PRÉFACE
Sylvie Candau
Responsable du Musée de Cerdagne
Les Histoires de (’)…., initiées par l’ADECO et aujourd’hui en partenariat avec le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes, continuent avec ce nouveau tome 5. Après Histoires de pierres (1998), Histoires de plumes et de poils (2001), Histoires de racines et de rameaux (2008) et Histoires d’eau (2020), nous voilà rendus aux extrêmes !
Air et feu, éléments premiers liés au mythe de la création, furent depuis la nuit des temps divinisés et adorés dans de nombreuses cultures. Pour les hommes et les femmes, de leur premier souffle au sortir du ventre de leur mère à leur dernier soupir éteignant la chandelle, l’air offre vie, mouvement et verbe. Mais, dans un environnement naturel, cet air peut aussi tout changer – vent doux ou violent –, tout comme ce feu venu des entrailles de la terre, chaud et purificateur, convoité, domestiqué et craint. De l’allié bienfaisant, facilitateur de tâches, au destructeur incontrôlable, il n’y a souvent qu’un pas.
De tout temps, les hommes et les femmes ont donc cherché à s’expliquer et à se protéger de ces éléments bénéfiques ou maléfiques. Leur ignorance a parfois engendré des personnages insolites, des sorcières ou autres démons liés au monde infernal, ou des saints protecteurs, comme sainte Barbe, patronne des artilleurs, marins, sapeurs-pompiers et surtout incontournable pour nos minaires (mineurs) d’Escaro.
Ainsi, ces légendes et ces témoignages oraux collectés et rassemblés dans cet ouvrage révèlent les préoccupations et l’imaginaire des habitants et des habitantes du Conflent, du Capcir et de Cerdagne.
Un grand merci aux collecteurs André, Claude et Didier, toujours aussi passionnants, qui, depuis plus de vingt ans, œuvrent pour que notre mémoire commune se transmette et ne s’envole pas dans les airs.
Enfin, pour l’anecdote, si vous souhaitez découvrir la fameuse Sainte-Barbe du tunnel du Puymorens, elle trône fièrement à l’entrée du musée de Cerdagne dans le village de Sainte-Léocadie, où elle vous accueillera avec plaisir lors d’une prochaine visite !
PRÉFACI
Sylvie CandauResponsable del Museu de Cerdanya
Les Històries de…, iniciades per ADECO i avui en partenariat amb el Parc del Pirineu Català continuen amb aquest nou volum 5è. Després d’Històries de pedres (1998), Històries de plomes i pèls (2001), Històries d’arrels i rams (2008) i Històries d’aigua (2020), ara hem arribat als extrems !
L’aire i el foc, elements primers vinculats al mite de la creació, han estat des de la nit dels temps, divinitzats i adorats en moltes cultures. Per als homes i les dones, des del primer alè en sortir del ventre de la mare fins a l’últim sospir que atuda la candela, l’aire ofereix vida, moviment i verb. Però en un entorn natural, aquest aire també pot canviar-ho tot : vent suau o violent, igual que aquest foc vingut de les entranyes de la terra, calent i purificador, cobejat, domesticat i temut. Des de l’aliat benvolent, facilitador de tasques fins al destructor incontrolable, sovint només hi ha un pas.
De sempre, doncs, els homes i les dones han cercat a explicar-se aquests elements benèfics o malèfics i a protegir-se’n. De vegades, llur ignorància ha engendrat personatges insòlits, bruixes o dimonis lligats al món infernal, o sants protectors, com ara Santa Bàrbara, patrona dels artillers, mariners, bombers i sobretot imprescindible per als nostres minaires (miners) d’Escaró.
Així, aqueixes llegendes i testimoniatges orals recollits i reunits en aquest llibre expressen les preocupacions i l’imaginari dels habitants de Conflent, Capcir i Cerdanya.
Les gràcies als col·lectors Andreu, Claude i Didier, sempre tan apassionats, que des de fa més de 20 anys obren perquè la nostra memòria comuna se transmeti i no s’esfumi.
