NUMÉRO 8 PRINTEMPS-ÉTÉ 2018 CHF 8.50
JEREMY MEEKS ÉLECTRISE LE VESTIAIRE MASCULIN
REBELLES
CHRISTIAN SLATER LA RENAISSANCE D’UN PARIA / PRESLEY GERBER UNE VOIE À SOI / YANN SOMMER NOTRE GARDIEN EN OR / ARMIE HAMMER LE FRANC-TIREUR / HUGH JACKMAN STRICTEMENT CONFIDENTIEL JEREMY MEEKS en DIOR HOMME avec une montre MONTBLANC LOFFICIEL.CH
KAPITEL
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PRESLEY’S CHOICE
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Boutiques OMEGA: Genève • Zürich • Luzern • Interlaken Bern • Crans-Montana • Zermatt Bürgenstock
L’OFFICIEL HOMMES SUISSE Printemps-Été · 2018
Publisher LES ÉDITIONS JALOU Editor-in-Chief MARC HUERLIMANN Editorial Direction LIVIA ZAFIRIOU Managing Editor MANOU STEIGER manou.steiger@lofficiel.ch Content Editor & Production Coordinator LENA STÄHELI French Senior Editor STÉPHANE BONVIN German Senior Editor BENJAMIN DUTOIT Die Orthografen GmbH Translation CARMEN BERGER FRANZISKA DENGLER EVA HÜBSCHER VÉNUSIA BERTIN Ace by Vénusia Bertin beanace.ch
Creative Director CHARLES BLUNIER Charles Blunier & Co. charlesblunier.com Art Director MARCO MÜLLER Graphic Design SILVIO DEMUTH Project Director SIMON TELLENBACH Project Manager LINDA FLURY Prepress ROMANSKY LIMACHER Editorial Assistant LAURA GANSNER Advertising Sales EVA FAVRE Affinity-Primemedia Ltd. e.favre@affinity-primemedia.ch +41 21 781 08 50
Ont participé à ce numéro Texte Y VONNE BACK NELL BERAM FÉLIX BESSON THOMAS BOROWSKI HÉLÈNE BRUNET-RIVAILLON ISABELLE CAMPONE MATTEO G. DALL’AVA ANNE GAFFIÉ JEAN-PASCAL GROSSO FRED HUBER JULIETTE MICHAUD JEANNE PROPECK WALTER RÜEGSEGGER LAURENT-DAVID SAMAMA JACK SUNNUCKS BERTRAND WALDBILLIG
LOFFICIEL.CH
Photographie SVEN BÄNZIGER OLIVIER BAPTISTE VINCENT DESAILLY FEDERICO FLORIANI MATTHIEU GADOIN WILLEM JASPERT JIM JORDAN CYRILL MATTER CAMERON MCNEE RANDALL MESDON Stylisme DANYL GENECIRAN PHILIPP JUNKER DAMESE SAVIDAN PAUL MAXIMILIAN SCHLOSSER PAUL SINCLAIRE JAMES SLEAFORD ROMAIN VALLOS
Grooming KAREN ALDER TRACI BARRETT RACHEL BREDY Art KID KREOL & BOOGIE
ADVERTISING Directrice Commerciale ANNE-MARIE DISEGNI a.mdisegni@jaloumediagroup.com
Directrice de la Publication et de la Rédaction MARIE-JOSÉ SUSSKIND-JALOU Rédactrice en Chef Mode VANESSA BELLUGEON
Directrices de Publicité CHRISTELLE MENTION c.mention@jaloumediagroup.com EMMANUELLE HERMANT e.hermant@jaloumediagroup.com
Présidents MARIE-JOSÉ JALOU & MAXIME JALOU
Chef de Publicité SARA SCHMITT s.schmitt@jaloumediagroup.com
CEO BENJAMIN EYMÈRE b.eymere@editionsjalou.com
Traffic Manager KARIM BELKACEM BENZEMA kb.benzema@jaloumediagroup.com Tel +33(0)153018830
Deputy CEO/COO MARIA CECILIA ANDRETTA mc.andretta@jaloumediagroup.com
EDITORIAL DIRECTION Editorial Director EMMANUEL RUBIN e.rubin@jaloumediagroup.com Director of Production JOUSHUA GLASGOW j.glasgow@jaloumediagroup.com International Editions JALOUSE, L’OPTIMUM, LA REVUE DES MONTRES, L’OFFICIEL VOYAGE, L’OFFICIEL 1000 MODÈLES, L’OFFICIEL HOMMES, L’OFFICIEL ART, L’OFFICIEL SHOPPING, L’OFFICIEL CHIRURGIE ESTHÉTIQUE, L’OFFICIEL ALLEMAGNE, L’OFFICIEL HOMMES ALLEMAGNE, L’OFFICIEL AUSTRALIE, L’OFFICIEL BRÉSIL, L’OFFICIEL HOMMES BRÉSIL, L’OFFICIEL CHINE, L’OFFICIEL HOMMES CHINE, L’OFFICIEL HOMMES CORÉE, LAREVUEDESMONTRESCORÉE,L’OFFICIEL ESPAGNE, L’OFFICIEL HOMMES ESPAGNE, L’OFFICIEL VOYAGE ESPAGNE, L’OFFICIEL ART ESPAGNE, L’OFFICIEL INDE, L’OFFICIEL INDONÉSIE, L’OFFICIEL ITALIE, L’OFFICIEL HOMMES ITALIE, L’OFFICIEL JAPON, L’OFFICIEL VOYAGE JAPON, L’OFFICIEL KAZAKHSTAN, L’OFFICIEL HOMMES KAZAKHSTAN, L’OFFICIEL LETTONIE, L’OFFICIEL LIBAN, L’OFFICIEL HOMMES LIBAN, L’OFFICIEL , LITUANIE, L’OFFICIELMALAISIE, L’OFFICIELMAROC, L’OFFICIEL HOMMES MAROC, L’OFFICIEL MEXIQUE, L’OFFICIEL MOYEN-ORIENT, L’OFFICIEL HOMMES MOYEN-ORIENT, L’OFFICIEL ART MOYENORIENT, L’OFFICIEL MYKONOS, L’OFFICIEL PAYS-BAS, L’OFFICIEL HOMMES PAYSBAS, L’OFFICIEL PHILIPPINES, L’OFFICIEL POLOGNE, L’OFFICIEL RUSSIE, L’OFFICIEL VOYAGE RUSSIE, L’OFFICIEL SINGAPOUR, L’OFFICIEL HOMMES SINGAPOUR, L’OFFICIEL ST BARTH, L’OFFICIEL SUISSE, L’OFFICIEL HOMMES SUISSE, L’OFFICIELTHAÏLANDE, L’OPTIMUM AÏLANDE,L’OFFICIELTURQUIE,L’OFFICIEL HOMMESTURQUIE,L’OFFICIELUKRAINE, L’OFFICIELHOMMESUKRAINE, L’OFFICIEL VIETNAM
Rédactrice en Chef MAGAZINE ADRIENNE RIBES-TIPHAINE
Assistant Director PASCALE SAVARY p.savary@jaloumediagroup.com
FINANCE AND ADMINISTRATION Director Finance & Administration THIERRY LEROY t.leroy@jaloumediagroup.com Chief Administrative Officer FRÉDÉRIC LESIOURD f.lesiourd@jaloumediagroup.com Human Resource Manager ÉMILIA ÉTIENNE e.etienne@jaloumediagroup.com Manager Accounting & Production ÉRIC BESSENIAN e.bessenian@jaloumediagroup.com Distribution Manager LAHCENE MEZOUAR l.mezouar@jaloumediagroup.com Account Manager NADIA HAOUAS n.haouas@jaloumediagroup.com
INTERNATIONAL AND MARKETING International Advertising Managers FLAVIA BENDA f.benda@jaloumediagroup.com EMANUELLE HERMANT e.hermant@jaloumediagroup.com International Editorial & Archive Manager NATHALIE IFRAH n.ifrah@jaloumediagroup.com ITALY International Director of Sales ANGELA MASIERO a.masiero@jaloumediagroup.com Senior International Advertising Manager CLAUDIA DELLA TORRE c.dellatorre@jaloumediagroup.com International Advertising Manager CARLOTTA TOMASONI c.tomasoni@jaloumediagroup.com Advertising Manager MONICA TRAINA m.traina@jaloumediagroup.com Distribution JEAN-FRANÇOIS CHARLIER jf.charlier@jaloumediagroup.com
PRODUCTION Printing Production Tracking and Paper Supply BY GROUP VALPACO 3 rue du Pont-des-Halles 94150 Rungis Photolithography CYMAGINA Legal Deposit N° de Commission paritaire 0318 K 80434– ISSN 0030.0403 Printed in EU/ Imprimé en UE Founders GEORGES LAURENT and ULLY JALOU (†)
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La liberté, c’est l’harmonie du cœur et de la raison
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Maserati Ghibli Diesel: consommation (cycle mixte): 5,9 l/100 km Équivalent essence: 6,7 l/100 km – Émissions de CO2: 158 g/km** – cat. énergétique E Émissions de CO2 dues à la production de carburant et/ou d’électricité: 26 g/km.
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SOMMAIRE
ENTRÉE
STYLE
2,4 Impressum 8 Éditorial 10 Contributeurs 239 Adresses
30 Le sport vintage 36 Air Force One – le cult vue pad ses adorateurs 44 Trainspotting – Irvine Welsh 47 Joe Alwyn 20 Blacklist, Part 01
NEWS 14 Jaeger-LeCoultre, un goût d’aventure 15 Courage et élégance 15 Paco Rabanne + XS = XXL 16 Montblanc – nomade et stylé 18 Marqué à vie 19 Gucci × Dapper Dan 20 Fan des 90’s 21 Le bureau du coworker 18 Ivres de gloire 24 The Ferrari Book – Passion for Design 26 L’univers de Lee Wood
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MONTRES 60 66 72 76
Suivre le mouvement L’ésprit d’équipe Shamballa – bijoux mystique Blacklist Part 2
PEOPLE 98 Appelons-le par son nom – Armie Hammer 106 Hugh Jackman et ses héros 110 Lara Gut – star sans éclipse
SOMMAIRE
112 Irish coffee – interview avec Colin Farell 114 Jake Gyllenhaal – vertiges de l’amour 118 Simon Waldvogel – «l’Amore ist nicht une chose for everybody» 122 Yann Sommer – un gardien en or 132 Blacklist, Part 03
190 L’autre route du rhum 192 Blacklist, Part 05 196 Slow-moving luminaries – Audemars Piguet 204 Le vrai génie de Star Wars 210 Chevauchée balkanique 214 Portfolio Phillipe Fragnière
MODE
AUTO
140 Coverstory – Purement Jeremy Meeks 150 Phoenix Slater 158 Toujours en mouvement 164 Presley Gerber 176 Blacklist, Part 04
228 Volvo Ocean Race – à cœur vaillant 234 L’élégance de la puissance – Ferrari Portofino 240 Last look – ce que disent les cartes
LIVING 184 Le mexique, futur express – Fernando Romero
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ÉDITORIAL
COMME UN CRI DE REBELLION
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Je suis particulièrement fier de vous présenter la première édition de L’OFFICIEL HOMMES Suisse de cette année 2018. Après notre spécial «Over The Edge» de l’automne dernier, nous avons consacré ce numéro au thème de la rébellion. Les rebelles, ou en tout cas les figures de la rébellion, ont toujours inspiré notre quotidien. Dans les domaines qui nous passionnent, ils ont par exemple développé de nouvelles formes de design, défriché des voies artistiques en dehors des sentiers esthétiques battus, voire mené des modes de vie complètement différents des nôtres. Et ils en font un combat. Quels sont ces hommes qui nous impressionnent, ces marques qui nous influencent? Est-ce leur fraîcheur, leur volonté d’être différent ou leur courage qui nous marquent et qui nous fascinent chez eux? Pour ce premier numéro de l’année, L’OFFICIEL HOMMES Suisse est parti à la chasse aux figures rebelles et a quelques belles découvertes à vous proposer. A commencer par l’homme qui est en couverture de notre magazine, qui n’est autre que Jeremy Meeks, modèle aux traits de rebelle indompté, avec qui nous avons réalisé un shooting photo pour Montblanc. Nous vous présenterons ensuite l’artiste et activiste Lars Jan, qui a stupéfié le public d’Art Basel Miami avec son œuvre «Slow-Moving Luminaries» pour Audemars Piguet. Ensuite, nous embarquerons avec les rebelles de la voile qui risquent leur vie lors de la régate Volvo Ocean Race. Vous trouverez également des interviews des acteurs stars Hugh Jackman et Collin Farell, qui font tous les deux parties des «rebelles» d’Hollywood. Enfin, comme dans chaque numéro, vous retrouverez les dernières actualités en matière de mode et de lifestyle. Ainsi que l’histoire des fameux modèles Nike «Air Force One».
NUMÉRO 8 PRINTEMPS-ÉTÉ 2018 CHF 8.50
Ces images et ces histoires exalteront-elles la part de rebellion que vous portez en vous?
JEREMY MEEKS ÉLECTRISE LE VESTIAIRE MASCULIN.
Je le souhaite sincèrement.
Marc Huerlimann Editor in Chief
REBELLES
CHRISTIAN SLATER LA RENAISSANCE D’UN PARIA / PRESLEY GERBER UNE VOIE À SOI / YANN SOMMER NOTRE GARDIEN EN OR / ARMIE HAMMER LE FRANC-TIREUR / HUGH JACKMAN STRICTEMENT CONFIDENTIEL JEREMY MEEKS en DIOR HOMME avec une montre MONTBLANC LOFFICIEL.CH
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Mannequin JEREMY MEEKS Photographie JIM JORDAN Stylisme DANYL GENECIRAN
PREMIÈRE DU GENRE. LA NOUVELLE VOLVO XC40. DÉCOUVRIR MAINTENANT SUR VOLVOCARS.CH/XC40
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Volvo Swiss Premium ® avec service gratuit pendant 10 ans/150 000 kilomètres, garantie constructeur pendant 5 ans/150 000 kilomètres et réparations pour cause d’usure pendant 3 ans/150 000 kilomètres (au premier des termes échus). Valable chez les concessionnaires participants. Le modèle présenté dispose évent. d’options proposées contre supplément.
CONTRIBUTEURS CREATIVE DIRECTION CHARLES BLUNIER & CO. DESIGN
Richard Avedon, Christo et Jeanne Claude, Ed Ruscha, Oliver Stone, Marco Grob ou encore les Daft Punk comptent parmi leurs nombreux partenaires. Charles Blunier & Co., Creative Direction est un studio de design basé à Zurich, spécialisé dans la communication artistique et l’expérience client, en versions imprimée et numérique. Pour la plupart de leurs projets, les créatifs de l’agence travaillent avec des talents de renommée mondiale des domaines de la photographie, de la réalisation, de l’illustration ou du journalisme, portant ainsi leur savoir-faire au plus haut niveau sous la direction passionnée et créative du fondateur de l’agence, Charles Blunier. En 25 ans, ce dernier s’est fait un nom parmi les meilleurs directeurs artistiques ou de création, recevant plus 150 récompenses entre New York, Londres et Paris. La preuve sous vos yeux puisque c’est Charles Blunier & Co. qui s’est chargé de la direction artistique du numéro. CHARLESBLUNIER.COM
SVEN BÄNZIGER PHOTOGRAPHE
Originaire d’Appenzell, Sven Bänziger a terminé sa formation en photographie au milieu des années 90 à Zurich. A son nom, on visualise immédiatement une esthétique profondément contemporaine. Et sa signature sonne comme un concept! Sven travaille pour des magazines ainsi que pour des marques comme Lanvin, Aubade, Le Bon Marché, Moncler – entre autres. Ses œuvres lui ont permis de remporter diverses récompenses, dont deux fois le prix du Meilleur photographe de mode de Suisse. Outre des photos qui relèvent de la création, Bänziger réalise des portraits d’acteurs, de musiciens et de sportifs, comme John Travolta, Jeremy Irons, James McAvoy, Juliette Binoche, Rafael Nadal etc. Tout cela parfois dans l’urgence – il lui est arrivé de réaliser 20 portraits en une demi-heure. Pour L’OFFICIEL HOMMES Suisse, Sven Bänziger a photographié Ambroise Mendy. A découvrir à partir de la page 158. SVENBAENZIGER.COM
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22 – 27 mars 2018 Bâle – Suisse
Au cœur des
tendances naissantes capacité à réunir sous un même toit les marques les plus prestigieuses, les médias les plus influents et les acheteurs les plus importants de ce secteur. Baselworld: The Premiere Show. Venez admirer en avant-première les dernières créations et soyez au cœur des tendances naissantes! BASELWO RL D.CO M
Découvrez en avant-première les innovations et créations des marques horlogères et bijoutières les plus réputées et les plus prestigieuses au monde. A partir du 22 mars, les marques les plus réputées de la branche se réuniront pendant six jours à Baselworld afin de dévoiler au monde entier les tendances de l’année 2018. Cet événement se distingue par sa
CONTRIBUTEURS
KID KREOL & BOOGIE ARTISTE
Avec leurs illustrations reconnaissables entre toutes, les artistes KID KREOL & BOOGIE marquent cette édition de L’OFFICIEL HOMMES Suisse de leur imaginaire créole. Leur culture visuelle puise ses racines dans les pratiques visuelles de l’océan Indien et dans les croyances populaires de la région. Pour leurs projets, ces deux-là se laissent directement inspirer par les rites et les légendes de cette culture animiste, confrontant ainsi l’ancestral et le contemporain, le réel et l’imaginaire. Et la poésie de se faire alors image.
PHOTOS DR
KIDKREOL-AND-BOOGIE.TUMBLR.COM
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NE WS 14–27
KID KREOL & BOOGIE Untitled, «Universe Man», 60 × 40 cm, encre sur papier, 2014, © Opus Art Gallery
NEWS
JAEGER-LECOULTRE, UN GOÛT D’AVENTURE
La «Memovox Polaris» a valu un grand succès à JaegerLeCoultre en 1968. La marque revient aujourd’hui au modèle de légende qu’elle réinterprète pour correspondre aux besoins de l’homme moderne. La collection «JaegerLeCoultre Polaris» comprend cinq modèles sportifs et élégants auxquels quelques détails bien choisis confèrent une touche vintage. L’un d’entre eux est un hommage au 50ème anniversaire de la «Memovox Polaris» dont seule une édition limitée sera disponible. Outre le cadran au design inspiré par le modèle classique, les montres possèdent un bracelet métallique à trois maillons particulièrement ergo-nomique pour un confort optimal. Il peut être remplacé par un bracelet en alligator ou en veau, ce dernier étant disponible en version plus claire ou plus foncée. Avec ce choix de modèles et cette souplesse d’adaptation, le porteur d’une «Jaeger-LeCoultre Polaris» est paré pour toutes les aventures modernes. Prix des modèles entre CHF 7050 à CHF 25 800. En vente dès le 1er avril, en boutique et en ligne.
JAEGER-LECOULTRE.COM
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PHOTOS DR
Par LAURA GANSNER
NEWS
COURAGE ET ÉLÉGANCE La montre sport «RM 53-01 Tourbillon» est le nouveau chef-d’œuvre de la manufacture du Jura, né de la rencontre de Pablo Mac Donough, l’un des meilleurs joueurs de polo au monde. Un sport connu pour son élégance, mais aussi pour ses défis extrêmes. Richard Mille s’en est inspiré pour créer un modèle qui réunit ces contraires. Une montre de grande noblesse est donc née, dont le mouvement suspendu par un câble filigrane est protégé par un double verre saphir et un boîtier en carbone TPT. Un modèle pour entrer dans l’action du jeu sans rien avoir à craindre. Et toujours garder un œil sur le temps. La «RM 53-01 Pablo Mac Donough» convaincra ses nouveaux adeptes par son côté fonctionnel sportif et par une note futuriste. RICHARDMILLE.COM
Modèle «RM 53-01 Pablo Mac Donough», édition limitée à 30 exemplaires en carbone TPT. Prix sur demande.
PACO RABANNE + XS = XXL Avec sa façon de se ficher des conventions et son sens bien dosé de l’ironie, la marque Paco Rabanne prend plus que jamais le pouls de l’époque. Comme «1 Million» et «Invictus» avant lui, le nouveau « Pure XS » désobéit aux normes et célèbre l’imagination. Un oriental aux effluves de passion et d’érotisme qui passe de la fraîcheur explosive au feu le plus trépidant. Avec son avant-goût de gingembre, «Pure XS» fait monter la tension jusqu’à l’explosion – sombre vanille et myrrhe brûlante. Le tout arrondi par une note sensuelle de cannelle et complété par la stimulation du thym. Une délicieuse aventure parfumée. PACOR ABANNE.COM
Paco Rabanne « Pure XS », 50 ml, CHF 80. Paco Rabanne « Pure XS », 100 ml, CHF 110.
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NEWS
Étui à passeport et différents porte-monnaie de la collection «1962 Montblanc Heritage».
NOMADE ET STYLÉ Vous souhaitez voyager en affirmant votre style tout en relevant les défis de la vie urbaine? Montblanc a lancé l’année dernière la collection «1926 Montblanc Heritage» composée de plusieurs articles cuir, pour être parfaitement équipé. De la serviette au simple sac de voyage ou au porte-passeport, la gamme est complète et chacun y trouve son bonheur. Les sacs et porte-documents sont taillés dans un cuir à tannage végétal qui lui conserve son caractère naturel et ses nuances dans toute leur variété. Les peaux sont associées à une doublure rouge pour un effet contemporain plein de charme. Et pourquoi ce chiffre de 1926? Pour célébrer la tradition du cuir de la maison, née en 1926. Montblanc réussit ainsi le grand écart entre audace renouvelée et tradition affirmée. MONTBL ANC.COM
Sacs à dos de la collection «1962 Montblanc Heritage».
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NEWS
Le cuir végétal tanné durant la phase de traitement.
Aperçu du traitement du cuir en Toscane.
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NEWS
À l’heure où A$AP Rocky signe sa 8e collaboration avec une marque premium, on est en droit de se demander si toute cette agitation est bien raisonnable...
MARQUÉ À VIE Mais qu’est-ce qui plaît tant aux maisons de luxe chez le rappeur newyorkais? Saison après saison, il enchaîne les contrats avec les plus grands, en tant qu’égérie ou designer. Dernier client en date, Calvin Klein, rien que ça, pour les lignes Underwear et Jeans. Et en plus, cette fois-ci, il s’est déplacé avec les membres de son collectif hip-hop. CURRICULUM VITAE De son vrai nom Rakim Mayers, 29 ans. Cet enfant du Harlem des années 90, pur produit streetwear, est passé comme par miracle du deal de crack au deal record de 3 millions de dollars signé avec Sony Music en 2011. Rappeur,
compositeur, producteur, réalisateur et acteur de ses clips, il lance sa marque éponyme en 2013 et signe un an après un contrat de représentation mondiale avec l’agence William Morris Endeavor. POIDS SUR LA BALANCE Classé en 13e position des 20 plus grosses fortunes du hip-hop avec 13 millions de dollars engrangés en 2016, selon le magazine «Forbes». ESPRIT DE CLAN Il ouvre la voie à deux autres «grandes» familles américaines venant compléter cette campagne #MYCALVINS: les enfants Crawford-Gerber, et la tribu Kar-
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dashian au grand complet, attendue comme le messie. Affaire à suivre... SON TABLEAU DE CHASSE Dior Homme (Été 2017), Guess (hiver 2016 + Été 2017), Donna Karan (Été 2014), Mercedes (mars 2017), Zalando (Été 2017), Adidas (Été 2015), Alexander Wang (Hiver 2015), Calvin Klein (Été 2018). EXTRA BONUS Ces cinq dernières années, il a tombé successivement la rappeuse et top Iggy Azaela, l’actrice et top Chanel Iman, la starlette Tahiry Jose et l’actrice et top Kendall Jenner.
NEWS L’idée? Que le meilleur du «made in Italy» du XXIe siècle rencontre le meilleur du «made in Harlem» du XXe siècle. Une association de bienfaiteurs à la pointe de l’actualité, et qui ne doit rien au hasard.
Photographie RENELL MEDRANO
GUCCI X DAPPER DAN
INSOUCIANTES ANNÉES 90 Incroyable destinée que celle de Dapper Dan, créateur afro-américain dont le style a marqué le New York underground de la grande époque. Run DMC, LL Cool J... tous les happy few venaient se faire tailler un costume dans son atelier de Harlem, chez celui qui copiait un peu trop bien le style européen. Accusé de plagiat, endetté jusqu’au cou – «Tout le monde rendait hommage à Dapper Dan, mais personne ne le payait jamais», aime-t-il à rappeler – il ferme définitivement sa boutique en 1992. S’ensuit une longue période d’anonymat... jusqu’à ce que tout bascule à nouveau pour lui en mai 2017.
L’OBJET DE LA DISCORDE Lorsqu’il présente sa collection «Gucci Cruise» à Florence au printemps dernier, Alessandro Michele, directeur de création de la marque italienne, est loin d’imaginer que l’un des looks qu’il propose va chambouler le programme stratégique et commercial de la saison. Très inspirée par une ancienne création de Dan Dapper, une silhouette est vite identifiée par la styliste et collectionneuse américaine Jordan Page. Reprise sur les réseaux sociaux, la rumeur au parfum de scandale fait le tour de la planète mode. Mais il en fallait plus pour déstabiliser l’une des maisons de luxe les plus performantes du moment, qui va faire de ce moment d’infortune l’un de ses plus beaux coups de com’ de l’année.
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LE RÉSULTAT Dapper Dan a été propulsé égérie de la dernière campagne pub «Men’s Tailoring» de Gucci... et la maison italienne lui a proposé de relancer son atelier de création à Harlem, vingt-cinq ans après, sur Lenox Avenue. Quelque 4 700 m2 installés dans un hôtel particulier néo-Renaissance, où il offre le meilleur de Dapper Dan of Harlem, un sur-mesure au parfum de légende, rehaussé d’une valeur ajoutée indéniable: des matières signées Gucci (tissus, patchs brodés...), des créations exclusives livrées avec certificat d’authenticité. Enfin, une collection capsule estampillée «Gucci x Dapper Dan» est annoncée pour l’automne et sera disponible dans les boutiques Gucci du monde entier. La recette idéale pour plaire à la jeune génération.
NEWS
FAN DES 90’S
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Bracelet, LOUIS VUITTON.
2 Surligneur Boss Original, STABILO. 3 Cadenas connecté argent, NOKE chez THE CONRAN SHOP.
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4 Porte-cartes, LOUIS VUITTON.
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5 Set multi-outils, KIKKERLAND.
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6 Briquet noir, CARHARTT WIP. 7 Pendentif multi-outils, OFF-WHITE.
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8 Badge, OFF-WHITE. 5
9 Lunettes de soleil, RETROSUPERFUTURE.
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10 Porte-clés soldat de plomb, MAISON MARGIELA.
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11 Mini-disc vierge vintage. 12 Porte-clés, LOUIS VUITTON. 13 Bracelet, CAPUTO & CO.
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14 Porte-clés, CARHARTT WIP.
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À gauche: De gauche à droite et de haut en bas. Lampe de bureau, Type 75 «Mini Metallic», design KENNETH GRANGE chez THE CONRAN SHOP. Set multi-outils, KIKKERLAND. Étal à crayons, design ÉLISE GABRIEL pour L’ATELIER D’EXERCICES. Sac à dos, AMI. Derbys en cuir brossé, EMPORIO ARMANI.
Ci-dessous: De gauche à droite et de haut en bas. Tirelire en céramique, CARHARTT WIP. Porte-crayons, design LILI GAYMAN pour L’ATELIER D’EXERCICES. Sac à dos imprimé «François Bard», DIOR HOMME. Chaise pliante «Macadam», HABITAT. Clé issue du set «Bamford Watch Department» sur MR PORTER. Sneakers «Cloudbust», PRADA.
Stylisme ROMAIN VALLOS Photographie FLORENT TANET
LE BUREAU DU COWORKER De la première «hackerplace» berlinoise aux open space californiens, le bureau partagé n’est plus un concept comme dans les années 90 mais une réalité pour les travailleurs indépendants. Royaume du tréteau, paradis de la collab’, la grande communauté mode lui doit beaucoup. Ikea aussi.
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IVRES DE GLOIRE
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1 LE CHAMPAGNE JAY-Z Dans les années 2000, Jay-Z boit du champagne Roederer, comme beaucoup de stars du hip-hop. Jusqu’au jour où il découvre, dans «The Economist», que l’un des dirigeants de la maison regrette pour son image le succès de la marque auprès des rappeurs. Hors de lui, la star se met en quête de son propre champagne. En 2006, il rachète la marque Armand de Brignac, produite par la maison Cattier à Chigny-les-Roses, dans la Marne. Il met Courrèges sur le coup pour le design d’une bouteille (plaquée or, s’il vous plaît) ornée d’un as de pique. On la voit dans son clip «Show Me What You Got». Prix moyen: 300 euros tout de même. 2 LE ROSÉ BRANGELINA Le domaine de Miraval a été acheté 45 millions d’euros par feu le couple Brad Pitt et Angelina Jolie en 2011, après qu’il y a séjourné plusieurs fois. C’est là
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que les deux acteurs se sont mariés en 2014. Ils ont décidé de conserver la copropriété du domaine malgré leur divorce. Le domaine de 600 hectares comprend un château provençal du XVIIe siècle, 30 hectares de vignoble (pour une production annuelle de 100 000 bouteilles), une pinède, une oliveraie, etc. Pour l’exploitation des vignes, les Brangelina se sont associés au viticulteur français Marc Perrin. Deux AOC y sont produites: des Côtes-de-Provence et des Côteaux-varois-en-Provence. Sur les bouteilles du dernier millésime, on peut lire: «Mis en bouteille par Pitt, Jolie et Perrin». Classe.
en Californie. Les vins (12 millions de bouteilles) y sont produits à partir de raisins achetés dans les environs.
3 LA WINERY FRANCIS FORD COPPOLA En plus des vignes qu’il a acquises à Inglenook, dans la Napa Valley, en 1978 (105 hectares actuellement), Francis Ford Coppola a ouvert, en 2006, un site de production de vins («winery») à Geyserville, dans le comté de Sonoma,
5 LA BIÈRE S+ARCK À l’été 2017, le designer Philippe Starck s’est associé avec la brasserie Olt, dans la vallée de l’Aubrac, pour créer une bière blonde artisanale bio, ni filtrée, ni pasteurisée, sans additif, ni colorant, ni conservateur. Cette bière aveyronnaise d’inspiration India Pale Ale au faible
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4 LES VINS DE SÉBASTIEN CHABAL L’ancien joueur du XV de France a lancé une gamme de trois vins sous son nom, élaborés près d’Avignon, avec la cave du Cellier des Chartreux, cet automne 2017. Ils se nomment «Avec l’art et la manière» (Côtes-du-Rhône), «Je résiste à tout sauf à la tentation» (blanc), «Une petite cuvée au poil» (rosé). Une production de 120 000 bouteilles. Pour commencer...
