Patrimoine et Créativité, par Maurizio Carta (ListLab 2016)

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PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ UNE ALLIANCE POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE par MAURIZIO CARTA


DO.RE.MI.HE. PROJET DE DOCTORAT DE RECHERCHE POUR LA MISE EN VALEUR DE L’HÉRITAGE NATUREL ET CULTUREL BÉNÉFICIAIRE : Université de Tunis Yassine Khaled, COORDINATEUR DU PROJET Abdelhamid Fenina, RÉSPONSABLE SCIENTIFIQUE Lotfi Kaabi, RÉSPONSABLE FINANCIER Sobhi Bouderbala, ASSISTANT À LA COORDINATION SCIENTIFIQUE Abdelhamid Fenina, RÉSPONSABLE DE LA FORMATION Mohamed Tahar, RÉSPONSABLE DE L’APPRENTISSAGE Fakher Kharrat, RESPONSABLE DU CAMPUS Roberto Albergoni, ASSISTANCE TECHNIQUE Salwa Trabelsi, TUTOR CAMPUS Hayet Badrani, TUTOR CAMPUS Zohra Asmi Jallouli, TUTOR CAMPUS Yassine Halwani, TUTOR CAMPUS Soukaina Ben Ammar, FONCTIONNAIRE Hounaida Jendoubi, COMPTABLE Paola Castro, ASSISTANCE ADMINISTRATIVE PARTENAIRE : Università degli Studi di Palermo - Polo Didattico di Agrigento Dipartimento di Architettura - Dipartimento Culture e Società Lucio Melazzo, COORDINATEUR DU PROJET Maurizio Carta, RÉSPONSABLE SCIENTIFIQUE Ettore Castorina, RÉSPONSABLE FINANCIER Valeria Scavone, ASSISTANT À LA COORDINATION SCIENTIFIQUE Angela Alessandra Badami, RÉSPONSABLE DE LA FORMATION Elisa Chiara Portale, RÉSPONSABLE DE LA FORMATION Daniele Ronsivalle, RÉSPONSABLE DE L’APPRENTISSAGE Barbara Lino, RESPONSABLE DU CAMPUS Margherita Orlando, SECRÉTARIAT TECHNIQUE ET COMMUNICATION Eliana Messineo, TUTOR DE LA FORMATION Carmelo Galati Tardanico, TUTOR CAMPUS Francesco Scrudato, TUTOR CAMPUS Vincenzo Spataro, TUTOR CAMPUS Francesca Montagna, TUTOR CAMPUS Maria Grillo, SUIVI FINANCIER Giuseppe Caramazza, FONCTIONNAIRE Calogero Daunisi, COMPTABLE ASSOCIÉ : Université de Évora - Cidehus - UNESCO Chaire pour le Patrimoine Culturel Filipe Themudo Barata, RÉSPONSABLE ASSOCIÉ : Università degli Studi di Foggia - Dipartimento di Studi umanistici. Beni culturali, Lettere, Scienze della Formazione Giuliano Volpe, RÉSPONSABLE

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INDEX INTRODUCTION DO.RE.MI.HE. : Formation et projet pour la mise en valeur intégrée du Patrimoine Culturel et Naturel Maurizio Carta, Lucio Melazzo

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PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ Patrimoine et Créativité : la nouvelle alliance entre l’identité et l’innovation 15 Maurizio Carta Les paysages, le patrimoine immatériel et la connectivité du territoire Filipe Themudo Barata

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De l’architecture à l’archéologie. Le projet pour le Temple-Dôme de Pozzuoli 37 Andrea Sciascia Interculturalité comme ressource 43 Caterina Greco Le Parc et le projet 51 Giuseppe Parello “Main basse” (adroitement) sur la ville Gianfranco Tuzzolino

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Caractéristiques urbanistiques du site archéologique d’Akragas. Du site archéologique au Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente 63 Angela Alessandra Badami Un joyau entre la ville et le territoire Valeria Scavone Connaissance et mise en valeur du patrimoine archéologique. Donner un sens et saisir le sens des vestiges du passé : le cas d’Agrigente Elisa Chiara Portale

AGRIGENTE, LA VALLÉE ET LE PARC

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Agrigente : la Carte Archéologique de la cité antique et du faubourg Aurelio Burgio

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Responsabilité est planification Daniele Ronsivalle

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Les Plans de gestion UNESCO : rhétorique ou instrument de développement local ? Barbara Lino

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LE FORUM - UN PLAN D’ACTION COMMUN ET PROACTIF Table 1 - Questions de durabilité économique Carmelo Galati Tardanico

Report Table 1 Francesco Scrudato

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157 Table 2 - Questions de durabilité sociale Angela Alessandra Badami Report Table 2 Vincenzo Spataro Table 3 - Questions de durabilité culturelle et environnementale Valeria Scavone Report Table 3 Francesca Montagna

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La Vallée des temples d’Agrigente comme les jardins de la Biennale de Venise 177 Andrea Bartoli

CONCEPTS - NOUVELLES VISIONS POUR LA VALLÉE DES TEMPLES Le dividende culturel dans la Société de la Connaissance Maurizio Carta

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La Vallée comme bien commun Barbara Lino

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La valeur de la proximité pour une nouvelle interface métabolique Carmelo Galati Tardanico

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Le Parc vivant Vincenzo Spataro

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Strategies de raccord urbain Francesca Montagna

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La peripherie urbaine, charniere Ville- Parc Francesco Scrudato

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WORKSHOP - ETUDES, STRATEGIES, PROJETS 01 | Études Analyses du contexte/Valeurs et critiques/Cycles de vie/ Transformations/SWOT

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02 | Stratégies 240 Osmoses, connexion et interaction/Les quatre “dimensions” du Parc/ Innovation sociale et régénération urbaine/Le territoire est le Parc 03 | Projets L’axe, l’interface, le Parc “vivant”

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Les auteurs

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AGRIGENTE, LA VALLÉE ET LE PARC

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DO.RE.MI.HE. : FORMATION ET PROJET POUR LA MISE EN VALEUR INTEGREE DU PATRIMOINE CULTUREL ET NATUREL MAURIZIO CARTA, LUCIO MELAZZO

Héritage culturel et patrimoine culturel, territoire créatif et économie de l’expérience, conception intégrée et gouvernance efficace, voici les mots clés et les instruments opérationnels s’y rapportant qui, aujourd’hui, doivent guider les procédures de développement des territoires qui veulent s’alimenter de leur matrice culturelle, mais qui doivent en même temps constituer les ressources et les procédures du nouveau projet futur qui unit l’héritage culturel et l’innovation sociale, le patrimoine archéologique et le paysage, l’identité et l’évolution. Une nouvelle alliance entre les politiques et les projets, les normes et les formes, les décideurs et les experts est donc nécessaire pour envisager une conservation et une mise en valeur intégrées de l’héritage culturel matériel et immatériel. Voici le cadre dans lequel s’intègre le projet de coopération transfrontalier DO.RE.MI.HE. (Projet de Doctorat de Recherche pour la Mise en valeur de l’Héritage naturel et culturel). Le projet financé avec des fonds communautaires dans le cadre du programme ENPI Italie-Tunisie, est finalisé à la rédaction d’un modèle commun pour l’activation expérimentale de Parcours de haute formation et de recherche multidisciplinaire dédiés à la gestion et à la mise en valeur innovante des sites archéologiques dans le cadre des contextes urbains et paysagers. Le partenariat du projet est composé de l’Université de Tunis (jouant le rôle de chef de file, responsabilité de la gestion : Yassine Khaled et responsabilité scientifique : d’Abdelhamid Fenina) et des Départements d’Architecture et de Cultures et Sociétés de l’Université de Palerme (responsabilité de la gestion : Lucio Melazzo et responsabilité scientifique : Maurizio Carta avec Valeria Scavone, vice-coordinateur), avec le support du Centre de Gestion du Pôle Didactique d’Agrigente et de deux institutions associées : la Chaire UNESCO pour le Patrimoine culturel de l’Université d’Évora Cidehus (Filipe Barata) et le Département des Etudes Humanistes, Lettres, Biens Culturels, Sciences de la Formation de l’Université de Foggia (Giuliano Volpe). Un partenariat entre Universités fort et compétent qui a

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travaillé durant toute l’année 2015 dans le but de vérifier les conditions de faisabilité, au niveau culturel et au niveau gestion, pour instituer un Doctorat de Recherche multidisciplinaire, un Master ou une école de Haute Formation, impliquant les Universités de Tunis et de Palerme, en vue de renforcer la coopération culturelle dans le bassin Méditerranéen, en tant qu’instrument de paix et de dialogue. En plus d’uniformiser le système des crédits et de l’évaluation, ainsi que les procédures administratives, le projet a agi dans une dimension expérimentale qui a permis de contrôler sur le terrain les convergences et les différences d’approche formative entre les deux Universités. Un groupe de 20 étudiants (10 siciliens et 10 tunisiens) sélectionné par leurs Universités, a participé à un Parcours multidisciplinaire de formation avancée subdivisé en trois phases : Formation, Stage et Campus. La phase de Formation (pour un total de 240 heures) s’est déroulée en Sicile (Agrigente et Palerme sous la responsabilité de Angela Alessandra Badami et Elisa Chiara Portale) en avril 2015 pendant trois semaines et, à Tunis, en mai pendant trois semaines. Les vingt étudiants ont fréquenté des cours dans des disciplines de six matières (Connaissance du patrimoine culturel et environnemental ; Droit international et législation du secteur ; Plans d’interprétation ; Protection et conservation ; Mise en valeur du patrimoine culturel ; Patrimoine et créativité), donnés par des professeurs de l’Université de Palerme et de l’Université de Tunis. Les Stages, finalisés à la réalisation d’une période d’apprentissage et aux travaux professionnels des étudiants (sous la responsabilité de Daniele Ronsivalle), se sont déroulés dans des structures publiques ou privées, de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel avec lesquelles les Universités ont stipulé des accords spécifiques (pour un total de 250 heures allant de juin à septembre). Parmi les structures en Sicile, nous signalons le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente, la Direction générale des biens culturels et environnementaux d’Agrigente, le Département Régional des biens culturels, la Direction de la mer. Parmi les structures en Tunisie, nous signalons l’Institut National du Patrimoine et la Municipalité de Zaghouan. Le Campus (sous la responsabilité de Barbara Lino) a visé l’application des systèmes méthodologiques et théoriques communs acquis dans le cadre des activités didactiques, à travers une phase de laboratoire d’expérimentation de stratégies de gestion et de mise en valeur du patrimoine culturel matériel et immatériel, appliquées sur deux contextes territoriaux différents, un sicilien, Agrigente et un tunisien, Zaghouan. Le Campus s’est déroulé en septembre entre Tunis et Agrigente (pour un total de 200 heures) et a consisté en activités de séminaires, en contrôles sur place dans les sites intéressés, en activités de travail de groupe avec l’assistance de tutor. Au vu de leurs caractéristiques locales, les deux zones archéologiques, le site d’Agrigente inséré dans la liste

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WHL depuis 1997 et le site de Zaghouan dont le processus de candidature est en cours, représentent l’occasion de développer deux expériences conceptuelles proposées pour la conservation et la mise en valeur créative d’un patrimoine culturel d’une valeur exceptionnelle. Les politiques de mise en valeur et de protection, ainsi que les instruments de planification territoriale concourent à la compréhension des relations entre les contenus des Plans de Gestion UNESCO, les politiques de mise en valeur, la protection et les instruments de planification territoriale afin d’élaborer les orientations, les stratégies et les concepts capables d’intégrer les instruments existants et d’harmoniser les processus de gestion et de mise en valeur du patrimoine. Le Campus s’est déroulé en trois phases : une première phase de trois jours visant l’enquête sur les sites et orientée à l’élaboration d’analyses préliminaires au projet dans lequel les étudiants tunisiens ont approfondi l’analyse sur le site de Zaghouan et les étudiants italiens sur celui d’Agrigente. Une deuxième phase s’est déroulée à Agrigente à travers des activités de workshops et des séminaires où les étudiants, italiens et tunisiens, ont réalisé ensemble des projets sous la supervision et la direction de quatre enseignants-tutor italiens à Agrigente et d’un enseignant-tutor tunisien à Zaghouan. Ensuite, à la fin des activités de laboratoire, la troisième phase de deux semaines durant laquelle chaque étudiant a travaillé individuellement sur la rédaction du produit final composé par les connaissances acquises durant la phase de formation et par celles mises en pratique durant les phases du Campus. Aussi bien la première que la deuxième phase du Campus ont été alimentées par les interventions didactiques d’enseignants et d’experts de l’Université de Palerme, de l’Université de Tunis, de l’Université d’Èvora, de la Direction d’Agrigente et du Parc Archéologique de la Vallée des Temples, à travers les lectures, les présentations de bonnes pratiques ou de discussions au cours des séminaires. Ensuite, les résultats intermédiaires et finaux du Campus ont fait l’objet de discussions entre les sujets impliqués dans les processus de gestion et de mise en valeur des sites, qui ont le loisir de saisir les concepts et les stratégies élaborées par les groupes de travail avec une retombée concrète des résultats du projet DO. RE.MI.HE. sur les contextes territoriaux choisis pour la phase d’expérimentation. Le Site Archéologique de Zaghouan qui se trouve à environ 100 km au sud de Tunis et qui est le siège du célèbre aqueduc romain qui arrivait jusqu’à Carthage, a offert l’occasion d’expérimenter des politiques et des projets de mise en valeur intégrée dans une zone dans laquelle est en cours une procédure de protection et de candidature dans la WHL de l’UNESCO. En effet, la zone archéologique n’est pas actuellement délimitée officiellement dans sa totalité et une association culturelle la gère en totale autonomie. Le thème choisi pour l’expérimentation conceptuelle a concerné les produits préliminai-

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res à la rédaction de Principes directeurs pour la mise en valeur du cas d’étude (en vue d’un Plan de Gestion du site futur). La subdivision des objectifs et des activités de conception sur Zaghouan a été effectuée par l’Université de Tunis, sous la responsabilité de Faker Karrhat. Par contre, le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples a été créé comme organisme autonome avec la Loi Régionale 20/2000 et est déjà un site inscrit, pour une extension d’environ 1400 ha, dans la WHL UNESCO “Zone Archéologique d’Agrigente” (coïncidant avec le périmètre de la zone A définie par le décret ministériel Gui-Mancini du 16 mai 1968 “Détermination du périmètre de la Vallée des Temples d’Agrigente, des prescriptions d’utilisation et des contraintes d’inconstructibilité ”). Sa buffer zone coïncide avec la zone B du Décret du Président de la Région Sicilienne du 16 juin 1991. Une objectivité archéologique, culturelle et territoriale plus mûre fait donc l’objet des expérimentations du Campus à Agrigente (coordonnées par B. Lino, avec A. Badami et V. Scavone) et a permis d’élaborer un projet intégré de mise en valeur du patrimoine en mesure de générer, avec une approche réticulaire, une intégration étroite entre le site archéologique, la Vallée et son paysage et le système urbain et territorial (organisation scientifique de visite, de relations culturelles et thématiques du système à échelle régionale, nationale et internationale, reconstruction de Parcours matériels et immatériels, d’exploitation du territoire, etc.). Les analyses ont notamment été orientées sur la lecture des relations fonctionnelles et paysagères existant entre le site archéologique, la Vallée, le contexte urbain et la buffer zone UNESCO ; à la compréhension des contenus du Plan de Gestion (au sujet des mesures de protection, au système de gestion, aux stratégies de mise en valeur) et aux éventuelles nécessités de mise à jour et d’adaptation ; et à la compréhension des contenus du Plan du Parc et du Piano Regolatore generale (PRG, assimilable au Plan d’Occupation du Sol) avec une attention particulière à leurs intégrations nécessaires. Des séminaires d’approfondissement visant la comparaison avec la dimension de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine archéologique et paysager et du projet urbain ont été menés durant les activités de laboratoire, en plus des activités publiques (Forum) visant l’interaction entre les groupes de travail avec la population locale et certaines parties prenantes du territoire. Les analyses du site et les options conceptuelles proposées se sont basées aussi sur six critères déterminés par l’UNESCO pour l’inscription dans la WHL qui, de manière différenciée, ont constitué la base conceptuelle sur laquelle fonder l’approche intégrée à la conservation et à la mise en valeur. Nous rappelons ci-après les six critères : 1. représenter un témoignage du génie créatif de l’humanité ; 2. montrer un échange important de valeurs humaines, dans un laps de temps assez long à l’intérieur d’une zone culturelle du monde, sur les

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développements au niveau de l’architecture, de la technologie, des arts monumentaux, de la planification urbaine et du dessin du paysage ; 3. être un témoignage unique et exceptionnel d’une tradition culturelle ou d’une civilisation vivante ou disparue ; 4. constituer un exemple exceptionnel d’une typologie de construction, d’un ensemble architectonique ou technologique, ou d’un paysage, qui illustre une ou plusieurs phases importantes dans l’histoire de l’homme ; 5. être un exemple exceptionnel d’un habitat humain traditionnel, de l’utilisation de ressources territoriales ou marines, représentatif d’une culture (ou de plusieurs cultures) ou de l’interaction de l’homme avec l’environnement, surtout lorsque celui-ci est devenu vulnérable à cause de transformations irréversibles ; 6. être directement ou matériellement associés avec des événements ou des traditions vivantes, des idées ou des croyances, des œuvres artistiques ou littéraires qui ont une signification universelle exceptionnelle. Les outputs produits ont concerné une stratégie de mise en valeur intégrée du site agissant sur les valeurs matérielles et immatérielles, ainsi que sur les relations avec les systèmes d’habitat du contexte et sur les relations paysagères, alimentée par les contributions contenues dans la première partie du volume. L’ensemble de normes visant l’intégration de dispositions en matière de protection, de conservation et de mise en valeur active du site, dont nous parlons dans la deuxième partie, a été élaboré à partir des résultats du Forum avec les parties prenantes. Les nouveaux concepts pour la Vallée des Temples traités par les contributions de la troisième partie, sont orientés à la définition d’un système de principes directeurs pour le site UNESCO qui vise à intégrer la dimension de la gestion et de la gouvernance territoriale du site avec une attention particulière à l’implémentation des processus de participation et l’harmonisation entre les contenus du Plan de Gestion du Parc, du PRG d’Agrigente et d’autres instruments de planification éventuelles. Ensuite, la quatrième partie est dédiée au workshop qui a produit des dispositifs conceptuels de certaines parties du site ou de bâtiments spécifiques ou d’un composant paysager qui potentialisent la dimension de la mise en valeur culturelle et de l’exploitation du site (par ex. : un visitor center, un Parcours piétonnier de liaison sur la Vallée, un espace public à forte capacité de liaison, un living lab archéologique pour l’utilisation innovante du site, ecc.). L’expérience du Projet DO.RE.MI.HE. dont nous présentons les résultats sur Agrigente, laisse entrevoir les premières traces d’un nouveau territoire culturel créatif, en mesure d’offrir des occasions précieuses d’un réel développement durable, capable de produire des effets dans le domaine de la conservation des ressources culturelles matérielles et immatérielles, dans le domaine des ressources territoriales identitaires, dans le domaine des biens collectifs et du partenariat public-privé-société civile.

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PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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Affiche officielle de l’exposition “Sicily. Culture and Conquest” au British Museum à Londres.


PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ : LA NOUVELLE ALLIANCE ENTRE L’IDENTITÉ ET L’INNOVATION MAURIZIO CARTA

Sicile, patrimoine de l’Humanité La Sicile est un palimpseste de biens matériels et immatériels extraordinaire, profond et ramifié. Le Parc Archéologique de la Vallée des Temples à Agrigente, l’Etna, la Villa Romaine du Casale, les villes du Baroque tardif de la Vallée de Noto (Caltagirone, Militello Val di Catania, Catane, Modica, Noto, Palazzolo, Raguse et Scicli), les Iles Eoliennes, Syracuse et les Nécropoles rupestres de Pantalica, Palerme arabe-normande avec le Dôme de Cefalù et celui de Monreale, ainsi que la taille de la vigne en gobelet de la communauté de Pantelleria, la Diète Méditerranéenne et l’Opera dei Pupi sont les biens que l’UNESCO a reconnus comme héritage culturel mondial. Une armature culturelle mondiale étendue et ramifiée de Parcs et de sites archéologiques – Sélinonte, Ségeste, Hymera, Eraclea Minoa, Megara Hyblea – vient s’ajouter à ces 22.000 hectares d’excellence planétaire – une myriade de châteaux et de centres historiques, d’églises et de monastères, de fermes et d’usines témoins d’une richesse de production, ainsi qu’un réseau de centres historiques (Gangi et Montalbano Elicona prédominent parmi les bourgs les plus beaux d’Italie) qui caractérisent l’habitat d’une terre qui a été la mère des peuples. Il s’agit là de milliers de chapitres de l’histoire infinie de notre civilisation : une richesse de biens culturels qui fait de la Sicile toute entière un “Patrimoine culturel de l’Humanité”, titre qu’ une institution comme le British Museum a reconnu avec la formidable exposition “Sicily, Culture and Conquest”. Face à cet héritage extraordinaire et à cette diversité culturelle, la Sicile ne peut pas continuer à poursuivre des politiques de biens culturels qui ressemblent à l’expérience effectuée par Luigi Galvani au XVIII siècle avec les cuisses de grenouille mortes qui, traversées par un courant électrique, se mouvaient en faisant croire – ou espérer – qu’elles étaient de

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nouveau en vie et qu’elles avaient ressuscité. Les territoires siciliens en déclin, les villes défigurées par la dégradation de la modernité incomplète ou les paysages agricoles abandonnés ont souvent essayé de vaincre la mort à travers l’introduction d’une énergie externe dérivant parfois de la reconnaissance de l’UNESCO, d’autres fois, de l’attraction touristique de masse, ou d’autres fois encore, de grands événements culturels ou sportifs. L’effet a souvent été tragiquement identique à l’expérience effectuée sur la grenouille : le dynamisme initial issu de l’événement a simulé une apparence de vitalité, souvent échangée de manière – consolatoire – avec le retour à la centralité culturelle, avec une réanimation du système de production ou avec la renaissance des villes. Rien de plus illusoire ! Le patrimoine culturel est la matrice et le moteur du développement uniquement s’il est géré de manière stratégique et intégrée, sans fausse illusion et sans enthousiasme simple, la conservation du paysage et la qualité de l’environnement ne peuvent pas se limiter à la protection passive, bien qu’elle soit indispensable, mais elles nécessitent d’un engagement politique, culturel et technique pour les affronter comme des biens collectifs, comme des générateurs d’une nouvelle identité et pas seulement comme des témoins de l’histoire, des créateurs de valeur et des attracteurs de tourisme (Carta, 1999). Dans un monde qui désir reconquérir la dimension culturelle du développement – l’UNESCO l’invoque depuis plus de vingt ans (UNESCO, 1994) – la Sicile se propose comme un laboratoire en mesure de repenser le conflit entre une société dynamique et un environnement “à mesure d’homme”, entre le devoir de la conservation et l’engagement de la mise en valeur. Les biens protégés par l’UNESCO et leurs contextes ont besoin de nouvelles politiques culturelles et urbanistiques, de nouveaux modes d’habiter, de se déplacer et de produire. Ils demandent de réfléchir sur la piétonnalisation des centres historiques comme un nouveau mode de les vivre et pas seulement de les traverser, ils réclament une qualité de l’espace public vu comme une occasion de rencontre, une mobilité durable et un tourisme respectueux des lieux, une attention particulière au mobilier urbain et des structures de narration adaptées qui racontent le passé en préannonçant le futur. Ils réclament des musées qui communiquent l’histoire sous de nouvelles formes et avec des langages appropriés aux différents types de public. Les patrimoines matériels et immatériels de la Sicile « prétendent de ne plus être des îles de qualité protégées par une bulle de beauté en plein milieu de la dégradation, mais demandent de pouvoir interagir avec les cycles de vie du territoire et avec les modèles de développement, en prétendant des modèles de gestion efficaces en mesure de les faire agir comme des propulseurs de la qualité de vie des