Per fi, com a anècdota, si voleu veure la famosa Santa Bàrbara del túnel de Pimorent, ara senyoreja a l’entrada del museu de Cerdanya on vos acollirà amb plaer a la propera visita !
L’AIR ET LE FEU DANS LA TOPONYMIE 16
CARTE / MAPA
18-19
L’AIRE I EL FOC EN LA TOPONÍMIA 20 Mémoires / Memòries
VENTS ET TEMPÊTES 24
LE SOUFFLE DE LA MORT 32
Morts violentes et assassinats
Coll de Nou Creus
L’assassinat de Joseph Rous
Fête de l’ours en Conflent, un mort à Py
L’ALÈ DE LA MORT 48
Morts violents i assassinats
Coll de Nou Creus
Un pastor oriünd de les Garrotxes assassinat
Festa de l’os al Conflent, un mort a Pi
MALÉDICTIONS, APPARITIONS, PHÉNOMÈNES MYSTÉRIEUX 64
Âme en peine
Fantômes et apparitions
Lumières dans la nuit
MALEDICCIONS, APARICIONS, FENÒMENS MISTERIOSOS 72
Ànimes en pena
Fantasmes i aparicions
Llums en la nit
GUÉRISSEURS ET GUÉRISSEUSES 78
Les saludors
Les senyadors et senyadores
Les curanderos et curanderes
CURANDEROS I CURANDERES 90
Els saludadors
Els senyadors i les senyadores
Els curanderos i les curanderes
SORCIÈRES 102
Le mauvais œil
Le sabbat
Transformation animale
Dans les villages
La persécution des sorcières
Protections contre les sorcières
Chasse aux sorcières en Capcir en 1643
BRUIXES 124
El mal d’ull
El sàbat
Transformació en animal
En els vilatges
La persecució de les bruixes
Protecciós contra les bruixes
Cacera de les bruixes al Capcir el 1643
MAGIE, CURÉS, LIVRES MAUDITS 146
La magie
Des curés très spéciaux
Des curés conjurateurs
Des curés magiciens
Les possédédés de Matemale
Les livres maudits
Le Respon de sant Antoni
MÀGIA, CAPELLANS, LLIBRES MALEÏTS 158
La màgia
Capellans molt especials
Capellans conjuradors
Capellans màgics
Les esperitades de Matamala
Els llibres maleïts
El Respon de sant Antoni
LES FEUX DES SOLSTICES 170
Les feux de Noël
Les feux de la Saint-Jean
Nuit de la Saint-Jean de 1493
Protection des potagers
ELS FOCS DELS SOLSTICIS 182
Els focs de Nadal
Els focs de Sant Joan
Nit de Sant Joan de 1493
Protecció dels horts
FEU ET LUMIÈRE 194
Flammes domestiques
Le bois pour le feu
FOC I LLUM 204
Flames domèstiques
Llenya per al foc
SAINTES FLAMMES 214
Sainte Barbe
Saint Fructueu
Sainte Lucie
SANTES FLAMES 222
Santa Bàrbara
Sant Fructuós
Santa Llúcia
FOURNAISES DANS LA MONTAGNE 230
Charbonnières
Fours à chaux
Fours à poix
Métallurgie antique
Pyrène
FOGUERADES A LA MUNTANYA 248
Carboneres (o Fornells)
Forn de calç
VENTS ET TEMPÊTES
André BALENT
Les principales manifestations physiques de l’air, élément invisible, sont les vents. Notre corpus légendaire retient ceux d’entre eux qui se distinguent par leur puissance et, aussi, par les désagréments qu’ils peuvent causer aux animaux, aux hommes et à leurs cultures. La Tramuntana est un vent sec et froid qui se décline en Rufaca en Cerdagne qui amène nuages – quelquefois des brouillards – et la neige. La terrible Rufaca est associée au mauvais temps de l’hiver. En Capcir, le Carcanet, qui déborde parfois du col de la Quillana, a aussi une mauvaise réputation. Curieusement le Ponent, en Cerdagne, la Marinada ou le Llevant en Conflent, qui apportent de fortes pluies et provoquent des inondations, n’apparaissent pas dans notre quête du savoir populaire.
