Paperjam plus - Sustainability

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DOSSIER

Décarboner : faut-il déclarer l’état d’urgence ?

COVER STORY JOËLLE WELFRING

« Nous devons penser plus loin et autrement »

AU QUOTIDIEN

Nos actions ESG : zoom sur cinq secteurs différents

CARLO THELEN

« Pour une économie plus résiliente »

CLAUDE TURMES

« Des mesures pour nous dégager du chantage de Poutine »

FINANCE DURABLE

Les banques face aux défis ESG

PORTFOLIO

Ces arbres remarquables du Luxembourg

ÉCOSYSTÈME

S’engager pour la biodiversité

Sustainability

NOVEMBRE 2022

pour vous

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Courrier : BP 728, L-2017 Luxembourg

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fondateur et ceo Mike Koedinger directeur administratif et financier Etienne Velasti

Rédaction

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E-mail : press@paperjam.lu Courrier : BP 728, L-2017 Luxembourg directrice de la publication

Bérengère Beffort directrice des développements éditoriaux

Nathalie Reuter rédacteur en chef print ad interim Nicolas Léonard rédacteur en chef digital Nicolas Léonard secrétaire de rédaction Jennifer Graglia free lances

Quentin Deuxant, Marie Jacquemin, Sébastien Lambotte, Michaël Peiffer photographes

Romain Gamba, Jérémie Souteyrat Guy Wolff, Matic Zorman correction Maison Moderne

Brand Studio

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director brand studio

Youcef Damardji strategic business development advisor

Francis Gasparotto assistante commerciale

Céline Bayle directeur de la création Jeremy Leslie studio manager Sandrine Papadopoulos conception graphique Marielle Voisin directeur artistique José Carsi mise en page Stéphane Cognioul (coordination) illustrations Salomé Jottreau

Actions concrètes

Face aux enjeux climatiques et sociétaux, nos sociétés ne peuvent que s’appuyer sur un modèle économique pérenne, inclusif et responsable.

La transition vers le net zero : plus qu’une nécessité, une obligation.

L’année dernière, la Chambre de commerce avait lancé l’initiative des Luxembourg Sustainable Business Principles, un manifeste présentant 10 principes directeurs intercon nectés pour aider les entreprises souhaitant intégrer les enjeux de durabilité au cœur de leur stratégie. Il s’ajoutait aux multiples initiatives lancées par IMS et au Guide ESR que l’INDR avait développé pour permettre aux organisations de s’auto-évaluer à travers 140 thématiques liées aux enjeux de développement durable.

Récemment, le ministère des Classes moyennes, la Chambre de commerce et la Chambre des métiers ont présenté le programme SME Packages – Sustainability, dont l’objectif est plus spécifiquement d’accompagner les petites et moyennes entreprises dans l’implémentation de solutions concrètes pour réduire leur impact environne mental côté énergie, eau, déchets et empreinte carbone. Puis, il y a le programme d’encadrement et de cofinance ment Fit4Sustainability de Luxinnovation, pour stimuler la prise de conscience des opportunités offertes par l’économie de partage.

Bref, les initiatives abondent. Il n’est donc pas surprenant que, pour se retrouver dans la jungle des programmes, aides, primes, subsides, bonnes pratiques et labels, l’idée soit née de fédérer tous les acteurs en lien avec le développement durable, en créant une plateforme collaborative d’échange et de conseil, la House of Sustainability. Elle verra officiellement le jour l’année prochaine. Espérons qu’elle donne l’ultime coup de pouce nécessaire pour aider les entreprises, peu importe leur taille et secteur d’activité, de passer à l’action. Entre-temps, afin de vous inspirer, nous vous proposons un tour d’horizon de cinq secteurs différents pour découvrir leurs best practices.

natureOffice.comDE-261-JYACEBD Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler ! Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. — ISSN 2354-4619 NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 3 Édito #Actes

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SUR LE RADAR

entreprises de plus en plus durables

LE JOUR OÙ...

Nous avons lancé notre premier fonds durable

INTERVIEW DE JOËLLE WELFRING

devons penser plus loin et autrement »

Dossier

Décarboner : faut-il déclarer l’état d’urgence ?

INTERVIEW DE CARLO THELEN

une économie plus résiliente  »

DANS LES ENTREPRISES

et mise en pratique au quotidien

TECHNOLOGIE

Deux apps pour vous aider à être écoresponsable

INTERVIEW DE CLAUDE TURMES

mesures pour nous dégager du chantage de Poutine »

PORTFOLIO

arbres remarquables

DURABLE

banques face

défis ESG

rapprocher

mieux des

sur

PRATIQUES

petites actions du quotidien

2030 :

réalité ?

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p.  12 Pour Joëlle Welfring, il est essentiel de trouver des modèles qui découplent le bénéfice économique de la consommation des ressources non renouvelables. 18
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S’engager avec les autres sur la voie de la RSE 54 ÉCOSYSTÈME S’engager pour la biodiversité 56 PICK’N’MIX Les
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rêve ou
Sustainability Novembre 2022 p.  26 Comment se
au
objectifs ESG ? Zoom
cinq secteurs avec des exemples concrets d’actions !

Des entreprises de plus en plus durables

ACTIFS DURABLES

Les 15 entreprises les plus responsables

Depuis 2005, Corporate Knights établit le classement mondial des 100 entreprises les plus socialement responsables au monde. Sur base de critères objectifs, 7.000 entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel de plus de 1.000 mil liards de dollars sont évaluées.

Vestas

Covid-19 et fonds ESG

Depuis le début de la crise du Covid, les actifs ESG sous gestion ont considérablement augmenté. Cet événement a en effet été l’occa sion de s’interroger sur les travers de la mondialisation et d’envisager des investissements plus vertueux pour la planète.

Morningstar Direct,

Données jusqu’à

Europe

États-Unis

Autres

Radar 6 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022 TOP 15
1
Wind Systems A/S Danemark 2 Chr. Hansen Holding A/S Danemark 3 Autodesk Inc. États-Unis 4 Schneider Electric SE France 5 City Developments Ltd Singapour 6 American Water Works Company Inc. États-Unis 7 Ørsted A/S Danemark 8 Atlantica Sustainable Infrastructure PLC Royaume-Uni 9 Dassault Systèmes SE France 10 Brambles Ltd Australie 11 Johnson Controls International PLC Irlande 12 Kering SA France 13 Koninklijke KPN NV Pays-Bas 14 McCormick & Company Inc. États-Unis 15 Schnitzer Steel Industries Inc. États-Unis
Q1 2019 Q1 2020 Q2 Q2Q3 Q3Q4
Source
Manager Research
fin 2021. Les données de Q2 et Q3 ont été revues pour l’Europe.

Il y a un an, 200 pays, dont le Luxembourg, signaient le pacte de Glasgow, s’engageant dans la lutte contre le changement climatique. Un an plus tard, quels sont les premiers effets de cette décision ?

La mise en place de certaines mesures avance et les objectifs climatiques euro péens sont revus à la hausse. La guerre a mis un frein à certains engagements de la COP26, tels que la réduction progressive des centrales à charbon et l’arrêt des sub ventions aux énergies fossiles. Face au risque de pénurie de gaz, certaines de ces centrales ont été réactivées pour l’hiver, et les énergies fossiles continuent à être sub ventionnées pour compenser la flambée de leurs prix. La dépendance à ces énergies risque d’entraver la réalisation des objectifs climatiques, d’où l’importance d’accélérer la transition vers des énergies renouvelables.

Au Luxembourg, quelles actions concrètes ont déjà été mises en place ou sont envisagées ?

Les domaines d’action, objectifs et mesures à mettre en place sont développés dans des plans nationaux, tels que le troisième Plan national pour un développement durable. Un certain nombre de dispositions légales vont être mises en place, comme les lois dédiées aux déchets. Aujourd’hui, des offres d’accompagnement et des aides financières sont disponibles. La future House of Sustainability, de la Chambre de commerce et de la Chambre des métiers, fédérera les initiatives luxembourgeoises.

Quelles sont les priorités de ces prochaines années pour atteindre les différents objectifs fixés ?

La crise actuelle souligne le rôle-clé des énergies renouvelables dans une écono mie durable. Il est donc crucial d’accélérer la transition verte : il faut continuer à se donner les moyens nécessaires pour la réaliser et mettre à jour les plans et straté gies en la matière, tout en soutenant et accompagnant les entreprises. Il faut aussi renforcer l’innovation et la coopé ration européenne.

NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 7
L’évolution des habitudes de consommation entraîne une réflexion des entreprises sur leur manière de concevoir leurs produits. Intégrer la notion de durabilité est donc dorénavant essentiel.
3 QUESTIONS À
Idea Auteur Q. D. 3.000 Mrds € 2.500 2.000 1.500 1.000 500 0Q1 2021 Q2 Q3Q4 Q4

...

Nous avons lancé notre premier fonds durable

Maria Municchi, gérante au sein de M&G Investments, évoque l’évolution de l’industrie financière et du marché au service d’une économie responsable, ainsi que le lancement, en 2018, d’un premier fonds durable diversifié chez M&G Investments.

Aujourd’hui, la dimension durable associée aux produits d’investissement est un enjeu stratégique. L’idée de lancer un fonds diversifié avec une approche durable remonte, en ce qui nous concerne, à 2015. Cela nous est apparu être un bon point de départ pour intégrer les paramètres ESG à notre stratégie et appliquer des objectifs durables à notre approche d’in vestissement. Près de trois années ont toutefois été nécessaires pour mettre en place un tel véhicule d’investissement.

La première difficulté liée à cette initiative a résidé dans la disponibilité des données ESG, dans la possibilité de collecter les indi cateurs permettant de préciser les dimensions sociale et environnementale des sociétés. À l’époque, ces informations étaient encore rares. Il fallait aussi convaincre de la pertinence de la démarche sur le long terme. C’était cependant important pour nous de nous positionner sur ces sujets, à l’aube d’une nouvelle ère qui s’annonçait, avec une évolution forte des standards en la matière ainsi qu’une trans formation profonde des marchés.

Personnellement, j’ai commencé à travailler dans cette industrie à la fin des années 2000. J’ai rapidement été convaincue que l’intégration des critères ESG pouvait avoir un impact sur la performance des fonds et des sociétés. La prise en considération de ces éléments permet de renforcer la pertinence de nos analyses et de notre démarche d’investissement. Les entreprises dont les produits et les activités sont gérés de manière durable seront synonymes de meilleurs résultats financiers et/ou d’une croissance plus vigoureuse sur le long terme. Au-delà, considérant les enjeux environnementaux et sociaux de notre monde, il y a une réelle nécessité à faire évoluer les business models des entreprises vers des approches plus responsables et plus durables. La finance a un rôle-clé à jouer au service de la transition à opérer. Lorsqu’on investit, on participe au développement d’une entreprise. Nous agissons en tant qu’actionnaires, avec des exigences en matière de performance sociale ou environnementale.

Si nous nous sommes engagés dans cette démarche au départ pour quelques produits,

dès 2018, cette approche durable s’est depuis lors généralisée, devenant une philosophie largement partagée au sein de notre entreprise, et plus largement encore.

Aujourd’hui, M&G Investments commer cialise, pour ses clients européens, près d’une quinzaine de fonds ESG, durables ou à impact, alignés sur les accords de Paris ou encore sur les Objectifs de développement durable des Nations unies. Les fonds d’impact vont plus loin encore car ils visent un impact positif mesurable sur la société ou l’environnement conjugué à une performance financière. C’est une évolution positive de l’industrie, qui s’inscrit dans une perspective à long terme. Évidemment, comme pour de nombreuses transformations majeures, nous sommes confrontés à de nombreux défis. L’important, toutefois, est de maintenir cette volonté d’évoluer, de mettre en place un cadre pertinent nous permettant de combiner ces enjeux de société avec les attentes des investisseurs.

Les réglementations et les normes évoluent. Pour l’investisseur, c’est aussi très positif. Le cadre qui se met en place autour des enjeux de durabilité en matière d’investissement, notamment au travers de la réglementation SFDR, requiert une transparence accrue. En plus de fournir une plus grande clarté à nos clients, nous nous sommes aussi engagés à étoffer notre gamme de fonds ESG, durables et à impact de façon à valoriser davantage ces facteurs ESG dans nos processus de décision d’investissement, tout en tenant compte des préférences exprimées par nos clients. Pour nos fonds d’impact en parti culier, nous publions un rapport dans lequel nous mesurons l’impact des investissements à travers une série d’indicateurs alignés sur les Objectifs de développement durable des Nations unies. Il peut s’agir de contribuer à la réduction des émissions de CO encore à l’éducation des jeunes dans des pays émergents. Cela nous permet de préciser à nos investisseurs ce à quoi nous avons œuvré.

Propos recueillis par S. L.

Pour Maria Municchi, les entreprises dont les produits et les activités sont gérés de manière durable devraient présenter de meilleures performances sur le long terme.

Le jour où… 8 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022

Compenser l'impact de votre entreprise sur la planète

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INNOVANTS
NOW

308 SW : le nouveau break Peugeot s’engage dans la mobilité durable

atteindre à l’horizon 2030 un parc automobile à 49 % électrifié (hybride et électrique).

Concernant les bornes de recharge, le pays compte déjà plus de 800 points de recharge publics, dont 60 dans la capitale. Depuis 2020, un régime d’aides pour soutenir l’installation de bornes privées a été instauré grâce aux primes Klimabonus. Et pour compléter ce dispositif, le gouvernement entend intro duire un nouveau régime d’aides en faveur des entreprises.

OPTIMISER SES COÛTS GRÂCE À L’HYBRIDE

L’électrification des véhicules s’est démocra tisée ces dernières années, afin de réduire les émissions de CO 2 , particules fines et d’oxydes d’azote (NOX), tout en conservant le confort de conduite. Dans le cadre du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC), le gouvernement luxembourgeois souhaite

Il existe différentes formes d’électrification des véhicules, l’hybride totale (HEV), l’hybride plug-in (PHEV), l’électrique (BEV) et l’hydro gène. Et c’est dans ce contexte que la marque au lion propose sa nouvelle Peugeot 308 SW, disponible en hybride rechargeable. En effet, la technologie Plug-In Hybrid offre le meilleur des deux mondes grâce à une autonomie en mode 100 % électrique jusqu’à 60 km pour les trajets du quotidien, et le moteur thermique

PUBLIREPORTAGE Photos Peugeot
À l’instar d’autres secteurs, celui de la construction automobile doit réduire son empreinte carbone. Pour ce faire, les constructeurs regorgent d’inspiration pour proposer des véhicules hybrides, à la fois performants et répondant aux enjeux environnementaux.

qui prend le relais pour les longs voyages. La motorisation hybride rechargeable disponible en 180 ou 225 chevaux permet de profiter d’avantages fiscaux, que vous soyez particulier, salarié avec une voiture de société, indépendant ou dirigeant d’entreprise. Un avantage de toute nature annuel (ATN) conte nu pour les employés, et une déductibilité fiscale maximale de 100 % pour les indépen dants et sociétés, en plus d’une taxe de circu lation réduite car calculée en fonction du taux d’émissions de CO 2

De plus, le Total Cost of Ownership (TCO), offrant aux gestionnaires un aperçu complet des coûts totaux de leur flotte, est fortement influencé par les émissions de CO2 (à travers la cotisation patronale et la déductibilité fis cale des frais de voiture). Ainsi, deux voitures avec un loyer mensuel identique généreront un coût net différent pour la société, suivant les valeurs de CO 2

La nouvelle Peugeot 308 SW a été conçue pour répondre aux besoins des professionnels d’optimiser ce TCO. En effet, la marque a mobi lisé ses experts pour maximiser l’excellence de conception, des équipements et motorisa tions sélectionnés avec exigence, afin de mini miser les coûts d’entretien et la consommation. Le nouveau break compact Peugeot 308 SW offre aussi toute la technologie de dernière génération permettant d’accompagner le conducteur dans la maîtrise de sa conduite.

LE BREAK TOUJOURS PLÉBISCITÉ

Consciente de ces enjeux, Peugeot, marque du groupe Stellantis, a entamé un virage vers l’hy bride. Le constructeur français a décidé de sur prendre. Si la tendance du marché est aux véhicules SUV, l’entreprise mise également sur la silhouette break. Ces véhicules disposant d’un volume intéressant et modulable sont idéals pour les sociétés proposant des véhi cules en leasing à leurs collaborateurs devant

LES CARACTÉRISTIQUES DE LA PEUGEOT 308 SW

MOTORISATION PLUG-IN HYBRID

Motorisation hybride rechargeable en 180 ou 225 chevaux permettant de réduire sa consommation de 40 %

AÉRODYNAMISME

Toutes les pièces de carrosserie sont optimisées et le design contribue lui aussi à la performance du véhicule.

ESPACE

Un volume de coffre jusqu’à 1.574 L et une banquette arrière rabattable en trois parties.

CONFORT

Aide à la conduite grâce à la surveillance d’angles morts et au freinage automatique urbain.

CONNECTIVITÉ

Le nouveau Peugeot i-Cockpit® se dote d’un écran central HD de 10’’ et de raccourcis personnalisables.

60

Le nouveau break dispose d’une autonomie en mode 100 % électrique allant jusqu’à 60 km.

23

Le véhicule affiche de faibles émissions, à partir de 23 g de CO2 / km.

100 %

La Peugeot 308 SW Plug-In Hybrid est entièrement déductible fiscalement.

par exemple transporter du matériel volumi neux. Un segment sur lequel le constructeur est présent depuis des années et pour lequel la demande reste forte chez les clients à la recherche d’un certain plaisir de conduite et de nouvelles technologies, tout en profitant d’un grand volume de coffre, d’espaces de ran gement et d’une habilité sans compromis pour tous les passagers.