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habitants et pas seulement des touristes. Ils aimeraient être le génome territorial sur lequel reconstruire un futur meilleur » (Carta, 2014a). Considérer la Sicile comme un Patrimoine de l’Humanité est donc une occasion pour discuter et projeter un modèle qui ne concerne pas seulement les grands attracteurs culturels, mais qui comprend aussi les territoires limitrophes, les centres historiques et les périphéries, les bois et les paysages agricoles, les fleuves et les routes, les ports et les aéroports et, surtout, les personnes. Des actions en mesure d’intervenir aussi sur le capital social sont nécessaires, surtout chez les jeunes qui pourront y trouver des occasions de travail. Il y a lieu d’utiliser les zones de protection des biens pour des activités innovantes à proposer aux communautés de citoyens plus responsables à la recherche de lieux d’habitation et de productions davantage en syntonie avec leur sensibilité culturelle. J’ai déjà écrit que nous devons saisir au vol toute occasion pour proposer « un nouveau méridionalisme fondé sur la qualité et non pas sur la revendication, plus consciente, responsable et active, qui insère dans l’agenda politique la conservation des ressources culturelles, la durabilité environnementale, la conservation des identités et la mise en valeur des talents. Nous devons fuir l’illusion de la résurrection de la grenouille, en remplaçant l’énergie exogène produite trop souvent par un clientélisme et un assistancialisme, avec l’énergie vitale culturelle matérielle et immatérielle. Une nouvelle politique en mesure de réactiver et accompagner le développement du Mezzogiorno exige une nouvelle classe dirigeante qui sache être régénératrice de visions, qui soit promotrice d’actions et de stratégies, même à partir de ces dix modèles d’excellence » (Carta, 2014b). Le territoire créatif 3.0 Les réflexions théoriques et les expérimentations sur la créativité urbaine comme facteur qualitatif, régénérateur et compétitif élaborées durant ces dernières années, à partir des travaux de Landry (2000) et de Florida (2002), ont généré d’autres réflexions théoriques et pratiques visant à fournir une plus grande dimension territoriale à la créativité (Landry, 2006). Déjà dans mon livre “Creative City. Dynamics, Innovations, Actions” (Carta, 2007), j’ai déterminé la nécessité d’avoir une évolution du concept en sélectionnant les facteurs qui permettent à la créativité territoriale de devenir un modèle de développement durable, créateur d’un nouveau paysage, gardien de la mémoire et tuteur de l’histoire, générateur de nouvelles économies de la culture et non pas un simple attracteur de ressources intellectuelles ou d’investissements. Aujourd’hui, le modèle de la créativité territoriale demande un saut d’évolution pour produire des effets multiplicateurs et régénérateurs sur le développe-

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ment durable fondé sur la dimension culturelle du développement. La créativité devient donc un facteur clé du développement durable, grâce à la promotion politique et culturelle menée par le Creative Cities Network de l’UNESCO qui, aujourd’hui, possède un panorama d’expériences concrètes réalisées par 116 villes dans le monde entier, aussi bien dans de grandes métropoles créatives comme Shanghai, Berlin et Rome que dans de plus petites villes dynamiques comme Saint-Etienne, Dakar ou Fabriano. C’est souvent le modèle du métabolisme créatif qui est proposé comme un sélecteur puissant de stratégies et de projets, vu qu’il agit en choisissant les cycles à réactiver pour en alimenter de nouveaux, en explorant les retombées opérationnelles du métabolisme urbain créatif à travers des projets de régénération et l’activation de nouveaux cycles de vie. Le territoire du métabolisme créatif, interagit donc avec la grande capacité de connexion avec le patrimoine culturel, à la recherche de lieux encore vitaux, mais sous-exploités, de lieux puissants de l’identité culturelle, mais déconnectés des dynamiques de développement, de lieux fragiles, mais de renommée globale et les réintègre dans le système territorial, car ils sont importants et nécessaires du point de vue stratégique pour consolider le rôle culturel et social, ainsi que pour optimiser la gestion et activer sa fonction de production dans l’économie de la connaissance. Le nouveau territoire créatif de troisième génération (Carta, 2011) devra offrir de précieuses occasions de développement réel, en mesure de produire des effets aussi bien dans le domaine de la conservation des ressources culturelles matérielles et immatérielles que dans le domaine des ressources territoriales identitaires, tout comme dans le domaine des biens collectifs et du partenariat public et privé. Dans la transition envers le territoire créatif 3.0, la Culture, la Communication et la Coopération sont les nouveaux facteurs de développement humain durable (Carta, 2009). La Culture est le facteur primaire de la créativité, car il s’agit d’une ressource qui plonge ses racines dans le palimpseste de l’histoire des villes, des territoires et des paysages et qui étend ses branches vers le futur. La culture méditerranéenne est un modèle composé par des lieux et des personnes, des patrimoines tangibles et intangibles, mais aussi par une identité civique et une vision du futur. L’armature culturelle méditerranéenne constitue la structure fibreuse des lieux et des communautés, leur caractère distinctif en mesure de résister aux tentations de la globalisation homologuante. Les ressources culturelles, ne se limitent donc pas à traverser les réseaux immatériels de l’histoire, de l’art ou de la formation, ne se contentent pas d’activer des événements et des manifestations temporaires, mais prétendent de se concrétiser dans des lieux et des occasions de rencontre pour la communauté, de se consolider au niveau des services et de vivre à travers

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les nouvelles centralités culturelles. La culture comme facteur de créativité et de durabilité requiert un projet de territoire puissant. Le deuxième facteur de créativité territoriale est la Communication, c’està-dire la capacité d’informer, de divulguer et d’impliquer les habitants en temps réel, ainsi que les nombreux utilisateurs qui traversent les territoires de la culture, qui les imprègnent, qui les connectent avec d’autres caractéristiques territoriales, dans un réseau culturel global de plus en plus vaste. La ville méditerranéenne a toujours été un instrument puissant de communication et sa fonction dialogique et d’information est un des facteurs de créativité les plus puissants, car il permet de faire fortifier le milieu – l’environnement physique et humain – où agissent les acteurs de la transformation, en orientant les ressources et les acteurs vers des objectifs communs et vers des horizons partagés. Enfin, le troisième facteur est la Coopération, entendue comme forme active de la participation, nouvelle dimension conceptuelle du cosmopolitisme méditerranéen. Le défi du territoire créatif exige de plus en plus une intégration coopérative des différences afin que les différentes cultures puissent collaborer à un projet pour le futur. Le territoire créatif n’est plus seulement ouvert, multiculturel et multiethnique, mais il est en mesure de mobiliser ses diversités vers le nouveau projet du territoire, en activant des forum, en réalisant des lieux de proximité afin de faciliter la confrontation et la vision collective, en localisant de nouvelles centralités multiculturelles. Les environnements plus créatifs sont ceux qui génèrent une plateforme permanente de coopération, un écosystème fertile qui génère une multitude d’innovations à partir de la coopération entre les parties, comme cela advient, par exemple, dans la barrière de corail : un écosystème d’énergie créative et coopérative inépuisable. Le patrimoine culturel et le territoire créatif, l’économie de l’expérience et la conception intégrée, la gouvernance efficace et le partage sont aujourd’hui des instruments nécessaires pour guider les processus de développement des territoires fondés sur leur matrice culturelle, mais ils doivent constituer en même temps, les ressources et les procédures du projet du futur qui lie ensemble l’héritage culturel et l’innovation sociale, le patrimoine archéologique et le paysage, l’identité et l’évolution, le patrimoine et la créativité. Ré-imaginer les politiques culturelles “Re-shaping Cultural Policies” (2015) est le nouveau rapport de l’UNESCO sur les politiques actives pour le patrimoine culturel matériel et immatériel comme moteur de développement durable, créatif et intelligent. Le Rap-

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port actualise et évalue l’impact de la “Convention on the Protection and Promotion of the Diversity of Cultural Expressions” (2005) sur les politiques, les plans et les programmes orientés au développement culturel durable. Le Rapport soutient la nécessité que les industries culturelles et créatives soient intégrées dans les politiques pour la durabilité. La planification doit reconnaître avec plus d’engagement le contexte culturel où les plans de développement sont mis en œuvre, en activant dans les choix de localisation et de requalification, le rôle dynamique que les industries culturelles et créatives peuvent jouer dans l’obtention des objectifs économiques et sociaux aussi bien au niveau local que régional. Un principe essentiel du développement durable du point de vue culturel souligné par l’UNESCO est représenté par l’équité vis-à-vis des groupes plus vulnérables de la société, en mettant en œuvre des stratégies ciblées pour affronter avec succès le désavantage dans l’accès à la participation culturelle, mais aussi en augmentant le contrôle pour garantir que les politiques culturelles dans certains secteurs – surtout celles concernant la mise en valeur – n’aient pas d’effets collatéraux négatifs, en réduisant l’ampleur des effets vis-à-vis du capital social. Le rapport invite donc les gouvernements, les techniciens et les communautés à ré-imaginer les politiques culturelles, en remodelant leurs éléments constitutifs afin d’activer des écosystèmes culturels et créatifs adéquats en mesure de produire les facteurs habilitants nécessaires pour le développement durable. Nous pouvons déterminer quatre niveaux d’action de politiques urbaines et territoriales en mesure d’activer des écosystèmes qui relient différents cluster et districts culturels (Caroli, 2004), toujours plus fréquents sur le territoire et qui recomposent les dimensions matérielles et immatérielles de la culture. Tout d’abord, une politique urbaine efficace doit renforcer la compétitivité des districts à travers l’adoption de stratégies en mesure de valoriser les potentialités de la ville (histoire, ressources, connexions, brand) et de favoriser leur intégration avec la dimension métropolitaine pour augmenter sa masse, son ampleur et sa puissance. Le renforcement des infrastructures de mobilité et de communication est donc indispensable, en intervenant surtout sur les nœuds de liaison avec les grands réseaux transnationaux (ports et aéroports), ainsi que le développement de l’offre de services aux entreprises, surtout de services innovants et grande valeur ajoutée qui facilitent l’action de networking. L’importance des interventions pour l’agrandissement et le renforcement du capital humain et des niveaux de compétence et de professionnalisme disponibles ne doit pas être négligée, en agissant sur la formation et la recherche, ainsi que sur la facilitation de l’interaction entre les acteurs au sein des cluster et parmi les inter-cluster, même à travers la création d’organismes d’intermédiation

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(agences, sociétés mixtes, advisor, accords etc.). Enfin, il est indispensable d’activer des instruments de stimulation fiscale et financière qui favorisent la connexion au cluster d’activités déjà fortes dans le panorama de la créativité ou bien de stimuler de nouvelles activités latentes à partir du capital social des zones moins centrales. Le deuxième niveau concerne les politiques urbaines pour la distribution des effets des cluster créatifs à l’entièreté de la ville dans une optique géo-écosystémique, qui s’adressent surtout aux aides pour la réduction de l’impact sur l’environnement et sur l’énergie et à la stimulation de la responsabilité sociale des entreprises implantées, en prévoyant, par exemple, des normes dans les plans et dans les projets urbains afin de stimuler la compensation monétaire des charges urbanistiques et de redistribuer une partie des bénéfices dans des interventions pour la qualité urbaine. Le projet urbanistique conscient doit savoir guider et régir la localisation des activités et des entreprises dans l’écosystème créatif de manière à redessiner les flux générés, mais surtout pour rééquilibrer les centralités en évitant le risque d’une congestion produite par la nouvelle demande de sol et de services. Le transfert des effets du succès d’un cluster doit être réalisé à travers des actions de transfert sur l’image globale de la ville, sur le renforcement du brand dans le but de potentialiser la crédibilité et l’attractivité des investissements, la population et les usagers, même à travers les flagship projects utilisés comme des éléments d’accréditation (désormais, Bilbao a montré l’exemple). Naturellement, nous ne savons pas encore comment certains des projets urbains les plus connus seront redéfinis à cause de la crise économique globale, mais il n’y a aucun doute que, dans un moment d’interventions anti-crise au niveau infrastructurel et de la construction, le fait que certaines villes possèdent une stratégie précise et des plans cohérents de grande envergure, facilite le fondement des ressources publiques là où il existe déjà un intérêt du secteur privé qui ne veut pas perdre les investissements initiaux (la continuité et la relance des projets de Nantes, de Marseille ou d’Hambourg sont un exemple éclatant). Le troisième niveau est composé d’actions pour réduire les effets négatifs produits par la présence d’un cluster créatif aussi bien à travers des actions vis-à-vis des dynamiques du marché immobilier -pour éviter des phénomène de gentrification, qui réduiraient la diversité culturelle et générationnelle en comprimant la créativité – qu’à travers des politiques de compensation (contrôle des locations, réserves légales pour la construction sociale, avantages fiscaux pour les jeunes couples, etc.). L’amélioration des conditions de la mobilité urbaine à travers la planification des infrastructures et la potentialisation de l’intermodalité, tout comme la ges-

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tion adéquate des systèmes de transport public, contribuent activement à éviter l’augmentation de l’engorgement et de la consommation du sol et à renforcer l’optique écosystémique. Enfin, il est nécessaire d’agir sur le capital social, non seulement en matière d’amélioration de la qualification du marché du travail, mais en promouvant l’empowerment et en facilitant l’auto-entreprenariat et les réseaux d’association, de manière à faciliter la transformation vers les secteurs de la creative economy. L’intensité et la proximité des relations entre les organismes institutionnels et les parties prenantes qui agissent dans les cluster de l’écosystème représentent en effet un facteur déterminant du succès qui exige de la part l’urbanisme le projet et la régulation de lieux et de conditions facilitant la manifestation de ces relations. Dans ce sens, la présence de lieux de proximité et de socialisation (urban center et living lab, maisons de la ville et incubateurs d’idées, co-housing et co-working) et la localisation de services culturels, sportifs ou de loisirs représentent une condition importante pour le renforcement du capital social entre les acteurs qui agissent dans l’écosystème. Le nouvel écosystème culturel requiert de nouvelles politiques publiques qui peuvent être résumées en quelques options opérationnelles qui composent un Agenda Urbain du développement durable du point de vue culturel : • utiliser la culture comme “moteur écologique” pour renouveler la politique culturelle des villes européennes à travers la potentialisation du rôle propulsif des villes dans la diffusion de la notion et des principes de la durabilité culturelle ; • diffuser le rôle des “agents culturels de proximité” pour améliorer le contrôle du patrimoine et des activités culturelles, à travers l’engagement des autorités locales dans le renforcement de la subsidiarité comme condition préalable pour un développement centré sur l’identité culturelle et basé sur des instruments spécifiques de contrôle ; • étendre la “diversité culturelle” comme facteur habilitant pour potentialiser la diffusion des cultures, à travers la diffusion des principes de durabilité considérés comme des composants d’un processus créatif, local et visant l’intégration ; • assurer le “droit à la culture” pour potentialiser le processus de responsabilisation culturelle, à travers l’acceptation d’un protagonisme social comme un des composants de la durabilité culturelle, en renforçant l’implication de la population comme facteur clé du développement ; • profiter des “nouvelles économies de la culture” pour amplifier les opportunités économiques à travers la promotion d’une économie visant la durabilité culturelle des décisions et des investissements dans le but d’assigner

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au secteur public la tâche de stimuler le marché vers l’accroissement des investissements orientés vers les politiques culturelles ; • enfin, promouvoir une véritable “gouvernance culturelle” pour vérifier l’efficacité de gestion à travers la promotion, de stratégies plus durables vis-à-vis des paysages culturels de la part des autorités locales. Les actions qui composent l’Agenda Urbain pour un développement culturellement durable, n’offrent pas seulement un ensemble de politiques, de processus et d’instruments, mais induisent une véritable métamorphose de la gouvernance de la dimension culturelle du développement, au sein de laquelle le patrimoine culturel et la créativité ne sont plus seulement les matrices de leurs connotations (l’identité et l’innovation) ou de leurs options opérationnelles (la conservation et la transformation). En effet, elles deviennent le génome du développement durable, les éléments d’un nouveau métabolisme culturel du territoire. Ce sont des actions en mesure d’activer de nouveaux procédés osmotiques, de tisser des connecteurs et de générer des interfaces capables de reconnecter les politiques culturelles aux politiques de développement, en les remodelant pour attribuer un nouveau rôle au capital culturel dans le cadre de la transition économique et sociale que nous sommes en train de traverser.

Bibliographie Caroli M.G. (par) (2004), I cluster urbani, Il Sole24Ore, Milano. Carta M. (1999), L’armatura culturale del territorio. Il patrimonio culturale come matrice di identità e strumento di sviluppo, FrancoAngeli, Milano. Carta M. (2007), Creative City. Dynamics, Innovations, Actions, List, Barcelona. Carta M. (2009), “Culture, communication and cooperation: the three Cs for a proactive creative city”, dans International Journal of Sustainable Development, vol. 12, n. 2/3/4. Carta M. (2011), “Città creativa 3.0. Rigenerazione urbana e politiche di valorizzazione delle armature culturali”, dans M. Cammelli e P.A. Valentino (par), Citymorphosis. Politiche culturali per città che cambiano, Giunti, Firenze. Carta M. (2014a), “Armature culturali di sviluppo. Rigenerazione urbana e politiche culturali”, dans A. Capuano (par), Paesaggi di rovine e paesaggi rovinati, Quodlibet, Macerata. Carta M. (2014b), “Re-immaginare il Sud. Le sfide del buongoverno per la metamorfosi dello sviluppo”, dans M. Russo (par), Urbanistica per una diversa crescita. Progettare il territorio contemporaneo, Donzelli, Roma. Florida R. (2002), The Rise Of The Creative Class : And How It’s Transforming Work, Leisure, Community And Everyday Life, Basic Books, New York. Landry C. (2000), The Creative City : A Toolkit for Urban Innovators, Earthscan, London. Landry C. (2006), The Art of City Making, Earthscan, London. UNESCO (1994), The Cultural Dimension of Development. Towards a practical approach, UNESCO, Paris. UNESCO (2015), Re-shaping Cultural Policies. A Decade Promoting the Diversity of Cultural Expressions for Development, UNESCO, Paris.

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Le puits que la petite communauté d’Assumar (Alentejo) était, en 1509, capable de construire (Armas, Duarte de. Livro das Fortalezas, Lisboa : Inapa, 2ª ed. p. 35).

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LES PAYSAGES, LE PATRIMOINE IMMATÉRIEL ET LA CONNECTIVITÉ DU TERRITOIRE FILIPE THEMUDO BARATA

Dédicace Je voudrais dédier ce texte aux étudiants italiens et tunisiens du Cours de Doctorats de DO.RE.MI.HE., un projet de Doctorat de Recherche pour la mise en valeur de l’heritage naturel et culturel que les Universités de Palerme et de Tunis, et dans lequel la Chair UNESCO, dont je suis responsable, participe. Voilà pourquoi ce texte prétends, au même temps, discuter des questions sur le rôle du patrimoine immatériel dans nos jours, mais aussi pointer des possibilités de travail et recherche pour l’avenir et, plus important, le besoin d’intervention tant que citoyens, une responsabilité qui touche nous tous. Un concept et un projet vers une politique d’intervention Il y a quelques dizaines d’années, le sujet patrimoine culturel était plus simple à comprendre. Au-delà de ce qu’on appelle les Beaux-Arts, les grandes et les petites, la notion de patrimoine culturel a été cantonnée autour de la structure édifiée. Patrimoine était le bâtiment, que ce soit le palais, le monastère, l’église, le fort ou le château ; en tout cas, il était le construit. Depuis ces éloignés années 30s du XXe siècle, après des réunions successives d’architectes et conservateurs et dans différents quadrants géographiques ont été prises des décisions importantes concernant l’utilisation de matériaux, les méthodes de récupération, les principes de réutilisation, les critères de classification, etc. Certes, dans les années Cinquante du siècle dernier, d’autres types de patrimoine ont acquis de dignité et d’importance. Ce fut le cas du patrimoine archéologique, après les grandes fouilles qui ont eu lieu depuis le début des années Vingt ; ce fut aussi le cas de paysages, dont la beauté a été enregistrée comme

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une valeur d’actif de tenir compte selon la recommandation de Paris de 1962 pour la “Protection de la beauté et du caractère des paysages et des sites” ; a été particulièrement le cas du patrimoine naturel, dont la consécration a commencé avec la délimitation des réserves naturelles, a continué avec le développement des politiques d’aménagement du territoire et a atteint son apogée en 1972 avec la signature de la Convention pour la “Protection du patrimoine mondial, culturel et naturel”. Mais, depuis longtemps, l’idée d’immatériel faisait son chemin. Des fois il touchait la propriété intellectuel, d’autres c’était la protection de la culture traditionnelle et populaire et souvent par l’organisation des programmes ciblés, comme celui de 1993 concernant les “Trésors Humains Vivantes”. Bien sûr tout est devenu plus difficile à comprendre et gérer. Et comme il est devenu plus complexe la situation autour du patrimoine culturel ? Comment s’en sortir ? Ce ne sera pas dans le présent document qu’on pourra répondre pleinement à cette question, mais il est important de souligner les grandes lignes d’une réponse structurée, car il l’avait de nombreuses perspectives, des unes plus claires et que les autres mais toujours difficile à expliquer. En effet, malgré tout, dans ce procès, quelques conclusions sont devenues assez évidentes et concernent le patrimoine en général. Un premier pas est réfléchi dans la loi française du patrimoine culturel de 1962, quand elle a convenu que le patrimoine a un rapport inéluctable avec le territoire et les communautés qu’y habitent. Le deuxième c’est la définition du patrimoine comme une ressource, laquelle, comme les autres n’est pas renouvelable, doit être connu et gérée d’une façon compétente, ça veut dire, pour des spécialistes. Troisième caractéristique, vient peutêtre des années Soixante du XXème, quand le concept du patrimoine commence à s’élargir partout en touchant toutes les sortes de patrimoine, même de la vie. Ce vrai mouvement lié aux politiques de conservation et aménagement du territoire et protection environnemental conditionnent beaucoup les usages des espaces de nos villes et du sol. Ici on essayeras de répondre à partir d’une observation pratique : l’eau comme élément centrale qui organise les paysages culturelles, le patrimoine hydraulique associé qui reste toujours sur place et les pratiques sociales qui préservent ces paysages. En quelque sorte, c’est une proposition de regarder le territoire comme un corps vivant où des structures anciennes restent visibles et sont en usage, d’autres sont disparus, mais ce sera l’ensemble qui nous fait connaître aménager le Pays. C’est approche, plutôt théorique, permettra à tout ceux qui travaillent sur

