Mayotte magazine
Mayotte
mars-avril 2009
n°10
magazine
Chiconi la malgache,
terre de cultures
ACTUALITé CULTURE VOYAGE LOISIRS
3,90 €
MAYOTTE DéPARTEMENT DOSSIER SPéCIAL
RéFéRENDUM REPORTAGE
RODRIGUES Paisible, encore sauvage, l’île cultive ses traditions
Mayotte magazine n°10 Une publication bimestrielle de AR’IMAGE SARL ZI de Kawéni BP 268 97600 Mamoudzou tél : 06 39 09 03 29 contact@mayottemagazine.com DIRECTRICE DE PUBLICATION Stéphanie Légeron RéDACTEURS Frédérique Cadieu Guillaume Cestac Nassuf Djailani Denise Harouna Alban Jamon Stéphanie Légeron Ma’jo Laurence de Susanne Halda Toihiridini PHOTOGRAPHES Jonny Chaduli Stéphanie Légeron BD Alice Lopez Yann Moreau DIRECTION ARTISTIQUE AR’IMAGE SARL COMMERCIAL Thierry Stoecklin IMPRESSION PRECIGRAPH St Vincent de Paul Avenue West Pailles P.O. Box 727 Bell Village Ile Maurice Numéro ISSN 1962-4379 Prix de vente : 3,90 € Toute reproduction (même partielle) des articles publiés dans Mayotte magazine sans accord de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique.
éDITO
L
a crise. Ce mot est sur toutes les lèvres, repris en boucle par tous les médias. La crise est un changement rapide et involontaire qui soit nous oblige à prendre des décisions soit décide à notre place. Si on le peut, c’est le moment de faire un choix. La crise, au-delà des difficultés qu’elle impose, permet une prise de conscience lucide de la réalité et une meilleure adaptation à celle-ci. Nous verrons dans ce numéro quels dispositifs sont en place à Mayotte pour lutter contre les effets de la crise financière internationale. Nous verrons aussi comment cinq jeunes entrepreneurs mahorais ont osé créer leur emploi, à force de volonté, d’idées et d’audace.
Mayotte magazine vous emmènera le temps d’une danse au carrefour des traditions mahoraises et des tendances contemporaines : d’improvisation, moderne, hip-hop, orientale... la danse, mouvement rythmé des corps, est toujours beauté et séduction. Une rubrique « Histoire » est créée, consacrée dans cette édition aux premiers peuplements de Mayotte. à propos d’histoire, connaissez-vous celle de la rivière sucrée de M’tsamboro ? Après une plongée avec les poissons du lagon, direction la côte sud-ouest de Madagascar au pays vezo, pour un splendide reportage sur ce peuple issu des Sakalava qui vit pour et par la mer, au rythme des pirogues à balancier et des migrations. Toute l’équipe de Mayotte magazine vous présente ses meilleurs voeux pour la nouvelle année 2009. Stéphanie Légeron
Directrice de publication
6 AU JOUR LE JOUR 16 Actualité Mayotte département Dossier spécial référendum
17 Intervention d’Yves Jégo 25 28 31 33
Interview de Denis Robin Parole de chatouilleuse Interview du grand cadi La parole aux Mahorais
44 SPORT YA MAORE La moto à Mayotte 52 escapade dans l’île Chiconi la malgache, terre de cultures
60 Littérature
Extrait roman à paraître « Lorsque j’étais une espérance » de Nassuf Djailani, né à Chiconi
65 HISTOIRE
Les premiers foyers de peuplement à Mayotte : VIIIè - XIIIè siècle
Sommaire
68 environnement Les dangers du lagon
78 REPORTAGE rodrigues paisible, encore sauvage, l’île préserve ses traditions
94 CINéMA
98 LE COIN DU LIBRAIRE 102 BD
Le coin des petits et Abass Néka
106 Maxi-coupons Détachez vos 16 bons d’achat !
Vos films de mars-avril
96 INTERNET
10 logiciels utiles et gratuits
108 TENDANCE
Beauté mahoraise, shopping
112 IDéE RECETTE MAYOTTE Poisson à l’aubergine et au coco
Actualité, sport Culture, histoire, tradition Rencontre, femme Environnement, voyage Loisirs, jeux
114 JEUX 122 HORAIRES
Des marées et des barges
Au jour le jour
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La centrale électrique de Longoni mise en service
Après la hausse des prix,
Mayotte affiche la plus forte évolution de consommation d’électricité de tout le territoire français (+15 % par an en moyenne sur les 10 dernières années) liée à la croissance démographique, à l’élévation du taux d’équipement des ménages et au développement économique. La centrale électrique des Badamiers d’une capacité de 38,8 MW ne permettant plus de faire face à cette augmentation à brève échéance, la construction de nouvelles capacités de production d’électricité s’est avérée nécessaire. C’est pourquoi, en cohérence avec le Plan d’aménagement et de développement durable (PADD) de l’île, électricité de Mayotte (EDM) a investi dans la construction d’un nouvel outil de production de 40 MW à Longoni, à proximité du port et de la future plateforme de stockage de combustible.
« Les prix de vente au litre des produits pétroliers à Mayotte sont fixés comme suit depuis le 1er février 2009.
Ce vaste chantier qui a nécessité un budget s’élevant à 41,5 millions d’euros et dont la première pierre a été posée le 16 novembre 2007, a largement bénéficié à l’emploi dans les entreprises locales. Livrée le 15 janvier, la nouvelle centrale électrique de Mayotte permettra non seulement de satisfaire à l’augmentation de la demande d’électricité à moyen terme, mais également de sécuriser l’alimentation électrique de l’île et notamment de Grande Terre.
Succédant à une première baisse de 16 à 22 % des prix des produits pétroliers en novembre 2008, les tarifs en vigueur depuis le 1er février représentent à leur tour une baisse variant de 5 à 12 %. En outre, les révisions tarifaires des prix des produits pétroliers sont désormais réalisées avec une fréquence bimestrielle, permettant ainsi de mieux refléter la réalité du marché. »
les carburants à la baisse
Prix au 1er février 2009
Prix au 1er nov. 2008
Essence
1,15 €
1,25 €
Gazole
1,04 €
1,09 €
Pétrole
0,55 €
0,60 €
Mélange deux temps
1,16 €
1,26 €
Mélange COPEMAY
0,72 €
0,82 €
Tarif des carburants
Source : Préfecture de Mayotte
Tamtam Jeunes - saison 2
La SACEM : elle arrive
L’équipe de CLAP remet en selle, cette année encore, l’émission TamTamjeunes. Plusieurs nouveautés par rapport à la saison1, à savoir : • 24 numéros en 2009 (12 pour la saison 1) • des débats réalisés en extérieur Zaïna, qui a déjà séduit le jeune public mahorais, reste la présentatrice. La programmation 2009 alternera entre sujets légers (mode, coupé décalé, danses urbaines, drague...) et plus graves (département, drogue et alcool, éducation, place des filles dans la société...).
La SACEM, Société des Auteurs, Chanteurs, éditeurs et Musiciens, ouvrira une permanence à Mayotte à partir de mars. La SACEM est une société civile à but non lucratif gérée par les créateurs et éditeurs. Sa vocation est de protéger, représenter et servir les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique et la création musicale. Elle a pour mission essentielle de collecter les droits d’auteur et de les redistribuer en France et dans le monde entier.
Loin de vouloir imposer une vision bien pensante ou moralisatrice, l’équipe de CLAP souhaite seulement instaurer un dialogue au sein des familles et des jeunes, autour de thèmes importants. Créer le débat, pour mieux se comprendre et mieux vivre ensemble. L’émission est essentiellement financée par la Préfecture et le Conseil général qui ont probablement vu dans cette démarche une sorte de mission de « service public » auprès de la population si jeune de Mayotte.
Jusqu’ici, aucune des sociétés d’auteurs n’était représentée à Mayotte : les artistes devaient s’inscrire en dehors de l’île. Les lieux diffusant de la musique, comme les bars, les clubs, les restaurants, les magasins mais également les antennes radio ne reversaient aucune somme à la SACEM, à l’exception de RFO. Les habitudes devront donc changer progressivement à Mayotte : la musique ne pourra plus être diffusée librement et les établissements concernés reverserons à la SACEM un montant « en fonction du service rendu par la musique ».
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Ouverture de la Saison culturelle Le service culturel du Conseil général de Mayotte a pour mission d’accompagner et de promouvoir les créations artistiques dans chaque domaine suivant : spectacles vivants, arts visuels et littérature, patrimoine culturel et traditionnel. La programmation 2009 - saison 1 (mars à juillet) sera dévoilée à la presse et au public le 6 mars. En musique, en danse et en théâtre, nous retrouverons de nombreuses représentations d’artistes locaux et internationaux, des expo-
sitions en peinture et en photographie seront organisées sur l’île, et des animations pour les enfants seront proposées. à ne pas rater, le FATMA, le Festival des Arts traditionnels de Mayotte qui se tiendra fin avril. Enfin, on nous promet une programmation plus diversifiée à la salle de cinéma Alpa Joe… Pour plus de détails, retrouvez le programme 2009/Saison 1 au service culturel du CGM, BP 12-13, rue Mawamé à Mamoudzou. Renseignements au 0269 61 11 36 ou à l’adresse actu.sc@hotmail.fr Frédérique Cadieu
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Beauté : trois nouvelles adresses à Mamoudzou 8 mars : Journée internationale de la femme
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La journée mondiale de la femme est devenue à Mayotte, comme dans le reste du monde, un rendez-vous incontournable, un moment de réflexion et de festivités qui vient célébrer les multiples visages de la femme. Mère, épouse, militante, femme engagée, femme qui s’inscrit dans les grands projets de développement de la société dans laquelle elle vit, mais aussi femme des inégalités sociales, des précarités et des exploitations. Tous les ans, cette journée de mobilisation met en exergue les avancées et les limites de la condition féminine à travers le monde. Bien que l’on assiste à un réel réveil de la femme mahoraise depuis une quinzaine d’années, notamment sur la scène politico-économique, il reste encore beaucoup à faire. La contraception, les grossesses précoces, la place des femmes au sein de la société mahoraise sont autant de thèmes qui représentent les enjeux de 2009. Spectacles, conférences, expositions et concerts rythmeront la journée du 8 mars dans toutes les communes de l’île, rendant ainsi un vibrant hommage à toutes les femmes.
Trois nouvelles adresses à Mamoudzou pour prendre soin de vous. En ZI Nel, Maeva Institut vous fait voyager dans une ambiance zen. Soins corps et visage, spa, sauna, hammam, douche à jets et épilation… Ce salon d’esthétique et de bien-être ouvert par Laetitia en septembre 2008 vous offre un moment de détente très agréable. à Cavani, l’institut de beauté Angaya propose un service de soins du visage, manucure, onglerie et épilation dans un esprit de relaxation. Une adresse très intime pour vous ressourcer entre les mains expertes de Laetitia, la dynamique gérante. Aux Hauts Vallons, le salon de coiffure Robin Gauthier vous emmène à la découverte des futures tendances en coupes et en couleurs. Ce grand salon à la décoration stylisée, a ouvert ses portes en décembre dernier. Le travail de l’équipe est basé sur l’écoute et le conseil, la créativité et l’audace.
Contacts : • Maéva Institut, Zi Nel à côté de Sandragon. Tél. : 0269 60 52 40 (1) • Angaya, Immeuble Baobab, Rue du stade à Cavani. Tél. : 0269 60 71 39 (2) • Robin Gauthier, à gauche du M’Biwi. Tél. : 0269 62 71 37 (3) Frédérique Cadieu
PUBLI-COMMUNIQUé
OCéORANE
TP BTP AGRICOLE INDUSTRIE TRANSPORTS
Groupe Caisse d’épargne votre partenaire en défiscalisation industrielle Mayotte magazine : - Présentez-nous OCéORANE. Joël Cuenca : - OCéORANE est un cabinet de défiscalisation industrielle du Groupe Caisse d’épargne et de sa holding Oceor qui regroupe l’ensemble des banques d’outre-mer (la Banque de La Réunion, la Banque Française des Antilles, la Banque de Nouvelle-Calédonie...). Nous sommes soumis à la loi Girardin et intervenons dans les montages financiers de matériel industriel. OCéORANE a une cellule parisienne qui assure la collecte des investisseurs. M. m. : - Quelle est la raison d’être de la défiscalisation industrielle ? J. C. : - La défiscalisation industrielle a un double impact économique et social. D’une part, elle fait bénéficier aux entrepreneurs et aux artisans locaux d’un moindre coût dans leurs investissements. OCéORANE intervient ainsi à hauteur de 30 % minimum du prix d’achat du matériel. D’autre part, l’industriel ayant pu investir dans du matériel à moindre frais, ce montage est incitatif à la création d’emplois. M. m. : - à qui s’adresse-t-elle et quelles sont les contraintes à respecter ? J. C. : - Les secteurs éligibles sont : le TP/BTP, l’industrie, les transports, l’agriculture et la pêche. L’argent mis à disposition de notre futur locataire nous vient d’investisseurs qui réalisent un plan de défiscalisation. Le locataire ne défiscalise pas, mais il bénéficie de cet apport en provenance d’investisseurs. La seule condition requise est de garder le matériel exploité pendant cinq ans, soit la durée du plan de défiscalisation de l’investisseur. au terme de cette
période, le locataire devient propriétaire. Deuxième cas de figure : si le locataire rencontre des problèmes de paiement, passe en redressement ou liquidation judiciaire, j’ai obligation légale de récupérer le matériel et de retrouver au cours du mois suivant un autre locataire ; cette défiscalisation ne doit en effet pas être discontinue pendant cinq ans. M. m. : - Quel état des lieux faites-vous de votre secteur d’activité à Mayotte ? J. C. : - Mayotte a d’importants besoins en termes d’infrastructures, de voiries, d’aménagements, de locations de logements sociaux, de transports... Les entrepreneurs sont prêts à accompagner ces besoins en se structurant, mais il faut que les services publics lancent de grands projets. Enfin, j’observe en 2009 que les organismes de crédit sont extrêmement frileux. J’espère que cette situation va s’améliorer. Il est impératif que les besoins cohabitent avec les moyens.
Exemple chiffré : Investissement matériel
100 000 €
Apport locataire
10 000 €
Apport OCéORANE
30 000 €
Besoin de financement
60 000 €
Remboursement par mois sur 5 ans
1 319 €
Coût total de location
89 140 €
Le remboursement représente 89 % du coût du matériel. Par comparaison, un remboursement en crédit-bail s’élève à environ 128 % du prix du bien avec 1 970 € de remboursement.
ZI de kawéni - Centre Maharaja (face HD) - 97600 Mamoudzou - Tél. : 0269 61 30 99 - Fax : 0269 61 30 97
La vieillesse à Mayotte à l’image de la CPS des Comores, la Caisse de Prévoyance Sociale de Mayotte a été créée par arrêté préfectoral le 13 octobre 1977. La loi du 3 janvier 1985 ouvrait la possibilité de mettre en place à Mayotte une assurance vieillesse pour les salariés de droit privé. C’est en mars 1987 qu’un régime de retraite au profit des salariés du secteur privé et des salariés de droit privé a vu le jour à Mayotte. Ce régime a permis à la Caisse de servir aux assurés :
1 Une pension d’ancienneté :
37,5 ans d’assurance dès 60 ans ou 30 ans d’assurance dès 55 ans pendant une période transitoire.
2 Une pension proportionnelle : 10 ans d’assurance dès 65 ans ou 5 ans d’assurance dès 60 ans durant la même période transitoire.
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15 ans après, un régime d’assurance vieillesse remplaçant et améliorant le dispositif précédent, dans le respect des droits acquis, est créé par l’ordonnance de 2002 relative à
la protection sanitaire et sociale. Des dispositions transitoires favorables sont prévues jusqu’en 2010 (droit à taux plein, pension minimum, progressivité de l’âge et de la durée d’assurance...). Cette même ordonnance instaure l’Allocation spéciale pour les personnes âgées (ASPA), soit l’équivalent du minimum vieillesse en métropole qui garantit un minimum de revenus aux personnes âgées. Le financement de cette allocation est assuré par la Solidarité Nationale.
Comparatif données
Métropole
Mayotte
63,8 millions
186 452 hab.
80 ans
75 ans
PIB / habitant
27 300 € (2005)
3 806 € (2001)
Dépenses retraite
223 milliards d’€
3 millions d’€
Rapport cotisants / retraités
1,5
6,3
1 044 € *
300 €
ASPA personne seule par mois
622 €
227 €
ASPA couple par mois
1 115 €
410 €
Population Espérance de vie
Pension retraite moyenne par personne par mois
* base + complémentaire
L’allocation spéciale pour personnes âgées (ASPA) Le Pacte pour la départementalisation de Mayotte proposé par le gouvernement précise que seuls deux minima sociaux seront revalorisés dès l’entrée en vigueur de la départementalisation, dont l’allocation spéciale pour personnes âgées (ASPA). Le montant de l’ASPA est fixé par décret. Il varie selon l’âge, la résidence, les ressources et la situation familiale du demandeur. Chaque personne bénéficiaire est tenue de déclarer tout changement de nature ou de montant des ressources (revenus professionnels, retraite, pension, allocation, biens immobiliers et mobiliers) dont elle et son conjoint disposent. La dernière revalorisation de l’ASPA à Mayotte, d’un coefficient égal à 1,080, date du 1er janvier 2008. Laurence de Susanne
La CSSM à Votre Service PUBLI-COMMUNIQUé
RETRAITE ET ACTION SOCIALE
« L’accompagnement social de la personne âgée est l’une de nos priorités à Mayotte », Bertrand Perrier De gauche à droite : Anne-Marie Moreau (Responsable pôle retraite), Assani Saindou (Directeur adjoint), Nassim Guy (Responsable de communication), Bertrand Perrier (Directeur) et Nafissa Daoudou Abdallah (Déléguée action sociale)
Quelles aides la C.S.S.M. attribue-telle aux retraités du régime général ? Nafissa Daoudou Abdallah :
Quelles sont les missions du pôle retraite ? Anne-Marie Moreau : - Ce pôle gère la prise en charge de la retraite et de l’Allocation spéciale pour les personnes âgées (ASPA), le veuvage ainsi que les Données Sociales. Celles-ci permettent de conserver les éléments de carrières utiles au calcul de la retraite. Elles sont traitées depuis 2005 avec un report des salaires de Mayotte au niveau national. Est éligible à l’ASPA toute personne ayant atteint un âge minimum*, qui ne bénéficie pas de pension contributive ou qui perçoit une pension dont le montant est faible. En 2008, 3 214 personnes ont ainsi bénéficié de l’ASPA à Mayotte. * âge minimum pour bénéficier de l’ASPA : - 64 ans en 2009 (54 ans en cas d’inaptitude) - 65 ans àcompter de 2010 (55 ans en cas d’inaptitude)
- Chaque année, un budget global de 500 000 euros est alloué par la C.S.S.M. au financement d’aides individuelles pour les retraités, aux subventions aux associations oeuvrant en faveur de ces retraités et enfin à l’accompagnement social par des professionnels de terrain. Par exemple, les retraités peuvent demander : une aide ménagère à domicile, des équipements ménagers de première nécessité, une amélioration de l’habitat, la prise en charge de frais de transport et d’appareillages, etc. Ces dossiers sont adressés au pôle social (contact ci-dessous) et présentés en commission d’action sanitaire et sociale ou validés par délégation du Directeur.
Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte (C.S.S.M.)
Place du Marché BP 84 - Immeuble Baninga - 97600 Mamoudzou Horaires d’ouverture : • du lundi au jeudi de 7h30 à 14h00, le vendredi de 7h30 à 12h00
Assurance retraite
• Tél. : 0269 63 40 03 - E-mail : retraite@css-mayotte.fr
Pôle social
• Tél. : 0269 61 64 81 - Fax : 0269 61 71 20
PUBLI-COMMUNIQUé
RECENTRALISATION DES ACTIONS DE SANTé Un pilotage confié à l’état
L
a prévention, le dépistage et la prise en charge de la tuberculose, du cancer, des
Maladies sexuellement transmissibles (MST) dont le Sida, de la lèpre, ainsi que les vaccinations sont, depuis le 1er mars, de la compétence de l’état. C’est au CHM que l’état a confié la gestion opérationnelle de ces missions. Le CHM est ainsi un opérateur essentiel des actions de recentralisation. Cette charge représente pour l’état un budget de l’ordre de 2 millions d’euros. De plus, la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) finance à hauteur d’environ 800 000 euros la lutte contre les IST / Sida. L’année 2009 sera consacrée à la consolidation de cette organisation et au développement des actions de proximité dans les dispensaires.
