LE MOT DE LA RÉDACTION
DE L'EAU !
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Le premier quotidien de Mayotte
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
Les semaines passent et Mayotte a du mal à sortir la tête de l’eau. Les Mahorais ne voient aucune issue à cette crise inédite. À qui la faute ? Personne ne prend ses responsabilités, tous se renvoient la balle. En attendant, la population survit comme elle peut. Heureusement, il reste encore des moments de fête qui permettent aux habitants d’oublier, durant quelques heures, leur malheur. A l’exemple des journées européennes du patrimoine ce week-end. Le programme est chargé sur l’île aux parfums. Cette crise n’empêche pas non plus de penser à l’avenir, notamment à celui de la jeunesse. L'Éducation Nationale investit pour que tous les enfants du département puissent aller au collège et au lycée dans de bonnes conditions. Cela passe par la construction de nouveaux établissements scolaires du second degré. Collèges, lycées, cités scolaires, tout est prévu pour les cinq à dix prochaines années. Reste à savoir maintenant si tout sera livré à temps.
Lu par plus de 12.000 personnes chaque jour, Flash infos vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre en plus un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
4100% numérique
180 € par an g
Pour vous abonner, il suffit de nous transmettre ce bon de commande, accompagné du règlement.
OUI, je m’abonne + abonnement gratuit à
Bulletin d’abonnement
Raïnat AliloiffaNom : …………………………….…..…….………Prénom : ………………………..……..………………….…………. Société - Service : ……………………………………………….……….……………..….….….….……...…..…………. Adresse : ……………………………………………………….………….……………….….….….….….…..…………. Code postal : ……………….….….….….… Ville - Pays : ……………….………….……………….…….....…………. N° de téléphone : ………………….………………..E-mail :…………..….….….….…....………….……….…………….. Règlement : c Chèque à l’ordre de SOMAPRESSE c Virement
IBAN : FR76 1871 9000 9200 9206 6620 023 / BIC : BFCOYTYTXXX
Signature, date (et cachet) : Abonnement d’un an renouvelable par tacite reconduction. Il pourra être dénoncé par simple courrier au moins un mois avant la date d’échéance.
Vous pouvez également vous abonner en ligne en vous rendant sur notre site internet à l’adresse www.mayottehebdo.com/abonnements pour la version numérique. Pour toute demande, contactez-nous : contact@mayottehebdo.com
A retourner par mail à : secretariat@mayottehebdo.com
tchaks
Les Comores proposent à Mayotte d’accueillir des épreuves des Jeux des îles de l’Océan Indien 2027
Les Mahorais se remettent tout doucement de la décision prise par le Conseil international des Jeux qui n’a pas attribué à Mayotte l’organisation des prochains Jeux des îles de l’Océan Indien. Et ils font face à une autre nouvelle. Le ministre comorien des sports, Djanfar Salim, a déclaré que pour 2027, « le président de la République (des Comores) n’aurait aucun problème à délocaliser certaines épreuves sur l’île comorienne de Mayotte. » Un terme qui met en colère les Mahorais et les élus à l’exemple de Mansour Kamardine qui considère qu’il s’agit d’une « provocation comorienne » Il demande à la diplomatie française de réagir.
Clap production cambriolé
La boîte de production Clap, aux Hauts-Vallons, a eu la désagréable surprise de voir ses locaux cambriolés, le weekend du 9 et 10 septembre. C’est l’équipe qui a annoncé le vol sur sa page Facebook, ce lundi. Gérée par Jacqueline Djoumoi Guez (photo), la réalisatrice de "Colocs", indique que c’est justement la saison 2 du programme qui a disparu. Clap productions lance donc un appel pour « retrouver ces deux ans de travail »
Journées européennes du patrimoine
L’association Art Terre Mayotte organise deux événements les 16 et 17 septembre dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine. Ces rencontres ont pour but de faire connaître au grand public le patrimoine en BTC (brique de terre compressées) de Mayotte et découvrir, via des expériences scientifiques et pratiques, les propriétés du matériau qu’est la terre et ainsi, comprendre pourquoi et comment il est possible de construire avec. Le samedi 16 septembre, il sera possible de découvrir le quartier du square Papaye, avec un atelier pédagogique ludique dont l’objectif est d’identifier les intelligences constructives. Le rendez-vous est donné devant l’entrée principale du centre commercial Baobab. Le dimanche 17 septembre s’inscrit dans la suite de la découverte du patrimoine en BTC. Le but sera de comprendre à travers des ateliers pédagogiques, comment passer de la matière première au matériau de construction.
Élection
de Miss Salouva 2023, ce samedi
L’élection de Miss Salouva 2023 aura lieu ce samedi 16 septembre, à la MJC de Mamoudzou à M’gombani, dès 19h. Cette soirée sera placée sous le signe de l’élégance et la beauté de la femme mahoraise sera honorée et célébrée pour couronner la reine de la soirée. Parmi les six prétendantes au titre, l’une d’entre elles succédera Kheyra Attoumani. Les tickets peuvent s’acheter à Madora Carrefour ou May’Salon.
Retenue collinaire de Combani quasiment à sec
Ce sont des images qui ne vont pas rassurer la population. La société Drone Go Mayotte a publié des images aériennes de la retenue collinaire de Combani, et le constat est sans appel. La source d’eau se vide à une vitesse inquiétante. Sur ces photos, on voit la retenue collinaire le 25 août 2023, puis trois semaines plus tard. Il y a un mois, elle était remplie à 25% selon la préfecture. Il est indéniable que ce chiffre est bien bas aujourd'hui.
LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
À MAYOTTE, APRÈS LA CRISE DE L’EAU,
Publié le 13/09/2023 sur Sudouest.fr avec AFP - © Crédit photo : PHILIPPE LOPEZ/AFP
À l’arrivée de sa fourgonnette, le sol ocre de l’exploitation d’Ali Ambody s’est recouvert de poussière. Ici, les bananeraies n’ont quasiment pas vu d’eau depuis des semaines et les branches mortes, jetées à leurs pieds, peinent à garder un peu d’humidité.
« Toutes les cultures souffrent » , regrette le président du syndicat des éleveurs de Mayotte installé à Ouangani, au centre de l’île. « Tout le monde devrait commencer à cultiver le manioc mais personne n’ose planter. Et je crains qu’on n’ait pas de mangues cette année » . L’île française de l’océan Indien connaît actuellement sa pire sécheresse depuis 1997.