LA RUFACA
Le catalan a retenu le mot « rufaga » ou « rufaca », nom commun pour désigner la rafale d’un vent très fort qui souffle un long moment, souvent accompagnée de neige. Le géographe Pau Vila évoquait en 1926 « les rufagues que venen del Querol » [« les rufagues qui viennent du Carol », traduit du catalan] et publiait une photographie hors texte suggestive d’un champ de seigle dont les épis avaient été cloués au sol par la neige amenée par une de ces « rufagues » caractéristiques de la Cerdagne qui avait sévi le 27 mai 1923. Notons qu’il utilise ici le vocable le plus courant du catalan et non sa variante pyrénéenne et, plus particulièrement, cerdane. En effet, en Cerdagne et en Capcir, ce vent très fort, qui fait tourbillonner la neige dense et fine qu’il amène ou qui tombe sur son passage est aussi localement nommé « torb » en catalan. Mais ce mot est aussi un synonyme partiel de « rufaca », dénomination locale de la « rufaga ». Celle-ci, froide et forte, n’est pas forcément accompagnée de neige. Elle peut être « sèche » ou amener avec elle de froides averses de pluie.
Cependant, d’après nos constatations personnelles et après avoir interrogé beaucoup de personnes dans la vallée de Carol et ailleurs en Cerdagne (Puigcerdà, Osséja, Err), la rufaca, désigne en Cerdagne, un vent soufflant depuis le nord ou le nord-ouest. Elle ne désigne jamais un fort vent, même accompagné de neige, soufflant depuis une autre direction. En ce sens, ce nom devient, en Cerdagne, un nom propre, « Rufaca », quelque part synonyme de Tramuntana. Mais on dirait plutôt « Carcanet » en Capcir.
Un ouvrage collectif a précisé que « la rufaca provient habituellement du nord et entre souvent par le versant atlantique pyrénéen par la vallée de Carol avec un vent fort et très froid » (traduit du catalan).
« Rufacada » est un dérivé de « rufaca ». Ce mot désigne une violente tempête de vent du nord accompagné le plus souvent de pluie ou de neige : « Ja tenim la rufacada de Tots Sants ! ». Mais, toujours selon ces auteurs, bien que, stricto sensu, la rufacada désigne de fait l’action de la Rufaca, les deux mots s’utilisent quasiment avec le même sens.
Ils ont été consignés tous deux par Joan Coromines. Cet éminent linguiste indique que le nom « rufaca » est influencé par le latin « rufus » qu’il traduit par « roig tèrbol » (rouge trouble), ainsi que sa parenté avec « ràfega ». Son altération à partir du verbe « arrufar », « arrufir » en Cerdagne (froisser), a également été relevée par lui. Il remarque aussi un phénomène courant de labialisation qui permet de comprendre le passage de « ràfega » en « rufaca ». Lui-même l’a entendu et a noté « rufaca » en Cerdagne en 1932, avec le sens que nous lui connaissons de « vent borrascós », sans indiquer toutefois qu’il souffle depuis le nord. Comme toponyme, il a relevé lors d’une enquête orale sur le terrain (1960), à la limite des communes de
Taurinya et de Clara-Villerach, une « ruta de les Rufaques » fréquentée par ceux qui « pugen al coll de la Creu » (ceux qui montent au col de la Creu) et qui est « per tant un pas obert cap a la vall de Clarà que baixa del Canigó » (qui est ainsi un passage ouvert en direction de la vallée de Clara qui descend du Canigó). Coromines signale également ce mot comme un nom propre.
