Montres de Legende - La Revue des Montres Special Edition Dec 2020

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HORS-SÉRIE

HORS-SÉRIE N.9 / DÉCEMBRE 2020

MONTRES DE LÉGENDE Les icônes horlogères

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RDM Hors Série MONTRES DE LÉGENDE / SOMMAIRE

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GRAND SEIKO T0, LA PRÉCISION ULTIME

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KROSS X STUDIO 1989 BATMOBILE : ENTRER DANS LA LÉGENDE

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GARMIN MARQ® GOLFER : UN BON SWING

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MOSTRA STORE NOUVEL ACTEUR DU SECONDE MAIN

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COVER STORY LONGINES LA MONTRE MARINE NATIONALE EN HÉRITAGE

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WATCH CERTIFICATE™ L’AUTHENTIFICATION A SA NORME

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DIOR LE LIVRE D’OR DES COULEURS DIOR

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RICHARD MILLE RM 72-01 CHRONOGRAPHE LIFESTYLE MAISON : MAÏEUTIQUE HORLOGÈRE


Tangente Update. Made in Germany. Le garde-temps emblématique Tangente de NOMOS se modernise et reçoit un tout nouvel affichage de date pour se muer en Tangente neomatik 41 Update. Un modèle qui s’est vu récompenser du Grand Prix d'Horlogerie de Genève pour la technologie innovante du calibre automatique NOMOS DUW 6101 dont il est équipé. Dès à présent disponible chez les meilleurs détaillants, par exemple ici: Lille: Lepage; Lyon: Maier; Paris: Antoine de Macedo, Chadourne, Wempe; Strasbourg: Longinus 1891; Vannes: Mesure Art et Temps; Versailles: V & V. Et ici : nomos-glashuette.com


RDM Hors Série MONTRES DE LÉGENDE / SOMMAIRE

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AUDEMARS PIGUET OSER L’HEURE EN COULEUR

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FRANCK MULLER VANGUARD YACHTING ANCHOR™ SKELETON : VISER LE GRAND LARGE

82:85

JAEGERLECOULTRE LE DON DE TRANSFIGURER

TAG HEUER LA COURSE CONTRE LE TEMPS

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NOMOS GLASHÜTTE DISCRÉTION ÉLÉGANCE ET LISIBILITÉ : L’ÉCOLE SAXONNE SELON NOMOS

BVLGARI ÉLOGE DE LA FINESSE EXTRÊME

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RDM Hors Série MONTRES DE LÉGENDE / SOMMAIRE

100:131 MONTRES DE LÉGENDE

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WATCHFINDER & CO S’EXPORTER IN REAL LIFE

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OMEGA LA SEAMASTER 60 : UNE VINTAGE MILLÉSIMÉE

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LES MONTRES : DU PRIVILÈGE À LA CONQUÊTE SOCIALE ET DE L’UTILITAIRE AU LUXE

152:155 BULOVA BULOVA–T–EN– GUERRE

AURICOSTE – CHOPARD – F.P.JOURNE – FRÉDÉRIQUE CONSTANT – GRAND SEIKO – HERMÈS – HUBLOT – ORIS – PARMIGIANI FLEURIER – ROGER DUBUIS – ROLEX – SEIKO – WEMPÉ

140:143 UNIVERSAL GENÈVE À LA POINTE DU COMPAX

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GEORGE DAVIDSON MAÎTRE DU TEMPS ET DE L’ESPACE

144:147

COMPLICATION : RATTRAPE-MOI

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LE DESIGNER CLANDESTIN : GUILLAUME FOLIOT LEPRINCE : UNE CERTAINE IDÉE DU LUXE


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VIN Pavie Ausone La Mondotte Haut Condissas Valandraud Reignac CRD Pape-Clément Canon La Gaff Beau Séjour Bécot Monbousquet Tertre Roteboeuf Cheval Blanc Aiguilhe Angélus Berliquet Pavie Decesse Margaux Le Bon Pasteur Quinault L’Enclos Léoville Las Cases Mouton-Rothschild Pichon-Longueville Baron Rol-Valentin Lafite-Rothschild La Mission Haut Brion

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RDM ÉDITO

CHRONIQUE D’UNE ANNÉE DE TOUS LES DANGERS Avec l’annulation du prochain salon Watches & Wonders à Genève, l’incertitude relative quant au « Hour Universe » qui tente de succéder à la foire de Bâle et le flou entretenu par les autres organisateurs, le programme des manifestations de ce début 2021 ressemble de plus en plus à celui de l’année 2020. Pour mémoire, les Jeux Olympiques d’été, la sortie du dernier opus mettant en scène James Bond, plus généralement l’écrasante majorité des manifestations publiques dans le monde avaient été annulés. La fermeture des manufactures et des points de vente, ainsi que l’arrêt des ateliers durant plusieurs mois avaient sérieusement obéré les résultats du premier semestre. Et pourtant, profitant du déconfinement, les « Geneva Watch Days », organisés à la fin du mois d’août autour de Bvlgari et d’une grosse dizaine de marques, prouvaient leur vitalité et leur résilience face à l’adversité. Durant cette embellie, Tudor et Rolex ont créé l’événement en révélant leurs nouvelles collections et, fait nouveau pour ces deux maisons, leur livraison quasi-immédiate, et en quantité, chez les détaillants agréés. Aujourd’hui, l’annonce de la mise au point de plusieurs vaccins est accueillie avec le plus grand optimisme par toute la profession, qui entrevoit enfin une lueur au bout du tunnel. Dans ce neuvième opus annuel de Montres de Légende, vous sera contée l’extraordinaire histoire des montres Longines destinées à la Marine nationale française. Vous y découvrirez également les métiers d’art développés par la maison Dior, une sélection de nouveautés horlogères présentées dans un portfolio, ainsi que des récits historiques originaux. Bonne lecture. Stephan Ciejka Directeur de la rédaction

LA REVUE DES MONTRES HORS-SÉRIE – Montres de légende Directrice de la publication Marie-José Susskind-Jalou Directeur de la rédaction et directeur pôle horlogerie Jalou Media Group Stephan Ciejka (s.ciejka@jaloumediagroup.com) Secrétaire générale de la rédaction Sophie Bouillard (s.bouillard@jaloumediagroup.com) Graphiste Sylvain de la Porte (s.delaporte@jaloumediagroup.com) Direction de la production Joshua Glasgow (j.glasgow@jaloumediagroup.com) Ont collaboré à ce numéro : Vincent Daveau, Joël Duval, Hervé Gallet, Constantin Pârvulescu, Clark Zog lofficiel.com Rédacteur en chef Stephan Ciejka (s.ciejka@jaloumediagroup.com) Rédacteur spécialisé digital Thierry Gasquez (thierry.gasquez@gmail.com) DIRECTION – Gérants - Coprésidents des boards exécutif et administratif Marie-José Susskind-Jalou Maxime Jalou – Directeur général, directeur des boards exécutif et administratif Benjamin Eymère (b.eymere@jaloumediagroup.com) – Directrice générale adjointe, membre des boards exécutif et administratif Maria Cecilia Andretta (mc.andretta@jaloumediagroup.com ) – Assistante de direction Céline Donker Van Heel (c.donkervanheel@editionsjalou.com) DIRECTION ÉDITORIALE – Editeur délégué, membre du board exécutif Emmanuel Rubin (e.rubin@jaloumediagroup.com) PUBLICITÉ – Global Chief Revenue Officer Anthony Cenname – Chief Revenue Officer France & Suisse Jean-Philippe Amos (jp.amos@editionsjalou.com) – Directrice de publicité Marina de Diesbach (m.diesbach@jaloumediagroup.com) – Directrice commerciale - marché italien Carlotta Tomasoni (c.tomasoni@jaloumediagroup.com) – Traffic manager Adama Tounkara (a.tounkara@editionsjalou.com) – Global Digital Ad Ops and Media Planning Ilaria Previtali ADMINISTRATION ET FINANCES Tél. 01 53 01 10 30 - Fax : 01 53 01 10 40 – Directeur administratif et financier, membre du board administratif Thierry Leroy (t.leroy@jaloumediagroup.com) – Secrétaire général, membre du board administratif Frédéric Lesiourd (f.lesiourd@jaloumediagroup.com) – Directrice des ressources humaines Emilia Étienne (e.etienne@jaloumediagroup.com) – Responsable comptable et fabrication Eric Bessenian (e.bessenian@jaloumediagroup.com) – Diffusion Lahcene Mezouar (l.mezouar@jaloumediagroup.com) – Trésorerie Nadia Haouas (n.haouas@jaloumediagroup.com) ABONNEMENTS CRM ART – Editions Jalou – CS 15245 31152 Fenouillet Cedex – France Tél. +33 (0)5 61 74 77 73 abonnement.editionsjalou@crm-art.fr Vente au numéro France V.I.P, Laurent Bouderlique, tél. 01 42 36 87 78 International Export Press Carine Nevejans, tél. 33 (0)1 49 28 73 28

INTERNATIONAL ET MARKETING – Director International Licenses, Business Development & Brand Marketing Flavia Benda (f.benda@jaloumediagroup.com) – Global Media & Marketing Strategist Louis du Sartel (l.dusartel@editionsjalou.com) – Global Head of Digital Product Giuseppe De Martino (g.demartino@jaloumediagroup.com) – Global Digital Project Manager Babila Cremascoli (b.cremascoli@jaloumediagroup.com) – Project Manager Sarah Hissine (s.hissine@jaloumediagroup.com) – Global Head of Content and Event Experience L’Officiel Allegra Benini – Global Editorial Content and Archives Giulia Bettinelli – International Editorial & Archive Manager Nathalie Ifrah (n.ifrah@jaloumediagroup.com) – Chef de produit diffusion Jean-François Charlier (jf.charlier@jaloumediagroup.com) Publications des éditions Jalou L’Officiel de la Mode, L’Officiel Hommes Paris, L’Officiel Voyage, L’Officiel Art International, Jalouse, La Revue des Montres, The International Watch Review, L’Officiel Island, L’Officiel Peak, L’Officiel Jewels – L’Officiel Arabia, L’Officiel Hommes Arabia, L’Officiel Art Arabia – L’Officiel Argentina – L’Officiel Austria – L’Officiel Baltics – L’Officiel Belgique, L’Officiel Hommes Belgique, L’Officiel Art Belgique – L’Officiel Brasil, L’Officiel Hommes Brasil – L’Officiel China, L’Officiel Hommes China, Jalouse China – L’Officiel India – L’Officiel Indonesia – L’Officiel Italia, L’Officiel Hommes Italia – L’Officiel Korea, L’Officiel Hommes Korea, La Revue des Montres Korea – L’Officiel Latvia – L’Officiel Lithuania, L’Officiel Hommes Lithuania – L’Officiel Malaysia – L’Officiel Mexico – L’Officiel Maroc, L’Officiel Hommes Maroc – L’Officiel NL, L’Officiel Hommes NL – L’Officiel Poland, L’Officiel Hommes Poland – L’Officiel Russia – L’Officiel Singapore, L’Officiel Hommes Singapore, – L’Officiel St Barth – L’Officiel Switzerland, L’Officiel Hommes Switzerland – L’Officiel Thailand, L’Officiel Hommes Thailand – L’Officiel Turkey, L’Officiel Hommes Turkey – L’Officiel Ukraine, L’Officiel Hommes Ukraine – L’Officiel USA – L’Officiel Hommes USA – L’Officiel Vietnam www.lofficiel.com Dépôt légal : décembre 2020 Commission paritaire 0117 K 81107 ISSN 1148 0483 – Impression, suivi de fabrication et papier par : Roto3 Industria Grafica S.r.l. Via Turbigo 11/B 20022 - Castano Primo (MI) Tel. +39 0331/889.614 Fax +39 0331/889.618 – Distribué par les M.L.P FONDATEURS GEORGES, LAURENT ET ULLY JALOU (†) ÉDITÉ PAR LES ÉDITIONS JALOU SARL au capital de 606 000 € représentées par Mme Marie-José Jalou et M. Maxime Jalou, cogérants, filiale à 100 % de la société L’Officiel Inc S.A.S SIRET 331 532 176 00095 128, quai de Jemmapes 75010 Paris Tél. 01 53 01 10 30 Télécopie 01 53 01 10 40 Site Internet : www.editionsjalou.com Directrice de la publication Marie-José Susskind-Jalou


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RDM HORS-SÉRIE / PROJECT’HEURE

GRAND SEIKO : T0, LA PRÉCISION ULTIME

Grand Seiko franchit un cap en présentant son tout premier concept : le tourbillon à force constante, T Zéro (TO). Focus sur une petite prouesse technique. Par Clark Zog

Le tourbillon rotatif et l’intermittence de la force constante, ainsi que le son rythmé à la double croche des mécanismes, peuvent être observés au Grand Seiko Studio Shizukuishi à Shizukuishi, Morioka.

Depuis la fabrication de la toute première montre Grand Seiko en 1960, la marque japonaise ne s’est pas reposée sur ses lauriers. « La recherche d’une précision accrue est au cœur de chacune des pièces et innovations de Grand Seiko », tient à rappeler l’horloger nippon. Preuve en est, sa dernière sortie de manufacture : le Tourbillon à force constante T0. « Cette nouvelle création est une œuvre maîtresse et une véritable révolution dans le domaine de l’horlogerie », assure la marque. Plus concrètement, il est le premier au monde à être équipé d’un mécanisme à force constante entièrement intégré et d’un tourbillon sur le même

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axe. Ce mécanisme assure une distribution régulière de l’énergie à l’échappement, indépendamment du remontage du ressort-moteur, tandis que le tourbillon élimine toute erreur de précision due à la gravité en intégrant les pièces de l’échappement et le balancier dans un chariot pivotant. Un concept breveté Cette intégration en une seule unité des deux mécanismes est un concept désormais breveté, qui vient offrir un nouveau degré de précision aux montres mécaniques de Grand Seiko. « Pour mettre au point ce nouveau concept et parvenir à ce

niveau ultime de précision en matière d’horlogerie mécanique, les designers se sont totalement affranchis des contraintes liées aux capacités de production. » Et c’est cette liberté, assure la marque, qui leur a permis de développer le TO, ainsi que les pièces mobiles du calibre 9SA5 développé en parallèle. Et pour la suite ? Montres de série ou série limitée ? L’avenir nous le dira. Actuellement, le T0 est exposé dans le salon du deuxième étage du Grand Seiko Studio Shizukuishi (Morioka), inauguré le 20 juillet dernier. Mais crise sanitaire oblige, les visiteurs devront prendre un peu leur mal en patience.


UN CARACTÈRE FORT SE MANIFESTE DÉJÀ AU POIGNET. L’Iron Walker de Wempe est l’essence d’une montre axée sur l’élégance intemporelle et la fonctionnalité sportive. Réduite à l’essentiel sans faire de compromis sur la qualité, elle satisfait les plus hautes exigences parce qu’elle a été fabriquée à un lieu qui est synonyme de l’excellence horlogère allemande : à Glashütte en Saxe.

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RDM HORS SÉRIE / FOCUS

KROSS X STUDIO 1989 BATMOBILE : ENTRER DANS LA LÉGENDE

L’atelier Kross Studio se met Ă l’heure de Batman en crĂŠant la première horloge Batmobile. Un garde-temps d’exception, conçu en collaboration officielle avec Warner Bros.Consumer Products. Par Vincent Daveau

Kross X Studio 1989 Batmobile, ĂŠdition limitĂŠe Ă 100 exemplaires : pendule de 2 kg, l 298 Ă— L 121 mm, carrosserie en alliage d’aluminium, calibre mĂŠcanique Ă remontage manuel original dĂŠveloppĂŠ Ă l’interne, 512 composants.

La vocation de Kross Studio est de crĂŠer des objets d’art aussi originaux qu’exclusifs. Pour atteindre son public, le label suisse a dĂŠcidĂŠ de donner vie Ă la Batmobile du cĂŠlèbre justicier de Gotham City. Il s’agit lĂ de la première crĂŠation issue de cette collaboration avec Warner Bros.Consumer Products. Pour matĂŠrialiser ce vĂŠhicule de Tim Burton, il fallait un moteur digne de cĂŠlĂŠbrer le superhĂŠros, dont le blason est une paire d’aile de chauve-souris. Les horlogers de Kross Studio ont intĂŠgrĂŠ un mouvement mĂŠcanique de haute prĂŠcision, dotĂŠ d’une gĂŠnĂŠreuse rĂŠserve de marche de 30 jours. Le dĂŠfi pour eux ĂŠtait de parvenir Ă intĂŠgrer un calibre mĂŠcanique Ă longue rĂŠserve de marche et architecture originale dans la Batmobile 1989 en respectant ses proportions,

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autrement dit sans modifier son esthÊtique unique. La crÊation de cette œuvre d’art cinÊtique, ÊditÊe à seulement 100 exemplaires, a imposÊ l’assemblage de 512 composants (115 pour la carrosserie et 397 pour le mouvement) et la rÊalisation d’un habillage en alliage d’aluminium, revêtu d’un traitement de surface dur et antirayure. Remontage à clÊ Mais le plus fort reste à venir ! Car, sous ses courbes ÊlÊgantes et racÊes, se cache un mÊcanisme hors norme. Dans le cas de cette rÊfÊrence, il a ÊtÊ pensÊ comme le serait une boÎte de vitesse. Les trois barillets qui se remontent à l’aide d’une longue clÊ – laquelle n’est pas sans rappeler les

manivelles des antiques voitures – transfèrent leur ĂŠnergie Ă travers un jeu de roues et de pignons jusqu’au groupe de rĂŠgulation, qui se trouve en lieu et place du radiateur du bolide noir jais. L’ensemble extrĂŞmement soignĂŠ donne l’heure Ă l’aide de deux cylindres qui indiquent respectivement les heures et les minutes. Tarant 2 kilogrammes sur la balance, cette pendule, destinĂŠ destinĂŠe Ă habiller le bureau d’un esthète en quĂŞte de l’objet ultime, fait la fière car son mouvement assemblĂŠ comme un bloc moteur est unique en son genre. Pour cette raison, l’engin attirera l’attention et passionnera les amateurs de belle mĂŠcanique de tous bords, qu’ils soient fanatiques de voitures de sport, de bateaux ou encore d’horlogerie.



RDM HORS SÉRIE / E–RETAIL

MOSTRA STORE : NOUVEL ACTEUR DU SECONDE MAIN

Offrir aux amateurs une sélection de pièces horlogères aux histoires fortes et des outils numériques de dernière génération, c’est l’objectif du site Mostra. Découverte de ce nouvel acteur dans le secteur des montres de seconde main. Par Vincent Daveau

Lancé récemment, le site Mostra Store se présente comme un nouvel intervenant dans le secteur des montres de seconde main, vintage ou modernes. Ce site, qui sera adossé à une boutique située cours Mirabeau à Aix-en-Provence dans le courant de l’année 2021, est une nouvelle adresse dédiée aux collectionneurs passionnés d’horlogerie comme aux amateurs fraîchement convertis. Pour sortir du lot, Mostra Store prend le parti d’offrir à ses clients une sélection de pièces horlogères aux histoires fortes et des outils numériques de dernière génération. Pour vous en convaincre, tapez www.mostra-store. com et observez la page d’accueil. Innovant, il rompt avec les codes graphiques traditionnels de l’horlogerie et affiche des couleurs vives qui permettent de mieux identifier les thèmes. Pour satisfaire les plus pointilleux, les garde-temps sont rigoureusement sélectionnés selon leur origine,

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et surtout en fonction de leur histoire et de leur héritage. Efficace, la structure met également à disposition de nombreux services et outils numériques, afin d’authentifier, de certifier, de garantir, de protéger les pièces et d’assurer à l’acquéreur toute la transparence nécessaire qui fait parfois encore défaut à ce secteur porteur. Un riche passé Mais ce que l’on retient, c’est avant tout l’offre du site. En grande partie composé de montres rares, le catalogue de Mostra Store réunit des icônes très recherchées et des modèles plus originaux ou atypiques, voire des marques méconnues ou oubliées. Cet ensemble de produits est classé par univers : les montres rares, celles de plongée, bien entendu les références militaires & aviation,

ou encore les chronos et les garde-temps pour la course. En outre, un onglet est dédié aux grands classiques ou aux séries limitées. Quel que soit le modèle, tous ces instruments ont tous en commun un riche passé. Ces merveilles chinées aux quatre coins de la planète sont le fruit des recherches approfondies menées par Thierry Serna, fondateur de Mostra Store. Cet expert passionné, qui fut un précurseur dans le domaine il y a plus de trente ans, concentre ses efforts sur des modèles vintage, et plus particulièrement sur des montres qui ont une histoire et dont il connaît pratiquement chaque détail. Mémoire vivante du métier, l’homme mérite le détour : le rencontrer et se laisser convaincre de « porter une montre que l’on a choisie, car c’est la façon la plus acceptable de représenter son idéal de vie et ses passions en société… »


IWC PORTUGIESER. CONÇUE POUR LES NAVIGATEURS.

Portugieser Chronographe. Réf. 3716:

de seconde insufflent à cette montre à l’élégance in-

Le design fonctionnel de la Por tugieser s’inspire

temporelle une allure sportive caractéristique. Cette

des montres d’observation autrefois utilisées sur les

montre classique est désormais entraînée par le ca-

navires comme instruments de navigation. La Por-

libre de manufacture IWC 69355 que l’on peut admirer

tugieser Chronographe, dotée d’un cadran sobre

à travers le fond transparent. Avec un tel instrument de

et parfaitement lisible, témoigne directement de cet

précision à votre poignet, vous êtes certain de navi-

héritage. Dans le même temps, les deux guichets en re-

guer sur les vagues de la vie avec élégance et sobriété.

trait et le réhaut doté d’une échelle imprimée en quarts

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RDM HORS SÉRIE / FOCUS

WATCH CERTIFICATE™ : L’AUTHENTIFICATION A SA NORME

Watch Certificate™ est la carte grise qui atteste de l’authenticité et de la valeur de votre montre de seconde main. Créée par Tradeewatches, elle est le double numérique infalsifiable de votre garde-temps, délivré après une inspection drastique de 45 points de contrôle et une expertise. Par Clark Zog Donner toutes les garanties quant à la qualité mais aussi à l’authenticité d’un garde-temps d’occasion, c’est l’objectif que s’est fixé la marketplace Tradeewatches, avec le passeport digital Watch Certificate™. « Notre ambition est de combattre la contrefaçon horlogère et de construire un écosystème sain, garantissant l’authenticité des montres de seconde main », expliquent, dans leur communiqué, Marc Ambrus et Guillaume Kuntz, les cofondateurs de cette marketplace.

Une nouvelle norme de certification Seconde étape, l’expert indépendant « entre en scène », inspectant et notant tous ces paramètres. C’est cette double analyse qui assure « la garantie d’une montre authentifiée et contrôlée », indique Tradeewatches. Matérialisé sous forme de carte infalsifiable, Watch Certificate™ s’impose comme une nouvelle norme de certification. En cas de perte ou de vol, il est d’ailleurs reconnu comme un document « de référence », attestant de la propriété du gardetemps et de sa valeur. À terme, l’ambition est de proposer cet outil innovant aux maisons de vente aux enchères, aux boutiques horlogères traditionnelles, aux professionnels digitaux, afin de faire certifier les garde-temps qu’ils commercialisent.

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Photographies : © EBierry

45 points de contrôle Pour ce faire, une auscultation pour le moins rigoureuse et exhaustive est réalisée en deux temps. Le premier est un contrôle effectué par un horloger professionnel. Ce dernier va ausculter la montre, au travers de 45 points de contrôle clairement définis. Rien n’est laissé au hasard : marque, nom du modèle, référence, année de fabrication, diamètre, taille de l’entre-cornes, numéros de série sur le boîtier et le mouvement, type de mouvement et de calibre, matières, polissage, étanchéité, papiers… Sont également passés au crible, l’état et l’authenticité des boîtier, couronne, lunette, vert, fond de boîte, cadran, aiguilles, bracelet, boucle, mouvement, factures d’achat et d’entretien… Bref, tous les éléments sans exception du garde-temps sont passés au peigne fin.

Watch CertificateTM se décline en trois coloris et en trois prix selon la valeur de votre montre. Le QR code donne accès aux données de celle-ci. La technologie de stockage et de transmission d’informations Blockchain les rend infalsifiables.


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GARMIN® MARQ® GOLFER : UN BON SWING____ PENSÉE COMME UN ASSISTANT PERSONNEL SUR LE « GREEN », LA MONTRE GARMIN MARQ® GOLFER OFFRE LE MAXIMUM D’ATOUTS POUR AMÉLIORER SON JEU… ET GAGNER LA PARTIE.

PAR VINCENT DAVEAU

Edition de nouvelle génération, la montre Marq® Golfer, électronique et connectée, a été réalisée avec des matériaux nobles et durables, à l'instar des garde-temps de luxe. Ici, le modèle est doté d’un boîtier en titane, d’une lunette en céramique gravée des 18 trous du parcours, d’un cadran antireflet allumé en permanence et protégé par une glace saphir, et d’un bracelet en Nylon, motif jacquard dégradé de vert. Des matériaux retenus car mariant les codes de l’horlogerie et ceux du golf. Comme le disait Dan Bartel, vice-président de Garmin en charge des ventes mondiales grand public : « Nous créons depuis plus de dix ans des produits conçus pour offrir une expérience de golf exceptionnelle, des montres GPS aux capteurs de swing en passant par des systèmes de suivi de club et des télémètres. Aujourd’hui, nous sommes fiers de poursuivre cette tradition en lançant la Marq® Golfer, une nouvelle montre connectée haut de gamme destinée à perfectionner le jeu des passionnés. » Améliorer la performance Pour y parvenir, la pièce emporte un nombre incroyable de fonctionnalités. Equipée des données de plus de 41 000 parcours dans le monde et des cartes CourseView en couleur affichées directement au poignet, la montre permet à ses utilisateurs de déterminer facilement les distances en entrée, milieu et fond de green. Elle propose également de nombreuses autres fonctionnalités conçues pour améliorer la performance : distance PlaysLike pour ajuster la distance du coup en fonction des dénivelés ; Hazard View pour visionner l’ensemble des obstacles sur la carte ; AutoShot, la fonction d’analyse de partie pour mesurer et enregistrer la distance détectée des coups. Sans oublier un Caddie Virtuel qui tient compte de différents facteurs, comme la vitesse du vent, la difficulté du terrain et la performance du joueur, pour aider le golfeur à sélectionner le club le plus adapté à chaque coup.

GARMIN® MARQ® GOLFER : BOÎTIER EN TITANE, LUNETTE EN CÉRAMIQUE – GLACE SAPHIR PROTÉGEANT UN ÉCRAN ÉCLAIRÉ EN PERMANENCE – BATTERIE LITHIUM-ION INTERNE RECHARGEABLE À L’AUTONOMIE ALLANT JUSQU'À 12 JOURS EN MODE SMARTWATCH ET 28 HEURES EN MODE GPS – UNE CHARGE SUFFIT POUR JOUER JUSQU’À 3 PARTIES DE GOLF CONSÉCUTIVES – DISPONIBLE DEPUIS JUIN.



LA MONTRE LONGINES MARINE NATIONALE EN HÉRITAGE L’HISTOIRE DE LONGINES EST ÉMAILLÉE DE CRÉATIONS ORIGINALES QUI ONT TOUTES UN POINT COMMUN : L’AUDACE. DEPUIS LA FONDATION, EN 1832, PAR AUGUSTE AGASSIZ D’UN COMPTOIR D’ÉTABLISSAGE À SAINT-IMIER, C’EST L’ESPRIT PIONNIER QUI A FAIT DE CETTE ENTREPRISE UNE MARQUE HORLOGÈRE DE POINTE, MODERNISÉE PAR ERNEST FRANCILLON. PAR JOËL DUVAL

THE LONGINES HERITAGE MILITARY MARINE NATIONALE, RÉF. L2.833.4.93.2 : BOÎTIER ROND EN ACIER, 38.50 MM DE DIAMÈTRE – GLACE SAPHIR RÉSISTANTE AUX RAYURES, AVEC PLUSIEURS COUCHES DE REVÊTEMENT ANTIREFLET –ÉTANCHE À 3 BARS – CADRAN BEIGE, CHIFFRES ARABES PEINTS, AIGUILLES EN ACIER BLEUI, TRAITEMENT SUPER-LUMINOVA® – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE, CALIBRE L888, 25 200 VIBRATIONS PAR HEURE, RÉSERVE DE MARCHE DE 64 HEURES, SPIRAL EN SILICIUM – FONCTIONS HEURES, MINUTES ET SECONDES – BRACELET EN CUIR.


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UNE RÉPUTATION CONSTRUITE PAS À PAS

C’est souvent par des exploits extrêmes que les grandes maisons horlogères sont passées du statut de fabricant de montres à celui de grandes manufactures reconnues pour la précision de leurs instruments. La répétition des exploits a forgé la réputation de Longines, qui devint une référence universelle et la qualité de ses montres fabriquées à Saint-Imier est pour les militaires une garantie. Le nom de Longines fut très tôt associé à celui des records de vitesse : pour exemples, celui d’Amy Johnson lors de son vol reliant l’Angleterre au Cap en 1932, ou le tour du monde d’Howard Hugues, en 1938. La maison est aussi intimement liée à l’aventure humaine, celle qui passionna les foules, comme la conquête des pôles à bord des dirigeables à la fin des années 1920. Il serait trop long de dresser une liste exhaustive des exploits, conquêtes et aventures, dans lesquels Longines fut partie prenante. Les guerres agissent parfois comme des accélérateurs de l’évolution industrielle. Les besoins spécifiques des armées sont ainsi des moteurs de l’industrie horlogère. La livraison de certaines montres militaires imposa à l’entreprise un déploiement d’astuces insoupçonnées. Certaines sont éblouissantes d’audace. Le représentant tchèque de la maison résidait à Bahrain. Il se faisait livrer ses montres dans des bibles évidées qu’il échangeait contre de l’or. Une fois délestées de leur contenu, les bibles étaient réexpédiées avec la mention « Envoi refusé », ce qui leurrait les douaniers. Durant la Seconde Guerre mondiale, Longines va s’attacher à faire progresser la précision des montres en travaillant sur des mouvements à remontage automatique, sur des boîtes étanches performantes grâce à des filetages toujours plus précis, ou encore sur des finitions plus soignées des pivots. Longines, avant même que la guerre ne soit terminée, recommença à prendre part aux concours internationaux de chronométrie des observatoires. Grâce aux recherches menées par la manufacture, elle reçut une succession quasi-ininterrompue de récompenses et conforta sa position de leader de la précision. Ainsi en 1946, Longines obtint le premier prix de série pour quatre chronomètres bracelets. Le succès grandissant de la maison lui impose alors des travaux d’agrandissement de la

UNE SUCCESSION PRESQUE ININTERROMPUE DE RÉCOMPENSES, LORS DES CONCOURS INTERNATIONAUX DE CHRONOMÉTRIE VA FAIRE DE LONGINES, L’UN DES LEADERS DE LA PRÉCISION.

Les améliorations de la Longines Heritage Military Marine Nationale ne trahissent en rien le modèle original datant de 1947.

manufacture. Novatrice jusqu’au bout, elle en profite pour créer des logements pour les employés, afin de leur éviter de trop longs déplacements dans une région où le climat hivernal peut contrarier la vie quotidienne. Dans le même temps, Longines s’investit dans le chronométrage sportif, profitant d’un intérêt sans précédent pour ce qui s’impose comme un symbole de la paix et du retour à la vie normale. Toute l’industrie horlogère évolue. L’année 1946 est aussi celle de la présentation d’un instrument destiné à contrôler la marche des montres et ceci, dans plusieurs positions

THE LONGINES HERITAGE MILITARY MARINE NATIONALE, RÉF. L2.833.4.93.2 : BOÎTIER ROND EN ACIER, 38,50 MM DE DIAMÈTRE – GLACE SAPHIR RÉSISTANTE AUX RAYURES, AVEC PLUSIEURS COUCHES DE REVÊTEMENT ANTIREFLET –ÉTANCHE À 3 BARS – CADRAN BEIGE, CHIFFRES ARABES PEINTS, AIGUILLES EN ACIER BLEUI, TRAITEMENT SUPER-LUMINOVA® – BRACELET EN CUIR.