CONTACTS Actions de prévention • Standard du CHM : 0269 61 80 00, Poste 6075 (Béatrice) • Ligne médicale : 0639 69 21 27 IST / Sida Centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) - Dispensaire de Jacaranda à Mamoudzou : 0269 61 84 73 Tuberculose Fax : 0269 61 84 67
à partir du 1er mars, Des équipes mobiles vont effectuer des opérations de dépistages dans toute l’île
Dr Guy Lajoinie,
Médecin inspecteur de santé publique (DASS) « Nous devons être particulièrement vigilants car certains patients atteints de lèpre ou de tuberculose débutent leur traitement puis l’arrêtent. Ensuite, quand ils doivent reprendre des antibiotiques, ils montrent une résistance. Dans le monde entier, on observe ainsi l’émergence d’une tuberculose résistante aux traitements. D’où la nécessité de concevoir des équipes mobiles qui se rendent directement dans les foyers à la rencontre des patients. Des actions de dépistage vont être lancées pour la lutte contre le cancer en respectant la politique mise en place au niveau national. Sont concernés le cancer : de la prostate, rectal, du sein et du col de l’utérus. à Mayotte, nous n’avons pas encore déterminé quelle campagne grand public va être initiée courant 2009. Nous allons en discuter au préalable avec le CHM et les médecins libéraux. »
La santé pour la vie
Ounono oi ya maécha • lutte contre
• lutte contre la tuberculose
la lèpre
Dr de Carsalade
Dr Anne-Marie de Montera
Chef de pôle des centres de consultations et des hôpitaux périphériques, coordinatrice des actions de santé publique (CHM) « 32 cas de tuberculeux sont diagnostiqués à Mayotte. En Guyane, la prévalence est de 32 pour 100 000 habitants, et à Mayotte de 32 pour 180 000. Cela paraît peu mais la tuberculose est fortement contagieuse, de façon aérienne. Les signes cliniques les plus fréquents sont la toux, la fatigue généralisée et l’amaigrissement. Dès l’apparition de ces premiers symptômes, il est nécessaire de consulter un médecin. Quand un patient est diagnostiqué tuberculeux, le centre de lutte contre la tuberculose se déplace à son domicile pour retrouver la personne qui a transmis la maladie, et aussi pour faire des dépistages systématiques contacts, dans le but de voir si les patients sont susceptibles d’être en phase d’infection tuberculeuse latente. Ce dépistage se fait 3 semaines après le diagnostic du cas contagieux, puis un suivi est réalisé au bout de 3 puis 18 mois. Les patients atteints de tuberculose sont placés en isolement pendant 3 semaine à 1 mois. Comme de la lèpre, on guérit de la tuberculose si on prend bien son traitement. Les patients sont donc suivis pour s’assurer qu’ils prennent bien leurs comprimés. Après 1 mois de traitement, la contagion est stoppée. »
Médecin référent de la lèpre (CHM) « Des actions préventives plus importantes vont être déployées, puisque nous aurons plus de personnels infirmiers et médicaux. Nous essayons de sensibiliser davantage les jeunes dans les écoles, ce que nous avions commencé à faire il y a deux ans. L’objectif : montrer aux élèves quels sont les premiers signes de la lèpre, ce qui doit les alarmer et les amener à consulter. Nous tentons également de retrouver les patients perdus de vue, souvent soit en situation irrégulière ou ramenés aux frontières. Entre 50 et 60 nouveaux cas de lèpre sont recensés chaque année à Mayotte, ce qui fait plus que les Dom-tom et la métropole réunis. Nous avons une prévalence aux alentours de 6 pour 10 000 ; Mayotte est ainsi une des zones les plus touchées au monde par la lèpre, étant située dans une zone d’endémie très forte. La lèpre est une maladie contagieuse issue d’une bactérie. Depuis plus de 20 ans, un traitement antibiotique assure la guérison après 6 à 24 mois de traitement. 93 % des patients guérissent sans aucune séquelle. En revanche, les gens diagnostiqués tardivement gardent des séquelles car ils ont abîmé leur peau. »
Renseignements : 02 69 61 12 25
Direction des Affaires Sanitaires & Sociales Rue Mariazé - 97600 Mamoudzou
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Actualité
Mayotte département Dossier spécial référendum
M
ayotte
Magazine
Yves Jégo,
Secrétaire d’état à l’Outre-mer
Son intervention en conférence de presse lors de sa 4è visite les 8 et 9 janvier 2009
Ahamed Attoumani Douchina, Président du Conseil général, Yves Jégo et Denis Robin, Préfet de Mayotte
L’état s’engage à financer les projets de la relance à Mayotte - « Le Président de la République a annoncé que le fond d’investissement exceptionnel de l’Outre-mer passait de 40 millions à 113 millions d’euros. J’ai donc aujourd’hui des crédits disponibles pour financer des projets qui pourraient démarrer dans les dix-huit mois. J’ai demandé au préfet ici à Mayotte comme dans tous les autres départements de me recenser avant la fin du mois de janvier tous les chantiers, petits, moyens, grands, qui manquent d’un morceau de financement et qui pourraient démarrer dans ces dix-huit mois. L’idée étant d’avoir les chantiers de la relance qui peuvent permettent de donner des pers-
pectives aux entreprises du bâtiment et des travaux publics, et d’accélérer un certain nombre d’investissements. Nous avions dans ce cadre-là un contentieux financier avec le Conseil général, une dette de l’état, comme c’est d’ailleurs souvent le cas, puisque des factures n’avaient pas été honorées de travaux qui avaient été réalisés. J’ai annoncé au Président, conformément à ce que j’avais promis d’ailleurs lors de mes précédentes visites, que dans la première semaine de février, il recevra un mandatement de 12,8 millions d’euros qui soldera la totalité de ce que nous devons. Il restera un dossier, celui du marché couvert, que nous solderons le jour où la solution de gestion de ce marché sera connue, ce que j’espère sera très rapide.
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Mayotte département Le Dossier spécial referendum
« une idée, ce n’est pas un projet ! » Donc, cet apport financier aux collectivités doit redégager des marges de manœuvre pour les collectivités et cet appel aux chantiers de la relance, c’est aussi l’appel à accélérer un certain nombre de projets. Souvent la difficulté c’est que des maires ou des élus vous disent « j’ai des idées », mais une idée, ce n’est pas un projet ! Un projet c’est quelque chose de bâti avec un calendrier, avec déjà des financements trouvés. C’est ça la difficulté, c’est pour ça que je souhaite qu’on accélère les procédures. C’est un peu ce qu’on a fait avec le centre de rétention administrative. C’était depuis longtemps une idée, j’en ai fait un projet. C’està-dire qu’aujourd’hui on sait que les appels d’offre seront lancés à la fin de cette année, que le concepteur-constructeur sera trouvé l’année prochaine, que le chantier démarrera en janvier 2010 et que ce sera fini fin 2011. Ce n’est plus une idée, c’est un projet, c’est là où effectivement je dis « on manque un peu de projets ». Ce n’est pas qu’il n’y a pas d’idées chez les élus bien évidemment mais c’est qu’il faut des choses prêtes.
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J’ai demandé au préfet de recenser les projets. Je suis sûr que dans les communes, des rénovations de bâtiments scolaires, qu’un certain nombre de constructions peuvent faire l’objet de cet apport financier pour favoriser la relance et pour, en concentrant l’investissement de l’état sur une période courte, permettre de
passer la mauvaise période économique que vit le pays. Voilà, aujourd’hui, c’est un ministre plutôt heureux qui vient dire « j’ai de l’argent, plus d’argent qu’il n’y a de projets ». Mais ce n’est pas une accusation, c’est un constat. Et c’est normal que pour ce qui se faisait au fil de l’eau sur trois-quatre ans, il faut accélérer les procédures, renforcer le travail des architectes, des concepteurs, des maîtres d’ouvrages, des délibérations des différentes collectivités pour qu’on soit prêt à démarrer. Quand je visite Mayotte, je vois des projets financés par l’état qui avancent. J’étais au port de Longoni ce matin, les choses sont visibles, on voit bien que les chantiers avancent, que les choses se construisent, on n’est pas en panne. L’aéroport : j’ai maintenant le calendrier, je suis venu signer le contrat de projet au mois de mars 2008, en avril ou en mai j’ai annoncé que je viendrais avec le calendrier, les études commencent là, les cabinets d’études sont en train d’être choisis dans la semaine où je vous parle. Le premier coup de pioche : 2014. Et j’espère que 2015 ou éventuellement début 2016, s’il faut deux ans de travaux _ il faudra entre un an et demi et deux ans de travaux suivant la nature du chantier_ on aura la piste longue de l’aéroport. Et puis pour ce qui est des infrastructures, des bâtiments de l’aéroport, on devrait démarrer en 2012. Aujourd’hui l’aéroport est financé par l’état ; j’espère qu’à partir de 2014 il sera financé par l’Europe parce que j’espère que Mayotte, ayant voté « oui » à la départementalisation, sera devenue RUP. »
La
question posée au referendum
- « La question qui sera posée aux citoyens de Mayotte lors du référendum du 29 mars a été approuvée hier soir (le 8 janvier) au Conseil d’état. Ce sera une question simple, ce que souhaitaient le Président de la Collectivité et l’ensemble des élus. La question sera la suivante : « Approuvez-vous la transformation de Mayot-
te en une collectivité unique appelée département, régie par l’article 73 de la Constitution, exerçant les compétences dévolues aux départements et aux régions d’outre-mer ? »
Question simple, sans ambiguïté, facile à comprendre qui permet d’apporter en fonction de la réponse les réponses institutionnelles puisqu’en fait il y a dans cette question deux réponses. Premièrement, est-ce que vous approuvez que Mayotte devienne une collectivité au titre de l’article 73 ? Et à l’intérieur : est-ce que vous approuvez l’idée que ce soit une Collectivité unique département et région ? L’autre option de l’article 73 eût été de construire une région et un département. Ce n’est pas dans l’air du temps, la commission du comité Balladur est en train de réfléchir comment à l’échelon de la métropole avoir des structures plus simples, donc avec les élus on a convenu qu’une seule Collectivité évidemment c’était très adapté à Mayotte. Cette question permet de répondre aux deux questions en une et d’éviter de poser deux questions, puisque ça aurait évidemment largement compliqué le référendum.
« Approuvez-vous la transformation de Mayotte en une collectivité unique
appelée département, régie par l’article
73 de la Constitution, exerçant les compétences dévolues aux
départements et aux régions d’outre-mer
?»
« une île,
une collectivité,
une assembléee» Je suis assez favorable à l’idée de dire « une île, une Collectivité, une assemblée ». Je sais
que cela fait débat. La Martinique vient de se prononcer en faveur de cette idée-là, la Guyane réfléchit, la Guadeloupe s’interroge et la Réunion est contre. Je crois que dans l’air du temps les Français veulent une simplification de ce qu’on appelle le « mille-feuille » où vous avez la commune, l’intercommunalité, le département, la région et l’état et l’Europe. Quand ce millefeuille se joue en plus sur un territoire qui est compact et qui est un petit territoire, vous avez un maire, un président d’intercommunalité, un Conseiller général, un Conseiller régional, un député de la nation, un député européen, tout cela sur des territoires qui sont quand même restreints. Je pense que l’air du temps est d’aller vers cette logique-là. Il faut que ce soit fait évidemment en plein accord avec les populations, ça ne peut se faire qu’après des consultations des populations, donc moi je pense qu’il faut que l’état ouvre des portes multiples et laisse ensuite aux élus de chaque territoire, en tout cas c’est ce que je dirai à la commission Balladur, le soin d’emprunter ou de ne pas emprunter un chemin.
C’est d’ailleurs le cas de notre Constitution puisque dans l’article 73 et dans l’article 74 de la Constitution, il est offert aux collectivités beaucoup de perspectives. C’est d’ailleurs tellement souple qu’aujourd’hui Mayotte nous dit « je veux aller vers l’article 73 alors que j’étais dans l’article 74 » et la Martinique, en tout cas une partie des élus de Martinique nous dit « je veux aller de l’article 73 vers l’article 74 ». Il faut qu’il y ait de la souplesse, mais j’aimerais que cette souplesse soit assise sur un principe simple : « une île, une collectivité, une assemblée. »
Mayotte département Le Dossier spécial referendum
Mayotte sera sans doute assez regardée, parce qu’en fonction du mode de scrutin de l’institution que nous allons créer, on peut faire école. Parmi les questions qu’on peut se poser : « est-ce qu’il faut aller vers un système
proche de celui de la Corse par exemple où il y a à la fois un exécutif élu et une collectivité qui a son Président, aussi élu ? », c’est-à-dire qu’il y a deux pouvoirs qui se complètent. Alors, les pouvoirs qui se complètent c’est bien quand on s’entend bien mais quand on ne s’entend pas ça peut être compliqué.
« Mayotte peut devenir le
tants, pour qu’elle soit simple dans son fonctionnement, démocratique et pour qu’elle permette peut-être aux autres collectivités, pourquoi pas, de s’en inspirer si elles le souhaitent. Dans cette affaire du débat, je pense qu’il ne faut rien imposer. L’état doit ouvrir des pistes, garantir le respect des règles, mais ne pas dire « c’est telle structure qui va bien à tel endroit », ce sont les élus qui doivent aussi nous dire comment ils souhaitent s’organiser pour être le plus rationnel possible. En tout cas, une île, une assemblée, me semble être une règle d’or qui devrait pouvoir s’appliquer partout. »
modèle de collectivité ou de département d’outre-
XXIè siècle dans son organisation, dans son mode d’élection » mer du
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En tout cas, je pense qu’à partir du moment où les Mahorais auraient choisi le 29 mars _ je reste prudent, même si je sais les élus très enthousiastes, tant que le peuple ne s’est pas prononcé, la voix du peuple est libre et indépendante_, si les Mahorais choisissent cette voie-là, je pense qu’on peut effectivement avoir un vrai travail de concertation et inventer la collectivité du XXIè siècle. Mayotte peut devenir le modèle de collectivité ou de département d’outre-mer du XXIè siècle dans son organisation, dans son mode d’élection. Moi je serais assez sensible au fait qu’on puisse élire une partie des élus sur des cantons comme c’est le cas aujourd’hui, et peut-être une autre partie à la proportionnelle. Ce qui permettrait d’avoir deux modes d’élection et d’avoir, et c’est mon idée d’homme politique, c’est même pas l’idée du gouvernement, c’est celle d’Yves Jégo. Mettons cette idée en débat et je l’ai dit hier aux élus, essayons de fabriquer de façon consensuelle cette organisation territoriale pour qu’elle soit à la fois lisible pour les habi-
L’état mène une communication neutre et compréhensible de tous
- « L’état va apporter des moyens financiers aux partis politiques pour qu’ils puissent communiquer librement, comme ça a été le cas chaque fois qu’il y a eu une consultation et nous allons, comme je l’ai promis, diffuser dans les semaines qui viennent, pour ne pas dire dans les jours qui viennent, deux documents. Un premier document en français, shimaoré et shibushi, qui sera un quatre pages de résumé de la feuille de route. Ce document qui sera diffusé dans toutes les boîtes aux lettres expose d’abord le processus et explique ensuite très concrètement quels sont les changements qui vont intervenir. Ce document a été travaillé par la Préfecture et relu par beaucoup. On a pris des personnes tests qui l’ont relu et corrigé pour qu’il soit compréhensible de tout le monde. Et puis nous ajouterons dans le même envoi sous enveloppe, distribué par la Poste dans tous les foyers, les 28 pages en français du Pacte pour Mayotte, ce que j’appelle la feuille de route, pour ceux qui voudront lire le document dans son intégralité. Il sera envoyé à chaque foyer mahorais pour que chacun ait l’information. Je pense que plus on éclairera les habitants, plus on dira les choses, plus on aura la certitude
Plage de Mayotte Voile et hôtel Sakouli
que d’abord le choix sera appuyé sur la réalité et qu’au lendemain du choix, il n’y aura pas de désagrément parce qu’on aura tout dit avant et quand on dit tout avant, on est plus à l’aise pour tout faire après. J’ai dit depuis le 18 avril que nous informerons de façon neutre toute la population. Après, les partis politiques feront ce qu’ils souhaitent, ils seront libres de s’en emparer, d’amplifier... Ceux qui seraient contre la départementalisation de faire leur propre communication… Ils auront des moyens. Mais la communication d’état sera neutre, grand public et adressée à tout le monde pour que chacun ait bien les éléments d’information. Je crois que le document sera diffusé fin janvier ou tout début février. »
Tourisme et aquaculture : les deux locomotives de Mayotte - « Il y a une stratégie du développement touristique à mettre en œuvre. Nous irons avec le Président du Conseil général et le Préfet à la recherche des grands investisseurs nationaux et internationaux, pour que les sites touristiques soient offerts en vente à la fois aux locaux mais aussi à des grands groupes, si on veut donner à Mayotte une dimension touristique. Nous allons créer un comité d’orientation stratégique du tourisme présidé par le Préfet et coprésidé par le Président du Conseil général. Si on veut donner des locomotives à l’économie mahoraise, il faut définir des secteurs porteurs.
Mayotte département Le Dossier spécial referendum
Chacun sait que le tourisme est un secteur porteur en outre-mer. Chacun sait que le potentiel touristique de Mayotte est formidable, absolument exceptionnel. Maintenant, il faut donner les moyens professionnels pour avancer et surmonter les questions foncières des projets hôteliers. Je crois aussi beaucoup à l’aquaculture. On va créer un comité d’orientation stratégique. L’état mettra des moyens, facilitera les choses, lèvera les contraintes de réglementation tant qu’on pourra le faire. Je ne dis pas que ce sera facile, il ne suffit pas que le ministre fasse un discours pour que demain des hôtels sortent comme des champignons, mais on va s’en donner les moyens.
On peut tout définir. Le tout est de dire : « est-ce qu’on le veut ? » et si on le veut : « comment on s’organise pour le faire ? »
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La marche vers la départementalisation doit être conjointe avec une marche vers le développement économique. L’avenir de Mayotte, c’est de l’activité, des entreprises. Il faut voir quelle est l’activité porteuse qui peut produire immédiatement des richesses. Concernant l’aquaculture, ce que j’ai vu aujourd’hui me fait penser qu’en deux-trois ans on peut doubler ou tripler le nombre d’emplois dans ce domaine. Je pense qu’en matière touristique, en quatre ou cinq ans, on peut faire de Mayotte, surtout avec l’ouverture de l’aéroport en 2015, une destination touristique formidable. Je ne dis pas que j’ai un modèle du tourisme mahorais en tête. Simplement si on dit que c’est une piste, on y travaille ensemble, on s’y met. Un président de collectivité, un maire, un préfet et puis en avant. J’ai rencontré des investisseurs des fonds sou-
verains d’un certain nombre de pays, qui disent « si demain vous avez des terrains à nous
proposer, on est prêt à venir développer des resorts, des hôtels de luxe ». Ce sera ensuite aux autorités locales à dire « ça on en veut, ça on n’en veut pas ». à un moment donné il
faut choisir. Quel type de tourisme on veut ? Je pense qu’il faut s’appuyer sur un tourisme de moyenne-haute gamme, sur un tourisme écologique qui prenne en compte la dimension naturelle et qui soit respectueux de la culture de Mayotte. On peut tout définir. Le tout est de dire « est-ce qu’on le veut ? » et si on le veut « comment on s’organise pour le faire ? ». La politique c’est ça : poser une volonté et ensuite s’organiser pour que cette volonté devienne une réalité. Concernant la départementalisation, Nicolas Sarkozy a dit « si vous le voulez, on peut le faire », le Conseil général a dit le 18 avril « on le veut » et si au referendum les Mahorais disent la même chose, on le fera. ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’obstacles. Je pense vraiment, à la fin de cette 4è visite, que le tourisme et l’aquaculture peuvent être les moteurs, les locomotives, et peuvent entraîner le reste. En matière d’aquaculture, Mayotte peut être le réservoir d’une partie de la planète en production de poisson de haut de gamme, d’élevage bio. Le poisson bio est vendu 30% plus cher que le traditionnel. Avec ces 30% de plus, vous surmontez les frais d’expédition sur la métropole. Si vous avez une qualité exceptionnelle et un type de poisson qu’on ne trouve pas, ceci compense cela. Si on veut développer le tourisme et l’aquaculture, il va falloir dérouler la stratégie, former les gens... Pour le tourisme, il va sûrement falloir créer un ou deux lycées hôteliers. On va le faire ensemble. D’autres l’ont fait, pourquoi pas nous ? Pourquoi Maurice un jour a dit « je vais faire du tourisme une des ressources » et que ça a marché ? Vous pensez que Maurice c’est plus beau que Mayotte ? Non. Mayotte est plus riche en culture, en histoire et en nature que ne l’est Maurice. Et en plus c’est français, avec toute la garantie qu’offre la France aux visiteurs : la sécurité sanitaire, les hôpitaux, etc. »
écloserie de poissons marins Aquamay à Koungou
Mayotte RUP en 2014 si le traité de Lisbonne est adopté - « Pour l’élection de Mayotte en RUP, le grand RDV c’est 2014 puisque les crédits seront redistribués aux RUP en 2014. Je pourrais dire « Mayotte RUP » demain, cela ne changerait rien puisque de toute façon il n’y aurait pas de distribution de crédits. L’objectif qui est le nôtre c’est de faire qu’en 2011 ou 2012, Mayotte devienne RUP, c’est-à-dire une fois que le département est créé, que l’assemblée est élue et a bâti se premiers projets. Il faudra pour cela que l’assemblée ait une direction des affaires européennes et prépare des dossiers.