NEWS
Aussi glam’ que d’avoir son étoile sur le Walk of Fame, associer son nom à un domaine viticole ou à une marque de spiritueux est devenu le passage obligé des sommités de Hollywood ou d’Europe. La preuve par ces 10 élixirs de stars.
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taux d’alcool (5,2°) est fabriquée dans une verrerie ouvrière à Albi. Quelques privilégiés peuvent la siroter à l’hôtel Costes, au Meurice ou dans les salons La Première d’Air France.
mement discret sur ses activités là-bas. Selon certaines sources, leur vin ne serait pas commercialisé, mais uniquement destiné à leur consommation et à leurs amis.
6 LE VIN ACTION BRONSON Vin naturel, sans sulfites ajoutés, créé par le rappeur américain Action Bronson et le vigneron français Patrick Bouju, l’été 2017. Ce vin, baptisé À la natural, est issu d’un assemblage de gamay, pinot noir et syrah certifiés bio. Pour cette édition limitée à 2 000 bouteilles, le packaging a été confié à l’agence française Phamily First, qui a fait appel au typographe Tyrsa et à l’illustrateur Yué Wu.
8 LA TEQUILA CLOONEY En 2013, George Clooney créait au Mexique la marque de tequila Casamigos avec ses amis hommes d’affaires Rande Gerber et Mike Meldman. Avec des bouteilles vendues autour de 50 euros, la croissance de la société a fait un bond de 50% entre 2015 et 2017. Au cours de l’été 2017, les trois associés ont revendu leur poule aux œufs d’or pour la modique somme d’un milliard de dollars à l’entreprise britannique Diageo, spécialisée dans les spiritueux. Aïe tequila!
7 LE VIN SECRET DES BECKHAM En 2008, David Beckham offrait une propriété viticole dans la célèbre Napa Valley, en Californie, à sa femme Victoria. Depuis, le couple est resté extrê-
9 LE «SANGUE D’ORO» DE CAROLE BOUQUET En 2005, Carole Bouquet a investi dans un élevage de muscat sur l’île de Pan-
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telleria, entre la Sicile et la Tunisie. Le célèbre raisin zibibbo (ou Moscato di Pantelleria), qui fait la renommée de ce vin, est cueilli à la main. Le fruit de la passion de l’actrice, baptisé «Sangue d’Oro», est commercialisé aux quatre coins du monde avec une étiquette mentionnant son nom. Comptez 69 euros pour une bouteille de la cuvée 2014. 10 LES VINS DE GÉRARD DEPARDIEU Ce vignoble de 100 hectares, dans la vallée de la Loire, est la propriété de Gérard Depardieu depuis 1989. Chaque année, plusieurs centaines de milliers de bouteilles de vin (rouges, blancs et rosés) en sortent. L’acteur possèderait, en outre, des domaines dans le Médoc (Château Gadet), à Saint-Émilion (Château de Mussac), en Bourgogne et dans l’Hérault. Et même un peu partout dans le monde: en Italie, en Europe de l’Est, au Maghreb et en Amérique du Sud.
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La F40 fut le dernier modèle à voir le jour sous l’étroite surveillance d’Enzo Ferrari qui put encore assiser en personne assister en personne à la première mondiale.
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THE FERRARI BOOK – PASSION FOR DESIGN
L’an dernier, Ferrari a fêté ses 70 ans. L’occasion pour la marque automobile la plus légendaire du monde de sortir un livre photo exclusif, «The Ferrari Book – Passion for Design», riche de plus de 400 pages. Conçu et dessiné par le directeur de création zurichois Charles Blunier, cet album exceptionnel a été réalisé en collaboration avec le photographe Michel Zumbrunn et le fameux écrivain Jürgen Lewandowski, avant d’être publié par la maison d’édition allemande teNeues.
provoque autant d’émotions que celles de la marque au cheval cabré… «La plupart des livres de voitures traitent de Ferrari, rappelle Charles Blunier. Le défi consistait donc à concevoir un livre anniversaire vraiment extraordinaire, qui mette en valeur le design fascinant de ces véhicules». Des stars de la branche, des designers de la marque et bien d’autres représentants internationaux y prennent la parole, parmi eux le fameux carrossier Sergio Scaglietti et le designer italien Flavio Manzoni.
Parce que le mythe n’a pas pris une ride. Parce qu’aucune autre voiture ne
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«The Ferrari Book – Passion For Design», de Michel Zumbrunn, Charles Blunier et Jürgen Lewandowski, paru chez teNeues, CHF 150.
NEWS Aussi italien d’adoption (il a passé 16 années chez Versace) qu’il est anglais de naissance, Lee Wood, 45 ans, a les qualités de ses deux patries. Créatif et… pragmatique, le directeur artistique de Dirk Bikkembergs a puisé le meilleur dans les archives de la marque, en insistant sur le côté authentique et fonctionnel des vêtements, dans un esprit workwear actuel. Rencontre dans son bureau, à Milan.
L’UNIVERS DE… LEE WOOD
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1 SON AMBIANCE DE TRAVAIL Blanche comme une page à remplir. UN ARTISTE QUI L’INSPIRE Picasso, pour la dynamique du trait, l’audace des gestes, l’épaisseur des contours… De l’excitation pure! 2 SON LIVRE FÉTICHE «Le Parfum», de Patrick Süskind. Lee Wood: «J'avais 20 ans quand je l’ai lu, mais il a marqué à jamais ma façon de percevoir les choses». 3 SON FAUTEUIL Dans lequel il ne s’assied presque jamais, car il est «toujours de passage». 4 SON STYLO IDÉAL «Des Bic Biro, on n’a jamais fait mieux!» 5 UNE PHOTO DE RÉFÉRENCE Cette œuvre de la série «Infra», du photographe Richard Mosse, dont les paysages technicolor sont «une invitation à la réflexion».
SA MONTRE Impossible pour lui de porter quoi que ce soit aux mains. Son iPhone lui donne l’heure. 6 SON MOODBOARD Utopie radicale, brutalisme, architecture environnementale. Pour une fonctionnalité à toute épreuve, mais sans excès. SES CHAUSSURES Ses bottes Dirk Bikkembergs, réédition d’un modèle d’archives, qu’il ne quitte jamais. 7 UN CROQUIS Celui d’un imper technique de la collection Automne-Hiver 2017/18. LA VUE DE SON BUREAU «Je l’adore!», commente Lee Wood. «Pour sa rudesse et ses lignes… et le point de vue sur la société de surveillance CCTV! Brut et neutre à souhait. Ça pourrait être partout dans le monde.»
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SON CATERING IDÉAL Une salade pour le déjeuner. Ici, thon, salade et noix. Sain, léger, protéiné. 8 SON BUREAU Pratique avant tout, support (matériellement incarné) de l’idée qu’il faut aller à l’essentiel et vivre avec son temps. Comme ses créations donc, mais en un peu moins bien rangé. 9 UNE RÉFÉRENCE ARCHITECTURALE «La cage d’escalier du Whitney Museum de Madison Avenue à New York, de Marcel Breuer. Tout me plaît: les lignes, les couleurs, les textures… Quand je m’y pose, j’imagine en silence ma future maison.» SES SOURCES D’INFORMATION Sur son smartphone, dès le réveil, les alertes de «Business Of Fashion», suivies des BBC news au café du coin.
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KID KREOL & BOOGIE Untitled, «Silencer», 42 × 30 cm, encre sur papier, 2015
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BALENCIAGA, collection Printemps-Été 2018.
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STYLE Sport & Vintage. L’obsession du moment en mode masculine. Un engouement certes pas nouveau, mais exponentiel. Survêtement en nylon, dhoodies et sweats zippés en coton molletonné, logos, bande-côtes… On ne compte plus les références aux codes sportswear des années 80-90. Par ANNE GAFFIÉ et FÉLIX BESSON
LE SPORT VINTAGE, NOUVELLE DISCIPLINE OFFICIELLE
PHOTOGRAPHE Florent Tanet / PHOTOS DR
Ces derniers temps, on a observé un intérêt certain pour la bulle «nineties», petite fenêtre de tir coincée entre le rétro d’après-guerre et la haute technologie d’avant-hier. Une décennie qui séduit particulièrement la jeune génération, trouvant sans doute dans le fait de ne pas l’avoir vécue une saveur terriblement exotique, jusqu’à en forcer volontairement le trait. Le sport vintage inspiré des a nnées 90 dicte les dernières tendances, influençant jusqu’aux maisons de luxe qui en usent comme jamais, de collaborations en best-sellers. Une surenchère qui pèse lourd dans la balance et qui doit son succès à une géostratégie très complexe. Un décryptage s’imposait pour mieux comprendre le phénomène… voire bien le porter.
imons qui, dès 2008, éditait ces cirés empruntés aux S vestiaires des cours d’EPS et autres baskets surdimensionnées, premières références absolues en la matière. Suivi de près, l’année suivante, par le jeune Russe Gosha Rubchinskiy dont la troisième collection présentée à Londres était entièrement composée de pièces sportswear, inspirée du style de rue de la jeunesse moscovite de l’ère post-URSS. Un électrochoc pour les plus vieux, une révélation pour les plus jeunes, confirmée lors de la saison Automne-Hiver 2015/16 par la collection de Demna Gvasalia pour le label Vetements, dont l’art de détourner et de se réapproprier les codes classiques, toujours à la limite de la provocation, ouvre à la réflexion, à la discussion, au débat, et même à l’exaltation! Demna, que l’on revoit aussi chez Balenciaga. Balenciaga où l’on retrouve LES baskets oversize de la saison. Il n’en fallait pas plus pour que le Géorgien que tout le monde s’arrache devienne le chouchou d’une jeune génération en quête de sensations fortes (et qui, en 2025, devrait représenter 45% du marché mondial du luxe), entraînant dans sa course non seulement de nouvelles marques, mais aussi les maisons de luxe, et même les équipementiers. La puissance du phénomène devant beaucoup à sa globalité, c’est assez rare pour être souligné.
ÉTAT DES LIEUX Les marchés du sportswear et du streetwear ne se sont jamais aussi bien portés. Dans leur globalité, les ventes du secteur que les Anglo-Saxons appellent l’athleisure (contraction d’athlétisme et de loisir) atteignaient en 2016 les 46 milliards de dollars. Et les experts en prévoient deux fois plus encore d’ici 2020, dans une conjoncture pourtant difficile. Avec, dans cette bulle, un réel enthousiasme pour ce que l’on appelle presque scientifiquement (religieusement?) le rétro ou le vintage. Le survêtement en nylon, dit track suit; les hoodies et sweats zippés en coton molletonné; les logos, les bande-côtes... On ne compte plus les références aux codes sportswear des années 80-90.
LES CATALYSEURS Les maisons de luxe ont vite compris l’intérêt stratégique et commercial de suivre cette tendance (pourtant très éloignée de leur ADN pour certaines), et donc d’attirer tous les jeunes consommateurs qui vont avec, noyau dur de leur future clientèle. Avec le postulat que ces derniers ont le pouvoir d’achat pour s’offrir ces produits: si la grande majorité d’entre eux font socialement partie du haut du panier, reste une proportion conséquente et surprenante d’accros capables de passer l’intégralité de leur salaire dans une paire de baskets «Triple S» de Balenciaga (CHF 750 quand même). Autre maison de luxe qui a rapi-
LES PIONNIERS Certains voudraient que le phénomène soit né de l’improbable rencontre entre le collectif Vetements, créé fin 2014, et cette nouvelle génération dite des millennials, tous deux obnubilés par la nostalgie nineties, qu’ils remettent au goût du jour à coup de rééditions et, mieux encore, de réinterprétations. Mais ce serait oublier, et donc ne pas rendre justice, au grand instigateur du culte, Raf
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STYLE dement trouvé sa place au cœur du système, Gucci, pour laquelle son directeur de création Alessandro Michele a su proposer nombre de pièces devenues des références, principalement à coup de logos, de customisation, de DIY (Do It Yourself ) et surtout de second degré. Pour toutes ces marques, imaginer les bons produits, ceux qui vont devenir des must-have en moins de temps qu’il ne faut pour les commander, est devenu ces derniers temps l’unique nerf de la guerre, loin devant les stratégies marketing pour les faire connaître du grand public. Ici, tout est affaire de rapidité et de réseau, le circuit classique semble désormais obsolète, laissant place à un marché parallèle réservé aux initiés, déjouant les listes d’attente et les ruptures de stock (qui existent désormais avant même que le produit ne soit mis en vente!).
Supreme lors de la dernière saison Automne-Hiver, l’avait bien vu venir. Quant à la maison italienne Valentino, elle impose pour l’été prochain un volte-face radical et téméraire en proposant un nouveau vestiaire masculin totalement repensé pour les millennials, logo VLTN en tête, et elle ne s’en cache même pas. La collection intersaison dite Resort propose donc un tapis de yoga et un ballon de basket-ball estampillés des quatre lettres. Bref, le monde du luxe n’est pas en reste dans cette course au sportswear, que l’on piste jusque dans les institutions les plus imprenables: Berluti, Hermès, Bottega Veneta, Ermenegildo Zegna… LES EXTRÉMISTES Quelques maisons de mode sont connues pour revendiquer haut et fort leur appartenance au clan très fermé du sportswear vintage, et ce par tradition plus que par simple opportunisme. À l’image de Junya Watanabe qui, depuis longtemps déjà, assure des collaborations régulières avec des marques comme The North Face, apportant ainsi une valeur ajoutée et un décalage génial à ses créations.
Des marques comme Prada, Fendi ou Saint Laurent l’ont bien compris: concevoir des produits au fort sex-appeal sportswear ou streetwear, au design parfois très éloigné du reste de la collection, c’est s’assurer autant des pièces à succès sur une saison. Louis Vuitton, en s’acoquinant avec
ALBUM, L’OUTSIDER À SUIVRE La jeune marque française Album joue depuis trois saisons son postulat de départ: l’oversize. La performance, le confort, l’utilité, la protection… Autant de contingences qui font de sa parka «Fish Tail» une sorte de seconde peau à mi-chemin entre l’esprit sport et l’atmosphère ville. Inspirée du modèle M-51 de l’armée américaine, chaque pièce est unique, réalisée au Japon dans un nylon technique ultralight recyclé, aux imprimés exclusifs, imperméable et coupe-vent.
SWEAT STÉROÏDÉ Quand l’actualité sportswear rencontre l’ADN couture de la maison Saint Laurent, sous l’impulsion d’Anthony Vaccarello, cela donne quelques pièces incontournables du vestiaire, comme cette veste en laine façon tapis à mi-chemin entre le sweat-shirt à capuche et le burnous marocain.
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CATÉGORIE XXL Mention spéciale à cette obsession du moment pour l’oversize, ou comment millésimer 2018 un produit sportswear nineties. Un signe de reconnaissance déjà en vigueur à l’époque, mais aujourd’hui exagéré dans les traits. Comme pour mieux se réapproprier l’histoire. Un exemple probant: les baskets «Triple S» lancées par Balenciaga.
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STYLE acoste cultive également ses racines sportives, et encore L plus cette saison avec une collection 85e anniversaire entièrement dédiée aux archives de la marque. Moncler, toujours à l’écoute de son temps et grand adepte de collab’s, vient de signer une nouvelle capsule avec le New-Yorkais Ronnie Fieg, créateur de la marque Kith. Même fascination pour le streetwear nineties chez Francesco Ragazzi, directeur artistique de la ligne principale de Moncler et fondateur de Palm Angels, petit label à gros potentiel entièrement dédié à la cause. Et pour terminer cette liste, loin d’être exhaustive, difficile de passer à côté de Virgil Abloh, qui a grandi dans les années 90, créateur infatigable et collaborateur prolifique, dont la marque OffWhite édite chaque saison quelques-uns des best-sellers street ou sportswear les plus cotés du moment.
de bras, et ont multiplié les collaborations, tandis que les plus petits, voire les oubliés, sortaient de terre comme des zombies, remerciant au passage les créateurs qui les avaient exhumés, tels Fila, Champion, Lotto, Kappa, Everlast, Umbro, Sergio Tacchini... Des marques dont le nom sonne d’un autre temps, et que la jeune génération replace désormais parmi les plus pointues de son dressing. Les deux premières (Fila, Champion) s’arrachent dans les cours de lycée, la troisième (Lotto) fait un carton, une fois reprise par le créateur Damir Doma. En même temps, d’autres tels Opening Ceremony et Ports 1961 renouvelaient les podiums, ressuscitant au passage des marques de sport pro oubliées... même des athlètes. 10 HITS DANS LE VESTIAIRE Le survêtement en nylon gansé (ou tracksuit ) La veste zippée en polaire (ou fleece jacket) Le polo Le sac banane Les baskets gros volume Le coupe-vent en nylon Les rayures rugby Le sweat-shirt à capuche (ou hoodie) La ceinture sangle Le t-shirt logo
LES PURISTES Si la majorité des équipementiers sportifs – Nike, Adidas, Van’s, Converse, Puma et Reebok en tête – ont su surfer sur la vague, nombre d’entre eux ne l’avaient pas vu venir. Certains se sont même retrouvés très à la traîne, se réveillant juste à temps pour avoir leur part du gâteau. Un comble pour ces professionnels de la profession. Toujours est-il que les plus rapides, les plus gros aussi, ont réédité leurs best-sellers de la fin du siècle dernier à tour
VALENTINO (1), LANVIN (2), PRADA (3)… les maisons de luxe aussi montent sur le podium olympique.
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«AIR FORCE ONE», LE CULTE VU PAR SES ADORATEURS 36
PHOTOS Nike Archives.
Dans les coulisses de la première campagne de pub «Air Force One», réunissant la «dream team» Nike.
STYLE C’est LA paire mythique dans l’univers des sneakers. Ce modèle Nike doit son succès à une double bonne étoile: une réalisation technique irréprochable… ainsi qu’un phénomène de mode spectaculaire dans les années 1980. Par ANNE GAFFIÉ
L’originale, la «White on White», celle dont tout est parti, en 1982.
connaissance de la communauté hip-hop américaine et de la culture street, dont les représentants au style reconnaissable entre mille passent le plus clair de leur temps overlookés sur les terrains de sport de Brooklyn et d’ailleurs.
Non que ces baskets soient nées avec une cuillère en argent sous la semelle, mais elles ont la «chance», comme aiment à le souligner nombre de documentaires qui lui ont été consacrés. La Nike «Air Force One», qui tire son nom de l’avion présidentiel américain, fête cette année ses 35 ans de légende. Retour à sa création, en 1982, quand Bruce Kilgore, père du design chez Nike, lance le tout premier modèle, blanc au swoosh rouge, en le plaçant aux pieds du basketteur Moses Malone consacré l’année d’après meilleur joueur des finales de la NBA, qu’il remporte avec son équipe des 76ers de Philadelphie. L’ergonomie dotée de la technologie «Air-Sole» et le grand confort de cette paire de sneakers révolutionnaires, à une époque où il fallait parfois superposer jusqu’à cinq paires de chaussettes pour obtenir un bon amorti, séduisent rapidement les professionnels du basket, mais aussi la rue. Les «AF1» deviennent vite le signe de re-
Washington, Philadelphie, Baltimore… la rumeur enfle doucement mais sûrement, et de manière exponentielle. À tel point que Bruce Kilgore lui-même considère cet emballement comme un mystère irrationnel. Les chiffres, impressionnants, sont bien concrets: la «Air Force One» totalise 1 700 références déclinées dans son histoire. Sans compter les customisations «home-made» exceptionnelles, véritables œuvres d’art graffées, bombées, dont certaines s’arrachent aujourd’hui à prix d’or. Il faut dire que le modèle blanc sur blanc est, selon l’avis des experts, la plus inspirante des toiles vierges.
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«C’est la plus iconique des baskets jamais créées. Sans doute parce qu’elle fut à la fois la plus libre et la plus cadrée. C’est LA toile vierge idéale, mais aussi l’épitomé du meilleur de la technologie moderne, jumelé à un contexte culturel extrêmement fort.» VIRGIL ABLOH Fondateur et directeur artistique de la marque Off-White, il a récemment collaboré avec Nike à réinterpréter de la «AF1»
Dernier détournement en date, la «AF1 by Virgil Abloh for Off-White», sortie en octobre dernier.
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Chez les Nike addicts, la customisation n’attend pas le nombre des années.
«J’ai eu mes premières ‹Air Force One› en 2006 pour mes 8 ans, c’est moi qui les avais demandées. Ce fut mon premier émoi en matière de sneakers. Des basses blanches, ‹White on White› ou ‹Uptown›. Je les portais avec un jean droit délavé dont l’ourlet remontait jusqu’au mollet! Je m’en souviens comme si c’était hier, mais je ne suis pas sûr qu’à l’époque je mesurais l’impact culturel du modèle. Cette paire fut la première d’une longue histoire qui s’est écrite en ‹Low›, en ‹Mid›, ‹Sneakerboots›, ‹Lunar›, ‹Pigalle›… En 2016, dans la collection capsule que j’ai imaginée officieusement pour Unkut, la marque du rappeur Booba avec laquelle j’aimerais collaborer, j’ai retravaillé deux paires de baskets: des ‹Converse All Star Chuck 70’s› et… des Nike ‹Air Force One› basses blanches. Évidemment.» PABLO ATTAL 19 ans, étudiant et salarié, chargé de projet junior chez Yard
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«Leur naissance fut une fête! Dans le sens où elles marquaient toute une génération, toute une époque. On y a cru, on les a adoptées, et on les a aimées tout de suite.» RICCARDO TISCI créateur, et collaborateur régulier auprès de Nike
Carton plein pour la «AF1 by Riccardo Tisci», sortie en 2014.
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L’histoire de la «AF1», c’est celle de ses followers, qui se la réapproprient.
«Le grand plaisir avec les ‹AF1›, c’est qu’elles rappellent vraiment les années 90, et toute l’énergie positive de cette période. Du terrain à la rue, pour tellement de monde, et depuis tant d’années qu’elles sont bien au-delà d’une simple paire de chaussures. Elles représentent un certain style de vie à elles toutes seules.» KOBE BRYANT Jeune basketteur à la retraite, 20 saisons NBA chez les Lakers de Los Angeles, ambassadeur Nike
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«C’est New York qui a fait les ‹Air Force One›. Ma première paire date de 1989, achetée au coin de Broadway et de la 8e rue: des ‹High Blackon Black›. Le concept des sneakers rétro n’existait pas encore, et c’était ce qui se faisait de mieux dans les rues de Manhattan. Mais si New York avait vingt ans d’avance, il était impossible de les porter ailleurs, ne serait-ce qu’à Paris. La mode était aux Jordans et à l’ultratechnique. Les ‹Air Force One› avaient curieusement un côté ‹cheap›. Elles se sont pourtant rapidement imposées comme le must-have d’une génération, et pas seulement à Brooklyn ou Harlem. À une époque où personne encore ne collectionnait les sneakers, qui étaient le produit d’une saison (en championnat) pas plus, elles sont devenues des chaussures référentes, au même titre qu’une paire de John Lobb ou de Alden. Puis il y a eu un second virage au début des années 2000, quand Jay-Z et Damon Dash ont imposé leur style au reste du monde. Les AF1 ‹White on White›, les préférées de Jay-Z, sont devenues un symbole de réussite. Elles se devaient d’être neuves, ‹fresh out the box›, et les deux avaient popularisé le ‹one burn›: on ne les portait qu’une seule fois. Il était donc fréquent d’acheter la paire en dix exemplaires. Tout ça sans un dollar de marketing investi par Nike entre 1982 et 2005, année où les ventes d’AF1 ont dépassé le milliard de dollars!» COME CHANTREL VP marketing chez Loud/SRC records de 1993 à 2004
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Point d’acmé streetwear, la «Air Force One» a rendu accro plus d’un collectionneur.
«Les ‹Air Force One› sont la base de tout bon vestiaire de baskets. Un grand classique new-yorkais devenu mondial. Je pense qu’elles doivent leur succès à leur simplicité. Elles sont le point de départ idéal à toutes les versions possibles et imaginables, qu’elles soient proposées par la marque ou customisées par les irréductibles. Personnellement, j’en ai une petite quinzaine, toutes super rares, dont une paire de ‹PlayStation› éditée en 2006 à 150 exemplaires seulement, ma préférée.» LUKA SABBAT 19 ans, entrepreneur franco-américain, influenceur streetwear, 552 000 followers sur Instagram
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PHOTOS Image Courtesy W.W. Norton & Company, United Archives GmbH/Alamy Stock Photo, Entertainment Pictures/Alamy Stock Photo.
PEOPLE
«TRAINSPOTTING», QUELLE VIE!
STYLE À l’occasion du 25e anniversaire de «Trainspotting», son auteur Irvine Welsh nous parle culture pop, drogues et commente le sort de ses personnages de fiction. Par NELL BERAM
Trinquons à Irvine Welsh et à «Trainspotting», son premier ouvrage audacieux et percutant, qui fête son 25e anniversaire cette année. Il va sans dire que si ses personnages étaient réels, nous serions sûrement vite à court de boisson pour trinquer à leurs vies déjà bien longues.
mots écrits de cette manière… Je n’étais pas sûr que les gens accrocheraient, puis les voix se sont manifestées». Les voix, qui vont et viennent au fil des sept chapitres, tantôt denses, tantôt sporadiques, forment une chorale grecque fatiguée et camée qui chante la jeunesse et la classe ouvrière en Ecosse lors du ralentissement économique et de la crise du sida dans les années 80. Le livre de Welsh mentionne un parking construit 20 ans auparavant et jamais utilisé, un étudiant récemment diplômé en littérature anglaise qui est au chômage ainsi qu’une gare et ses promesses de délivrance pour une vie meilleure, maintenant abandonnée et devenue un refuge pour alcooliques. Welsh connaissait personnellement cet endroit et cette époque – coucher cela sur le papier fut pour lui une sorte d’exutoire: «J’écrivais des chansons depuis des années, j’échouais en tant que musicien et souhaitais mettre ma créativité à l’épreuve. La littérature était pour moi réellement la dernière carte à jouer. J’essayais également de comprendre ma propre expérience de la drogue et de donner un sens à une jeunesse qui, à un certain moment, a complètement déraillé».
Présentons juste le quatuor que Danny Boyle a placé au cœur de son adaptation cinématographique avant-gardiste de 1996. Il y a d’abord Renton, le junkie lucide. Un grand nombre de chapitres du livre sont racontés de son point de vue. Il a peut-être l’âme d’un poète mais sa passivité le rend complice de la mort occasionnelle et du défigurement. Ensuite, il y a Spud, qui ne comprendrait rien à la ruse même s’il s’en injectait. Il a peut-être même d’ailleurs déjà essayé. Il vole pour s’acheter de la drogue et à son sens, la philanthropie se résume à dérober quelque chose dans un magasin pour l’offrir à un ami. Prenons ensuite Sick Boy, le drogué fan de James Bond et coureur de jupons, véritable séducteur avec un penchant prononcé pour le luxe. Il est poussé par ce qu’un autre personnage appelle son «indignation naturelle». Elle pourrait servir à la bonne cause si Sick Boy se préoccupait un peu plus des autres et moins de lui-même. Pour finir, même une rue sombre ne voudrait pas se retrouver dans une rue sombre avec Begbie, un alcoolique assoiffé de sang. Il se considère comme un modèle de droiture anti-héroïne et défend une théorie à la mords-moi-le-nœud contre la drogue. Renton a du mal à décrire son ami: «Ce qui va pas avec Begbie… Ben, tout un tas de trucs».
«Trainspotting» est rempli de personnes d’âge moyen sans emploi qui passent leur temps au pub et poussent leurs enfants à suivre les exemples d’Iggy Pop et de Sean Connery, qui ont tous deux réussi à faire quelque chose de leur vie malgré leur modeste condition, le dernier reniant même ses origines écossaises. Mais toute cette accumulation de dégoût inspire de la compassion aux différents narrateurs, pour ce qu’ils voient comme les vies dénuées de sens des anciens. Les journées de Renton et de ses acolytes ne sont d’ailleurs pas beaucoup différentes de celles des retraités: rester assis, regarder le football et commérer, souvent au pub, quand ils n’essaient pas d’escroquer ou de conclure. Lorsque Spud réalise que «c’est chiant la vie sans came, parfois», on est tenté d’en déduire qu’il a un esprit paresseux, mais nous connaissons son histoire et son milieu, donc on ne conclut rien. Je pense que c’est ce que Welsh a voulu dire lorsqu’il m’a dit: «Ce livre provoque souvent des émotions contradictoires».
L’emploi par l’auteur du dialecte phonétique écossais tout au long de son œuvre met à l’honneur la classe ouvrière du quartier de Leith à Edimbourg, où se déroule en grande partie «Trainspotting», qui n’est pas vraiment un roman mais plutôt un ensemble d’histoires imbriquées. Si le comportement des personnages les rend difficilement attachants pour certains, le dialecte les a parfois rendus carrément incompréhensibles. En témoigne le glossaire à la fin du livre propre à l’édition américaine de «Trainspotting». L’idée fut soufflée par l’éditeur Gerald Howard, qui a acquis les droits du livre pour le compte de W. W. Norton. Écrire en dialecte écossais était un pari risqué, comme me l’a récemment confirmé Welsh dans un email: «Je n’ai moi-même pas réussi à lire le premier jet. C’était du chinois. On n’a simplement pas l’habitude de voir les
Aussi surprenant que cela puisse paraître, malgré toutes ses références aux survêtements et à la culture pop, «Trainspotting», publié en 1993, ne semble pas avoir 25
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STYLE Dans le film de Boyle, Renton, incarné par un Ewan McGregor amaigri pour correspondre au rôle, lit des œuvres moins sérieuses, comme la biographie de la star américaine de cinéma du milieu du siècle, Montgomery Clift, à laquelle une chanson de Clash fait référence. Les quatre amis l’auraient d’ailleurs sûrement su. L’ouvrage de Welsh nous livre d’autres révélations: qui savait que Renton détestait le sexisme et le dénonçait dès qu’il en était témoin? «Renton avait échoué à l’université», rappelle Welsh. «Il a rencontré des femmes brillantes qui ne toléraient pas ses conneries. Tout comme moi». Comme le fait remarquer Danny Boyle dans l’un des bonus du DVD de «Trainspotting», il serait possible de faire un deuxième film avec le reste du livre de Welsh. Mon choix personnel se porterait alors sur une adaptation en court métrage d’un chapitre bref raconté par un personnage secondaire nommé Kelly qui devient partie intégrante d’une brigade de revanche interculturelle et improvisée de filles qui se font siffler. J’ai demandé à Welsh s’il avait vraiment regretté de ne pas avoir vu quelque chose du livre dans le film. «Je ne pense pas qu’il faille voir les choses de cette manière», m’a-t-il répondu. Le scénariste John Hodge «se plaignait de ne pas pouvoir inclure certaines de ses scènes préférées en raison du manque d’espace et du fait qu’elles ne s’adaptaient pas bien au film. Il faut que vous vous représentiez le scénario comme une œuvre totalement différente».
ans. Car Welsh traitait plus qu’un phénomène socioculturel, bien qu’il ne l’ait pas réalisé à l’époque: «Maintenant, je me rends compte que le livre parle plus de la désindustrialisation, de la chute des emplois rémunérés et de la longue transition sociétale du capitalisme vers le conceptualisme et de la crise existentielle qui s’ensuit dans l’humanité… Alors qu’avant, je trouvais qu’il ne parlait que de drogue».