Depuis le 4 septembre, les habitants de Grande-Terre sont privés d’eau deux jours sur trois. Ceux de Mamoudzou et de Petite-Terre subissent des coupures quotidiennes (de 16 heures à 8 heures) pendant la semaine, puis de trente-six heures ininterrompues le week-end. Depuis une crise sérieuse survenue en 1997, Mayotte est affectée par des pénuries d’eau
de plus en plus fréquentes. Les déficits pluviométriques sont aggravés par un manque d’infrastructures et d’investissements dans un territoire qui, sous pression de l’immigration clandestine en provenance des Comores voisines, connaît une croissance démographique de 4 % par an.
Les agriculteurs subissent de plein fouet les conséquences du manque de pluie. D’autant que cultiver son lopin de terre fait partie intégrante de la culture mahoraise. « Plus de 60 % des Mahorais font de l’agriculture. Même les fonctionnaires sont au champ le week-end » , souligne Ali Ambody, « la plupart des gens ne cultivent pas pour vendre mais pour se nourrir »
Le manioc et la banane qui poussent à Mayotte constituent, après le riz, la base du régime alimentaire local. S’ils viennent à manquer, « c’est comme s’il n’y avait plus de pommes de terre en métropole » , illustre l’éleveur qui redoute une crise alimentaire. Une crainte partagée par le syndicat des jeunes agriculteurs de Mayotte.
Alors que les coupures d’eau sont quotidiennes, l’agriculture de l’île
L’EAU, L’OMBRE DE LA CRISE ALIMENTAIRE
l’île est sous tension, avec une production agricole en grand danger.
« Sauver l’agriculture »
« Nous redoutons la réduction drastique des denrées alimentaires produites sur notre territoire et exhortons les autorités à prendre des mesures pour sauver l’agriculture mahoraise » , déclare son président, Soumaïla Moeva, qui demande à l’État de déclarer la situation de calamité agricole dans le département pour l’année 2023.
Au total, la profession recense 1 500 professionnels enregistrés à la Mutualité sociale agricole. Mais l’activité agricole reste largement informelle. Selon une étude du ministère de l’Agriculture datant de 2010, l’île comptait alors 15 600 exploitations cultivant 0,45 hectare en moyenne, de manière traditionnelle. À ce moment-là, 44 % des exploitations cultivaient moins de 0,25 hectare et seulement 2 % d’entre elles étaient constituées de parcelles de 2 hectares et plus.
Hadidja Saindou, employée de la bibliothèque de Chiconi (ouest), fait partie de ces très petits agriculteurs qui font pousser quelques fruits et
légumes. L’eau de plus en plus rare, cette mère de cinq enfants, qui peine à doucher sa famille et à garder des sanitaires propres, craint de perdre ses cultures. « C’est la période où il faut planter mais tout risque de mourir. Et pourtant il faut qu’on mange » , soupire celle qui cultive des salades, des brèdes mafanes ou des poivrons. Pour les éleveurs de bovins, de poulets et de poules pondeuses, la situation est tout aussi dramatique.
« Certains animaux sont morts à cause de la sécheresse ces dernières semaines. Les agriculteurs qui ne vivent que de l’élevage n’ont pas forcément les moyens de faire 10 kilomètres pour apporter de l’eau tous les jours à leurs bêtes » , s’inquiète Ali Ambody qui a la chance de disposer d’un puits pour abreuver ses zébus. Pour autant, ses réserves se font de plus en plus maigres. Le président du syndicat a donc adressé une lettre au président Emmanuel Macron et au ministère de l’Agriculture. « L’ampleur de cette sécheresse représente une menace grave pour la sécurité alimentaire de notre région » qui requiert « une intervention urgente afin de prévenir une détérioration encore plus grande » , écrit-il.
Les projets de du rectorat de
EN PLEIN ESSOR DÉMOGRAPHIQUE, MAYOTTE A BESOIN DAVANTAGE D’ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES, QU’IL S’AGISSE DU PREMIER OU SECOND DEGRÉ. LES CONSTRUCTIONS DES ÉCOLES MATERNELLES ET PRIMAIRES SONT DU RESSORT DES COMMUNES. EN REVANCHE, LES COLLÈGES ET LYCÉES RELÈVENT DE LA COMPÉTENCE DE L’ÉTAT ET PAR CONSÉQUENT, DU RECTORAT. DANS CE DOSSIER, NOUS FAISONS LE POINT SUR LES DIFFÉRENTS PROJETS DE CONSTRUCTION, DE RÉHABILITATION OU D’EXTENSION DES ÉTABLISSEMENTS DU SECOND DEGRÉ DANS LES CINQ PROCHAINES ANNÉES.
de construction de Mayotte
« GRÂCE À TOUS CES PROJETS, ON ARRIVERA
À RÉPONDRE AUX BESOINS EN EFFECTIF DANS LE 2ND DEGRÉ POUR LES 5 PROCHAINES ANNÉES »
LES CONSTRUCTIONS, LES RÉHABILITATIONS ET LES EXTENSIONS D’ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES DU SECOND DEGRÉ SONT NOMBREUSES. LE RECTORAT DE MAYOTTE A ÉTABLI UN PLAN POUR LES CINQ PROCHAINES ANNÉES. AU MENU, TROIS NOUVEAUX LYCÉES, CINQ NOUVEAUX COLLÈGES ET TROIS FUTURS PÔLES DES MÉTIERS. JEAN BONDU, LE DIRECTEUR DE L’IMMOBILIER ET DE LA LOGISTIQUE AU RECTORAT DE MAYOTTE NOUS DONNE LES DÉTAILS DE CES PROJETS.
LES NOUVELLES CONSTRUCTIONS
réflexion scolaire
LES LYCÉES
LYCEES
Lycée en projet
Pôle en projet
Lycée en réflexion
Lycée en Cité scolaire
LES LYCÉES
LE LYCÉE DES MÉTIERS DU BÂTIMENT DE LONGONI
Il est prévu pour 1800 élèves. Il accueillera les métiers du bâtiment et aura également une partie générale. Les travaux ont déjà commencé.
LE LYCÉE DE CHIRONGUI
Il vient remplacer les locaux existants en modulaire et l’agrandir pour accueillir 2400 élèves dans de meilleures conditions. Les travaux seront engagés l’année prochaine.
