique d’achat responsable. Même si je ne l’ai pas toujours fait en conscience. Concrètement, je consomme très peu de “fast fashion”, préférant investir dans des pièces qui durent. Et j’achète en vintage depuis vingt ans, au départ dans une logique purement financière, mais aujourd’hui plus par souci de responsabilité environnementale. Ceci étant dit, je n’ai jamais changé de style, jamais eu “d’excès de styles”. Cela fait partie de ma culture et de mon éducation. Damien Pellé : Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été un passionné de développement durable, mode responsable comprise. Mais cela doit faire environ deux ans que je suis intimement persuadé qu’il doit faire partie intégrante de toute logique d’entreprise. Et la rapidité des changements en cours dans ce domaine ne peut pas me donner tort. Êtes-vous aujourd’hui partisans du “slow pace” (rythme lent) ou de l’urgence à son égard ? D.P. : On ne peut pas selon moi être dans la politique des petits pas face à l’urgence. Lorsqu’on sait qu’à la vitesse où ça va, l’industrie de la mode pourrait causer 25% des émissions
mondiales de CO2 d’ici à 2050. Nous sommes, hélas, encore à des années-lumière du responsable. Il ne s’agit pas de brusquer les choses, mais de bien garder en tête que l’on a dix ans pour agir, pas beaucoup plus. A.M. : Sachant que nous sommes, aux Galeries Lafayette, très dépendants de l’engagement des marques partenaires avec lesquelles on travaille. On sent bien que prise de conscience et bonne volonté sont là, mais la mise en place est longue. Les marques commencent souvent par agir sur autre chose que leur produit : recherche-développement, chaîne de production, logistique, packaging… Nous avançons au jour le jour, dans le champ des possibles qui nous est imparti. Là où l’on peut agir plus vite, c’est sur nos marques propres, avec l’engagement d’être 100% responsable à horizon 2024. En tant que commerçant, quel est votre avis sur la sur-consommation ? A.M. : Nous sommes pleinement conscients que la question fondamentale du moment est la suivante : faut-il continuer à produire autant ? Proposer autant de collections par an, à un rythme effréné et inutile, dans un réseau retail au développement exponentiel, qui demande une immobilisation de marchandise titanesque, avec un tel stock qu’il reste en moyenne 30%
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“Nous nous sommes fixés un cadre précis et des objectifs clairs : les Galeries Lafayette sont aujourd’hui à 9% d’offre responsable, nous visons les 25% en 2024.”
d’invendus en fin de saison ! La vraie question urgente et prioritaire, c’est de savoir comment rationaliser cette production. D.P. : On ne peut effectivement pas éludé ce point, sachant qu’on consomme deux fois plus qu’il y a ne serait-ce que quinze ans. On ne parle pas des années 50 là, on parle de 2005 ! Et on commence à voir le succès de marques, en “direct to consumer” surtout, qui fabriquent à la demande, en pré-commande. Il est d’ailleurs incroyable que l’on puisse aujourd’hui à la fois être livré en deux heures par Amazon tout en acceptant d’attendre trois mois pour avoir un vêtement ! Mais pourquoi pas, c’est un signe encourageant, et il ne faut pas voir ce genre de comportement comme incohérent. Il faut bien commencer par quelque chose. A.M. : Et il est important de mettre en avant cette double possibilité qui confortera l’envie de modifier nos comportements de consommation. Cela va la banaliser, dans le bon sens du terme. Quels souvenirs avez-vous du lancement de Go for Food ? D.P. : Le projet a été monté très vite, en huit mois seulement. Officiellement lancé en septembre 2018, Go for Good a regroupé 500 marques d’office. Ça a immédiatement été sérieux, soutenu par la ministre de l’écologie de l’époque, avec des marques de luxe exclusives, des jeunes créateurs, une belle synthèse du marché. Même si le fait d’avoir été les premiers sur le marché français n’était pas forcément un avantage, sachant qu’il n’était pas facile d’imposer ce genre d’initiative ne serait-ce qu’il y a deux ans. Mais ce qui a été incroyable, c’est la fédération d’entreprises autour du projet. Plusieurs centaines de personnes qui, au même moment, tenaient le même discours à l’extérieur, c’était incroyable. A.M. : Et je pense que ça a même généré au sein de l’entreprise une nouvelle façon de penser. Chacun s’est approprié l’enjeu, qui est désormais ancré dans notre fonctionnement. Pouvez-vous nous résumer le pitch initial de Go for Good ? D.P. : L’impulsion est venue de Guillaume Houzé, qui souhaitait revoir le positionnement et la stratégie de la marque Galeries Lafayette. Tout est parti d’une phrase de Théophile Bader, fondateur des Galeries Lafayette au début du xxe siècle, qui disait “Les Galeries Lafayette, c’est pour rendre le beau et le bon accessibles à tous.” Afin d’y inclure la notion de développement durable, nous y avons ajouter le “bien”. Un point
de départ clair, simple à raconter, et qui rappelle notre histoire patrimoniale. La marque Go for Good est venue plus tard, nous souhaitions quelque chose de pop, énergique, engageant, et surtout déculpabilisant. Et cela s’est traduit comment, concrètement ? D.P. : Nous avons, au sein du magasin Haussmann, créé évidemment une zone dédiée regroupant de nombreuses nouvelles petites marques, mais aussi, et c’est important, invité toutes nos marques partenaires, 500 au total, dans tous les secteurs, à travailler quelques produits responsables, que nous avons mis en avant dans l’intégralité du magasin, repérables à une seule et même signalétique. Je pense qu’il est plus facile pour un client lambda d’accéder au responsable via une marque qu’il connait déjà. A.M. : C’est ce qui était le plus intéressant. Le fait que toutes ces prises de parole et actions puissent s’adresser à différentes typologies de clients. Avec un label Go for Good par produit, et non par marque. Zone dédiée pour les “green experts”, pop-up éphémères, vitrines, Stella McCartney en marraine, salle de méditation, talks, animations, plate-forme digitale… Le tout informant le public sur les meilleures pratiques dans le domaine du commerce responsable. Et ce jusqu’à nos magasins de province. Quel rôle primordial Go for Good va-t-il devoir remplir à l’avenir ? D.P. : Nous nous sommes fixés un cadre précis et des objectifs clairs : les Galeries Lafayette sont aujourd’hui à 9% d’offre responsable, nous visons les 25% en 2024. Cette échéance est volontairement proche car nous souhaitions éviter celle de 2050, certes symbolique et très médiatisée, mais trop lointaine à nos yeux. C’est plus compliqué mais plus pertinent. Notre premier objectif est de faire grossir l’offre Go for Good. Notamment en développant l’offre de jeunes marques responsables, que l’on souhaite aider, on vise les 200 d’ici à 2024. Leur donner plus de visibilité, mais aussi pouvoir les guider et les conseiller. Deuxième objectif, renforcer le programme de formation de nos vendeurs, ce sont eux nos ambassadeurs, c’est un gros travail. Troisième objectif, le client, lui faire comprendre, de façon chiffrée et concrète, le bénéfice qu’il génère en achetant responsable. Montrer la plus-value de son geste. Enfin, développer en magasin les zones Go for Good, toujours avec ce parti-pris de les dispatcher au maximum dans tous les secteurs.
© courtesy Groupe Galeries Lafayette
Damien Pellé
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“Il y a pour moi deux solutions : soit on consomme moins, soit on recycle mieux. Alors nous, vous l’imaginez bien, ne sommes pas vraiment partisan du consommez moins !”