À sa sortie, le livre de Welsh a remporté un succès inattendu. «C’est allé bien au-delà de nos espérances», m’a confié Gerald Howard dans un email. «Trainspotting» a marqué de son empreinte écossaise la lad lit du début des années 90, et a encouragé l’industrie du livre à s’intéresser à d’autres écrivains écossais, comme Alan Warner, dont le premier roman de 1995, «Morvern Callar», a été plusieurs fois primé et adapté en film avec Samantha Morton dans le rôle principal. Il fut acclamé par la critique. Welsh luimême a été prolifique et a assouvi le désir des fans de «Trainspotting» en donnant une suite à l’histoire des quatre acolytes, notamment dans «Porno», la suite de son roman phare publiée en 2002 et dans «T2», sur lequel s’est basé Danny Boyle pour son film sorti l’année dernière. «T2» a marqué le retour de Renton, Spud, Sick Boy et Begbie, qui se retrouvent 20 ans après.
La fameuse adaptation cinématographique de Danny Boyle, dans laquelle Welsh a fait un caméo surprenant en trafiquant de drogues avec son t-shirt du groupe punk écossais The Exploited, a été mal accueillie par la critique pour son apparente glorification de l’héroïne. «Le film est un support fondamentalement valorisant», explique Welsh, donc les accusations de valorisation «étaient prévisibles». À l’inverse, lorsque son livre connut des débuts difficiles en raison des passages sur la drogue, les critiques ne furent pas aussi vives que pour le film: «Bien plus de gens y ont vu une représentation honnête de la réalité».
Welsh n’en a pas fini avec eux. Le prochain volet, «Dead Men’s Trousers», qui devrait sortir en Angleterre ce printemps et aux États-Unis cet été, mettrait de nouveau en scène les quatre personnages principaux de «Trainspotting». Lecteurs, soyez prévenus, l’exemplaire promotionnel annonce la mort de l’un d’entre eux. «Tu ne peux pas t’attacher sentimentalement à des personnages de fiction», répond-il. «Les personnages et la trame ont un rôle à jouer. Tant mieux s’ils tombent dans la culture populaire et si les gens s’en préoccupent, mais en tant qu’écrivain, il faut se détacher de tout cela. Dans la vraie vie, les gens meurent et il est là, le vrai drame».
Le fait que Welsh puisse enrichir la vie intérieure de ses personnages d’une manière qu’un film de 90 minutes ne peut pas reproduire a été d’un grand recours. À des fins d’adaptation à l’écran, il a semblé normal au scénariste John Hodge de raccommoder le scénario de façon linéaire en s’affranchissant de la narration du livre (l’histoire personnelle de Renton qui a essayé maintes et maintes fois de se sevrer) et d’entrecouper les scènes de mort, d’agonie et de déchets humains, au sens propre comme au sens figuré, résultant de la consommation de drogues. Il n’y avait pas suffisamment de pellicule pour la grand-mère arnaqueuse de Spud, le père alcoolique de Begbie et les deux frères bons à rien de Renton. Un spectateur ne peut pas savoir que ce dernier est un chef végétarien et qu’il lit des livres de psychologie et d’H. P. Lovecraft : «Putain de nazi, ce vieux H.P., mais il avait de bonnes histoires».
Trinquons donc à la longue vie littéraire des trois survivants de Welsh et à la mémoire du quatrième. Qui qu’il soit, il nous manquera. Et par la même occasion, détendons-nous un peu, maintenant qu’il ne peut plus nuire.
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STYLE
Quasi inconnu du grand public, le blondinet doit sa notoriété grandissante à deux faits d’armes conséquents. En le choisissant comme égérie, la marque Prada a eu le nez creux sur cette affaire.
M. JOE ALWYN Cela fait maintenant un an que la m aison italienne a lancé son projet «Prada365» qui consiste à faire régulièrement tourner, au fil d’une même saison et tout au long de l’année, des visuels et des égéries publicitaires très différents les uns des autres, comme pour mieux marquer les esprits, et rompre avec la monotonie saisonnière d’une seule et même campagne. Tous sont signés Willy Vanderperre et diffusés sur un maximum de supports média, du print aux réseaux sociaux
en passant par l’affichage. Il vous sera donc difficile d’échapper au petit blondinet qui ouvre l’année 2018, dont le côté très «fils à maman» tranche avec l’allure de «héros postmoderne» voulue par la marque. Qui se cache vraiment derrière cette image? Joe Alwyn, de son vrai nom Joseph Matthew Alwyn, est un jeune acteur britannique de 26 ans apparemment bien sous tous rapports, très «middle-class» de corps et d’esprit, fils d’un réalisateur de documentaires et d’une psychothéra-
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peute, originaire de Tufnell Park, dans la banlieue nord de Londres. Il est pourtant la gueule à suivre du moment, puisqu’il sera à l’affiche de deux superproductions hollywoodiennes en 2018. Révélé l’an dernier dans le rôle-titre du film de Ang Lee «Un jour dans la vie de Billy Lynn», il est surtout depuis peu le boyfriend officiel de l’artiste américaine Taylor Swift. Des débuts prometteurs. Collection Printemps-Été 2018 Prada.
BLACKLIST
L E S U LT IME S
Une sélection qui va droit à l’essence du quotidien. Qui met en lumière ce qui le rend plus beau, plus doux, plus agréable. Qui fédère un certain esprit, quand l’utile ne se dispense pas d’élégance. Et une même passion pour l’artisanat de pointe. Quand le savoir-faire devient ici un savoir-être. Photographie BAPTISTE OLIVIER Stylisme ROMAIN VALLOS et DAMESE SAVIDAN
BLACKLIST 48
PAR T 1
LES CHAUSSURES DE SMOKING SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO Échappatoires aux sempiternels chaussons de smoking, ou slippers, ces derbys de smoking ne sont pas sans rappeler l’esprit des chaussons de danse lacés d’une autre célèbre maison française que Serge Gainsbourg avait popularisés avec toute l’élégance provocatrice qu’on lui connaissait, et qu’il portait de jour comme de nuit, en version noire le soir et blanche le jour. L’occasion de rappeler que le style n’attend pas le nombre des
saisons, et que rien ne vient jamais égaler la reprise d’un grand classique, aussi fantasque soit-il. Et donc nécessaire à votre panoplie nocturne. Également disponibles en noir ou rouge, ce sont finalement en blanc qu’elles retiennent l’attention, exacerbées par un cuir de veau verni immaculé qui tranchera d’emblée avec un smoking. Mais aussi avec un jean, selon les codes de la maison Saint Laurent. YSL .COM
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BLACKLIST
LES MOCASSINS «MOC 180» J.M. WESTON Ils font partie des emblématiques de la maison et restent LE modèle référent en matière de mocassins. Dessinés par le fondateur Eugène Blanchard dès 1946, ces sémillants septuagénaires ont traversé les décennies sans jamais prendre le moindre coup de vieux. Pas étonnant lorsqu’on sait que leur élaboration a demandé plus de 200 formes pour leur mise au point définitive. Si chaque millésime propose de nouvelles déclinaisons toutes plus tentantes les unes que les autres, la version originelle en cuir de veau box noir reste le must-have du vestiaire
masculin, et on se doit forcément de commencer par lui. Infatigables, indémodables, ils se bonifient avec le temps, et se portent même pieds nus comme les minets du Drugstore le faisaient déjà il y a plus d’un demi-siècle. JMWESTON.FR 150 opérations de prise en main, 2 mois de façonnage. 7 largeurs par demipointure, 100 références personnalisables dans 180 peaux et couleurs. 49 boutiques dans le monde, 170 artisans à la manufacture de Limoges.
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PAR T 1
LE MANTEAU «CERCLÉ» EDEN PARK Pivot central du dressing masculin, le manteau joue sur tous les terrains. Pardessus, trench-coat, caban, redingote militaire... On ne compte plus ses effets de style. Chez Eden Park, il reprend l’idée du cerclage des maillots de rugby, ces larges rayures qui portent haut les couleurs de chaque équipe. Pour les besoins de la cause, et de ce grand classique qu’est le manteau, elles sont ici discrètement contrastées, en bleu marine et gris. L’épais drap de laine confère à l’ensemble une rigueur qui n’est
pas sans rappeler celle du caban, encore accentuée par le volume du col et les poches fendues. Aussi facile à porter en ville glissé sur un costume que le week-end en version casual, il est l’exemple même de l’actuelle tendance hybride chère au cœur des hommes. EDEN-PARK.FR 30 ans cette année. 60 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016. 190 points de vente dans 34 pays.
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BLACKLIST
L’APPAREIL PHOTO «M10» LEICA La firme Leica (contraction de Leitz et de camera) est plus que centenaire (104 ans cette année), mais elle ne perd pas le fil de la modernité. Léger, aux images d’une qualité optimale, prisé par des générations de reporter (Robert Capa, Henri Cartier-Bresson et jusqu’à Martin Parr), le Leica a témoigné de mille destins, en connaissant au moins autant. «Le M chez Leica, c’est la 911 de chez Porsche ou la Royal Oak de chez Audemars Piguet. La maison aura mis dix ans à proposer un M numérique. Et nous fêtons les dix ans du M numérique cette année. C’est pourquoi la nouvelle génération de Leica M lancée en janvier s’appelle M10», nous disait il y a
peu Jérôme Auzanneau, directeur général de la firme allemande. Le M10 confirme que Leica a pris avec grâce le virage numérique, alliant, à la façon de Janus, deux visages, celui d’une histoire remarquable et d’un innovateur soucieux du lendemain. LEICA-CAMER A .COM 33,7 mm d’épaisseur pour un poids total de 660g: le M10 est le plus fin des Leica M numériques jamais réalisés. 10% de croissance du chiffre d’affaires en 2017, 1 600 employés Leica dans le monde. 10 familles d’appareils photo et 5 familles d’optiques.
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PAR T 1
LE CHAMPAGNE «CHARLIE 1985» CHARLES HEIDSIECK Ne pas se laisser leurrer par la familiarité de sa désignation: ce champagne est solidement installé au sommet de l’excellence. En fondant sa maison de champagne en 1851, Charles-Camille Heidsieck avait déjà la vision d’une entreprise s’installant à la fois dans le temps et dans un terroir exceptionnel, les crayères sur la butte de SaintNicaise à Reims. Inscrites au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, ces crayères abritent aujourd’hui, presque maternellement, des flacons uniques. 1985, année bienveillante pour la Champagne, avec un indice de maturité élevé. Le succès de la cuvée royale 1981 a donné aux dirigeants une intuition: imaginer une cuvée dont l’histoire serait intimement liée à celle de la maison et, plus précisément, à la personnalité de son fondateur. Daniel Thibault, le chef de caves, met au
point une cuvée millésimée en harmonie avec une personnalité que des arômes affirmés, confinant à l’explosivité, laissent imaginer vibrante et attachante. Charlie est né ainsi une seconde fois avec le millésime 1979, puis à cinq reprises, au gré des vendanges, dont 1985 est la dernière expression. Ouvrir un champagne Charlie 1985, c’est entamer un dialogue par-delà le temps – et c’est un luxe que l’amateur de belles bulles ne saurait refuser. CHARLESHEIDSIECK.COM Collection Crayères: 5 vins d’exception, dont le champagne Charlie 1985. Composé de 45% de pinot noir et de 55% de chardonnay. Mise en cave: 1986. Dégorgement: janvier 1995. Flacons disponibles: 300 de 75 cl.
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LES RICHELIEUS «CONSUL» FINSBURY Ne pas avoir une paire de chaussures lacées dans son dressing devrait être puni par la loi. Car il y a forcément un moment dans une vie où vous allez en avoir besoin, pour quelque haute cause que ce soit – bonne ou mauvaise d’ailleurs. De ces causes qui exigent ce minimum de tenue correcte encore en vigueur. Et puis, au-delà de tout principe moral, le bonheur d’avoir une belle paire de derbys ou de richelieus est déjà en soi une raison largement suffisante. Un plaisir que la marque française Finsbury, depuis sa création en 1986, s’applique à satisfaire, avec un
de ses best-sellers d ’origine, le richelieu «Consul». Avec sa ligne irréprochable, à peine retouchée au gré des tendances, il a tout du grand classique dont on ne se lasse pas et qu’on garde à vie. Cousu Goodyear, cinq œillets par quartier, peausserie certifiée d ’origine France, bouts droits, piqûres discrètes, patine faite main... On ne change pas un modèle qui gagne. FINSBURY-SHOES.COM 5 000 exemplaires vendus par an.
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PAR T 1
LE SAC «48 H» PRADA Des références horaires de ce sac, il ne reste plus grand-chose. Cela fait bien longtemps que cet essentiel du vestiaire masculin sert plus qu’un week-end, devenu le stratégique appendice utilitaire de l’homme pressé. Son volume conséquent mais raisonnable, à mi-chemin entre la valise et le porte-document, en fait un best-seller de l’univers des bagages pour hommes. Pour ceux qui n’auraient pas pu ressortir du grenier l’un des premiers modèles en toile de nylon signé Prada, sachez que la maison
édite régulièrement de nouvelles versions. Le dernier est un cran plus souple que le précédent, mais toujours renforcé de cuir Saffiano, autre marque de fabrique de la maison italienne. Un bon placement donc, et le juste moment pour investir dans ce qui semble être le graal du moment en matière d’accessoire. PR ADA .COM Taille: 25cm × 50cm × 30cm.
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L A VESTE DÉSTRUCTURÉE GIORGIO ARMANI Elle est apparue chez le créateur italien dès les années 1980. Autant dire qu’il en maîtrise tous les secrets, et qu’il reste encore aujourd’hui le maître absolu dans ce domaine. Il y a près de quarante ans, l’idée première de Giorgio Armani fut de libérer les hommes du carcan infligé par la rigidité des montages tailleur. Alléger la veste de ses paddings et doublures pour en faire un vêtement confortable à porter au quotidien était à l’époque révolutionnaire. Pas une saison, depuis, qui n’ait eu la
sienne, comme pour cet hiver cette version en sergé de laine grise coupé bords francs, à col cranté et poches appliquées, qui se porte telle une seconde peau aussi facilement qu’un pull-over. Ce qui n’enlève rien à son élégance, et c’est là tout l’intérêt. ARMANI.COM 1975: création de la maison Giorgio Armani. 100% laine, la composition de la veste. 980 g, son poids.
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PAR T 1
LES BOOTS «WINTER GOMMINO» TOD’S Cela fait trente ans que les célébrissimes chaussures de conduite Tod’s, les «Gommino», roulent pied au plancher. Leurs semelles à picots ont déjà fait le tour de la planète mode. Mais si l’on connaît par cœur les mocassins, inspirés des chaussures de conduite des pilotes de course des années 1950, le succès veut qu’il en sorte chaque saison de nouvelles versions. Et les «Winter Gommino» risquent fort d’être le must-have de tout dressing hivernal. Modèle hybride entre le mocassin et la chaussure
d’escalade, ces boots en cuir de veau fourrées de laine, au système de laçage terminé par des crochets, ont tout des chaussures de randonnée très tendance par les temps qui courent. Chaque paire est réalisée à la main par les meilleurs artisans italiens. TODS.COM 133 picots. 100 étapes de fabrication et jusqu’à 35 pièces de cuir assemblées.
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MONTRES
KID KREOL & BOOGIE Untitled, «Zamérante and universe», 42 × 30 cm, encre sur papier, 2015
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MONTRES Par BERTRAND WALDBILLIG Photographie MATTHIEU GADOIN
SUIVRE LE MOUVEMENT
Plonger au cœur d’un mouvement de Haute Horlogerie, c’est faire une expérience d’immersion dans un monde où la technique, le savoir-faire et le raffinement s’unissent pour créer un ballet mécanique d’une précision infinie. Voyage dans les rouages.
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MONTRES
«ROYAL OAK TOURBILLON EX TR A-PL AT SQUELET TE» AUDEMARS PIGUET Déjà si désirable – et désirée – en version automatique ou chronographe, la «Royal Oak» hy pnotise littéralement dans cette déclinaison exclusive, qui illustre à elle seule tout le savoir-faire d’une grande maison. Tourbillon, extra-plat, squelette… En trois mots, tout ou presque est dit. Entièrement fini à la main, ce nouveau modèle se démarque par
un séduisant jeu de tonalités rhodium blanches qui ne sera réalisé qu’à 100 exemplaires. Boîtier en acier. 41 mm de diamètre. Mouvement tourbillon à remontage manuel avec heures, minutes et indication de la réserve de marche côté fond. Bracelet en acier avec boucle déployante en acier. AUDEMARSPIGUET.COM
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MONTRES
«TAMBOUR MOON TOURBILLON VOL ANT PAVÉE» LOUIS VUITTON À l’occasion de l’ouverture de sa boutique géante place Vendôme, le malletier parisien et sa division horlogère, la Fabrique du temps, présentent une déclinaison de la «Tambour Moon Tourbillon» entièrement pavée de diamants, de la boîte à la platine du mouvement. Une prouesse technique et artistique certifiée du Poinçon de Genève, une première
pour un calibre serti. Une pièce rare et infiniment précieuse qui sait jouer la transparence avec son mouvement ajouré à l’extrême. Boîtier en platine et diamants. 42,5 mm de diamètre. Mouvement tourbillon à remontage manuel avec heures et minutes. Bracelet en alligator noir avec boucle ardillon en platine et diamants. LOUISVUIT TON.COM
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MONTRES
«BR-X1 TOURBILLON WHITE HAWK» BELL & ROSS Produite à 20 exemplaires, la dernière-née de Bell & Ross est encore plus rare que le faucon blanc qui lui a donné son nom. Une pièce virile inspirée de l’aviation d’affaires qui ne s’interdit aucun raffinement, avec sa boîte en titane microbillé et céramique blanche, ses compteurs de chronographe soulignés de rouge… Et son mouvement squeletté à
l’extrême, au-dessus duquel semble flotter le tourbillon volant. Boîtier en titane microbillé et céramique blanche. 45 mm de diamètre. Mouvement tourbillon à remontage manuel volant avec heures, minutes, chronographe et indication de la réserve de marche. Bracelet en titane et caoutchouc gris, boucle déployante en titane. BELLROSS.COM
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MONTRES
«TR ADITION CHRONOGR APHE INDÉPENDANT» BREGUET Fidèle à sa réputation de précurseur, Breguet innovait en 2015 avec la première montre dissociant les mécanismes de l’heure et du chronographe grâce à l’utilisation de deux balanciers indépendants. Un exploit technique qui lui a valu, depuis, de nombreuses récompenses. Visuellement, ce modèle se distingue par la disposition symétrique des composants du mouvement, ces derniers largement visibles au-dessus
de la platine. Le meilleur de la tradition et de l’innovation réuni en une même montre. Boîtier en or blanc. 44 mm de diamètre. Mouvement mécanique à remontage manuel avec heures, minutes, secondes, chronographe, indication de la réserve de marche et compteur 20 minutes. Bracelet en alligator noir avec boucle ardillon en or blanc. BREGUET.COM
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MONTRES
«RM 50 - 03 MCL AREN F1» RICHARD MILLE Coutumier des coups d’éclat, Richard Mille a présenté en début d’année le chronographe mécanique le plus léger au monde. Ce morceau de bravoure, réalisé en 75 exemplaires, est signé en partenariat avec la légendaire écurie McLaren, dont M. Mille est un fan de la première heure. Difficile d’imaginer que le complexe mouvement tourbillon chronographe à rattrapante ne «pèse» que sept grammes. Si l’on ajoute
la boîte en carbone TPTTM et le bracelet, le poids total n’excède pas 40 grammes. Boîtier en carbone TPTTM. Dimensions 44,50 mm × 49,65 mm. Mouvement tourbillon à remontage manuel avec heures, minutes, chronographe à rattrapante, totaliseur 30 minutes et indicateur de réserve de marche, de couple et de fonctions. Bracelet en caoutchouc avec boucle ardillon en titane. RICHARDMILLE.COM
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MONTRES
L’ E S P R I T
Traditionnellement présentes dans les disciplines sportives «distinguées», comme le golf ou le tennis, les maisons horlogères n’hésitent plus à jouer le collectif et se tournent désormais vers le football, le rugby ou le basket. À la clé: une audience plus large et plus jeune. Par BERTRAND WALDBILLIG
Photographie BAPTISTE OLIVIER
D’ÉQUIPE 66
WATC HES
«CHRONO XL NBA TEAMS SPECIAL SAN ANTONIO SPURS EDITION» TISSOT La collection Tissot «Chrono XL NBA» est dédiée au basketball et aux équipes de la NBA des Spurs, des Knicks, des Warriors, des Cavaliers, des Bulls et des Lakers – chaque montre arborant le logo de son équipe sur le cadran. Celle consacrée aux Spurs, l’équipe de Tony Parker, ambassadeur phare de la marque suisse, se pare de noir, du boîtier au cadran en passant par le bracelet en cuir perforé. Boîtier en acier traité PVD noir. 45 mm de diamètre. Mouvement quartz avec heures, minutes, secondes, date et chronographe. Bracelet en cuir noir avec boucle ardillon en acier. TISSOT WATCHES.COM
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WATC HES
«AQUAR ACER CALIBRE 5» TAG HEUER Cela fait bientôt quatre ans que Tag Heuer tourne autour du ballon rond. Après la Premier League, la Bundesliga et la Liga, la marque est devenue chro– nométreur officiel et «Montre officielle de Ligue 1» pour la saison 2017 – 2018. La montre associée à ce partenariat de choc est la «Aquaracer Calibre 5», version tout acier et cadran noir, une sportive par excellence. Boîtier en acier. 43 mm de diamètre. Mouvement automatique avec heures, minutes, secondes et date. Lunette tournante unidirectionnelle. Bracelet en acier avec boucle déployante en acier. TAGHEUER.COM
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«BIG BANG CHELSEA FC» HUBLOT La «Big Bang Chelsea FC» est la deuxième montre créée par Hublot en partenariat avec le Chelsea FC. Une édition limitée de 200 pièces, au total look bleu royal en hommage au célèbre club de foot londonien. Le logo du lion de Chelsea est visible à 12 heures, ainsi que sur la glace du fond de boîtier. Et sur le compteur situé à 9 heures est gravé «SW6», le code postal de Fulham où se trouve le Stamford Bridge. Boîtier en acier, lunette en fibre de carbone et Texalium bleu. 44 mm de diamètre. Mouvement automatique avec heures, minutes, secondes, date et chronographe. Bracelet en caoutchouc noir et alligator bleu avec boucle déployante en acier. HUBLOT.COM
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«CLIF TON CLUB» BAUME & MERCIER Depuis fin novembre, la marque du groupe Richemont tente également l’aventure du ballon rond. Baume & Mercier est en effet devenue l’horloger officiel des Girondins de Bordeaux. À cette occasion, plusieurs joueurs du club de football ont rejoint les rangs des ambassadeurs de la marque. Dévoilée l’an passé et destinée aux gentlemen sportifs, la collection «Clifton Club» est naturellement à l’honneur dans ce partenariat. Boîtier en acier avec revêtement ADLC. 42 mm de diamètre. Mouvement automatique avec heures, minutes, secondes, date. Bracelet en acier avec boucle déployante en acier. BAUME-ET-MERCIER.FR
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«BL ACK BAY DARK» TUDOR Le rugby intéresse de plus en plus le secteur horloger, et la légendaire équipe des All Blacks devait attiser bien des convoitises… C’est Tudor qui a remporté la mise en signant cette année avec l’équipe nationale de Nouvelle-Zélande: la concrétisation d’une grande ambition pour la marque sœur de Rolex. Tout de noir vêtue, la «Black Bay Dark» incarne ce partenariat à la perfection. Boîtier en acier traité PVD noir. 41 mm de diamètre. Mouvement automatique avec heures, minutes, secondes et date. Lunette tournante unidirectionnelle. Bracelet en acier avec boucle déployante en acier. TUDORWATCH.COM
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BIJOUX
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BIJOUX Avec son frère Mikkel, Mads Kornerup est l’incroyable créateur de Shamballa Jewels. La marque, qui s’est fait un nom en associant des matières brutes à des pierres précieuses et semi-précieuses, doit son succès au fameux bracelet Shamballa. Après avoir récemment ouvert un premier magasin Shamballa Jewels à New York, Mads Kornerup revient sur les débuts de cette success-story. Par LIVIA ZAFIRIOU
BIJOUX MYSTIQUES Et si Shamballa Jewels aurait réussi à transformer le statut du bijou masculin? Jusqu’à récemment, l’homme moderne avait un choix limité, pour l’essentiel à quelques gourmettes hasardeuses et à une poignée de bracelets en cuir pour forts à bras. Aidé par son frère, Kornerup fonde sa marque en 2005, après avoir éprouvé un coup de cœur pour des pierres semi-précieuses lors de ses voyages effectués autour du monde lorsqu’il avait 20 ans. Le temps qu’il passe à New York, dans les années 90, influencera profondément son projet. Rencontre enthousiaste et enthousiasmée à Genève.
En réalité, non. J’étais allé au Brésil avant, et ce que les gens créaient fut pour moi une véritable inspiration. Ils faisaient des bijoux avec de l’argile et y mettaient des pierres précieuses, créant ainsi des pendentifs et tout un tas d’autres choses. Ils avaient également une grande technique. J’y ai travaillé des matériaux comme les dents de crocodiles serties de pierres précieuses. J’en ai même perdu une dans une boîte de nuit pendant que je dansais avec Madonna…. Tout en faisait la fête avec les grands noms de la musique et les Supermodels, Mads Kornerup travaillait dur. Après deux années passées à New York, il fait jouer son carnet d’adresses: «J’ai ramené beaucoup de bijoux d’Inde, où je suis peu à peu tombé amoureux d’un type de chaînes en peau de serpent, faites à la main. Il s’agissait de chaînes très complexes, tissées main. Mon frère et moi nous sommes mis à en porter beaucoup. Les gens commencant à me demander où je les avais trouvées, j’en ai donc commandé un certain nombre, et je les ai vendues lors des pauses-déjeuners au studio, aux hommes comme aux femmes».
L’OFFICIEL HOMMES Suisse: Dans les années 90, vous étiez assistant photographe à New York. À quoi ressemblait alors la ville? Mads Kornerup: : Durant l’ère du Studio 54, tout le monde disait que les années 70 étaient la meilleure époque. Personnellement, je crois que le début des années 90, c’était encore bien mieux. C’était l’époque des Supermodels, de Madonna, de George Michael, de toutes les grandes stars de cinéma. Tout le monde s’est fait connaître à ce moment-là. Les Supermodels étaient alors plus connues que les acteurs, et elles ont été révélées toutes ensemble. L’énergie était folle.
Le bouche-à-oreille s’amplifie après l’apparition de ses bracelets indiens en couverture du numéro de mars 1994 du magazine «Mirabella» - ce qui lui permet de se lancer.
Cette ambiance a dû être contagieuse. Votre inspiration vient-elle de là?
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BIJOUX
BAGUE
BAGUE
COLLIER
«SOS Ring», or rose serti de diamants blancs, CHF 5 770.
«Ultimate Protection Necklace», or jaune et or blanc serti de diamants, CHF 13 970.
BR ACELET
BR ACELET
«10 MM Lock Bracelet», ony x et or rose serti de diamants blancs, CHF 5 750.
«10 MM Shamballa Bracelet», diamants blancs et noirs, or blanc et rose, à partir de CHF 35 000.
Mads et Mikkel décident alors de partir aux Etats-Unis pour vendre leurs chaînes à une clientèle d’étudiants – «mais nous avons très vite réalisé que les étudiants étaient souvent fauchés, ce qui nous a poussés à abandonner cette idée».
Bien sûr, les bracelets ne marquent que le début du succès. «Une fois que les hommes ont compris qu’il y a d’autres façons de se parer que de porter une montre, ils commencent à penser à une bague ou même à un collier. Mais ils songent d’abord à un bracelet parce que c’est ce qui se rapproche le plus d’une montre. En tant qu’homme, on ne peut pas nier le fait que porter des bijoux est profondément ancré en nous. Il faut bien se souvenir que cela ne fait que 100 ans que nous sommes saucissonnés dans des costumes et des looks stricts, et je crois qu’on commence doucement à s’en débarrasser».
Peu de temps après, Mads quitte son poste d’assistant photographe pour ouvrir un magasin dans le Marais, à Paris. Sa boutique rassemble un large éventail de créateurs. Cette expérience lui permet d’identifier ce que les gens cherchent et achètent véritablement. Elle le pousse aussi à voyager pour trouver de l’inspiration.
Et d’où vient-il, son désir de transmettre le meilleur de l’Orient à l’Occident? Sa réponse: «C’est une façon de redonner à l’Orient un peu de ce qui m’a tant donné».
Cela a-t-il été le véritable tournant? Est-ce là que Shamballa Jewels a vraiment vu le jour? Pour moi, c’était un signe et je suis toujours les signes. C’est là que j’ai décidé d’aller plus loin, et de me rendre à Katmandou, à Bali et en Inde.
Un de ses souvenirs les plus mémorables: celui de son séjour avec des bouddhistes newars dans la vallée de Katmandou. C’est là-bas qu’il a créé son logo, le double éclair tibétain et l’étoile Shamballa qui symbolise l’idée que nous sommes tous des étoiles brillantes.
