LE JOURNAL DES JEUNES #6

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Décli souvenir

Coups de cœur, couchers de soleil ou endroits insolites, envoyez vos plus beaux clichés à contact@chab.yt

Mes meilleurs moments de vacances d’août 2022

Mes meilleurs moments des vacances d’août 2022 étaient quand j’étais restée à la maison à regarder la télévision, cuisiner de bons plats et les déguster. Je partais jouer avec mes cousins, mes neveux chez ma tante. Ensuite, je retournais à la maison. Si je m’ennuyais ou étais fatiguée de regarder mes films préférés, je lisais mes livres, des poèmes pour ensuite les réciter par cœur : L’invitation au voyage de Charles Baudelaire, Liberté de Maurice Carême, Dernière Gerbe de Victor Hugo, Pour un art poétique de Raymond Queneau pour écrire mon propre poème. Il a pour titre "Recette d’une œuvre poétique" que vous pouvez lire ci-après.

Recette d’une œuvre poétique

Prenez de la peinture, Montez votre chevalet, Préparez votre palette, Versez-y de la peinture vive, Mettez toute votre inspiration, Saupoudrez d'étoiles, de couleurs, Dessinez un professeur, Dessinez selon votre goût, selon votre émotion, Voilà, la toile est finie, remplie de peinture vive Inspirée de Raymond Queneau

Johanne Maïna Ali Abdou Marwa Kenza Hanafi Coucher de soleil à M'tsamboro Terrain de football Chiconi
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Kamaria Houmadi, 5ème Victor, collège de M'gombani

on se bouge

Ismaël, Fahardine, Dada, Rafael, Ali, Tanwiri, Rachad et El-anrif Terminale bac pro AFB (Aménagement finition du bâtiment), LPO Tani Malandi Chirongui

Un conte pour grandir

De 2020 à 2022, deux classes de première baccalauréat professionnel du LPO Tani Malandi ont créé un livre pour enfant. Ces deux classes en aménagement et finition du bâtiment ont écrit un conte en français et en shimaoré intitulé "A Mayotte, Ben l'enfant des vents" qui sera publié en janvier 2023.

crise climatique et environnementale.

Le texte est sublimé par la beauté et la justesse des illustrations de Pascal Quéret.

Du français au shimaoré

La traduction a été réalisée avec l'aide précieuse de M. Rastami Spélo, président de l'association Shime qui souligne : "Si, comme moi, le texte en shimaore vous envoie dans les airs, merci de bien noter que la touche essentielle ici est celle des lycéens".

Le projet

Du doute à l'adhésion

"On n'y arrivera jamais" : voilà les premières réactions des élèves quand le professeur de français M. Vermeersch a proposé cette aventure littéraire. Un long travail de mise en confiance et d'encouragements répétés a permis aux élèves de croire en eux. Et les élèves se sont pris au jeu, chacun apportant sa contribution à la construction de l'histoire.

Ben et Cornu

Les deux personnages principaux symbolisent la jeunesse de Mayotte : Ben, jeune Mahorais de douze ans, toujours souriant et Cornu, zébu blanc et puissant qui le suit partout.

Les élèves ont voulu rendre hommage à Mayotte et montrer l'importance des relations sociales, le respect des anciens et des traditions. Ils n'ont pas oublié les problèmes cruciaux de notre époque : la

Les classes concernées sont deux classes de 15 élèves : première bac pro AFB année scolaire 20202021 et 2021-2022. Le livre intitulé compte 22 pages. Le thème central est de sensibiliser le jeune public à la lutte contre la pollution et la protection de notre patrimoine et de notre environnement à Mayotte. En collaboration avec l'illustrateur Pascal Quéret, les élèves écrivent le texte en français et expliquent les illustrations qu'ils souhaiteraient pour chaque page. M. Quéret se charge des illustrations et de la mise en page pour l'impression.

Le sujet

L'histoire met en scène un jeune garçon Ben qui part de Sada pour rejoindre Bouéni où il va aider son grand-père à cultiver son champ. Mais lorsqu'il arrive à Bouéni, Ben doit faire face à un grand danger pour toute l'ile qu'il est le seul à pouvoir faire disparaitre ; des nuages et orages créent une forte pollution sous forme de pluies gluantes qui détruisent la végétation et mettent en péril la barrière de corail. Cette histoire se passe dans un passé imaginaire. Elle met en avant la faune et la flore de Mayotte et la barrière de corail et rappelle une partie du patrimoine mahorais : bangas, foundis, traditions...

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Lycée de Dembéni

La belle harangue 2022 on propose

"Je représente moi aussi le futur de l’île aux parfums"*

Maintenant est venue l’heure de faire sonner le tocsin et d’en appeler à la richesse de ma culture, de ta culture, de notre culture.

Mesdames et Messieurs, inoubliables jeunes de Mayotte, mes semblables, je suis Chanfi Fayar, et je représente les oubliés de la République, ceux que l’on nomme "apatrides" et ce même si ça doit me coûter cher. Car je suis bel et bien originaire de ma terre.

Et que cela plaise ou non, je représente moi aussi le futur de l’île aux parfums. Je représente l’émergence de la terre qui m’a vu larmoyer pour la première fois. Tant d’accablés, de dénigrés ! Je représente ceux qui sont livrés au combat mais qui ne livrent pas le combat. Oui, parce que la vie est un combat qu’on doit livrer pour éviter de finir en bas. Je suis de ceux qui ne réagissent pas comme on le voudrait. Je fais partie de cette génération qui ne dit pas toujours ce que l’on veut entendre d’elle. Des délinquants, des jeunes cyniques, c’est ce qu’ils s’imaginent de nous. Ils ignorent que j’ai d’autres projets. Ils ne sont pas dans les secrets de mes pensées, ils ne peuvent donc pas savoir

Maintenant, je vis

Je ne sais pas pour vous mais j’en ai assez de jouer l’étranger dans ma propre vie, avant d’être avec les autres il faut d’abord être soi-même.

A vous d’être… ou à nous d’être ce rocher où s’écrasent les vagues de la peine et comme vous le savez, jamais la mer n’a emporté de rocher. Alors, on renonce à nos projets de vie les plus fous pour éviter de s’éloigner de nos amis, de nos familles et de notre société dont on est prisonnier. Mais à passer notre vie à éviter la solitude au détriment de nos rêves, on meurt un peu plus chaque jour, on se consume pour toujours.

J’en ai marre d’être totalement dépendant des autres pour exister, que ça soit en leur présence ou en leur absence.

Nous vivons par les autres comme les autres pour les autres, quelle absurdité !

que j’ai d’autres ambitions. Ils veulent me voir couvrir de honte l’image de ma précieuse terre. Mais je ne leurs donnerai pas raison.

Grâce à ma culture, notre culture, celle qui transcende ma motivation, nourrit mon ambition, alimente ma détermination. Je leur monterai leurs torts pour leur démontrer que notre culture vaut de l’or et ne mérite pas la mort.

Je ne suis pas dans les secrets des hommes et femmes qui rendent cette culture vivante, mais je crois désormais, pouvoir dire qu’à présent je suis dans leurs bonnes grâces. Alors même si les fils de mon existence sont tissés par d’autres mains que les miennes, je ne dévierai pas des principes qui désormais me guident. Je suis Chanfi, fils de Chanfi, descendant d’un autre Chanfi. J’apparus dans ce monde sur une île culturelle, alors je ne cesserai jamais de défendre cette image qui me permet de me présenter et de m’exprimer légitimement.

Maintenant, j’ai foi en ma, en notre destinée.

Fayar Chanfi, TG1

Ce n’est pas le cas pour moi car je dois partir, et vous ferez mieux de prendre exemple sur moi. Comme le disent si bien nos chers politiciens "L'union fait la force". Ta lumière - ma lumièrenos lumières formeront le soleil qui illuminera les ténèbres de nos misères.

Les nuits poursuivons nos rêves et les jours faisons de nos vies un projet.

Vis ! Ce qui est vraiment bon, c'est de se battre avec persuasion, embrasser la vie et vivre avec passion, perdre avec classe et vaincre en osant... car le monde appartient à celui qui ose ! La vie est beaucoup trop belle pour être insignifiante ! Partons fumer la vie avant qu’elle nous fume !

