7 minute read
INTERVIEW PASCAL BOUVRY
Avec Pascal Bouvry (Uni)
À l’origine de la création de l’Université du Luxembourg et aujourd’hui chef du département Computer science, Pascal Bouvry a participé au lancement du premier master en high performance computing en septembre. Il en évoque les besoins et les ambitions.
Il va nous falloir des spécialistes de la qualification de données, non ? Oui, des « data stewards » comme on les appelle. Le gouvernement a approuvé une plateforme d’échange de données. L’idée est de réunir des hommes et des femmes qui vont aider les entreprises ou les médecins à essayer de trouver les données, les qualifier, les nettoyer, les transformer et les archiver, en tenant compte des questions de respect de la vie privée. C’est un des métiers qui vont aider les entreprises à définir le cycle de vie de la donnée. Nous aurons aussi les data scientists, qui seront là pour traiter les données. Nous avons déjà un master en data science qui fonctionne. Nous allons faire en sorte d’avoir des cours en commun entre les masters en HPC, en informatique et en data Qu’est-ce que le high performance science. Nous avons, par exemple, recruté un computing ? professeur en machine learning qui donnera L’art de pouvoir utiliser au mieux un high per- un cours transversal. Il nous faudrait peutformance computer ! Au départ, il était prin- être aussi une formation de data steward. cipalement utilisé par les physiciens, puis par les biologistes, en tout cas ici, à l’Université. Combien nous faut-il Nous sommes passés d’un mode de calcul de ces nouveaux talents ? intensif à un mode big data. Aujourd’hui, de Des milliers. Et même quand on croit qu’on plus en plus, on parle d’intelligence artificielle est confortable, au Luxembourg ou en Europe, et de machine learning. Ce n’est pas seule- les prix auxquels Google et les autres recrutent ment analyser des données pour avoir des dans la Silicon Valley montrent bien la concurstatistiques, mais trouver un modèle sous- rence. On n’a pas beaucoup de chances de jacent de ces données de manière à pouvoir gagner sur leur terrain, mais plutôt en ayant faire des prédictions. Le Luxembourg s’ins- nos propres niches. Ce que j’espère, c’est que crit plus dans la partie data analytics et intel- la formation continue viendra compléter les ligence artificielle. efforts faits par les universités. Peut-être que nous pourrions mettre certains modules du Qui sont les étudiants du master en HPC ? master à disposition de l’industrie. Il existe On va avoir deux « sources » d’étudiants. des possibilités de développer des formations La première rassemble des informaticiens en IA au niveau des BTS au Luxembourg. qui ont un bachelor en informatique et qui rejoignent le master. La seconde regroupe les Est-ce qu’il manque un champion de l’IA ? personnes disposant d’une formation en À l’Université, nous avons un plan sur quatre sciences – cela peut être aussi bien des mathé- ans. Des postes sont définis. Nous allons avoir maticiens que des ingénieurs mécaniciens, un champion en matière d’informatique quanetc. Nous ouvrirons l’esprit des informaticiens tique. Tout est en bonne voie. Ce qui fait peur, aux différents types d’applications et donne- c’est la situation économique et pouvoir remonrons une méthode pour utiliser les machines ter les bonnes informations vers les sphères à ceux qui ne sont pas informaticiens. politiques luxembourgeoise et européenne pour une bonne prise de décision. Dans quels domaines cela va-t-il servir ? Les vaccins. Le climat. La smart grid. Si on parle de finances, certains ont travaillé sur l’optimisation de portfolio pour le private equity avec la Banque européenne d’investissement. Nous avons tous les travaux sur tout ce qui concerne la maladie de Parkinson ou la génomique, ou, avec Goodyear, les pneus intelligents avec des capteurs. Dans le domaine spatial, comment s’assurer que les débris ne « Il nous faudra des milliers d’experts » vont pas finir dans un satellite et comment bouger ce dernier au bon moment ? Dans l’agriculture, comment et quand arroser ou remettre des engrais ? Au niveau des nouveaux types de matériaux, on peut avoir des modèles de plus en plus raffinés d’usure de ponts et des infrastructures critiques. Est-ce qu’il existe des différences dans les jeux de données ? Au Luxembourg Centre for Systems Biomedicine, concernant les maladies dégénératives, comme celle de Parkinson, le problème qu’on avait venait de la taille relativement petite de l’échantillon. On a fait appel à la Grande Région pour avoir des cohortes d’individus comparables et assez