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Mayotte magazine

Mayotte

janvier-février 2009

n°9

magazine

DANSE à MAYOTTE

ACTUALITé CULTURE VOYAGE LOISIRS

3,90 €

TRADITIONS

L’habitat

ENVIRONNEMENT

Les poissons de l’île au lagon REPORTAGE

Madagascar évasion au pays vezo, de Morondava à Tuléar



Mayotte magazine n°9 Une publication bimestrielle de AR’IMAGE SARL ZI de Kawéni BP 268 97600 Mamoudzou tél : 06 39 09 03 29 contact@mayottemagazine.com DIRECTRICE DE PUBLICATION Stéphanie Légeron RéDACTEURS Alban Jamon Chamsdine Bin Ali Kordjee Stéphanie Légeron Ma’jo Guy Monnot Madi Abdou N’Tro Laurence de Susanne Halda Toihiridini PHOTOGRAPHES Marc Allaria Stéphanie Légeron Guy Monnot BD Vincent Liétar Alice Lopez Yann Moreau DIRECTION ARTISTIQUE AR’IMAGE SARL COMMERCIAL Thierry Stoecklin

éDITO

L

a crise. Ce mot est sur toutes les lèvres, repris en boucle par tous les médias. La crise est un changement rapide et involontaire qui soit nous oblige à prendre des décisions soit décide à notre place. Si on le peut, c’est le moment de faire un choix. La crise, au-delà des difficultés qu’elle impose, permet une prise de conscience lucide de la réalité et une meilleure adaptation à celle-ci. Nous verrons dans ce numéro quels dispositifs sont en place à Mayotte pour lutter contre les effets de la crise financière internationale. Nous verrons aussi comment cinq jeunes entrepreneurs mahorais ont osé créer leur emploi, à force de volonté, d’idées et d’audace.

Mayotte magazine vous emmènera le temps d’une danse au carrefour des traditions mahoraises et des tendances contemporaines : d’improvisation, moderne, hip-hop, orientale... la danse, mouvement rythmé des corps, est toujours beauté et séduction. Une rubrique « Histoire » est créée, consacrée dans cette édition aux premiers peuplements de Mayotte. à propos d’histoire, connaissez-vous celle de la rivière sucrée de M’tsamboro ?

IMPRESSION PRECIGRAPH St Vincent de Paul Avenue West Pailles P.O. Box 727 Bell Village Ile Maurice

Après une plongée avec les poissons du lagon, direction la côte sud-ouest de Madagascar au pays vezo, pour un splendide reportage sur ce peuple issu des Sakalava qui vit pour et par la mer, au rythme des pirogues à balancier et des migrations.

Numéro ISSN 1962-4379 Prix de vente : 3,90 €

Toute l’équipe de Mayotte magazine vous présente ses meilleurs voeux pour la nouvelle année 2009.

Toute reproduction (même partielle) des articles publiés dans Mayotte magazine sans accord de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique.

Stéphanie Légeron

Directrice de publication


6 AU JOUR LE JOUR 10 RENCONTRE

Ibrahim Aboubacar

14 Sport ya maoré

La danse à Mayotte entre tradition et modernité

22 économie

Cinq créateurs d’entreprise

32 tradition mahoraise Habite à... ?

48 escapade dans l’île

M’tsamboro, la commune sucrée

62 HISTOIRE

Les premiers peuplements de l’île

66 environnement

Les poissons du lagon de Mayotte


Sommaire

78 REPORTAGE Madagascar

102 BD

94 CINéMA

106 Maxi-coupons

évasion au pays Vezo Vos films de janvier-février

96 INTERNET

10 musiciens sur la toile

98 LE COIN DU LIBRAIRE

Le coin des petits, Bao et Abass Néka

Détachez vos 16 bons d’achat !

108 TENDANCE

Interview Esthel Nee Le shopping du moment...

112 IDéE RECETTE MAYOTTE Pilao de boeuf

Actualité, sport Culture, histoire, tradition Rencontre, femme Environnement, voyage Loisirs, jeux

114 JEUX 122 HORAIRES

Des marées et des barges


Au jour le jour Comment est géré l’impact de la crise financière internationale à

Mayotte ?

Le 18 novembre à la Préfecture, un point d’information était organisé sur la crise financière internationale, initiée le 15 septembre dernier avec la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers. L’état français s’est engagé à apporter une garantie « payante » des prêts interbancaires jusqu’à 320 milliards d’euros et à consacrer jusqu’à 40 milliards d’euros pour recapitaliser les banques qui seraient en difficulté. « Les garanties

de l’état français permettent aux banques des échanges de liquidités entre elles. La capacité de financement des banques françaises a été renforcée. Le contribuable ne sera pas appelé pour financer ce plan et l’effort consenti par les gouvernements européens devrait empêcher une nouvelle crise », explique M. Godeffroy du

Trésor Public.

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Mayotte est bien concernée comme partout en France par l’appui apporté par l’état au système bancaire. « l’état a pris très rapidement

la mesure de la crise en mettant en oeuvre un plan de soutien économique aux entreprises et à l’emploi. Cela permet d’éviter une spirale de perte de confiance pernicieuse », ajoute M. du Peyrat de la Préfecture.

L’IEDOM a exposé un bilan chiffré de l’activité économique mahoraise qui met en évidence la poursuite de la consommation des ménages et des investissements des entreprises. « La

situation économique de Mayotte est plutôt rassurante à ce stade. On note néanmoins un rallongement intolérable des délais de paiement des collectivités locales. Mais ce problème est déconnecté de la crise financière

François Ellen (IEDOM), M. Beltrand (IEDOM), Christophe du Payrat (Préfecture) et Yves-Marie Godeffroy (Trésor Public)

internationale », atteste M. Beltrand, Directeur de l’IEDOM. Par exemple, selon les sources de l’IEDOM, les crédits à la consommation ont progressé de 26 % entre juin 2007 et juin 2008. Quant à l’importation des biens d’équipement des ménages, elle a augmenté de 36 % sur les neuf premiers mois de l’année 2008 par rapport à la même période de l’année précédente. La consommation et l’investissement des ménages mahorais restent donc dynamiques.

Trois dispositifs de soutien à l’activité économique sont mis en place à Mayotte Tout d’abord, pour les particuliers, une commission de surendettement a été créée en avril 20071. Deuxièmement, un dispositif géré par le Trésor Public vise à accompagner les entreprises qui rencontrent des difficultés de trésorerie2. Enfin, le « médiateur du crédit » s’assure du respect des engagements pris par les banques en contrepartie des mesures de soutien dont elles bénéficient. Le but étant de ne laisser aucune entreprise, et notamment aucune PME, seule quand elle est confrontée à un problème de financement3. Espérons que ces aides soient suffisantes et tiennent leurs promesses car il en va de l’emploi sur une île où le taux de chômage avoisinerait déjà les 25%... CONTACTS IEDOM, avenue la Préfecture, 0269 61 05 05 Trésor Public, rue de l’hôpital, 0269 60 89 62 3 IEDOM, cf site www.mediateurducredit.fr 1 2


PUBLI-COMMUNIQUé

La CSSM à Votre Service En cette période de crise économique, les entreprises peuvent être en difficulté pour payer leurs cotisations sociales. Comment la CSSM peut-elle les aider ? Bertrand Perrier : - La CCSM ne peut pas se borner, surtout dans un territoire en développement comme Mayotte qui cherche sa voie économique, à n’être qu’un percepteur de cotisations, même si à Mayotte celles-ci sont inférieures à celles de la métropole. Depuis deux ans, quand une entreprise viable traverse des difficultés de trésorerie, la CSSM lui propose un soutien qui se traduit par un accord d’allongement des délais de paiement de ses cotisations. Ce coup de pouce donne un second souffle aux entreprises et dans certains cas comme actuellement en temps de crise, va jusqu’à permettre à certaines d’entre elles de se relever. Dans ce combat, il serait souhaitable que la CSSM ne soit pas seule. Une action concertée avec les Services fiscaux et le secteur bancaire permettrait de trouver des solutions communes efficaces. La Déclaration annuelle des données sociales (DADS) est obligatoire pour toute entreprise employant des salariés. Comment se déroule la campagne 2009 ? Bertrand Perrier : - La CSSM a envoyé la DADS aux employeurs en décembre. Cette déclaration doit nous être retournée au plus tard le 28 février 2009. Au-delà de cette date, des pénalités pourront être appliquées. Les données sont transférées au niveau national et servent à établir le relevé de carrière du salarié pour sa retraite. L’identification correcte des employés (numéro de sécurité sociale) est un élément indispensable pour garantir leurs droits.

Bertrand Perrier Directeur de la CSSM

INTERVIEW

« La CSSM, à travers ses pôles recouvrement et retraite, est un observatoire privilégié de la vie économique de Mayotte. (...) Avec notre politique amiable de soutien, nous devenons en quelque sorte les médecins traitants des maladies des entreprises » « Le règlement des cotisations a du sens ; il ne doit pas être vécu comme une contrainte administrative »

Déclaration annuelle des données sociales (DADS) • à transmettre au : Centre Mahorais de Transfert de Données Sociales (CMTDS) Immeuble Baninga rue de la Pompe - 97600 Mamoudzou • ou par e-mail : donnees.sociales@css-mayotte.fr • Tél. : 0269 63 40 03

Contacter le recouvrement • du lundi au jeudi : de 7h30 à 14h00, le vendredi : de 7h30 à 12h00 • Tél. : 0269 61 12 72 ou 0269 61 87 29 - Fax : 0269 60 90 64


François Ceccaldi, Commandant de La Boudeuse

La Boudeuse impliquée dans la lutte contre les pirates La Boudeuse, navire de la Marine nationale mis en service en 1987, est basé au port de la Pointe des Galets à La Réunion. Ce bâtiment robuste de 54,80 mètres a pour marraine Mayotte depuis 1992. Chaque bâtiment de la Marine nationale est en effet parrainé par une ville ou... une île. à bord, la capacité de transport totalise un poste de 20 passagers et 35 m3 de soutes marchandes. à pleine charge, la Boudeuse atteint les 480 tonnes. Ses missions sont de l’ordre de la protection _ patrouille, contrôle d’embargo, transport de commandos, action de souveraineté _ et de service public : secours en mer, police de la navigation et des pêches, assistance aux eaux isolées. « Nous pouvons être amenés à intervenir dans

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le cadre de la piraterie. Pour montrer notre présence afin que les pirates ne se sentent pas impunis », explique le Commandant François Ceccaldi. « Pour l’instant, les actes de piraterie restent ciblés au large de la Somalie. Nous maintenons à titre préventif une présence militaire dans le Canal du Mozambique. » Selon

le Bureau maritime international (BMI), 94 bateaux ont été attaqués au large de la Somalie et dans le golfe d’Aden de janvier à novembre 2008. Face à cette escalade qui continue de menacer la route du pétrole, certains armateurs évitent déjà le canal de Suez en contournant l’Afrique par le cap de Bonne Espérance.

Nouveau label « France saveurs d’Outre-Mer » « Les saveurs de l’Outre-Mer s’exportent », tel est le slogan de l’ambitieux plan d’action mené par le secrétariat à l’Outre-Mer et Ubifrance afin de relancer les exportations agro-alimentaires en provenance des régions ultra-marines. Ce programme, dans lequel l’état va investir 1,5 millions d’euros, prévoit la création du label « France saveurs d’Outre-Mer ». « Cette

marque collective est une formidable innovation car c’est la première fois que les produits de l’ensemble des départements et collectivités d’outre-mer vont afficher une signature commune revendiquant ainsi leur origine ultra marine et française » précise Bruno du Bois-

guéheneuc, le responsable de ce projet au sein de la SARL Sud Outre Mer. L’objectif recherché est la valorisation des produits d’outre-mer à travers une image distincte et immédiatement identifiable par le consommateur notamment dans les enseignes de la grande distribution en métropole, où la mode est à la vente de produits régionaux. Ainsi, les recettes du terroir de Bretagne ou de Savoie s’installent dans les rayons des grandes surfaces. Alors pourquoi ne pas s’inspirer de cette tendance pour valoriser l’Outre-Mer ? L’idée pour Mayotte est de constituer des paniers garnis de produits locaux (sel de Bandrélé, vanille, fruits tropicaux séchés, confitures, achards, infusions...) qui seront exposés avec les produits des dix autres territoires d’outre-mer (voir cidessus). Si vous souhaitez exporter un produit local ou pour toute information, vous pouvez contacter la Préfecture au 0269 63 50 00.



Rencontre Ibrahim Aboubacar Conseiller Général de Sada Le rapporteur du Comité pour la Départementalisation fait le point sur les principaux enjeux du referendum de mars Mayotte magazine : - En résumé, qu’est-ce que signifie pour vous la départementalisation ?

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Ibrahim Aboubacar : - La départementalisation c’est, d’un point de vue juridique, le droit commun de la République. C’est-à-dire la pleine citoyenneté dans ses droits et ses devoirs. La départementalisation, c’est l’affirmation de la pleine souveraineté de la France sur Mayotte, y compris dans ses relations avec ses partenaires européens. C’est aussi d’un point de vue politique, un positionnement sans équivoque vis-à-vis de nos voisins de l’océan Indien et notamment ceux qui rêvent encore de nous ramener « dans leur giron naturel ». C’est enfin un cadre juridique clair et stable dans lequel chaque citoyen peut exprimer pleinement ses talents, son engagement et ses efforts dans la réalisation de ses projets individuels ou collectifs de développement économique et social. M. m. : - Certains disent que l’accession de l’île au

statut de Région ultra-périphérique (RUP) est préférable à l’accession au statut de Département d’Outre-Mer (DOM), qui n’apportera pas d’aménagements structurants à Mayotte. Vaut-il mieux être RUP que DOM ? I. A. : - Ce sont là deux dimensions importantes, qui ne se posent pas sur le même plan et qui n’ont pas le même sens historique. La départementalisation nous renvoie à nos liens avec notre pays. Le statut de RUP nous renvoie à nos liens avec les amis de notre pays. évidemment, c’est la départementalisation qui est vitale pour notre avenir. Dans l’état actuel des traités, elle ouvre la voie vers le statut de RUP. C’est vrai qu’à un moment donné (en 2003), il a pu être envisagé, notamment par Jacques Chirac, que l’on puisse être RUP avant. Mais le traité européen n’ayant pas été approuvé, ce chemin n’est plus. Le statut de RUP, sans la départementalisation, répond à des problématiques de moyens de développement, mais ne répond pas à nos problématiques politiques et historiques. Alors même qu’en terme de contraintes, la Convention européenne des droits de l’homme,


là où elle s’applique, vaut largement les exigences du droit commun de la République. M. m. : - Quelles sont les différences d’évolution si Mayotte reste Collectivité départementale et si Mayotte devient DOM ? I. A. : - Je l’ai dit au début, dans un DOM, le droit commun de la République est la norme. Actuellement, il y a six domaines où le droit commun ne s’applique pas. Il devra s’y appliquer à terme. Il faut à ce sujet rappeler qu’il ne s’agit pas là, dans toutes les matières d’évolutions brutales ; depuis 1988, tout le travail législatif des gouvernements successifs a consisté à rapprocher Mayotte de ce droit commun, y compris dans les six matières en question. Il s’agira donc dans beaucoup de cas d’achever les évolutions déjà engagées et dans quelques matières de « sauter le pas ». Du côté des Mahorais, sauter le pas sur la fiscalité locale. Du côté de l’état, sauter le pas sur les dispositifs sociaux. Dans cet exercice, il faut de la cohérence et de l’équité des deux côtés. En conséquence, les élus

locaux verront diminuer voire disparaître leurs prérogatives en matières fiscales et douanières et par voie de conséquence leur influence sur les voies du développement économique. De l’autre côté, les moyens du développement seront accrus. Est-ce que cela aboutira au même modèle de développement que dans les autres Départements d’Outre-mer ? Je ne le sais pas. Le facteur humain sera déterminant. Et la réponse à cette question dépend du comportement de tous, qu’il s’agisse des comportements administratifs ou des comportements individuels. Ce qui est sûr, c’est que Mayotte continuera à s’ouvrir : ce qui peut être une chance, comme un risque. à tous de saisir les opportunités de cette ouverture et à nous y préparer. Enfin il y a les questions de société ou d’identité comme on voudra les appeler. Là-dessus, notre culture, qu’on le veuille ou pas, intègre les apports occidentaux et c’est une bonne chose. Nous sommes une société multiculturelle et nous le serons de plus en plus dans tous ses aspects. Il appartiendra à chacun de faire ses choix de vie privée. Quant aux aspects qui toucheront au vivre ensemble : c’est le droit commun qui prendra le pas.