QUAND ÉCOLOGIE, DESIGN ET PERFORMANCE

VONT DE PAIR

La motorisation hybride rechargeable, couplée à une boîte automatique e-EAT8, affiche des émissions à partir de 23 g de CO2 / km et permet de réduire sa consommation de carburant jusqu’à 40 % par rapport à une motorisation thermique classique. De plus, cette nouvelle Peugeot 308 SW est construite à partir d’une évolution de la plateforme multi-énergies EMP2, permettant de limiter ses émissions de CO2

En matière d’efficience, ce nouveau modèle bénéficie d’un aérodynamisme de haut niveau. Toutes les pièces de carrosserie ont été opti misées : boucliers, déflecteurs de custode, dif fuseur, montants de caisse, rétroviseurs, etc.

Le design des roues contribue lui aussi à la performance du véhicule et à un gain supé rieur à 2 grammes de CO2

Ce véhicule offre également un confort maximal au conducteur. Ce dernier bénéficie des aides à la conduite de dernière génération, telles que la surveillance d’angles-morts longue portée mais aussi le freinage automatique urbain avec détection de piétons et vélos.

Une attention particulière est apportée à la technologie et la connectivité avec le nou veau Peugeot i-Cockpit®, combiné à un écran central HD de 10" , des raccourcis program mables et personnalisables et une reconnais sance vocale intégrée.

Ce break allie donc design, efficience, tech nologie et modularité pour satisfaire les attentes des clients. Avec son coffre spacieux offrant un important volume grâce à la banquette arrière rabattable en trois parties depuis le coffre, la nouvelle Peugeot se démarque par sa facilité à transporter de longs objets et garan tit un maximum de flexibilité pour toutes les activités professionnelles.

Misant sur l’élégance et la praticité, la voi ture arborant le nouveau logo Peugeot dispose également d’un profil athlétique apportant un caractère unique au véhicule.

Tous les équipements mentionnés sont dis ponibles de série, en option ou non disponibles selon les versions.

Rendez-vous en concession pour faire un essai www.professional.peugeot.lu/gamme/ peugeot-308-sw-hybrid.html

EN SAVOIR PLUS SUR LA NOUVELLE 308 SW

« Nous devons penser plus loin et autrement »

Cinq mois après être entrée au gouvernement en tant que ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Joëlle Welfring évoque les défis que représente la transition écologique et solidaire au Luxembourg dans un contexte de crise énergétique et climatique.

12 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
Interview
Joëlle Welfring

Selon Joëlle Welfring, la mise en œuvre de la politique environnementale n’est pas seulement la mission du MECDD : elle ne fonctionnera qu’avec l’appui et l’engagement des différents acteurs de la société civile.

Photo Eva Krins

Interview Joëlle Welfring

Quelques mois après votre prise de fonction, quelles sont les principales priorités auxquelles le gouvernement compte s’atteler en matière de développement durable ?

Les priorités en matière de politique climatique et envi ronnementale dans les prochains mois sont notamment la transposition de la directive sur l’eau potable, la loi pour la protection de la forêt, la mise en œuvre – avec les différents secteurs – du paquet de lois sur la gestion des ressources et des déchets. Il faut aussi évoquer l’ac tualisation du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC), et la poursuite de sa mise en œuvre, tout en y intégrant les recommandations présentées par le Klima-Biergerrot, que je considère d’ailleurs comme un apport très précieux. Parmi les autres chantiers, la digitalisation et la simplification administrative sur base de la loi relative aux établissements classés, la con sultation des différents acteurs au sujet de l’avant-projet du 3e Plan national pour la protection de la nature et l’adaptation de la loi du 18 juillet 2018 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles vont aussi nous occuper.

En quelques mois, quels projets avez-vous pu mener à bien ?

Le domaine d’activité du ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable est très varié et implique une multitude d’acteurs, ce qui le rend fascinant et inspirant. Au cours des derniers mois, j’ai cherché à rencontrer de nombreux représentants de différentes parties prenantes – ONG, industries, secteur agricole et autres acteurs – afin de faire connaissance et de discuter des défis et des chances qui se présentent à nous. Concrètement, et à titre d’exemple, des échanges ont été menés concernant la mise en œuvre du paquet de lois dit « Offall – a Ressourcëpak » ou encore au sujet de la loi du 18 juillet 2018 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles.

Quels sont les dossiers qui vous occupent actuellement ? Plusieurs dossiers sont en phase de finalisation comme le projet de loi sur les forêts qui a récemment été discuté auprès de la commission de l’environnement, du climat, de l’énergie et de l’aménagement du territoire de la Chambre des députés. D’autres dossiers, comme le projet de loi concernant le financement de l’action SuperDreckskëscht ou encore celui autorisant le gouvernement à participer au financement des travaux nécessaires à l’extension de la station d’épuration de Luxembourg-Beggen, ont été présentés en plénière et votés par la Chambre des députés. Enfin, le plan de gestion pour les parties des districts hydrographiques internationaux du Rhin et de la Meuse situées sur le territoire luxembourgeois pour le troisième cycle de gestion (2021-2027) ou encore les résultats de l’inventaire phytosanitaire 2022 des forêts au Luxembourg viennent d’être présentés au public.

Tous ces travaux me stimulent et me motivent à poursuivre les efforts considérables que mon prédécesseur a consentis, notamment dans le domaine de la lutte climatique. La mise en œuvre de la politique environ nementale n’est pas seulement la mission du MECDD, mais elle nous concerne tous et elle ne fonctionnera qu’avec l’appui et l’engagement des différents acteurs de la société civile.

Les effets du dérèglement climatique sont plus perceptibles que jamais. Quels impacts ces événements ont-ils sur la politique gouvernementale ? Poussent-ils davantage à l’action ?

Inondations, sécheresses, tornades… Les conditions météorologiques extrêmes se multiplient chez nous en Europe comme un peu partout dans le monde et rappellent l’urgence d’agir face au dérèglement climatique déclenché par la prolifération démesurée de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. En guise de réponse à cette crise complexe et générationnelle, la loi modifiée du 15 décembre 2020 relative au climat établit, outre l’objectif de la neutralité climatique d’ici 2050 au plus tard, un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau national de 55 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005. Le PNEC présente l’outillage pour la mise en œuvre, décrivant les politiques et mesures nationales permettant d’atteindre ces objectifs. Réduction des émissions, adaptation au changement climatique, soutien des citoyens et des entreprises – afin de faire face aux multiples défis de la politique climatique –, le gouvernement s’est doté d’un agenda bien rempli pour le second semestre de l’année 2022. Au-delà de cette échéance, il faut que tous les acteurs, qu’ils soient politiques, économiques ou scientifiques, passent au reality check de nos modes de production et de consommation. Il nous faudra trouver des modèles qui découplent le bénéfice économique de la consommation des ressources non renouvelables. Aucune adaptation n’est trop petite. L’important est de s’engager dans le processus et de ne pas perdre le dynamisme.

Comment appréhender et concilier les nombreux enjeux sociaux, économiques et environnementaux liés à la transition à mener ?

L’économie, la société et le respect de l’environnement ne sont pas nécessairement des thématiques opposées.

Je dirais que les vues sont souvent opposées, mais que les intérêts et les objectifs sont les mêmes – nous aspirons tous à garantir un avenir de qualité à nos enfants. C’est cette volonté qui nous permettra de faire face aux craintes que le changement peut susciter.

La crise énergétique que nous traversons constitue-t-elle un catalyseur ou un frein à la transition écologique ?

La crise climatique et énergétique que nous vivons au quotidien ne nous laisse d’autre choix que d’intensifier nos efforts en matière de décarbonation de notre société. Un objectif incontournable donc, réalisable d’un point de vue technologique et également réaliste si nous en faisons un vrai projet de société. S’il est important d’atteindre nos objectifs ambitieux en matière d’utilisation d’énergies renouvelables, il faut aussi souligner que cela ne pourra se faire aux dépens de la biodiversité et de la qualité de vie de nos citoyens. Au contraire, ces objectifs doivent être poursuivis en parallèle. Mon ministère est en étroite collaboration avec les diverses parties prenantes, les services du ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire, ainsi qu’avec nos équipes chargées des autorisations pour optimiser les procédures de planification et d’autorisation des projets d’énergie renouvelable.

Les acteurs économiques auront-ils un rôle essentiel à jouer pour atteindre les Objectifs de développement

BIO EXPRESS

Joëlle Welfring est diplômée de l’université Louis Pasteur à Strasbourg, où elle obtient une maîtrise en biochimie en 1997. En 1998, elle décroche un master en sciences environnementales à l’université Brunel, à Londres. Elle occupe ensuite le poste de directrice du dépar tement Business Development au CRP Henri Tudor après y avoir dirigé le Centre des ressources des technologies pour l’environnement. En 2014, elle rejoint l’Administration de l’environnement en tant que directrice adjointe, puis directrice. Suite à la démission de Carole Dieschbourg, elle entre au gouver nement en tantque ministre de l’Environ nement, du Climat et du Développement durable.

14 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
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Interview Joëlle Welfring

durable ? Alors que le coût de l’énergie pèse sur leur bilan, que la taxation des émissions pourrait limiter leurs capacités d’investissement, seront-ils en mesure de relever le défi de la neutralité carbone ? Il est évident que la transition écologique et énergétique nécessite certains investissements, mais il est tout aussi clair que les gains en efficacité énergétique qui en découlent permettent largement de compenser ces investissements, ceci notamment dans un contexte de hauts prix des produits énergétiques. Afin d’accompagner au mieux le secteur industriel dans cette transition, le gouvernement met en place plusieurs instruments et stratégies. En coopération avec le ministère de l’Économie, celui de l’Énergie, ainsi que celui de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, le Haut Comité pour l’industrie est en train d’élaborer une feuille de route pour la décarbonation de l’industrie à l’horizon 2030, en ligne avec le PNEC. En parallèle, le pacte climat pour les entreprises (Klimapakt fir Betriber) permettra d’encadrer les petites et moyennes entreprises dans leur transition. Le changement climatique et ses conséquences, la finalité des ressources naturelles et l’importance des services offerts par la nature sont des sujets de plus en plus présents dans notre société. Protéger notre patrimoine environnemental en accord avec les besoins sociétaux est une priorité absolue pour mon ministère et je vais m’engager à tous les niveaux pour cette cause.

Le modèle social luxembourgeois s’appuie sur une croissance annuelle forte. Or, il semble qu’enjeu écologique et croissance ne sont pas forcément compatibles. Quels sont les enjeux en la matière ? Le Luxembourg est un pays qui présente une démographie croissante et des ressources limitées. Le paysage économique et industriel va devoir évoluer pour répondre aux défis climatiques et environnementaux actuels. On a besoin d’entreprises résilientes et diversifiées afin de pouvoir contrer des crises, mais, en même temps, de façons de travailler qui respectent nos particularités territoriales restreintes. La hausse des prix de l’énergie et la dépendance de sources énergétiques étrangères mettent en exergue la nécessité de repenser nos modes de production actuels.

Le défi que nous devons relever n’est pas moins que de dépasser le cadre auquel nous nous sommes habitués. Nous devons nous appliquer à penser plus loin et autrement. Il nous faudra nous libérer de certaines règles que nous avons nous-mêmes établies ces dernières décennies et qui s’avèrent finalement dangereuses pour l’évolution de notre société.

Il est judicieux de se rappeler que la prospérité issue de la révolution industrielle repose essentiellement sur la consommation d’un capital énergétique – pétrole et gaz – qui s’est accumulé durant des dizaines de millions d’années.

Il sera impossible de brûler les ressources pétrolières une deuxième fois. Ce qui est parti est parti pour très longtemps.

L’avenir sera entre autres défini par la production d’énergies renouvelables en équilibre avec la protection des ressources naturelles et la biodiversité. Pour le dire avec les mots d’António Guterres, prononcés en juin de cette année : « Les énergies renouvelables sont les garantes de la paix au 21e siècle .»

L’accompagnement du changement est un réel défi.

Les débats autour de la transition sont souvent clivants. Comment emmener les citoyens dans une approche positive de l’avenir, les inviter à être acteurs du changement ?

Inciter les résidents luxembourgeois à modifier leur mode de vie très carboné implique, d’une part, de développer un cadre qui facilite l’adoption de bonnes pratiques, comme l’offre élargie et la gratuité des transports publics, et, d’autre part, de renforcer les efforts en matière d’in formation et de conseil. À cette fin, Myenergy, la structure nationale pour la promotion d’une transition énergétique durable créée en 2009, a reçu une nouvelle identité (KlimaAgence) et recevra continuellement plus de ressources, à la fois pour mieux traiter les sujets actuels de la dépendance énergétique, de la crise climatique et de la transition énergétique et pour mieux encadrer les acteurs de la société luxembourgeoise (particuliers, professionnels et communes) en recherche de soutien pour la réalisation de leurs projets de sortie des énergies fossiles.

Il s’agit aussi d’assister les ménages dans la transition énergétique et écologique, moyennant des aides financières ciblées. Nous avons revu un certain nombre des régimes d’aides et nous les avons renommés Klimabonus. Nous visons ainsi à offrir des aides attractives, simples et faciles d’accès : Klimabonusbësch, Klimabonus Wunnen, Klimabonus Mobilitéit. Rénover son logement, passer aux énergies renouvelables pour chauffer son logement, ou encore passer à l’électromobilité, jamais auparavant les aides financières n’ont été aussi attractives.

L’application de la loi sur la protection de la nature a récemment été remise en cause par le tribunal administratif, celui-ci la jugeant non conforme à la Constitution. Quelles pourraient être les conséquences de cette décision ?

Le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable procède depuis quelques mois à une analyse approfondie des dispositions de la loi de 2018 dans le but d’identifier des opportunités de modification. Un projet sera présenté au cours de cette année. La loi a certes fait ses preuves les dernières années, mais, dans certains cas, sa mise en pratique s’avère difficile à cause de dispositions formulées de manière restrictive. Nous acceptons et appliquerons bien entendu les arrêts de la Cour administrative et les prendrons également en compte lors du projet de modification de la loi.

16 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
« La crise ne nous laisse d’autre choix que d’intensifier nos efforts en matière de décarbonation de notre société. »
JOËLLE WELFRING
Ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable
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INTERVIEW

DANS LES

INTERVIEW

PORTFOLIO

18 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022 Dossier 20
CARLO THELEN « Pour une économie plus résiliente » 26
ENTREPRISES... Défis et mise en pratique au quotidien 34 TECHNOLOGIE Deux apps pour vous aider à être écoresponsable 36
CLAUDE TURMES « Des mesures pour nous dégager du chantage de Poutine » 42
Ces arbres remarquables du Luxembourg 48 FINANCE DURABLE Les banques face aux défis ESG Décarboner : faut-il déclarer l’état d’urgence ?

Limiter son empreinte carbone est aujourd’hui le défi majeur que l’ensemble de la société est invitée à prendre à brasle-corps. À l’échelle de l’entreprise, d’un secteur d’activité ou du pays, la diminution des émissions de gaz à effet de serre en particulier, et la mise en place généralisée de nouvelles pratiques plus respectueuses de l’Homme et de l’environnement sont à promouvoir d’urgence.

De nombreuses PME et grandes entre prises montrent déjà la voie à suivre, avec conviction. Pour le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, cette transition passe toutefois par l’adop tion à une échelle beaucoup plus large des principes du développement durable.

Ce n’est qu’à ce prix que les entreprises luxembourgeoises pourront devenir plus robustes pour affronter de nouvelles crises, devenir plus résilientes et faire face à de nouveaux chocs imprévus.

À plus court terme, le ministre de l’Environnement, Claude Turmes, appelle à la mise en place, de façon collective, de mesures qui nous permettront de nous dégager du chantage organisé par un cer tain Vladimir Poutine. Là encore, au-delà des réflexions et des actions à court terme qui doivent nous libérer d’une dépendance nocive aux énergies russes, l’enjeu priori taire est de réduire, malgré les vents contraires, nos émissions de gaz à effet de serre.

NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 19 ESG
Illustration
Salomé
Jottreau

«Pour une économie plus résiliente »

Pour le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, appliquer les principes du développement durable doit rendre les entreprises luxembourgeoises plus robustes pour affronter de nouvelles crises et devenir plus résilientes face à des chocs imprévus.

20 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
Interview Carlo Thelen
Photo Romain Gamba Seulement 40 % des entreprises appliquent aujourd’hui les principes RSE.

Interview Carlo Thelen

En juillet 2021, la Chambre de commerce a présenté les Luxembourg Sustainable Business Principles. Pouvez-vous nous en rappeler les fondements ? Membre fondateur en 2007 de l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR), la Chambre de commerce s’engage activement depuis des années pour la promotion de la RSE à tous les niveaux de l’économie et de son organisa tion interne. Les 10 principes directeurs présentés l’an dernier ont été établis sur base des travaux d’un groupe de travail qui a réuni quelque 150 participants. Ils s’appuient sur les quatre piliers cardinaux du développement durable en entreprise (Governance, Prosperity, Planet, People). Ils sont là pour guider et fournir une vision stratégique et cohérente de la mise en œuvre du développement durable à l’échelle de l’entreprise tout en anticipant les réglementations européennes à venir. Le sujet de la RSE et du développement durable dans les entreprises n’est pas nouveau, certes, mais prend une nouvelle envergure à l’aube du Green Deal et des enjeux complexes et mul tiples auxquels le monde se voit confronté : changement climatique, perte de biodiversité, raréfaction des res sources naturelles, disruption des chaînes d’approvision nement, flambée des prix énergétiques, ou encore la rétention des talents.

