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VUE SUR L’HISTOIRE

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VUE SUR L’HISTOIRE

1895-2035, retour vers le futur de l’automobile

La première immatriculation d’une voiture au Luxembourg remonte à 1895. Qui aurait pu s’imaginer, à l’époque, que l’Europe allait se prononcer pour l’interdiction de la vente de véhicules thermiques en 2035 ? Retour sur 140 ans d’une histoire d’amour entre les Luxembourgeois et l’automobile.

Auteur MICHAËL PEIFFER

11 %

Fin 2022, les modèles électriques (3 %) ou hybrides (8 %) composent 11 % du parc automobile du pays. La première trace d’un véhicule immatriculé au Luxembourg remonte au mois d’août 1895, nous apprend la Société nationale de circulation automobile (SNCA) sur son site internet. À l’époque, le numéro « 1 » est attribué à un véhicule de la marque Benz. L’histoire ne nous dit pas si c’était une Benz Victoria – le premier véhicule à quatre roues du constructeur allemand, produit de 1892 à 1898 – ou une Benz Velo. Sorti en 1894 sous le nom de « Velocipede », ce modèle a été breveté en 1895 et produit jusqu’en 1901 à un total de 1.200 exemplaires. Dans sa première version, il atteignait une vitesse maximale de 20 km / h et coûtait 2.000 marks…

Nous sommes alors à l’aube du 20e siècle et personne ne peut encore prédire l’avenir flamboyant que va connaître la voiture au fil des décennies suivantes. Tout comme la société dans son ensemble, la mobilité routière au Luxembourg va fortement évoluer. Les données manquent pour connaître avec précision l’évolution du parc automobile luxembourgeois au cours de la première moitié du siècle, mais « depuis l’après-guerre, la longue période de paix et un climat social propice à la consommation aidant, l’automobile est devenue le principal mode de transport de personnes et de biens », confirme l’Institut national de la statistique et des études économiques (Statec) dans son étude sur les caractéristiques du parc automobile de 1962 à 2012.

Une croissance liée au développement économique En 1962, le parc automobile luxembourgeois comptabilise 55.000 véhicules. Il faut ensuite attendre 1974, soit une année après le premier choc pétrolier – responsable d’une très forte hausse des prix à la pompe –, pour voir ce parc franchir la barre des 100.000 unités. Sous l’impulsion du secteur tertiaire et de la place

financière en particulier, le Luxembourg devient, au fil du temps, l’un des pays les plus riches au monde. Et un paradis de la voiture… En 1990, le nombre de véhicules routiers en circulation atteint les 204.818 unités. Et c’est en l’an 2000 que le cap des 300.000 unités est franchi. Début 2012, il atteint les 430.000 unités et, fin décembre 2022, 600.158 véhicules étaient en circulation au Luxembourg, dont 444.477 voitures. En 60 ans, le nombre de véhicules en circulation a donc été multiplié par 11.

Durant les années 50 et 60, vu la densité de circulation sur les routes nationales, les premières autoroutes font leur apparition dans les pays européens. Ce n’est toutefois qu’en 1969, bien plus tard par rapport à ses pays voisins, que le Luxembourg met en service les premiers tronçons des autoroutes A1 et A4, d’une longueur totale de 5 kilomètres. Il s’agissait des tronçons Kirchberg-Senningerberg de l’autoroute A1 et Pontpierre-Esch/ Lallange sur l’A4. Rapidement suivent les autoroutes A3 (LuxembourgDudelange) et A6 (vers Arlon). Le réseau autoroutier comptait 78 kilomètres en 1990, 128 en 1995, 147 en 2012… C’est à cette époque que Tesla lance sa première voiture électrique de série, la Model S, l’un des premiers modèles électriques. Un événement encore anecdotique pour la grande majorité des automobilistes, au Luxembourg comme ailleurs.