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les paysages culturelles de trouver un encadrement conceptuelle utile. Peut-être ce sera le cas de Zaghouan (Tunisie), un des sujets d’un Cours de Doctorat en construction. Regardons, alors, les paysages de l’eau. La connectivité des paysages et le rôle de l’eau Saint Isidore, Évêque de Séville au VIIème siècle, a bien expliqué dans ses Etymologies (2000) les usages de l’eau. Il a soigneusement noté que l’eau aide à guérir les malades, elle fait pousser les plantes, elle lave la saleté, elle tue la soif et, finalement, l’eau enlève les péchés. En résume, selon lui, l’eau c’est le noyau de la vie elle-même. Si on prend les plusieurs approches proposé par Saint Isidore ont comprends comme, en étudiant l’eau, nous somme devant un thème étonnant car il nous pousse par des chemins infinies et un territoire qui lui aussi ne finit plus. Je prend seulement ici deux des fonctions que l’Évêque de Séville a identifié, ça veut dire, sa capacité de faire pousser les plantes et de tuer la soif. Mais du point de vue du patrimoine immatériel je propose une approche un peu différente : les rapports entre les usages de l’eau et la construction des paysages. Ces paysages sont le contexte physique dans lequel vive l’homme, aujourd’hui et dans le passé. Quelques fois, plutôt au nord, il faut que les peuples se défendent de l’excès de l’eau, d’autres fois, normalement au Sud, il a fallut répondre au besoin d’eau. Mais assouvir la soif et faire l’agriculture c’était l’objectif final. Voilà aussi pourquoi gérer les systèmes de protection contre le surplus d’eau, ou bien organiser les structures pour l’obtenir et la distribuer à toujours aider à construire des pouvoirs, n’importe si sont des petits communautés ou bien des grands empires. En conclusion, il n’y a pas de société organisé et de vie sans l’eau. Si on utilise une terminologie proche des anthropologues et des experts de l’écologie, on dirait que, depuis toujours, l’eau c’est la base de la connectivité du territoire, voulant dire que les communautés avaient des conditions de survivre notamment en fonction de ces capacités et connaissances techniques d’aménager les systèmes hydrauliques ; à la fin, l’eau donne à boire aux hommes, mais c’est aussi la condition de l’existence de l’agriculture. On s’aperçoit de ce phénomène quand on voyage par la Méditerranée car c’est facile de trouver et identifier les vestiges, par exemple romains, toujours présentant une grandeur et une sorte de perfection technique évidente avec ses grands aqueducs et barrages, ses thermes magnifiques, les beaux jardins avec ses étangs, les fossés des fortifications, les

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citernes ; même les systèmes de distribution de l’eau des villes provoquent la surprise et l’étonnement chez les touristes où les historiens. Pour le Moyen Age notre perception sera, je me permets de généraliser, l’opposé. Sauf quelques exceptions, comme, par exemple, les travaux de combat contre la mer en Flandres, les vestiges de ce temps là n’auront pas la magnificence des temps classiques. C’est vrai qu’en plusieurs régions du nord de l’Europe, les travaux pour sécher les marécages qu’inondaient la campagne où les essais de profiter des marées pour construire des moulins sont bien décrits dans les sources écrites et du paysage de l’Europe. Curieusement, avec les temps modernes les grands travaux hydrauliques recommencent à être construis pour faire face aux besoins des grandes villes ou bien d’une agriculture plus exigeante. Ce mouvement continuera après le XIXème avec des grandes travaux de construction ou la connaissance technique a gagné une dimension, on dirait étonnante. Mais le bût, ici, ce n’ait pas de faire des comparaisons esthétiques, c’est plutôt d’organiser un terrain de réflexion. L’objective, je le répète, c’est de tenir compte et évaluer le constat de Peregrine Horden et Nicholas Purcell (Horden, Purcell, 2001), selon lesquels l’eau organise la connectivité du territoire. Et Horden a annoncé (Horden, 2002) la norme de cette connectivité : en premier, Parce que les travaux d’irrigation et drainage doivent être observés comme des stratégies d’ensemble, ça veut dire s’ajuster au risque et profiter des opportunités de l’environnement. Deuxième, l’irrigation et le drainage, à la fin, ont eu un effet limité, tant en importance comme en mesure, car les productions sèches ont été le choix pour le paysages et même les moulins ne sont pas si nombreux, au moins dans la Méditerranée. En troisième, les travaux avaient comme objective plutôt l’amélioration où régularisation du système d’eau en hiver, que la recherche pour l’été (car il n’était pas question d’avoir des fleuves pérenne). Finalement, Horden expose une idée intéressant : dans l´histoire de la Méditerranée il y a eu un vrai “bureaucratie hydraulique” qui supportait un despotisme du genre oriental, beaucoup moins important que les travaux des petites communautés. C’est vrais que ce concept de connectivité ne s’épuise pas dans l’eau car les sociétés, ne vivant pas seules et isolées et, au contraire, avaient besoin et voulaient échanger des produits ; pour cela elles ont besoin des systèmes de communication pour survivre et s’engager avec d’autres ; voilà pourquoi les voies et les routes sont aussi des structures de

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support à la connectivité du territoire. Mais, d’une part, les systèmes de communications s’élargissent avec le temps. Comme expliquent M. Mazoyer et L. Roudart (Mazoyer, Roudart, 2002) les systèmes de transport ont gagné dans nos jours une allure global, voir, mondial, dans la mesure où le marché s’est aussi globalisé, tant qu’il y avait une sorte de rapport proportionnel entre la structure des voies, plus souvent plus restreint, et les limites plus au moins variable de la région. Bien sur que ce n’ait pas seulement l’eau et les paysages qui conditionnent le profil et structure des paysages, car la disponibilité de terre, la structure démographique, la compétition pour l’accès à la terre, les caractéristiques physiographiques du territoire, le savoir-faire et la connaissance technique sont des variables assez importantes. Un autre élément manque pour pouvoir s’approcher au paysage de la façon proposé : la marque du paysage (landmark). En effet, surtout avant le XVIIIème siècle, ça veut dire avant la révolution industrielle, les individus, comme les communautés, s’organisaient normalement dans un pays à partir d’une sorte de centre, le point a partir du quel ils bâtissaient ses maisons, ses propriétés, ses infrastructures primordiaux, n’importe si s’étaient des étangs, des moulins ou des chemins ; les paysages, il faut le rappeler, ont un sens d’occupation historique qu’il faut tenir compte. C’est ça que G. Aplin voulait dire quant il écrit que les paysages sont un “palimpsest of elements from the past and present”7 (Aplin, 2007). Cette logique d’occupation et d’organisation du territoire que se dépose les unes aux autres c’est centrale pour tous ceux qui étudient les paysages, voir le territoire, car chaque époque, meilleur dit, chaque société, laisse ses formes et « normes » d’occupation inscrites dans les paysages. On appelle à cette réalité la loi de la persistance des plans. Cela veut dire qu’au-delà des caractéristiques physiques de chaque pays, l’Homme – chaque société – fait les choix basé pas seulement sur le niveau des connaissances techniques qu’il a, mais aussi en fonction de ses valeurs culturels. Alors, il décide les espèces naturelles qui restent, ou les formes des propriétés qu’il exploite, ou bien les critères d’organisation du travail. Un exemple intéressant on pourras le voir dans le bassin de la Méditerranée. Pendant l’époque romaine, l’agriculture des rives était basée sur les cultures de céréales sèches, notamment le blé. Après la chute de l’Empire c’est claire les différences : dans les campagnes de la rive Nord, le blé a maintenu sa prédominance comme culture agricole, tandis que la rive Sud, avec l’apparitions des sociétés d’influence islamique a changé ses options principales en faveur des espèces irriguées : les culture fruitière, la citrouille, les haricots, les concombres et d’autres, l’idée de

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oasis et de pureté, l’image de l’eau qui enlève les péchés et comme la plus grande richesse pour la vie humaine et beaucoup plus forte que le travaille qu’il faut ajouter pour obtenir de l’eau. C’est aussi dans ce écart qui se va construire un rapport différent avec le terroir et le pays et une mémoire et identité différent aussi qui est projeté en rituels, pratiques sociales diverses et conception de cohésion sociale très diversifiés (Barata et al., 2014) ; maintenant c’est là le territoire du patrimoine immatériel. Partir de l’étude pour aboutir à l’intervention L’exemple des paysages qui je viens de présenté a encore une avantage, car elles nous permettent de comprendre comment le patrimoine culturel bâti ou les pratiques culturelles associées, au-delà d’une ressource, nous laissent mieux “lire” le territoire. Elles sont un domaine de travail qui obligent l’étudiant et son maître à réfléchir, bien sur, mais aussi à s’intéresser comme citoyens pour les ressources disponibles et que les sociétés actuelles doivent savoir gérer. Pour cette lecture on a besoin du regard de plusieurs intervenants : historiens, anthropologues, architectes et d’autres. Mais il faut renforcer un point : jusqu’à nos jours, les réponses pour savoir comment gérer les ressources du territoire et le résultat qui sont les paysages ont eu plusieurs réponses. Voilà pourquoi connaître le patrimoine ne doit pas se limiter à une observation historique des populations et des communautés car, partout dans le monde, les sociétés ont essayé des expériences assez variés pour répondre au même défi. Mais après étudier un paysage il faut décider les stratégies de mise en valeur et conservation ; voilà un nouveau carrefour : musée classique, centre d’interprétation, ecomusée, economusée, galerie d’exposition, évènement spéciale ? Tout dépend des objectifs qu’on envisage et les moyens disponibles. D’autre part, dans nos jours il y a une économie culturelle et des arts de la scène, qui n’est pas seulement lié au tourisme mais qui est un des secteurs qui est devenu plus dynamiques de nos sociétés. Bien sur que cet article est assez thématique, ce que veut dire qu’il ne connait pas quelque coupure chronologique, car les questions concernent la connectivité du territoire et surtout les usages de l’eau. Elles se vérifient dans les sociétés du passé et d’aujourd’hui. Mais pour ce sujet il faut comprendre qu’on ne pourras pas faire tout à la fois. Il faut dessiner d’objectives de recherche, de connaissance et d’intervention pour signaler les résultats qu’on attend d’obtenir. Transformer l’étude et la connaissance en action c’est un des objectives centrales de ce genre d’activité et donc voilà une proposition de projet et de travail dans la longue durée dirigé aux étudiants

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et mêmes aux experts du patrimoine de toute sorte, toujours avec les paysages de l’eau comme exemple. Connaître – Les structures bâtis et les usages pratiques de l’eau On commence par le premier grand volet : connaître et reconnaître les structures liés aux usages de l’eau que les différents sociétés laissent, encore dans nos jours, et ont laissé, dans le passé, sur le terrain. C’est un sujet dont la réflexion est moins exigent, car l’objectif c’est de comprendre le fonctionnement des structures liés aux usages de l’eau, identifier les matériaux, connaître, dans la mesure du possible, les auteur de chaque œuvre et conclure à propos des techniques utilisés. Bien sur que ce travail perd son sens plein s’il n’y a un travail envers, la comparaison des structures et des résultats. Là, on sait et on est sur que, à l’échelle de la terre, la règle c’est la variété. Elles représentent normalement des réponses à des problèmes spécifiques que chaque société a du faire face. La capacité d’investissement n’a pas été toujours la même, le temps disponible change d’un lieu à l’autre, les exigences du niveau démographique n’ont pas été les mêmes. Les populations asiatiques, par exemple, ont construit ces magnifiques paysages en dégrées, les terrasses, dans les montagnes qui bordaient les fleuves, pas pour faire beau, mais pour répondre à la rapide croissance démographique en tenant compte, au même temps, le régime irrégulier des fleuves (Mazoyer, Roudart, 2002). Les travaux possible sont innombrables et le limite c’est l’imagination, mais ce sera, peut-être le domaine des mémoires de maîtrise, car le temps pour les écrire diminue constamment. Réfléchir – Le savoir-faire, le savoir acquis et le savoir institutionnel La deuxième approche essaye d’aller un peu plus loin. Car elle a pour but nous aider à comprendre les données préalables qui justifient les usages de l’eau. Le centre maintenaient c’est de répondre à des questions plus complexes : quel gendre de savoir avaient (ont) les bâtisseurs ? Car ils sont des architectes, des fois, ingénieurs, d’autres, militaires, souvent, mais aussi des personnes que nous ne sommes pas capables d’identifier, qui n’avaient pas en plus une connaissance reconnue et organisé, dont le savoir c’est transmis de génération en génération au fils du temps. Ici, l’amplitude du travail c’est énorme. Prenons un travail de Mohamed El Faiz comme c’est le cas du “Maîtres de l’eau – Histoire de l’hydraulique

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ÉVORA

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Au-dessus/Environs 25 ans après, seulement avec l’investissement et la direction technique et humaine de la Couronne était possible de construire une structure si complexe (photo : José Manuel Mascarenhas, 2005). En dessous/Immage Google earth 2015.

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arabe” (El-Faiz, 2005). Son but a été d’étudier l’hydraulique et de l’agronomie dans la civilisation arabo-musulmane car l’auteur considérait que ces sujets sont restés en marge des préoccupations des historiens des sciences, des techniques et des arts. Son travail part de la reconnaissance de l’existence de plusieurs structures liés aux usages de l’eau, mais, après, il visite les œuvres de grands auteurs arabes qui ont traités, au long des siècles, des usages de l’eau. Il va de l’analyse du “Traité de mécanique” produit à Bagdad au IXème siècle et termine avec un manuel sur “ La science des eaux courantes de la ville de Damas” écrit au XVIIIème. Dans le cas d’El Faiz le travail a pris un chemin plus complexe, voir difficile, car la majorité des auteurs écrivais hors du système conventionnel de formation, comme les Universités. Cet exemple montre l’importance de revenir sur les sources et les textes anciens qui doivent être une des bases de la réflexion sur les usages de l’eau. Même en Europe c’est important revenir sur les textes classiques. Dans le vieux continent, une partie du savoir a été développer aux Universités, mais il y a des textes résultat d’un savoir qui n’est pas institutionnel. Deux exemples qui ne sont pas liés directement aux usages de l’eau mais qui nous aide à les comprendre. Le premier concerne l’œuvre d’un arpenteur médiéval, Bertarnd Boysset, qui a été objet d’une étude magnifique de Pierre Portet pour son doctorat, dirigé par Pierre Bonnassié et soutenue, en 1995, à l’Université de Toulouse II Le Mirail (Bertrand Boysset, arpenteur arlésien de la fin du XIVe siècle, 1355-1415). L’intéressant, dans ce cas, c’est de percevoir la forme d’intervention des arpenteurs quand il fallait diviser la propriété voisine à l’eau. Le deuxième cas, peut-être plus intéressant, il s’agit du travail de Guillaume Revel commandé par Charles Ier duc de Bourbon qui lui avait demandé de répertorier les armoiries des familles plus importantes de ses domaines (l’Armorial d’Auvergne, Bourbonois et Forestz de Guillaume Revel, 1998, connue souvent comme l’Armorial de Revel). Les desseins précieux des villes et des forteresses sont une source formidable pour étudier les structures et les techniques utilisés liés à l’usage de l’eau. Suivre les travaux qui se déroulent à l’intérieur des groupes de discussion et études, comme celui de Valladolid, ou les travaux du groupe de Carmen Trillo de l’Université de Grenade, encore sur l’usage de l’eau, doit être un soucis qui appartient à cette perspective de travail. Dans le cas de Boysset, comme dans les autres cas des architectes et ingénieurs c’est crucial connaître son œuvre en générale, mais aussi son Parcours personnel et professionnel et sa formation, car nous sommes dans le domaine de l’histoire des techniques, donc les capacités de

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résoudre des problèmes nouveaux et d’innover les méthodes et un sujet qui approche l’intérêt de l’historien avec celui de l’anthropologue et de l’architecte. Ce travail de recherche et réflexion est bien proche de celui qu’on doit exiger aux étudiants de maîtrise, dans quelques cas, mais surtout aux doctorants. Intervenir – L’eau, l’encadrement social et la construction des pouvoirs Toujours lié au patrimoine, ce troisième niveau de travail envisage aussi la compréhension de la trajectoire des sociétés vis-à-vis ses ressources. C’est le territoire de cette dernière possibilité. Bien sur qu’il y a une épaisseur historique, mais le rechercheur y inclus l’historien, avec son travail, s’intéresse très vite pour le destin des ressource qu’il a accompagné. C’est lui qui a compris, car il est l’observateur mieux placé comme des grands empires, n’importe si sont romains, ottomans ou chinoises ont liés facilement le pouvoir avec la gestion des ressources et, bien sur, ont toujours eu un mot à dire sur les usages de l’eau. De l’autre côté il s’est aperçu des gigantesques efforts des petites communautés pour construire sa connectivité avec le territoire et, ainsi, assurer sa survie. Alors, ce chercheur sera capable de donner un sens historique à la lutte contre l’eau, dans les cas d’excès d’eau, plutôt au nord, mais aussi de comprendre le résultat de la lutte pour l’eau, plutôt au sud. Voilà pourquoi il aura toujours un mot essentielle à dire a propos du destin de ces structures et de ce patrimoine ; à la fin de la journée, ce sera ce spécialiste en patrimoine provenant des fois de l’architecture, d’autres de l’histoire ou de l’archéologie, d’autres encore de l’anthropologie, c’est lui qui sera capable d’établir quelque principes sur la préservation, la conservation et surtout la valorisation des structures qui sont le témoin privilégié de la construction des paysages. Dans ce sens, le genre travail d´étude et recherche c’est une école de citoyenneté. Finalement il y a une autre forme d’intervention hors de l’environnement académique. C’est quand on est capable d’évaluer ce que est un bon projet et on y participe. Pour ce qu’on viens de montrer, ces projets, liés au patrimoine culturel, doivent être structurés en poussant la créativité collective en basés sur trois piliers : l’innovation territorial, l’adéquation des partenariats à l’échelle de la communautés et la défense des écosystèmes sociales et économiques locales. Les propositions d’activité du patrimoine ont, donc, une ancrage culturel au territoire, acceptent le partages des valeurs, des savoirs et utilisent la technologie, sont basés dans les nouveaux modèles d’affaires et, bien sur, ouvert aux réseaux personnelles. D’autre part, la construction d’un projet a des phases et des règles : il part d’une vision, mais doit éta-

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blir la cohérence des actions et définir les mesures à prendre. Du point de vue des procédures d’implémentation, il faut laisser claire le système de gouvernance, les instrument “politique” innovateurs de travaille et, encore, identifier les indicateur pour évaluer, voir mesurer, ce qui est en train de faire, ça veut dire les résultats. En synthèse ce qu’on viens de résumer c’est ce que, dans nos jours, on appelle la “spécialisation intelligent” (smart specialization), une forme différent d’intervention dans nos sociétés, valable pour ceux qui travaille dans les industries culturelles et de la scène, y compris le grand secteur du patrimoine culturel.

Bibliographie Aplin G. (2007), “World Heritage Cultural Landscapes”, dans International Journal of Heritage Studies, 13 (6), 430. Barata F. T., Capelo S., Mascarenhas J.M. de (2014) ,“How important is Social Cohesion to Heritage Landscape Preservation and Interpretation?, dans Proceedings ECLAS 2014 meeting, Porto, pp. 381-385. Capelo S., Barata F. T., Mascarenhas J.M. de (2011) ,“Why are cultural landscapes of various values? Thinking about heritage landscape evaluation and monitoring tools”, dans Journal of Landscape Ecology, vol. 4 , n. 1, pp. 5-17. Capelo S., Barata F. T., Mascarenhas J.M. de (2012), “Is It Possible to Keep Heritage Landscapes Original Functions? Remarks on Land Degradation Threats and Monitoring Indicators”, dans Geopolitics, History and International Relations, vol. 4, n. 2. CreativeMED Team project (2014), White Paper. The CreativeMED Model for Smart Specialization, Med Programme Publication. El Faiz M. (2005), Maîtres de l’eau – Histoire de l’hydraulique arabe, Paris. Horden P. (2002), “Managing water resources”, dans Past and Present. The Linacre Lectures 2002, Oxford University Press, Oxford, pp. 35-49. Horden P., Purcell N. (2001), The Corrupting Sea. A Study of Mediterranean History, Blackwell, Oxford. Mazoyer M., Roudart L. (2002), Histoire des agricultures du monde, Seuil, Paris, 2ª édition. Portet B. (1995), Bertrand Boysset, arpenteur arlésien de la fin du XIVe siècle (1355-1415). Thèse soutenue, à l’Université de Toulouse II Le Mirail. San Isidoro de Sevilla (2000), Etimologías, Madrid, I. Trillo C. (2004), Agua, tierra y hombres en al-Andalus. La dimensión agrícola del mundo nazarí. Granada, ou en http://www.ugr.es/%7Ectrillo/aguatierrahombre.pdf Trillo C. (2009), El agua en al-Andalus, Editorial Sarriá, Málaga. Vermeulen F., Barata F. T. (2010), “Hidden landscapes and ancient landmarks : some theoretical and methodological issues of studying early historical landscapes in SW-Iberia”, dans A. Orejas, D. Mattingly, M. Clavel-Leveque (par), From Present to past through landscape, CSIC, Madrid, pp. 69-84.

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« La qualité existe dans tout lieu habité, le poète la dévoile et la fait connaître aux hommes sensibles. S’il est éduqué dans ce but, l’architecte le dévoile avec l’architecture dans le cadre de ses devoirs »1. Pasquale Culotta

Rione Terra, Pozzuoli. Vue du sud -ouest en entrant un volume de projet.