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Des larmes coulent

De la douleur en découle

Les cœurs s'endolorissent

Les âmes s'assombrissent

La dignité devient vaine

Et cette dernière me fait de la peine

L'humanité se détruit

De la méchanceté se construit

Stupides et cruels, deviennent certains

A cause de leur comportement, qui est malsain

Si l'union fait la force

Et que des réunions nous renforcent

Pourquoi, donc, on s'efforce

A être hostile et féroce

Mettre de côté nos différences

Pour faire triompher nos ressemblances

Est la seule proposition que j'avance

Afin de vivre dans la concordance

Arrêtons de juger sur les apparences

Souvent accompagnées par des "a priori"

Si tu ne supportes pas le silence

Sors ta rancœur et sourit !

Toi l’enfant de ma mère !

Cette vie est éphémère

Vaincre l'ignorance*

Maintenant je suis de ceux qui croient fermement que l’on peut éradiquer l’ignorance. Car l’ignorance est une maladie qui pollue les bons esprits. Comme disait jadis le grand Victor Hugo, "je suis de ceux qui croient qu’on peut détruire la misère".

Et la grande misère pour moi, c’est l’ignorance. Non, je n’incriminerai personne. Je me suis pris comme mon propre objet d’étude. Je me suis examiné. C’est pourquoi maintenant je suis en mesure d’affirmer que l’ignorance est la grande misère humaine. La violence gratuite, l’incivilité, l’agressivité, la barbarie, la misogynie, l’intolérance sont autant de symptômes de cette ignorance. Que de monstruosités humaines créées par cette peste qui détruit tout sur son passage ! Maintenant, je suis résolu à devenir un hussard noir de la République, notamment à Mayotte, son dernier enfant si fragile.

Cette terre luxuriante, féconde, qui nous donne

Viens ! On laisse parler nos cœurs

Car en vérité, nous sommes tous des frères

La terre est en train de crier

A cause de ces meurtriers

Qui voient leurs pouvoirs se multiplier

Alors qu’ils ne sont que des humiliés

Maintenant,

Si on décide de s’unir

On réussira notre avenir

Si on reste en dessous des normes

Apparaitra de l’animosité de toute forme

Maintenant, Soyons solidaires partout Nous irons au-delà de tout Evitons les histoires de race supérieure Pour s’éloigner des problèmes ultérieurs

Maintenant, Devenons tous des éducateurs Qui transmettent et partagent avec douceur Unissons-nous pour un lendemain meilleur Il n’y a que cela, ……………………majeur

Je me permets d’interroger cette société La nôtre, la vôtre

Aha Majani El-Hamid, CPGE2

"des fruits savoureux et des fruits singuliers" du Parfum exotique de Baudelaire, cette mer appelle, supplie la science et murmure à chaque habitant : "Etudie-moi, apprends à me connaître !". Ainsi, tu seras semblable au lagon, riche et agréable à regarder et à écouter.

Cependant, redoutez les abimes de l’ignorance aux tentacules multiples. Ce monstre hideux, une fois qu’il vous a saisi apparaît invincible et corrompt tout l’esprit.

J’invite tous ceux qui refusent comme moi d’être anesthésiés, hypnotisés par ce corrupteur, à éveiller leur faculté d’observation, et à analyser leur état singulier. Cela se fait par la rencontre des grands esprits de ce monde. Savourez leur chef-d’œuvre ! Lisez, lisez, lisez et aimez la science et le progrès. Vous vaincrez l’ignorance.

Maintenant, est-ce possible de s'unir et construire un lendemain meilleur ?
* Titres de la rédaction 5
Ankoubou Baco, 3PE2

on débat

PENSEZ-VOUS QUE

L’IMMIGRATION CLANDESTINE PROVOQUE UNE DÉLINQUANCE PLUS ÉLEVÉE À MAYOTTE ?

Définition de l’immigration clandestine

L'immigration clandestine désigne l'entrée sur un territoire donné d'étrangers ne possédant pas de visa; ou la poursuite d'un séjour sur un territoire étranger après l'expiration du visa.

Les avis

Zaïna*

Oui. Je pense que le taux de délinquance augmente à cause de l’immigration clandestine car vu qu’ils n’ont pas d’habitat fixe, ils provoquent des dégâts, des bagarres...

Julia*

Pour moi, je pense que la façon dont on traite les immigrés et le fait qu’on ne leur laisse aucun loisir, c'est ce qui augmente la délinquance. Cette dernière est directement causée par l’ennui et l’absence de perspectives d’avenir des jeunes.

Définition de la délinquance

La délinquance désigne une conduite individuelle caractérisée par la commission d’infractions plus ou moins graves souvent marquée par la réitération.

Anzilati*

Ils ne sont pas accueillis, on ne leur donne pas de rôle sur l’ile. Ils manquent de repère. Ils ont traversé des épreuves très difficiles. Ils cherchent un nouveau mode de vie. Malheureusement, rien n’est proposé, seule la délinquance est une opportunité qui s’offre à eux. Par la délinquance, ils se sentent écoutés entre eux, c’est la seule manière de s’occuper et d’exister.

Marie*

De base, s'il y a plus de personnes sur le territoire, il y a plus de risques de provoquer des conflits dû à la concentration de population. La vie en irrégularité provoque des contraintes. À Mayotte, beaucoup de personne vivent bien, ce qui crée de l’envie. Ils vivent sans cadre d’éducation et créent des gangs. Malheureusement dans les gangs il y a beaucoup de pression avec un manque d’infrastructures.

Paul*

La disparité sociale créée par la gestion des flux migratoires peut être à l’origine de la délinquance.

Abdou*

Non, je ne pense pas. Je pense plutôt que c’est à cause des anciennes histoires des villages, des communes.

Margot Landre de la Saugerie, 4ème Molière, collège de M'gombani
*Pseudonyme 6

L'interview Ludovic Carème, Photoreporter

Yakedhoiti : Bonjour à tous, bienvenue sur Cahweb, le média scolaire du collège Ali Halidi de Chiconi. Aujourd’hui, nous recevons Ludovic Carème, photoreporter dans des médias comme le journal Libération, Vogue, The Independent, L’Express, Le Monde ou encore le New-York Times, mais également photographe artistique avec une série de clichés et de portraits sur le Brésil. Bonjour Monsieur Carème.

Ludovic Carème : Bonjour Yakedhoiti, bonjour

Mounissa

Yakedhoiti : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Ludovic Carème : Je suis un photographe français qui a choisi de vivre au Brésil quand j’avais 40 ans, pendant près de 12 ans. J’ai commencé à travailler pour le journal Libération dès le début des années 90. J’y ai appris mon travail, j’ai fait beaucoup de portraits, mais pas seulement, aussi des reportages. Ensuite j’ai décidé de revenir à mes premiers amours, la photographie documentaire, et de m’y consacrer plus pleinement en arborant un travail documentaire sur le long terme, puisque ça m’a pris presque 10 ans pour faire deux travaux, un sur São Paulo et un autre en Amazonie.

Mounissa : Vous êtes né à Paris, vous avez suivi des études de photographie de l’ETPA de Toulouse. Pourquoi avez-vous choisi cette école ?

Ludovic Carème : Alors cette école… c’est une école, il n'y en avais pas tant que ça d’abord. Il y avait Louis Lumière, il y avait Les Gobelins à Paris, ensuite il y avait l’école d’Arles et puis celle-ci à Toulouse : l’ETPA. Il se trouve que j’avais une petite amie à l’époque qui vivait à Toulouse, alors je l’ai suivie et j’ai fait cette école.

Yakedhoiti : Quand la photographie devient-elle un art ?

Ludovic Carème : Aujourd’hui, plus que jamais, quand elle pose les problèmes. Quand on s’inscrit dans une démarche artistique, c’est pour… il faut quelque part, ce n’est pas de moi, mais de Didi-Huberman, qui dit : un artiste plus qu’aujourd’hui il doit aimer les problèmes. Il ne va pas les résoudre, mais les poser dans tous les cas. C’est ce que j’ai fait, je crois dans

mes travaux en Amazonie et à São Paulo. Qu’est-ce que c’est être journaliste ? C’est révéler ce qu’on ne veut qui se sache… peut-être… je me dis ça.

Mounissa : Vous voulez témoigner de l’injustice et de la fragilité humaine. Comment transmettre cela par la photo ?