© courtesy Groupe Galeries Lafayette
Alix Morabito
Dans une dizaine de nos magasins de province, mais aussi dès le mois prochain au BHV avec l’opération Good Bazar, incluant l’univers de la maison. Sans oublier, en septembre prochain, la prise de parole annuelle aux Galeries Lafayette, où l’on a déjà institutionnalisé quelque chose de très fort. A.M. : Et j’insiste sur le fait que nous accélérons le développement de zones dédiées aux jeunes marques accessibles dont le green est l’adn. En mode, beauté… Ce qui ne nous empêche pas d’inviter certaines grandes marques plus installées, comme Patagonia, qui ont une vraie crédibilité et désirabilité en matière de développement durable. Elles entraîneront les autres. La grande force d’un concept comme le nôtre est d’avoir été dès le départ très inclusif. Nous ne sommes pas là pour juger, nous sommes là pour promouvoir, dans la limite du justifiable. Chaque petit pas allant dans le bon sens, c’est toujours ça de pris dans la course qui s’annonce. Quel est selon vous le premier critère d’une marque de mode dite “responsable” aujourd’hui ? A.M. : Pour moi, c’est sans aucun doute celui de la transparence. Le niveau d’engagement d’une marque doit être démontré et justifié. S’il est seulement une affaire de marketing, ça ne prendra jamais. Et c’est valable aussi bien pour le social que pour l’environnemental. D.P. : Et j’ajouterai une transparence sur ses limites aussi. On ne juge pas la perfection mais la volonté. Cocher toutes les cases du responsable d’un coup de baguette magique, c’est impossible. Mais ce n’est pas pour autant que l’on ne doit ne rien faire, bien au contraire. Où situez-vous Paris sur la planisphère du responsable ? A.M. : Alors, c’est drôle, parce que sur cette question Damien et moi n’avons pas forcément le même point de vue. Pour moi, Paris est très bien placé dans la course. D.P. : Pour ce qui relève du RSE (responsabilité sociétale des entreprises), nous sommes effectivement très bien placés en France. Ce n’est pas un hasard si l’initiative du Fashion Pact lancée par Kering (et à laquelle les Galeries Lafayette ont adhéré dès son lancement, ndlr) est 100% française. Je trouve en revanche que, vu sous l’angle de l’écosystème “fashion-week”, Paris est à la traîne derrière des capitales comme Copenhague, Amsterdam ou Londres. Mais l’association Paris Good Fashion, ayant pour objectif “Paris 2024, capitale de la mode
responsable”, devrait faire bouger tout ça, nous y sommes associés et sortons prochainement avec eux une cartographie du Paris de la mode responsable. 2020 est prometteur, et on a tous les éléments pour devenir leader sur le sujet. Beaucoup de vos équivalents à l’étranger (Nordstrom, Selfridges…) se mettent à l’alternative de l’économie circulaire (recyclage, upcycling, location…), vous y pensez aussi ? D.P. : Tous sont venus nous voir, comme en pèlerinage ! Et sincèrement, Go for Good est d’une ampleur sans commune mesure avec leur dynamique. Mais oui, nous y pensons. L’économie circulaire est indéniablement le sujet d’avenir sur lequel on doit tous se positionner, avec ce grand enjeu du recyclage, sachant qu’aujourd’hui moins de 1% du textile mondial redevient du textile. A.M. : Il y a pour moi deux solutions : soit on consomme moins, soit on recycle mieux. Alors nous, vous l’imaginez bien, ne sommes pas vraiment partisan du consommez moins ! Nous avons donc dans les cartons des idées naissantes, comme celle d’utiliser les vieux stocks de tissus et d’ouvrir des ateliers à des étudiants d’écoles de stylisme parisiennes, ou de proposer certains stocks d’invendus de nos marques propres pour les upcycler. En revanche, cela demande temps et organisation, c’est une mécanique de mise en œuvre radicalement différente de la logique de commerce classique à laquelle nous avons été formés. Logistique, informatique, création de valeur, ça demande presque une autre structure d’entreprise, mais on y travaille. Pensez-vous qu’un nouveau business-model soit aujourd’hui viable ? A.M. : J’en suis certaine, et c’est ce qui justifie le moment. Nous avons un rôle à jouer, c’est maintenant ou jamais qu’il faut entraîner les marques. D.P. : Oui, si l’on accepte l’idée d’y aller progressivement. Je me fais régulièrement interpeller sur ce sujet ! Ce discours manichéen, très ancré en France, qui tendrait à prétendre que les gros sont des green washers, des menteurs, face à de pauvres petits irréprochables. Ce n’est pas si simple. Certaines grandes marques comme Adidas font des merveilles en matière de développement durable, et croyez-moi que prendre ce virage a été tout aussi difficile et laborieux pour eux, voire beaucoup plus, que pour une petite marque qui se lance sur le sujet. Il est temps d’imposer un nouveau business-model.
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La mode en
PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE GAFFIÉ
Pangaia est probablement la marque de mode éco-responsable la plus inspirante du moment. Hors-saison, universelle, végan, organique, biodégradable, travaillée scientifiquement au plus proche des ressources de Mère Nature, mais aussi esthétiquement si juste, elle est la démonstration que le monde du luxe attendait pour enfin trouver le green cool. Entretien avec Maria Srivastava, Chief Marketing Officer, et Amanda J. Parkes, Chief Innovation Officer de Pangaia.
grandeur nature L’Officiel. D’où vient le nom “Pangaia” ? Maria Srivastava & Amanda J. Parkes : De la contraction de Pangaea, le nom du supercontinent de l’ère primaire, et de Gaia, déesse de la Terre dans la mythologie grecque, pour insister sur ce rapport à la nature et à Mother Earth que l’on retrouve partout dans la marque, ses couleurs, ses matières… Qui se cache derrière Pangaia ? On parle de personnalités comme Miroslava Duma, ou encore Pharrell Williams. Pangaia est avant tout un large collectif fait de scientifiques, ingénieurs, artistes, designers, penseurs. Miroslava Duma (fondatrice de Future Tech Lab, incubateur spécialisé en innovations technologiques responsables, ndlr) est en effet membre de ce collectif. Pharrell Williams, lui, est un fervent supporter de la marque, il nous aide volontiers. Où êtes-vous basés ? Nous partageons notre siège social entre Londres et New York. Tout ce qui est production, marketing et opérationnel est à Londres, la recherche-développement et les partenariats à New York. Nous sommes à l’heure actuelle une vingtaine, sans compter nos collaborateurs extérieurs, mais la société grandit très vite. Pouvez-vous nous résumer l’ADN du projet ? En créant Pangaia, notre volonté première était de trouver le moyen de présenter toutes ces innovations et technologies sur lesquelles nous travaillions de façon la plus digeste et la plus compréhensible auprès du grand public comme de l’industrie, afin que tout le monde puisse en comprendre l’enjeu. Nous avons donc commencé par travailler autour du T-shirt – le plus basique
des produits de mode. Nous l’avons imaginé en fibre d’algue (la seaweed, récoltée en Islande, une fois tous les quatre ans seulement, ndlr) et en coton organique, respectivement à 20% et 80%, mais nous travaillons actuellement à renverser l’équation. Le tout traité à l’huile de menthe, pour en réduire la fréquence de lavage, et donc de pollution. Sans oublier ses couleurs, aux teintures uniquement végétales. Quand avez-vous lancé la marque ? Fin 2018, lors d’un lancement en preview au ComplexCon de Long Beach (le rendez-vous annuel de la culture urbaine, ndlr), mais tout a été ensuite très vite. Nous essayons toutefois de garder l’esprit “slow brand” même si c’est difficile tant les recherches en laboratoire progressent vite aujourd’hui dans le domaine. Pendant combien de temps avez-vous travaillé sur le projet en amont ? Une dizaine d’années pour ce qui est de la recherchedéveloppement. Mais nos premiers partenariats scientifiques remontent à quatre ans. La recherche en matière de biotech est-elle toujours aussi exigeante et coûteuse ? Oui, essentiellement parce qu’elle exige une économie d’échelle assez soutenue. C’est une question de financement bien sûr, mais aussi une question de temps. Peu importe le montant d’investissements si derrière vous n’avez ni le temps ni les personnes pour mener à bien recherches, tests et développements. Il se passe toujours un certain temps avant que le produit ne soit commercialisé, mais nous travaillons actuellement à le réduire. Les technologies Pangaia sont déposées, mais sont-elles aussi partagées en open source ?
