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Table ronde des éditeurs : « edition en fle/s : quels enjeux a l’heure du numérique ? »
TaBLe roNDe DeS ÉDiTeUrS : « eDiTioN eN FLe/S : QUeLS eNJeUX a L’HeUre DU NUmÉriQUe ? »
Participants : Sylvie Bigot (PUG), François Dupuis (Hachette), Ken (maison des langues), evelyne mazallon (Clé international), Fabienne Boulogne (Didier-Hatier), F. Barthélémy (Asdifle, modérateur).
F. Barthélémy (Asdifle) : La table-ronde des éditeurs en FLE, qui démontre une fois encore que l’association est un lieu de rencontres et d’échanges entre tous les acteurs du champ (chercheurs, étudiants, responsables d’instances de formation, etc.) nous permet, sous un angle différent des pratiques de classe ou de la recherche, de nous interroger sur la thématique transversale de nos rencontres du point de vue de l’édition. Il y a quelques années de cela, Francis Debyser s’interrogeait sur les outils pour la classe que sont les manuels. Il s’interrogeait, en l’occurrence, sur la pertinence des manuels SGAV qui, avec des guides pédagogiques très contraignants et directifs, limitaient terriblement le rôle de l’enseignant, sa liberté de manœuvre pour ainsi dire. Il en prévoyait la mort dans un article qui a fait couler beaucoup d’encre dans un numéro de la revue des Études de Linguistique Appliquée. Bien au contraire, la profusion de ces manuels ces dernières années sur le marché de l’enseignement du français langue étrangère et seconde, prouve que ceux-ci ne se sont jamais aussi bien portés alors que paradoxalement se sont développés des outils numériques qui aurait pu paraître concurrents ; espace de travail sur plateforme internet, cours sur smartphones ou tablettes, ou simplement kits de formation sur supports numériques. Avec le développement toujours plus manifeste de ces nouveaux outils pour l’enseignement des langues, risque-t-on de voir la prophétie de l’auteur se réaliser, ou bien le manuel papier a-t-il encore de beaux jours devant lui ?
F. Dupuis (Hachette) : L’instant et l’histoire : la question n’était pas évidente, par rapport à l’édition, et j’ai envie d’évoquer, certes un tout petit peu rapidement, du numérique de manière plus générale. Il y a à peu près une dizaine d’années que les éditeurs ont été confrontés au numérique, mais plus d’un point de vue technique ; c’est-à-dire que du jour au lendemain, on est passé de films (puisque qu’autrefois, on disposait de films pour ensuite les flasher, afin d’imprimer nos ouvrages) aux années, 1998/1999, durant lesquelles on nous a demandé de travailler sur du numérique, et des logiciels pour faire des maquettes, comme par exemple Xpress, Quark, etc. Donc le numérique, c’est quelque chose qui était déjà manifeste du point de vue éditorial mais qui était quelque chose que vous ne voyiez pas forcément, puisque les ouvrages qui étaient publiés pour vous, que ce soit à partir de films ou à partir de fichiers numériques, c’était peu transparent. Et puis, dans les années 1999-2000, certains s’en rappellent, la société qui s’appelait Cital, qui a été créée entre autres par Bernard Attali et Eric Orsenna, et qui a vécu à peu près 4 ans, de 1998 à 2002/2003, je ne sais plus exactement, a créé un livre qui s’appelait le C-book, et qui, véritablement, préfigurait la tablette que vous avez aujourd’hui, sans doute en moins avancée. Je me rappelle du salon du livre à Paris, où l’on voyait ces livres arriver et tout le monde trouvait cela révolutionnaire et en même temps pas encore commercialisable. Alors, le numérique aujourd’hui occupe une place évidente, il faudra juste voir par rapport à quel(s) contenu(s) ; quel contenu sur quel type de numérique ? Il y a des choses que l’on peut mettre sur des tablettes, d’autres concerneront les tableaux blancs interactifs, et d’autres enfin, adaptées aux téléphones. Je ne perds juste pas de vue que dans notre métier, on fait ce qu’on appelle du BtoB, on ne vend pas en BtoC, c’est-à-dire qu’on ne va pas directement au consommateur, on vend à des prescripteurs, aux professeurs. Cela passe donc par des intermédiaires et il faut toujours de la prescription ; des délégués pédagogiques pour vous rencontrer, des libraires,