Ludovic Carème : Alors c’est du temps, en fait. C’est d’arriver à un endroit, de faire des rencontres, de tenter le plus possible de se mettre à la place d’un autre. Finalement, c’est une notion un peu littéraire d’être un autre et de le comprendre, de sauter le dialogue, et ensuite je photographie avec mes émotions.

Yakedhoiti : Avez-vous un message particulier à faire passer à travers vos portraits et vos photographies ?

Ludovic Carème : Des messages non, mais des questionnements.

Yakedhoiti : Quel genre de questionnements ?

Ludovic Carème : Quel genre de questionnements ? C’est au visiteur, quand il se rend à une exposition, c’est à lui de décider, il a le choix. Il peut être touché ou pas, avoir des questionnements. C’est à lui de me dire.

Yakedhoiti : Ça peut dépendre…

Ludovic Carème : Ça peut dépendre, ça dépend de la sensibilité du visiteur de l’exposition. Je lui laisse le choix dans tous les cas. C’est peut-être éduquer aussi le visiteur. Je me considère plus comme un passeur qui va faire des immersions dans des univers très différents du mien, passer du temps, des fois 2 ans, ça peut m’arriver, ce n’est pas tout le temps, mais sur des périodes assez longues. Je passe la moitié de mon temps sur un sujet.

Mounissa : Nous savons que vous êtes photoreporter, notamment pour le journal Libération, mais également photographe artistique. Quelle est la différence entre le photoreportage et la photo artistique ? Est-ce la même démarche ?

Ludovic Carème : Alors, il faut comprendre qu’à Libération, c’est un journal qui a fait travailler des auteurs, c’est toujours un peu le cas, sur l’actualité. >

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Interview réalisé en partenariat avec Cahweb, le média scolaire du collège Ali Halidi de Chiconi

La photographie, ce n’est pas la vérité, c’est qui est derrière l’appareil, il faut assumer sa subjectivité. C’est une vision qui est très personnelle, que bien sûr j’ai envie de faire partager, pour ceux qui me suivent et qui vont voir mes expositions.

Yakedhoiti : Vous avez photographié des célébrités, notamment dans le monde du cinéma, comme David Lynch, Woody Allen, John Malkovich ou encore Morgan Freeman. Comment avez-vous réussi à les approcher ? Pourquoi ces choix de modèles ?

Ludovic Carème : C’est des contextes à chaque fois différent. Morgan Freeman, c’est au Festival de Deauville. Je suis à l’époque en commande pour le Figaro Magazine qui me demande de faire des portraits des stars. Il y a des journalistes qui passent devant, qui font les interviews, et moi je fais les portraits. Pour David Lynch, c’est au Festival de Cannes. Il se rend au Festival de Cannes, je crois que c’était en 2000, ça date un peu déjà, vous n’étiez pas nées encore, c’était il y a 23 ans. Et là, j’avais une carte blanche de Libération pour faire un peu ce que je voulais et je faisais surtout la photographie la nuit.

J’ai demandé à l’attaché de presse si je pouvais photographier David Lynch et il m’a expliqué un peu son emploi du temps, donc je lui ai proposé de prendre le train avec lui, de le rejoindre à Lyon et de faire la descente jusqu’à Cannes en TGV, de le photographier dans le train. Après il y avait Woody Allen, c’est une commande de Libération.

Et John Malkovich, c’est une commande pour le journal

L’Express. Sachant que je travaille avec des personnes, j’ai des interlocuteurs dans une rédaction, ce sont des iconographes ou des directeurs de service photo qui font appel à des photographes selon leurs affinités, leurs centres d’intérêts. Evidemment, on savait que j’étais passionné de David Lynch ou Malkovich qui sont des acteurs que j’apprécie, comme Morgan Freeman ou Woody Allen.

Mounissa : Vous avez déjà publié deux livres Brésil Amazonie et Brésil São Paulo, parus le 3 octobre 2019. Pourquoi vous vous êtes intéressé à l’Amazonie et aux favelas du Brésil ?

Ludovic Carème : En fait, j’ai commencé par… je suis arrivé à São Paulo en 2007 et j’avais repéré une favela, qu’on appelle ici "banga", qui longe la « Marginal », qui est l’équivalent d’une autoroute qui mène à l’aéroport, et c’est vraiment un bidonville installé au-dessus d’un égout à ciel ouvert. Et je finis par y rentrer, faire des rencontres, et ça s’appelle "Água Branca" ce lieu, c’est le nom de la favela, qui veut dire en portugais, si on traduit en français, "les eaux blanches". Ce sont des eaux très polluées et des personnes vivent là, qui travaillent durement, et qui n’ont pas les moyens de vivre dans d’autres conditions avec leurs enfants, c’est périlleux.

On connait ici, l’histoire est différente, mais les problématiques peuvent être parfois similaires. Et donc ce sont des descendants d’esclaves, venu du Nordeste qui sont venus dans une mégapole de 20 millions d’habitants pour chercher un avenir meilleur et aussi

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Salif Keita Ludovic Carème / Agence VU’

pour leurs enfants, pour qu’ils puissent poursuivre des études parce qu’ils viennent d’une région désertique très dure, très difficile ou c’est difficile de se nourrir. Et puis j’ai photographié aussi des gens dans la rue. Vous avez vu, j’imagine. Et puis j’ai remonté les courants, parce que j’ai eu vent d’une histoire, ou d’autres personnes sont parties du Nordeste vers l’Amazonie, au début de la 2nde Guerre mondiale, en 1941, pour reprendre la production de caoutchouc qui avait été abandonnée. C'était l’effort de guerre du Brésil pour préparer l’industrie militaire américaine en vue de préparer le débarquement en France, mais c’était un territoire occupé par des indiens, des Kaxinawá (Huni Kuin), Asháninkas, Jaminawa, Yawanawá principalement. Et il y en a d’autres aussi, qui ont été décimés, et souvent des jeunes filles… Ces hommes ont fondé des familles avec ces jeunes indiennes et sont restés là, maintenus en esclavage.

C’était une histoire méconnue et ça m’intéressait de mettre en dualité l’Homme, l’être humain, la femme dans la nature en opposition à l’urbain, la sècheresse urbaine et l’humidité de la nature. C’était l’opposition qui m’intéressait et de voir ces personnes dans quelles conditions elles vivaient.

Yakedhoiti : Pourquoi vous vous êtes installé à São Paulo pendant plus de 10 ans ?

Ludovic Carème : C’était un rêve d’enfant de vivre un jour au Brésil, je crois que c'est ce qui m’a conduit au Brésil d’abord. C’est ce qui m’intéressait, en tout premier lieu, je crois que c’est la musique brésilienne.

Mounissa : Ce qui vous a motivé à rester là-bas pendant 10 ans ?

Ludovic Carème : Je n’ai pas prévu du tout de rester 10 ans, en fait. J’étais parti pour 1 an, 2 ans, 3 ans, peut-être 4 ans, et puis je me suis plu là-bas avec ma petite famille, on est resté. J’avais même peur de rentrer au Brésil avant. Je suis rentré au Brésil très tardivement parce que j’ai un peu voyagé, dans les pays autour du Brésil. J’avais peur de rentrer au Brésil, j’avais peur que ça me plaise, voilà je l’ai évité, en sachant que j’y allais un jour, je crois.

Mounissa : Comment avez-vous fait pour vous faire accepter dans les favelas de São Paulo qui est l’une des villes les plus dangereuses au monde ?

Ludovic Carème : Quand on est accepté dans la favela, en fait, on est très bien. C’est du temps passé, comme je vous l’ai dit au départ, de les comprendre, de comprendre ce qui se passe et de partager un projet avec la population dans lequel ils se reconnaissent. Que les choses soient claires et clairement définies. Et donc ils m’ont accepté et ils m‘ont fait don de leurs visages. Ils étaient partie prenante de ce projet parce qu’ils se

reconnaissaient dans ce que j’allais faire. Et ils voulaient que ça se sache, leurs conditions de vie.

Yakedhoiti : Nous avons remarqué sur votre site que vous prenez majoritairement des photos en Noir et Blanc, pourquoi le Noir et Blanc plutôt que la couleur ?

Ludovic Carème : C’est tout à fait subjectif, parce que je préfère le Noir et Blanc, c’est aussi simple que ça. On va à l’essentiel. La couleur me perturbe un peu, j’aime bien aller à l’essentiel et le plus radical possible.