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DE L’ARCHITECTURE À L’ARCHÉOLOGIE. LE PROJET POUR LE TEMPLE-DÔME DE POZZUOLI ANDREA SCIASCIA

Le rapport entre l’architecture et l’archéologie a suivi le destin des nombreuses solutions de continuité provoquées par les conflits académiques, voilà pourquoi la distinction en différentes matières scientifiques a déterminé des barrières infranchissables. Les paroles de Francesco Venezia restent un exemple pour décrire le rapport entre le projet d’architecture et l’archéologie. « Il y a quelques temps, j’ai eu une conversation avec un archéologue et haut fonctionnaire, et je me souviens que la conversation tournait autour du Mausolée d’Auguste et moi, j’essayai bien évidemment d’étayer ma thèse sur le fait que ce monument – ce qu’il en reste – aurait dû reconquérir le droit de rentrer dans le cercle de la vie. Mais l’archéologue – haut fonctionnaire – me rétorqua : “Mais, tonnerre de Dieu, il s’agit de la tombe d’Auguste !”, comme pour dire : “personne ne peut se permettre de toucher à la tombe d’Auguste” »2. Au cours du Parcours de recherche effectué, cette distance a heureusement été comblée à deux occasions spécifiques coordonnées par Pasquale Culotta : le Concours international de projet pour la restauration du Temple-Dôme de Pozzuoli3 (2004), remporté par le groupe de Marco Dezzi Bardeschi4 ; et le concours national pour le Réaménagement et la mise en valeur des zones Bagni, piazza Pacca, Théâtre Romain et Calata Olivella dans le Centre Historique de Bénévent5 (2005), remporté par notre groupe d’architectes. Malgré la victoire remportée à Bénévent, par souci de brièveté, nous nous limiterons à décrire la première des deux expériences, même si elles sont toutes deux – de manière différente – paradigmatiques pour comprendre le rapport inextricable entre l’architecture, l’archéologie et la restauration. Le concours du Temple-Dôme, avait comme objectif la reconfiguration de la Cathédrale, car une série d’événement calamiteux avait abîmé et, en grande partie, détruit le bâtiment. Cette architecture domine le Rione Terra depuis le IIe siècle av. J-C., c’est-à-dire lorsque le

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podium républicain sur lequel le Temple hexastyle d’Auguste fut réalisé par la suite (27 av. J-C. – 14 ap. J-C.) commença à prendre forme. Le podium, et surtout le temple situé plus en hauteur, sont les parties, les “matériaux” sur lesquels vient se greffer à son tour la première église qui subit les principales transformations entre le XIIe et le XVIIe siècle. Par rapport à la dimension initiale de l’édifice religieux-païen, on assiste tout d’abord à une action centrifuge, avec l’insertion d’une série de chapelles sur les côtés, ensuite, au XVIIe siècle, à un agrandissement en longueur relativement important du côté nord, où l’on peut trouver : un nouveau presbytère, la salle capitulaire et la chapelle du Saint-Sacrement, tandis que la sacristie se trouve du côté sud, en particulier sur l’angle sud-ouest. En la déplaçant du côté opposé, l’église sera soudée avec la chapelle SS. Corpo di Cristo. Plusieurs des agrandissements décrits ont eu lieu à l’époque baroque, grâce à l’évêque Martino de León y Cárdenas (1632). « Dans le rapport ad limina du 16 mai 1635, l’Évêque [Martino de León y Cárdenas] fait une description précise et intéressante des travaux réalisés : agrandissement de la nef – en ouvrant de grands passages dans les parois latérales de la pièce, en incisant, en découpant et en démolissant les colonnes de la façade principale du temple romain – avec la création de huit chapelles, d’une nouvelle façade avec une grande baie centrale et une porte de marbre, l’élévation du plafond avec la construction de deux murs, comprenant chacun quatre fenêtres, sur l’entablement latéral du temple romain. Le tout est couvert par une voûte en berceau, protégé par un toit en bois à deux versants en tuiles. Le nouveau et grand chœur avec l’autel majeur en marbre, bordé par deux portes de marbre avec des épigraphes qui conduisent à la sacristie située à l’arrière. Ces éléments ont été unis à la nef centrale en abattant la partie centrale du mur du fond de la cellule du temple romain, exactement deux colonnes, trois entrecolonnements avec l’entablement et le fronton. Réfection du campanile avec petit dôme recouvert de maïoliques et surmontées de la croix. Construction, à côté, de quatre pièces pour l’habitation du sacristain. Un portail élégant en marbre à l’entrée latérale du dôme avec épigraphe »6. Après la transformation du temple en église, quelques événements catastrophiques se succédèrent au cours des siècles, surtout au XVIe et au XXe : le cataclysme de 1538, l’incendie de 1964, les mouvements bradysismiques de 1970, le tremblement de terre de 1980 qui déterminèrent l’état des lieux face auquel les différents groupes d’études se trouvèrent lors du concours, en 2004. En effet, en arrivant par le Rione Terra ou par la strada del Duomo, du côté nord, à l’arrière de la salle du Chapitre, ou du côté opposé, c’est-à-dire par

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la via Crocevia, l’architecture du Dôme, en grande partie décomposée, était partagée horizontalement en deux parties. Cette séparation est matérialisée par la pose récente d’un imposant plancher en acier, à la suite de travaux de restauration entamés avec des fonds européens et qui n’ont pas été achevés. En bas, on trouvait ce qu’il restait du podium républicain ; en haut, l’église, sans toit à cause de l’incendie, et que les mouvements telluriques avaient désarticulé et fait ressortir principalement quelques parties : les ruines du système hexastyle du temple, une partie du presbytère, avec les espaces à l’arrière et la chapelle du Saint-Sacrement. La nef sub divo, ou mieux, partiellement couverte par une structure métallique provisoire, a transformé la zone “archéologique” inférieure et supérieure en un chantier continu dont seul un relevé précis pouvait permettre de discerner les parties. En effet, le relevé effectué par Riccardo Florio, membre précieux du groupe de projet, et par ses collaborateurs s’est révélé décisif, car, parmi les divers éléments, ils ont découvert, en-dessous de la sacristie actuelle, « […] un espace qui devait probablement abriter une citerne qui ne se trouvait sur aucun document, situé à la même hauteur que le podium républicain »7. Grâce aux données collectées lors des relevés, il a semblé évident de devoir “convertir” la citerne, en fonts baptismaux en élargissant, de fait, l’espace liturgique du niveau de la salle à celle du podium. C’est justement le baptistère qui lie le projet global de l’église avec le système archéologique qui se poursuit sur le sol urbain. Si le projet a construit une relation entre l’aire archéologique, la ville et l’église, il est peut-être opportun de hausser le point de vue et d’observer le résultat architectonique du projet par le haut en décrivant, cette fois-ci, le rapport entre le Dôme et la ville. De l’extérieur, la salle de la cathédrale se présente comme une grande châsse reliquaire en verre ; un parallélépipède pur qui accroît la composition globale des volumes du Rione Terra. L’architecture transparente, rythmée par une structure en acier, joue un double rôle : à l’intérieur et à l’extérieur. A l’extérieur, les diverses stratifications qui se sont succédées au cours des siècles deviennent “contemporaines” ; à l’intérieur, le lieu du rite liturgique devient concrètement compatible, adapté selon les indications du Concile Vatican II, aux conditionnements spatiaux exercés par les membrures architectoniques du temple et des églises préexistantes. L’enveloppe se distingue clairement de l’extérieur grâce au choix de démolir le bâtiment de la sacristie, de modeste valeur architectonique, qui aurait compromis la reconnaissabilité du Dôme et, notamment, du mur d’entrée. Celui, libéré de cette association peu heureuse, se détache nettement grâce à sa position surélevée par rapport à la via Crocevia et à sa composition particulière. Dans la partie du soubassement et du parement, on réutilise l’ancienne

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structure en maçonnerie, tandis que le couronnement est complété par une grande baie vitrée soutenue par une structure métallique. En entrant et en franchissant donc la façade sud, on s’aperçoit que celle-ci possède sur sa largeur deux nouvelles nefs latérales qui caractérisent la forme du temple, en transformant l’architecture de l’église en une nouvelle couche ayant la particularité de s’ajouter sans cacher les précédentes. Sur le Temple « […] on a remonté, par anastylose, une partie du fronton sur une structure d’acier placée entre les deux colonnes externes. Des quatre colonnes qui composaient le temple hexastyle avec les deux colonnes angulaires, on relève uniquement le plan du nouveau sol. Cette opération récupère en suivant le modus operandi, la mémoire de la section horizontale des colonnes sans s’attarder sur la reconstruction des fûts »8. L’architecture du temple hexastyle reste donc entièrement lisible sur le sol de l’église et les nefs latérales contribuent vraiment à obtenir cette netteté, tout comme les deux espaces latéraux longitudinaux. Le premier, situé après la façade sud, forme une avant-nef où se trouve la pénitencerie ; le deuxième, situé avant le presbytère, est caractérisé par la présence de l’ambon, suivi, en direction de l’autel, de l’omphalos. En suivant la logique de la séquence narrative, il serait normal de passer à l’explication du presbytère, mais il serait nécessaire de se pencher sur la chapelle du Saint-Sacrement. Après avoir évalué son intégrité structurelle, celle-ci a été déplacée en avant, en liaison directe avec la zone dédiée aux célébrations. Ce déplacement a libéré la partie angulaire du temple d’Auguste et du presbytère baroque où une nouvelle ouverture, du côté ouest, permet au célébrant d’accéder directement à la chapelle où se trouve l’armoire eucharistique. L’autel est le cœur absolu de la salle, alors que le chœur et la chaire se trouvent au fond. En tournant le regard et en choisissant comme perspective celle qui s’étend de la chaire vers la salle, il y a lieu de rappeler que cette dernière est complétée par des rideaux en teflon®, qui protègent des rayons du soleil et que l’espace liturgique est décoré par les images de la vie de San Procolo, à qui le Dôme est dédié. La salle peut donc être obscurcie – du moins partiellement – ou plongée dans une lumière absolue, afin de pouvoir apprécier pleinement la différence entre le temple et l’église. Sur cette diversité, entièrement contenue dans l’étymologie des mots temple et église, nous renvoyons à une réflexion précédente9 mais, en résumé, l’architecture du premier pousse à effectuer une nette séparation entre l’intérieur et l’extérieur, tandis que la deuxième implique, théoriquement, une communauté sans discontinuité. En suivant jusqu’à l’extrême l’idée d’ecclesia, à savoir d’église-assemblée, la transparence de l’architecture, thème récurrent du Mouvement Moderne et, plus

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en général, de l’architecture contemporaine, se caractérise par une valeur encore plus importante Parce qu’elle a tendance à mettre en évidence la tension utopique présente dans plusieurs architectures de Ludwig Mies van der Rohe, explicitée par l’esprit du projet “Ludus absentiae et presentiae”, où la tension entre limen e limes est constamment en jeu. Dans le projet proposé, c’est justement le concept de confins, de bord, de limite qui est ébranlé. Le volume de l’église comprend, renferme, protège tout en s’ouvrant à la communauté des fidèles. Cette disponibilité va audelà des raisonnements sur la différence entre la transparence littérale ou phénoménique10, Parce que la Cathédrale, dans son rôle d’ecclesia, dépasse ses limites physiques en devenant, par exemple, durant la soirée, une source de lumière pour Pozzuoli.

Notes 1. Culotta P., L’architettura pertinente delle stratificazioni, dans P. Culotta, R. Florio, A. Sciascia, Il Tempio–Duomo di Pozzuoli. Lettura e progetto, Officina edizioni, Roma, 2006, p. 32. 2. Venezia F., Che cosa è l’architettura, Electa, Milano, 2011, p. 16. 3. Chef de groupe : Pasquale Culotta, architecte de projets. Membres : Riccardo Florio, architecte de projets ; Andrea Sciascia, architecte de projets ; Tania Culotta, architecte de projets ; Giuseppe Vele, architecte de projets ; Filippo Demma, archéologue ; Tiziana Capasso, architecte restaurateur ; Luigi Palizzolo, ingénieur de structures. Conseillers : Crispino Valenziano, liturgiste ; Cettina Militello, liturgiste ; Maria Giuffrè, historienne de l’architecture ; Angelo Milone, ingénieur ; Valeria Procaccini, architecte ; Giuseppe Bruno, architecte restaurateur ; Claudia Tedeschi, spécialiste en marbres ; Valentina Piovan, spécialiste des fresques, Pietro Marescalchi, topographe. Collaborateurs : Teresa Della Corte, architecte ; Carmela Acanfora, architecte ; Vincenzo Guadagno, architecte ; Maria Anna Martignetti. Cf. Pasquale Culotta, Riccardo Florio, Andrea Sciascia, Il Tempio–Duomo di Pozzuoli. Lettura e progetto, op. cit. 4. Cf. Gianfrano A. (par), Tempio–Duomo di Pozzuoli. Progettazione e restauro, Giannini editore, Napoli, 2006. 5. Chef de groupe : Pasquale Culotta, architecte de projets. Membres : Riccardo Florio, architecte de projets ; Andrea Sciascia, architecte de projets ; Tania Culotta, architecte de projets ; Teresa Della Corte, architecte de projets ; Valeria Procaccini, architecte de projets. Conseillers : Gioacchino Di Giorgio, comptabilité des travaux ; F. Cavaliere, restauration des biens archéologiques et architectoniques ; Rosario Morena, élaboration graphique. Collaborateurs : M. A. Martignetti, M. Liparuolo, A. D’Ursi, R. Ciccarelli. Cf. : Palmieri P. (par), Città di Benevento, Riqualificazione e valorizzazione piazza Cardinal Pacca, Bagni, Teatro Romano e calata Olivella, Clean edizioni, Napoli, 2006, pp. 40–47 ; Cabestan J. F., Requalification du centre historique. Benevent, Italie, dans « Le Moniteur », 2007, pp. 116-119. 6. D’Ambrosio A., Giamminelli R., Il Duomo di Pozzuoli. Evoluzione del tempio augusteo in chiesa cristiana “episcopium sancti proculi”, Diocesi di Pozzuoli, Pozzuoli, 2000, p. 22. 7. Florio R., Rilevare per svelare, dans P. Culotta, R. Florio, A. Sciascia, op. cité, p. 18. 8. Culotta P., Florio R., Sciascia A., op. cité, p. 54. 9. Sciascia A., “Il grande nel piccolo, il piccolo nel grande. Gli adeguamenti liturgici di Pasquale Culotta e Giuseppe Leone”, dans A. Sciascia, G. Cuccia, E. Palazzotto, A. Sarro (par), Architettura cultuale nel Mediterraneo, FrancoAngeli, Milano, 2015, p. 76. 10. Sciascia A., La trasparenza e la contemporaneità del Tempio–Duomo di Pozzuoli, dans P. Culotta, R. Florio, A. Sciascia, op. cit., p. 37.

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« Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est ». Marcel Proust

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INTERCULTURALITÉ COMME RESSOURCE CATERINA GRECO

Alors que “ multiculturalité” et “interculturalité” sont devenus des mots courants du langage de notre chronique et, d’autant plus, un motif de rappel constant dans la pratique didactique et académique, au moment où la réflexion méthodologique et organisationnelle des structures qui gèrent le patrimoine culturel en Italie et en Sicile favorise l’affirmation de modèles de gestion interdisciplinaires (les Surintendances Uniques), les réflexions issues de la réalisation du projet DO.RE.MI.HE. peuvent s’avérer d’autant plus stimulantes et actuelles, pour toute une série de raisons que j’essaierai d’énoncer brièvement. Tout d’abord, Parce que le travail commun auquel les étudiants italiens et tunisiens se sont dédiés, guidés par une excellente équipe d’enseignants unis par une expérience unique qui s’est révélée bien plus mobilisante que celle qu’on aurait pu expérimenter dans n’importe quel autre campus international prestigieux, a mené à la création d’une équipe professionnelle sérieuse, qui a affronté le thème relatif au projet site-specific d’Agrigente et de Zaghouan en utilisant la même méthodologie d’approche et qui, à la fin, a élaboré des modèles praticables qui peuvent être librement échangés, dans les deux sens et dans les deux contextes culturels. L’instauration d’un bon climat permettant d’obtenir un degré d’empathie, de solidarité, de créativité maximum ne coulait pas de source et, de ce fait, le résultat nous apparaît d’autant plus appréciable. Le deuxième point que je désire souligner est la “parité” de l’apport d’architectes, d’archéologues, de spécialistes de mise en valeur du patrimoine culturel, aux différents documents du projet, qui ont constitué la “une sorte de répétition” des groupes de travail. Le sens et l’expérience concrète (tout d’abord, d’analyse et ensuite, de proposition) des projets réellement interdisciplinaires et partagés constituent, à mon avis, la valeur ajoutée et le but authentique de cette histoire scientifique vive et passionnante, qui s’est aussi liée humainement – et cela n’aurait pas pu aller différem-

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ment – aux histoires dramatiques contemporaines qui ont marqué la Tunisie dans le courant de l’année 2015 et que les jeunes protagonistes du projet ont vécu, en quelque sorte, au niveau de leur histoire personnelle, en leur permettant de manière évidente de prendre conscience de faire partie d’un monde méditerranéen réellement “commun”. Il est important que ces jeunes aient expérimenté dans le cadre d’un travail de groupe la signification de se pencher sur un même objet de recherche avec des yeux différents, en l’interrogeant et en s’interrogeant au fur et à mesure que la comparaison dialectique faisait ouvrir les perspectives et laissait entrevoir des solutions et des buts pour chacun des problèmes affrontés et pour chacun des cas d’études examinés, c’est-à-dire en essayant d’analyser et de projeter “ensemble” et non pas de présenter sur la même table, à la fin du master, le fruit – même s’il est valable individuellement – de chaque élaboration individuelle et spécificité disciplinaire. De toutes les expériences acquises lors du projet, la familiarité dans la pratique d’une approche “holistique”, c’est-à-dire systémique et interconnectée, du patrimoine culturel pris en considération comme un organisme vivant et complexe, sera je l’espère, le résultat que chacun de ses jeunes aura dorénavant dans son Parcours professionnel futur, quel qu’il soit. Il s’agit là du véritable but du Campus : déclencher chez ces jeunes qui ont expérimenté dans DO.RE.MI.HE. un segment important de leur Parcours de formation spécialisée, le réflexe de concevoir les interventions dans le paysage culturel dans lequel ils sont plongés, à tous les niveaux – et qui comporte encore plus d’implication et d’importance, dans des sites avec une forte connotation historique et monumentale – comme une confrontation nécessaire entre des connaissances scientifiques et méthodologiques différentes qui doivent savoir converger vers un seul résultat qui, à son tour, devra être le produit indissociable du travail de tous et non pas celui de chacun individuellement. La recherche de paramètres et de niveaux de projets standardisables comme “bonnes pratiques” dans des sites UNESCO – celui de Zaghouan, se porte toujours candidat, celui de la Vallée des Temples d’Agrigente figure parmi les premiers à avoir été reconnu en Italie et dont l’excellence constitue un exemple polarisant au sein du panorama italien –, dans des sites soumis à des régimes de conservation et de valorisation intégrée particuliers, avec des plans de gestion territoriale qui analysent en détail, avec des réglementations très sévères, les critères de transformabilité et d’adaptabilité par rapport aux exigences multiples, complexes, fondamentalement globalisantes, de notre vie contemporaine, représente un autre fil rouge, au sein de cette élaboration partagée qui a démarré et qui

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s’est alimentée de la comparaison entre les deux “diversités” culturelles distinctes, sicilienne et tunisienne, caractérisées en réalité par plusieurs transversalités du point de vue de la tradition historique de longue date touchant les deux rives de la Méditerranée. Tout cela doit pouvoir cohabiter avec l’exigence de ne pas défigurer l’identité historique et paysagiste, ainsi que la physionomie individuelle que les sites UNESCO véhiculent comme marque indélébile de leur typicité culturelle, reconnue au niveau mondial. Voilà le thème le plus sensible et le cas d’Agrigente peut représenter un test très efficace : le plus captivant pour celui qui s’approche de la programmation des projets avec les armes de la créativité et de l’innovation ; le plus épineux pour celui qui doit gérer la protection et la valorisation (chez nous, à Agrigente, La Surintendance et le Parc, essentiellement) en se débattant contre une série de réglementations contraignantes objectivées sur des paramètres qui ont leur raison d’être historique bien précise, mais qui, aujourd’hui, ne peuvent s’empêcher de montrer quelques contradictions théoriques évidentes, spécialement, si elles sont comparées à la perception positive dont le site bénéficie désormais de manière stable dans l’évaluation courante de la citoyenneté et de la communauté nationale et internationale. Différents collègues et studieux s’arrêteront sur certains aspects dans les pages suivantes avec plus de précision, mais en attendant, je voudrais essayer de souligner ici quelques problèmes avec lesquels il est nécessaire de se confronter quotidiennement en les abordant rapidement. En ce moment, par exemple, le tant attendu Plan du Parc, instrument de programmation et de gestion territoriale dans le cadre de la zone A , à savoir le cœur du site UNESCO qui coïncide globalement au périmètre du Parc, n’est pas encore devenu opérationnel, car on attend encore de recevoir certaines autorisations de type urbanistique-environnemental (l’Evaluation de l’Impact sur l’Environnement). Déjà prévu par la Loi Régionale 20/2000 comme norme d’application qui devra régir tout type d’activités et d’utilisation consenties à l’intérieur du Parc – qui, comme on le sait, se trouve à côté d’une très grande zone monumentale appartenant au domaine régional directement gérée par l’Organisme comprend des zones tout autant étendues constituées par des propriétés privées –, le Plan du Parc, après plusieurs années d’activité d’étude et de recherche, a été défini en 2008, mais on attend toujours encore l’approbation finale qui devrait arriver avec le décret du Conseiller des Biens Culturels et de l’Identité Sicilienne. En ce moment, les normes de la L.R. 20/2000 et celles des décrets Gui-Mancini sont d’application sur le territoire archéologique du Parc, sujet à un régime foncier essentiellement public et privé et elles constituent un élément important de l’art. 3 de cette

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même Loi 20 en établissant que « dans la zone, il est interdit d’effectuer de nouvelles constructions, des installations et, en général, des travaux de tout genre, même à caractère provisoire »1. Les critères, les interdictions et les activités consenties par cette réglementation ont été accueillis par le Plan Territorial Paysager de la province d’Agrigente qui, dans la sphère de protection 28, comprend dans l’unité de paysage local le périmètre du Parc Archéologique, sujet à un niveau de protection 3, c’est-à-dire le niveau le plus sévère et le plus conservateur parmi les niveaux prévus. En fonction de ces réglementations, étant donné que le territoire du Parc est soumis à une protection intégrale, l’interdiction absolue de construire est donc d’application et exclut, à priori, n’importe quelle nouvelle activité de construction, même provisoire, et même si elle finalisée à des buts de valorisation et d’exploitation retenus totalement compatibles avec l’activité du Parc. Vu que le Plan du Parc n’est toujours pas décrété, il s’adapte à la même disposition législative. Le principe – certainement juste et nécessaire – sur lequel ce régime de protection s’inspire, fortement conservateur, presqu’exclusivement prévu pour l’activité de recherche, de fouilles, de restauration des monuments, destiné à interdire les actions sur le territoire plutôt qu’à établir leur réglementation raisonnée, est “historiquement” compréhensible, compte tenu de l’époque et des circonstances qui réclamaient l’adoption d’une réglementation spéciale, devenue ensuite un modèle de protection sans pareil et coercitive (la fin des années 60 du siècle dernier). De plus : si, aujourd’hui, nous bénéficions du paysage archéologique et naturaliste de la Vallée comme d’un ensemble cohérent et globalement intègre – cela est complètement vrai pour la dimension publique et monumentale du Parc, mais ne l’est pas si nous tenons compte de la topographie globale de la zone A qui comprend de vastes zones défigurées par la construction illégale de la fin du 20ème siècle –, c’est parce que cet instrument de protection s’est révélé efficace grâce à sa radicalité, à son caractère péremptoire et à son extension, pas tant comme un moyen totalement efficace de dissuasion pour assurer le contrôle de la construction sur le territoire, mais plutôt Parce qu’il produit des effets juridiques permanents et toujours valables actuellement (les démolitions de l’année 2015 en témoignent, en marquant une nouvelle étape irréversible). Cependant, le fait qu’aujourd’hui, ce qui devrait être un instrument de planification des utilisations et donc de “transformabilité” possible, intelligente, historiquement diachronique du territoire, qui fait du “paysage” la valeur constitutionnelle et théorique que nous reconnaissons tous – le contexte des transformations anthropiques qui se sont succédées au fil

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du temps dans l’environnement naturel, identifiées comme des facteurs actifs et permanents de culturalité – qui, au contraire, devient un élément de cristallisation et de momification passive à Agrigente, seulement ennobli dans l’apparence par l’exigence d’assurer des conditions de décorum adéquates permettant de perpétuer une image intacte d’un patrimoine historique et architectonique extraordinaire, constitue à mon avis une aporie irrémédiable, théorique avant d’être pratique, par rapport au concept de “paysage culturel”, dont le Parc-institution représente l’exemple le plus éclatant d’une organisation efficace, un modèle opérationnel conçu en Sicile et que l’Etat a même emprunté pour sa nouvelle réforme de l’administration du patrimoine culturel. Je touche maintenant un point crucial et, c’est le moment d’être vraiment très clair, car je ne voudrais pas que mes paroles fassent l’objet de malentendus et qu’elles soient pas malicieusement instrumentalisées. Je n’ai nullement l’intention de plaider en faveur de la “transformation” si celle-ci est entendue comme un retour généralisé et indiscriminé à la construction de masse, car je pense que ce modèle de développement, substantiellement anti-éthique par rapport aux valeurs de la beauté évoquées par le paysage archéologique et naturaliste d’un site unique en Méditerranée, soit économiquement et culturellement dépassé, mais surtout, car je connais les résultats qui se sont accumulés lors des dernières décennies lors desquelles la pratique de l’illégalité toucha aussi les zones les plus sévèrement protégées de la Vallée des Temples en s’imposant avec ses formes dégénérées de marginalité et de pauvreté de perception et d’esthétique, en plus que de l’illégalité diffuse et ouvertement tolérée par les institutions qui auraient dû, conformément à la loi, contrôler et préserver le territoire. Un désastre paysagiste qui – par chance, n’a pas touché les lieux centraux et le cœur monumental du Parc, resté essentiellement intact, grâce à l’action vigilante d’une Surintendance Archéologique qui contrôlait aussi physiquement le site – a détérioré les délimitations urbanistiques avec les autres zones de la cité ancienne et moderne (les collines de Girgenti et de Rupe Atenea), a occupé de manière désordonnée la bande côtière et les zones de transition aux paysages limitrophes, en attaquant la compréhension du contexte environnemental dans son entièreté et en donnant origine – dans toutes les directions – à une prolifération chaotique d’entités urbaines disséminées dans les espaces interstitiels de la maille géographique, qui représentent les nombreux visages d’Agrigente que nous connaissons. C’est pour cela que la détermination du périmètre du Parc imposée par le Décret Nicolosi de 1991, ensuite reprise par l’art. 2 de la L.R. 20/2000, a sauvé littéralement la Vallée des Temples en la choi-