LE LYCÉE DE M’TSANGAMOUJI
Il remplacera une partie de la Cité du Nord. Il prévoit 2400 élèves. Le début des travaux est prévu pour l’année prochaine ou en début de l’année suivante. « À un horizon plus lointain (2030-2035) on travaille sur la réalisation d’un lycée dans le centre. Nous sommes en prospection d’un foncier pour l’instant » , ajoute Jean Bondu, le directeur de l’immobilier et de la logistique au rectorat de Mayotte
LES PÔLES DES MÉTIERS
Construction d’une cuisine centrale
LE PÔLE AGROALIMENTAIRE
Il sera développé en corrélation avec le lycée agricole de Coconi. Il s’agit d’un établissement de 300 élèves. Le début de la construction est envisagé en 2026 au plus tard.
LE PÔLE HYGIÈNE ET ENVIRONNEMENT LE PÔLE DE LA MER
Il viendra à la suite du futur lycée de Chirongui. Le démarrage des travaux serait donc envisageable en 2028. 300 élèves pourront s’y rendre.
Il sera sur la zone des Badamiers à Labattoir. Il devrait se développer dans la durée du prochain contrat avec une maîtrise d’œuvre qui sera notifiée l’année prochaine. Le projet se fera en deux temps. Le pôle de la mer sera construit en premier. Par la suite, le rectorat envisage une extension d’un lycée dans un horizon plus lointain. Concernant le pôle de la mer, « on espère engager la première phase en 2027. Nous prévoyons 500 élèves pour le pôle et lorsque le lycée sera construit on ajoutera 500 autres », précise Jean Bondu.
DOSSIER
LES COLLÈGES
CLG en Cité scolaire
CLG nouveaux
CLG en Cité scolaire
Extension pour CLG
LE COLLÈGE DE VAHIBÉ
Le marché global de performance est déjà notifié. La conception est en cours. Ils démarreront l’année prochaine et s'achèveront pour la rentrée 2026. L’établissement est conçu pour 900 élèves.
LE COLLÈGE DE CAVANI STADE
Le foncier est en cours de transfert avec le département. Le projet est actuellement en phase de concours. Le rectorat doit choisir le cabinet d’architectes qui sera retenu pour la conception du collège dans les prochaines semaines. L’établissement est prévu pour 600 élèves dont certains pourront profiter d’une formation d’excellence sportive. La construction doit s’achever en 2027.
LE COLLÈGE DE CAVANI SUD OU M’TSAPÉRÉ
Le foncier n’a pas encore été trouvé. « Mais les effectifs de Mamoudzou impliquent que nous construisions un autre collège à Cavani Sud ou M’tsapéré dans les dix prochaines années si nous voulons optimiser les transports scolaires. On est en train de discuter avec la mairie et les différents acteurs afin de trouver un foncier pour le développer », explique l’agent du rectorat. Le collège devrait accueillir 600 élèves.
LE COLLÈGE DE TSARARANO/DEMBENI
Il est également en phase de concours afin de choisir le cabinet d’architectes. Les travaux doivent s’achever en 2028. Ce collège recevra 900 élèves.
LE COLLÈGE DE BANDRABOUA
Le rectorat de Mayotte souhaite que ce soit un établissement de proximité dédié au village de Bandraboua. Il viendra s’installer dans l’actuelle annexe du lycée de Dzoumogné qui se trouve à Bandraboua. Le bâtiment accueillera 600 élèves maximum.
DOSSIER
LES EXTENSIONS
LES COLLÈGES DE LABATTOIR, MAJICAVO ET KOUNGOU
« Le rectorat a prévu ces trois extensions de collège dans le prochain contrat 2024-2027. Elles ont pour objectif de répondre à un besoin en effectif dans ces villages et à une optimisation des transports. C’està-dire qu’au lieu de construire des collèges neufs, qui impliquent un déplacement en bus pour les élèves, nous avons abandonné cette idée au profit de l’extension des collèges déjà existants. Cela permettra à la majorité des élèves de s'y rendre à pied », explique Jean Bondu.
LES CITÉS SCOLAIRES
L’ACADÉMIE DE MAYOTTE PRÉVOIT ÉGALEMENT TROIS EXTENSIONS DE LYCÉES ET UN COLLÈGE QUI VONT SE TRANSFORMER EN CITÉ SCOLAIRE.
LE LYCÉE DES MÉTIERS DU BÂTIMENT
Une extension de collège de 900 élèves est d’ores et déjà prévue dans le projet. Il est destiné aux collégiens de Longoni et permettra de réduire la tension en effectif du collège de Dzoumogné.
LE LYCÉE DE KAHANI
Il va voir réduire ses effectifs lorsque le pôle de la mer sera livré, puisque les formations de la mer seront transférées là-bas. Ces lycéens manquants seront remplacés par 400 collégiens de Kahani uniquement, qui n’auront donc plus à se déplacer en bus.
LE COLLÈGE DE KWALÉ
Une extension de l’établissement est prévue afin d’accueillir des lycéens. Ainsi, l’établissement va se transformer en cité scolaire. Lorsque le lycée de Mamoudzou sud sera livré, une partie des élèves du lycée Bamana y seront scolarisés.
LE LYCÉE BAMANA
Son effectif sera réduit puisque qu’une partie des élèves seront envoyés à la cité scolaire de Mamoudzou sud. Ainsi 500 collégiens pourront étudier dans cet établissement, ce qui réduira la tension en effectif du collège de M’Gombani. Le rectorat prévoit de construire également des locaux neufs afin d’agrandir l’établissement.
Mayotte Hebdo : Quel est le budget alloué pour tous ces projets ?
Jean Bondu : Nous nous inscrivons dans l’équivalent d’un « Contrat Plan Etat Région 2024-2027 » actuellement en cours de consolidation. Le précédent, pour la période 2019-2023, était appelé « contrat de convergence et de transformation ». Il définit le budget alloué aux projets de constructions scolaires, notamment celles du second degré porté par le rectorat. Ce budget est défini autour d’une liste de projets. Pour cette période du contrat, nous espérons 130 millions d’euros par an.
Il devrait être porté par le préfet auprès du gouvernement dans le dernier trimestre de cette année 2023, pour pouvoir se décliner sur 2024 jusqu’en 2027. Cette programmation est donc sous réserve de validation du budget prévisionnel qui répond à un besoin du territoire, et donc qui ne devrait pas être remis en cause.
MH : Avez-vous le foncier nécessaire pour agrandir les collèges ?
J.B : Oui, et c’est tout l’intérêt de la stratégie des extensions et des cités scolaires car on peut aller assez vite. Les extensions des trois collèges seront engagées dans les trois prochaines années et donc livrées dans les cinq ans à venir.