La départementalisation de Mayotte débattue au Sénat - « Il y aura un débat sur Mayotte à l’Assemblée ou au Sénat avant le referendum. Ce débat qui aura lieu en février a été demandé par les élus. La loi dit que le Parlement, si les élus le souhaitent peut débattre de ce projet. Si le oui l’emporte, il y aura au moment de l’été une loi organique qui décidera des institutions, du mode électoral et qui donnera au gouvernement la possibilité de légiférer par loi ordinaire pour la mise en place des dispositions de transferts et de transpositions dans tous les domaines. Cette loi organique donnera l’autorisation ensuite de décliner par toute une série de lois toutes les mesures qui devront s’appliquer dans le temps. Ensuite il y aura en mars 2011 au plus tard l’élection de la nouvelle assemblée et au jour de son installation sera créé le 101è département français. C’est l’installation solennelle de la nouvelle assemblée qui juridiquement créera le 5è département d’outre-mer. à partir de là, toutes les mesures se mettront en place. »
J’ai vu Danuta Hübner, la commissaire européenne, il n’y a pas de problème de principe sur cette transformation, puisque c’est convenu dans le traité de Lisbonne. Si on espère que le traité de Lisbonne finira par être adopté et que les Irlandais le voteront, c’est une possibilité offerte aux états de transformer un PTOM en RUP. »
Mayotte département Le Dossier spécial referendum
Départementalisation et relations avec les
Comores
- « L’objectif serait de signer au premier semestre de cette année un accord avec l’Union des Comores qui déclinerait des perspectives d’accords bilatéraux sur les grands sujets et qui pourrait créer aussi une forme d’institution, d’instance de l’archipel qui jetterait les bases des prémices d’une coopération. Je voyais hier le Vice-Consul à Anjouan. Il est en train d’organiser par exemple à Anjouan de petites coopératives de producteurs pour essayer d’aider ces producteurs à venir vendre un peu de leurs produits sur les marchés de Mayotte. Ce n’est pas grand chose, cela ne déséquilibrera pas l’économie agricole de Mayotte mais cela peut apporter aussi un plus à un certain nombre et limiter la pression migratoire.
Est-ce que vous pensez que dans 20 ans les petits Mahorais d’aujourd’hui seront encore sur le combat de leurs grands-parents
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Moi je ne le pense pas.
?
On doit montrer que dans la coopération, il y a aussi un retour : ce n’est pas d’un côté les Mahorais qui vivent dans une certaine circonstance liée au développement économique de la France, et puis de l’autre des gens qui seraient condamnés à vivre dans la pauvreté absolue. C’est donc cette structure qu’il faut inventer. Celle-ci devrait permettre de tourner un peu le dos à 30 années de conflits et de revendications et devrait amener l’Union des Comores à renoncer à ses exigences qui n’ont pas de sens, parce que les Mahorais se sont prononcés il y a 35 ans. Tout comme ça n’aurait pas de sens de demander que le choix fait par les Comoriens il y a 35 ans soit remis en cause.
Il faut maintenant qu’on ait de l’imagination pour créer ça. Le Président participe au Groupe de travail de haut niveau. C’est très compliqué. J’ai bien conscience que pour les Mahorais c’est un gros effort d’essayer de passer à une autre époque, mais c’est aussi un gros effort qui est demandé d’aller vers la départementalisation. Je veux dire que si on n’essaye pas de tourner toutes les pages en même temps, on ne s’en sortira pas. Il faut, et je remercie le Président du Conseil général, qu’il y ait une classe politique qui ait l’intelligence de dire « on reste avec
des blessures, on reste avec un passé, on reste avec un passif, mais on veut bâtir pour nos enfants un meilleur avenir. » Est-ce que vous pensez que dans 20 ans les petits Mahorais d’aujourd’hui seront encore sur le combat de leurs grands-parents ? Moi je ne le pense pas. Ils voudront vivre dans un monde ouvert qui permette de se parler.
Ce que je demande, c’est que demain les Comores restent les Comores et que la France reste la France, mais qu’il y ait une paix fondée sur les échanges économiques. C’est un pari ambitieux, audacieux, mais si on ne le fait pas, on manquera à notre devoir. Et si on ne le fait pas pour accompagner la départementalisation, on boîtera, parce qu’on aura d’un côté la départementalisation et de l’autre un problème qu’on n’aura pas été réglé. Donc il faut qu’on essaye de faire des progrès. J’espère qu’en 2009 on aboutira à trouver cet accord et que l’esprit de réconciliation pourra prévaloir. »
DENIS ROBIN, Préfet de Mayotte Droit local, propriété foncière, formation des Mahorais, traité de Lisbonne... Le Préfet répond à nos questions Mayotte magazine - Si Mayotte est département, le statut de droit civil local de la population mahoraise musulmane est-il condamné à disparaître à terme ? Denis Robin - Non pas forcément, parce qu’il y a dans la Constitution française un article 75 qui protège le statut de droit local des populations qui en bénéficient. Donc juridiquement ce statut est protégé au niveau constitutionnel. Par contre, ce statut va très fortement évoluer dans le cadre de la départementalisation parce qu’il devra devenir compatible avec les grands principes républicains qui fondent la société française. Et il y a certains aspects du droit local de Mayotte qui aujourd’hui se heurtent à ces principes républicains : c’est la polygamie, c’est la question de l’égalité des hommes et des femmes, c’est la question de la liberté de la femme, du libre consentement de la femme dans le mariage... C’est un certain nombre d’éléments de ce type qui ne pourront pas demeurer, parce que
même protégés au niveau constitutionnel, ils se heurtent à d’autres principes constitutionnels du droit français. Donc le statut de droit local est protégé et sera maintenu, par contre son contenu sera revisité pour l’adapter aux principes français.
M. m - Avec l’apparition de l’impôt foncier, la départementalisation ne risque-t-elle pas de conduire au dépouillement des Mahorais de leurs terres ?
D. R. - L’impôt foncier n’a évidemment pas pour objet de déposséder les Mahorais de leurs terres. L’impôt foncier, il existe aujourd’hui sur tout le reste du territoire français, en métropole, dans les DOM. Il n’a pas conduit à déposséder qui que ce soit. Au contraire on peut rappeler que le droit de propriété est un des droits fondamentaux de tout l’édifice français. C’est un droit qui est très protégé. L’impôt foncier est nécessaire
pour plusieurs raisons. Premièrement, parce qu’en France on considère qu’il est normal que les propriétaires contribuent au financement des services publics de leur commune, et donc qu’ils payent un impôt sur les biens fonciers qui leur appartiennent. Et puis je vois d’autres avantages à la mise en place de l’impôt foncier à Mayotte. Nous savons bien qu’il y a à Mayotte un vrai problème foncier. En fait, je vois même deux difficultés. La première, c’est l’incertitude permanente qu’il y a sur la propriété des terres à Mayotte avec des indivisions anciennes et
Mayotte département Le Dossier spécial referendum
complexes. Or, la mise en place d’un impôt foncier nous obligera collectivement à régler cette question des propriétaires des parcelles et à sortir d’indivisions très anciennes qui paralysent un peu la libre circulation du foncier.
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Et puis la deuxième est celle de la disponibilité du foncier ; aujourd’hui posséder du foncier à Mayotte ne coûte rien. Le jour où ça coûtera un peu d’argent, peut-être qu’un certain nombre d’opérateurs économiques seront incités à mettre sur le marché des parcelles foncières et donc à dynamiser ce marché au moment où on en a besoin.
M. m - La départementalisation mettra-t-elle un coup d’arrêt au processus de reconnaissance des terres des Mahorais occupant des terres de longue date, appelé la régularisation foncière ?
D. R. - Au contraire, je dirais que ça devrait l’accélérer parce que dans le cadre de la départementalisation il y a un certain nombre de sujets qu’on ne pourra plus différer. Le premier sujet c’est l’état civil. Le deuxième sujet c’est le droit de propriété. Pour pouvoir faire fonctionner correctement à Mayotte un certain nombre de dispositifs juridiques, mettre en place un certain nombre de prestations, il sera absolument nécessaire qu’on ait réglé ces deux sujets.
M. m - Pour favoriser les secteursclés de l’économie mahoraise, par exemple le tourisme et l’aquaculture, quel plan de formation va-t-il être mis en place ? D. R. - La formation n’est pas un sujet qui est forcément en lien
avec la départementalisaition, parce qu’on n’a pas attendu à Mayotte le département pour se préoccuper du développement du tourisme et de l’aquaculture.Il y a un premier élément du dispositif de formation qui est mis en place avec le GSMA, qui est présent sur ces deux branches et qui prépare tous les ans des jeunes Mahorais à l’exercice de ces métiers. J’ai bien conscience qu’après ce premier dispositif qui est vraiment la formation de démarrage il nous manque des formations plus professionnalisantes dont on aura forcément besoin un jour dans le domaine de l’aquaculture et surtout en matière touristique. C’est un enjeu pour l’avenir, de préparer les jeunes Mahorais à ces métiers qui devraient devenir des métiers d’avenir à Mayotte. Tous les acteurs traditionnels de la formation y travaillent : l’état, la collectivité départementale, les chambres consulaires...
M. m - La transformation de l’île en RUP dépendra-t-elle du sort du traité de Lisbonne ? D. R. - Oui et non. Les RUP, ou Régions ultra-périphériques, existent avant le traité de Lisbonne. Le statut de RUP n’est pas lié au traité de Lisbonne. Par contre le seul fait de devenir département français ne suffit pas pour que Mayotte devienne en même temps RUP, parce que l’Union européenne ne se contentera pas de cette évolution statutaire qui n’est qu’une évolution en droit interne français. Aujourd’hui la liste des RUP est annexée au traité de Nice. C’est-à-dire que pour ajouter une Région ultra-périphérique, il faudrait une modification d’une annexe du traité, ce qui est une procédure extrêmement lourde. Ce que doit apporter le traité de Lisbonne c’est une simplification,
puisqu’il prévoit que par simple accord unanime des membres du Conseil de l’Union européenne, il est possible de modifier cette annexe (clause passerelle). Donc le traité de Lisbonne en soi ne modifie pas le régime des RUP. Par contre il devrait faciliter la procédure qui per-mettra à Mayotte de devenir Région ultra-périphérique.
M. m - Certains craignent que se reproduisent à l’approche du referendum des émeutes similaires à celles du 27 mars 2008. Les moyens de sécurité ont-ils été renforcés ? D. R. - Le 27 mars 2008 a été un traumatisme, pas seulement pour les fonctionnaires métropolitains mais pour toute la population mahoraise et a évidemment conduit les services de l’état à renforcer la sécurité et
Visite d’information de Denis Robin sur le pacte pour la départementalisation le 10 février dans la commune de Koungou.
à s’interroger sur une adaptation de leurs moyens. On a mis en place des formations pour la Police nationale en gestion de l’ordre public, en gestion de troubles de ce type. On a amélioré le matériel à la disposition des forces de l’ordre pour gérer ces espèces de mini-émeutes urbaines. Personne ne souhaite revivre de pareils événements. Mais si tel était le cas, l’expérience de 2008 aura été mise à profit pour une réaction plus rapide et plus efficace. Propos recueillis par Stéphanie Légeron
Mayotte département Le Dossier spécial referendum
Parole de chatouilleuse... Parmi les grandes figures qui ont fait l’histoire de Mayotte, les femmes occupent le premier rang. Zena Méresse fait partie de ces personnages emblématiques qui ont lutté pour le maintien de l’île au sein de la république française. Voici son histoire…
C
’est devant un bol de pangou*, confortablement installée dans son petit salon, que Zena Meresse nous reçoit. Le calme règne dans cette petite maison d’inspiration coloniale pourtant située en plein centre de Mamoudzou. C’est ici que la célèbre chatouilleuse a vécu une grande partie de sa vie, aux côtés de son second mari. Marcel Méresse… « Un mzungu » … une chose peut commune à l’époque. « Il était veuf et avait besoin d’une femme pour l’aider à élever ses enfants. Il a insisté pour qu’on se marie et j’ai finalement accepté. Même si les gens ne disaient rien, au début j’avais honte. Je me cachais. Mais au fil du temps j’ai fini par assumer ce mariage. »
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Née à Kani-Keli vers 1942, elle passe une grande partie de sa jeunesse à Pamandzi, le village natal de sa mère. C’est aussi de là-bas qu’est originaire son premier époux. Zena n’a que quinze ans lorsqu’elle se marie avec ce policier. Une chose tout à fait commune à une époque où la majorité des femmes ne savent ni lire, ni écrire. Deux enfants naîtront de ce premier mariage. Lorsqu’en 1958, la décision est prise de transférer la capitale des Comores de Dzaoudzi en Grande-Comore, Zena est à mille lieues de se douter du bouleversement que cet événement va introduire dans sa vie. Huit ans plus tard, au moment du transfert, les fonctionnaires quittent progressivement l’île pour aller en Grande-Comore. À une époque où la polygamie permet aux hommes d’avoir
Zena Méresse, dans sa maison près du dispensaire Jacaranda, à Mamoudzou
plusieurs épouses, pour de nombreuses femmes, ces départs riment avec abandon. Zena n’a que 24 ans mais elle a déjà toute la volonté et la force de caractère de la femme mahoraise. Avec quatre autres camarades, elle décide d’aller protester auprès du ministre Ahmed Sabili. « Bientôt, pour calmer vos ardeurs, il faudra vous mettre du gingembre et du piment dans le sexe !, nous a-t-il lancé avec mépris ». S’en suit alors un échange d’insultes. « Zena M’dere habitait juste à côté. Elle est sortie pour nous demander ce qui se passait. Et c’est là qu’elle nous a donné la marche à suivre. A Madagascar, nous a-t-elle expliqué, quand il y a un problème, on écrit au ministre pour lui exposer ses griefs. Etant toutes illettrées, nous lui avons alors demandé d’être notre chef. Mais elle devait partir se faire soigner aux Comores dans les semaines qui suivaient. »
* le petit déjeuner traditionnel mahorais à base de riz bouilli
Mayotte département Le Dossier spécial referendum
Elle restera finalement, et ce sera elle qui sera reçu quelques mois plus tard par le président du conseil de gouvernement de l’époque, Saïd Mohamed Cheik. Mais les femmes n’ont toujours pas digéré l’attitude méprisante des autorités à leur égard. Zena Méresse s’en souvient comme si c’était hier. « Nous sommes restées
à l’extérieur pendant l’entretien. Mais au bout d’une heure nous avons commencé à nous inquiéter. Nous avons alors jeté des pierres pour les obliger à faire sortir nos camarades. Finalement c’est sous les huées que nous avons raccompagné le président à l’aéroport. Il n’est jamais plus revenu sur l’île. » Elles s’engagent alors dans le combat pour le rattachement de Mayotte à la France. Et pour éviter les sanctions elles décident d’utiliser une arme bien à elles… les chatouilles. « On se faisait appeler le commando des Chatouilleuses et chaque politicien de Moroni qui venait à
Le rituel des chatouilles Mme Zena Méresse raconte que « le premier chatouillé a été le ministre Mohamed Dahalani, un Grand Comorien aujourd’hui décédé. Mais le scénario était toujours le même. Dès que notre indicatrice apercevait un envoyé de Moroni sur la route, elle sonnait le rassemblement. Les premières arrivaient, l’entouraient et commençaient à se plaindre, d’abord en douceur : « Pourquoi ne vous occupez-vous pas de
Mayotte ? Pas de goudron... pas d’école... pas de travail ! Pourquoi Mayotte ne compte-telle pas pour vous ? » Puis les doigts frétillants
se mettaient à toucher l’homme médusé : « beaux cheveux ! », « belle cravate ! ». Puis les mains s’enhardissaient, allaient vers les côtes. Très vite l’homme se tordait en essayant de se servir de ses mains en guise de rempart. Il s’énervait... le prenait de haut... puis il riait ou menaçait en prenant les passants à témoin. En un clin d’oeil sa veste lui était retirée. Quand il suffoquait on s’arrêtait pour ne pas le faire mourir et on le laissait là dans la poussière. » * * Témoignage issu du Magazine Mila Na Tarehi, n° 5 p. 54.
Mayotte y avait droit. Nous avions un cri de ralliement spécial à chaque fois qu’une délégation officielle descendait à l’aéroport » Aujourd’hui lorsqu’elle évoque ces souvenirs elle a du mal à comprendre les hésitations de certains face au choix de la départementalisation. « Les gens ont peur de payer des impôts
mais on a toujours payé pour tout. Pour le moment le plus important est d’acquérir ce statut afin de sceller la séparation avec les Comores. Après on se battra pour acquérir les mêmes droits que les autres. C’est comme ça que ça s’est passé dans toutes les autres îles françaises. » Accablée par le poids des années, la chatouilleuse reste malgré tout fidèle au combat de sa vie, elle veut désormais partir sur les routes de la campagne pour la départementalisation. Avec un seul espoir, être encore là le jour où Mayotte accèdera au statut de 101e département français. Halda Toihiridini
ZAKIA MADI
La Chatouilleuse par Alain Kamal Martial, éditions L’Harmattan
4è de couverture : «13 octobre 1969, les femmes prennent d’assaut la jetée de Mmaoudzou. Elles infligent aux gendarmes qui leur font barrage un vrai rire de mule en les chatouillant. On les a appelées les chatouilleuses. 14 octobre 1969, répression et fusillade. Zakia Madi est assassinée et enterrée aussitôt. Affaire classée ! (...) Le Jury du Prix de l’océan Indien a primé à l’unanimité cette pièce qui met en scène le combat des femmes de Mayotte et au-delà, de toutes les femmes pour la défense de leur dignité, de leur humanité contre la corruption et une évolution politique à double tranchant... »
Interview : Mohamed Hachim, grand cadi de
Mayotte
Quelques mois avant son départ en retraite prévu pour la fin du mois de mars, le
grand cadi nous a accordé une entrevue dans laquelle il nous livre ses opinions, notamment sur la départementalisation.
Mayotte magazine - Quel parcours faut-il suivre pour devenir cadi et grand cadi ? Mohamed Hachim - La fonction de cadi s’acquiert après un concours qui vient clore plusieurs années d’études des lois islamiques qu’on appelle la sharia. À Mayotte il y a un cadi dans chaque commune et Mamoudzou en a cinq, dont moi-même le grand cadi. Déjà il faut savoir qu’avant la séparation de Mayotte du reste des Comores, il n’y avait qu’un seul grand cadi. Il siégeait en Grande-Comore. Après l’indépendance, il a fallut nommer un cadi pour Mayotte. C’était en 1976, en la personne de Saïd Achirafi. Alors, contrairement au cadi, le grand cadi est élu. Lorsque le grand cadi prend sa retraite, les cadis qui le souhaitent posent leurs candidatures, qui sont ensuite examinées par une commission spéciale.
Elle est composée entre autre, du grand cadi sortant, du président du Conseil général, du préfet ou de son représentant, du procureur de la république ainsi que du président du Tribunal supérieur d’appel. M. m. - Ce jury montre que vous êtes très lié aux instances juridiques du droit commun. Mais quels sont exactement vos attributions et vos domaines de compétences ? M. H. - Nous nous occupons de tous les actes notariés sauf ce qui relève du foncier. Comme l’attribution de l’autorité parentale, les mariages et les divorces de droit local. Actuellement nous avons encore le droit de faire des jugements dans des cas litigieux entre deux personnes ou des conflits de mariages. Nous commençons d’abord par tenter une conciliation et si ca ne suffit pas nous passons par un
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Mayotte département Le Dossier spécial referendum
jugement. Les affaires sont traitées au niveau local par le cadi de la commune et lorsqu’il y a un appel c’est moi en tant que grand cadi qui tranche. Mais si le conflit persiste, je les envois vers le tribunal supérieur d’appel. M. m. - Est-ce que les mahorais ont encore beaucoup recours à la justice cadiale ? M. H. - Beaucoup de mahorais ont du mal à comprendre les institutions juridiques du droit commun et leurs règles. Nous suivons des règles simples et nos tarifs correspondent au niveau de vie des gens qui viennent nous voir. Dans le droit commun, les actes notariés sont très chers et peuvent prendre plusieurs mois, le tout payable en avance. Par exemple pour un acte de 3000 euros nous prélevons 0,50% de frais là bas ils le feront payer jusqu’à 1800 euros. Entre les deux, les gens font vite leur choix. M. m.