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The Longines Heritage Military Marine Nationale, la réinterprétation d’une pièce militaire qui a contribué à la réputation de la marque horlogère.



simulant le porté. Cet appareil sera décisif dans la qualité du réglage des montres, pas tant pour les fabricants qui le maîtrisent depuis longtemps, mais pour les horlogers commerçants qui assurent sur place la réparation des montres. Le vibrographe démocratise l’accès au réglage pour les réparateurs. Un contexte militaire Les commandes militaires en matière d’horlogerie ne sont jamais le fruit du hasard, surtout lorsqu’il s’agit de montres destinées à équiper des soldats ou officiers investis dans l’action. La France d’après-guerre souffre d’un cruel manque de moyens humains et matériels. La Seconde Guerre mondiale a laissé à la Marine nationale peu de matériel, soit 306 bâtiments disparates et vieillissants, en grande partie issus de l’aide des alliés et représentant 350 000 tonnes. 203 navires sont ainsi incorporés dans l’équipement français pour près de 72 000 tonnes. La lecture prospective de l’état des équipements laisse entrevoir que si la situation n’est pas immédiatement reprise en main par le biais de commandes, il ne restera à la Marine nationale que 136 000 tonnes en 1950 et 98 000 en 1959. La décision est donc prise d’organiser la Marine nationale française en 4 task-forces, comprenant chacune 1 bâtiment de ligne, 2 porte-avions, 4 croiseurs légers, 12 escorteurs rapides et un train d’escadre d’environ 50 000 tonnes. Après la guerre, la Marine évalue ses besoins à 750 000 tonnes, soit 8 porteavions de combat, 4 porte-avions d’escorte, 4 bâtiments de ligne et 1 porte-avions destiné à l’entraînement. Le soutien américain aide à cette réorganisation d’ampleur. En 1945, la Marine n’est pas considérée comme prioritaire par le Gouvernement français, dans la reconstitution des forces armées. Mais le déclenchement de la guerre d’Indochine en 1946 précipite son rééquipement et lui fait jouer un rôle essentiel dans le maintien du corps expéditionnaire jusqu’en 1955. En mer, elle assure le blocus des côtes, effectue des débarquements sur le littoral, des transports, des appuis de feu. Présents sur tous les théâtres, les avions de militaires de l’aéronavale interviennent chaque jour au profit du camp

LE BRACELET EN CUIR COGNAC ET LE CADRAN DORÉ OPALIN DE LA LONGINES HERITAGE MILITARY MARINE NATIONALE TÉMOIGNENT DE SON CARACTÈRE MILITAIRE.

retranché de Dien Bien Phu. Plus de mille marins tomberont en Indochine. Au-delà des équipements lourds qui vont contribuer à faire renaître la Marine nationale d’après-guerre, il faut aussi équiper les hommes. La coordination des actions militaires est de plus en plus soumise à la précision et à la synchronisation parfaite du déploiement des moyens. La marine recherche donc une montre précise, un instrument infaillible qui permettra aux militaires, quel que soit leur navire d’affectation, de partager la même heure à la seconde près. Un cahier des charges est établi par les militaires. Il se résume par une lisibilité parfaite, une bonne résistance aux chocs, une boîte étanche, non pas pour plonger mais pour résister aux atmosphères hostiles car très humides. En effet, la chaleur en Indochine est moite et les pluies mettent à mal le matériel. Le boîtier doit donc être fiable, tout comme le reste de la montre. Pas question d’avoir un instrument nécessitant une maintenance trop fréquente en atelier.

THE LONGINES HERITAGE MILITARY MARINE NATIONALE, RÉF. L2.833.4.93.2 : MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE, CALIBRE L888, 25 200 VIBRATIONS PAR HEURE, RÉSERVE DE MARCHE DE 64 HEURES – FONCTIONS HEURES, MINUTES ET SECONDES – BRACELET EN CUIR.

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CHRONIQUE DE LA CRÉATION D’UN INSTRUMENT LÉGENDAIRE


Durant la guerre d’Indochine. Page de droite : Longines MN de Kerango / Marine nationale lors d’opérations en Indochine, 1947.

Une montre dédiée à la Marine nationale La Marine nationale choisit Longines pour équiper ses marins. La manufacture de SaintImier propose une pièce spécialement adaptée aux besoins des militaires français. À noter que la taille des montres est une question de mode et non d’efficacité. Ainsi naît un modèle de 33,50 mm de diamètre pourvu d’une boîte et d’une lunette robustes, typiques des modèles militaires, et abritant le mouvement Longines historique 12.68N. Ce mouvement est issu d’une famille de calibres qui a vu le jour en 1929 et que le bureau technique de la marque a fait évoluer en versions successives, jusqu’au milieu des années 1940 où on lui adapte un mécanisme de quantième. L’exploitation de ce calibre équipé de 17 rubis, d’une taille de 12 lignes (27 mm), évoluant à 18 000 alternances par

heure, visait à rationaliser les familles de mouvements dans le catalogue Longines. Celui, référencé 12.68 N, est doté d’une raquette et d’une série de chatons accompagnant un empierrement généreux. Il est doté d’un spiral autocompensateur à réglage plat et d’un système antichoc dit à « griffes ». Ces montres étaient identifiées par la mention « M. N. » – pour Marine nationale – gravée au dos du boîtier. Un numéro d’inventaire de 1 à 4 chiffres figurait au-dessous de l’inscription M.N., numéro reporté sous une corne de sorte que le fond vissé soit indissolublement lié à sa carrure. Entre les extrémités des cornes, à 12 h et 6 h, la dimension est de 42 mm. C’est sans doute ce qui limite l’impression de porter une petite montre. Cela étant, les dimensions courantes des montres pour hommes au milieu des années


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quarante étaient de 34 à 36 mm. Les cornes de ce modèle sont percées pour faciliter le démontage du bracelet. Le cadran porte, quant à lui, l’indication « Longines FAB. SUISSE », pour fabrication suisse. La montre ne proposait pas de guichet date, lequel existait sur d’autres versions du mouvement. Les aiguilles bleuies enrichies de peinture au radium, tout comme les chiffres arabes du cadran, contribuent à la lisibilité de la pièce, laquelle est dotée d’une trotteuse centrale à contrepoids, au dessin très particulier. L’équilibre du cadran était parfait. S’il s’est parfois patiné avec le temps en se parant d’un piqué uniforme, il faut en rechercher la cause dans l’utilisation du radium et non dans un possible défaut d’étanchéité de la boîte, d’autant que ce point de conception était bien maîtrisé pour son époque. Le travail soigné du filetage du fond de boîte a un rôle significatif dans la qualité de son étanchéité à 30 mètres, ce qui est beaucoup pour l’époque. Une fois le fond dévissé, on retrouve à l’intérieur la mention « FAB. Suisse, Longines », ainsi qu’un numéro de commande de boîte interne à Longines, le numéro de série MN et enfin l’indication « acier inox ». L’utilisation de l’acier inoxydable était déjà bien répandue dans l’horlogerie depuis la fin des années trente. Le modèle dédié aux militaires français trouve son origine dans une version quasi identique fabriquée pour les Américains. En effet, Longines avait réalisé, en 1945, une montre célébrant la victoire alliée : « Longines Victory – Special Creation for American Guests » (référence 5192). Elle s’adressait aux soldats américains présents en Europe, qui connaissaient bien la marque suisse, celleci étant liée à Wittnauer qui la distribuait en Amérique du Nord et, en particulier, aux EtatsUnis. Cette référence fut ensuite transformée en « 5774 », qui elle-même devint la montre de la Marine nationale Cette pièce fut choyée par ses détenteurs car elle était « la montre fiable et de belle marque » que les militaires pouvaient porter avec le sentiment de détenir un instrument qui contribuait à leur sécurité. La référence de la pièce n’est gravée nulle part, ni sur la boîte ni

sur le mouvement. Cette référence nous renvoie à une «fiche caractéristique pour boîte», c’est elle qui est mentionnée dans les catalogues. Plus tard, elle sera gravée à l’intérieur des fonds de boîtes. Cette montre de qualité témoignait accessoirement de l’estime que lui portait la Marine nationale qui en avait doté ses effectifs. Elle accompagnait les marins autant à bord des navires qu’à terre et montrait une grande résistance à l’air marin. Quant au nombre de pièces livrées à la Marine entre 1947 et 1949, l’évaluation la plus répandue est d’un peu moins de 4000 unités. Les montres n’étaient pas directement vendues par la maison mère suisse. Elles transitaient par la filiale française de Longines (Société française Longines – SFL) à Paris, à laquelle elles étaient facturées, puis la filiale les vendait à son tour à la Marine.


L’HEURE EXACTE À TOUTE ÉPREUVE

Des montres « outils » performantes Le besoin de la Marine française est clairement identifié au moment où la commande est passée auprès de Longines. La guerre d’Indochine va amener les troupes françaises à intervenir sur place et il n’est pas envisageable que les militaires portent des montres non étanches ou ne supportant pas le climat local. Les territoires concernés sont aujourd’hui ceux du Vietnam, du Laos et du Cambodge, qui composaient alors ce que l’on appelait « L’Indochine française » ou Fédération indochinoise. Le climat de l’Indochine est celui de la zone tropicale, c’està-dire une alternance de moussons qui divisent l’année en deux saisons : à savoir, la saison des pluies avec des orages de mai à septembre et la saison sèche de septembre à mars. À Bangkok en mars ou avril, la température est la plus chaude et oscille entre 27 à 30 °C. L’hiver, la température descend à 12 °C pendant la nuit et davantage dans le Tonkin. Les militaires devront livrer le combat sur des terres ravinées par les pluies, pataugeant dans la boue des tranchées improvisées sur place. Ils traverseront des rizières en étant parfois obligés d’y rester tapis pour échapper à la vue des troupes ennemies qui connaissent bien les sites. Ils devront ramper à fleur d’eau, seront soumis à une atmosphère surchargée d’humidité. Ils vont forcément transpirer, multiplier les douches pour se rafraîchir. Chacun garde l’image du militaire qui se renverse une gourde d’eau sur la tête pour trouver un peu de fraîcheur. Et les hommes garderont toujours au poignet leur montre. Peut-être même se baigneront-ils avec leur garde-temps dans les rivières ou les lacs d’eau douce. En outre, ils seront soumis aux chocs, au soleil de plomb et aux ultraviolets qui dégradent la couleur des cadrans. Ces montres vont donc accompagner les militaires contraints de crapahuter dans des conditions extrêmes, particulièrement défavorables à toute mécanique. D’où l’intérêt d’avoir un instrument étanche et résistant à l’humidité. La montre Longines « 5774 » n’est clairement pas faite pour la plongée. Elle est, en revanche, conçue pour accompagner en toutes circonstances, par tous les temps et dans les conditions les plus hostiles (température, chocs, expositions), des militaires qui n’auront pas le temps de prendre soin de leur montre. La

UNE MONTRE PRÉCISE, UN INSTRUMENT INFAILLIBLE QUI PERMET AUX MILITAIRES DE PARTAGER LA MÊME HEURE À LA SECONDE PRÈS. DE QUOI ASSEOIR LA LÉGENDE ET MOTIVER LA RÉINTERPRÉTATION.

Le mouvement historique 12.68N.

pièce doit assurer l’heure exacte au militaire – qu’il soit allongé dans un cours d’eau, rampant pour rester hors de vue de l’ennemi –, afin de lui permettre de synchroniser son action avec les autres. Ainsi, elle a été pensée pour libérer ses porteurs du souci d’avoir à la préserver. Celle-ci n’a besoin d’autre soin que celui d’être remontée pour faire son office. Sa boîte en inox, insensible à la salinité de l’eau ou à l’acidité de la transpiration, lui assure toute sa pérennité, tandis qu’elle protège le porteur de toute allergie. Longines a réussi avec ce modèle à vocation militaire à produire un instrument d’une utilité

THE LONGINES HERITAGE MILITARY MARINE NATIONALE, DES CARACTÉRISTIQUES FIDÈLES À LA PIÈCE ORIGINALE. LE TOUR D’HEURES ET LES AIGUILLES SONT RECOUVERTS DE SUPER-LUMINOVA® BRUN, QUI RESSEMBLE VISUELLEMENT AU RADIUM. À NOTER LA FINITION EXCEPTIONNELLE DU CADRAN QUI RESTITUE LE LÉGER GRAINÉ DES CADRANS ANCIENS. LE CHOIX DE NE PAS METTRE DE GUICHET DATEUR A PERMIS, ENCORE UNE FOIS, DE PRÉSERVER LES CODES DE LA VERSION LIVRÉE EN 1947. MODE DE VISSAGE TRÈS PROCHE DE LA VERSION D’ORIGINE.


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The Longines Heritage Military Marine Nationale respecte le design de caractère de la version d’origine, en particulier en en reprenant l’aiguille des secondes à contrepoids.


Un modèle compact, où ont été privilégiées la solidité et la lisibilité


permanente mais qui sait se faire oublier au poignet. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes que d’avoir imaginé un instrument si utile et quasi indestructible, pour que son porteur l’oublie quand il ne va pas y lire l’heure. La montre est presque à elle seule une leçon d’humilité. Plus qu’une montre militaire, la Longines Marine nationale « 5774 » est une baroudeuse, une montre que cette époque a érigée en mythe – époque qui a fait replonger la Marine française dans une autre guerre dont les enjeux échappaient parfois à ceux chargés de la faire. Elle fait partie de l’histoire au même titre que les navires, les fusils et tous les équipements militaires dont étaient équipés les hommes de la Marine nationale. Elle est plus qu’une montre historique, elle est un témoignage de l’histoire d’une époque complexe, où la France a livré le combat entre 1946 et 1954. La montre demeura en service durant toute cette période et, même bien après : au début des années 1960, on continuait dans les armées à assurer la maintenance de quelques exemplaires encore au poignet des militaires de la Marine. Et aujourd’hui, Longines est toujours en mesure d’assurer les services d’entretien sur ces montres, comme sur toutes les pièces de la maison fabriquées depuis 1867. Une renaissance hommage à une pièce icone d’une époque Depuis plusieurs années, Longines puise dans le patrimoine exceptionnel de sa riche histoire et dans ses archives pour donner une nouvelle vie à des pièces qui ont construit la réputation de la marque horlogère de Saint-Imier. Les montres d’essence militaire ont déjà inspiré Longines pour le plaisir des amateurs de jolies pièces historiques dotées des évolutions technologiques contemporaines. La montre de pilote dite Weems ou le chronographe de l’Istituto Idrografico R. Marina témoignent, parmi d’autres icônes de la marque, de la haute qualité de ses sources d’inspirations. Longines a été très longtemps et souvent un fournisseur offi ciel de plusieurs armées autant pour des montres de pilote que pour des pièces destinées à des usages en mer ou sur terre. La maison fut aussi partie prenante

LA MONTRE LONGINES « 5774 » EST CONÇUE POUR ACCOMPAGNER LES MILITAIRES EN TOUTES CIRCONSTANCES, PAR TOUS LES TEMPS ET DANS LES CONDITIONS LES PLUS HOSTILES.

Au dos du boîtier, mention « M. N. » – pour Marine nationale – et, dessous, un numéro d’inventaire de 1 à 4 chiffres.

dans de nombreuses expéditions scientifiques et aventures humaines qui ont contribué à sa notoriété mondiale. Pour gagner la confiance de ses nombreux adeptes, Longines a relevé tous les défis. Ceux de la technologie, de l’innovation, de la création et celui, moins visible pour le public, de la maîtrise industrielle de ses fabrications. Pour faire revivre la pièce de la Marine nationale française, Longines a été très scrupuleux sur le rendu visuel de son modèle. Avec ses couleurs chaudes et son cadran sobre, The Longines Heritage Military Marine Nationale respecte le design de caractère de la version d’origine, en particulier en en reprenant l’aiguille des secondes à contrepoids. Le bracelet en cuir cognac et le cadran doré opalin de la Longines

UNE PIÈCE DÉDIÉE AUX MILITAIRES FRANÇAIS : BOÎTE EN ACIER INOXYDABLE, 33,50 MM (42 MM ENTRE LES EXTRÉMITÉS DES CORNES, À 12 H ET 6 H) – MOUVEMENT LONGINES HISTORIQUE 12.68N, ISSU D’UNE FAMILLE DE CALIBRES NÉ EN 1929 (ADAPTATION, AU MILIEU DES ANNÉES 1940, D’UN MÉCANISME DE QUANTIÈME) – CALIBRE 12 LIGNES (27 MM), 17 RUBIS, 18 000 ALTERNANCES PAR HEURE – RAQUETTE ET SÉRIE DE CHATONS, SPIRAL AUTOCOMPENSATEUR À RÉGLAGE PLAT ET UN SYSTÈME ANTICHOC DIT À « GRIFFES » – AIGUILLES BLEUIES ENRICHIES DE PEINTURE AU RADIUM, TROTTEUSE CENTRALE À CONTREPOIDS – ÉTANCHÉITÉ À 30 M.

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ASSOCIER L’ESTHÉTIQUE DES MODÈLES HISTORIQUES AUX TECHNIQUES CONTEMPORAINES


La guerre d’Indochine s’est déroulée sur un large territoire au climat hostile, car excessivement humide.

Heritage Military Marine Nationale témoignent du caractère militaire de la montre dont elle puise son inspiration tout en satisfaisant aux exigences esthétiques et techniques contemporaines. Aujourd’hui, la version du xxie siècle s’est adaptée aux exigences des amateurs de montres d’aujourd’hui. La pièce moderne de 38,50 mm de diamètre est une réinterprétation du gardetemps historique créé, en son temps, pour la Marine nationale française. Dans l’esprit de la pièce originale, le fond de la version actuelle est vissé, tandis qu’une glace saphir bombée « box » surmonte le cadran légèrement grainé. Le tour d’heures et les aiguilles sont recouverts de Super-LumiNova® brun, qui ressemble visuellement au radium aujourd’hui interdit. Il faut s’arrêter quelques secondes sur les qualités exceptionnelles du cadran, dont la finition a été soignée jusqu’à restituer le léger grainé des cadrans anciens, une performance qui lie davantage le nouveau modèle à sa version historique. Le parti pris de ne pas doter le nouveau cadran de guichet dateur, préservant ainsi les codes de la version livrée en 1947, confère à l’ensemble un équilibre parfait – à notre époque, la date est, de toute façon, affichée partout, autant sur le tableau de bord des voitures que sur les téléphones portables ou les caisses des magasins et la plupart des utilisateurs vont chercher cette information ailleurs que sur leur montre.

Le dilemme de la réédition Le mouvement L888.5 qui équipe The Longines Heritage Military Marine Nationale est à remontage automatique et a été développé exclusivement pour Longines. Il est doté d’un spiral en silicium (garantie de 5 ans pour les modèles qui en sont équipés), un progrès déterminant dans la précision des meilleures montres actuelles. Le calibre L888.5 (ETA A31. L11) est un 11 ½ lignes qui comporte 21 rubis et évolue à 25 200 alternances par heure. Sa réserve de marche est de 64 heures, un confort appréciable pour qui souhaite lâcher sa montre le week-end. L’étanchéité de la boîte en acier inoxydable à fond plein vissé est de


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30 mètres, comme sur la version originale, et la glace saphir bénéficie d’un traitement antireflet multicouche. Saphir traité antireflet, silicium pour l’échappement, Super-LumiNova® pour les aiguilles et le cadran, self-winding (remontage automatique) sont autant de progrès assumés pour une montre terriblement séduisante, tant par son histoire que par ses qualités. La réédition d’une montre est toujours un dilemme, autant pour le fabricant que pour le client qui recherche le modèle qui l’a inspiré. Longines a réussi à balayer d’un trait de plume l’épineuse question de la reproduction absolument à l’identique de la montre originelle. Le choix du diamètre à 38,5 mm de la version

contemporaine au regard des 33,5 mm de la version originale s’imposait par le changement de goûts et de besoins des consommateurs d’aujourd’hui. Plus rien n’imposait un diamètre inférieur à 35 mm. L’option du verre en saphir traité antireflet aurait forcément été retenue en 1947 si elle avait existé. Inrayable, inaltérable, son épaisseur le rend solide aux chocs – il aurait été dommage de se priver de ce confort qui ne trahit en rien la version d’époque. Quant au Super-LumiNova® brun qui se substitue au radium terni par le temps, la question ne se pose pas puisque l’ancien traitement luminescent est aujourd’hui interdit en horlogerie. En outre, l’aspect du revêtement actuel et sa teinte ont été


Les navires militaires engagés avaient parfois de longues années d’ancienneté et ils étaient, autant que les hommes, mis à rude épreuve.

sélectionnés pour visuellement se rapprocher de l’ancien : on peut dire que le résultat est bluffant. Le grainage du cadran est, lui, un sujet de débat. Fallait-il opter pour le cadran du modèle original à l’état neuf ou, au contraire, sur l’état souvent constaté des cadrans après quelques années d’exposition à la lumière et au radium très agressif pour les peintures ? Là encore, Longines a fait le bon choix en considérant que si les aiguilles servant de modèle étaient celles des versions au radium après quelques années, il fallait que le cadran soit raccord avec les aiguilles. Une version de la montre où tout aurait ressemblé à l’état neuf de la version première se serait incontestablement éloignée de l’image que chacun conserve de la pièce originale. La question de l’étanchéité s’est, elle aussi, posée. Fallait-il « pousser » l’étanchéité à 50 ou 100 mètres, alors que la version initiale n’était étanche qu’à 30 mètres. La montre Longines de la Marine nationale n’a jamais été une pièce élaborée pour faire de la plongée au sens strict. Son étanchéité relative visait simplement à pouvoir accompagner son porteur en toutes circonstances dans des milieux hostiles et humides, où la seule protection efficace d’un

mécanisme de montre ou de son cadran est la boîte de celle-ci. Au milieu des années quarante, les montres se voulaient étanches à la poussière et à l’eau et seuls les modèles spécialement conçus pour la plongée pouvaient envisager une information du fabricant sur le degré d’étanchéité de sa pièce. Sans doute le porteur de The Longines Heritage Military Marine Nationale apprécierait-il de pouvoir se baigner en piscine avec sa pièce. Mais avec une étanchéité à 30 mètres, cette montre moderne n’est pas ouverte à ce type d’exercice. Cela dit, la baignade n’est pas non plus très indiquée pour le bracelet en cuir. Malgré tout, la version contemporaine peut être utilisée sans risque en atmosphère humide et en surface. La dernière question est forcément celle du fond plein ou du fond transparent. Elle renvoie aux mécanismes des modèles originels et contemporains. En 1947, lors de la première livraison de la montre, les fonds transparents sur des montres bracelet n’existaient pas, surtout pour des montres militaires. Si l’on retrouve parfois des montres de cette époque au mouvement visible, il s’agit en général de pièces équipées d’un verre de chaque côté parce qu’une lunette a


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pu être adaptée sur le fond. La montre est alors souvent une pièce de SAV ou une pièce servant à convaincre le client des qualités du modèle. Ces pièces dites « de représentant » ne sont pas faites pour être portées en usage courant. The Longines Heritage Military Marine Nationale est dotée d’un fond plein vissé en acier, avec un mode de vissage très proche de la version d’origine. Si la vision par le fond transparent du mouvement d’une montre à remontage automatique est attractive, Longines a préféré rester dans la philosophie de la version d’origine. La concession faite en faveur d’un mouvement exclusif, le L888.5 (ETA A31.L11) est là aussi une actualisation heureuse. Si en 1947, un mouvement à remontage automatique avait été disponible avec la même fiabilité qu’un calibre à remontage manuel, on peut être certains que l’armée française l’aurait adopté. D’autant que la réserve de marche du mouvement contemporain est de 64 heures, contre à peine 40 dans la version d’origine. Un coutelier, meilleur ouvrier de France, expliquait avoir tiré sa passion de l’idée de refaire des couteaux, comme on les faisait au xviiie siècle, mais avec des moyens techniques et

des matériaux d’aujourd’hui. L’idée de retrouver neufs des objets du passé l’excitait au point d’apporter la plus-value des moyens modernes à la reproduction de pièces anciennes. On pourrait appliquer cette même envie à Longines. La maison de Saint-Imier a parfaitement réussi l’exercice en restant, avec The Longines Heritage Military Marine Nationale, totalement dans la philosophie des concepteurs de la version de 1947. Elle a apporté une véritable plus-value à la version d’époque et offre à l’amateur conquis une pièce chargée d’histoire, mais aussi une montre moderne, fiable et adaptée aux usages contemporains grâce au savoir-faire de Longines conjugué au présent. Concentrant tout le savoir-faire de la marque, cette pièce historique, qui joua un rôle capital auprès des militaires à une époque charnière du xxe siècle, se fait aujourd’hui légende. Remerciements au service patrimoine de Longines et au collectionneur « Kerangaro » qui a autorisé l’utilisation de ses images pour illustrer une partie de cet article, et à Mostra Store pour le prêt de la montre Marine Nationale originale photographiée dans cet article.


LE LIVRE D’OR DES COULEURS DIOR Texte : Hervé Gallet


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Avec les collections horlogères Dior Grand Bal, Dior Grand Soir ou La D de Dior, une valse de couleurs fait tourner la tête des amoureuses de montres d’exception, grâce à l’audace des designers et le talent des artisans d’art de la célèbre maison, fidèles à la passion de Christian Dior pour les teintes de l’arc-en-ciel.

Montre Dior Grand Bal Masqué N°3, pièce unique : diamètre 36 mm ; or blanc, or jaune, or rose, platine, diamants, lapis-lazuli, améthystes, grenats tsavorites et plume ; mouvement automatique Calibre Dior Inversé 11 ½ ; bracelet en satin bleu embossé.

En laissant libre cours à l’esprit créatif de ses designers et artisans d’art en matière de couleur, le département horloger de la maison Dior joue la carte de la fidélité. Fidélité à son histoire, à ses racines et surtout, aux choix esthétiques de son fondateur. Christian Dior faisait bien plus qu’aimer les couleurs. Il leur vouait une véritable passion. « Elles sont merveilleuses et vous mettent en valeur », disait-il, en 1954, à ses clientes qui venaient lui rendre visite dans sa boutique de l’avenue Montaigne, pour choisir une robe, un manteau, un accessoire. Chacune des teintes de l’arc-en-ciel lui inspirait une tendresse particulière et le célèbre couturier leur accordait des qualités propres. Le bleu marine, pour lui, était la seule capable de faire concurrence au noir, dont il a les qualités. Le jaune était la couleur de la jeunesse et du soleil, merveilleuse pour les robes et aussi pour les accessoires. Il estimait, par ailleurs, qu’il existait un vert, couleur de la nature, belle et élégante, pour tout le monde et pour toutes les


circonstances. Enfin, il voyait dans le rouge la couleur de la vie, très énergique et bénéfique. « Je conseille à chacune d’arborer une touche de rouge, ne serait-ce qu’un foulard ou une ombrelle », ajoutait-il. Mais au-delà de son goût ou de son éventuelle préférence pour tel ou tel coloris, Christian Dior prônait l’audace lorsqu’il s’agissait de créer un vêtement, dessiner une silhouette, lancer une tendance : « Respecter la tradition et oser l’insolence, car l’un ne saurait aller sans l’autre », tel était son credo. Une ode à la créativité qu’il résumait par cette formule imagée : « La couleur impose le changement. On n’apprécierait pas un ciel bleu s’il était toujours bleu. Ce sont les nuages, spectacle toujours changeant, qui rendent le ciel aussi beau. »

Nul doute que de nos jours, aucun des collaborateurs de la maison Dior n’ignore ces mots, laissés en héritage par le maître disparu en 1957. Ce lien inextinguible entre Dior et la couleur se retrouve aujourd’hui dans le droit fil du style des collections horlogères qui se succèdent depuis 1975. En 2020 comme hier, les montres Dior cultivent l’innovation esthétique en utilisant le langage de la haute couture et nombre de savoir-faire artisanaux exceptionnels. Ne voit-on pas des montres ultraféminines, pétillantes, raffinées, arborer une résille de diamants, un plissé fait de marqueterie de jade ou d’opale, une corolle de pétales de nacre, un envol de plumes multicolores ? Ou bien recréer sur un cadran l’effet virevoltant d’une robe de bal en le parant des couleurs du temps ? Mais tout cela n’aurait pu devenir réalité sans une innovation technique majeure. Car c’est bien la mise au point, en 2011, du calibre Dior Inversé 11 ½ qui a changé la face du monde horloger : en plaçant ce mouvement automatique à l’envers dans le boîtier, de manière à exposer aux regards la masse oscillante, ses concepteurs ont ouvert un nouveau territoire en matière d’imagination. Il est, en effet, devenu possible d’offrir au rotor le premier rôle, par-dessus le cadran, en le parant de mille façons. Tel est le cas, par exemple, avec la récente collection Dior Grand Bal Masqué. Une famille horlogère qui rappelle combien Christian Dior appréciait les réjouissances, qu’il s’agisse de bals


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dans des lieux prestigieux ou de fêtes costumées, à l’image de celle organisée en 1951, dans un palais de Venise par Charles de Beistegui. Le couturier avait dessiné pour l’événement de somptueuses et extravagantes tenues pour les invités qui, tous, portaient évidemment un masque, tradition vénitienne oblige, dissimulant le visage et ne révélant que les yeux. Avec cette collection horlogère animée par le calibre inversé évoqué plus haut, la maison rend donc hommage aux bals masqués chers à Christian Dior. Mêlant l’or, les diamants, les plumes et les pierres précieuses, des montres

réalisées en pièces uniques mettent en scène des loups chatoyants. « Les lignes de saphirs mettent en valeur les regards, les cils se parent de plumes soyeuses et colorées, les joues sont fardées de pierres ornementales et ces masques tournoient au rythme de la fête », a-ton expliqué chez Dior lors de la présentation de ces pièces. Sans omettre de souligner la solution trouvée pour laisser la masse oscillante assurer le remontage du mouvement, tout en permettant à chaque masque de conserver sa position horizontale lorsque l’on tient la montre devant soi. Quel tour de passe-passe les concepteurs de la montre ont-ils mis en œuvre ? Réponse des

Lorsque l’on tient la montre devant soi, le masque conserve toujours sa position horizontale grâce à l’équilibrage particulier de la masse oscillante.


magiciens : « L’essentiel de la masse du rotor figure à l’opposé du masque et celui-ci se maintient en haut du cadran grâce à sa légèreté. Mais il est prêt à s’animer et à tourner au moindre mouvement du poignet. » Plumes au vent Des plumes d’oiseau dans une montre ? Voilà le genre de suggestion pour le moins utopique, voire incongrue. En tout cas inenvisageable, surtout quand on sait que le moindre grain de poussière entré par effraction à l’intérieur d’un boîtier est susceptible d’entraver le bon fonctionnement du mouvement. Et dans quel but ?, serait-on tentés de demander. Tout simplement pour séduire le regard et pour remonter le mécanisme, rétorque-t-on chez Dior. Car le fameux Calibre Dior Inversé 11 ½, décidément vedette incontestée de ce dossier, permet ce genre d’initiative totalement iconoclaste grâce à sa masse oscillante, qui s’échappe de sa disposition habituelle dans le fond du boîtier pour s’exposer de façon visible côté cadran. Véritable page blanche offerte aux esprits créatifs de la maison Dior, le rotor a donc été choisi pour recevoir des plumes d’oiseaux


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richement colorées, qui deviennent l’ornement principal du cadran de ces montres hors du commun. Un parti pris esthétique rendu possible par le savoir-faire des plumassiers, qui trouvent ici un moyen d’exprimer tout leur potentiel. Étrange paradoxe, toutefois, que de laisser une masse oscillante, traditionnellement taillée dans le métal pour disposer d’un poids significatif, se parer d’un costume de scène en plumes. Associer les mots « plumes » et « couleurs » fait irrésistiblement songer aux spectacles de cabaret du siècle dernier. Par exemple, une montre telle la Dior Grand Bal Cancan évoque les tenues des danseuses de french cancan. On mesure facilement le niveau de rigueur et de compétence requis pour parvenir à transformer un rotor en éventail haut en couleur et muer quelques plumes prélevées sur des coqs de Toscane en œuvres d’art d’exception. Et l’on se doute également que ce choix artistique s’est accompagné de solutions techniques très particulières, ce que l’on confirme chez Dior : « S’il faut trois jours pour réaliser cette masse oscillante, huit mois d’expérimentation ont été nécessaires avant de parvenir au résultat final. » Une durée nécessaire pour atteindre l’objectif

final : proposer une symphonie de couleurs, légère, gracieuse, aérienne, tout en assurant la force d’inertie et la solidité nécessaires au bon fonctionnement du mouvement. Cette année, pour célébrer le nouvel An chinois, la collection s’est enrichie d’un modèle inédit en 36 mm de diamètre, édité en 88 exemplaires, disposant d’une masse oscillante décorée de plumes rouges et noires, et sertie de diamants qui tournoient sur un cadran de nacre rouge flamboyant. La danse des rubans Si la maison de couture Christian Dior a été fondée en 1947, c’est en 1975 qu’a été initié le département horloger de la marque. Et c’est en 2001 que ses propres ateliers ont été installés en Suisse, à La Chaux-de-Fonds, pour perpétuer la présence des montres au sein de l’univers Dior. Depuis cette date, mode, joaillerie et horlogerie cultivent un même esprit, partagent une même philosophie, expriment les mêmes audaces créatives en parlant un même langage. Dans un ouvrage paru en 1954, intitulé Petit dictionnaire de la mode, le grand couturier avait vanté, comme on l’a vu en préambule, les attraits

Toute la palette chromatique se retrouve sur le cadran des montres Dior Grand Bal Plume, notamment le rouge et le noir choisis, cette année, pour célébrer le nouvel an chinois.