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sissant comme le centre nerveux autour duquel le système-ville peut être repensé, c’est pour ce motif que les immeubles construits abusivement à l’intérieur de la zone du Parc, doivent être démolis Parce qu’ils ne peuvent pas être régularisés : les règles fixées par les réglementations ne peuvent pas être évitées ou contournées et le fait d’être en faveur d’une modernisation intelligente ne peut et ne doit pas faire abstraction du respect de la loi. Ceci dit, je me demande cependant s’il n’y a pas une contradiction réelle dans la conception d’un instrument de planification comme celui du Plan du Parc, destiné à régir efficacement la vie du territoire pour les décennies à venir, qui se limite à enregistrer de manière aseptique le régime d’une “non modificabilité” presque totale, ou bien, pire, finalisée à concevoir la “transformabilité” uniquement en fonction des exigences de recherche, d’exploitabilité, de valorisation de l’organisme préposé à gérer le domaine public et à régir les activités des terrains appartenant à des particuliers, comme s’il s’agissait d’un immense laboratoire archéologique à ciel ouvert à la place d’un paysage-territoire vivant ; et qu’en agissant de la sorte, il voit le présent et le passé, mais n’imagine pas et ne permet pas d’imaginer le futur. Le concept même de non modificabilité se heurte avec celui du paysage : vu que nous “lisons tous le temps dans l’espace”, car nous « lisons les paysages comme une mosaïque de coexistences synchroniques et, ensemble, comme un palimpseste diachronique » (Karl Schlögel). Et c’est à partir de cette comparaison que nous acquérons la conscience de notre identité culturelle. Lors des partages de la présentation des documents relatifs aux projets, fruit du travail de ces jeunes, dont certains sont très intéressants et innovants, moi aussi j’ai réfléchi sur ce paradoxe irrémédiable qui propose une approche dogmatique, non scientifique ni historiciste, mais mélancoliquement “bureaucratique” – et, je suis désolée de le dire, car il s’agit là d’un mot désormais vitupéré du langage courant que je ne devrais vraiment pas utilisé – du thème de la programmation territoriale dans le cadre du Parc Archéologique. Celui-ci est issu du même raisonnement avec lequel on imaginait que la constitution du Parc devait procéder à travers un acquisition de biens de l’État progressive extensive et concentrique, de l’entièreté du territoire archéologique du Parc : une clôture dans laquelle il faut protéger le complexe monumental et son scénario paysagiste incomparable contre la pression dérangeante d’une contemporanéité qui faisait étalage tout autour d’une dégradation urbanistique et de l’illégalité, en le gérant de par l’intérieur et en l’isolant du monde extérieur ; quelque chose de similaire à une réserve indienne. En définitive, une approche substantiellement pessimiste et défaitiste qui refuse toute forme possible de flexibilité, à

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tout genre de conception prudente, elle aussi à réglementer et sur laquelle discuter, par peur que les deux ne puissent générer de nouvelles occasions d’abus et d’utilisations dégénératifs du territoire. Une peur fondée, si nous nous penchons sur l’histoire récente du territoire que nous devrions avoir le courage de laisser derrière nous, au lieu de nous renfermer dans la tranchée rassurante des interdictions absolues, paralysantes et confortablement anonymes. La soussignée n’a pas de certitudes préconstituées, ni de solutions immédiates à proposer ; notre métier est d’appliquer les normes existantes et d’essayer de le faire le plus rigoureusement possible. Mais je trouve dommage qu’on ne puisse même pas rêver de voir un jour à Agrigente – même pour une durée limitée – les beaux pavillons écoresponsables et totalement démontables (les structures précaires, étant elles aussi interdites) réalisés par des architectes du calibre de Wolfgang Buttress, Norman Foster ou Daniel Libeskind pour l’Expo de Milan 2015, se dresser dans la Vallée pour une occasion digne de la valeur et de l’importance que nous reconnaissons tous au site UNESCO. De plus, je pense qu’il soit profondément erroné et idéologiquement incompréhensible de croire que la réalisation d’ “événements” mondains, qui capitalisent l’image du patrimoine monumental du point de vue économique – avec des modalités encore totalement incertaines et ambivalentes, sur lesquelles aucune réglementation uniforme n’a été formulée –, et d’empêcher la possibilité d’évaluer un projet d’architecture contemporaine qui pourrait interférer avec la conception stéréotypée et figée du paysage de la Vallée, puisse être une valorisation compatible avec les objectifs poursuivis par le Parc. Surtout si l’on pense à ce que ce paysage “doit” ou “devrait” être. J’estime que ce thème mérite d’être approfondi.

Notes 1. La réglementation spécifique en vigueur pour la Vallée des Temples est le fruit d’une loi spéciale (D.L. n. 590 du 30 juillet 1966, converti en la loi n. 749 du 28 septembre 1966), dont l’article 2 bis contient la déclaration stipulant que la Vallée des Temples est considérée comme un “Monument archéologique d’intérêt national”, et des dispositions d’application interministérielles spécifiques (Ministères des travaux publics et de l’éducation, qui était, à l’époque, également titulaire des antiquités et des beaux-arts) qui régissent minutieusement tous les types d’activités admissibles dans la zone A sujette à l’interdiction absolue de construire (Décrets ministériels du 16-5-1968 et du 7-10-1971, dénommés “Gui –Mancini” ; le décret Nicolosi, DPRS 13-6-1991, publié aux termes de l’art. 25 de la L.R. 37/1985). L’institution du Parc est advenue avec la loi régionale n. 20 du 3 novembre 2000. Le plan territorial paysager de la province d’Agrigente, adopté avec le D.A. n. 7 du 29 juillet 2013, inclut le territoire du Parc Archéologique dans le contexte du paysage local n. 28 “Akragas”.

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PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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LE PARC ET LE PROJET GIUSEPPE PARELLO

L’implication du Parc de la Vallée des Temples d’Agrigente au sein du projet DO.RE.MI.HE. – promu dans le cadre du Programme de coopération transfrontalière ENPI Italie-Tunisie et financé par l’Union Européenne, qui a vu comme protagoniste l’Université de Tunis en partenariat avec le Pôle d’Agrigente de l’Université de Palerme – a représenté une occasion de rencontre avec le monde de la formation et de la recherche et une riche expérience de confrontation avec les jeunes étudiants qui ont été les acteurs de ce projet. En effet, grâce au projet, des formules et des modalités finalisées à l’élaboration d’un modèle partagé ont été expérimentées pour instituer un doctorat de recherche multidisciplinaire sur la gestion et la mise en valeur innovante des sites archéologiques. La Vallée des Temples, seul site Italien avec le site tunisien de Zaghouan, a été insérée dans ce contexte comme étude de cas à proposer aux jeunes étudiants qui se sont lancés dans la rédaction de projets d’exploitation et de mise en valeur ambitieux durant le stage qui s’est déroulé auprès de la structure. Trois étudiants en archéologie, ainsi qu’un jeune architecte, ont été accueillis auprès du Parc durant la période comprise entre le mois de mai et le mois d’août et ceux-ci ont participé avec intérêt aux activités ordinaires du Parc en suivant les indications fournies par le personnel interne de l’Organisme. En effet, ils ont participé à différentes initiatives de type didactique et de vulgarisation, en apportant une bonne contribution en matière de compétences et de connaissances et en se démontrant toujours ouverts au dialogue et à la confrontation. Sur indication de leur tuteur, ils ont également travaillé sur un projet de mise en valeur de la zone du cardo I, importante artère de liaison entre la Via Sacra et le Quartier Hellénistique et Romain, objet d’interventions d’amélioration récentes.

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PARC

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Au-dessus/ Touristes visitant le Parc. En dessous/Activités didactiques organisées par le Parc de la Vallée des Temples : visite au Télamon du temple de Zeus Olympien.

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L’expérience formative au sein du Parc a donc donné l’occasion aux jeunes protagonistes du projet de se confronter avec les thèmes de la gestion et de la mise en valeur – qui font partie intégrante du plan de développement poursuivi depuis plusieurs années – et leur a offert l’opportunité de se confronter concrètement sur le terrain avec les techniciens qui leur ont fourni des directives et des matériaux. Le Parc a aussi été proposé comme siège pour d’autres activités comme le Campus de clôture des travaux dédié à la discussion des travaux finaux des élèves et au forum des sujets territoriaux qui a vu la présence de nombreux organismes, personnes et associations qui se sont confrontés sur les politiques de mise en valeur et de protection, utiles pour favoriser le développement et la croissance d’un territoire dans lequel la Vallée est vue comme un centre nerveux et un modèle pour la mise en œuvre de plans de gestion relatifs à d’autres organisations culturelles du territoire. Encore une fois, grâce à son patrimoine, le Parc a été le centre d’une grande analyse et le moteur d’une discussion constructive sur les potentialités inhérentes à chaque bien culturel. La confrontation avec la Tunisie voisine, à laquelle nous sommes liés grâce à un passé culturel partagés, aux prises avec un moment très difficile de son histoire, nous rend particulièrement orgueilleux d’une amitié qui s’était déjà manifestée lors d’autres occasions de collaboration au sein de projets et de rencontres. Un grand merci aux amis de l’Université de Tunis et de Palerme, du CUPA d’Agrigente et aux jeunes, tous protagonistes d’une occasion importante de dialogue entre les organismes de différente nature et appartenant à divers pays qui ont bien voulu dédier leurs recherches sur les thèmes du Parc, ouvert comme toujours, aux besoins formatifs du territoire et aux nouvelles idées et aux nouveaux projets.

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G. Tuzzolino, Agrigente. Dessin de Piazzale Aldo Moro. PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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“MAIN BASSE” (ADROITEMENT) SUR LA VILLE GIANFRANCO TUZZOLINO

Un des objectifs de la recherche architectonique consiste en la compréhension des processus à travers lesquels le projet construit de nouvelles identités pour la ville contemporaine en exprimant une modification complète de l’espace physique. En effet, il s’agit de restituer une cohérence renouvelée aux lieux de l’accumulation qui ont perdu le sens et la mesure ou bien, aux lieux anciens, submergés par les stratifications incessantes et hétérogènes. Chaque fois que l’on se penche sur Agrigente avec un regard authentique, finalement intéressé par l’interprétation radicale de sa forme et par les multiples raisons de son développement, je pense que l’on identifie pour cette ville une perspective de modernité potentielle. Elle consiste essentiellement en la réappropriation des principes d’urbanisation originaire et en la recherche d’un nouvel équilibre entre l’histoire et la contemporanéité. C’est pour ce motif que j’ai toujours pensé qu’il était opportun de faire “main basse sur la ville”1, non pas pour continuer à déformer ses valeurs d’urbanisation ou perpétrer des déprédations sur sa richesse spatiale et paysagère, mais pour arriver à un rapport plus véritable avec sa structure physique, en favorisant l’appartenance qui peut encore produire l’harmonie de l’habitat2. Je crois que fréquenter ce grand patrimoine, que l’homme a suffoqué et mal compris, veuille dire réveiller toute la beauté cachée. Et c’est pour cela que, depuis plusieurs années, j’ai choisi Agrigente comme une sorte de laboratoire vivant dans lequel poursuivre un Parcours de recherche dans le but d’expérimenter le projet de la construction3. Mais le projet est surtout un instrument herméneutique et positif, en mesure de générer un changement radical en agissant sur la reconnaissance et la mise au point de nouvelles relations. Voici pourquoi il suppose un “regard” amoureux vers les lieux4. Ensuite, la ville est

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par excellence, le lieu de l’artifice, la structure composite à extension continuelle qui produit “formes, espaces, paysage”. Cette triade qui comprend de vastes catégories critiques, sans préjudices historicistes ou linguistiques, permet d’obtenir plusieurs variations de l’interprétation du même organisme (ou bien, si l’on veut, d’acquérir différentes vérités de la même histoire urbaine). Agrigente est donc une ville multiple qui comprend différentes villes : la “ville historique”, dont l’aménagement arabe a été amplement transformé et enrichi entre le dix-huitième et le dix-neuvième siècle ; est la “ville contemporaine” dérivant de l’expansion du siècle qui s’est à peine conclu ; et finalement, est la “ville archéologique”, matrice avant l’installation et combinaison fertile de valeurs artistiques et urbaines. Il s’agit donc de comprendre les traces et les significations, de déterminer les fondements et les résistances d’un lieu complexe pour y élaborer de nouvelles visions et de nouveaux scénarios de changement. Dans ce sens, il me semble intéressant d’illustrer certaines expériences d’élaboration didactique fascinantes issues d’une connaissance approfondie des lieux et de certaines réflexions théoriques et conceptuelles5. Elles ont permis de déterminer les véritables seuils d’accès, clés de lecture partagées (dans certains cas, intentionnellement arbitraires), mais utiles pour définir un domaine de travail et une approche de la connaissance et de la transformation. Le premier thème a déterminé dans les réseaux (idéaux, physiques ou vertueux), à superposer au plan de la ville comme un réseau superstructurel, un labyrinthe étudié, un appareil léger en mesure de dévoiler de nouvelles relations, de nouvelles liaisons ou des renvois, en renforçant certaines lignes du tissu consolidé et en suggérant d’autres lignes de nouvelle conception, en représentant des systèmes de remontée ou en introduisant des trajectoires inédites au sein de l’organisme construit. Les projets expérimentés par cette approche ont concerné la nouvelle accessibilité au Parc dell’Addolorata (requalifié, transformé et relié à l’ancien réseau routier et au plus récent), en mettant au point un rapport plus direct et fonctionnel entre cette infrastructure verte importante, aujourd’hui atrophiée et exclue de la circulation urbaine, et le tissu de la ville, en essayant d’insérer un lieu dense de qualité et ouvert au paysage dans le circuit des possibilités spatiales. La structure des réseaux permet aussi de connecter une grande partie du centre historique avec les quartiers qui se sont agrandis dans les années cinquante avec des solutions routières opportunes, des passerelles suspendues, des remontées mécaniques et des passages piétonniers, près des remparts du Chiara-

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monte et de la Gare centrale. Enfin, les réseaux, dévoilent un autre mode, non moins important, de vivre la ville. En effet, en renforçant certains Parcours existants et en créant de nouvelles liaisons stratégiques en direction du mont/de la Vallée, de la place Aldo Moro vers la zone du Stade Esseneto, on active finalement la perméabilité urbaine vis-à-vis du Parc Archéologique qui n’a jamais existée. Le deuxième thème a concerné la marge urbaine Nord, à proximité de la Via Imera et le parking des autobus de la Place Rosselli. Ces lieux apparaissent en suspens et font penser à des occasions extraordinaires de projet exceptionnellement tombés à l’eau dans les politiques d’achèvement de l’aménagement urbain. Ils suggèrent notamment la nécessité

DESSIN

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G.F. Tuzzolino, Agrigente. Dessin de Piazzale Aldo Moro.

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DESSIN

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

Au-dessus/G.F. Tuzzolino, Agrigente. Dessin de la marge Nord et de l’accès à la ville. En dessous/G.F. Tuzzolino, Agrigente. Dessin d’une nouvelle position centrale urbaine.

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d’un éclaircissement du rapport entre la nature minérale de la ville et celle végétale, donnée par les bois qui la délimitent à plusieurs endroits. Le dialogue entre la nature et l’artifice a inspiré le projet de nouvelles architectures publiques (contenant les fonctions ludiques, culturelles, commerciales et infrastructurelles) où les espaces ouverts changent de couleur et se perdent dans le bois, en préfigurant de nouveaux accès urbains et une utilisation inédite des espaces verts. On est parvenu ainsi à configurer des architectures mesurées et jamais éclatantes qui exaltent les significations esthétiques du vide et un horizon trop souvent négligé, celui de la campagne et de l’arrière-pays sicilien. En effet, au niveau de sa croissance, la ville a toujours privilégié le rapport visuel et structurel vers le Sud, vers la côte et la mer. La nouvelle marge peut être interprétée comme un ensemble d’espaces intermédiaires, représentés par des édifices linéaires qui font allusion à des fragments de mur et qui contiennent des systèmes de remontée à partir du bois, des parkings souterrains situés en dessous des nouvelles places/belvédères, des plans légèrement inclinés qui modulent et allègent la matérialité du sol. Un troisième thème a essayé d’interpréter la “charnière” constituée par le vide du Taglio di Empedocle, à l’endroit exact où se rencontrent la Colline de Girgenti et la Rupe Atenea, où la plus grande “place métaphysique” de la ville (l’actuelle Place Aldo Moro) a été réalisée lors des premières décennies du vingtième siècle. Celle-ci était destinée aux rassemblements fascistes et conçue comme un espace complémentaire pour les deux architectures précieuses qui ont marqué (et qui marquent encore actuellement) de manière indélébile, l’histoire linguistique moderne d’Agrigente : l’édifice des Postes de Mazzoni6 et la Casa del Balilla de Del Debbio7. Le projet reporte cette place au rôle de vide urbain exceptionnel qui, libéré du trafic de véhicules et des arbres qui perturbent actuellement l’intégrité de son l’image, montre à nouveau toute la puissance de son extension (en impliquant l’espace arrière de la Casa del Balilla) afin qu’elle soit davantage reconnaissable. Le projet intervient sur la récupération de la continuité figurative et de l’homogénéité de la matière sur la surface du lieu, ainsi que sur l’élaboration architectonique de son périmètre, en prévoyant la substitution de certains édifices d’angle et le renforcement de certaines tours avec lesquelles construire des perspectives et de nouveaux landmark urbains. Par contre, un quatrième thème a développé le concept de ”interface” entre la ville et le Parc dans la vaste zone occupée aujourd’hui par le Stade Esseneto, le Palais des sports, l’édifice pour les activités sportives (hors mesure et jamais complété), le grand parking et la place du mar-

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ché. Il s’agit d’une zone stratégique pour Agrigente, un véritable lieu de ”confins” et un site au sein du système urbain, une terrasse sur la Vallée qui, en doublant le dispositif spatial du Viale della Vittoria, représente une bande de raccord entre le tissu vivant de la ville et le Parc Archéologique. On retient que les fonctions et les édifices qui sont occupés actuellement peuvent être intelligemment modifiés, en créant de nouvelles places, de nouveaux espaces pour les loisirs, pour le shopping, pour les jardins aromatiques, les jardins et, surtout, un développement horizontal d’architectures en mesure de favoriser l’accès et la jouissance totale du Parc. Les édifices de cette interface urbaine permettent d’obtenir une double relation (physique, mais aussi visuelle) entre la ville contemporaine et la ville archéologique. Ils libèrent un grand potentiel didactique et symbolique pour mieux expliciter les évocations et les informations sur l’antique Ἀκράγας et contenir tous les services (parkings, billetteries, bars, librairies) nécessaires à la fonctionnalité totale du Parc, en allégeant les zones les plus internes d’ultérieures constructions. Le projet prévoit aussi la révision de la configuration actuelle du stade, en le transformant en une structure lumineuse en mesure d’enrichir le paysage urbain et en subdivisant l’épaisseur de l’enceinte externe avec une série d’espaces publics et commerciaux, tendant à régénérer l’échange social dans cette partie de la ville très particulière. Jusqu’à présent, j’ai essayé de décrire le sens d’une recherche qui a donné des résultats palpables et a fourni des solutions plausibles pour le projet. Ensuite j’ai tenté d’expliquer que les questions concernant la ville, son paysage, mais aussi son potentiel de relations internes, se rapportes toutes à une sorte d’action de ”reconnaissance minutieuse” et de ”modification” conséquente à effectuer sur le territoire actuel, dense et diversifié. A partir de cet état de fait, plein de contradictions ou d’erreurs qui ont conditionné sa forme urbaine et ses identités spatiales, à explorer sans préjugés, il est encore possible d’inventer une beauté inattendue et de trouver un nouveau sens.

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Notes 1. Le thème s’inspire au film de Francesco Rosi “Main basse sur la ville” (1963), mais le sens est bien évidemment inverti. En effet, l’œuvre raconte la dévastation urbaine, la surabondance et l’incohérence de constructions issue du boom économique des années 60. La légende du film spécifie que les « les personnages et les faits narrés ici sont imaginaires, par contre, la réalité sociale et environnementale qui les produit est authentique ». Je crois qu’il faut remettre main basse sur la ville dans une bonne perspective, en préfigurant une nouvelle action de reconstruction sociale et esthétique. 2. Pour approfondir le concept d’appartenance, je renvoie à la lecture de G.F. Tuzzolino, “Progetto e appartenenza”, dans La poetica del limite. Otto riflessioni sul progetto di architettura, coll. Progetto e architettura, la Palma, Palermo, 2001, p. 23. 3. Je me réfère aux recherches que j’ai menées pendant une décennie sur la ville d’Agrigente, à propos des stratégies de requalification formelle et spatiale et sur la relation entre la ville contemporaine, le paysage et l’archéologie. 4. Cf. Tuzzolino G.F., La misura e lo sguardo. L’architettura nel paesaggio delle differenze, coll. Mosaico, Libria, Melfi, 2012. 5. L’expérience didactique à laquelle je me réfère dans ce texte concerne, notamment, le Laboratorio di progettazione 4° que j’ai animé lors de l’année académique 2014/2015 dans le cadre du cursus d’architecture LM4, au siège d’Agrigente. 6. L’édifice des postes d’Agrigente a été conçu et réalisé par Angiolo Mazzoni (1894-1979) entre 1931 et 1939. 7. La casa del Balilla (ou le siège de la Gioventù Italiana del Littorio) d’Agrigente a été conçue et réalisée par Enrico Del Debbio (1891-1973) entre 1929 et 1931.

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Robert Koldewey, Otto Puchstein, Die griechischen Tempel in Unteritalien und Sicilien, Asher, Berlin 1899, Vol. 2, Table 29 right side. La carte montre le système de reliefs – Colle di Girgenti, Rupe Atenea, Colline des Temples – qui a prédéterminé la disposition des murs de la ville de Akragas.

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CARACTÉRISTIQUES URBANISTIQUES DU SITE ARCHÉOLOGIQUE D’AGRIGENTE. DU SITE ARCHÉOLOGIQUE AU PARC ARCHÉOLOGIQUE ET PAYSAGER DE LA VALLÉE DES TEMPLES D’AGRIGENTE ANGELA ALESSANDRA BADAMI Typologie de l’étude de cas Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente (Italie, Sicile, Agrigente). Parc Archéologique Régional, inscrit dans la WHL de l’UNESCO depuis 1997 qui regroupe des valeurs importantes relatives au : patrimoine matériel et immatériel, paysager et environnemental, les centres historiques et le territoire urbanisé. Synthèse Le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente possède une surface globale d’environ 1.400 ha, au sein desquels sont protégés les vestiges les plus importants de l’ancienne ville d’Akragas, fondée au VIe siècle av. J.-C. par des colons, originaires de Rhodes et de Crête, provenant de Gela, en Sicile, ainsi que le paysage agricole et forestier du contexte. La nature juridique particulière du Parc prévoit, non seulement la protection des pièces archéologiques, mais aussi la sauvegarde des valeurs paysagères et environnementales du territoire, expression des paysages agricoles siciliens traditionnels caractérisés par la présence de vignobles, d’oliveraies et d’amandaies, en reconnaissant la sauvegarde du contexte dans lequel les vestiges sont insérées comme une condition essentielle pour la conservation et la mise en valeur du patrimoine archéologique. Le texte analyse les différentes phases qui ont caractérisé la protection du patrimoine archéologique et paysager de la Vallée tiraillée entre les exigences de la sauvegarde et les pressions du développement urbain, très souvent de nature illégale.