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On ne peut pas vraiment parler ici d’open source, puisque nous ne les mettons pas à disposition gracieuse. Mais l’une de nos valeurs fondamentales est bien de faire profiter les autres de ces innovations technologiques, donnant ainsi tout leur sens à nos partenariats industriels. On ne cherche pas l’exclusivité. La mission “All About Nature” de Pangaia, qui consiste à recycler les nombreux atouts naturels de la planète, sera-telle l’étape suivante après celle du plastique recyclé ? Si ce n’est son remplacement, c’est en tout cas une solution alternative prometteuse. Notre technologie que nous appelons “High-tech Naturalism”, qui est plus large que la biotech, consiste à utiliser les ressources de notre environnement naturel, comme ses déchets, son agriculture, et de les coupler à des solutions hautement technologiques qui vont les rendre encore plus performantes. Le meilleur exemple en est la doudoune faite de pétales de fleurs et de matériau high-tech (entre 495 et 675 euros, ndlr). C’est cette direction que l’on suit. Pourquoi avoir choisi de lancer Pangaia en digital native brand (DTC), c’est-à-dire en vente exclusivement sur internet ? La vente en DTC était importante pour le lancement de la marque, mais nous expérimentons désormais la vente en physique, avec des pop-up stores au sein de concept-stores, comme en ce moment chez Naked à New York ; considérant qu’il est important pour nos clients de pouvoir aussi toucher nos produits. Est-ce qu’un vêtement Pangaia dure dans le temps ? peut-on imaginer le racheter d’occasion dans dix ans ? Tout à fait, et nous y avions tout de suite pensé. Dès le lancement
de la marque, nous avons annoncé un partenariat avec la société américaine The Renewal Workshop qui recycle, upcycle et répare les vieux vêtements avant de les revendre. Nous avions déjà en tête cette idée de leur redonner un jour une seconde vie. Vous imaginez bien que ce n’est pas parce que notre doudoune est garnie de pétales de fleurs qu’elle va s’autodétruire dans votre dressing ! Expliquez-nous le logo de Pangaia… Il est fait de points, ronds comme notre planète, multicolores, résumant les couleurs que l’on trouve dans la nature. Mais il y aussi un autre signe de reconnaissance sur toutes nos créations : une phrase signature spécifiant les matériaux et technologies utilisés pour la fabrication. C’est un élément essentiel de notre identité. Pangaia serait-elle (enfin) la preuve que l’on peut allier design et responsabilité en matière de mode ? C’est en tout cas précisément là où nous voulions en venir depuis le départ. Saisir la possibilité de cette alliance comme une opportunité prometteuse, prouver à tous que l’on peut être à la fois cool, stylé et responsable. Tout sauf être ennuyeux. La haute technologie et la haute couture ne sont finalement pas si éloignées en terme d’exigence et de savoir-faire. Le pitch de la marque est ambitieux : “faire des vagues dans le monde de la mode responsable”, “étirer les limites de la création pour un futur meilleur”… Comment rester si optimiste par les temps qui courent ? Mais parce que nous y croyons ! Nous croyons dans nos solutions, nous les avons devant nous en laboratoire, et il en naît chaque jour de nouvelles, nous vivons avec !
© courtesy Future Tech Lab
Miroslava Duma, co-fondatrice de Pangaia et CEO de Future Tech Lab.
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selon Farfetch PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE GAFFIÉ Carol Hilsum, directrice de l’innovation Farfetch
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© courtesy Farfetch
Dream Assembly, la recherche
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Plate-forme de e-commerce en mode premium référente depuis plus de dix ans, Farfetch a décidé de diversifier ses services. Store of The Future, Farfetch Black & White Solutions, Browns, Stadium Goods, New Guards Group… on ne compte plus ses initiatives. C’est un de ses petits dernièrs satellites, Dream Assembly, qui résume le mieux l’esprit pionnier de la maison, comme nous l’explique Carol Hilsum, directrice de l’Innovation pour la marque.
L’Officiel. Depuis trois ans chez Farfetch, côté produits, vous avez intégré la Dream Assembly en tant que directrice de l’Innovation il y a un an. Quel regard portez-vous sur ce nouveau domaine d’expertise ? Carol Hilsum : L’innovation dans le secteur de la mode et du luxe est un sujet passionnant, et cela fait déjà une quinzaine d’années que je m’y intéresse de près. C’est à présent un écosystème florissant, dans lequel les choses vont très vite, avec une technologie sérieuse et des résultats performants. Mode et tech sont aujourd’hui indissociablement liés. Comment est née la Dream Assembly ? J’ai intégré ce projet six mois après son lancement, mais je me souviens que José Neves (fondateur et CEO de Farfetch) en parlait depuis un bon moment et motivait régulièrement ses équipes sur ce thème. L’idée de créer un programme spécifique qui soutienne les jeunes start-up dans le domaine de la fashion-tech était sans doute pour lui la possibilité d’offrir aux autres ce qu’il n’avait pas eu quand il avait à l’époque lancé sa société en pionnier solitaire. La structure Dream Assembly fait partie intégrante de l’ADN Farfetch et de sa stratégie globale, d’ailleurs elle n’a pas de business model indépendant. Pourquoi ce nom de Dream Assembly ? Je crois que c’est José qui a trouvé ce nom. Probablement en lien avec l’idée du rapport aux autres, du travail en communauté, d’une assemblée idéale qui serait capable de fédérer toute cette énergie ambiante. Pouvez-vous résumer en quelques mots l’ADN de Dream Assembly ? Dream Assembly s’inspire directement de la dynamique start-up. Son programme consiste à encourager, accélérer, soutenir et donner de la valeur aux jeunes projets d’entreprise prometteurs dans le domaine de la fashion-tech, afin de préparer l’avenir du commerce de mode. Comment fonctionne cet incubateur ? Dream Assembly propose aux start-up sélectionnées un mentorat
en session de douze semaines tous les six mois, que nous appelons “cohort”, à l’issue duquel sont retenus les meilleurs, soit onze à la première session 2018, huit et sept aux deux suivantes. La prochaine sera annoncée ce mois d’avril. Concrètement, cela donne quoi ? Le programme est assez chargé, mais désormais bien rodé. Il faut savoir que chaque start-up a accès à de nombreux outils mis en place par Farfetch : “talks”, ateliers, réunions, “growth bootcamp”, “demo day” pour pitcher son projet aux investisseurs… Autour de thèmes aussi variés que le e-commerce, le marketing, la technologie, la logistique, les opérations. Le tout en une tournée de trois villes européennes familières à Farfetch : Porto, Lisbonne et Londres. Seul le “growth bootcamp” a lieu à San Francisco. Soixante parrains d’entreprises soutiennent désormais le programme Dream Assembly. Êtes-vous partisan de l’open source ? L’open source en matière de partage de solutions technologiques, tel qu’on l’entend en général, n’est pas notre spécialité, mais en ce qui concerne le partage de partenariats, d’inclusivité, c’est tout à fait le cas. Échanger et faire mûrir de nouvelles idées à plusieurs aide forcément l’ensemble du groupe. C’est en tout cas ce que nous constatons à chaque nouvelle “cohort” : l’écosystème se renforce exponentiellement, et redonne au suivant ce qu’il a lui-même reçu du précédent. Le résultat est motivant, et nous encourageons donc cet open source. Chaque session a-t-elle un thème ? Disons qu’elle a souvent une ligne directrice correspondant à l’air du temps, comme l’intelligence artificielle ou la réalité virtuelle. Les résultats de la quatrième “cohort” ne seront révélés que fin avril, mais je peux déjà vous dire que la technologie 3D est au cœur de toutes les préoccupations. Et le thème de la mode responsable ? Évidemment aussi ! Dream Assembly s’intéresse de près aux technologies de la chaîne logistique qui pourraient réduire le gaspillage textile, comme celle de la création digitale par exemple.