La collection Dior Grand Bal s’est enrichie cette année de deux nouvelles pièces « Ruban », qui accueillent un nœud tournoyant sur le cadran décoré de fils d’or ou recouvert de plumes.

et les mérites de la couleur. Mais pas seulement. Il avait également décrypté les secrets de la couture pour en souligner les aspects qui le touchaient le plus. « Le vrai luxe exige le vrai matériau et la sincérité de l’artisan. Il n’a de sens que si ses racines puisent dans de vraies traditions », affirmait-il. Au sein des pages de son Petit dictionnaire de la mode, Christian Dior avait notamment évoqué le ruban : « Le petit nœud en ruban a toujours été l’un des accessoires féminins les plus prisés. Il en existe dans toutes les tailles et quasiment toutes les matières. » Il n’avait pas hésité à en promouvoir l’usage auprès de ses clientes et des lectrices de son livre : « Vous pouvez les utiliser sur des manches, des poignets. » Illustration du langage Dior présent aussi bien dans la couture que dans l’horlogerie, le ruban, « ce petit bout de tissu », comme le nommait affectueusement le couturier, a fait son apparition sur deux montres. Baptisées Dior Grand Bal Ruban, celles-ci s’inspirent des codes de la haute couture et mettent en lumière le fameux ruban.

Le premier de ces deux modèles est proposé en acier poli dans un diamètre de 36 mm, avec lunette en or rose serti de diamants ronds, et dispose d’un cadran bleu orné de fils d’or rose. La seconde pièce, de dimension identique, est proposée cette fois avec un boîtier en or rose et une lunette sertie de diamants taille baguette. Son cadran est différent puisqu’il accueille une marqueterie de plumes blanches et roses. Dans les deux configurations, la masse oscillante fonctionnelle prend la forme d’un ruban délicatement noué. Un lien précieux ajouré taillé dans l’or blanc et l’or rose, serti de diamants. Si la Dior Grand Bal Ruban bleue est proposée en série limitée de 88 exemplaires, la version rose n’existera qu’en 18 pièces seulement. Un effet plissé très couture Le lien intime reliant la haute couture Dior et le département horloger de la maison se retrouve également au travers d’un modèle comme la Grand Soir Plissé Précieux. Une montre voulue par ses concepteurs, comme l’expression d’une nouvelle esthétique féminine et romantique.


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Le cadran en or de la montre Dior Grand Soir Plissé Précieux s’inspire d’un effet réservé au tissu dans l’univers de la haute couture.

« Ce garde-temps joue avec les volumes et les matières pour donner l’illusion d’une robe en tulle qui virevolte sous la glace. Le cadran, comme brodé de diamants, s’habille d’une délicate superposition d’éléments plissés et de résilles, rappelant l’univers de la couture », confient-ils. Le boîtier en or de 36 mm de diamètre et la lunette du même métal précieux serti de diamants ronds suffiraient à eux seuls à attirer l’œil. Mais le regard est hypnotisé par le cadran en or blanc brossé soleil orné de diamants ronds en serti neige « dévoré » et agrémenté d’éléments plissés et ajourés en or rose et en or blanc. Cette étonnante montre éditée en 88 exemplaires est animée par un mouvement automatique Elite signé Zenith, dont la masse oscillante en volume,

visible au travers d’un fond transparent et métallisé couleur or rose, est joliment décorée d’ondulations. À porter dans un style très élégant sur un bracelet en satin gris, ou bien en alligator noir… Les ailes du désir Christian Dior puisait une grande part de son inspiration dans les jardins, où il aimait se retrouver au milieu de la nature. Il en fut toujours ainsi, dans son domaine familial de Granville ou, plus tard, parmi les parterres fleuris de ses différentes propriétés, Le Moulin du Coudret, à Milly-la-Forêt, ou La Colle Noire, en Provence. Le couturier avouait volontiers ressentir un intense besoin de paix et de sérénité


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lorsqu’il lui fallait concevoir de nouvelles collections de haute couture. Six à huit semaines lui étaient nécessaires avant de s’immerger dans l’activité frénétique précédant les défilés. « Depuis mon petit état-major du studio jusqu’aux apprentis, la ruche de l’avenue Montaigne va s’animer », expliquait-il lorsque la date fatidique des défilés approchait. Il aimait d’ailleurs employer ce mot « ruche » : « Une petite ruche pleine à craquer, voilà ce qu’était ma maison lorsque je présentais ma première collection », écrivit-il dans un livre de souvenirs. À l’occasion de la présentation de sa collection printemps-été 1951, une robe baptisée Théâtre de verdure avait été particulièrement remarquée Celle-ci était rehaussée de broderies évoquant un

essaim d’insectes hauts en couleur. Tout au long des années 1950, des abeilles ornèrent également des bijoux de la maison, notamment sous forme de broches piquées au revers des tailleurs. Aujourd’hui, des montres Dior réalisées en pièces uniques abritent à nouveau de précieuses abeilles, au sein une collection nommée Dior Grand Soir Reine des Abeilles. Pour donner vie à ces garde-temps semblant sortir tout droit des jardins luxuriants de Christian Dior, les joailliers ont fait appel à toute la palette offerte par les pierres précieuses, fines ou organiques : diamants, rubis, émeraudes, saphirs, tourmalines, améthystes, grenats tsavorites ou rhodolites, opale, malachite. De la nacre ou mêmes des plumes viennent

Chacune des pièces uniques de la collection Dior Grand Soir Reine des Abeilles est ornée sur son cadran d’un insecte semblant doué de vie, réalisé en pierres précieuses.


Les nouvelles pièces uniques de la collection Dior Grand Soir Reine des Abeilles appartiennent au monde de la haute joaillerie, avec leur cadran serti neige ou même leur bracelet intégralement pavé de diamants.

aussi parfois apporter des touches de couleur supplémentaires. Fidèles à la passion de Christian Dior pour la couleur, certains modèles mettent l’accent sur le bleu. D’autres mettent le vert en vedette, ou bien le violet, le rose, l’orange, dans des compositions jouant sur l’harmonie ou le contraste. Corps, tête, yeux, ailes, antennes, pattes, chacune des parties de l’abeille exprime un éclat particulier, créant un colorama bien différencié selon les montres. Très inspirés au moment d’imaginer ces pièces, leurs concepteurs ont cherché à donner vie aux insectes autant que faire se peut. Ils ont ainsi opté pour une configuration dite «trembleuse», qui insuffle du dynamisme aux différentes compositions. Un seul regard suffit pour constater que les abeilles ne restent pas dans une posture figée : elles vibrent et leurs ailes irisées battent comme si les insectes allaient s’envoler.

Parce que ces pièces uniques Dior Grand Soir Reine des Abeilles restent des garde-temps malgré la présence bien visible des abeilles posées au beau milieu des cadrans, les aiguilles ont été décentrées à 12 h. Autre rupture avec les habitudes, la couronne habituellement présente sur la droite du boîtier s’est envolée, afin de préserver la pureté des lignes. Et c’est grâce à une clé papillon posée au dos de la montre que s’effectue le réglage du mouvement à quartz. Une disposition qu’arborent bien évidemment les nouvelles pièces uniques venues, cette année, s’ajouter aux dix-huit modèles initiaux, certaines poussant le raffinement jusqu’à arborer un pavage de diamants intégral, bracelet compris… Mini D, maxi couleur Dans l’histoire de Dior au cœur de l’univers horloger, il existe des étapes majeures déjà évoquées – 1975, 2001 –, auxquelles il faut


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Cadran en nacre blanche ou rose pour La Mini D de Dior Satine de 19 mm de diamètre.


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impérativement ajouter 2003. C’est à cette date, en effet, que Victoire de Castellane réalisa sa première montre, cinq ans après avoir inventé la joaillerie Dior. Pour concevoir cette pièce baptisée «La D de Dior», vêtue d’un cadran en malachite dans un costume d’or jaune, la directrice artistique de la maison expliqua avoir puisé son inspiration dans d’anciens modèles masculins des années 1970, dont elle avait revisité le style vintage classique. « C’est un peu comme si une femme s’appropriait la montre d’un homme pour toujours penser à lui », affirma-t-elle… De son allure masculine originelle, La D de Dior conservait la pureté des formes, tout en s’enrichissant d’une féminité assumée. Deux aiguilles, pas d’index, pas de guichet : le temps mis à nu dans sa plus simple expression. En 2009, Victoire de Castellane franchit une étape supplémentaire en imaginant La Mini D de Dior, affichant un diamètre de 19 mm seulement, mais se révélant plus glamour que jamais. Depuis ce jour, La D de Dior n’a jamais cessé de se réinterpréter au fil du temps, mais en veillant soigneusement à conserver son esprit, ses lignes et son appétence pour les couleurs, jusqu’à

se hisser au rang d’icône pétillante, raffinée, ultraféminine. Preuve en est apportée, cette année, avec différentes déclinaisons pleines de caractère, à l’image de La D de Dior Satine Œil-de-Tigre. Comme son nom l’indique, cette montre en acier de 25 mm de diamètre, animée par un mouvement à quartz, se porte sur un bracelet conçu comme un bracelet de satin, mais réalisé en maille milanaise. Selon ses concepteurs, sa souplesse et sa brillance en font un véritable tissu de métal. Sa réalisation impose l’usage d’une sorte de machine à tricoter pour tisser au fur et à mesure une « étoffe » faite de fils métalliques s’entrelaçant finement. On découpe ensuite, dans cet étrange tissu, des bandelettes aux dimensions des bracelets. Chaque ruban est ensuite soigneusement fini et poli à la main, afin d’obtenir une surface au dessin parfait et créer le style voulu pour La D de Dior Satine… Hommage à la couleur chère à Christian Dior, le cadran est constitué d’une pierre œil-de-tigre aux marbrures brunes, enserrée au cœur d’une lunette en or serti de diamants. Le concept Satine s’exprime également au

La D de Dior Satine Œil de Tigre (25 mm) se porte sur un bracelet en acier maille milanaise que sa souplesse rend similaire à un véritable tissu de métal.


La Mini D de Dior Satine Rouge et la D de Dior Précieuse à Secret perpétuent la passion qu’éprouvait Christian Dior pour les couleurs.

travers de La Mini D de Dior, qui, en 19 mm de diamètre, joue la carte de la discrétion en mode pastel, avec un cadran en nacre blanche ou rose. Changement total de tempérament avec la nouvelle version Satine Rouge, imaginée pour célébrer le nouvel An chinois. On retrouve ainsi l’une des couleurs favorites de Christian Dior en version flamboyante. Mais si son cadran laqué attire les regards, le boîtier en acier de 19 mm cultive le raffinement, en parfaite harmonie avec la lunette en or rose serti de diamants et le bracelet en maille milanaise aux allures de ruban de satin. « J’aime rapporter les couleurs ensemble, qu’elles se répondent ou qu’elles s’opposent en brillant chacune de tous leurs feux », explique Victoire de Castellane. « Oser ces associations chromatiques me

semble être le meilleur antidépresseur au monde ! » Dans sa capacité à emprunter tous les chemins de la créativité, La D de Dior ose même occulter son appartenance au monde de l’horlogerie, en dissimulant son cadran derrière un cache en saphir bleu de Birmanie. Plus montre-bijou que jamais, cette étincelante version baptisée « D de Dior Précieuse à Secret » peut ainsi passer à volonté de garde-temps à joyau entièrement pavé de diamants. Existe-t-il plus beau sortilège que de pouvoir masquer la ronde des heures derrière un ciel de saphir bleu nuit pour échapper au temps qui passe ? Christian Dior en aurait souri, lui qui aimait répéter : « Le noir et le blanc pourraient suffire, mais pourquoi se priver de la couleur ? »


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RICHARD MILLE RM 72-01 CHRONOGRAPHE LIFESTYLE MAISON : MAÏEUTIQUE HORLOGÈRE Attaché à proposer à ses adeptes des montres uniques dotées de calibres sortant de l’ordinaire, Richard Mille lance, cette année, son propre mouvement de chronographe mécanique à remontage automatique. Ce cœur baptisé « CRMC1 » affiche un graphisme abouti, dans la droite lignée de ceux portant la signature du maître. Efficace et innovant avec la fameuse fonction flyback, un embrayage à double pignon oscillant, il donne vie à la nouvelle RM 72-01, un garde-temps futuriste taillé pour compter chaque seconde d’une vie vécue avec art.

Texte : Vincent Daveau

RM 72-01, Lifestyle Chronographe Maison, modèle en or rouge 5N.

Epicurien et homme d’action, Richard Mille conçoit des montres qui lui ressemblent. Le chronographe Lifestyle Maison ne déroge pas à la règle. Son boîtier de forme tonneau, incontestable marque de fabrique, a été pensé de façon à pouvoir passer sur tous les poignets, sans rien perdre de ses qualités graphiques. Puissant, avec son galbe prononcé afin de se faire oublier même sur les attaches les plus fines, ce nouveau chronographe de 38,4 m x 47,43 mm est disponible en or rouge 5N, en titane, ou encore en céramique blanche ou noire. Efficace, cette carrure, devenue une signature en soi, enferme un mouvement de chronographe mécanique de nouvelle génération. Développé à l’interne, il a demandé trente mois de mise au point. Véritable métronome pensé pour rendre importante chaque seconde de la vie de celui qui le porte, cet instrument de tous les superlatifs a été conçu avec des matériaux de pointe pour l’inscrire dans

son temps et même lui donner une longueur d’avance sur la concurrence. Pour y parvenir, ce nouveau mouvement, doté de 50 heures de réserve de marche, a été fortement ajouré. Amateurs et experts peuvent ainsi plonger au cœur de sa mécanique pour en appréhender chaque détail. Car ce calibre d’exception entend jouer la carte de la transparence. Même le cadran, affichant les seuls chiffres 3, 8 et 11, a été ajouré de façon à découvrir l’invisible. Sa forme ovale a été dessinée pour épouser celles du boîtier qui l’habille. En cela, il revient aux sources du métier : une époque où les horlogers avaient pour habitude de concevoir des cœurs horlogers de la forme des montres auxquelles ils devaient donner vie. Ici, ce mouvement de forme reçoit une platine et des ponts réalisés non pas en laiton d’horlogerie, mais en titane grade 5, un alliage technique contenant 90 % de titane, 6 % d’aluminium et 4 % de vanadium. Réputé pour ses qualités mécaniques


Photos Philippe Louzon

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Photos Philippe Louzon


Photos Jerome Byron

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dans le secteur spatial, en aviation ou encore dans l’automobile de compétition, il est biocompatible et léger, de même qu’il affiche une grande résistance à la corrosion et une rigidité remarquable. Ce métal, que les artisans exigeants pourraient presque considérer comme parfait, a été utilisé en horlogerie pour la première fois dans le courant des années 1980 pour les boîtiers, et dans le courant des années 2000 pour les calibres. Logique, il est l’allié idéal des horlogers désireux de concevoir des mécanismes susceptibles de supporter de sévères conditions d’utilisation. Richard Mille emploie cet alliage depuis plusieurs années et il est même passé maître en la matière. Le titane grade 5 microbillé associé au traitement par électroplasma gris améliore encore sensiblement les qualités natives du métal. Son utilisation est surtout motivée par le fait qu’il permet de garantir et de conserver la rigidité d’ensemble

à la structure largement ajourée. Arachnéenne, cette architecture découvre une partie des composants essentiels de ce chronographe innovant, sans risque d’en réduire la résistance. Un calibre dans l’esprit RM Pour être au top en permanence, le chronographe RM 72-01 bat donc la mesure au rythme soutenu de 4 hertz, soit 28 600 alternances par heure, garantissant ainsi un affichage horaire précis, même sollicité à fond. Il affiche distinctement des fractions de temps qu’il est capable de mesurer à la demande sans perturber l’écoulement de l’heure. Laquelle est matérialisée autour du chemin de fer par les chiffres 3-8 et 11. Puissants et graphiques, ils attirent autant le regard qu’ils facilitent la lecture en pleine action des indications horaires. Ils se positionnent entre les trois compteurs dans lesquelles de courtes et fines aiguilles, dansant en cadence, donnent à

RM 72-01, Lifestyle Chronographe Maison, modèle en titane.


Photo Jerome Byron

Photo Jerome Byron

Photo Melissa Roldan Photo Jerome Byron

RM 72-01, Lifestyle Chronographe Maison, doté d’un mouvement de chronographe mécanique de nouvelle génération.

lire chacune un temps déterminé en fonction de la couleur des indicateurs apposés en décalque. La bleue affiche les secondes permanentes pour indiquer le bon fonctionnement de l’instrument, celle de couleur orange indique les minutes écoulées (60 minutes) lorsque la fonction chronographe est enclenchée, tandis que la verte offre la lecture des heures (24 heures) passées depuis le lancement du comptage, quand chronométrage il y a. Classique roue à colonne et embrayage innovant Pour assurer un fonctionnement optimal de cette complication au sein de ce calibre de forme, la manufacture a fait le choix de la célèbre roue à colonne. Cet élément, comprenant six pilastres permettant de sélectionner et de sécuriser les fonctions, est d’une grande finesse d’exécution ; il est également ajouré, afin de rendre son enclenchement souple lors de la pression des poussoirs. Pour assurer à cet ensemble très

cohérent – qui a nécessité trente mois de mise au point –, la liaison des minutes et des heures a été désolidarisée de la roue des secondes. Résultat : ce chronographe flyback comprend un mécanisme d’embrayage double à pignons oscillants, breveté par la manufacture. Comme le soulignait Salvador Arbona, directeur technique mouvement de l’entreprise : « Cet embrayage à pignon, qui vient s’insérer dans la denture ou qui en sort, a été doublé. Il y en a désormais un pour les minutes et un autre pour les secondes. Ce système n’est pas encombrant, comparé à un embrayage vertical difficile à loger au beau milieu du mouvement. » La mise en fonction du chronographe n’influence donc que très peu la réserve de marche et, par incidence, la précision d’affichage de l’heure. Grâce à ces choix techniques, le calibre CRMC1 demeure relativement fin : le mouvement ne fait que 6,05 mm d’épaisseur et ce, malgré les 425 composants qui le constituent. On notera que l’actionnement du poussoir, situé à 4 h, autorise la remise à zéro de l’aiguille du chronographe


Photo Mathieu César Photo Robert Jaso

sans avoir à arrêter le mécanisme au préalable. Ce dispositif fut à l’origine mis au point pour les pilotes d’avion, afin d’éviter toute perte de temps (et de précision) lors de l’arrêt, de la remise à zéro et du redémarrage du chronographe, au passage d’un point de navigation. Ce garde-temps d’exception est également doté d’un sélecteur de fonction qui, à l’instar d’un sélecteur de changement de vitesse d’une voiture, permet de visualiser, une fois la couronne tirée, le remontage, la mise à l’heure ou le réglage de la date et constitue une sorte de marque de fabrique. Chaque mode sélectionné est indiqué par une aiguille située à 3 h : W (winding, remontage) – D (Date) – H (Hand setting, mise à l’heure). Pour assurer un parfait remontage du ressort de barillet à rotation rapide, la pièce est équipée d’une masse oscillante terminée par un rotor, tourne sur un roulement à billes en céramique et est combinée à un système d’inverseur One Way®. Pour finir et comme pour les autres pièces

maison, tous les rouages du calibre CRMC1 ont été optimisés par l’adoption d’une denture aux profils spéciaux produisant un angle de pression de 20°. Cet angle de pression favorise le roulement et supporte mieux les différences d’entraxe. Ces nouveaux trains d’engrenage assurent une excellente transmission du couple et donc un rendement optimal. Largement testé avant sa mise en production, ce chronographe affiche aujourd’hui des performances optimales et se trouve être entièrement pensé, façonné et assemblé au sein des ateliers de la manufacture des Breuleux, petit village du Jura suisse. Une partie de ses composants, tous travaillés avec un soin extrême, apparaît au travers du dos doté d’une large glace en saphir. Au final, cette montre, dotée d’une complication utile de chronographe, possède un dessin résolument architectural et se trouve être animée par un calibre appelé à devenir un cœur de référence face à ceux de la concurrence.

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Une mécanique lumineuse mise en son et en mouvement. Pour illustrer tout le charisme de cette création, qui a demandé des milliers d’heures d’investissement de la part de tous les employés de la manufacture des Breuleux, seuls des artistes de renom comme le chorégraphe Benjamin Millepied (ci-contre) et le compositeur Thomas Roussel (ci-dessus) pouvaient incarner, techniquement et artistiquement, un projet si ambitieux. À l’instar de Richard Mille, ces deux créateurs ont construit leur œuvre autour d’un imaginaire unique et d’une obsession pour l’accord parfait et le mouvement harmonieux à travers le film W I T H I N. Qu’il s’agisse de ballet ou un orchestre symphonique, Benjamin Millepied et Thomas Roussel s’appuient tous deux sur l’héritage et les traditions de leurs arts respectifs, pour en livrer des visions contemporaines. Ils façonnent ainsi des pièces uniques, capables d’exprimer la quintessence de leur discipline à travers leur sensibilité. C’est cette hybridation de la science avec l’émotion qui les a incités à épouser le nouveau projet de la maison horlogère. Pour leur œuvre commune, W I T H I N, Benjamin Millepied est passé derrière la caméra, au milieu du désert de Joshua Tree, au cœur de la roche et du sable. Un environnement minéral et épuré renvoyant à la noblesse et à la beauté des matériaux utilisés par Richard Mille pour ses montres. Dans ce décor d’absolu, les danseurs déploient une chorégraphie parallèle et cyclique qui égrène les secondes, associant avec intensité temps et espace. Cet environnement mystérieux, où l’humanité semble renouer avec ses origines, ne pouvait qu’inspirer Thomas Roussel. À partir du sample du chronomètre de la montre, le compositeur insuffle un tempo, un rythme musical à l’énergie brute et échevelée des danseurs. Il enveloppe ce tourbillon de vitalité autour d’une musique des origines, répétitive et mystérieuse. Une composition interprétée par les cinquante musiciens du prestigieux London Symphony Orchestra, au sein du studio d’enregistrement de l’église St Luke’s à Londres.


CODE 11.59 BY AUDEMARS PIGUET : OSER L’HEURE EN COULEUR Pour célébrer son succès et dans le même temps enrichir sa collection Code 11.59 by Audemars Piguet, la manufacture Audemars Piguet présente dix nouvelles références. L’occasion de souligner, avec une touche de couleur, la puissance graphique de cette famille de produits, promise à un bel avenir.

Texte : Vincent Daveau

Pour apporter de la couleur en ces temps troublés, la manufacture Audemars Piguet lance cinq nouvelles références automatiques et cinq nouveaux chronographes automatiques dotés tous de nouveaux cadrans laqués aux coloris puissants. Pour donner du corps à cette série

et renforcer le caractère contemporain de ces montres aux formes rondes, considérées comme fondamentalement intemporelles, les concepteurs du projet ont fait appel à une palette de teintes profondes. Forts de leur expérience en matière de traitement horloger disruptif, les artisans


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d’Audemars Piguet ont relevé un nouveau défi et démontré leur vision créative en développant de nouveaux cadrans laqués avec motif soleillé dans des tons fumés, allant du bleu au bordeaux en passant par le violet et le gris clair et foncé. Donner du corps au visage de la montre L’esthétique du cadran, que l’on minore souvent pour garantir à l’instrument de rester dans le rang, est ici sublimée par les teintes fortes retenues, et magnifiée par la lunette extrafine et la glace saphir doublement courbée avec traitement antireflet. Jouant avec les profondeurs et la lumière, ce verre complexe à réaliser met à l’honneur le travail méticuleux du cadran, sur lequel se détache la signature Audemars Piguet en or, réalisée avec un procédé ultramoderne connu sous le nom de « croissance galvanique ». Ces nouvelles couleurs rehaussent l’architecture contemporaine et la décoration raffinée des références de la famille des garde-temps Code 11.59 by Audemars Piguet. Composée d’une carrure octogonale, d’une lunette ronde extrafine et de cornes stylisées, la boîte au design hors norme repousse les limites techniques de finitions à la main et recèle plus de détails qu’il n’y paraît. Ainsi, c’est uniquement grâce au travail manuel que l’alternance parfaite de surfaces satinées et polies de l’or gris ou rose a pu être obtenue. Conçues aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ces montres fondamentalement dans l’air du temps font 41 mm de diamètre et offrent, grâce à leur profil galbé, un porter ergonomique et confortable, quelle que soit la taille du poignet.

La manufacture présente également deux modèles automatiques date, heures, minutes et secondes, et deux chronographes à remontage automatique qui se distinguent par leur boîtier en or bicolore et leur cadran dans les tons gris. Lunette, cornes et fond en or gris 18 carats sont subtilement contrastés par une carrure en or rose 18 carats. Ces nouveaux modèles alternants or gris et or rose soulignent l’architecture multifacette de la boîte et ses finitions à la main de haute qualité. Le fond en saphir révèle également la masse oscillante en or rose 22 carats qui est assortie à la couleur de la carrure. Les boîtiers en or bicolore sont une option rare dans l’histoire des montres-bracelets chez Audemars Piguet. Parmi les 550 pièces de ce type

Code 11.59 by Audemars Piguet, or bicolore Page de gauche : automatique, réf. 15210CR. OO.A002CR.01. De gauche à droite et de haut en bas : chronographe automatique réf. 26393CR. OO.A002CR.01 / Automatique 15210CR. OO.A009CR.01 / chronographe automatique réf. :26393CR. OO.A009CR.01


Des cadrans laqués aux coloris puissants : Ci-dessus : réf. 26393OR. OO.A028CR.01 et 15210BCOO.A068CR.01. Page de droite : réf. 26393OR. OO.A616CR.01 et 15210OR. OO.A616CR.01.

produites entre 1882 et 1969, seules 8 combinaient deux types d’or. Bien que cette alliance soit plus répandue de nos jours, elle demeure un symbole de raffinement et d’élégance. Le modèle au cadran soleillé et laqué gris clair se distingue par des nuances discrètes mises en évidence par les tons lumineux. L’autre version au cadran gris fumé révèle, pour sa part, une certaine

profondeur et de nombreux détails sur cette surface, soulignés par le rehaut noir. Les deux modèles s’accompagnent d’un bracelet en alligator « grandes écailles carrées », cousu à la main dans les tons gris ou noirs. Des calibres de référence Développés et assemblés dans les ateliers du Brassus, le village d’origine où s’étaient établis les fondateurs, ces nouveaux modèles Code 11.59 by Audemars Piguet sont équipés de mouvements automatiques et de calibres de chronographes automatiques dernière génération, élaborés au sein même de la manufacture. Ainsi, les modèles automatiques vivent au gré du calibre réf. 4302 – un mouvement automatique avec seconde centrale et quantième en guichet ouvert entre les index 4 et 5, à saut instantané. Les chronographes sont, quant à eux, animés par le calibre maison réf. 4401. Ce cœur dispose, comme tous les produits bien nés, d’une roue à colonnes et d’une fonction de retour en vol, plus connue sous le nom anglosaxon de flyback. Cette fonction additionnelle, apparue dans le courant des années 1930, permet d’interrompre et de reprendre un chronométrage sans passer par l’étape intermédiaire de l’arrêt et de la remise à zéro. Cette opération s’effectuant à la volée avait été initialement conçue pour les pilotes d’avion, qui devaient faire leur cap à partir des informations fournies par les balises radio (goniométrie). Ces deux mouvements modernes, mais réalisés de façon traditionnelle, sont équipés d’un mécanisme breveté


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qui apporte stabilité et précision lors du réglage des fonctions de la montre. En outre, le grand diamètre de ces mouvements – ils font tous les deux 14 lignes, soit 32 mm de diamètre – offre la garantie d’une chronométrie supérieure. En effet, la taille des composants influe notablement sur la qualité de leur fabrication et, par extension, sur le bon fonctionnement de l’ensemble mécanique, une fois la pièce montée au poignet. Visibles à travers le fond, ces deux calibres allient tradition horlogère et finitions main raffinées. L’amateur ne manquera pas de noter, par exemple, les finitions étirées des aciers, les côtes de Genève, le perlage, le satinage circulaire et l’anglage des principaux composants fixes. Pour accroître encore la précision, le calibre de chronographe à remontage automatique réf. 4401 est doté d’un mécanisme breveté, qui assure que chaque aiguille de compteur soit bien remise à zéro. Par ailleurs, un système d’embrayage vertical permet d’éviter que l’aiguille de chronographe ne saute au moment de l’enclenchement de la fonction, un défaut que l’on observait souvent avec les embrayages à bascule. En outre, ce mécanisme moderne autorise le porteur de la pièce à conserver le chronographe enclenché en permanence sans qu’il y ait la moindre incidence sur la précision de la fonction horaire ni que cela n’affecte la durée de la réserve de marche. Et parce que chaque détail compte, le design novateur du calibre 4401 met en valeur les fonctions et composants habituellement cachés, tels que la roue à colonnes ainsi que la « danse des marteaux »

Les calibres en chiffres • Calibre à remontage automatique de manufacture, réf. 4302 Le mouvement mécanique à remontage automatique développé à l’interne dans les ateliers de la manufacture du Brassus fait un diamètre de 32 mm (soit 14 lignes). Cette taille conséquente confère au calibre la capacité d’occuper l’intérieur du boîtier sans qu’il soit nécessaire d’ajouter un cercle d’emboîtage. Cette solution, la plus horlogère qui soit, peut être observée par le fond transparent. Celui-ci permet également de mesurer la qualité des 257 composants finis à la main. La masse oscillante est réalisée en or et présente un roulement à bille de grand diamètre pour garantir un parfait fonctionnement, quelles que soient les conditions d’utilisation. Le calibre est également fin puisqu’il ne fait que 4,8 mm d’épaisseur. Il offre une réserve de marche de 70 heures une fois le barillet remonté à fond, tandis que son oscillateur à inertie variable vibre à 4 hertz, autrement dit, effectue 28 800 alternances par heures. • Calibre de chronographe à remontage automatique réf. 4401 Ce calibre est également développé à l’interne dans les ateliers de la manufacture du Brassus et fait, comme le mouvement automatique 4302, un diamètre de 32 mm (soit 14 lignes). Une partie des 367 composants – tous terminés et assemblés à la main avec soin – sont visibles par le fond transparent de l’instrument. La masse oscillante, fortement ajourée pour laisser visible cette belle mécanique, est réalisée en or et présente un roulement à bille de grand diamètre pour garantir un parfait fonctionnement, quelles que soient les conditions d’utilisation. Le calibre est également fin puisqu’il ne fait que 6,8 mm d’épaisseur. Efficace, il permet l’affichage de l’heure et des secondes permanentes dans un compteur à 6 h, ainsi que des temps écoulés en minutes à 9 h et en heures à 3 h. Autres similitudes avec la réf. 4302, sa réserve de marche de 70 heures une fois le barillet remonté à fond et son oscillateur à inertie variable qui vibre à 4 Hertz, (28 800 alternances par heures).

lorsque le chronographe est remis à zéro. La masse oscillante ajourée en or 22 carats assure une vue dégagée sur le mouvement. Autant de détails qui peuvent être appréciés à travers le fond de la boîte. Combinant technologie horlogère et savoir-faire traditionnel, ces deux calibres reflètent l’esprit sans compromis de la manufacture Audemars Piguet, l’une des seules grandes marques à être encore la propriété des familles des fondateurs.