MH : Avez-vous également prévu des cantines scolaires pour les nouvelles constructions et les extensions ?
J.B : Un grand pan de notre plan d’investissement porte sur la restauration. La volonté de l’Éducation nationale est d’investir sur les satellites de la restauration qui permettront de distribuer des repas chauds à l’ensemble de nos élèves du second degré. Dans le plan 2024-2027, on prévoit d’engager 100% des projets des cuisines manquantes dans le second degré. Ce qui fait 24 cuisines. La première moitié sera livrée durant cette période et l’autre moitié est prévue dans le plan suivant. Pour les nouvelles constructions tout est déjà inclus dedans. Ce qui permettra qu’à l’horizon 2030 on soit en capacité de distribuer des repas chauds à tous les élèves du second degré.
MH : Concernant le collège de Cavani stade, la ligue mahoraise de football n’est pas favorable au projet à cause du stade. Avez-vous trouvé un accord ?
J.B : On a trouvé un accord. Nous nous sommes engagés à mutualiser certains équipements au profit du stade, ainsi que certaines fonctions comme le parking. Tout cela permet de maintenir l’objectif souhaité par le département qui est de classer le stade à un niveau 2. Nous nous sommes engagés à ce que le collège ne dégrade pas ce niveau de classement de la Fédération Française de Football. Cet accord sera prochainement contractualisé dans le cadre du transfert foncier entre le département et le rectorat.
MH : Est-ce que ces nouvelles constructions sont envisagées pour mieux faire face aux potentielles crises de l’eau à Mayotte ?
J.B : C’était déjà le cas sur les établissements neufs. On prévoit certaines choses comme la récupération des eaux de pluie. Et on ira plus loin maintenant. On réfléchit à la récupération et au traitement des eaux grises (l’eau des toilettes), à la récupération des eaux de lavage des cuisines etc.
MH : Existe-t-il des secteurs à Mayotte qui n’ont pas d’établissements du second degré et qui en ont besoin ?
J.B : Pour nous techniciens, on a deux voire trois points d’entrée pour construire un collège ou un lycée. Il y a
l’effectif, avec le nombre de collégiens ou lycéens dans la commune. L’objectif est que chaque enfant puisse aller au collège et au lycée. Pour l’instant la projection sur 2030 est favorable, sauf déplacement de population qu’on ne verrait pas venir. Grâce à tous ces projets, on arrivera à répondre aux effectifs demandés par les villages et les communes. Beaucoup mieux que dans la situation actuelle d’ailleurs puisque les transports scolaires seront optimisés. Par exemple aujourd’hui les élèves de Longoni sont obligés de prendre le bus et aller au collège à Dzoumogné. Lorsque le lycée et le collège de Longoni seront livrés, ils pourront y aller à pied. On pourra optimiser le transport principalement pour les collégiens.
Le deuxième point d’entrée est le déplacement des élèves de certains villages dont l’effectif est insuffisant pour y développer un établissement du 2nd dégré. Pour ceux-là, on travaille avec les mairies sur un partenariat d’une cité scolaire commune rassemblant une école et un collège. Pour l’instant, on esquisse le sujet avec Mamoudzou au profit de Tsoundzou 2. C’est un travail de longue haleine.
En somme, nous offrons une place en classe à tous les élèves du 2nd degré, idéalement à proximité de chez eux, ce qui garantit une meilleure qualité d’enseignement à terme.
Un troisième point concerne la carte de formation concernant les lycées, notamment les formations professionnelles. Pour celles-ci, nous complétons les équipements de façon répartie sur le territoire afin d’offrir à nos élèves l’ensemble des formations nécessaires à l’avenir de Mayotte.
MH : Qu’en est-il de la rénovation des établissements scolaires existants ?
J.B : La maintenance des établissements est un point non négligeable. Le prochain contrat implique un budget de maintenance et d’aménagement largement supérieur à l’ancien contrat. On prévoit 50% de plus qu’au budget précédent, soit un total de 8 millions d’euros par an. Ce qui nous permettra de maintenir nos établissements qui deviennent un peu plus vétustes chaque année.
On a aussi quelques projets d’amélioration de nos équipements sportifs déjà construits. Sous réserve que le budget soit validé, on devrait pouvoir investir environ 4 millions d’euros par an pour compléter et améliorer les équipements, notamment les plateaux sportifs présents dans nos établissements scolaires.
En ce qui concerne les nouvelles constructions, il y a toujours un équipement sportif à l’intérieur. La question se pose au niveau du nombre. Par exemple, si nous avons convenu avec la municipalité de payer ou co-financer leurs équipements sportifs, on ne va pas le faire une deuxième fois chez nous.
MH : Avez-vous également prévu des internats dans vos projets de construction ?
J.B : Oui et ils sont souvent en lien avec les pôles des métiers. Nous avons l’internat de Kaweni qui est en démarrage de construction. En 2025, Il offrira 200 lits au pôle des saveurs et du bien-être à Kaweni. Nous prévoyons également l’internat de Longoni, qui sera rattaché au lycée des métiers du bâtiment. Il y aura 100 lits. Et enfin, nous développons un internat à Chirongui, rattaché au lycée du bois. Il y aura également 100 lits. Enfin, on tente d’obtenir le financement auprès de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine pour développer un internat en Petite-Terre et un autre à M’tsangamouji.
MÊME LE LYCÉE DES MÉTIERS DU BÂTIMENT ACCUSE UN RETARD DE CHANTIER
ALORS QU’IL ÉTAIT INITIALEMENT PRÉVU À LA RENTRÉE 2024, LE LYCÉE DES MÉTIERS DU BÂTIMENT DE LONGONI DEVRAIT OUVRIR EN 2025. CET ÉTABLISSEMENT DE 1.800 ÉLÈVES PAYE LE RETARD PRIS PAR LE SYNDICAT DES EAUX DE MAYOTTE DANS LE DÉPLACEMENT D’UNE CANALISATION. UNE VISITE ÉTAIT CEPENDANT ORGANISÉE, CE MARDI, POUR MONTRER L’AVANCÉE DU PROJET.
Le futur lycée de Longoni n’est pas encore prêt « à construire un avenir à notre jeunesse », si on reprend la formule du recteur, Jacques Mikulovic. Ce mardi matin, les services du rectorat, les cabinets d’architectes (Coarchitectes et Encore heureux architectes) et les entreprises travaillant sur le site, ont fait le tour des lieux situés à la sortie de Longoni, direction Bouyouni. Alors que l’établissement de 1.800 élèves devait faire sa première rentrée en 2024, avant d’être rejoint ensuite par le collège, il faudra attendre l’année d’après.