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Les belles plantes Politiquement correcte, la mode verte ? Physiocrates ou écolos convaincues, ces créatrices passent à la vitesse supérieure dans la durabilité. Retour à l’artisanat, zéro déchet, fonctionnement à la demande… L’individu et son environnement retrouvent une place sur le grand échiquier de la mode.
de la création PAR MATHILDE BERTHIER
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Lucille Thievre
© Priscillia Saada
La “Frenchy” du Festival d’Hyères 2019, nouveau nom de la hype corrézienne initiée par Marine Serre, a créé sa collection fleuve dans et d’après la nature. Son processus créateur, lui, en appelle à l’artisanat. Son cheval de bataille ? Une mode circuit court. “Dès qu’on est sorti d’une échelle de production humaine pour arriver à une échelle industrielle hors norme, tout déraille, nous dit-t-elle. Alors revenir à un processus plus humain, et plus simple aussi, me semble essentiel et raisonné.” Robe d’un vert “herbe au soleil couchant”, chemisier et corsaire qui collent à la peau… Les idées de Lucille Thièvre naissent sans intermédiaire, au contact d’un paysage rural ou urbain, au détour d’une conversation avec un artisan, comme le joaillier-ami Maxime Leblanc qui a confectionné des boutonnières. Pour l’esthétique de ses vêtements, c’est vers la nature qu’elle s’est
en partie tournée : “Tout le monde a besoin de retrouver un lien avec son environnement originel. On y découvre un espace qui semble vide, dans un premier temps, mais qui s’avère être une terre vierge de pollution visuelle et sonore.” Preuve d’une cohérence de A à Z, sa partie retail s’articule autour d’un système direct to customer : “Cela permet d’entretenir un lien humain direct avec la personne qui achète le vêtement.” En pratique ? Biberonné aux années 1980-90 – “Ça fait partie de moi, je ne rejette pas ces références !” –, le vestiaire évoque aussi les textures et les palettes des Esplaces, village où Lucille Thièvre a grandi. Créatrice-sculptrice, elle privilégie l’emploi de matières caméléon : velours, taffetas, jersey… “Je les manipule souvent pour changer leur aspect.”
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Emma Brewin Sous l’étendard du no fur, cette Anglaise militant pour la protection des abeilles réhabilite des techniques de confection ancestrales dans une grange du Kent, à deux pas de la mer. La rurbanisation appliquée aux designers de mode ? Demandez le programme. Son cheval de bataille ? Produire moins, mais produire mieux. Travailler autrement, aussi. Celle qui chapeaute aujourd’hui Rihanna, Adwoa Aboah ou Rita Ora a repensé son métier dans sa globalité, du produit au processus en passant par l’environnement. Dans la campagne de Sandwich, petite ville portuaire du Kent, la créatrice s’est aménagé un atelier dans une ancienne porcherie. Là, devant son rouet et ses pelotes géantes de fausse fourrure, Emma Brewin conçoit elle-même les pièces qui ont fait sa renommée : “Je ne passe pas mon temps dans un bureau à dessiner des vêtements qui seront fabriqués
En pratique ? Un suroît sucre glace comme les contes en dépeignent. Des manteaux barbes à papa comme Margot Tenenbaum en raffole. En 2016, pour sa collection, Emma Brewin brodait une abeille sur le revers d’un chapeau vert pomme — une partie des bénéfices irait à la Bumblebee Conservation. Avec candeur et impertinence, elle se donne les moyens de créer un monde enchanté dans un fluffy rigoureusement sourcé. Sa mode est bien faite. Et faite pour durer.
© Chloe Sheppard
dans un autre pays – ce qui me permettrait de pouvoir en offrir à des centaines de célébrités, déclarait-t-elle ainsi sur son compte Instagram. Tout ce que je vends à mes clients est élaboré à la main.” Cinq à dix jours sont nécessaires pour un haut-de-forme. Trois à cinq semaines pour un manteau… Tout vient à point à qui sait attendre.
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Maison Cléo
© Chloé Bruhat
Avec ses quatre mains, un atelier à Calais et un amour immodéré des vêtements d’époque, ce duo mère-fille convertit, depuis 2016, sa communauté de 43500 sellennials aux heureux attraits de la pièce unique. Et du fait-main. Son cheval de bataille ? L’Insta-couture. Prenez une couturière ou un petit tailleur du xixe siècle, son fonctionnement à taille humaine, son savoir-faire, ses marottes, et propulsez-la.le dans l’ère des digital natives… “Nous ne sommes pas révolutionnaires. Nous remettons au goût du jour ce qui se faisait avant”, confessait le duo dans les pages de Jalouse. “À la Belle Époque, on allait chez la couturière, on choisissait un modèle, elle le faisait selon nos mesures et on le recevait deux semaines après. Dans ma famille, on a toujours vu les choses comme ça.” Si elles dessinent et cousent en atelier, Marie et Nathalie, aka Cléo, prennent les commandes sur
Internet chaque mercredi à 18h30 précises — jour et heure indéboulonnables. Le modèle, lui, est disponible jusqu’à épuisement du tissu… Attrapez-les tous ! La génération Z s’y donne à cœur joie : “Instagram a permis à beaucoup de jeunes marques de développer le no stock. Il y a même des créateurs qui n’ont pas de e-shops et ne vendent que par stories.” En pratique ? Du “ringard” noble et jouissif, entre trousseau d’avantguerre et tailoring Trente Glorieuses. Au design, Marie s’inspire de ses aïeules. Blouses à manches bouffantes, jupes trapèzes ou crayons pour petits ensembles à cols Claudine ou pelle-à-tarte… Les matières, 100% naturelles, sont sourcées dans les surplus de grandes maisons, d’usines ou parmi les invendus de jeunes designers.
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Bernadette Antwerp
Son cheval de bataille ? L’anti-zapping. Avec Ava Gardner et Audrey Hepburn pour saintes patronnes, les De Geyter, inénarrables collectionneuses, se sont constitué une véritable encyclopédie de vêtements vintage : “De la lingerie ancienne, des chemises de nuit et des robes de chambre, avec de très beaux détails comme de la dentelle filée, des empiècements cousus à la main, nous exposaient Bernadette et Charlotte à leurs débuts. Nous nous en inspirons pour les formes et les finitions de nos vêtements.” Belle Époque, Années Folles, âge d’or hollywoodien… Pourquoi s’acharner à construire une mode sur les ruines
d’une autre ? Cet ancrage dans une histoire est le premier jalon d’un retour au calme, que complètent des coupes organiques, au plus près du corps : “Notre but est d’imaginer des vêtements qui dégagent un sentiment de facilité et de nonchalance. Pour que la femme se sente forte, fraîche et détendue dans ses vêtements, comme elle se sent quand elle est dans la nature.” En pratique ? Un Déshabillez-moi champêtre, taillé dans de la soie italienne et planté de fleurs en tous genres. Marguerites, glycines, pivoines… Au rythme d’échanges avec son compagnon, le peintre anversois Ben Sledsens, Charlotte s’est crayonné un herbier infusé de Boucher autant que de Séraphine : pastoral, naïf et pop bien entendu. Comme si Laura Ashley rencontrait le Douanier en lisant du Rousseau ?
© courtesy Bernadette Antwerp
Physiocrates plus qu’écolos, l’Anversoise Bernadette de Geyter et sa fille Charlotte entament un retour à la nature par le menu : pâquerettes, roses et robes qui volent au vent. Un Promeneur solitaire 2.0 ?
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Coralie Marabelle
© Mia Dabrowski
Si elle a décomplexé l’upcycling avec ses chemises patchworks géantes, la révélation du Festival d’Hyères 2014, “talent” de l’incubateur lancé en 2017 par la Fédération du prêt-à-porter, sait aussi recycler et pérenniser en sourdine. Son cheval de bataille ? Créer à partir de l’existant. Depuis le lancement de sa marque, en 2016, Coralie Marabelle marche à rebours des clichés sur la mode et le recyclage — trop conceptuel ou “sortie d’école” pour les plus snobs : “Selon moi, l’upcycling n’a d’avenir que si on arrive à le rendre rentable, que s’il trouve sa place dans le placard de tout le monde”, nous raconte-t-elle, en bleu de travail dans son studio de la rue des Blancs-Manteaux. Ici, entre la table de dessin, un portant de prototypes et un mur à images, sa machine à coudre veille sur des piles généreuses de surplus de tissus : “L’inventivité naît de la contrainte. On sait aujourd’hui qu’on stocke des tonnes
de vêtements sur terre et qu’on ne sait pas quoi en faire : il nous faut apprendre à les renouveler, ce que je fais avec les éléments que je collecte.” Ainsi la Française fabrique-t-elle localement et en toutes petites séries des pièces à la fois “bien-faites et créatives” : “Avec la fast fashion, on a perdu la valeur du vêtement, l’attachement qu’on peut lui porter mais aussi la conscience de l’investissement qu’il représente.” En pratique ? T-shirts origamis, longues jupes color block, trench-coats brutalistes… le vestiaire, augmenté à l’occasion de silhouettes expérimentales, s’ancre dans une démarche globale régie par l’art et les artistes. Chaque mois, Coralie Marabelle organise une rencontre “phygitale” avec un(e) plasticien(ne), peintre, photographe, histoire de “remettre le processus créateur au centre du propos.” Sa boutique-atelier, inaugurée prochainement, constituera un espace de dialogue.