TAG HEUER LA COURSE CONTRE LE TEMPS

Née en 1860, la manufacture horlogère suisse fondée par Edouard Heuer fut la première à se lancer dans la fabrication en série de chronographes. Cette année, la marque choisit de célébrer son 160e anniversaire en rendant un hommage particulier à l’une de ses montres sportives les plus emblématiques : la Carrera. Zoom sur des pièces inédites et des séries limitées dédiées.

Texte : Hervé Gallet

Edouard Heuer n’avait que 20 ans lorsqu’il ouvrit son propre atelier d’horlogerie à Saint-Imier, en Suisse, en 1860. Il fut le premier à se lancer dans la fabrication en série de chronographes, à partir de 1880.

Plonger dans des documents d’archives liés à l’histoire de TAG Heuer permet naturellement de mettre à jour des informations purement horlogères. Mais il arrive parfois que des écrits anciens abordent d’autres territoires, à l’image de ces lignes extraites d’un dossier ayant accompagné dans le passé le lancement d’une montre : « Soleil de plomb. Asphalte incandescent. Sanglot strident des mécaniques affolées. Dernier virage. À l’entrée de la Parabolique, rester collé au leader. Profiter de son sillage puis déboîter soudain et se porter à sa hauteur. Aspiration. Inspiration. Ravir à l’adversaire le centième de seconde décisif. » Le récit de cette course automobile aux accents de poème épique prouve que la compétition, les moteurs, les as du pilotage, les

fractions de seconde, ont de tout temps rythmé l’existence de la marque. Fondée en 1860 par Edouard Heuer, à Saint-Imier, en Suisse, puis installée à Bienne quatre ans plus tard, la maison Heuer fut la première à se lancer dans la fabrication en série de chronographes, à partir de 1880. En 1911, elle commercialisa sa première horloge de voiture. En 1916, Jules et Charles Heuer, les fils d’Edouard, qui avaient pris le relais, déposèrent un brevet pour un chronomètre capable de mesurer le temps avec une précision d’un centième de seconde : le modèle Microsplit. Tous deux adeptes de la montre-bracelet, ils conçurent un boîtier étanche, en 1930. Cette année-là apparut la montre Monza, ainsi baptisée en hommage au mythique


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circuit italien situé près de Milan. En cette époque lointaine, les rois du volant couraient en chemisette, le buste émergeant de leurs cylindres de métal, la tête couverte d’un petit casque à visière, les yeux protégés derrière de grosses lunettes, et se disputaient la victoire à 200 km/h en prenant tous les risques. C’est à Monza qu’Alberto Ascari remportera, sur Ferrari, la première grande victoire de sa carrière, lors du Grand Prix d’Europe en 1949, sur le même circuit où, vingt-cinq ans plus tôt (1924), son père, Antonio Ascari, avait lui aussi triomphé. Des souvenirs qui, selon les responsables de la manufacture Heuer, valaient bien qu’ils dédient une montre à l’Autodromo Nazionale di Monza. En 1933, le premier compteur de bord Heuer pour

voitures de course et avions vit le jour, portant un nom qui résumait cette double destination : Autavia, contraction et réunion des mots « automobile » et « aviation ». Trois décennies plus tard, l’Autavia quitta les tableaux de bord pour se porter au poignet sous forme de montre-bracelet, à l’instigation de Jack Heuer, l’arrière-petit-fils du fondateur de la marque qui avait pris les rênes de l’entreprise. Entretemps, la manufacture avait présenté, en 1958, le compteur de bord Rally-Master, une nouvelle manifestation tangible de l’attachement d’Heuer aux instruments horlogers liés aux sports mécaniques. Et puis, un jour de 1963, une nouvelle montre fit son apparition, la Carrera. Un chronographe aux consonances hispaniques, né d’une conversation

Ayant succédé à leur père en 1892, Jules et Charles Heuer devinrent très vite des adeptes des montres-bracelets. Leur manufacture lança de nombreux chronographes de poignet à vocation sportive, tout en créant aussi des compteurs de bord pour automobiles et avions.


La Carrera Édition spéciale 160 ans Silver a été présentée en janvier, pour lancer cette année commémorative.

entre Jack Heuer et deux pilotes de course mexicains, Pedro et Ricardo Rodriguez, qui s’illustrèrent notamment en Formule 1 et aux 24 Heures du Mans. « Cette compétition automobile a été créée en 1950 dans notre pays pour célébrer l’achèvement de la Panaméricaine, la première route reliant les deux hémisphères, le Nord et le Sud, l’Alaska et la Terre de feu, racontaient-ils. Disputée sur un mélange de bitume abrasif, de caillasse tranchante et de poussière rouge, la Carrera Panamericana Mexico s’élançait de la frontière nord-américaine et s’achevait aux limites du Guatemala. » Si Jack Heuer écouta avec attention les explications des deux pilotes, la suite le fascina littéralement : « En novembre 1952, l’un des concurrents, Karl Kling, heurta à 200 km/h un vautour qui fracassa son pare-brise et blessa son copilote. Mais il finit par franchir en vainqueur la ligne d’arrivée de la troisième Carrera Panamericana Mexico, après huit étapes et 3 113 kilomètres de course. Même si elle a disparu au bout de cinq ans seulement, c’est comme cela que l’épreuve est devenue une légende. »

Subjugué, Jack Heuer décida alors de baptiser « Carrera », le chronographe qui venait d’être conçu dans la manufacture qu’il dirigeait depuis 1960. Ce mot, signifiant à la fois route et course en espagnol, semblait prédestiné… Achevée en 1963, la montre fut portée plus tard par de nombreux champions, dont Niki Lauda, Gilles Villeneuve ou Clay Regazzoni, poursuivant au fil du temps une longue et belle carrière sous différents visages toujours éminemment sportifs. Car la montre se devait de rester fidèle au concept initial : « Constituer un tableau de bord de voiture de course pour poignet. » Une année 2020 très Carrera Pour TAG Heuer, l’année 2020 revêtait un caractère particulier puisqu’elle correspondait au 160e anniversaire de la manufacture. Pour fêter dignement cet événement, la marque a décidé de faire de la collection Carrera, le


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support principal de ses célébrations, à travers des séries spéciales commémoratives et aussi des modèles inédits enrichissant la collection permanente. Autre choix fort : celui d’animer toutes les créations du mouvement manufacture automatique Calibre Heuer 02. Entièrement fabriqué en Suisse dans la manufacture de Chevenez, ce mécanisme est composé de 168 pièces, dispose d’une roue à colonnes, d’un embrayage vertical et possède une réserve de marche de 80 heures. Le lancement des festivités s’est opéré dès le mois de janvier, avec la présentation d’une première Edition Spéciale 160 ans Silver, héritière directe du chronographe originel de 1963. Le mouvement manuel d’autrefois a donc cédé la place au calibre automatique Heuer 02 et, si les dimensions ont été légèrement revues à la hausse, l’âme demeure inchangée.

Le cycle commémoratif s’est poursuivi par une deuxième Edition spéciale 160 ans, rompant avec le principe de la simple réédition. TAG Heuer a, en effet, décidé de réunir deux icones au sein d’un même modèle. C’est en 1972 qu’avait été imaginée la Montréal, caractérisée par un boîtier tonneau et un cadran très coloré, dans le plus pur style des années 70. Cette année, le défi lancé aux designers a consisté à reprendre les codes design de celle-ci et à les réinterpréter pour les intégrer à l’esprit Carrera. Résultat : prenant la forme d’une montre ronde en acier de 39 mm de diamètre, la Carrera Édition spéciale Montréal 160 ans réussit la fusion d’un look vintage et d’une technologie moderne. Sa principale spécificité réside dans son cadran blanc opalin accueillant trois compteurs additionnels bleus. Pour évoquer la Montréal de 1972, la trotteuse chronographe est de couleur rouge et des touches de jaune sont visibles sur

La Carrera Édition spéciale 160 ans Montréal établit une synthèse esthétique entre un modèle de forme tonneau créé en 1972 et le style Carrera contemporain.


Les célébrations du 160e anniversaire de la marque s’achèvent avec le lancement de la Carrera Chronographe Sport Édition Limitée 160 ans, une montre dotée d’un cadran blanc ou bleu, inspirée du modèle « Dato 45 » apparu en 1965.

les aiguilles des heures et des minutes, le compteur 30 minutes et à l’extrémité des index. Les célébrations se sont poursuivies durant l’été avec la divulgation d’une nouvelle Carrera Chronographe Sport. Le diamètre s’agrandit et passe à 44 mm, tandis que la lunette fixe gagne en largeur et accueille une échelle tachymétrique. Le dynamisme de cette série de quatre montres est également rehaussé par la palette des couleurs proposées pour le cadran (noir, bleu ou vert, bleu) et la lunette qui joue, au choix, l’harmonie des teintes ou le contraste. L’intégration de la glace saphir bombée et le léger biseautage ajoutent une touche d’élégance à la montre qui dévoile les secrets du calibre Heuer 02, notamment sa masse oscillante, au travers d’un fond en acier agrémenté d’un disque transparent en saphir. Quelques semaines plus tard, survient une deuxième vague de nouveautés baptisées cette fois simplement « Carrera Chronographe ». Cadran noir, bleu, anthracite ou argenté, fine lunette, boutons poussoirs à l’ancienne, bracelet en alligator ou métallique, la sportivité de ce chronographe de 42 mm s’exprime dans un esprit aussi élégant que vintage. Il était dit que la marque réserverait une dernière surprise aux collectionneurs. L’automne 2020 a

ainsi été marqué par le lancement d’une nouvelle Carrera édition limitée, puisant ses racines dans la « Dato 45 » apparue en 1965. Celle-ci avait été à l’époque le premier chronographe-bracelet agrémenté d’un disque de date rotatif. Portant le nom officiel de Carrera Chronographe Sport Édition Limitée 160 ans, cette pièce de 44 mm affiche le même style que les Carrera Chronographe Sport de série de l’été, mais elle offre le choix entre un cadran blanc ou bleu et met en vedette le guichet de date à 12 h. Une série limitée réalisée en 1 860 exemplaires dans chacune des deux couleurs de cadran. La « der des der » pour clore cette période commémorative placée sous le signe de la Carrera et riche en pièces inédites ? « Nous avons vécu des moments fascinants et avons vraiment eu le privilège et la chance de pouvoir nous pencher sur tous ces sublimes modèles Carrera pour créer notre sélection anniversaire », confie Catherine Eberlé-Devaux, directrice du Patrimoine au sein de TAG Heuer. Pour célébrer les 88 ans du père de la Carrera, c’est un chronographe en or « Édition Limitée Jack Heuer » qui, le 19 novembre, a été le dernier coup de chapeau donné cette année à cette montre appartenant à la grande histoire de l’horlogerie.


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JAEGERLECOULTRE : LE DON DE TRANSFIGURER

L’heure sonnée est la façon la plus ancienne de séquencer le temps d’une journée et une prérogative des autorités religieuses, puis civiles. Un symbole de pouvoir, en somme. Il semblait logique aux horlogers de mettre au point des mécanismes capables de retranscrire le temps en musique. La nouvelle collection Memovox de Jaeger-LeCoultre s’inscrit dans cette démarche avec la rigueur d’un métronome.

Texte : Vincent Daveau

Parmi les façons de séquencer le temps, la musique compte au nombre des plus anciennes. Ainsi, depuis l’Antiquité au moins, le son sert à identifier les différentes parties d’une journée. L’heure mise en musique a donc été longtemps le seul moyen d’avoir un repère temporel en Europe occidentale, mais aussi dans d’autres contrées du monde. Ce découpage, au rythme des cloches ou des chants, a très vite été perçu comme un symbole de pouvoir que les villes, s’émancipant de l’Eglise alors toute puissante, ont créé les propres horloges mécaniques de beffroi pour y faire sonner le temps urbain de façon mathématique. Dans les premiers temps, ces horloges n’avaient pas d’aiguilles, mais des cloches ou parfois des jacquemarts, personnages animés mécaniquement qui sortaient d’édifices conçus pour leur animation, au fil des heures

sonnées. Très vite, les plus brillants horlogers de la Renaissance sont parvenus, à force de miniaturisation, à intégrer des mécanismes de réveils dans les montres de poches destinées aux élites. Le but : célébrer par le son le pouvoir de ceux à qui revenait le droit de dire le temps en musique. À force de miniaturisation et d’avancées techniques, les plus brillants créèrent, à l’aube du XVIIIe siècle, les premières montres à sonnerie au passage, puis durant le siècle des lumières, celles dotées de mécanismes élaborés permettant de sonner l’heure à la demande, ainsi que les fractions de temps affichées par l’aiguille des minutes. La musique du pouvoir Cet art de l’heure dite en musique est cultivé depuis plus de 150 ans par la manufacture


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du Sentier, appelée localement, « La Grande Maison ». Le premier mouvement de montre à répétition minutes a été créé à l’interne, en 1870. Cette pièce a donné lieu ensuite à la mise au point de plus de 200 calibres de montres, capables de sonner l’heure en musique. Parmi ces pièces, on compte quelques merveilles rares et très recherchées, comme les grandes sonneries, les montres à répétition minutes ou encore celles dotées, en plus, de scénettes ou de jacquemarts mis en mouvement lors de l’activation de la complication. La première du genre a été élaborée par la manufacture dans le courant des années 1890. Cinq ans plus tard, celle-ci développait et brevetait un régulateur silencieux pour ses montres à sonnerie à marteau. Le problème des bruits parasites était déjà d’actualité. Il l’est encore aujourd’hui,

accentué par l’étanchéité des boîtiers. Aussi, la manufacture s’est fait une spécialité des montres à sonnerie d’avant-garde et les artisans travaillant dans ses murs ont conçu, depuis deux décennies, tout un arsenal de technologies propres, afin de garantir à leurs créations de sonner « fort » et distinctement. Sont apparus les timbres collés sur la paroi du verre saphir, puis les timbres carrés, les marteaux trébuchets (complexes et plus puissants) et différents autres systèmes. Tous plus ingénieux les uns que les autres, leur vocation est de rendre les montres à sonnerie toujours plus agréables à entendre jouer l’heure. Sonner à volonté pour célébrer l’action Font également partie de cet inventaire à la Prévert, les références dotées de complications

Master Control Memovox : boîtier en acier, 40 mm, mouvement mécanique à remontage automatique, calibre Jaeger-LeCoultre 956, fonctions heures, minutes, secondes, date et alarme, réserve de marche de 45 heures, cadran soleillé argent, fond du boîtier ouvert, étanchéité à 5 atm.


dites « réveil ». La manufacture, qui disposait d’un vrai savoir-faire en la matière avec ses montres à sonnerie, a développé, dans la seconde moitié du xxe siècle, des mouvements dont les mécanismes élaborés, mais néanmoins moins complexes que ceux de la complication reine (grande sonnerie), offraient aux gardetemps de disposer d’une fonctionnalité sonore fort utile tout au long de la journée, en fonction des besoins. Au début de sa carrière, le mécanisme à sonnerie réf. Cal 489 (1950) était assez sommaire et les frappes du marteau sur le pion de sonnerie créait un son, dont la mélodie se rapprochait

plus du vol du bourdon que du son de cloche d’une répétition minutes. La pièce qui recevait ce calibre fut baptisée Memovox (la voix de la mémoire). Elle se caractérisait par un cadran où un disque mobile portant un triangle faisait office d’indicateur de déclenchement de l’alarme. Signe identitaire pour cette référence : la présence de deux couronnes sur le flanc de carrure. La première servait à remonter la montre et à la mettre à l’heure ; l’autre à remonter l’alarme et à sélectionner l’heure de sonnerie en positionnant le triangle indicateur devant. Cette montre, attractive et moderne pour l’époque, a très vite été utilisée par les cols


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blancs comme « pense-bête ». En effet, une fois correctement réglée, elle pouvait indiquer une heure de rendez-vous en vibrant au poignet ou la fin d’une réunion avec une certaine discrétion. Le modèle devait être amélioré en 1956, avec l’apparition du calibre 815 à remontage automatique. Deux ans plus tard, Jaeger-Lecoultre lance la Memovox International (affichage 24 heures) et la Memovox Parking, une réponse horlogère à l’arrivée des premiers parcmètres en ville. En 1959, face à la montée en puissance des montres de plongée, la manufacture lance la première montre dédiée, munie d’une alarme mécanique. Naît alors la Memovox Deep Sea (Calibre 815). L’alarme sonore renforce encore la sécurité du plongeur en l’informant du temps de plongée. En 1963, la Memovox s’équipe d’un indicateur de date, qui est modifié en 1968. Dans le même temps apparaît la Memovox Polaris, parée d’une lunette tournante interne. Son boîtier supercompressor amplifie le son de l’alarme, tout en assurant une étanchéité garantie jusqu’à 200 mètres. En 1970, la Memovox embarque le calibre 916, doté d’un oscillateur vibrant à 28 800 alternances par heure et une masse oscillante tournant sur 360°. Puis, en 1994, la Master Réveil fait le « buzz » en recevant le premier certificat 1 000 heures, ainsi que le calibre 918, dont le marteau frappe, non plus directement le boîtier, mais un timbre permettant à la pièce de sonner avec un son plus cristallin. On peut dire que Jaeger-LeCoultre maîtrise un savoirfaire quasi unique dans le métier. Polaris Mariner Memovox La Jaeger-LeCoultre Polaris Mariner Memovox rend un hommage direct aux premières montres

de plongée de la maison, qui offraient robustesse et esthétique unique. Ce modèle est équipé du calibre 956 à remontage automatique, héritier des premiers calibres automatiques à alarme Jaeger-LeCoultre. Lancé en 2008, il a été entièrement revu par les ingénieurs de la manufacture pour équiper cette génération de montres-alarme. Auparavant, les montres Memovox possédaient un fond de boîtier fermé, auquel était fixé le timbre. Le boîtier de cette nouvelle pièce est ici doté d’un fond transparent en verre saphir, qui permet d’admirer le marteau en action. Une évolution qui a exigé de repenser entièrement le design du mécanisme de frappe en fixant, cette fois-ci, le timbre au flanc de la carrure de boîte. Un rotor ajouré en métal lourd, décoré d’un motif « côtes de Genève » assorti aux délicates finitions de la platine du mouvement, offre une vue dégagée sur le marteau. Ce dernier, en frappant le timbre, garantit un son de l’alarme aussi clair et délicat que celui des cloches. La pièce se distingue du reste de la collection par la présence de trois couronnes, signature des premières montres de plongée Memovox. On retiendra pour mémoire que la couronne supérieure permet de régler l’alarme, en faisant tourner le disque central du cadran jusqu’à ce que l’index triangulaire s’aligne avec l’heure de réveil désirée. La couronne centrale, elle, actionne la lunette de plongée intérieure. Quant à la couronne inférieure, elle permet de régler l’heure. C’est cette montre que porte Benedict Cumberbatch, ami de longue date de la maison, dans le court-métrage In A Breath réalisé sur l’île de Rakino, en Nouvelle-Zélande, avec la collaboration de La Grande Maison. On voit Benedict établir un parallèle entre sa pratique de

Master Control Memovox Timer, édition limitée à 250 pièces : boîtier en acier, 40 mm, mouvement mécanique à remontage automatique, calibre JaegerLeCoultre 956, fonctions heures, minutes, secondes, date, alarme et indicateur du timer (aiguille ornée du logo JL), réserve de marche de 45 heures, cadran soleillé bleu bicolore, chiffres gravés sur le disque Memovox, fond du boîtier ouvert, étanchéité à 5 atm.


Polaris Mariner Memovox : boîtier en acier, 42 mm, mouvement mécanique à remontage automatique, calibre Jaeger-LeCoultre 956, fonctions heures, minutes, secondes, date et alarme, lunette intérieure tournante unidirectionnelle, réserve de marche de 45 heures, cadran dégradé bleu avec traitement soleillé, grainé et opalin, fond du boîtier ouvert, étanchéité à 30 atm, bracelet en acier inoxydable.

la méditation et de la plongée, et l’impact de ces deux activités sur la notion du temps. Au son des Master Control Portée par sa passion pour l’innovation et un profond respect pour son patrimoine horloger, la maison Jaeger-LeCoultre s’est inspirée des premières Memovox des années 1950 pour les réinterpréter dans un style contemporain, tout en conservant l’esprit fonctionnel et la magie des modèles originels. Ainsi, la nouvelle Master Control Memovox Timer intègre un nouveau mécanisme de réglage de l’alarme. Quant à la Master Control Memovox, elle prête son style épuré et contemporain à un classique horloger : la montre à alarme avec date, dotée elle aussi d’un fond transparent en verre saphir qui permet d’admirer le marteau en action. À l’instar de la version de plongée, le design du mécanisme de frappe a été repensé, le timbre étant fixé au flanc du boîtier. Un nouveau rotor ajouré en or rose, décoré, offre une vue dégagée sur le marteau. On notera que la version Master Control Memovox présente une association classique avec indication de l’alarme et le guichet de date sur fond de cadran argenté à la finition soleillée. Les index appliqués ajoutent une pointe de raffinement. Leur forme triangulaire allongée, signature des Memovox du milieu du

siècle dernier, fait écho aux aiguilles dauphine. Bleue, l’aiguille des secondes apporte une subtile touche qui vient réveiller la palette blanc-argent de l’ensemble. Au fil des décennies, Jaeger-LeCoultre a ajouté plusieurs complications pratiques à sa Memovox. Aujourd’hui, ses ingénieurs ont imaginé une nouvelle fonction utile – le Timer – pour l’une de ses montres signatures, qui ne sera produite qu’à 250 exemplaires. Le Timer permet à l’utilisateur de régler l’alarme en fonction du nombre d’heures qui doit s’écouler avant qu’elle ne sonne (par exemple, la durée d’une réunion ou d’une nuit de sommeil). Il peut également régler l’alarme de façon traditionnelle pour qu’elle sonne à une heure précise – celle d’un rendez-vous ou d’un réveil à l’heure pour attraper un vol matinal). Les deux indicateurs sont liés : quelle que soit la méthode choisie, l’autre indicateur se déplace automatiquement dans la position correspondante. Le cadran arbore des cercles concentriques, déclinés dans deux nuances de bleu et rehaussés d’une finition soleillée. Sur l’anneau intérieur, orné des chiffres polis gravés en bas-relief, l’alarme du timer est indiquée par une petite aiguille à pointe JL rouge. Sur le pourtour, les index triangulaires marquent l’heure à laquelle l’alarme va sonner.


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BVLGARI : ÉLOGE DE LA FINESSE EXTRÊME Le lancement des Octo Finissimo par la maison Bvlgari a profondément révolutionné l’univers des montres de luxe, en démontrant combien la finesse possède la faculté unique de magnifier les complications. Petit retour sur une saga qui transforme une aventure en véritable conte de fées.

Texte : Vincent Daveau

La collection Octo Finissimo, une combinaison unique de design ultratendance et de maîtrise technique

Un tour rapide dans les livres dédiés à l’horlogerie met immédiatement en exergue deux choses : la première est que l’histoire se répète et que les progressions dans le métier sont faites de ruptures et d’innovations. La seconde tient au fait que les hommes de l’art ont toujours eu à cœur de faire la démonstration de leur talent en miniaturisant et en affinant toujours plus les mécanismes simples ou plus compliqués. Dans un monde où les innovations en matière mécanique sont pour la plupart des itérations d’inventions du passé, les plus ambitieux font le choix de se démarquer en donnant du relief à des choses connues. Bvlgari, pour sa part, a fait le choix de suivre la voie de la finesse. Cette décision, pour le moins élégante à une époque où la plupart jouent plutôt l’emphase en matière de design, a permis à la maison italienne, dont les ateliers horlogers sont installés au Sentier, petit village jurassien niché au cœur de la Vallée-de-Joux, de s’extraire du lot des marques et d’occuper avec la collection Octo Finissimo « le Top 5 » des entités horlogères de luxe les plus identifiables du marché. Une histoire en date et en chiffres Intégrée au groupe LVMH en 2011, la maison Bvlgari horlogerie a présenté à Rome, en 2012, la collection Octo, dont le succès fulgurant devait interpeller Jean-Christophe Babin, le nouveau patron de l’entreprise en 2013. Ses dix années passées chez TAG Heuer lui ont permis de s’aiguiser l’œil et de saisir les potentialités des modèles de caractère. Pour donner encore plus de puissance à un design inspiré, il fallait un petit détail en plus. Quelque chose qui soit à la fois décalé mais pour autant intensément horloger et surtout un signe distinctif porteur d’une image chic. En entamant, en 2014, sa conquête du secteur de l’extraplat avec le lancement de la montre Octo Finissimo Tourbillon Manuel, Bvlgari faisait un choix décisif. Incontestablement puissante en matière de design, la pièce éclipsait différents modèles concurrents

aux lignes plus classiques. En captant la lumière, cette collection s’inscrivait dans son temps, sans renier le passé et la tradition qui fondent l’âme de l’horlogerie mécanique. Cette opération qui, vue de l’extérieur pourrait sembler simple, a été l’occasion pour la manufacture du Sentier de relever plusieurs défis d’envergure. Pour parvenir à placer la cage de tourbillon de 1,95 mm d’épaisseur dans un calibre qui ne devait pas dépasser cette épaisseur, il a fallu aux ingénieurs faire appel à sept roulements à billes pour le train primaire et un annulaire pour la cage en elle-même. On retiendra que le barillet est guidé par trois de ces roulements, placés à la périphérie, une façon judicieuse de doubler la hauteur du ressort et d’offrir 55 heures de réserve de marche à une pièce qui affichait déjà une épaisseur de tout juste 5 mm. Jouer la carte de la martingale Sur sa lancée, Bvlgari lançait, en 2016, l’Octo Répétition Minutes, une pièce éditée à 50 exemplaires, dont le calibre de seulement 3,12 mm autorise la réalisation d’un boîtier en titane (meilleure sonorité) de 40 mm de diamètre pour seulement 6,85 mm d’épaisseur. Les horlogers et ingénieurs de la manufacture, convaincus de tenir une thématique promise à un bel avenir, dévoilaient l’Octo Finissimo Automatique en 2017. Avec 5,15 mm d’épaisseur et un calibre automatique Bvl 138 n’excédant pas 2,23 mm d’épaisseur (microrotor), elle offrait à la marque de remporter une nouvelle victoire dans la catégorie de l’ultrafinesse. En 2018, Bvlgari décrochait un nouveau record avec le lancement de l’Octo Finissimo Tourbillon Automatique. Cette montre de 42 mm de diamètre en titane sablé, qui affichait seulement 3,95 mm d’épaisseur hors-tout, faisait monter la pression chez les concurrents. Pour obtenir un tel résultat, la manufacture a placé une masse annulaire, maintenue autour du calibre par trois roulements


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à billes, en plus des sept déjà présents dans le mécanisme. Efficace, cette création recevait également un système de mise à l’heure original, actionné par un poussoir associé à une roue à colonne. Cette édition de seulement 50 exemplaires devait appeler d’autres inventions. L’an passé, la maison italienne présentait à Baselworld, l’Octo Finissimo Chronograph GMT. Proposé en titane, cet instrument de 42 mm de diamètre, pour une finesse exceptionnelle de 6,90 mm, emportait un calibre de chronographe de manufacture à remontage automatique de seulement 3,30 mm d’épaisseur. Comme tous les garde-temps du même type, les deux poussoirs placés de part et d’autre de la couronne de remontoir permettent de mesurer des temps courts sur 30 minutes (compteur à 6 h). En outre, son poussoir, intégré de façon harmonieuse dans la carrure à 9 h, permet de changer l’heure rapidement pour la faire s’adapter au fuseau dans lequel se trouve son porteur, tout en conservant, dans le compteur placé à 3 h, l’heure du fuseau de départ. Avec cette version unique en son genre, Bvlgari faisait définitivement partie des plus grandes marques reconnues pour la force graphique de

leurs productions de luxe. À travers cette merveille d’équilibre, aussi élégante que compliquée, la marque italienne fait la démonstration de sa parfaite maîtrise des codes du luxe, tandis que l’Octo Finissimo Chronograph GMT entre dans le top 5 des montres les plus identifiables du marché, mais aussi des plus convoitées. Rares, elles sont des marqueurs de leur époque, tout en s’inscrivant sans difficulté dans le futur comme des monuments horlogers capables de dire en finesse la toute puissance de leurs propriétaires. Bvlgari, le joaillier romain du temps Et quand on tient une bonne main, il faut jouer avec les consommateurs en quête de nouveautés et savoir entretenir la tension en distillant des informations qui laissent penser qu’il est toujours possible d’aller plus loin. Dans le cas présent, Bvlgari a su, une fois encore, révéler combien elle célébrait la belle mécanique en présentant la montre Octo Finissimo Tourbillon Chronographe Squelette Automatique, lors des Geneva Watch Days qui se sont déroulés à la fin d’août dans la ville de Calvin. Cette pièce, sixième record mondial en matière de finesse mécanique depuis l’arrivée de la marque


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dans le secteur de l’ultraplat en 2014, est une référence, dont la grâce et l’élégance soulignent son caractère virtuose. Bien entendu, cette nouveauté de 42 mm de diamètre, proposée en titane grade 5 satiné avec fond transparent, conserve le design caractéristique qui fait la force de la collection. Ces mensurations d’exception – elle fait tout juste 7,40 mm d’épaisseur – lui permettent aujourd’hui d’être considérée comme la montre la plus fine de sa catégorie. Un instrument rare, de toute évidence. Ce chronographe monopoussoir n’est pas le modèle de tout le monde, on s’en doute. Son mouvement mécanique à remontage automatique par masse oscillante périphérique de seulement 3,50 mm d’épaisseur a été ajouré au maximum, afin d’obtenir une légèreté maximale. Pour parvenir à cet équilibre et lui donner cette visibilité, cette pièce ne pouvait être régulée par un oscillateur classique. Pour ce sixième record du monde, la marque horlogère a fait le choix de doter ce calibre chronographe monopoussoir automatique d’un tourbillon volant ultrafin. Avec cette référence, Bvlgari s’érige en maître de l’estetica della meccanica, associant son ADN de joaillier romain à l’expertise technique des mouvements mécaniques suisses.

Une vision du métier qui a poussé la maison à déclencher une révolution horlogère inédite et exclusive. Ainsi avec Octo et plus encore pour ce dernier opus, elle propose une combinaison unique de design ultratendance et de maîtrise technique. Bvlgari se fait joaillier romain du temps. Sans rivale dans l’univers des montres de luxe, cette entité, très libre dans son approche horlogère, se construit peu à peu un statut d’excellence avec ses pièces audacieuses. Inspirée, elle s’affranchit des codes conventionnels du design horloger avec créativité et savoir-faire. Hypnotique en raison de sa finesse, la création qu’elle propose à seulement 50 exemplaires – à porter sur un bracelet très texturé réalisé, lui aussi, en titane sablé – lui donne l’occasion de démonstrer sa parfaite maîtrise d’un savoirfaire sublimé par l’élégance. Entamée en 2014, la conquête de l’univers de l’extraplat a pris un tour nouveau avec ce chronographe automatique monopoussoir régulé par un tourbillon. À n’en pas douter, la collection Octo Finissimo incarne aujourd’hui le mieux cette spécialité où l’élégance se fait finesse extrême, au point de révolutionner les complications elles-mêmes.