QU’EST-CE QUI COINCE ?
Ou plutôt qu’est-ce qui coule ? Une conduite d’eau traverse le site et passe sous le futur bâtiment administratif et les premiers ateliers qui étaient prévus le long de la route nationale 1. Depuis 2020, le syndicat Les Eaux de Mayotte était invité à la déplacer.
Ça a été fait, oui, mais cette année. Et la nouvelle canalisation, sous la Nationale 1, nécessite un volume important d’eau pour des tests, ce qui est devenu compliqué en cette période de pénurie. Et tant que la
nouvelle installation n’est pas prête, difficile de se séparer de l’ancienne.
EST-CE QUE TOUT LE CHANTIER EST ARRÊTÉ ?
Officiellement démarré le 19 juin, après la pose de la première pierre en décembre 2022, il se poursuit depuis. Le terrassement par l’entreprise Tetrama a bien été réalisé. La première construction, qui est en fait une consolidation, trône également au milieu du site. Il s’agit d’une vieille cheminée datant de l’ancienne usine sucrière dont ACBTP Kawéni a renforcé la structure. Pareil pour « la base vie », elle est déjà en fonctionnement. Ce mardi, les ouvriers de la Colas et BCM constructions métalliques s’affairent justement sur la partie est du chantier. Les premiers s’occupent des fondations de bâtiments d’enseignement, tandis que BCM installe la charpente métallique de trois futurs ateliers dédiés à la formation. Pour la charpente en bois (le bois représente les 2/3 du projet, deux bâtiments seulement sur la vingtaine prévue sont en béton), elle devrait commencer à être installée en décembre.
Après
POURQUOI LE PROJET A ÉTÉ MODIFIÉ ?
Imaginé en 2018, le projet sur 20.000 m2 a été confronté depuis à une explosion des coûts des matériaux en raison de la crise sanitaire. Exit donc l’espace de restauration et la salle polyvalente, le plan a été revu pour rentrer dans l’enveloppe conséquente de 100 millions d’euros. Au milieu, trônera une Maison des Lycéens qui aura un magnifique panorama sur le lagon. Les équipements sportifs (gymnase, dojo, mur d’escalade et piste d’athlétisme) seront à proximité, ce qui pourra permettre une utilisation par les associations locales. Les élèves en formation sont-ils associés au projet ?
C’est l’idée. Les 700 élèves en formations du bâtiment du lycée de Dzoumogné sont amenés à se rendre parfois sur place. Certains intégreront les entreprises en stage (c’est le cas par exemple à la Colas) ou des classes viendront en observation. Mêlant plusieurs matériaux (bois, béton,
métal, briques de terre compressée), le chantier se veut l’exemple de tout ce qui peut être fait dans le bâtiment à Mayotte et pareil en matière bioclimatique. Les toits, surplombés de panneaux solaires, seront munis d’écopes pour ne pas avoir à climatiser les bâtiments. « Il y aura un peu de climatisation pour les serveurs », précise toutefois Philippe Bayard, de Co-architectes. Depuis le début du projet, son cabinet continue d’associer le site aux habitants en proposant des actions régulièrement. Ainsi, les parents et les futurs élèves du lycée et du collège (prévue en 2027) qui doivent désengorger les autres établissements du nord peuvent à s’habituer à ce qui remplace le site originel du village de Longoni.
L’un des cadis qui a béni les lieux ne dit pas autre chose : « On a hâte que nos enfants aillent ici au lycée ». Même si pour ça, il faudra attendre un tout petit peu plus longtemps.
TRAVAUX LE RECTORAT VEUT CONSTRUIRE UN COLLÈGE AUX ABORDS DU STADE DE CAVANI
A L’ÉTAT DE PROJET DEPUIS DEUX ANS MAINTENANT, UN COLLÈGE DE 600 ÉLÈVES POURRAIT VOIR LE JOUR EN 2025, RUE DES ÉCOLES À CAVANI. LE RECTORAT DE MAYOTTE POUSSE EN TOUT CAS EN CE SENS ET LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE MAYOTTE POURRAIT VOTER PROCHAINEMENT LA CESSION DES TERRAINS. A PROXIMITÉ, UN AUTRE ÉTABLISSEMENT DE 1.000 PLACES DOIT SUIVRE À CAVANI SUD OU À BONOVO.
D’un coût estimé à 25 millions d’euros et pouvant accueillir 600 élèves, celui-ci pourrait bien s’implanter dans la rue des écoles. Un espace entre la tribune du stade, la bibliothèque et l’école primaire Cavani stade fait figure d’emplacement favori. La prochaine réunion du conseil départemental, la semaine prochaine, pourrait entériner le vote en faveur de la cession des terrains. Cela fait deux ans que le rectorat planche sur ce projet de près de 11.000 mètres carrés qui comprend un long bâtiment comprenant salles de classe et vie scolaire, un autre avec l’accueil et les bureaux administratifs, un troisième réunissant le réfectoire et la cuisine. Les places de parking sont réparties entre la rue du stade, un emplacement à proximité du rond-point du stade et un autre qui sera créé entre la bibliothèque et la tribune. Ce sera le seul établissement avec un effectif aussi réduit, les collèges de Mamoudzou accueillent généralement plus de 1.500 élèves (sauf K1 qui est en-dessous).
UN LIEU DÉDIÉ AU SPORT
Comme le collège M’gombani accueille des filières dédiées à la musique, celui de Cavani stade sera axé davantage sur le sport. L’enceinte pourrait accueillir la section sportive d’excellence, aujourd’hui au collège de M’gombani (voir Flash infos du 8 septembre 2022). Les élèves/joueurs de football fréquentent déjà le quartier puisqu’ils logent au centre Abdallah Mamy, en face du
stade où ils s’entraînent. Cependant, ils doivent rejoindre chaque jour le quartier de M’gombani, comme des centaines d’élèves de Cavani. Ces problèmes de sécurité pourraient ainsi être résolus en 2025, date pour l’instant à laquelle est prévu l’ouvrage. En outre, le stade situé à côté pourrait disposer du réfectoire, d’un club house et d’un espace presse, annonce le recteur, qui veut lier encore davantage le monde du sport et celui de l’école (des terrains de tennis sont ainsi prévus).