Mads et Mikkel ont finalement fondé Shamballa Jewels à Copenhague en 2005. Le nom vient du royaume de la mythologie tibétaine bouddhiste, qu’on appelle le Shangri-La. La marque se fait bientôt connaître pour avoir permis aux hommes de porter de la façon la plus normale possible des bijoux autour du poignet en utilisant des matériaux comme l’onyx, le marbre, des perles et des diamants de couleur.
Et quel avenir pour Shamballa Jewels? Après New York, Mads s’intéresse à présent à Paris et à Londres. SHAMBALLAJEWELS.COM
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PHOTOS DR; ANNA BOUMA; Tous les prix sont calculés à partir de la monnaie d’origine et ne correspondent pas forcément aux prix du commerce en Suisse.
«SOS Alliance Ring», or rose rhodié serti de diamants, CHF 10 740.
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Mikkel Kornerup (à gauche) et Mads Kornerup (à droite).
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KID KREOL & BOOGIE Untitled, «Universe Egg», 30 × 21 cm, encre sur papier, 2015
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PAR T 2
D E L’ O B J E T
Il arrive que l’objet aimé acquière le statut de mythe. La preuve en 9 icônes du quotidien qui ont franchi la barre du hautement désirable pour accéder au nirvana des objets révérés.
PHOTOS DR; The Denver Post via Getty Images; Getty Images; Corbis via Getty Images; Pete Cronin/ Redferns/Getty Images; Keystone via Getty Images; Alfred Gregory/Royal Geographic Society
Par FÉLIX BESSON
À L’ I C Ô N E 77
LE BALLON DE FOOT
Guerre froide: FRANZ BECKENBAUER, de la Mannschaft d’Allemagne de l’Ouest, percute un footballeur soviétique en 1966.
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1860
Thierry La Fronde version chic: le ballon se prend pour une arme contondante dans sa carapace Vuitton.
Symbole noir et blanc d’une norme virile avide de matchs, «l’objet bondissant» semble aux antipodes de la tendance. Pourtant, après un passage entre les mains d’experts ès style, il devient aussi racé qu’une paire de belles pompes. Voire il attire ceux qui ne savent pas (encore) le tâter. Monogrammé chez LOUIS VUITTON à l’occasion
de la Coupe du monde 1998 et accompagné de sa malle sur mesure; conçu en cuir Venezia et piqué sellier chez Berluti; rayé bayadère lorsqu’il est regardé par PAUL SMITH... il a pris du galon. Désormais, on le traque, on le bichonne, on le collectionne. Bien au-delà du rôle purement utilitaire qu’il joue sur le terrain.
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LA CONVERSE
Hype, elle s’acoquine avec COMME DES GARÇONS PLAY.
Vous la connaissiez au gymnase, lorsqu’elle était encore conseillée pour les cours d’éducation physique. Vous la retrouvez aujourd’hui aux pieds des mannequins qui défilent à Florence, dans les jardins de la villa La Pietra, pour JW ANDERSON, lors du dernier PITTI UOMO. Comme ses consœurs sportives, la «Chuck Taylor» de
CONVERSE a connu bien des mutations esthétiques, histoire de plaire au plus grand nombre. Des rééditions historiques comme la «Chuck Taylor All Star 70» aux versions ultramode signées MISSONI, COMME DES GARÇONS PLAY et MARGIELA... le lexique CONVERSE ne cesse de s’étoffer. Pour la bonne cause.
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1917
Pro, elle ĂŠquipe les basketteurs de Denver en 1969.
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L A «OYSTER» DE ROLEX
La «Oyster» au poignet, MERCEDES GLEITZE atteint les côtes anglaises le 7 Octobre 1927.
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1926
La «Oyster Perpetual 39».
90 ans après avoir accompagné la nageuse MERCEDES GLEITZE lors de sa traversée de la Manche en 1927, la «Oyster» de ROLEX peut se vanter d’avoir marqué des points sur tous les tableaux. Première montre-bracelet étanche au monde, elle devient le portedrapeau de la maison suisse. On s’accorde à dire que la «Oyster
Perpetual» (au boîtier initial s’ajoute un mouvement mécanique de manufacture à remontage automatique) est devenue l’une des meilleures amies de l’homme. Plus encore dans sa version 39 mm qui, fidèle au brief de base, porte le flambeau de l’excellence ROLEX via une version contemporaine en acier brossé.
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LE «KEEPALL » LOUIS V UIT TON
A gauche, collaboration avec les frères CHAPMAN pour le Printemps-Été 2017. A droite, le «Keepall» créé en collaboration avec le label SUPREME.
Premier bagage souple de luxe, le «garde-tout» révolutionne la manière de partir en week-end dès sa création. Best-seller du catalogue LOUIS VUITTON, il est conçu pour épouser les formes de tous les sièges arrière de voiture et compartiments cabines. Il n’en fallait pas moins pour le faire canoniser icône du «smart
travel», accessoire mythique que l’on se transmet de père en fils. Parallèlement, il mène une double vie chez les créateurs rock ’n’roll et se fait réinterpréter à grand renfort de pubs par TAK ASHI MURAKAMI, STEPHEN SPROUSE, CHRISTOPHER NEMETH ou encore le label SUPREME, histoire de faire monter les enchères.
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1930
ALAIN DELON à l’aéroport d’Orly, en 1962.
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LE POLO LACOSTE
RENÉ LACOSTE, en 1926, lors de l’US Open, vainqueur en finale de JEAN BOROTRA.
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1933
Le L.12.12 revisité par le duo M/M pour les 85 ans da la marque.
C’est grâce à la firme française, et à son fondateur RENÉ LACOSTE, que le polo a gagné sa crédibilité en dehors du court. Vêtement strictement réservé à l’entraînement, il devient pourtant le précurseur de la logomania et promeut le crocodile comme signe distinctif bien avant l’ère du branding. La raison? Une matière
ultrapremium, un tissage aérien et agréable, une coupe parfaite. Et une bonne grosse caution mode depuis l’arrivée de FELIPE OLIVEIRA BAPTISTA à la direction artistique du label. Le combo inaltérable qui représente encore 40% du chiffre d’affaires de la maison.
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LE MOC’ GUCCI
La collaboration exclusive de GUCCI avec MR PORTER.
Mordu de cheval, ALDO GUCCI imagine un mocassin librement inspiré du monde équestre. Le détail qui tue? Le mors, fixé à l’avant du soulier, comme un nouveau moyen de reconnaissance de la maison florentine. Un détail d’importance qui deviendra culte. Ambassadeur tout-cuir d’une dolce vita moderne, on retrouve le
mocassin aussi bien aux pieds de la famille royale de Monaco que dans les hautes sphères de la jet-set. Sous la direction artistique d’ALESSANDRO MICHELE, il s’allonge, s’affine, change de nom et perd même parfois l’arrière, passant de chaussure classique à objet de mode décalé mais culte.
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1953
DUSTIN HOFFMAN dans «Kramer contre Kramer», en 1979.
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LE BLOUSON LEVI’S
CLIFF BURTON et sa veste Levi’s, dans les années 80.
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1967
La veste Trucker revue et corrigée par NICK SULLIVAN, le directeur de la mode du magazine «Esquire US».
Le point commun entre CLIFF BURTON (feu le bassiste de METALLICA), JAMES FR ANCO, le camionneur que vous croisez chaque matin à la sortie de l’autoroute de contournement, et JOHN LENNON? Leur trucker jacket de Levi’s. B.a.-ba du style, le blouson en jean va à tout le monde grâce à son extrême simplicité et à sa
connotation tantôt cool, tantôt badass’. Pour ses 50 ans, en 2017, le label a demandé à 50 personnalités fans de la pièce de la réinterpréter en y ajoutant leur patte. Customisable, usée... cette veste en jean en dit plus sur votre personnalité que les dossiers cryptés de votre smartphone.
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LE BMX
A gauche, le BMX BOGARDE classique. A droite, le BMX BOGARDE x COLETTE (env. CHF 1 690 ) édité à un seul exemplaire.
C’est sur la côte Ouest des États-Unis qu’il fait son apparition au début des années 70, avec son cortège de riders, de freestylers et autres racers tout juste sortis de l’adolescence dans le rôle des adorateurs. Son look de monture pour «cool kids» de Santa Monica est hissé au rang d’objet culte lorsqu’il permet de sauver E.T. de la
police locale, et voici que le vélo tout-terrain surfe sur le courant street qui agite le mercato mode depuis quelques années pour devenir un incontournable. On le trouve désormais dans les boutiques les plus pointues de la planète, tel le modèle unique signé BOGARDE x COLETTE, mais aussi dans les garages des grands de ce monde.
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1968
Figures de style non homologuÊes dans le Sud des États-Unis.
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LA DOUDOUNE MONCLER
1953, le Néo-Zélandais EDMUND HILLARY et le sherpa TENZING atteignent le sommet de l’Everest.
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1972
Le modèle «Blackout», réalisé en collaboration avec le photographe DAN HOLDSWORTH.
Après avoir habillé l’équipe de France de ski dans les 70’s, MONCLER se rachète une pertinence mode en 2003 lors de l’arrivée de REMO RUFFINI à sa tête. Dès lors, nombreux sont les designers invités à collaborer avec le label passé du côté italien de la force: JUNYA WATANABE, BALENCIAGA, FENDI, VISVIM ou ALEXANDRE MATTIUSSI donnent,
chacun, leur vision du mythique duvet patché. Le carton est tel que la maison prend le chemin des podiums, défile à Milan et à Paris grâce à deux créateurs résidents: THOM BROWNE pour l’homme et GIAMBATTISTA VALLI pour la femme. Et le vêtement devient une pièce «outerwear» urbaine aussi crédible que le manteau ou le trench.
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KID KREOL & BOOGIE Untitled, «Bath of Gold», 42 × 30 cm, peinture en aérosol et encre sur canvas, 2017, © Bomma Gallery
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Pantalon, cravate et chemise, HUGO BOSS. Montre, ROLEX.
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PEOPLE Armie Hammer. Il est le grand Apollon américain du merveilleux film «Call me by your name» qui raconte la naissance de l’amour entre un jeune chercheur insolent et un jeune étudiant en vacances. Rencontre avec un homme qui est arrivé en Italie en acteur et qui en est reparti en artiste. Texte JACK SUNNUCKS Photographie RANDALL MESDON Stylisme PAUL SINCLAIRE
APPELONS-LE PAR SON NOM Hammer et moi nous installons dans la cour intérieure du Château Marmont, qui est à Los Angeles ce qui se rapproche le plus d’une terrasse à l’italienne. On a tous l’impression d’avoir déjà vu son visage. Depuis son succès dans «The Social Network» en 2010, film dans lequel il incarnait les deux frères jumeaux Winkelvoss, il a joué un agent secret dans «Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E.» de Guy Ritchie, ainsi que dans «Lone Ranger». Aucun de ses derniers films n’a rencontré un succès fulgurant, ce que Hammer feint d’ignorer avec une bonne dose d’autodérision lorsqu’on l’interroge à ce propos. Avec «Call Me by Your Name», on a pour la première fois l’impression qu’on a exigé de lui le jeu d’acteur, authentique et grave, qu’il était en réalité toujours capable de fournir.
«Je connaissais ce sentiment. Celui d’être l’outsider ou l’incompris, tout en laissant transparaître du calme et de la sérénité», explique Armie Hammer. L’acteur, qui semble fait pour jouer dans des films d’action, raconte avec une sincérité touchante son rôle dans «Call Me by Your Name» (actuellement sur les écrans romands), un des films romantiques les mieux accueillis de l’histoire récente. Sous la direction du réalisateur Luca Guadagnino, Hammer interprète un des deux personnages principaux, celui d’Oliver, un doctorant américain, qui passe son été dans la campagne italienne. Lors de son séjour, Oliver tombe amoureux d’Elio, le fils de ses hôtes, interprété par Timothée Chalamet. Il serait d’ailleurs plus juste de dire que c’est Elio qui s’est presque immédiatement épris de lui et le séduit avec une détermination que seuls connaissent les jeunes de 17 ans ou ceux qui tombent amoureux pour la première fois. Et Elio rassemble les deux. Le film de Guadagnino est lent et nostalgique jusqu’à ce que les personnages principaux, on l’espère, finissent ensemble inéluctablement.
Comme dans le film, il est extrêmement beau et grand: dans la vraie vie, il mesure 1m96. Il émane de lui une impression de vie intérieure mouvementée peuplée de citations littéraires sérieuses et de moments d’introspection. Hammer était taillé pour le rôle d’Oliver, ce personnage qui dissimule sa peur de tomber amoureux derrière ses gesticulations maladroites et sa main derrière son cou. Lorsqu’il en a discuté pour la première fois avec Guadagnino, Hammer avait lui aussi évidemment quelques inquiétudes quant à ce rôle, même si les raisons n’étaient pas toujours évidentes. «Ce n’était pas du tout parce que je devais jouer le rôle d’un homosexuel», plaisante-t-il. «J’en ai déjà joué plusieurs fois, presque autant que des rôles d’hétérosexuels. J’interprète plutôt bien les homosexuels». Il a surtout hésité en raison de la franchise du film et de la façon dont la vie intérieure des personnages était mise à nue. «Guadagnino
«Ce n’est qu’un masque… Mais en fin de compte, cela me semble sincère», dit Hammer à propos du calme apparent d’Oliver, qui quitte chaque scène, le plus souvent au souper, avec un «à plus tard» nonchalant, ce qui à la fois fascine et rend fous ses hôtes et leur fils européens. «Je ne sais pas si cela vient du fait que j’ai souvent déménagé, que j’ai vécu dans pleins d’endroits différents ou que j’ai changé d’école presque chaque année, mais je trouve cela tout à fait compréhensible», poursuit maintenant Hammer. Nous n’aurions pas voulu le connaître comme cela; lui ne s’est peut-être connu qu’ainsi.
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Pantalon, nœud de papillon et chemise, HUGO BOSS. Lunettes de soleil, PERSOL.
PEOPLE m’a expliqué que l’histoire ne serait racontée que d’un seul point de vue afin de conserver les émotions et le regard omniscient du spectateur», explique-t-il en faisant une grimace. «C’est là que je suis devenu quelque peu frileux, car c’est dissuasif pour un acteur de savoir qu’il ne peut se cacher nulle part. Si quelque chose cloche, le public ne suit pas d’une scène à l’autre».
On a en effet l’impression que tous les moments tristes ont été tournés derrière la caméra, comme si c’était clair pour la distribution que leur été en Italie allait lui aussi un jour toucher à sa fin. «Luca et moi commencions à nous disputer et à vraiment se fâcher l’un envers l’autre», se souvient Hammer. «Je n’ai compris que bien plus tard que je ne voulais en fait pas que cette aventure se termine». Il semble que ce film ait été un tournant dans la vie de Hammer: «J’ai eu la chance d’avoir des amourettes d’été et d’avoir ressenti un profond amour, enfin je ne sais pas si on peut vraiment appeler cela de l’amour ou juste une immense tendresse, mais j’ai eu la chance de le vivre», dit-il. On peut lire ce sentiment sur son visage. «Mais ce film éclipse tout. Le fait d’avoir été avec ces personnes, qui sont maintenant presque ma famille, et le fait que nous soyons en tournée de promotion depuis un an, car le film a été présenté au Festival du film de Sundance».
Dans ces moments-là, comme le raconte Hammer, Guadagnino est au sommet de son art – lorsqu’un regard ou un contact dit tout («Call Me by Your Name» n’existerait même pas s’ils avaient tout de suite dit ce qu’ils voulaient). La star des deux films précédents de Guadagnino, «A Bigger Splash» et «Amore», était Tilda Swinton, qui maîtrise le drame à la perfection. Lorsqu’on visionne le film pour la première fois, on a réellement l’impression d’être transporté dans le petit village de Crema en 1983. Hammer explique que «le problème du film, c’est l’honnêteté émotionnelle entre les deux personnages principaux et le fait qu’il n’y ait aucun effets spéciaux. Il n’y a pas de plateau de tournage immense et les personnages n’ont pas d’autres objectifs que de passer de bons moments ensemble». «Cela vous prend aux tripes. Je n’avais encore jamais fait un film qui était émotionnellement si direct et ouvert». Après l’avoir longtemps caressé dans le sens du poil, le réalisateur a finalement réussi à convaincre Hammer en lui expliquant que la peur et le désir sont de la même famille, et qu’elles vont souvent de pair. «Si on a peur, cela veut dire que dans un sens, on a envie de le faire», plaisante Hammer au milieu de ce discours sérieux. «Comme la peur du vide qui implique en quelque sorte qu’on veut se laisser tomber».
Le film faisait partie des favoris de la saison de remises de prix. A l’heure où ce texte était écrit, il était en tête de liste pour les Oscars remis le 4 mars 2018. «La route a été longue», répond-il quand on lui demande si cela était important pour lui que le film reçoive une récompense ou pas. «Si on m’avait posé la question une semaine avant la cérémonie, j’aurais répondu: ‘Pas du tout. Le simple fait de pouvoir faire le film était une récompense’. Si on me l’avait demandé un ou deux mois avant, j’aurais plutôt dit: ‘Oui, on doit gagner, nous allons remporter le prix’. Et aujourd’hui, comme l’alchimiste de Paulo Coelho, je reviens au moment précédant la remise de prix où nous pensions que nous n’avions pas besoin de la récompense, car le fait d’avoir pu faire le film était déjà un honneur».
Ce film met surtout en avant l’intrépidité. Elio et Oliver s’aiment, ce qui n’est pas sans conséquences, mais il ne se passe rien d’autre d’absolument fracassant, fait rare dans les films racontant des histoires d’amour homosexuelles, surtout quand ils se déroulent dans les années 80. «Il n’y a pas d’adversaires, personne ne tombe malade», comme le souligne Hammer. Guadagnino l’avait pourtant envisagé. Les acteurs se souviennent justement d’une prise: «Il y a une scène où Elio se met à saigner du nez. Oliver lui demande alors si tout va bien. Lors de la première prise, je vais vers lui et prends un air très inquiet». Il poursuit: «Luca m’a appelé et m’a demandé: ‘Pourquoi tu le joues comme ça?’. Je lui ai répondu: ‘Eh bien, nous sommes au début des années 80, il y a eu une épidémie qui a rendu plein de personnes malades’. Luca m’a alors regardé et a dit: ‘Très bien. Je n’y avais pas du tout pensé. Fais-le autrement’. Il ne voulait pas faire d’insinuations».
Après les Oscars, l’odyssée de «Call Me by Your Name» touchera vraiment à sa fin, sauf si le film venait à avoir une suite, comme l’a laissé entendre Guadagnino. Hammer a depuis participé à plusieurs projets. Le premier, «Hotel Mumbai», qu’il a tourné tout de suite après, traite des attaques terroristes de 2007 à Bombay. Autre registre, autre ambiance. «Je suis passé directement de la campagne italienne, où je faisais du vélo sans veste, mangeais des fruits et me détendais à me faire pourchasser par des types armés jusqu’aux dents dans les couloirs d’un hôtel», raconte-t-il amusé. «Cela m’a fait un choc». Il affirme même que, malgré les bonnes critiques sur «Call Me by Your Name», il n’a pas reçu d’autres propositions de rôles. Cela avait déjà été le cas après «The Social Network» ou «Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E.». «Je me suis dit ‘Oh, maintenant, ma vie va changer. Elle va devenir totalement différente’. Et puis rien ne se passe.».
«Je connaissais ce sentiment. Celui d’être l’outsider ou l’incompris, tout en laissant transparaître du calme et de la sérénité» 102
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PEOPLE Chemise, DIOR HOMME.
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Grooming KC FEE @ The Wall Group Executive producer MICHAEL SCHEIDELER @ CXA Production ANNA MAGRIPLIS @ CXA Digital Technician HESH HIPP Asistants photo DAVID WINTHROP HANSON MATTHEW EVANGELISTI Assistant styliste WALKER HINERMAN Tailleur SUSIE KOURINIAN Lieu CHÂTEAU MARMONT
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«Je n’avais encore jamais fait un film qui était émotionnellement si direct et ouvert.»
Armie Hammer semble s’être accommodé des difficultés depuis son premier grand rôle. Il a grandi dans les îles Caïmans car son grand-père s’était fait un nom dans l’industrie pétrolière. Ses parents n’étaient pas très enthousiastes lorsqu’il leur a parlé de son rêve de devenir acteur, mais ils ont vite changé d’avis lorsqu’ils ont vu à quel point cela était important pour lui. Hammer s’est alors investi avec le dévouement le plus total dans son métier. Lors de sa formation, on lui a expliqué qu’un acteur ne pouvait pas rêver mieux qu’un rôle dans un film d’auteur comme celui de Guadagnino. «Je l’ai pris comme un défi et voulais vraiment être considéré comme un artiste», confie-t-il. «Maintenant, lorsqu’on me demande à une réception ce que je fais dans la vie, je réponds avec beaucoup plus de confiance en moi que je suis un artiste. Je veux me revendiquer comme tel, et que tout le monde comprenne ce qui me fait aller de l’avant».
chimie entre les acteurs, Guadagnino les a laissés voyager pendant trois semaines afin qu’ils puissent répéter plusieurs heures par jour. «Il voulait cependant que Timmy et moi soyons tout le reste du temps ensemble. Il disait ‘Maintenant, allez faire du vélo ensemble. Allez-y et buvez un café’». Voilà ce qui a plu aux spectateurs: à quand remonte cet été sans fin, la dernière balade à vélo, la première fois que nous sommes tombés amoureux? «D’une certaine façon, je me suis senti si sûr de moi sur le tournage et si serein avec Luca, Timmy, Michael, Amira, Esther et Victoire et tous les autres acteurs», raconte-t-il, pensif. «Se rendre vulnérable semblait être la seule vérité». Comme il est beau de voir qu’un film si doux et vulnérable ait touché un public si enthousiaste. «Je veux dire, au final, pour le dire crument, nous avons réalisé un film dans lequel un gars a une relation sexuelle avec un fruit et un autre gars le mange après», révèle-t-il. «Je me suis alors dit que personne ne devrait voir ça. Le public américain n’est peut-être pas prêt à l’accepter. Cela n’a pas été le cas car les gens ont aimé ce film, qui célèbre l’amour. Ce qu’a essayé de faire Luca, c’est de tout réduire aux sentiments humains de base afin que chacun, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité, se souvienne du jour où il a ressenti cela pour la première fois».
Bien qu’il ne réside plus aux îles Caïmans, Hammer aspire toujours à la vie de Robinson. Il est marié à la présentatrice télé et journaliste Elizabeth Chambers, avec qui il vit à Los Angeles. «C’est une personne incroyable, car elle accepte les hauts et les bas», répond-il lorsqu’on lui demande ce que cela implique pour sa femme d’être mariée à un acteur, et plus précisément avec lui. «C’est bien sûr une véritable montagne russe lorsque le travail consiste à vivre ses sentiments. Comme l’a dit Kurt Vonnegut, les acteurs sont comme les canaris du proverbe, ceux qui vivent dans une mine de charbon: nous sommes tellement sensibles que nous sommes les premiers touchés». Comme si la citation de Vonnegut n’était pas suffisante, Hammer devient plus pensif lorsque nous lui parlons de sa plastique admirable. «Et Elizabeth est incroyablement compatissante lorsque j’en ai besoin», dit-il dans un grand éclat de rire. «Lorsque cela devient nécessaire, elle sait aussi dire: ‘Arrête tout de suite. Reprends-toi’».
Notons encore que les sentiments d’Armie Hammer envers le film n’ont pas changé. Sur le thème de l’amour: «Comme la première fois que l’on tombe follement amoureux de quelqu’un ou que l’on s’ouvre complètement à l’autre, devenant ainsi vulnérable et à qui on dit ‘Je suis comme ça et c’est exactement toi que je veux’». Ici, c’est Armie Hammer, l’artiste, l’homme, qui parle et revient sur cet été comme les autres. «Et tout le monde comprend ce sentiment lorsque l’autre l’accepte et le partage».
L’autre relation d’Armie Hammer qui retient tout autant l’attention est celle qu’il entretient avec l’autre vedette principale Timothée Chalamet, avec qui il a une relation simple et fraternelle derrière les caméras. «Il est l’un de mes rares partenaires à l’écran avec lequel je parle régulièrement», raconte Hammer. «Il est la personne la plus ouverte du monde. Cela pourrait être un inconvénient, mais c’est un cadeau pour le monde car il est abordable, et c’est pour cela que l’on parvient à suivre si facilement son voyage émotionnel tout au long du film». Pour qu’il y ait plus d’al-
Pour celles et ceux qui en rêvent encore, il existe le livre en version audio. Raconté par Hammer, le roman est cette fois narré du point de vue d’Elio, comme dans le livre d’André Aciman. C’est comme si l’on redécouvrait l’histoire. «À chaque fois que je me préparais à une session d’enregistrement du livre, j’ai appelé Timmy ou Luca et leur ai dit: ‘Les gars vous me manquez. Il faut qu’on en discute. Il faut qu’on revienne en arrière’». Si seulement il pouvait nous emmener avec lui.
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PEOPLE Depuis que Hugh Jackman est devenu, en 2000, une star de cinéma avec «X-Men», il est indissociable de Wolverine, son personnage le plus emblématique. Rencontre avec un héros au cinéma. Et à la ville, aussi. Par LIVIA ZAFIRIOU
Son rôle de Wolverine s’est développé au fil des films, sur plus de 7 ans, pour se terminer avec une dernière apparition du héros dans le film «Logan», sorti l’an dernier. «Logan», justement, était assez différent de ce que l’on pouvait attendre d’un épisode de «X-Men»: l’histoire d’un héros déchu, qui tente d’occulter son passé, de trouver un peu de quiétude, qui fait face aux déceptions et aux regrets. Le film, tout à la fois brut et viscéral, déjouait les attentes des fans de Hugh Jackman.
semble, les gens ont adoré. C’était le film que les fans avaient souhaité voir depuis très longtemps. En tout cas, c’était l’histoire que je voulais raconter, la fin d’une longue lignée de films mais c’est comme s’il y avait quelque chose de nouveau, et pas une simple fin. J’étais très satisfait de l’œuvre une fois finie. Pensez-vous qu’il s’agit peut-être du début d’une nouvelle lignée de films «X-Men» mais avec, cette fois, une approche plus consistante des personnages? A vrai dire, le premier film «X-Men» traitait à sa manière de thèmes comme l’Holocauste et d’autres trames très sombres. Bien sûr, dans ces films, il y a plus de costumes, de scènes de voltige, et de comportements typiques de superhéros par rapport à ce que l’on peut voir maintenant. Les superhéros d’aujourd’hui sont abordés de manières très diverses, il s’agit plus d’une collection de personnages. «Les Gardiens de la Galaxie» est vraiment drôle et le travail de Nolan sur Batman était vraiment extraordinaire.
L’OFFICIEL HOMMES Suisse: C’est bon de vous voir en Europe. Est-ce que vous vous plaisez ici? Hugh Jackman: J’adore être ici en Europe – tout comme j’adore aussi les États-Unis. Ce que j’aime le plus ici en Europe, c’est que vous pouvez voyager sur de courtes distances, et faire la rencontre de cultures très variées. J’ai passé l’été dernier en Grèce et en Italie... Ayant grandi en Australie, j’ai toujours eu une carte du monde sur mon mur, je rêvais d’aller partout. Je suis un voyageur. Cela fait déjà un moment que «Logan» est sorti: avez-vous été satisfait du film? Oui, c’est exactement ce que j’avais espéré.
Certains de vos camarades de film vont-ils vous manquer? Je sais que vous êtes proche de Ian McKellen et Patrick Steward. En fait, je les vois tout le temps. Nous sommes très liés, ils ont été tous les deux une grande source d’inspiration pour moi quand j’ai commencé ce métier. Ils comptent parmi
Et de l’accueil que lui a réservé le public? Oui! Naturellement, certains fans n’étaient pas contents du caractère définitif de la fin du film, mais dans l’en-
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u’est-ce que vous aimez le plus dans votre Q collaboration avec cette maison? Je suis un homme loyal et quand j’aime quelque chose, j’essaie de le préserver. Ici, nos amitiés durent depuis des années, et l’équipe est exactement la même depuis que je l’ai rejointe. C’est un réconfort dans ma vie car je les connais depuis longtemps, c’est comme une famille. J’aime ce qu’ils défendent.
les plus grands acteurs de tous les temps, et ce fut un réel privilège d’avoir pu travailler avec eux. C’est tellement agréable d’évoluer à leurs côtés; quand vous êtes en tournée de presse avec eux, c’est génial parce qu’ils ne se prennent pas au sérieux. Ils disent ce qu’ils pensent, ce qui est très appréciable. Quel est votre super-héros préféré? Indiana Jones est-il un super-héros?
C’est votre dernier film dans le rôle de Wolverine, seriez-vous prêt à endosser celui d’un autre super-héros? Je le ferai probablement si le rôle est intéressant. En fait, «X-Men» était mon premier job - à ce moment-là, j’aurais accepté n’importe quoi. J’ai vraiment été chanceux du fait que ce soit un si grand rôle avec autant de potentiel. En revanche, je n’en ferai pas un autre qui exige des heures de maquillage prothétique.
On le savait, mais voilà qu’il le confirme: Hugh Jackman l’optimiste n’a pas abandonné son rôle de superhéros de la vie ordinaire, en dehors des plateaux. Un modèle.
Nous nous rencontrons aujourd’hui dans la cadre de votre rôle d’ambassadeur pour Montblanc.
MONTBLANC.CH
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PHOTOS DR, Getty Images
Le lancement d’une série limitée d’instruments d’écriture Montblanc x UNICEF fut un moment particulier où vous aviez vraiment l’air passionné... La seule chose dont me parlait sans cesse mon père durant mon enfance, à part de ne pas manger avec la bouche déjà pleine, était l’importance d’acquérir une éducation. Vous pouvez ici acheter un magnifique objet, dont les recettes sur chaque vente permettront de soutenir l’éducation avec l’objectif de faire en sorte que cinq millions d’enfants qui n’ont pas encore accès à un enseignement de qualité puissent y avoir droit. Avec l’éducation, tout est possible.
Oui, je pense que oui… Dans ce cas, Indiana Jones et j’aime aussi beaucoup Iron Man.