EXTRAITS de l’Accord sur l’avenir de Mayotte (J.O. n°32 du 8 février 2000) Point 3 alinéa 2 : « Le système fiscal et douanier sera modernisé pour se rapprocher du droit commun et tenir compte des besoins liés au développement économique et social de Mayotte. Une fiscalité communale sera progressivement créée. » Point 5 alinéa 3 : « Une convention particulière sera consacrée au développement culturel, à la promotion de l’identité mahoraise et au développement de la francophonie. » Point 8 alinéa 1 : « La rénovation de l’état civil et la mise en place du cadastre seront menées à leur terme, à échéance de cinq ans. Des moyens seront dégagés à cet effet. » Point 8 alinéa 2 : « Le rôle des cadis sera recentré sur les fonctions de médiation sociale. »

M. m. : - Pensez-vous que les Mahorais sont préparés à ces changements ?

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I. A. : - Honnêtement, je crois que rien de tout ça n’est secret. Maintenant, les Mahorais ne connaissent pas les détails de la fiscalité locale, qui va être étendue ; mais ils savent qu’il y aura des changements sur ce point comme sur d’autres. Je vous rappelle quand même qu’il y a eu un accord signé entre le gouvernement et les forces politiques mahoraises le 27 janvier 2000. Il a été soumis à referendum. Cet accord a exposé tous les points que certains veulent feindre découvrir aujourd’hui : l’état civil, le cadastre, la fiscalité locale et douanière, la justice cadiale. Tout cela a fait l’objet de cet accord et a été débattu pendant la campagne référendaire ! Mieux, la loi statutaire de 2001 a traité tous ces points, qui aujourd’hui auraient du être achevés. S’ils sont encore d’actualité, c’est que l’état n’a pas assumé ses responsabilités, car tous ces sujets sont de la responsabilité de l’état. Alors, quand à Paris on dit qu’il faut un langage de vérité, je réponds que beaucoup de ces véri-

tés, nous les élus locaux, on les a assumées : il y a encore du chemin à faire, mais nous on le fera sans reculer. La vérité, c’est que l’état ne veut pas affronter les conséquences financières de la départementalisation car quelque part dans certains esprits à Paris, et ça ne vise personne en particulier, on a du mal à accepter ces Français noirs, musulmans, situés à 10 000 kilomètres. La décolonisation mentale n’est pas achevée. L’égalité entre un Français de Mayotte et un Français de métropole ne va pas de soi. Certains découvrent même après 167 ans de présence de la France à Mayotte que nous ne parlons pas français !... Certes, mais on comprend nous aussi les arrières-pensées. Je voudrais à ce sujet m’arrêter sur la justice cadiale. Le problème n’est pas les cadis ; l’accord sur l’avenir de Mayotte a déjà dit en son point 8 alinéa 2 que : « Le rôle des cadis sera recentré sur les fonctions de médiation sociale. » Cette disposition a été appliquée partiellement et pourquoi ? Parce qu’au fond se pose une deuxième question derrière celle-là : c’est le statut civil de droit local. Les juges de droit commun ne sont pas à l’aise pour l’appliquer de telle sorte que la question est : « Peut-on être un Département d’Outre-


Centre-ville de la commune de Sada

mer avec une population qui massivement relève du statut civil de droit local ? » Les juristes ne sont pas unanimes sur la question. La Constitution de la République, et les faits historiques (l’Algérie), laissent à penser que oui. Alors c’est un débat politique qui appartient autant aux Mahorais qu’à la France. M. m. : - Quelles seront les répercussions de la départementalisation sur les relations de Mayotte avec les Comores ? I. A. : - La départementalisation ne règlera pas tout. Les problèmes qui se posent ne disparaîtront pas du jour au lendemain comme par enchantement. C’est le cadre juridique et administratif dans lequel ils seront traités qui va changer. En conséquence, les problèmes concrets qui touchent à nos relations avec les Comores tels l’immigration, les échanges commerciaux, les relations dans le domaine de la santé, etc... continueront à être traités avec des hauts et des bas selon les humeurs des autorités comoriennes.

îlot de Sada

Je ne rêve pas que M. Sambi, ou un autre, car sur ce point ils ont tous les mêmes réactions, renoncera à revendiquer Mayotte. Mais nous devons continuer notre chemin fermement dans la France avec une main tendue vers les Comores pour vivre en bon voisinage. C’est et ce doit être le seul objectif du Groupe de travail de haut niveau (GTHN) francocomorien : créer des relations de bon voisinage entre deux populations qui ont choisi d’appartenir à des états distincts. Propos recueillis par Stéphanie Légeron


Sport ya maoré

La danse à Mayotte Entre tradition et modernité

Rédaction : Halda Toihiridini Photos : Stéphanie Légeron

Danse traditionnelle, un large choix

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danses traditionnelles, rien que ça ! Une profusion qui démontre l’intérêt des Mahorais pour la discipline. Et pourtant ces danses ne sont pas si éloignées les unes des autres. On y trouve même de nombreux points communs, le principal étant l’aspect collectif. Une spécificité qui s’explique par

les origines tribales de ces danses. Ainsi, les chorégraphies se font avec un ensemble de plusieurs personnes, souvent en file indienne, en cercle ou en ligne. Une forme de rituel que l’on retrouve aussi dans les gestuelles des mains et des pieds battus en cadence au rythme des tambours.


On retrouve deux catégories dans les danses mahoraises ; les danses profanes et les danses sacrées. Les premières sont issues des cultures africaines, et plus particulièrement de la culture bantoue. « Shakasha », « biyaya » et « shigoma » en sont quelques exemples. Perçues comme un moyen d’expression de la rébellion, à l’image du « mrengue » (danse effectuée avant le combat) ces danses ont longtemps été interdites durant la période de l’esclavage. Il existe aussi des danses spéciales comme le « patrossi » ou le « roumbou ». Elles se pratiquent au sein de cercles fermés et lors de cérémonies portant le même nom, afin d’invoquer les esprits. Elles sont souvent associées à des pratiques animistes. Les danses considérées comme sacrées, sont toutes d’origine arabo-musulmane. Elles se caractérisent par une nette séparation des hommes et des femmes et ne tolèrent aucune mixité. Comme le « deba » (danse féminine basée sur une chorégraphie des mains) dont l’équivalent masculin est le « moulidi ». On y retrouve évidemment l’influence de la religion

musulmane, d’ailleurs les chants y sont souvent en arabe. En dépit de cette profusion, il devient de plus en plus rare de voir des manifestations où l’on retrouve ces danses. C’est seulement lors des grands mariages qu’il est possible d’en regarder quelques-unes comme le « mchogoro » (danse où les hommes défilent en file indienne avec un « lamba » autour du cou). Aujourd’hui la sauvegarde de ces danses se fait principalement au sein d’associations de danses traditionnelles. Il en existe plus d’une trentaine aux quatre coins de l’île. Les plus connues étant « Kinga folk » de Labattoir, et l’association « Comba culture » de Combani. Cours de danse traditionnel, représentations sur invitations de particuliers ou lors d’événements culturels. Vous pourrez voir évoluer la plupart de ces associations durant les célébrations de l’abolition de l’esclavage en avril prochain. Sinon les portes des associations sont ouvertes à tous. Il est aussi possible d’assister aux répétions des troupes , il suffit juste de demander une autorisation préalable.

à gauche : deba regroupant les associations de Mayotte à la MJC de M’gombani Ci-dessus : préparation d’un deba par l’association Mouzdalifa en Petite-Terre

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Wadaha dansĂŠ par les femmes de Mouzdalifa sur la plage du FarĂŠ


Cours de danse orientale de Parfums d’Orient. Les cours ont lieu le lundi et le vendredi à 19h00 pour les enfants et les adultes dans la salle polyvalente du Golden, Jardin Céole à Mamoudzou

écoles de danse : les nouvelles tendances 18

Désormais les écoles surfent sur les nouvelles tendances. Hip-hop, danse africaine ou danse orientale, Shakira a intérêt à bien se tenir. Contrairement aux idées reçues, la danse orientale n’est pas faite que pour les femmes. De nombreux hommes pratiquent cette discipline notamment basée sur des mouvements d’épaule. Une danse qui sollicite autant le haut du corps que les abdominaux, et qui permet d’acquérir plus de souplesse au niveau du bassin.

Enfin, si vous n’avez pas envie de choisir, il existe des disciplines qui mélangent les styles. C’est le cas du modern’ jazz, dans lequel on retrouve les rythmes de l’Afrique, de la salsa et de certaines danses orientales.

Pour plus d’exotisme, mettez-vous à la danse indienne. Certaines écoles comme Choreart organisent des séances d’initiation pour tous les adeptes du style Bollywood. Pour ceux qui n’ont jamais vu de film indien, cette danse se caractérise par une chorégraphie très élaborée des mains en particulier.

Principalement fréquentées par des « mzoungous », la plupart rencontrent des difficultés liées à l’instabilité de cette clientèle qui reste rarement plus de quelques années. Un va-etvient qui complique la mise en place d’un projet sur le long terme, mais aussi l’élaboration d’un calendrier précis.

La plupart des cours de danse ont lieu au sein de structures associatives et beaucoup s’adressent surtout aux enfants. En ce qui concerne les écoles, on en a vite fait le tour.


Jeff Mohamed Ridjali : le Pionnier Mélanger danse contemporaine et danse mahoraise… Un défi qui ne pouvait être tenu que par un professionnel. Jeff Ridjali est le premier à tenter l’expérience. « Le fait d’avoir une for-

mation me permet de revisiter mon patrimoine culturel. J’arrive à traduire le mouvement, à l’extrapoler, à savoir ce qu’il veut dire. »

Le résultat est assez bluffant. On y retrouve tout le background du danseur contemporain avec la touche africaine apportée par les percussions et les rythmes traditionnels. C’est la danse moderne patrimoniale. Il s’inspire ainsi des gestuelles des danses locales pour créer ses chorégraphies. « J’utilise la danse traditionnelle comme un répertoire », nous explique cet ancien élève de la Alvin Ailey school, l’une des écoles de danse les plus réputées au monde. En créant le Ballet de Mayotte, Jeff Ridjali a mis en place la première structure de danse professionnelle. Les danseurs sont ainsi recrutés au cours d’auditions. évidemment à Mayotte il est

difficile de s’entourer de danseurs ayant reçu une formation adéquate. Des contraintes que l’artiste a su déjouer. « J’essaie surtout de trouver des danseurs qui

ont de bonnes qualités physiques. La danse est l’activité sportive la plus complète. Beaucoup de sports privilégient la musculature ; la danse travaille d’abord la charpente, les jointures, la souplesse et même l’esprit avant les muscles. »

Pour le moment Ridjali travaille surtout avec les scolaires. Il a ainsi établi un partenariat avec l’éducation nationale qui lui fournit une salle au sein du collège de Tsingoni. Des ateliers de danse y sont régulièrement organisés. Un travail de sensibilisation nécessaire pour faire évoluer les mentalités sur cette discipline et susciter des vocations. Pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur la danse moderne patrimoniale, des stages sont ouverts au public. Halda Toihiridini

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« La danse contemporaine n’est pas un style, il s’agit de trouver votre propre énergie, votre propre respiration. La danse peut se faire sans musique, avec le propre rythme du danseur. Tout le corps parle. Marchez, remplissez cet espace qui est vide. Dessinez vos noms avec vos bras dans l’espace. »

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Jeff Mohamed Ridjali

« Le temps, le tempo, c’est la musicalité. Le corps, l’espace et le »

temps, tels sont les trois fondamentaux pour faire de la danse.

Isabelle Camatte

Quelques contacts d’associations et écoles de danse • Ballet de Mayotte Cours et spectacles de danse contemporaine Isabelle (basée à Tsingoni) tél : 0639 25 85 70

• Studio Choreart

• Abassi art et créativité Stages et spectacles de danse orientale Fatima - tél : 0639 66 50 08

• Parfum d’Orient

école de danse, modern’ jazz, hip-hop (city jam), danse orientale à Labattoir Fowzia - tél : 0639 67 92 55 Cours et spectacles danse orientale (MDZ, Dembeni). Anne - tél : 0639 65 32 15


• B Boy Crew Cours et spectacles de hip-hop Kaïssam (basé à Mamoudzou) tél : 0639 67 68 35

• Love Danse Cours hip-hop, danse retro, danse orientale Maryse (Koropa) - tél : 0269 09 05 63

• Mouzdalifa Spectacles et cours de danse traditionnelle Zahara (Labattoir) - tél : 0269 60 15 79

• Chiratidjaz Spectacles, tournées, mariages, cours de shigoma, CD et DVD Anli (Bouéni) - tél : 0639 69 45 26

• TFM (Troupe folklorique mahoraise) Spectacles, tournées, échanges culturels Ahamada (MDZ) - tél : 0639 20 19 99

• Mawa Danse traditionnelle masculine Dzaoudzi tél : 0639 69 24 20

• Le K Hip-hop de rue, rap, tournées et spectacles Céline (Chirongui) - tél : 0639 19 80 31

• îLE AUX PARFUMS Danse orientale, gym tonique. Gymnase de Cavani. Mail : virginie.aup@gmail.com

Exercice libre d’improvisation au collège de Tsingoni, dialogue intuitif exprimant la douleur. Les danseurs sont Latazar, Soimnou et Abdillah


économie

Rédaction : Laurence de Susanne Photos : Stéphanie Légeron

Oser entreprendre à Mayotte Portrait de cinq créateurs qui ont tenté l’aventure Mayotte Magazine a décidé de vous faire découvrir, régulièrement, quelques récentes créations d’entreprises ou encore des projets bien avancés qui méritent de devenir une

« success story ». Quel que soit le secteur.

En espérant que notre initiative pourra contribuer

modestement à donner un petit coup de pouce à ceux qui hésitent à se lancer ou lorgnent, sans passion et à contre-cœur, vers la fonction publique.

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La société Mobi-Pub et coursier, Publicité mobile et intéractive Kassim Ridjali et Kassime Bacar, 27 et 31 ans, sont… associés et neveu et oncle ! Même génération, même goût pour entreprendre, même envie de revenir sur leur île après quelques années de formation - réussie - en métropole. Kassime Bacar restera sept ans à Colmar : formation en menuiserie-agencement, apprentissage puis emploi dans la même entreprise et … sapeur-pompier volontaire. Mais il y a ce sacré mal du pays qui revient tous les trois mois. Retour à Mayotte en 2003 avec une rapide désillusion sur le secteur de la menuiserie : « Je

m’aperçois que, du fait d’un marché parallèle développé, j’aurai du mal à faire ma place ».

Termes pudiques pour évoquer la concurrence des artisans clandestins. Des petits boulots, des idées qui ont du mal à se concrétiser et des économies qui s’épuisent.

L’événement déclencheur c’est le retour, en 2006, de Kassim Ridjali, son neveu, avec son BTS comptabilité sous le bras. Le profil de la future entreprise prend alors forme, avec l’aide de la Maison de la création d’entreprise, la fameuse « Boutique de gestion » : au départ, un super-coursier, en quad, qui couvre tout Mayotte. Mais très vite, les deux Kassim(e), vont y adjoindre une autre activité : la publicité mobile et… interactive. Il s’agit, en fait, d’amener l’information et la publicité sur les lieux-mêmes où se trouve la population ciblée. Une information publicitaire collée sur les deux panneaux de la remorque tirée par le quad, commentée et expliquée par une équipe qui, dans chaque village, attire la population avec de la musique et des animations. Distribution de flyers mais surtout explications dans les trois langues utilisées à Mayotte : français, shimaoré, shibushi. Et, professionnalisme oblige, rapport détaillé au com-

manditaire sur l’impact du message publicitaire. La société va donc être baptisée « Mobi-Pub et coursier ». Chiffre d’affaires en 2007 : 17 900 euros. En 2008 : autour de 38 000 euros. Les premiers bénéfices - modestes - devraient tomber cette année. Mais, attention, les deux Kassim(e) n’ont pas dérogé à la règle : ils se paient pour l’instant 500 euros chacun, pas plus. à partir de mars, les deux gérants vont créer une autre société qui sera spécialisée dans l’organisation de cocktails, voulés et réceptions.

MOBI-PUB et coursier Tél. : 0639 65 28 33


Saveurs tropicales traiteur, une cuisine imaginative avec livraison à domicile Reine-Claude Perrot (baptisée… « Prune » par ses amis !) a posé ses valises à Mayotte il y a un an, suivant ainsi son nouvel amoureux, professeur de son état. Prune ne perd pas de temps : ne trouvant pas de terrain pour s’installer en tant qu’agricultrice, dopée par son BEPA agricole et surtout par ses innombrables heures à faire avec bonheur la cuisine pour des fêtes familiales, elle change son fusil d’épaule. Et décide de devenir traiteur, avec livraison à domicile. « Saveurs tropicales traiteur » est né. Après avoir fait son marché à Coconi ou à Koropa, elle s’enferme dans sa propre cuisine et, avec une débordante imagination, crée des salades et plats créoles, chinois, métropolitains, mahorais. Sans rien jeter : tout est prétexte à faire un plat. Même les graines de jacques qui ont un goût de châtaigne et avec lesquelles Prune confectionne des gratins. Puis, direction le collège de Koungou, son principal client pour l’instant : les menus de la semaine sont affichés tous les jeudis et les profs passent commande. 6 euros le plat ou la salade copieuse.