LA LIGUE DE FOOTBALL INQUIÈTE POUR SON ENCEINTE
Ces derniers éléments n’ont toutefois pas convaincu la Ligue mahoraise de football, qui utilise le stade. La tenue de matchs officiels sur le terrain de Cavani ne pouvant se faire que sous certaines conditions, l’une d’elles suppose un accès particulier des officiels et des arbitres dans l’enceinte sportive. La construction du parking du collège entre la bibliothèque et la tribune pourrait donc avoir une incidence sur la classification du stade. Le président de la Ligue mahoraise de football, Mohamed Boinariziki, ne peut s’opposer à la vente des terrains du Département, mais il n’hésite pas à dire « qu’il n’est pas favorable » au projet. « Comment on fait si une rencontre a lieu un jour où le collège fonctionne ? », s’interroget-il. « Il n’y a pas un projet en métropole à La Réunion ou en métropole où l’accès est mutualisé avec un collège. »
LE VILLAGE NATURE NOMADE S’INSTALLE À LA CITÉ SCOLAIRE DE BANDRÉLÉ
En début d’année, les Naturalistes de Mayotte ont mis en place un Village nature nomade. Cette offre pédagogique est à destination des établissements scolaires du second degré. L’association sillonne le territoire pour s’implanter pendant plusieurs jours dans chaque collège et lycée de l’île. Cette semaine, le Village est à la cité scolaire de Bandrélé.
Organisée dans le cadre de la mission inter
Le projet du Village nature nomade, créé par les Naturalistes de Mayotte, tire sa force de l’expérience de l’association sur l’éducation à l’environnement et au développement durable. Par le passé, des actions étaient déjà menées, mais très « parcellaires ». Comme l’explique François Beudard, le directeur, c’est face à ce constat, que l’association s’est décidée à « essayer de regrouper un peu toutes nos expertises et nos animateurs et différentes
associations, pour essayer de se retrouver dans un village nature ». Un village qui rassemble donc les acteurs de l’éducation à l’environnement. « Et nomade, parce qu’il bouge d’établissement en établissement. »
Une culture commune
Biodiversité, développement durable, naissance de l’île, eau et la santé, érosion des sols ou encore étude du littoral sont les
thématiques abordées par les différents stands présents au Village nature nomade. « On a mis en place un panel d’activités pédagogiques pour les élèves », note le directeur. Pendant environ trente minutes, les élèves écoutent les animateurs et posent leurs questions. L’objectif pour l’association est de sortir des traditionnelles maquettes. « L'idée, c'était de rassembler les élèves dans une culture commune autour des risques naturels, de la santé environnement et de la biodiversité », insiste ce dernier.
Stand après stand, les élèves peuvent donc profiter d’une vidéo retraçant la création de l’île, des maquettes portant sur les mangroves et la barrière de corail, l’érosion des sols, mais aussi découvrir un microscope. « Est-ce que vous savez ce qu’est une barrière naturelle ? Qu’est-ce que l’on peut apercevoir dans le lagon ? » Telles sont les questions posées aux jeunes. Afin de découvrir concrètement la biodiversité marine, les collégiens et lycéens peuvent profiter d’une séance d’immersion sous-marine. A l’aide d’un casque de
réalité virtuelle, ils peuvent profiter d’une vue subaquatique avec dauphins ou baleines. « On cherche vraiment à venir apporter des informations, par des outils pédagogiques innovants », argumente François Beudard.
Une action à pérenniser
Engagée sur deux années scolaires, entre 2022 et 2024, l’association essaie de mobiliser des fonds complémentaires afin de pérenniser l’action. Selon le directeur, le but serait de « pouvoir même inviter d’autres acteurs de l’éducation environnementale pour agrandir le village ». Cette évolution permettrait ainsi d’apporter davantage de connaissances et d'expertise auprès des élèves. D’ici à la fin de l’année 2024, les Naturalistes ambitionnent de mener une action du Village nature nomade dans la totalité des collèges et lycées de l’île. n
MARCEL SÉJOUR
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
Marcel Séjour avec Portraits de Mayotte… et d’Anjouan. Cet ouvrage est publié en 2001 par la maison d’édition locale liée à la librairie La Maison des livres, à savoir Baobab. Le titre indique le programme esthétique de l’ouvrage, des portraits d’hommes et un découpage géographique qui s’étend de Mayotte vers Anjouan. On peut dire un mot de la couverture qui reproduit un tableau rectangulaire dans lequel un homme vêtu du pagne est saisi de profil, se penchant vers son pied. Il porte un collier en or et nous supposons qu’il a posé son pied sur une chaise, peutêtre pour lacer une chaussure. Le jaune du fond contraste avec la couleur sombre du corps et le blanc du pagne. Le tableau est énigmatique. On ne voit le visage que de profil. On ne sait pas ce que fait le personnage, la partie basse de la scène n’étant pas représentée. Sous l’œuvre, le titre du livre pourrait être celui du tableau : Portraits de Mayotte… et d’Anjouan. Il n’y a pas de mention de l’auteur qui n’est discrètement présent que dans la signature du tableau, en bas à droite : Marcel.
Qui est donc Marcel Séjour ? Voici comment il se présente lui-même : « Né à Angers en 1948. Études tertiaires commerciales puis départ vers l’Australie en 1972. Retour en 1897, bien décidé à vivre de la peinture. L’occasion ici de remercier pour cher jeune maître australien Robert Kleinboonschatte qui m’a appris l’essentiel, que Dieu le protège. Prof d’anglais à Mayotte de 1993 à 1997, ainsi qu’entraîneur de quatre équipes de foot. Eh oui. Peintre à temps complet depuis 1998. Vit pour l’instant en Anjouan. Toujours pas marié, mais tout peut arriver. »
(deuxième de couverture)
Cette présentation de soi par soi donne le ton et est utilement complétée par la citation qui suit :
« Le village de Bandraboua arrive juste après.
Vérifiez où c’est sur la carte. J’y ai vécu quatre
ans. Je travaillais à Dzoumogne, à quatre kilomètres de là, et je vivais à Bandraboua. Un grand merci à tous ses habitants, dont aucun n’avait demandé de me voir vivre chez eux ; merci de m’avoir accepté comme ils l’ont fait.