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- Comment voyez-vous la départementalisation ? M. H. Personne à Mayotte ne veut quitter la France. Mais il y a le droit commun et le droit local. Les Mahorais ont souhaité rester français avec leur statut particulier, leurs coutumes et le droit musulman appliqué et respecté. C’est comme cela que nous avions envisagé les choses. L’article 75 de la constitution dit bien que : (il lit le paragraphe) « les citoyens de la république qui n’ont pas le statut civil de droit commun, seul visé à l’article 34, conservent leur statut personnel tant qu’il n’y ont pas renoncé. » Il faut d’abord renoncer à ce statut personnel avant de passer au droit commun. Nous sommes dans notre bon droit, mais ce sont
les Mahorais eux-mêmes qui ne font rien pour préserver leur droit local. Ils sont trompés par les élus. On leur fait croire que s’ils ne font pas tous ce qu’on leur dit ils n’auront pas le statut de département. C’est comme cela que certaines personnes tapent sur la justice musulmane pour leur intérêt personnel. Les élus pour des raisons électoralistes mais aussi les avocats et les notaires qui veulent récupérer toute la clientèle qui préfère venir vers nous. Et pourtant et nous travaillons avec les tribunaux de droit communs et nous faisons les mêmes jugements qu’eux. M. m. - Mais aujourd’hui il est question d’avoir les mêmes lois pour tous, et il faut admettre que certaines lois musulmanes s’opposent à celles du droit commun, en ce qui concerne la polygamie par exemple ? M. H. - Je vous signale que pour la polygamie ce sont les femmes elles même qui viennent nous voir pour être mariées. Pour les femmes seules avec des enfants à charge, la polygamie est le seul moyen pour elles de trouver un mari pour les aider. Car les jeunes célibataires sont très réticents à l’idée de se marier avec des mères de famille. M. m. - Comment allez-vous vous adapter à cette limitation de vos attributions ? Pensez-vous pouvoir vous adapter à ces changements vers le droit commun ? M. H. - Pour le moment nous ne savons rien du statut qu’on va nous accorder. Médiation, conciliation, nous prendrons ce qu’on nous donnera. Propos recueillis par Halda Toihiridini
La parole aux Mahorais Micro-trottoir
Article et interviews réalisés par Denise Harouna
Le 29 mars s’annonce comme une journée historique. Toute personne inscrite sur la liste électorale, s’y prépare activement. Mayotte doit faire un choix, il y va de son avenir institutionnel. Deviendra-t- elle alors, le 101è département français ?
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a réponse à cette grande question sera connue à l’issue du referendum. En attendant ce jour J, les arguments s’affrontent. Le « oui » visiblement plus affiché mène activement campagne. Le « non » est quant à lui plus discret mais n’a pas pour autant dit son dernier mot. Mayotte Magazine a sillonné les rues et recueilli vos points de vue. « Approuvez-vous la transformation de Mayotte en une collectivité unique appelée département régie par l’article 73 de la Constitution et exerçant les compétences dévolues aux départements et aux régions d’outre-mer ? » Cette question tant attendue par les Mahorais a été révélée par le secrétaire d’état à l’outre-mer Yves Jégo lors de sa dernière visite en janvier à Mayotte. Aussitôt dévoilée, aussitôt les conciliabules se bousculent, « cette question est trop longue », estiment les uns.
« Le gouvernement ne pouvait-il pas penser à une tournure plus simple ? » ripostent les autres. « Et que cache l’article 73 ? » s’interrogent d’autres encore. Entre suspicions et croyances, chacun tente d’y voir plus clair avant de s’avancer vers les urnes. Certaines personnes interrogées ne cachent pas leur scepticisme, « depuis des années on parle de départementalisation aux Mahorais. Maintenant nous y sommes. Les mandatés se doivent d’afficher de la transparence. Il ne s’agit plus de nous dire de voter « oui » mais surtout de nous révéler les atouts mais aussi les désavantages de cette départementalisation. Sachez que si jamais nous votons oui et que les choses se passent mal par la suite, des têtes devront tomber », avertissent certaines personnes croisées et qui ne sont pas encore totalement sûres de leur choix.
Les mamas ne saisissent pas le concept de départementalisation Cet accompagnement, au fil des rencontres, parait plus qu’indispensable. Beaucoup de citoyens ne cessent de s’interroger, non pas uniquement sur la réponse à glisser le jour J, mais surtout sur les enjeux de la départementalisation. « Je ne sais même pas ce que c’est qu’une départementalisation. Comment je peux savoir ce que je dois voter ? », interpellent de nombreuses femmes dans les rues de la capitale.
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Plus alarmant encore, la majorité de ces femmes perçoivent la départementalisation comme un objet, un outil et non pas comme un statut. « Il parait que la départementalisation est déjà arrivée à La Réunion. Pourquoi est-ce si compliqué de le transporter jusqu’à Mayotte ? », peut-on littéralement traduire du mahorais au français. Comprenons ainsi que certaines personnes, surtout les femmes qui ne sont jamais allées à l’école, sont loin de saisir le concept de départementalisation, pire, elles n’intègrent même pas la conception de statut au sein d’un territoire. « Quand ce département arrivera. Comment est-ce qu’on saura qu’il est là ? On entendra certes que la départementalisation est arrivée mais on saura comment qu’elle est réellement là ? Qu’est-ce qui le démontrera ? », ne cessent de questionner ces bouénis, démontrant plus que jamais que la départementalisation est une notion entendue par beaucoup d’entre elles mais que rares sont celles qui en maîtrisent la finalité. La totalité de ces mêmes femmes affirment que le 29 mars prochain, elles se déplaceront en masse pour donner leurs avis lors de ce référendum. Paradoxe, la plupart d’entre elles certifie qu’elles voteront « oui » le 29 mars prochain « peut importe les X. Nous, les Mahoraises, sommes à l’origine de ce combat, nous ne pouvons plus reculer ».
Vendeuse au marché de Mamoudzou « Je ne peux pas vous dire si oui ou non je veux la départementalisation, parce que je ne sais pas ce que c’est. Je ne sais pas réellement ce qui va changer ou non une fois qu’elle sera là. On m’a dit qu’elle est arrivée jusqu’à La Réunion mais moi je ne suis jamais allée là-bas. D’accord, tout le monde veut la départementalisation, ça ne peut pas être quelque chose de mauvais, mais vous comprenez en mon âme et conscience, je ne peux pas être d’accord avec une chose que je ne maîtrise pas. Même si on me parle d’avantages, je ne les ai jamais vus. Comment je peux en juger ? Je préfère laisser ça aux gens qui comprennent mieux les choses et une fois que la départementalisation arrivera, je verrai alors. »
Homme anonyme « Je ne suis pas entièrement contre mais j’estime qu’on n’explique pas entièrement aux gens ce qui les attend. La plupart des gens qui affirment comprendre, ce sont ceux qui voyagent vers La Réunion, la métropole… des personnes qui vivent temporairement dans ces pays et qui ne mesurent pas l’ampleur de la vie au quotidien. La France, ce ne sont pas que les avantages. Beaucoup de choses ne sont pas dans nos mœurs, et une fois ici, ça va entrainer des bouleversements considérables et inévitables. Croyez-moi, ceux qui vont voter « pour », vont ensuite en vouloir aux élus. Imagine aujourd’hui qu’un terrain t’appartienne. Tu n’as pourtant aucun titre légal. L’état récupère. La loi est la loi. Personne ne pourra plus se tourner vers le cadi qui joue un rôle de médiateur. Nous passerons par le tribunal et cela ne pourra que conduire à des conflits. Ne nous précipitons pas. Ceux qui ont connu autre chose que Mayotte, d’accord, ils sont armés pour affronter les changements mais le Mahorais qui n’est jamais sorti de son territoire ? »
DOM = vie meilleure
Malidi Mohamed, ingénieur information à RFO Mayotte « La départementalisation ? Je suis pour à 200 %. Je pense que c’est un moment historique pour notre île. J’aimerais pouvoir dire un jour à mes enfants ; j’ai participé à l’évolution de Mayotte. J’ai contribué à faire rentrer définitivement Mayotte dans la France, le pays des droits de l’homme. Je fais ce choix en rendant hommage à tous nos anciens. Celles et ceux qui ont combattu pour un avenir meilleur de leurs progénitures, comme Younoussa Bamana entre autre. Une autre raison qui me pousse à voter oui ? Je suis intimement convaincu que la France ne peut plus à elle seule réussir à financer les gros projets à Mayotte. Par conséquent, Mayotte se doit de s’élargir en RUP (Région ultra périphérique), entrer définitivement dans la France, c’est s’ouvrir à l’Europe et bénéficier des fonds structurel des RUP. »
La logique voudrait pourtant que ces femmes votent « non » à une notion qu’elles affirment ne pas du tout maîtriser. « Je connais beaucoup de femmes qui sont parties vivre à La Réunion. A Mayotte elles n’étaient rien. Grâce au RMI et aux allocations parents isolés, elles ont construit leurs maisons et connaissent à présent une vie meilleure ». Pas la peine de chercher loin, l’arrivée des prestations sociales encouragent la position de ces femmes. Perçues comme un moyen supplémentaire de revenus pour des « mamas » très souvent illettrées en français, ces allocations feront basculer le choix de nombreuses Mahoraises le 29 mars prochain. Et du côté des hommes qu’en est-il ? « Regardez bien ce qui se passe vers les îles Comores. Ils ont choisi l’indépendance. Ils se sacrifient dans les eaux mahoraises à la recherche d’une vie meilleure. Que voulez-vous qu’on se pose encore comme question ? ». Il est évident que face à la misère de la région, le Mahorais est nettement mieux loti chez lui, auprès de la France. Dans un contexte de crise économique, financière et politique, le Mahorais se sent plus que jamais en sécurité au sein de la France et le combat des anciens pour ancrer Mayotte dans la République française prend alors toute son ampleur : « nous ne devons plus reculer. Les Anciens ont eu raison de nous maintenir au sein de la France ; maintenant c’est à notre tour de confirmer leur choix en votant « oui » à la départementalisation », garantissent la plupart des hommes interrogés.
Hamada Tarmidhi, instituteur «Je vote « oui ». Tout d’abord par respect au « oui » de 1976 de nos ancêtres. Ils ont fait le bon choix pour nous, nous devons leurs rendre hommage, en votant également « oui » pour le bien être de nos enfants. C’est la seule façon de s’ancrer définitivement au sein de la république française. Si nous votons « non », il y aurait toujours des doutes. Le « oui » fera renter définitivement Mayotte dans la France. »
La départementalisation ne se limite pas aux prestations sociales Et le « non » dans tout ça ? Au fil des rencontres on s’aperçoit que souvent les partisans du « oui » sont convaincus que les arguments en faveur du « non » sont soit la conspiration des immigrants venus des îles voisines, « ils
veulent voir Mayotte coulée et ainsi nous serons tous dans le même bateau de la misère »,
soit alors la faction des wazungus* vivant sur le territoire. En effet, on reproche surtout à ces derniers de mener campagne contre le « oui » à des fins personnelles. « Ces wazungus
sont arrivés à Mayotte pour être à l’abri des fiscalisations. Financièrement, ils sont bien à Mayotte. Tout est si souple ici », affirment
Mrahati Zoubert « Tout d’abord, si je vote «oui», c’est pour aller de l’avant. Pour des choses qui n’existent pas à Mayotte, RMI, prestation sociale. Si La Réunion a pu en bénéficier, pourquoi pas Mayotte ? Tous ces obstacles c’est parce que nous n’avons pas un statut bien défini. Beaucoup pensent que la départementalisation va arriver avec des spécificités, et alors ? Ça va être comme une marmite vide, petit à petit on la remplira avec ce qu’on veut, c’est tout. »
un, deux, trois… groupes de Mahorais. Ils ajoutent, « la départementalisation est le choix
des Mahorais, le combat de leurs aïeux, qu’ils nous laissent prendre la décision concernant notre avenir. Eux, ils perdront les primes, les avantages et nous, nous gagnerons avec le RMI, les allocations vieillesses, familiales, logement etc. » Ces reproches lancées vers les wazungus sont-elles perçues par les concernés ?
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Une observation assez frappante, les wazungus au premier abord n’affichent pas d’une manière si évidente leur point de vue. Ils pèsent leurs mots, bafouillent... Une fois la confiance installée, certains s’expriment. « La départe-
mentalisation ne se limite pas seulement aux prestations sociales. Avez-vous pensé aux charges ? Redevances télé ? Taxes foncières ? Impôts sur les revenus ?… Le Mahorais n’a pas encore intégré toutes ces notions. Combien de Mahorais disposent de terrains ou encore sont propriétaires de leurs logements ? Ces personnes ont-elles conscience qu’une fois Mayotte département, elles devront s’acquitter de nouvelles charges ? Le département va énormément chambouler la vie quotidienne »,
avancent les wazungus interrogés.
Youssoufa Moussa, moniteur de sport à la retraite « Il n’y a plus à faire un pas en arrière. Pour continuer à vivre mieux, nous devons voter « oui ». Nous voyons comment vivent les îles voisines. La question ne se pose même pas. Avons-nous envie de vivre comme les îles Comores ou comme La Réunion ? Nous sommes des Français, nous devons vivre au même niveau que La Réunion. Nos enfants ont le droit de bénéficier d’une bonne éducation. Nos hôpitaux doivent continuer à se développer. Les taxes, les impôts, les redevances… je n’ai rien à craindre. Nous avons choisi de devenir Français pour bénéficier des lois du pays des droits de l’homme. En votant « oui » demain nous serons entièrement libres. Les lois font la liberté. »
Les partisans du « oui », n’en démordent pas pour autant. « Pourquoi nous explique-t-on la
Riffay Jess, agent commercial Je souhaite voir un développement rapide pour Mayotte. Des avantages économiques et sociaux. L’égalité des chances entre les individus. Le développement dans tous les domaines. Il serait temps de voir les allocations logements arriver à Mayotte, les loyers sont beaucoup trop chers. Où sont les aides aux familles nombreuses ? Nous cotisons comme les autres français, nous avons droit à ces aides. Une fois ces aides à Mayotte, les familles ne partiront plus pour aller vivre à la Réunion ou en métropole. Les entreprises doivent se développer. Les aides financiers, les soutient dans la formation, le développement touristique. J’aimerais voir la construction de grands hôtels sur cette île. Nous avons des sites magnifiques, nous devons les exploiter et attirer les grands investisseurs. Beaucoup de jeunes préparent actuellement des CAP et BEP cuisine, hôtellerie…Ils pourront ainsi travailler. L’éducation doit continuer à se développer et cela par des constructions d’écoles supérieures. Beaucoup trop de jeunes échouent dans l’hexagone, si les études sont suivies ici, les chances seront meilleures. Une chose me tient particulièrement à cœur, que la départementalisation arrive vite et peutêtre l’infrastructure routière s’améliorera. Ici, ce n’est pas Beyrouth.
départementalisation comme si c’était un fouet que recevront les Mahorais ? Pensez-vous vraiment qu’aucun Mahorais instruit n’a jamais vécu en dehors de cette île ? Soyons réalistes. Dans la vie, il y a des choses bien et des choses mauvaises. Nous nous adapterons au fil des années comme nous l’avons fait depuis la séparation avec les Comores » concluent les fervents défenseurs du « oui ». En ce qui concerne les immigrés en provenance des îles voisines, « nous avons fuit la misère pour une
vie meilleure à Mayotte. Mais nous savons très bien que la situation pour nous va de plus en plus se compliquer une fois que Mayotte sera département ».
Mohamed Zaïdou, sans emploi Je ne sais pas. Si les lois françaises s’appliquent réellement à Mayotte, alors ok. Je n’aimerais pas que mon enfant né à Mayotte se retrouve expulsé. Clandestin ou non, nos enfants nés à Mayotte doivent être protégés par la loi. Si le droit du sol ne s’applique pas à Mayotte, mieux vaut que la départementalisation ne parvienne jamais jusqu’ici. Chacun espère tirer profit de son arrivée ; à quoi bon si nos enfants viennent à en souffrir ? Dites-moi, où serait alors la différence entre un enfant comorien né à Mayotte et un enfant Mahorais né à Mayotte ? Les extraits de naissance ne sont-ils pas tous les deux issus d’un même pays ?
Dire « non » à la départementalisation ne signifie pas vouloir du mal à Mayotte Mais les anti-départementalistes ne se situent pas uniquement du côté des étrangers ou encore des wazungus. Après s’être assurés de l’anonymat de leurs témoignages, quelques Mahorais s’expriment mais souvent dans la crainte. « Vous comprenez si on affiche être
contre la départementalisation, on risque de se créer des ennemis. Pourtant nous sommes dans une démocratie, nous nous devons de mener campagne ». Et que craignez-vous ? « Mayotte est petite. Tout est politisé. Nous pourrions perdre nos postes par exemple. Ce sont les partisans du « oui » qui dirigent cette île », pense cerner un jeune entrepreneur.
Mathieu Rippe, instituteur « Si le statut de département c’est si bien que ça, pourquoi le refuser à la population de Mayotte ? Quelques centaines d’euros en plus ou en moins ? Il est vrai qu’il faut rester vigilant, ça va changer beaucoup de choses et pas forcément en mieux, chacun doit simplement en être conscient. Les taxes foncières, la fin des brochettis… Si la départementalisation réconforte et donne l’impression d’être un peu plus français, pourquoi pas ? En ce qui me concerne, en tant qu’instituteur je vais bénéficier de plus de mobilité et avec l’indexation, les salaires ne pourront que s’améliorer. »
Et vous, vous comptez voter « non » le 29 mars ? « Oui, mais dire « non » à la départementalisa-
tion ne signifie pas automatiquement vouloir du mal à cette île comme c’est actuellement perçu par les partisans du oui », tient à éclaircir notre jeune.
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Il a effectué de hautes études universitaires. C’est souvent dans cette tranche que nous rencontrons, le plus grand nombre de Mahorais réticents face à la départementalisation. « Je re-
fuse d’opter pour un DOM seulement pour opter pour un DOM. Je m’explique, les fameuses « Chatouilleuses » qui ont combattu pour maintenir Mayotte au sein de la France, avaient-elles vraiment intégré la notion de départementalisation ? Ces femmes à l’origine revendiquaient le retour de leurs époux envoyés en travaux aux Comores. De revendication en revendication, elles ont dû être manipulées quelque part ; cette notion de département, d’où sort-elle ? Pensez-vous réellement que les Chatouilleuses savaient à leur époque ce qu’était un département français ? », questionnent les porte-pa-
roles du « non ».
Nassur Damourane, commerçant « Je ne connais pas les bienfaits, les méfaits, les tenants et les aboutissants de la départementalisation, pourtant je suis d’accord pour voter « oui ». Lorsque les Comores voulaient l’indépendance, Mayotte a dit « non » et nous voyons où en sont les autres îles par rapport à Mayotte. J’ai peur d’une chose : nous sommes des musulmans. Dans le coran on nous apprend que nous ne devrions pas nous mêler aux non-croyants. La question est celle-ci : que va devenir la religion ? Je pense que la France est un pays d’honneur et qu’elle respectera cette identité. »
Simon Vaucois, taximan Petite-Terre « Au vu de son évolution, Mayotte n’est pas prête à devenir département. D’accord, tout le monde espère voir arriver le RMI. Mais regardons autour de nous : déjà aujourd’hui les gens n’ont pas très envie de travailler, une fois que nous aurons l’implantation du RMI, rien n’ira plus. Qui aura envie d’aller se fatiguer pour travailler alors qu’il gagnera de l’argent à ne rien faire ? L’île va s’endormir totalement. »
Thiam Serigue Professeur de mathématiques « Je ne suis pas contre la départementalisation mais c’est trop tôt. Si je me réfère à l’inspiration de Césaire, Mayotte doit d’abord entamer son processus linéaire. Tout d’abord acquérir son autonomie et cela doit commencer par les humanités mahoraises. Mayotte doit avoir ses commissaires, ses juges, un ministère d’outremer, des médecins, des insulaires qui maitrisent leur zone pour pouvoir se défendre. Cela doit être réalisé tout d’abord par un accompagnement républicain. Un pôle universitaire mahorais doit se mettre en place afin de fixer l’intelligentsia mahoraise. Si la départementalisation arrive avant, c’est la situation inverse qui se produira et les Mahorais vont se retrouver écrasés. Par exemple, tu ne pourras pas dire à un M’zugu, ne construis pas à M’tsamboro pour telle ou telle raison : une fois qu’il aura l’argent, il le fera. Seuls ceux qui maîtriseront les lois pourront défendre leurs patrimoines. Pour moi, la départementalisation, c’est un leurre. La république va demander plus à Mayotte qu’elle ne va apporter. »
La perte d’identité entraine la violence Lorsqu’on déclare « département » à Mayotte, beaucoup pensent au RMI. « Que va-t-il se passer une fois les prestations à Mayotte? Deviendrons-nous une société d’asservis ? Est-ce vraiment pour cela qu’ont combattu nos anciens ? Pour de l’argent gratuit ? Est-ce cela que nous voulons léguer à nos enfants ? » continuent à s’interroger les quelques opposants du « oui ». « Certes, quelques prestations sociales vont arrivées sur l’île mais contre combien de nouveaux impôts ? A l’heure actuelle, le fossé est immense entre ceux qui maîtrisent le fonctionnement des lois françaises et les autres. En l’occurrence entre les plus aisés et le peuple d’en bas. Quand la départementalisation sera là, qui sera lésé ? ». Dans les rues, les partisans du « non » sont moins présents mais les arguments eux, ne manquent pas : « Qu’en est-il de l’identité mahoraise ? Avez-vous pensé à l’évolution de cette île ? Admirez la rocade de M’tsapéré, si un jour nous disons à nos enfants qu’à cette emplacement se trouvait une magnifique plage, ils nous prendront pour des fous. Combien de patrimoine allons-nous perdre au prix de l’évolution ? » Et l’introspection continue… « Et l’identité mahoraise ? Nous devons faire la différence entre identité et nationalité. Certes nous avons opté pour l’appartenance à l’unité française par conséquent à l’Europe. Mais qu’adviendra-t-il de notre identité ? Regardez ce qui se passe autour de nous. La culture locale ne tient plus qu’à un fil. Une fois département, que nous restera-t-il ? La Réunion est connue pour avoir des quartiers chauds, la Guyane aussi… Avons-nous vraiment envie d’aller dans ce sens ? Mayotte a été une île paisible avec des principes. La laïcité dans un pays musulman ? Que retiendront nos enfants ? Ne deviendrontils pas tous des révoltés à force de confusions ? La perte d’identité entraine la violence », craignent les anti-départementalistes.