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Tout est livré en barquette chaque matin : les plats seront réchauffés au micro-ondes, les salades se gardent au frais dans le frigo. Pour l’instant, le nombre de clients est encore faible : 30 à 40 commandes par semaine. Mais Prune voit déjà plus grand : créer une spacieuse cuisine aux normes, s’attaquer à la clientèle des particuliers (particulièrement le week-end) habitant de Mamoudzou à Trévani. Les 4 200 euros d’aide attribués par la DTEFP (Direction du travail et de la formation professionnelle) via la Boutique de gestion - bienvenus comme pour « Mobi-Pub et coursier » - ne suffisent pas. Prune s’impatiente un peu devant le manque de réactions des banques à sa demande d’un prêt-relais de 10 000 euros.

Saveurs tropicales traiteur Tél. : 0639 68 16 00


Oser créer !

Concours Talents

Inscrivez-vous au

Vous avez créé votre entreprise ? Inscrivez-vous au 1er concours régional et national de la création d’entreprise Nom : Omar Boitcha Entreprise : De sa gloire Création : juin 2007 Activité : polyculture, élevage, ylang, vanille Tél. : 06 39 24 48 03

« Grâce au concours Talents, j’ai eu de nombreux clients. Il y a beaucoup de chasseurs de primes dans ce secteur bien subventionné mais on ne s’improvise pas agriculteur. »

Nom : Bakri Mohamad Entreprise : Fitness Culture Sport Création : septembre 2006 Activité : gymnastique et musculation à Labattoir Tél. : 06 39 65 25 25

« Un conseil : aimez ce que vous faites et ayez des connaissances dans votre domaine. Dans ce parcours du combattant qu’est la création d’entreprise, il faut avoir confiance en soi et être disponible.» Nom : Haloua Haribou

Entreprise : Traiteur Haribou Création : juillet 2007 Activité : plats à emporter, vule, cocktails, galas, basée à Mamoudzou Tél. : 06 39 69 61 04

Nom : Omar Mhadji Entreprise : Cuisibains Création : novembre 2007 Activité : artisan-menuisier en agencement intérieur, basé à Sada Tél. : 06 39 09 08 57

« Il faut du courage et être sérieux. Je dois être ponctuelle et rigoureuse. Il faut aimer son travail. Avant, j’étais à mon compte dans la menuiserie. Cela ne me plaisait pas : cela n’a pas marché.»

« L’obtention du prix spécial du jury 2008 catégorie Commerce et artisanat m’a permis de me faire connaître et de consolider ma trésorerie.»

Clôture des inscriptions

le 30 avril 2009

Pour vous informer : Boutique de Gestion de Mayotte - 12 rue Briqueterie Cavani Tél. : 0269 61 13 82 - mail : contact@bgmayotte.com - site : www.concours-talents.com


Ethnik, rue du Commerce à Mamoudzou, ou la passion de la mode Assise sur un haut tabouret, des lunettes fashion sur la tête, Fatima Ibrahim trône près de la caisse d’Ethnik, son magasin de vêtements qu’elle a complètement créé. De A à Z. Fatima adore le monde de la mode. Depuis toujours. Père comorien, mère malgache, Fatima, naturalisée française, a vécu des années en métropole. Lille, Paris, Metz… Arrivée en 1993 à Mayotte, elle enchaîne les jobs : caissière à Musada, assistante d’accueil à la Société immobilière de Mayotte…mais la mode lui trotte dans la tête. Une petite musique qui ne la quitte pas. Une boutique, située sur l’ex-Place du marché en plein centre de Mamoudzou, lui fait sauter le pas. Elle y restera un an : pas assez de passage, des gens qui traînent dans la rue, peu de vraies acheteuses. Elle aurait bien aimé aussi créer un joli banga à l’arrivée de la barge, avec des vêtements typiques de Mayotte (lambas…), des objets artisanaux. Le Comité du tourisme n’a pas donné suite…

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Fatima ne se satisfait pas de sa boutique « qui marchotte ». Elle part en métropole et arpente le Sentier, le royaume parisien des grossistes en vêtements, chaussures, bijoux fantaisie. Elle revient les valises bourrées, invite toutes ses copines et ses relations chez elle et déballe ses trésors, ses vêtements « classe » sans être luxe. Pour tester. Cibles : les mahoraises qui « veulent se mettre en valeur » dit-elle, et les métropolitaines. C’est décidé : elle va dès lors s’installer rue du Commerce, la seule rue - son nom n’est pas usurpé - vraiment commerçante de l’île. Fatima tombe sur une pépite, une véritable aubaine : une grande boutique en mauvais état mais sans

ETHNIK 58 rue du Commerce Tél. : 0269 61 98 11

fonds de commerce à racheter. Bail commercial signé, Fatima va tout faire refaire, sur fonds propres (10 000 euros) : fundi et architecte d’intérieur vont l’assister durant trois mois. Résultat : un beau magasin de vêtements femme/homme avec des marques telles que Best Mountain ou C and C confidential. Ouverture en mars 2008. Les premiers mois sont plutôt satisfaisants mais ce n’est pas gagné : les taxes douanières ajoutées au coût du transport font sacrément monter les étiquettes. Et pourtant, grâce à ses trouvailles, Fatima présente certains articles à des prix tout à fait compétitifs avec ceux de métropole (notamment de jolies sandales habillées). Déjà Fatima rêve d’un deuxième magasin en Petite-Terre.


Routba à M’tsapéré, un gîte pour tous, mais un contrat précaire Charly Farid ne risque pas d’avoir les deux pieds dans le même sabot. Le nombre de jobs différents qu’il a exercés est impressionnant. Instabilité ? Non, soif d’expériences. Muni d’une licence en administration des entreprises et du commerce décrochée à Tananarive et d’un an d’expérience comme responsable commercial et marketing chez Carambol éditions, Charly est arrivé il y a 7 ans à Mayotte. Conseiller de vente pour Marlboro (DGM), responsable marketing et événementiel chez Mayotte Affiche (Espace Pub), commercialisateur du Salon de l’Habitat et moteurs expo, responsable contentieux chez Parabole Mayotte, directeur de Mobi Discount… Outre son diplôme, il parle les trois langues utilisées à Mayotte. Un atout de plus !

Charly a donc roulé sa bosse et est arrivé à la conclusion qu’être payé avec un salaire fixe sans être intéressé au montant des ventes ne le motive plus. Il saute le pas et crée Charly, une SARL dotée d’un capital de 500 euros. Une avancée qui n’a été possible que parce que, depuis février 2008, il est Français : cet anjouanais a obtenu sa naturalisation en 20 mois. Un record. « C’est grâce à mon parcours professionnel, plutôt musclé, que je l’ai eue si facilement ». Son projet : gérer des chambres d’hôtes doublées d’un restaurant. Son accord - un bail précaire de trois ans - avec le propriétaire de Routba, située dans une rue calme de M’Tsapéré, ne lui convient pas. Charly espère bien que cet élu de Tsingoni modifiera son attitude quand il le verra à l’œuvre. Sur cet espace de près d’un demi-hectare, planté en son milieu d’un beau manguier, Charly décrasse, repeint, change les lavabos… 8 000 euros plus tard prélevés sur ses économies, en mai 2008, le lieu ouvre et attire Mahorais de passage et touristes. Tout n’est pas parfait : trois chambres sur huit nécessitent encore un bon coup de rénovation, le jardin mériterait d’être aménagé et deviendrait alors un vrai « plus »… Charly est revenu à la charge auprès du propriétaire : « C’est

simple. Je ne peux plus continuer à investir du temps et de l’argent si je n’ai pas un vrai bail commercial 3-6-9 ». Réponse négative. Le pro-

priétaire de Routba veut avoir les mains libres au cas où un projet immobilier pointerait son nez. C’est avec regret que Charly vient de décider de donner son préavis. En 2009, il sera en métropole pour une formation complémentaire. Mais, dès aujourd’hui, il a un nouveau projet d’entreprise dans la tête.

ROUTBA M’tsapéré Tél. : 0269 61 44 29


Avec Maoré Burger, le fast food spécialisé dans le hamburger est né « Mon projet était de monter un établisse-

ment de restauration rapide spécialisé dans la vente de hamburgers et de produits locaux de consommation », explique Yannick Hassan, le

créateur de Maoré Burger situé à Pamandzi. Durant l’été 2005, alors qu’il vivait en métropole, Yannick revient à Mayotte pour les vacances après deux ans d’absence sur l’île et également deux ans d’expérience dans la restauration rapide. Il réalise qu’il y a un manque d’établissements sur l’île de type fast-food. L’été 2006, avec un an d’expérience en plus dans ce secteur, Yannick revient, convaincu que la restauration rapide a sa place à Mayotte. Avec en poche une licence en gestion des entreprises et un caractère qu’il définit comme ambitieux et volontaire, Yannick connaît très bien Mayotte et compte dans son entourage plusieurs personnes qui selon lui sont susceptibles de l’aider à la réalisation de son projet. Il mise sur l’emplacement stratégique de Pamandzi, proche de l’aéroport et du collège.

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Début 2007, il disait : « Mon objectif est de ne

rien laisser au hasard pendant toute cette année 2007 car je voudrais ouvrir mon fast-food début 2008 ». Pari réussi. Et ça marche ! La

restauration rapide est surtout destinée à une clientèle qui consomme hors domicile et donc principalement le midi. à la carte, entre autre, voici ce que l’on peut choisir : double cheese, chicken burger, cheeseburger, mabawa, nuggets, frites, sodas, café. Les mesures de sécurité et d’hygiène ont été mises en place pour répondre aux normes de la profession. Le concept visuel est à la fois représentatif de Mayotte via des fabrications artisanales en décoration, et jeune car les 15-30 ans représentent 60 % de la clientèle potentielle.

En cuisine, à la caisse, en relation sur le terrain avec ses fournisseurs ou en salle pour recueillir l’avis des clients, Yannick est partout, toujours dynamique et polyvalent. « Je veux développer

mon restaurant au fur et à mesure, de manière à fidéliser et renouveler ma clientèle. Un objectif atteint ouvrant d’autres objectifs, je compte pourquoi pas - créer une chaîne de restauration rapide avec mon enseigne dans toute l’île. » Laurence de Susanne

MAORé BURGER 26 Boulevard Général de Gaulle à Pamandzi - Tél. : 0639 68 69 09


Formation continue Avec INFOMA, valorisez les forces vives de votre entreprise à mayotte Créé en juillet 2008, INFOMA vous offre un large éventail de formations professionnelles

I

nitiée par les services des ressources humaines, la formation continue offre aux salariés la possibilité de se former, se mettre à niveau, s’adapter et évoluer en compétences pour optimiser leur savoir-faire. Pour l’entreprise, c’est le gage de rester efficace et compétitive par son professionnalisme en veillant à maintenir et faire évoluer son personnel. INFOMA vous apporte l’expertise, le conseil et l’ingénierie pour construire votre programme de formation continue. Nos formateurs (issus du monde de l’entreprise) apportent expériences et expertises dans des domaines tels que : • Les ressources humaines • L’accueil, vente, négociation • Le marchandisage • Le secrétariat • Le management • L’efficacité personnelle • La communication • L’informatique, bureautique...

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Philippe Trohai, Chargé de mission de formation et Laëtitia Novello, gérante d’INFOMA.

Laëtita Novello,

Gérante d’INFOMA : « à Mayotte, notre offre couvre l’ensemble des thématiques liées à l’entreprise. Avec près de 100 formations interentreprises et intraentreprises, INFOMA accompagne les entreprises en matière de conseil et de formation professionnelle. Nos conseillers vous accompagnent afin de trouver la réponse à votre problématique. Nos formations interentreprises donnent au plus grand nombre la possibilité d’acquérir et de développer de nouvelles compétences. Si vos besoins sont plus spécifiques, nos conseillers conçoivent des solutions sur mesure, adaptées à vos objectifs, à votre secteur d’activité et à la culture de votre entreprise. Enfin, nous vous proposons également du coaching, pour une approche plus individualisée. Notre expérience et notre connaissance des spécificités culturelles mahoraises nous permettent d’agir à vos côtés, en nous fixant un objectif : valoriser les forces vives de votre entreprise. »


PUBLI-COMMUNIQUé

Rencontre

avec M. David Nagard, Secrétaire Général du groupe IBS, et Mwana Présentez-nous le Groupe IBS. - Le groupe IBS œuvre dans les secteurs de la fourniture de matières premières et de produits finis pour les métiers du Bâtiment et des Travaux Publics. Créée en 1996 par M. Théophane Narayanin, actuel Président Directeur Général du Groupe, INGENIERIE BETON SYSTEME (IBS) est une entreprise familiale exploitant un site de carrières aux abords du village de Kangani, commune de Koungou. L’activité première de la société consistait en l’extraction d’enrochement, la production de sables et de granulats divers, et la valorisation de matériaux. Rapidement, la production et la fourniture de bétons prêts à l’emploi furent associées à cette activité initiale. Notre groupe est subdivisé en quatre sociétés, la société IBS-sa qui assure la production et la fourniture de produits concassés (sables, granulats) et de bétons prêts à l’emploi, la société IBS-PREFA-BLOCS qui propose la production et la fourniture de Produits préfabriqués (parpaings, blocs), la société HANUMAN INDUSTRIE qui assure la fourniture de matériaux de construction en bois, et la société SOMACIM qui importe et conditionne du ciment (vrac ou sacs). En parallèle, le groupe inclut deux autres entités, les sociétés CAP-MAY et SANDAWANA qui gèrent à la location un patrimoine immobilier qui leur est propre. Le groupe IBS, c’est aujourd’hui 150 salariés qui œuvrent chaque jour à l’essor de nos sociétés à Mayotte.

Des projets de développement ? - Depuis 1996, le Président Directeur Général du Groupe a toujours cru en la potentialité du marché mahorais. 2007 fut l’année de la réalisation de notre unité de Préfabrication (IBS – PREFA-BLOCS). En 2008, nous avons validé la mise en production d’une unité d’ensachage et de palettisation de ciment à Longoni (SOMACIM). Une année, un projet ! à compter du second trimestre 2009, MAYOTTE ARMATURES INDUSTRIE verra le jour sur la ZI Vallée III à Longoni, et assurera la production et la vente d’armatures métalliques et de treillis soudés. Une industrie innovante, à la pointe des nouvelles technologies, qui assurera pour les entreprises et les artisans mahorais la fourniture continue de matériaux de construction standards ou spécifiques (sur mesures) répondant aux normes françaises et européennes. Un atout dans le cadre du développement local des métiers du BTP.

Des nouveaux locaux ? - Oui, après de longues démarches, nous avons pu obtenir de l’administration le permis de construire nous permettant d’édifier notre nouveau siège sur notre site d’exploitation de Kangani. Un investissement conséquent mais nécessaire à l’égard de notre devoir envers l’ensemble de nos collaborateurs qui maintenant bénéficient de conditions de travail irréprochables en terme d’hygiène et de sécurité. Un atout aussi en terme d’image dans un marché concurrentiel au sein duquel nous sommes confrontés à de grandes entreprises multinationales.

Mais qui est Mwana ? - C’est le nom donné par le PDG du Groupe à notre mascotte qui nous accompagne depuis deux ans maintenant. Dorénavant, c’est Mwana qui « représentera » le Groupe dans nos relations avec notre clientèle, nos fournisseurs et les institutions administratives et financières locales. à compter du 10 janvier 2009, vous pourrez même lui adresser un mail !