La collection Octo Finissimo, quand l’élégance se fait finesse extrême.


FRANCK MULLER VANGUARD YACHTING ANCHOR™ SKELETON : VISER LE GRAND LARGE Horlogerie et navigation hauturière vont de pair, car sans montre, un marin est comme un aveugle. Sans l’heure, impossible pour lui de connaître sa position avec précision. Pour célébrer cette relation intime entre les gens de mer et les horlogers, Franck Muller lance la Vanguard Yachting Anchor™ Skeleton, une pièce de haute volée.

Texte : Vincent Daveau

Vanguard Yachting Anchor™ Skeleton Classic : boîtier en or rose, 44 mm x 53,7 mm, 12,65 mm d’épaisseur, boîtier bipartite garanti étanche jusqu’à 30 mètres, calibre mécanique à remontage manuel, avec balancier vibrant à 18 000 alternances par heure, 70 heures de réserve de marche, indicateur des secondes par trotteuse en forme de rose des vents, indicateur de réserve de marche à 12 h, platine et ponts en alliage d’aluminium eloxé bleu, bracelet en toile synthétique gros grain.

Il fallut un naufrage au large des îles Scilly en 1707, entraînant la perte de nombreux navires et marins anglais, pour inciter la couronne britannique à proclamer le « Longitude Act » et à voter, en 1714, une prime de 20 000 livres sterling à qui trouverait le moyen de calculer avec précision la position d’un navire en mer. Lorsqu’est lancée cette compétition primée, le Bureau des longitudes, spécialement fondé pour étudier les propositions des inventeurs, ne se doute pas qu’il va falloir plus de deux décennies et des milliers d’idées aussi incroyables que farfelues, avant que ne soit prouvée la prééminence des horloges marines sur tout autre système. Les premières années virent fleurir des propositions pour le moins folkloriques, au point de faire douter les scientifiques quant à la possibilité d’effectuer cette mesure et ces relevés à l’aide d’outils autres qu’astronomiques. La discipline était alors très en vogue et des horlogers comme George Graham (1673-1751) s’y adonnaient, car le ciel étoilé était, pour eux, l’horloge la plus précise qui soit. Cette science devait pouvoir servir au calcul de la longitude par l’établissement de complexes tables et abaques. À l’époque, un seul horloger décide de s’atteler à la tâche : John Harrison

(1693-1776). Ce brillant ébéniste, horloger autodidacte, comprend qu’il est possible de la mesurer à l’aide d’une horloge comme cela se fait à terre, mais qu’il faut préalablement créer un instrument capable de supporter sans faillir les mouvements du bateau, les nombreux changements de température et l’humidité. Acharné, il va prouver, avec la mise au point de sa pendule marine H1 entre 1730 et 1735, que l’horlogerie de précision est la voie ultime pour que les marins puissent faire aisément leur point en mer, sans avoir à effectuer des calculs mathématiques savants et chronophages. De l’unité à la série Mais les chronomètres de marine, après avoir fait la preuve de leur efficacité avec le développement de la montre H4 du célèbre John Harrison en 1765, ont rapidement montré les limites du métier horloger qui était, à l’époque, habitué aux productions à l’unité. La délicate mise au point par Larcum Kendall, de K1, copie de la montre H4 en 1769 – celle que devait emporter le capitaine Cook lors de son deuxième voyage d’exploration de 1772 à 1775) – démontrait que la reproductibilité de ce type de mécanisme était


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pratiquement impossible. Equiper chaque navire de haute mer de ce type d’instrument impliquait de trouver des horlogers visionnaires et talentueux, à même d’élaborer des mouvements aisément reproductibles et des échappements pouvant être fabriqués en petites séries et capables, presque dès le montage, de précisions égales ou supérieures à celles des régulateurs d’observatoire. Les Anglais John Arnold (1736-1799), Thomas Earnshaw (17491829), mais aussi les Français Le Roy – Julien, le père (1686-1759) et Pierre, le fils aîné (1717-1785) – ou encore le Suisse installé à Paris, Ferdinand Berthoud, tous ont travaillé à la fabrication d’instruments de mesure du temps fiables et précis. Mais les Anglais, aiguillonnés par les membres du Bureau des longitudes et par des astronomes comme Nevil Maskeline (1732-1811) – le tenant de la méthode dite « des Lunaires » pour le calcul

de la longitude – devaient très rapidement saisir l’importance de pouvoir fabriquer leurs chronomètres en petites séries. Célébrer la mémoire des héros horlogers Aujourd’hui, rares sont les marins à savoir combien ils doivent aux horlogers. En revanche, cela doit être pratiquement inscrit dans les gènes, ces amoureux des embruns ont souvent une attirance particulière pour les montres mécaniques de qualité. À une époque où la météo prédictive et surtout le GPS sont des outils incontournables, cela peut sembler incongru qu’un skipper ou le propriétaire d’une belle unité passe à son poignet une montre de prix. Mais le marin en général, et plus encore les plaisanciers passionnés de voile, aiment les traditions. C’est donc en toute logique qu’ils possèdent un garde-temps mécanique,


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Ci-dessus, Vanguard Yachting en or blanc et diamants. En haut, à gauche, Franck Muller Vanguard 45 Yatching automatique : boîtier en acier, cadran bleu et bracelet en caoutchouc. Page de gauche : Vanguard Yachting full diamonds.

lequel peut se révéler fort utile en cas de panne de l’électronique à bord. Pour tous ces passionnés, la manufacture Franck Muller propose une interprétation nautique de sa dynamique collection Vanguard™. Baptisée Vanguard Yachting Anchor™ Skeleton, cette montre se caractérise par un traitement particulier de son mouvement mécanique à remontage manuel. Les spécialistes le savent : seuls les calibres mécaniques à remontage manuel, et surtout ceux équipés d’indicateurs de réserve de marche lisibles au cadran, sont les plus à même de garantir une précision élevée. En effet, les experts peuvent ainsi doser l’armement du ressort de barillet et permettre ainsi à la montre de fonctionner sur la partie où ce dernier assure un couple constant, certitude d’une oscillation régulière du régulateur – ce dernier est visible à 8 h, à travers l’ajourage de la platine.

Ce long ressort, partiellement visible à travers la ruche de barillet largement découpée, offre, une fois remonté à fond, 7 jours de réserve de marche. Une importante durée de fonctionnement grâce à un classique balancier vibrant à 18 000 alternances par heure. Inspirés, les artisans de l’entreprise basée à Genthod, sur les hauts de Genève, ont travaillé les ajourages du calibre comme s’il s’agissait d’une houle de mer. Très réussi, l’ensemble du squelettage des ponts usinés en alliage d’aluminium est réalisé et surtout terminé à la main avant d’être traité bleu. Ce calibre aux connotations nautiques est agrémenté d’une trotteuse qui reprend le dessin d’une classique rose des vents, dessin que l’on trouve sur les compas de marine. Le tout, enfermé dans un puissant boîtier en or rose de 44 mm par 53,7 mm se porte sur un fort bracelet en toile de voile bleue.


DISCRÉTION ÉLÉGANCE ET LISIBILITÉ : L’ÉCOLE SAXONNE SELON NOMOS GLASHÜTTE C’est avec deux séries dédiées, à cadran sobre et boîte d’acier, que Nomos a décidé de célébrer les 175 ans de tradition horlogère de sa ville de Glashütte. Sous les noms de Lambda et Ludwig, ces éditions limitées portent haut les couleurs de l’excellence horlogère saxonne.

Texte : Constantin Pârvulescu

La longue tradition horlogère de Glashütte remonte à la fondation en 1845, sur ordre du roi de Saxe FrédéricAuguste II, d’une véritable industrie manufacturière horlogère, à l’image de celle de la Suisse. C’est le grand horloger Ferdinand Adolph Lange qui fut chargé d’initier cette nouvelle ère, non seulement en enseignant l’art horloger à des compagnons soigneusement sélectionnés, mais aussi en établissant une véritable industrie, une production répartie par tâches, avec ingénieurs, outilleurs, fabricants de cadrans, d’aiguilles, de boîtes. Bref, en créant tout un tissu manufacturier qui sera le berceau de la nouvelle excellence horlogère saxonne. Très vite la renommée de Glashütte dépassera les frontières du royaume pour être reconnue dans tout l’empire, devenant le fournisseur de la marine, des administrations, et le représentant brillamment distingué de l’horlogerie allemande aux expositions universelles. Même si les deux guerres mondiales puis l’occupation soviétique

causèrent de nombreux dégâts à la ville de Glashütte et à son industrie et que la période de régime collectiviste de la RDA entraîna une réorganisation complète, le savoir-faire et l’expertise furent épargnés et même s’intensifièrent jusque dans les années soixante-dix. Après une courte période de flottement, la réunification de l’Allemagne en 1989 favorisa une véritable renaissance de l’horlogerie à Glashütte et la fondation, en 1990, de la manufacture Nomos, aux côtés de noms comme A.Lange & Söhne, Mühle, Wempe, Moritz Grossmann ou encore Glashütte Original. Ainsi depuis 1845, cette petite ville et sa tradition propre sont associées aux plus grands noms horlogers. « Fabriquée avec amour à Glashütte » L’hommage de Nomos à ses 175 ans de tradition horlogère s’exprime avec trois versions des séries Lambda et Ludwig. Au-delà du style propre de ces montres, c’est du côté des mouvements, en particulier


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Lambda : boîte en acier de 40,5 x 8,9 mm, verre et fond saphir, mouvement mécanique à remontage manuel Nomos cal. DUW 1001, double barillet de 84 heures de réserve de marche affichée sur 297° sur le cadran à 12 h, petite seconde à 6 h.



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pour les Lambda à indication de réserve de marche sur 84 heures, que se révèlent les détails de l’excellence de la tradition de Glashütte. Ce dernier, sous le nom de DUW 1001, pour « Deutsche Uhren werke Nomos Glashütte » est un grand calibre plat qui dispose d’un double barillet. Il est orné de 29 rubis, dont six d’entre eux à chatons en or vissés et polis à la main. Toutes les arêtes sont également polies à la main, tandis que les pièces en acier ont reçu un poli noir. La platine troisquarts caractéristique de Glashütte arbore, quant à elle, un soleillage spécifique à Nomos. En outre, les vis sont entièrement bleuies. Le mouvement bénéficie d’un balancier à vis micrométrique et d’un organe réglant chronomètre à col de cygne, dont le coq est gravé à la main des mots : « Mit Liebe in Glashütte gefertigt », ce qui signifie « Fabriquée avec amour à Glashütte ». La

boîte en acier à fine lunette de 40,5 mm abrite, sous un verre saphir bombé, trois variantes, chacune limitée à 175 exemplaires. Leur cadran, décliné au choix en blanc émail, noir ou bleu gris, présente une disposition particulière très inspiré du style minimaliste du Bauhaus qui fait la part belle à l’indicateur de réserve de marche, un arc très généreux de 84 heures occupant toute la moitié supérieure du cadran. D’autre part, les quatre aiguilles très fines, et les signatures Nomos et Gangreserve, lui donnent une grande clarté et une parfaite visibilité. Ludwig, ou l’art de la simplicité Réinterprétée pour cet hommage au 175e anniversaire de Glashütte, la Ludwig, l’un des premiers modèles de la gamme, se caractérise, dans cette nouvelle

Page de gauche : Lambda, modèle bleu et calibre DUW 1001. Ci-dessus, Ludwig Neomatik Date : boîte en acier de 40,5 mm, glace et fond saphir, étanche à 50 m, mouvement mécanique à remontage automatique avec stopsecondes et date à correction rapide bidirectionnelle à 3 h, Cal. DUW 6101, réserve de marche de 42 heures.


Ludwig neomatik : boîte en acier de 40,5 mm, glace et fond saphir, étanche à 50 m, mouvement mécanique à remontage automatique à stop-secondes Cal. DUW 3001, réserve de marche de 43 heures.

version, par son cadran, ses aiguilles feuilles, le réglage chronomètre et le chemin de fer montres Nomos. Ainsi, elle arbore à présent en index, sur son cadran couleur blanc émail, de fins chiffres latins sur lesquels courent de fines aiguilles lancéolées en acier bleui. Toutes disposent d’une petite seconde à 6 h. D’un sobre classicisme, ces trois versions – Ludwig à remontage manuel, Ludwig neomatik 39 et Ludwig Neomatik 41 date – sont proposées en trois tailles de boîte d’acier et éditées à 175 exemplaires chacune, comme en atteste la gravure « 175 Years Watchmaking Glashütte » qui figure sur leur fond saphir. La version la plus simple, boîte de 35 mm, est équipée du calibre de manufacture Alpha à remontage manuel. Premier mouvement de la manufacture Nomos, il est équipé d’un stopsecondes et dispose de 43 heures de réserve de marche. Réglé en six positions, il est équipé d’une platine trois-quarts, des traditionelles vis bleuies de Glashütte et reçoit une finition soignée, dont une roue de couronne soleillée.

Les deux autres versions automatiques, avec et sans date, sont animées de mouvements de manufacture Nomos, à savoir le DUW 3001 pour les Ludwig neomatik 39 et le DUW 6101 pour la Ludwig ne­omatik 41 Date. Tous deux possèdent bien entendu la traditionnelle platine trois-quarts, des vis bleuies et une finition côtes de Glashüttte. Particularité remarquable et fait très rare dans le monde horloger dominé par de grands groupes, ces montres disposent d’un échappement Nomos­ Swing-System, entièrement développé et produit par la manufacture en 2014, à l’origine pour sa série Metro. Pour la première et unique fois chez Nomos, l’affich­age de la date de la Ludwig neomatik 41 date est en chiffres romains. Tous trois possèdent un cadran blanc émail brillant et, comme l’exige la tradition de Glashütte, des aiguilles lancéolées bleuies. Aiguilles qui contribuent élégamment à la grande lisibilité de ces mon­tres. Ces trois modèles anniver­saire sont réglés et testés chronomètre de précision.


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La Tangente, modèle emblématique de Nomos.. Calibre de manufacture Alpha à remontage manuel. Ci-dessus, Mirko Heyne, à la tête du service Recherche & Développement de la marque.


RESERVOIR : LA GT TOUR BLACK ENTRE DANS LA COURSE L’esprit « Racing », l’endurance, l’efficacité, une touche vintage réinterprétée pour un affichage original, c’est tout « Reservoir ». La participation officielle au 24 Heures du Mans aussi… Quand les montres GT Tour Black entrent dans la course.

Texte : Constantin Pârvulescu

C’est assurément un grand événement et une consécration pour une marque horlogère d’être retenue comme participant officiel d’une compétition sportive, qui plus est quand il s’agit des 24 Heures du Mans. La marque horlogère Reservoir a de quoi être fière. D’autant que là où de grands noms de l’horlogerie bénéficient d’une force financière et de communication importante, cette petite maison ne doit cette consécration qu’à son originalité, son engagement et sa réelle passion pour le sport automobile. Fruit de cette collaboration entre François Moreau, fondateur de Reservoir, et Patrice Lafargue, patron du groupe Idec, la nouvelle GT Tour Black Skeleton, développée autour des valeurs d’audace, d’authenticité, de détermination, de goût de la performance, et d’une certaine idée de l’esthétique mécanique, soit l’expérience des 24 Heures du Mans. Si la dernière édition de la célèbre course d’endurance a eu lieu en huis-clos, quelques participants privilégiés ont toutefois pu assister, en direct et au plus près, à toute la course. Il

s’agit des 24 Reservoir GT Tour Black Skeleton numérotées « Idec Sport Edition 2020 » qui ont été installées dans la LMP2 Idec Sport disputant les 24 Heures du Mans 2020. Et bien entendu, chacun des exemplaires de cette édition limitée est certifié comme ayant disputé la course. En outre, chacun des 24 propriétaires de ses garde-temps devenus historiques recevra une invitation exceptionnelle pour assister à l’édition 2021 de la célèbre course, en espérant que l’épidémie de la Covid-19 sera, d’ici là, maîtrisée. Un prochain rendez-vous qui sera également l’occasion de rencontrer l’écurie Idec Sport en pleine action dans les paddocks, ainsi que l’équipe entrepreneuriale de Reservoir. Chaque montre de cette série aura vécu la course de manière unique, devenant ainsi un symbole de la détermination et de l’audace des équipes Idec Sport, déjà championnes d’Europe en 2019 grâce à deux victoires et quatre podiums, et de l’engagement leur partenaire horloger dans cette course mythique. S’inspirant de l’esthétisme des compteurs vintage, ses garde-temps de la marque se veulent le reflet

GT TOUR BLACK SKELETON, SÉRIE LIMITÉE DE 24 EXEMPLAIRES NUMÉTOTÉS IDEC SPORT EDITION 2020 : BOÎTIER EN TITANE PVD NOIR MAT, 43 MM, FINITIONS SABLÉES – GLACE ET FOND SAPHIR ANTIREFLET – COURONNE VISSÉE – ÉTANCHE À 50 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE SUR ÉBAUCHE CAL ETA 2824-2, MODULE ADDITIONNEL ASSURANT L’AFFICHAGE DES MINUTES RÉTROGRADES, DES HEURES SAUTANTES, ET DE LA RÉSERVE DE MARCHE SUR 37 HEURES – BRACELET EN CUIR RACING, BOUCLE DÉPLOYANTE.


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d’une époque où l’instrumentation mécanique de précision se mettait au service des hommes. Ici, Reservoir s’engage directement dans l’action. Quand la GT Tour joue la transparence La GT Tour Black version skeleton affiche toutes les caractéristiques de la collection GT tour, mises en valeur par le traitement squelette du cadran – cadran qui lui apporte une touche « mécanique » très appuyée. On y retrouve la lecture originale de l’heure reposant sur trois complications : la minute rétrograde en forme de compte-tour, l’heure sautante de compteurs kilométriques et la réserve de marche en jauge de carburant. Sur le cadran saphir marqué Idec Sport, les chiffres des minutes en blanc par dizaines de 0 à 6 sont parcourus par une large aiguille rouge, tandis que les heures en noir, sur un deuxième disque, apparaissent par contraste dans le guichet à 6 h, au-dessus de la réserve de marche. Quant

au rochet central d’heures sautantes, coaxial de l’aiguille des minutes, il dynamise l’ensemble avec un reflet de lumière. Le tout est animé par une classique ébauche ETA 2824-2, à remontage automatique, complété d’un module horloger propriétaire de 124 pièces. C’est ce dernier et l’originalité esthétique de ses collections qui ont, par ailleurs, valu à la petite maison horlogère française Swiss Made d’être nominée au Grand Prix de l’horlogerie de Genève en 2018 et 2019. Le boîtier en titane aux anses massives, traité PVD noir mat à finition sablée est porté par un bracelet en cuir perforé « Racing ». Soit l’union réussie du vintage et de l’esprit dépouillé ultratechnique des courses d’aujourd’hui. La GT Tour Black Skeleton est livrée dans un coffret en bois précieux, contenant un bracelet Nato additionnel à pompes flash à changement rapide, ainsi qu’un modèle miniature exclusif de la voiture engagée par Idec Sport aux 24 Heures du Mans.

Page de gauche et en haut : GT Tour Black Skeleton, série limitée Idec Sport Edition 2020 avec mouvement automatique ETA 2824-2, livrée dans coffret en bois précieux.


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MONTRES DE LÉGENDE

AURICOSTE FLYMASTER TYPE 20 – CHANEL MADEMOISELLE J12 – CHOPARD ALPINE EAGLE XL CHRONO – F.P.JOURNE CHRONOMÈTRE À RÉSONANCE – FRÉDÉRIQUE CONSTANT HIGHLIFE PERPETUAL CALENDAR – GRAND SEIKO ÉDITION LIMITÉE 60E ANNIVERSAIRE, HIBEAT 36 000 – HERMÈS ARCEAU LIFT TOURBILLON RÉPÉTITION MINUTES – HUBLOT CLASSIC FUSION 40 YEARS ANNIVERSARY – ORIS AQUIS DATE CALIBRE 400 – PARMIGIANI FLEURIER TORIC HERITAGE, ÉDITION ANNIVERSAIRE – ROGER DUBUIS EXCALIBUR DIABOLUS IN MACHINA, PIÈCE UNIQUE – ROLEX OYSTER PERPETUAL SUBMARINER DATE – SEIKO PROSPEX ALPINIST MOUNTAIN GLACIER – WEMPÉ IRON WALKER AUTOMATIK CHRONOGRAPH –


AURICOSTE FLYMASTER : LA RENAISSANCE DES TYPES XX SÉRIE LIMITÉE EN VERSION CIVILE, LA FLYMASTER D’AURICOSTE MARQUE LA RENAISSANCE DE L’EMBLÉMATIQUE TYPE XX, MONTRE RÉGLEMENTAIRE LIVRÉE À L’ARMÉE DE L’AIR EN 1954. POUR L’OCCASION, CE CHRONOGRAPHE FLYBACK MYTHIQUE PASSE EN AUTOMATIQUE. BIENVENUE AUX COLLECTIONNEURS ! PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU Baptisée « Flymaster », la réédition de la Type XX d’Auricoste se veut le plus fidèle possible à l’original réglementaire de 1954. Ainsi, le chronographe deux compteurs est doté de la fonction retour en vol, l’une des caractéristiques mécaniques essentielles du cahier de charge de l’armée de l’air. Pour le reste, c’est un mouvement moderne Dubois-Depraz cal. 42022 à remontage automatique de 42 heures de réserve de marche, qui vient remplacer le vénérable Lemania 2040 de l’époque. Tout en respectant les proportions de l’ensemble, il a fallu néanmoins agrandir légèrement le boîtier de cette série limitée – 39,5 mm au lieu des 38 mm d’origine –, afin d’accueillir cette nouvelle mécanique prévue pour un encagement plus grand. La lunette en deux versions Dans les années soixante, la Type XX d’Auricoste était également disponible pour le marché civil, avec deux types de lunettes : une version classique à échelle 24 heures bidirectionnelle, une version « plongée ». La réédition de 2020 propose bien sûr ces deux variantes. Le cadran similaire à l’original – l’émail a remplacé la peinture noire mate – affiche un totalisateur 30 minutes à 9 h et une petite seconde à 3 h. La forme des aiguilles et la couleur des chiffres, répartis sur le chemin de fer des secondes, sont parfaitement semblables au dessin original. Enfin elle dispose d’une glace Plexiglas hésalite. Le fond en acier vissé est gravé du numéro de l'édition limitée à 300 exemplaires. Des 2 000 Auricoste du contrat de 1954, il n’en reste probablement pas plus de 200 et ce sont bien sûr des montres très prisées des collectionneurs, tout comme certaines autres Type XX présentant les mêmes caractéristiques techniques, anonymes ou portant la signature de Dodane, Airain, Vixa ou encore Breguet. La « Flymaster » signée Auricoste est ainsi non seulement une Type XX très réussie, mais assurément une pièce authentique, très proche du modèle d’époque. FLYMASTER TYPE 20, ÉDITION LIMITÉE À 300 EXEMPLAIRES : BOÎTE EN ACIER, 39,5 MM – FOND VISSÉ – LUNETTE ROTATIVE 24 HEURES OU « PLONGÉE » – MOUVEMENT CHRONOGRAPHE MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE DUBOIS-DEPRAZ CAL. 42022, FONCTION RETOUR EN VOL, RÉSERVE DE MARCHE DE 42 HEURES – AFFICHAGE GRANDE SECONDE DU CHRONOGRAPHE, HEURES ET MINUTES CENTRALES, PETITE SECONDE À 3 H ET TOTALISATEUR 30 MINUTES À 9 H – BRACELET EN CUIR.

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CHANEL J12 : QUAND « MADEMOISELLE » VOUS TEND LES BRAS LA J12 DE CHANEL EST L’UN DES SYMBOLES FORTS DE LA MAISON. ALORS, QUAND C’EST LA SILHOUETTE DE COCO ELLE-MÊME, HABILLÉE DE SON TAILLEUR MYTHIQUE, QUI VOUS INDIQUE L’HEURE, C’EST POUR TOUTES CELLES SENSIBLES AU STYLE DE « MADEMOISELLE », UN MUST ABSOLU. PAR

CONSTANTIN PÂRVULESCU

Après une première apparition en 2017, la silhouette de Coco Chanel revient sur le cadran de la J12 pour une édition limitée, soulignant ainsi l’occasion de fêter les vingt ans de cette montre mythique de la maison de haute couture parisienne. Blanc éclatant souligné de noir, esprit ludique avec une touche de pop culture, toute de céramique vêtue, la J12 « Mademoiselle » accueille, sur un disque saphir placé sur fond de cadran, la silhouette déhanchée de Mademoiselle Chanel, vêtue de ce tailleur clair à ganse noire qui a marqué un siècle de mode à la française. En place et lieu des habituelles aiguilles polies, rhodiées, laquées blanches ou noires et argentées, ce sont les deux bras, de Mademoiselle Chanel elle-même, qui indiquent ici l’heure et les minutes. Pour le reste, la boîte céramique high-tech de 38 mm à fond acier, dont les caractéristiques sont communes aux autres modèles de la collection, héberge un très classique mouvement mécanique à remontage automatique Chanel sur ébauche suisse ETA 2892. Référence intemporelle Originale, surprenante, légère, la J 12 reste, vingt ans après son lancement en l’an 2000, la première montre à avoir osé métamorphoser la céramique high-tech en matière précieuse. Grâce à un toucher très doux, un port ultraconfortable, un design irréprochable puis, au gré des variations, en osant la matité, des éditions de joaillerie ou des séries de haute horlogerie, la Chanel J12 est devenue une référence horlogère intemporelle. S’habillant d’un noir éclatant aux reflets d’obsidienne puis passant au blanc immaculé en 2003, le chiffre 12 devient alors le numéro fétiche de la maison. C’est ainsi que la « Mademoiselle » est disponible également en noir, autre couleur de la J12. Avec leurs bracelets assortis, chacune de ces deux versions anniversaires est limitée à 555 exemplaires. MADEMOISELLE J12, ÉDITION LIMITÉE À 555 EXEMPLAIRES RESPECTIVEMENT EN BLANC ET EN NOIR : BOÎTE EN CÉRAMIQUE, 38 MM – FOND ACIER – COURONNE VISSÉE EN ACIER À CABOCHON EN CÉRAMIQUE – ÉTANCHE À 200 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE CHANEL SUR ÉBAUCHE ETA 2892, RÉSERVE DE MARCHE DE 42 HEURES – AFFICHAGE DES HEURES ET MINUTES PAR BRAS MOBILES – BRACELET ASSORTI AVEC TRIPLE BOUCLE DÉPLOYANTE EN ACIER.

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CHOPARD ALPINE CHRONOGRAPHE TOUT ACIER, UN CADRAN BLEU AZUR CERCLÉ D’UNE LARGE LUNETTE À QUATRE PAIRES DE VIS, L’ŒIL DE L’AIGLE RIVÉ SUR LE TEMPS, LE NOUVEAU CHRONOGRAPHE AUTOMATIQUE « FLYBACK » À ROUE À COLONNES, SIGNÉ CHOPARD, PREND SON ENVOL DANS LES GRANDES LARGEURS… PAR

CONSTANTIN PÂRVULESCU

Présentées en 2019, les « Alpine Eagle » se veulent la réinterprétation contemporaine des premières montres Chopard St Moritz, créations signées à la fin des années 1970, par Karl-Friedrich Scheufele, patron emblématique de la marque. Cette collection s’enrichit aujourd’hui d’un chronographe à fonction retour en vol, logé dans un nouveau boîtier de 44 mm de diamètre, forgé en Lucent Steel A223, un alliage d’acier mis au point par Chopard pour ses vertus anti-allergènes, sa solidité et sa brillance incomparable. L’envol des aigles Malgré sa taille, l’intégration des poussoirs de part et d’autre des éléments protecteurs entourant la couronne ne contrarie en rien l’harmonie des formes symétriques qui caractérise cette collection. Le cadran bleu Aletsch, tel l’iris d’un aigle, est texturé en motif rayonnant. Filant la métaphore, l’aiguille des secondes porte un contrepoids en forme de plume du royal rapace et survole l’affichage en relief des trois compteurs. Les aiguilles des heures et minutes, sobrement rhodiées, tout comme les index et chiffres en applique, sont traités au Super-LumiNova. Cet affichage se complète d’une échelle tachymétrique sur le rehaut et d’un guichet de date à 4 h. L’Alpine chronographe est animé par un mouvement automatique Chopard calibre 03.05-C, avec roue à colonnes assurant un départ précis des chronométrages. En outre, il est doté de la précieuse fonction retour en vol, autorisant la reprise de temps courts à la volée grâce à trois marteaux pivotants qui assurent la remise à zéro exacte des compteurs. Enfin, l’échappement à balancier Variner à spiral avec courbe terminale plate, embarqué dans le Chopard 03.05-C, apporte une excellente compensation des variations d’inertie. Un remontage à rotor ajouré en alliage de tungstène vient garantir une réserve de marche de 60 heures. Certifié chronomètre par le Cosc, son mouvement est entièrement réalisé par Chopard, tout comme le boîtier, le cadran et le bracelet. ALPINE EAGLE XL CHRONO : BOÎTIER EN ACIER, 44 MM – GLACE ET FOND SAPHIR ANTIREFLET – ÉTANCHE À 100 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE CHOPARD CALIBRE 03.05-C, RÉSERVE DE MARCHE DE 60 HEURES – AFFICHAGE DES HEURES, MINUTES, SECONDE CHRONO AU CENTRE, COMPTEURS 30 MINUTES À 3 H, 12 HEURES À 9 H ET PETITE SECONDE À 6 H, DATE À 4 H 30 – FONCTION RETOUR EN VOL ET STOP-SECONDES – BRACELET EN ACIER À MAILLONS LARGES, TRIPLE BOUCLE DÉPLOYANTE – CERTIFIÉ CHRONOMÈTRE.

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F.P.JOURNE : LE CHRONOMÈTRE À RÉSONANCE, VINGT ANS DÉJÀ ! LE CHRONOMÈTRE À RÉSONANCE F. P. JOURNE CÉLÈBRE SES VINGT ANS. PRIMÉ MONTRE À GRANDE COMPLICATION AU GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE EN 2010, IL A CONNU PLUSIEURS VERSIONS AU COURS DES ANNÉES PASSÉES. DERNIÈRE ÉVOLUTION, LA REF. RQ SOULIGNE BIENTÔT UN QUART DE SIÈCLE D’INFAILLIBLE PRÉCISION. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU

Emblématique des recherches horlogères de François-Paul Journe sur la précision, cette montre a connu jusqu’à présent six variantes majeures. Après les vingt premières à Souscription puis la série de collection, ce sera au tour des variations de matières, avec la série Ruthénium, puis à mouvement en or rose, métal adoptées ensuite pour toutes les montres. Suivirent les variations d’affichage, avec la Résonance 24 heures digitale, puis la Résonance 24 heures analogique. Aujourd’hui, le nouveau Chronomètre à Résonance propose une évolution majeure. Il ne possède, en effet, plus qu’un seul ressort moteur pour les deux mouvements. Un différentiel placé sur la première roue, visible au centre du cadran, transmet la force du ressort moteur indépendamment vers les deux rouages secondaires. Chacun de ceux-ci est équipé d’un remontoir d’égalité d’une fréquence d’une seconde. La force reçue aux échappements reste ainsi linéaire, assurant un isochronisme parfait. Entrer en sympathie Rappelons que le Chronomètre à Résonance est la seule montre-bracelet au monde utilisant le phénomène physique naturel de résonance sans transmission mécanique. Lorsque les balanciers sont en mouvement, ils entrent en sympathie, battant en opposition et s’autorégulant en parfaite synchronisation, phénomène visible par le fond saphir du boîtier. Ce dernier, en platine ou en or rose de 40 ou 42 mm, est également redessiné avec une couronne, aujourd’hui placée à 2 h pour faciliter le remontage et la mise à l’heure. Celle-ci s’effectue dans le sens horaire pour le cadran de gauche et inversement pour le celui de droite. Une deuxième couronne à 4 h permet la remise à zéro simultanée des petites secondes. Les cadrans sont en or gris ou rose, avec compteur des heures en argent blanc guilloché clous de Paris et aiguilles en acier bleui. Ceux-ci proposent un double affichage analogique indépendant, sur 24 heures pour le cadran gauche, 12 heures sur le droit et une réserve de marche à 12 heures. CHRONOMÈTRE À RÉSONANCE : BOÎTIER EN PLATINE OU OR ROSE, 40 OU 42 MM – CADRAN EN OR GRIS OU ROSE ET ARGENT GUILLOCHÉ – AIGUILLES EN ACIER BLEUI – MOUVEMENT CHRONOMÈTRE MÉCANIQUE À REMONTAGE MANUEL MANUFACTURE F.P.JOURNE CAL. 1520 EN OR ROSE – DOUBLE ÉCHAPPEMENT À RÉSONNANCE ET REMONTOIR D’ÉGALITÉ – DOUBLE AFFICHAGE HORAIRE, SUR 24 HEURES À GAUCHE ET 12 HEURES À DROITE, DOUBLE PETITE SECONDE À 6 H, RÉSERVE DE MARCHE DE 42 HEURES À 12 H – BRACELET EN CUIR OU À MAILLONS EN OR ROSE OU GRIS.