Mayotte département Le Dossier spécial referendum
Nous allons devoir perdre nos mauvaises habitudes Les personnes qui pensent voter « non » le 29 mars affirment que leur vote n’est en aucun cas anti-français. « Je voudrais qu’on
réfléchisse d’avantage au choix de cette départementalisation. Est-ce la décision ultime qui s’offre à Mayotte ? Les Anciens lorsqu’ils ont opté pour la départementalisation, avaientils conscience qu’il existait d’autres statuts qui nous maintiendraient au sein de la France tout en se détachant des Comores ? ». « Mais l’heure n’est plus aux tergiversations », tranche la majorité.
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« Je dirais « oui » ne serait-ce que pour trouver une solution à cette précarité qui dure depuis 1975. Mais aussi pour la clarté des différentes procédures. Prenons l’exemple du foncier. Lorsque les familles s’interrogent pour déterminer comment va se faire un partage. Les familles vacillent entre les lois cadiales et républicaines. Mayotte aura plus de facilité une fois que son statut sera défini. Pourtant je dirais « non », dès lors qu’on prend en compte l’identité mahoraise. La départementalisation n’est pas une idée qui peut aller de paire avec une société traditionnelle. La délinquance naît souvent d’une perte d’identité en engendrant des frustrations chez les uns et les autres. Le RMI, les allocations… Je suis complètement en désaccord. L’argent gratuit ? Mayotte a choisit de rester au sein de la France, mais est-ce par dépendance financière ? Un assistanat de la France ? Je ne suis pas convaincue que nos anciens ont fait ce choix pour ces raisons. »
« Nos anciens savaient ce qu’ils voulaient. Ils ont combattus et certains y ont laissé leur vie au nom de la France. La départementalisation est le statut qui fera de nous des Français à part entière, nous ne devons pas reculer, qui sait si cette chance se représentera de nouveau ? »,
arbore la grande majorité, les partisans du « oui ». Et les arguments allant dans ce sens ne tarissent pas : « Nous en avons marre d’être
des Français de seconde zone. Ne nous parlez pas de perte d’identité. La France est un pays de droits de l’homme. Nous allons devoir perdre nos mauvaises habitudes et en gagner de meilleures pour nos enfants ».
Prestations sociales, égalités des chances, sécurité juridique… autant d’arguments qui font basculer la balance en majorité vers le « oui ». Avec cette petite touche personnelle due à l’histoire de Mayotte : « Regardez les Comores. Tous ceux qui meurent de faim et qui bravent les eaux au risque de leur vie. Nous avons été ingénieux de vouloir rester au sein de la France. Grâce à ce choix, nous mangeons à notre faim », concluent fermement les partisans du « oui ». à l’issue de cette petite enquête réalisée grâce aux témoignages de quelques citoyens croisés ici et là, le climat semble déjà très tendu sur cette île, en ce qui concerne le referendum. Les débats battent leur plein, mais les discussions sont souvent unilatérales. Il est nettement mieux vu d’être départementaliste que l’inverse. Par conséquent, les pro-départementalistes sont beaucoup plus ouverts et s’affichent plus. S’afficher contre la départementalisation semble être ressenti comme un affront contre le combat « de Mayotte libre au sein de la France ». Néanmoins, la voix du « non » existe bel et bien. Beaucoup plus discrète certes, elle vise à se faire entendre. Une seule grande idée semble unir le « oui » et le « non » : « Hors de question de revenir dans l’union des Comores », concluent toutes les personnes interrogées. Denise Harouna
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La moto à Mayotte
Rédaction et photos : Guillaume Cestac
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e passion plus qu’utilitaire, la moto à Mayotte s’est développée par la force des choses. Si on englobe également les scooters qui représentent une part importante de véhicules roulant sur le réseau routier mahorais, on remarque que la moto ne représente pour l’instant qu’un faible pourcentage de véhicules deux roues. On ne peut parler des motos sans invoquer l’euphorie qu’a suscitée le scooter ces dix dernières années avec notamment l’arrivée de marques chinoises de plus en plus nombreuses. Quelle est la raison de cet intérêt ? Le prix bien entendu. Bien plus accessible à l’achat et à l’entretien qu’une voiture ou qu’une moto, le scooter est utilisé sous toutes ses formes possibles, transport de personnes dans un premier temps pour des familles aux revenus faibles, qui ont vu leur possibilité et facilité de déplacement s’améliorer. La nouvelle jeunesse mahoraise qui avec
le temps a su apprécier comme leurs cousins métropolitains les joies de la liberté en deuxroues et n’hésite pas à dépenser quelques centaines d’euros pour embellir ou booster mécaniquement leur machine. Mais le scooter est aussi un véhicule utilitaire et il n’est pas rare de croiser au détour d’un virage un scooter chargé de caissess, de sacs de riz ou de matabas, brèdes et autres produits. Depuis quelques années pourtant le scooter n’est plus la coqueluche des seuls Mahorais. Avec l’accroissement constant du nombre de voitures sur l’île, le réseau routier est devenu quasi saturé en semaine, surtout dans le centre-ville de Mamoudzou. Agacé par les embouteillages devenus constants, un grand nombre de métropolitains ont également choisi d’effectuer leurs déplacement quotidiens en deux roues. De ce fait, certains motards dans l’âme n’ont pas hésité à faire venir dans leurs « bagages » les motos qu’ils utilisaient en métropole,
La moto peut parfois s’apparenter plus à du pilotage qu’à une conduite touristique
ouvrant ainsi sans le vouloir de nouvelles perspectives. Au début élitiste, de plus en plus de Mahorais se sont laissé happer par cet engouement du deuxroues surpuissant, à tel point que certaines auto-écoles de l’île ont ouvert des sections moto-éoles pour répondre à une demande croissante de permis moto, obligatoire pour posséder des cylindrées de plus de 125 m3. La moto n’en était pourtant pas à son premier coup d’essai et la diversité des machines anciennes à tendance cross ou trial plus que routières circulant sur les routes laissait déjà à certains un arrière-goût d’évasion. Avec le développement du réseau routier et l’ouverture de garages motos capables de les réparer, on a vu apparaître des machines de plus en plus récentes, mais surtout des modèles, routières, sprtives ou roadster que l’on pensait jusqu’alors inexploitables à cause du manque
d’entretien et des dangers de ce même réseau routier. En effet il est régulier de rouler sur des routes où les trous sont très nombreux, d’entrer dans un virage rempli de graviers et d’en sortir pour se retrouver face à un troupeau de zébus laissés en pâturage sur le bord de route. Sans oublier bien évidemment les fameuses traversées de villages avec des hordes d’enfants traversant la route sans prendre garde aux véhicules arrivant ou encore les automobilistes qui donnent souvent l’impression d’être seuls sur la route. En clair, la moto à Mayotte peut parfois s’apparenter plus à du pilotage qu’à une conduite touristique. Pourtant, bravoure ou folie, la moto comme en métropole, est devenue également un objet de loisir et regroupe de plus en plus d’adeptes chaque week-end pour des promenades de groupes, en couple ou en solitaire.
Mayotte : un site de promenade exceptionnel Si on passe outre les dangers cités, alors Mayotte devient un site de promenade exceptionnel, enchaînant les virages très nombreux sur un réseau routier total de 240 kms*, longeant la côte et son lagon turquoise ou le centre de l’île et sa verdure ; c’est une bouffée d’air pur et de sensation que l’on ressent à chaque sortie. Six circuits sont possibles et offrent tous des paysages différents permettant de ne pas se lasser.
Depuis un an maintenant, face à l’accroissement du nombre de motos, une association de motards (basée de la loi 1901) s’est créée à Mayotte, regroupant pour l’instant essentiellement les passionnés. Cette dernière organise tous les week-ends des sorties en groupes, ouvertes même aux non membres, qui permettent d’apprécier des promenades tous niveaux d’environ trois heures.
*Le réseau routier de Mayotte est composé de 140 km de routes départementales et d’environ 90 km de routes nationales (Source : la Direction de l’équipement)
Mais la création de cette association comporte également un aspect ludique. éric Leloup, le Président, nous fait part de sa vision de la moto à Mayotte en 5 questions : Mayotte magazine : - Le club tentera-t-il de faire entendre sa voix dans l’évolution du réseau routier à Mayotte, pas très adapté pour l’heure à la moto ? éric Leloup : - Oui, nous essaierons dans la mesure du possible de faire entendre nos doléances en terme de sécurité routière concernant les deux-roues comme cela est fait dans certaines villes de métropole, concernant par exemple les trottoirs sans arrête vive ou les glissières de sécurité. Pour l’instant la priorité serait déjà d’avoir des routes sans trous et sans gravier. Les deuxroues à Mayotte c’est également les scooters et même s’il ne s’agit pas de moto, nous essaierons de parler aussi pour eux. M. M. : - Quels seront les rassemblements organisés pour l’année 2009 ? é. L. : - Nous allons dans un premier temps organiser une réunion mensuelle de manière à permettre à tous les motards anciens et nouveaux de se rencontrer et de passer un moment ensemble ailleurs que sur la route. Nous prévoyons également deux ou trois sorties qui regrouperont des motards de l’île (environ 25) qui se termineront par un voulé sur la plage. Enfin, nous tenterons d’organiser une sorte de meeting avec des démonstrations de conduite et des promenades découvertes en amenant des jeunes et moins jeunes à l’arrière de nos machines. M. M. : - Y a-t-il des avantages pour un motard à faire partie de cette association ?
éric Leloup
é. L. : - Pour l’instant, l’avantage est de se faire connaître des autres motards et comme en général les motards sont solidaires, nous tentons par nos activités respectives d’aider les autres motards en difficulté dans la mesure de nos possibilités. Nous démarchons actuellement certains garages moto de l’île pour avoir des remises sur les pièces ou les interventions mécaniques, pour les membres de l’association. M. M. : - Que conseillez-vous à une personne qui souhaite rouler à moto sur l’île ? é. L. : - Dans un premier temps, il faut bien s’équiper. Casque obligatoire, gants et blouson sont fortement conseillés, pour les promenades du dimanche en tout cas. Les chutes arrivent de temps en temps et la chaleur sous un blouson sera toujours plus supportable que le frottement de la peau sur le goudron. Prendre soin de sa moto, l’association est justement là pour conseiller. Nous avons un nombre de passionnés qui aiment mettre les mains dans le cambouis et l’entraide, surtout sur une île, doit avoir une place importante. M. M. : - Quels sont les tarifs d’inscription à l’association ? é. L. : - 20 euros seulement.
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Il est certain que l’univers de la moto à Mayotte a pris de l’expansion dans tous les domaines et on ne peut qu’approuver le comportement pour l’instant sérieux de l’ensemble des motards qui, conscients des dangers, s’unissent pour défendre leurs intérêts, surtout en terme de sécurité. Tous les motards interrogés ont été unanimes sur le fait que les plus gros inconvénients à Mayotte sont : l’état de la route et le coup d’importation des motos, mais cela n’enloève rien à la beauté du paysage et au plaisir de rouler lorsque le ciel est bleu.
Les parcours en moto ne manquent pas. En fonction du temps qu’on souhaite y consacrer, on choisit une boucle plus ou moins longue...
Alors avis aux amateurs du deux-roues, le rendez-vous est donné, tous les dimanches matin à 9h00 au M’Biwi Café. Guillaume Cestac
Claude Lasseigne Directeur de MAYCO
MAYCO lance le 1er dispositif de collecte et de recyclage des bouteilles plastique à Mayotte
E
n mars 1997, MAYCO ouvre les portes de son usine d’embouteillage. Aujourd’hui, MAYCO est un acteur économique majeur à Mayotte. Avec 94 salariés en 2008 (dont 90 % de Mahorais), ses effectifs de départ ont triplé. Les marques de boissons produites à l’usine sont : Coca-Cola, Fanta, Sprite et Krest Tonic. 75 % des produits commercialisés par MAYCO sont en verre consignés. Depuis sa création, MAYCO réduit son impact environnemental en privilégiant les bouteilles consignées.
En 2009, MAYCO prend une longueur d’avance et impulse le recyclage des bouteilles en plastique. Le premier dispositif de collecte sélective est mené en partenariat avec l’ADEME dans les communes test de Bandraboua et Koungou. MAYCO espère voir se multiplier prochainement ce genre d’initiatives dans toute l’île. « On collecte... on compacte... on benne ! » MAYCO met en oeuvre une campagne de communication dans les commerces de proximité afin de sensibiliser la population mahoraise.
« Notre démarche est celle d’une entreprise citoyenne. Notre objectif est de minimiser l’impact de notre production sur l’environnement. D’où la mise en place de 8 bennes Coca-Cola sur toute l’île. » Claude Lasseigne, Directeur de MAYCO.
« On collecte... on compacte... on benne ! »
Les défis du SMIAM 2009-2016 Autour de l’école, le SMIAM assure la poursuite de l’aménagement Mayotte et la réalisation d’investissements publics dans les communes.
de
Nos missions • Construire des écoles primaires et maternelles • Construire des équipements sportifs
Maternelle de Tsimkoura
Programme 2009-2016
• Réhabiliter, mettre aux normes et restructurer les écoles anciennes
Constructions scolaires du 1er degré*
• Acquérir et aménager des terrains
Programme de base
Primaire de Dembéni
des écoles élémentaires
• 274 salles de classe • 75 millions d’euros
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Plateau de Kani-Kéli
Nos objectifs • Résorber le déficit en matière de salle de classe • Offrir aux enseignants et aux élèves un espace pédagogique respectant les règles de confort, d’hygiène et de sécurité • Doter chaque village d’un équipement sportif • Maîtriser les coûts et les délais de réalisation * chiffres prévisionnels
Programme complémentaire des écoles élémentaires
• 174 salles de classe • 45 millions d’euros
La généralisation des écoles maternelles
• 252 salles de classe • 80 millions d’euros
Restructuration et mise aux normes des écoles
• 17 communes de Mayotte • Estimation : 4 millions d’euros par an Crédit photos : Isabelle Bonillo
Interview Abdou S. Dahalani
PUBLI-COMMUNIQUé
Directeur général des services du Syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte Mayotte magazine - Quelles sont vos missions au SMIAM ? Abdou S. Dahalani - Je coordonne l’activité du Syndicat sous l’autorité du Président. Le SMIAM est organisé en trois directions opérationnelles et six services, dans lesquels travaillent près d’une soixantaine d’agents de tous niveaux de formation. La direction de la prospective, du développement et de l’aménagement. Le SMIAM se doit de développer dans un avenir proche une nouvelle génération d’écoles, qui intégrera des matériaux moins consommateurs d’énergie et utilisera les atouts naturels dont Mayotte dispose, à savoir le soleil toute l’année et le vent. Dans le contexte actuel de développement durable et de difficultés budgétaires, il est essentiel de choisir les matériaux en vue de réduire fortement les factures d’énergie et d’entretien. La culture du respect du bien public à Mayotte est encore balbutiante. à ce titre, le SMIAM lancera probablement, et cela fera partie des priorités du Président en 2009, une campagne de sensibilisation au respect des bâtiments et des équipements sportifs, en partenariat avec le Vice-Rectorat, la Jeunesse et Sports et surtout les communes. La direction des opérations Fortement impliquée sur le terrain, elle pilote les constructions scolaires et les équipements sportifs. Concernant les écoles, il y a beaucoup de projets et de nombreux besoins, l’objectif étant de parvenir à résorber le déficit, à faire face à la demande nouvelle, tout en maintenant le patrimoine constitué en bon état. à Mayotte, au bout de 15 à 25 ans, les écoles montrent des signes de vieillissement car elles n’ont pas été bâties selon les normes actuelles. De plus, elles ne comprennent
pas l’ensemble des aménagements nécessaires aux exigences pédagogiques. Il arrive, sur un certain nombre de sites, que la démolition s’impose compte tenu de la vétusté et du vieillissement des locaux. De manière concomitante, on construit des établissements scolaires qui intègrent des contraintes sécuritaires, des règles liées à l’accès des handicapés... Ce sont des éléments forts qui vont marquer l’activité du SMIAM dans les prochaines années. La direction administrative et financière
(commande publique, ressources humaines, finance)
Nous sommes une des collectivités qui passons le plus grand nombre de marchés à Mayotte. L’île est entrée de plein pied dans le droit commun et nous devons verrouiller la qualité juridique de nos documents. La recherche de nouveaux moyens financiers comme la gestion des ressources humaines constituent des enjeux majeurs dans le développement de la Collectivité. Mayotte magazine - Un message à adresser à l’état ?
Abdou S. Dahalani - Je plaide pour que, compte tenu de la situation particulière de Mayotte, l’état continue pendant les 10-15 ans à venir à assurer le financement des écoles maternelles, des écoles primaires, des collèges et des lycées, le temps de mettre à niveau Mayotte par rapport aux autres collectivités nationales. Si l’état venait à se désengager dans ces domaines sur le seul fait qu’ils ne relèvent pas de ses compétences, ce serait très néfaste pour le développement du territoire, eu égard aux retards structurels que nous avons accumulés.
L’école notre Avenir, le sport notre épanouissement 2 rue de l’Hôpital à Mamoudzou - tél 0269 61 12 58 - fax 0269 61 12 70
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Escapade dans l’île
Chiconi la
malgache, terre de cultures Rédaction : Laurence de Susanne Photos : Stéphanie Légeron
La plus petite commune de Mayotte comprend deux villages : Chiconi et Sohoa, juste au-dessus de Sada, sur la côte Ouest de Grande-Terre.
L
e premier village s’étale sur deux zones bien distinctes : au bord de l’Océan, le long de la rive nord de la jolie baie… de Chiconi et sur les hauts, dominant cette même baie. Entre les deux, une route en lacets qui grimpe sévèrement. Puis, plus loin vers le Nord, Sohoa, sa place et sa petite route qui descend vers l’immense plage au sable clair, bordée d’arbres – principalement des badamiers - et plantée de quelques farés.
Les hauts sont-ils habités par les nantis, règle qui s’applique souvent dans le monde entier (notamment parce que la vue y est plus dégagée) ? Non pas spécialement. Cette implantation sur les hauts date vraisemblablement du milieu du XIXè siècle - un site qui porte actuellement le nom de Kavani (clairement indiqué
sur la carte IGN) – et a été dicté par la proximité du ruisseau M’rony lahilay. Mais le village est très ancien, créé bien avant l’arrivée des Français à Mayotte. Son fondateur serait un certain Rangissi Ousséni, ressortissant de Madagascar. Le deuxième village de la commune, Sohoa, est encore plus vieux. D’ailleurs on ne peut y accéder sans traverser Chiconi. Quant à la création du Chiconi actuel, d’après Youssouf Attoumané dit Dadaÿ Moudrani, ce sont 26 personnes qui en sont à l’origine, en 1846 : « Ils ont acheté 90 puis 130 hectares à un
certain Jean-Louis. Aujourd’hui, ils ont plus de 1 000 descendants et cette terre est divisée en une multitude de lots, trop petits pour faire vraiment de l’agriculture ».
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Vanille « Bourbon », gonflée de saveurs
Ibrahim Oussoufi, lui aussi, se bat pour écouler ses bâtons de vanille, gonflés de saveur, fierté de Chiconi, qu’il torsade pour les transformer en mini-sculptures (voir la photo) : il tient boutique à l’entrée Est de Chiconi (quartier Moussa Vita), affichant avec fierté ses diplômes obtenus lors des concours du Salon de l’agriculture à Paris. Même s’il est bien obligé de reconnaître qu’aujourd’hui la récolte mahoraise de vanille est bien faible.
Un fort attachement à la terre
Comme pour beaucoup de villages de Mayotte, l’agriculture est néanmoins le fondement de la vie économique de Chiconi. Avec une spécialité, la vanille.
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Youssouf Attoumané est le symbole de cet attachement à la terre : après avoir usé ses fonds de pantalon sur les bancs de l’administration de l’éducation nationale, il a, un beau jour de 1982, tout laissé tomber pour cultiver ses champs (1,5 hectares) et participer ainsi à une mission qu’il estime plus valorisante que toutes : « nourrir la population de Mayotte ». C’est d’ailleurs de là que vient son surnom de « Dadaÿ Moudrani » : cela signifie en malgache « Le vieux campagnard ». Youssouf- Dadaÿ est tout à fait conscient que le problème n°1 des agriculteurs - il préfère les appeler « les cultivateurs » à cause de la petite taille des terrains et de leur mission première d’autosubsistance - est la commercialisation de leur production : il a d’ailleurs participé à la création d’une Coopérative à Kawéni dont il a été président et, pour écouler ses produits, a ouvert une épicerie dans un container tout près de sa maison.