Retrouvez-nous sur

www.ibs-groupe.fr

à compter du 10 janvier 2009


groupe ibs INGENIERIE BETON SYSTEME (IBS) Sables, Graviers, GNT, Enrochements

INGENIERIE BETON SYSTEME (IBS) Bétons Prêts à l’Emploi, Bétons spéciaux

IBS - PREFA-BLOCS Parpaings, Blocs, Blocs US, Hourdis, Pavés, Bordures, Dallettes, Paverbes

SOMACIM Ciments en sacs, Ciment vrac

HANUMAN INDUSTRIE Maisons Bois

GROUPE IBS

Carrière de KANGANI 97690 KOUNGOU Téléphone : 02.69.61.15.50 - Télécopie : 02.69.61.15.60


Tradition mahoraise Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es Rédaction : Ma’Jo - Photos : Stéphanie Légeron

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N

otre promenade dans la tradition mahoraise vous plaît ? Après les plaisirs de la plage, laissons-nous prendre au

jeu du « Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es », car comme l’a dit Jacques Ferron : « C’est l’architecture qui exprime d’abord une civilisation ». La vie mahoraise s’expose, explose, défile sous nos yeux. Pourtant nous ne pouvons pas toujours l’interpréter, par ignorance, parfois par méconnaissance. Les apparences sont souvent trompeuses. Ce qui est une évidence pour le Mahorais paraît souvent étrange au non initié, à l’étranger. Il faut savoir prendre le temps d’en connaître les codes et leurs causes pour comprendre et éventuellement être plus tolérant ! Alors flânons ensemble dans les ruelles des villages de Mayotte. Pas d’inquiétudes, Petit Poucet flâneur, j’ai semé notre route des observations de Sophie

Blanchy-Daurel extraites de son interprétation culturelle de La vie quotidienne à Mayotte, pour nous éclairer sur les codes si nécessaire. Délectons-nous de cette promenade qui nous mènera vers l’habitat mahorais. Comme nous le précise, Sophie Blanchy-Daurel, « les habi-

tants de Mayotte sont groupés en village (il n’y a pas d’habitations isolées) et cet habitat définit deux espaces… un espace village-humain et un espace-brousse, non humain ». Le village

est souvent né en bord de mer ou non loin d’une rivière pour joindre l’utile alimentaire à l’agréable et précieux apport de l’eau courante.

à Mayotte, les couleurs ornent les maisons, surtout depuis l’arrivée des cases SIM en 1978. Mais faisons tomber les barrières et ne nous arrêtons pas aux façades. Pénétrons au cœur de ce qui fait le village. Karibu dagoni ! (Bienvenue à la maison !)


Le premier maire de Tsingoni, Zoubert, témoigne dans l’ouvrage présenté en 2007 par la Direction des Archives Départementales intitulé Réalisations publiques et paysages 1979-2006 : « Avant, presque tout le monde

vivait dans les maisons traditionnelles faites en végétaux avec deux pièces, la cour, la cuisine dans la cour… Puis il y a eu la SIM (créée en 1977) , avec une équipe très dynamique. Ils ont engagé un programme (en 1978). La priorité, c’était le locatif pour les fonctionnaires. Il fallait les loger. Cela a donné le quartier des 100 Villas qui a été rénové depuis. En Petite Terre, il y avait les cases Tomi : des maisons préfabriquées à La Réunion qui étaient en bois, et qui abritaient les fonctionnaires.

Après on a commencé l’opération « habitat social » qui s’est basée sur les maisons traditionnelles, avec deux pièces, une cour, la cuisine dehors, sauf que c’était des briques et non plus de la terre battue. Des mauvaises langues disaient que c’était trop petit. Mais pour les gens qui avaient cette maison, c’était une fierté ». Vous

les voyez en roulant à toute vitesse, en faisant votre footing ou en contemplant tout simplement. Que le village soit au centre, en bord de mer, à flanc de coteau, vous verrez forcément ces couleurs qui parent le paysage, rient aux éclats, dévoilent de grands yeux d’enfants qui lancent des bonjours parfois moqueurs mais toujours souriants : bleu, rose, jaune, vert, blanc, violet, orange...

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« Sur le banga figurent des messages picturaux ou écrits, agressifs ou naïfs pour attirer les filles (...). Pour marquer le passage de l’adolescence à la puberté, après les rites de circoncision, le jeune adolescent mahorais va quitter sa famille et construire sa propre case pour s’exercer à l’apprentissage de l’autonomie, pour flirter et vivre les prémices de sa vie d’adulte. » Extrait du livre Le Banga de Mayotte comme rite de passage de Josy Cassagnaud.



Hodina ? Puis-je entrer ? Lorsque l’on arrive d’une grande ville aux murs et aux ciels gris, sans possibilité de fouler le gazon, car non autorisé, de grimper aux arbres, à Mayotte nos sens s’amusent et apprécient les couleurs des maisons qui égaient la vie, même le temps d’un sourire. Nous sommes plusieurs à avoir soupiré de plaisir « Que c’est joli ! » en les découvrant. Regardez-le de loin ce village, comme dans tous ceux que vous traverserez, « les axes de circulation révèlent trois niveaux

de relations : familiales, voisinages, villageoise … La plage en bas, les champs vers le haut sont les extensions du village, espaces marqués entre le village et les espaces sauvages non maîtrisés dans le cadre de la vie quotidienne : la mer, la brousse, la forêt » (extrait du livre de S. Blanchy-Daurel, La vie quoti-

dienne à Mayotte). Mais attention, on n’entre

pas dans une maison à Mayotte, comme dans un moulin ! Je vous sens dubitatif ? Dans les authentiques maisons traditionnelles mahoraises, c’est comme au théâtre : il y a le côté cour et le côté jardin ! Savoir le pourquoi ? Veillons à ne pas nous tromper d’entrée...en matière. Il faut comprendre la logique du Nyamba, la maison traditionnelle, pour ne pas faire d’impair. Deux pièces : la première est ouverte sur la rue et réservée à l’homme. Elle lui permet d’y accueillir ses convives. C’est aussi la pièce où dormiront les enfants. Vous y accéderez par la terrasse en ayant pris soin de vous annoncer par un poli « Hodina » (Puis-je entrer ?). La deuxième pièce, ouverte à l’arrière de la maison, sur la cour, est la pièce de la femme… La pièce de la femme est aussi un lieu très privé, le lieu de la rencontre sexuelle. En revanche les parentes et les amies y sont facilement admises par l’épouse.


Bouyouni, village côtier situé à l’ouest du port de Longoni. « Le village mahorais est souvent établi sur un site côtier (...). La mer était il y a encore peu de temps la seule voie de communication. La pêche procure un complément d’alimentation aux agriculteurs. » Extrait du livre La vie quotidienne à Mayotte de Sophy Blanchy-Daurel.

Le « sésame ouvre-toi » du savoir-vivre mahorais Une terrasse permet d’accueillir, sur de grandes nattes, voisines, copines, mères ou filles, pour discuter tranquillement, non visibles de la rue, pour préserver leurs secrets de femme, broder, coudre, se faire belle. On y prend aussi les repas en famille. Les amies ou confidentes peuvent être invitées à venir s’asseoir sur le lit. On en profite pour montrer la mesure de l’amour du mari à la richesse des parures du lit !

à chacune de ces habitations. Les fruits souvent par esprit « musada » (solidarité) permettent d’offrir à celui qui en a besoin. La nature propose, l’homme en dispose intelligemment ! Les espaces clôturés sont en tôles, en feuilles de coco tressées pour distinguer « chez toi » de « chez moi », en tissu ou encore en fibres synthétiques pour délimiter l’intimité nécessaire de l’espace sanitaire.

Côté cour arrière : le manioc, le maïs, les papayes, le nécessaire à « putu » , « romazava », « mataba » et autres « bata-bata » (plats traditionnels), la réserve d’eau ou le puits aussi. Comme dans bien des cultures, on n’expose pas le fond de ses casseroles au vu et au su de tout le monde ! Les secrets de beauté restant dans la famille, le jasmin y est aussi. Côté cour avant : à l’avant, les fleurs donnent son cachet

Voilà donc le « sésame ouvre-toi ! » du savoirvivre mahorais. L’ignorant risque de rester face à une maison faussement close. Et oui, l’habitant de Mayotte a le sens de l’hospitalité. Par respect pour vous qui n’êtes pas du terroir, il a prévu dans sa maison l’agréable à votre arrivée tout en préservant à l’arrière son originalité culturelle qui pourrait heurter votre sensibilité. Mais les temps changent et les maisons aussi !

Habitations dans les hauteurs de M’tsapéré

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Vue aérienne de Cavani-Mamoudzou. Au large, l’îlot Bouzi



« Les coûts et les couleurs, ça ne se dispute pas ! » « Quand je suis revenu en 1986, Mayotte avait beaucoup changé, les maisons aussi, témoi-

gne un habitant de Chirongui de 53 ans dans

Réalisations publiques et paysages 1979-2006. (...) Avant nos maisons étaient en terre battue…C’était des « banga bangas ». Mais à mon retour, il y avait des maisons en dur. Pour tout le monde ou presque. Les gens n’avaient pas les moyens… » Le statut et l’image familiale prenaient une nouvelle forme. Les nouveaux propriétaires étaient nés. Pour comprendre l’émotion de ces années-là il eut fallu que vous puissiez interroger un rescapé de 20 ans d’un deux pièces pour cinq en H.L.M ayant enfin accès à un pavillon !

Observez les alentours proches de la mosquée au début de la voie principale et vous découvrirez le domaine des fondateurs du village qui ont une place centrale dans le jeu social et les maisons en parpaing ou en béton. Dans les années 1980, les plus ingénieux et surtout ceux qui en avaient les moyens, s’improvisèrent bâtisseurs pour construire de leurs mains des maisons « modernes ». Plus les maisons se construisaient, plus les plages se dénudaient de leur beau sable doré… Quelques années plus tard ce sable crache encore toute sa colère dans les maisons ainsi bâties ! Toutefois, il faut reconnaître qu’elles permirent à certains d’appréhender autrement le « dagoni ! ». Le toit des maisons se fit terrasse où pouvait courir le jasmin, sécher le manioc, le poisson et même la lessive. Levez la tête. Vous verrez encore des frères et sœurs, voisins ou cousins cueillir le jasmin pour leur mère, en s’amusant, heureux d’être plus près du ciel que vous ! Les plus beaux levers et couchers de soleil et de lune viennent y iriser ces témoins volontaires de ce miracle enchanteur ! Chirongui, une commune haute en couleur !

Les réunions de l’espace public, le bord de mer, le marché, la place du village et l’arbre à palabres se déplacèrent dans ces intérieurs lorsque la télévision y trouva sa place avec son lot de « Marimar » et de « Feux de l’amour » à ne rater sous aucun prétexte. Les cours rieuses et généreuses sont-elles en voie de disparition ? Certaines maisons ont fierté à vous montrer le « deux pièces » d’origine devenu « 5/7 pièces » avec ou sans étage. Alors évidemment la tendance qui veut que pour être dans le ton, il faille une grosse maison, fait sacrifier les saveurs et parfums des cours au profit du garage pour le 4x4 et le bateau qui va avec l’image ! La terrasse avant est de plus en plus la vitrine du statut social de la maison. Elle permet d’y montrer que l’on peut recevoir du « beau monde », s’offrir un traiteur ou du personnel et afficher le mobilier chic. Mais il faut commencer à être un géant pour prétendre l’observer. Admirer ou apprécier le détail de certaines façades, vu l’imposante nouvelle hauteur des murs en bétons devient une performance ! La hauteur et l’épaisseur des murs sont souvent proportionnelles à la fortune personnelle que l’on veut suggérer !

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Les temps changent Ces maisons ne sont pas que de simples cases, mais sources d’histoires qui révèlent et font l’Histoire de Mayotte. Observez bien. Chaque style de maison révèle un quartier, une vie, un statut, une réussite ou un échec ! Les maisons permettent d’exprimer le niveau social de ses habitants et même ses choix culturels. à Mamoudzou, passez de la rue du Commerce à la rue de l’Hôpital, de la rocade à proximité de la pointe Mahabou à l’entrée de Cavani. Continuez votre route dans « Cavani-Mamoudzou ». Retournez vers Majicavo, pénétrez à « Dubaï ». Si vous passez en Petite Terre, marchez rue des Jardins, remontez à la Vigie, perdez-vous dans Sandravangue, circulez à Labattoir, déambulez aux « décasés », sur la route des Badamiers ou hissez-vous au-dessus de Four à

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Lotissement les Trois Vallées à Majicavo-Lamir

chaud. Peut-être trouverez-vous plus facilement l’authentique « Nyamba » dans les villages. Mais là aussi la modernité gagne du terrain et ronge les cours pour laisser libre cours à l’étalage des capacités financières. Mosaïque de couleurs et de formes, fragiles tours de Pise ou cases en bois, cases « deux tôles », maisons de sable ou de parpaings encore nus. Regardez-les ! Qu’elles se battent pour rester comme avant par goût ou par nécessité, qu’elles s’érigent fièrement ou par simple désir de rendement, qu’elles s’autorisent tous les excès, qu’elles soient graciles ou gracieuses, regardez comme les maisons de Mayotte explosent souvent de couleurs. Même en plein bidonville, certaines se laissent couvrir de fleurs dont les teintes


ravivent les façades. Alors bleu, rose, jaune, vert, blanc, orange, violet, l’habitat de Mayotte embaume les cœurs avec toutes ses couleurs. Ne m’en voulez pas d’insister : l’habitat à Mayotte ne s’explique pas, il se vit, s’apprécie car son bouquet de saveurs est bien encore une fois la preuve qu’à Mayotte on a le goût de la beauté. C’est à vous de voir ! Moi, ces petites maisons, je les aime beaucoup !!!! Ma’Jo

Case à Vahibe


Congrès de la Fédération des EPL d’Outre-mer les 17 et 18 novembre 2008 à Mayotte


Au centre des priorités de la SIM et de ses partenaires, opérateurs ultra-marins ou métropolitains la production de logements sociaux

Au coeur de notre démarche un habitat pérenne respectueux des attentes et des usages mahorais

Inauguration le 14 octobre 2008 du premier LATS à Mayotte

Société Anonyme d’économie Mixte Place Mariage - B.P. 91 - 97600 Mamoudzou - Mayotte Tél. : 0269 61 11 13 - E-mail : sim@sim-mayotte.fr


PUBLI-COMMUNIQUé

Les défis du SMIAM 2009-2016 Autour de l’école, le SMIAM assure la poursuite de l’aménagement Mayotte et la réalisation d’investissements publics dans les communes.

de

Nos missions • Construire des écoles primaires et maternelles • Construire des équipements sportifs

Maternelle de Tsimkoura

Programme 2009-2016

• Réhabiliter, mettre aux normes et restructurer les écoles anciennes

Constructions scolaires du 1er degré*

• Acquérir et aménager des terrains

Programme de base

Primaire de Dembéni

des écoles élémentaires

• 274 salles de classe • 75 millions d’euros Plateau de Kani-Kéli

Nos objectifs • Résorber le déficit en matière de salle de classe • Offrir aux enseignants et aux élèves un espace pédagogique respectant les règles de confort, d’hygiène et de sécurité • Doter chaque village d’un équipement sportif • Maîtriser les coûts et les délais de réalisation * chiffres prévisionnels

Programme complémentaire des écoles élémentaires

• 174 salles de classe • 45 millions d’euros

La généralisation des écoles maternelles

• 252 salles de classe • 80 millions d’euros

Restructuration et mise aux normes des écoles

• 17 communes de Mayotte • Estimation : 4 millions d’euros par an Crédit photos : Isabelle Bonillo


Interview Mustoihi Mari

Directeur des opérations du Syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte Mayotte magazine - Quelles sont vos missions ?

Mustoihi Mari : - La Direction des Opérations comprend trois services. Le premier, dirigé par Saandani Abdou, gère les constructions scolaires neuves aussi bien en études qu’en travaux. Le second, dirigé par Soibahaddine Dahalani, est chargé des équipements sportifs comprenant les réfections, les études et les travaux. Le troisième enfin, dont j’ai la responsabilité, réhabilite et met aux normes les écoles. Nous avons à conduire l’ensemble des projets depuis leur conception jusqu’à leur livraison. Nous travaillons avec de nombreux partenaires, techniques et institutionnels. Les premiers sont les maîtres d’oeuvre, les architectes, les bureaux d’étude et de contrôle, les géotechniciens et géomètres, les PME du BTP... Les institutions avec lesquelles nous travaillons en étroite collaboration sont bien sûr les communes, la CDM, l’état à travers le Vice-Rectorat et la Préfecture, mais aussi notamment la DASS, la DE, la DAF et le SIEAM. Avec la nouvelle équipe, de nouvelles missions ont été intégrées dans les opérations : il s’agit des missions SPS (Sécurité, prévention et santé) et OPC (Ordonnancement, pilotage et coordination). Mayotte magazine - Quelles sont les principales difficultés ?

Mustoihi Mari : - Nous rencontrons de nombreuses difficultés dans la mise en oeuvre des opérations. En particulier au niveau des coûts et les délais.