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Ssone
Son cheval de bataille ? Replacer la main de l’homme au cœur du propos. En baptisant sa marque d’après le participe passé “sewn”, du verbe coudre, Caroline Smithson annonce la couleur en 2018 : “Nous cherchons à éduquer les consommateurs sur le savoir-faire, l’amour et le temps qui est consacré à la production d’une belle pièce”, lit-on sur la plate-forme matchesfashion.com, au sujet de sa première collection. Coût humain, coût écologique : dans sa grande course vers l’avant, la mode a perdu la valeur du vêtement. Ssone tente d’y remédier en multipliant les initiatives. Chaque création, propre depuis son coût en eau jusqu’à la
traçabilité de ses matériaux, met en lumière un savoir-faire. Par exemple ? Le kantha, une technique ancestrale de matelassage brodé, originaire d’Asie du Sud-Est. Autre projet d’envergure, Re-Ssone voit au-delà de la mode et fait interagir autour de la durabilité plusieurs acteurs de l’artisanat, des ébénistes, des tisserands… Près de l’Atlas marocain, des membres du collectif ANOU ont upcyclé les chutes d’une collection Ssone pour en faire des tapis. En pratique ? De l’utility wear qui raconte une histoire. Vestes et pantalons en coton bio et recyclé réalisés dans une manufacture historique du Lancashire. Bottes confectionnées en Italie à partir de surplus de cuir. Pulls patchworks teintés à partir de plantes — françaises ! Ce style, Caroline Smithson l’a nourri de ses recherches passées et présentes sur la vague féministe post-1968. Comment le vêtement a-t-il été et peut-il être vecteur d’émancipation ?
© courtesy SSONE
Après vingt ans sur la voie canonique, des passages chez Alexander McQueen et Proenza Schouler, l’Anglaise Caroline Smithson a choisi d’en sortir pour oser son propre projet : Ssone, une mode impeccable dans la forme comme dans le fond.
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Collina Strada
© Chloe Horseman
Depuis déjà dix ans, Hillary Taymour combat la langue de bois autour de la “sustainibility”. Cette New-Yorkaise prouve avec son label Collina Strada que la mode peut devenir, et devient parfois, partie intégrante d’un discours politique. Son cheval de bataille ? Une prise de conscience globale. À quoi bon taxer ses vêtements de durables si le reste ne suit pas ? De ses défilés de mode à sa plate-forme digitale, Hillary Taymour soulève des questions, sensibilise. Les éléments de décor de l’avant-dernier show Collina Strada — un marché alimentaire dans East Village — avait été entièrement loués. Les fruits et légumes iraient, eux, remplir le frigo de ses invités. L’Américaine explique sur ssense. com : “Je voulais que les gens réfléchissent à la provenance de leurs aliments et aux autres options possibles.” Pour la “liste de courses”, elle avait missionné l’activiste libano-canadienne Céline Semaan, de l’incubateur Slow Factory : “Apprenez à faire
du compost. Réparez vos vêtements, ne les jetez pas.” Toutes deux partagent une même approche sociale de l’écologie (du grec oikos, “demeure” et logos, “science”, ndlr). Elles imaginent, à travers le prisme de la sustainibility, un dialogue entre l’homme et son environnement. Bon pour la terre, bon pour les gens… Aux créatifs d’interagir dans cette science de la demeure. Hillary Taymour le sait, la mode est un outil, aussi fun soit-il. En pratique ? De l’upcycling sous endorphine, à mille lieues des poncifs de la sobriété heureuse : “Notre esthétique est diamétralement opposée à celle de la contre-culture écologique, parce qu’elle n’a pas l’air durable. J’essaie de créer des pièces festives, joyeuses, éclatées, tout en me souciant de l’environnement.” Des robes tissées à partir de fibre de rose. Un blouson tapissé de fleurs rétro. Des gants de vamp’ taillés dans un surplus de dentelle. Du tie & dye à tous les étages. L’extravagance bienheureuse ?
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© Chico Cerchiaro OF1043_MAG_KIC_Osklen+shoe.indd 1
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L’Oskar de la mode activiste Il est loin le temps où, en 1998, Oskar Metsavaht, fondateur de la marque brésilienne Osklen, recevait au milieu de son salon les cinq premières tonnes de sa plantation expérimentale de coton bio sans trop savoir qu’en faire. Depuis, sa marque a été classée parmi les dix plus influentes du monde en matière de mode responsable. À l’heure où elle arrive en France, via les sneakers de la collection capsule OSKLEN // AG, pour Amazon Guardians, retour sur trente années de convictions visionnaires. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE GAFFIÉ
L’Officiel : Ancien médecin, passé depuis ambassadeur de l’Unesco pour la paix et la durabilité, vous êtes tombé il y a trente ans dans la mode responsable, en devenant, comme pionnier référent, l’un des acteurs incontournables au niveau mondial. Vous souvenez-vous du moment où tout a basculé ? Oskar Metsavaht : Bien sûr, comme si c’était hier ! C’était en juin 1992, lors du sommet de Rio, célèbre conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement durable. Maurice Strong, son secrétaire général, mettait pour la toute première fois sur la table le concept de développement durable, allant au-delà du simple principe de préservation qui régissait jusqu’alors les règles de la protection environnementale. J’étais présent à cette conférence, mais je n’ai pas réalisé tout de suite le bouleversement que représentait cette déclaration. Comme
beaucoup d’entre nous engagés à l’époque dans la protection de l’environnement, j’étais un grand humaniste ! Surfer, fan de sports outdoor, proche de la nature, j’étais persuadé que la respecter suffisait à la conserver. Mais ce jour-là, j’ai réalisé que ça ne suffirait pas. Que ça ne suffisait déjà plus. C’est à ce moment précis que je suis passé de l’idéaliste que j’étais à l’activiste que je suis ! Comprenant que le développement économique de nos sociétés industrialisées ne pourrait être viable à long terme que si l’on parvenait à l’instaurer à l’équilibre grâce au développement durable. Mais alors comment passer, sur une simple conviction, de la médecine à la mode ? J’ai toujours été sensible à la protection de l’environnement, probablement par mes racines brésiliennes et mon intérêt
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professionnel pour la recherche biologique. Mais si j’ai créé la marque Osklen en 1989, ce n’est qu’en 1998 qu’elle est officiellement devenue ce qu’on appelle une eco-brand, à force de recherche et de travail sur le terrain. Tout était encore très nouveau dans ce domaine, tout ne se faisait pas du jour au lendemain, d’un coup de baguette magique. J’ai procédé en deux étapes. Déjà, j’ai commencé par lire tout ce qui me tombait sous la main sur le sujet : chartes, conventions sur la biodiversité, protocole de Kyoto, et cette référence pour moi qu’est An Agenda for the 21st Century, de Rushworth Kidder, paru en 1987, qui pose à 22 leaders de pensée internationaux (artistes, scientifiques, hommes d’État, philosophes…) et de façon terriblement visionnaire et prophétique la question suivante : “Quels seront les grands enjeux auxquels aura à faire face l’humanité au xxie siècle ?” Ensuite, je me suis lancé un pari fou, celui de créer dans la région du Nordeste la première plantation brésilienne de coton organique. Et ce, à la surprise générale ! Sachant qui plus est que je voulais consacrer sa production au secteur du luxe, et pas de l’outdoor comme Yvon Chouinard avait pu le faire avec Patagonia. Personne n’y croyait, le secteur considérant déjà à l’époque la simple idée d’une mode responsable comme terriblement ennuyeuse, quand ce n’était pas antinomique. On était en pleine explosion du prêt-à-porter, green et business ne faisaient pas bon ménage. Mais j’ai tenu bon, persuadé que si la mode était une notion “cool”, alors la mode responsable serait son “new cool”. Mes amis de l’époque – biologistes, sociologues – étaient les plus cool, il n’y avait à mes yeux aucune raison que je ne puisse réconcilier ces deux mondes. Le passage à un