et aussi des enseignants pour pouvoir utiliser ces livres mais aussi conseiller les élèves, les parents. La chaîne du numérique, d’un point de vue commercial, est compliquée, et elle n’est pas du tout réglée. Aussi la politique que l’on mène, c’est de réfléchir d’abord bien sûr au support -– on ne va pas faire des supports numériques si l’on n’a pas pensé à la politique commerciale, parce qu’on est quand même aussi des sociétés, on doit vendre, on faire des profits –, mais il y a aussi autre chose qu’il faut prendre en considération, c’est que le numérique, ce n’est pas gratuit ; il y a des auteurs derrière, et si vous êtes auteur ou si vous allez devenir auteur, vous viendrez nous voir et nous dire : « mais attendez là j’ai fait des choses pour vous, mais il n’y a pas de rémunération ? » ce dont il faut tenir compte, et demain, la place du numérique sera évidemment importante et dès aujourd’hui, il faut s’habituer à acheter du numérique mais en face de ça, il faut bien sûr une qualité qui réponde aux besoins des enseignants.
S. Bigot (PUG) : C’est vrai que, comme le disait François, on paraît être un peu en retard par rapport par exemple à l’Angleterre ou aux Etats-Unis, où le marché du numérique se déploie beaucoup plus fortement, mais je pense qu’une des raisons vient du fait qu’en France, la chaîne de distribution –la chaîne du livre et en particulier la distribution– est beaucoup plus développée qu’aux Etats-Unis ou en Angleterre. Il y a beaucoup moins de librairies aux Etats-Unis qu’en France et ceci rend les choses plus compliquées pour les éditeurs parce que souvent cette chaîne de distribution est intégrée à l’édition. Par exemple, un très gros distributeur comme la Sodis qui appartient à la maison d’édition Gallimard (vous avez également un autre distributeur qui s’appelle Volumen qui appartient à Lamartinière) qui a intégré cette chaîne de distribution dans les maisons d’édition, leur permet de faire des marges plus conséquentes mais aussi de faire vivre d’autres collections, d’autres parutions. Cet équilibre se trouve complètement chamboulé par cette arrivée du numérique. Ceci explique la raison pour laquelle les maisons d’édition sont très circonspectes, même si celles-ci prennent néanmoins conscience qu’il faut qu’elles contribuent au développement des manuels sur le marché du numérique et qu’elles s’y attellent. Par contre, on pourrait penser aussi qu’au niveau de l’apprentissage, tout se prête à développer davantage des solutions numériques. Des études ont été menées très récemment, aux Etats-Unis en particulier, auprès de lycéens d’une quinzaine d’années qui ont travaillé sur des supports numériques. On s’est aperçu qu’en fait, au niveau de l’apprentissage, certes, il y avait un intérêt et peut-être une motivation plus soutenue avec de tels supports, mais qu’au bout du compte, on ne constatait pas de meilleurs résultats pour autant. Je pense donc qu’il faut penser au numérique comme un complément au papier, et non comme un substitut. Une étude a également été menée récemment par des enseignants chercheurs en sciences cognitives, qui ont avancé l’idée que notre cerveau, à l’heure actuelle, pour apprendre, avait encore besoin du papier. Dans 20 ans, peut-être, aura-t-on changé et, effectivement, les nouvelles générations auront peut être appris à travailler de manière différente, mais dans tous les cas, aujourd’hui encore, on a besoin du papier. Un dernier point avant de passer la parole à mes collègues ; au niveau des freins qui se posent aux maisons d’édition, d’une part il y a l’interopérabilité des supports que l’on peut développer puisqu’aujourd’hui une solution que l’on va proposer sur TBI va demander un développement pour sa fonction sur tablette. Et quand on parle de développement, on est loin des coûts d’impression, c’est-à-dire que si l’on fait un ouvrage au format homothétique par rapport au format papier, on baisse inéluctablement le coût, le prix de l’ouvrage de 30%, parce que ceci représente la part d’impression de l’ouvrage, mais si on veut faire un vrai support numérique qui vient enrichir le papier, là on arrive à des coûts de développement qui peuvent aller de 10 000 à plus de 100 000 euros. Par exemple, l’ouvrage expérimenté chez Albin Michel qui s’appelle L’herbier, c’est 120 000 euros de développement. C’est vrai, il y a des liens, c’est dynamique, il y a de la photo, il y a de la vidéo, mais voilà, il faut bien être conscient que le vrai problème –qui n’en est peut être pas un si l’on évolue, si l’on trouve des partenariats– se décline en termes de coûts ; ceci peut être important au niveau des coûts de réalisation mais aussi au niveau de ceux de l’investissement
en temps, pour vous également, parce qu’utiliser de tels supports cela demande de l’information, de l’investissement, pour des résultats qui, au bout du compte aujourd’hui, ne sont pas forcément évidents en terme de performance de l’apprentissage.