Nous ne disposons pas des outils nécessaires pour maîtriser les coûts : nous ne contrôlons pas la hausse des prix des matériaux, les évolutions réglementaires sont de plus en plus strictes, les petites entreprises de Mayotte sont limitées en terme de moyens techniques... Nos opérations se chiffrent en moyenne entre 1 000 et 1 500 euros par m de surface utile. Le prix des opérations (hors acquisitions foncières) a beaucoup augmenté. à titre d’exemple, un T18 (18 salles de classe) livré à MajicavoKoropa en 2001 coûtait 1,4 millions d’euros. Deux ans plus tard, un T10 à Boboka coûtait 1,1 millions d’euros. Aujourd’hui, le T8 de M’tsahara plage en phase de démarrage de travaux est évalué à environ 2,5 millions d’euros ! Concernant les délais, la saison des pluies est très pénalisante pour le démarrage des travaux. Nous avons six chantiers à livrer en septembre, mais les intempéries retardent les projets. Mayotte magazine - Le SMIAM a-t-il vocation à rééquilibrer les équipements au niveau du territoire ?

Mustoihi Mari : - Toutes nos écoles, à Mamoudzou comme ailleurs, ont le même niveau de prestations et de confort : salles carrelées, brasseurs d’air, éclairage, dégagements réglementaires... Nous répondons à la demande d’équipements du Vice-Rectorat et nous profitons de cette occasion pour rééquilibrer les équipements entre les différentes communes de Mayotte.

L’école notre Avenir, le sport notre épanouissement 1 rue de l’Hôpital à Mamoudzou - tél 0269 61 12 58 - fax 0269 61 12 70

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Escapade dans l’île

M’tsamboro

plongée au cœur d’une commune bien sucrée Située au nord-ouest de Mayotte, M’tsamboro hérite d’une histoire royale passionnante et « sucrée » en raison du mythe entretenu autour de ses oranges juteuses. Rédaction : Madi Abdou N’tro Photos : Stéphanie Légeron


E

n visitant les trois villages de cette commune, vous êtes happés par le spectacle de ses plages aux sables dorés et de ses îlots enchanteurs. Voyage au cœur des terres de sa majesté Mwalimu Boro, cet ancien roi, originaire du continent africain venu « enfanter Mtsamboro au XVè siècle. »

Comme à leur habitude durant la période de kashkazi, les habitants de la commune se lèvent les pieds dans l’eau, et parfois dans la boue. Kashkazi, c’est la saison des pluies ou l’hiver austral à Mayotte. Cette saison précède kusi ou l’été austral. « En apportant de l’eau,

kashkazi soulage le corps des hommes et nos champs. Elle revitalise nos terres agricoles restées sèches plusieurs mois de l’année », se satisfait un paysan du village de M’tsamboro.

Mwalimu Boro fut le premier roi à

séjourner sur ces terres Située au nord-ouest de Mayotte, la commune de M’tsamboro hérite son nom de ses ancêtres et de son histoire. Au XVè siècle, un certain Mwalimu Boro, roi venu d’Afrique, a choisi d’installer sa famille dans cette partie du territoire. D’après Hbh Kamardine, un citoyen averti du village, « Mwalimu M’Boro fut

le premier roi à séjourner sur ces terres. Et il paraît même que c’est lui qui donna le nom de M’tsamboro. » Rastami Spelo, Président de l’association SHIME apporte une précision étymologique : « le

nom Mtsamboro vient du terme « m’tsanga » qui signifie « sable » en shimaoré, en référence à la proximité du village avec ses plages, tandis que « Boro » vient du nom de son roi Mwalimu Boro. Nous avons « M’tsanga-Boro », comprenez donc M’tsamboro. »

M’tsamboro brille par la richesse

de ses structures associatives aux noms sucrés...

« Quand on pense à M’tsamboro, on pense au sucre » fait remarquer le jeune Kamardine. « D’ailleurs, se targue t-il, cette affirmation est

démontrée par la connotation sucrée des noms des nombreuses équipes et associations qui existent dans la commune : citons en exemple Abeilles de M’tsamboro, l’équipe de football du village ; Mroguizi (qui signifie « la rivière sucrée »), l’orchestre de musique de la danse des hanches ; l’association des Oranges et de la Confiture et enfin le festival « 100% pur Jus » d’Hamjago. »

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Depuis une dizaine d’années, la commune a connu un développement effréné des arts culturels. Par exemple, l’association Shime (terme qui désigne le courage en swahili) a été créée en 1998. « Shime, c’est l’apprentissage du

SHImaoré MEthodique. Cette association a pour vocation de sauvegarder et de promouvoir les langues locales » précise son Président.

C’est aussi dans la commune que l’on retrouve les plus talentueuses associations de deba de Mayotte. Le deba est une danse traditionnelle réservée aux femmes pendant laquelle cellesci psalmodient des versets du coran. L’an dernier, à l’occasion du premier Festival des Orientales organisé par le Conseil général de Mayotte, c’est une association du village d’Hamjago, Madarasati nidhoimia (ce qui signifie « la paix dans l’âme ») qui a été sélectionnée par un jury professionnel pour représenter Mayotte lors d’une tournée en métropole. Par ailleurs, en volley-ball, l’association Zamfi est championne de Mayotte, et

ce depuis plus d’une décennie. C’est encore à Hamjago que l’on trouve l’association de danse religieuse Maoulida shengue, l’une des plus dynamiques du territoire. Elle s’appelle Nabi Abibatul soit « l’envoyé de Dieu » en arabe. « Créée il y a une vingtaine d’années,

Nabi Abibatul se bat pour la préservation de cet art ancestral qui consiste à chanter le prophète », précise Saïd Salim dit « Aimouss », l’un des représentants de cette association religieuse.

C’est enfin dans ce même village que se sont révélés des artistes exemplaires à l’image de Babadi, le rastaman engagé, ou du mélomane Abdullah Mikidadi alias Big, l’enfant terrible d’Hamjago qui a lancé il y a une dizaine d’années le festival de musique « 100% Pur Jus ». Après deux années sans scène, Big annonce que « le festival 100% pur Jus sera programmé, cette

fois-ci, dans la commune de M’tsangamouji, au mois d’août 2009 ».

Les danseuses d’Ambiance Mawa, association de M’biwi de M’tsahara. L’équipe au complet compte 27 femmes !


M’tsamboro la religieuse émancipée Selon le dernier recensement de l’Insee Mayotte, le village du chef-lieu est peuplé de 2 872 personnes. Ses habitants sont de fervents pratiquants de l’islam. M’tsamboro compte trois grands madrassas, c’est-à-dire des écoles coraniques modernes. Cette religiosité est accompagnée d’une forte imprégnation des Twariqa (ce sont les gardiens des chants religieux comme le Dahira et le Mulidi, danses religieuses traditionnelles pour les hommes). Depuis 2004, les villageois ont décidé de lancer la construction de la quatrième plus grande mosquée de l’île, avec un minaret haut de 30 mètres, dominant le village. En haut : au premier plan M’tsahara, au second plan Hamjago et au fond M’tsamboro. Ci-contre : mosquée en construction

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M’tsamboro et sa magnifique plage de Mtsanga Tsoha, signifiant « la plage où il y a de la chaux de corail »


M’tsahara la laborieuse Lors du dernier recensement, 2 251 personnes vivaient à M’tsahara. Les habitants de ce village ont une réputation de travailleurs. à titre d’exemple, les hommes y sont réputés comme étant d’excellents pêcheurs. Les femmes sont tout autant actives, oeuvrant notamment au sein des associations de deba. à chaque période de vacance scolaire, elles organisent des journées culturelles sur la place publique, près de la coopérative du village. Au programme aujourd’hui, un concours de gastronomie mahoraise avec dégustation et le concours de mister et miss M’tsahara. Comme chaque soir, la population du nord se rend dans ce village, non loin de Handréma, pour goûter aux poissons fraîchement pêchés.


Hamjago la talentueuse Hamjago compte 1 794 habitants. Les hommes préservent les traditions ancestrales telle que le maoulida shengue (danse religieuse traditionnelle permettant d’entrer en transe avec Dieu). Enfin, dans ce village à la beauté malgache, le tourisme culinaire a pris son essor depuis le lancement par Mme Reza du restaurant Le Choisil. Situé au milieu du village avec une vue imprenable sur l’îlot M’tsamboro, ce restaurant a ouvert ses portes le 12 juillet 1998 (le jour où la France gagnait la Coupe du monde de football). Ouvert 7/7, sa clientèle est essentiellement métropolitaine et touristique.

En haut : plage du restaurant Le Choisil Ci-contre : vue de Hamjago

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Témoignage de Kamardine Ahamada, le 1er Maire de la commune de M’tsamboro Ancien militaire de l’armée française, Kamardine Ahamada fut le premier maire de la commune de M’tsamboro. Il a été nommé (et non élu) le 3 août 1977 « car à l’époque j’étais

celui qui avait reçu une éducation plus avancée que d’autres pour occuper cette fonction », explique t-il. « Avant la prise de cette fonction, j’étais chef de canton, du 26 février 1967 au 3 août 1977. à ce moment-là, le canton comprenait les villages de M’tsamboro, de Hamjago, de M’tsahara et de Handréma. Après le redécoupage de la carte électorale en 1983, le village de Handréma fût alors rattaché à la commune de Bandraboua. » âgé de 66 ans aujourd’hui, Kamardine Ahamada estime que les autorités locales doivent redoubler d’efforts pour « construire des écoles modernes, des

équipements culturels de qualité et donner à nos enfants la possibilité de découvrir les nouvelles technologies de l’information et de la communication. » Madi Abdou N’Tro

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Regards sur l’histoire de M’tsamboro M’tsamboro est la ville historique mahoraise qui témoigne de la modernité et d’une spécificité de culture de frange. Au même titre que la culture Dembeni, M’tsamboro se caractérise par le renouveau urbain du moyen âge, avec l’avènement du sultanat. Pour avoir une comparaison il faut aller voir la medina de Domoni et de Mutsamudu qui ont échappé aux destructions qu’à connu M’tsamboro en 1792. Saccages causés par les Betsimisaraka venus de la grande Ile malgache. M’tsamboro constitue le métissage par excellence avec une medina centrale, Mju Kura, entourée de faubourgs, car le sultanat est organisé en ville de pouvoir au centre de laquelle il y a la mosquée historique reliée au palais royal de Mwalimu Boro par un tunnel (Jojo). Ce métissage architectural, afro-bantou, malgache et arabo-shirazi, se retrouve aussi par la présence de toutes ces populations qui s’allient selon les règles coutumières de fatidra et de ziva. Le fatidra est la fratrie de sang, une cérémonie coutumière qui permet de sceller des liens familiaux et patrimoniaux, y compris le sultanat, patrimoine du sultan qui peut faire l’objet d’échanges de type commercial. Le ziva est une alliance interethnique aux mêmes fins mais que l’on réalise pour se prémunir contre les guerres et le servage. Les zivas forment des jumelages. La toponymie de M’tsamboro aurait deux explications polysémiques mettant en évidence soit son origine afraicaine soit son origine arabe.

îlot de sable blanc du nord (à droite et double page suivante)





Selon les partisans de la branche africaine et bantoue, l’appellation « M’tsamboro » provient d’une ethnie guerrière est-africaine appellée shambola. Au pluriel, il s’agit des wanzambora (d’où M’tsamboro). Ces populations ont été réduites en esclavage dès le VIIIè siècle de notre ère. Selon l’amiral turc Piri Reis, elles étaient ensuite vendues dans les pays du golf persique (Jeddah ou la Mecque). M’tsamboro a ainsi l’image de la ville des esclaves. Les habitants d’Anjouan et de Grande Comore ont tendance à véhiculer cette hypothèse à des fins politiques et pour asseoir leur hégémonie sur l’île de Mayotte qu’ils ont combattu à plusieurs reprises dans l’histoire récente et ancienne.

Le nom « M’tsamboro » a deux origines possibles

:

africaine ou arabe

Selon les partisans de la branche arabo-shirazi, M’tsamboro s’explique par le nom du premier sultan qui se nommait Mwalimu Boro. Ce sultan cumulait les fonctions politique, économique et religieuse. Son palais communiquait avec la mosquée par un tunnel spécial aménagé pour des raisons de sécurité. Ce sultan avait fortifié la ville ancienne comme l’était toute la medina. Aujourd’hui les archéologues ont mis en évidence les traces des murailles anciennes, l’ancienne mosquée et le tunnel. Les descendants de Mwalimi Boro résidèrent à Tsingoni, M’tsapéré, Sada et M’zouazia, qui constituent la chaîne des villes de commandement, les villes des sharifs, descendants directs du prophète de l’islam. Dans sa période héroïque M’tsamboro donnait les canons et les règles de bonne conduite. Le sultan érigeait les lois du territoire.

Ville mythique, M’tsamboro constitue une étape importante à plusieurs titres. Tout d’abord à travers le changement de modèle de gouvernement qui devint territorial : Mwalimu Boro unifia toutes les villes pour constituer le sultanat de Mayotte dès 1441 (soit l’an 844 de l’hégire). M’tsamboro est la première capitale de Mayotte moderne avec une ville entièrement bâtie sur pierres et fortifiée. Ce renouveau urbain intervint au moment où une aristocratie arabo-persane qui avait des alliances avec le sultanat d’Oman, commandée depuis Hadramount (Yémen), prend les destinées du pays. Le premier de ces sultans s’appellait Mohamed Ben Haïssa. Cependant les sultans venus d’Hadramount étaient soumis aux règles de matrilocalité1 et de matrilinéarité2. Le prétendant au trône d’origine arabe, en plus de ses richesses économiques et de son savoir coranique, devait prendre pour épouse une mahoraise de souche. En effet, selon les règles en vigueur c’est la mère qui transmettait le pouvoir et son mari, le sultan, n’en était que le dépositaire. Il ne pouvait en disposer. M’tsamboro garde également le leadership dans la tradition coranique qui a diffusé à Tsingoni et à M’tsapéré la religion et la confrérie qadiriya pratiquant le mulidi. Aujourd’hui M’tsamboro est toujours la gardienne d’une forte tradition musulmane du Nord de Mayotte au sud de Saziley. Ali Saïd Attoumani Directeur des Affaires Culturelles du Conseil général de Mayotte

Matrilocal : se dit du mode de résidence d’un couple, dans lequel l’époux vient habiter dans la famille de sa femme

1

Matrilinéaire : se dit d’un mode de filiation dans lequel seule l’ascendance par les femmes est prise en compte pour la transmission du nom, des statuts, de l’appartenance à une unité sociale et pour le choix du groupe dans lequel on doit se marier

2


Le saviez-vous ? L’îlot le plus proche de la côte s’appelle «Malandza mia ya tsini» et le second îlot (à droite) s’appelle «Malandza mia ya ju». Ces deux îlots forment «Malandza mia», qui vient du swahli et signifie « cent oranges ». Ce n’est pourtant pas sur ces deux petits îlots que l’on produit des oranges mais sur le grand îlot de M’tsamboro.