Où en est-on aujourd’hui ? Comment se traduisent ces 10 principes sur le terrain ?

Énormément d’initiatives existent déjà sur le terrain. On constate cependant que les entreprises ont besoin d’une vue sur les solutions en place. Notre volonté est de fédérer tout l’écosystème en lien avec le développement durable. C’est de là qu’est née l’idée de créer la House of Sustai nability, afin de promouvoir toutes les initiatives et tous les acteurs du domaine et de créer une plateforme colla borative. Au travers de ce nouveau projet mené ensemble avec la Chambre des métiers, avec l’appui des fédérations professionnelles et de l’INDR, nous souhaitons sensibi liser les entreprises pour, ensuite, les accompagner au mieux. En parallèle, en partenariat avec IMS et l’INDR, nous avons lancé le premier panorama du développement durable en entreprise. L’objectif est de prendre le pouls de notre économie et de connaître les besoins et les freins dans la mise en œuvre d’une démarche de développe ment durable. 584 entreprises représentatives de l’éco nomie ont été interrogées durant ces derniers mois. Les grandes entreprises sont souvent déjà très engagées en matière de RSE. En revanche, pour les plus petites, les problématiques à gérer sont aujourd’hui tellement vastes qu’il est parfois difficile d’engager du temps et des res sources humaines et financières pour cela. À l’arrivée, seulement 40 % des entreprises luxembourgeoises appliquent aujourd’hui les principes de la RSE. Nous avons donc encore de la marge.

Est-il possible de mobiliser toutes les entreprises sur ces thèmes ? Comment s’y prendre ?

Notre objectif, au travers de la House of Sustainability, est de montrer les best practices et d’offrir une boîte à outils aux entreprises pour qu’elles s’y retrouvent plus facilement sur ce qu’elles peuvent faire, et qu’elles y voient plus clair dans la jungle des aides, subsides, mais aussi labels et autres agréments. Nous allons organiser des workshops, des présentations, proposer à des entreprises

de venir témoigner afin de promouvoir ce qu’elles ont déjà mis en place. Nous sommes convaincus que la dura bilité peut être source d’innovation. La préservation des ressources, le recyclage et la circularité sont des thèmes qui nous occupent depuis de nombreuses années. « Faire mieux avec moins » est un principe que je défends depuis près de 10 ans. Nous vivons dans un pays qui doit impor ter la très grande majorité des ressources dont il a besoin et qui vit de ses exportations. Nous devons donc être économes, et nous ne découvrons pas subitement que l’énergie est un bien rare et cher. De nombreuses indus tries ont déjà fourni des efforts considérables pour réduire leur consommation d’énergie, optimiser leurs processus et améliorer leur efficience. Il n’a pas fallu attendre la guerre pour cela.

La crise énergétique actuelle, l’inflation galopante, l’explosion du prix des matières premières et d’autres facteurs exogènes ne sont-ils pas de nature à freiner ce mouvement ? À le faire passer au second plan des priorités ?

Au contraire, ces facteurs ne font que renforcer l’urgence de la transition. Consommer moins d’énergie, investir dans les nouvelles technologies, la digitalisation, et augmenter le bien-être des collaborateurs sont aujourd’hui des points-clés. Il est plus que jamais nécessaire pour toute entreprise de développer une vision à long terme et de réussir sur les trois piliers que sont l’économie, l’environnement et le social. En intégrant les critères ESG dans sa stratégie, l’entreprise atténue les risques et saisit les opportunités liées aux enjeux du développement durable. Elle améliore sa performance et sa productivité. C’est d’autant plus nécessaire dans un monde en perpé tuelle mutation. Le développement durable doit rendre nos entreprises plus robustes pour affronter de nouvelles crises et leur permettre de devenir plus résilientes face à des chocs imprévus.

Vous plaidez également en faveur d’une révision du  calcul de l’indice des prix à la consommation national en y intégrant pleinement la dimension de durabilité ? Oui. Le calcul de l’indice des prix à la consommation, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’a rien de durable. Depuis 1994, la Belgique a par exemple exclu de son panier les boissons alcoolisées, le tabac et les carburants. Un tel indice respecte davantage les orientations des politiques climatiques et de santé publique souhaitées. Le « panier durable » que nous proposons serait donc un panier dont tous les produits fossiles, nocifs pour la santé, ou pour lesquels le principe du pollueur-payeur pourrait s’appli quer, seraient exclus. De plus, de nombreux produits que nous souhaitons retirer du panier sont issus de matières premières cotées sur des marchés internationaux. Nos entreprises n’ont donc aucune possibilité d’influer sur leurs prix. Les hausses afférentes s’imposent à elles comme à leurs consœurs étrangères, à la différence que le système d’indice luxembourgeois provoque une « double peine » : la hausse du coût des matières premières et la hausse induite du coût salarial via le système d’indexation.

BIO EXPRESS Études

Né le 9 août 1971, Carlo

Thelen est détenteur d’un master en sciences économiques de l’Université catholique de Louvain.

Parcours

Il a rejoint la Chambre de commerce en 1996 en tant que conseiller économique. Membre du comité de direction depuis août 2003, il a occupé, avant sa nomination au poste de directeur général, les fonctions de directeur des Affaires économiques, de directeur des Affaires internationales et de chief economist

Engagé

En marge de ses activités d’économiste, Carlo Thelen s’engage socialement à travers sa fonction de secrétaire général de l’Œuvre nationale de secours GrandeDuchesse Charlotte.

M. P.

22 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
Interview

Growing Together

Investir durablement, c’est choisir une gestion discrétionnaire responsable

Après avoir reçu un héritage important, Léa souhaitait investir de manière durable et responsable tout en déléguant la gestion quotidienne de son patrimoine à des experts, en toute tranquillité. C’est pourquoi nous lui avons proposé notre mandat de gestion discrétionnaire, durable par défaut et conforme à la réglementation européenne SFDR. La solution idéale pour concilier rentabilité et investissement responsable. Banque Degroof Petercam Luxembourg S.A., 12 rue Eugène Ruppert, L-2453 Luxembourg Tél: +352 45 35 45 2068 | degroofpetercam.lu | bienvenue@degroofpetercam.lu | RCS B25459 Imagine Tomorrow since 1871 Cette communication est fournie à titre d’information et d’exemple uniquement. Elle ne reflète pas votre situation personnelle. Il est recommandé d’évaluer vos objectifs et votre profil de risque avec votre Private Banker afin de sélectionner les solutions d’investissement les plus appropriées à votre situation. Tout investissement financier comporte des risques et est sujet aux aléas des marchés financiers.
Léa jeune héritière, a deux priorités ses fils et son métier d’architecte.
Jean-François opère la gestion discrétionnaire de son patrimoine.

SAVE THE DATE

13.12. Mardi 17h Rockhal Esch-Belval Plus d’informations : www.paperjam.lu/club TOP 1OO Les décideurs économiques les plus influents au Luxembourg
Photos 09_credit 26 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022 Défis et mise en pratique au quotidien Que ce soit par des petits gestes ou des changements importants, toutes les entreprises mettent en place des actions qui permettent de se rapprocher au mieux des objectifs ESG. Exemples concrets d’actions et de défis rencontrés dans cinq secteurs différents. Auteurs M.P., S.L., Q.D., M.J. INCIDENCES MONDIALES RÉPARTIES PAR TYPE DE RESSOURCE MATÉRIELLE Source Leading the way to a global circular economy: state of play and outlook (mars 2020) 50 % 40 % 30 % 10 % 20 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 % Impact sur le changement climatique Impact des particules sur la santé Stress hydrique Perte de biodiversité due à l’utilisation des terres 0 % Combustibles fossiles Minéraux non métalliques Métaux Biomasse

Couvrant l’ensemble du territoire luxembourgeois, les transports publics du Grand-Duché assurent le transport de passagers sur des lignes express, régionales – qu’elles soient primaires ou secondaires –, transversales, ainsi que sur des lignes locales. Depuis 2017, de plus en plus de bus électriques circulent sur ces lignes qui sillonnent le pays jusque dans ses moindres recoins. « Les projets pilotes de lignes de bus électriques seront poursuivis avec comme objectif d’aboutir à zéro émission sur le réseau des bus régionaux du Régime général des transports routiers (RGTR) en 2030 », partage Murielle Simon, coordina trice CSR au sein de WEmobility, société du groupe Emile Weber dédiée au transport des personnes par route.

L’entreprise dispose de 285 bus qui cir culent sur les lignes publiques, mais qui per mettent aussi d’assurer d’autres missions, comme le ramassage scolaire ou le transfert de personnes à mobilité réduite. « Fin 2022, 15 % de notre flotte sera déjà électrifiée, ce qui représente pour nous de nouveaux défis au niveau du dispatching et des ateliers, poursuit Murielle Simon. Notre site de Diekirch-Fridhaff dispose actuellement de 26 places de charge et sera agrandi jusqu’en 2025. De plus, nous finalisons actuellement l’électrification de notre site d’Echternach, avec 24 emplacements destinés à la charge. D’autres entrepôts vont suivre. Le principal challenge rencontré est de gérer la charge des véhicules au bon moment et au bon endroit, en disposant du temps néces saire pour cela. »

L’écoconduite en mode électrique En tant qu’acteur majeur dans le secteur du transport de personnes, WEmobility s’est engagée à créer de la valeur pour la commu nauté qu’elle sert, et pour la société en géné ral. « C’est pour cela que nous avons créé un système de gouvernance RSE, constitué d’un comité dédié qui travaille suivant une stratégie de développement durable. Nos programmes d’engagement se basent sur trois axes-clés, à commencer par la fourniture d’un service de mobilité équitable pour tous, peu importe les capacités physiques de chacun. Ensuite, nous voulons être une entreprise responsable, à la recherche constante de nouveaux moyens de réduire notre consommation d’énergie à tra vers l’utilisation de nouvelles technologies. Enfin, nous souhaitons encourager la pratique des achats durables, garantir un service de qualité à nos passagers et participer au développement

Dans les entreprises du...

Secteur des transports

Entièrement gratuits depuis le 1er mars 2020, les transports publics luxembourgeois seront 100 % électriques en 2030.

CHIFFRES-CLÉS DU RÉSEAU DE TRANSPORTS PUBLICS

35

Un montant de 35 millions d’euros va être destiné à subventionner l’électrification du réseau de bus du Régime général des transports routiers (RGTR) au Luxembourg.

500

Le réseau de bus RGTR pourrait atteindre une flotte de 500 bus électriques d’ici la fin de l’année 2023 pour permettre d’assurer un réseau électrifié sur 77 lignes publiques d’autobus en 2024 et 23.800.000 kilomètres planifiés.

158

Pour cette année 2022, la flotte RGTR se compose de 1.396 bus, dont 158 bus électriques, soit 11 % de la flotte. En 2021, le réseau de bus RGTR au Luxembourg comptait 465 lignes publiques et scolaires, avec plus de 9.000 courses journalières en semaine et une prestation de 81,5 millions de kilomètres parcourus. Pendant l’année 2022, le nombre de passagers a augmenté de 26 % par rapport à 2021.

local de la culture et des sports », explique Murielle Simon.

WEmobility n’a pas attendu l’arri vée des véhicules électriques pour mener des actions concrètes sur le terrain, à commencer par la formation à l’écoconduite. « Cette matière prend encore un sens plus fort avec le bus électrique, qui demande une conduite adaptée pour permettre le trajet le plus long possible entre deux recharges. Mais nous avons déjà beaucoup travaillé sur ce thème par le passé avec nos véhicules diesel, avec de nombreuses améliorations à la clé, constate la coordinatrice du comité RSE. Nous travail lons notamment avec un logiciel qui évalue le style de conduite du chauffeur, ce qui mène ensuite à des corrections, voire à des forma tions. Le carburant représente un poste de coût très important pour une entreprise comme la nôtre, et il était évident de prendre le sujet à bras-le-corps. »

Pour répondre au mieux à cette réduction des coûts et des émissions de CO2, WEmobility s’est également dotée de voitures électriques pour assurer le transfert des chauffeurs qui commencent ou terminent leur service. « En 2021, l’entreprise a également réalisé son pre mier bilan carbone et est désormais prête à répondre aux nouvelles exigences qui font suite à la mise en place de la taxonomie européenne. Nous serons dans l’obligation de livrer un pre mier rapport en 2024 sur notre activité 2023. De manière générale, nous essayons de profiter de toutes les synergies possibles au sein du groupe Emile Weber, que ce soit au niveau des dépôts ou dans l’optimisation de notre fonctionne ment au quotidien. L’électrification de nos bus implique de grands changements pour tout le monde, les chauffeurs et le dispatching, mais aussi les équipes techniques. La mécanique cède le pas à l’informatique, et, surtout compte tenu du temps de recharge, il faut plus de véhicules pour assurer un même service, et ces véhicules électriques sont beaucoup plus chers… »

En avril dernier, le gouvernement luxem bourgeois a présenté son Plan national de mobilité, le défi identifié étant de devoir gérer, d’ici 2035, une augmentation de 40 % des demandes de mobilité à travers l’ensemble du pays.

NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 27

Le rôle de l’industrie, caractérisée par sa capacité à répondre à large échelle à des besoins du marché, est évidem ment prépondérant dans l’adoption d’un modèle de développement durable. Si l’effet de levier d’un industriel en faveur du changement est considérable, sa trans formation est aussi plus complexe à appré hender, tant la production de ces acteurs dépend de nombreux facteurs. Toutefois, au Luxembourg notamment, de nombreux indus triels n’ont pas attendu d’être contraints par l’urgence sociétale pour mettre en œuvre des approches vertueuses. L’un des fleurons de l’industrie agroalimentaire grand-ducale, les Moulins de Kleinbettingen, a ainsi mis en place une approche originale dès le milieu des années 90. « En tant que meunier, en col laboration avec les agriculteurs et la Chambre d’agriculture, nous avons contribué à la créa tion du label Produit du terroir – Lëtzebuerger Wees (blé luxembourgeois), explique Jean Muller, CEO des Moulins de Kleinbettingen. À l’époque, tout le blé nécessaire à la production de nos farines était importé d’Allemagne ou même des États-Unis, sans garantie de qualité. Or, au Luxembourg, nous disposions de bons agricul teurs et de bonnes terres. Nous avons alors envisagé ensemble la meilleure façon de mettre en œuvre une filière, permettant de cultiver du blé de qualité. »

Nouvelle filière Aujourd’hui, autour de ce label sont rassem blés quelque 250 agriculteurs, auprès desquels s’approvisionne le célèbre meunier luxem bourgeois. Chaque année, 18.000 tonnes de blé sont produites et valorisées par cette filière. Cela représente 50 % de la production de blé panifiable au Luxembourg. « C’est unique en Europe. Non seulement cette initiative est à l’origine d’une nouvelle filière, mais elle se déve loppe dans un esprit de durabilité, dans le res pect des terroirs, de l’environnement et de l’ensemble des parties prenantes à la filière, du cultivateur au consommateur », explique Jean Muller.

C’est avant tout une réelle démarche de partenariat qui rassemble les acteurs de la filière. Le meunier travaille main dans la main avec les agriculteurs. Ensemble, ils sont notam ment particulièrement attentifs au choix des semences et variétés de blé cultivées locale ment. «  Une approche durable implique de prendre en considération les dimensions économiques, environnementales et sociales, poursuit Jean Muller. Cela commence par

Dans les entreprises du...

Secteur de l’industrie

garantir une récolte de qualité, avec des variétés adaptées à nos terres agri coles et notre climat. Dans une démarche d’amélioration continue, nous essayons, saison après saison, d’améliorer la culture en cherchant à minimiser le recours à des engrais azotés ou à des produits phytosani taires. Le label proscrit aussi l’usage d’insec ticides de stockage. »

Les acteurs agroalimentaires misent sur les circuits courts au service de la valorisation des ressources locales.

CHIFFRES

Depuis le milieu des années 90, une nouvelle filière qualitative a vu le jour pour développer la production d’un blé de qualité au Luxembourg.

Ces exigences sont autant de garanties de qualité pour le consommateur, plus que jamais soucieux de manger des produits naturels et respectueux de l’environnement. La démarche, en plus de répondre aux attentes actuelles des consommateurs, assure aux cultivateurs une rémunération juste. « Si cet engagement pour la qualité et le respect de l’environnement a un coût, la démarche a de nombreuses vertus. La logique de circuit court est à la fois économique et écologique, permettant d’épargner les impacts du transport. Plus on achète proche de chez soi, moins on paie l’acheminement des matières premières , commente encore Jean Muller.

L’adhésion des agriculteurs au label est assortie de primes, de qualité, ou encore est en faveur de la biodiversité. In fine, le blé produit dans le contexte de cette filière est payé 15 à 20 % au-dessus des prix du marché. En fin de compte, tout le monde en sort gagnant. »

18.000 tonnes de blé

C’est la production annuelle de la filière durable Produit du terroir –Lëtzebuerger Wees. Cela représente 50 % de la production de blé panifiable au Luxembourg.

250 agriculteurs

Ils prennent part à cette filière, contribuant à une culture respectueuse de la terre, veillant à la qualité du produit, contre une juste rémunération.