Mounissa : Que pensez-vous de l’évolution de la photo argentique vers le numérique ?

Ludovic Carème : Alors la photographie, c’est la mémoire, normalement. La photographie argentique, en tout le cas, c’est la mémoire. Et aujourd’hui, on ne sait pas trop parce qu'on peut tellement manipuler les images. On a pu le voir, des unes dans la presse avec des images achetées dans des banques d’images et retouchées et retravaillées. C’est peut-être autre chose, je ne sais pas comment le définir aujourd’hui. Il y en a encore qui respectent la matrice, les fichiers tels qu’ils existent, mais souvent, de plus en plus, vous connaissez ça par cœur avec les filtres, avec vos portables, on modifie un petit peu les données.

Yakedhoiti : Faites-vous des retouches à vos photos ?

Ludovic Carème : Alors ce ne sont pas des retouches, c’est un traitement. C’est comme si je faisais un tirage. On faisait des tirages argentiques et j’utilise un procédé aujourd’hui informatique. Pas moi, je le fais faire, parce que je ne m’intéresse pas beaucoup à la chose informatique, même si j’accompagne, mais bien sûr il y a un travail de développement même avec des fichiers numériques et de traitement d’images.

Mounissa : Aujourd’hui environ 30 millions de photos sont partagées chaque jour sur les réseaux, que ce soient des selfies, des images d’actualités prises au smartphone ou des images personnelles. Le fait d’avoir de plus en plus d’images ne nuit-il pas au métier de photographe professionnel ?

Ludovic Carème : Oui, toutes ces photos qu’on fait et que l'on ne voit plus jamais… finalement.

Mounissa : Mais est-ce que cela a des impacts ?

Ludovic Carème : Oui, bien sûr que ça a des impacts.

Mounissa : Quel genre ?

Ludovic Carème : Il faut faire attention aux réseaux, ça on le sait. Moi, quand je reçois une information, quand je lis une information, j’aime bien savoir qui me la dit, qui m’en parle. J’aime bien savoir qui fait la photographie, ça m’intéresse, qui est derrière.

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L'interview
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Yakedhoiti : Qu’est-ce que vous en pensez, de ces photos qu’on publie chaque jour, chaque seconde, chaque minute sur les réseaux sociaux ?

Ludovic Carème : Il y en a tellement, c’est difficile. Comment se faire une opinion ? Je m’en méfie beaucoup. En fait, je connais la puissance des images et malheureusement je trouve que dans l’enseignement, elle est très peu étudiée, il y a très peu de cours de sémiologie. On est entouré d’images, mais elle est très peu étudiée finalement. Aujourd’hui, plus qu’avant, on peut encore manipuler les opinions donc.

Yakedhoiti : A votre avis par rapport aux photos d’un photographe professionnel et juste une photo qui a été publiée sur les réseaux, peuvent-elles être comparées ?

Ludovic Carème : Ça dépend de la photo, ça dépend de qui la fait.

Yakedhoiti : Ça peut être un simple internaute, et par rapport à un photographe qui a fait plusieurs années d’études.

Ludovic Carème : Ça dépend vraiment de la photo, en fait. Je ne peux pas, je ne peux vraiment pas avoir un avis sur pièce. C’est difficile de me prononcer, ça dépend de l’image que je vais lire et de la légende.

Yakedhoiti : Vous avez photographié des célébrités et des anonymes un peu partout dans le monde, aujourd’hui vous vous trouvez à Mayotte. Avez-vous d’autres projets à l’avenir, notamment pour notre ile ?

Pouvez-vous nous en parler ?

Ludovic Carème : À Mayotte, je fais un travail sur les cadis de Mayotte, les juges en arabe. Ils sont au nombre de 18 et ils font les mariages, les divorces, ils règlent les conflits sociaux, familiaux, et donc je passe du temps avec eux, je les accompagne dans leurs missions. J’essaie de comprendre un peu où je suis et de faire des photos de l’ile, des paysages qu’ils peuvent chaque jour traverser, des personnes qu’ils peuvent rencontrer, et c’est pour la Bibliothèque Nationale Française.

Yakedhoiti : Pourquoi avoir choisi spécialement ce sujet-là au lieu d’autres sujets ? Il peut y avoir plusieurs sujets à Mayotte.

Ludovic Carème : Parce que l’histoire et la culture de Mayotte m’intéressent, notamment l’islam, l’influence sunnite, l’influence soufiste et en même temps une société matriarcale avec de forte influences Bantou, je trouvais ça passionnant. Et j’ai pu comprendre aussi qu’il y a des problématiques qui sont assez similaires, même si l’histoire est différente aujourd’hui.

Mounissa : Merci Mr Careme, le mot de la fin ?

Ludovic Carème : Un mot de la fin, c’est pour vous : étudiez, étudiez, étudiez le plus longtemps possible, écoutez votre cœur plus que votre cerveau.

Mounissa : Nous vous remercions d’avoir répondu à nos questions, à bientôt sur Cahweb.

Ludovic Carème : Merci.

La bibliothèque nationale de Sarajevo en 1993
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Ludovic Carème / Agence VU’

Chatra Ahamadi Oili, 1re G6, lycée du Nord, Acoua

Cuisine CUISINES FRANÇAISE ET MAHORAISE :

Si Mayotte est une île française, sa culture culinaire reste très différente de celle en Europe. Alors que la cuisine française utilise la charcuterie et le fromage, et se prépare dans des cuisines aménagées, la gastronomie mahoraise préfère les poissons, les viandes et légumes locaux, mijotés dans d’immenses marmites posées sur des feux de bois.

La cuisine française fait référence à divers styles gastronomiques. Elle est raffinée et fait partie de la haute gastronomie. Elle a évolué au cours des siècles. Tandis que la cuisine mahoraise est épicée et consistante. Elle privilégie la friture ou la grillade, et elle est basée sur les produits locaux. Les premières différences s’observent dans les ingrédients. En France métropolitaine on mange régulièrement de la charcuterie, du fromage, du foie gras, des légumes, du pâté, du saumon, du poulet, des courgettes, etc. Le cassoulet, l’aligot, le pot-au-feu et la garbure font partie des plats typiques et populaires du pays. Le cassoulet se prépare avec des haricots blancs

et un mélange de viandes (porc, mouton, canard, oie). L’aligot est composé de pommes de terre, de tomme (fromage) fraîche de l’Aubrac et de crème fraîche.

La garbure, quant à elle, est décrite comme le pot-pourri de la ménagère car on y retrouve un peu de tout : choux, pommes de terre, ail, oignons, haricots, jarret de jambon séché. Après une randonnée ou après une sieste cela donne des forces !

A Mayotte, on mange différemment ! Les ingrédients de base de la cuisine sont le riz, la noix de coco, les tomates, le safran, le poivre, les oignons, les plantes comestibles (brèdes) et la

Chatra (vêtement jaune, à gauche), 17 ans, élève de 1re au lycée d’Acoua, coupe le manioc avec sa famille. A côté d’elle son frère Himadou 24 ans, son frère Assaendou 10 ans, sa soeur Haïzovane 12 ans. Derrière, le papa.

Pour préparer un mtsolola, il faut de la viande (ici, tripes de boeuf), des bananes vertes, du manioc, des oignons émincés, des tomates, des oignons verts, du concentré de tomate.

L’art de couper le manioc en petites tranches fines… On fait pareil pour les bananes.

Après avoir fait revenir les oignons dans l’huile, puis ajouté tomates, concentré de tomate et épices, on ajoute la viande, préalablement bouillie avec des épices.

On fait bouillir le manioc, puis on utilise cette eau de cuisson pour laver les bananes et enlever les restes de peau.

Le mtsolola cuit dans la marmite. Même si on utilise désormais la gazinière (au lieu du feu de bois), la recette n’a pas changé depuis des décennies.

Photos Véronique Hummel, professeure-documentaliste, LPO Cité du Nord, Acoua
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SI RICHES ET SI DIFFÉRENTES

viande de bœuf. Le but est de trouver des recettes variées et des nouveaux plats, comme le mataba, le riz au coco, le kakamkou (voir notre encadré).

GRILLADES, VOULÉ, FRITURES...

En France il y a différents types de cuisson : à la poêle, à la vapeur ou à l’étouffée, à l’eau, la cuisson au wok (instrument de cuisine), au four, en friture, au barbecue, à la sauteuse, etc. On ne cuisine pas de la même manière qu’à Mayotte car les Métropolitains ont des cuisines aménagées, adaptées à leurs besoins.