J’étais le seul m’zungu du village à l’époque. Un célibataire rondouillard de cinquante ans, qui buvait de la bière tous les jours, mangeait parfois du proc, écoutait de l’opéra à quatre heures de l’après-midi, heure à laquelle tout le monde dort, le chantait même parfois, portait des bermudas partout et toujours, dessinait et peignait n’importe quoi même les dimanches. » (p. 7)
La préface d’Abdul Djabar Saïd Yacout fait de Marcel Séjour le peintre de Mayotte, de ce kaléidoscope qu’est Mayotte : « Mais puisqu’il s’agit de Mayotte, c’est de ‘multi-cultures’ que je devrais parler, et rester ainsi fidèle à l’œuvre de Marcel. Car Mayotte, c’est une négritude originelle, pimentée ensuite d’orientalisme arabe, et aspirée aujourd’hui par un occident fatigué dont le matérialisme intransigeant change l’or en mirages. Ainsi le lecteur pourra-t-il appréhender le syncrétisme mahorais ; et c’est bien ainsi que le peintre l’a souhaité. De l’enfance et de l’adolescence, symbolisé par le banga ; de l’âge adulte et de la sagesse, symbolisés par le vêtement du hadj ; du féminin et du masculin, jamais mieux symbolisés ensemble que par, et dans, une musculature féline – attribut naturel du nègre – voilà ce dont il est question ici. » (p. 6)
L’ouvrage qui est bilingue français/ anglais présente aussi l’aspect d’une sorte de catalogue raisonné des œuvres de l’auteur. En amont, l’auteur est bien obligé de dire un mot de son esthétique : « Je ne suis pas un peintre imaginatif. Je suis incapable de concevoir des grands tableaux avec des personnages dans tous les coins, qui courent, qui bougent, et font, dans tous les sens, tout ce que font d’habitude les gens qui nous entourent. Je n’ai aucun talent, non plus, pour illustrer les grandes questions du
moment. On m’a demandé un jour de trouver quelque chose de fort pour l’anniversaire de la fin de l’esclavage. J’y réfléchis encore. » (p. 9)
Paradoxalement, dans un livre qui s’appelle portraits, notre tableau préféré s’intitule Jeune bananier (p. 19). C’est peut-être parce que ce qui nous a frappé d’abord nous-même en découvrant Mayotte et son paysage, c’est la récurrence et l’alternance entre les bananiers et les taules. Puis, les bananiers que nous avons croisés à tous les stades de leur croissance, plantés en terre ou transportés par un Mahorais, sans oublier les innombrables mains achetées au cours des années, ont créé une étroite connivence entre Mayotte et le bananier qui pourrait être son
emblème. Enfin, le cycle de la vie végétale, combiné au mouvement de la plante sont l’effet du vent, nous ont toujours semblé une image de la vie humaine, chêne et roseau obligent. Nous laissons à présent le lecteur délaisser nos mots pour traquer les images de ce beau livre des Porteurs de fagots de Kangani, qui est un paysage, à une étude pour La Sentinelle, qui relève du genre du nu.
CE WEEK-END, LE PATRIMOINE EST EN FÊTE
LA 14E ÉDITION DES JOURNÉES DU PATRIMOINE SE DÉROULERA DU VENDREDI 15 AU DIMANCHE 17 SEPTEMBRE. LORS DE CET ÉVÉNEMENT, LE PATRIMOINE DE MAYOTTE SERA MIS EN LUMIÈRE. CETTE ANNÉE, DEUX THÉMATIQUES SONT MISES À L’HONNEUR : LE PATRIMOINE VIVANT ET LE PATRIMOINE DES SPORTS. RETROUVEZ CI-DESSOUS UNE LISTE NONEXHAUSTIVE D’ACTIVITÉS POUR CE WEEK-END.
Les journées européennes du patrimoine se dérouleront ce week-end à Mayotte. Annulé l’an dernier pour cause d’opération « Ile morte » , le rendez-vous a pour objectif de montrer au plus grand nombre la richesse extraordinaire du patrimoine au travers de rendez-vous inédits, de visites insolites et d’ouvertures exceptionnelles. Il est également l’occasion de développer la curiosité et la connaissance de la culture locale. Que ce soient les archives départementales, les mairies ou encore les associations, les acteurs culturels ont rivalisé d’imagination pour faire découvrir ou redécouvrir le patrimoine mahorais.
À PAMANDZI, MAMOUDZOU ET SADA
A Mamoudzou, le samedi 16 septembre, de 9h à 16h, il sera possible de participer à une visite guidée de la mosquée du vendredi à Kawéni, de la mosquée Nquizi à Mamoudzou, de la mosquée de Mbalamanga à M’tsapéré et de l’église Notre-Dame de Fatima à Mamoudzou. Des concours sportifs auront lieu de 9h à 17h à la pointe Mahabou, avec au programme un monté les cocotiers, course en sac, course en chaussures noix de coco et course de pirogues. En parallèle à ces concours, des ateliers de savoir-faire et d’artisanat se
tiendront de 9h à 13h (tressage de feuilles de coco, râper les cocos). Le lendemain, dimanche 17 septembre, il sera de nouveau possible de visiter de 9h à 16h, les mosquées de Kawéni, de Mamoudzou et de M’tsapéré. En complément, la place Zakia Madi accueillera des chants et danses de 14h à 17h, avec notamment un m’biwi traditionnel.
Dans l’ouest de l’île, la commune de Sada organise sa journée du patrimoine, le samedi 16 septembre, avec des visites prévues au Chissioua, à la mosquée du vendredi, à la maison de l’artisanat et à l’îlot de Sada. Elles auront lieu de 7h30 à 11h30. Afin de mettre en avant le patrimoine culturel local, seront installées sur le parking Tiyoni, une exposition et une vente de saveurs locales, de 8h à 18h. La journée sera rythmée par des jeux de devinettes et sauts en sac. A 15h30, le rendez-vous est donné pour des danses Wadaha et m’biwi. Enfin, la journée se clôturera par un folklore, à 16h30.
En Petite-Terre, la ville de Pamandzi organise elle-aussi un événement, ce samedi 16 septembre. De 9h à 12h, des échanges et témoignages d’anciens joueurs, ainsi que des jeux ludiques sont prévus. Petits et grands, vous pourrez vous affronter lors d’une course de sac, ou d’un concours de rappe coco. Des animations
La mosquée du vendredi à M’tsapéré ouvre ses portes au cours de ces journées européennes du patrimoine, comme d’autres sites religieux de la ville de Mamoudzou.