à qui la faute ? Au cyclone de 1984 qui a détruit une partie des champs… dit Youssouf Attoumané. Du fait de la concurrence de la vanille de Madagascar et de celle des autres îles des Comores, rectifie Ibrahim Oussoufi. La vanille de Chiconi est vendue…100 fois plus cher ! 1 euro le kg pour la vanille malgache, 100 pour la vanille mahoraise (pour les ventes en gros). Impossible de l’exporter avec un tel écart. Seule issue : la vendre aux touristes qui visitent Mayotte et aux résidents de l’île au lagon. Qui ne seront pas déçus, loin de là. Car la surprise est là, sous nos yeux : qu’elle est belle, gonflée et odorante cette vanille (qualité : « Bourbon ») entreposée dans les jolies malles en bois d’Ibrahim depuis la dernière cueillette de mai/juin 2008. Et qu’elles sont prometteuses les gousses de vanille d’un beau vert brillant, charnues, accrochées aux lianes, elles-mêmes vrillées autour de leurs tuteurs – le pignon d’Inde – qui parsèment le champ d’Ibrahim, perché dans les hauts d’Apandzo, sur la commune d’Ouangani. Nous le suivons religieusement, au milieu des herbes hautes qui conservent l’humidité propice au développement des lianes et des gousses. En mars, tout sera désherbé. Un mois de travail au minimum ! Puis, en mai, la nouvelle récolte pourra débuter.
Ci -dessus : Production et préparation de vanille sur la route principale de Chiconi, quartier Moussa Vitta. M. Oussoufi Ibrahime propose à la vente d’excellentes gousses et de la poudre de vanille ainsi que des objets réalisés à partir des gousses. Ce lauréat du Concours général agricole récompensé à Paris en 2005 fait également visiter ses champs de culture. Tél. : 0639 21 11 08
Les gestes du cultivateur de vanille, Ibrahim les a appris auprès d’un Réunionnais mandaté par la Coopérative de la vanille*, durant deux saisons (2000-2001). Cela a utilement complété ce qu’il avait appris de son père. De 500 pieds que ce dernier lui a légués, il est passé à plus de 5 000 ! Recensés en décembre par un organisme officiel, le CNASEA. Ibrahim Oussoufi a été aidé – principalement par le Stabex : agrandissement de ses locaux, fourniture des grilles sur lesquelles il étend les
gousses pour les faire sécher, des malles… Une aide concrète, pragmatique, immédiatement utilisable et qui ne risque pas de partir en fumée ou en dépenses sans rapport avec l’activité soutenue, comme tant de subventions ! Aujourd’hui Ibrahim ne se plaint pas, son affaire survit : il a juste besoin de trouver des employés qui l’aident car seul il ne peut y arriver. Un seul exemple : 4 000 fleurs à féconder, à la main, une à une ! Or il ne peut en aucun cas verser de salaire à ce stade.
* La coopérative de vanille était à Chiconi, aujourd’hui elle se trouve à Coconi.
Ci -contre : Le brochetti moderne d’Ibrahima Alli à droite : En haut : Madame Selamani, couturière installée sur la place centrale de Chiconi Au centre : le petit faré de la plage de Sohoa En bas : des habitants du village de Chiconi rentrent du travail
Le berceau de
plusieurs groupes musicaux
Un brochetti
nouvelle tendance D’autres activités animent la commune de Chiconi, visibles à (presque) chaque coin de rue : on ne compte plus les épiceries, petites ou grandes (Sodicash et Somaco), les menuiseries… La société de consommation est là avec ses bons et ses mauvais côtés. Car ces supérettes ouvertes toute la journée ne plaisent pas à tout le monde : « Elles vendent de l’alcool : c’est une
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trop grande incitation pour nos hommes et nos jeunes ».
Plusieurs brochetti, souvent confidentiels, s’abritent dans le renfoncement d’une case. Ibrahima Alli a voulu faire mieux. Sur le terrain familial, il a construit de ses mains, en face du collège de Chiconi, un peu en contrebas de la route, une petite maison tout en bois qui abrite une cuisine et une chambre pour lui. Devant, quelques parasols, deux tables qui font la joie des collégiens et des gens de passage. Un brochetti - version moderne - est né, après accord de la Mairie. Ibrahima Alli voudrait le transformer peu à peu en un petit restaurant « Les saveurs des îles » - avec des spécialités de l’océan Indien. Officiellement, cette activité est tenue par sa maman, lui n’est que le concepteur, son vrai « job » étant ailleurs.
Autre point fort de Chiconi : ses artistes et, paraît-il, ses artisans. Pour les artistes, il n’y a pas de doute. La commune a mis au monde plusieurs groupes musicaux qui font parler d’eux : Mikidache, Ragnon Dzobi, Klan Demba, Jimmy… Pour les artisans, c’est moins flagrant. Nous avons eu beau sillonner les ruelles de Sohoa, descendre vers la jolie place coiffée d’un arbre gigantesque tout près d’une petite plage secrète (tout le monde connaît la belle et immense plage de Sohoa, mais pas celle-ci), arpenter les abords de la vieille mosquée : les potiers de Sohoa ne sont plus là ou plutôt n’exercent plus leur art depuis longtemps. Ainsi Massi Rama, 92 ans, n’a plus touché la terre depuis plusieurs années : une de ses petites filles a bien suivi une formation d’un an en métropole pour apprendre la poterie mais elle ne l’a pas mis en pratique et vit aujourd’hui à La Réunion, attirée par le RMI. Même histoire pour Houraza Mahamadou, charmante grand-mère qui évoque en riant les lointaines années où elle travaillait la glaise. D’ailleurs la belle maison de la poterie qui trône au principal carrefour de Sohoa, avec son tour abandonné dans un coin, est aujourd’hui occupée par quelques « mammas » qui cuisent des brochettes ou stockent leurs bananes. Heureusement la mairie de Chiconi a de beaux projets pour relancer l’artisanat à Sohoa (voir interview) et tenter de lui redonner ses lettres de noblesse.
Fiers de leur origine malgache
Encore une particularité essentielle de la commune de Chiconi : où qu’on entre, on entend parler le shibushi, pas le shimaoré. Quasiment toutes les familles, même installées depuis plusieurs générations ici, revendiquent leur origine malgache (et plus précisément de l’ethnie « sakalava »). Avec fierté : ils sont mahorais et musulmans, certes, nés à Chiconi, mais… « d’origine malgache ». Et ils sont bien dans leur commune, qu’ils ne quitteraient sous aucun prétexte. Séduits sûrement aussi par sa diversité : entre la ville basse , sa place avec des arcades – une exception à Mayotte, si on ne tient pas compte de Mamoudzou – et son marché au poisson, le quartier du bord de mer en cours de finition avec les nouveaux modèles de maisons construites par la Société immobilière de Mayotte (SIM), le quartier situé dans les hauts de Sohoa constitué cette fois des traditionnelles cases SIM, toutes plus colorées les unes que les autres et où courent les enfants, la longue plage de sable clair bordée notamment de beaux badamiers, les ruelles tortueuses autour de la vieille mosquée dans la partie basse de Sohoa, les visages de la commune de Chiconi sont multiples.
Trois questions à Saïd Assani, 2ème adjoint au maire chargé de l’aménagement et de l’urbanisme Mayotte magazine - Quelles sont les particularités culturelles de la commune de Chiconi ? Saïd Assani - C’est une commune où 99% des gens parlent shibushi et sont donc d’origine malgache, et plus précisément des côtes malgaches. Mais cela ne les empêche pas, au contraire, d’être Mahorais et d’aimer leur commune. Tout le monde est musulman. Les rites comme les « rumbus » - cérémonie où on évoque les esprits et on entre en transes souvent aidé par l’alcool - sont fréquentes. Les djinns portent d’ailleurs des noms malgaches. Pour moi c’est une forme de spectacle traditionnel… M. m. - Et ses points forts économiques, ses axes de développement ? S. A. - L’agriculture et particulièrement la culture de la vanille, la pêche encore trop artisanale – nous avons le projet de construire un marché au poisson couvert sur la place de la ville basse où le marché est pour l’instant à l’air libre et périodique -, le tourisme, l’artisanat et…la musique. Concernant l’artisanat, nous venons de confier à un bureau d’études le recensement des artisans de la commune – poterie, construction de maquettes de pirogues, broderie…-, puis la rédaction d’un plan de développement de cet artisanat. Nous avons l’intention notamment de construire un « Atelier de production, d’exposition et de ventes des produits artisanaux », en remplacement de la maison de la poterie. Concernant le tourisme, nous voulons susciter la création de chambres d’hôtes et de gîtes et participer, au côté du Conseil général, à l’aménagement maîtrisé de la plage de Sohoa. M. m. - Sur l’habitat et le logement avez-vous des projets spécifiques ? S. A. - Le nouveau quartier du front de mer avance vite et bien. Il y avait néanmoins un problème de station d’épuration, réglé maintenant : il en faut une, c’est évident, mais certains habitants de Chiconi la rejettaient, estimant que cela sent mauvais. Hormis ce lotissement, nous en avons trois autres prévus (LATS - Logements en accession très sociale), un à Chiconi, les deux autres à Sohoa. Nous n’allons pas construire partout dès qu’il y a une parcelle de terrain disponible : il faut aménager des espaces verts. Nos concitoyens ne sont pas assez sensibles à leur environnement : l’aménagement paysager doit entrer dans Chiconi.
Article et interview réalisés par Laurence de Susanne
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Littérature Lorsque j’étais une espérance. Le cœur de mon village baigne dans le lit de la rivière Andriagna. C’est autour d’elle que toute une génération d’homme et de femme ont décidé d’élire domicile, un matin de 1840. L’eau de cette rivière, désormais sacrée, alimentera tous les foyers qui rampent de part et d’autre de la vallée qui surplombe la rivière. Moi, je vis avec Dady, ma grand-mère sur les hauteurs de Cavani. Une position privilégiée car j’ai une vue imprenable sur tout le village historique dans la cuvette un peu plus bas. Tous les matins je vois Dady, un seau vert bouteille à la main, remontant sa ration d’eau pour les taches ménagères. Elle remplit tour à tour la jarre des toilettes chauffant au feu de bois. Vient ensuite le bidon à l’entrée de la cuisine, enfin elle termine par la jarre de la maison bien conservée dans sa chambre. Je suis allongé sur la dizaine de sacs de riz qui attend d’être pilée pour le repas des mois à venir. Au loin, il y a cette baie d’un bleu déconcertant. Au large, des points noirs, sans doute des pêcheurs du dimanche qui s’approvisionnent pour agrémenter les bons plats de grand-mère. Ce matin il n’y pas école, j’accompagne Dady dans sa plantation de cacao en contrebas. En chemin, elle repère tous les cocos secs tombés du cocotier. Elle me demande de les rassembler à l’entrée de la plantation. Je la vois là-bas en train de découper un tronc d’avocat marron qu’elle taille aux deux extrémités, comme une lance. Dady enfonce énergiquement la lance dans la terre dure. Et elle s’attaque un à un aux cocos que j’ai rassemblés. Une fois les écorces dégagées, elle m’ordonne de remplir les paniers enroulés en un.
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Elle me raconte qu’autrefois, des boutres mouillaient dans la baie de Chiconi, pour charger les cargaisons de noix de cocos, pour les industries du savon. Aujourd’hui, les foyers sont envahis par du lait de coco en conserve arrivant d’Asie, alors que les cocos pourrissent dans les champs. Grandmère a ce visage d’une femme lassée mais pas résignée. Elle constate l’afflux du consumérisme gagner l’île tout entière, sans pouvoir rien y faire. Pourtant raconte-t-elle, nous avons tous intérêt à revenir à la terre. La survie de notre rocher en dépend. — Les gens ont la mémoire courte, mon garçon ! — Qu’est-ce que tu sous-entends, grand-mère ? — Pas plus tard qu’il y a dix ans, les marchés de l’île étaient jonchés de produit de nos plantations, aujourd’hui tout nous arrive de l’étranger, regarde ne serait-ce que le riz. Regarde tous ces hectares de terre en jachère, là-bas on faisait des tomates, des citrons, des oranges, plus bas du riz, et j’en passe des meilleurs. Rien ne manquait. — Mais pourquoi les gens ont abandonné ces cultures ? — Par fainéantise, qu’est-ce que tu crois, ils ont de l’argent maintenant, ils sont devenus raffinés tout à coup, ils veulent tous manger du riz Thaï, ils oublient que l’on peut aussi concurrencer ce type de riz, car notre riz n’a pas subi tous les engrais qu’ils déversent dans leur plantation, mais ça on ne le dit pas trop. Pas bon pour le commerce.
extrait du roman à paraître de Nassuf Djailani écrivain né à Chiconi, sur les hauteurs de la rivière Andriagna
— C’est surtout que ça coûte cher à faire venir, non ? Elle ne m’écoute déjà plus, elle est partie inspecter sa plantation de cacao, arracher les herbes mortes, donner un peu à respirer aux grappes qui jaunissent au fur et à mesure. Elle continue de marmonner dans sa barbe contre les voleurs qui viennent arracher ses cacaos encore en croissance. — Ça aussi c’est un gros changement pour moi, les jeunes ne respectent plus rien, à commencer par la propriété privée, je ne leur en veux pas de manger à leur faim, mais qu’ils viennent me demander, au lieu de venir saccager ma clôture et ma plantation de tomate. Regarde il faut tout replanter, il n’y a rien à récupérer. Grand-mère a l’air d’être lassée de tout. Mais jamais elle n’a voulue que je sois pollué par ses humeurs. La jeunesse ne lui inspire plus aucune confiance. Elle voulait m’avoir auprès d’elle pour m’insuffler certaines valeurs.
*** Lorsque j’avais douze ans, mon père avait décidé que je devais partir. Il croyait avoir entrevu son échec se répéter à travers moi. Il fallait conjurer le sort. Multiplier mes chances de réussite, ailleurs. Dans son esprit sous d’autres latitudes j’aurais plus de chances de m’en sortir. Je dois avouer qu’à l’époque j’avais ressenti tout à coup un poids sur mes épaules. Comme une lourdeur. Le poids d’une responsabilité que mon père voulait absolument me confier. Etais-je capable de relever ce défi ? J’étais complètement perdu sur le moment. Comment se prendre en main quand on n’a que douze ans et qu’on ne sait pas ce que l’on veut faire de sa vie ? Mon père rêvait à ma place. Il voyait toujours loin. Pour lui, rien ne devait nous faire perdre notre temps. Il fallait tout le temps positiver. Se relever ragaillardi d’un échec. Je me souviendrais toujours de ce rendez-vous en ville. Mon père tenant tête à ce conseiller d’orientation qui voulait absolument m’envoyer poursuivre une filière technique. Pour M. Boutentrain, les broussards sont faits pour les métiers manuels, et qu’il ne servait à rien de continuer à croire que l’on pouvait faire des études universitaires. Mon père ne voulait rien entendre. Pas question que son fils devienne le petit larbin de quelqu’un. Impossible que son rejeton obéisse aux ordres d’un patron. C’est fini ce temps, où ce sont toujours les mêmes qui donnent des ordres. Son fils aussi devait avoir de grandes ambitions. M. Boutentrain avait beau sortir toutes les brochures possibles et imaginables sur les métiers de technicien agricole, rien à faire. Mon père ne voulait pas me léguer le dos voûté du gratteur de terre. Pourtant, dans sa famille, on est cultivateur de père en fils, mais mon père ne veut plus en entendre parler. Il fallait changer de classe sociale. Vous n’avez pas tort, insistait-il, de parler de développement agricole pour une île comme la nôtre, où nous dépendons trop de l’extérieur pour nous nourrir. Mais, mon enfant ne doit pas se lancer dans un combat où il est perdant d’avance. Car si on se projette dix ou vingt ans en avance, imaginons dans votre hypothèse qu’il devienne
effectivement technicien agricole, qu’est-ce qu’il va pouvoir changer concrètement à notre condi tion d’assistés ? C’est-à-dire que toutes les denrées qui rentrent dans cette île, sont introduites par des circuits d’industriels bien implantés dans l’import-export. Ici pendant longtemps, on a toujours cultivé du riz, je me souviens que l’on vivait très bien de cette culture d’autosuffisance, avec quelques hectares de bananiers et de manioc, cela suffisait à notre développement. Mais depuis l’arrivée de gros industriels qui ont imposé le riz Thaï sur le marché, à bas prix en plus, tout l’embryon agricole a disparu. Les gens se sont convaincus, qu’il ne servait plus à rien d’aller faire de la gratte pour quelques sacs de riz. Tout le monde veut que ses enfants aillent dans les métiers de service parce que l’Etat providence a promis d’employer tout le monde. Ce n’est pas vous monsieur le conseiller, qui allez dissuader mon fils d’aller dans les métiers où il va faire appel à son intellect. Nous ne sommes pas des bœufs, qui n’avons que la force de nos muscles à offrir. Nous voulons aussi que nos enfants combattent à armes égales avec tous les enfants de leur génération. Au bout d’une heure de discussion, il était impossible de départager les deux hommes. Mon père avec son orgueil mal placé, le conseiller d’orientation avec sa clairvoyance supposée, et moi complètement perdu au milieu. Moi à qui l’on ne demandait pas mon avis. J’essayais de garder mon calme, je tournais les pages des prospectus, en attendant que l’un d’eux rende les armes. Ce ne sera pas mon père, il est trop dur en affaire. Laminé, M. Boutentrain lui tend la main avec ce large sourire jaune, à la fin de l’entretien, persuadé que mon père faisait erreur. Ça se voyait dans son regard. Cette moue en disait long sur ce qu’il pensait vraiment. Pourquoi cet homme s’entêtait-il tant face à un technicien averti ? devait-il se demander.
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Il n’a pas totalement tort de vouloir m’armer intellectuellement. Je l’en remercie, mais son analyse est un peu limitée. Oui, la culture de la gratte n’est pas à la hauteur des enjeux, mais si nous sommes quatre ou cinq à développer ce secteur à l’échelle industriel, nous serons à ce moment-là en mesure de participer au développement de l’économie locale. Croire que tout le monde va devenir un agent du service public, des fonctionnaires aux ordres pour offrir du service, est une absurdité. Bien sûr qu’il en faut, mais c’est absurde de penser qu’un pays ne fonctionne qu’avec une armée de fonctionnaires assis derrière un bureau. C’est passionnant la discussion qu’ils viennent d’avoir. J’aurais tellement voulu dire ce que je pense de manière dépassionnée mais mon père ne m’écoute même plus. On dirait qu’il réfléchit à haute voix sur ce que moi je dois devenir. Il espère m’éviter les montagnes de pièges qui se dressent sur mon chemin. Une fois rentré à la maison, j’avais besoin de prendre l’air. Je m’emparais de mon bout de bambou avant de prendre la direction de la plage à l’entrée du village. Il faisait une chaleur suffocante. Une brise remontait de la baie. Je me déchaussais sur le côté, je m’assurais que personne ne se trouvait dans ma perspective. Et l’entraînement commençait. Je lançais ainsi mon javelot imaginaire, en me rêvant dans un grand stade de 20.000 spectateurs, et moi au milieu, avec des juges arbitres sur le coté, des contrôleurs au loin, près à mesurer la distance de mon jet. J’avais l’adrénaline qui montait tout à coup. J’avais chaud et froid. Une perlée de sueur traversait mon front. Je retenais mon souffle. J’avais une pensée pour Soultoini Ali, mon idole. Je prenais mon élan avant de propulser mon javelot de toute la force de mon bras. Je ne voyais pas l’heure qui passe. Pour une fois, je faisais ce que j’aimais. Je m’arrachais les tripes pour un rêve de titre, quand une voix d’outre-tombe me coupait de mon rêve. — Saïd, viens par-là il faut que je te parle, fit mon père. — J’arrive tout de suite. — Je ne veux plus que tu perdes ton temps à ces jeux inutiles, hurlait-il en me pinçant le lobe de mon oreille gauche, il faut que tu te concentre sur tes leçons. Les examens sont dans un mois, et
je ne tolérerais pas un échec. Tu m’entends. — Je te promets de ne pas me manquer, fis-je terrorisé. Cet homme était habité par je ne sais quelle peur de me voir reproduire son échec. Mon père n’avais jamais été à l’école, ou plutôt il n’avait eu droit qu’à une journée d’école, parce que son oncle l’avait enrôlé dans ses plantations d’ylang dans le sud de l’île. Il fallait participer à l’effort de la production du secteur, à une époque où ça rapportait. Pour calmer l’appétit du marché, mon père devait se sacrifier. En quelques années, il avait décroché son diplôme de docteur en sciences de la cueillette des fleurs d’ylang. Pourtant, pas moyen de déceler une quelconque amertume chez ce forçat du travail. Pour lui, il n’y avait pas meilleure école que celle de la vie. Le lieu par excellence du concret. Il avait abandonné aux bureaucrates l’eau claire de la propagande. Lui, avait besoin de patauger dans la boue de la vie pour sauver sa peau. Il voulait à tout prix m’inculquer cette culture du combat, que rien n’est acquis d’entrée de jeu. Que tout se mérite, si l’on persiste dans le travail. Donc c’en était fini de l’amusement. Il fallait bouffer les livres avec le même appétit que pour le riz imbibé de sauce poisson. Il fallait se faire sa propre culture générale. Mon père disait toujours qu’il fallait trier le programme de l’Education nationale. Que tout n’était pas bon à prendre. Sur plusieurs aspects, il y avait des choses à prendre, comme savoir lire et écrire, mais il devenait plus virulent, dès qu’on parlait de contenu et de méthode. Je l’avais toujours vu s’élever contre l’enseignement du français comme une langue acquise, alors que quoi qu’on dise, c’était une langue étrangère. Il était fréquent de le surprendre en train de hurler : Comment voulez-vous qu’un enfant intègre cette langue, sans qu’au préalable il ait bien intégré sa propre langue ? Parce que là aussi, la chose est très grave, car aucun effort véritable n’est fait dans l’enseignement des langues locales. à chaque fois qu’il en parlait, il ne pouvait se retenir, tellement la situation l’épouvantait. à marche forcé, je devais donc me transformer en rat de bibliothèque et me concentrer sur mes révisions. Une fois le brevet en poche, mon père ne voulait plus que je traîne dans le village à perdre mon temps à des parties de foot avec les copains. Il était devenu impossible. Il fallait toujours qu’il intervienne dans tout ce que j’entreprenais, comme si j’étais incapable de me gérer tout seul. Certains disaient qu’il avait toujours su rebondir, le vieux. Exigeant avec lui-même. Des fers dans lesquels ses échecs professionnels, ou sociaux, le plongeaient, il se relevait toujours. Une figure tutélaire qui marquait un esprit un peu vide d’exemple. Cet homme m’aura toujours fasciné. De son propre père, il avait gardé un souvenir très douloureux. Papy avait quitté le domicile, laissant grand-mère avec cinq enfants sous le bras. Très peu de temps pour se retourner, il avait dû grandir très vite dans sa tête. Il avait commencé par tourner le dos aux bancs de l’école, avant de déserter les corvées du maître coranique. Mamy était devenue son seul souci, sa seule raison de vivre. Ce n’est pas une légende, racontait-il fier, si je te dis que j’ai élevé mes quatre frères tout seul avec l’aide de la vieille. L’amour que mes oncles lui vouent était un témoin indélébile. à son tour, il ne voulait pas d’un fils corvéable à merci dans ce désert culturel. Il fallait aller vers la culture, parce qu’il n’y avait qu’elle qui « rend la vie vivable et la mort affrontable ». Pour y parvenir, il n’y avait qu’une seule destination. L’île de La Réunion et son système scolaire un peu plus doté de moyens. Sortir de l’île, pour échapper aux mauvaises influences, était son crédo. Depuis des décennies ce département connaissait une migration de plus en plus grande de ressortissants de l’île aux rêves fanés. Pour payer le voyage, une tonne de viande de vache était écoulée en deux jours. La saison des mariages tombait à pic. Et cerise sur le gâteau, la demande en viande avait triplé.