La légende de la rivière sucrée Parmi les travailleurs de l’usine sucrière de Dzoumogné se trouvaient des habitants du village de M’tsamboro. Un beau jour, alors que le mulidi wa mbego1 approchait, le planteur de l’usine de Dzoumogné promis au chef de M’tsamboro d’offrir du sucre aux habitants du village afin qu’ils puissent préparer de petits gâteaux à cette occasion. Plus la date du mulidi approchait, plus les habitants se demandaient quand le planteur leur offrirait le sucre. Un jour, le chef réunit tous le village sur la place publique munadzi gori, soit « le cocotier tordu », pour discuter de l’organisation du mulidi wa mbego. « Et le sucre ? », s’enquit un habitant. En l’absence du sucre du planteur, le chef lui répondit : 1

danse traditionnelle masculine qui se danse assis

«Je t’envoie demander à ma femme de te donner du sucre. » L’habitant revint de la maison du chef avec une faible quantité de sucre. « C’est tout ? », interrogèrent les habitants. « Au mulidi, chaque maison doit avoir du sucre pour faire des gâteaux », protestèrent-ils. « Je sais ce qu’il faut faire, nous allons le partager tous ensemble », dit le chef. Il se dirigea vers la rivière, suivi par tous les hommes du village et déversa le sucre en amont de la rivière. Puis ils s’en retournèrent tous au village. Or, le sucre se déposa dans le fond de la rivière. Il fallut attendre le kashkazi (la saison des pluies) pour que le courant emporte le sucre vers le lagon et l’îlot de M’tsamboro. C’est alors que cet îlot devint sucré et que l’on y produisit de belles oranges. Rastami Soumaila Président de l’association SHIME

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En 2009, Mayotte Magazine vous propose de partir dans chaque

Histoire

Rédaction : Chamsdine Bin Ali Kordjee

L’histoire du

peuplement de Mayotte Chamsdine Bin Ali Kordjee

N

ombre de thèmes sur les îles du SudOuest de l’océan Indien suscitent à l’heure actuelle un débat non seulement au sein des étudiants et chercheurs s’intéressant à cette partie du globe, en quête d’éléments que ne peut leur livrer la littérature écrite, mais aussi au niveau des enseignants, soucieux de faire connaître à leurs élèves une part de la culture mahoraise tout juste émergente sous forme écrite. Comment l’île s’estelle peuplée ? Le peuplement de Mayotte est

peu connu de la communauté internationale, l’île étant géographiquement isolée du reste du monde ; cela malgré la position stratégique qu’elle occupe dans l’océan Indien. Les limites qui nous sont imposées ne nous permettent d’aborder ce sujet que brièvement, en essayant de cerner l’essentiel. En dépit des recherches en archéologie, antropologie et ethnographie, l’histoire de Mayotte est encore aujourd’hui incertaine, confuse et méconnue, tout au moins en ce qui concerne les temps reculés.


numéro à la découverte de l’Histoire de

Beaucoup d’incertitudes planent encore sur le peuplement de Mayotte avant l’implantation des Arabo-Musulmans aux XIVè et XVè siècles, connus sous le nom générique de Shiraziens, et l’arrivée à Mayotte des Portugais à partir du XVIè siècle ainsi que des navigateurs musulmans venus de Perse, qui ont produit des documents plus fiables de l’histoire de l’archipel. Il semblerait que des Juifs iduméens de la Mer Rouge et des navigateurs arabes du golf persique, poussés peut-être sur les côtes par les tempêtes, fournirent la première vague d’immigration vers Mayotte et ses voisines. Cet événement se serait produit peu après le règne de Sulayman ibn Daud, ou Salomon fils de David, roi d’Israël (vers 973-930 avant JésusChrist), comme l’affirme la « Chronique arabe de Maore » du cadi Omar Ben Aboubacar, manuscrit en langue arabe datée de 1865 dont l’authenticité ne semble pas être contestée par l’érudit ethnographe Grandidier. Ce document traduit de l’arabe en swahili1 par Saïd Omar et du swahili en français par Boinali Chombo, interprète du tribunal, est cité par Gevrey : «Voici l’histoire des temps anciens dans les

îles Comores c’est-à-dire Gazizad, Andjouan, Mhéli et M’ayâta. Nos aïeux nous apprirent que des quatre îles Comores, Gazizad fut habitée la première, après la venue du prophète Salomon ben-Daoudou, que la paix de Dieu soit avec lui. à cette époque apparurent deux Arabes venant de la Mer Rouge avec leurs femmes, leurs enfants et leurs domestiques ou esclaves. Ils s’établirent à la Grande Comore. Après, il arriva beaucoup d’hommes d’Afrique, de la côte de Zanguebar, pour habiter dans les îles. Ces Iduméens ou Arabes y vinrent-ils volontairement ou y furent-ils jetés par une tempête ? Il est probable que, naviguant le long de la côte orientale d’Afrique, ils auront été poussés par un coup-de-vent sur la Grande Comore, peu éloignée du continent. »

1 Swahili : langue bantoue parlée en Afrique orientale langue officielle du Kenya et de la Tanzanie

Bantous : ensemble des populations de l’Afrique sud-équatoriale, constitué de nombreuses ethnies

2

Mayotte...

Juifs iduméens et navigateurs arabes ou asiatiques ? Mais selon d’autres sources, le premier peuplement, grâce aux courants marins et aux moussons, ne serait-il pas asiatique ? Avant l’invasion de 945, des Indonésiens vivaient à Madagascar « depuis le deuxième siècle environ » (Allibert 1984). « Si l’incertitude demeu-

re en ce qui concerne le point de départ on admet, malgré quelques réserves formulées par certains auteurs sur le métissage afro-asiatique de la côte africaine, qu’il y a eu des migrations indonésiennes dès le IVè siècle vers les Comores. Donc bien avant les périodes bantou2, arabe, shirazi ou européenne » (Mac Luckie

1999). Des éléments très anciens de la civilisation mahoraise, tels que la pirogue à balancier, le cocotier et ses utilisations, le bananier, le manguier, l’arbre à pain etc., proviennent d’Asie du Sud-Est. Il se peut que des populations d’origine malayo-polynésienne, peut-être des proto-malgaches en route pour Madagascar, aient transité par Mayotte.

Malheureusement, « à Mayotte, ni l’étude stra-

tigraphique des sites les plus anciens ni l’étude du petit nombre de tessons sans filiation à ce jour reconnue n’ont débouché sur l’espoir de répondre à cette question en confirmant une présence sinon une occupation » antérieure au

XIIIè siècle. (Allibert 2002)

Bibliographie Allibert C., 1984. Mayotte, Plaque tournante et microcosme de l’océan Indien occidental, son histoire avant 1841. Anthropos. Allibert C., 2002. L’interdépendance de l’archéologie et de l’anthropologie culturelle dans l’océan Indien occidental. L’exemple de mayotte. Regards sur Mayotte, études océan Indien n°33-34. Gevrey A., 1870 réédité en 1997. Essai sur les Comores, éditions du Baobab. Mac Luckie H., 1999. De solides assises pour la thèse indonésienne. Mila na Tarehi n°4.

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PUBLI-COMMUNIQUé

lE CCEEM conseil de la Culture, de l’éducation et de l’Environnement de Mayotte

« Les décideurs sont dans l’action, les organismes consultatifs sont dans le recul, le sens et la projection.

Nous sommes

complémentaires »,

Daroussi Ahamadi

Interview Daroussi Ahamadi Président du CCEEM Mayotte magazine - Qu’est-ce que le CCEEM ?

Daroussi Ahamadi - Le CCEEM fait partie des familles d’organismes consultatifs. Au même titre que les autres assemblées consultatives européennes et internationales, nous émettons des avis par rapport aux décisions prises par les élus dans nos trois


champs de compétence : la culture, l’éducation et l’environnement. Le Conseil général, exécutif de la CDM, sonde l’avis du CCEEM. Par exemple, le vote du budget du Conseil général exige une consultation préalable du CCEEM. Notre mission de conseil a également concerné les travaux préparatoires à la départementalisation : nous avons été auditionnés par le comité de pilotage présidé par le Sénateur Soibahaddine Ibrahim. Certains points de ce dossier qui ont été soulevés sont l’émanation modeste du CCEEM. M. m. - Quand le CCEEM a-t-il vu le jour ?

D. A. - Il a été créé par la loi statutaire du 11 juillet 2001 et a vu le jour en 2004. Les CCEE sont une spécificité propre aux outre-mers français. Ils tiennent compte de la biodiversité, de l’identité culturelle propre à chaque région. De cet environnement et de cette culture découle une éducation nationale qui demande à être contextualisée. C’est l’ensemble de ces spécificités que le législateur a voulu prendre en considération. M. m. - pouvez-vous nous décrire le mode de fonctionnement du CCEEM ?

D. A. - Il y a deux modes de fonctionnement : soit le CCEEM est consulté par la CDM, soit il pratique ce que l’on appelle l’auto-saisine, c’est-àdire qu’il prend l’initiative de donner son avis sur une thématique donnée. Par exemple, nous plaidons pour la mise en place d’une politique de transport maritime. En effet, avant la construction des routes, les trajets se faisaient par la mer. La barge en est une illustration. Qui ne prend pas la barge ne

connaît pas Mayotte. Nous préconisons ainsi la création de navettes reliant le nord et le sud à Mamoudzou, pour désengorger la circulation routière. De plus, ce projet permettrait de faciliter le lien social et les échanges à bord des navettes, car les gens s’y côtoieraient. Mayotte avance beaucoup selon une logique de l’occident révélant l’individualisme, l’enfermement, le chacun pour soi. Autre exemple, nous sommes aussi force de proposition pour développer la garde d’enfants, car une demande forte existe dans ce domaine, le mode de garde traditionnel étant en train de s’effriter car les parents et les anciens sont entrés dans une logique de salariat. Au niveau culturel, nous plaidons pour la mise en valeur du passé - en préconisant notamment la création d’un musée d’histoire - et pour que les lois qui protègent les patrimoines soient étendues à Mayotte. Notre nation est connue pour son exception culturelle. Or, la culture mahoraise n’est pas valorisée, que ce soit entre autre dans la musique ou sur le plan de la promotion des langues locales. Pour la préservation de l’environnement, le CCEEM s’engage en faveur de la production d’énergie solaire et d’une meilleure gestion des déchets. Nos conseils sont entendus mais nous regrettons qu’à ce jour il n’existe pas encore de ligne directrice forte dans ces différents domaines. M. m. - Quels sont les prochains RDV du CCEEM ?

D. A. - Tous les ans, au niveau national, nous nous réunissons en conférence permanente des CCEE. Ce premier trimestre 2009, c’est Mayotte qui va l’organiser. Ces manifestations permettent de mutualiser nos expériences entre CCEE et de remonter les problématiques territoriales dans les cabinets ministériels.

CCEEM

3 immeuble Briqueterie - rue du Stade de Cavani - Tél. : 0269 61 30 71 - Fax : 0269 61 96 74 Courriel : ccee.mayotte@wanadoo.fr

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Environnement

Les poissons de l’île au lagon

© T. Stoecklin

Rédaction : Alban Jamon


D

ès les premiers regards sur le récif, à quelques mètres sous la surface, les poissons égayent les

paysages des récifs coralliens.

Loin

de pouvoir tous les

présenter, plongeons dans la diversité de ces précieux habitants du lagon…

Livrées et couleurs des poissons : de véritables parures subaquatiques

Poisson ange (Apolemichthys trimaculatus)

Poisson-coffre (Ostracion sp.)

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à droite : murène ruban mâle (Rhinomuraena)

© A. Jamon

Ci-contre : murène ruban juvénile

© Marielle

L’identification des espèces en présence n’est pas toujours aisée : souvent, pour une même espèce, la larve, le juvénile et l’adulte ne se ressemblent pas ! La murène ruban (Rhinomuraena quaesita) possède trois livrées différentes en fonction de l’âge et du sexe : jaune et noire (juvéniles) / jaune (femelles) / bleu et jaune (mâles). Dans ce cas, la distinction est facile à faire !


Chez le mérou sellé (Plectropomus laevis), la livrée (selles noires ou taches) et la couleur du corps (jaune / brun à rouge brillant) varient avec la taille des individus. Ces deux photos ci-dessus représentent donc une seule et unique espèce !

Le vivaneau noir et blanc (Macolor Niger), de couleurs vives au stade juvénile et sub-adulte, devient beaucoup plus terne au stade adulte.

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Quelques caractéristiques des poissons osseux, un peu d’anatomie… Contrairement aux requins et aux raies (cf. Mayotte Magazine n°4), les branchies, qui captent l’oxygène de l’eau des poissons osseux (Osteichtyens) sont protégées par un morceau d’os (opercule). De plus, un grand nombre possède une vessie remplie de gaz (vessie natatoire) qui leur permet de se maintenir dans l’eau sans effort. Avec la diminution de la pression et donc l’augmentation du volume des gaz, un poisson remonté rapidement du fond aura sa vessie natatoire dilatée et donnera l’impression d’avoir explosé ! Parfois l’anatomie d’un poisson présente des adaptations particulières à son environnement.

Une adaptation particulièrement spectaculaire et « ingénieuse » peut être observée chez le poisson canne à pêche… Ce poisson hautement spécialisé utilise un leurre pour capturer ses proies grâce à la transformation de la première épine de sa nageoire dorsale en une sorte de « canne à pêche ». Elle se compose d’une épine (ou illicium) qui fait bouger un leurre (ou esca) de façon à imiter une proie appétissante ! Certains « escas » sont lumineux (bioluminescence). Pour l’anecdote, celui d’un magnifique spécimen clignotait encore lorsqu’il a été trouvé en surface il y a quelques semaines !


à droite : ce poisson canne à pêche (en cours d’identification) attire ses proies avec un leurre lumineux. Le poisson trop curieux qui passera par là s’exposera à de redoutables rangées de dents !...

Les habitats naturels Les différentes espèces de poissons occupent tous les habitats marins ! Les eaux des mangroves jouent le rôle de nurserie en accueillant de nombreux juvéniles qui viennent se nourrir à l’abri des racines des arbres marins. Certains fréquentent les algueraies et les herbiers de plantes marines, le platier et ses fond sableux ou les coraux vivants. Enfin, d’autres vivent en pleine eau en surface ou en profondeur.

L’alimentation Les poissons mangent de tout ! Les catégories trophiques rencontrées comprennent les herbivores, les plactonophages, les omnivores et les carnivores. Certains sont plus spécialisés dans leur alimentation et se nourrissent exclusivement de poissons (piscivores) ou des polypes des coraux (corallivores).

© photos double page : Alban Jamon

La carange bleue (Caranx melampygus) est un poisson carnivore. Il se nourrit principalement de poissons et de crustacés.


Des formes de cohabitation très utiles… Pour citer quelques exemples bien connus, les labres nettoyeurs communs (Labroides dimidiatus) se nourrissent des parasites ou des tissus abîmés des autres poissons. Ils ont l’habitude de déparasiter des individus souvent bien plus imposants et menaçants qu’eux !

© A. Jamon

Les relations qu’entretiennent les différentes espèces de poissons sont souvent abordées par les thèmes de la prédation (qui mange qui ?) et de la symbiose. Une symbiose exprime des échanges à bénéfices réciproques, qui apportent des avantages aux deux espèces.

Nettoyage en douceur de cette imposante murène javanaise (Gymnothorax javanicus) par deux labres nettoyeurs

© A. Jamon

Le saviez vous ?

Blennie à dents acérées

La blennie à dents acérées (Plagiotremus tapeinosoma), tout comme le faux nettoyeur (Aspidontus taeniatus), imite le labre nettoyeur pour s’approcher des autres poissons et leur arracher des lambeaux de peau ou des écailles. Ils se protègent ainsi également de la prédation… Gare aux imposteurs !


© Y. Stephan

© A. Jamon

Autre exemple, cette anémone de mer (ci-dessus à gauche) offre un abri protecteur aux poissons clowns de Madagascar (Amphiprion latifasciatus) au sein de ses tentacules urticants. à droite : les tentacules des méduses sont parfois également mis à contribution pour constituer des abris salutaires… Ce juvénile de carange devrait comprendre qu’il commence à être trop imposant pour cette petite méduse !

Reproduction et développement Le lagon de Mayotte accueille ainsi chaque année des agrégations de mérous marron (Epinephelus fuscoguttatus). Ce type de regroupement renforce les chances de trouver un partenaire potentiel et permet d’assurer un bon mélange (brassage génétique) ! Au delà, cette étape cruciale de leur développement permet de maintenir le ratio mâles/femelles optimal.

De nombreux juvéniles se développent près des côtes, dans les zones de mangroves et sur les récifs frangeants, avant de coloniser des zones de récifs plus éloignées. Ces habitats naturels, à proximité des activités humaines terrestres, sont donc essentiels pour le développement de nombreux poissons du lagon.

Les phases de reproduction peuvent être très spectaculaires et concerner des espèces grégaires telles que les bancs de poissons chirurgiens (Ctenochaetus spp) qui expulsent leur gamètes à l’unisson dans une nage collective frénétique, ou des espèces à l’habitude solitaire telles que les regroupements saisonniers de gros mérous reproducteurs.

Ci-dessus : les mérous marron (Epinephelus fuscoguttatus) se rassemblent chaque année pour se reproduire et ainsi assurer la survie de l’espèce. Ce carnivore d’une taille maximale référencée de 120 cm pourrait vivre plus de 40 ans (Froese et Pauly, 2005).

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© H. Sauvignet

La grande majorité des poissons pondent des œufs qui flottent en pleine eau ou sont déposés sur le fond ; on dit qu’ils sont ovipares. En grandissant, l’œuf donnera une larve qui deviendra un jeune poisson ou juvénile. Pour des millions d’œufs pondus, seuls quelques-uns arriveront à survivre pour donner des adultes capables de se reproduire.



Où est la deuxième murène ? © Marc Allaria www.photo-sousmarine.com


Deux rascasses volantes Š Marc Allaria www.photo-sousmarine.com


Que serait l’observation sous-marine sans la présence des mérous ! Il faut souligner qu’ils appartiennent à la grande Famille des Serranidae qui regroupe des individus de quelques centimètres à plus de deux mètres de long, et qui compte plus d’une cinquantaine d’espèces à Mayotte (inventaire en cours). Les poissons grandissent toute leur vie, plus ou moins vite. Ainsi le plus gros représentant des mérous de notre région, la loche géante (Epinephelus lanceolatus), dont la taille maximum dépasse 2,70 m pour un poids de 400 kg, pourrait également atteindre l’âge de 40 ans ! Cette espèce est classée vulnérable (risque élevé d’extinction) sur la liste rouge mondiale des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN). Rappelons que chez les poissons, ce sont les plus

© A. Jamon

Quelques poissons emblématiques du lagon Le mérou à aile noire (Cephalopholis urodeta), une fois adulte, ne mesure pas plus

de 30 cm... Au plus grand plaisir des visiteurs, certains d’entre eux, placides et curieux, se laisseront approcher sans difficulté...

gros spécimens qui produisent le plus grand nombre d’œufs et donc de juvéniles. Autre rencontre exceptionnelle, l’étrange perroquet à bosse (Bolbometopon muricatum) avec sa tête démesurée et son impressionnante mâchoire... C’est le plus gros représentant de des Scaridae ! Comme les autres membres de sa famille, il possède des dents fusionnées ressemblant à un bec de perroquet afin de racler les coraux pour se nourrir d’algues et d’invertébrés accrochés dessus.