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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ARCHÉOLOGIE

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

Au-dessus / Agrigente. Parc Archéologique, Télamon du Temple de Zeus Olympien, l’un des plus grands édifices religieux du monde grec construit sur la crête rocheuse de la colline des Temples dans une position surélevée avec vue sur la mer. En dessous / Agrigente. Parc Archéologique, Agora supérieur de la ville de Akragas, Ekklesiasterion.

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Caractéristiques urbanistiques du site archéologique d’Agrigente L’ancienne ville d’Agrigente (autrefois dénommée Akragas) occupait, au nord, la grande Vallée située entre les reliefs des Collines de Girgenti et Rupe Atenea, au sud, le bord de l’arête calcarénite, dont les parois verticales descendent sur le plateau et vers la mer, à l’est et à l’ouest, les sommets des précipices qui, en reliant les reliefs, ont déterminé le tracé des murs de la cité. Le circuit des murs, d’une longueur d’environ 12 km, entourait l’habitat qui, avec son extension d’environ 250 ha, a constitué l’une des plus grandes villes de l’antiquité figurant parmi celles les plus riches et monumentales, comme le témoigne Pindare : « la plus belle cité conçue par les mortels » (Pindare, Pythique XII, A Midas d’Agrigente Joueur de flûte, 490 av. J.-C.). L’opulence et la somptuosité de la ville sont ensuite citées par Empédocle qui, selon ce qui a été raconté par Diogène Laërce, soulignait que « les Agrigentais vivaient dans les délices comme s’ils devaient mourir demain, tandis qu’ils bâtissaient des maisons comme s’ils étaient destinés à vivre pour l’éternité » (Diogène Laërce, Vie et doctrines des philosophes [titre incertain], IIIe siècle ap. J.-C.). La plupart des édifices monumentaux (temples d’Héra Lacinia, de la Concorde, d’Héraclès, de Zeus Olympien et le sanctuaire des Divinités Chthoniennes) sont alignés le long de la Colline des Temples, traversée par une route se développant d’est en ouest sur le bord de l’arête calcarénite qui définit les limites de la ville au sud (fig. p. 62) ; les parois en surplomb de l’arête rocheuse garantissaient une position stratégique de ces édifices religieux en leur permettant d’être bien visibles depuis la mer, qui était alors la principale voie d’accès et de transport, tout en amplifiant leur aspect monumental (avec une emphase particulière du temple de Zeus Olympien qui, avec ses 112,70x56,30 mètres au stylobate, a été l’un des plus grands édifices religieux de la civilisation hellénique) (fig. p. 64, au-dessus). D’autres complexes de bâtiments publics étaient situés au centre de l’agglomération (quartier de l’Agora supérieur, Bouleutérion, Ecclésiastérion, l’oratoire de Phalaris) (fig. p. 64, en dessous) où le Musée Archéologique Régional d’Agrigente a été réalisé au cours des années 60 du XX siècle, ainsi que sur l’acropole de la cité – selon certains spécialistes, il s’agirait de la colline Rupe Atenea et pour d’autres, la Colline de Girgenti – (Temple d’Athéna et de Zeus). En principe, les édifices publics étaient insérés au sein du tissu urbain subdivisé en 6 artères principales (plateiai) se développant plus ou moins dans la direction est-ouest (en suivant la pente naturelle du sol pour un meilleur écoulement des eaux de pluie) (fig. p. 66) et environ 30 routes secondaires (stenopoi) ortho-

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Agrigente. Parc Archéologique, Stenopos de l’ancienne plan d’urbanisme de Akragas ; au fond, le Temple de la Concordia sur la Colline des Temples. À l’heure actuelle, la zone autrefois occupé par le quartier résidentiel de Akragas pas encore fouillé - est planté d’oliviers et d’amandiers.

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gonales ; actuellement, seulement une petite partie de la zone résidentielle a été fouillée (Quartier hellénique-romain) (figg. p. 68). Deux sanctuaires et plusieurs nécropoles se trouvaient en dehors des fortifications. Les dévots (il s’agissait de malades pour la plupart) affluaient au sud de la ville, pour se rendre au sanctuaire d’Asclépios, dieu de la médecine, afin de participer à des rituels thérapeutiques ; à l’est, auprès du Temple de Déméter, se trouvait le sanctuaire rupestre de San Biagio avec un système complexe de grottes, de galeries et de boyaux creusés dans la roche et un aqueduc qui amenait l’eau d’une source à l’extérieur du sanctuaire, probablement dédié à la cérémonie des cultes liés à la fertilité des champs. Quatre nécropoles, remontant au VIe et au Ve siècle av. J.-C. entouraient la cité : Montelusa, Mosè, Pezzino et Poggio Giache à Villaseta ; la nécropole Giambertoni, située au sud de l’arête rocheuse sous la Colline des Temples, date de l’époque romaine (jusqu’au IIIe siècle ap. J.-C.). Les nécropoles à l’intérieur des fortifications remontent, par contre, à l’époque paléochrétienne et se situent notamment sur la Colline des Temples, le long de la Via dei Sepolcri, où se succèdent des arcosoliums, des niches et des tombes à fosse, ainsi que les catacombes appelées Grotta di Fragapane. Un ingénieux complexe hydraulique, réalisé sous le règne du tyran Théron au cours du Ve siècle av. J.-C., a doté la ville de canaux d’approvisionnement et d’écoulement des eaux, en exploitant de nombreuses hypogées et en amenant les eaux dans le bassin artificiel de la Kolymbetra, dont les sources littéraires remontent au 1er siècle ap. J.-C. en reportant la description : « une grande vasque (…) d’un périmètre de sept stades (…) d’une profondeur de vingt brasses (…) où aboutissaient les aqueducs Feaci, vivier de flore recherchée et d’abondante faune sauvage » (Diodore de Sicile, Bibliotheca Historica, livre XI, 25). Le site où se dressait l’acropole est occupé aujourd’hui par le centre historique de la ville d’Agrigente qui s’est développé à partir du IXe siècle après J.-C. (fig. p. 69) ; la ville contemporaine (environ 60.000 habitants) s’étend sur une surface nettement inférieure par rapport à celle de l’antique cité grecque (la population à l’époque classique était estimée à environ 300.000 personnes, comprenant les résidents de la ville et population rurale qui habitait la vaste Khôra du Platani à l’Imera méridionale) (fig. p. 70). Le centre urbain consolidé occupait principalement la Rupe Atenea et la Colline de Girgenti, tandis que les expansions urbaines les plus récentes ont produit, vers le sud, les agglomérations à basse densité de construction de Villaseta, Villaggio Pirandello, Maddalusa, Villaggio Peruzzo et Villaggio Mosè ; le Parc Archéologique contient quelques habitations, dont certaines ont été construites

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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ARCHÉOLOGIE

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

Agrigente. Parc Archéologique, le soi-disant Quartier hellénistique-romain, le seul site archéologique de Akragas du quartier résidentiel qui a fait l’objet de fouilles archéologiques. Le quartier est un témoignage de la richesse archéologique potentiel du site.

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illégalement. Le port commercial de la ville se dressait le long de la côte, sur le Canal de Sicile, où se jetaient les deux fleuves Akragas et Hypsas qui délimitaient la cité d’Akragas à l’est et à l’ouest pour se réunir dans le fleuve actuel San Leone sous l’arête calcarénite au sud ; aujourd’hui, nous y trouvons des quartiers principalement dédiés aux activités portuaires (Porto Empedocle, anciennement Marina di Girgenti), résidentiels et balnéaires (San Leone, ancien port d’Akragas). Instruments de sauvegarde et de planification pour le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente L’identification d’un périmètre territorial qui délimite, avec certitude, le contexte archéologique et paysager à protéger de la ville d’Akragas a fait l’objet de nombreuses interventions législatives (décrets présidentiels, décrets ministériels, décrets lois et lois) qui se sont succédées de 1957 à nos

ARCHÉOLOGIE

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

Plan de la ville de Girgenti et ses environs à une échelle de 1 à 10.000, Milan Dr. Francesco Vallardi Typographer Editeur, 1868. La carte montre le centre historique d’Agrigente dans le milieu du XIXe siècle. La ville actuel a été construite sur la Colline de Girgenti, l’ancienne acropole de la ville de Akragas.

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Vue de la ville d’Agrigente dans la Colline des Temples. La ville contemporaine d’Agrigente a une haute intervisibilité de la Vallée des Temples et est l’un des éléments de plus grand impact sur le paysage archéologique. PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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jours. Nous pouvons faire remonter la reconnaissance globale du périmètre de la ville aux interprétations des pièces archéologiques reconnaissables in situ menées par Julius Schubring entre 1865 et 1866, reportée sur la carte historique et topographique d’Agrigente publiée en 1886 par Ermanno Loescher (Topographie historique d’Agrigente, de D. Giulio Schubring. Traduction de l’allemand avec notes et ajouts du Prof. Guglielmo Toniazzo sur autorisation de l’auteur) (fig. p. 72). Les études de Schubring furent ensuite reprises en 1957 par Giulio Schmiedt, général, professeur et directeur de l’IGM qui, en se servant des potentialités de la photographie aérienne pour la photo-interprétation des pièces archéologiques et grâce à son expérience précédente d’officier observateur d’aéroplane durant la Deuxième Guerre Mondiale, a cartographié de manière plus précise les intuitions de Schubring avec la collaboration de Pietro Griffo, en les confirmant en grande partie, et a intégré la Carte Archéologique avec l’identification du tissu urbain de l’ancien centre habité qui occupait la zone se trouvant en aval de la Colline de Girgenti et de la Rupe Atenea (G. Schmiedt et P. Griffo, “Agrigento antica dalle fotografie aeree e dai recenti scavi”, dans L’Universo, XXXVIII, 1958) (fig. p. 74). Les premières mesures pour la protection du territoire de la Vallée des Temples d’Agrigente sont dues à la Commission Provinciale pour la défense des beautés naturelles de la province d’Agrigente, nommée aux termes de la L. 1497/39, afin de lister les beautés naturelles individuelles et d’ensemble et qui, lors de la réunion du 26 mai 1948, reconnaît la nécessité de se prononcer sur l’introduction d’une contrainte pour le panorama de la Vallée des Temples, identifiée comme une “beauté naturelle”. En 1954, la Commission parviendra à déterminer six “belvédères” dans la partie haute de la ville d’Agrigente, à partir desquels il est possible de profiter d’une vue panoramique sur la Vallée des Temples, et à identifier la zone à protéger présentant un intérêt particulier du point de vue paysager, en vertu de la loi 1497/39. Suite aux travaux de la Commission, le Ministre de l’Education est intervenu avec le Décret Ministériel du 12 juin 1957, afin d’instaurer une “contrainte pour le panorama de la zone du territoire communal d’Agrigente comprenant la Vallée des Temples, et certains points de vue situés sur le territoire communal”1. Par la suite, la Commission provinciale a apporté quelques modifications au périmètre (procès-verbaux des réunions du 14 juin 1962, du 8 janvier 1964, du 26 février et du 8 mars 19652), tendant à élargir la zone protégée, en se heurtant cependant à de fortes résistances de la part de la population résidente qui voudrait plutôt la voir diminuer. C’est le début d’une action de contestations, sollicitée par des intérêts spéculatifs à l’encontre

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ARCHÉOLOGIE

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

Topographie historique d’Agrigente, de D. Julius Schubring. Traduction de l’allemand avec des notes et des ajouts par le professeur William Toniazzo avec le consentement de l’auteur, Julius Schubring 1866, Ermanno Loescher. Julius Schubring, entre 1865 et 1866, a conçu l’une des cartes les plus importantes pour la reconstruction de la zone archéologique de Akragas basée sur l’observation et l’interprétation des vestiges archéologiques in situ.

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de ceux scientifiques et culturels : le périmètre protégé est continuellement érodé par les pressions spéculatives et les constructions illégales envahissent les zones protégées. L’éboulement d’Agrigente interrompt brusquement ce processus d’agression continuelle du territoire de la Vallée, face à laquelle les instruments de protection et de planification s’étaient avérés impuissants. En effet, le 19 juillet 1966, un important glissement de terrain a intéressé une partie de l’agglomération construite sur la Colline de Girgenti, à l’extrémité ouest de la ville. Environ 5.000 habitants sont évacués des quartiers de l’Addolorata et de San Michele, des parties de l’habitat qui s’était développé, avec une surcharge de constructions surélevées autorisées sur base d’augmentations inconsidérées des indices de construction prévus par le Plan d’Urbanisation, sur un sol constitué principalement par une succession de couches argilo-sableuses englobant des intercalations calcaires qui avaient provoqué, dans le temps, plusieurs discontinuités accentuées par des processus d’érosion et de dissolutions avec la formation de sous-excavations. Suite à la situation d’urgence créée par l’éboulement, le Parlement italien a publié le Décret-Loi n. 590 du 30 juillet 1966, “Mesures en faveur de la ville d’Agrigente, suite à l’éboulement survenu le 19 juillet 1966”, avec lequel il dispose la réalisation d’interventions d’urgence vis-à-vis des sinistrés, la rédaction d’“études et d’enquêtes visant à déterminer les causes et l’évolution du phénomène, de délimiter les zones intéressées, d’indiquer celles qui doivent être protégées, en imposant des critères spécifiques au niveau hydrogéologique et urbanistique, ainsi que les parties d’habitat à consolider et celles éventuellement à transférer” et “la construction de logements entièrement à la charge de l’Etat à mettre à la disposition des familles restées sans habitation, ainsi que la construction des travaux de viabilité primaire et secondaire”. Bien qu’il n’ait pas touché directement la zone archéologique, l’éboulement a tout de même secoué l’opinion publique qui a commencé à comprendre la fragilité du contexte archéologique de la Vallée des Temples, exposé comme territoire de conquête à l’expansion urbanistique envahissante de la ville d’Agrigente qui, au cours de ces années-là, avait enregistré un taux de croissance exponentiel. La réponse de la Région Sicilienne, région à statut spécial, n’a pas tardé non plus à l’occasion de la situation d’urgence provoquée par l’éboulement : la visibilité de l’événement calamiteux au niveau national avait notamment dévoilé la lenteur excessive dans la réalisation des tâches pour la protection de la Vallée des Temples, “universellement connue ... (qui)

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ARCHÉOLOGIE

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

“Ancienne Agrigente à partir de photographies aériennes et des fouilles récentes”, Griffo Schmiedt G. et P., dans L’Universo, XXXVIII, 1958. Giulio Schmiedt, celui qui a utilisé la photographie aérienne pour l’identification des découvertes archéologiques, a repris en 1957 le travail de Schubring et, avec la collaboration de Pietro Griffo, a cartographié plus précisément les découvertes in situ et a intégré la carte archéologique avec l’identification du tissu urbain de la vieille ville qui a occupé la zone en aval de la Colline de Girgenti et de lA Rupe Atenea. Prospections archéologiques ultérieures ont confirmé son hypotextes de photo-interprétation.

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forme un cadre naturel d’une rare beauté panoramique et (qui) présente un aspect d’une valeur esthétique et traditionnelle caractéristique, grâce à la concordance spontanée entre l’expression de la nature et celle du travail de l’homme”3. Une semaine seulement après la publication du D. L. n. 590 du 30 juillet 1966, en reprenant les travaux de la Commission Provinciale pour la défense des beautés naturelles de la Province d’Agrigente, le Président de la Région Sicilienne publie le Décret Présidentiel n. 807 du 6 août 1966, “Déclaration de l’intérêt public majeur représenté par la zone de la Vallée des Temples et des belvédères du territoire d’Agrigente”. Le Décret est publié en attendant l’approbation des normes d’application des Statuts de la Région Sicilienne, en spécifiant que “les fonctions de l’Etat de l’administration centrale en matière de protection du patrimoine artistique et paysager sont, en Sicile, exercées par le Président de la Région, en tant qu’organe décentralisé de l’Etat”4. Grâce à ce décret, la zone du territoire d’Agrigente englobant la Vallée des Temples (indiquée dans la cartographie) (figg. pp. 76-77) est déclarée de “intérêt public majeur” aux termes de la Loi 1497/39, et devient donc un site protégé, mais pas du point de vue archéologique, et “les points de vue de la ville accessibles au public, indiqués ci-après, à partir desquels il est possible de jouir d’une vue splendide sur la Vallée des Temples, sont également déclarés d’intérêt public majeur et soumis aux mêmes dispositions : 1) Place Bibbirria ; 2) Tronçon de Via Porta di Mare compris entre la Place Sinagra et le coin ouest du Palazzo Vita ; 3) Belvédère à l’intérieur de la ville sur la Via Atenea en face du Palazzo Contarini-Galluzzo“5. Le Décret-Loi n. 590 du 30 juillet 1966 est converti dans la Loi n. 749 du 28 septembre 1966, avec d’importantes intégrations relatives à la zone archéologique indiquées à l’article 2 bis : “La Vallée des Temples d’Agrigente est déclarée site archéologique d’intérêt national. Le Ministre de l’éducation, de concert avec le Ministre des travaux publics, détermine, par le biais d’un décret spécifique, le périmètre de la zone, les prescriptions d’utilisation et les interdictions de construire”. La conversion du Décret-Loi en Loi a fait émerger, même au niveau national, la nécessité de réaliser un aménagement du territoire plus compatible avec la nature des lieux, ainsi que la question de la nécessité de protéger les vestiges archéologiques, menacées, elles aussi, par la nature géolithologique des sols, dans le but de sauvegarder la valeur du site archéologique déclaré d’“intérêt national” et de faire face à la pression du développment urbain qui s’étendait en aval, vers la zone de l’ancienne cité d’Akragas. En exécution de la Loi n. 749/66, le Décret Ministériel du 16 mai 1968, “Détermination du périmètre de la Vallée des Temples d’Agrigente, des pres-

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Decreto del Presidente della Regione Siciliana 6 agosto 1966 n. 807 Dichiarazione di notevole interesse pubblico della zona della Valle dei Templi e dei punti di vista del belvedere del comune di Agrigento

N

0

125

250

500

750

Metri 1.000

criptions d’utilisation et des interdictions de construire” est publié (décret dénommé Gui-Mancini, publié par le Ministre de l’Éducation de concert avec le Ministre des Travaux Publics). Parmi les considérations indiquées en préambule, il est spécifié que “la Vallée des Temples d’Agrigente est constituée par la zone comprenant les fameux temples et les autres monuments archéologiques de la vieille ville d’Agrigente, ainsi que les zones intégrantes qui représentent un cadre unique et intégré écologique, jusqu’aux collines avoisinantes et jusqu’à la mer, vers le sud” : il est donc bien clair que la protection du patrimoine archéologique de la Vallée est indissociable de la sauvegarde des valeurs paysagères du contexte. La Vallée des Temples d’Agrigente est délimitée par un périmètre subdivisé en cinq zones : une zone A, où se trouvent les vestiges archéologiques, dans laquelle il est interdit de bâtir de nouvelles constructions, d’altérer l’état des lieux ou de modifier les types et les formes traditionnelles de cultures ; les zones B, C, D et

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Extension dedell’area la zone archéologique Estensione archeologica correspondant l’anciennecittà villedi corrispondenteà all’antica de Akragas détectée par photoAkragas individuata tramite interprétation par le lieutenant-colonel fotointerpretazione dal ten. col. Giulio Julius Schmiedt en 1957 sur la base de la cartographie Topographie historique Schmiedt nel 1957 sulla base della d’Agrigente élaboré par Julius Schubring carta Topografia et publié en 1887 storica di Agrigento

elaborata da Julius Schubring e pubblicata nel 1887

Périmètre de lamura ville de Akragas Circuito delle urbiche dell’antica

città di Akragas Zone à obligation Areasoumise sottoposta a vincolopaysager paesistico selon la Loi 1497/39 par D.P.R.S. 6 août ai sensi della L. 1497/39 dal D.P.R.S. 1966 n. 807

6 agosto 1966 n. 807

Localisation du périmètre urbain de Akragas sur la base des interprétations de Schubring et Schmiedt ; contrainte territoriale de nature paysager en application du décret du Président de la Région Sicilienne 6 Août 1966 n. 807, « Déclaration d’intérêt public de la zone de la Vallée Temples et des points d’observation par la ville d’Agrigente “. Traitement graphique par Stefania Piazza.

E dans lesquelles “une constructibilité limitée et graduée est consentie, en tenant compte, non seulement, de la distance par rapport aux monuments archéologiques, mais aussi de la nécessité de ne pas endommager la perspective de chaque monuments ou de leur ensemble et de ne pas altérer les caractéristiques générales de l’environnement de la Vallée des Temples”6 (figg. pp. 78-79). Cette détermination ministérielle du périmètre, qui intéresse une grande partie du territoire d’Agrigente, a été contestée par le biais du recours du Président de la Région Sicilienne en juillet 19687 qui demandait l’annulation du Décret Gui-Mancini à cause de son inconstitutionnalité, car il aurait chevauché la compétence régionale (art. 4, lettre “n” des statuts spéciaux) : “le décret contesté serait franchi les limites imposées par l’art. 2 bis de la Loi n. 749 de 1966, car, pour des motifs de protection d’un site, et par conséquent étrangères à celles pour lesquelles le pouvoir a été attribué, il a imposé des contraintes à des zones qui n’étaient pas concernées

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Decreto Ministeriale 16 maggio 1968 (c.d. Gui-Mancini) Determinazione del perimetro della Valle dei Templi di Agrigento, delle prescrizioni d’uso e dei vincoli di inedificabilità, in esecuzione della L. 794/66, modificato con D.M. 7 ottobre 1971

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par la recherche archéologique. En se présentant comme une mesure de protection du paysage et non comme une mesure de protection archéologique, le Décret a même usurpé la compétence du Conseiller Régional chargé du Tourisme, car Agrigente est considérée comme une ville de cure, de séjour et de tourisme et que les décisions la concernant doivent donc être prises de concert avec ce Conseiller à qui les compétences de l’Etat ont été transférées, en vertu du Décret du Président de la République n. 510 du 9 avril 1956”8. Le recours a été rejeté avec la motivation que “l’extension de la protection à la zone limitrophe à celle archéologique ne peut pas être adoptée pour des motifs de protection du paysage, mais bien pour des motifs de protection et de mise en valeur du complexe archéologique”, en soulignant que vu que la Vallée des Temples a été déclarée zone archéologique d’intérêt national “la compétence exclusive de la Région spécifiées à

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Zone interdit ZonaAA:: ... ...ilèest fatto divieto d’effectuer di eseguire de nouvelles construction, des nuove costruzioni, impianti e, in installations et, en général, œuvres genere, opere di qualsiasi specie, de toute sorte, même si de caractère anche se di (...) carattere provvisorio. (...) temporaire Zone ZonaBB:: sont sonoautorisés consentiteconstruction costruzioni d’un étage-dessus du sol, avec un di un piano fuori terra, con indice indice de fabricabilité desun terres ne di fabbricabilità fondiaria nonmètres superidépassant pas deux cents ore apar duemètre centesimi di avec metroun cubo per cube carré, volume metro conmètres un volume nonet de pasquadrato, plus de 770 cubes une hauteur ne dépassant superiore a 770 metri cubi epas con4,50 mètres altezza (...) non superiore a metri 4,50 (...) ZonaCC: sonoautorisés consentiteconstruction costruzioni Zone : sont d’un du con sol, un avec un di unétage-dessus piano fuori terra, indice indice de pas plus de cinq dixièmes di fabbricabilità fondiaria non de mètre cube par mètre carré et superiore a cinque decimi di metro une hauteur fabricabilité des terres ne cubo per metro quadrato e con dépassant pas 4,50 mètres (...) altezza non superiore a metri 4,50 (...) ZonaDD:: sont sonoautorisés consentiteles costruzioni Zone bâtiments de pas più plusdide deux étages, aveccon di non due piani fuori terra, un fabricabilitéfondiaria des terres unindice indice de di fabbricabilità allant jusqu’à huit dixièmes mètre non superiore a otto decimi dide metro cube par mètre carré et une hauteur cubo per metropas quadrato e con (...) ne dépassant 7,50 mètres altezza non superiore a metri 7,50 (...) ZonaEE:: sont sonoautorisée consentitedes costruzioni Zone con un indice diavec fabbricabilità constructions un indice de fabricabilité territoriale dépasse territoriale non superiore ne a un metro pas unper mètre cube par mètre carré, cubo metro quadrato, in base ad selon un plan spécifique pour toute un apposito piano planivolumetrico la zone (...) interessante la intera zona (...)