Osklen vert a donc été difficile ? Difficile non, mais ardu oui ! Je ne vous cache pas que j’ai contourné les attentes de certification, trop procédurières. Je ne voulais pas perdre de temps, j’ai créé cette plantation, suivie en 2005 par un institut de recherche-développement en biotechnologie, qui travaille aujourd’hui pour de nombreux secteurs industriels et dont les solutions sont ouvertes à tous. Ce qui m’obsédait, c’était d’aller vite et de pouvoir partager. En matière de technologie, l’open source ne me pose aucun problème, c’est différent de la création qui exige une certaine confidentialité. J’ai dû également composer avec mes équipes au studio pour lesquelles il était plus facile et moins cher de travailler avec des matériaux standards. Enfin, j’ai dû convaincre une clientèle longtemps rétive à l’idée de payer plus cher du coton bio. Et le jour où j’ai enfin réussi à lui faire comprendre que le luxe était de porter un produit noble, alors plus rien ne m’a arrêté ! C’est le moment où vous êtes passé au militantisme ? Je dirais que c’est en 2004, si on peut appeler ça du militantisme ! Quand j’ai véritablement engagé la marque Osklen dans l’action, lui ajoutant son slogan actuel ASAP, pour “As Soon As Possible” mais aussi “As Sustainable As Possible”. À l’époque, le luxe ne bougeait toujours pas. C’est difficile
d’éduquer les consciences, de changer les règles. Les institutions me disaient : “Pas de certification ! Si vous n’êtes pas 100 % vert , c’est du green-washing.” Alors, j’ai créé mes propres critères, en toute transparence. Je n’ai jamais prétendu être parfait, mais il fallait bien s’y mettre. Peut-être que ça prendrait vingt ans, et alors ? L’industrie de la mode est bicentenaire, on ne va pas la changer en un jour. On s’est lancé, et l’Unesco a fini par nous repérer et nous encourager. Puis, c’était en 2006, le WWF britannique a commandé à un groupe d’experts suisse une étude intitulée Deeper Luxury qui, après consultation des principaux groupes de luxe occidentaux, a établi un index de leur impact social et environnemental. Et croyez-le si vous voulez, au chapitre The Future Makers, Osklen s’est retrouvé classé à côté de Tesla ! Ça a achevé de me convaincre que j’allais dans la bonne direction ! Aujourd’hui, Osklen arrive en France, avec sa collection capsule OSKLEN // AG, pour Amazon Guardians. Pouvez-vous nous l’expliquer ? OSKLEN // AG est le résultat de ces vingt ans d’expérience dans le développement d’une mode plus respectueuse des enjeux environnementaux. Elle repose sur un engagement environnemental, avec un impact de production le plus faible possible, mais aussi sur un engagement social, celui du respect de l’artisanat brésilien traditionnel et de la qualité de vie des communautés autochtones d’Amazonie. L’idée nous est venue au moment des terribles feux de forêt qui ont ravagé ce poumon de la planète. Mes équipes m’ont demandé d’agir vite, et je leur ai expliqué que ce que l’on savait faire de mieux était entre nos mains depuis longtemps. Une collection de sneakers et de vêtements composés exclusivement de matériaux innovants et responsables, six par paire (caoutchouc et toile recyclés, fil de coton bio, paille de riz, canne à sucre, latex naturel, peau de poisson Pirarucu), préservant ainsi la biodiversité de la forêt amazonienne, et dont 5 % des bénéfices des ventes sont reversés aux programmes d’éducation des communautés locales via deux ONG, Origens Brasil et Instituto Socioambiental. Alors que le monde s’embrase, quelle recommandation laisser aux générations futures ? J’ai envie de dire la même qu’il y a trente ans hélas, mais cette fois-ci, c’est la dernière occasion qui leur est donnée. Celle de trouver par tous les moyens – humains, scientifiques, technologiques – le juste équilibre entre industrialisation et développement durable. Et j’ai l’impression que de plus en plus de marques sont prêtes à rencontrer les bonnes consciences individuelles. C’est maintenant ou jamais que les jeunes générations doivent faire de la mode responsable le “cool stuff” dont elles rêvent. Notre époque invraisemblable doit être considérée comme une ère de transition sans marche arrière possible, un moment de Renaissance, de siècle des Lumières, même si la comparaison est un peu extrême. Mais c’est mon intime conviction.
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(hôtel) © Janeiro , (basket) © courtesy Osklen OF1043_MAG_KIC_Osklen+shoe.indd 4
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Marine Serre « Marée Noire » SS20.
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TENDANCE
Politique
d’austérité PAR MATHILDE BERTHIER
Combinaisons de survie, uniformes, vêtements de bure… Bien au-delà du fantasme ascétique, la nature des collections récentes signe une inquiétude croissante chez les créateurs.
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“Dans un monde qui a versé dans une forme de chaos, l’austérité en art est politique. Pour certains, elle sert d’outil de prévention. Pour d’autres, d’outil d’opposition. Remiser ses couleurs pour des tons neutres, ses paillettes pour des matières sobres…”
La mode avance masquée, en ce mardi pluvieux de février. Les lunettes de sécurité défilent sur le podium, accompagnées de souliers scuba. Aussi couvrant qu’une gangue ou une armure, le vêtement permet au corps d’évoluer dans un milieu hostile. Le cou ou la taille armé(e) d’amulettes, clefs, breloques, l’être humain prépare sa remontée depuis les abysses, encagoulé de brocart ou de dentelle anglaise. Nous sommes au défilé automne-hiver 2020/21 de Marine Serre. Il y a un an, ses silhouettes post-apocalyptiques trouvaient refuge dans les sous-sols d’Issy-lesMoulineaux. 365 jours plus tard, la Corrézienne envisage leur anabase : l’étape de la crise passée, que restera-t-il de l’homme si ce n’est sa créativité ? Dans les rangs, journalistes, influenceurs, acheteurs, voudraient croire au film d’anticipation. La réalité a rattrapé leur fiction de tissus. Masqués, en ce mardi de février où l’épidémie de coronavirus s’accélère, ils seront bientôt confinés. Un parti d’opposition Crise sanitaire, guerre climatique, conflits sociaux… Dans un monde qui a versé dans une forme de chaos, l’austérité en art est politique. Pour certains, elle sert d’outil de prévention. Pour d’autres, d’outil d’opposition. Remiser ses couleurs pour des tons neutres, ses paillettes pour des matières sobres… L’histoire a prouvé qu’on jeûne
rarement par jeu. Au Moyen-Âge, certains ordres monastiques prêchaient le dépouillement vestimentaire face aux excès de la sphère profane. Tonsures, robes de bure, pèlerines, le tout monochrome… Il n’y a bien que la collerette qui dépasse, un peu plus tard au xvie siècle. Les leaders protestants y ont défendu l’ascèse esthétique contre la pompe de l’Église catholique et les fastes royaux de cour : “À cette époque, le noir, après avoir été une couleur chic et recherchée par les princes vers 1450, devient la couleur de l’austérité”, nous explique Denis Bruna, historien des modes et des vêtements, auteur, avec Chloé Demey, d’Histoire des modes et du vêtement. “Le noir habille les bourgeois des pays d’Europe qui ont adopté les thèses de la Réforme protestante. Le protestantisme a eu une véritable aversion pour le luxe vestimentaire et a prôné l’uniforme noir.” Cette volonté de standardisation de la silhouette resurgira juste avant la Révolution, en pleine crise sociale : “Rousseau et d’autres philosophes, mais aussi des médecins et des hygiénistes dénoncent le vêtement aristocratique comme étant trop luxueux, trop contraignant, poursuit Denis Bruna. Ils réclament un vêtement plus rationnel.” Dystopie ou guide de survie Alors, doit-on dégainer l’uniforme pour se repentir ? Alessandro Michele, John Galliano,
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“Alors, bien sûr, le dépouillement vestimentaire est aussi la B.A. des excessifs. De ceux qui ont abusé du bling bling et surconsommé du vêtement. Ou qui s’y opposent. Il biberonne depuis plusieurs saisons l’idéal ascétique des galeristes en toile de jute.”