© H. Sauvignet

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Le perroquet à bosse (Bolbometopon muricatum) peut atteindre 130 cm de long pour un poids d’environ 50 kg. Le spécimen observé sur cette photo est d’une taille maximale !


Biodiversité des

Suivis scientifiques

espèces rencontrées

des peuplements de

à

Mayotte

Pour donner quelques chiffres, l’état des connaissances actuelles, loin d’être exhaustif, permet d’identifier près de 700 espèces de poissons à Mayotte. Concernant les poissons cartilagineux (ou Chondrichtyens), grâce à la synthèse des données scientifiques et à la collaboration fructueuse des pêcheurs, chasseurs et des autres usagers du lagon, 36 espèces ont été récemment identifiées dont 24 espèces de requins et 12 espèces de raies (association Mayshark). Une Analyse éco-régionale (AER) sur les populations de raies et requins a été récemment effectuée à Mayotte concernant la partie occidentale de l’océan Indien pour le compte du WWF (en cours).

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D’après les dernières données disponibles, plus de 500 espèces de poissons osseux ont été recensées en 2004 (Quod et al., 2004). Une synthèse des connaissances sur les peuplements de poissons associée à une banque de données est actuellement en cours et devrait référencer environ 700 espèces en présence.

Mayotte

L’Observatoire des Récifs Coralliens (ORC) de Mayotte

Mis en place dès 1998, cet observatoire permet, entre autre, de suivre l’évolution des poissons du lagon (nombre d’espèces, d’individus, densité, tailles…) sur plusieurs sites répartis sur les trois types de récifs coralliens de l’île (frangeant, internes, barrière). Depuis 2002, un suivi est également réalisé chaque année par les clubs de plongée sur les sites Reef Check. Certaines espèces de poissons coralliens, comme le poisson papillon, sont utilisées en tant qu’indicateurs biologiques, c’est à dire qu’elles peuvent témoigner de l’état de santé des récifs coralliens ou de l’efficacité des AMP ou Aires marines protégées. Alban Jamon Pour en savoir plus… • FROESE, R., PAULY D., 2005. FishBase. World Wide Web electronic publication. www.fishbase.org, version (07/2005). • LIESKE E., MYERS RF., 1995. Guide des poissons coralliens • SMITH MM., HEEMSTRA PC., 1986. Smiths’ sea fishes. Springer Verlag, Berlin, 1047 pp.

Le poisson-papillon moucheté (Chaetodon guttatissimus) appartient aux poissons osseux (Ostéichtyens)



Reportage

RĂŠdaction et photos : Guy Monnot

ĂŠvasion au pays vezo

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MADAGASCAR


Au sud-ouest de Madagascar le pays Vezo* est prisé des amateurs d’écotourisme : baobabs pachydermiques, étangs fleuris, lémuriens endémiques, dunes de sable blanc, plages paradisiaques, eaux turquoises sur lesquelles glissent les pirogues des pêcheurs…

Alors pays Vezo : Pays de rêve ?

E

n bordure du canal du Mozambique, Morondava, la capitale économique du Menabe, est une plaque tournante entre l’Afrique, les Comores et la Grande île. Carrefour d’échanges entre le royaume des Sakalava et le pays Vezo, cette contrée a été façonnée par les premières vagues d’immigration en provenance de Malaisie et d’Indonésie.

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Menacée par l’érosion, ancrée dans les dunes comme dans ses traditions, la ville portuaire de Morondava s’édifie progressivement en un véritable centre culturel du tourisme régional. C’est d’ici que partent les grands circuits découvertes en direction des Tsingy de Bemaraha ou des tombeaux sculptés de l’art sakalava. Sur la mauvaise route qui le conduit aux nécropoles et stèles funéraires de Belo-Tsiribihina, le touriste croise les majestueux baobabs de Kirindy. Telle une avenue royale, l’allée des Baobabs aussi my-thique que magique au coucher du soleil, est sans doute la plus symbolique de l’Ile Rouge. Selon une croyance vezo, c’est dans le domaine de « Reniala » ou « mères de la forêt » que Dieu a su parfaire la flore arborescente en achevant * prononcez « Vèze »

son œuvre : l’ancêtre du baobab, monstre sacré aux racines tournées vers le ciel. Forêts de baobabs, patchwork de rizières, lacs paisibles, rivières sinueuses, savanes mésophiles ; les écosystèmes de la région se caractérisent par une biodiversité et une endémicité exceptionnelles. à elle seule la réserve spéciale d’Andranomena, située à 30 km au nord de Morondava, abrite une forêt dense de plusieurs centaines d’hectares.

Le Menabe, jardin des Baobabs et sanctuaire de la biodiversité

Dans ce sanctuaire biologique, la protection a permis la survie de certaines espèces animales : tenrecs, caméléons, geckos, mangoustes et de nombreux oiseaux. Plus difficiles à observer les lémuriens endémiques tels le microcèbe - le plus petit primate de la planète - et le propithèque de Verreaux ont survécu à la déforestation stoppée aujourd’hui par un plan de gestion durable des ressources.


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Lémuriens de la réserve forestière de Kirindy Maître charpentier et sa pirogue Char à pirogue sur la route de Kirindy

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La superbe allée des Baobabs au nord de Morondava est un lieu voué au culte des ancêtres


Pêcheur vezo à Anakao


La Pirogue à balancier, un esquif aussi emblématique que fragile

Au pays Vezo, les forêts regorgent de précieuses essences exploitées par les Masikoro, ces agro-forestiers qui fournissent aux pêcheurs et charpentiers vezo le farafatsy, un bois proche du balsa nécessaire à la fabrication des pirogues. Sans oublier leurs ¨traditions marines¨, certains Vezo ont quitté le littoral pour devenir agriculteurs, riziculteurs ou éleveurs. Ce sont ceux de l’intérieur ou de la terre encore appelés Vezo ampotake. D’autres, très habiles artisans piroguiers travaillent sur les chantiers navals de Morombe ou de Belo sur mer. Ces maîtres charpentiers - appelés ici foundy - utilisent des outils ancestraux, tels l’herminette et la varlope, et transmettent à leurs apprentis un savoir empirique, hérité d’un navigateur breton, pour sculpter le palissandre de la quille ou le balsa du flotteur des barques.

Sculpteur de pirogue

Si l’image typique de Madagascar est l’allée des Baobabs, celle du pays Vezo est bien la pirogue à balancier. Venue du fond des âges, elle est affectée à la pêche traditionnelle, au transport des

marchandises, des hommes voire des animaux.

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Comme dit le proverbe ¨ Vezo nenga-daka, tsy misy raha vitany¨, un vezo sans pirogue ne peut rien faire Moyen de travail et de déplacement, l’esquif fragile se mue en abri pendant la migration durant laquelle la voile résistante en épais coton devient polyvalente. Utilisée comme nappe ou drap elle peut servir aussi de toile de tente ou de bâche de protection. La pirogue vezo est à la fois économique, écologique et souvent plus rapide par vent favorable que les camionnettes bondées qui déambulent sur les routes très accidentées du Menabe. Ces axes dégradés par les pluies cycloniques diluviennes ont peut-être redonné du souffle à l’économie navale qui fabrique des boutres et équipe leur gréement à l’image des bateaux pirates du passé. Même s’ils demeurent des marins confirmés, les ¨charpentiers des mers¨ n’ont plus rien des corsaires aventuriers. Manquant de motivation et craignant les cyclones - fréquents dans l’Ouest de Madagascar -, les Vezo d’aujourd’hui évitent les grands périples océaniques.

Une destination idyllique : plages paradisiaques et aquarium grandeur nature Sur la frange occidentale qui s’étend d’Andavadoaka au Nord de Tuléar à Itampolo au sud d’Anakao, la barrière corallienne - une des plus longues du monde - est entrecoupée de passes qui relient le grand large au lagon peu profond. à Ifaty ou à Anakao, les fonds sous-marins de toute beauté abritent une diversité animale rarissime : étoiles de mer, éponges, anémones animées par les chorégraphies tourbillonnantes d’innombrables poissons multicolores. Plongées (PMT ou en bouteilles), excursions aux îlots, le tourisme nautique de la région a aujourd’hui le vent en poupe. Le souffle du varatraza gonfle les voiles des pirogues à balancier qui transportent outre des touristes,

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des marchandises de première nécessité. Balles de coton, raphias, bois, carburants, fruits, coco, manioc, poissons frais ou séchés sont acheminés quotidiennement sur les marchés, dans les hôtels ou sur les îlots. Face à Anakao, de l’autre côté du lagon, l’île de Nosy Ve cerclée d’une bande de sable immaculé est seulement habitée par une colonie de pailles-en-queue à bec rouge. Ces phaétons sauvages nichent à même le sol au pied des arbustes et défendent leur progéniture dès l’intrusion d’un visiteur sur le site de nidification. Intrigué par les cris perçants des oiseaux blancs qui décollent, l’intrus est subjugué par ces phaétons frivoles aux rémiges presque transparentes et à la queue bifide. Au-dessus de la plage, des pailles-en-queue dansent avec le vent et accompagnent un pêcheur vezo qui engage tous ses muscles pour maintenir l’équilibre précaire de son esquif et ne pas chavirer.

nonchalante ¨mora mora¨ de cet éden tropical. Sous un abri de vondro (roseaux) où sèchent des poissons et des poulpes, un touriste venu pour se ressourcer contemple le spectacle qui défile sous ses yeux.

Sur fond de ciel azuré, les pirogues à voile blanche glissent dans un ballet silencieux sur le lagon céladon.

Près des récifs ourlés d’écume, les plongeurs harponnent des poulpes tandis que les pêcheurs remontent sur

Un patrimoine biologique et culturel menacé

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Si la pirogue séculaire a peu évolué, le mode de vie des Vezo a pris dernièrement un nouvel essor. Depuis que les chalutiers étrangers s’aventurent dans cette région et pratiquent une pêche intensive, les marins vezo abandonnent progressivement leurs migrations saisonnières au cours desquelles ils suivaient les bancs de poissons. La pêche nomade se fait plus rare aujourd’hui et si certains Vezo arpentent encore le littoral et bivouaquent sur les plages, d’autres sont devenus cueilleurs de platiers ou chasseurs des mangroves. Au sud d’Ifaty, sous le tropique du Capricorme où les dunes de sable blanc dominent le canal du Mozambique, le temps semble s’être arrêté. Les pirogues colorées sont alignées sur le sable à proximité des étais de bois sur lesquels reposent des cordages usés. Seules les allées et venues des pêcheurs portant leurs filets rythment la vie quotidienne

leur barque des filets argentés.

Sur la plage, les zébus immergés attelés à de vieilles charrettes attendent le retour des pirogues qui se calent sur le sable ocre. Dès l’accostage, les enfants crient de joie à la vue des grosses prises : thons, espadons, requins et des tortues marines dont la chair est prisée par les Vezo. D’autres poissons (napoléons, cardinaux, raies) et fruits de mer sont aussitôt triés par les femmes puis placés dans des vans en osier avant d’être acheminés vers les gargotes locales.


Famille vezo


Pour

les

Vezo,

nomades de la mer, la liberté et l’esprit

de communauté sont les deux valeurs les plus fortes à l’instar des baobabs séculaires victimes des feux de brousse, les écosystèmes marins (récifs, platiers, mangroves) sont aussi menacés par l’inconscience humaine et la surexploitation des ressources halieutiques. La survie des Vezo est tributaire de ces réserves marines et du fait de

leur raréfaction depuis quelques années, l’authenticité et l’identité de ce peuple de la mer risquent de disparaître. Bien conscients de ces menaces, mais aussi de la beauté de leur site de rêve, les Vezo intègrent aujourd’hui le tourisme balnéaire dans leurs activités quotidiennes. Les plus sédentaires

construisent des structures hôtelières aux toit de chaumes et fibres locales dans le respect de leur environnement. Les pêcheurs, eux, organisent des sorties écologiques (observation touristique des baleines et des dauphins) ou des plongées sur les récifs coralliens autour de Nosy Ve.


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Le

soir tombé, le son entraînant des djembés et des ka-

bosy (guitares locales) résonne autour des feux de bois Au retour des promenades en mer, les femmes proposent des massages, le tressage des nattes ou appliquent des masques d’argile sur les visages vazaha (étranger). Le soir tombé, au son du djembe et des kabosy (guitare locale) des Vezo assis autour du feu de bois palabrent avec des vazaha ravis de dé-

guster des repas de crabes, langoustes, ou poissons grillés pêchés le jour même mais sans prélèvements excessifs. Cette convivialité magique associée à une sagesse traditionnelle permet de générer quelques ressources pour ce peuple authentique et va dans le sens d’une corrélation avantageuse

entre d’un côté la conservation du patrimoine vezo et de l’autre le développement économique d’une contrée trop belle - mais hélas trop pauvre - pour être ignorée.

Guy Monnot


Madagascar infos adresses bons plans

Morondava L’aéroport est à 5 km du centreville et assure des liaisons avec Tananarive, Belo-surTsiribihina, Morombe, Tuléar, Fort-Dauphin. Se renseigner auprès d’Air Madagascar, route de l’aéroport.

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à Morondava, ville envahie par le sable, et sur les villages de la côte, des fêtes sont organisées chaque année à Pâques en l’honneur de la mer. De juin à septembre, dans les villages autour de Morondava, vous pourrez assister à des cérémonies mêlant transe et magie, dont le rôle est d’éloigner les mauvais esprits.

Analaiva Ce village situé à 25 kilomètres de Morondava accueille chaque mercredi le plus grand marché de zébus du Menabe.

Excursions Les principaux endroits à visiter dans la région sont : • l’allée des Baobabs • la réserve forestière de Kirindry • la mangrove en pirogue • les tsingy de Belo-sur-Mer et Bemahara en bateau (d’avril à novembre)


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Cinéma

Synopsis des films : source www.allocine.fr

Vos films de janvier

Musée Haut, Musée Bas Film français Genre : comédie

Un musée pas si imaginaire que ça, valsant la comédie humaine jusqu’au burlesque.

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TRANSPORTEUR III

HELLBOY II

Parce qu’il est le spécialiste incontesté des livraisons à haut risque, Frank Martin se voit contraint, sous la menace, de transporter deux sacs imposants et une jeune Ukrainienne depuis Marseille jusqu’à Odessa. Que contiennent les sacs ? Qui est cette fille? Pourquoi doit-il l’accompagner ? Quels enjeux se cachent derrière cette livraison ? Frank ne sait pas grandchose, et surtout pas comment il va sortir de ce piège tendu par un adversaire bien plus redoutable que les précédents...

Après qu’une ancienne trêve établie entre le genre humain et le royaume invisible des créatures fantastiques ait été rompue, l’Enfer sur Terre est prêt à émerger. Un chef impitoyable qui règne sur le royaume d’endessous, renie ses origines et réveille une menace sans précédent : une armée de créatures que personne ne peut arrêter. Maintenant, il est temps pour le super héros le plus cornu de la planète de combattre un dictateur sans pitié et ses légions.

Date de sortie : 26 novembre 2008 Réalisé par Olivier Megaton Avec Jason Statham, Natalya Rudakova, Robert Knepper Film français. Genre : action. Durée : 1h45 min

Film allemand, américain Genre : fantastique, action Date de sortie : 29 octobre 2008 Réalisé par Guillermo Del Toro. Avec Ron Perlman, Selma Blair, Doug Jones Durée : 1h59 min

HIGH SCHOOL MUSICAL III

Film américain Genre : comédie musicale Troy et Gabriella, qui sont en dernière année, affrontent la perspective d’être séparés l’un de l’autre, puisqu’ils iront faire leurs études dans des universités différentes...


Vos films de février

Histoires Enchantées

Date de sortie : 24 décembre Réalisé par Adam Shankman Film américain. Genre : comédie, fantastique, famille

JAMES BOND QUANTUM OF SALACE

Date de sortie : 31 otobre 2008 Réalisé par Marc Forster. Avec Daniel Craig, Olga Kurylenko, Mathieu Amalric. Film britannique, américain. Genre : action, espionnage Durée : 1h47 min Même s’il lutte pour ne pas faire de sa dernière mission une affaire personnelle, James Bond est décidé à traquer ceux qui ont forcé Vesper à le trahir. En interrogeant Mr White, 007 et M apprennent que l’organisation à laquelle il appartient est bien plus dangereuse que tout ce qu’ils avaient imaginé... Bond croise alors la route de la belle Camille, qui cherche à se venger elle aussi. Elle le conduit sur la piste de Dominic Greene, un homme d’affaires impitoyable et un des piliers de la mystérieuse organisation.