Il avait mis toute son énergie dans ce départ. Moi, j’étais plutôt partagé. Tiraillé entre l’idée d’abandon, et l’excitation du départ. Cependant, cette idée de foutre le camp, m’enthousiasmait. Très tôt, le muezzin avait tonné dans les hauts parleurs de la mosquée. Les coqs lui avaient emboîté le pas pour encourager les forts en sommeil d’aller accomplir la prière matinale. Au loin, les bruits des moteurs Yamaha annonçaient l’accostage des pêcheurs au large de la baie. Le jour avait repris ses quartiers. Les caquètements des poules fusaient de la basse-cour. Les ballais coco s’acharnaient à racler les ordures dans la cour des foyers de la rive droite. J’étais assis sur la galerie avec l’océan Indien dans ma perspective. à mesure que les barques rentraient à quai, un attroupement se formait sur la jetée. Je me ruais sur les bords de la baie, pour attendre mon père de retour de la pêche. Mais curieusement ce matin-là, j’avais attendu longtemps. Je commençais sérieusement à m’impatienter, car tous les autres pêcheurs étaient rentrés. Les clients s’étaient longuement chamaillés toute la matinée. Ils s’étaient même invectivés, pour la énième fois. Ils étaient même allés jusqu’à se bousculer pour avoir les meilleures prises... Sans discontinuer les couteaux s’enfonçaient dans la chair molle et fraîche des barracudas, des mérous ou autres requins blancs qui avaient eu le malheur de croiser l’hameçon des marins pêcheurs. La prise était plutôt bonne ce matin-là. Assis sur ce gros rocher qui sert de bancs pour les promeneurs, mes yeux ne quittaient plus l’horizon. Il en fallait plus que la fraîcheur matinale pour me dissuader de camper là. Le ciel noir se confondait avec le bleu émeraude de la mer. Le bateau de mon père ne pointait toujours pas sa coque. Lorsque tout à coup, un tonnerre éclata, me tirant de mon profond sommeil. Finalement, ce n’était qu’un mauvais rêve. Alerté par mes cris, il avait accouru. Lové dans ses bras, je lui murmurais à l’oreille, je t’aime papa.
© Nassuf Djailani, 2009.
64 BIBILIOGRAPHIE Romans : • Lorsque j’étais une espérance, à paraître. • Sous le parvis de la pleine lune, à paraître. Poésie : • Spirale. Marseille: Les Belles pages, 2004. • Roucoulement. Moroni : Komedit, 2006, réédité en 2008. • Depuis la cale basse d’une île. Spirale remaniée, à paraître. Nouvelles : • Une saison aux Comores. Moroni : Komedit, 2005 ; réédité en 2006 et 2008. • Rouge Bordeaux (récit), à paraître.
Théâtre et ouvrages scéniques : • Roucoulement, mise en voix des poèmes du recueil de Nassuf Djailani par la comédienne Karina Ketz au festival « Allons au texte » à Bordeaux, juillet 2005. • La vertu des ombres, 2006 (inédit). Joué par le théâtre Djumbé à Moroni (2006, 2008), et à Mayotte, aux Rencontres du théâtre populaire.
En 2009, Mayotte Magazine vous propose de partir dans chaque...
Histoire
Rédaction : Frédérique Cadieu
Les premiers foyers de peuplements à Mayotte :
VIIIè –XIIIè siècle
L
’origine du peuplement de Mayotte reste encore mal connue des historiens (voir Mayotte Magazine n°9). Néanmoins les travaux archéologiques de Claude Allibert et de Henri Daniel Liszkowski (Centre d’Étude et de Recherche de l’Océan Indien) ont considérablement permis de faire progresser ce domaine de connaissance. Les fouilles menées sur différents sites archéologiques ont permis de mieux cerner l’origine du peuplement de Mayotte et sa répartition sur l’île. Les vestiges de ce peuplement ancien ont été observés sur les sites de Koungou, Majikavo, Bagamoyo et Dembéni. Ces sites attestent d’un peuplement qui remonte au VIIIè siècle. Le site archéologique de Koungou (VIIIè-IXè siècle), au nord de Mayotte, est le plus ancien connu actuellement. Les chercheurs y ont trouvé de nombreux tessons de céramiques datant du VIIIè siècle (charbons datés par analyse C14). Le site de Majikavo date de la même période.
Le site archéologique de Dembeni est le site médiéval le plus important de l’île Situé sur la côte orientale de Mayotte, surplombant une plaine côtière fertile, le site archéologique de Dembeni (IXè-XIIè siècle), près du village actuel de Tsararano, est le site médiéval le plus important de l’île que ce soit pour sa taille - plusieurs hectares - que par les informations récoltées suite aux recherches archéologiques principalement conduites par Claude Allibert. La superficie et la taille de certains dépotoirs témoignent d’une concentration humaine très élevée. Des centaines de fours métallurgiques y ont été découverts. Les lingots de fer ainsi produits étaient destinés au monde indien et au Moyen Orient. Cette activité explique l’incroyable prospérité de ce site où des objets originaires de Madagascar, du Moyen Orient et même de Chine y ont été retrouvés. Quant à l’origine des « Dembéniens », on s’accorde à reconnaître dans leur culture les caractéristiques des populations austronésiennes ou « proto malgaches » bien que certains indices trahissent une présence bantoue.
... numéro à la découverte de l’Histoire de Mayotte
Ce site, malheureusement attaqué par l’urbanisation, n’a pas livré tous ses secrets: aucune sépulture n’y a été découverte (pratique de la crémation ?) et l’on ignore encore par conséquent si les Dembéniens étaient islamisés, enfin les causes de l’abandon du site et l’effondrement de la «civilisation Dembeni» restent mal expliqués. Le site de Bagamoyo (Xè-XIIIè siècle) est avant tout une grande nécropole de plus d’une centaine de tombe, qui s’alignent depuis le boulevard des crabes jusqu’aux Badamiers en Petite Terre. La découverte de ces rites funéraires traduit l’existence de préoccupations religieuses à caractère islamique. Les nombreuses découvertes sur ces sites ont permis de mettre en évidence une économie prospère pour la période allant du VIIIè au XIIIè siècle, basée sur de multiples activités : la pêche, l’agriculture, l’artisanat (poterie, tissage et filage, métallurgie) et sur les échanges commerciaux.
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Cette période archaïque de l’histoire de Mayotte semble avoir été caractérisée par une aisance matérielle qui est attestée par l’utilisation de nombreuses fioles et coupes de luxe, d’éléments de parure et de nombreux récipients de céramique ou de porcelaine, importés des grands centres producteurs de l’Océan Indien. Malheureusement ces sites archéologiques n’ont pas livré tous leurs secrets : les campagnes de fouilles y ont été menées difficilement et, jusqu’à ce jour, aucune politique de sauvegarde de ce patrimoine n’a été mise en place. Frédérique Cadieu
Bibliographie Allibert C., « Mayotte, Plaque tournante et microcosme de l’Océan Indien occidental : son histoire avant 1841 », Editions Anthropos, Paris, 1984 Allibert C., « Histoire de Mayotte, île de l’archipel des Comores », Paris, 1977 Liszkowski H., « Répertoire des sites archéologiques de Mayotte », SHAM, 1997
Découvertes archéologiques
à Dembeni Photo de fusaïole, destinée au filage. Découverte Dembeni III.
Fond de plat de type « sgraffiato » (XIIè-XIIIè siècle). Origine Dembéni H.S.
Fond de fiole de verre avec gravures géométriques ; couleur émeraude.
Disque percé en chloritoshiste (Madagascar), sans doute poids de filet de pêche.
« Fiole molaire » en verre avec décor gravé à la roue. époque IXè-Xè siècle. Hauteur 3,8 cm. (Dem III. AllibertSham). Photographies extraites de Liszkowski H., « Répertoire des sites archéologiques de Mayotte », Sham, 1997
Environnement
Rédaction : Alban Jamon
Les dangers du lagon vie marine à
Mayotte :
connaître les
espèces à risque pour mieux se protéger
• p. 65 Piqûres et envenimation • p. 69 MORSURES • p. 71 INTOXICATIONS
S
i la grande majorité des
2 500
espèces marines en présence actuellement identifiées au
Mayotte ne présente pas de risque particulier, certaines d’entre elles méritent une attention particulière… Mayotte Magazine vous propose un rapide tour d’horizon sein du lagon de
des espèces dont les systèmes de défense ou d’attaque peuvent avoir des
Poisson scorpion (Scorpaenopsis sp.)
conséquences néfastes pour l’Homme…
Piqûres et envenimation Oursins Les oursins comptent environ 900 espèces dans le monde, dont une quinzaine sont actuellement référencés à Mayotte. Leur squelette est recouvert de piquants primaires et secondaires venimeux. Entre ces derniers on peut observer des sortes de petites pinces (pédicellaires) tapissés de glandes à venin… Leurs piqûres entrainent des phénomènes congestifs locaux mais rarement des troubles généraux. Il faut plutôt redouter l’infection qui succède à la piqûre.
à Mayotte, les piquants de l’oursin mitre (Tripneustes gratilla) et de l’oursin toxique (Toxopneustes pileolus), beaucoup plus courts que le diadème,
sont recouverts de pédicellaires dont le venin a une action neurotoxique. Ce venin peut entrainer des troubles musculaires, respiratoires ou de la vision, et peut potentiellement entrainer la mort. Grâce à ses petites ventouses (pieds ambulacraires) il se recouvre d’algues et de débris coralliens si bien qu’il est parfois difficile de le voir !
Gros plan sur le célèbre oursin diadème (Diadema sp.) et ses imposants piquants. Il n’est 69 pas rare d’observer des regroupements de plusieurs dizaines d’individus comme ci-dessous sur le récif frangeant de Tanaraki.
Cet oursin toxique (Toxopneustes pileolus) est observé régulièrement sur les platiers récifaux comme ici sur le platier d’N’Gouja à marée basse… une raison de plus pour ne pas piétiner cet herbier de phanérogames marines exceptionnel et les ressources alimentaires des tortues par la même occasion !
étoiles de mer Parmi les 1 800 espèces d’étoiles de mer, plus d’une vingtaine sont actuellement référencées à Mayotte. La seule espèce venimeuse est la couronne d’épines (Acanthaster planci) connue pour se nourrir des polypes des coraux vivants. Ses piquants, qui peuvent mesurer plus de 6 cm de long, contiennent un venin puissant qui peut provoquer des nécroses (mort des tissus).
Ci-dessus : Acanthaster à gauche : Acanthaster planci Cette magnifique couronne d’épine peut mesurer plus de 60 cm de diamètre et posséder plus d’une vingtaine de bras !
Mollusques Chez les mollusques, la plupart des représentants de la famille des Conidés possèdent un dard venimeux à base de neurotoxines pour chasser leur proies. Ils peuvent infliger des piqûres sérieuses avec une douleur de type brûlure. Plus de 500 espèces de mollusques sont actuellement référencées à Mayotte (environ 800 espèces connues, Schublin com. pers.). Parmi elles, 65 espèces de cônes ont pu être identifiées, dont 4 particulièrement dangereuses : • Le cône aulique (Conus aulicus) • Le cône géographe (Conus geographus) • Le cône textile (Conus textile) • Le cône tulipe (Conus tulipa)
L.e cône textile (Conus textile) dont la taille est comprise de 7 à 13 cm inflige une piqure qui peut être mortelle pour l’Homme ! Il n’existe pas d’anti-venin pour les cônotoxines…
Cnidaires (hydraires, coraux, méduses...) Bien que la plupart des hydraires soient urticants, trois espèces méritent d’être reconnues par les usagers en particulier : l’hydraire de feu, l’hydraire urticant et le corail de feu.
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L’hydraire de feu (Aglaophenia cupressina) forme des colonies ressemblant à des algues brunes, d’aspect plumeuses. Il provoque des brûlures et des cloques qui peuvent durer plusieurs jours.
Le corail de feu (Millepora sp.) possède des polypes mangeurs entourés de polypes défenseurs, qui causent des brûlures douloureuses. On trouve le corail de feu dans les zones supérieures bien éclairées des récifs coralliens.
Parallèlement aux hydraires, les méduses sont également urticantes telles que la célèbre physalie (Physalia physalis) redoutée pour les lésions cutanées qu’elle provoque, que l’on retrouve flottant en surface à l’aide de son pneumatophore (sorte de petit sac gonflé) ou bien échouée sur les plages…
Ci-dessus : hydraire urticant. En cas de contact, il faut généralement appliquer une pommade analgésique ou à base de corticoïdes…
Différentes espèces de méduses urticantes ont été référencées à Mayotte…
Poissons Chez les poissons osseux, la famille des poissonsscorpions (Scorpaenidae) est bien connue pour infliger de douloureuses blessures… Leurs épines dorsales, anales et pelviennes sont généralement reliées à des glandes venimeuses. Le célèbre poisson pierre (Scynanceia verrucosa) inflige une piqûre entrainant des douleurs atroces qui gagnent très vite le reste du corps et provoquent souvent l’état syncopal. La gravité est fonction de la grosseur du poisson qui conditionne le volume des glandes à venin. Prudence là où on pose ses pieds ou ses mains ! Chez les poissons cartilagineux, les raies pastenagues peuvent infliger des blessures sérieuses car elles possèdent un à deux aiguillons venimeux à la base de la caudale munis de multiples ardillons...
Attention à l’aiguillon venimeux de cette raie pastenague à taches noires (Taeniura meyeni) dont elle peut faire usage si elle se sent menacée…
Ci-dessus : toutes les espèces de la famille des Scorpaenidae ne sont pas dangereuses comme ce poisson-scorpion feuille (Taenianotus triacanthus) inoffensif.
Le contact avec un poissonscorpion (Scorpaenopsis 73 sp., ci-dessus) doué pour le camouflage, ou le poisson-lion provoque un œdème qui met plusieurs jours à disparaître.
Ci-dessus : rascasse volante juvénile. à gauche : poisson-lion (Pterois miles) ou rascasse volante adulte.
Le poisson scorpion
morsures Suite à une récente attaque de requin signalée à Mayotte, plutôt que de s’attarder sur les espèces de requins dangereuses dans nos eaux, citons quelques recommandations pour la pratique des activités en général qui tendent à minimiser le nombre d’attaque. éviter : • Les endroits connus pour être fréquentés par les requins • La nuit, l’aube, le crépuscule… • Les eaux troubles ou à proximité de rejets • La mise à l’eau après de fortes pluies • La pratique de l’activité seul • De déranger intentionnellement les animaux • La mise à l’eau avec des plaies ouvertes ou d’autres excitations olfactives
Chez les poissons osseux, de nombreuses espèces carnivores possèdent de redoutables rangées de dents telles que le grand barracuda (Sphyrna barracuda) ou le chirocentre (Chirocentrus sp., ci-dessus).
Infos sur les requins :
Consulter le site : www.mayshark.org Contact : mayshark@orange.fr
Ci-dessus : les balistes olivâtre (Balistoides viridescens) et géant (Pseudobalistes flavomarginatus) peuvent se montrer agressifs
en période de nidification. Leur posture d’intimidation peut conduire à de violentes attaques où leurs puissantes canines infligent des blessures généralement bénignes mais douloureuses… En cas de mauvaise rencontre sous l’eau, il faut s’éloigner de leur nid sans remonter à la surface, pour sortir de leur territoire (de forme conique). Ci-dessus : le requin à pointes blanches. à droite : les murènes sont généralement très dociles comme la célèbre murène javanaise (Gymnothorax javanicus). Elles n’attaquent l’Homme que si elles se sentent menacées. Elles peuvent mordre plusieurs heures après leur sortie de l’eau. La blessure est généralement douloureuse mais supportable et il convient surtout de bien désinfecter la plaie. Cette murène à joue noire (Gymnothorax breedeni) inventoriée en 2005 sur le site de la Passe en S est connue pour être particulièrement agressive, comme sur cette photo où elle nous dérobe notre planche sous marine !
Intoxications Pour finir, bien qu’il soit important de se prémunir des piqûres et morsures, les intoxications alimentaires se révèlent souvent beaucoup plus dangereuses pour l’Homme. Nous nous nourrissons de grands prédateurs (mérous, caranges, barracudas, requins, etc.) qui peuvent accumuler des toxines concentrées le long de la chaîne alimentaire. Pour n’en citer que quelques-unes :
• La ciguatéra ou la « gratte » est une ichtyosarcotoxine (contenue dans la chair des poissons) tropicale provoquée par des algues rouges (Gambierdiscus toxicus). Les cas mortels restent exceptionnels. D’après les suivis de l’Observatoire des Récifs Coralliens (ORC) à Mayotte depuis 1998, il n’y a pas de ciguatéra à Mayotte pour l’instant.