Demna Gvasalia, Marine Serre… Si certains créateurs sacrifient aujourd’hui à leur excentricité légendaire, c’est majoritairement par volonté de prévention. De mise en garde. Le péril des libertés individuelles leur inspire des défilés d’anticipation où l’uniforme renvoie aux grandes dépressions du xxe siècle. Ainsi chez Maison Margiela, John Galliano convoque les militantes des guerres mondiales, infirmières, résistantes, pour dénoncer la montée des populismes dans l’Europe 2.0 : “Si vous avez une voix, c’est parce que ces personnes se sont battues pour que vous puissiez voter.” Vingt et un mannequins en camisole de force symbolisent chez Gucci les nouvelles – et périlleuses – formes d’exercice du pouvoir : “Notre époque est façonnée par une microphysique des pouvoirs, qui opère moléculairement à l’intérieur de la société : une forme de gouvernement étendue qui, à travers un ensemble d’institutions, de dispositifs et de mécanismes de subjugation, impose des règles de comportement intériorisées par les individus”, lit-on dans la keynote du défilé. Celle-ci renvoie au concept de “biopolitique” théorisé par Michel Foucault : “Ces pouvoirs opèrent tous les jours à travers des blocages et des interdictions, ils préviennent la libre circulation des discours et finissent par créer une société disciplinaire : une société qui contrôle, confine et régule la vie.” Un
formatage global et insidieux : voilà à quoi se frotterait donc la mode pour le directeur artistique Alessandro Michele. Alors, bien sûr, le dépouillement vestimentaire est aussi la B.A. des excessifs. De ceux qui ont abusé du bling bling et surconsommé du vêtement. Ou qui s’y opposent. Il biberonne depuis plusieurs saisons l’idéal ascétique des galeristes en toile de jute. Il a fait le succès de Phoebe Philo chez Céline (avec accent), des sœurs Olsen à la tête de The Row, mais aussi des récentes collections de J.W. Anderson : les robes boules, les manteaux trapèzes, le chanvre, la laine bouillie, et puis ces plumages d’oiseaux de bonne augure… Avec toujours un twist pour dire que l’homo erectus plie mais ne rompt pas. Cet hiver à Paris, Demna Gvasalia a exploré ce concept de rémanence créative pour Balenciaga.. Sa marée noire cristallisait la crise d’une société postindustrielle. De facto, les premiers rangs du set prenaient l’eau – ou le pétrole ? – sous un ciel digital très agité. Quel avenir pour l’arroseurarrosé ? Au fil des 109 silhouettes inspirées de vêtements de fonction, la dystopie du rang d’oignons a laissé place au grain de folie. Les épaules de tailleurs ont souri. Et les robes du soir, joué au Grand Bleu. Nietzsche en parlait déjà : il y a sur cette planète bien du chaos, mais beaucoup de comètes à y trouver. 126
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Caterina avec son compagnon Riccardo, un amoureux des chevaux qui dresse et monte de manière naturelle, sans mors ni éperons.
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LIFESTYLE
A green mind
PAR SILVIA FRAU TRADUCTRICE HÉLÈNE GUILLION
En fin de journée, Caterina Negra rentre dans sa nouvelle maison sur les collines de l’Émilie-Romagne.
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Un endroit à part où elle trouve l’énergie nécessaire pour assurer son rôle de directrice créative de Pinko et motiver son équipe.
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LIFESTYLE
Nos fourrures écologiques sont fabriquées à partir de feuilles de maïs et de matériaux nouveaux, même s’ils ne sont pas tous recyclés à 100 %. Mais on y travaille tous les jours. L’idée est de fabriquer des vêtements glamour ‘très Pinko’ avec ces fibres et de supprimer l’allure triste qu’ont souvent les objets créés à partir de matériaux recyclés. ” Caterina Negra On pourrait croire que ce sont deux mondes contraires. D’une part, le rythme frénétique de la mode, les milliers de choses à faire, les décisions à prendre. D’autre part, la nature et le respect de son rythme. Caterina Negra, directrice de création de Pinko, joue avec ces deux opposés à la façon de vases communicants. Dans l’entreprise, elle apporte toute l’énergie que lui prodigue sa vie immergée dans le vert des collines qui dominent Fidenza (province de Parme), la petite ville où elle est née et où se trouve le siège de la marque fondée par ses parents. “J’ai grandi dans un appartement dans le centre-ville, mais mes parents avaient une maison à la campagne, où nous avions l’habitude d’aller le week-end. J’ai vite compris que c’était celle-là ma vraie maison, au cœur de la nature.” Elle y vit depuis l’âge de 24 ans. Maintenant qu’elle en a presque 37, elle a trouvé un endroit à elle, qu’elle partage avec son compagnon Riccardo. “Nous avons une petite maison en pierre entourée de bois, avec beaucoup d’espace pour les chevaux et les ânes. Ce sont des animaux recueillis, qui ont connu des situations difficiles ; en cela, je suis radicale. Je ne vois pas pourquoi on doit faire des élevages alors que tant d’animaux sont abandonnés et ont besoin d’être accueillis”, dit-elle, en précisant qu’ils disposent d’un espace suffisant pour le pâturage et que les animaux sont montés “en cordelette”, sans mors ni éperons. Les chevaux, c’est une passion de Riccardo, qui lui a fait découvrir une façon différente de les aborder, beaucoup plus naturelle. Cet amour de la nature et des animaux est aussi devenu un mode de vie. “Je suis végan depuis quatre ans. J’ai toujours été gourmande de végétaux, je vivais de fruits et de légumes, d’avocats, de riz et de temps en temps de parmesan ; mon compagnon, lui, est végan depuis de nombreuses années. Pour moi, ça a été un passage naturel, spontané. Je ne me suis jamais forcée et je ne juge pas ceux qui mangent autre chose, je l’ai fait jusqu’à il y a peu”, dit-elle avec le ton calme et serein qui accompagne toutes ses réponses. “Je ne veux imposer ma vision à personne. En ce qui me concerne,
je ne peux pas imaginer un autre type de vie, je ne serais pas capable de faire ce que je fais, d’apporter autant d’énergie à mon travail et à mon équipe si je ne vivais pas ici. Et si je peux le faire, c’est parce que je suis seulement à dix minutes en voiture de mon travail.” Ce point de vue, elle l’a transmis aussi à l’entreprise, avec une exigence moins extrême, mais conforme à sa philosophie : la marque a aboli la fourrure il y a quatre ans – avant de nombreuses autres marques – et accorde beaucoup d’attention aux matériaux et à la chaîne de production, en demandant aux fournisseurs d’avoir des certifications sur l’impact environnemental et la durabilité. “C’est une attention que les nouvelles générations ont développée. Nous proposons des matériaux recyclés dans les accessoires, comme les Love Bags en canvas, fabriqués à partir de douze petites bouteilles en plastique, ou dans certains tissus en nylon, également recyclés. Nos fourrures écologiques sont fabriquées à partir de feuilles de maïs et de matériaux nouveaux, même s’ils ne sont pas tous recyclés à 100 %. Mais on y travaille tous les jours. L’idée est de fabriquer des vêtements glamour ‘très Pinko’ avec ces fibres et de supprimer l’allure triste qu’ont souvent les objets créés à partir de matériaux recyclés. Nous travaillons à la fabrication de produits mode : des robes et des jeans brodés, par exemple, avec des paillettes provenant de vieux CD ou de boîtes de conserve découpées.” Le contact permanent avec la nature, que l’on trouve aussi dans l’entreprise, est également une source d’inspiration. Le siège a été conçu par l’architecte Guido Canali, avec l’idée de pouvoir voir la verte campagne émilienne depuis tous les bureaux. Toujours dans une perspective durable, il y a des recharges pour les voitures électriques et, bientôt, un parc avec des panneaux photovoltaïques. Après avoir quitté son travail, Caterina parcourt les quelques kilomètres qui la séparent de chez elle avec le même enthousiasme. “Même si à la campagne il y a toujours plein de choses à faire, à réparer et beaucoup moins de confort que dans un appartement en ville, j’ai toujours l’impression d’être en vacances.”