MENSONGES D’état

Des plaines de l’Ouest aux arcanes de l’Europe médiévale, les histoires se succèdent, plus folles les unes que les autres...

Date de sortie : 5 novembre 2008. Réalisé par Ridley Scott Avec Leonardo DiCaprio, Russell Crowe, Mark Strong Film américain. Genre : thriller, espionnage. Durée : 2h08 min Ancien journaliste blessé pendant la guerre en Irak, Roger Ferris est recruté par la CIA pour traquer un terroriste basé en Jordanie. Afin d’infiltrer son réseau, Ferris devra s’assurer le soutien du vétéran de la CIA Ed Hoffman et du chef des renseignements jordaniens, peutêtre trop serviable pour être honnête. Bien que ces deux là soient censés être ses alliés, Ferris s’interroge : jusqu’où peut-il leur faire confiance sans mettre toute son opération - et sa vie - en danger ?

La très très grande entreprise Film français Genre : comédie

Une multinationale polluante d’agrochimie verse une maigre indemnité aux riverains...

Cette sélection peut être amenée à évoluer. Pour tout renseignement sur les programmes ciné :

Service culturel du Conseil Général - rue de l’hôpital à Mamoudzou - tél : 02 69 61 11 36


Internet 10 artistes 2

1 www.hydreole.com/maalesh L’artiste auteur-compositeur Mohamed Othman Elyas dit « Maalesh », tire son inspiration de la musique traditionnelle comorienne. Il reçoit

www.mikidache.com Enfant de Mayotte, Mikidache est de ceux qui rêvent d’un monde sans aigreur. Son répertoire cultive la nostalgie des temps passés par son approche mélodique et rythmique.

le Prix Musique Océan Indien 2007.

www.myspace.com/ eliassemusic976 Eliasse a su créer un style musical à la fois original et épuré qui séduit un public grandissant dans les deux hémisphères. Certainement l’étoile montante d’Hippocampe.

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5 http://latheral-oficiel. skyrock.com Le défenseur du Mgodro-Mringué. Auteur, compositeur et interprète, il a été le fondateur du groupe Melrose Plage, une formation des jeunes du village d’Acoua.

Musique à Mayotte

www.airtist.com/Babadi Plus connu sous le pseudo de Babadi, Ahmed Mohamed est né à Pamandzi mais il est originaire de Hamjago. « Chigoma ya léo » est l’album qui le révèle en 1997.


sur la toile Rubrique : Thierry Stoecklin

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7 www.bedja.net Bedja est né à Dzaoudzi et sa musique se situe entre le zouk et le mgodro ; quand il ne compose pas, il écrit pour Babadi (entre autre) et est ingénieur du son à ses heures.

http://mtoro.chamou.free.fr

Auteur-compositeur de Mayotte, le chanteur de rap et de hip-hop amène avec lui : sa guitare, ses mélodies et les rythmes du « M’Godro » traditionnel.

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www.mawanaslim.org Lauréat du 1er prix des « Comores Music Awards 2008 », Mawana distille une musique aux influences mêlant comorian ethnik, afrobeat, reggae et fusion afro-jazz.

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9 www.myspace.com/bacozik Né à Mayotte, Baco a créé son style, le Zangoma, avec des influences telles que Bob Marley ou Jacob Miller. Il est l’artiste incontournable de la scène océano-indienne.

www.airtist.com/numbawani Bob Dahilou, poète prophète au charisme rayonnant, tant sur scène que dans la vie, petit-fils spirituel de Bob Marley, il incarne la philosophie rasta dans toute son humanité.

Retrouvez les musiques de Babadi, Baco, Diho, Mikidache, M’Toro Chamou, Bob Dahilou, Mobyssa et Chakires dans les compilations Mahor-hits Vol.1 et Couleurs Mayotte, sur le site www.airtist.com/numbawani


Ritournelle de la faim de J.-M. G. Le Clézio Gallimard - Roman paru en octobre 2008

PRIX NOBEL DE LITTéRATURE 2008

« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n’est pas une pièce musicale comme les autres (...). Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

Inassouvies, nos vies de Fatou Diome Flammarion - Roman paru en août 2008

«Betty avait pris sa décision : elle saurait quelles existences se cachaient derrière les fenêtres d’en face. L’obsession était née et installée en elle. Elle ne fit rien pour s’en distraire, au contraire, elle l’entretenait, comme un feu de bois par mauvais temps, minutieusement, patiemment. Elle allait s’imbiber de la vie des autres, ignorant qu’elle y serait bientôt engloutie.»

Egypt farm

de Rachel Cusk, Éditions de l’Olivier Roman paru en octobre2008 Mot de l’éditeur : Michael décide de changer d’air. Sa femme Rebecca, trentenaire névrosée, est soulagée de le voir partir en vacances avec leur fils de trois ans pour Egypt Farm. Michael y retrouve les Hanbury, figures mythiques de sa jeunesse. Mais l’excentricité bohème de la famille a volé en éclat... Egypt Farm est le roman des illusions perdues. Acerbe, tranchante, Rachel Cusk fait preuve d’un sens inné de la « comédie humaine », confirmant ses talents d’observatrice de la bourgeoisie anglaise.


Romans

Le coin du libraire

essais bd jeunesse coups de coeur

La vie en sourdine Mauvaise base

Terreur

Mot de l’éditeur : Desmond, professeur de linguistique fraîchement retraité, a des problèmes d’ouïe. Et d’ennui. Lors d’un vernissage, alors que Desmond ne comprend pas un traître mot de ce qu’on lui dit et répond au petit bonheur la chance, une étudiante venue d’outreAtlantique lance sur lui ce qui ressemble à une OPA. Pourquoi Desmond ne l’aiderait-il pas à rédiger sa thèse ? Ce qu’il vient d’accepter, sans le savoir, est beaucoup plus engageant qu’un simple rendez-vous ! Une savoureuse tragi-comédie, cocasse et coquine.

Mot de l’éditeur : Au milieu du XIXe siècle, deux navires de la Marine royale anglaise se retrouvent pris au piège des angoissantes ténèbres arctiques. Vétéran de l’exploration polaire, l’orgueilleux Sir John Franklin était pourtant convaincu de réussir à découvrir le mythique passage du Nord-Ouest, et d’assurer ainsi à l’Empire britannique une domination totale des mers. Mais l’entreprise, mal préparée, tourne vite au désastre : les navires Erebus et Terror sont faits prisonniers des glaces et Sir John meurt dans des circonstances dramatiques...

de David Lodge Rivages - Roman paru en septembre 2008

de Harlan Coben Fleuve Noir Roman paru en septembre 2008

Mot de l’éditeur : Sur une plage de sable fin d’une île privée des Caraïbes, une bombe sexuelle pour seule compagnie, le célèbre agent sportif Myron Bolitar essaie d’oublier ses dernières mésaventures. Mais quand Win, richissime sociopathe et néanmoins meilleur ami de Myron arrive en jet privé, les ennuis ne sont pas loin. Fatalement. Esperanza, son associée, est accusée d’avoir assassiné un de leurs clients, une star du baseball sur le déclin. Pas vraiment la publicité rêvée pour l’agence MB Sport…

de Dan Simmons Robert Laffont - Roman paru en septembre 2008

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jeunesse Samsam T3 : « Choix pas triste » de Serge Bloch et Tanguy de Kermel Bayard Jeunesse

Mot de l’éditeur : Samsam est invité le même jour à l’anniversaire de Crapouille et à celui de Petit Pôa. Comment faire ? Samsam ne peut pas choisir entre ses deux super copains... Eh bien, tant pis, il ira aux deux fêtes ! Après tout, un héros cosmique peut bien voler très vite d’une maison à l’autre sans même que ses deux amis s’en aperçoivent. Mais... est-ce vraiment si simple ?

Les Cryptides T1 À la poursuite du Kraken d’Alexandre

Toi et moi à jamais La Guerre de la d’Ann Brashares Sor’cière T3

Moix- Plon Jeunesse Roman dès 12 ans

Gallimard Jeunesse Roman adolescent dès 12 ans

de James Clemens Roman éditions Bragelonne

Mot de l’éditeur : Quatre enfants accompagnés d’un animal pas comme les autres, un suricate prénommé Nono, vont passer Noël en Norvège. Ils se lancent dans une aventure dangereuse et trépidante qui, de l’Irlande à la France en passant par l’Allemagne, va les conduire sur les traces d’une créature monstrueuse, le Kraken, qui est à l’origine de catastrophes écologiques en mer du Nord.

Mot de l’éditeur : Riley, Alice et Paul. Les deux soeurs et l’ami d’enfance. Voici l’été de leurs retrouvailles. La côte Est des états-Unis, les maisons de vacances, les plages de l’île qu’on connaît par coeur. Et pourtant tout a changé. Ils ont vingt ans. L’amitié se trouble. Entre Alice et Paul, une attirance nouvelle s’installe. C’est alors que la tragédie frappe et vient changer le cours du destin...

Mot de l’éditeur : Entre ses mains, la jeune Elena tient le pouvoir ravageur de la magie sanglante – et bien plus encore. Car le sort de tout Alaséa dépend du fait qu’elle récupère le Journal Sanglant, un puissant talisman forgé cinq siècles plus tôt. Seuls les secrets contenus dans ses pages permettront à Elena de vaincre le maléfique Seigneur Noir. Le Journal Sanglant est caché à Val’loa, la cité légendaire...


Mayotte &

océan Indien

Sur le chemin de l’école

d’Ambass Ridjali - éditions Komedit C’est la fin des vacances. Kassim s’apprête à faire sa première rentrée scolaire. Dur, dur pour un petit garçon qui n’a connu jusqu’alors que l’école coranique, les travaux champêtres et les jeux avec ses amis. Vous allez, en même temps que lui, découvrir l’école française à Mayotte vers la fin des années 1970...

FURUKOMBE et autres contes de Mayotte

de Zaharia Soilihi et Sophie Blanchy éditions L’Harmattan 4ème de couverture : à Mayotte, entre les eaux bleues de l’océan Indien et le vert profond de la brousse, les villages paisibles sont groupés autour de la mosquée... Dans ce cadre, des aventures merveilleuses et dramatiques se déroulent.

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La vie sous-marine des tropiques

de A. Vilcinskas - éditions Vigot Mot de l’éditeur : Ce guide vous conduit dans l’univers fascinant des récifs coralliens, qui font partie des écosystèmes les plus riches du monde. Plus de 700 espèces décrites, des coraux, mollusques et astéries aux poissons, reptiles et mammifères. Un guide idéal pour les plongeurs, les aquariophiles et les amis de la nature.


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A. L.


BD

Vincent LiĂŠtar





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INTERVIEW

MISS MAYOTTE 3ème dauphine Miss France 2009

Mayotte magazine - Esthel, qu’est-ce que cette expérience t’a apporté jusqu’à présent ? Esthel Nee - Cette expérience m’a apporté beaucoup de bonheur. Même si certains moments sont difficiles, je sais que ce que je vis est extraordinaire. Je me suis « re-découverte », peut-être plus femme et encore plus motivée. Cela m’a donné envie de croquer la vie à pleine dents, de profiter de chaque instant et de découvrir encore plus, chaque jour, de nouvelles choses. M. m. - Penses-tu avoir une chance de figurer parmi les finalistes ? E. N. - Je pense voir ma chance comme les 35 autres miss. J’espère avoir donné le meilleur de moi-même. J’attends la surprise du résultat le 6 décembre. M. m. - Mayotte se transforme avec l’arrivée de la société de consommation. Comment considères-tu tous ces changements ? E. N. - Je pense que tout cela est arrivé trop vite. La population mahoraise, riche en traditions, n’a pas eu le temps d’apprivoiser cette nouvelle société et le clivage entre cette nouvelle société de consommation et le monde de vie réel des Mahorais est flagrant. Des évolutions prennent du temps et Rome ne s’est pas faite en un jour donc je pense qu’il faut laisser du temps et surtout ne pas se précipiter. Afin de faire passer au mieux les changements, il serait souhaitable que la population soit informée, formée pour faire face à tout cela !

Propos recueillis avant l’élection par Sandra Bisson, Laboratoires M.A.I


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Idée recette de Mayotte Pilao de boeuf Ingrédients

Pour 4 personnes

• 500 g de riz basmati

Préparation : 30 minutes Cuisson : 45 minutes

• 400 g de viande (tranche grasse)

Cuisinier : Ismaël

• 300 g de pommes de terre • 30 g de haricots verts • 4 carottes • 1 boîte de tomates pelées • 1 boîte de tomate concentrée • 4 cuillères à soupe de safran • 4 cuillères à soupe de cardamone • 5 clous de girofle • 1 branche de cannelle • 1 oignon

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• 3 gousses d’ail • 1 concombre • 4 cuillères à soupe de vinaigre blanc • 1 gingembre • 1 salade verte • 1 ciboulette • 1 piment vert • poivre et sel

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épluchez les pommes de terre, les carottes et laissez-les tremper dans l’eau pour les nettoyer.

2

Découpez la viande en morceaux et faitesla cuire dans une casserole à feu doux. La cuisson va dégraisser la viande. Découpez les légumes (les haricots verts en deux), les oignons et le gingembre.

3

Préparation de la sauce : émincez les tomates pelées. Récupérez le jus de la viande. Incorporez-y les oignons, l’ail, le gingembre et le safran (2 cuillères à soupe).

4

Préparation du riz : nettoyez le riz dans un récipient et versez-le dans une casserole avec du beurre. Mettez-le à cuire à feu doux. Rajoutez un peu de cardamone, la cannelle et le safran (2 cuillères à soupe) puis mélangez avec de la tomate concentrée. Ajoutez la préparation de la viande et 5 verres d’eau (rajoutez de l’eau si nécessaire).


5

Versez la préparation de la sauce avec le riz et la viande, puis les carottes, pommes de terre et haricots verts (ajoutez 1 clou de girofle et un peu de cardamone). Laissez cuire (30 minutes) avec un couvercle, mélangez de temps en temps.

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Pour les achards de légumes en accompagnement du pilao : découpez les carottes et le concombre en lamelles, hachez les oignons, les gousses d’ail, la ciboulette et le piment vert.

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Faites revenir le tout dans un poëlle avec un peu d’huile de cuisson pendant 2 minutes. Arrêtez le feu et versez le vinaigre blanc. Voilà, il suffit de saler et de poivrer. Bon appétit !

Au choix Vous pouvez agrémenter votre pilao d’une salade verte (voir photo ci-dessus)


Jeux

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es v o s g r il l

à

!!

Complétez les cases de la grille de Sudoku avec les chiffres de 1 à 9 de sorte que ces chiffres ne se répètent ni dans chaque colonne, ni dans chaque ligne ni dans chaque carré. Il n’ y a qu’ une seule solution. à vous de la trouver !

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Résultats jeux TEST

Votre humour fait votre charme. Vous êtes décontracté(e), séduisant(e) et un tantinet séducteur(trice). Comme San Antonio ou Lemmy Caution, vous aimez plaire et, au cours d’une enquête policière, vous joignez l’utile à l’agréable. Guère scrupuleux(euse), comme Arsène Lupin, vous évoluez sur un fil, toujours à la limite de la légalité. Heureusement, votre sagesse et votre bon sens vous permettent de rester dans le droit chemin.

Comme Hercule Poirot, Miss Marple et Sherlock Holmes, vous vous attachez aux détails. Tout inconnu devant vous est étudié, passé au crible et vous vous appliquez à sonder ses pensées profondes. Vous êtes une personne méticuleuse, peut-être même tatillonne, à la limite maniaque. Vous ne laissez rien au hasard et, comme l’inspecteur Columbo, vous venez à bout de toutes les difficultés de l’existence.

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Grille n°4

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Grille n°3

Votre tempérament vous pousse à être un détective comme Magnum ou Mike Hammer. Vous n’êtes pas fait(e) pour les enquêtes minutieuses, les études psychologiques des criminels, mais bel et bien pour foncer, agir, cogner ! Probablement sportif(ive) dans l’âme, vous n’êtes pas du genre à vous morfondre pendant des heures, bien au contraire, rien ni personne ne vous arrête.

mots fléchés

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Grille n°2

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Grille n°1

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SUDOKU


Vincent LiĂŠtar


Horaires des marées

© StraussgrauerMarina Softwares

La prudence impose de confronter les données issues de ces grilles avec les documents officiels qu’il est obligatoire d’avoir à bord. On peut aussi consulter les prévisions du Service d’Hydrographie et d’Océanographie de la Marine à l’adresse : www.shom.fr




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