RÉPARER ? Quand un soldat est amputé d’une jambe, il peut ressentir des douleurs fantômes au membre manquant. SÉPARATISME, EXTRÉMISME, BARBARIE, ISLAMO-GAUCHISME ET VALEURS RÉPUBLICAINES, IDENTITÉ, NATIONALISME, PATRIOTISME, SÉCURITÉ. Ces mots fantômes creusent le sillon de douleurs bien réelles. Blessures dans tout le corps, des blessures systémiques. Comment réparer ? Ils disent les valeurs républicaines, la sécurité, l’identité, la nation, la patrie. Pour le·la soulager, le·la médecin place un miroir face à la jambe restante de l’amputé·e. Le·la patient·e peut y observer les réactions du membre existant. Je dis que le miroir soigne. Se regarder pour s’interroger ensemble sur nos mémoires et nos présents. L’artifice soigne par des mots-rituels. Pour commencer, voici les questions : Quelle est ma responsabilité dans notre histoire coloniale ? Quelle est ma part dans notre islamophobie systémique ? Comment penser ma blanchité ? Comment décoloniser les arts en tant qu’artiste ? Quand est-ce que l’on aura les mêmes chances pour trouver un emploi ? Se loger ? Pour être soigné·e ? Pour faire de l’art ? Quand est-ce que la justice s’appliquera à tous·tes, de la même manière sans biais racial ? Quand écrirons-nous d’autres projets de loi que ceux que Kaouthar Harchi désigne comme des textes qui « sécurisent et racialisent les frontières imaginaires de l’identité française en fragilisant l’État de droit ? » Quand arrêterons-nous de fermer des lieux de culte sous prétexte de séparatisme religieux ? Quand pourrons-nous à nouveau filmer le visage d’un policier qui écrase d’un coup de botte de l’Histoire, le visage d’un noir ? Quand inscrirons-nous les noms des victimes des violences policières aux programmes scolaires ? Quand graverons-nous ces noms sur des monuments comme ceux de 14-18 ? Quand trouverons-nous légitime la parole d’un·e concerné·e sur sa propre histoire ? Ensemble, nous cartographions ces mots-miroir.
114
ﻣـﻘــﺎرﺑــــﺎت دﻳﻜــﻮﻟـﻮﻧـﻴــﺎﻟـﻴــــﺔ
اﻟﻤــﺘــــــــﻮﺳــــــــــﻂ