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• La chélotoxine et les carcharhotoxines sont respectivement contenues dans la chair des tortues et des requins. Citons rapidement l’exemple du village côtier de Manakara à Madagascar où la consommation d’un requin a provoqué un nombre de décès spectaculaires (plus de 50 cas) à deux reprises dans les années 1990. à ces toxines naturelles viennent s’ajouter notre pollution humaine diffuse dans le milieu (métaux lourds, éléments organiques, etc.). Préserver la santé de notre écosystème marin c’est contribuer à préserver la nôtre ! Sous l’eau, les couleurs vives de certains organismes, les comportements animaux sont autant d’indices pour nous prévenir du danger… mais notre meilleure arme réside dans la connaissance naturaliste et scientifique de qui nous entoure. Ces quelques exemples démontrent une nouvelle fois qu’il est fondamental de connaître notre biodiversité pour la protéger ou même s’en protéger ! N’oublions pas que pour les conduites à tenir en cas de rencontre avec ces espèces à risque, mieux vaut consulter un professionnel du milieu médical… Ces pièges de la nature nous incitent à la prudence et au respect. Tant que possible, touchons avec les yeux ! Alban Jamon A.P.N.E.E. MAYOTTE Agence de Protection de la Nature et d’études de l’Environnement marin à Mayotte Tel : 06.39.21.12.10. - alban.jamon@hotmail.fr
Reportage
Rédaction et photos : Stéphanie Légeron
Paisible, encore sauvage, l’île cultive ses traditions
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RODRIGUES
Anse Bouteille
D
epuis Mayotte, ce ne sont pas moins de trois vols qui conduisent, avec une escale à La Réunion puis à Maurice, le voyageur à l’île Rodrigues. Perdue au milieu de l’océan Indien, l’île est petite, 106 km, contre 376 pour Mayotte. Ce qui frappe en arrivant à l’aéroport de Plaine Corail et accentue cette impression d’éloignement, c’est d’abord l’immensité d’un lagon peu profond qui s’étend sur une superficie deux fois et demi plus grande que celle de l’île. C’est ensuite l’aspect découpé du relief autour d’une arête centrale où culmine le mont Limon, à 393 mètres. De toutes parts, les multiples vallées abruptes et les hautes falaises vertigineuses se prolongent sur le littoral en criques désertes, anses et rivages bordés de filaos. Profiter d’une plage rien que pour soi ? Un luxe possible à Rodrigues, mais pour combien de temps ? Des projets immobiliers sont prévus dès 2010 sur quelques-unes des plus belles plages de l’île... Alors, pour goûter au bien-être et à la
le contraste est saisissant entre la beauté idyllique - bleu pastel du lagon, vert des collines, blanc du sable fin - et la dureté des pierres noires, la sécheresse des herbes jaunies. tranquillite offerts par ces sites somptueux baignés par la seule musique du vent et du ressac, le temps semble être compté. Ce qui surprend en sillonnant les paysages rodriguais, c’est le sentiment contradictoire de se trouver dans une sorte de paradis insulaire encore préservé - où les cabris bondissent dans les champs de vacoas, où les maisons disséminées sur les flancs des collines révèlent un rythme de vie s’écoulant paisiblement -, et à la fois dans un environnement naturel écrasé par le soleil, indompté, où la végétation épineuse, coupante, et les pierres de lave noire ont quelque chose de magnétique. Dans son magnifique roman Voyage à Rodrigues, J. M. G. Le Clézio écrit : « Ce ne sont là que quelques arpents, un simple creux de la terre, une rainure dans les roches volcaniques, sur cet autre rocher qu’on appelle Rodrigues. Mais c’est un lieu plein de sens et de puissance, comme si la chaleur et la lumière,
Rodriguaise au marché de Port-Mathurin
au cours des âges, avaient épaissi les choses, et avaient donné aux plantes et aux hommes qui y survivent un petit peu de la force de la lave. » Autrefois luxuriante, la flore a subit les ravages de la déforestation, du pâturage extensif et de l’érosion des sols. Le gouvernement mauritien et le Wildlife Foundation oeuvrent pour replanter des pieds endémiques, comme à Grande Montagne où les arbres sont presque arrivés à mâturité. Rodrigues est une île agricole, où la plupart des foyers travaillent la terre et où l’élevage est également très répandu. Les principales cultures vivrières sont celles du maïs, des patates douces, des haricots et du manioc. Si vous séjournez à Rodrigues, vous aurez le plaisir de savourer des plats locaux absolument « bio » car les produits frais sont cultivés sans pesticides.
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L’élevage en plein air de caprins, bovins, cochons et volaille fait partie intégrante de la culture rodriguaise
La Pirogue à balancier, un esquif aussi emblématique que fragile
Au pays Vezo, les forêts regorgent de précieuses essences exploitées par les Masikoro, ces agro-forestiers qui fournissent aux pêcheurs et charpentiers vezo le farafatsy, un bois proche du balsa nécessaire à la fabrication des pirogues. Sans oublier leurs ¨traditions marines¨, certains Vezo ont quitté le littoral pour devenir agriculteurs, riziculteurs ou éleveurs. Ce sont ceux de l’intérieur ou de la terre encore appelés Vezo ampotake. D’autres, très habiles artisans piroguiers travaillent sur les chantiers navals de Morombe ou de Belo sur mer. Ces maîtres charpentiers - appelés ici foundy - utilisent des outils ancestraux, tels l’herminette et la varlope, et transmettent à leurs apprentis un savoir empirique, hérité d’un navigateur breton, pour sculpter le palissandre de la quille ou le balsa du flotteur des barques.
Sculpteur de pirogue
Si l’image typique de Madagascar est l’allée des Baobabs, celle du pays Vezo est bien la pirogue à balancier. Venue du fond des âges, elle est affectée à la pêche traditionnelle, au transport des
marchandises, des hommes voire des animaux.
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Une destination idyllique : plages paradisiaques et aquarium grandeur nature
Sur la frange occidentale qui s’étend d’Andavadoaka au Nord de Tuléar à Itampolo au sud d’Anakao, la barrière corallienne - une des plus longues du monde - est entrecoupée de passes qui relient le grand large au lagon peu profond. à Ifaty ou à Anakao, les fonds sous-marins de toute beauté abritent une diversité animale rarissime : étoiles de mer, éponges, anémones animées par les chorégraphies tourbillonnantes d’innombrables poissons multicolores.
Plongées (PMT ou en bouteilles), excursions aux îlots, le tourisme nautique de la région a aujourd’hui le vent en poupe. Le souffle du varatraza gonfle les voiles des pirogues ànnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn nnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn nnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn
Stéphanie Légeron
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Le gérant des hôtels, M. Hans Margueritte, propose à tous ses clients une grande qualité de service.
l élé re gan t e ce, confort
ax
n io t a
Face à l’immense lagon, à 1 km de Port Mathurin, l’hôtel 4* Pointe Vénus vous accueille dans un cadre idyllique pour un séjour inoubliable au coeur de Rodrigues. L’hôtel dispose de 54 chambres tout confort (suites, chambres supérieures et appartements familiaux). Notre restaurant gastronomique vous propose de découvrir les saveurs de la cuisine rodriguaise en buffet ou à la carte. Animation to us les soirs. Le samed i : danses traditionnelles
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Piscine (enfants et adultes) Restaurant gastronomique Spa (massage, hammam) Salon de coiffure Salle de fitness Salle de jeux Mini-golf 9 trous Beach volley Terrain de pétanque Boutique Cyber café Mini-club Salle de conférence
Pointe Vénus Hotel & Spa - Mont Vénus, Ile Rodrigues Tél : (230) 832 0104/05 - Fax : (230) 832 0101/02 E-mail : resa@otentik.mu - www.otentikresorts.com
Entièrement rénové en novembre 2008, l’hôtel de charme 3* Les Cocotiers, composé de 42 chambres, est situé en bord de plage à l’Anse aux Anglais. Le site est idéal pour des vacances reposantes dans une ambiance tropicale typiquement rodriguaise.
• 3 piscines (enfants et adultes) • 2 restaurants • Centre nautique (plongée, kayak, pédalo) • Boutique • Cyber café • Mini-club • Salle de conférence
Hôtel Les Cocotiers - Anse aux Anglais, Ile Rodrigues Tél : (230) 831 1058 / 831 1059 - www.otentikresorts.com E-mail : lescocotiers@intnet.mu - resa@otentik.mu
La différence par le service
• Transferts • Excursions dans toute l’île • Location de voitures, scooters et vélos • Pêche au gros • Toutes activités sportives et de loisirs
Pour toute information : www.otentikresorts.com
Pointe Vénus, les Cocotiers, le Tamaris et Rod Tours appartiennent à la famille Leal (île Maurice). Tél : (00230) 467 97 00
R O D R I gues
infos adresses bons plans
Morondava L’aéroport est à 5 km du centreville et assure des liaisons avec Tananarive, Belo-surTsiribihina, Morombe, Tuléar, Fort-Dauphin. Se renseigner auprès d’Air Madagascar, route de l’aéroport. à Morondava, ville envahie par le sable, et sur les villages de la côte, des fêtes sont organisées chaque année à Pâques en l’honneur de la mer. De juin à septembre, dans les villages autour de Morondava, vous pourrez assister à des cérémonies mêlant transe et magie, dont le rôle est d’éloigner les mauvais esprits.
Analaiva Ce village situé à 25 kilomètres de Morondava accueille chaque mercredi le plus grand marché de zébus du Menabe.
Excursions Les principaux endroits à visiter dans la région sont : • l’allée des Baobabs • la réserve forestière de Kirindry • la mangrove en pirogue • les tsingy de Belo-sur-Mer et Bemahara en bateau (d’avril à novembre)
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@ UTILES & gratuits Rubrique : Thierry Stoecklin
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EssentialPIM est un organiseur très complet regroupant les fonctions d’agenda, de gestionnaire de contacts et d’outils de prise de notes.
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http://rapidletters.softonic. fr XP, 1,9 MB. Grâce à ce logiciel gratuit, vous pourrez sans peine créer vos propres lettres type en complétant les champs mis à votre disposition dans cet assistant.
Seul dans le noir de Paul Auster - Actes Sud
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August Brill, critique littéraire à la retraite, contraint à l’immobilité par un accident de voiture, s’est installé dans le Vermont, chez sa fille Miriam, laquelle ne parvient pas à guérir de la blessure que lui a infligée un divorce, et qui vient de recueillir sa propre fille, Katya, anéantie par la mort en Irak, dans des conditions atroces, d’un jeune homme avec lequel elle avait rompu, précipitant ainsi, croit-elle, le départ de ce dernier pour Bagdad... Pour échapper aux inquiétudes du présent et au poids des souvenirs, peu glorieux, qui l’assaillent dans cette maison des âmes en peine, Brill se réfugie dans des fictions diverses dont il agrémente ses innombrables insomnies. Cette nuit-là, il met en scène un monde parallèle où le 11 septembre n’aurait pas eu lieu et où l’Amérique ne serait pas en guerre contre l’Irak mais en proie à une impitoyable guerre civile...
Black Bazar de Alain Mabanckou - Seuil
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Le héros de Black Bazar est un dandy africain de notre temps, amoureux des cols italiens et des chaussures Weston, qui découvre sa vocation d’écrivain au détour d’un chagrin d’amour. Naviguant entre complainte et dérision, il brosse avec truculence un tableau sans concession de la folie du monde qui l’entoure. Tour à tour burlesque et pathétique, son récit va prêter sa voix à toute une galerie de personnages étonnants, illustrant chacun à leur manière la misère et la grandeur de la condition humaine. Un roman à la verve endiablée, par l’une des voix majeures de la littérature francophone actuelle.
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Un chien mort après lui de Jean Rolin - POL
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Ismahel, sur le point d’embarquer, observe que le capitaine du Péquod porte le nom d’un roi biblique « fameusement impie » dont le corps fut livré aux chiens. Nombreux sont les héros de la guerre de Troie qui n’échappèrent que de justesse au même sort. Ainsi les rapports entre l’homme et le chien ne se bornent-ils pas à cette gentille histoire, de la domestication de l’un par l’autre : autant que la littérature universelle, les chiens errants sont là pour le prouver. Et c’est sur les traces de ces derniers - à moins que ce ne soit pour les fuir - que l’auteur parcourt le monde...
Découvrez vite notre sélection de six romans parus en janvier
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Le cerveau de Kennedy
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Automne 2004. Louise Cantor quitte son chantier de fouilles du Péloponnèse pour rentrer en Suède. Impatiente de revoir son fils, elle le trouve mort dans son appartement de Stockholm. Qui a tué Henrik ? Avec une obstination d’archéologue, elle va tenter de reconstituer les dernières années d’une vie brutalement interrompue. Secondée par Aron, le père d’Henrik qu’elle a déniché au fin fond de l’Australie, Louise découvre que son fils avait une vie émaillée d’inquiétantes zones d’ombre. Pourquoi Henrik s’intéressait-il tant au cerveau du président Kennedy, disparu lors de son autopsie ?
Rosamond vient de mourir, mais sa voix résonne encore, dans une confession enregistrée, adressée à la mystérieuse Imogen. Elle laisse libre cours à ses souvenirs et raconte l’histoire de trois générations de femmes, liées par le désir, l’enfance perdue et quelques lieux magiques. Tout Jonathan Coe est là : la virtuosité de la construction, le don d’inscrire l’intime dans l’Histoire, l’obsession des coïncidences et des échos qui font osciller nos vies entre hasard et destin. Jonathan Coe nous offre du même coup son roman le plus grave, le plus poignant, le plus abouti.
Jeunes acteurs et amants, Dylan Meserve et Michaela Brand disparaissent un soir après une répétition. Ils sont retrouvés dans les montagnes de Malibu, ayant subi un véritable calvaire aux mains d’un kidnappeur des plus sadiques. Mais des doutes apparaissent quant à la réalité de ces sévices. Jusqu’au moment où l’on comprend qu’il s’agissait d’un coup monté pour attirer l’attention des médias. Les deux acteurs passent en jugement. Quelques jours plus tard, Michaela est brutalement assassinée. L’enquête prend alors une direction bien différente. Surtout lorsqu’on s’aperçoit que Dylan, lui, a vraiment disparu...
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Saga Fascination, tome 4 : Révélation
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Le super guide des juniors : plein de BD super rigolotes et super futées, des cartes, des affiches et des tas de trucs à découper ; des tests, des articles et je ne sais plus quoi encore, t’as qu’à regarder toimême ! Un répertoire pour tes adresses perso et un cahier pour coller tes photos les plus géniales !
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Tamara Drewe
de Posy Simmonds éditions Denoël Avec son nez refait, ses jambes interminables, ses airs de princesse sexy, son job dans la presse de caniveau, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les cœurs, Tamara Drewe est l’Amazone urbaine du XXIe siècle. Son retour à la campagne, dans le village où a vécu sa mère, est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix...
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Le tigre du cirque Caracol est amoureux de sa dompteuse. Ah, Clara, les compliments, les caresses de Clara... Hélas, il y a des concurrents, Culbuto l’équilibriste, Octopodi le jongleur, Konrad l’hercule, Satya le dresseur d’éléphants et même Victor le Monsieur Loyal. Le tigre en fait son affaire...
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Scènes de l’île Rodrigues
de James Caratini et Sylvie Chaussée-Hostein édition bilingue français-anglais - Orphie Rodrigues est la plus méconnue des Mascareignes. Baignée par un lagon deux fois plus grand qu’elle et saupoudrée d’îlots inhabités, l’île se couronne de plages idylliques et de côtes de basalte, comme d’un diadème aux perles de nacre et de jais.
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Mayotte et son lagon, vue du ciel de Bruno de Villeneuve Ylang Images
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Redécouvrez l’île de Mayotte à travers de belles photographies et un voyage haut en couleur sur le littoral mahorais et les eaux bleues du lagon.
Hamouro
de Salim Hatubou - L’Harmattan
Après un cyclone et contraints par un politicien aux ordres d’un homme d’affaires véreux, les habitants de Hamouro, village côtier du Rocher Hippocampe, abandonnent cases et terres pour s’installer à M’piyani-Ville-Nouvelle. Seule kanamagno-l’Edentée, une vieille folle, résiste et croit encore en la résurrection des lieux. Avec l’arrivée de Bubu, un enfant muet mystérieusement venu des eaux, la vie reprend... Mais Hamouro restera-t-il longtemps ce havre de paix où se sont réfugiés les damnés d’une indépendance inachevée?
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Beauté
mahoraise
D
epuis des millénaires, le henné est à la base de la beauté orientale ; considérée comme une plante du paradis, elle est aussi utilisée pour déjouer le malheur dans les cultures arabo-musulmanes. Très utilisée pour la beauté du corps principalement lors des mariages, au fil des siècles, la tradition du henné s’est infiltrée dans la culture mahoraise en même temps que la religion musulmane. On retrouve de nombreuses recettes de beauté autour de cette plante. En voici quelques-unes qui vous permettront de rentrer pour quelques instants dans la peau d’une princesse des mille et une nuits.
Le henné est une plante épineuse couverte de petites feuilles. Ce sont ces feuilles qui servent à la préparation de la mixture. Séchées elles sont broyées pour faire une poudre à laquelle on rajoute de l’eau pour obtenir une mixture onctueuse. à Mayotte on broie directement les feuilles vertes avec un peu d’eau. Certaines rajoutent du citron et quelques clous de girofle à la pâte obtenue. Ce mélange permet d’obtenir une couleur plus foncée, allant de l’orange clair au noir selon le temps de pose. Le plus délicat reste l’application. Les femmes mahoraises utilisent un bâtonnet pour dessiner les motifs. Sur les mains, les pieds ou en tatouage sur la peau, spirales ou motifs floraux, tous les moyens sont bons pour envouter les hommes. Certaines s’en enduisent aussi le bout des doigts mais d’autres préfèrent juste colorer l’ongle comme avec un vernis. Attention, la couleur ne part qu’avec la repousse de l’ongle, ce qui équivaut à plus d’un mois, contre deux à trois semaines pour le reste du corps. Notez qu’il existe sur le marché des tubes de henné près à l’emploi, avec un embout spécial pour faciliter l’application.
Beauté des cheveux : Le henné est aussi utilisé pour la teinte des cheveux. Pour obtenir une couleur naturelle sans abîmer les cheveux, du henné pur suffit. Enduire toute la chevelure et les enrouler dans du film plastique. De même, la couleur dépend du temps de pose. Pour un résultat optimal laisser poser toute une nuit. La plante a aussi des vertus assainissantes sur le cuir chevelu. Si vous avez des pellicules voire des poux n’hésitez pas. Il peut aussi être utilisé comme soin capillaire. Mélangez la pâte de henné broyée à un jaune d’œuf ou à du lait de coco fraîchement râpé. Attention, si vous avez les cheveux clairs, testez sur une mèche avant toute application.
Points de vente : Henné en tube prêt à l’emploi : au marché de Mamoudzou ou dans certains salons de beauté 10 euros environ. En poudre : en pharmacie Pour trouver des feuilles de henné n’hésitez pas à solliciter vos relations, toutes les coquettes mahoraises en ont un plant dans leur arrière-cour !
tendance Le shopping du moment... SAC ET BRACELETS DU TOGO
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Idée recette de Mayotte Poisson à l’aubergine et au coco Pour 4/5 personnes
Ingrédients • 1 kg de poisson • 1 kg d’aubergines • 3 oignons
Préparation : 15 minutes Cuisson : 40 minutes Recette bon marché et facile à réaliser
Cuisinier : Ismaël
• 1/2 piment • 1 gousse de gingembre • 3 gousses d’ail • 1 boîte de lait de coco
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• 1 salade verte • 1 citron • 1 cuillère à soupe de curry • 1 cuillère à soupe de safran • 1 branche de ciboulette • poivre et sel
1
Faites frire les poissons entiers dans une poële en ajoutant : sel, poivre, safran, citron et un peu de piment suivant vos goûts. Laissez cuire pendant 15 minutes.
2
émincez les aubergines en très fines tranches (sans retirer la peau) et mettezles à bouillir pendant 15 minutes.
3 4
émincez les oignons, l’ail, le gingembre et le reste de piment. Retirez les arrêtes et émiettez les poissons. Versez dessus le lait de coco.
Au choix
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Faites revenir l’ensemble de la préparation excepté le poisson dans une poële pendant 10 minutes.
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Lancez la cuisson du riz blanc dans une casserole.
Mettez le poisson dans la poële et laissez mijoter encore 15 minutes à feu doux. Ajoutez la ciboulette hachée. Votre poisson à l’aubergine et au coco et prêt à être servi avec du riz. Bon appétit !
Vous pouvez choisir comme poisson du vivaneau, du capitaine, du thon...
Jeux
Mot à trouver : BIJOUX
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Réponse p. 121
es v o s g r il l
à
!!
Complétez les cases de la grille de Sudoku avec les chiffres de 1 à 9 de sorte que ces chiffres ne se répètent ni dans chaque colonne, ni dans chaque ligne ni dans chaque carré. Il n’ y a qu’ une seule solution. à vous de la trouver !
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Grille n°4
Sauvage et dominateur(trice), vous êtes quelqu’un de profondément indépendant comme le sont les animaux de la forêt vierge ou de la savane. S’il vous arrive de vivre en bande — pardon : en communauté —, c’est à la manière d’un loup ! Vous détestez être
Comme le nounours des enfants, vous êtes une personne sympathique. Cela ne vous empêche pas d’être un brin râleur(euse) et quelquefois ronchon(onne). Quand vous marquez ainsi votre mécontentement en faisant la tête, on vous regarde avec tendresse. Vous ne vous emportez jamais parce que vous êtes très compréhensif (ive). Vous êtes quand même philosophe, parfois résigné(e) et vous suivez ceux que vous aimez sans jamais leur demander ce qu’ils n’ont pas envie d’offrir.
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Grille n°3
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Si vous avez un maximum de :
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Grille n°2
Vous êtes fidèle et attachant(e), comme l’est par exemple un chien. Vous êtes intelligent(e) et sympa comme l’est un dauphin. Vous êtes aimant(e), attentionné(e) mais néanmoins fier (fière) comme l’est un cheval. L’un de ces trois animaux sommeille donc probablement en vous. Votre entourage vous estime pour toutes ces qualités. Vous savez vous rendre populaire dans le bon sens du terme et l’on vous apprécie pour cela.
importuné(e), vous n’acceptez la présence des autres que si ceux-là ne vous dérangent pas. Il vous arrive d’être un peu tyrannique et vous exigez toujours beaucoup de votre entourage. Mais on vous prend tel(le) que vous êtes ou l’on ne vous prend pas...
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Grille n°1
Si vous avez un maximum de :
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Horaires des marées
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La prudence impose de confronter les données issues de ces grilles avec les documents officiels qu’il est obligatoire d’avoir à bord. On peut aussi consulter les prévisions du Service d’Hydrographie et d’Océanographie de la Marine à l’adresse : www.shom.fr