Préserver les ressources Mettre en place une telle démarche ne se fait pas du jour au lendemain. « Il faut du temps pour convaincre les acteurs de rejoindre un tel projet, pour développer les bons partenariats et parvenir à un résultat, confie Jean Muller. Il faut de la patience, et une réelle volonté, pour aligner les éléments au service d’un objec tif commun. »

À l’instar des Moulins de Kleinbettingen, Sources Rosport a fait du respect de l’envi ronnement un engagement-clé. Sa ressource principale étant l’eau minérale naturelle, que l’entreprise capte dans les profondeurs de la Terre, la préservation de l’environnement est un enjeu-clé pour sa pérennité, mais aussi pour la satisfaction de ses consommateurs. L’entreprise, dans le choix de ses partenaires et fournisseurs, privilégie les circuits courts.

Elle s’est aussi engagée dans une démarche de circularité. Par exemple, ses bouteilles en plastique, recyclables, sont désormais entiè rement fabriquées à partir de matériaux recy clés. Les bouteilles en verre, consignées, peuvent être réutilisées jusqu’à une trentaine de fois avant d’être recyclées en fin de vie.

Photos 09_credit 28 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022

Le monde dans lequel nous vivons depuis plusieurs décennies est carac térisé par une production importante d’objets manufacturés, dont un certain nombre possède des composants élec triques ou électroniques. S’il fut un temps où la nécessité de réparer ou de recycler ces objets plutôt que de les jeter n’apparais sait pas comme une évidence, c’est désormais de plus en plus le cas dans nos régions. Depuis plusieurs années, les pays européens ont en effet mis en place des filières dédiées au recy clage des appareils électriques et électroniques. Au Luxembourg, c’est l’asbl Ecotrel qui effec tue ce travail. « Nous sommes nés en 2004, dans le sillage de deux directives européennes qui visaient à responsabiliser les producteurs d’équipements électriques et électroniques.

Le but de cette réglementation était de faire en sorte que ces acteurs financent la collecte et le recyclage de ces appareils  », explique Andy Maxant, CEO d’Ecotrel et d’Ecobatterien.

Grâce à ce financement – qui est répercuté sur les consommateurs, qui paient désormais une « cotisation de recyclage » à l’achat de tout appareil électrique ou électronique –, la struc ture Ecotrel s’est développée au fil des années. En 2021, elle a collecté et traité, via les resources centres du pays, 6.659 tonnes d’appareils. La plus grosse partie de cet ensemble est consti tuée de petits appareils électroménagers, de matériel informatique, audio, d’outillage, de jouets… Certains objets, en raison de la dan gerosité des liquides ou gaz qu’ils contiennent, sont traités à part. C’est le cas des frigos ou des radiateurs à bain d’huile, par exemple. «  La plupart des appareils sont démontés à Bettembourg, mais recyclés à l’étranger, dans un rayon maximum de 300 km, car nous ne disposons pas de structure dédiée dans le pays, poursuit Andy Maxant. Nous veillons toute fois à la traçabilité de chaque élément envoyé dans ces installations de traitement. »

Au-delà de ce rôle fondamental permet tant d’assurer le recyclage des appareils élec triques et électroniques dans le pays, Ecotrel a également développé, en 2019, un projet appelé « Social ReUse ». Son objectif est de donner une seconde vie aux objets, avant même de les recycler. « Dans différents resources centres, nous avons ouvert un diagnostic point, qui permet aux particuliers de déposer des objets qu’ils considèrent comme étant encore fonctionnels. Sur place, nous réalisons un pré diagnostic de ces appareils. Puis, s’ils nous paraissent en état, nous les donnons à deux associations : Digital Inclusion, qui met le

Dans les entreprises du...

Secteur des services

matériel IT réparé à disposition des personn es qui en ont besoin, et Nei Aarbecht, qui remet des chômeurs de longue durée au travail en leur faisant réparer ces objets. Les appareils sont ensuite revendus à un prix abordable », détaille Andy Maxant. Depuis le début de l’an née 2022, 400 appareils ont ainsi été remis sur le marché chaque mois.

Réparer pour favoriser l’économie circulaire

Réutiliser plutôt que jeter et racheter. Au Luxembourg, différents acteurs adoptent cette démarche.

L’UE ECOLABEL, UNE INITIATIVE EUROPÉENNE

L’EU Ecolabel est le label écologique officiel de l’Union européenne. Il a été créé en 1992 par la Commission européenne. Depuis sa création, la liste des produits qui peuvent obtenir ce label s’est considérablement agrandie et comprend, entre autres, des produits d’entretien, du papier, des cosmétiques, de la peinture, des télévisions, des matelas, etc.

ÉVOLUTION DU NOMBRE DE PRODUITS PORTEURS DE L’ECOLABEL

Commission européenne

Cet attrait pour le réemploi, qui s’exprime au sein de la population, est aussi devenu un impératif légal au début du mois de juin 2022, avec la loi relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques. Celle-ci consacre désormais un volet à la réutilisation des objets. Ce n’est donc pas étonnant qu’un nombre croissant d’acteurs investissent le secteur. C’est notamment le cas de The Happy Cyclist, une structure dédiée à la réparation de vélos –conventionnels comme électriques – qui a vu le jour au printemps 2022. Pour Emmanuel Plattard, son fondateur, la décision de lancer cette activité constituait d’abord une réponse à une situation vécue. «  Je travaillais pour Cargolux et faisais les trajets aller-retour tous les jours à vélo. À chaque fois que je devais faire réparer mon vélo, le temps d’attente était long, le prix n’était pas connu à l’avance et il fallait apporter le vélo dans l’atelier de réparation. Je me suis dit qu’il était sans doute possible de mettre au point un système plus efficace. »

Après avoir réalisé un sondage auprès d’une centaine de personnes et constaté l’intérêt pour son projet, Emmanuel Plattard a donc lancé son entreprise de réparation de vélos à domicile, partout au Luxembourg. « Ce qui est unique, c’est que nous proposons un système d’abonnement, à partir de 21,90 € par mois, afin de rendre la réparation plus abordable que l’achat d’un nouveau vélo, ce qui n’est pas tou jours le cas dans la filière classique, poursuit le fondateur de The Happy Cyclist. Avec l’abon nement, tous les frais de main-d’œuvre sont couverts, en dehors du coût des pièces de rechange. »

650 réparations ont déjà été effectuées depuis le lancement de l’entreprise, qui a séduit de nombreux particuliers, mais aussi des entre prises, comme la Banque de Luxembourg et le Luxembourg Stock Exchange.

NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 29
Source
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 80.000 100.00060.00020.0000 40.000 21.301 22.483 13.593 37.306 43.287 44.713 38.755 54.115 72.227 77.358 75.795 83.590 89.357

Atteindre l’objectif de neutralité car bone que s’est fixé l’Union européenne exigera des efforts de tous. S’il sera nécessaire de revoir les modèles opé rationnels, de repenser les circuits d’ap provisionnement, la transition implique aussi de s’appuyer sur la technologie et d’investir avec ambition dans l’innovation au service d’une nouvelle économie.

« L’innovation et les nouvelles technologies sont essentielles à la transition que nous devons opérer, commente le Dr Arno Biwer, group lea der Environmental Policies au sein du List, res ponsable de la plateforme Betriber & Emwelt. De nouvelles solutions, déjà disponibles actuel lement ou à venir, doivent contribuer à soutenir la transition, et ce dans de nombreux secteurs et domaines de notre vie quotidienne. La réduc tion de notre empreinte carbone et environne mentale ou la mise en œuvre d’une économie circulaire nécessitent de nouvelles approches et des dispositifs techniques innovants. Au-delà de la recherche et de la conception de ces solutions, il importe aussi d’en faciliter l’adoption. »

Sensibiliser et promouvoir

C’est dans cette optique que la plateforme Betriber & Emwelt, gérée par le List et finan cée par le ministère de l’Environnement, a vu le jour. Celle-ci, à travers des événements, des formations et la diffusion de contenus, entend, d’une part, sensibiliser les acteurs vis-à-vis de leurs obligations légales – actuelles et futures – en matière de respect de l’environ nement, à l’échelon national et européen, et, d’autre part, permettre à chacun d’y répondre efficacement. Elle entend aussi valoriser un ensemble de solutions disponibles et promou voir de nouvelles opportunités d’affaires ou encore d’innovation. «  C’est aussi un lieu d’échange entre les différents acteurs publics et privés qui, pour atteindre les objectifs fixés, sont appelés à travailler en étroite collaboration et à développer des partenariats  », précise le responsable.

De nombreuses solutions sont d’ores et déjà disponibles sur le marché. L’un des prin cipaux enjeux est de permettre à chaque structure, en fonction de ses contraintes, de se les approprier.

À ce niveau, l’équipe de Betriber & Emwelt partage les mêmes ambitions que la Solar Impulse Foundation (SIF), l’initiative lancée par Bertrand Piccard à la suite de son tour du monde en avion alimenté uniquement à l’éner gie solaire, et dont l’ambition était d’identifier 1.000 solutions technologiques contribuant à

Dans les entreprises du...

Secteur des technologies

L’innovation technologique et l’adoption de nouvelles solutions, deux leviers-clés de la transition vers une économie plus durable.

DES SOLUTIONS « MADE IN LUX »

Parmi les 1.425 solutions ayant obtenu le label de la Solar Impulse Foundation, 8 sont luxembourgeoises.

Clariter, par Clariter Procédé pratique et évolutif de recyclage qui vise à utiliser des déchets plastiques en fin de vie comme matériau de base pour la production.

MarinePaq, par Apateq

Une solution rentable pour le traitement des eaux de lavage provenant de l’épuration des gaz d’échappement des grands navires.

Keiryo PET Solution, par Keyropackaging

La solution Keiryo PET est un procédé de fabrication qui réduit l’empreinte environ nementale et le coût de fabrication des bouteilles en plastique.

Thermal Storage Tank, par Cebi

Il s’agit d’un dispositif de stockage de la chaleur placé sur le réservoir de lave-glace existant des véhicules électriques.

Plasma Assisted Gasification, par Boson Energy Une technologie de récupération de l’énergie qui transforme les déchets non recyclables en hydrogène.

Sustainability Management Platform, par Waves La solution propose des analyses complètes permettant aux entreprises de s’engager sur la voie d’une économie plus durable.

ORCA (Optical and RF Constellations on Aircraft), par SkyfloX

Transforme les flottes d’avions de ligne, équipés de capteurs, en une plateforme de services de données d’observation de la Terre.

MolecularGrip, par Molecular Plasma Group

Une technologie de fonctionnalisation de surface sans solvant qui réduit le besoin en produits chimiques dangereux.

la transition écologique, directement disponibles et économiquement ren tables. L’objectif fixé a été atteint il y a plus d’un an et est désormais large ment dépassé. La fondation, en ce début d’automne, avait labellisé quelque 1.425 solutions. À travers son département dédié aux sciences de l’environnement, le List et ses experts ont notamment été mis à contribution pour évaluer les solutions can didates au label. « Désormais, le véritable défi est de mettre la transition en pratique. Si le cadre légal est de nature à contraindre les acteurs à aller dans une direction voulue, de nombreux autres aspects doivent être considérés. L’appro priation de ces technologies implique un effort conséquent de sensibilisation, un renforcement des compétences et une évolution des perceptions et des comportements des consommateurs comme des entreprises, poursuit le Dr Biwer. À travers notre plateforme, notre volonté est de contri buer à ces enjeux tout en assurant la promotion du label. Nous cherchons aussi à valoriser les approches méthodologiques permettant aux acteurs d’opérer des choix technologiques per tinents, en vue de minimiser leur impact environnemental. »

8 solutions luxembourgeoises

Parmi les 1.425 solutions labellisées, 8 sont actuellement made in Luxembourg (voir enca dré). La dernière entreprise à avoir obtenu le label, en août dernier, est Molecular Plasma Group (MPG), pour sa technologie baptisée « MolecularGrip ». « Il s’agit d’une technologie de fonctionnalisation de surface sans solvant, explique le Dr Biwer. Elle permet de traiter diverses surfaces grâce à une technologie de nanorevêtement, pour créer, par exemple, des textiles et des filtres à air dotés de propriétés antivirales et antibactériennes, avec un besoin réduit en produits chimiques dangereux. »

Autre exemple, le fabricant de composants électromécaniques Cebi a reçu le label pour un dispositif de stockage de chaleur placé sur le réservoir de lave-glace existant des véhi cules électriques. La technologie utilise la masse thermique du réservoir de lave-glace pour stocker la chaleur produite pendant le fonctionnement du véhicule. Celle-ci est libé rée lors du redémarrage à froid du véhicule, en complément du chauffage électrique auxi liaire. Elle permet de chauffer l’habitacle au lieu d’utiliser la batterie et contribue à pro longer l’autonomie et la durée de vie de celle-ci.

30 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
ETF d’iShares. L’investissement durable, simplifié. Constituez-vous un portefeuille plus durable en toute transparence. Publié par BlackRock (Netherlands) B.V. est autorisé et réglementé par l’Autorité néerlandaise des marchés financiers. Siège social Amstelplein 1, 1096 HA, Amsterdam, Tél : 020 - 549 5200, Tél : 31-20-549-5200. Registre du commerce n° 17068311. Pour votre protection, les appels téléphoniques sont généralement enregistrés. Ce document est uniquement destiné à l’information et ne constitue pas une offre ou une invitation à quiconque à investir dans un fonds BlackRock et n’a pas été préparé en relation avec une telle offre. © 2022 BlackRock, Inc. Tous droits réservés. 2184739 Risque de perte en capital. La valeur des investissements et le revenu en découlant peuvent baisser comme augmenter. Vous n’êtes dès lors pas assuré(e) de récupérer votre investissement initial. FACTEURS ÉTHIQUE FONDS ET FONS ACTIF INVESTISSEMENT ESG RAPPORT INTÉGRÉ ISR VERTES ET OBLIGATIONS DURABLE DE EXCLUSION ENVIRONNEMENTALE SOCIALE AVEC GOUVERNANCE ET CONVERSION CO2 OPTIMISATION POUR CHANGEMENT TRANSPARENCE CARBONE FACTEURS CLIMATIQUES EMPREINTE

Après le pétrole, l’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde. En raison des matières uti lisées, ses déchets sont rarement recy clables. En Europe, chaque année, 4 millions de tonnes de textile sont jetées. Rien qu’au Luxembourg, en 2018, Caritas annonçait le chiffre de 7,454 tonnes de déchets textiles produits, soit 12,24 kilos par habitant.

Pour Debbie Kirsch, fondatrice de la marque Devï : « L’industrie de la mode est simplement une tragédie. Il n’y a plus d’histoire ni de valeurs derrière nos vêtements. Les gens préfèrent la quantité à la qualité et les grandes marques (tant celles de la fast fashion que les marques de luxe) sont incroyablement douées pour dis simuler leurs impacts négatifs. Ce qui est encore pire est tout ce greenwashing en raison de l’en gouement pour l’engagement durable. »

Rien ne laissait présager que Debbie Kirsch créerait sa propre marque de vêtements. En 2018, ses études en biologie et sciences environne mentales validées, elle ambitionne d’intégrer un master en économie et innovation durables. Pour ce faire, elle doit réaliser un stage. Elle intègre l’ONG Institute for Philanthropy and Humanitarian Development (IPHD), où elle est chargée de développer un projet centré sur le coton organique avec des fermiers locaux. Une fois en Inde, elle fait une rencontre qui changera le cours de son stage. « Une fois sur place, je suis tombée amoureuse d’un autre projet de l’ONG, Saheli Women », explique Debbie Kirsch.

Saheli Women est une branche de l’IPHD créée en 2015, dont la mission est de rendre leur autonomie financière aux femmes en difficulté du village de Bhikamkor, dans la région du Rajasthan, en les faisant participer à la confection de vêtements éthiques et durables. Ces femmes n’ayant pas d’expé rience en tant que couturières, l’association était à la recherche de partenaires voulant confectionner des pièces simples afin de déve lopper leurs compétences. « Ayant toujours eu du mal à trouver des vêtements éthiques et respectueux de l’environnement, je me suis dit que cela pourrait être intéressant de créer quelques vêtements pour mes amis et moi », explique Debbie. Cet essai est concluant et la marque Devï est créée.

Quatre ans plus tard, Debbie collabore tou jours avec Saheli Women. En 2018, l’associa tion employait une vingtaine de femmes. Depuis, en travaillant principalement avec l’entreprise luxembourgeoise, Saheli Women a engagé une cinquantaine de personnes qui confectionnent

Dans

entreprises

Secteur du commerce

80 % des produits de Devï. Les 20 % restants sont réalisés par deux entre prises familiales indiennes.

Certaines marques de l’industrie textile bougent pour rendre cette dernière moins polluante. Exemple avec la marque Devï.

CHIFFRE 12,24

Annuellement, chaque personne produit en moyenne 12,24 kilos de déchets textiles.

Réduire son empreinte écologique Dès la première collection, il était cru cial pour Debbie de ne pas contribuer à la production de textile afin de réduire son impact environnemental : « Étant donné l’im pact extrêmement négatif de la production de tissu, il était crucial pour moi de ne pas en produire du nouveau. » Les matières utilisées sont donc des restes de tissus, des textiles inutilisables ou d’anciens saris.

L’ensemble du processus est aussi court et transparent que possible. La conception des collections se fait une fois par an, lorsque Debbie se rend en Inde, en collaboration avec Saheli Women. Lors de ce voyage, la fonda trice de la marque se rend également chez ses fournisseurs de tissu afin de faire une sélection pour les prochaines collections. Une fois ces dernières confectionnées, elles sont expédiées directement dans les deux bou tiques de la marque, à Luxembourg-ville et Amsterdam. Seuls trois à quatre envois sont réalisés annuellement, afin de réduire l’em preinte carbone.