A Mayotte, nos mères utilisent parfois du bois, du charbon comme à l’ancienne époque. Mais aujourd’hui l’île a beaucoup évolué, maintenant

le gaz est arrivé dans les foyers, ainsi que le cuiseur de riz existe et cela rend la cuisine plus facile. Mais les grillades, voulés (barbecues), les fritures et la cuisson à l’eau sont toujours d'actualité. Grâce à son climat tropical, le département est riche en épices, en fruits et légumes. L’alimentation est fournie par l’élevage (zébus, poules, chèvres) et les cultures (banane, manioc, brèdes, etc) même si parfois une partie est toujours prélevée dans la brousse.

Même si de plus en plus de maisons ont des cuisines aménagées et équipées, ce n’est pas le cas de tout le monde. Notamment pour les cases en tôle où l’on est assis pour cuisiner.

Chez nous, on aime manger à la main. Certes avec une cuillère c’est mieux, mais à la main c’est délicieux !

TROIS RECETTES MAHORAISES DE BASE

Le mataba : ce sont des feuilles de manioc pilées avec de l'oignon, de l’ail et du piment. Ensuite le mataba est cuit avec le lait de coco et en option du poisson, le temps de cuisson est au minimum deux heures, mais cela prend beaucoup plus de temps en réalité.

Le riz au coco : il s’agit d’une recette très simple qui nécessite uniquement de la noix de coco et un peu de sel. Pour cuisiner le riz au coco il faut mettre du riz dans une marmite. Ensuite laver le riz avec de l’eau. Une fois fini, ajouter le lait de coco et mesurer pour avoir une quantité correspondant exactement au riz pour ne pas que ça soit trop mou ou pas bien cuit. Ensuite mettre au feu et attendre (c’est comme cuire du riz normal).

Le kakamkou : c’est une soupe de poisson cuite avec des oignons, de l’ail, du curcuma, du piment, du citron, des tomates, quelques graines de tamarin, du sel. Mélanger le tout dans une marmite et faire cuire. Le kakamkou est souvent accompagné de bananes vertes cuites en friture ou à la vapeur.

Les épices du mtsolola : cumin, curcuma et massalé, une poudre composée de divers végétaux, dont le poivron. C’est le moment de déguster le mtsolola préparé en famille. De gauche à droite : Assaendou, Himadou, Haïzovane, Chatra. C’est prêt !
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On pèle la tomate, on la coupe en petits morceaux. On coupe les oignons verts en petits morceaux.

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"TSARARANO EN DIRECT : RADIO 101, LA RADIO QUI VOUS FAIT DU BIEN !"

Le lycée LPO de Dembéni a créé sa radio des élèves, Radio 101, grâce à l’installation d’un studio média équipé et insonorisé en septembre dernier. "Cette initiative ancienne traduit la volonté du collectif enseignant d’insérer l’établissement et les élèves dans une démarche ambitieuse d’éducation aux médias et à l’information", explique M. Michel Toumoulin, proviseur du LPO de Dembéni. Pour son lancement, Radio 101 a vu grand : elle a diffusé des programmes quotidiens entre le 17 et le 21 octobre (pendant les vacances scolaires !), sur internet mais aussi sur le 102 FM, en collaboration avec Radio 2B, la radio du lycée Rémi-Belleau à Nogent-le-Rotrou (Eure et Loir).

Chaque lycée a occupé l’antenne à tour de rôle entre 8h et 21h et a diffusé les programmes des deux établissements sur leurs canaux. Ainsi les auditeurs de Nogent-le-Rotrou ont pu découvrir les richesses de Mayotte. Les auditeurs mahorais se sont imprégnés de la culture et des passions des élèves métropolitains. Une première nationale ! De 10h à 12h, et de 15h à 18h, une cinquantaine d’élèves de Dembéni ont pris l’antenne par petits groupes. Chaque journée était consacrée à un thème : lundi, c’était le territoire; mardi, l’environnement; mercredi, l’éducation; jeudi, l’économie; vendredi, la culture.

Les 50 élèves mobilisés ont interviewé des acteurs importants de Mayotte : le président du Conseil

départemental, la directrice de cabinet du préfet, le recteur d’académie, des chefs d’entreprises, des chercheurs, des représentants d’associations, des agriculteurs, etc. Ils ont également assuré des lectures d’œuvres littéraires et de discours préparés dans le cadre du projet "La belle Harangue". Hébergés pendant une semaine au sein de l’internat d’excellence du LPO, les lycéens ont enchainé des séances de travail avec la dizaine de professeurs mobilisés. Les élèves ont d’abord cherché des informations sur chaque invité avant de rédiger leurs questions. Chaque interview a demandé plusieurs heures de préparation.

Avant les vacances, un journaliste référent, Miquel Dewever-Plana, photojournaliste, réalisateur de

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Azad Djaffar, 216, LPO de Dembéni

documentaires TV et auteur de nombreux livres, leur a expliqué le rôle et l’éthique du journaliste. Il leur a donné les clés de la réussite d’une interview radio et les a ensuite accompagnés dans toutes les émissions en direct.

Pendant que certains élèves ont joué le rôle d’apprenti journaliste, d’autres lycéens se sont concentrés sur la technique radio. Avec le concours du Cemea et de Sun FM, ces élèves ont appris à diffuser le son sur internet et la bande FM, gérer une table de mixage, les jingles, les reprises d’antenne, etc. Un travail indispensable pour la bonne diffusion des émissions.

Pendant les 25 heures d’émission en direct de Tsararano, deux aléas importants sont intervenus : l’absence au dernier moment d’un invité et une coupure d’électricité d’une heure et demie. A

CE PROJET RADIOPHONIQUE A PU VOIR LE JOUR GRÂCE À DE NOMBREUX PARTENAIRES :

Le CLEMI, Centre pour l’éducation aux médias et à l’information, a subventionné le studio média.

Le CEMEA, Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active, a formé les élèves à la technique radio et à la diffusion sur internet et la FM.

Sun FM a apporté son matériel et ses compétences pour la diffusion des émissions sur internet et la bande FM.

TDF a mis en place le système de diffusion sur la bande FM.

l’Arcom, Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, a accordé la fréquence 102 FM à Radio 101 pendant sa semaine d’émissions spéciales.

Mayotte la 1ère a permis à un des parents d’élèves du LPO de Dembéni de s’investir en temps et éner gie à la réussite de Radio 101.

Radio 2 B a accepté ce partage d’antenne inédit dans l’Education nationale.

Les podcasts des émissions des 2 lycées sont disponibles en ligne

LPO de Dembéni : https://lpo-dembeni.ac-mayotte.fr/ Lycée Rémi Belleau : https://www.remibelleau.fr/

A noter que Radio 101 a ouvert deux pages sur les réseaux sociaux : Facebook : Radio 101-Lpo de Dembéni-Mayotte Instagram : radio101.lpodedembeni

chaque fois, les élèves ont fait preuve de réactivité. Ils ont animé des tables rondes ou réalisé des interviews avec du matériel mobile.

Deux surprises ont animé la dernière journée d’émissions. Après des essais techniques, un débat entre élèves de R. Belleau et de Dembéni a pu être organisé en direct et en duplex. Les élèves mahorais et métropolitains ont ainsi dialogué sur leurs expériences radios et leur vie de lycéens. Les échanges ont été joyeux et émouvants.

A 15h, le célèbre chanteur Gilbert Montagné est arrivé dans notre lycée, à l’invitation de M. le Proviseur. Nos élèves ont été mis au courant de cette venue surprise à 14h et en une heure, ils ont préparé l’interview. Ils ont ainsi conclu cette semaine d’émissions de belle manière !

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INTERVIEW

MICHEL TOUMOULIN, PROVISEUR DU LPO DE DEMBÉNI

"Nos élèves ont gagné en autonomie et en confiance, ce qui va leur servir pour toute leur scolarité et pour leur insertion professionnelle"

Chab : Quel est votre bilan pour cette semaine de radio ?

Michel Toumoulin : Mon bilan du projet est très positif. Pour une première, nous avions mis la barre très haute pour des lycéens. J’ai souhaité que nous visions le niveau professionnel. C’est pour cela que nous avons convié à l’antenne de Radio 101 des invités dont l’expertise est reconnue pour aborder et traiter en profondeur les thématiques retenues pour cette semaine d’émission.