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Caterina en son domaine, une maison en pierre entourée de bois, avec beaucoup d’espace pour les chevaux et les ânes, des animaux recueillis qui ont connu des situations difficiles.
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© Fiona Torre
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The Place to be
© J.K. Place
C’est dans le 7e arrondissement que le dernier hôtel J.K.Place a pris ses quartiers parisiens. Un cocon de luxe et de beauté. Ici on se sent illico “a casa”. Une fois passé le porche de cette nouvelle adresse parisienne, on a l’impression d’arriver chez soi. Ou du moins chez un proche, un ami. Depuis 2003, date d’ouverture du premier J.K.Place de Florence, Ori Kafri, cofondateur et copropriétaire de la marque, s’est toujours attaché à trouver des adresses particulières pour ses hôtels. Résultat? La piazza Santa-Maria à Florence, Anacapri sur l’île de
Capri, ou encore via di Monte, tout proche du palais Borghèse à Rome. Dernière actualité : Paris. C’est rive gauche, sur la très sage et bourgeoise rue de Lille, tout près des maisons d’éditions et à l’ombre du musée d’Orsay que le J.K.Place inaugure son premier établissement parisien. 30 chambres et suites classées 5 étoiles. Un boutique hôtel cosy et douillet comme un cocon, imaginé par le décorateur florentin Michele Bönan (déjà à l’origine des autres J.K.Place). Une signature chic, un brin bohème. Nombreuses pièces uniques signées Jacques Adnet, David Hicks, Jansen, Poillerat… dénichées au fil de balades chez les meilleurs marchands des puces de Saint-Ouen. Coup de
cœur pour la vaisselle en porcelaine du petit déjeuner – par ailleurs aussi copieux qu’healthy – venue de la manufacture Ginori, institution florentine depuis plus de deux siècles, désormais propriété de Gucci Group. Petites assiettes, beurrier individuel, tasses… des objets d’une pure beauté. Les chambres de cette “maison” hôtelière, sur cour ou sur rue, sont un appel à la dolce vita. Chacune à la taille et décoration différentes, mais toutes dotées d’un immense dressing, d’une salle de bains lumineuse avec mobilier en nacre. Et comme aujourd’hui un hôtel de luxe est aussi prisé pour son confort que pour son spa et son restaurant, J.K.Place Paris a choisi la griffe
de beauté Sisley pour des soins du visage ou du corps. Plongeon obligatoire dans l’immense piscine creusée en sous-sol, lieu d’exception réservé à la clientèle du lieu. Ouverts aux clients extérieurs, le bar et le restaurant jouent la carte des saveurs italiennes. On boit? Sans hésiter le cocktail maison : un savant mix de campari, aperol, vermouth, champagne. Le tout rafraîchi de glace et de zeste d’orange. Côté fourneaux, J.K.Place Paris s’est associé à Casa Tua, fameux restaurant-hôtel italien déjà en place à Miami et à Aspen (pain et pâtes maison, desserts originaux). Incontestablement, la destination lifestyle du moment. Par Adrienne Ribes
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Nouvelle ère Partisane d’une nouvelle cosmétique écolo, engagée et exigeante, Céline Julien, fondatrice de Ma thérapie, lance un nouveau protocole de soin holistique combinant les disciplines ancestrales kobido et chi nei tsang. Rencontre avec cette naturopathe qui aide chacun d’entre nous à trouver équilibre intérieur et extérieur.
Comment est née Ma Thérapie? De l’envie de partager et transmettre une certaine idée de la beauté comme le reflet de l’état de santé général de notre corps. Quels sont vos mots clés? Bienveillance, envers soi et l’environnement, épanouissement, innocuité. Comment se déroule une consultation ? Elle se passe en deux temps. Je pose d’abord beaucoup de questions pour en apprendre le plus possible sur l’équilibre physique et émotionnel de mes patients, leur hygiène de vie, leur alimentation. À la suite de cet échange, je leur prépare un premier protocole pour équilibrer leur alimentation en fonction de leurs besoins, puis un second avec des conseils personnalisés :
compléments alimentaires, phytothérapie, soins visage et corps. Vous avez développé votre propre gamme de produits, qu’a-t-elle de particulier? C’est une gamme qui a été pensée pour répondre aux besoins essentiels de la peau : nettoyer, hydrater, équilibrer, nourrir, protéger. Toutes les formules sont 100% clean. Mais c’est pour moi une évidence! Quel est votre best-seller? Le sérum sésame-carotteurucum, iI permet d’avoir bonne mine toute l’année et de nourrir sa peau avec une formule 100% naturelle et à 99% biologique. Le sérum de rose, la crème jojobarose-lavande et le complément nutritionnel bourrache-onagre sont aussi des favoris. Ce dernier nourrit l’élasticité de la peau, renforce les ongles et les cheveux, et équilibre les cycles féminins, et donc l’acné hormonal. On peut dire que c’est un vrai soin holistique. N’est-ce pas une évidence, voire une nécessité, de proposer une beauté naturelle aujourd’hui quand on connait toute la toxicité du monde de la beauté ? Cela coule de source! Le marché est en pleine mutation, la demande a changé, et le mouvement de la clean beauty est en train de transformer tout le paysage de la beauté. Les gros acteurs s’y mettent aussi, tant les marques que les distributeurs. Comment faire face à tous ces mastodontes ? Il faut être sincère. La bienveillance, l’innocuité et la transparence des formules, ces valeurs font parti de l’ADN de Ma Thérapie. Ma formation en phytothérapie me permet de maîtriser les matières premières des formules, celle en naturopathie me permet
d’aborder la beauté de manière globale. Ma volonté est de transposer l’approche holistique de la santé, reçue lors de mon enseignement en naturopathie, sur la beauté. Parlez-nous de votre nouveau soin signature qui mix kobido et chi nei tsang… Le Soin Signature Ma Thérapie est un soin de beauté holistique. Il associe les techniques ancestrales du kobido, massage japonais du visage, et du chi nei tsang, massage taoïste des organes internes : soit l’alliance innovante d’un soin profond du visage et d’un massage des tissus et des organes internes, qui libère les nœuds et les blocages dans l’abdomen. Que veulent dire kobido et chi nei tsang ? Kobido : “voix ancestrales de la beauté”. Chi nei tsang : “massage des organes internes”. Quels sont les effets? Grâce à la stimulation de points précis associée aux formules de soins Ma Thérapie, ce soin permet de libérer l’énergie, relancer la circulation du sang et de la lymphe afin d’éliminer les blocages, déchets et toxines. Il active également la microcirculation du visage pour stimuler la production de collagène et repulper la peau. À quelle fréquence faut-il le pratiquer? Idéalement aux changement de saison, accompagné d’une détox végétale, et à compléter par des kobido purs une fois par mois pour un joli teint et des traits détendus. Comment prolonger ses bienfaits? Avec des automassages du ventre dans le sens des aiguilles d’une montre, le soir au coucher avec une huile végétale, et une gym faciale ou un yoga du
visage. Nous sommes entrain de développer des ateliers. Avez-vous des astuces pour tenir le coup au quotidien ? Me connecter le plus souvent possible à la nature, faire du sport, du yoga, aller au hammam, avoir une alimentation la plus vivante possible. Quels sont vos tips beauté ? L’hydratation, le mouvement, les huiles par voie orale et externe. Avez-vous des interdits ? Les aliments industriels, transformés. Quelle est votre journée type ? Mes enfants, mon travail, et du sport deux fois par semaine. Qu’est-ce qui est pour vous le plus important pour être belle ? Trouver son équilibre. Être belle, ça veut dire quoi ? Être épanouie. Comment envisagez-vous la beauté de demain ? Honnête, 100% clean, engagée. Ma Thérapie matherapie-by-cj.com Par Adrienne Ribes
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une exploration de la péninsule ibérique
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