Nous constatons que, en Cerdagne, la Rufaca souffle donc depuis le nord/ nord-ouest, singulièrement en automne et en hiver. Elle est froide et souvent accompagnée de pluie ou de neige. Elle souffle très fort, particulièrement dans la vallée de Carol mais, aussi, dans celle d’Angoustrine, dont les orientations topographiques favorisent et accélèrent sa circulation, en la canalisant dans les conduits naturels qu’elles constituent.
À Llívia, Manuel Anglada i Ferran décrit la « rufaca de la Sant Miquel ». Il a constaté, avec d’autres, que ce vent se manifestait à nouveau avec force autour de la Saint-Michel (29 septembre), date traditionnelle de la descente des troupeaux transhumants depuis les estives d’altitude vers les basses plaines. Il nous dit que « l’automne tranquille est subitement interrompu par la rufaca de Sant Miquel […]. Depuis vingt-cinq ans que je suis à Llívia, elle n’a jamais cessé de se manifester […]. Elle descend du Carlit et à la plaine 1 il y a un froid qui, prématuré et inespéré, est perçu comme insupportable. » (traduit du catalan).
Notons que le bulletin municipal de Latour-de-Carol a un titre qui se veut bilingue La Roufaque La Rufaca. Mais la version française n’est que la transposition phonétique de l’original catalan.
1 La Plana. En Cerdagne on distingue, depuis des temps immémoriaux, trois unités topographiques majeures orientées du N-E vers le S-O (depuis le col de la Perche vers le resserrement de la vallée avant la Seu d’Urgell). Elles sont considérées comme des noms propres. Les versants des deux chaînons de montagnes qui culminent à plus de 2 900 m (Puigmal, Carlit et Campcardós – ou Puig Pedrós) s’appellent Baga au sud et Solana au nord. Ils encadrent le large fond de la vallée où coule le Sègre, la Plana
LA GAVATXA, NUAGES DE LA VALLÉE DE CAROL : LA TRAMONTANE S’INSTALLE
Ce singulier désigne des neules, des nuages, qui ourlent les crêtes du nord de la vallée de Carol, du Pimorent (Puymorens) jusqu’aux pics de Fontfreda et de les Valletes. La présence de la Gavatxa indique que le temps a changé et que la Tramontane s’est installée. Elle souffle très fort dans la vallée qui lui sert de couloir et accentue sa force. Mais elle assure la présence d’un soleil éclatant alors que la vallée de l’Ariège, au nord de cette chaîne, est recouverte par d’épais nuages : contraste météorologique entre les versants nord (atlantique) et sud (méditerranéen) des Pyrénées. Si les nuages débordent dans la vallée de Carol, en hiver principalement, on peut dire que la Rufaca est au rendez-vous. C’est parce qu’ils viennent des vallées fuxéennes, occitanes, que ces nuages ont été affublés d’un nom collectif féminin, « Gavatx (a) », qui, au masculin pluriel désigne, pour les Catalans, les étrangers situés immédiatement au nord, les Occitans. Cette dénomination nous a été signalée par des habitants catalanophones de la vallée qui avaient conservé le souvenir des appellations traditionnelles.
VENTS I
TEMPESTES
Andreu BALENT
Una de les principals manifestacions fisíques de l’aire, element invisible, són els vents. El nostre corpus llegendari llegendari reté els que es distingeixen per llur potència, i, també per les contrarietats que poden causar als animals, als homes i als seus conreus. La Tramuntana és un vent sec i fred que quan, a la Cerdanya, es manifesta com a Rufaca porta núvols, —a vegades unes boires— i neu. La terrible Rufaca l’associen al mal temps de l’hivern. Al Capcie, el Carcanet que a vegades va més enllà del coll de la Quillana té també una mala reputació. Curiosament, el Ponent, a la Cerdanya, la Marinada o el Llevant, al Conflent, que porten unes pluges molt fortes i provoquen inundacions no apareixen en la nostra col·lecta del saber popular.