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«J’ai fini par me rendre compte que la personne qui se cachait derrière la sportive s’était perdue en cours de route. Depuis que skier est devenu mon métier, je n’avais jamais pris le temps de réfléchir à ce qui me servait vraiment.» 110
PEOPLE Elle n’a peut-être par remporté de médaille à Pyeongchang mais elle reste la plus célèbre et la plus magnétique des skieuses suisses. Rencontre en coulisses et retour sur un moment de sa carrière qui la raconte aussi bien que ses succès les plus brillants. Par MATTEO G. DALL’AVA
Photographie FEDERICO FLORIANI
LARA GUT, STAR SANS ÉCLIPSE Que peut bien faire de son samedi soir une jeune skieuse prête à affronter une compétition de la Coupe du monde? Un repas léger et au lit? Un dîner de gala? Non, ce jour-là, elle est en route direction Venise pour encourager une amie marathonienne. Une information digne de la presse people, certes, mais seulement parce que vous ne savez rien de l’envers du décor. Lara Gut, suissesse d’origine italienne par sa mère, a remporté bon nombre de médailles, elle a enlevé la Coupe du monde de ski en 2016, et s’impose en bientôt vétérane de sa discipline. Mais concentronsnous, ici, sur un fait moins célébré, sur un accident de parcours significatif qui en dit long sur sa personnalité: en février 2017, elle chute lors d’un entraînement au combiné des Mondiaux de Saint-Moritz. Le constat est sans appel: déchirure des ligaments croisés antérieurs avec lésion du ménisque. Lire ces mots suffit à s’imaginer la douleur. S’ensuivent un arrêt de 6 mois et la fin des Mondiaux. Sauf que pour Lara, «plus c’est difficile, mieux c’est». En effet, ce qui aurait été insurmontable pour beaucoup a été une révélation pour elle. «J’ai été catapultée dans le cirque de la Coupe du monde à 16 ans. Après 10 saisons, j’ai bien cerné les tâches qui m’incombaient en tant qu’athlète. Tu enclen ches le pilote automatique et tu enchaînes entraînements, séances de récupération, compétitions, transferts, essais de nouveaux équipements, exercices à la salle de sport, meeting avec l’équipe nationale, interviews. Mais j’ai fini par me rendre compte que la personne qui se cachait derrière la sportive s’était perdue en cours de route. Depuis que skier est devenu mon métier, je n’ai jamais pris le temps de réfléchir à ce qui me servait vraiment. Cette pause m’a permis de m’oc-
Ici et sur la page ci-contre, deux portraits de Lara Gut. L’italophone reste la star et la figure la plus médiatique de l’équipe féminine suisse de ski alpin.
cuper de tout ce qui ne concernait pas une pente enneigée». Lara s’éloigne ainsi du feu des projecteurs et se recentre sur ce qui compte vraiment. «Je me souviens être restée cloîtrée seule dans ma chambre d’hôtel. Une amie m’appelle. Elle me dit de ne pas bouger et qu’elle arrive avec des sushis. Et c’est sans parler de ceux qui sont venus à Lugano au beau milieu de la nuit pour m’apporter de la crème glacée». Lara se remet alors à cuisiner et à lire ses auteurs préférés, de Ken Follett à Wilbur Smith, en passant par Jeffery Deaver ou encore Carlos Ruiz Zafón. Aujourd’hui, la skieuse souhaite être heureuse, et pour elle, le bonheur passe aussi par une piste gelée. «C’est une neige très agressive et j’aime la lutte. Sur la glace, il faut être très précis et skier avec légèreté. Il faut affronter chaque virage avec convic-
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tion car l’indécision entraîne la chute». Lorsqu’on demande à l’athlète comment elle s’est remise en course, après son terrible accident, elle répond: «Depuis cet accident, je suis encore plus consciente de mon amour pour le ski, de la chance que j’ai de pratiquer le sport que j’aime et d’avoir une forme physique qui me permet de le faire. Évidemment, en hiver, je suis au lit à 22h30. Tous les jours. Ce serait mentir de dire que mon corps fait chaque fois tout ce que je lui dis sans dormir». La personne qui lui a alors permis de surmonter cette épreuve est son entraîneur, qui n’est autre que son père, Pauli Gut. «C’est grâce à lui que j’ai remporté la Coupe du monde», nous raconte-t-elle le sourire aux lèvres. «Mon père m’a appris que lors d’une compétition, je suis soit mon pire ennemi, soit ma plus grande alliée. L’important est de toujours donner le meilleur de soi-même. Sur la ligne de départ, je ne ressens que de l’adrénaline et de l’excitation. Je ne m’inquiète de rien car mon équipe s’est occupée des moindres détails. Je ne peux pas échouer car sSi je donne le meilleur de moi-même, tout ira bien. Parfois, donner le meilleur de soi signifie passer 7 portes et tomber. Il faut alors se relever et recommencer en partant de là. Aujourd’hui, j’ai compris qu’il faut parfois s’arrêter et savoir dire non». Elle poursuit : «Ma priorité, c’est de profiter de chaque compétition pour skier vite et d’apprécier le travail extraordinaire que j’accomplis». À propos, vous vous demandez sûrement si l’amie marathonienne de Lara a gagné le marathon de Venise. Non. Mais elles s’accordent toutes les deux à dire que pour s’amuser, grandir, évoluer, il faut passer son temps libre avec des personnes qui nous transmettent leur énergie.
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PEOPLE L’ex-bad boy de Hollywood révèle toute sa vulnérabilité dans des films d’auteur, et ça lui va vraiment bien: revoici Colin Farrell dans «Mise à mort du cerf sacré», de Yórgos Lánthimos. Entre cigarette et café du matin, il se confie. Par JULIETTE MICHAUD
Photographie VINCENT DESAILLY
IRISH COFFEE «Mise à mort du cerf sacré», tragédie très kubrickienne. Oui, d’ailleurs si vous avez une explication quant au sens du scénario, je suis preneur (rires). Le film a été aussi éprouvant à tourner qu’il l’est à regarder: tendu, répressif, sans aucune explication. Je rassurais Nicole en lui disant que ça allait être bien. C’est une femme épatante, j’espère que nous tournerons une troisième fois ensemble. Et même avec Yórgos s’il nous le demande, car je suis son fan numéro un. Et il en profite! (Rires.)
Il est plus brunch que breakfast? Qu’à cela ne tienne. Colin Farrell mord dans un croissant, attrape sa tasse en vous regardant droit dans les yeux, vous parle de très près avec un accent irlandais à couper au couteau… La carrière de ce comédien, 41 ans, ne ralentit pas, bien au contraire. Victime consentante du désir féminin dans «Les Proies» de Sofia Coppola, il sera à nouveau visible aux côtés de Nicole Kidman dans le nouveau film «dérangé» de Yórgos Lánthimos, le réalisateur de «The Lobster». Avant de tour ner sous la direction de Steve McQueen et Tim Burton. Rien que ça.
Vous avez tourné avec tant de maîtres, cela vous a-t-il changé? Tourner avec Sofia Coppola, par exemple, vous apaise, car elle vous entoure de douceur et de beauté. Mais c’est surtout la paternité et devenir sobre qui m’ont changé. Et d’avoir fait le petit film libérateur «Bons Baisers de Bruges». Chez les géants, comme Terrence Malick, finalement, vous ne faites que passer. Tenez, jusqu’au premier jour de tournage du «Rêve de Cassandre», Woody Allen me prenait pour Ewan McGregor!
L’OFFICIEL HOMMES Suisse: Quelles sont vos habitudes de petit déjeuner? Colin Farrell: Mauvaises (rires). De temps en temps, je m’adonne au brunch, et j’adore ça. Des œufs, tout ce que vous voulez. Sinon, je ne mange pas le matin. Surtout si je travaille, car je me sens incapable d’aborder un personnage le ventre plein. Juste café ou thé. Et une cigarette. (Il rejette la fumée de celle qu’il tient entre ses doigts.) Je sais, c’est mal. Où vivez-vous? À Dublin et à Los Feliz, un quartier de Los Angeles où j’ai fait venir une bonne partie de ma famille. Ici, je fais du yoga, des randonnées dans Griffith Park, je cuisine un peu, mais depuis que j’ai pris tout ce poids pour «The Lobster», je fais attention à ce que je mange. Je suis un vrai Californien.
Votre appétit de jouer semble avoir redoublé. J’attendais que mes deux formidables fils soient plus grands pour accepter davantage de rôles. Cette année, je tourne «Widows» de Steve McQueen (un film de braquage au féminin avec Viola Davis, Michelle Rodríguez et Robert Duvall, ndlr); je campe un avocat face à Denzel Washington dans «Roman Israel, Esq.», un thriller dramatique de Dan Gilroy; et «Dumbo» de Tim Burton, avec Eva Green. Je joue le père des gosses qui s’entichent de l’éléphanteau. Je varie les plaisirs pour m’amuser. Ma révolution existentielle a été de faire confiance.
Il émane de vous quelque chose de très doux – tout le contraire de votre personnage de père chirurgien dépressif marié à Nicole Kidman dans
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PHOTOS DR
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PEOPLE L’acteur est le nouveau visage d’Eternity de Calvin Klein dans une campagne qui évoque l’amour le plus pur. Et ça lui va à ravir. Il nous raconte comment il a contribué à créer cette campagne, ce qu’elle évoque pour lui mais aussi ce qu’il veut faire de sa jeune maison de production. Par ISABELLE CAMPONE
Dans ses films, on a souvent vu Jake Gyllenhaal comme un héros sombre, le père et époux meurtri de «Nocturnal Animals», le psychopathe de «Nightcrawler», il y a plus longtemps, le cowboy bouleversé de «Brokeback Mountain» ou l’adolescent de «Donnie Darko». Dans la vie, il a le même regard intense, mais le sourire, irrésistible, révèle vite sa personnalité. L’homme s’amuse, adore plaisanter, spontanément, sans calculer l’effet de ses paroles. Il est ultrasérieux aussi, très réfléchi, là encore sans paraître construire une image d’acteur engagé. On l’a rencontré à New York au moment du lancement de la nouvelle campagne publicitaire pour Eternity de Calvin Klein. Un visuel shooté par Willy Vanderperre et un film réalisé par Cary Fukunaga («Beasts of no nation») le mettent en scène avec le mannequin éthiopien Lyia Kebede et une adorable petite fille dans un rêve de famille heureuse, au quotidien tendre et charmant. Jake Gyllenhaal a également produit le petit film – avec sa jeune société de production, Nine Stories, nom emprunté au recueil de nouvelles de J.D. Salinger. Il en parle et on revoit le jeune père qui a fait craquer Internet dès le jour où la campagne a été dévoilée. Le papa dont on entend la voix réciter un poème de E.E. Cummings en voix off alors que la petite fille marche vers la caméra – «I carry your heart with me. I carry it in my heart. I am never without» –, puis qui joue avec le petit pied de la jeune actrice, en récitant encore l’émouvant poème, dont les vers accompagnent encore la dernière scène: «This is the wonder that’s keeping the stars apart».
un thème ou avec un message que je tiens absolument à passer, mais plutôt à la connexion avec les gens et leur implication créative. L’honnêteté et l’authenticité de cette première rencontre ont perduré tout au long de notre collaboration. Comment avez-vous travaillé? Raf et son équipe m’ont demandé quelles étaient mes idées. Calvin Klein avait conçu ce parfum au moment où il allait se marier, il allait fonder une famille, et il était un peu partagé dans ses sentiments. Heureux et inquiet à la fois. Cela m’a semblé très honnête et, je le pense, c’est pour cette raison que sa création est un succès depuis si longtemps maintenant. Je connaissais Raf depuis un bon moment, mon associée avait produit «Beasts of no nation» avec Cary Fukunaga, nous étions tous directement ou indirectement liés dans la vraie vie, et nous avons eu envie de raconter une histoire de famille. Alors, cette famille? Pour moi, c’était simplement une question d’amour. On a parlé d’une famille moderne parce qu’elle est mixte, mais pour moi c’est juste une famille! Ça pourrait être comme ça ou autrement, nous vivons dans un monde où il y a tant d’incarnations de ce que signifie être une famille. La plupart du temps, il y a une sorte de fausseté dans ces pubs de parfum, mais ici, ça sonne juste, c’est vraiment comme l’amour vrai. Raf Simons a, en général, une manière propre d’exprimer des choses qui ont été toujours là, mais on ne parlait pas nécessairement. C’est en cela qu’il est un artiste, il est incroyablement sensible, et il a quelque chose en lui qui lie l’autre à la communauté.
L’OFFICIEL HOMMES Suisse: C’est une belle campagne, il se trouve que vous avez été très impliqué créativement. Pouvez-vous nous en raconter la genèse? Jake Gyllenhaal: Je jouais dans une pièce de théâtre à Broadway et Raf Simons, le directeur artistique de Calvin Klein, est venu me voir après le spectacle pour me parler. C’était important, le fait qu’il vienne voir quelque chose qui comptait tant pour moi. Nous avons parlé de créativité, de la manière de l’exprimer et pour moi, tout part vraiment de là. Ça n’a pas vraiment grand-chose à voir avec
Avez-vous approché ce rôle comme pour un film? Il y a une sorte d’abstraction, très belle, dans ce petit film qui ressemble à un mélange de fiction et de réalité. L’équipe voulait intégrer Lyia à ce projet alors, évidemment, on a pensé à une histoire d’amour, puis à une famille, mais sinon non, il n’y a pas plus d’histoire que ça. On a proposé des choses à Leila, la petite fille, pour voir ce
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PEOPLE qu’elle trouvait vrai. On avait choisi quelques poèmes et elle a choisi celui-ci. Il s’agissait plus de filmer des moments, des instants un peu tendres, où l’on s’amuse un peu, pas complètement sérieux. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais montré des moments où ils s’ennuient, c’est ça aussi, l’amour. Mais bon, ça ne marche pas aussi bien! Enfin, au bout d’un moment, Leila nous a quand même dit qu’elle en avait assez de ce poème.
perspective sur ce que je fais. Jeff Bauman a en quelque sorte fait apparaître l’absurdité de mon métier, mais aussi son importance. Je ne prendrai plus jamais ça autant au sérieux, ni moi-même, mais je ne négligerai plus jamais le pouvoir d’une histoire que l’on raconte. C’était un drôle d’équilibre, où le film m’a fait me sentir ridicule mais m’a aussi encouragé à continuer.
Campagne que vous avez d’ailleurs produite avec Nine Stories, votre jeune maison de production, dont «Stronger», le premier film, est sorti récemment. Vous y jouez Jeff Bauman, qui a perdu ses jambes dans l’attentat du marathon de Boston. Comment avez-vous vécu l’expérience? Ce film a changé ma vie, pas seulement parce ce que je l’ai produit, que j’y joue et que c’était donc une immersion totale, mais surtout parce qu’il m’a donné une nouvelle
Pensez-vous qu’Hollywood change? Les discri minations contre l’âge, le sexe ou les minorités vont-elles disparaître? C’est très compliqué! Il y a enfin, depuis peu, un changement de paradigme, on commence à donner du pouvoir aux femmes pour lutter contre le sexisme, mais aussi le racisme et le rejet de l’âge. Avec Riva Marker, mon associée dans Nine Stories, nous voulons vraiment produire des projets pour et avec autant de femmes que d’hommes. Notre société est 50/50, et c’est comme ça que ça doit être. On voit aussi des gens incroyablement talentueux être laissés de côté parce qu’ils vieillissent, et pas seulement devant la caméra, partout. On accorde de l’importance à la hype plutôt qu’à l’expérience alors qu’il y a des gens qui ont une telle histoire de vie! On a envie de réunir ces gens, un réalisateur âgé avec un directeur de la photo qui a une vision différente ou le contraire, un producteur qui connaît vraiment bien le storytelling avec un jeune. Cette ouverture, c’est de la responsabilité de ceux qui ont l’opportunité de raconter des histoires, et c’est ce qu’on veut faire. Du coup, quand Calvin Klein nous a approchés pour ce film, on leur a demandé si c’est vraiment ce qu’ils voulaient. Souvent les gens croient vouloir cette implication, mais en veulent juste l’apparence. Moi, je veux travailler avec des gens qui désirent vraiment cela, ce que je suis, ce à quoi je tiens. Et ce à quoi je tiens, c’est la communauté, la famille. Et réaliser des choses de la manière la plus honnête qui soit.
JAKE GYLLENHAAL, LYIA KEBEDE et la petite LEILA, la famille idyllique de la campagne CALVIN KLEIN.
Le flacon ETERNITY, aussi culte que la fragrance
Cette voix off, ce poème, c’était votre idée dès le début? On avait commencé par lui faire poser des questions – «Pourquoi le ciel est bleu?» ou «Comment est-ce que je suis arrivée sur terre?» – mais on a essayé et elle a trouvé ça bizarre, ça sonnait faux, on a pensé à d’autres choses, peindre, lire un poème, et c’est ce qu’elle a aimé. Les enfants adoptent souvent ce qui est le plus beau, et c’est ce qu’elle a fait. Quel est votre premier souvenir de ce parfum? A l’école, ado, j’en mettais beaucoup et... ce n’est pas la meilleure chose à faire, il faut être subtil quand même. Donc, voilà ma première expérience: comment doser la quantité de parfum sur mon corps. Mais pas vraiment de souvenir spécifiques, plutôt une époque, comme la plupart des parfums. Je n’aurais jamais cru que je participerais à une campagne Eternity!
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PEOPLE Acteur, réalisateur et désormais mannequin, Simon Waldvogel fait preuve de clairvoyance du haut de ses 30 ans. Pour l’instant, il se concentre sur le thème des barrières linguistiques dans ses projets de films et ses spectacles – un thème suisse s’il en est. Par LENA STÄHELI Photographie CYRILL MATTER Stylisme PHILIPP JUNKER
«L’AMORE IST NICHT UNE CHOSE FOR EVERYBODY»
allemand, il a de soi apporter sa pierre à l’édifice: «Les personnes venant du Tessin se sentent un peu exclues et n’appartiennent pas vraiment au reste de la Suisse… Et le même son de cloche résonne en Suisse romande». Son spectacle utilisant les quatre langues nationales, au moins, chaque Suisse peut-il en comprendre un passage dans sa langue maternelle!
Il est charmant Simon Waldvogel. Il est né à Grabs, dans le Rheintal. Sa langue maternelle est le suisse allemand. Il a grandi au Tessin, et plus précisément à Lugano, ce qui explique son italien irréprochable. Et bien sûr, il parle également anglais et français. Simon découvre très tôt sa passion pour les films et la comédie. Pendant sa scolarité, il joue au théâtre et prend des cours d’art dramatique. À 20 ans, il est attiré par la métropole milanase, où il étudie la comédie dans la fameuse Accademia dei Filodrammatici. Pendant et après ses études, il travaille déjà devant et derrière la caméra pour divers projets personnels.
Mais la dramaturgie est tout aussi intéressante que la structure linguistique de la pièce dont le titre «L’AMORE IST NICHT UNE CHOSE FOR EVERYBODY (LOVING KILLS)» laisse deviner que le thème principal en est l’amour. Les comédiens ont tous entre 30 et 40 ans et leurs personnages luttent contre la pression sociale en matière de relations, de mariage et de vie de famille. Avons-nous tous vraiment besoin d’une maison à la campagne avec un jardin? Voulons-nous vraiment des enfants ainsi qu’un chien ou un chat? On est souvent prisonnier du fameux modèle de nos
Waldvogel travaille en ce moment sur son deuxième grand spectacle, qui traite de la rupture des barrières linguistiques entre les différentes régions de la Suisse. Fort de sa maîtrise de l’allemand, de l’italien, du français et du suisse
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PEOPLE parents, la pression sociale nous poussant à rentrer dans le rang. De peur d’être catégorisés comme des ratés, beaucoup suivent le même chemin sans se demander s’ils le désirent vraiment. Dans cette pièce, la vraie question est: à quoi ressemble l’amour aujourd’hui? Waldvogel esquisse des réponses – bonheur personnel taillé sur la mesure de chaque individu, quête de signification... Le spectacle joue la proximité avec les spectateurs grâce notamment à l’art vidéo, à des projections et à des moments dansés. «L’AMORE IST NICHT… » ne jette pas seulement un regard critique sur l’amour et les langues, sur les problèmes et les défis que ces grands thèmes posent. Non, c’est aussi un show divertissant et vraiment hilarant.
spectacle ce 24 mars à Bâle, ce qui équivaut – presque – à une invitation en demi-finale. LA MODE, CET ART Sélectionné pour défilé pour le créateur de mode Antonio Marras – aujourd’hui, de plus en plus de défilés mêlent mannequins professionnels et différents types d’hommes «réels» –, Simon Waldvogel a pu appréhender les liens entre mode et art. L’auteur a trouvé sa brève incursion dans la mode fascinante: «J’ai toujours vu un lien entre l’art et la mode. Pour moi, la mode est un art, bien que ce soit tout à fait différent. La mode est frénétique et en constante évolution. La préparation à mon entrée sur le podium fut brève, tout le monde était stressé et personne ne savait ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. C’est pourquoi j’ai changé d’avis à ce sujet: le travail de mannequin est vraiment difficile».
Simon Waldvogel et son équipe ambitionnent de remporter le prix de théâtre Premio. Son équipe et lui ont déjà été choisis pour présenter les 20 premières minutes de leur
«J’ai toujours vu un lien entre l’art et la mode. Pour moi, la mode est un art, bien que ce soit tout à fait différent. La mode est frénétique et en constante évolution. La préparation à mon entrée sur le podium fut brève, tout le monde était stressé et personne ne savait ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. C’est pourquoi j’ai changé d’avis à ce sujet: le travail de mannequin est vraiment difficile». SIMON WALDVOGEL
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Sur cette photo et la suivante, Simon Waldvogel en GIORGIO ARMANI. Veste croisée associée à un pantalon marron/gris brillant et un t-shirt couleur amande avec un col roulé court et des manches ¾ en viscose élastique. Mannequin SIMON WALDVOGEL Coiffure & maquillage RACHEL BREDY
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PEOPLE Avec son style décontracté et son sourire charmant, le gardien de but Yann Sommer fait incontestablement partie des footballeurs les plus sexy. Durant la Coupe du monde en Russie, il sera le portier de l’équipe suisse. Yann Sommer sait aussi cuisiner, chanter, il tient un blog et joue bien les mannequins. Rencontre avec un touche-à-tout pour parler fugacité du bonheur, idoles et pouvoir de la musique. Par YVONNE BECK Photographie CYRILL MATTER
Realisation CHARLES BLUNIER Stylisme PAUL MAXIMILIAN SCHLOSSER
L’OFFICIEL HOMMES Suisse: Yann, tu portes depuis 2014 les couleurs du Borussia Mönchengladbach de la ligue allemande. Qu’est-ce qui te manque le plus de la Suisse lorsque tu es en Allemagne? Yann Sommer: Ma famille et mes amis principalement, même s’ils viennent parfois voir les matchs. Sinon, je ne vois pas vraiment de grandes différences entre l’Allemagne et la Suisse. Les modes de vie sont similaires.
Dans ma famille, nous accordons une grande importance à la nourriture. Mes parents sont de vrais gourmets. Chez nous, on mange toujours bien. Malgré le fait que mes parents travaillaient tous les deux, ils ont toujours pris le temps de cuisiner eux-mêmes. Quand j’étais petit, nous allions souvent en Provence où j’ai découvert les marchés et les vignobles. Ces moments m’ont beaucoup marqué. Voilà d’où vient ma passion pour la cuisine.
Et en matière de football, y a-t-il des différences entre les deux pays? La principale différence est la taille: de grands stades, une grande ligue, beaucoup plus de chaînes télévisées, etc. Il y a également beaucoup plus de joueurs étrangers en Allemagne, la qualité du jeu est globalement bien plus élevée.
Quelle place occupe la nourriture dans ta vie? J’aime la bonne nourriture cuisinée avec des produits frais. En tant que sportif, je dois faire attention à ce que je mange. Mon corps est mon outil de travail, et il ne travaille bien qu’en fonction de ce que je lui donne. Je me nourris donc toujours de manière à ce que je puisse donner le maximum sur le terrain.
De qui avais-tu un poster dans ta chambre? J’ai toujours été un grand fan de Gianluigi Buffon. Je n’avais que très peu de posters accrochés dans ma chambre quand j’étais petit, mais il y en avait toujours un de Buffon.
La cuisine n’est pas ton seul talent. Tu joues aussi de la guitare et de la musique. Quelle importance la musique a-t-elle pour toi? Comme la cuisine, la musique m’aide à trouver mon équilibre. On a beaucoup de pression dans le monde du sport. En tant que professionnel, on attend de moi que je me dépasse. Pour compenser, je joue de la guitare depuis 12 ans, j’ai appris seul à lire des partitions et j’ai pris des cours de chant. Avec la musique, je fais de nouvelles rencontres, ce qui me permet de faire autre chose que du foot et de vivre des choses bien différentes.
En tant que joueur professionnel, il faut faire f ace à des hauts et des bas. Quel a été ton meilleur moment de sport? Je m’estime chanceux d’avoir déjà pu vivre des moments forts dans le monde du foot, comme mon premier match avec l’équipe nationale, mon premier tournoi avec le numéro un lors de l’Euro 2016 en France, mais aussi certains matchs avec la Borussia Mönchengladbach et le FC Bâle lors de la Ligue des champions.
Depuis quatre mois, tu apprends également le piano. Comment ça se passe? Comme pour chaque instrument, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Il faut s’entraîner assidûment pour y arriver. J’essaie de prendre régulièrement des cours de guitare, de chant et de piano. Je m’amuse énormément!
Qu’est-ce que tes parents voulaient que tu fasses comme métier? De quoi rêvais-tu enfant? J’ai toujours voulu être footballeur. Mes parents ont toujours été très tolérants et m’ont laissé réaliser mon rêve. Pour eux, le plus important, c’est que je sois heureux.
Ne me dis pas que tu sais aussi chanter… J’essaie en tout cas (rires)! La guitare et le piano sonnent bien seuls lorsqu’on les maîtrise. Mais c’est encore mieux si l’on peut s’accompagner avec sa voix.
Mais tu n’es pas seulement footballeur, tu aimes également cuisiner et tu tiens ton propre blog de cuisine. D’où te vient cet amour de la cuisine?
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PEOPLE As-tu un don naturel pour le chant? Cela fait bientôt trois ans que je prends des cours, mais je pense avoir un peu de talent en la matière.
achète des produits frais. La qualité et la fraîcheur ont un prix, et cela ne me dérange pas de le payer. Dans une interview, Steffi Graf a déclaré: «Un sportif n’a jamais vraiment le temps de savourer sa chance». Es-tu d’accord? Et qu’est-ce que la chance pour toi? En sport, on ne savoure que très peu de temps un succès car il faut très vite passer à autre chose. Il faut constamment faire de nouvelles preuves, chaque défaite venant obscurcir la victoire précédente. Plus on se donne, plus les attentes des fans sont ensuite élevées.
Joues-tu les morceaux d’autres musiciens ou écris-tu tes compositions? Depuis quelques années, j’ai toujours un petit carnet avec moi dans lequel je note mes pensées, mes sentiments et mes idées. Je n’en suis qu’au début mais mon objectif est de composer quelques musiques à partir de ces notes. Bien que je ne sois pas un musicien professionnel, c’est un véritable plaisir de faire de la musique. Grâce à elle, je vis plein de nouvelles choses. Et qui ne tente rien n’a rien.
Qu’est-ce que le vrai luxe? Le vrai luxe, c’est de pouvoir choisir ce que l’on veut faire de sa vie, et d’avoir le temps pour les choses que l’on aime.
Quelles musiques retrouve-t-on dans ta liste Spotify? Oh, plein de morceaux différents. J’écoute Bruce Springsteen mais aussi le chanteur français Christophe Maé. Que ce soit du rock, de la pop, du hip-hop ou du reggae, mes goûts musicaux sont très diversifiés. Tout dépend de mon état d’esprit, de mon envie et de mon humeur. Je suis très ouvert en ce qui concerne la musique.
À quoi ne renoncerais-tu jamais? Je ne renoncerais jamais à ma copine, à ma famille et à mes amis. Tout ce qui relève du matériel, c’est du bonus, il y a très peu de choses auxquelles je ne serais pas prêt à renoncer. Je suis une sorte caméléon. Je m’adapte facilement.
Quel livre sur ta table de nuit? J’aime beaucoup «Life» de Keith Richards, mais je lis actuellement «The John Lennon Letters».
Quelle place occupe la mode dans ta vie? J’aime bien m’habiller, raison pour laquelle la mode occupe une place importante dans ma vie. Je peux m’exprimer avec mes vêtements, faire des déclarations et créer mon propre style. Que cela plaise aux autres, c’est autre chose. J’aime me sentir bien dans les vêtements que je porte.
L’image des sportifs a beaucoup changé ces dix dernières années. Certains joueurs comme Ronaldo et Neymar sont devenus de vraies rockstars et comptent parmi les joueurs les plus influents. Toi aussi, tu dévoiles un peu de ta vie privée avec Instagram… Contrairement à eux, je ne suis qu’un petit poisson dans une grande mare (rires)! De plus, je suis gardien de but. Il s’agit d’un des postes les plus importants en foot, mais c’est moins impressionnant car je ne peux pas faire d’actions spéciales, dribbler un adversaire de façon spectaculaire ni marquer de buts. J’adore quand même être gardien et n’ai jamais voulu faire autre chose. Je suis actif sur Instagram afin de pouvoir échanger avec mes fans, et leur laisser entrevoir ce que je vis.
Comment décrirais-tu ton style? Je ne sais pas si on peut le résumer à un seul et même style. Lorsque je vais à l’entraînement, je porte un jogging, ce qui n’est pas très sexy, mais très pratique. J’aime porter des costumes bien coupés. On me voit également souvent avec des bottes et de beaux manteaux bien épais. Je suis très ouvert en matière de mode. Qu’est-ce que tu te souhaites pour la Coupe du monde de 2018 en Russie? Je suis déjà très heureux d’avoir été sélectionné dans l’équipe suisse. Je me souhaite d’être conquis par l’euphorie ambiante, de profiter de cet évènement incroyable où règne une super atmosphère, et de vivre de grands moments de sport. Je suis très fier de pouvoir représenter notre pays en Russie, et j’espère bien entendu que nous aurons de bons résultats.
Dans quoi dépenses-tu ton argent? Pour des vacances vers des pays éloignés afin de découvrir d’autres cultures, un beau chez moi et de la bonne nourriture. Je vais au marché presque trois fois par semaine et
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ACCESSOIRES
Photographie BEN ALSOP
Stylisme LILLY MARTHE EBENER
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PAR T 3
Sac à dos en cuir imprimé, GUCCI.
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Casquette «Logo Cap» en cuir, KENZO.
Richelieus «Leyton 5» en cuir de veau, CHURCH’S.