La marche forcée vers l’électrification Depuis lors, le monde de l’automobile a toutefois connu un bouleversement sans précédent. Les voitures thermiques et leurs émissions de CO2 dévastatrices sont entrées dans le viseur de la Commission européenne. Principale mesure : la vente de voitures à moteur thermique sera interdite en Europe à partir de 2035. Au Luxembourg, une première étape d’envergure est programmée pour 2030. À cet horizon, le gouvernement a pour objectif d’atteindre la part de 49 % de véhicules électriques et plug-in hybrides dans le parc automobile luxembourgeois. Pour le moment, le pays est assez loin de cet objectif. Selon les derniers chiffres fournis par la SNCA, en décembre 2022, sur les 444.477 voitures en circulation au Luxembourg, on trouvait seulement 3 % de voitures électriques et 8 % de véhicules hybrides.

Bien sûr, grâce à l’aide financière octroyée à l’achat d’une voiture électrique et la révision du calcul de l’avantage en nature pour les salariés, la mobilité électrique séduit de plus en plus de monde. En 2022, la part des voitures électriques dans les nouvelles immatriculations a atteint 15,2 % alors qu’elles ne représentaient que 10,5 % en 2021. Les véhicules hybrides se maintiennent et progressent même légèrement avec une part de 28,2 %, contre 26,3 % en 2021. Mais la tendance est-elle suffisante ? Rien n’est moins sûr. Sur base du nombre actuel de voitures en circulation–et sans prendre en compte le fait que le parc automobile augmente chaque année –, il faudrait que les Luxembourgeois mettent au rebut quelque 169.000 voitures diesel et essence au cours des 7 prochaines années. Cela représente environ 24.000 véhicules à éliminer du parc automobile par an et à remplacer (ou non) par un véhicule électrique… Karl Benz pourrait-il seulement y croire ?

DE 1 À 600.158 VÉHICULES En 128 ans, le parc automobile luxembourgeois est passé d’une seule unité à un total de 600.158 véhicules en circulation. Les voitures particulières sont au nombre de 444.477. « 22,2 % de ces voitures sont immatriculées au nom d’une société (personne morale) », nous explique Manuel Ruggiu, directeur de la SNCA. De 2018 à 2022, la part des véhicules diesel est passée de 59 à 45,3 %. Concernant les modèles essence, la tendance connaît, par contre, une augmentation de 39,3 à 43,7 % dans le même laps de temps.

22 % DE VÉHICULES DE MOINS DE 2 ANS La moyenne d’âge du parc automobile dans l’Union européenne est de 11,8 ans. C’est au Luxembourg que ce parc est de loin le plus moderne avec 6,7 ans de moyenne d’âge. À l’opposé, les voitures qui circulent en Lituanie et en Roumanie ont en moyenne 17 années d’ancienneté.

TOUJOURS PLUS DE CAMIONNETTES Au cours du siècle dernier, le développement économique dans le domaine artisanal et commercial a littéralement fait exploser le nombre de camionnettes immatriculées au Luxembourg. Ainsi, depuis 1962, le nombre de camionnettes a été multiplié par 11 pour atteindre 40.956 unités au 31 décembre 2022.

TAUX DE RENOUVELLEMENT EN BAISSE En dehors des réimmatriculations de voitures d’occasion, le nombre de nouvelles immatriculations donne une indication sur le renouvellement du parc automobile. Selon les chiffres du Statec, le nombre de nouvelles voitures a augmenté jusqu’en 2008, année marquée par la crise économique et financière. En 2009, les immatriculations ont presque diminué de 10 %. Autrement dit, le taux de renouvellement du parc de voitures particulières et à usage mixte est passé de 16 % en 2008 à seulement 14,3 % en 2009. En 2022, avec 42.094 nouvelles immatriculations pour un parc global de 444.477 voitures, ce taux passe sous la barre des 10 % ! Cela signifie que moins d’une voiture sur 10 en service a été achetée au cours de l’année dernière.

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