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FRÉDÉRIQUE CONSTANT HIGHLIFE : LE RETOUR DES GRANDES COMPLICATIONS COMPLEXE ET COÛTEUX, LE QUANTIÈME PERPÉTUEL RESTE L’UNE DES COMPLICATIONS MAJEURES DE LA HAUTE HORLOGERIE ET EST LE VAISSEAU AMIRAL DE LA COLLECTION HIGHLIFE RENOUVELÉE DE FRÉDÉRIQUE CONSTANT. LA MARQUE RÉUSSIT L’EXPLOIT DE LE RENDRE ABORDABLE AUX AMATEURS LES MOINS FORTUNÉS. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU Née en 1999, la collection Highlife de Frédérique Constant avait ouvert les hostilités avec panache en dévoilant un tourbillon, avant de présenter « Heart Beat », une fenêtre ouverte sur l’échappement qui allait devenir, pour des décennies, la signature de la marque. Aujourd’hui, avec la renaissance de cette collection à bracelet intégré et au style très citadin, Frédérique Constant présente un quantième perpétuel, la deuxième des plus célèbres complications horlogères. Et aussi l’une des plus et coûteuses, interdisant l’accès pour le plus grand nombre à la haute horlogerie traditionnelle. Un cheval de bataille pour la marque horlogère qui rend ce quantième perpétuel, pensé pour le quotidien, tout à fait abordable. Production durable Il est animé par un mouvement de manufacture calibre FC-775 à remontage automatique et se distingue, côté cadran, par ses trois compteurs répartis en triangle – jour de la semaine à 9 h, mois et années bissextiles à 12 h et quantième à 3 h –, complétés d’une phase de lune à 6 h. La lisibilité est assurée par de larges aiguilles de forme bâton, luminescentes et polies à la main, et par les index rapportés se détachant sur le fond bleu nuit du cadran. Ce dernier est gravé d’un globe terrestre, discrète évocation de l’engagement de la marque pour la préservation de l’environnement et une production durable et raisonnée. Le boîtier de 41 mm, dépourvu de cornes, a été redessiné pour accueillir un système d’interchangeabilité rapide des deux bracelets (l’un en acier monté d’origine, l’autre en caoutchouc bleu). De discrets correcteurs placés sur la carrure permettent, en plus de la couronne, de régler l’ensemble des indications. Les finitions soignées du mouvement, perlage et côtes de Genève, sont visibles par un fond saphir. HIGHLIFE PERPETUAL CALENDAR : BOÎTIER EN ACIER, 41 MM – VERRE ET FOND SAPHIR – ÉTANCHE À 50 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE ET QUANTIÈME PERPÉTUEL, CALIBRE DE MANUFACTURE FC-775, FINITIONS PERLÉES ET CÔTES DE GENÈVE CIRCULAIRES, 26 RUBIS, RÉSERVE DE MARCHE DE 38 HEURES – AFFICHAGE DES HEURES, MINUTES, PHASES DE LUNE, DATE, JOUR, MOIS ET ANNÉE BISSEXTILE – BRACELETS INTERCHANGEABLES, L’UN EN ACIER INOXYDABLE, L’AUTRE EN CAOUTCHOUC BLEU, BOUCLE ARDILLON.

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GRAND SEIKO 60E ANNIVERSAIRE : LA PRÉCISION COMME PHILOSOPHIE POUR GRAND SEIKO, HÉRITIÈRE DE LA SEIKOSHA, CÉLÈBRE MANUFACTURE JAPONAISE DE CHRONOMÈTRIE CRÉÉE EN 1892, LA PRÉCISION MÉCANIQUE EST PLUS QU’UN OBJECTIF : C’EST UNE PHILOSOPHIE. CELLECI S’EXPRIME AVEC BRIO DANS SA CONCEPTION DE MOUVEMENTS INNOVANTS, EN PARTICULIER SON CALIBRE 9SA5 À HAUTE FRÉQUENCE. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU

Quoi de plus naturel pour célébrer le 60e anniversaire de Grand Seiko que de mettre en avant son révolutionnaire calibre automatique 9SA5 dans un boîtier aux formes puissantes, élégantes et sobres. Si ce dernier s’inscrit dans l’esthétique de la Grand Seiko de 1967, son mouvement présenté en mars 2020, le calibre 9SA5 à haute fréquence, est inédit. Développé intégralement et exclusivement pour Grand Seiko, il servira de calibre de base aux nouvelles générations de montres mécaniques de la marque. Les innovations qui le caractérisent, outre une précision accrue de -3 à +5 secondes par jour et une réserve de marche portée à 80 heures, sont au nombre de trois : un train de rouage horizontal pour une finesse accrue de 15 % du mouvement et surtout deux éléments techniques majeurs au niveau de l’échappement. À double impulsion, ce dernier a été entièrement développé par la manufacture. Il a la faculté d’augmenter considérablement l’efficacité du mouvement, en transmettant directement l’énergie de la roue d’échappement au balancier. Un spiral coudé Ces deux pièces sont, par ailleurs, fabriquées à l’aide de la technologie MEMS, utilisée pour la production de micro-processeurs. Associé à un balancier sans raquette, spécialement conçu pour une précision durable et une meilleure résistance aux chocs et à la friction, le spiral de ce calibre, à l’origine plat, a été coudé pour en améliorer l’isochronisme dans toutes les positions. Enfin la finition du mouvement s’inspire de l’ondulation des vagues de la rivière Shizukuishi, coulant sous les fenêtres des ingénieurs de la marque. Le mouvement est protégé par un boîtier en acier présentant tous les traits caractéristiques de Grand Seiko, ainsi qu’un polissage « Zaratsu ». La finesse du mouvement, associée à des cornes légèrement élargies et à un bracelet aux proportions très étudiées, permet un port particulièrement confortable. Cette édition est limitée à 1 000 exemplaires. ÉDITION LIMITÉE 60E ANNIVERSAIRE DE GRAND SEIKO – HI-BEAT 36 000 : BOÎTE EN ACIER, 40 MM – GLACE ET FOND SAPHIR – ÉTANCHE À 100 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE GRAND SEIKO CAL 9SA5 À HAUTE FRÉQUENCE (36 000 ALTERNANCES PAR HEURE), RÉSERVE DE MARCHE DE 80 HEURES – AFFICHAGE DES HEURES, MINUTES ET SECONDES AU CENTRE, DATE – PRÉCISION CHRONOMÉTRIQUE DE ± 3/5 SECONDES PAR JOUR – RÉSISTANCE MAGNÉTIQUE DE 4 800 A/M – BRACELET EN ACIER À BOUCLE DÉPLOYANTE ET INITIALES GRAND SEIKO EN OR.

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HERMÈS S’ENVOLE AU SOMMET DE LA HAUTE HORLOGERIE TOURBILLON VOLANT ET RÉPÉTITION MINUTES, HERMÈS PASSE L’OBSTACLE AVEC SON ÉLÉGANCE COUTUMIÈRE. UN BOND DANS LA TRÈS HAUTE HORLOGERIE, OÙ L’ARCEAU LIFT OUVRE SON CADRAN AUX REGARDS SUR LE CŒUR BATTANT ET LA MUSIQUE DU TEMPS. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU Elle est la plus ancienne et la plus subtile des grandes complications historiques. Pour cette extraordinaire Arceau Lift, la répétition minutes s’accompagne d’un tourbillon volant, symbole de la prouesse mécanique au service de la précision chronométrique. Hermès démontre avec cette pièce unique qu’elle est bel et bien une grande maison horlogère. Sobre et singulière, cette nouvelle Arceau en or rose de 43 mm affiche un boîtier rond aux attaches asymétriques évoquant un étrier. Redessinée pour accueillir deux complications majeures, elle enserre un cadran laqué blanc diaphane, laissant apparaître, à travers une découpe au profil équestre, la complexité du mécanisme de répétition minute à double timbre. Le cheval au galop Quant au tourbillon volant lové dans l’encolure du cheval, il est découvert par une ouverture ronde à 6 h. Sa cage formée d’un double H s’inspire du motif emblématique du magasin Hermès du Faubourg Saint-Honoré à Paris, tandis que le dessin coiffant la cage et le pont de barillet reprend la forme des ferronneries d’art qui ornent l’entrée, les garde-corps, l’escalier et l’ascenseur de cette même adresse. L’ensemble, survolé de fines aiguilles évidées, est rythmé par les chiffres inclinés de la ligne Arceau, évoquant un cheval au galop. Le mouvement à remontage manuel H1924 de manufacture Hermès est également visible à travers le fond en saphir du boîtier. Les ponts sont anglés et polis à la main, tandis que les platines sobrement brossées mettent en valeur les rubis des rouages et d’un barillet assurant une réserve de marche de 90 heures. Les marteaux et les gongs de la sonnerie lovés le long de la boîte sont également parfaitement visibles. Cette pièce unique a été conçue au sein des ateliers Hermès Horloger, à l’instar du cadran laqué et du bracelet en alligator noir mat. Elle est accompagnée d’une déclinaison en or blanc à cadran bleu. ARCEAU LIFT TOURBILLON RÉPÉTITION MINUTES : BOÎTIER EN OR ROSE, 43 MM – GLACE ET FOND SAPHIR ANTIREFLET –ÉTANCHE À 30 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE MANUEL, DE MANUFACTURE HERMÈS, CAL H1924, RÉGULATEUR À TOURBILLON VOLANT FABRIQUÉ EN SUISSE, 90 HEURES DE RÉSERVE DE MARCHE – AFFICHAGE DES HEURES ET MINUTES AU CENTRE, RÉPÉTITION MINUTES, DOUBLE TIMBRE – BRACELET EN ALLIGATOR HAVANE HERMÈS.

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HUBLOT CLASSIC FUSION : RETOUR VERS LE FUTUR ASSOCIATIONS DE MATIÈRES ET ADOPTION D’UN MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE. POUR LES 40 ANS DE LA CLASSIC FUSION, HUBLOT RÉINTERPRÈTE L’UN DE SES MODÈLES MYTHIQUES. HAPPY BIRTHDAY ! PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU Or rose, titane ou céramique, toutes les trois affichent un cadran noir laqué et poli. Les Classic Fusion 40 Years Anniversary sont immédiatement indentifiables avec leur lunette ronde à six vis semi-fendues et traversantes, ou encore leur boîte caractéristique signée Hublot, avec des anses à facettes. Réinterprétant la Classic Fusion originale de 1980, elles ne sont pas de simples rééditions, car elles accueillent, dans leur boîte de 45 mm, un mouvement mécanique à remontage automatique. Matériaux, finitions et technologies modernes se trouvent ainsi réunis pour célébrer quarante ans de création, entre tradition horlogère et innovations techniques. Entre audace et recherches techniques Rappelons que la marque Hublot, né en 1980, s’est distinguée par un concept inédit, soit l’association de l’or à un caoutchouc moderne développé par ses soins – des matériaux si dissemblables qu’il était difficile de les imaginer dans un accord harmonieux. Ainsi, la maison transgressait allègrement les codes classiques et posait les bases de sa propre vision de la haute horlogerie. On découvrait alors les prémices de cet art de la fusion des contraires et des contrastes, qui donna son nom à cette collection et qui illustre l’approche des matières adoptée par Hublot depuis quarante ans et dynamisée autant par son audace que par ses recherches techniques. Façonné en or jaune, titane ou céramique noire, le boîtier de 45 mm est doté d’un fond saphir et est étanche à 100 m. À l’intérieur, le robuste et fiable calibre HUB1112 sur ébauche Selitta SW300-1. Le cadran noir laqué et poli affiche une sobriété ultime, à peine troublée par la présence d’aiguilles facettées, du logo H et Hublot en applique. Le tout est évidemment accompagné de l’incontournable bracelet Hublot en caoutchouc à triple fermoir déployant. La Classic Fusion n’a pas pris une ride et reste portable en toutes circonstances. CLASSIC FUSION 40 YEARS ANNIVERSARY : BOÎTIER EN OR ROSE, TITANE OU CÉRAMIQUE, 45 MM – LUNETTE ASSORTIE – VERRE ET FOND SAPHIR GRAVÉ 40 YEARS ANNIVERSARY – ÉTANCHE À 100 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE HUBLOT CAL HUB1112 SUR ÉBAUCHE SELLITA SW300-1, RÉSERVE DE MARCHE DE 42 HEURES – AFFICHAGE DES HEURES, MINUTES ET SECONDES AU CENTRE, DATE À 3 H – BRACELET EN CAOUTCHOUC, BOUCLE DÉPLOYANTE.

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ORIS : PLONGEON DANS LE FUTUR AVEC LE CALIBRE 400 NOUVEAU CALIBRE MAISON ANTIMAGNÉTIQUE AUX QUALITÉS TRÈS ABOUTIES, CINQ JOURS DE RÉSERVE DE MARCHE, FIABILITÉ ASSORTIE D’UNE GARANTIE SANS ENTRETIEN DE 10 ANS, LE TOUT DANS UNE ROBUSTE BOÎTE EN ACIER ÉTANCHE À 300 M. ZOOM SUR LA NOUVELLE ORIS AQUIS DATE CAL. 400. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU Tool watch de 43,5 mm de diamètre, l’Aquis de Oris a fait largement ses preuves comme montre de sport et de plongée. Cette version orientée sur l’efficacité mécanique s’offre un nouveau mouvement, entièrement conçu par Oris. Objectifs ? Une fiabilité exemplaire, une réserve de marche portée à cinq jours, une sérieuse résistance antimagnétique et une précision chronométrique. Pari gagné avec l’adoption d’un double barillet, mais surtout par l’optimisation en aval de l’ensemble des éléments mécaniques. Précision du mouvement optimisée À commencer par une nouvelle géométrie des engrenages, qui permettent une augmentation de 15 % de leur rendement et une plus grande résistance à l’usure. De plus, le silicium utilisé pour l’échappement et les matériaux non ferreux pour les axes maintenant le balancier, la roue et l’ancre – soit une trentaine de pièces spécialement développées – réduisent de plus de 90 % l’impact des champs magnétiques sur la précision du mouvement. En outre, l’axe du rotor de remontage et son roulement étant une source classique de faiblesse mécanique, Oris a conçu un système beaucoup plus fiable de roulement à glissière, qui réduit fortement les effets de l’usure. Toutes ces solutions d’ingénierie ont permis ainsi d’étendre la garantie et les intervalles d’entretien du calibre 400 à dix ans. La nouvelle Aquis Date se distingue également par l’inscription « 5 days » qui se détache sur le cadran dégradé bleu du cadran, le guichet de date agrandi à disque noir. Le fond saphir du boîtier a été également augmenté et ce, sans incidence sur l’étanchéité de 300 m. Cette pièce dispose d’une lunette tournante unidirectionnelle avec insert en céramique antirayures, permettant de chronométrer les plongées, ainsi que des aiguilles et index Super-LumiNova. Ses bracelets brevetés à clapet « Quick Strap Change System » autorisent un échange rapide et sans outils. ORIS AQUIS DATE CALIBRE 400 : BOÎTIER EN ACIER, 43,5 MM – LUNETTE ROTATIVE À INSERT CÉRAMIQUE – GLACE ET FOND SAPHIR ANTIREFLET – COURONNE VISSÉE – ÉTANCHE À 300 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE ORIS CAL. 400, 120 HEURES DE RÉSERVE DE MARCHE, ÉCHAPPEMENT AMAGNÉTIQUE EN SILICIUM ET RÉGLAGE FIN – AFFICHAGE DES HEURES, MINUTES ET SECONDES AU CENTRE, DATE À 6 H, STOP-SECONDE – BRACELET EN CAOUTCHOUC NOIR OU EN ACIER INOXYDABLE À CLAPET DE CHANGEMENT RAPIDE, BOUCLE DÉPLOYANTE – GARANTIE 10 ANS.

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PARMIGIANI  FLEURIER: UNE TORIC HÉRITAGE POUR LES 70 ANS DU FONDATEUR AFIN DE RENDRE HOMMAGE AU PARCOURS DE VIE DE MICHEL PARMIGIANI ET DE CÉLÉBRER SES 70 ANS, LA MARQUE ÉPONYME PRÉSENTE UNE NOUVELLE TORIC HERITAGE. UN GARDE-TEMPS EN ACIER D’UNE GRANDE ÉLÉGANCE, ÉDITÉ À SEULEMENT 70 EXEMPLAIRES, BIEN ENTENDU. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU

Un cadran guilloché grain d’orge en spirale infinie d’un bleu profond, c’est l’hommage de la manufacture de Fleurier à son fondateur pour ses 70 ans. Nommée Heritage, cette édition limitée à 70 exemplaires s’inscrit dans la collection Toric, intimement liée à l’art grec antique et à ses proportions dictées par le Nombre d’or cher aux pythagoriciens. Un choix qui ne doit rien au hasard, Michel Parmigiani étant très attaché à l’esthétique de cet art. Avec son double godron cannelé, la boîte de cette montre s’inspire, en effet, directement du chapiteau des colonnes doriques. 500 ans de tradition d’artisanat d’art La Toric Héritage est également un hommage rendu à l’horlogerie à travers une mécanique d’exception, un mouvement développé, produit et décoré avec le plus grand soin, au sein de la manufacture Parmigiani Fleurier. Sous le cadran que parcourent les aiguilles javelots au dessin si particulier, bat un mouvement à remontage automatique de manufacture calibre PF 441, dont la masse oscillante en or est délicatement gravée et frappée des initiales PF. Certifié chronomètre, ce mouvement possède deux barillets couplés en série qui lui assurent une autonomie de 55 heures et une excellente régularité de marche. Il est décoré selon les plus hauts standards de la haute horlogerie avec une platine faux trois-quarts et des ponts anglés, perlés et décorés de côtes de Genève. Son balancier bat à une fréquence de 28 800 alternances par heure. Sa précision de marche de moins de 5 secondes par jour, testée sur 24 heures en reproduisant les conditions de port, est certifiée par le Cosc. Enfin, un cartouche, placé au-dessus du guichet de quantième de date à 6 h, porte le numéro de cette série limitée. Un bracelet en alligator bleu abysse Hermès complète le précieux garde-temps, qui résume à lui seul quatre décennies de production de haute horlogerie, servies par 500 ans de tradition d’artisans d’art. TORIC HERITAGE, ÉDITION ANNIVERSAIRE LIMITÉE À 70 EXEMPLAIRES : BOÎTE EN OR, 42,8 MM – ÉTANCHE À 30 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE DE MANUFACTURE PARMIGIANI FLEURIER CAL PF441, CERTIFIÉ CHRONOMÈTRE COSC, RÉSERVE DE MARCHE DE 55 HEURES – AFFICHAGE DES HEURES, MINUTES ET SECONDES AU CENTRE, GUICHET DE DATE À 6 H – BRACELET EN ALLIGATOR BLEU HERMÈS À BOUCLE ARDILLON.

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ROGER DUBUIS : DE LA TABLE RONDE À LA GUERRE DES ÉTOILES AVEC CETTE NOUVELLE PIÈCE UNIQUE « DIABOLUS IN MACHINA », EXCALIBUR RESTE AUX PORTES DE LA LÉGENDE MÉDIÉVALE. EXIT LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE, ROGER DUBUIS INVITE LE DIABLE EN PERSONNE, LE TEMPS D’UN CHEF-D’ŒUVRE. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU Les citations latines sont plutôt rares dans la haute horlogerie et Roger Dubois n’hésite pas à les utiliser et même à appeler la virtuosité du diable à la rescousse. Entre « Deus ex machina » et « Diabolus in musica », cette nouvelle pièce, avec répétition minutes et tourbillon volant, fait sans doute référence à une croyance, sous-jacente dès le Moyen-Âge, qu’un chef-d’œuvre de virtuosité ne pouvait être que l’œuvre du Diable. Ainsi d’Excalibur et de la Table ronde des années précédentes, il ne reste que le boîtier de 45 mm, coquille éclatée au cadran squelette déstructuré. La lunette et les douze index sont les seuls vestiges de symétrie. Même le tourbillon est décalé à 5 h 30, enserré cependant de toute part par les bras du mécanisme de répétition, visibles à travers les barreaux d’une étrange cage futuriste évoquant les débris d’un vaisseau spatial. L’alliance éblouissante des ponts et platines en or rose mat avec les pièces mobiles en acier poli affichent un contraste hypnotique. On reconnaît là l’esthétique inimitable de cette maison qui assume son excentricité et son exubérance. Anticonformisme et rigueur Pièce unique, l’Excalibur Diabolus in Machina bat au rythme d’un mouvement à remontage automatique à doubles rotors, qui abrite deux complications de haut vol : le tourbillon volant et la répétition minutes. Ces deux fonctions sont accompagnées d’un indicateur complémentaire pour la sonnerie, affichant la séquence des timbres en cours, heure, quart et minutes. Leurs gongs sont bien entendu accordés en do et fa dièse, le fameux triton « Diabolus in Musica » des temps médiévaux. Le mouvement de 588 pièces et 54 rubis dispose également d’un indicateur S W qui sécurise la couronne en indiquant la position de celle-ci en mode mise à l’heure ou remontage. De même, une sécurité pour le poussoir de répétition sur la carrure, entre 9 h et 10 h, empêche tout engagement partiel. L’hyperhorlogerie selon Roger Dubuis : anticonformisme et rigueur, complexité et extravagances. EXCALIBUR DIABOLUS IN MACHINA, PIÈCE UNIQUE CERTIFIÉE AU POINÇON DE GENÈVE : BOÎTIER EN OR ROSE, 45 MM – ÉTANCHE À 30 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE CAL. RD 0107 SQUELETTE, REMONTAGE AUTOMATIQUE PAR DOUBLE MICRO-ROTOR, 60 HEURES DE RÉSERVE DE MARCHE, RÉGULATEUR À TOURBILLON VOLANT ET RÉPÉTITION MINUTES – AFFICHAGE DES HEURES ET MINUTES AU CENTRE, PETITE SECONDE SUR LA CAGE DU TOURBILLON, INDICATION DE CHARGE ET DE SONNERIE.

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ROLEX : SUBMARINER, PERPETUEL RECOMMENCEMENT TOUJOURS DIFFÉRENTE ET TOUJOURS SEMBLABLE AVEC DES CENTAINES DE VARIANTES ET DES DIZAINES D’ÉVOLUTIONS DEPUIS SA NAISSANCE EN 1953, LA SUBMARINER SE RIT DES PROFONDEURS. LUNETTE VERTE, DATE, BOÎTIER AGRANDI ET CALIBRE 3235 ULTRAPERFORMANT SONT LES NOUVEAUTÉS DE CETTE ANNÉE. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU Extérieurement, la nouvelle Oyster Perpetual Submariner Date propose un bracelet légèrement redessiné et un boîtier en acier Oystersteel qui passe à 41 mm. Fidèle à l’esthétique historique du modèle, son cadran noir dispose cependant du nouvel affichage « Chromalight », où les aiguilles et index sont traités avec une matière luminescente longue durée bleue. Autre nouveauté : la lunette tournante unidirectionnelle est munie d’un disque en céramique verte « Cerachrom » gradué en 60 minutes, dont les chiffres, moulés en creux, sont mis en couleur par dépôt de platine selon la technique PVD. Le zéro de la graduation, marqué par le traditionnel triangle, est, quant à lui, doté d’un chaton luminescent. Certification Chronomètre Superlatif La boîte Oyster, étanche à 300 m, abrite un nouveau calibre Perpetual 3235, entièrement développé et manufacturé par Rolex et doté, pour la première fois dans la gamme Submariner, de l’affichage de la date. Ce mouvement intègre l’échappement breveté Chronergy en nickel-phosphore, insensible aux champs magnétiques, ainsi qu’une version optimisée du spiral Parachrom bleu, produit par la marque dans un alliage exclusif. Il est muni, en outre, d’une courbe terminale Rolex, qui assure la régularité de la marche dans toutes les positions. L’oscillateur est monté sur des amortisseurs de chocs haute performance Paraflex, eux aussi développés et brevetés par Rolex. Ce calibre est animé par un module de remontage automatique par rotor qui lui permet, grâce à l’architecture de son barillet et au rendement supérieur de l’échappement, de bénéficier d’une confortable réserve de marche de 70 heures. Comme toutes les montres Rolex, l’Oyster Perpetual Submariner Date bénéficie de la certification Chronomètre Superlatif, garantissant une précision de l’ordre de –2/+2 secondes par jour, soit plus de deux fois celle exigée d’un Chronomètre officiel. Rolex sera toujours Rolex. OYSTER PERPETUAL SUBMARINER DATE, CERTIFIÉE SUPERLATIVE CHRONOMÈTRE : BOÎTIER OYSTER EN ACIER OYSTERSTEEL, 41 MM – GLACE SAPHIR LOUPE CYCLOPE – FOND ET COURONNE TRIPLOCK VISSÉS – ÉTANCHE À 300 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE MANUFACTURE ROLEX CALIBRE 3235, RÉSERVE DE MARCHE DE 70 HEURES – AFFICHAGE DES HEURES ET SECONDES AU CENTRE, DATE INSTANTANÉE À 3 H ET STOP-SECONDES – BRACELET OYSTER 3 MAILLES À FERMOIR OYSTERLOCK, BOUCLE DÉPLOYANTE, ET RALLONGE ROLEX GLIDELOCK.

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SEIKO PROSPEX  X  : À LA CONQUÊTE DES SOMMETS ! DÉJÀ PRÉSENTE SUR TERRE, SUR MER ET DANS LES AIRS, LA COLLECTION PROSPEX DE SEIKO SE LANCE À LA CONQUÊTE DES SOMMETS, AVEC SON NOUVEAU MODÈLE ALPINIST. CHIC ET VINTAGE, CETTE ÉDITION LIMITÉE EUROPÉENNE DE LA COLLECTION PROSPEX « X » EST SPÉCIALEMENT DÉDIÉE À LA HAUTE MONTAGNE ET À SES GLACIERS. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU La collection Prospex de Seiko place les trois éléments – eau, air et terre – ­ au cœur de son concept. Avec l’eau, elle se décline en montres étanches, parfois jusqu’à 300 m, équipées de lunettes directionnelles, de fonds de boîte et de couronnes vissées. Les montres « Air » se distinguent souvent par leur aiguille GMT, indiquant l’heure d’un second fuseau horaire. Quant aux versions « Terre », elles sont robustes, présentent des couleurs de boîtes et de cadrans bien reconnaissables et disposent la plupart du temps de lunettes boussoles. Boussole solaire C’est le cas de la nouvelle « Alpinist », caractérisée par sa deuxième couronne dite « compressor », placée à 4 h. Cette édition limitée, aux couleurs inspirées des glaciers de haute montagne, dispose, grâce à sa lunette rotative interne, de la fameuse fonction de boussole solaire. Son emploi est simple : il suffit de pointer l’aiguille cathédrale des heures vers le Soleil, puis de couper en deux l’angle formé par l’aiguille des minutes et le 12 pour trouver le Sud. C’est là que la lunette interne est la plus utile, puisque c’est l’index sud qui sera placé à l’équidistance des deux aiguilles. Avant midi, il faudra mesurer dans le sens des aiguilles à partir de l’aiguille des heures en allant vers le 12 ; l’après-midi, dans le sens inverse. S’il est exactement 17 heures et que l’aiguille des heures est alignée avec le Soleil, le Sud se trouve exactement entre le 2 et le 3, après avoir, bien entendu, veillé à effectuer la correction d’heure d’été ou d’hiver. Si la précision de cette méthode ne permet pas de prendre un azimut, elle offre, en tout cas, une direction générale parfois bien précieuse. Etanche à 200 m, robuste et précise, l’Alpinist est ainsi idéale pour les activités de plein air, en altitude comme en mer. Elle est animée par un mouvement à remontage automatique Seiko Cal. 6R35, offrant une confortable réserve de marche de 70 heures. La montre est livrée avec un bracelet en cuir à triple boucle déployante et un bracelet supplémentaire en Nylon. PROSPEX ALPINIST MOUNTAIN GLACIER, ÉDITION LIMITÉE À 2020 EXEMPLAIRES : BOÎTIER EN ACIER, 39, 5 MM – GLACE SAPHIR À LOUPE CYCLOPE – FOND ET COURONNE VISSÉE – ÉTANCHE À 200 M – MOUVEMENT MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE SEIKO CAL. 6R35, RÉSERVE DE MARCHE DE 70 HEURES – AFFICHAGE DES HEURES, MINUTES ET SECONDES AU CENTRE, DATE À 3 H – BOUSSOLE SOLAIRE SUR LUNETTE ROTATIVE INTERNE COMMANDÉE PAR COURONNE – BRACELET EN CUIR ET BRACELET NYLON, BOUCLE DÉPLOYANTE EN ACIER.

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WEMPE IRON WALKER CHRONOGRAPHE : SOUS LE SIGNE DE L’ACIER HOMMAGE AUX OUVRIERS DES GRATTE-CIEL NEW-YORKAIS DES ANNÉES 20, INCARNATION DE LA MONTRE SPORT CHIC SIGNÉE WEMPE, CHRONOMÈTRE CERTIFIÉ… LE CHRONOGRAPHE IRON WALKER AVEC SON CADRAN BLEU INTENSE S’INSCRIT, INTEMPOREL, DANS LE CIEL ÉTOILÉ DE L’HORLOGERIE DE HAUTE QUALITÉ. PAR CONSTANTIN PÂRVULESCU Efficacité, sobriété, précision sont les maîtres mots de cette collection tout acier à bracelet intégré. Preuve en est de leur certification chronomètre assurée par l’institut allemand de Glashütte. Parfaite association d’élégance et de sportivité, le chronographe « Iron Walker » adopte une configuration dite « tricompax » : heures, minutes et grande seconde du chronographe au centre, échelle tachymétrique sur le rehaut et date à guichet entre 4 et 5 h. La petite seconde à 9 h, à l’opposé du compteur 30 minutes, et le compteur d’heures à 6h complètent l’affichage des fonctions chronographes. L’ensemble offrant une lisibilité optimale et une répartition aussi classique qu’harmonieuse. Etanchéité jusqu’à 100 m Le charisme discret de cette montre est souligné par son cadran bleu acier à finition soleillée. La lecture est bien entendu assurée dans l’obscurité grâce aux aiguilles des heures et minutes garnies de matière luminescente, à l’instar des index. Le chronographe est commandé par deux poussoirs rectangulaires, encadrant la protection latérale de la couronne vissée qui garantit une étanchéité jusqu’à 100 m. La marche est assurée par un calibre à remontage automatique éprouvé, une ébauche Valjoux 7753 de fabrication suisse optimisée, assemblée et réglée avec précision dans les ateliers de Wempe, à Glashütte. Ce qui lui assure, outre une réserve de marche portée à 54 heures, une précision certifiée à l’issue des rigoureux critères des tests de chronomètre allemand, à savoir une variation moyenne de marche ne dépassant pas 2 secondes par jour. Le boîtier comporte un bracelet intégré trois mailles, lui aussi en acier, à boucle déployante de sécurité. Avec moins de 14 mm d’épaisseur, ce chronographe de 42 mm de diamètre offre néanmoins des proportions élégantes et un port agréable. IRON WALKER AUTOMATIK CHRONOGRAPH : BOÎTE EN ACIER, 42 MM – COURONNE ET FOND VISSÉS – ÉTANCHE À 100 M – MOUVEMENT CHRONOGRAPHE MÉCANIQUE À REMONTAGE AUTOMATIQUE SUR ÉBAUCHE CAL VALJOUX 7753, RÉGLAGE DE PRÉCISION WEMPE, CERTIFIÉ CHRONOMÈTRE ISO 3159 – AFFICHAGE DES HEURES, MINUTES ET GRANDE SECONDE AU CENTRE, PETITE SECONDE À 9 H, COMPTEURS 30 MINUTES À 3 H ET HORAIRE À 6 H, DATE, STOP-SECONDE POUR LA MISE À L’HEURE ET TACHYMÈTRE – BRACELET EN ACIER, BOUCLE DÉPLOYANTE ET ARCEAU DE SÉCURITÉ.

