sans aucune aide de l’équipe de l’institut qui avait pourtant promis d’aider (nous n’étions que deux). Certains panneaux d’exposition n’ayant pas tenu, on nous fait revenir à deux reprises pour les remettre en place, avec du simple scotch!! Un autre ambassadeur, lors d’un dîner avec des acteur·rice·s de la culture, passe une bonne partie du dîner à raconter en détail la manière dont les autorités coloniales de son pays avaient assassiné un grand militant anticolonialiste tunisien… Une dame, dont le seul lien avec la Bande Dessinée est d’être née à Angoulême, nous invite à collaborer avec elle sur ce qu’elle appelle « Le premier Festival International de la BD en Tunisie ». En réalité, le premier Festival International de la BD en Tunisie a eu lieu en 1987, et l’année de cet incident j’étais co-directrice artistique de la 23è édition du Salon International de la BD de Tazarka en Tunisie. La dame a même annoncé sur ses réseaux sociaux!: « La BD arrive en Tunisie!! »!! La même personne a cherché à manipuler les différents membres du collectif et s’est montrée très irrespectueuse. En réponse à notre réticence à collaborer avec elle, cette dame a choisi de nous mettre sous pression, en envoyant un email dans lequel elle nous dénonce à la Cité Internationale de la BD d’Angoulême!! Nous n’avons pas de lien particulier avec la Cité, mais elle pensait peut-être que ses représentants avaient le pouvoir de nous punir ou de nous interdire de faire de la BD. La directrice d’un festival de BD d’un pays voisin, quand un auteur local a gagné un prix au festival, a déclaré à un ami!: « Dommage, j’aurais voulu qu’un Européen gagne!! » Au même festival, les artistes locaux qui participaient à l’événement, n’avaient pas accès à la cantine au même titre que les invités étrangers. Ils étaient même refoulés à l’entrée. Parmi les invités, nous n’étions pas tous traités de la même manière. Nous en sommes arrivés à établir un classement des nationalités!: Français, puis Belges, puis les autres nationalités européennes, ensuite les Subsahariens, les Arabes et enfin les locaux. Ceci n’est qu’un échantillon, et je suis sûre que ma mémoire en a refoulé plusieurs. Il est toutefois à noter que ces comportements ne sont pas réservés aux Occidentaux, mais beaucoup de locaux ont adopté ce comportement méprisant. Ils sont même les plus virulents, intériorisant cette vision hautaine par rapport à la population locale et choisissant, sans doute inconsciemment, de s’identifier au groupe dominant. Il y a donc non seulement un travail de redéfinition des relations et probablement aussi de refus de se soumettre plus longtemps, mais également un travail de conscientisation de ces rapports et de refus de les prolonger soi-même. Cette conscientisation est de plus en plus forte, et les voix d’insoumission commencent à s’élever, signes que de tels comportements intolérables et absolument insoutenables ne tarderont pas à être dénoncés et, espérons-le, dépassés.
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ﻣـﻘــﺎرﺑــــﺎت دﻳﻜــﻮﻟـﻮﻧـﻴــﺎﻟـﻴــــﺔ
اﻟﻤــﺘــــــــﻮﺳــــــــــﻂ