F. Boulogne (Didier-Hatier) : La mort du livre papier, absolument pas, car nous sommes dans des schémas aujourd’hui, où il faut trouver un équilibre, et quand on parle de l’intégration, – je dis bien intégration du numérique dans la classe –, on touche à des considérations qui sont très importantes pour nous éditeurs, et c’est vrai qu’au niveau de l’enseignement-apprentissage, les nouvelles technologies sont présentes depuis très longtemps, depuis près de trente ans avec par exemple l’enseignement assisté par ordinateur. Il y a là des méthodologies sur lesquelles on peut s’appuyer et c’est ce que nous souhaitons. La première question qu’on se pose quand on souhaite intégrer le numérique dans la classe, c’est « pourquoi ? » Pourquoi en a-t-on besoin ? Dans notre appréhension de cette technologie, on ne pense pas à substituer une complémentarité, comme le disait Sylvie Bigot, et le défi consiste à répondre à la multi modalité de l’apprentissage comme le disait Francine Cicurel dans sa conférence. On n’est pas en permanence dans une activité, un genre d’activité, on n’est pas en permanence en exposition, il y a des temps de classe, et c’est là tout le défi pour les éditeurs, pour les auteurs, pour les enseignants ; trouver un équilibre dans tous ces temps d’apprentissage et répondre à cette multi modalité. A nous de réfléchir ensemble, parce que c’est vraiment vers une convergence de nos expertises à laquelle il faut arriver. Avant de penser technologie, pensons pédagogie. Certes l’enseignement assisté par ordinateur existe dans les pratiques depuis près de trente ans, voire plus, mais dorénavant, ce sont les institutions qui encouragent de plus en plus à intégrer le numérique dans la classe, dans les pratiques. F.Cicurel évoquait également le poids des structures sur les pratiques, et pour nous, il convient de nous interroger sur les manières d’accompagner le changement, la transition, vers une bonne intégration des nouvelles technologies dans la classe, sans écarter le papier, sans écarter les pédagogies mises en œuvre jusqu’à présent, et créer, finalement, un nouvel équilibre dans la classe, une nouvelle pédagogie. Il ne s’agit pas d’une révolution, mais véritablement d’une intégration des nouvelles technologies dans la classe. Un de nos auteurs, N. Guichon, qui vient de sortir un ouvrage intitulé Vers l’intégration des nouvelles technologies dans la classe, a fait une étude dans toute la France dans le secondaire, auprès des enseignants d’anglais, afin d’analyser leurs pratiques et l’intégration des nouvelles technologies dans leurs classes. Ce qui était intéressant, c’est justement qu’il s’interrogeait sur leurs représentations et les freins des enseignants qui auraient parfois peur d’un numérique qui les déstabiliserait dans leur relation pédagogique ou face à la technologie. Nous étions ravis de constater que le résultat de son enquête au contraire allait à l’encontre de ces représentations. L’enseignant va toujours accompagner les évolutions du support, de la plume au tableau – je ne prendrais pas votre formule du tableau à la tablette, mais c’est un peu ça – ; il a toujours été moteur et a intégré les évolutions. Les éditeurs, finalement, n’ont pas là de nouvelles casquettes. C’est la polyvalence de l’enseignant qui est importante aujourd’hui, et c’est à nous d’essayer de l’accompagner, en termes de stratégies, pour qu’il puisse être à même de transposer ces stratégies dans diverses situations. La réflexion que nous menons en ce moment se résumerait donc à proposer des supports pertinents qui répondent à vos besoins et qui justifient d’utiliser le multimédia ou le numérique –avec toute cette difficulté qu’est l’accompagnement au changement. Car si nous proposons des produits trop ambitieux en termes de technologie, de prise en main, ils ne répondront qu’à des enseignants très technophiles, qui finalement n’ont pas besoin de nous, parce qu’au vu de tous les logiciels disponibles aujourd’hui, ceux-là peuvent créer leur propre matériel. Je remets ma casquette éditeur pour appeler aussi à la convergence de nos expertises. Tout bon enseignant n’est pas forcément un bon auteur, et l’éditeur peut garantir une progression, une cohérence, si toutefois les enseignants nous apportent leur retour et nous fassent ainsi également grandir, en nous faisant opter pour des solutions raisonnables, raisonnées, constructives, évolutives. C’est un changement culturel pour les éditeurs qui, jusqu’à présent, proposaient des produits figés,