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PAR T 3
Cyclistes en toile et semelle gomme, J.M. WESTON.
Lunettes de soleil «Every day» en métal, FENDI.
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Sac «Reflective» en cuir grainé, MAISON MARGIELA.
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PAR T 3
Bague «Grand Cabochon» de calcédoine bleue, MAISON AUCLERT.
Étiquette à bagage en cuir, CANALI.
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Assistant photographe BERTRAND JEANNOT Assistante styliste LISE LEMASSON Sur toutes les images moquette CODIMAT
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KID KREOL & BOOGIE Untitled, «Clouds», 17 × 30 cm, encre sur papier, 2016
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PUREMENT JEREMY MEEKS
Beaucoup de noir, un peu de blanc. Du cuir et du costume, parfois portés à même la peau nue. Des basiques, un peu de sauvagerie. Ou quand la star des réseaux sociaux et des catwalks, l’ex-taulard Jeremy Meeks, électrise le vestiaire masculin. Photographie JIM JORDAN
Stylisme DANYL GENECIRAN
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T-shirt et veste, LOUIS VUITTON. Lunettes de soleil, SICKYWORLD.COM
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Manteau, DIOR HOMME. Pantalon, JOHN VARVATOS. Bottes, GIORGIO ARMANI.
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Montre, MONTBLANC. TimeWalker Chronograph UTC /Acier fin revêtu de DLC noir / Chronographe automa tique avec fonction UTC / Lunette tournante unidirectionnelle en céramique avec index 24 heures / Aiguilles des heures et des minutes rhodiées luminescentes, aiguille de chrono graphe rouge, aiguille de second fuseau horaire rhodiée / 43 mm
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Veste, pantalon et jupe, EMPORIO ARMANI. Montre, MONTBLANC. Chaussures, DIOR HOMME.
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Veste, chemise et pantalon, VERSACE.
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Veste, t-shirt, LOUIS VUITTON.
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Veste et chapeau, THYGA. Pantalon, JOHN VARVATOS. Ceinture, DIOR HOMME.
Pantalon, jupe et chausures, EMPORIO ARMANI. Montre, MONTBLANC.
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Mannequin JEREMY MEEKS @ White Cross Management Assistantes PAYSON GALLAGHER et LOUIS MARINO Chevaux fournis par ALEJANDRO JIMENEZ

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PHOENIX SLATER
Figure emblématique du cinéma des 90’s, Christian Slater a connu une chute plus rapide qu’en 24 images par seconde. Ou comment passer de films culte aux sorties directement en DVD. Avec la série «Mr. Robot», diffusée sur France 2 depuis 2016, il est de retour au sommet. Par JEAN-PASCAL GROSSO
Photographie WILLEM JASPERT
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Stylisme JAMES SLEAFORD
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Veste en coton à carreaux, GIORGIO ARMANI. T-shirt en coton, CELIO. Lunettes perso.
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Veste en cuir, BERLUTI. Pantalon en laine, DIOR HOMME. Chaussures, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO.
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Manteau croisé en coton et gilet court en laine, PRADA. T-shirt en coton, BERLUTI. Jean en denim brut, LEVI’S. Derbys en cuir, CHURCH’S.
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Blouson en laine, AMI. Pantalon chino en coton et t-shirt en coton rayé, IKKS.
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Blouson en cuir pailleté, pantalon en laine et t-shirt en coton, le tout DIOR HOMME. Baskets, COMMON PROJECTS.
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Pull, GIVENCHY. Pantalon en cuir, H&M STUDIO. Bottes, BELSTAFF. Page de droite: T-shirt, LES ÉCLAIRES. Blouson en cuir vieilli, SCHOTT. Chemise en coton imprimé Hawaï, LOUIS VUITTON. Pull, JIL SANDER. T-shirt en coton, BERLUTI. Pantalon en laine, DIOR HOMME.
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«Je me suis longtemps conduit comme un bébé, à mentir pour trouver des excuses à mes débordements…» CHRISTIAN SLATER
UN GRAND MOMENT DE PARDON Très difficilement, certes, il arrive à s’accrocher aux branches avec «Walter Hill» et surtout Lars von Trier pour son diptyque salé «Nymphomaniac» avec Charlotte Gainsbourg. «À une époque, concède-t-il résolument honnête, j’acceptais tout ce qui se présentait à moi. Il fallait que je prenne la vague, vous voyez?» Et puis arrive comme par enchantement un de ces grands moments de pardon comme Hollywood adore les cultiver, «Mr. Robot», nébuleuse série où un hacker part en guerre contre une multinationale forcément mal intentionnée. Christian Slater y partage, en mentor excentrique, le haut de l’affiche avec la révélation Rami Malek. C’est une résurrection autant critique que publique: «Je sentais que nous tournions quelque chose de spécial, assure-t-il, même si à la télévision, vous n’êtes jamais certain de rafler la mise». Aujourd’hui, après avoir croisé la gloire, essuyé le chaos et traversé le marasme, le temps semble à nouveau au beau fixe. Le trublion des studios, sorte de Robert Downey Jr. Bis du temps de sa jeunesse tourmentée, a laissé place au comédien consciencieux, devenu entre-temps père de famille, époux, divorcé puis remarié. Christian Slater aurait-il trouvé ce que, naïvement, on nomme l’équilibre? Comme il le confiait à Lars von Trier dans les pages du magazine américain «Interview»: «Je vais mieux que je ne veux le reconnaître. J’ai toujours ce syndrome du verre à moitié vide. Il en faut des efforts pour sortir du trou noir dans lequel j’avais choisi de vivre mentalement».
«Un soir, j’étais sur la terrasse d’une chambre d’hôtel, au 14e étage. Soudain, j’ai eu envie de me jeter du balcon la tête la première.» Fin des années 90 – une bonne dizaine d’années après avoir été révélé au monde entier par «Le Nom de la rose», de Jean-Jacques Annaud –, Christian Slater est au bout du rouleau. À 25 ans, ce fils d’un comédien rongé par la schizophrénie, et d’une mère agent artistique fait déjà figure de has been aux yeux d’une industrie qui l’aura pressé jusqu’à la dernière goutte. Sans avoir eu trop à se montrer imaginative, il est vrai. Initié très tôt aux joies de l’alcool et aux soirées huppées, le gamin mal dégrossi – «Je me suis longtemps conduit comme un bébé, à mentir pour trouver des excuses à mes débordements…» – se gave de cocaïne et de tequila à longueur d’errances, bientôt rejeté par un milieu qui n’apprécie les bad boys que sur les écrans et non dans les pages des faits divers. Christian boit, Christian sniffe, Christian cogne femme et hommes, jusqu’aux représentants de l’ordre venus s’interposer. «J’étais un crétin d’ivrogne. Aujourd’hui, je suis sobre.» Les démons de monsieur sont maîtrisés. Mais loin de tout jeter au rebut, bien au contraire, Christian Slater est parvenu à trouver sa place dans des œuvres marquantes. Propulsé sur le devant de la scène grâce à sa composition de jeune capucin dépucelé par une sauvageonne à même la paille dans «Le Nom de la rose,» face à un Sean Connery en figure tutélaire débarrassée (enfin!) de ses fantômes bondiens, il se fait héros de l’abécédaire de la culture tarantinienne («True Romance»), s’impose aux côtés d’Antonio Banderas et de Brad Pitt au sein du «allstar-cast» d’«Entretien avec un vampire», tourne sous la direction de John Woo dans «Broken Arrow», de Kevin Reynolds dans «Robin des Bois, prince des voleurs», de Michael Goldenberg dans «Pluie de roses sur Manhattan», avant de se prendre les pieds dans le tapis, la faute à ses addictions.
Grooming KAREN ALDER @ KManagement Assistante stylisme DORA CHOUAÏEB
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MODE Photographie SVEN BÄNZIGER
Stylisme PHILIPP JUNKER
TOUJOURS EN MOUVEMENT
Dynamique et impétueux. Comme l’homme d’aujourd’hui. En collaboration avec la marque Zegna, une série de photos exaltées et exaltantes, avec le danseur français Ambroise Mendy. Le printemps, envie de fluidité.
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Manteau croisé en coton de couleur rose géranium avec une légère doublure en laine. Anorak en soie tricolore avec poche dorée et verte asymétrique devant au milieu. Pantalon de jogging kaki en soie à double pli, cordon de serrage invisible et tour de cheville élastique. Baskets noires en cuir avec détails maille. Le tout signé ZEGNA.
Manteau droit avec poches asymétriques en cuir de veau noir doté d’une bordure de couleur. Pull ras-de-cou avec un cordon de serrage composé d’un mélange de coton, de cachemire et de soie gris étain. Pantalon à double pli en lin rouge et marron rayé dans le sens de la longueur. Baskets montantes en cuir de veau blanc avec lacets élastiques. Le tout signé ZEGNA.
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Blouson en soie tricolore de couleur blanche, dorée et rouge foncé. Le tout signé ZEGNA.
Combinaison croisée en soie rouge foncé avec un imprimé au dos. T-shirt col rond à deux couches gris et lotus avec logo. Baskets montantes en cuir de veau blanc avec lacets élastiques. Le tout signé ZEGNA.
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Mannequin AMBROISE MENDY @ Agency Rockmen Paris Coiffure et maquillage RACHEL BREDY Assistant photo FLAVIO LEONE
Pull col V rayé en soie avec fermeture-Éclair latérale, cyan, roux et blanc. Pantalon de jogging à double pli avec cordon de serrage invisible en viscose et ramie, couleur blanc papyrus. Baskets montantes beiges avec lacets élastiques gris. Le tout signé ZEGNA.
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Haut ras-de-cou avec bordure et cordon en cuir de veau blanc et finition mailles. Pantalon de jogging à double pli avec cordon de serrage et tours de cheville élastiques en soie blanc papyrus. Baskets montantes en cuir de veau gris étain faisant ressortir les lacets élastiques blancs. Le tout signé ZEGNA.
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Polo, veste, pantalon et écharpe, BOTTEGA VENETA. Montre, OMEGA «Railmaster Master Chronometer».
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PRESLEY GERBER
Le fils de l’entrepreneur Rande Gerber et du top-modèle Cindy Crawford a reçu le sens du style en héritage. Virilité assumée, audace racée, élégance contemporaine. Le dandysme dans le sang. Photographie CAMERON McNEE
Stylisme DANYL GENECIRAN
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Manteau, t-shirt de mailles, pantalon, bottes, CALVIN KLEIN.
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Manteau, pantalon, col roulĂŠ, DIOR HOMME. T-shirt personnel. Chaussures, EMPORIO ARMANI.
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Veste, t-shirt, pantalon, ceinture, chaussures, BOTTEGA VENETA. Montre, OMEGA «Railmaster Master Chronometer».
Manteau, pull, DIOR HOMME. T-shirt personnel.
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Manteau, t-shirt, sandales, LOUIS VUITTON. Pantalon, LACOSTE. Montre, OMEGA «Railmaster Master Chronometer».
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T-shirt, pantalon, BOTTEGA VENETA. Montre, OMEGA «Railmaster Master Chronometer».
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T-shirt, pull, DIOR HOMME. Veste, pantalon, EMPORIO ARMANI.
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Manteau, t-shirt, DIOR HOMME. Pantalon, EMPORIO ARMANI.
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Modèle PRESLEY GERBER @ IMG. Préparation TRACI BARRETT @ Art Department Direction créative NICOLETTE GOLDSMANN TANNE GIELEN
BLACKLIST
LA FONCTION
Photographie LARA GILIBERTO
Stylisme PAULINE GLAIZAL
C R É E L’ O B J E T 176
PAR T 4
STAMP ÉDITION LE TABOURET «TAM TAM POP» Créé en 1968 par HENRY MASSONNET et édité par Stamp édition, il est devenu un objet culte. Écologique et économique, démontable et léger, il s’est vendu à plus de 12 millions d’exemplaires et a reçu les honneurs du MoMa et du musée des Arts décoratifs. Toujours fabriqué en France dans une usine de l’Ain à partir d’un même moule, le n° 169, il a su évoluer: flashy, fluo, translucide, customisé... Élément de décor ou objet d’appoint, il a sa place dans chaque pièce de la maison.
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BLACKLIST
BIALET TI LA CAFETIÈRE «MOKA EXPRESS» La marque italienne BIALETTI a révolutionné l’art de la préparation du café avec sa machine à café. La cafetière Moka (dite italienne) est facilement reconnaissable à sa forme unique: une base octogonale. Il s’en est vendu 250 millions à travers le monde.
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HABITAT LA CHAISE «MACADAM» Commercialisée par HABITAT dans les années 70, cette chaise pliante, très légère, en acier laqué époxy, est désormais disponible en couleurs vives et rafraîchissantes, ou en couleurs plus classiques. Un classique revisité à petit prix.
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BE-PÔLES LE SAC EN PAPIER KRAFT Popularisé par les films américains, ce sac en papier a envahi le marché français et remplace désormais les sacs en plastique des grandes surfaces. Les marques de design l’ont revisité en simple objet déco, ou en cache-pot naturel dans des dimensions plus grandes, plus brunes, mais toujours aussi graphiques.
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CROCS LES SANDALES Leur atout principal: le confort garanti. Une qualité reconnue par les professionnels de la santé, du nettoyage et de la restauration qui ont fait leurs ces sandales «de bain» à semelles de matière synthétique.
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KID KREOL & BOOGIE Untitled, «Mountain Titan», 60 × 40 cm, 65 × 50 cm, 65 × 50 cm, encre sur papier, 2016–2017, © Bomma Gallery
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Le futur terminal du Mexloop à Mexico (image de synthèse).
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LIVING Utopiste ou visionnaire? L’architecte Fernando Romero est un habitué des projets déraisonnables. Mexloop, son dernier défi en date, consiste en un système futuriste de transport qui reliera les villes de Mexico et Guadalajara en moins de 45 minutes. Une version latina 2018 de l’Hyperloop. Par HERVÉ DEWINTRE
PHOTOS © 2017 FR-EE/Fernando Romero Entreprise, Hyperloop One, Yannick Wegner, Foster and Partners
LE MEXIQUE, FUTUR EXPRESS
NOUVEAUX PARADIGMES Pour continuer l’entretien, on rebondit grâce à une habile métaphore: «Vous citez souvent dans vos interviews une figure qui vous tient à cœur, celle de la pyramide. Pas simplement d’un point de vue architectural mais aussi dans ce qu’elle représente d’un point de vue sociétal, symbolique. L’élite – le sommet de la pyramide – détient le pouvoir, l’accès à l’information et, d’une certaine manière, la possibilité d’agir sur les choses. Que vous le vouliez ou non, vous incarnez ce pouvoir et votre parcours prouve que vous avez activement contribué à changer la société en initiant de nouveaux paradigmes. Par exemple, en mettant au point un prototype de logement modulable qui peut être utilisé dans les «barrios» [quartiers, ndlr] et personnalisé par ses utilisateurs, avec possibilité de produire sa propre énergie solaire et de récolter les eaux pluviales.» Fernando Romero se détend, il sent qu’on n’abordera plus le sujet de sa vie privée. Ses yeux s’animent, brillants, sévères parfois. «Bien sûr, nous – l’agence – sommes impliqués dans des programmes sociaux. Mais le point fondamental de notre démarche, c’est de considérer que la technologie peut booster l’économie du pays. Et aussi, d’une certaine façon, favoriser l’émergence d’un dynamisme culturel.»
Dans son attitude, aucune trace d’affectation ni de fausse humilité: Fernando Romero, 46 ans, n’est pas homme à penser à l’impression qu’il va laisser aux autres, tout animé qu’il est par ses projets passionnants. Voix agréable et regard intelligent. Costume de marque, élégant. Une chose surprend cependant: il est seul. Aucun garde du corps à l’horizon, ni de près ni de loin. Car Fernando Romero n’est pas un architecte comme les autres. Certes, il aligne les réalisations d’anthologie – le musée d’art de Soumaya à Mexico, le pavillon The Bridging Teahouse en Chine, le nouvel aéroport international de Mexico – ainsi que les distinctions prestigieuses, dont l’International Bauhaus Award reçu en Allemagne en 2004. Son cursus aussi est impeccable: il a appris le métier aux côtés de Jean Nouvel à Paris puis de Rem Koolhaas au sein de l’agence OMA à Rotterdam, de 1997 à 2000, avant d’ouvrir un an plus tard sa propre agence baptisée FR-EE (Fernando Romero Enterprise). Koolhaas, depuis, ne tarit pas d’éloges sur lui: «Fernando était incroyablement créatif, il articulait ses idées avec maestria dans des croquis et des maquettes. Un collaborateur merveilleux», se souvient-il. Mais c’est surtout la situation familiale de l’architecte qui laisse rêveur. Fernando Romero est le beaufils de Carlos Slim Helú. Pour ceux qui l’ignorent encore, cet homme d’affaires mexicain est l’un des hommes le plus riche de la planète, le sixième selon le classement du magazine «Forbes». Sa fortune est estimée à 65 milliards de dollars.
Fernando Romero, on le constatera durant tout l’entretien, parle du Mexique avec une véritable passion. Le pays et son évolution, voilà ce qui galvanise l’architecte. On a beaucoup parlé, entre 2012 et 2014, d’un «moment mexicain». Tous les curseurs paraissaient être au vert, les opportunités semblaient réelles. Qu’en est-il aujourd’hui? «Il y a eu des réformes et, effectivement, ce moment mexicain dont vous parlez a bien eu lieu. Si le contexte international semble plus tendu aujourd’hui, il faut toujours garder en tête que, de l’époque des pyramides jusqu’au modernisme, le Mexique a toujours eu une architecture humaine et
Romero n’aime pas trop qu’on aborde le sujet, difficile pourtant de faire abstraction. C’est par cet impair que commence l’interview. «Qu’est-ce qui vous fait croire que je suis au sommet de la pyramide?», demande-t-il en guise de réponse à ma première question, avec une pointe de suspicion. Oups. Nos informations seraient-elles erronées?
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HYPERLOOP, HYPERGONFLÉ Le projet d’Hyperloop a été lancé en 2013 par le milliardaire Elon Musk, à l’origine des voitures électriques Tesla. Il n’a volontairement déposé aucun brevet, afin de favoriser un environnement de travail en open source. Dès lors, et même si Musk se retire peu à peu du projet (pour se consacrer à son autre grand rêve: la colonisation de Mars), diverses start-up ont pris le relai. Dont une, canadienne, TransPod, et deux américaines, Hyperloop One et Hyperloop Transportation Technologies (HTT), qui sont dans la course pour concevoir ce système de transport futuriste à suspension magnétique. Les premiers Hyperloop devraient circuler en 2021 (ci-contre, vue aérienne d’une station potentielle). Plusieurs pays sont sur les rangs. Le Mexloop, déclinaison mexicaine de l’Hyperloop, est l’un des dix projets retenus par Hyperloop One.
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2011 Le musée Soumaya situé dans le nord de la ville de Mexico, dans le quartier élégant de Polanco.
2015 La villa E est un prototype de maison autosuffisante pour les générations futures.
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2016–2020 Vue centrale du futur aÊroport international de Mexico, le NAICM.
2017 Mexloop fait partie des dix projets Hyperloop retenus dans le monde. Il permettra de relier les plus grandes villes du Mexique en des temps record.
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ivante, liée à une grande richesse naturelle. Le Mexique v du XXIe siècle se construit. Cette construction s’appuie sur un véritable foyer créatif. L’architecture, j’en suis persuadé, a un impact sur la culture, elle participe aux changements sociaux. Je veille pour ma part à ce que mes projets restent liés à l’histoire, à la richesse de l’architecture et au pouvoir des symboles de mon pays, le Mexique. L’aéroport de Mexico est un bon exemple: dès 2020, il pourra accueillir 68 millions de voyageurs par an, 120 millions en 2048, et il aura une incidence positive sur notre économie et notre connexion au monde.»
système de transport en forme de corridor futuriste digne du film «Minority Report». Dans ce tube géant circuleraient, grâce à la lévitation magnétique, des capsules maintenues en suspension et capables de relier, en quelques minutes, les principaux centres culturels, industriels et manufacturiers du pays: ce projet fait partie des 10 retenus lors du concours Hyperloop One Global Challenge, lancé en mai 2016 par la start-up Hyperloop One de Los Angeles (qui comprend une poignée d’investisseurs de haute volée, notamment Shervin Pishevar qui a investi dans Uber et Airbnb, mais aussi Rob Lloyd et Nick Earle, venus de chez Cisco). Quelque 2 600 participants avaient répondu à l’appel. Le projet mexicain lauréat semble non seulement très intéressant mais aussi réalisable. Romero s’anime, ce défi visiblement le comble, par son caractère expérimental et son utilité. Son engouement s’entend: «Mexico, s’enflamme-t-il, est la ville la plus encombrée d’Amérique et la deuxième ville la plus encombrée au monde: 21 millions de personnes en 2017, coincées quotidiennement dans les embouteillages, 30 millions en 2050. Une heure trente dans les bouchons tous les jours. Ce projet répond donc à une problématique majeure et il y répond de manière révolutionnaire.»
DÉCONSTRUIRE LES FRONTIÈRES Les projets justement. Ceux de Fernando ne laissent pas indifférents. Quitte à susciter parfois le doute ou l’incompréhension. Il faut dire qu’ils sont souvent d’une ampleur inédite et semblent, pour notre faible raison du moins, faire partie du domaine de l’utopie. Comme par exemple la création d’un «Bridging Museum» entre les villes de Ciudad Juárez (dans l’État de Chihuahua, au Mexique) et d’El Paso (Texas, États-Unis) surplombant le Rio Grande. Imaginé en 2001, abandonné depuis, ce musée devait accueillir l’histoire commune des deux pays. Plus fou encore, ce projet de ville-frontière proposé en 2014, lors de la biennale de Londres: une cité binationale sur près de 29 000 hectares, à l’intersection des états du Texas, du Nouveau-Mexique et du Chihuahua. Une ville polycentrique intégrant de multiples pôles économiques, dont le concept spatial repose sur des hexagones, avec leur propre centre, connectés à des corridors de transport et à des passages frontaliers. La ville deviendrait une zone semi-indépendante, un peu comme Hong Kong ou Andorre, sans être pour autant un paradis fiscal. L’architecte compte bien faire de ce projet une réalité dans dix ans. «Je suis persuadé que la notion de frontière est un concept primitif à l’ère de la mondialisation et de la libre circulation des biens et des personnes. C’est une vision à long terme qui déconstruit la nécessité d’un mur.»
LES CHAMPS MAGNÉTIQUES «Ce système de transport dans lequel les voyageurs pourront circuler à la vitesse de 1 000 km/h permettra de connecter en quelques minutes Mexico aux villes les plus peuplées du Mexique: Querétaro dont l’industrie aéronautique est florissante, León qui emploie quasiment un million de personnes dans l’industrie automobile et Guadalajara qui est la Silicon Valley du Mexique. On pourra passer d’une ville à l’autre en quelques minutes alors que ça prend une journée pour le faire aujourd’hui. Pour notre industrie manufacturière, ce sera un avantage compétitif majeur, sans même parler de notre réseau d’universités et de centres de recherches et développement. Ce sera l’émergence d’une nouvelle mégapole dont les potentiels seront immenses.» Fernando Romero est peut-être le dernier des modernistes.
Tout aussi singulier et révolutionnaire, mais peut-être moins utopique qu’il n’y paraît, le projet Mexloop. Un
«Je suis persuadé que la notion de frontière est un concept primitif à l’ère de la mondialisation et de la libre circulation des biens et des personnes. C’est une vision à long terme qui déconstruit la nécessité d’un mur.» FERNANDO ROMERO
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LIFESTYLE
Classé en 1982 au patrimoine mondial de l’Unesco, le quartier de La Habana Vieja, entre authenticité et délabrement.
L’AUTRE ROUTE DU RHUM 190
LIVING
De la tutelle espagnole à la mainmise américaine, de la révolution castriste à l’effondrement annoncé du régime communiste, l’île de Cuba, indépendante depuis 1868, suscite fantasmes et convoitises. Parmi les trésors nationaux, le rhum local, jalousement préservé, a traversé les siècles. Il s’incarne dans le Pacto Navio sans vendre son âme.
PHOTOS DR
Par LAURENT-DAVID SAMAMA
Coucher de soleil sur la baie de La Havane. Aux rythmes de la salsa et de la guajira, les Cubains profitent de la fraîcheur nocturne pour investir le Malécon, l’emblématique promenade du front de mer. Le rituel est immuable. Chaque soir, à heure fixe, jeunes et vieux, hommes et femmes, Noirs et Blancs se retrouvent ici, déambulant des heures durant, le long des palais décrépits et des vestiges de la révolution. Malgré eux, les Cubains sont devenus philosophes. Égaux face à la dictature, souffrant des conséquences de 59 années de privations, ils ont adopté l’indolence comme technique de protection, et le mutisme comme solution de repli. Des décennies durant, la vie se déroulait à La Havane comme à Berlin-Est: dans un étrange ralentissement du temps et une fascinante disparition de la valeur de l’argent…
ouverture en deux actes. Première brèche, en mars 2016. Barack Obama se déplace alors à La Havane, y effectue le premier voyage d’un président américain sur l’île depuis 1928, posant les jalons d’une réconciliation tant attendue. Une visite historique suivie, en novembre de la même année, du décès de l’icône nationale, Fidel Castro. Soudain, le régime desserre l’étau, les étrangers réinvestissent massivement Cuba et la population locale bénéficie des retombées inespérées du tourisme. Une nouvelle ère s’ouvre enfin... Depuis des mois, partout sur l’île, sans que l’on sache véritablement comment ils parviennent à contourner l’embargo, des paquets s’échangent sous les yeux étonnamment permissifs des autorités. À l’intérieur de ces disques durs monnayés l’équivalent de quelques dollars, des centaines de blockbusters hollywoodiens, séries Netflix et HBO, telenovelas sud-américaines et autres matchs de NBA, base-ball, Ligue des champions... En un rien de temps, les Cubains sont aussi devenus d’avides consommateurs de culture occidentale, capables de dis-
Jusqu’à ce que le XXIe siècle fasse irruption. Quelques mois auront en effet suffi pour bouleverser le quotidien d’un pays engourdi par cinq décennies de torpeur. Une
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Témoignage des grandes heures havanaises, ce détail d’une villa luxueuse du quartier de Miramar.
Entre vestiges de la révolution et flamboyants, les Cubains avancent, philosophes.
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LIFESTYLE
Cœur de la capitale cubaine, le quartier d’El Vedado et ses palais baroques transformés en appartements communautaires.
serter sur les ultimes rebondissements de «Game of Thrones», des «Feux de l’amour» et de «House of Cards»! Mais si le fond de l’air a bien changé dans les faubourgs de la nouvelle Havane, ses habitants n’en sont pas moins restés fidèles aux valeurs du passé. Passés maîtres dans la préservation de leur patrimoine, les Cubains magnifient aujourd’hui leur héritage.
alcools et spiritueux, et l’entreprise d’État Cuba Ron. Le deal entre les deux entités s’inscrit dans cette culture du système D développée par des Cubains longtemps demeurés en marge du système capitaliste. En échange de la matière première 100% cubaine, l’entreprise hexagonale apporte son savoir-faire et sa puissance de frappe commerciale. Résultat: tandis qu’en 1993, la société Havana Club vendait environ cinq millions de bouteilles de rhum léger dans le monde, elle en vend aujourd’hui dix fois plus, les trois quarts de sa production étant destinés à l’export.
BUENA VISTA RHUM CLUB Outre les cigares toujours fabriqués à la main, l’île s’illustre encore et toujours par la fabrication d’un rhum local, plébiscité par les palais des experts. Ses producteurs nous ont ouvert les portes de leur temple... Du cœur de la capitale, il faut environ une heure de route à travers une végétation luxuriante pour rejoindre la distillerie ultramoderne de San José de las Lajas, siège de l’usine Havana Club. Chaque jour, 240 salariés s’affairent parmi les immenses chais de cette joint-venture pas comme les autres, issue du rapprochement tropical entre le groupe français Pernod Ricard, numéro deux mondial sur le marché des
Nouveau venu dans la gamme, le Pacto Navio. Un élixir marqué du sceau de la longue tradition de distillation locale rehaussé d’une étonnante french touch. En se penchant au-dessus d’un tonneau spécialement ouvert pour la dégustation, le maestro ronero Asbel Morales explique: «Vers la fin du XVIIe siècle, Cuba, alors colonie espagnole, figurait parmi les premiers exportateurs de sucre. La canne était le pétrole local! À cette époque, les navios (na-
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«En termes d’élaboration, Pacto Navio constitue un pur ‹ron› cubain car sa distillation est issue de mélasse provenant elle-même de la récolte à la main de la canne à sucre cubaine. De la distillation de l’eau-de-vie locale à la création d’une dizaine de la création d’une dizaine de bases de ‹ron› entrant dans l’élaboration de l’assemblage final de Pacto Navio, tout est réalisé dans la pure tradition cubaine.» GUILLAUME GUERBOIS, barman multiprimé
vires marchands) prenaient la route transatlantique en transportant à leur bord des fûts remplis de vin français. Une fois le vin consommé à Cuba, les fûts étaient remplis des meilleurs rhums de l’île et faisaient le trajet dans le sens inverse, vers l’Europe. Durant les quelques mois que durait la traversée retour, le rhum sombre et doux s’imprégnait des saveurs laissées par le vin dans les fûts de chêne.» C’est en souvenir de cette aromatisation délicate du rhum cubain et des échanges avec les négociants français que le Havana Club a pensé le rhum Pacto Navio.
Christian Barré, homme fort de la marque à Cuba. Si l’embargo américain sur les produits cubains venait à être levé, nous serions les premiers à commercialiser un rhum 100% cubain aux États-Unis!» Au milieu des chais, Guillaume Guerbois, barman plusieurs fois primé et brand ambassador Pacto Navio, poursuit: «En termes d’élaboration, Pacto Navio constitue un pur ‘ron’ cubain car sa distillation est issue de mélasse provenant elle-même de la récolte à la main de la canne à sucre cubaine. De la distillation de l’aguardiente (dénomination locale de l’eau-de-vie, ndlr) à la création d’une dizaine de bases de ‘ron’ entrant dans l’élaboration de l’assemblage final de Pacto Navio, tout est réalisé dans la pure tradition cubaine.» En résulte un rhum léger et délicat à la palette aromatique large. Un spiritueux aussi suave que les rhums servis dans l’ambiance chaude de la Floridita ou de la Bodeguita del Medio, deux institutions havanaises fréquentées en leur temps par une icône concurrente de Castro: l’écrivain Ernest Hemingway.