Les élèves ont été, quant à eux, sensibilisés aux attendus de l’exercice journalistique : exigence, pertinence, profondeur du questionnement… Chacun d’entre eux a réussi à surmonter son angoisse de parler devant des personnalités importantes de Mayotte. Nos élèves ont gagné en autonomie et en confiance, ce qui va leur servir pour toute leur scolarité et pour leur insertion professionnelle.

Chab : Qu’aimeriez-vous améliorer pour les prochaines émissions ?

M.T. : J’aimerais que nos élèves progressent en qualité de rédaction et gagnent en performance, notam-

ment à l’oral. Je souhaite que le nombre d’apprentis journalistes et animateurs progresse de manière significative. Nos élèves vont gagner en pugnacité dans les questions. Je leur dis toujours qu’il n’y a pas de question taboue. Ceci étant, les questions ne doivent pas toucher à l’intime et à la vie privée. Radio 101 doit aussi devenir une radio d’expression pour les lycéens. Chab : Quelles ambitions avez-vous pour le futur de Radio 101 ?

M.T. : Le dernier jour de cette opération, après l’interview du chanteur Gilbert Montagné, le directeur de Sun FM a proposé que notre radio émette 2 heures par jour sur son antenne, en attendant que nous obtenions en 2023 une fréquence FM permanente. Je souhaite donc que nous élargissions aussi notre noyau de professeurs pour tenir ce temps d’antenne quotidien. A long terme, j’espère que les élèves de Mayotte pourront créer et animer une radio scolaire comme Radio Soleil à la Réunion, qui existe depuis 21 ans.

Je rappelle que le studio média du LPO de Dembéni est ouvert et disponible pour les professeurs et élèves de tous les établissements de Mayotte.

Propos recueillis par Azad Djaffar, 216, LPO de Dembéni

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INTERVIEW D’UNE ÉLÈVE HAIRAT-HADYA SIAKA, ÉLÈVE DE TERMINALE GÉNÉRALE, LPO DE DEMBÉNI

Que t'a apporté cette expérience ?

Tout d’abord ça m’a permis de découvrir le monde du journalisme radio. J’ai appris à regarder plus largement ! Avant je ne voyais que le journaliste alors qu’il y a tout un monde qui contribue à ce travail. J’ai appris à développer mon sens critique, à poser de questions de la bonne manière et plein d’autres choses. Cette expérience radiophonique m’a permis de réveiller ma volonté de participer au développement de mon île.

Grâce à cette expérience, j’ai ouvert les yeux sur la beauté de notre île, sur ses atouts que je compte bien découvrir et faire partager. Cette expérience a réveillé aussi mon stress pour les examens. Je me suis rendue compte qu’être journaliste radio, c’est passer un examen oral, tout les jours et c’est l’oral qui me fait le plus peur pour le bac. C’était une occasion de développer mes capacités oratoires. Durant cette semaine, j’ai enrichi mes connaissances et je me suis fait de nouveaux amis. J’ai rencontré des gens formidables et j’ai appris à bien connaître ceux qui étaient déjà là.

Quels

sont tes meilleurs souvenirs ?

A la salle à manger, on a partagé beaucoup de repas en "famille", des bons moments, des remerciements, des discours, des rires, etc. C’est le lieu où on faisait nos comptes-rendus de la journée. On parle de nos ressentis, de nos problèmes et de nos joies. Pour moi, c’est aussi au sein de mon équipe, le groupe économie, que j’ai passé le plus de bons moments.

On a travaillé dans une bonne ambiance. On a eu des fous rires, avec les élèves comme avec notre professeur référent. Les meilleurs souvenirs se sont passés aussi autour de la petite radio quand nous écoutions les émissions en direct de nos camarades. Il y avait une grande solidarité entre nous. On a félicité tour à tour ceux qui sont passés et on les a applaudis à leur sortie du studio.

Est-ce que tu conseilleras à d'autres élèves de s'investir dans la réalisation d'une

émission radio ?

Oui, notamment parce qu’à travers ce projet on développe notre culture générale. En écoutant les invités répondre à nos questions, on est plus ou moins inspiré. On découvre des facettes de certaines personnalités que l’on ne connaissait pas. On s’ouvre à d’autres horizons.

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TÉMOIGNAGES D’AUTRES ÉLÈVES

"Cette expérience m'a permis d'améliorer mon oral, mon écrit, ma diction, ma syntaxe et mon investissement dans un travail en groupe. Le dernier jour, nous avons fait la fête avec Monsieur Gilbert Montagné. Ce fut pour moi le meilleur souvenir. Je recommande à mes camarades de s’investir dans un projet de radio car c’est bénéfique pour la préparation des examens au bac et ça fait du bien de participer à un grand projet."

Hadem Saïd Abdallah, Première, LPO de Dembéni

"C’était merveilleux quand on était nous tous, ensemble, à écouter les autres sur notre petite radio. Je conseillerais à d'autres élèves de s'investir dans la radio car ça calme et surtout ça fait grandir. Cette expérience m'a permis d'être plus à l'écoute des autres. Profitons de l’antenne de Radio 101 pour changer l'image de Mayotte."

Tuflaty Soufou, Terminale générale, LPO de Dembéni

"Cette semaine passée au sein de la radio 101 m’a permis de plus m'attacher à des gens que je ne connaissais pas et à prendre la parole devant

des personnalités célèbres que je ne pensais pas rencontrer. Ce qui m'a le plus marqué, ce sont les répétitions pour organiser la fête de clôture de radio 101. En une semaine, nous avons réussi à nous ressembler et à faire ce que je n’avais jamais fait avec une classe en un an. J’ai vécu aussi un grand moment lors de la visite du célèbre chanteur Gilbert Montagné. J’ai eu l’occasion de l'interviewer.

Cette expérience m'a permis de progresser dans plusieurs domaines, à l'écrit et à l'oral. Mais encore plus à l'oral car j'étais l’animateur pendant toute l’après-midi de la 3ème journée. Je conseillerais à tous les élèves de notre académie de Mayotte ou de la métropole de s'intéresser à des projets comme celui-ci car ça nous aide à être à l'aise à l'oral et à apprendre à vivre ensemble. Une semaine de partage avec la métropole; qui y aurait cru ? Pourtant on l'a fait. Alors, lancez-vous tous dans ce genre de projet !" Mouhoudhoir Charaf, élève de Terminale générale, LPO de Dembéni

"Cette expérience m'a apporté de la joie et une plus grande facilité de communication avec

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les autres, j’ai pu tisser des liens. De plus, ça m'a permis d’échanger avec des personnes importantes, d’améliorer mes capacités à l’oral car je participe peu en classe à l’oral. J’ai aussi découvert comment les journalistes travaillent. Je conseille à ceux qui n’étaient pas de cette aventure de se porter volontaire la prochaine fois. Ils découvriront la magie qu’apporte cette expérience. L'effet de travailler en groupe, c'est vraiment magnifique."

"Cette expérience unique m’a donné ce qu’on appelle la confiance. Quand j’ai fait l’interview avec la directrice de cabinet de préfet, j’ai vu son envie de m’écouter et de répondre à mes questions, c’était gratifiant. A certains moments, on rigolait, on oubliait tous les soirs le stress du matin et ça a payé. Mes parents m’ont écouté à la radio, ils étaient fiers de moi. Ils m’ont appelé pour me féliciter, j’étais très heureuse. Mes camarades m’ont aussi beaucoup encouragé ? J’ai progressé dans ma lutte contre la timidité. D’habitude, je suis très réservée quand je ne connais pas quelqu’un, là j’ai du parler à des personnalités. J’étais stressée mais j’y suis arrivé.

Les élèves de la métropole m’ont beaucoup appris sur leurs passions et moi j’espère leur avoir fait découvrir l’environnement à Mayotte."