L’aspect humain est aussi essentiel. Grâce à la production de vêtements, l’entreprise finance les assurances maladie ainsi que l’édu cation des enfants des couturières de Saheli Women et des deux entreprises familiales avec lesquelles elle travaille.

Au Luxembourg, Debbie sensibilise la popu lation. « Il s’agit de promouvoir une mode plus durable et d’informer les gens sur ce sujet. De nom breuses personnes ne sont pas au courant du fait que l’industrie textile est l’une des indus tries les plus polluantes de la planète. » Chaque vêtement est accompagné d’un dessin repré sentant la couturière qui l’a fabriqué et de l’explication du processus de fabrication.

« J’espère réellement que les gens commen ceront à acheter plus consciemment, en se posant des questions sur l’origine de leurs produits.

Je veux croire que nous pourrons revenir à un consumérisme plus conscient, où les gens choi sissent la qualité plutôt que la quantité et achètent un article avec l’intention de le garder toute une vie plutôt que pour un seul événe ment », conclut Debbie Kirsch.

32 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
Production en amont Opérations sur les marques Utilisation et fin d’utilisation CHAÎNE DE VALEUR DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE DES HABILLEMENTS ET CHAUSSURES Source McKinsey & Company and Global Fashion Agenda (2020) 38 % Production de matériaux 6 % Préparation du tissu 15 % Procédés humides 4 % Couper, fabriquer et tailler 3 % Vente au détail 3 % Transport 20 % Utilisation du produit 3 % Fin de vie 8 % Préparation du fil
les
du...

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Deux apps pour vous aider à être écoresponsable

Sus au gaspillage !

CONCEPTION

Créée en 2017, Food4All (ou F4A) est passée de jeune pousse prometteuse à véritable référence dans l’univers des applications écoresponsables. Et pour cause, elle réussit le pari de conjuguer un bon geste pour la planète et un gain financier pour celui qui le réalise.

PRINCIPE

Le concept de F4A est simple : connecter, d’un côté, les supermarchés, épiceries, boulangeries et restaurants qui disposent de denrées alimentaires approchant de leur date de péremption à des particuliers désireux de les acheter à un prix réduit. Ces particuliers n’ont qu’à choisir leurs magasins préférés et à récupérer les produits ou paniers de produits qui, sans cela, auraient été jetés.

LOCALISATION

Active aujourd’hui essentiellement au Luxembourg, F4A souhaite s’étendre en France et en Belgique. Grâce à son activité, 682 tonnes de CO2 ont déjà été économisées, et 842.242 produits ont évité de finir tout simplement à la poubelle… Qu’attendez-vous pour rejoindre le mouvement et lutter contre le gaspillage alimentaire ?

NO BIG DEAL

Bouger pour une bonne cause

CONCEPTION

Lancée à la fin de l’année 2020, l’application No Big Deal vous propose une série de défis sportifs en fonction de votre humeur du jour : marcher 35.000 pas en 6 jours, courir 7 km en 55 minutes, etc. Si vous parvenez à les relever, vous gagnez une récompense.

PRINCIPE

L’intérêt de No Big Deal est que ces récompenses varient en fonction de l’objectif choisi. Si l’on peut décider de bouger pour obtenir une réduction ou un bon d’achat, par exemple, on peut aussi le faire pour la bonne cause : récolter des déchets, soutenir une association, planter un arbre, etc.

LOCALISATION

Les utilisateurs de No Big Deal obtiennent ainsi deux avantages : ils se font du bien tout en soignant la planète ou leur communauté. L’application a déjà été téléchargée plus de 10.000 fois sur le Play Store d’Android. Qui sera le prochain à la télécharger ?

Un concept qui conjugue bien-être au quotidien et bonne action.

Jusqu’ici, 682 tonnes de CO2 ont été économisées grâce aux utilisateurs et partenaires de F4A.

Une application déjà très mature et bien conçue, avec un grand nombre de partenaires commerciaux.

Un déploiement dans les pays frontaliers du Luxembourg qu’on attend avec impatience !

Des défis et des récompenses qu’on souhaiterait voir s’étoffer quelque peu au fil des mois.

Les différentes récompenses permettent de toucher un plus large panel de participants.

Photos 09_credit 34 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022 Dossier Technologie
Votre smartphone peut être un précieux compagnon sur le chemin de l’écoresponsabilité. Nous vous présentons deux applications made in Luxembourg qui aident à mieux consommer ou à agir pour la planète. Auteur Q. D.
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Environmental Product Declaration (EPD)

Les déclarations environnementales de produits (EPD) peuvent vous aider à comparer les matériaux et leur impact sur l'environnement. Ce document vérifié par une tierce partie indépendante contient des informations précises, transparentes et comparables sur l'impact environnemental du cycle de vie d'un produit.

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Interview

« Des mesures pour nous dégager du chantage de Poutine »

Pour Claude Turmes, le constat est clair: il est indispensable d’accélérer le développement massif de notre capacité de production d’énergie renouvelable en Europe.

Au cœur des préoccupations de nombreux ménages et entreprises, l’augmentation des prix de l’énergie fait également l’objet d’une attention accrue de la part du gouvernement. Claude Turmes, ministre de l’Énergie, évoque avec nous les enjeux en la matière.

Photo Romain Gamba
36 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022

BIO EXPRESS

Études en Belgique

En 1983, Claude Turmes est diplômé en éduca tion physique et spor tive à l’Université catholique de Louvain (UCL), en Belgique. Il poursuit ensuite des études en technologies de l’environnement à la Fondation universi taire luxembourgeoise, à Arlon.

De député à ministre Dès 1999, Claude Turmes devient député européen. Il occupe ce poste jusqu’en 2018, année au cours de laquelle il prend ses fonctions de secrétaire d’État au Développement durable et aux Infrastructures, en remplacement de Camille Gira. Suite aux élections d’octobre 2018, Claude Turmes est nommé ministre de l’Énergie et ministre de l’Aménagement du territoire.

Avec une augmentation du prix du gaz qui pourrait atteindre les 77 % pour un ménage moyen et une hausse de 300 euros de leur facture électrique, les citoyens luxembourgeois sont sous pression. Comment le gouvernement compte-t-il les soutenir face à cette situation ?

Pour l’ensemble des citoyens qui ont un contrat gaz, nous avons déjà décidé que l’État prendrait temporai rement en charge les frais de réseau, au moins jusqu’au 31 décembre 2022. Cette mesure leur permet d’écono miser 500 à 700 euros par an sur leur facture, et com pense donc en partie l’augmentation du prix du gaz. Nous avons toutefois bien conscience que l’hiver s’an nonce très difficile et que de nouvelles mesures spéci fiquement destinées aux consommateurs de gaz devront sans doute être décidées. Pour l’électricité, nous avons fait en sorte de stabiliser les prix jusqu’au mois de jan vier prochain, en décidant que l’État prendrait en charge une plus grande partie de la contribution au mécanisme de compensation renouvelable/cogénération. Ceci étant dit, les prix de l’électricité pour 2023 sur les marchés de gros ont déjà beaucoup augmenté, et nous avons là encore bien conscience que nous devrons certainement adopter de nouvelles mesures pour faire face à une situa tion qui est grave. Ces décisions additionnelles, comme celles concernant le gaz, seront toutefois discutées serei nement en réunion tripartite, avec les partenaires sociaux.

Au-delà des citoyens, les entreprises, grosses consommatrices d’énergie, sont également particulièrement touchées par cette crise. Comment les aider à y faire face et éviter une vague de faillites dans le pays ?

Les ministres Fayot et Delles, en charge de ces ques tions, prennent eux aussi la pleine mesure de la gravité de la situation que nous rencontrons. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a d’ores et déjà mis en place un fonds de liquidité d’un montant de 500 mil lions d’euros pour soutenir les entreprises qui rencon treraient des difficultés financières en raison de la hausse des prix de l’énergie. Par ailleurs, une loi a également été votée dernièrement pour soutenir les entreprises face à cette crise. Elle prévoit d’offrir une compensa tion aux sociétés qui connaîtraient un déficit en raison de l’augmentation des prix de l’énergie. Enfin, nous allons continuer à accompagner les entreprises dans les démarches leur permettant de réduire leur consom mation d’énergie. Face à cette situation, les entreprises, comme les citoyens, peuvent en effet aussi alléger leur facture en étant plus sobres dans leur consommation quotidienne de gaz et d’électricité.

Alors que l’hiver approche et que la Russie continue à réduire ses livraisons de gaz, on peut se demander si ces mesures seront suffisantes. Jusqu’à quel point l’État luxembourgeois est-il capable d’aller pour soutenir entreprises et citoyens luxembourgeois, sachant que ses ressources ne sont pas illimitées ?

C’est également une question que nous allons évoquer avec la ministre des Finances (Yuriko Backes, ndlr) lors de nos prochaines réunions tripartites. Il faut en effet que l’on puisse évaluer quel est le montant que nous pouvons débloquer pour faire face à cette crise, quelle est exactement notre marge de manœuvre. Nous avons

l’une des dettes publiques les moins élevées au monde (21,63 % du PIB en juillet 2022, ndlr), et notre accord de coalition prévoyait que nous puissions augmenter cette dette jusqu’à 30 % en cas de besoin. Nous avons donc encore la possibilité de grossir quelque peu nos moyens en activant ce levier. Par ailleurs, nous pourrions aussi mettre en place des mesures nous permettant de générer de nouveaux revenus pour l’État. Mais cela reste encore à développer avec l’ensemble du gouvernement et de ses partenaires.

La guerre en Ukraine est la cause principale de ces augmentations de prix répétées. Mais le marché européen de l’énergie en lui-même ne doit-il pas être réformé pour décorréler les prix du gaz et de l’électricité et réduire notre dépendance à certains pays comme la Russie ?

La guerre de Poutine en Ukraine est évidemment la principale responsable de la situation très délicate dans laquelle nous nous trouvons. C’est une guerre à la fois militaire, économique – à travers la pénurie organisée de gaz et la rupture, par Gazprom, de plusieurs contrats établis avec des fournisseurs européens – et de désin formation sur les réseaux sociaux. Je suis heureux de constater que, face à ce conflit qui se prolonge, les États européens restent unis. La réunion des ministres euro péens de l’Énergie qui a eu lieu ce 9 septembre l’a bien montré : les États européens sont soudés et déterminés à trouver des solutions concertées pour répondre à la crise. La Commission va rapidement faire une série de propositions qui permettront de mettre en place des programmes d’aides ciblés pour nos entreprises, qui sont très exposées aux hausses des prix de l’énergie dans un environnement très concurrentiel, et de limi ter la volatilité que l’on constate sur ce marché commun de l’énergie. Une véritable refonte de ce marché pren dra toutefois du temps.

Au-delà de la réforme du marché de l’énergie, quelles sont les mesures à mettre en place pour lutter contre l’augmentation du prix de l’énergie, à un niveau européen ?

Nous sommes aujourd’hui les victimes d’un chantage organisé par Poutine, et nous devons mettre en place, de façon collective, des mesures qui nous permettront de nous en dégager. L’une de celles-ci, qui a déjà été annoncée et suivie d’effets, consiste à remplir les stocks de gaz de chacun des États européens à un niveau suffisant. Cette nécessité a bien été comprise par les différents États membres, qui sont déjà parvenus à constituer des réserves d’un niveau plus élevé que ce que nous avions décidé collectivement, et ce plus rapidement que prévu. Par ailleurs, l’achat groupé de gaz dans d’autres régions du monde que la Russie est également sur la table. De plus, il faut prévoir des aides ciblées pour nos ménages et entreprises.

Il est aussi question de réduire volontairement –dans un premier temps – la consommation de gaz des États membres. Cette limitation sera-t-elle suffisante ? Quel impact aura-t-elle sur les entreprises et industries luxembourgeoises ?

Cette mesure a en effet déjà été adoptée et vise à réduire volontairement de 15 % la consommation de gaz naturel

NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 37
Claude Turmes

Interview Claude Turmes

dans les différents pays de l’Union européenne entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023. Le règlement européen qui a été voté à ce sujet début août est déjà en applica tion au Luxembourg, comme partout ailleurs dans l’Union européenne. Si la réduction volontaire ne fonc tionne pas, nous serons peut-être contraints de passer à une étape plus coercitive, voire, en dernier recours, de demander des coupures de gaz dans certaines indus tries. Cela pourrait en effet avoir un impact sur les entre prises et leurs travailleurs (le Comité de conjoncture a toutefois déjà favorablement répondu à la proposition du ministre de l’Économie, Franz Fayot, et du ministre du Travail, Georges Engel, de pouvoir recourir au chômage partiel si l’activité économique devait être ralentie en rai son de telles mesures, ndlr ). Mais nous devons absolu ment compenser la perte des 40 % de gaz achetés, en temps normal, à la Russie. Et éviter à tout prix une vraie pénurie hivernale, qui serait catastrophique pour de nombreux citoyens et entreprises.

En tant qu’écologiste, comment réagissez-vous à ces informations nous parvenant de Russie, selon lesquelles le pays brûle l’excédent de gaz produit qui n’est pas fourni à des pays tiers ?

C’est évidemment un non-sens complet, mais, comme je le dis souvent, on ne peut pas attendre autre chose d’un homme qui, à l’heure où l’on parle, ordonne d’envoyer des missiles sur des écoles et des hôpitaux ukrainiens. L’écologie est le dernier des soucis de Vladimir Poutine.

Parmi les mesures permettant de se dégager de la dépendance énergétique européenne par rapport à la Russie, on trouve également le développement massif des énergies renouvelables. Quels sont les projets concrets développés en ce sens par l’Union européenne ? Ont-ils été accélérés dans la foulée du conflit ukrainien ?

Tous les ministres de l’Énergie présents lors de notre dernière réunion européenne étaient d’accord sur ce point : il est indispensable d’accélérer le développement massif de notre capacité de production d’énergie renou velable en Europe, qu’il s’agisse d’éolien, de solaire ou d’autres formes de renouvelable encore. C’est une étape incontournable pour gagner en indépendance et pouvoir offrir des prix plus bas aux consommateurs européens. Plusieurs projets sont sur la table, notamment celui porté par le Danemark, en collaboration avec la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ce projet vise à créer des îles énergétiques, en mer du Nord et dans la Baltique, per mettant de produire une énergie verte comblant un tiers des besoins électriques de l’Europe occidentale. Lorsque ce plan aura été mené à son terme, d’ici à 2030, la pro duction d’énergie éolienne sera 10 fois plus importante en mer du Nord et 7 fois plus élevée dans la Baltique. Ce qui est loin d’être insignifiant.

Et au Luxembourg, quels sont les projets en la matière ?

Le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) prévoit de réduire de 55 % nos émissions de gaz à effet de serre pour répondre aux exigences des accords de Paris. Cela passera bien évidemment par le développement des énergies renouvelables sur notre propre territoire. En 2021, nous avions déjà multiplié

par 15 nos capacités de production d’énergie solaire par rapport à la période 2017-2018. 17 nouvelles éoliennes seront par ailleurs construites sur la période 2022-2023. On constate que la population, mais aussi les élus locaux, est favorable au développement de l’éolien, ce qui faci lite l’implantation de nouvelles éoliennes. Pour parve nir à notre objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, nous travaillons également sur le parc immobilier, en interdisant les énergies fossiles et en proposant des aides à la rénovation à travers notre pro gramme Klimabonus. Mais malgré ces efforts pour réduire notre consommation et produire plus d’énergie renouvelable sur notre territoire, il nous faudra toute fois toujours importer de l’électricité de l’étranger, car le tissu industriel luxembourgeois est très dense. C’est la raison pour laquelle nous devons continuer à collaborer avec d’autres pays européens pour pouvoir disposer de suffisamment d’énergie pour alimenter nos entreprises et industries.

L’Europe se mobilise donc pour les énergies renouvelables, mais prend également des décisions qui peuvent paraître discutables. C’est le cas de l’inclusion du gaz et du nucléaire dans la fameuse taxonomie verte européenne.

Quelle est votre opinion sur la question ?

Je pense que la Commission a pris une très mauvaise décision à cet égard. Elle l’a prise, de plus, sans respecter les voies normalement prévues pour adopter ce genre de décision. De notre côté, nous allons continuer à nous battre contre le nucléaire, qui ne me paraît pas être une solution souhaitable. Pour le gaz, mon avis est plus nuancé. Je suis convaincu qu’il faut en sortir, mais de façon progressive, car nous avons encore besoin de cette énergie fossile moins polluante, le temps que nous puissions assurer la transition vers les énergies renouvelables.

38 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
« Nous devons absolument compenser la perte des 40 % de gaz achetés, en temps normal, à la Russie. »
Cette interview a été réalisée le 12 septembre avant la réunion du Comité de coordination tripartite.

Acting now to preserve biodiversity

Biodiversity is our life support mechanism - our livelihoods, well-being and key economic activities all depend on well-functioning ecosystems.

The unsavoury truth is that as the human population grows, our demands for food, energy and resources will increase, and greater strain will be placed on our natural capital. To manage this and preserve biodiversity, funda mental changes across industry, supply chains, technolo gy, economies and society are required.

Investors will need to be prepared for changes in govern mental and regulatory policy, initiatives to standardise and measure biodiversity risks, more rigorous auditing and assessment of portfolios for biodiversity-related exposures, new approaches to critically evaluate companies, and

increasing awareness of supply chain weaknesses where issues such as deforestation and threats to species are acute. Biodiversity is one of the largest investment megatrends in our lives and the theme is at an inflection point. There is a ready set of solutions that can slow down the loss of biodiversity and these are rapidly being adopted.