Périmètre demura la ville de Akragas Circuito delle urbiche dell’antica città di Akragas

Arrêté ministériel du 16 mai 1968 (connu sous le nom Gui-Mancini) “Détermination du périmètre de la Vallée des Temples à Agrigente”, dans l’exécution de la loi 794/66, tel que modifié par le décret ministériel 7 Octobre 1971. Traitement graphique par Stefania Piazza.

l’art. 14, lettre “n”, du Statut spécial, ne s’étend pas aux biens archéologiques ou artistiques intéressants des services à caractère national”9. Suite à la note du Conseil supérieur du Ministère des Travaux Publics du 3 juin 1970, le Décret Gui-Mancini, a été modifié par le Décret Ministériel du 7 octobre 1971, “Modification du Décret Ministériel du 16 mai 1968, concernant la détermination du périmètre de la Vallée des Temples d’Agrigente, prescriptions pour l’utilisation et interdiction de construire” (Misasi-Lauricella). Avec le deuxième décret, le périmètre de la Vallée des Temples est élargi en étendant la zone A à la zone comprise entre la place Esculapio et le Sanctuaire de Déméter à San Biagio, contexte comprenant d’autres zones d’intérêt archéologique et faisant partie des points de vue importants de la Rupe Atenea et du Temple de Junon. Dans l’art. 2, le Décret prévoit aussi la réalisation d’infrastructures urbaines, toujours sur autorisation de la Surintendance,

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PAYSAGE

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Au-dessus/ Agrigente. Parc Archéologique, vue depuis la Colline des Temples jusqu’à la mer. La zone située entre la Colline des Temples et la mer était en dehors de la ville de Akragas ; il y a des découvertes archéologiques liées au sanctuaire d’Asclépios et certains cimetières. Le périmètre de la Vallée des Temples à Agrigente, identifié conformément au Décret Ministériel du 16 mai 1968, couvre aussi le paysage de la ville antique. En dessous / Impact paysager du Viaduc “Morandi” dans le Parc Archéologique. Certains des piliers du viaduc ont été construits sur le dessus de l’une des plus importantes nécropoles de l’âge classique de la ville de Akragas.

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parmi lesquels les voies d’accès entre l’agglomération actuelle d’Agrigente et les zones E (Villaseta, localité où beaucoup de habitants, qui étaient restés sans habitation à cause de l’éboulement, ont été transférés) étant donné qu’elles présentent “des exigences d’ordre urbanistique évidentes”, le carrefour et les liaisons entre la route Porto Empedocle-Caltanissetta et la S.S. n. 115, l’embranchement entre la route Porto Empedocle-Caltanissetta et la route panoramique Bonamorone-Vallone San Biagio. Réalisés dans les années 70, les nouvelles voies de raccordement entre Agrigente, et ses nouvelles agglomérations et Porto Empedocle, ont gravement compromis le contexte paysager de la Vallée des Temples, en intervenant même directement sur les zones archéologiques (construction des piles du viaduc “Morandi” au-dessus de la nécropole de Pezzino) (fig. p. 80). Malgré la série impressionnante de normes spéciales promulguées par le Gouvernement pour la protection de la Vallée des Temples et de son territoire, les constructions – souvent illégales – qui se sont multipliées entre les années 60 et 70 (pas seulement en Sicile, mais dans toute l’Italie) continuent à intéresser les zones protégées du territoire d’Agrigente. La “solution” dramatique au problème des constructions illégales introduite par les lois sur la régularisation des constructions illégales, produit en Sicile l’approbation de la L. R. 37/85 “Nouvelles réglementations en matière de contrôle de l’aménagement urbain et de régularisation des constructions illégales”. Avec l’article n. 25, la Loi introduit une clause spéciale pour le Parc Archéologique d’Agrigente qui prévoit que “l’examen des demandes d’autorisation de régularisation des travaux effectués dans les zones protégées avec le Décret Ministériel du 16 mai 1968 modifié par le biais du Décret Ministériel du 7 octobre 1971 reste en suspens jusqu’à la publication” de la part du Président de la Région du “décret de délimitation des limites du Parc Archéologique de la Vallée des Temples d’Agrigente et de détermination des limites des zones soumises à différentes contraintes”10. Le décret de délimitation des limites du Parc qui aurait dû être publié, aux termes de la L.R. 37/85, avant le 31 octobre 1985, a été publié le 13 juin 1991 (Décret du Président de la Région Sicilienne du 13 juin 1991, “Délimitation des limites du Parc Archéologique de la Vallée des Temples d’Agrigente”, également dénommé le Décret Nicolosi), sous l’impulsion des nombreuses demandes de régularisation de constructions se trouvant dans les zones protégées (figg. pp. 82-83). Sur base de cette prémisse, le but de l’art. 1 du décret, “la limite du Parc Archéologique d’Agrigente coïncide avec la limite de la zone A délimitée avec l’art. 2 du décret ministériel du 16 mai 1968, modifié avec le décret ministériel du 7 octobre 1971”, semble évident. Les zones B, C, D et E sont déclarées “zones complémentaires constituant

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le territoire nécessaires pour l’existence et la jouissance du Parc et de ses valeurs”, en les excluant du périmètre du Parc et, dans les faits, en laissant libre cours aux procédures de régularisation des constructions illégales. Le Décret prévoit également l’agrandissement de la zone B jusqu’à Cozzo S. Biagio, contrada Chimento, ainsi qu’une zone au nord du quartier Mosè, d’une part et d’autre part, l’augmentation de l’indice maximum de constructibilité dans la zone B en passant de 0,02 m3/m2 des précédents décrets à 0,03 m3/m2, avec la prévision de constructions avec un étage hors-sol et une hauteur maximale de 4,50 m. Pour la zone C, correspondant au développement des constructions de San Leone, la mesure modifie les prescriptions en les homologuant par rapport aux dispositions des décrets ministériels pour les zone D, c’est-à-dire avec une augmentation de l’indice de constructibilité, en passant de 0,5 m3/m2 à 0,8 m3/m2 , et un accroisse-

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si) si) Zona A: confine del Parco archeoZona Zona A: confine confine del Parco archeoZoneA: A IlIlIl:IlLa limitedel duParco parc archeoZona A: confine del Parco archeologico diAgrigento Agrigento coincidecon con archéologique d’Agrigente coïncide logico logico di di Agrigento coincide coincide con ilililil logico di Agrigento coincide con avec ladella zonezona A délimitée par D.M. confine della zona “A”delimitata delimitata con 16 confine confine della zona “A” “A” delimitata con con confine della zona “A” delimitata con mai 1968, modifié par D.M. 7 octobre l’art. 2 del decreto ministeriale 16 l’art. l’art. 2 22 del del decreto decreto decreto ministeriale ministeriale ministeriale 16 16 16 l’art. 1971 del (...) maggio 1968, modificato con decreto maggio maggio 1968, 1968, modificato modificato con con decreto decreto maggio 1968, modificato con decreto ministeriale7 ottobre1971 1971(...). (...).Il ministeriale ministeriale ottobre 1971 (...). ministeriale 777ottobre ottobre 1971 (...). IlIlIl territoriocompreso compresonel nelperimetro perimetro(...) (...) territorio territorio compreso compreso nel nel perimetro perimetro (...) (...) territorio è soggetto a tutte le prescrizioni è è soggetto soggetto a a tutte tutte le le prescrizioni prescrizioni è soggetto a tutte le prescrizioni stabilite per la zona “A” (...) stabilite stabilite per per la la zona zona “A” “A” (...) (...) stabilite per la zona “A” (...) Zona B: costituente territoiro Zona Zona B: zona costituente costituente ililililterritoiro territoiro ZoneB: B zona :zona Zone constituante le Zona B: zona costituente territoiro di completamento dirispetto rispetto necesterritoire d’achèvement et de di di completamento completamento e di rispetto necesnecesdi completamento eeedi di rispetto necesrespect nécessaire à l’existence et la sarioall’esistenza all’esistenzaed edal algodimento godimentodel del sario sario all’esistenza all’esistenza ed ed al al godimento godimento del del sario jouissance du valori parc et de sesalle valeurs. parco e dei suoi valori (insieme alle parco parco e e dei dei suoi suoi valori (insieme (insieme alle parco e deimaximale suoi valori de (insieme alle La limite fabricabilité zoneC, C,D, D,E). E).(...) (...)Valgono Valgonole lemedemedezone zone C, D, D, E). E). (...) (...) Valgono Valgono le le medemedezone des C, terres est élevé de deux à trois sime prescrizioni stabilite perpar lazona zona sime sime prescrizioni prescrizioni stabilite stabilite per per la la zona zona sime prescrizioni stabilite per la centièmes de mètre cube mètre “B” con l’articolo 3 dei decreti ministe“B” “B” con con l’articolo l’articolo l’articolo 3 33 dei dei dei decreti decreti decreti ministeministeministecarré “B” con riali 16 maggio 1968 e 7 ottobre 1971 riali riali 16 16 maggio maggio 1968 1968 e e 7 7 ottobre ottobre 1971 1971 riali 16 maggio 1968 e 7 ottobre 1971 (...)con conla lamodifica modificadel dellimite limitemassimo massimo (...) (...) con la modifica del limite massimo (...) con la modifica del limite massimo difabbricabilità fabbricabilitàfondiaria, fondiaria,ililililcui cuiindice indice di di fabbricabilità fabbricabilità fondiaria, fondiaria, cui cui indice indice di viene elevato da due a tre centesimi viene viene elevato elevato da da due due a a tre tre centesimi centesimi viene elevato da due a tre centesimi dimetro metrocubo cuboper permetro metroquadrato quadrato di di metro cubo per metro quadrato di metro cubo per metro quadrato

ZoneB: B(...) :(...) (...)aggiunta le territoire ajouté à la Zona B: aggiunta delterritorio territorio Zona Zona B: (...) aggiunta del del territorio Zona B: (...) aggiunta del territorio zone B (...) compreso entroililililperimetro perimetroesterno esterno compreso compreso entro entro perimetro esterno compreso entro perimetro esterno delle particelle appresso indicate (...) delle delle particelle particelle particelle appresso appresso appresso indicate indicate indicate (...) (...) (...) delle ZoneC: C (...) :(...) (...)valgono dans lale zone ils sont Zona C: (...) valgono le medesime Zona Zona C: valgono le medesime medesime Zona C: (...) valgono le medesime appliqués stabilite les mêmes prescriptions prescrizioni stabilite perla lazona zona“D” “D” prescrizioni prescrizioni stabilite per per la zona “D” prescrizioni stabilite per la zona “D” établies pour la zone D défini par con l’articolo 3 dei decreti ministeriali con con l’articolo l’articolo 3 3 dei dei decreti decreti ministeriali ministeriali con l’articolo dei decreti ministeriali D.M. 16 mai31968, modifié par D.M. 7 16maggio maggio1968 1968e ottobre1971 1971 16 16 maggio 1968 ottobre 1971 16 maggio 1968 eee7 777ottobre ottobre 1971 octobre 1971

Zona D: (...) valgono le medesime Zona Zona D: valgono le medesime medesime ZoneD: D (...) :(...) (...)valgono dans lale zone ils sont Zona D: (...) valgono le medesime prescrizioni stabilite perprescriptions lazona zona“D” “D” appliqués stabilite les mêmes prescrizioni prescrizioni stabilite per per la la zona “D” prescrizioni stabilite per la zona “D” établies pour la zone D défini par conl’articolo l’articolo3 deidecreti decretiministeriali ministeriali con con l’articolo l’articolo 333dei dei dei decreti decreti ministeriali ministeriali con D.M. 16 mai 1968, modifié par 16 maggio 1968 e 7 ottobre 1971 16 16 maggio maggio maggio 1968 1968 1968 e ee 7 77 ottobre ottobre ottobre 1971 1971 1971D.M. 7 16

octobre 1971

Zona E: (...) valgono le medesime Zona Zona E: valgono le medesime medesime ZoneE: E (...) :(...) (...)valgono dans lale zone ils sont Zona E: (...) valgono le medesime prescrizioni stabilite perprescriptions lazona zona“E” “E” appliqués stabilite les mêmes prescrizioni prescrizioni stabilite per per la la zona “E” prescrizioni stabilite per la zona “E” établies pour la E défini par con l’articolo deizone decreti ministeriali con con l’articolo l’articolo 3 dei decreti decreti ministeriali ministeriali con l’articolo 333dei dei decreti ministeriali D.M. 16 mai 1968, modifié par 16maggio maggio1968 1968e ottobre1971 1971D.M. 7 16 16 maggio maggio 1968 1968 eee7 777ottobre ottobre ottobre 1971 1971 16

octobre 1971

Circuitodelle dellemura muraurbiche urbichedell’antica dell’antica Circuito Circuito delle mura urbiche dell’antica Circuito delle mura urbiche dell’antica Périmètre de la ville de Akragas città diAkragas Akragas città città di di Akragas città di Akragas

Limite du Parc Archéologique de la Vallée des Temples d’Agrigente selon le Décret du Président de la Région Sicilienne, Juin 13, 1991 (dit Nicolosi) “Délimitation des limites du parc Archéologique de la Vallée des Temples d’Agrigente”. Traitement graphique par Stefania Piazza.

ment de la hauteur des bâtiments, en passant de 4,50 m à 7,50 m. La rédaction de l’article 107 de la Loi Régionale 25/93 de la part de l’Assemblée Régionale Sicilienne a représenté un acte législatif important en faveur de la défense et, surtout, de la mise en valeur du patrimoine archéologique sicilien. Celui-ci était dédié à la constitution d’un “Système régional des Parcs archéologiques”, et a été abrogé et substitué par la Loi Régionale n. 20 du 3 novembre 2000 plus complète, rédigée sur initiative du Conseiller Régional chargé des Biens Culturels, Fabio Ganata, et dont le premier titre est dédié à le “institution du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente”. Aux termes de la Loi, le Parc est devenu un “organisme scientifique, de recherche, organisationnel, administratif et financier autonome” et sa gestion est assujettie à la rédaction d’un plan spécial (actuellement, le Plan du Parc

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Archéologique et Paysager est en phase d’examen) (fig. p. 84). La double valeur du Parc Archéologique et Paysagère de la Vallée des Temples, soulève la question de la nécessité de prévoir un instrument adéquat pour la défense et la mise en valeur d’un bien culturel complexe, caractérisé par la coexistence de situations d’urgence du point de vue archéologique d’une extrême importance, avec des terrains agricoles, des activités résidentielles, commerciales, productives et culturelles. Pour la gestion des restrictions en matière de paysage (les “beautés” naturelles, qui sont bien distinctes des “objets” présentant un intérêt historique, artistique et archéologiques), le Plan de Paysage a déjà été instauré en 1939 par le biais de

RESTRICTIONS

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Plan pour le Parc Archéologique et Paysager et de la Vallée des Temples d’Agrigente (en attente d’approbation). Carte de la Destination l’utilisation des sols.

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la Loi 1497, en reconnaissant l’opportunité de disposer d’un instrument plus flexible, en mesure de gérer les dynamiques complexes d’un territoire en évolution, pour la sauvegarde du paysage. Pour le territoire de la Vallée des Temples, soumis à des restrictions au niveau paysager depuis 1957, puis à des restrictions spéciales jusqu’à couvrir quasi 1.400 ha aujourd’hui, il aurait été nécessaire de prévoir un instrument de plan et de restrictions à la fois, tant pour gérer précisément les situations de conflits entre les besoins de la conservation archéologique et du paysage et les exigences de développement social, économique et urbain, que pour conjuguer les actions de protection avec les activités de mise en valeur et de promotion culturelle et pour changer le concept de restriction, considéré comme un principe soustractif qui multiplie les interdictions imposées à la population résidente, en un concept constructif qui crée une valeur à promouvoir, même pour le développement local. En 1997, la zone archéologique d’Agrigente a été insérée dans la Liste du Patrimoine Mondial (WHL) de l’UNESCO, Parce qu’elle possède de nombreux temples – qui composent l’un des plus remarquables ensembles de monuments de l’art et de la culture grecs au monde – et Parce qu’il s’agit d’une des plus grandes cités du monde antique qui, grâce à son état de conservation exceptionnel, témoigne de l’influence grecque dans le monde méditerranéen et d’un important échange de valeurs humaines. Comme site inscrit dans la WHL, le Plan de Gestion pour la zone du Parc a été rédigé en 2005 sur base des documents analytiques du Plan du Parc Archéologique et Paysager et selon les indications des Lignes Directrices du Plan Territorial Paysager de la Région Sicilienne (approuvés en 2000). Actuellement, en attendant l’approbation du Plan du Parc Archéologique et Paysager, le Parc est géré à travers le Plan de Gestion susdit qui identifie deux contextes territoriaux : le contexte territorial inscrit (fig. p. 87, au-dessus), compris à l’intérieur du périmètre du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples, subdivisé en quatre sous-contextes (l’acropole, la Colline des Temples, la zone extramuros – coïncidant avec le périmètre de la zone A défini par le D.P.R. du 16 juin 1991 – et la buffer zone – coïncidant avec la zone B du même décret) ; le contexte territorial étendu (fig. p. 87, en dessous), qui tient compte des phénomènes culturels, des dynamiques et des logiques d’agrégation, souvent spontanées, des phénomènes économiques liés à la mise en valeur des ressources culturelles du territoire, qui s’étendent au-delà des limites du Parc et qui intéressent les territoires environnants, en se référant à un territoire plus vaste. Les communes suivantes font partie du contexte territorial étendu : Agrigente, Aragona, Joppolo Giancaxio, Montallegro, Porto Empedocle, Raffadali, Realmonte, Santa Elisabet-

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ta, Siculiana (communes qui participent au P.I.T. Vallée des Temples, dont les finalités sont en étroite synergie avec le Plan de Gestion). A celles-ci, viennent s’ajouter d’autres communes qui ont constitué des zones d’intérêt archéologique et qui se sont avérées importantes pour le développement de l’antique Akragas et qui pourraient devenir des destinations pour des éventuels itinéraires culturels susceptibles de se développer à partir d’Agrigente, en impliquant le Parc de Sélinonte et notamment Piazza Armerina (site UNESCO), Gela (mère patrie d’Akragas), Licata et Palma di Montechiaro (sur le Parcours de la fondation d’Akragas), Naro (avec des zones archéologiques paléochrétiennes et d’architecture baroque), Favara (zones archéologiques paléochrétiennes), les communes côtières de Cattolica Eraclea (territoire sur lequel se trouve le site d’Eraclea Minoa, dont Sélinonte et Akragas se disputent la fondation), Ribera, Sciacca, Menfi et Castelvetrano ; et aussi les communes de Sambuca di Sicilia, Santa Margherita Belice, Montevago, Burgio et Caltabellotta, qui ont tissé des rapports historiques et culturels avec l’antique chôra d’Akragas. Le Plan de Gestion, instrument de protection du patrimoine archéologique et du contexte territorial, représentant une exigence préalable pour le maintien du bien dans la WHL, a le but d’identifier les stratégies qui doivent être mises en pratique afin de concilier les exigences imposées par la protection et la conservation du patrimoine archéologique avec les actions visant sa mise en valeur et sa promotion. Dans le cas de la Région Sicilienne, en vertu de la vigueur de la L.R. 20/2000, lorsque le Plan du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples sera approuvé, il substituera le Plan de Gestion et pourra garantir une meilleure action de planification du territoire de la Vallée en qualité d’instrument de mise en œuvre, de gestion, de promotion et “de système” avec le patrimoine archéologique régional de la Sicile. Notes 1. D.P.R.S. 6 août 1966 n. 807. 2. Ibidem. 3. Ibidem. 4. Ibidem. 5. Ibidem. 6. D.M. 16 mai 1968. 7. Appel par le Président de la Région Sicilienne, notifié le 17 Juillet 1968, déposée à la Cour le 23 et appartenant au Registre des appels, n. 14, 1968. 8. Jugement de la Cour constitutionnelle n. 74 du 27 Mars, 1969. 9. Ibidem. 10. L.R. 37/85, art. 25.

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UNESCO

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Au-dessus / Plan de Gestion du Parc Archéologique et du Paysage de la Vallée des Temples d’Agrigente. Site inscrit et buffer zone. La portée territoriale su site inscrit à la WHL coïncide avec la zone A du DPRS du Juin 13, 1991 ; la buffer zone coïncide avec la zone B de ce décret. En dessous / Plan de Gestion du Parc Archéologique et du Paysage de la Vallée des Temples d’Agrigente. Zone territoriale extensif. Le champ d’application couvre un territoire très large en vue des caractéristiques historique, culturel et des relations avec l’ancienne khôra de Akragas et en vue des potentiels exprimée par les nouveaux systèmes du patrimoine culturel.

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UN JOYAU ENTRE LA VILLE ET LE TERRITOIRE VALERIA SCAVONE

Préambule Une incohérence émerge de la magnificence de la Vallée des Temples, patrimoine UNESCO depuis 1997, connue pour ses ruines archéologiques, mais aussi pour son paysage agricole dans lequel celles-ci sont insérées : Agrigente et son territoire ne parviennent pas à bénéficier pleinement de la présence de son joyau1, le grand “vide”2 encore appréciable aujourd’hui, malgré les épisodes de constructions illégales. Le léger réveil culturel auquel nous avons assisté au cours de ces dernières années, est certainement le fruit du changement amorcé par la mise en route de certains Cours par l’Université de Palerme3, mais aussi – et surtout – de la clairvoyance de ceux qui ont décidé d’“investir” (du temps, des ressources économiques et de l’énergie) sur leur territoire4, en dépit des classements en matière de qualité de la vie qui positionnent toujours la ville parmi les derniers de la classe dans le panorama national. Ce contexte réclame donc l’exigence d’une action intégrée, multidisciplinaire et multi-niveau qui implique la région d’Agrigente dans son ensemble, à partir de son cœur. Un patrimoine culturel pour la ville et le territoire. ADN et mise en valeur En rappelant Argan et son affirmation concernant l’étroite relation existant entre l’histoire et la cité « d’autant plus vraie que cité et civilisation sont des mots qui possèdent la même racine » (Argan, 1984, 248) et en étant conscients que la culture doit devenir un modèle de développement des communautés, nous nous arrêtons pour comprendre la valeur du concept de “patrimoine culturel” qui « a connu une profonde révolution, au cours des cinquante années qui se sont écoulées depuis l’institution du Ministère qui y est dédié » (Volpe, 2015, 16). La ‘vision sectorielle, ponctuelle, sélective’ ne correspondant plus aux défis du patrimoine culturel dans la ville contemporaine (ibidem) ; les divers chartes et documents – italiens et européens – qui se sont succédés depuis lors, s’arrêtent sur la nécessité immédiate

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d’une approche multisectorielle des thèmes sous-jacents. En effet, si la mise en valeur vise à “attribuer une valeur” et donc, un sens à un objet ou à un contexte précis, le rôle de l’archéologue (Ricci, 2006, 147) est fondamental pour rendre la valeur de la préexistence et des relations existant entre chaque fragment compréhensible et reconnaissable, mais le rôle de l’architecte et de l’urbaniste est tout autant fondamental pour comprendre parfaitement les relations territoriales et paysagères, sur une grande échelle, en traçant leurs potentialités. Compte tenu que le Patrimoine appartient à la « communauté, en tant que création d’un groupe humain hétérogène et complexe qui vit sur un territoire » qui partage l’histoire, le passé, le présent et le futur (De Vareine, 2005, 29), celui-ci représente la « carte d’identité de la communauté » (Op. cit., 30) et constitue son ADN. Un patrimoine génétique – matériel et immatériel5 – qu’on ne peut renier et avec lequel il faut cohabiter, en étant bien conscient qu’il ne s’agit pas d’une “donnée métaphysique fixée une fois pour toutes” mais qu’il « régénère sans cesse ses significations et se reconfigure selon les tendances de développement d’une société » (Volpe, 2015, 104). En effet, la définition de “bien culturel”6 implique l’attribution d’un rôle de promotion sociale, d’une “valeur de civilisation (Ricci, 2006), comme cela a été exprimé à l’issue des travaux de la Commission Franceschini (1967). La “histoire urbaine” (Ricci, 2006, 133) et territoriale doit donc viser la création d’une “nouvelle alliance” qui permettra

GIRGENTI

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Plan monographique du territoire de Girgenti (devenu Agrigente en 1927), de 1838 (conservé auprès des Archives historiques d’Agrigente), sur lequel on devine la dimension réduite de l’habitat fortement connecté aux communes limitrophes.