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MONTRES DE LÉGENDE CONSTANTIN PÂRVULESCU


WATCHFINDER & CO S’EXPORTE IN REAL LIFE Spécialisée dans la vente et le rachat de montres d’occasion en ligne, Watchfinder & Co sort de sa terre natale – le Royaume-Uni – et s’exporte de plus en plus à l’étranger, notamment en France. S’extirpant au passage de sa zone de confort – internet – pour s’aventurer in Real Life.

Texte : Clark Zog

Henis apelecusapel es iunt officiis moles venisit quam volupta tquat.

C’est outre-Manche que l’aventure Watchfinder & Co. a commencé. Fondée en 2002 par un groupe d’amis passionnés d’horlogerie, la société souhaitait répondre « au manque de ressources en ligne pour trouver des montres de qualité », comme l’indique leur communiqué. Alors en plein avènement d’internet, tout était à faire. Très vite, l’entreprise devient pionnière du marché de l’occasion. Sa ligne de conduite est simple : donner la possibilité d’acheter et de vendre, en toute confiance sur le Net, des montres haut de gamme. Dix-neuf ans plus tard, Watchfinder & Co. est visité par plus de 12 millions de personnes

chaque année. La plateforme abrite la plus grande collection de montres du Royaume-Uni. Un stock qui propose une sélection de quelque 5 500 montres et plus de 60 marques. Un algorithme pour le juste prix « Au départ, Watchfinder est uniquement une boutique en ligne. L’idée consiste à acheter, vendre et échanger des montres d’occasion. Nous sommes seulement sur ce segment », développe Adrien Fourlégnie, directeur France de WatchFinder & Co. La société a en fait créé un algorithme afin de donner le prix le plus juste possible d’une


montre à un instant T. Pour ce faire, elle se base sur le B.A.BA : l’offre et la demande. Avec, à l’appui, l’historique des ventes et achats effectués depuis la création de WatchFinder & Co, ainsi que l’état des stocks. « Les estimations que nous proposons sont valables sept jours ; ensuite les prix varient », explique Adrien Fourlégnie. Et de poursuivre : « C’est la rareté qui fait le prix. Par exemple, nous pouvons avoir des pièces disponibles en dix exemplaires. S’il s’agit d’un modèle qui se vend rapidement et qui est très compétitif, le prix dans ce cas variera peu. » A contrario, si une montre, qui est disponible en dix exemplaires, ne

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Une boutique Watchfinder&Co ouvrira très prochainement ses portes dans le 8e arrondissement parisien, rue Boissyd’Anglas. C’est son univers propre – le digital– qui donnera le ton de cet espace . À savoir, des écrans tactiles pour présenter le catalogue aux clients, en plus d’un espace plus traditionnel où ces derniers pourront essayer les modèles. Exit les codes du luxe à la française, la décoration se veut ici contemporaine et friendly, structurée autour d’un grand comptoir exposant les montres.

s’écoule pas rapidement et de façon irrégulière, son coût aura tendance à varier. Service complet WatchFinder s’appuie sur sa connaissance du marché, mais également sur l’expertise technique de son centre de service, animé par plus de cinquante horlogers. La société détient, en outre, des accréditions de la part de presque toutes les grandes marques, afin de travailler sur leurs pièces et d’effectuer des révisions. Elle fonctionne ainsi en étroite collaboration avec les manufactures, lorsqu’il est nécessaire de retoucher des pièces ou


Les montres proposées sur la plateforme WatchFinder & Co sont, au préalable, dûment contrôlées – authenticité et état général –, avant d’être reconditionnées.

de retrouver des composants difficiles à dénicher. Chaque montre reçue fait l’objet d’un contrôle rigoureux. WatchFinder & Co vérifie, dans un premier temps, son authenticité et son bon état général. « L’idée consiste à acquérir des pièces dans un état correct, et ensuite à les reconditionner en faisant les contrôles traditionnels comme le polissage, le changement de bracelet, tests d’étanchéité, etc. » L’objectif final ? Que le client ne voit pas la différence entre la pièce d’occasion et une pièce neuve. Et comme gage de qualité, la montre contrôlée est garantie vingt-quatre mois. Dans la vraie vie  Mais WatchFinder & Co n’est plus seulement une boutique en ligne. En 2010, un showroom ouvrait à Londres, en plein cœur du quartier d’affaires la City. « De par notre identité, nous sommes naturellement très axés sur le digital et la vente en ligne est notre force – d’autant plus en période de crise sanitaire. Mais ce n’est pas pour autant que nous négligeons les circuits plus traditionnels », confie Adrien Fourlégnie. Sortir un peu du Net pour s’aventurer IRL – acronyme de « in Real Life », très usité sur les réseaux sociaux, que l’on peut traduire par « dans la vraie vie » – passe, sans surprise, par les showrooms ou les boutiques. Loin de renier son ADN, la société y voit plutôt une complémentarité pour être en capacité de répondre aux besoins de sa clientèle. Depuis son rachat par le groupe Richemont (Cartier, Baume & Mercier, IWC, A. Lange & Söhne, Officine Panerai,

Jaeger-LeCoultre…) en 2018, l’entreprise entend bien s’exporter à l’international – notamment en France, mais aussi en Allemagne, en Suisse, aux USA ou encore à Hong Kong –, showrooms et boutiques font pleinement partis de sa stratégie. En mars 2019, le Britannique traverse la Manche pour gagner l’Hexagone. « Au départ, nous n’étions pas très connus sur le marché français. Notre première action a donc consisté à présenter l’entreprise », précise Adrien Fourlégnie. Dans un premier temps, WatchFinder & Co pose ses valises à La Défense, où elle ouvre son premier espace tricolore. Très vite, le showroom déménage pour prendre ses quartiers dans le 8e arrondissement de Paris, plus exactement rue de la Baume, au numéro 28. La prochaine étape était, en toute logique, l’ouverture d’une boutique, repoussée en raison de la crise sanitaire. Elle éliera domicile au 33 rue Boissy-d’Anglas, toujours dans le 8e arrondissement, à deux pas de la place de la Madeleine et pas très éloignée de la place Vendôme. Par cette implantation, WatchFinder&Co veut satisfaire une attente à laquelle Internet n’aurait pu répondre. « Notre concept de base est d’être dématérialisé, mais nous avons senti que les consommateurs souhaitaient un espace physique pour pouvoir essayer les produits, les toucher. C’est quelque chose de fondamental pour eux », détaille Adrien Fourlégnie. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’occasion : « Il faut instaurer un climat de confiance», conclut-il.


LE CENTRE DE SERVICE WATCHFINDER & CO EST BASÉ À MAIDTONE, CHEF-LIEU DU KENT À UNE HEURE DE LONDRES. POUR LES RÉPARATIONS, IL NE PREND EN CHARGE QUE LES MONTRES SOUS GARANTIE WATCHFINDER. EN BOUTIQUE, AUCUNE RÉPARATION NE SERA PRODIGUÉE. « CELA DIT, IL EST POSSIBLE PENDANT LA NÉGOCIATION ET LA VENTE, D’AJUSTER LA DEMANDE CLIENT, EN CHANGEANT LE BRACELET PAR EXEMPLE», SOULIGNE ADRIEN FOURLÉGNIE.

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Adrien Fourlégnie, directeur France de WatchFinder&Co.


LA MONTRE : DU PRIVILÈGE À LA CONQUÊTE SOCIALE ET DE L’UTILITAIRE AU LUXE Comment la montre est-elle passée du statut d’objet populaire à celui d’objet de luxe ? À l’heure où la fracture sociale est dans tous les discours, on peut se demander à quel moment la montre mécanique a basculé d’un monde à l’autre. Cette seconde vie des garde-temps est sans doute une bonne leçon pour tous les experts qui ont cru que le quartz allait condamner l’horlogerie mécanique, comme aujourd’hui ceux qui veulent se convaincre que la montre connectée fera disparaître l’horlogerie traditionnelle. Finalement, le temps est le seul véritable arbitre.

Texte : Joël Duval

Au xviiie siècle, l’horlogerie est au départ le privilège des rois et de la noblesse, avant que cette période se place sous le signe du développement et de la popularisation de la montre. Même si cette dernière reste encore d’un prix relativement élevé et surtout d’une précision aléatoire. Il faut attendre la fin du siècle pour que les choses évoluent vraiment et que le quidam puisse enfin profiter de garde-temps à la fois accessibles en termes de prix et d’une précision supérieure à la dérive quotidienne d’un quart d’heure. Notons qu’auparavant, il fallait sans cesse remettre sa montre à l’heure en utilisant les horloges ou pendules à disposition. Au début du xixe siècle, se développe la montre populaire, l’oignon de campagne en argent d’abord muni d’une chaîne qui en assure l’énergie du mouvement. Si la montre ne gagne pas vraiment en précision, son prix, en revanche, baisse encore. Les montres s’assemblent alors souvent à domicile chez des hommes ou femmes, qui ne sont pas toujours des horlogers mais plutôt des ouvriers agricoles, notamment dans les campagnes suisses ou comtoises. Les horlogers bijoutiers qui tiennent boutique dans les villes et les campagnes sont

également des assembleurs de ces montres. Cellesci ouvrent les portes de la détention individuelle de l’heure, leurs propriétaires cessant alors d’être tributaires des horloges publiques. La qualité des montres s’améliore, la dérive étant en général contenue dans les 5 à 10 minutes quotidiennes. Toutefois ces pièces sont fabriquées de manière artisanale, les perçages se font à l’unité et l’interchangeabilité d’une montre à l’autre n’existe pas. Ce n’est qu’à partir des années 1830, avec la création de manufactures d’horlogerie qui fabriquent tout sur un même lieu – c’est également le cas aux Etats-Unis –, que les choses commencent à changer. La montre à cylindre fait baisser encore les coûts et simplifie les assemblages. Longines, créée en 1832 à Saint-Imier en Suisse, est l’une des premières maisons à se pencher sur la modernisation des mouvements, l’abaissement des coûts de fabrication et à viser une production de masse. La montre qui se remonte encore avec une clé voit le ressort remplacer la chaîne de distribution d’énergie. Sa précision est, en outre, améliorée par l’échappement à ancre qui vient en lieu et place de l’échappement à cylindre.


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Ce dernier avait déjà limité la dérive à 5 minutes quotidiennes dans le meilleur des cas ; l’ancre va permettre de descendre rapidement sous le seuil d’une minute, et encore moins après 1850. La manufacture de Louis Brandt créée à La Chaux de Fond en Suisse en 1848, qui deviendra plus tard Omega en 1894, celle de Cyma en 1862, de Zenith en 1865 par Georges Favre-Jacot ou d’Ulysse Nardin en 1846 au Locle sont le fruit d’une émulation créative, qui vise à populariser la montre précise et la détention individuelle de l’heure juste. En France, LIP voit le jour en 1867. En cette seconde moitié du xixe siècle, le potentiel de clients est énorme, mais encore faut-il réussir à industrialiser la fabrication pour en réduire significativement les coûts. Cela passe par l’interchangeabilité des pièces pour des fabrications de masse. Les Américains ont, en la matière, une bonne décennie d’avance sur les Suisses. Ces derniers traversent donc l’Atlantique pour aller voir sur les expositions universelles américaines les chaînes de fabrication de mouvements de la Waltham Watches Company. L’industrie horlogère suisse rattrape son retard et, à partir des années

1880/1890, joue à rang égal avec les Américains pour la production de montres en volumes. Lesquelles ne cesseront de progresser jusqu’à la Première Guerre mondiale. La montre est alors un instrument populaire, un objet du quotidien mis à la portée de tous, avec des déclinaisons qualitatives de mouvements, tant au niveau de l’empierrement que de la finition. Les boîtes, quant à elles, sont en acier – la montre est alors considérée comme un objet du quotidien – ou en métal précieux, de l’argent au platine en passant par l’or – elle est alors un objet de luxe. La marque des garde-temps ne devient importante que grâce à la publicité – on dit alors réclame – que les fabricants diffusent dans les journaux en inventant une multitude de slogans. Mais leur foisonnement limite la portée du message. Pas un ingénieur, pas un contremaître, pas un ouvrier qui n’imaginent se priver d’une montre. L’essor de l’industrie n’a de sens qu’avec des employés qui travaillent ensemble, à la même heure, sur des sites de production regroupant tous les corps de métiers qui contribuent à la finalisation des produits.

De gauche à droite et de haut en bas : publicité Zenith en 1985, carte postale de Poilus, montre de poche Rosat, publicité Omega en 1906.


La montre n’est pas encore un objet de luxe, mais juste un accessoire utile à la synchronisation des forces de travail, qui ne répondent plus au seul signal de la sirène de l’usine pour savoir s’il faut arriver ou partir. De l’objet populaire à l’accessoire négligeable La montre de poche se développe jusque dans les années 1930, quand sa déclinaison au poignet prend un essor qui ne cessera de supplanter la version dite à « gousset ». Sans aucun doute la Première Guerre mondiale joua le rôle d’accélérateur dans le développement de la montre bracelet. Le défaut supposé de féminité que lui reprochaient certaines hommes est balayé par l’adhésion de l’armée, qui l’adopte comme accessoire du paquetage des militaires. En 1940, la montre bracelet est généralisée et la poche devient l’exception. L’horlogerie n’en a pas pour autant terminé avec ses révolutions. Ce sera d’abord le remontage de la montre par le simple mouvement du poignet. Magique et simple d’utilisation, la montre à remontage automatique va conquérir tous les poignets, reléguant à l’arrière-plan l’ancien système manuel. Et tandis que l’horlogerie américaine perd du terrain face à ces révolutions technologiques que dominent les Suisses, c’est du côté de l’Asie que s’annonce un nouveau séisme horloger. À l’heure où les chronographes deviennent eux aussi automatiques, la technologie du quartz pointe son nez. Cette technologie met à genoux les montres

mécaniques. D’abord parce qu’elle est moins chère que l’horlogerie fondée sur la micromécanique, ensuite parce qu’elle est plus précise et n’a d’autre contrainte que de remplacer la pile qui lui délivre son énergie durant deux à cinq ans, et cela sans révision coûteuse. Les montres réalisées en matière plastique se vendent au poids à la sortie des usines chinoises, s’affichant à des valeurs symboliques de quelques centimes face aux montres mécaniques, et vont envahir le monde entier. L’horlogerie n’est définitivement pas, semble-t-il, un objet de luxe et, dans les années 1970, les maisons disparaissent les unes après les autres. L’horlogerie américaine est moribonde, sa concurrente française rend l’âme et, en Suisse, le nombre de maisons encore vivantes s’effondre. La résurrection grâce à un visionnaire Alors que les plus grands experts croient à une situation de non-retour, les Suisses se mettent à réfléchir à la résurrection de l’horlogerie mécanique. Visionnaire, Nicolas Hayek rachète plusieurs fabricants stratégiques de composants et crée un consortium qui va lui assurer un monopole et une autonomie totale dans la fabrication de garde-temps. Il imagine parallèlement un nouveau concept qui fait appel, lui aussi, au plastique mais avec le label swiss made et un esprit créatif qui va souffler un vent de modernité sur la fabrication helvétique. De quoi infirmer les pronostics pessimistes des experts.


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La Swatch naît ainsi de la désespérance et de l’instinct de survie, finement analysés par Nicolas Hayek. La montre n’est pas encore un objet de luxe, mais l’horlogerie fabriquée en Suisse démontre un potentiel susceptible de lui redonner une position forte. L’alchimie est complexe, mais la pérennité de la montre mécanique associée à un marketing sophistiqué induit une perception différente de l’horlogerie mécanique suisse. On ne parle plus simplement d’horlogerie mais de haute horlogerie, laissant aux prolétaires le toutvenant micromécanique et les montres pilotées par la fée électricité. On est alors à la fin des années 1990 et les groupes financiers installés dans l’industrie du luxe entrevoient dans l’univers horloger des perspectives de profits qui justifient leurs investissements : achat d’unités de production horlogères et de marques, communication élaborée pour associer du rêve au produit. Les groupes Richemont, LVMH puis Kering deviennent, aux côtés de Swatch Group, Rolex et Patek-Philippe, les grands acteurs de ce casting qui va porter l’horlogerie haut de gamme. La montre troque son statut d’instrument de précision pour celui de produit de luxe, dont la production s’articule autour des saisons et des modes et se décline en catalogues régulièrement renouvelés. Les chats ont 7 vies et l’horlogerie ? La montre populaire coexiste dans un univers parallèle à celle de luxe. Swatch applique là

aussi le rythme des modes saisonnières, comme pour les modèles haut de gamme, mais sans que la confusion ne puisse s’établir entre ces deux mondes. Si l’horlogerie traverse encore des périodes de crises conjoncturelles étroitement dépendantes des équilibres économiques et politiques du monde, on la croit sauvée du pire. Les années 2010 vont pourtant s’écrire avec un agent perturbateur lié à la technologie. La montre connectée s’installe alors aux poignets et lorsqu’elle est le fruit d’Apple, elle symbolise la modernité et s’avère aussi porteuse qu’une montre mécanique. Séduisante pour les nouvelles générations, elle a, en dix ans, l’impertinence de dépasser les ventes de montres mécaniques. Sachant que celles dites « haut de gamme » résistent davantage que les montres à bas prix, prises en sandwich entre les nouvelles marques qui font appel massivement à des composants venus d’Asie pour abaisser les coûts et les montres connectées qui offrent des informations dépassant la simple mesure du temps. La technologie a-t-elle vocation à se loger sur les poignets définitivement, au point de renvoyer à l’histoire l’horlogerie traditionnelle ? Rien n’est moins sûr et c’est peut-être par l’envie partagée du luxe que les fabricants sauveront leur industrie. Toutefois, il faut savoir cultiver le désir car, comme tout ce qui n’est pas indispensable, la montre doit rester nécessaire au plus grand nombre.

De gauche à droite : publicités Zenith, Omega (1918), Hamilton (montre Railroad) et Omega (1912).


À LA POINTE DU COMPAX AVEC UNIVERSAL GENÈVE Certaines grandes maisons ont conquis l’univers de l’horlogerie par le biais de leurs créations – mouvements, innovations uniques, modèles emblématiques ou encore type de produits –, venant asseoir leur réputation. La maison Universal Genève a combiné un peu tous ces atouts et s’est installée dans la mémoire collective en proposant des chronographes parfois dotés de complications majeures, telle l’indication des lunaisons. Elle a aussi bâti sa notoriété en accompagnant des missions scientifiques et exploratoires, bien avant que l’humanité ne s’inquiète de l’avenir de la planète. La marque fait autant partie du patrimoine horloger suisse que de l’histoire de l’horlogerie industrielle et de l’accès de tous aux montres modernes.

Texte : Joël Duval

La manufacture Universal fut créée par Numa Emile Descombes et Ulysse Georges Perret, au Locle (Neuchâtel, Suisse), en 1894. Son premier chronographe de poche, un chrono à compteur 30 minutes, vit le jour en 1898. Et son tout premier chronographe de poignet vit le jour en 1917. L’évolution d’un tel modèle, de la poche au poignet, était à cette époque pour le moins audacieuse. Certes, d’autres maisons avaient déjà franchi le pas, mais Universal va plus particulièrement exploiter le goût des hommes pour ce type de montre. Des instruments avec lesquels ils aiment « jouer » et qui leur donne une « supériorité » sur la maîtrise du temps en le mesurant ponctuellement, quand d’autres doivent encore se contenter d’une approximation. Des modèles scénarisés Le chronographe s’impose à Universal et Universal va s’imposer au public par leur truchement. En 1937, la société est renommée Universal Watch et elle quitte le Locle pour Genève, où elle rencontre le succès et une croissance internationale. La marque devient la référence en matière de chronographes bracelets et a l’excellente idée de nommer ses collections d’un nom qui résonne dans toutes les langues : « Compax ». Elle multiplie les créations de chronographes, crée une véritable


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ligne de modèles avec des complications plus ou moins élaborées, associées à son chrono. Des modèles à phase de lune, triple quantième, à ceux sans date à deux compteurs – l’un pour la petite seconde, l’autre pour la totalisation des minutes –, Universal multiplie les versions sans sombrer dans l’excès, conservant des designs simples, presque passe-partout, qui lui valent un succès universel. Les modèles élégants et complexes s’enchaînent – Compax, Uni-Compax, Aero-Compax et Tri-Compax (1930-40) –, tandis que des versions à trois aiguilles, judicieusement scénarisées entre les mains d’explorateurs, comme la Polerouter en 1954 ou la Microtor UG66 en 1966, deviennent les marqueurs

de leur temps. Universal Genève invente, avec le distributeur italien Cairelli, la montre de pilote de chasse, qui fera plus tard la gloire de Zenith. En effet, le fournisseur de mouvements de chronographes d’Universal Génève est Martel Watch, à Pont de Martel. En 1959, Zenith prend le contrôle de l’entreprise qui cesse, un an plus tard, de fournir Universal, le nouveau propriétaire ayant acquis les brevets. Notamment le brevet sur le mouvement de chronographe 285, rebaptisé selon les versions Zenith 146, 146D et 146H selon les modèles à deux ou trois compteurs, le totalisateur des minutes 30 ou 45 minutes et le totalisateur des heures placé à 6 h ou 12 h. Le calibre de base est

Universal Geneve : Universal Unicompax.


Universal Genève a compris très tôt que, pour vendre, il faut communiquer, beaucoup et correctement. Ci-dessous, calibre 285 et publicité de 1953.

un mouvement de 14 lignes, rond, doté de 17 rubis à petites secondes et échappement à ancre sur une fréquence de 18 000 alternances par heure. Un succès universel Martel Watch maîtrise la fabrication de calibres de chronographe réputés parmi les meilleurs du moment. Les chronographes Universal, qui bénéficient depuis 1917 d’une réputation de qualité dans ce domaine, incarnent donc une forme d’excellence. Universal y ajoute l’étanchéité des boîtes, l’esthétique simple des modèles et la pureté des cadrans. Autre atout, ils sont lisibles sans détour et leur succès est immense… Jusqu’à ce que le quartz apporte, à moindre coût, des performances équivalentes mais ô combien bien moins mécaniques.

Les modèles Universal Genève se reconnaissent au premier coup d’œil. La lunette, le plus souvent lisse, laisse au cadran les échelles tachymétriques, pulsométriques ou télémétriques. L’utilisateur a le choix, lors de l’achat, de puiser dans les variantes qui lui sont offertes dans le catalogue. En général, la marque met, en effet, à la disposition du détaillant une multitude de versions. En outre, Universal Genève ne lésine par sur la publicité qu’elle intensifie dans la presse jusqu’aux années soixante. Il faut dire que la marque a compris très tôt que, pour vendre, il faut communiquer, beaucoup et correctement. Elle n’hésite donc pas à scénariser sa communication et son modèle Pole Router est très tôt associé à l’exploration des lieux les plus éloignés et mystérieux de la planète. Cette publicité habile profite à toute la collection, y compris aux


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La marque n’hésite pas à scénariser sa communication, par exemple le modèle Pole Router qui est très tôt associé à l’exploration des lieux les plus éloignés et mystérieux de la planète (publicité de 1959 en haut à gauche). Ci-dessus, publicité de 1946 et, ci-contre de 1960.

chronographes qui deviennent des montres outils, des instruments de précision de haute fiabilité. La qualité ultime Le modèle Uni Compax ne totalise que les minutes dans la limite des quarante-cinq premières. C’était fréquemment le cas pour des pièces à un seul compteur. Les versions avec totalisateur des heures, quant à elles, ne totalisaient que trente minutes en général. La plupart des utilisateurs de chronographes mesurent des temps inférieurs au maximum à 10 minutes. L’Uni Compax permet de chronométrer une mi-temps d’un match de football, ce qui représente un temps assez long pour couvrir une grande majorité des besoins. L’achat de ce type de modèle était souvent davantage motivé par le plaisir de posséder un

instrument sur lequel il est possible d’interagir, que par un besoin réel. On peut mesurer la cuisson d’un plat avec une simple montre ou pendule de cuisine, mais aucune montre ne saurait procurer le même plaisir dans le porter qu’un chronographe de qualité. C’était valable dans les années cinquante, et ça l’est encore de nos jours ! Dans l’esprit des collectionneurs, Universal Genève reste la marque de modèles emblématiques, et la cote toujours aussi élevée de ses chronographes, des années quarante à soixante, témoigne de la transmission entre générations de la réputation de ses pièces devenues collector. Celui qui porte une montre vintage Universal Genève est forcément un connaisseur. Il transmet par ce choix la mémoire d’une maison de haut niveau, qui toujours rechercha la qualité ultime.


RATTRAPE-MOI La rattrapante est une complication complémentaire au chronographe ou au compteur de sport. Elle permet de lire et de chronométrer des temps courts intermédiaires ou de comparer les performances de deux ou plusieurs compétiteurs sportifs. Cette complication n’est pas très ancienne sur les pièces de série et sa complexité la rend aussi rare que chère. Tout ce qu’il faut pour susciter la convoitise des passionnés d’horlogerie…

Texte : Joël Duval

Les compteurs dédiés uniquement à la mesure de temps courts et les chronographes qui, outre cette fonction, donnent l’heure, sont dits « à rattrapante » quand ils possèdent deux aiguilles de chrono à déclenchements indépendants. Celles-ci tournent soit ensemble, parfaitement superposées et synchronisées, soit de manière séparée si l’utilisateur actionne un poussoir qui stoppe l’une d’elle et mesure ainsi un temps intermédiaire ou chronomètre deux temps de courte durée en parallèle ou consécutif. Il devra alors actionner le poussoir qui commande la seconde aiguille dite « rattrapante », ce qui l’arrête, alors que la première aiguille de chrono continue de tourner. Une fois le temps relevé, l’utilisateur appuie sur le poussoir de commande de la rattrapante qui rejoint la première et se superpose à nouveau à elle. Que la pièce donne ou non l’heure, le mouvement est plus ou moins complexe. Il induit en général (quelques calibre sont conçus autrement) plusieurs éléments : un cœur sur le mobile de chrono, une roue dotée d’un pont spécifique sur laquelle est châssée l’aiguille de rattrapante, des pinces qui arrêtent ou font tourner la roue, une roue à colonnes pour ouvrir ou fermer lesdites

pinces, une seconde roue de même type pour commander l’autre trotteuse. L’action sur le poussoir enclenche la roue à colonnes qui pivote sur elle-même, tandis que les pinces bloquent la roue de rattrapante. Une nouvelle pression sur le poussoir commande aux pinces de libérer la roue qui reprend alors sa place initiale grâce à une roulette qui se replace dans l’encoche du cœur de la roue. Le système est complexe mais extrêmement efficace et offre une lecture en double : un premier temps comme n’importe quel chronographe, un second temps dont le point de départ est le même mais qu’on a interrompu. Un dispositif permettant, par exemple, de calculer un temps intermédiaire d’un sportif qui passe devant un repaire de référence, ou simplement l’écart entre deux sportifs quand chaque aiguille s’arrête à la fin de la performance de chacun. On rattrape Depuis quand rattrape-t-on ? La toute première montre de ce type dit « à rattrapante » fut conçue par l’horloger Winnerl, en 1831. Elle ne possédait alors qu’une seule aiguille de chronométrage, d’où le nom de monorattrapante. Cette désignation concerne les


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chronographes ou compteurs possédant une seule trotteuse centrale, laquelle peut être immobilisée puis rattraper instantanément le temps écoulé, une fois réenclenchée. La double aiguille n’est apparue qu’en 1838. Le système est infiniment plus complexe que le chronographe ou compteur classique. Il existe toutefois des chronographes et compteurs qui comportent plusieurs rattrapantes pour, par exemple, mesurer les performances de plusieurs sportifs, une aiguille étant dédiée à chacun d’eux. Ce type de système est performant mais dépend de la réactivité de son utilisateur pour arrêter ou relancer les mesures des temps, avec des écarts de l’ordre du dixième de seconde. C’est là que le chronométrage électronique prend toute sa dimension. Des maisons comme Omega en ont fait leur spécialité. Deux siècles séparent

les puissants appareils contemporains à visée laser et reconnaissance optique automatique « intelligente » et le premier chronographe mécanique à rattrapante. Ce sont les limites de la précision de la manipulation par un seul chronométreur qui ont favorisé l’intégration de technologie portées par l’intelligence artificielle. Les chronographes bracelets contemporains font appel exactement aux mêmes caractéristiques mécaniques que les chronographes à rattrapante de poche de la fin du xxie siècle avec des trains de rouage, des roues à colonnes et des modes de déclenchement en tous points comparables. Les grands noms du chronométrage ont pour la plupart traversé le temps, tels Heuer, Longines, Omega, Lémania, Breitling ou encore Le Phare, Ulysse Nardin, Minerva, Valjoux, Lecoultre et quelques autres. Ils sont les pionniers et les

Compteur de sport Omega, équipé du calibre 1520 (à gauche).