If we harness our research and analytical capabilities, relationships with companies, and partnerships with clients to move beyond discussion and aspiration, we can make genuine, quantifiable, and enduring changes to prevent the destruction of our natural capital.

Senior Manager - Client Support +352 691 340 683 solene.garnavault@fil.com

PUBLIREPORTAGE
Biodiversity is emerging as one of the largest investment megatrends for our generation. Photo Fidelity

ESG & Engagement: a credible road to impact

The term ESG is relatively new, but DPAM has been developing its ESG offering for more than 20 years. Ophélie Mortier, Chief Sustainable Investment Officer at DPAM, explains why ESG investments remain sound, how research figures in, and the importance, in order to matter, of engagement with companies and countries.

Photo Eva Krins (Maison Moderne) / Mudam Luxembourg –Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean / Ieoh Ming Pei Architect Design Sponsored content by DPAM Sustainable investment Ophélie Mortier, Chief Sustainable Investment Officer at DPAM, photographed in MUDAM at the 4th edition of the Sustainable Investment Week organised by LuxFLAG.
40 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022

DPAM’S FIGURES

How is DPAM uniquely suited to offering ESG solutions?

We became involved in sustainable and responsible investing 20 years ago. Back when we first got involved, many of those types of investment strategies were based on exclusions, but we soon saw that such a system is too absolutist.  The reality of the economy is more complex and requires a more nuanced strategy. The approach of DPAM is based on steps looking at the behavior of the companies and activities, even if analysts do take into account the positive impact of products and services offered.

DPAM’s dedication and desire to effect change go far beyond merely presenting our clients with ESG-friendly investments. Realising that engagement with companies and countries that might not have such a long history of ESG progress is important, we make great efforts to reach out to underrepresented geographic areas and countries. We believe in taking a forwardlooking approach.

Approaches as best in class and best efforts with increasing room for engagement are becoming dominant in the SRI landscape. Therefore, it is necessary to assess and commit.

How do you determine the sustainability of an investment? We really appreciate the value of the ESG-rating indexes offered by, for example, MSCI and Morningstar, but for us, we use them as a starting point. The indexes do not consider a broader and more geographically diverse ESG progress.

Major indexes generally recognise companies that have arrived at a certain benchmark, and to demonstrate this, they have to compile a significant amount of data and submit documentation. This requires the necessary infrastructure, know-how, and organisation, which many companies, perhaps those smaller, younger, or less well-funded, might not have. They often do not take into account relative progress, the steps toward sustainability that companies have made, and instead focus on absolute criteria. They also ignore companies’ potential for progress, which is not ideal if, like DPAM, you want to not only offer quality ESG investments, but also to affect change in the world as a whole and promote newcomers to the sustainability scene.

Can you explain how engagement plays a role in the mission of DPAM?

We can look at our commitment to engagement through the prism of interactions with countries regarding sovereign bonds investments. This is a major asset class, not deeply covered by investors. Our main objective is raising awareness, which is already very challenging. Engagement and the impact assessment will differ depending on the level of technicality of the discussion and the targets defined. The more precise the objectives, the easier they can be monitored.

We use a proprietary model to assess the sustainability of a country. In that context for example, we had meetings with officials in New Zealand, and the interactions went very smoothly because they already have made significant ESG progress. We presented our criteria and cross-checked them with their data.

We can contrast that with a meeting we held with officials in Mongolia about green bonds. For that meeting, we took more time to explain what we look for in terms of sustainability at the county level, environment, and governance including

transparency, international relationships, and social issues such as access to health and education.

Even if our efforts in Mongolia do not result in the issuance of a green bond, we still see it as a success. For us, it was a great opportunity to help them better understand what European investors are interested in, in terms of ESG, which will help them to improve their sustaina bility efforts. Engaging underrep resented countries or companies, or those that are at a different place in the sustainability journey, is very important to us.

The benefit for institutional investors I am convinced that the financial performance of sustainable investments is sound, especially looking at financial performance over the medium and long term. Also, there is sufficient data showing that ESG is an added value in terms of risk control and lower volatility. We firmly believe that this is part of the fundamental analysis we have to carry out for the benefit of our institutional clients and society. E, S and G are natural dimensions to take into account with the global picture.

Marketing communication. The provided informa tion herein must be considered as having a general nature and does not represent investment advice, nor does it constitute an offer, solicitation, recom mendation or invitation to buy, sell, subscribe to or execute any other transaction with financial instru ments including, but not limited to, shares, bonds and units in collective investment undertakings. Investing incurs risks. Past performances do not guarantee future results. All opinions and financial estimates in this document are a reflection of the situation at issuance and are subject to amend ments without notice. Changed market circum stances may render the opinions and statements in this document incorrect.

Degroof Petercam Asset Management SA/NV rue Guimard 18, 1040 Brussels, Belgium RPM/RPR Brussels l TVA BE 0886 223 276

2001 DPAM’s first SRI strategy

2007 Launch of DPAM proprietary model to assess the country’s sustainability

34.1 bn

Total assets under management (30/09/2022)

15.8 bn 1

Total assets under management in SRI strategies: (30/09/2022)

Find more information at

www.dpamfunds.com
1
The total AuM in SRI strategies include art.
8, art. 8+
and
art.
9 funds and mandates as per SFDR
BRAND VOICE NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 41
“ ESG criteria are vital for an informed decision-making process when investing. ”
“ Approaches such as best-in-class and best-effort with increasing importance of engagement become center stage. ”

Ces arbres remarquables du Luxembourg

Protégés pour leur histoire et leur beauté, ces arbres fabuleux ont tous une histoire unique décrite dans le livre qui leur est dédié, Arbres remarquables du Grand-Duché de Luxembourg, publié par l’Administration des eaux et forêts et le Musée national d’histoire naturelle. Avec un changement de juridiction, transférant cette compétence, gérée par le Service des sites et monuments nationaux, à l’Administration de la nature et des forêts, une nouvelle liste actualisée doit voir le jour en 2023. Découvrez en images certains de ces arbres remarquables.

42 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
Portfolio
NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 43
LES SÉQUOIAS DU PARC AMÉLIE, À LUXEMBOURG-VILLE
Deux
séquoias entourent
depuis 125 ans le monument
érigé à
la
mémoire
de la Princesse Amélie. Probablement les plus âgés du genre au
Grand-Duché.

Portfolio

LE CHÊNE DE LA FERME ENGELSHAFF

44 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022
LE CHÊNE DE BOUS Au bord des vignes, au nord de la localité de Bous, au lieu-dit « Kéionner », se dresse, à l’entrée de la forêt, ce chêne quatre fois centenaire. Près du village d’Ernster, gardien de la petite chapelle, cet arbre figure parmi les chênes les plus gros du pays. L’histoire de la ferme à laquelle il appartient remonte très proba blement au 15e siècle.

LES TROIS TILLEULS DE LA « SCHEEDELERKNUPP »

Ils abritent une croix de route appartenant à la famille HermesWelter et ornent le paysage autour de Kehmen.

LE MARRONNIER DE BRANDENBOURG

Ce marronnier situé près de la bifurcation du CR352, entre Brandenbourg et Bastendorf, ne se distingue pas par son âge de la fin du 19e siècle, mais par sa simple présence solitaire dans la campagne.

LE CHÊNE DU « PLÄITRENGERHAFF »

Près du lac, c’est l’un des plus pittoresques et plus forts du pays. Il appartient à la ferme fondée du temps de Maximilien de Trèves, puis rentrée en possession de la famille von Boch (Villeroy & Boch), avant d’être rachetée par la famille JungelsWeiland d’Useldange.

LE CÈDRE DE SCHENGEN

Ce beau et vigoureux cèdre de l’Atlas était encore un jeune arbre lorsque Victor Hugo fut de passage au château de Schengen.

NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 45

LE GROS CHÊNE DU « BICHERHAFF », PRÈS DE CANACH

Les joueurs de golf reconnaîtront ce gros chêne au bord de la route, à l’entrée du Kikuoka, qui réussira un jour à dépasser en diamètre la petite chapelle construite en 1855.

Portfolio

LE CHÊNE DE SAEUL

Près du carrefour Saeul-Reichlange

Saeul-Kapweiler se trouve ce qui est incontestablement le plus beau et vigoureux de tous les chênes remarquables du Grand-Duché. Il porte sur son tronc court, mais épais, une gigantesque couronne parfaitement proportionnée et équilibrée.

LE CHÊNE DE SYREN Trapu sur son rocher, ce chêne est certainement le plus mythique des arbres remarquables, caractéristique des lieux saints des Celtes. La chapelle gardée par ce vieux chêne est dédiée à saint Donat.

46 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022

L’innovation durable permet aux entreprises de gagner en compétitivité.

Soutenir la transition durable des entreprises

Luxinnovation oriente les entreprises souhaitant réaliser un projet d’innovation durable plus complexe vers les aides étatiques les plus appropriées. Edité en étroite col laboration avec le Ministère de l’Economie, un guide sim plifié sur les aides à la protection de l’environnement sera disponible sous peu.

Promouvoir la décarbonisation et la transition écologique des entreprises en mobilisant tous les acteurs concernés est une priorité pour le gouvernement. Luxinnovation, l’agence nationale pour la promotion de l’innovation, a pour mission de soutenir les entreprises désireuses de devenir plus durable grâce à l’innovation. L’agence a regrou pé toutes ses activités relatives à l’utilisation et à la trans formation durable des ressources au sein d’un seul hub de durabilité.

« Nous offrons déjà un ensemble de services soutenant l’innovation durable », explique Johnny Brebels, Director Company Relations and Support chez Luxinnovation. « Ce printemps, nous avons lancé le programme « Fit 4 Sustai nability » qui offre aux entreprises un accès à de l’exper tise externe pour leurs projets de décarbonisation et de transition écologique. Elles reçoivent également un cofi nancement étatique simplifié pour couvrir en partie le coût de consultance ».

« Notre rôle est d’aider les entreprises à trouver l’exper tise et les partenaires dont elles ont besoin pour réaliser leurs projets », explique Johnny Brebels. « Afin de dévelop per encore plus cette mise en relation, nous travaillons sur une cartographie nationale des facilitateurs de la tran sition durable. Nous mettons également en place des pro jets collaboratifs qui répondent aux besoins collectifs de certains groupes d’entreprises sur des domaines d’activi tés équivalents. J’invite toute entreprise luxembourgeoise qui s’intéresse à la transition durable, quel que soit sa taille ou son secteur, à nous contacter afin de discuter comment nous pouvons travailler ensemble ».

EN_SAVOIR_PLUS

LUXINNOVATION t. +352 43 62 63-1 sustainability@luxinnovation.lu www.luxinnovation.lu

PUBLIREPORTAGE
Décarbonisation, efficacité énergétique, économie circulaire – Luxinnovation accompagne les entreprises qui souhaitent réduire leur impact environnemental et gagner en compétitivité durablement.
Crédits Shutterstock

Les banques face aux défis ESG

La durabilité est devenue un enjeu stratégique pour toutes les banques luxembourgeoises, appelées à jouer un rôle central d’accompagnement et de soutien en faveur d’une transition verte et d’une économie plus résiliente. Ces attentes fortes s’accompagnent de nombreux défis.

Crise climatique, préservation de la biodiversité, réduction des émissions de gaz à effet de serre… Les enjeux liés au développement durable sont au cœur des préoccupations des citoyens, des États, mais aussi des entreprises, appelées à revoir leur modèle et leur stratégie en faveur d’une économie plus verte et résiliente. Dans ce monde en pleine mutation, le secteur bancaire, qui finance directement ou indi rectement une part majeure de l’économie de l’Union européenne, est appelé à jouer un rôle central d’accompagnement et de soutien en faveur de cette nécessaire transition. « Cet engagement prend plusieurs dimensions. Pour commencer, nous avons ce souci d’être un banquier responsable, fortement engagé en faveur du développement durable, et notamment de toutes les initiatives qui visent à protéger l’environnement, limiter le réchauffement climatique et préserver la biodiversité, confie Arnaud Jacquemin, CEO de Société Générale Luxembourg. Cela nécessite bien sûr de mesurer notre propre impact en tant qu’entreprise. Mais, plus fondamentalement, notre objectif est d’avoir un impact positif dans le cadre des activités que nous menons en tant que banque : d’une part, par une participation active au financement de l’économie, en accompagnant les entreprises dans leur propre transition énergétique, et plus largement dans leur prise en compte de toutes les problématiques RSE, et, d’autre part, dans le cadre de nos activités de banque privée notamment, par des offres d’investissement durable à destination de nos clients, afin de leur permettre de soutenir cette transition. »

Aujourd’hui, l’Europe se positionne comme la zone mondiale de pointe sur ce sujet de l’investissement durable. Cette dynamique se traduit concrètement par la construction d’un environnement législatif et réglementaire très fort, s’accompagnant de nouveaux standards, notamment pour permettre aux banques de classifier leurs produits d’investissement selon leur caractère durable ou non. Le cadre concernant la finance durable est de mieux en mieux défini grâce à des textes tels que la Sustainable Finance Directive Regulation (SFDR) et la taxonomie. Au travers de ces directives, le régulateur vise la transparence et incite les entreprises à communiquer sur l’impact environnemental et social de leurs produits et activités. Avec de nombreux défis à la clé.

Une information nécessaire et parcellaire

Pour évaluer au mieux l’impact d’une entreprise donnée, les banques ont besoin d’avoir accès à une information fiable et régulièrement mise à jour. « Obtenir des données de qualité est un défi majeur pour tout le secteur, témoigne Daniel Biever, head of investment desk chez Raiffeisen. Nous travaillons dans un environ nement qui évolue en permanence, notamment du point de vue réglementaire, il n’est donc pas

48 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022 Dossier

toujours évident de gérer la fiabilité des données dont nous avons besoin. D’autre part, nous sommes confrontés à une masse d’informations hétérogènes qu’il faut pouvoir trier. Par exemple, les avis sur le caractère durable d’un fonds peuvent varier d’un fournisseur à un autre. » À cela s’ajoutent des réglementations complexes qui, bien qu’elles aient le même but, utilisent parfois des critères différents pour évaluer le caractère durable ou non d’un investissement. « Contrairement aux données financières, les données ESG ne sont pas encore standardisées et sont, en conséquence, plus difficiles à obtenir et à exploiter, précise Benn Wurth, head of risk management de Spuerkeess. La croissance rapide du marché de la donnée engendre un certain nombre de limites, dont les fournisseurs doivent se saisir afin d’améliorer les pratiques, notamment en matière de transparence des méthodes. En outre, pour une grande partie des entreprises luxembourgeoises, les fournisseurs de données internationales ne disposent pas de données ESG. Nous sommes donc amenés à collecter nous-mêmes ces nouvelles informations auprès des clients. »

Vérifier la crédibilité des engagements

Ce besoin d’informations précises et vérifiables doit permettre aux banques d’offrir toute la transparence nécessaire à destination de leurs clients. « Nous ne pouvons évidemment pas réaliser seuls notre engagement, qui est d’at teindre la neutralité carbone de nos activités à l’horizon 2050, reprend Arnaud Jacquemin. Ceci ne peut se faire qu’en étroite collaboration avec les clients que nous finançons, qui euxmêmes doivent évaluer leur propre impact. Nous avons donc, collectivement, un besoin d’accéder à l’information la plus complète et la plus fiable possible, y compris de la part

d’agences de notation indépendantes, afin de bien calibrer les modèles qui permettront de mesurer le chemin à parcourir précisément pour remplir les engagements qui sont pris. »

Avant même l’accès à l’information, l’un des premiers défis que rencontre le secteur consiste, avant tout, à se mettre d’accord sur la définition d’un investissement durable. « Les questions qui tournent autour des thèmes de l’environnement, du social et de la gouvernance posent des défis inédits et complexes qui ne relevaient auparavant pas des attributions des établissements financiers , constate Marco Rasqué Da Silva, secrétaire général et viceprésident de Spuerkeess. Ces thématiques nécessitent des compétences spécifiques, d’où l’importance de collaborer avec la communauté scientifique, afin d’améliorer les pratiques relatives

au climat et à l’environnement. Afin de répondre à cet enjeu, nous avons créé un conseil consultatif de la durabilité. Ce projet novateur a reçu le soutien officiel du ministre des Finances ainsi que du conseil d’administration de Spuerkeess et de ses dirigeants. Il apporte non seulement une valeur significative aux projets et aux activités de Spuerkeess, mais il enrichit également le secteur financier luxembourgeois dans son ensemble, de même que d’autres secteurs exposés aux risques environnementaux. »

Une matière complexe à appréhender

Au centre de cette nouvelle galaxie de l’in vestissement ESG se trouve le client, parfois bien démuni face à la multitude d’informations qui circulent sur le sujet. « Le véritable enjeu est de construire une offre compréhensible et transparente, afin de permettre à notre client de prendre les bonnes décisions, confie Jacques Hoffmann, responsable ESG de Raiffeisen. Nous devons parvenir à mettre des mots simples sur des matières complexes. Peu importe les réglementations en vigueur, l’objectif doit être de servir au mieux le client, de lui proposer des produits qui correspondent à ses attentes, de la carte de crédit durable – qui permet de planter des arbres – aux prêts pour financer des projets écologiques, en passant par une gamme de produits d’investissement que peut proposer une banque coopérative, responsable et durable par essence.