et là c’est très excitant de pouvoir envisager une évolution, un réajustement de solutions afin de mieux répondre aux besoins, de personnaliser. C’est à cela que sert le numérique, à personnaliser, à individualiser, à construire ensemble, en termes de conceptualisation. On peut faire, je crois, des choses très intéressantes sur le tableau numérique. Les solutions que nous proposons sont une première proposition, nous sommes vraiment ouverts à l’échange afin de pouvoir proposer à terme une méthodologie du TNI innovante. Pour l’instant, le TNI, la technique, est encore au-dessus de la pédagogie et il faut revenir un petit peu à nos fondamentaux. On a toujours eu ce travers au niveau de l’approche du multimédia, c’est-à-dire que la facilité des outils prime sur la pédagogie, tout comme l’effet séduction.
F. Barthélémy : Vous avez parlé, du numérique comme complément, et non substitut On a cependant l’impression – n’est-ce qu’une impression ? – que, pour l’instant, on est encore dans une période de transition où l’on assiste davantage à une numérisation des supports papiers antérieurs, sans qu’il y ait vraiment une révolution dans des contenus qui prendraient en considération tous les attributs, les caractéristiques du multimédia ?
E. Mazallon (CLE international) : En effet, pour l’instant on est vraiment dans une phase de transition. Mes confrères rappelaient d’un point de vue historique que le numérique ne vient pas tout juste de sortir, qu’il existe déjà dans les pratiques de classe, dans nos propres produits évidemment, et que en tant qu’éditeur l’on accompagne cette évolution. Aujourd’hui, ce qui apparaît, c’est qu’en tant qu’éditeurs, nous n’avons plus une approche purement « produit » quand on sort du matériel, mais une approche au niveau des usages. C’est vraiment très important de prendre en compte les usages. Du numérique, certes, mais pour quoi faire ? En effet on ne va pas proposer le même type de produit pour des besoins différents. Dans la classe aujourd’hui, on le constate, que ce soit ici en France ou à l’international, puisqu’on est tous amené à voyager et à proposer nos produits un peu partout dans le monde, la part du papier reste encore très importante. Évidemment, on la prend en compte, et le numérique, selon les pays, selon les zones géographiques, et selon les usages va être plus ou moins important. Quels sont ces différents usages ? Ça peut être un usage collectif, raison pour laquelle nous avons développé, par exemple, les supports numériques collectifs pour tableau blanc interactif. L’usage peut être aussi plus institutionnel. Des institutions qui décident de développer des bureaux virtuels, que ce soit au sein même de leur institution, ou pour créer des synergies au sein d’un réseau, par exemple, pour un réseau d’universités ou d’alliances françaises. Donc, là aussi, en tant qu’éditeur, il faut se préparer - et on le fait déjà - à proposer des produits qui viennent enrichir leurs bureaux virtuels. Mais les usages, c’est aussi par rapport, bien évidemment, à l’apprenant, qui n’aura pas les mêmes besoins que le professeur ou l’institution dans laquelle il se trouve. Là aussi, en termes de numérique, l’apprenant a aujourd’hui principalement son livre, mais de plus en plus souvent – et c’est encore plus fort dans certains pays –, voit-on apparaître des tablettes, que ce soit des i-pad ou d’autres androïdes. Il faut être prêt à pouvoir lui offrir aujourd’hui la possibilité d’acheter le livre papier ou son application.