Minerva : compteur de sport

acteurs essentiels du chronométrage lié à des mécanismes complexes porteurs de systèmes à rattrapante. Ces mécanismes sensibles au moindre défaut nécessitent des mouvements de qualité exemplaire. Les plus beaux mouvements sont à haute fréquence de 36 000 alternances par heures, afin de mesurer les temps au dixième de seconde, prouesse réalisée très tôt par Lémania, Minerva, Longines ou Ulysse Nardin. Un système complexe simple d’utilisation L’une des grandes difficultés de ces calibres est de conserver une amplitude constante quand il faut « tirer » deux trotteuses de chrono, lourdes et désynchronisées. C’est là que le savoir-faire des horlogers s’exprime pleinement, en particulier quand les chronographes demeurent dans des normes chronométriques et préservent la précision

horaire. Nombre de records olympiques et sportifs furent mesurés sur des chronographes ou des compteurs à rattrapante, que ce soit sur les circuits automobiles, sur le bord des pistes d’athlétisme, lors des « contre la montre » des compétitions cyclistes ou au bord des bassins olympiques. L’usage sportif n’est pas le seul qui utilise ces instruments. La recherche pétrolière a mesuré la hauteur des nappes par des techniques d’ondes, dont le temps de rebond était comparé d’une hauteur à une autre au moyen d’un chronographe de ce type ; l’industrie pour cadencer ses fabrications ; les scientifiques autant dans les laboratoires que durant des expéditions… en ont fait ou font encore usage de chronographes et compteurs à rattrapante. La fonction rattrapante est devenue courante dans les systèmes de chronométrage


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numériques, tirant leur inspiration des pièces mécaniques qui forcent l’admiration pour leur fiabilité qui n’a pas souffert des années. Il n’est finalement qu’une chose que la fonction rattrapante ne puisse compenser, c’est le temps perdu – un temps précieux dont nous sommes avares, conscients de sa valeur et de sa durée limitée, mais que nous gaspillons, boulimiques que nous sommes et ignorant le moment où il s’arrêtera. L’affichage Sur les chronographes et les compteurs à rattrapantes, les aiguilles de trotteuse de chrono doivent se superposer parfaitement jusqu’à se confondre pour visuellement ne faire qu’une. Sur les vieux chronographes, l’une est souvent de couleur acier bleui, alors que l’autre est de couleur acier rhodié. La lecture ainsi ne peut être confondue entre l’une et l’autre. Le chronographe Ulysse Nardin à rattrapante fut fabriqué dans deux versions de mouvements, dont l’une à haute fréquence : 36 000 alternances par heure. Il marqua l’histoire de ce type de pièces en partageant avec Longines, Lémania et donc Omega, le leadership des pièces évoluant à 5 hertz. Un autre chronographe marqua également l’histoire de ces instruments : le modèle conçu par Heuer dans les années 1890 et fabriqué en série. Parmi les tout premiers de ce type, il s’impose comme un concentré de savoir-faire, autant par son architecture que par son efficacité. Porteur de plusieurs brevets, il est véritablement parmi les pionniers du chronométrage avec rattrapante. Les chronographes Heuer étaient déjà sur les

circuits dès les toutes premières compétitions automobiles. Sur les compteurs de sport, la couleur est de mise ; il est fréquent de trouver une aiguille bleuie et l’autre rouge, sans qu’il y ait de règle pour le positionnement de l’une ou l’autre au-dessus. La place des totalisateurs de minutes est variable entre, d’une part, le sous-compteur classique et, d’autre part, des aiguilles axées au centre totalisant les minutes chronométrées, voire les heures totalisées. Les totalisateurs d’heures sont peu fréquents, les cas où ils s’avèrent utiles n’étant que très rares. À noter que le compteur Omega équipé d’un calibre 1520 en a un. Ses totalisateurs des minutes et des heures se substituent littéralement aux aiguilles horaires qu’on trouverait sur un chronographe. Ici, celle des heures n’est en fait qu’un totalisateur des heures additionnées, tandis que celle des minutes totalise chacune d’elles par un tour de cadran. La pièce n’est pas faite pour donner l’heure et s’il on veut qu’elle le fasse, il faut démarrer le chrono à midi ou minuit pile. Cette heure, en effet, correspond à la position des aiguilles remises à zéro. Cette pièce illustre la maîtrise historique d’Omega en matière de chronométrage pour les Jeux Olympiques. La fonction rattrapante est aujourd’hui plus rare sur les versions bracelets, car elle demande un réglage parfait et une grande expertise de la technique horlogère. Elle est réservée aux pièces haut de gamme et n’est accessible en premier prix que sur des montres à quartz. Les pièces anciennes très recherchées font le plaisir des amateurs et collectionneurs qui se les arrachent. Voici de quoi donner l’envie

De gauche à droite : chronographes à rattrapante Heuer et Ulysse Nardin.


LA SEAMASTER 60 D’OMEGA : UNE VINTAGE MILLÉSIMÉE Les montres vintages sont d’autant plus prisées aujourd’hui que la plupart des grandes maisons leur rendent des hommages appuyés et réguliers, en les rééditant et en affichant les versions modernes à côté des versions originales qui les ont inspirées. Certains modèles des années 1960 et 1970 ont traversé le temps sans jamais se démoder. C’est le cas de la Seamaster 60 d’Omega qui, cinquante ans plus tard, n’a pris aucune ride.

Texte : Joël Duval

L’année 1969 fut d’une richesse exceptionnelle dans l’univers de l’horlogerie. Non seulement il y eut une profusion de nouveaux mouvements, mais le nombre de nouveaux modèles proposés par l’ensemble des maisons horlogères démontre une densité de pièces rarement égalée. Chez Omega, la Speedmaster Professional qui connut, cette année-là, la première expérience sur le sol lunaire, cohabite dans le catalogue avec une version dite Mark II, dotée d’une boîte différente et futuriste. Omega multiplie les créations de montres étanches et joue sur des couleurs, allant des plus subtiles aux plus vives, pour nourrir son catalogue. Des années créatives L’un des fleurons de la marque est sans nul doute la Seamaster. Lancée en 1948, la ligne Seamaster est la toute première famille de montres Omega. La plus célèbre d’entre elles, la Seamaster 300 de 1957, est restée l’une des montres de plongée parmi les plus prisées. Omega avait très tôt démontré son intérêt pour les pièces étanches et, dès 1932, la manufacture avait conçu une montre marine capable d’accompagner un plongeur dans les profondeurs. Inspiré par les ornements des gondoles vénitiennes, l’hippocampe gravé sur le fond devint le symbole de la Seamaster en 1958. Il est

comme une signature des plus beaux modèles des collections Omega à travers le temps. En 1966, la marque présente la Seamater 120, un modèle avec une boîte de forme tonneau, étanche à 120 mètres. Le modèle est resté très contemporain et se décline alors avec date, sans date à remontage manuel, ou encore automatique. Il fait partie des plus connus avec la Seamaster 300. Un modèle issu d’une grande famille D’autres pièces ont eu une carrière plus discrète. C’est le cas, en 1969, de la Seamaster 60, référencée ST 166.0062. Bien que superbe, il y en eut peu d’exemplaires. Elle fut déclinée en version pour homme, de couleur bleue ou bordeaux, et en version lady. Comme l’indique son nom, la montre était étanche à 60 mètres. Son esthétique en fait une véritable perle dans la collection des Seamaster. Appelée également Seamaster 60 « Big Crown » à cause de sa couronne vissée très large, cette montre a la particularité de disposer d’une lunette tournante en acier avec un insert en Bakélite, d’une couleur assortie au cadran, ce qui donne une identité très forte à la pièce. Avec le Corfam, sorte de cuir synthétique, Omega pouvait doter chaque pièce d’un bracelet adapté. De conception très aérée, ces bracelets


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Seamaster 60 : versions pour homme, à cadran bleu ou bordeaux.


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sport offraient un confort parfait en évitant les inconvénients liés à la transpiration. Très en vogue à la fin des années soixante, ce type de bracelet connut un grand succès avec la collection Dynamic, dont la fabrication dépassa les deux millions de pièces. Il semble que la version de la Seamaster 60 avec cadran et lunette rouge «bordeaux» soit plus rare encore que celle en bleu. Les deux modèles ont un charme fou et font le bonheur des collectionneurs qui les ont acquises avant que leur cotation n’atteigne des sommets. Leur mouvement à remontage automatique, le calibre 565, est à date rapide par tirage, puis pressions successives sur la couronne pour faire passer la date. Le système n’est pas des plus habituel, mais il est efficace à condition de ne pas faire la manipulation de trop qui obligerait à recommencer tout le cycle de mise à la date. D’une précision chronométrique, ce mouvement est doté de 24 rubis et d’une réserve de marche de 50 heures pour une fréquence de 19 800 alternances par heure. Sa fabrication s’arrêta précisément en 1969 pour laisser la place à des mouvements, qui allaient préfigurer l’arrivée des montres à quartz. Certains amateurs prétendent que le 565 est, chez Omega, l’un des derniers grands mouvements de « l’avant-quartz ». Les lunettes colorées en Bakélite ne sont pas si courantes dans les collections de l’époque. Le temps a démontré que leur couleur ne vieillissait

pas plus vite que celle des cadrans et, cinquante ans après, l’ensemble reste homogène. L’insert a gardé à la nuance près la couleur du cadran. Les montres, toujours aussi précises, témoignent de la diversité des styles et des modèles qu’Omega a proposés en 1969, année charnière et de sursaut pour l’horlogerie à un moment où le «péril quartz» était en approche. Une valeur sure Une étanchéité limitée à 60 mètres ne pourrait plus être aujourd’hui reconnue comme une norme crédible de montre de plongée. À moins de 100 mètres d’étanchéité, une montre est, de nos jours, à peine recommandée pour une baignade de surface en piscine. La Seamaster 60 était pourtant bien plus qu’une montre de salon, mais la diversité du catalogue Omega et la surenchère sur leur étanchéité n’ont pas laissé beaucoup de place à ce couple de Seamaster que les connaisseurs se réservent pour leurs propres collections. En effet, ces Seamaster 60 sont porteuses d’une histoire et incarnent à merveille ce que les montres vintages ont de meilleur. Des montres outils que l’on trouve plutôt rarement en bon état sur le marché de l’occasion, ce qui les rend encore plus désirables. L’idéal est évidemment de posséder les deux et pourquoi pas de partager avec sa compagne le plaisir de les porter ensemble.


BULOVA-T-EN GUERRE Bulova fait partie de ces grandes maisons horlogères, dont le nom est resté dans les mémoires grâce à son modèle Accutron qui, en 1960, avait révolutionné, avant le quartz, l’univers de la micromécanique horlogère. La maison, déjà plébiscitée pour la précision de ses montres, confortait ainsi sa réputation. Une réputation acquise autant par la qualité de son outil de fabrication que par celle de sa communication. La Seconde Guerre mondiale fut l’occasion d’illustrer un savoir-faire ancré dans l’histoire.

Texte : Joël Duval

Joseph Bulova fut, en 1919, l’un des tout premiers fabricants à proposer dans son catalogue une collection complète de montres bracelets pour hommes. Ce bijoutier immigré de Bohème s’installa à Manhattan à 19 ans (1875), puis ouvrit sa première usine de montres en Suisse, à Bienne, en 1912, avec une logique d’industrialisation très poussée et un souci de la précision omniprésent. Il met en place une production de montres en grands volumes et défie ses concurrents en inondant les marchés grâce à une fabrication conséquente de pièces. Produire beaucoup en conservant un haut niveau de précision est un double défi, qui implique de maîtriser un outil industriel sophistiqué. La recherche d’une précision extrême et la volonté de l’afficher auprès du public incitent l’entreprise, en 1920, à installer un observatoire sur le toit d’un gratteciel afin de mesurer le temps universel sans marge d’erreur. Bulova est un acteur essentiel de l’horlogerie et réussit à le faire savoir. La marque devient alors synonyme de précision. Joseph Bulova, maîtrisant bien la communication, réalise des campagnes de réclame – on ne dit pas encore publicité – particulièrement

dynamiques et d’un style nouveau. Ainsi il invente pour la radio, en 1923, la première balise horaire publicitaire : « At the tone, it’s ten o’clock, Bulova Watch Time. » Traduction : « Au bip, il sera 10 heures…» Et lorsque cette publicité est diffusée sur les ondes, les concurrents de Bulova regrettent de ne pas avoir eu cette idée avant lui. Des millions d’Américains entendent régulièrement le nom de Bulova, un matraquage qui s’avère d’une efficacité redoutable. La presse diffuse sous toutes ses formes de la publicité pour la marque, qui sait tirer parti des grands événements. Ainsi en 1927, lorsque Charles Lindbergh est le premier pilote à rallier Paris depuis New York sans escale, Bulova lui remet le prix Bulova Watch C° et la somme de 1 000 dollars. La marque exploite, en outre, l’image du pilote et crée le modèle « Lone Eagle » à son effigie. Bulova ne cesse d’innover et crée, en 1931, les premières horloges électriques. Elle est d’ailleurs de plus en plus prisée dans les années trente grâce à des modèles emblématiques à la forme rectangulaire très galbée, qui s’adaptent parfaitement à l’anatomie du poignet. Les montres en plaqué or sont aussi un immense succès de sorte qu’au début des années quarante, la maison devient une référence, tant en matière de design que de précision. Une montre militaire comme une évidence La Seconde Guerre mondiale éclate et, comme toutes les grandes manufactures d’horlogerie américaines, Bulova est sollicitée pour équiper les militaires qui partent combattre en Europe aux côtés des forces alliées. Les volumes de montres commandées sont à l’image des effectifs expédiés vers l’Europe et chaque manufacture va se focaliser sur une production militaire.


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Et la maison Bulova sait qu’elle n’aura aucune difficulté à répondre à cet afflux de commandes, la fabrication de masse étant sa spécialité. À partir de 1940, elle conçoit une montre très caractéristique des modèles portés par les GI. La boîte en acier de 33 mm est dotée de cornes fines et d’une couronne épaisse, afin d’en faciliter la manipulation. Cette couronne est intelligemment protégée par la carrure, dans laquelle elle s’emboîte sur une épaisseur de 2 mm. Ainsi aucun risque qu’elle ne s’accroche par accident bien

qu’elle reste accessible et maniable. Sa taille et l’architecture du mouvement la rendent douce au remontage. Monobloc, la lunette est faite d’une seule pièce avec la carrure. Le concept facilite l’étanchéité de la boîte puisque l’absence de lunette amovible réduit d’autant le passage d’air, de poussière ou d’humidité. De la qualité de ses composants combinée à l’étanchéité de la boîte découle une conservation étonnante soixante-dix ans après sa fabrication, surtout si l’on considère le peu de soins accordés à ces pièces.

Montre Bulova équipant les GI, 1945. Page de gauche, publicité Bulova.


Le cadran est blanc – il existe une version à cadran noir –, avec des chiffres arabes couverts de radium luminescent, tout comme les aiguilles de type mouche. Les effets négatifs du radium étaient largement connus en 1939, mais la raison militaire qui exigeait une lisibilité des montres de nuit fut considérée comme d’un intérêt supérieur au risque sanitaire. La trotteuse de petite taille à 6 h est également luminescente, ce qui est un fait assez rare sur des montres de ce type. La gravure de la boîte – « ORD DEPT USA of 35/699 BULOVA WATCH CO » pour le modèle présenté – signale, d’une part, la propriété militaire de la montre et renvoie, d’autre part,

à un numéro d’inventaire. Le calibre de type 10 AK, réputé pour sa précision et pour son caractère quasi indestructible, fut fabriqué de 1936 à 1954, avec un empierrement de 15 à 21 rubis. Ce mouvement à remontage manuel de 10,5 lignes évolue à 18 000 alternances par heure. Les militaires appréciaient leur Bulova, d’autant plus que la notoriété de cette marque, extrêmement populaire, flirtait avec l’excellence. Les boîtes étanches à fond vissé supportaient autant l’humidité que le froid ou la chaleur. Bien que sans antichoc – du moins au début de la production –, les mouvements fabriqués par Bulova résistaient étonnamment à une utilisation


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«musclée», un atout de poids pour des pièces militaires. Ces montres ne sont pas dotées d’une commande de « stop secondes », mais peu comportaient un tel dispositif à l’époque. Une destinée accrochée au futur La marque horlogère ne s’est pas laissée dépasser par la guerre et le volume des commandes qui en a découlé. La maison est restée créative et innovante. Elle sort, en 1960, une montre animée grâce à un transistor combiné à un oscillateur électronique : l’Accutron. Véritable révolution, cette première montre électronique va porter la marque jusqu’à la fin de sa fabrication, en 1977.

Ce système, inventé par Max Hetzel, va permettre à Bulova de vendre plus de 4 millions de pièces et de résister, dans un premier temps, à la crise du quartz. Intégrée aujourd’hui au groupe Citizen, Bulova est restée dans toutes les mémoires comme la créatrice de cette montre parmi les plus emblématiques de l’histoire de l’horlogerie du xxe siècle. Bulova a également marqué l’histoire par sa présence au poignet des GI pendant la Seconde Guerre mondiale. La maison a peu exploité ce prestigieux passé. Lui rendre hommage est un peu saluer les hommes qui portaient ces instruments, venus se battre pour défendre notre liberté.

Page de gauche, montre Buloba des GI, 1945 : mouvement à remontage manuel de 10,5 lignes, évoluant à 18 000 alternances par heure. Ci-dessus, inscription sur le fond de boîte attestant de la propriété militaire de la montre et renvoyant, d’autre part, à un numéro d’inventaire.


GEORGE DAVIDSON, MAÎTRE DU TEMPS ET DE L’ESPACE Les montres n’entreraient jamais dans la légende sans les hommes et les femmes qui les portent. Elles sont intimement liées à leur destin, à leurs aventures, à leur vie. Elles accompagnent les exploits, et leurs performances servent les hommes qui les embarquent. De la mer à la Lune, les légendes horlogères racontent des épopées humaines. La recherche scientifique menée par George Davidson est l’une de celles-ci.

Texte : Joël Duval

George Davidson est né le 9 mai 1825 à Nottingham, en Angleterre. Il a suivi ses parents en 1832, quand ceux-ci sont partis s’installer aux Etats-Unis, en Pennsylvanie. Brillant et doué pour les sciences, il est nommé, à l’âge de 17 ans, responsable à l’observatoire du Girard’s College. Il est classé premier de sa classe et diplômé de la Central High School de Philadelphie, en 1845. Se passionnant pour le magnétisme terrestre, il part travailler pour Alexander D Bache, en tant que superintendant du « United States Coast Survey ». Il passe sa vie à dresser des cartes et à conduire

des travaux géodésiques. Spécialiste de l’astronomie, ses travaux portent, pendant plusieurs années, sur la détermination de la latitude et de la longitude des caps, baies, montagnes et autres lieux singuliers. Il étudie les éléments magnétiques de la côte du Pacifique et détermine les meilleurs sites d’implantation des phares. On lui doit un énorme travail sur la géographie et les ressources de l’Alaska avant leur intégration dans l’Union. Ce scientifique mène de nombreuses expéditions scientifiques en Égypte, en Chine, en Inde et en Europe. Il a participé à l’élaboration du tracé du canal de Panama. De 1876 à 1886, il est chargé des principaux travaux de triangulation et d’astronomie sur la côte Ouest des Etats-Unis. Il fut démontré que les résultats de ses observations étaient supérieurs à tous ceux jamais exécutés en Amérique, en Europe ou en Inde, et ils ont été d’ailleurs considérés comme « uniques dans l’histoire de la géodésie ». Fondateur de l’Observatoire de San Francisco Monstre de travail et manager d’équipe de haut vol, il fonde l’Observatoire Davidson à San Francisco, dans le parc Lafayette. C’est le premier observatoire astronomique sur la côte Pacifique de l’Amérique du Nord. Il devient alors le premier professeur de géographie à l’université de Californie, Berkeley, et dirige ce département de 1898 jusqu’à sa retraite, en 1905. Il exerce ensuite comme professeur jusqu’à sa mort, le 2 décembre 1911.


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Toute sa vie, l’homme entretient un rapport avec les montres quasi-exclusivement professionnel. Pas une recherche, pas une expédition sans être accompagné des garde-temps et instruments horaires les plus précis et les plus fiables. La montre est chez lui comme un prolongement mental. Il en possède de nombreuses, des américaines bien sûr mais aussi des suisses, des pièces synonymes de précision et donc de qualités scientifiques. Pour ses expéditions géodésiques, il s’appuie systématiquement sur des instruments horaires destinés à repérer les longitudes, élément indispensable pour dresser des cartographies, aussi bien marines que terrestres. La marge d’erreur des calculs faits par Davidson et ses équipes est si faible qu’aucun système informatique n’a été capable de faire plus précis et meilleur. Pour cela, il utilise des instruments dont la dérive horaire est réduite à des amplitudes inférieures à 1 à 2 secondes par semaine, voire par mois. Il n’est pas un lieu où Davidson ne se soit déplacé sans une montre. Waltham, Elgin, Hamilton, Howard, Hampden…Pas une manufacture américaine n’échappe à Davidson jusqu’à ce que des manufactures suisses se mettent sur les rangs et démontrent leurs qualités de précision. Témoin et acteur de son temps En 1906, Davidson va vivre une expérience qui restera gravée dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours. Dans la nuit du 17 au 18 avril, il est réveillé en sursaut par un violent tremblement de terre. Son premier réflexe est de saisir sa montre Hamilton posée sur la table de nuit pour regarder l’heure. Il est 5 h 13 du matin. L’homme calcule qu’il a mis entre 45 et 60 secondes pour se saisir de sa montre, et en déduit que l’heure du début du séisme se situe à 5 h 12. Séisme qui a couru toute la faille de San Andreas. Les secousses furent ressenties de l’Oregon à Los Angeles, et à l’intérieur des terres jusqu’au centre du Nevada. Le tremblement de terre et l’incendie qui en résulta restent, à ce jour, parmi les plus grandes catastrophes naturelles ayant touché une grande ville américaine. Le feu et l’effondrement de la plupart des bâtiments marquèrent à jamais les mémoires, et le souvenir de cet événement tragique se transmis jusqu’aux générations suivantes. George Davidson, qui est alors âgé de 78 ans, raconte qu’il avait, ce matin du 18 avril 1906, les yeux rivés au plafond. Une fois sa montre

entre les mains, il a commencé le décompte des secondes, est sorti du lit et s’est fixé devant son horloge, puis montre en main, a gagné son bureau où il a pris des notes, sans émoi, comme s’il s’était agi d’un fait scientifique classique : « Le premier choc a eu lieu à 5 h 12. Les soixante premières secondes ont été les plus sévères. L’intensité des vibrations a ensuite diminué pendant trente secondes jusqu’à une accalmie perceptible. Puis les secousses ont repris, pendant une minute, mais de façon beaucoup plus violente. » Lorsqu’il découvrit l’ampleur des dégâts, il indiqua n’avoir pas eu conscience sur le coup de la puissance du séisme. Davidson transforma alors son site d’observation en refuge pour les personnes qui avaient perdu leur maison. Ses travaux ont marqué l’histoire tant ils furent nombreux et divers, mais tous placés sous le sceau du temps et de la précision. Les relevés opérés par Davidson servirent de base de travail pour calculer les temps de répliques sur de tels tremblements de terre et établir des moyennes. Le savant travailla jusqu’à sa mort en donnant des cours à San Francisco. Aucune maison horlogère n’associa pourtant son nom au scientifique, sans doute parce que la complexité de ses travaux n’était pas à la portée du public mais aussi parce Davidson emporté par la science ne prêtait que peu d’intérêt à ce qui l’en éloignait. Les montres de Davidson furent pourtant au cœur de la science qu’il a développée et contribuèrent à construire la légende qu’il incarne encore aujourd’hui.

Page de gauche et ci-dessus : à 5 h 12 du matin, un séisme estimé à une magnitude d’environ 7 réveille ravage San Francisco. En haut, la montre Hamilton de George Davidson (à droite).


GUILLAUME FOLIOT LEPRINCE : UNE CERTAINE IDÉE DU LUXE C’est en Suède que l’ancien diplomate Guillaume Foliot Leprince et son équipe d’artisans conçoivent des boîtes en bois complexes, esthétiques et sur mesure. À l’intérieur ? Des liqueurs, des parfums, des montres… Une approche alternative du luxe.

Texte : Clark Zog

Une réinterprétation contemporaine et sur mesure de la cave à liqueurs Napoléon III.

Là où on ne l’attend pas. C’est sans doute ce qui définirait le mieux Guillaume Foliot Leprince, fondateur du Designer Clandestin. Il est né et a grandi au Maroc avant de suivre, en France, un parcours assez conventionnel. Il envisage un temps de faire un CAP d’ébénisterie, « mais j’ai finalement opté pour des études plus classiques, en faisant une maîtrise de science politique et un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) d’administration internationale », raconte-t-il. Après son service militaire, il part, au milieu des années 1990, travailler pour des ONG (Organisation Non Gouvernementale) en Bosnie, alors en proie à un conflit interethnique. « J’ai ensuite été recruté par le programme alimentaire mondiale de l’ONU avec qui j’ai travaillé pendant dixsept ans. » Il passera par l’Afrique des grands lacs, le Congo, les zones ravagées par des conflits et les catastrophes naturelles. Une carrière alors à des années-lumière de l’ébénisterie, et à plus forte raison, de l’horlogerie. Voyage dans le temps À 45 ans, « j’en ai eu assez, nous confie-t-il. Ce rêve d’adolescent m’est revenue en tête et je me suis dit que c’est maintenant ou jamais. » En 2016, il part s’installer en Suède, où il vit aujourd’hui avec sa femme. Il entame alors des études d’ébénisterie et repart de zéro. Un grand écart qui n’est finalement pas si inattendu. Guillaume Foliot Leprince

est un descendant de Nicolas-Quinibert Foliot, maître menuisier et fournisseur officiel du Roi à Versailles, au xviiie siècle. Il termine ses études et monte finalement sa société – Le Designer Clandestin –, travaillant avec un réseau d’artisans locaux d’ébénistes, de graphistes, ou encore de souffleurs de verre. « Je voulais réaliser quelque chose d’original. J’ai alors repensé à une vieille cave à liqueurs Napoléon III. Le style était lourd, chargé, mais il y avait toutes ces petites ouvertures à droite et à gauche… » Qu’à cela ne tienne ! Guillaume Foliot Leprince décide de « dépoussiérer » le concept et d’en proposer une réinterprétation contemporaine et sur mesure. Il envisage alors de les repenser à travers des variantes, en imaginant des projets plus personnels : bar-in-a-box (cave à liqueurs), coffrets à parfums, à bijoux, à accessoires, à montres... Une personnalisation totale « Je travaille sur la conception des boîtes et l’engagement client en lui offrant du sur-mesure. Quand nous entamons une réalisation, nous ouvrons un compte Instagram dédié et le client peut suivre la production de sa boîte et y apporter des modifications en direct s’il le souhaite. » Par exemple, choisir l’essence de bois, le type de cuir, les verreries, les décorations, les incrustations, les cachettes à double fond, les serrures et autres options… Les variantes sont infinies.


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LES PIÈCES RÉALISÉES PAR LE DESIGNER CLANDESTIN SONT PRÉSENTÉES COMME ÉTHIQUES ET DURABLES. « CHEZ DESIGNER CLANDESTIN, NOUS CROYONS QUE LES VRAIS PRODUITS DE LUXE SONT PAR DÉFINITION DURABLES : ILS DEMANDENT SOIN, CRÉATIVITÉ ET DESIGN, ILS DOIVENT ÊTRE FABRIQUÉS À PARTIR DE MATÉRIAUX D’EXCEPTION ET DE SOURCES JUDICIEUSES, ET ILS SONT CONSTRUITS POUR DURER », PEUT-ON LIRE SUR LE SITE DE L’ATELIER. CHAQUE PIÈCE EST CONÇUE LOCALEMENT, EN SUÈDE, ET FABRIQUÉE SELON LES NORMES ENVIRONNEMENTALES LES PLUS STRICTES, INDIQUE LA SOCIÉTÉ DANS UN COMMUNIQUÉ. LES BOIS UTILISÉS SONT CERTIFIÉS ET LABÉLISÉS PEFC 5 (UNE CERTIFICATION FORESTIÈRE PRIVÉE QUI PROMEUT LA GESTION DURABLE DES FORÊTS). L’ÉQUIPE SE DIT AUSSI ATTACHÉE AUX OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD) DES NATIONS UNIES, QUI DÉFINISSENT UN PROGRAMME AFIN DE PARVENIR À UNE SOCIÉTÉ PROSPÈRE, INCLUSIVE ET DURABLE À HORIZON 2030. LES 17 ODD ONT ÉTÉ ADOPTÉS PAR 193 ÉTATS AUX NATIONS UNIES EN SEPTEMBRE 2015.


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Sa clientèle ? Principalement de grandes fortunes venues d’Asie, du Moyen-Orient, ou encore des Etats-Unis. À 10 000 euros pièce, c’est effectivement un objet de luxe. Et justement, c’est également une certaine idée du luxe que Guillaume Foliot Leprince souhaite véhiculer. Si le luxe d’aujourd’hui illustre sans aucun doute les savoir-faire, il regrette toutefois une « formatisation, une telle recherche du volume que l’on tombe dans l’uniformisation. On fait ce qui va plaire aux masses, sur la base de choses que l’on voit sur les réseaux sociaux. C’est dénaturer cette approche alternative qu’est celle de l’artisanat. » Ce qu’il recherche ? Retrouver la vraie valeur des choses. Et en premier lieu, le temps qui est consacré à chacune de ses créations. « Ce que je vends, c’est une expérience. C’est rapprocher le client de son objet. Nous dialoguons ensemble ! Avant même qu’elle soit terminée, une boîte a déjà son histoire. C’est cela qui est précieux et qui permet de prendre le contrepied de cette poursuite de la production à haute échelle qui dénature le luxe », développe-t-il. Et l’horlogerie dans tout ça ? Assurément, les garde-temps ont toute leur place dans ces boîtes. « Ces objets sont principalement réalisées pour des hommes qui, dans certains cas, veulent des compartiments ou des présentoirs pour y installer quelques instruments horlogers, en plus de leurs boutons de manchette, leur passeport, etc. » Il s’avère que ce sont les mêmes clients que la haute horlogerie, soit des catégories socioprofessionnelles plutôt favorisées et d’un certain âge. Guillaume Foliot Leprince est un familier du travail des Artisans de Genève. Un atelier

indépendant qui ne fabrique ni ne vend de montres, mais qui dispense un service de personnalisation de garde-temps à la demande de ses clients et en fonction de ses capacités. Une démarche assez semblable à la sienne, en somme. Mais ce qui rapproche son travail de l’horlogerie, c’est aussi la précision, l’intemporalité des compétences requises. « Les processus de fabrication des montres, tout comme les outils en atelier ont évolué. En revanche, les compétences en termes de conception et d’exécution, de réflexion en 3D, de minutie, restent les mêmes. C’est de l’artisanat d’exception ! » Une vision peut-être un brin romantique, mais « qui n’est pas du pipeau », insiste-t-il. « Nous travaillons (horloger et ébénistes, ndlr) avec des matériaux nobles. Et il y a ce lien. Celui que nos créations auront toujours de la valeur, même dans cinquante ans ! » Et pas forcément une valeur pécuniaire, ce peut être une valeur sentimentale. Guillaume se sent proche de la philosophie d’un Patek Philippe, sans doute la manufacture la plus prisée des collectionneurs, et qui a fait de la transmission familiale l’un des fers de lance de ses campagnes publicitaires. Et c’est cette philosophie qui a aiguillé Guillaume Foliot Leprince au moment de créer sa société. « Un meuble réalisé avec soin, avec de beaux matériaux, fait pour soi et pour durer des décennies, la descendance sera très heureuse d’en hériter », s’enthousiasme-t-il. À son sens, donner une dimension personnelle et chargée d’histoire à ce que l’on vend, c’est une manière de rouler à contresens de l’immédiateté, du volume, des algorithmes et autres suggestions d’achat par des machines. Plus qu’un produit, Guillaume Foliot Leprince propose une alternative.

Un travail d’exception qui réunit tout un réseau d’artisans locaux d’ébénistes, de graphistes, de souffleurs de verre… En haut, Guillaume Foliot Leprince en atelier.


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Contributeurs Vincent Daveau Ancien enseignant d’histoire-géographie fasciné par le temps et sa retranscription, il obtient son diplôme d’horloger rhabilleur avant de créer l’espace horloger du Bon Marché, à Paris. Journaliste spécialisé en horlogerie depuis quinze ans, il est également marin par passion. Joël Duval Son grand-père était réparateur en horlogerie pour les services de chronométrie de la SNCF. À 4 ans déjà, Joël Duval s’essayait à réparer secrètement les montres de poche confiées à son aïeul. Il a finalement opté pour raconter l’histoire de l’horlogerie sur des sites mais aussi, depuis plusieurs années, dans La Revue des Montres. Hervé Gallet Son métier de journaliste et ses passions l’ont amené à vivre nombre de moments intenses : rallyes automobiles, raids africains, séjour parmi des Indiens en forêt amazonienne, reportage à 300 mètres sous terre dans une mine de fer, etc. Collaborant avec La Revue des Montres et plusieurs autres magazines, il a également publié de nombreux livres (romans, biographies et documents). Constantin Pârvulescu Auteur prolifique avec plus de 50 livres publiés en dix ans, Constantin Pârvulescu est avant tout un passionné d’objets d’exception et un philosophe voyageur. Ecrivain, photographe, journaliste, luthier, mécanicien et amateurs de cigares, il tient sa passion des montres d’un grand-oncle horloger, auteur d’une pendule astronomique en cristal, et cultive un goût certain pour les montres militaires. Clark Zog Clark est le plus jeune journaliste de La Revue des montres. Passionné d’astrologie, d’histoire, de musique, de dessin et d’art en général, c’est la finesse, la précision, le savoir-faire qu’il aime dans toutes ces disciplines. Et c’est cette même maîtrise qu’il retrouve et apprécie dans l’horlogerie.


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