El català designa amb un nom comú, la paraula « rufaga » o « rufaca », la ratxa d’un vent molt fort que bufa durant una llarga estona, tot sovint acompanyat amb neu. El geògraf Pau Vila esmentava, el 1926, « les rufagues que venen del Querol » i publicava, fora de text, una fotografia suggestiva d’un camp de sègol les espigues del qual havien quedat clavades al sòl per la neu duta per una d’aquestes rufagues pròpies de la Cerdanya que havia fet estralls el 23 de juny de 1923. Remarquem l’ús que fa aquí de la paraula més corrent del català i no la seva variant pirinenca i més particularment cerdana.
En realitat, a la Cerdanya i al Capcir, aquest vent molt fort que fa arremolinar-se la neu densa i fina que duu o que va caiguent al seu pas també la designen, localment, en català, torb. Aquesta paraula, però, és un sinònim parcial de rufaca, denominació local de la rufaga. Aquesta, freda i forta, no va necessàriament acompanyada amb neu. Pot ser « seca » o dur amb ella uns ruixats molt forts.
Nogensmenys, si seguim les nostres observacions personals i després d’haver interrogat molta gent a la vall de Querol i a d’altres llocs de la Cerdanya (Puigcerdà, Oceja, Er), la rufaca designa un vent fort que bufa des del nord o del nordoest. Mai no designa un vent fort, fins i tot acompanyat amb neu, que bufa des d’una altra direcció. Amb aquest sentit, aquesta paraula és, localment, a la Cerdanya, un nom propi, Rufaca, en part sinònim de Tramuntana. Al Capcir, però, més aviat parlen de Carcanet.
Una obra col·lectiva precisa que « la rufaca sol venir del vessant nord i entra sovint des del vessant atlàntic pirinenc per la vall de Querol amb un vent molt fort i molt fred. Rufacada és un derivat de rufaca. Aquesta paraula designa una tempesta amb violentes ràfegues de vent i, tot sovint, pluja o neu : « Ja tenim la rufacada de Tots Sants ! » Però, sempre segons aquests autors, encara que, stricto sensu, la rufacada designa l’acció de la Rufaca, aquestes paraules tenen gairebé el mateix sentit. Les dues paraules van ser consignades per Joan Coromines. Aquest eminent lingüista indica que la paraula « rufaca » és influenciada pel llatí « rufus » que tradueix per « roig tèrbol », i, també, destaca la seva semblança amb « ràfega ». La seva alteració des del verb « arrufar », « arrufir » a Cerdanya, ell també la va esmentar. A més, remarca un fenomen de labialització que permet entendre el pas de « rufaga » a « rufaca ». Ell mateix va sentir « rufaca » a Cerdanya el 1932 amb el sentit que sabem de « vent borrascós », nogensmenys no assenyalant que bufa des del nord. Com a topònim, va trobar realitzant una enquesta oral de camp (1960), al límit entre els municipis de Taurinyà i Clarà i Villerac una « ruta de les rufaques » freqüentada pels qui « pugen al coll de la Creu » i que és « per tant un pas obert cap a la vall de Clarà que baixa del Canigó ». Coromines assenyala també aquesta paraula com a nom propi.
Constatem doncs que, a Cerdanya, la Rufaca bufa des del nord/nord-oest sobretot a la tardor i a l’hivern. És freda i lliga tot sovint amb pluja o neu. Bufa més aviat molt fort a la vall de Querol, però també a la d’Angostrina les orientacions topogràfiques de la qual afavoreixen i acceleren la circulació, canalitzant-la com si fossin canonades.
A Llívia, Manuel Anglada i Ferran ens dona la descripció de la « Rufaca de Sant Miquel ». Constatà, amb d’altres, que aqueix vent es manifestava amb força al voltant de Sant Miquel (29 de setembre), data de la baixada dels ramats transhumants des de les pastures estivals de l’alta muntanya fins les planes de terra baixa. Ens diu que : « la tardor tranquil·la s’ha estroncat sobtadament amb la rufaca de Sant Miquel (…). I, amb vint-i-cinc anys que sóc a Llívia mai no ha deixat de comparèixer (…). Baix adel Carlit, i, a la plana1, hi ha un fred que, prematur i inesperat, sol ser insupportable ».