larges. Il peut y avoir l’une ou l’autre différence selon l’origine. Il faut savoir ce que l’on cherche. Le biologiste va m’amener sa modélisation, sa problématique, et nous allons regarder comment l’intégrer dans l’ordinateur de manière efficace. On ne peut pas être spécialiste en tout, et c’est là que le côté interdisciplinaire est intéressant : mettre un médecin avec un biologiste, avec un informaticien et un mathématicien, voire un physicien. Il y a certaines analogies avec la nature qu’on utilise aussi en informatique, comme un système immunitaire artificiel. C’est ce que l’on a utilisé pour faire de la détection d’intrusion sur internet. À partir du moment où l’on a un modèle artificiel, on peut inviter les médecins à tester s’il y a des similarités avec le corps humain. Pour citer un autre exemple, une équipe travaille sur des essaims de drones à partir d’une analogie avec une colonie de fourmis. Ces dernières se promènent en laissant des traces de phéromones. Elles vont de leur nid à la nourriture par le chemin le plus efficace. Si ça sent bien les phéromones, toutes les autres fourmis suivront le même chemin et on obtiendra le chemin le plus court. Nous avons essayé de voir si certaines phéromones n’étaient pas seulement attractives, mais aussi répulsives. Nous avons installé cela sur nos essaims de drones pour faire de la couverture de zones, pour ne pas que deux drones soient au même endroit. Interview THIERRY LABRO
Guy Wolff Photo
10 × 6
En six minutes chacun, dix experts interviennent sur scène devant un public allant jusqu’à 600 personnes. C’est le rendez-vous mensuel incontournable du business club, véritable format flagship. Huit rendez-vous sont donnés pour 2023. Les présentations se font en français ou en anglais, selon la préférence de l’intervenant. Une interprétation simultanée vers l’anglais et le français est disponible.
25.01 10×6 Leading CIOs’ challenges
Dix CIO partagent leurs principaux challenges à relever en 2024 dans leurs secteurs respectifs : place financière, services, industrie, institutions. Seront abordés les thèmes de la cybersécurité et du cloud lors de ce 10×6 qui réunira des experts tech de grandes entreprises et institutions comme des fournisseurs.
28.02 10×6 Women on board
Trois années après son premier listing « 100 femmes pour votre conseil d’administration », Paperjam en sort une nouvelle version. À la veille de la publication du magazine, la scène du 10×6 accueille 10 témoignages illustrant la diversité des parcours et des points de vue, et certainement les bénéfices apportés par la féminisation des conseils d’administration.
25.04 10×6 PME : scale me up !
Colonne vertébrale de l’économie luxembourgeoise, les PME font preuve d’inventivité et de pragmatisme pour accélérer et structurer leur croissance de façon échelonnée. Innover, recruter, produire, vendre, lever des fonds : ces dirigeants cumulent les défis. Ils sont à l’honneur lors de ce 10×6.
26.05 10×6 Alternative investments
La gestion d’actifs alternatifs est une expertise mondialement reconnue de la place financière luxembourgeoise. Ces classes d’actifs, moins liquides que les investissements traditionnels, donnent lieu à une diversité de véhicules et de stratégies d’investissement que nous aborderons lors de ce 10×6.
20.06 10×6 Architecture + Workspace
Dix bureaux d’architectes au Luxembourg présentent leur sélection de projets d’espace de travail. L’occasion d’appréhender, par exemple, les nouveaux usages et les innovations dans la conception, le développement et l’aménagement de bureaux ou de sites de production industrielle.
11.07 10×6 Talent acquisition
Problématique certainement la plus brûlante de ces dernières années, la pénurie de main-d’œuvre touche tous les secteurs. Comment recruter ? Dans ce 10×6 et le supplément Paperjam, experts et DRH partagent notamment leurs bonnes pratiques pour attirer, chasser, sélectionner, recruter et onboarder les talents.
24.10 10×6 Successful strategies
De la théorie à la pratique : 10 dirigeants partageront le récit de la conception et de l’implémentation de leur stratégie d’entreprise. Industrie ou services, du business plan initial à l’exit réussi, que nous enseigne l’épreuve de la réalité ?
21.11 10×6 Generation Z
Génération la plus connectée, les zoomers (jusqu’à 27 ans aujourd’hui) succèdent aux millennials et arrivent progressivement sur le marché du travail. Que ressentent, que désirent et comment réfléchissent ces nouveaux consommateurs, ces nouveaux citoyens, employés, collègues, voire même déjà patrons ? Dix témoignages inspirants de jeunes orateurs et oratrices.