"Cette expérience m'a apporté beaucoup de choses comme travailler en groupe, découvrir des éléments de ma culture, mon île, interviewer quelqu'un et dépasser ma peur. J’ai passé de très bons moments avec mon groupe culture en journée au studio, comme en soirée à l’internat. Cette expérience m'a permis de progresser dans certains domaines, comme parler devant un public, être éloquent, découvrir les règles du journalisme. J’ai aussi appris à me connaître moi-même. Je conseillerai à beaucoup d’élèves de s’investir dans la réalisation d’une émission de radio, car c’est un métier extraordinaire qui demande beaucoup de travail et surtout de coopération avec les autres. Ce n’est pas facile de poser des questions claires et fluides pour que l’invité soit à l'aise, mais on y est arrivés. Ouvrez-vous au monde, ne laissez personne vous décourager et visez tou-

jours haut. Si nous avons pu réussir le projet radio, vous aussi vous pouvez le faire."

Attoumani Djamila, Terminale générale, LPO de Dembéni

"Cette expérience m’a apporté beaucoup de confiance en moi et m'a permis de plus m'ouvrir aux autres et de faire d'excellentes rencontres. Mes meilleurs souvenirs, ce sont les fins d'émission. Il y avait une cohésion incroyable avec beaucoup de joie. Cette expérience m'a permis de progresser dans mon éloquence.

Je conseillerai à tous jeunes de tout âge de vivre un projet radio. Il y aura des hauts et des bas, mais la fin est d'une joie inexplicable. On a vécu des moments qui nous ont marqué à vie."

Bint Mariame Ali Bacar, Terminale générale, LPO de Dembéni

"Cette expérience m'a apporté de la joie, des connaissances. Je m’investis mieux dans les relations avec les autres. J’ai pu me faire des nouveaux amis. Cette expérience m'a permis de faire progresser un peu mon articulation et ça m'a permis aussi de combattre le stress que j'avais en moi. C’était l'expérience la plus enrichissante que j'ai pu vivre avec d'autres élèves, des professeurs très sympas et aussi monsieur le Proviseur, très présents pour aider et nous motiver."

Zaidou Ankoubou, Seconde, LPO de Dembéni

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LE COIN DES POÈTES

ADIEU !

Plus je grandis, plus mes racines se fatiguent, Plus je grandis, plus certains disparaissent, Plus je grandis, plus la vie fugue Plus je grandis, plus ma vie dérive.

La mort nous appelle tous, Mais quand ? Nous en sommes inconscients, Tout comme je ne savais rien du tout, Jusqu’à ce que tout reste imprudent.

Moi je meurs, mais elle, elle est morte, Que dire, que faire, quoi écrire, Moi je pleure, mais elle, elle est morte, Qu’ai je fait, je suis triste

Au revoir, à toi, rendez-vous dans l’au-delà Toi, qui m’inspires, toi qui m’incites, Vivre ou mourir, tu es au-delà Au-delà de la mort, on croit au paradis.

Elle n’est plus Dans l’abri de mes soupçons, J’en reviens à douter de ma vie, Et les larmes de son pardon Me poussent à pleurer à vie.

Je me demande pourquoi c’est arrivé, Je meurs d’une vie qui n’existe plus, Mes pensées tout emmêlées, M’empêchent de sourire à flux.

Mes larmes sourient de souffrance, Pleurer est devenu une cadence, Mais quoi dire, je suis juste un enfant, Elle est partie et m’a laissé comme souffrant.

Ô, que dis-je, je deviens fou, Reviens, ne serait-ce qu’une dernière fois. Ô mère, je souffre sans toi. Ma très chère, mes yeux deviennent flous !

Tant qu’elle est toujours présente, Tache de l’aimer, la combler de joie. Une fois partie tu seras que mourant, Alors tâche d’aimer celle qui sera toujours là pour toi.

SON CHEMIN

J’ai vu pire que cette histoire, Mais cela m’a marqué, m’a gravé A tel point que je n’arrête pas d’y penser Je reste sans pouvoir devant mon miroir.

Il est mon ami, mais je ne le reconnais plus; je me voyais en lui, aujourd’hui je ne suis plus. Je ne sais plus, je ne sais plus quoi faire pour qu’il revoit tout ce qu’on n’a pas pu faire.

Je suis impuissant face à ma puissance, Je me demande ce qui s’est passé, Ce que j’ai oublié de plaisance, Pour aujourd’hui voir mon meilleur ami s’oublier.

Il plonge dans l’addiction la plus infâme, L’addiction la plus inoubliable, L’addiction la plus impardonnable, De ma part et de sa future femme.

Il plonge loin, là où il ne peut nager Et moi, je ne veux en aucun cas l’aider, Cette route est la sienne, non la nôtre, Je veux étudier et le cigare pourrait bien m’en empêcher.

Je reste fidèle à mes notes, à ma résistance Et à ceux qui m’ont permis d’écrire, D’oublier d’entrer dans ce genre de portes. Il préfère la fumée qui empoisonne ses poumons.

Moi je préfère l’éducation

Qui me montrera que rien n’est plus important Que de pouvoir aimer et être aimé Par la personne qui t’a mis dans ce monde-là.

Je l’avoue, dans un instant

Je me questionnais, si ce n’est pas moi Qui vais dans un sens distant, Je ne sais pas si c’est moi, et pourquoi !

Mais je reste le même, Quitte à devenir le centre de la haine. Mon avenir est à même Et je n’aimerais le gâcher pour une fumée de peine.

Je me bats pour ma reine, Pour mon envie d’être sienne, D’être moi le meilleur des arcs-en-ciel, Car je ne brille que sous son soleil.

Issou - Lycée de Dembéni

Issou - Lycée de Dembéni
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DÉSARROI

Envahie par un vide

Je me sens vide

Le spleen est en moi

Peur de dire que je me noie

Une sensation étrange

Qui m'envahit

Je tombe d'un étage

Telle une personne qui a été trahie

Une sombre sensation

La plus meurtrière des sensations

Elle a décimé des cœurs

Et éliminé des peuples

J'ai tant bataillé

Mais malgré cette lutte

Infâme et ridicule

Je me sens impure

Ma tête s'alourdit

Et je me sens incrédule

Victime d'abandon

Telle une crapule

Des larmes brûlantes coulent sur mes joues

Elles se déversent sur mon existence opprimée

Et s'abattent sur mon esprit par la même occasion

J'ai l'impression de me noyer dans une mer de désespoir

Si pesante que remonter à la surface est encore inimaginable

Mon âme est comme aspirée vers l'abysse

Où la petite coquille fragile que j'habite

S'est brisée sous la pression du chaos et de l'amertume

de cet espace obscur

Je trouve qu’ il y a mieux que moi

C'est bizarre parce que je me torture

J'ai une haine en moi

Je suis au bord de la rupture

Une rupture intérieure

Qui me fait sentir si inférieure

Malgré ma détermination

Je me retrouve toujours dans cette discrimination

Mon mal me tue de jour en jour

Faisant de ma vie un enfer tous les jours

J'ai honte de le dire, mais je ne m'aime pas

J'aimerais m'aimer, mais je n'y arrive pas

Plus d'une fois

J'ai essayé de mettre fin à mes souffrances

Mais à chaque fois

J'entends une voix qui m'appelle

J'essaie de ne pas être comme elle

Oui celle que j’ idéalise

Moi je suis mieux qu'elle

Et il est temps que je le réalise

Je me fais souffrance

Et mon cœur résonne Pourquoi tant d'intolérance

Pour ma personne

Ma pauvre âme

A versé tant de larmes

Ma raison qui rame Et mes rimes qui me calment

Maria - Lycée de Dembéni

UNE VIOLENCE DANS L'OUTREMER

Victime de folie meurtrière

Il était sorti prendre l'air

Et ce jour-là il a perdu la vie

Il fut attaqué par des individus

Ils avaient le même âge que lui

Malheureusement pour lui

Il perd ce combat

Qui n'était qu'un attentat

Contre une personne aimable

Et aimé, qui fut tué lâchement

Par des élèves violemment

Mais qui sont ces gens pitoyables, Qui tuent des personnes aimables, Qui assassinent lâchement

Qui terrorisent violemment

Leurs causes sont aussi inutiles

Ils tuent pour des raisons futiles

Leur vie est maintenant sous scellés

On croirait qu'ils ont été ensorcelés

Même pas une semaine plus tard Ce jeudi là il était trop tard Pour cette jeune victime L'émotion, pardon, j'ai du mal à trouver mes rimes

Lui aussi tué lâchement

A la sortie de son établissement

Victime de cette violence sordide Mort dans des conditions horribles

Aujourd'hui ce n'est pas une famille Mais tout Mayotte, qui est endeuillée Parce que ça aurait pu être toi, moi Tu y as déjà songé ?