LE MARCHÉ AMÉRICAIN EN LIGNE DE MIRE Avec sa robe aux reflets acajou ambré intenses et lumineux, et son nez exhalant des arômes de fruits secs, vanille et caramel, le rhum Pacto Navio paraît armé pour partir à la conquête des amateurs d’eau-de-vie. En ligne de mire, l’ouverture annoncée du marché américain (40% du volume mondial), attendue avec une impatience certaine du côté de la maison Pernod Ricard. «Nous sommes depuis longtemps préparés à cette éventualité, confie
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Cadillac, Chrysler et Oldsmobile: on estime à 60 000 le nombre de vieilles américaines encore en circulation à Cuba.
L’ancienne colonie espagnole a laissé son empreinte sur l’architecture.
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«AU BRASSUS, J’AI VU LES MONTRES AUDERMARS PIGUET COMME DES OBJETS PHILOSOPHIQUES» Le temps, les eaux, leur montée. Scène dévoilée aux visiteurs de l’installation «Slow-Moving Luminaries».
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LIVING La marque Audemars Piguet a pris conscience très tôt de ses affinités a rtistiques et de son intérêt pour le talent et l’innovation. Depuis sa création, en 1875, au Brassus, elle explore la relation entre art et artisanat et s’efforce de concilier vision artistique, excellence et maîtrise technique. Comme aucune autre marque d’horlogerie, Audemars Piguet conjugue l’art contemporain et le savoir-faire, à la base de chacun des outils à mesurer le temps de la m aison familiale. Aujourd’hui comme hier, chaque montre Audemars Piguet est fabriquée au Brassus dans la tradition du plus grand art horloger. Chaque pièce est le fruit d’un incroyable processus de création dont le résultat peut au final être considéré comme une véritable œuvre d’art. Par MARC HUERLIMANN
Afin d’asseoir encore plus ce rapport à l’art, Audemars P iguet a décidé en 2013 d’un partenariat avec Art Basel. L’objectif était clair: présenter de manière encore plus ciblée les liens entre le plus magistral des arts et la maîtrise technique. Depuis, la manufacture pionnière de Haute Horlogerie organise chaque année des expositions exclusives d’artistes sélectionnés qui sont ensuite exposés à Art Basel, Hong-Kong et Miami. La marque apporte aussi son soutien à de nombreuses initiatives, toujours en collaboration avec des artistes contemporains.
d’envergure. La commission se voit aussi comme un tremplin aidant les artistes à franchir une étape dans leur carrière. Le premier projet artistique réalisé pour la Commission d’art a vu le jour en 2014. Depuis, Audemars Piguet a travaillé avec de nombreux artistes ayant créé des œuvres d’une complexité et d’une précision hors du commun pour les salons Art à Bâle, Hong-Kong et Miami. Ces dernières années, Audemars Piguet a ainsi collaboré avec, par exemple, Dan Holdsworth, Sebastian Errazuriz, Cheng Ran ou encore Alexandre Joly.
Audemars Piguet attache une très grande importance à une collaboration artistique professionnelle et ambitieuse du début à la fin. C’est pourquoi la marque a créé la Commission d’art Audemars Piguet où siègent plusieurs experts internationaux reconnus de l’art contemporain. Chaque année, cette commission nomme un commissaire invité qui lui propose plusieurs artistes. Ces derniers sont alors invités au Brassus où ils peuvent se faire une idée des hommes, des paysages et de la manufacture. L’œuvre sélectionnée doit avoir pour thèmes «les origines, la complexité et la précision».
Pour Art Basel Miami, la Commission d’art et Audemars Piguet ont sélectionné l’artiste Lars Jan qui a conçu et réalisé le projet «Slow-Moving Luminaries». «SLOW-MOVING LUMINARIES» PAR LARS JAN Lars Jan est artiste, activiste, réalisateur, designer, écrivain, producteur et photographe. Il est surtout connu pour ses performances et ses installations imposantes à la croisée des genres. Il aime les nouvelles technologies et les expériences inclassables. Fils d’immigrants afghano-polonais, Jan dirige l’«Early Morning Opera», un laboratoire d’expériences artistiques et de performances mêlant les genres. Il est né en 1978 dans le Massachusetts, et vit aujourd’hui à Los Angeles.
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La Commission d’art Audemars Piguet s’intéresse surtout aux jeunes artistes qui ne sont pas encore établis. Ils doivent cependant être en mesure de réaliser un projet
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LIVING L’OFFICIEL HOMMES Suisse: Lars Jan, comment avezvous commencé à travailler pour Audemars Piguet et comment avez-vous vécu cette collaboration? Lars Jan: Au début, je n’étais pas certain de le faire car je n’avais encore jamais travaillé pour une marque de luxe. Mais je me suis vite rendu compte à quel point c’est une entreprise familiale où l’on sent la présence de chaque génération - et même où on la voit au Brassus. Une fois sur place, on remarque tout de suite qu’il ne s’agit pas «seulement» de belles montres ou de bijouterie. C’est un tout qu’incarne Audemars Piguet avec la mécanique, la longue tradition horlogère, et aussi l’incroyable histoire qui a commencé dans la vallée de Joux. J’ai vite compris qu’Audemars Piguet n’était pas n’importe quelle entreprise commerciale, que ses produits reflètent la beauté et l’art que défendent la marque et la famille depuis plus de 140 ans. En ce qui concerne le projet avec Audemars Piguet – quel était le défi? J’étais inquiet parce que je n’avais encore jamais rien présenté dans un salon comme Art Basel. Par ailleurs, j’attache énormément d’importance à la liberté artistique, et je ne savais pas jusqu’où Audemars Piguet voudrait avoir son mot à dire. Mais j’ai très vite réalisé qu’Audemars Piguet et la Commission d’art accordent une très grande confiance à leurs artistes, et leur laissent une très grande liberté de conception. Ces deux points étaient essentiels pour moi. Audemars Piguet m’a fait comprendre qu’il ne s’agissait pas d’une plate-forme publicitaire, mais d’art et du mode d’expression de l’artiste. J’ai su alors que nous pourrions réaliser quelque chose de très spécial.
L’artiste Lars Jan.
Comment avez-vous eu l’idée de «Slow-Moving Luminaries»? Je pense que c’est une combinaison de différentes impressions. D’un côté, l’austérité du paysage dans la vallée de Joux et au Brassus où l’on est très attentif, depuis de nombreuses années, à préserver cette culture d’arbres séculaires. De l’autre, la mécanique, l’incroyable art horloger d’Audemars Piguet et cette beauté qui naît d’une longue tradition d’horlogerie. Mon vécu de la beauté, des formes, se nourrit beaucoup de mon expérience de la nature. J’ai retrouvé ce sentiment dans la vallée de Joux – les arbres, l’eau, les rochers et les champs. Je m’y suis tout de suite senti lié à cette manufacture. Et dans ce que la tradition, la grande précision et l’esthétique y réalisent, j’ai vu un lien avec mon travail. J’ai aussi été inspiré par l’endroit pour lequel le projet est conçu, la plage de Miami, car je m’intéresse beaucoup, tout en cultivant un regard critique, à des questions comme le changement climatique, l'environnement et la mer. J’ai aussitôt vu dans tout cela un rapport avec ce que je veux en tant qu’artiste. J’ai brusquement vu le lien entre le merveilleux paysage du Jura suisse et celui des côtes de Floride. Par conséquent, c’est aussi ce que symbolise «Slow-Moving Luminaries»: l’association du mouvement, de l’eau et d’une forme construite stable qui monte et descend lentement.
Pour la troisième Commission d’art Audemars Piguet, Lars Jan a créé, sur la plage de Miami Beach, une immense installation mécanique avec une structure à deux niveaux. L’œuvre expérimentale aux bâtiments miniatures flottants et boîtes à lumière grand format évoque le lent passage du temps, le caractère éphémère des choses et l’effacement des frontières entre paysages cultivés et paysages naturels, telle une rencontre à la fois fascinante et angoissante entre éléments naturels et artificiels, destinée à marquer pour les visiteurs le moment exact entre la civilisation et le chaos. Les spectateurs sont confrontés aux images de la jungle la plus luxuriante ou du désert assoiffé avant d’atteindre le niveau supérieur de l’installation et d’y trouver une vaste étendue d’eau. Des objets en surgissent à des rythmes différents avant de sombrer de nouveau; des objets qui rappellent des architectures stylisées, inspirés des immeubles d’hôtels voisins qui bordent la plage. Jeu contemplatif de la lumière, eau, mouvement et formes minimalistes. Ce n’est qu’une fois parvenus sur cette tribune en hauteur que les visiteurs se rendent compte que le chemin parcouru vu d’en haut leur a fait parcourir trois lettres géantes: SOS. Car le rapport de l’homme avec la terre, la nature, et particulièrement les océans, préoccupe Lars Jan depuis longtemps.
Où et comment avez-vous trouvé les mécaniques combinées de l’installation «Slow-Moving Luminaries» ?
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La piscine, sur le toit de l’installation «Slow-Moving Luminaries».
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LIVING À la base, je pense qu’il y a le fait que les nouvelles technologies reposent toujours sur plusieurs siècles d’histoire. Au Brassus, j’ai vu pour ainsi dire les montres Audemars Piguet comme des objets philosophiques. J’ai pensé que la mécanique d’un mouvement d’horlogerie était comme la miniaturisation de mouvements astronomiques. C’est l’idée d’origine de «Slow-Moving Luminaries»: le soleil et la lune, les deux corps célestes, qui déterminent notre notion du temps, le rythme de notre existence. L’idée de transposer cela me séduisait beaucoup et a fait le lien avec mon désir de jeter un pont entre nous et l’univers – ce que tente déjà de faire un autre de mes projets, «The Institute of Memory» qui a pour thème la modification de nos souvenirs avec le passage des archives analogiques aux archives numériques. Le projet est maintenant en train de voyager pour 20 performances dans le monde entier, comme le projet «Holoscenes». Ma nouvelle œuvre sera elle aussi de la même manière une considération philosophique entre notre petite vie et l’échelle gigantesque du cosmos.
Kathleen Forde, Olivier Audemars et Lars Jan lors de la présentation de l’œuvre, à Miami.
L’installation «Slow-Moving Luminaries» transmet aussi un message clair concernant notre environnement. Quelle importance accordez-vous à ce message et à ce que les visiteurs le comprennent ? Ce message est très important pour moi. Mais il faut le considérer sous différents angles. «Slow-Moving Luminaries» est une installation. Ce travail représente l’art et relie différents messages les uns aux autres. Pour moi, il est extrêmement important que l’œuvre soit aussi vue
comme artistique. Chaque visiteur devra pouvoir en tirer ses conclusions personnelles. Certains se souviendront de la technique, d’autres de la mécanique, et une autre partie s’accrochera à la question de la montée du niveau des océans. C’est aussi ce qu’il y a de beau dans l’art, il doit créer ce lieu où l’on peut plonger, où l’on a des images différentes en tête, et déclencher quelque chose chez le visiteur. Pour moi en tant qu’artiste, c’est une combinaison de tout cela – car seuls ceux qui verront le message en entier comprendront aussi l’idée derrière «Slow-Moving Luminaries».
Lars Jan et Kathleen Forde, occupés à sélectionner des images pour l‘installation «Slow-Moving Luminaries».
AUDERMARS PIGUET, UNE HISTOIRE DE L’ART Pour ce projet, la Commission d’art Audemars Piguet a invité la commissaire Kathleen Forde. Elle a présenté avec Lars Jan l’installation «Slow-Moving Luminaries» à Art Basel de Miami Beach en décembre 2017. Kathleen Forde possède une grande expérience de l’art, elle est notamment directrice artistique en chef du musée Borusan Contemporary d’Istanbul. Du côté d’Audemars Piguet, Olivier Audemars est certainement celui qui s’est le plus engagé en faveur de l’art et qui siège encore à la Commission d’art. Il gère l’entreprise avec Jasmine Audemars pour la 4ème génération. Né en 1959 au Brassus, il est l’arrière-petit-fils d’Edward Auguste Piguet, l’un des fondateurs d’Audemars Piguet. Après ses études de physique, il a dirigé un laboratoire de recherches avant d’entrer, en 1997, au conseil d’administration de l’entreprise familiale.
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Pour Olivier Audemars, l’activité et l’œuvre d’Audemars Piguet occupent une place centrale. C’est pourquoi il accorde beaucoup d’importance à l’exploration et au développement de nouvelles technologies, de nouvelles voies et de nouvelles idées. Mais aujourd’hui encore, c’est la tradition qui prime et qui fait d’Audemars Piguet, depuis 1875, l’un des fournisseurs de montres mécaniques complexes les plus renommés. L’entreprise de 1500 employés en produit 40 000 par an dans la vallée de Joux. Son PDG François Bennahmias parle d’un chiffre d’affaires proche d’un milliard de francs suisses. Le modèle le plus connu est la Royal Oak lancée en 1972, conçue par Gérald Genta. L’OFFICIEL HOMMES Suisse: Comment Audemars Piguet s’est-il rendu compte que l’art était le secteur approprié pour positionner la marque? Olivier Audemars: Il y a six ans, nous nous sommes trouvés confrontés à la question de l’image publique que nous voulions transmettre. Nous aurions pu travailler avec des stars pour accroître notre notoriété. Mais nous avons finalement décidé de montrer d’où nous venons et les valeurs que nous défendons. C’est pourquoi nous avons imaginé une campagne sur mesure pour le siège de l’entreprise, la vallée de Joux et ses hommes. Un jour, le photographe Dan Holdsworth est arrivé avec pour mission de mettre la vallée en images et d’en donner une idée artistique… Holdsworth a mis à jour l’aridité du paysage. Parfois menaçant, parfois mystique, mais en aucun cas sans défaut. Pour moi, c’était une perspective entièrement nouvelle
Un des 5 mécanismes de «Slow-Moving Luminaries» à Miami.
L’entrée de l‘installation créée par Lars Jan.
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LIVING Comment choisissez-vous l’artiste qui vous passionne? La Commission d’art choisit chaque année un commissaire invité qui nous propose plusieurs artistes. Nous les invitons dans la vallée de Joux où ils peuvent se faire une idée du paysage, des hommes et de la manufacture. Pour finir, nous choisissons un projet parmi plusieurs. Il doit traiter les thèmes des «origines, de la précision et de la complexité». Il ne s’agit donc pas seulement d’apporter un soutien financier à un artiste, mais aussi de trouver dans la Commission d’art des experts pour nous accompagner et nous assister. Enfin, l’œuvre doit aussi pouvoir être installée malgré les contraintes de l’espace prévu et dans le respect de l’environnement. Ce sont plusieurs morceaux d’un puzzle qu’il faut assembler pour satisfaire tout le monde. Mais l’effort en vaut la peine car il est essentiel que les a rtistes conservent toute liberté pour concevoir leurs œuvres. Pourquoi Art Basel? L’objectif est de jeter un pont entre l’art et notre univers de la vallée de Joux. Art Basel a ses racines en Suisse, avec l’exposition de Bâle. Ce sont les mêmes racines que celles de notre vie et de notre travail. Par ailleurs, avec ses présentations à Hong-Kong et Miami, Art Basel possède aussi une ouverture sur le monde qui est très importante pour nous. En Amérique du Nord, en Asie ou en Suisse, la plateforme Art Basel nous donne accès aux hommes et aux amateurs d’art auxquels nous pouvons transmettre notre tradition horlogère et notre synergie avec l’art. Comment avez-vous vécu la collaboration avec Lars Jan, et que pensez-vous de son installation? La collaboration avec Lars, comme avec les autres artistes, a été fantastique et très spéciale. Nous savions de ses projets précédents qu’il était celui qu’il nous fallait pour notre Commission d’art et pour le prochain projet artistique. Il a très vite trouvé le chemin et les synergies entre notre monde et le sien. L’installation «Slow-Moving Luminaries» est pour moi un exemple parfait de la manière dont l’art peut être associé à la tradition horlogère. D’un côté, nous avons un thème autour de la montée du niveau des océans et de notre environnement; de l’autre côté, le lien vers une technologie très exigeante. Il faut y ajouter la mécanique qui rapproche les différents univers de l’installation. On obtient finalement un tout qui reflète l’univers d’Audemars Piguet. Car nous nous soucions de l’environnement nous aussi, par exemple avec notre fondation pour la conservation de la vallée de Joux, mais nous devons aussi répondre à l’exigence de mouvements d’horlogerie toujours plus complexes avec de nouvelles technologies. Pour moi, c’est le temps qui est central! Le temps dans lequel nous vivons, ce que nous faisons du temps et le temps que nous nous donnons dans le monde pour résoudre certains problèmes. A mes yeux, l’installation «Slow-Moving Luminaries» restitue parfaitement ces différents aspects de la mécanique, du temps et de l’art.
sur mon environnement, c’était de l’art. D’un côté, nous avons l’art horloger de notre famille que nous pratiquons depuis de longues années, et de l’autre, nous avons notre environnement que Dan Holdsworth a immortalisé de façon saisissante. Nous avons alors eu l’idée de mettre en pratique et d’ancrer cette synergie artistique avec des artistes contemporains. Quelle a été l’étape suivante? Nous avons décidé que l’art était le thème qui convenait le mieux à Audemars Piguet. Nous avons alors fondé avec des experts la Commission d’art, et analysé les plates-formes sur lesquelles nous pourrions le présenter. Nous avons vite réalisé que l’engagement en tant que partenaire d’Art Basel correspondait parfaitement à nos attentes. Mais nous voulions un engagement clair et honnête dans ce sens. Je ne conçois pas de mêler l’aspect commercial à notre engagement. C’est pourquoi nous avons cherché des experts qui nous ont aidés à mettre en place la Commission d’art. Audemars Piguet incarne le grand art de l’horlogerie – c’est notre cœur, notre histoire et notre tradition. Nous sommes des artistes dans notre domaine – mais pour associer cet art à l’art contemporain, nous avions besoin d’experts qui savent parfaitement de quoi ils parlent, et qui connaissent le marché international.
Quand on l’observe d’un peu plus près, on a toujours l’impression que les artistes commissionnés par la marque horlogère travaillent pour une famille, un message et un principe. Qu’ils s’impliquent totalement, loin de tout objectif commercial. Comme le dit souvent Olivier Aude-
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mars, la société n’appartient pas à la famille, mais aux hommes qui travaillent pour elle. Olivier Audemars et sa famille administrent l’entreprise pour un court moment et la transmettront ensuite à la génération suivante. Cette philosophie d’entreprise contribue certainement dans une large mesure à l’immense succès que connaît la dernière entreprise d’horlogerie suisse encore entre les mains de la famille fondatrice. Une authenticité de la marque dont les chiffres d’affaires des dernières années ne sont pas les seuls à témoigner, mais qu’illustre aussi l’engagement d’Audemars Piguet pour l’art. «Slow-Moving Luminaries» et la collaboration avec Lars Jan en sont la meilleure preuve. AUDEMARSPIGUET.COM
Une image projetée à l’intérieur de l’installation «Slow-Moving Luminaries».
Mouvements digitaux, projections signées Lars Jan dans le cadre de son œuvre «Slow-Moving Luminaries».
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Le vaisseau spatial de «Star Wars, l’épisode VI: Le Retour du Jedi» (1983).
LE (VRAI) GÉNIE DE «STAR WARS» N’EST PAS CELUI QUE VOUS CROYEZ 204
LIVING À l’occasion de la sortie du huitième épisode de «Star Wars», Ben Mauro, le directeur artistique de «Valérian et la Cité des mille planètes», de Luc Besson, révèle un ressort essentiel de la fructueuse histoire de ces films entamée en 1977. Et revient sur sa collaboration avec Lucasfilm Ltd.
PHOTOS Getty Images; Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images; Education Images/ UIG via Getty Images; Collection Christophel © Lucas film/Disney; CBS via Getty Images
Par JEAN-PASCAL GROSSO
Je ne me souviens plus quel épisode de «Star Wars» j’ai vu en premier lorsque j’étais plus jeune, était-ce «Un Nouvel Espoir» ou «L’Empire contre-attaque»? Les souvenirs de ces découvertes toutes neuves sont un peu épars aujourd’hui, un peu flous. Ce dont je me souviens le mieux, ce sont ces fabuleuses scènes de bataille d’AT-AT dans la neige sur la planète Hoth. Je n’ai réellement saisi l’ampleur du travail qu’elles représentaient qu’une fois devenu artiste, bien après dans ma vie. Plus tard, je suis revenu aux films de la saga, en les regardant à nouveau mais de beaucoup plus près. J’ai 33 ans. Je suis probablement né un peu trop tard pour que ces films aient eu sur moi l’effet qu’ils ont pu produire sur la jeune génération de spectateurs qui me précédait. Si les «Star Wars» ont eu une influence particulière sur mon choix de carrière? Pas directement.
et Terryl Whitlatch ont eu un effet plus déterminant sur moi, parce que ces films sont sortis alors que j’étais encore étudiant. UN CÔTÉ RÉALISTE, DES DÉCORS NATURELS L’impact visuel de «Star Wars» sur la science-fiction est majeur, c’est une évidence, même si je range cette saga plus justement dans le registre de la «science fantasy» plus que dans celui de la science-fiction pure. Ce sont des films comme «Alien», «Aliens» ou «Blade Runner» qui ont laissé une empreinte sur le genre. Mais «Star Wars» – particulièrement son identité visuelle – a ouvert une brèche et a libéré l’imaginaire. Son influence n’a cessé de s’étendre au fil des décennies. La vision du futur qu’offre la saga, son look possèdent quelque chose d’assez crédible pour avoir pu y installer un récit à l’épreuve du temps. Cet aspect esthétique reste pour moi le plus fascinant dans les premiers volets de la série. La grande intelligence de ses créateurs est d’avoir su garder un côté réaliste plutôt que d’imaginer un univers complètement décalé ou loufoque par rapport à ce qui existe sur Terre. L’utilisation de décors naturels (la dune de Nefta en Tunisie, le Redwood National Park en Californie) ainsi que divers ensembles déjà construits à travers le monde ont permis aux spectateurs de mieux intégrer ce qu’ils regardaient. Il ne restait plus à George Lucas et à ses designers qu’à ajuster ce qu’ils avaient devant eux pour rendre le tout extravagant et séduire un public encore plus large.
Au départ, je voulais exercer dans l’industrie du jeu vidéo, mais, au fur et à mesure, je me suis passionné pour le design et j’ai fini par changer mon fusil d’épaule à mi-parcours dans mes études. C’est là que je suis donc entré pleinement dans l’univers «Star Wars». J’ai commencé à l’apprécier au moment même où je me suis mis à l’étudier. J’adore le travail de Ralph McQuarrie, de Joe Johnston et des autres artistes sur la trilogie originale, leurs prodiges d’inventivité pour donner vie à cet univers. Ils ont signé une véritable œuvre d’art. Le travail effectué sur les préquels – en particulier sur «La Menace fantôme» – a été également très inspirant. Il foisonne d’idées vraiment cool. Les concepts imaginés par Doug Chiang, Iain McCaig
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1978 L’année où les figurines Star Wars généraient déjà plus de 100 M $ de bénéfices 6 000 000 Le nombre de langues et dialectes maîtrisés par C-3PO 358 livres Liés à la saga ont paru 941’ La durée totale, en minutes, des épisodes I à VII CHF 3.75 Mds La somme versée par Disney pour le rachat de Lucasfilm en 2012
En tant que directeur artistique, ce que j’apprécie le plus dans les sept épisodes, c’est le côté un peu usé, «habité», des objets et de certains décors. Cela rend le spectacle plus plausible encore. Les lieux, les véhicules, les personnages, les sites ont tous l’air d’avoir une histoire et un caractère riche qui me saisissent vraiment plus que dans d’autres films. Peut-être que les premiers épisodes, parce qu’ils ont été tournés il y a près de quarante ans, ont un petit côté daté, mais les derniers volets ont permis de réajuster l’ensemble, de remettre à jour un univers, voire d’anticiper son avenir. Je suis très curieux de découvrir quelle orientation va prendre la saga désormais, quelle sera sa trajectoire.
dizaine d’années en tant que concepteur indépendant. C’était pour un projet baptisé «Star Wars: Underworld». J’y faisais à la fois du design et de l’illustration. C’était l’un de mes premiers emplois en freelance en tant qu’étudiant, alors en transition professionnelle. J’avais été contacté par l’un des producteurs là-bas et j’ai commencé à créer pour eux des œuvres presque immédiatement. SAVOIR PRENDRE CERTAINES DISTANCES Depuis, j’ai appris par la presse que le projet avait été annulé, puis transformé en un jeu vidéo appelé «Star Wars 1313» qui n’a jamais vu le jour non plus. J’ignore ce qu’il en est aujourd’hui. Mais ce travail m’a permis de rencontrer des artistes que j’admirais et d’apporter ma contribution à un univers qui m’enthousiasmait. J’étais, je m’en souviens, à la fois fier et excité de participer à un tel projet. Je ne pensais à rien d’autre qu’à ce travail à l’époque. Sur «Valérian et la Cité des mille planètes», je n’ai pas été influencé par l’univers de George Lucas, du moins pas directement. Les exploits de Valérian en bande dessinée avaient débuté bien avant la sortie d’«Un Nouvel Espoir», en 1977. J’avais donc, en tant que directeur artistique sur le film de Luc Besson, une ligne directrice largement inspirée des albums de Jean-Claude Mézières et de Pierre Christin. Il y a pourtant des points communs entre les deux univers au niveau du design. J’ai d’ailleurs pris certaines distances avec le travail de Mézières pour que cela ne rappelle pas «Star Wars» une fois adapté à l’écran. Nous sommes même allés parfois dans une direction totalement opposée au dessin originel, comme pour l’intérieur du vaisseau de Valérian, l’Intruder. Dans la bande dessinée, il y a un côté plus analogique avec des boutons et des petits écrans partout comme à l’intérieur d’un sous-marin ou d’un avion. J’ai opté, pour ma part, pour un design plus high-tech.
Ce n’est pas la conception d’un objet ou d’un costume en particulier qui m’a le plus captivé, mais la construction globale de la première trilogie. Il faut revenir en arrière pour réaliser à quel point les décisions prises à l’époque restent aujourd’hui visuellement impressionnantes. Cela dit, j’ai une affection particulière pour les véhicules et les vaisseaux spatiaux. Les AT-AT, les AT-ST, le Snowspeeder, la Speeder Bike et le Tie Fighter figurent parmi mes favoris. Quant aux personnages, acteurs ou humanoïdes, difficile de battre le style d’un Dark Vador, d’un Boba Fett et le design de l’armure des Stormtroopers! Néanmoins, je ne me considère pas comme un fan absolu. Je ne lis pas les tonnes de livres parus sur le sujet, je ne collectionne pas les jouets. J’aime tout simplement comprendre et étudier ce qui a déjà été créé afin d’avoir une meilleure perspective lorsque je commence à concevoir quelque chose de nouveau pour un client ou bien pour moi-même. Mon intérêt pour «Star Wars» vient de ma curiosité insatiable et de mon désir de mieux comprendre mon travail. J’ai collaboré à Lucasfilm Ltd. il y a un peu plus d’une
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La princesse Leia et C-3PO dans «Au temps de la guerre des étoiles» (The Star Wars Holiday Special), téléfilm musical sorti en1978 réalisé par STEVE BINDER et renié par GEORGE LUCAS.
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Sur le tournage de «Star Wars, épisode V: L’Empire contre-attaque», en 1979. Au premier plan, CARRIE FISHER et HARRISON FORD.
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La cité de la planète Tatooine, créée dans le sud de la Tunisie. Au premier plan, un évaporateur (engin imaginaire qui absorbe l’humidité dans l’atmosphère pour la transformer en eau).
HARRISON FORD, alias Han Solo, dans le premier film, sorti en 1977, de la saga «Star Wars», rebaptisé «Star Wars, épisode IV: Un nouvel Espoir».
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LIVING Départ de la Suisse en direction de l’Italie, puis ferry vers la Croatie, traversée de la Bosnie Herzégovine jusqu’à Kotor, au Monténégro, et remontée de la côte pittoresque des Balkans avec un arrêt dans deux îles incontournables. Journal de voyage, au guidon de la Ducati Multistrada Granturismo. Par FRED HUBER
CHEVAUCHÉE Kotor: la destination finale de ce tour estival en moto d’une durée de 10 jours était prévue de longue date. Nous avons donc décidé d’en profiter pour nous arrêter dans les villages chargés d’histoire de la côte adriatique du Monténégro avant de poursuivre notre voyage en direction du nord en suivant la côte croate et d’explorer deux îles à proximité. Ainsi, ce grand tour des Balkans commence par une traversée en ferry d’Ancône à la Croatie. Au lever du jour surgit la ville portuaire de Split, savant mélange de romantisme méditerranéen et de constructions en béton de l’époque communiste, bien qu’elle soit encore camouflée par quelques îles alentours.
tient parfaitement sa promesse. Nous avons également rentré sans difficulté notre bagage dans les valises latérales et le topcase. Ces équipements sont de série sur la GT, tout comme les poignées chauffantes, la béquille centrale, les feux de navigation et la protection du moteur. Après une heure passée à rouler, nous quittons l’autoroute et tournons à gauche plus loin dans l’arrière-pays, à la frontière avec la Bosnie-Herzégovine. À partir de là, la petite route de raccordement qui mène à la route nationale M6 et la M6 elle-même sont bordées de maisons. Ce n’est qu’à partir de Stolač que tout devient soudainement désert. Le parcours traverse un plateau sauvage qui offre une vue imprenable sur la vallée jusque Trebinje, une petite ville charmante en forme de cuvette.
Depuis la ville portuaire encore endormie, nous atteignons rapidement l’A1, une autoroute de pointe, grâce aux échangeurs qui mènent à l’intérieur du pays. Sur la Multistrada Granturismo (GT), il est possible de régler l’immense pare-brise sur la plus haute position à l’aide d’une simple poignée, qui n’est montée sur aucun autre modèle de la gamme conçue pour les voyages de longue durée. Elle permet de garantir une bonne protection contre le vent à haute vitesse. Sur ce point, la Multistrada, qui, comme son nom l’indique, s’adapte à tout type de routes,
Après une pause déjeuner dans l’ombre des arbres sur une place de marché médiévale, nous avons vécu l’un des temps forts de notre voyage. Nous empruntons une route sinueuse de qualité, semblable à un col; elle mène au Monténégro. De l’autre côté de la frontière, quelques kilomètres après la M6, nous tournons à droite en direction de Kotor. La magnifique route de montagne faite de goudron noir coulé sur un lit de gravier rouge et de marquages blancs éclatants sinue
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TR AVEL
Ralentir, respirer, décompresser dans les petits ports, en attendant les bateaux. La compagnie maritime Jadrolinija exploite une flotte de petits navires qui rallient les îles situées au large de la côte croate. Les navettes permettent de passer d’une île à l’autre ou de gagner le continent.
