Paperjam Plus - Fonds d'investissement

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Concurrence

Les classes d’actifs challengées Les ETF, money markets et hedge funds de la Place subissent depuis longtemps la concurrence féroce de Dublin. Mais cette ère pourrait bientôt prendre fin. L’industrie luxembourgeoise des fonds a désormais tous les atouts nécessaires pour servir ces classes d’actifs… et elle compte bien le faire savoir.

Pour expliquer le succès des hedge funds irlandais, il faut remonter également quelques années en arrière. « Historiquement, la plupart des hedge funds se trouvaient dans des juridictions moins réglementées, telles que les îles Caïmans. Mais les Irlandais ont accepté d’administrer ces fonds et surtout de leur donner une cotation technique en Europe. C’est quelque chose qui n’était pas nécessairement accepté par les réglementations européennes en la matière, et c’est pour cela que le Luxembourg ne l’a jamais fait », explique Jérôme Wigny. Cet avant-gardisme a dès lors permis à Dublin de nouer des contacts avec les acteurs de l’industrie des hedge funds, mais surtout de développer une expertise en la matière. « Lorsque ces acteurs ont commencé à faire des hedge funds en Europe, c’est donc tout naturellement qu’ils se sont dirigés vers l’Irlande. » Le Luxembourg résorbe son retard Si Dublin fait encore aujourd’hui course en tête sur ces trois actifs, force est de constater que d’autres Places, notamment celle de

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FONDS D’INVESTISSEMENT JUIN 2021

Source

HFM Week, Special Report, Luxembourg 2017

0 %

Îles Caïmans

Delaware 2011

2013

20,6 %

21,3 %

6 %

12,4 %

14,4 %

10,9 %

15,8 %

22,8 % Îles Vierges

7,8 %

5 %

2,9 %

5,6 %

10 %

3,9 %

15 %

20,8 %

20 %

24,8 %

25 %

22,1 %

30 %

25,4 %

35 % 33 %

La concurrence de Dublin Ces trois classes d’actifs peu répandues à Luxembourg font actuellement le succès d’une Place concurrente, celle de Dublin. « Si notre concurrent irlandais est parvenu à attirer majoritairement ces trois classes d’actifs, c’est principalement pour des motifs historiques, explique Jérôme Wigny, partner au sein du cabinet Elvinger Hoss Prussen. Il y a deux types de raisons à cela. Première­ment, en ce qui concerne les ETF et les fonds money market, ce leadership de Dublin par rapport à Luxembourg remonte à l’époque où nous avions une taxe d’abonnement, contrairement à l­’Irlande. » Si, entre-temps, Luxembourg a fait le nécessaire juridiquement pour supprimer cette taxe et concurrencer Dublin, le mal était fait, et l’essor de ces deux classes ­d’actifs s’est poursuivi de l’autre côté de la Manche.

Luxembourg, résorbent petit à petit leur retard. « Luxembourg a en effet aujourd’hui une véritable part de marché sur ces trois segments », assure le partner d’Elvinger Hoss Prussen. Car désormais, il n’y a plus réellement de ­désavantage compétitif par rapport au voisin irlandais. « Premièrement, il n’y a plus de taxe d’abonnement pour les ETF et les money markets. Deuxièmement, en ce qui concerne les hedge funds, Luxembourg a désormais développé une véritable expertise en la matière. Sans oublier que beaucoup de groupes ont tendance désormais à sous-déléguer le travail vers des zones de compétences. On a par exemple de nombreux acteurs au Luxembourg qui prestent des services à des hedge funds mais délèguent une partie du travail en Irlande, ou dans un autre endroit où il y a les compétences. Tout cela pour dire qu’aujourd’hui, il n’y a plus de raisons objectives pour que ces fonds ne puissent pas venir à Luxembourg », assure Jérôme Wigny, par ailleurs coprésident de la commission Alfi Hedge Funds and Liquidity Alternatives.

ÉVOLUTION DE LA PART MONDIALE DES HEDGE FUNDS PAR DOMICILIATION

29,5 %

Grâce à de nombreux atouts juridiques, économiques ou encore culturels, la Place s’est érigée en véritable plaque tournante des fonds en Europe. Avec près de 5.000 milliards d’actifs sous gestion en 2020, Luxembourg est le premier centre de fonds européen et le deuxième au monde derrière les États-Unis. Grâce à son expertise ­poussée, la Place est également devenue une référence dans la gestion de certains fonds alternatifs, notamment en matière de private equity et de real estate. À côté de ces actifs qui ont particulièrement la cote, d’autres classes, plus discrètes, se verraient bien se tailler une part plus grande du gâteau dans les années à venir. C’est le cas notamment des money markets, dont les capitaux sont principalement investis dans des instruments du marché monétaire, ou des ETF (exchange traded funds), qui permettent d’investir à moindre coût en répliquant un indice boursier et en suivant son évolution. Mais c’est vrai aussi pour les hedge funds, ces fonds spéculatifs qui visent à offrir des rendements indépendants de l’évolution des marchés financiers.

Irlande 2016 Q2

Luxembourg

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