LA GAVATXA, NÚVOLS DE LA VALL DE QUEROL : LA TRAMUNTANA S’ASSENTA
En singular, aquesta paraula designa unes neules, uns núvols vorejaven les carenes del nord de la vall de Querol, des del Pimorent fins als pics de Fontfreda i de les Valletes. La presència de la Gavatxa indica que el temps acaba de canviar i que la Tramuntana s’està establint. Bufa molt fort a la vall, una canal que intensifica la seva força. Manté, però, un sol brillant mentre la vall de l’Arieja, al nord d’aquesta carena, es troba tapada per un gruix considerable de núvols : contrast meteorològic entre els vessants nord (atlàntic) i sud (mediterrani) dels Pirineus. Si els núvols es desborden a la vall de Querol, principalment a l’hivern, es pot dir que la Rufaca (vegeu en aquest llibre el text que tracta d’aquest vent) acudeix a la cita. És perquè venen de les valls foixenques, occitanes, que aquests núvols van ser titllats de Gavatxa, un nom col·lectiu femení, « Gavatx (a) » que, al masculí plural, designa pels catalans els estrangers del proper nord, els occitanes. Uns veïns catalanòfons de la vall ens assenyalaren aquesta denominació ja que havien guardat el record d’un lèxic local tradicional.
1 La Plana. A Cerdanya es sol distingir, des de temps immemorials, tres unitats topogràfiques majors orientades del NE al SO (des del coll de la Perxa fins l’estrenyiment de la vall del Segre abans de la Seu d’Urgell. Llur denominació es considera com a noms propis. Els vessants de les dues serralades que culminen a més de 2900 m (Puigmal, Carlit, Campcardós —o puigpedrós—) es diuen Baga al sud i Solana al nord. Emmarquen l’ample fons de la vall que recorre el Segre, la Plana.
Après Histoires de pierres, Histoires de plumes et de poils, Histoires de racines et de rameaux et Histoires d’eau, le groupe des collecteurs de la mémoire orale, en partenariat avec le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes a souhaité publier, dans ce cinquième tome de la collection Légendes d’ici, la parole des ancien.nes autour de la thématique de l’air et du feu. L’air pour l’intangible, l’immatériel, l’ésotérique, le surnaturel, la mort et le feu, pour la vie, la chaleur du foyer mais aussi les fêtes traditionnelles ou encore les fournaises.
Les auteurs livrent ici en français et en catalan des anecdotes inédites, relatent des faits marquants ayant eu pour cadre les montagnes catalanes. Ils ont le souhait de transmettre au plus grand nombre les légendes les plus incroyables et les plus méconnues, celles qui ne se racontent que lors des veillées au coin de la cheminée.
Després Històries de pedres, Històries de plomes i pèls, Històries d’arrels i rams i Històries d’aigua, el grup de col·lectors de memòria oral, en col·laboració amb el Parc Natural Regional del Pirineu Català, ha desitjat publicar, en aquest cinquè volum de la col·lecció Llegendes d’aquí, la paraula dela gent grand al voltant de la temàtica de l’aire i del foc. L’aire per a l’intangible, l’immaterial, l’esotèric, el sobrenatural, la mort; i el foc, per a la vida, l’escalfor de la llar però també les festes tradicionals o les fornals.
Els autors lliuren aquí en francès i en català anècdotes inèdites, i relaten els fets més destacats en el marc de les muntanyes catalanes. Tenen el propòsit de transmetre al màxim de gent les llegendes més increïbles i més desconegudes, aquelles que només es conten a les vetllades a la vora del foc.
ouvrage bilingue
éditions Loubatières