BALKANIQUE
Photos DR; Fred Huber
jusqu’au sommet de la montagne; de quoi faire frémir tous les motards. Lors de cette escapade, nous avons retrouvé l’âme sportive de la Ducati avec son moteur 150PS-V2, surtout lorsque le mode de conduite «sport» était activé, libérant ainsi tout la puissance de l’engin. Le mode «touring» est quant à lui beaucoup plus doux, et la puissance baisse à 100 PS avec les modes «urbain» et «enduro».
à un fjord. La ville médiévale magnifiquement restaurée fait partie des principales attractions touristiques du pays, mais malheureusement, les paquebots de croisière s’y arrêtent de plus en plus souvent. C’est pour cela que d’immenses paquebots s’entassent devant les murs de la bourgade, bouchant ainsi la vue sur la baie. Fort heureusement, les bruyants passagers remontent à bord de ces colosses en métal au moment du souper et laissent les autres voyageurs profiter de leur charmante soirée à Kotor.
Ces quatre modes de conduite n’ajustent pas uniquement la puissance et les caractéristiques du moteur, mais aussi le degré d’efficacité de l’antipatinage et de l’ABS, ainsi que le réglage par défaut des suspensions et des amortisseurs, les nouvelles versions S de la Multistrada disposant en plus d’un châssis innovant et semi-actif. Ce dernier adapte continuellement les amortisseurs aux conditions de conduite changeantes en fonction du mode sélectionné, et ce, en seulement 10 millisecondes. Les petits sauts indélicats dus aux aspérités de la route sont ainsi tués dans l’œuf, ce qui améliore grandement la stabilité de la moto dans les courbes.
Nous avons atteint le point le plus au sud de notre périple. Il nous reste maintenant six jours de voyage et 1500 km à parcourir le long de la côte balkanique en direction du nord avec une dernière halte aux lacs de Plitvice (là où la saga sur les Winnetou a été tournée). Un nouveau passage frontalier laborieux doté d’une gare se situe à seulement 30 km de là. Cette semaine-là, nous avons découvert le plus beau de la Croatie. Les images de petits villages pleins de charme avec leurs toits en tuile rouges et leurs bribes du bleu de la mer resteront à jamais gravées dans nos esprits. Contrairement à l’Italie, où l’on trouve d’immenses plages de sable et où le tourisme de masse est souvent de rigueur, comme à Rimini et Jesolo, la Croatie tente, elle,
Nous continuons notre périple sur une route de montagne à couper le souffle jusqu’aux Bouches de Kotor, semblables
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Avec ses eaux turquoise, la côte rocheuse de la Croatie invite à la baignade. De petits ferrys rallient Split aux îles situées au large de la côte. La bourgade de Kotor située dans le Monténégro ainsi que les lacs de Plitvice sont deux des lieux qui ont marqué notre voyage.
de devenir le nouveau pays méditerranéen à la mode en mettant en avant l’intimité qu’elle a à offrir. La nature ne lui laisse de toute façon pas le choix; avec sa côte rocheuse qui forme de jolies calanques, exit les plages pleines à craquer. L’arrêt à Dubrovnik et la découverte de sa magnifique forteresse sont des incontournables de tout voyage le long de la côte croate. La petite île de Brač et la côte d’or de Bol valent de toute façon le détour, où une insolite plage de galets dépasse même de la mer, telle une corne. Les motards ne doivent manquer sous aucun prétexte la route déserte et austère qui longe la côte située au nord-est de Zadar et qui mène à Karbolag, où se découvre, au loin, le paysage lunaire de l’île de Pag. La Ducati Multistrada entame un retour interminable à travers les Dolomites, où elle a démontré une dernière fois sa capacité à rouler sur toutes les routes de ce monde, des petits chemins de montagne pleins d’aspérités aux autoroutes en passant par les cols, grâce à un puissant moteur V2 et à un châssis dernier cri. Plaisir garanti!
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Saint-Gall AUTRICHE
Innsbruck
SUISSE
HONGRIE Meran
SLOVÉNIE
ITALIE
CROATIE
Jesolo
Lacs de Plitvice
BOSNIE HERZÉGOVINE
Rimini
Ancona Split
Kotor
1er jour: De Saint-Gall au Lac de Garde en passant par Landeck, le col de Resia, Merano et le Passo delle Palade. 2 ème jour: De Riva del Garda à Split, en Croatie, avec le ferry de nuit en passant par Padoue, Ferrare, Rimini et Ancône. 3 ème jour: De Split à Vrgorac en passant par l’autoroute intérieure puis traversée de la frontière avec la Bosnie-Herzégovine direction Ljubuški et Trebinje, nouvelle traversée d’une frontière mais cette fois avec le Monténégro direction Vilusi et Kotor en suivant une route à couper le souffle. 4 ème jour: Le long de la côte en partant de Kotor jusqu’à la frontière croate et Dubrovnik. 5 ème jour: De la presqu’île de Pelješac à Orebić, ferry jusqu’à Korčula,
découverte de l’île jusqu’à Vela Luka, retour à Korčula. 6 ème jour: Ferry jusque Orebić, via la presqu’île direction Trpanj, ferry jusqu’a Ploče, de la côte jusqu’à Split, ferry vers l’île de Brač et vers Bol (la Corne d’or). 7 ème jour: Retour à Split avec le ferry, le long de la côte jusqu’à Zadar en passant par Šibenik. 8 ème jour: De Zadar à Karlobag en emprun tant la route côtière, puis du cœur du pays jusqu’aux lacs de Plitvice et retour vers la côte via Otocac direction Senj, de Smrika jusqu’au pont pour Krk. 9 ème jour: Route côtière direction Opatija via Rijeka, traversée de la presqu’île d’Istrie direction Buzet, puis départ pour Jesolo via la Slovénie.
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10 ème jour: De Jesolo à Belluno puis jusqu’au Val Gardena en passant par le Passo di Cereda, le Passo die Rolle, le col Valles, le col de San Pellegrino et le col de Sella, et enfin direction Innsbruck via lenBrenner. 11ème jour: D’Innsbruck à Saint-Gall en passant par l’Arlberg. En 10,5 jours, nous avons passé 50,5 heures à moto, emprunté le ferry huit fois et parcouru 3433 kilomètres au total.
DUCATI MULTISTRADA S GRANTURISMO Moteur: moteur à refroidissement liquide 90°-V2 Cylindrée: 1198 ccm Puissance: 150 PS / 9250 U/min Couple: 125 Nm / 7500 U/min Consommation: 5,6 l/100 km/h Hauteur d’assise: 850 mm Poids réservoir plein: 245 kg
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PHILIPPE FRAGNIÈRE «Ma série Greppon interprète librement des fragments de contes et légendes issus de Veysonnaz, le village de montagne valaisan dont je suis originaire. Mes photographies singularisent des éléments du paysage pour en faire des natures mortes. Elle se fait l’écho de la manière dont le mythe érige le banal en surnaturel, dont le paysage familier est rendu étranger. La série joue sur l’idée de vision – une vision tour à tour brouillée, limpide ou encore surréaliste. Il y a une volonté d’inciter à l’immersion qui découle de l’approche instinctive qui a guidé mon travail. L’acte photographique est une sorte d’exutoire à ce temps si long. Il en résulte un portait-hommage à cet héritage en voie de disparition.»
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Philippe Fragnière est né en 1987. Originaire de Veysonnaz, en Valais, il a étudié l’art et la photographie à L’ECAL de Lausanne notamment, où il a aussi enseigné. Il vit entre la Suisse et Londres. Il a participé à de nombreuses expositions ou manifestations dont le festival Images de Vevey. Son travail le plus connu est sans doute «Snowpark» où, photographiant les installations pour snowboardeurs en montagne, il a saisi leur curieux mélange de nature alpine et d’architecture urbaine. La qualité de son œuvre et son talent pour faire parler les formes lui ont valu le soutien de Pro Helvetia.
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AUTO La Volvo Ocean Race est l’épreuve en équipe la plus difficile au monde. Sept équipes naviguent autour du globe en onze étapes et s’exposent aux plus grandes forces de la nature: tempêtes, vagues gigantesques, froid glacial ou chaleurs tropicales. Pour les navigateurs, la VOR, comme on la surnomme, est un défi incontournable. La 13e édition de la course mythique prendra fin en juin aux Pays-Bas. Par WALTER RÜEGSEGGER
«La peur surgit quand la situation devient incontrôlable. Et nous faisons tout pour l’éviter. Dans des moments de stress, la peur peut prendre le dessus. Il faut donc faire attention à toi, aux autres et au bateau. La moindre erreur peut alors avoir des conséquences dramatiques», raconte Justine Mettraux, qui participe pour la deuxième fois à la Volvo Ocean Race.
chage constamment humides, ces derniers devant être partagés entre les membres de l’équipage, un manque de sommeil incommensurable, des privations de plusieurs jours, une fatigue et un épuisement permanents. La Volvo Ocean Race, ce n’est ni pour les «chochottes», ni pour les personnes sensibles au bruit. Les vagues qui ne cessent de s’abattre sur la coque en carbone provoquent un vacarme d’enfer que seules des boules Quies peuvent atténuer. En revanche, il n’y a rien à faire contre l’odeur qui règne sur le bateau de 21 mètres de long après un mois en mer. Elle est due à la transpiration des sportifs de haut niveau qui n’ont pas pu changer de vêtements. Le froid et l’humidité sont également difficiles à supporter lorsque la vitesse du bateau dépasse les 30 km/h. Le cockpit est constamment submergé par les vagues, et la température de l’eau ne dépasse pas zéro degré. Impossible de sécher quoique ce soit. Mais d’après les marins, ces souffrances sont vite oubliées lorsque les conditions redeviennent normales. Presque aucun des participants ne revient de cette descente aux enfers sans blessure. Sur la plus longue des étapes, un membre d’équipage a perdu pas loin de huit kilos. Le stress incessant et la fatigue perpétuels minent le corps des sportifs.
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Harder, better, faster, stronger: voilà le slogan de l’édition actuelle de la Volvo Ocean Race. La 13e édition de l’épreuve en équipe la plus difficile du monde est en effet plus corsée cette année. Avec 45 000 miles à parcourir, soit 7 000 de plus que l’édition précédente, il s’agit de l’édition la plus longue de l’histoire de la VOR. Les zones situées au Sud des océans Atlantique, Indien et Pacifique sont traversées en trois étapes. La distance à parcourir, qui est de 12 000 miles dans ces océans tant redoutés, est deux fois plus importante que lors des éditions précédentes. Six des onze étapes font plus de 5 000 miles, la plus longue étant celle qui rallie Auckland à Itajai, au Brésil, qui fait 7 600 miles soit bien 14 000 km, ce qui correspond presque au vol le plus long du monde sans escale entre Dubaï et Auckland. Pour ce trajet, les marins passeront plus d’un mois en mer.
LA PEUR DE L’ACCOMPAGNATEUR PERMANENT L’accompagnateur permanent redoute l’accident, qui peut surtout survenir la nuit sous la forme d’une avarie soudaine ou d’une collision. Les marins peuvent également tomber du bateau, se blesser gravement en raison d’une chute ou être écrasés à cause d’un démâtage. La concentration amoindrie par la fatigue représente également un dan-
JUSQU’À HUIT KILOS EN MOINS Ce qu’endurent les navigateurs lors des étapes dépasse l’entendement: des tempêtes d’une violence inouïe, des vagues de 10 mètres de haut, un froid glacial, des chaleurs extrêmes, une peau abimée par le sel, des yeux qui brûlent, des mains en lambeaux, des vêtements et un sac de cou-
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Lors des manœuvres particulièrement difficiles, tout l’équipage doit prêter main forte. Souvent, l’écume brouille la visibilité, ce qui complique la tâche.
ger important. Jusqu’à maintenant, 5 participants ont perdu la vie lors de l’Ocean Race. Le dernier décès remonte à 2006, lorsque le Hollandais Hans Horrevoets a été balayé par-dessus bord. Même s’il a rapidement pu être remonté à bord par l’équipage, les tentatives de réanimation sont restées vaines. Le marin Alex Gaugh de l’équipe Team Sun Hung Kai/Scallywag a, lui, eu plus de chance lors de la quatrième étape de la régate actuelle: pendant le changement d’équipage, il a été catapulté hors du bateau par une vague. Heureusement, il a pu être remonté à bord.
Ainsi, le manque d’expérience est la raison pour laquelle les cinq équipes féminines qui ont participé à la VOR faisaient partie des dernières. Lors de la dernière édition, les résultats de l’équipe féminine SCA ont été décevants. Malgré un budget important et une phase de préparation de deux ans, les femmes n’ont eu aucune chance sur les longues étapes. Même le nombre de membres d’équipage, onze pour les femmes et huit pour les hommes, n’y aura rien changé. Il manquait aux femmes l’expérience pour cette régate si exigeante. Aucune d’entre elles, ou presque, n’avait déjà participé à l’Ocean Race. «Malgré d’excellentes compétences de navigation à bord, il était très difficile de s’imposer face aux hommes», explique Justine Mettraux, qui était à bord du SCA pendant huit des neuf étapes. Les hommes sont plus forts physiquement et résistent mieux physiquement aux travaux pénibles d’un bateau grâce à leur meilleure constitution. Hisser les voiles, barrer, transférer le matériel d’un côté à un autre, tout cela nécessite une excellente forme physique. Une voile à elle seule peut peser jusqu’à 300 kilos. Même des athlètes surentraînés ont dû affronter des situations dangereuses face au vent et aux vagues.
LA CLASSE MONOTYPE, UN GAGE DE SÉCURITÉ Afin d’améliorer la sécurité des participants, mais aussi pour des raisons d’image, Volvo, l’organisateur et sponsor de la compétition, a récemment pris de nombreuses mesures. Les bateaux sont devenus plus sûrs notamment grâce à l’introduction de la classe monotype depuis la dernière édition. Les voiliers sont tous identiques. Aucun participant ne doit tenter d’économiser quelques kilos coûte que coûte en essayant d’atteindre les limites de la construction. La course monotype Volvo Ocean 65 (VO65) a également permis de faire des économies. La campagne de l’Ocean Race se monte à environ 12 millions d’euros et il ne fait aucun doute que certaines équipes ont participé plus que d’autres. Le fait que les bateaux soient identiques permet également d’avoir une meilleure égalité des chances. Les capacités de navigation et de tactique sont donc décisives. Disposer d’une pratique aguerrie joue ici un grand rôle.
Pour compenser le manque d’expérience des femmes sur le long terme, les organisateurs ont mis en place des équipes mixtes. Chaque équipage doit compter au moins deux femmes. L’équipe «Turn the Tide on Plastic» est même composée de cinq femmes et cinq hommes. Après
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AUTO VOR – LES ÉQUIPES Sept équipes dont une skipper
Team Akzo Nobel (Pays-Bas) La nouvelle équipe hollandaise a été le premier participant officiel de la course. Le skipper Simeon Tienpont participe à sa troisième VOR. Après cinq étapes, Akzo Nobel se trouvait à la sixième place, mais l’espoir de remporter la course à la maison à La Haye en juin n’est pas perdu. Dongfeng Race Team (Chine) C’est sa deuxième participation après celle de l’édition 2014-2015. Le skipper français Charles Caudrelier est à la tête de l’équipe depuis déjà 3 ans. À la quatrième étape, Justine Mettraux se trouvait à bord. Dongfeng est à la deuxième place du classement intermédiaire. Mapfre (Espagne) Classé quatrième depuis 4 ans, le skipper espagnol Xabi Fernández souhaiterait gagner la VOR pour l’Espagne pour la première fois. Avec une première et trois deuxièmes places, l’équipe a réaffirmé cette ambition. Après avoir parcouru plus de la moitié de la distance de la course, les Espagnols sont en tête. Le membre de l’équipe le plus connu n’est autre que Blair Tuke, le gagnant de l’America’s Cup. Vestas 11th Hour Racing (États-Unis/Danemark) L’équipe américano-danoise est handicapée en raison d’un accident à la quatrième étape. La collision avec un bateau de pêcheurs a fait un mort, l’équipage n’a pas participé aux cinquième et sixième étapes. La reprise de la course avec une nouvelle proue est prévue pour la septième étape. Vestas n’a décidément pas de chance, puisqu’elle s’était déjà échouée sur un récif il y a trois ans. SunHungKai/Scally wag (Hongkong ) Il s’agit de la première participation d’une équipe hongkongaise, signant le retour du skipper australien David Witte après 20 ans d’absence. L’équipe n’avait pas pour objectif de finir dans le peloton de tête et pointe au quatrième rang du classement intermédiaire.
Turn the Tide on Plastic (ONU) La skipper anglaise Dee Caffari est à la tête d’une équipe mixte, dont fait partie Elodie-Jane Mettraux, la sœur de Justine, qui a pour l’instant participé aux troisième et quatrième étapes. Malgré la grande expérience de la capitaine de bord (sept tours du monde en bateau à voile), l’équipage peine à remonter le classement. Ne pas finir dernier relèverait de l’exploit. Les membres se vouent à la protection des mers du monde, leur navire battant pavillon onusien. Team Brunel (Pays-Bas) La deuxième équipe hollandaise dispose du skipper le plus expérimenté de la VOR, Bouwe Bekking, avec sept participations au compteur. Les Hollandais auront du mal à passer la troisième place. Ils se classaient à la cinquième place au moment de la rédaction de cet article. Le skipper le plus connu de la compétition, Peter Burling, barreur du vainqueur néozélandais de l’America’s Cup, fait partie de l’équipage, mais il ne participe pas à toutes les étapes.
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L A PLUS CONNUE DES RÉGATES AU L ARGE La Volvo Ocean Race est la compétition sportive la plus longue et difficile pour les équipages. Organisée depuis 1973, auparavant tous les quatre ans, elle se déroule aujourd’hui tous les deux ou trois ans. Il existe d’autres courses au large qui ont lieu régulièrement et qui font pour la plupart partie des incontournables. Vendée Globe: Cette course à la voile autour du monde et en solitaire, créée en 1989, a lieu tous les quatre ans au départ des Sables d’Olonne. Seul un marin a réussi a gagner la course deux fois en 2001 et 2009, le Français Michel Desjoyeaux. Le Genevois Dominique Wavre a fini à la quatrième place en 2005 et à la cinquième place en 2001. Prochaine édition en 2020. Route du Rhum: Créée en 1978, il s’agit de la régate transatlantique en solitaire la plus connue. Elle est courue tous les quatre ans entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Les concurrents sont répartis dans plusieurs catégories. Le Neuchâtelois Laurent Bourgnon l’a remportée à deux reprises, en 1994 et 1998. Prochain départ prévu cet automne. Transat Jacques Vabre: Créée en 1993, cette course transatlantique en double est ouverte aux monocoques et aux multicoques dans différentes catégories. Elle part de la route du café du Havre en direction de l’Amérique du Sud ou centrale. Les Suisses Yvan et Laurent Bourgnon l’ont remportée en 1997 et Steve Ravussin en 2001. Prochaine édition en 2019. Mini-Transat: Cette course transatlantique, qui a vu le jour en 1977, s’effectue en deux étapes à bord de voiliers de 6,50 m et est organisée tous les deux ans. Elle est destinée aux jeunes skippers et aux amateurs. Il est possible de concourir dans deux catégories. Yvan Bourgnon l’a remportée en 1995 et la Genevoise Justine Mettraux est arrivée deuxième en 2013. Prochaine édition en 2019.
les cinq premières étapes, l’équipe se trouvait à la dernière place. La skipper Dee Caffari, qui faisait déjà partie de l’équipe 100% féminine SCA, sait d’où vient le problème. Il y a trois ans, elle n’expliquait pas les mauvais résultats de l’équipe de femmes par la mauvaise condition physique, mais par les erreurs commises: «L’Ocean Race consiste à faire moins d’erreurs que les autres».
Sydney–Hobart: Créée en 1949, les équipages la considèrent comme la régate au large la plus traditionnelle. Elle se déroule chaque année après Noël et part de Sydney pour rejoindre Hobart. Les amateurs peuvent aussi participer. Il est possible de concourir dans différentes catégories.
LA VOR, UNE DESCENTE AUX ENFERS La VOR n’est pas qu’une course hors du commun, c’est également un évènement médiatique unique. Ces vingt dernières années, les organisateurs ont mis les bouchées doubles en matière de communication. Pour la troisième fois, les équipages seront accompagnés de journalistes embarqués, dont le travail consiste à mettre en valeur les expériences des équipages en images, sons et mots. Les bateaux sont équipés de plusieurs caméras fixes. Les informations sont ensuite traitées par les équipes au sol et mises en ligne. Le résultat est stupéfiant: des images d’une qualité exceptionnelle qui laissent deviner ce que vivent et endurent les skippers. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on entend souvent résonner le morceau «Highway to Hell» d’ACDC au départ et à l’arrivée des équipages.
Barcelona World Race: Créée en 2007, il s’agit de la dernière-née des courses au large, qui consiste à faire le tour du monde en double sans escale sur des monocoques de 60 pieds IMOCA. Le duo franco-suisse composé de Dominique Wavre et de Michèle Paret terminera à la troisième place de l’édition 2007–2008. Prochain départ, le 12 janvier 2019.
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Duel avec le vent et les vagues: la Volvo Ocean Race est l’épreuve par équipe la plus difficile au monde.
Proue contre proue lors du départ. Plus tard, les distances entre les bateaux iront croissant.
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L’ÉLÉGANCE DE LA PUISSANCE
La Ferrari Portofino est le nouveau bijou signé Ferrari. Pari gagné pour le coupé cabriolet Gran Turismo V8 de Maranello, qui a conquis le public avec sa sportivité, sa meilleure maniabilité, ses lignes extérieures et intérieures. Par THOMAS BOROWSKI
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AUTO UNIQUE EN SON GENRE S’il est vrai que dans la catégorie du coupé cabriolet avec un toit en dur, la Portofino ressemble comme deux gouttes d’eau à la California, lancée en 2008, ses formes sont beaucoup plus dynamiques. «La California avait les contours typiques d’un modèle à coffre. À ce niveau, la Portofino propose une transition plus fluide et élégante», souligne Jean-Philippe Leloup. Lorsqu’on s’intéresse d’un peu plus près à ce nouveau modèle, on mesure à un nombre incalculable de détails la grande créativité dont a fait preuve le centre de design de Ferrari, lui faisant porter sa griffe reconnaissable entre mille. Les détails d’une grande finesse, comme les entrées d’air supplémentaires à côté des phares avant qui permettent de réduire la résistance à l’air, ou encore les déflecteurs de vent qui réduisent de 30% le flux d’air dans l’habitacle lorsque la capote est ouverte, attestent de ce savoir-faire.
Portofino, village portuaire paisible situé à l’est de Gênes sur la côte ligurienne, compte à peine plus de 400 habitants. Sa situation privilégiée dans une baie naturelle et ses maisons colorées ont fait de lui le lieu de rencontre romantique et la marina préférée des stars ainsi que des nantis du monde entier. Depuis le tournage du film «Come», en 1961, dans les ruelles étroites de Portofino, avec à l’affiche la charmante Gina Lollobrigida et la star américaine Rock Hudson, un vent de glamour souffle sur ce village de pêcheurs. Et cette légère brise pourrait bientôt se transformer en véritable tempête qui balayera tout sur son passage. Car la signature Portofino orne désormais l’arrière de la dernière-née de Ferrari. Le bolide ne devrait d’ailleurs pas tarder à rouler dans les rues du village éponyme. Ferrari a dévoilé sa nouvelle monture à l’occasion du dernier salon de l’automobile de Francfort. Pour sa première présentation au public, la Portofino a reçu un accueil très chaleureux, même si beaucoup ont cru qu’il s’agissait simplement d’une version retravaillée de la California. En novembre dernier, Jean-Philippe Leloup, Directeur Europe centrale et de l’Est chez Ferrari, a cependant fortement nuancé cette supposition lors de la soirée exclusive donnée à Lausanne pour l’entrée sur le marché de la Portofino: «Il est vrai que la Ferrari California constitue notre plus grand succès commercial. En ce sens, la Portofino hérite d’un gros héritage mais ce n’est qu’une fausse impression. Elle écrit un nouveau chapitre dans l’histoire de la maison, tant par son design que par ses performances de conduite, son aérodynamisme et son équipement de bord».
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Dotée d’un V8 biturbo complètement repensé, la Portofino représente une catégorie à elle seule en matière de performance. Avec ses 600 chevaux, soit 40 de plus que la California T, elle est pour le moment le cabriolet le plus puissant sur le marché. Les ingénieurs de la marque ont également veillé à conserver le ronronnement si particulier du moteur Ferrari sans en oublier la bonne maniabilité nécessaire à un usage quotidien. La Portofino reste donc discrète au démarrage et se fait plus remarquer en mode «confort» dédié aux trajets de longue distance et dans les quartiers résidentiels, sans pour autant hurler. Ce n’est qu’en mode «sport» que toutes les soupapes sont ouvertes et que le son éclate et retentit. Ferrari a bien entendu mis l’accent sur le dynamisme et le confort de conduite, raison pour laquelle la
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Portofino donne une bonne impression aussi bien sur route que sur circuit. La direction assistée électrique, montée pour la première fois dans une Ferrari GT, la rend d’autant plus simple à manier en toutes circonstances.
Il faudra cependant s’armer de patience avant de pouvoir s’installer confortablement derrière le volant d’une Portofino. Depuis sa présentation en avant-première à l’IAA de Francfort, le monde des Ferraristes est en effervescence, ce que confirme Jean-Philippe Leloup: «Les retours sur notre Portofino sont très positifs et la demande n’a jamais été aussi importante». Le délai de livraison de la Portofino, dont le prix de départ s’élève à environ CHF 230 000, est aujourd’hui déjà d’environ un an. Les afficionados devront donc prendre leur mal en patience avant de pouvoir faire un tour dans la nouvelle monture de Ferrari. De quoi s’offrir, entre-temps, un petit week-end idyllique à Portofino…
SPORTIVITÉ ET CONFORT AU PROGRAMME Le tout nouvel habitacle et son design sont irréprochables, comme le révèle l’examen du bolide à Lausanne. Ce qui saute réellement aux yeux, c’est le design du tableau de bord qui, à l’instar des autres modèles GT de Ferrari, est pourvu de deux écrans avec un compte-tours analogique et d’une dalle numérique. Un écran tactile multipoint Full HD de 10 pouces sur la console centrale permet de contrôler en toute simplicité l’ensemble des fonctions du système d’infotainment. Particularité: ce dernier peut être couplé sur demande à un autre écran pour le passager, qui peut lui aussi avoir devant lui toutes les informations ayant trait à la vitesse, au régime moteur ou encore le rapport sélectionné. Le copilote est libre de choisir sur quoi il souhaite se concentrer. Le toit décapotable s’ouvre en 14 secondes sur simple pression du bouton, et se range automatiquement dans le coffre en dessous du cache-bagages, permettant ainsi au conducteur et au passager d’admirer la splendeur des paysages alentours. Pour ceux qui souhaitent également ajouter l’option des sièges réglables à 18 positions avec coussins d’air et sièges chauffants à leur liste de vœux, il s’agit là d’un gage de confort pour les trajets longue distance.
FERRARI PORTOFINO Moteur: V8 3,9l bi-turbo Puissance: 441kW (600 ch) à 7500tr/min Transmission: propulsion arrière avec boîte automatique à 7 vitesses Dimensions: 4586×1938×1318 mm Poids à vide: 1664 kg Vitesse maximale: 320km/h 0–100 km/h: 3,5s 0–200 km/h: 10,8s Consommation normalisée: 10,7/100km Prix de départ: CHF 240 000.
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AMI AMIPARIS.COM ARMANI ARMANI.COM BALENCIAGA BALENCIAGA .COM BERLUTI BERLUTI.COM BOTTEGA VENETA BOT TEGAVENETA .COM CALVIN KLEIN CALVINKLEIN.COM CAPUTO & CO. CAPUTOANDCO.COM CARHARTT CARHART T.COM CELIO CELIO.COM CHARLES HEIDSIECK CHARLESHEIDSIECK.COM CHURCH CHURCH-FOOT WEAR.COM COMMES DES GARÇONS COMME-DES- GARCONS.COM COMMON PROJECTS COMMONPROJECTS.COM CONVERSE CONVERSE.COM DIOR HOMME DIOR.COM EDEN PARK EDEN-PARK.FR FERRARI FERR ARI.COM FINSBURY FINSBURY-SHOES.COM GUCCI GUCCI.COM HABITAT HABITAT.FR HUGO BOSS HUGOBOSS.COM IKKS IKKS.COM J.M. WESTON JMWESTON.COM JOHN VARVATOS JOHNVARVATOS.COM KIKKERLAND KIKKERL AND.COM L’ATELIER D’EXERCICES L ATELIERDEXERCICES.COM LACOSTE L ACOSTE.COM LANVIN L ANVIN.COM LEICA LEICA-STORE.CH LEVI’S LEVI.COM LOUIS VUITTON LOUISVUIT TON.COM MAISON MARGIELA MAISONMARGIEL A .COM MONCLER MONCLER.COM MONTBLANC MONTBL ANC.COM MR PORTER MRPORTER.COM OFF-WHITE OFF--WHITE.COM OMEGA OMEGAWATCHES.COM PRADA PR ADA .COM RETROSUPERFUTURE RETROSUPERFUTURE.COM ROLEX ROLEX.COM SAINT LAURENT YSL .COM SCHOTT SCHOT TNYC.COM SHAMBALLA JEWELS SHAMBALL A JEWELS.COM STABILO STABILO.COM SUPREME SUPREMENEW YORK.COM THE CONRAN SHOP CONR AN.COM TIGHA TIGHA .COM TOD’S TODS.COM VALENTINO VALENTINO.COM VERSACE VERSACE.COM ZEGNA ZEGNA .COM
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LAST LOOK À l’heure des GPS, l’écrivain de voyage Francisca Mattéoli nous fait parcourir le monde au fil des villes – légendaires, ensevelies ou ultramodernes –, et des magnifiques cartes qui la font rêver, mêlant ses propres expériences aux extraordinaires épopées qui permirent la création de ces grandes cités. Par JEANNE PROPECK
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PHOTOS Bibliothèque nationale de France; DR
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