CULTURE
La Résidence des Gouverneurs, qui a été retenue dans les projets soutenus par le Loto du patrimoine, fait l’objet d’une exposition au musée de Mayotte à Dzaoudzi.
autour du m’gourou, du m’ringué et lache seront également organisées. De 14h à 15h, tous les participants pourront participer au sport intergénérationnel et enfin, jusqu’à 17h30, la fin de journée sera clôturée par des danses et chants traditionnels, accompagnés du groupe « Jumbo Music »
LES ASSOCIATIONS SE MOBILISENT AUSSI
L’association Art’Terre organise, sur inscription, deux journées qui ont pour but de faire (re)connaître au grand public la brique de terre compressée (BTC) de Mayotte et découvrir via des expériences scientifiques et pratiques les propriétés du matériau terre et comprendre pourquoi et comment il est possible de construire avec. Le samedi 16 septembre, aura lieu une activité sous forme d’un atelier pédagogique ludique portant sur la découverte du patrimoine et de la brique de terre comprimée du quartier square Papaye. La journée sera décomposée ainsi : 9h30 : rendez-vous devant l’entrée principale du centre commercial Baobab à Mamoudzou, puis de 10h15 à 15h : constitution des groupes, sortie, centralisation des photos et à 15h : restitution par les groupes. Le dimanche 17 septembre, les participants seront invités à comprendre au travers d’ateliers pédagogiques, comment passer de la matière première terre au matériau
de construction. Le rendez-vous sera donné à l’entrée de la zone industrielle Nel, à Kawéni, puis de 10h15 à 12, ce sera un temps dédié à un atelier découverte. L’après-midi, sont programmés des ateliers de production d’adobes et de BTC et de réalisation d’ouvrages en BTC.
Le vendredi 15 septembre, est organisée la restitution du projet Gardiennes de la mémoire, de Julia Maria Lopez Mesa en partenariat avec la FAAAB (Fédération des associations artisanales et agricoles de Mayotte). Cette journée sera la première de restitution de ce projet artistique au long cours qui aura lieu à l'école de Bambo Ouest. Des ateliers de préparation du défilé auront lieu le matin, et l'après-midi, le salouva de l'école sera inauguré lors d'un défilé. Il mettra à l’honneur le travail des femmes de la FAAAB en tant que pilier de la transmission de la culture mahoraise et qui s’exprime à travers les pratiques textiles traditionnelles. Au programme de cette journée : 8h - ateliers préparatoires au défilé avec création de chapeaux, maquillage, coiffures, tressage, fabrication de bijoux et visite des expositions ; 11h - accueil officiel et discours ; 11h30ouverture du défilé.
Dans le cadre des journées européennes du patrimoine 2023, l’association Les Naturalistes de Mayotte consacre son café naturaliste au « jardin mahorais » . La conférence, animée par Clara Husson, agronome au Cirad (Centre de coopération
Une visite des vestiges de l’ancienne usine sucrière de Soulou est proposée par le Jardin de M’tsangamouji en marge d’un événement consacré aux cultures locales.
internationale en recherche agronomique pour le développement), portera sur le jardin mahorais, ses diverses formes et fonctions. Ce café naturaliste aura lieu au restaurant La Croisette à Mamoudzou (derrière le marché), le vendredi 15 septembre, à 18h.
Le Jardin de M’tsangamouji propose, le samedi 16 septembre, de 8h à 14h30 au plateau de M’tsangamouji des stands et activités, notamment du henné, du tressage de feuilles de coco, de la fabrication du coprah et d’outils artisanaux. En plus, des chants et danses traditionnelles et culturelles animeront cet événement. En complément, une visite des vestiges de l’usine sucrière de Soulou, de la maison du Maître et de la jetée sont également prévues.
Dans le cadre de cette édition des JEP, l’association Tanafou ya hazi de Mayotte a programmé, le dimanche 17 septembre de 8h30 à 15h, une journée d’exposition autour de la découverte du site patrimonial des alambics de Dziani Bolé au grand nord de Mayotte. Est prévu un rassemblement à 8h sur la place de la mairie de M’tsamboro. Puis des activités culturelles et animations avec des contes et histoire de Mayotte halé halélé ; vente de produits artisanaux et dégustation de thés et jus de fruits et productions agricoles issues des agriculteurs locaux.
MUSÉE, ARCHIVES ET CULTURE COMPLÈTENT LE PANEL
Le musée de Mayotte participe également au rendezvous. Les samedi 16 et dimanche 17 septembre, de
9h à 16h, chacun pourra découvrir l’exposition qui porte sur la découverte de l’architecture coloniale. Une exposition sur bâches sur les caractéristiques architecturales et patrimoniales de la Caserne et de la Résidence des gouverneurs, deux bâtiments emblématiques du projet architectural du musée de Mayotte.
De son côté, la Direction de la culture et de la lecture publique a retenu le thème « usages traditionnels des plantes à Mayotte » , au Pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi. Le vendredi 15 septembre, de 9h à 12h, chaque visiteur pourra découvrir l’exposition « Un monde de brèdes » , la diffusion de la vidéo « Les plantes médicinales à Mayotte » , mais aussi participer au jeu de découvertes et devinettes sur les plantes. Une visite du site sera également possible. Le lendemain, de 9h à 16h seront proposées les mêmes activités. La visite guidée du site n’aura lieu que de 9h à 12h uniquement. De plus, un nouvel atelier sera proposé sur « Les cinq sens » . Le dimanche, les animations auront lieu de 9h à 13h.
Les archives départementales de Mayotte ouvriront également leurs portes au grand public durant ce week-end. Samedi et dimanche, de 9h à 17h, il sera possible de visiter l’exposition « Le sport mahorais à travers les archives » et de participer au lancement de la grande collecte d’archives du sport. Une visite guidée des Archives départementales de Mayotte sera également proposée, tout comme une visite de l’exposition « Histoire de Mayotte de 1841 aux années 2000 »
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros
7, rue Salamani
Cavani M’tsapéré
BP 60 - 97600 Mamoudzou
Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com
Directeur de la publication
Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com
Directeur de la rédaction
Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com
Rédacteur en chef
Raïnat Aliloiffa
# 1057
Couverture : Les projets de construction du rectorat de Mayotte
Journalistes
Raïnat Aliloiffa
Alexis Duclos
Saïd Issouf
Agnès Jouanique
Direction artistique
Franco di Sangro
Graphistes/Maquettistes
Olivier Baron, Franco di Sangro
Commerciaux
Cédric Denaud, Murielle Turlan
Comptabilité
Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com
Première parution
Vendredi 31 mars 2000
ISSN : 1288 - 1716
RCS : n° 9757/2000
N° de Siret : 024 061 970 000 18
N°CPPAP : 0125 Y 95067
Site internet www.mayottehebdo.com