»

La création de cette offre durable s’accom pagne d’un important besoin de pédagogie, à destination du public, mais aussi des colla borateurs de la banque. « Nous voulons éviter d’avoir des spécialistes RSE qui travaillent isolément, explique le CEO de Société Générale Luxembourg. Bien évidemment, il faut des experts, car la matière est complexe et évolutive, mais notre volonté est de former l’ensemble des équipes afin d’intégrer nativement la dimension

Photo Anthony Dehez (archives) NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 49
« Quand on voit l’urgence qu’il y a sur le climat et la biodiversité, il faut avancer de façon volontariste, quitte à affiner les leviers progressivement. »
ARNAUD JACQUEMIN CEO Société Générale Luxembourg
LES INVESTISSEURS INDIVIDUELS FORTEMENT ORIENTÉS VERS LES PRODUITS À CARACTÈRE ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL
Source PwC Global AWM Research Centre 2022 9,4 %12,7 %41,4 %36,5 % 6,9 %7,8 %43,5 %41,8 % 8,4 %5,5 %30,5 %55,6 % Je préfère les produits alignés sur les objectifs environnementaux Je préfère les produits alignés sur les objectifs sociaux Je préfère les produits alignés sur les objectifs de gouvernance Je n’ai pas de préférence Retail Mass affluent (U)HNWI Finance durable

ESG dans nos activités, que ce soit dans la manière dont nous structurons des financements ou des produits d’investissement, mais aussi dans la façon dont nous fonctionnons au quotidien en tant qu’entreprise responsable. »

Ce besoin de formation, afin d’offrir au client la bonne information, est partagé par l’ensemble de nos interlocuteurs.

Enclencher une dynamique salvatrice

Une des grandes difficultés, aujourd’hui, est d’agir à très court terme pour avoir un réel impact sur l’environnement et le climat. « Nous sommes encore au début du chemin. Les normes et réglementations commencent à être plus cohérentes et organisées, mais le torrent d’in formations actuel rend parfois inaudibles certains messages de fond, constate Marco Rasqué Da Silva. Ces évolutions impliquent notamment d’adapter nos systèmes informatiques afin de traiter tous ces paramètres et d’avoir une visibilité sur les chemins à suivre, car la réponse à apporter aux défis ESG n’est pas unique.  » Face aux attentes grandissantes de l’Europe et des régulateurs, il est important pour les banques d’apprivoiser la matière afin de les mettre en œuvre de la meilleure des manières. «  La difficulté vient du fait que ces différentes régle mentations sont toutes récentes et ne sont pas toujours alignées. Les mettre en musique pose de nombreuses difficultés de fond et techniques. Mais dans l’esprit, ces règles ont beaucoup de sens et doivent progressivement permettre à toute l’industrie financière de suivre une voie commune. La taxonomie, par exemple, est la première brique d’un ensemble, qui nous donne un dictionnaire commun ; on sait que celui-ci n’est pas encore complet puisque, par exemple, il ne traite actuellement que du volet environ nemental et que la dimension sociale est à venir. De manière générale, tout n’est pas encore écrit. Il est donc important de maintenir un dialogue constructif avec toutes les parti es prenantes afin de faire converger les interprétations et les pratiques », souligne Arnaud Jacquemin.

Aussi, depuis août 2022, les banques sont obligées de demander à leurs clients s’ils souhaitent que leurs investissements soient durables et, si oui, pour quelle proportion de leur portefeuille d’investissements. « En pratique, nous avons établi un questionnaire Mifid afin de définir les préférences de nos clients en matière de durabilité, résume Daniel Biever. Aujourd’hui, le défi reste d’expliquer de façon simple toute cette thématique de l’investissement durable, qui regroupe une multitude de dimensions.

Mais je compare cela à l’essor de la compliance que nous avons vécu voici quelques années. Au départ, c’était contraignant et difficile à mettre en place, cela représentait des coûts importants, mais aujourd’hui, c’est devenu le standard. » Sur ce sujet, les banques attendent encore des déclinaisons techniques du régulateur, mais cela ne doit pas les empêcher d’avancer.

Dossier Finance durable

PROCHAIN DÉFI : LE REPORTING EXTRA-FINANCIER

Le 21 juin dernier, le Parlement européen, le Conseil européen et la Commission européenne ont trouvé un accord sur la nouvelle directive relative aux informations extra-financières qui doivent être fournies par les entreprises, connue sous l’acronyme CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Par le biais de ce nouveau texte sur le reporting extra-financier, les entreprises sont appelées à devenir des acteurs d’une politique sociale et environnementale responsable.

1 Qui est concerné ?

Les entités concernées par cette obligation de transparence sont celles remplissant deux des trois critères suivants : avoir un bilan de 20 millions d’euros, réaliser 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, employer au moins 250 salariés. Cela prend également en considération les entreprises cotées sur le marché européen. À ce jour, près de 50.000 entreprises seront concernées par cette nouvelle obligation d’information extrafinancière. « Mais elles ne seront que 180 au Luxembourg, et la moitié d’entre elles ne sont pas encore conscientes de cette obligation », témoigne Jacques Hoffmann, responsable ESG de la banque Raiffeisen.

2 Le calendrier

L’application de la directive se fera en plusieurs étapes. Dans un premier temps, à partir du 1er janvier 2024, elle s’appliquera à toutes les entreprises déjà soumises à la directive sur les rapports non financiers. À partir du 1er janvier 2025, elle sera étendue aux grandes entreprises qui ne sont actuellement pas soumises à la directive sur les rapports non financiers.

« En matière de transition environnementale, les chantiers sont gigantesques. Cela dit, il ne faut surtout pas attendre de disposer de la connaissance parfaite, de l’exhaustivité et de la fiabilité absolue des données et des modéli sations. Il faut, au contraire, enclencher la dynamique, même partielle. Quand on voit l’urgence qu’il y a sur le climat et la biodiversité, il faut avancer de façon volontariste, quitte à affiner les leviers progressivement », complète Arnaud Jacquemin.

Un risque climatique à intégrer Enfin, un autre enjeu concerne la prise en compte des risques climatiques de manière durable. « C’est un sujet central qui est activement suivi par la Banque centrale européenne (BCE), souligne Benn Wurth. Ces dernières années, le risque climatique a été intégré dans le risk management framework de la banque. Dans une première phase, Spuerkeess a mis en place des indicateurs pour mesurer le risque climatique en distinguant le risque de transition, par exemple par rapport aux émissions financées, et le risque physique, comme celui de financer un immeuble construit dans une zone inondable.

Au deuxième trimestre 2022, nous avons participé au stress test climatique de la BCE. Il serait aberrant que chaque banque développe son propre modèle, et nous avons donc des discussions régulières avec l’ABBL et les autres acteurs de la Place. »

La prise en compte de ce risque climatique ou environnemental va redéfinir la relation avec les clients. « À nos yeux, les risques liés au climat ou à la biodiversité ne sont pas de nouvelles catégories de risque qu’il faudrait traiter à part. L’évolution climatique et la dégradation de la biodiversité sont des processus qui ont des impacts sur les grandes catégories de risques que gère une banque : risque de crédit, risque de marché, risque opérationnel…, analyse Arnaud Jacquemin. Désormais, nous devons intégrer nativement cette dimension dans l’analyse globale d’un client que nous finançons, par exemple. Cela nécessite de faire évoluer les compétences de nos collaborateurs qui évaluent ces risques, mais aussi notre risk management framework . Cette évaluation du risque va s’affiner dans le temps avec la disponibilité de plus en plus grande d’informations fiables, l’émergence de standards suscités par nos superviseurs. Mais, là encore, il est essentiel de prendre le sujet à bras-le-corps dès maintenant. C’est central. Fiabiliser les trajectoires va prendre du temps, mais ce n’est pas une raison pour ne pas commencer maintenant. »

50 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022

2022

Asset and wealth management revolution

Exponential expectations for ESG

• US$33.9 trillion in projected ESG-orientated AuM by 2026, outpacing the industry as a whole.

• 8 of 10 US investors plan to increase their allocations to ESG products over the next two years.

• The race is on to shift allocations and retrofit existing funds to keep pace with investor expectations.

The ESG Opportunity in Europe

In this report, we highlight the results of a recent PwC global survey of asset managers and institutional investors. Our findings reveal an AWM industry in transition. For asset managers, our analysis of ten marketdefining trends stresses the urgency of moving away from ESG-orientated investments and, instead, integrating ESG principles into the heart of their purpose, strategy and investment management processes. the most extensive and up to date ESG information, it will be updated on a quarterly basis.

Olivier Carré

Financial Services Market Leader & Sustainability Sponsor Partner, PwC Luxembourg olivier.carre@pwc.com +352 49 48 48 4174

Oliver Weber

Luxembourg Asset & Wealth Management Leader Partner, PwC Luxembourg oliver.weber@pwc.com +352 49 48 48 3175

Frederic Vonner

Sustainable Finance & Sustainability Leader Partner, PwC Luxembourg frederic.vonner@pwc.com +352 49 48 48 4173

Steven Libby

EMEA Asset & Wealth Management Leader Partner, PwC Luxembourg steven.libby@pwc.com +352 49 48 48 2116

1 | EU Private Markets : ESG Reboot
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S’engager avec les autres sur la voie de la RSE

Au Luxembourg, les initiatives qui soutiennent et engagent les organisations en faveur d’un développement responsable se sont multipliées ces dernières années. Accessibles à tous, elles visent à accompagner les acteurs dans l’adoption de bonnes pratiques.

Qualité et excellence

Promouvoir la qualité et l’excellence dans le changement, en s’inscrivant dans une démarche d’amélioration continue. C’est la mission que s’est fixée le Mouve ment luxembourgeois pour la qualité et l’excellence. Il s’agit d’un réseau créé à l’initiative du List et du ministère de l’Économie, constitué d’organisations de toutes tailles. Parmi ses missions, on peut évoquer « la promotion et le sup port de toutes les démarches et initiatives visant la qualité et l’excellence sous toutes ses formes et dans tous les sec teurs d’activité », « l’accompagnement des entreprises et organismes au GrandDuché vers un management durable et performant », ou encore « l’animation d’un réseau d’échange de bonnes pra tiques entre des organismes de différents horizons ». Chaque année, le MLQE décerne les Prix luxembourgeois de la qualité et de l’excellence.

Droits de l’Homme

En date du 6 juillet 2022, le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, et les représentants de 50 entreprises luxembourgeoises ont signé le pacte national « Entreprises et droits de l’Homme ». Ce « pacte » s’inscrit dans le plan d’action national « Entreprises et droits de l’Homme » (PAN 2), adopté par le gouvernement en décembre 2019 à la suite d’une entente entre les secteurs public et privé, les institutions nationales des droits de l’Homme, la société civile, les syndicats et le monde académique. Le pacte natio nal est un engagement volontaire qui s’adresse aux dirigeants d’entreprise souhaitant mettre en œuvre les principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme. « L’adoption et la mise en œuvre du pacte national nous permettront de formaliser le partenariat et l’engagement conjoint entre l’État et les entreprises de suivre les obligations et les responsabilités qui leur incombent en vertu des principes directeurs des Nations unies », a souligné Jean Asselborn. En souscrivant au pacte, les entreprises s’engagent à : – sensibiliser leur personnel et leurs par ties prenantes à la protection des droits de l’Homme en entreprise ; – nommer une personne responsable dans l’organisation ; – former les salariés concernés en matière d’entreprises et de droits de l’Homme ; – développer des instruments de gouver nance permettant d’identifier les risques et de prévenir les violations des droits de l’Homme ; – mettre en œuvre une ou plusieurs voies de recours pour traiter les cas signalés de violation ; – publier un rapport annuel standardisé sur les mesures mises en œuvre. En adhérant au pacte, les entreprises bénéficient de certains avantages.

Au-delà de la visibilité, elles accèdent à des formations pour la mise en œuvre d’une diligence raisonnable relative au respect des droits de l’Homme, un package d’accompagnement sur mesure et un retour confidentiel sur leur rapport annuel par un expert externe, qui leur permettra de s’engager dans une amélio ration continue en matière de respect des droits humains.

52 SUSTAINABILITY NOVEMBRE 2022

Sécurité et santé

Être une entreprise responsable, c’est avant tout considérer que la vie est un bien non négociable et que si l’Homme est faillible et qu’il a des limites de tolé rance, chacun a droit à un lieu de travail sain et sécurisé. C’est autour de ces prin cipes qu’a été définie la Vision zéro, la stratégie nationale de prévention des accidents du travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles. Elle traduit la volonté solidaire des parte naires nationaux de redynamiser la sécu rité et la santé au travail et de mobiliser toutes les parties prenantes au niveau des employeurs et des salariés. La démarche se traduit notamment par une charte nationale pour promouvoir la sécurité et la santé au travail, à laquelle les entreprises sont invitées à adhérer. À travers elle, les signataires s’engagent notamment au respect de 7 règles d’or :

– faire preuve de leadership et d’exem plarité en matière de sécurité et de santé au travail ;

– analyser de manière systématique tous les risques et dangers ;

– mettre en place un programme d’amé lioration continue doté d’objectifs mesurables ;

– veiller à une organisation systémique des aspects touchant à la sécurité et à la santé au travail en insistant sur la clarté des consignes ;

– utiliser exclusivement une technologie garante de sécurité et de santé ;

– veiller à la qualification et au dévelop pement des compétences des salariés ;

– investir dans la participation active et la responsabilisation des salariés.

En 2016, lors de la campagne de lance ment, quelque 235 entreprises ont adhéré à cette charte, poursuivant l’objectif de diminution de 20 % du taux de fréquence national, tous secteurs confondus, des accidents liés au travail par rapport à 2014 (5,37 %), avec un effort particulier sur les risques les plus élevés. L’engage ment portait sur six ans. Au terme de cette année 2022, il sera intéressant de voir dans quelle mesure les efforts de ces acteurs ont porté leurs fruits.

Bonnes pratiques

Gouvernance

Se doter d’une bonne gouvernance est un élément essentiel dans la mise en œuvre d’une approche de dévelop pement responsable et durable. Sur ces sujets, l’Institut luxembourgeois des administrateurs (ILA) est la référence à l’échelon national. La mission de l’ILA auprès de ses membres est de promou voir la profession d’administrateur ainsi que les meilleures pratiques au Luxem bourg dans le domaine de la gouver nance des sociétés et des institutions. Elle poursuit ces objectifs en proposant des formations de qualité, des forums de discussion, des recherches, des publica tions et des conférences. Surtout, l’ILA, premier réseau pour les administrateurs luxembourgeois, anime de nombreux groupes de travail. L’un d’eux, notam ment, vise à encourager et soutenir ses membres dans l’adoption, le développe ment et le suivi des stratégies ESG dans leurs conseils d’administration et, ainsi, saisir les opportunités créées par la dura bilité dans tous les secteurs.

Diversité et inclusion

L’enjeu d’une politique de diversité consiste à faire en sorte que chaque per sonne dispose de possibilités d’emploi et de carrière en lien avec ses compé tences et aspirations, en respectant et considérant ses caractéristiques indivi duelles (sexe, âge, origines ethniques ou sociales, handicap, langue, religion ou convictions, opinions politiques, orienta tion sexuelle, entre autres). La promotion de la diversité par les organisations pri vées comme publiques est un enjeu-clé pour une société plus égalitaire, inclusive et respectueuse de chacun.

C’est dans l’optique d’enjoindre les acteurs luxembourgeois à s’engager dans cette voie qu’est née la Charte de la diversité Lëtzebuerg, portée par l’organisme IMS (Inspiring More Sustainability), en 2012.

Il s’agit d’un texte d’engagement arti culé autour de six articles portant sur la sensibilisation, la définition d’une poli tique de la diversité, une déclinaison des principes d’égalité et de promotion de la diversité dans les processus décision nels, une évaluation régulière, une com munication régulière à l’ensemble du personnel, l’intention d’encourager ses partenaires à œuvrer également en faveur de la non-discrimination. Elle guide les organisations, privées comme publiques, dans la mise en place de pratiques favorisant ainsi la cohésion et l’équité sociale par le biais de net works, workshops et conférences, en y associant l’ensemble des collaborateurs et partenaires.

En tant que charte nationale, elle apporte une vision commune de la diversité et du vivre-ensemble et soutient les signataires dans leur engagement à mettre en œuvre une gestion de la diversité au-delà des obligations légales.

Dix ans après son lancement, l’initiative réunit 256 organisations engagées en matière de diversité et d’inclusion. Il est encore intéressant de noter, dans une approche de développement durable, que le concept de gestion de la diversité et de l’inclusion sur le lieu de travail contribue au succès économique s’il est intégré consciemment dans la stratégie de l’entreprise et ses pratiques managériales.

NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 53

S’engager pour la biodiversité

Alors que la lutte contre le réchauffement climatique a longtemps été présentée comme le combat du siècle, la sauvegarde de la bio diversité apparaît désormais comme un sujet tout aussi important, voire crucial pour éviter un important déclin de notre civilisation.

Alors que la crise climatique et la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre sont au centre de toutes les attentions, il existe un autre sujet qui est jusqu’ici trop souvent resté dans l’ombre. Il s’agit de l’érosion de la biodiversité et de ses impacts – conséquents –sur notre quotidien. « Pourtant, depuis une vingtaine d’années, les rapports des scientifiques se multiplient et le constat est unanime : la nature voit son état, déjà critique, se dégrader à très grande vitesse, témoigne Laura Mullenders, project manager Waste Reduction Management & Biodiversity au sein de l’association IMS Luxembourg (Inspiring More Sustainability). S’il ne faut retenir qu’un chiffre, c’est celui-ci : un million d’espèces animales et végétales, sur un total estimé à 8 millions, sont menacées de disparition d’ici les trois prochaines décennies si aucune mesure n’est prise pour freiner cette tendance. »

Ce chiffre alarmant est le premier ensei gnement d’un rapport produit en 2019 par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), une communauté scientifique mon diale désignée comme le « Giec de la biodi versité ». Ce rapport souligne qu’une crise d’extinction massive des animaux et des plantes est en cours – la première depuis la disparition des dinosaures il y a environ 65 millions d’années. Ce déclin est sans précédent et, chose particulièrement préoccupante, en pleine accélération.