Je n'ai rien à dire, à part que j'ai peur J'ai une envie de partir ailleurs Mais partir c'est abandonner Notre île aujourd'hui damnée

Maria - Lycée de Dembéni

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santé

DÉCOUVRIR LE MÉTIER D'INFIRMIÈRE

La classe Ulis du collège Ali Halidi de Chiconi a interviewé Jeanne Dupraz, l’infirmière de leur établissement.

Élèves : Est-ce que votre travail est très dur pour vous ?

Infirmière : Ce n'est pas dur parce que c'est moi qui l'ai choisi il y a très longtemps, quand j'étais jeune. Mon travail est un plaisir.

Élèves : Qu'est-ce que vous aimez ou n'aimez pas ?

Infirmière : Dans mon travail je fais beaucoup de soins, des pansements, je donne des médicaments. Je rencontre beaucoup de personnes pour discuter et échanger, savoir ce qui va ou ne va pas. Je dois soigner des blessures physiques, mais il y a aussi beaucoup d'échanges pour réconforter les gens et chercher comment aller mieux. C'est faire tout cela que j'aime.

Élèves : Et pourquoi voulez-vous soigner les gens ?

Infirmière : Pour moi, ça me donne beaucoup d'importance et c'est valorisant. Cela donne du plaisir par exemple d'aider à ce qu'une mauvaise blessure soit soignée et que la personne redevienne bien. Et puis je veux soigner les gens car certaines personnes ont besoin qu'on les aide et j'ai envie d'apporter une aide.

Élèves : Pouvez-vous donner des baskets aux élèves ?

Infirmière : Ce n'est pas moi directement qui les donne. Cela s'appelle le fonds social. Le collège est là pour que les élèves réussissent leurs études. Il faut bien manger les midis pour pouvoir bien réfléchir et bien travailler et c'est pour cela que le collège peut aider à payer la collation. Pour faire du sport, le collège aide en achetant des baskets pour les cours d'EPS ou pour avoir des fournitures pour les autres matières. En effet, il y a des parents qui ne travaillent pas et qui n'ont pas assez d'argent pour acheter tout cela. L'école est gratuite, mais il faut aussi aider pour que chaque élève ait le matériel pour bien étudier.

Élèves : Comment fait-on pour être infirmière ?

Infirmière : Il y a plusieurs façons pour être infirmière. Le plus souvent, il faut aller jusqu'en terminale et passer son bac. Dans le dossier Parcoursup, on choisit une école d'infirmière. Celle-ci dure 3 ans avec des contrôles chaque année. Je n'ai pas fait cette voie à cause de mes difficultés scolaires. J’ai donc fait un BEP sanitaire et social, puis un concours d'auxiliaire de puériculture à la Croix-Rouge.

J'ai ensuite travaillé à l'hôpital Nord à Marseille pendant

10 ans, en binôme avec une infirmière. J'ai ensuite repassé mon bac pour passer le concours d'infirmière à l'âge de 30 ans. Je suis donc retournée à l'école en étant mariée avec des enfants et je suis infirmière depuis 2003. J'ai travaillé dans plusieurs services à l'hôpital, puis j'ai souhaité changer et c'est pour cela que je suis infirmière au collège maintenant.

Élèves : Est-ce dur de soigner les enfants ?

Infirmière : Pour moi, non, c'est plus facile de travailler avec les enfants qu'avec les adultes. J'aime échanger avec les enfants pour les soigner. Mais cela dépend des personnes : certaines infirmières préfèrent travailler avec les adultes.

Élèves : Comment fait-on pour soigner ?

Infirmière : À l'école, on vous apprend le nom des médicaments, comment on les utilise et les effets secondaires si on en prend trop. Chaque médicament fait partie d'une famille et il faut savoir que si un médicament sert à un problème, il ne sert pas forcément pour un autre problème. Par exemple, les antalgiques servent à atténuer la douleur tandis que les antibiotiques servent à combattre les infections.

Ce qui est intéressant c'est que les médicaments proviennent souvent de plantes ou d'association de plantes qui existent dans la nature. On a juste compris à quoi elles servent et comment les utiliser. On apprend aussi comment faire un pansement, soigner une blessure et comment utiliser le matériel. Après, l'expérience apprend aussi beaucoup. Par exemple si on travaille en métropole, ou en Guyane, ou à Mayotte, comme je l'ai fait, on voit des maladies différentes. A force de cumuler des expériences, on en sait de plus en plus et on apprend tous les jours.

Élèves : Est-ce que l’on vous paie comme il faut ?

Infirmière : Oui, on me paie très bien. Surtout par rapport à mon ancien métier d'auxiliaire de puériculture. J'espère que mon expérience vous servira. Il faut retenir de mon parcours que si vous avez vraiment envie de faire quelque chose, vous pourrez y arriver avec le temps et les efforts.

De mon côté, j'ai de grosses difficultés à écrire ou lire un texte et cela me demande beaucoup d'efforts. Pourtant j'ai réussi à devenir infirmière et je me suis même occupée de plusieurs services à l'hôpital. Ce ne sont pas vos difficultés à l'école qui vous empêcheront de devenir ce que vous voulez être. Vous prendrez peut-être un autre chemin mais vous y arriverez avec le temps.

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Classe Ulis, Collège Ali Halidi de Chiconi

Prends la parole !

Chab’, c’est le nouveau magazine créé et réalisé pour les jeunes, par les jeunes, diffusé à 10 000 exemplaires tous les deux mois, sur toute l’île : pourquoi pas toi ?

Choisis ta rubrique préférée, qu’il s’agisse d’interview, d’article, de photo ou de graphisme.

Tu as ici quelques exemples de rubriques pour écrire, interviewer, t’exprimer !

On se bouge !

1500 signes*

Cette page est dédiée à la vie sociale, aux initiatives d’autres jeunes que tu connais et qui se "bougent" pour Mayotte, en association ou par civisme. Prépare l’entretien et envoie-nous ton article !

Je me rappelle un prof…

Demie page

1500 signes*

On a tous un prof dont on se souvient… L’occasion de rendre hommage à ces enseignants qui parfois ne savent pas à quel point ils nous marquent pour la vie ! Interrogez un adulte de votre entourage.

Le Dossier Chab’

6000 signes*

Un vrai travail de journaliste ; un reportage avec des témoignages, un interview, des chiffres sur un sujet de société que tu choisis…

Un vrai dossier en profondeur qui sera lu par tous !

Les Rubriques de Chab’

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Photo avec 180 signes*

Envoie une photo, une légende ! Un événement avec ton appareil, ton portable sur un délire, un bel endroit qui te plait ou juste un bon moment !

4500 signes*

Trouve un projet qui t’intéresse, ambitieux, original, tourné vers le Mayotte de demain… et raconte-le. Mets en avant des projets d’avenir en lesquels tu crois !

4500 signes*

Il y a des questions qui tournent partout, même si on n’en parle pas tout le temps !

"Jean ou Salouva ?" "Le rap, une musique de voyous ??!" "Vivre dans un bidonville". "Ma vie dans 10 ans…"

Sacré surnom

Demie page 650 signes*

Tout le monde à un surnom ! A vous d’interviewer une personne et de nous expliquer l’origine de son surnom, à transmettre avec une photo.

Premières pages

½ expression ½ publication du texte

1500 signes*

Un livre ou un texte t’a marqué ? Pourquoi ? Tu as une demie page pour t’exprimer… Et une demie page pour en diffuser un extrait à tous les lecteurs !

Un poster encarté à chaque parution. Une photo ou un graphisme : envoie-nous ton inspiration, ta réalisation du moment !

Mayotte, il y a... 20 ans

1500 signes*

Va interviewer des anciens de ton village, de ton quartier, sur leur vie quand ils avaient ton âge… il y a 20, 30 ou 50 ans ! Une autre façon de transmettre la tradition… Avec ton regard sur la modernité !

Tu as compris : quelle que soit la rubrique que tu choisis, c’est à toi d'interviewer, d'écrire ! Renvoie-nous au plus vite tes réalisations sur notre mail : contact@chab.yt

A bientôt !

DécliK
On propose Poster
On débat
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* Nombre de caractères, espaces compris.
Le journal pour les jeunes, par les jeunes Avec Chab’ Mayotte Pour nous contacter : contact@chab.yt chab.yt 24

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