F. Barthélémy : Avec l’apparition et le développement des outils numériques pour la classe, se créent aussi des besoins nouveaux en terme de formation, auxquels les éditeurs qui proposent, tentent de répondre. De quoi sont-ils faits et quelle est la demande en particulier, la plus fréquente ?
K. Perez (Maison des langues) : En tant que maison d’édition à étiquette pédagogique, nous essayons justement de proposer les contenus les plus adaptés pour permettre de privilégier une montée en compétence des professeurs, des enseignants, et donc de les accompagner. On le fait notamment à travers des formations– à travers l’actionnel par exemple–, sur des axes très théoriques, mais aussi de plus en plus, pratiques, notamment avec l’arrivée du numérique, l’utilisation du tableau
blanc interactif. Beaucoup de professeurs, quand ils reçoivent leur tableau dans leurs instituts, leurs alliances, ou leurs établissements, ne reçoivent qu’une formation basique du constructeur et qui ne se limite qu’à une démonstration commerciale des différentes fonctionnalités. Après cette première phase d’approche, d’apprivoisement des outils, le professeur a besoin d’avoir une réflexion où il va se demander comment penser pédagogiquement l’utilisation de ce tableau pour que cela soit cohérent et justifié dans sa classe. C’est à ces questions ce que l’on essaie d’apporter, en tant que maison d’édition, des réponses avec des formations qui correspondent à une véritable demande On va ainsi de plus en plus vers le contact avec nos interlocuteurs comme les enseignants qui viennent ainsi nous rencontrer.
F. Boulogne (Didier/Hatier) : Demander à l’enseignant, à partir d’un tableau blanc, de créer et scénariser, c’est difficile. Les enseignants que nous souhaitons accompagner de part le monde n’ont pas forcément le temps de créer du matériel. C’est extrêmement chronophage, nous sommes bien placés pour le savoir, lorsqu’on nous dit qu’il faut faire 60 heures de cours pour pouvoir vivre correctement. Faut-il proposer un certain matériel à des enseignants technophiles, qui ont déjà créé tous leurs supports, leurs contenus ? ou un autre, plus « clef en main », très scénarisé, à la majorité des enseignants qui a besoin d’outils et aussi d’un petit peu de formation pour pouvoir les prendre en main facilement, sans forcément avoir à créer de choses supplémentaires. Au sein des institutions, on demande aux enseignants d’intégrer le tableau numérique dans les classes, de créer du matériel, ce qui est chronophage et n’est pas forcément valorisé financièrement. Si ceci est attendu de la part de l’institution, il faut que cette dernière n’hésite pas à le valoriser.
S. Bigot (PUG) : Des outils vont aussi permettre de s’auto éditer. Il faut être très prudent, là aussi, parce que cette possibilité sera permise pour un auteur connu dont les ouvrages seront visibles sur les différentes plateformes, mais pour un auteur qui est moins connu, aucune communication ne pourra être faite, alors qu’habituellement celle ci est faite par l’éditeur C’est, à mon avis, quelque chose de très délicat qui se joue là. Deuxièmement, il y a toute la valeur ajoutée que l’éditeur apporte au niveau de la mise en forme et qui permet de donner du sens au contenu qui fait que le support de l’auteur va pouvoir aussi être utilisable par une majorité d’enseignants, d’apprenants. Avec cette auto édition, tout ce travail, cette valeur ajoutée de l’éditeur, risque de se perdre au fil du temps.