Un écosystème vital pour l’Homme

Le terme de biodiversité représente la diversité des êtres vivants et des écosystèmes : la faune, la flore, les bactéries, les milieux, les gènes… Au-delà des espèces animales et végétales, cette notion prend en compte les interactions qui existent entre eux et avec leur milieu de vie. « Dans un monde idéal, le système est appelé à s’autoréguler, mais dès qu’un maillon est endommagé, c’est l’ensemble de la chaîne qui est impacté. La disparition d’une toute petite espèce peut avoir un impact colossal sur une plus grande espèce, et ainsi de suite », poursuit Laura Mullenders. Autrement dit, « les inter actions biologiques étroites des espèces tendent, quand certaines disparaissent, à pousser les autres vers l’anéantissement. Ainsi, l’extinction engendre l’extinction », a récemment publié la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

En juillet 2022, l’IPBES a publié une nouvelle évaluation concernant l’utilisation durable des espèces sauvages. Ce rapport révèle le lien étroit entre l’économie, la survie des populations et la protection des écosystèmes. 50.000 espèces sauvages répondent aux besoins de milliards d’êtres humains, dont 10.000 pour l’alimen tation. Or, bon nombre de ces ressources sont surexploitées, donc menacées (12 % des espèces d’arbres et 1.341 espèces de mammifères

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LE PACTE NATURE

Le Pacte nature est un instrument du ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable visant à faire progresser la protection de la nature et des espèces au Luxembourg en collaboration avec les communes. Désormais, plus de 80 % d’entre elles ont signé ce Pacte nature qui veut favoriser le maintien des paysages ouverts, des forêts, des cours d’eau et des zones d’habitation riches en espèces et adaptées au climat. Afin de promouvoir la biodiversité en zone urbaine, le catalogue des mesures du Pacte nature contient près de 20 mesures concernant ce domaine spécifique, pour la mise en œuvre desquelles les communes reçoivent des points. Parmi celles-ci figurent notamment la plantation et l’entretien d’arbres et de haies, l’installation de nichoirs pour les oiseaux, les chauvessouris, les abeilles sauvages et les autres animaux, etc.

sauvages). « La biodiversité est le socle indis pensable à nos vies, reprend Laura Mullenders. Pour donner quelques exemples, sur le plan alimentaire, 75 % des types de cultures dans le monde dépendent de la pollinisation. Les produits naturels composent 70 % des médicaments utilisés contre le cancer… En résumé, plus les milieux se dégradent, plus l’industrie alimentaire, pharmaceutique, et bien d’autres, auront des difficultés à fonctionner. »

Les objectifs de l’Onu mis en danger Autre donnée intéressante, selon les experts et expertes de l’IPBES, si rien n’est fait dans les années à venir, l’érosion de la biodiversité pourrait empêcher la réalisation de 80 % des Objectifs de développement durable de l’Onu liés à la pauvreté, à la faim, à la santé, à l’eau, aux villes, au climat, aux océans et aux terres. Par ailleurs, selon le Forum économique mondial, plus de 50 % du PIB mondial dépend du bon fonctionnement de la nature et est donc directement menacé par la perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes. Les alertes sont nombreuses et doivent amener les États, les citoyens et les entreprises à agir pour enrayer ce cycle infernal.

Il est aujourd’hui acquis, au sein de la com munauté scientifique, que si le nombre d’espèces évolue en permanence, les activités humaines accentuent ces changements et sont considérées comme la principale raison de ces extinctions. Le Fonds mondial pour la nature (WWF), organisation non gouvernementale, évoque en particulier l’agriculture intensive, l’exploitation forestière, l’urbanisation, l’extraction minière, la pêche et la chasse intensives, la pollution, les espèces invasives et autres maladies, ainsi que le changement climatique.

Selon un nombre croissant de recherches scientifiques, pour faire face à la fois à la crise de la biodiversité et à la crise climatique, la moitié de la planète doit être maintenue

dans un état naturel. Certains articles donnent un chiffre plus élevé, et d’autres légèrement inférieur. En tout état de cause, les experts s’accordent à dire qu’un objectif intermédiaire scientifiquement crédible et nécessaire consiste à atteindre une protection minimale de 30 % d’ici 2030.

Au Luxembourg, la prise de conscience liée à ces enjeux est en cours. Sous l’impulsion d’IMS, les entreprises sont sensibilisées à ces questions cruciales pour l’avenir de nos enfants. « Nous avons commencé à travailler sur ce sujet en 2019, avec pour objectif de mettre en avant les meilleures pratiques dans le domaine, explique Laura Mullenders. La première étape a été d’observer ce qui se faisait déjà. Nous avons notamment parlé avec des experts et expertes du List et d’autres acteurs engagés. Nous avons également identifié les grandes organisations globales afin de nouer des partenariats solides ici et à l’étranger. »

Afin de se rendre compte concrètement de la valeur que représente la nature et des risques que nous encourons si nous n’en prenons pas soin, l’IPBES a publié, également en juillet 2022, un rapport d’évaluation sur l’estimation des différentes valeurs de la nature. « Ce texte relève que les profits à court terme et la croissance économique font l’objet d’une attention prédominante, tandis que les multiples valeurs de la nature sont rarement prises en compte dans les décisions politiques, stratégiques et opérationnelles, souligne Laura Mullenders. Pour donner un exemple, la HelmholtzGemeinschaft Deutscher Forschungszentren, le plus grand organisme de recherche allemand, a chiffré à 153 milliards d’euros la valeur du service de pollinisation des abeilles. Ce montant a été estimé en calculant ce que coûterait de payer des personnes ou des technologies de pointe pour remplacer ce service en se promenant de plante en plante avec des petits pinceaux couverts de pollen… »

D’autres initiatives ont vu le jour afin de mieux prendre en compte la valeur de la nature dans les politiques économiques. « La Capitals Coalition est une organisation internationale qui étudie cette notion de valeur dans toutes ces dimensions en prenant en compte le capital naturel, le capital social, le capital humain et le capital produit. IMS est récemment devenu le hub national de ce mouvement au Luxembourg et nous sommes ravis de pouvoir bénéficier de leur expertise , poursuit la project manager d’IMS. Le rapport indépendant Dasgupta Review, publié en 2021, appelle lui aussi les acteurs de la société à adopter un nouveau système de mesure de la qualité de vie, en y incluant le capital naturel.  » En parallèle, depuis juillet 2020, l’initiative internationale de la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) travaille à l’élaboration d’un cadre commun permettant aux institutions financières et aux entreprises d’évaluer, de

suivre et de publier les risques financiers liés au déclin de la biodiversité.

Au Luxembourg, IMS est sur le point de lancer un groupe de travail sur ce thème de la biodiversité, afin de réunir toutes les entre prises qui souhaitent s’engager sur le terrain. « Nous travaillons également au développement d’une méthodologie qui permet aux entreprises de se fixer des objectifs Smart afin d’améliorer leur performance écologique et d’en mesurer concrètement les effets. Notre rôle est d’apporter de l’inspiration, de donner une vue d’ensemble sur les outils et les initiatives existants », précise Laura Mullenders.

Initialement programmée en Chine en 2020, et après quatre reports provoqués par la pandémie de Covid 19, la 15e conférence mondiale sur la biodiversité (COP15) se tiendra du 5 au 17 décembre à Montréal, au Canada.

Ce rassemblement doit permettre d’établir un nouveau cadre mondial visant à mettre un terme à l’érosion de la biodiversité d’ici à 2030. L’enjeu est majeur : aucun des précédents objectifs globaux portant sur la période 20102020 n’a été atteint et la pression sur les milieux naturels ne cesse de s’accroître.

Ce sommet portera-t-il ses fruits ? Il est trop tôt pour le savoir. En attendant, des entreprises explorent de nouvelles voies pour transformer les modèles afin de prendre en compte des défis comme la finitude des ressources et la détérioration du vivant. Elles redéfinissent la notion de succès, de mission et de vision de l’entreprise. Comment ? En s’assurant que tout ce qu’elles font, elles puissent le faire pour toujours. Ces acteurs économiques prennent désormais en considération les liens étroits qu’ils entretiennent avec les écosystèmes à travers la notion de « capital naturel ». La première étape est de quantifier l’approche, ce qui passe par la mesure d’impact, le moni toring et le reporting sur la biodiversité.

Ces démarches permettent d’organiser et de mettre en avant les informations importantes pour aider les décideurs à comprendre comment la nature influence la pérennité de leur entre prise. À l’heure actuelle, il existe de nombreux outils utilisés par différents secteurs. La Banque européenne d’investissement utilise, par exemple, l’Integrated Biodiversity Assessment Tool pour évaluer ses projets. D’autres utilisent le Global Biodiversity Score. Des acteurs comme la Commission européenne et l’IPBES cherchent à définir des pratiques normalisées et à mettre en place un référentiel commun, étape sup plémentaire pour œuvrer en faveur de la biodiversité.

NOVEMBRE 2022 SUSTAINABILITY 55

Mon geste quotidien pour l’environnement…

Pour partir en vacances, je me déplace…

Les petites actions du quotidien

Chaque geste compte pour protéger notre planète, en entreprise comme dans notre vie personnelle. Nous avons interrogé plusieurs responsables d’organisations luxembourgeoises à ce sujet.

Sébastien Jungen

DIRECTEUR GÉNÉRAL BAMOLUX

Norman Fisch SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INDR

Nancy Thomas DIRECTRICE IMS LUXEMBOURG

Remettre en question ce que je fais, pourquoi et comment je pourrais le faire en tenant compte des enjeux environnementaux.

En véhicule 100 % électrique ou en mini-van relativement autonome, et ce pour deux adultes et deux enfants. Vacances régionales obligent.

Au travail, la mesure ESG qui fonctionne le mieux…

Mon producteur local préféré…

La diversité en entreprise se décline chez nous par…

Considérer que l’unique valeur de l’entreprise, ce sont toutes les compétences (savoir-être et savoir-faire) de mes collaborateurs.

Utiliser les transports en commun au quotidien. Je n’ai plus de voiture depuis 15 ans.

En train. J’ai passé une petite semaine chez des amis en Bretagne. C’était agréable.

Depuis toujours, je me déplace en transport en commun.

L’évaluation ESR sur esr.lu

Une entreprise peut facilement situer son niveau de maturité face à une centaine de risques RSE identifiés.

Genaveh. Un grand coup de cœur pour Alexandra Kahn et son équipe pour leur excellent chocolat produit à Steinfort.

Le respect des convictions et tenter la parité hommesfemmes, difficile à atteindre dans notre métier.

Rosport, qui est d’ailleurs labellisé ESR –Entreprise Responsable.

La promotion dans le Guide ESR de quatre fiches techniques liées à la culture, à l’âge, à la santé et au genre.

En voiture. Nous sommes quatre avec trois animaux, nous ne prenons jamais l’avion.

Nous partageons beaucoup, avec l’équipe d’IMS, pour échanger nos idées dans le but de changer notre quotidien.

Mon jardin !

Le fait de permettre à tous mes collègues d’être euxmêmes et d’accepter toute leur diversité. Quelle richesse !

L’utilisation maximale et continue des produits cultivés dans notre potager.

En covoiturage pour aller dans les montagnes entre copains. Après, c’est à pied, d’un chalet à l’autre. Magnifique !

Jean-Louis Zeien PRÉSIDENT FAIRTRADE LËTZEBUERG PARTNER BAKER & MCKENZIE

Il faut des mesures concrètes dans les trois domaines, ce que nous concrétisons tous les jours.

Marcher. En plus, c’est bon pour la santé !

En avion. Mais ma voiture ne bouge presque jamais. J’espère que ça compense un peu.

Les gestes simples : ne pas allumer les lumières en journée, recycler ce qui peut l’être et garder en tête l’inclusion et la diversité.

La boulangerie Jos & Jean-Marie.

Qualité gustative rime avec produits locaux et commerce équitable.

Une équipe possédant des talents très variés, mais avec une vision commune animée par une directrice engagée.

Genaveh !

La prise en compte des particularités de chacun et la nécessaire flexibilité qui doit en découler.

De supprimer la notion de déchets, proposer des biens et services circulaires, durables, limitant la consommation et le gaspillage des ressources.

D’accompagner les entreprises et de valoriser leurs efforts pour contribuer au développement durable.

D’agir ensemble, de garder de la cohésion et que les citoyens ne se déchirent pas.

Une législation pour un devoir de diligence des entreprises afin d’assurer le respect des droits et de l’environnement. Cela doit faire partie de l’ADN des entreprises.

De préserver ce qui nous reste : notre planète abîmée et nos libertés.Le plus grand challenge collectif sera…

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Photos Bamolux, INDR, Guy Wolff (archives), Andrés Lejona (archives), Baker & Mckenzie, Genaveh et Shutterstock
Pick’n’mix

La famille Paperjam s’agrandit

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Décarboner à 50 % en 2030 : rêve ou réalité ?

Le gouvernement luxembourgeois a annoncé une décarbonation à 50 % pour 2030, sachant que l’objectif européen est la neutralité climatique en 2050. Ce but est-il accessible ? Nous avons posé la question à trois personnalités sensibles à ces questions.

Automobile Club Luxembourg

« Les habitudes doivent changer et il s’agit d’un travail de longue haleine. »

1ISABELLE FABER Directrice RH, Relations publiques, RSE Post Luxembourg

Je ne qualifierais pas l’objectif « 50 % en 2030 » de rêve ou de réalité, mais de néces sité. La neutralité carbone de 2050 ne peut être atteinte que si nous visons une réduc tion de plus de 50 % dès 2030. Avant de mettre au point la feuille de route pour atteindre cet objectif, il est indispensable de faire un état des lieux de la situation. Les habitudes doivent changer et il s’agit d’un travail de longue haleine demandant un effort collectif parfois considérable. Il y a déjà un engagement défini par un cadre juridique de plus en plus strict, s’appliquant à tous, acteurs économiques et citoyens. Surtout, chacun doit s’engager, à titre personnel, à changer ses mauvaises habitudes et à servir d’exemple pour une consommation plus durable. Pour certaines entreprises, le green est devenu un argument commercial. Cependant, le consommateur saura rapidement faire la différence entre le greenwashing et un véritable engagement pour la durabilité. Au final, il appartient à chacun de vouloir réduire ou non son empreinte carbone, mais il faudra fournir des indicateurs précis et homogènes le guidant dans son choix.

Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord savoir qu’une période d’environ 15 ans est nécessaire pour renouveler un parc automobile. Cette hypothèse de décar bonation se base sur un renouvellement de ce parc uniquement avec des véhicules élec triques. Or, aujourd’hui, nous atteignons à peine 15 % de vente de ce type de voiture. Sur base de ces calculs, on ne vendra certai nement pas 50 % de véhicules électriques en 2030, même si leurs ventes devraient dépasser celles des voitures thermiques.

En se basant sur les émissions théoriques du parc automobile de 2030, on peut sup poser que nous serons sous le seuil des 50 % d’émissions par rapport à 2005. Ces chiffres théoriques ne tiennent compte que des émissions lors de l’utilisation et non du cycle de vie complet du véhicule. À l’ACL, nous pensons que cet objectif ne sera pas atteint. La production de voitures élec triques émet ±40 % de CO2 en plus que celle des véhicules thermiques, et la durée d’utilisation est trop courte pour amortir la « dette CO2 » engendrée.

« Pour continuer à diminuer les émissions, nous devons faire évoluer notre mobilité vers les transports publics ou le vélo. »

3GILBERT FRIDGEN

PayPal-FNR Pearl chair en services financiers numériques SnT – Université du Luxembourg

Il faut clarifier le champ d’application : 2005 est l’année de référence pour le Green Deal européen qui se concentre sur les secteurs des transports, de la construction, de l’agri culture et de la pollution. La première source d’émissions de CO2 au Luxembourg est la mobilité. Selon la Commission euro péenne, ces émissions ont déjà été réduites de plus d’un tiers. Alors, sommes-nous dans la bonne direction ? Certes, mais, pour continuer à diminuer les émissions, nous devons faire évoluer notre mobilité vers les transports publics ou le vélo. Cela implique un changement des mentalités, et des inves tissements conséquents dans les infrastruc tures. Le réseau électrique doit être préparé afin d’accueillir un nombre important de véhicules électriques, et les trains, les trams et les vélos doivent être compétitifs, non seulement en termes de prix, mais aussi de vitesse et de confort. Cette transition offre des possibilités d’innovation. Mon groupe de recherche au SnT collabore avec Encevo pour soutenir ce passage vers les énergies renouvelables et la mobilité électrique.

La recherche, l’industrie et les décision naires doivent collaborer étroitement pour relever ces défis.

Forecast
Photos Guy Wolff, Matic Zorman et Maison Moderne (archives)
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« On ne vendra certainement pas 50 % de véhicules électriques en 2030. »

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Mon conseiller aussi.“ Banque de Luxembourg, société anonyme –14, boulevard Royal –L-2449 Luxembourg –R.C.S. B5310 –Crédits photo Stocksy by Studio Firma

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