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aux tissus contemporains de se réapproprier de leur épaisseur temporelle et, aux “îles du passé” (ibidem), de retrouver un sens dans le présent projeté vers le futur dans le cadre d’une action interprétative regroupant le sujet, l’identité et la communauté, tout en rétablissant une connexion entre le passé et le présent, qui représente une action indispensable dans des territoires si fragiles. Cette connexion passe par la mise en valeur7, mais celle-ci ne peut pas exister si on ne comprend pas que « l’identité d’un lieu, tout comme l’existence d’un milieu, est le résultat durable de ce long processus de coévolution entre la communauté qui s’est installée et l’environnement » (Magnaghi, 2000, 83). Les variables identitaires constituent la clef de voûte pour comprendre les dynamiques qui caractérisent Agrigente et son territoire et pour déclencher un processus de changement et “d’amour” (Volpe, 2015, 15) des citadins envers “leur” patrimoine culturel, afin de créer des cercles vertueux de développement, même au niveau touristique et culturel. Tourisme culturel Le tourisme est un secteur porteur, car il permet de générer une croissance économique et de l’emploi, mais aussi et surtout, Parce qu’il produit des bénéfices socio-culturels. Parmi les secteurs économiques les plus importants au niveau mondial, le tourisme devra diriger le développement vers une plus grande durabilité, en reconnaissant les limites et les capacités des ressources touristiques. Au cours des prochaines années, la communauté, les administrateurs et les opérateurs du secteur auront donc la responsabilité de garantir un développement durable qui minimise les impacts négatifs et mette en valeur le patrimoine environnemental, culturel et social des destinations touristiques, surtout le long des régions côtières de la Méditerranée8 (territoires fragiles où se trouvent la plupart des ressources naturelles et culturelles). La durabilité est indispensable afin de protéger le territoire contre les transformations (consécutives à la pression touristique) qui ne sont pas en harmonie avec le territoire. En effet, la Commission Européenne a placé le tourisme durable au centre de ses stratégies (Com. 352/2010) et en 2013 elle a présenté le Système Européen des indicateurs pour la Gestion Durable des Destinations Touristiques. Ceux-ci constituent un processus – à gérer au niveau local – permettant d’observer, de gérer et d’améliorer la durabilité des destinations touristiques et d’influencer les choix politiques adéquats. Parmi les vingt-sept indicateurs principaux, il y a lieu de signaler – ce qui revêt une grande importance pour le contexte en examen - la nécessité d’une “politique publique pour un tourisme durable”. Cet outil devrait tenir compte des questions environnementales et sociales, ainsi que de celles concernant la qualité, la santé et la sécurité ; il devrait aussi avoir des

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objectifs clairs, être partagé par toutes les parties intéressées, “être rendu public et communiqué”. En effet, comme cela est largement démontré, la communication représente le facteur discriminant vu les effets qu’elle produit en matière d’identité et d’efficacité. La priorité « doit toujours viser la population, ses exigences d’habitation, sa qualité de vie, ses besoins de services » car le patrimoine culturel et les flux touristiques qui en dérivent « ne suffisent pas à eux seuls pour le développement » (De Vareine, 2005, 190). Loin d’être uniquement reléguée au rang d’étude de marketing, la programmation touristique devrait rentrer de plein droit dans les exigences de la ville et de ses habitants à qui l’aménagement urbain se réfère. L’outil prévu par les indicateurs (en synergie avec l’aménagement urbain) serait souhaitable dans un contexte comme celui en examen, dans lequel le tourisme représente la plus grande opportunité, malgré que 41,14 % des activités productives soit encore lié au secteur agricole. Les données provinciales sur le tourisme (balnéaire, environnemental, relationnel) indiquent une baisse de 2,82% avec une diminution de la présence moyenne journalière de 4,19 à 3,44 jours (Rapport, 2014). Le tourisme est un secteur, qui ne parvient pas à déclencher un cercle vertueux, malgré la force d’attraction du pôle, constitué par la Vallée des Temples, mais aussi par les trésors que recèle son centre historique (de l’époque médiévale, renaissance tardive, maniériste, baroque, néoclassique), par la valeur de son paysage agricole et par l’environnement côtier (en partie avec des dunes naturelles et en partie avec des marnes blanches donnant à pic sur la mer) ; un mélange de ressources susceptibles d’attirer plusieurs types de tourisme, comme celui culturel, balnéaire ou relationnel. Aperçus sur les processus de transformation urbaine Agrigente est mondialement connue grâce à son patrimoine archéologique et paysager, mais elle est aussi connue à cause de l’éboulement du 19 juillet 1966 qui a conditionné son système urbain de manière irrémédiable et, quoi qu’il en soit, bien plus que ce que les instruments urbanistiques n’ont pu (ou n’ont su) faire. Après la deuxième guerre, Girgenti (dénommée ainsi jusqu’en 1927) – étendue sur la colline et gouvernée par un Règlement sur la Construction (1858), sur l’ornementation et par la police des constructions de la ville (1863), par un Plan d’Aménagement de la place de la gare (1915) consécutif à la démolition effectuée pour réaliser la voie ferrée – est devenue la proie des spéculateurs. Malgré le Règlement et le Programme sur les Constructions de 1958, des bâtiments, certains existent encore (fig. p. 96), d’une hauteur et d’une dimension remarquables ont été réalisés sur la colline dont les fondations reposaient (et reposent encore) sur les hypo-

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gées, ouvrage de génie hydraulique grandiose, réalisé autour du Ve siècle pour fournir de l’eau (Arnone, 1948) à Akragas. L’événement, incroyablement sans effusion de sang, est connu par les spécialistes des matières relatives à l’urbanisme comme le “scandale” d’Agrigente (De Lucia, 2013, 79), à cause des cas de mauvaise gestion et d’affaires malhonnêtes qu’il dénonce dans le cadre urbanistique national et qui a valu une réaction vigoureuse du Gouvernement avec l’institution d’une Commission d’Enquête présidée par Martuscelli9 (fig. p. 101). En septembre 1966, la zone en question est évacuée et les 7.541 personnes restées sans habitation (Gucciardo, 1999) sont transférées dans le quartier de Villaseta10 et de Villaggio Peruzzo, en déclenchant ainsi une ouverture vers les zones agricoles environnantes qui incitera les rédacteurs des instruments urbanistiques successifs à prévoir aussi des expansions vers le nord avec Fontanelle, San Giusippuzzo et San Michele (cf. Plan d’Aménagement, 1975) avec un développement des infrastructures routières, souvent redondantes, envahissantes11 et qui, à la longue, ont favorisé l’implantation de nombreuses habitations illégales12 (Cannarozzo, 2009). La tragédie de l’éboulement a eu comme conséquence de contenir le processus de concentration des constructions autour de la Rupe de Girgenti, mais au cours de ces années, l’urbanisation s’est transformée en une sorte de « encerclement du périmètre protégé de la Vallée des Temples avec des incursions à l’intérieur » (Rossi Doria, 2007, 212), dans l’espoir d’une “révision des limites des zones protégées” (ibidem). Les conséquences de l’écroulement, causé par la surcharge due à la construction de 8.500 pièces (Salzano, 2003) bâties au dépit des normes existantes, a été la création ou l’amplification de “périphéries”, de quartiers externes au périmètre de la ville à proprement parler ; et, cinquante ans après l’événement, c’est justement dans ces zones du système urbain que résident à présent environ 60% des habitants (selon les données du dernier recensement ISTAT). Malgré que l’on y trouve plus de zones inaccessibles du point de vue orographique (Scavone, 2007), le déséquilibre vers le nord a obligé les instruments urbanistiques à prévoir la réalisation d’équipements et de services (notamment l’hôpital, le tribunal, l’Université, plusieurs écoles secondaires), en déclenchant un phénomène “invivable” pour l’entièreté de la ville (Graphique 1, p. 94). Cette action, typique de la ville post-industrielle, a délaissé les liens avec le territoire agricole et a sous-évalué le lien inextricable avec l’aspect culturel (Carta, 2007). La ville, grande et fragmentée, s’est établie “autour” du grand patrimoine culturel sans comprendre pleinement ses significations et sa valeur et sans dialoguer de manière productive avec la complexité qui caractérise le système urbain. La ville d’Agrigente contemporaine, dont la géométrie est insensée, a dû faire ses

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comptes avec quelques éléments structurels – l’évolution orographique, les infrastructures routières qui, redondantes, identifient et relient la ville, la mer – et dont l’élément principal est constitué par le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples. Le résultat a été la création d’un système potentiellement polycentrique (Scavone, 2009b) qui caractérise « toute ville délimitée par la mer et les montagnes et s’étendant sur un territoire collinaire », qui impose « une vision désunie, une mobilité aventureuse et une utilisation patiente » (Gazzola, 2003, 181). En effet, à l’instar de Gênes, Agrigente ne pourra jamais devenir un système urbain compact, à cause des difficultés morphologiques et de la présence de la zone archéologique. La fragmentation et la découpure qui, ailleurs, est définie comme “identité urbaine” et “charme” grâce à la présence de “styles de vie particuliers” (ibidem) se traduit ici par un phénomène “invivable”, une mobilité énergivore, un malaise social, malgré qu’une certaine croissance démographique soit enregistrée, en manifestant une tendance opposée par rapport au cadre régional (fig. p. 99). Aujourd’hui, un monocentrisme marqué contrecarre le polycentrisme potentiel. Celui-ci tend à considérer la “ville” comme étant uniquement le centre historique sur la colline (en particulier, l’axe porteur du système urbain) et la Rupe Atenea (la ville du XXe siècle), tout en allant fréquenter – comme cela se produit ailleurs sur le territoire italien – les centres commerciaux artificiels (Scavone, 2013) qui deviennent des lieux collectifs, de nouvelles positions centrales (Ricci, 2003), de nouveaux points de repère territoriaux. A présent, la ville semble avoir “abandonné” l’antique Akragas (comme ses habitants le firent dans le passé, en se réfugiant sur la colline de Girgenti) non seulement physiquement, mais aussi dans l’imagination collective. La présence de la “contrainte” de la ligne de démarcation virtuelle, qui n’a ni été communiquée, ni soutenue de manière adéquate, a engendré un vécu “négatif” qui n’a pas aidé à prendre conscience de l’incroyable opportunité représentée par cette ressource. Le vaste Parc Ar-

GRAPHIQUE 1 D’après l’histogramme, malgré que les classements sur la qualité de la vie la relèguent toujours aux derniers rangs, Agrigente a connu un accroissement du nombre de ses habitants vis-à-vis d’une baisse de la donnée provinciale ; il s’agit-là d’un indice évident du dépeuplement qui caractérise les centres urbains secondaires. (élaboration de l’auteur sur les données de l’Istat).

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chéologique et Paysager – malgré l’action de sensibilisation et d’ouverture envers l’opinion publique menée par la direction du Parc – représente un “fardeau” : on a obtenu ce que Giuliano Volpe définit un « véritable divorce entre les habitants et le patrimoine » (Volpe, 2015, 16). La géographie et le territoire D’un point de vue géographique, le territoire13 en examen, « gisement de longue durée qui affirme son identité et son caractère dans la manière où ses éléments environnementaux s’intègrent (...) avec les éléments construits (...) et avec les éléments humains » (Magnaghi, 2000, 82), présente une zone orientale (vers Favara et Naro), une zone septentrionale (qui englobe les communes de Joppolo Giancaxio et Raffadali) caractérisée par une évolution orographique découpée et une vaste région côtière. Le territoire de l’(ex) Province d’Agrigente représente l’étendue provinciale avec le front côtier le plus grand (environ 136 km de côtes) par rapport aux autres provinces qui donnent sur la mer. Sciacca et Licata sont les centres de début et de fin de l’implantation côtière provinciale, dont Agrigente et Porto Empedocle représentent le centre de gravité ; tandis qu’Agrigente dialogue – au-delà de Porto Empedocle, son appendice naturel – surtout avec les centres limitrophes de l’intérieur, sa conurbation (Favara et Aragona), Sciacca dialogue avec la zone de Trapani (géographiquement, l’appendice méridionale de la Vallée du Belice) et Licata avec le système Gela-Syracuse. Le territoire communal du cœur de la région côtière abrite les embouchures de deux fleuves dont les bassins hydrographiques comprennent les communes faisant presque toutes partie de la province d’Agrigente. Le plus grand14 – le Naro – traverse Camastra, Canicattì, Castrofilippo, Favara, Faro et Racalmuto avant de se jeter dans la mer à Cannatello, sur le territoire communal d’Agrigente. Le San Leone15, par contre, généré par le confluent de deux fleuves (le Drago ou Ypsas et le San Biagio), traverse les territoires de Santa Elisabetta, Aragona, Comitini, Favara, Grotte, Joppolo Giancaxio, Porto Empedocle, Racalmuto, Raffadali, avant de se jeter dans la mer à hauteur du bourg marin de San Leone. Les trois composantes de l’approche territorialiste tracent un cadre très riche – historiquement identifié (fig. p. 90) – qui détermine une identité précise. En effet, la région côtière en examen présente encore des problèmes urgents du point de vue historique et architectural, des biens isolés, des lieux d’intérêt environnemental, paysager, archéologique, touristique (ex. les petits lieux d’accostage), mais on pourrait dire la même chose pour les territoires plus internes de cette région géographique. Parmi les composantes édifiées (en excluant les épisodes de construction illégale qui se sont perpétrés pendant des années), le

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Agrigente, centre historique. En haut, on constate l’entaille effectuée par la voie ferrée et la présence de certains immeubles démesurés bâtis au cours de la deuxième partie des années 50, existants encore. Source : Agrigente, il tessuto urbano del centro storico. Volo Rossi 1989, fig. 271, str. 2, ft. 170 dans CRICD (2010, 107).

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paysage agricole, les monuments, les centres historiques, les biens isolés, les zones archéologiques (dont le cadre est en évolution continuelle suite aux découvertes) représentent – avec les composantes humaines – le patrimoine matériel et immatériel à connecter à la Vallée des Temples, en un network territorial (Scavone, 2009a). La ville d’Agrigente dialogue principalement avec les communes d’Aragona, Favara et Porto Empedocle (cette dernière représente un véritable appendice de la ville) ; les principaux flux quotidiens se dirigent (et proviennent) de ces centres urbains secondaires. Dans le cas de Porto Empedocle (commune autonome seulement depuis 1861), les flux concernent la présence du port touristique et commercial (récemment, également de croisière) et, dans le cas de Favara, la zone industrielle, mais surtout le Farm Cultural Park, un des centres les plus dynamiques dans le panorama culturel sicilien, qui a vu le jour pour réagir contre l’illégalité. Réflexions et perspectives En étant bien conscient qu’aucun changement ne verra le jour tant que les habitants ne tomberont pas amoureux de “leur” patrimoine culturel (Volpe, 2005, 15), il est clair que le protagoniste absolu de la nouvelle vision pour la Vallée n’est pas le Parc Archéologique, mais bien la communauté qui doit vivre pleinement et consciemment l’héritage « reçu du passé (…) en l’enrichissant de nouvelles significations » (ivi, 16) ; dans le cadre d’une approche conceptuelle qui intègre le patrimoine culturel et qui connecte la ville avec les territoires, une nouvelle conception de la “contrainte” doit être prise en considération, afin qu’elle se transforme en un élément actif permettant d’augmenter la créativité (Carta, 1999). Le polycentrisme qui caractérise le système urbain peut être résolu en redonnant une valeur au paysage agricole restant : l’idée de relier les fragments de la ville au moyen du Parc agricole territorial (Lo Piccolo, 2009) qui annule les distances physiques, est pertinente pour garantir une meilleure qualité aux résidents et pour la multifonctionnalité des zones agricoles – promue par l’Union Européenne – qu’elle pourrait déclencher. Ce Parc territorial, en synergie avec le Parc Archéologique et Paysager, pourrait devenir l’axe central d’un système plus ample rassemblant toutes les pièces du puzzle qui constituent le système urbain, y compris les centres isolés. En effet, pour ces territoires, il faudrait éviter des projets occasionnels et peu cohérents entre eux, afin de voir la ville comme une “œuvre ouverte” qui retrouve son milieu et développe un milieu créatif (Carta, 2014). La ville attend une action urbanistique forte qui agit en agrégeant et en consolidant le système urbain, qui redécouvre les valeurs du régionalisme de Geddes où le modèle d’habitat devient un “territoire urbain en réseau” (Carta, 2007). La force du nœud (grâce

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aussi à la marque UNESCO) urbain pourrait consentir la mise en réseau des centres urbains de la région géographique de référence (qui comprend environ 12 petites communes), des ressources diffuses, des réserves naturelles présentes, en liaison avec les attractifs – naturels et culturels – présents au niveau régional. Compte tenu de « l ’intégration harmonieuse ville-campagne, patrimoine culturel-paysage » (Settis, 2010, 84) et du fait que le patrimoine culturel est diffus sur l’entièreté du contexte géographique, l’approche proposée – en partant de la prise de conscience de la valeur identitaire de ces témoignages – considère le « paysage comme un élément commun, un tissu conjonctif, un fil unifiant les différents éléments du patrimoine culturel » (Volpe, 2015, 28). Un fil qui enclenche un processus de renaissance “collective” afin de protéger et de conserver l’esprit du lieu (genius loci), en concrétisant son « essence dans des contextes historiques qui se renouvellent » (Norberg-Schulz, 1992, 18). Notes 1. Définition de la Vallée des Temples fournie par L. Zevi (2007). 2 Le terme (Scavone, 2005) indique provocatoirement le grand “plein” constitué par les ressources archéologiques disséminées dans le paysage agricole. 3. Le rôle joué par les études d’archéologie et le master en architecture (pour la sensibilisation vis-à-vis des thèmes du paysage et du projet, pour l’approche à la créativité) est retenu très important. 4. Des chercheurs, des entrepreneurs, des mécènes (certains sont intervenus à l’occasion du Forum territorial, dont les résultats sont publiés dans ce texte), mais aussi des jeunes qui ont fondé des associations culturelles vivaces. 5. Pour le rôle du “patrimoine immatériel qui protège les expressions culturelles”, voir la Convention UNESCO de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et la Convention UNESCO 2005 sur la protection et la promotion des diversités des expressions culturelles. 6. A propos de la définition, cf. la Convention de La Haye (1954). 7. L’art. 111 du Code des biens culturels et du paysage définit la mise en valeur comme étant une “constitution et une organisation stable de ressources, de structures ou de réseaux, c’est-à-dire dans la mise à disposition de compétences techniques ou de ressources financières ou nécessaires à l’exercice des fonctions et à la poursuite des objectifs” (indiquées à l’art. 6). 8. A propos de la fragilité du territoire côtier suite à la poussée du tourisme cf. les études de Plan Blue : www.planblue.org. 9. Pour des approfondissements, voir le célèbre numéro de la revue INU, Urbanistica, n. 48 de 1966. 10. Transfert advenu avec la Loi 749 du 28 septembre 1966 (celle avec laquelle la Vallée des Temples d’Agrigente a été déclarée “zone archéologique d’intérêt national”, avant la publication du D.M. Gui-Mancini du 16 mai 1968). Les architectes Bonafede, Calandra, Calzolai et Lenci, coordonnés par l’ingénieur Mario Ghio, furent appelés à projeter pour Villaseta : 348 nouveaux logements, une église, un centre commercial et des écoles pour la scolarité obligatoire. 11. La référence est faite au viaduc Morandi qui – pour relier Villaseta à la ville – a été réalisé au détriment d’une nécropole de l’époque grecque dans le quartier Pezzino (pour le réaliser, il a même fallu obtenir une dérogation au décret Gui-Mancini, à l’aide d’un D.M. de 1971) 12. A Agrigente, en particulier, au cours de la période précédant l’éboulement 1951-1961, la population est passée de 40.491 à 47.919 (données Istat), avec, comme conséquence, une augmentation du nombre d’habitations. De 1951 à 1965 25.689 pièces ont été construites, équivalant à 118% de la consistance du patrimoine de 1951 (Gucciardo, 1999, 58). 13. Cf. le Plan paysager de la province d’Agrigente (cheminement en cours) qui définit complètement ses caractéristiques.

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SPRAWL

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

Sprawl qui caractérise le système urbain fragmenté d’Agrigente: au centre – en vert – la limite du Parc Archéologique (document graphique tirés, par l’auteur, de la thèse de doctorat en architecture de Giusj Careca, année académique 2013-14, directeurs prof. V. Scavone et prof. G.F. Tuzzolino).

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14. La longueur du bras principal est de 31 km, la surface totale du bassin est de 262,3 km2 (SITR, Bassin hydrographique du fleuve Naro). 15. La longueur du bras principal est de 26 km, la surface totale du bassin est de 217,4 km2 (SITR, Bassin hydrographique du fleuve San Leone). Bibliographie Argan. G.C. (1984), Storia dell’arte come storia della città, dans B. Contradi (par), Roma, Editori Riuniti. Arnone L. (1948), Gli ipogei dell’agrigentino, Agrigento, rist. Ente provinciale per il turismo (1991). Cannarozzo T. (2009),“Agrigento : risorse, strumenti, attori. Percorsi verso nuovi orizzonti di sviluppo locale”, dans F. Lo Piccolo (par), Progettare le identità del territorio, Alinea Editrice, Firenze, pp. 61-133. Carta M. (1999), L’armatura culturale del territorio. Il patrimonio culturale come matrice di identità e strumento di sviluppo, FrancoAngeli, Milano. Carta M. (2007), Creative City. Dynamics, Innovations, Actions, List, Barcelona. Carta M. (2013), Reimagining Urbanism. Città creative, intelligenti ed ecologiche per i tempi che cambiano, ListLab, Trento-Barcelona. CRICD (2010), Repertorio Cartografico e arofotografico, Palermo, Priulla, p. 107. De Varine H. (2005), Le radici del futuro. Il patrimonio culturale al servizio dello sviluppo locale, CLUEB, Bologna. De Lucia V. (2013), Nella città dolente, Castelvecchi editore, Roma. Gazzola A. (2003),“La città policentrica : il caso Genova”, dans A. Detragiache (par), Dalla città diffusa alla città diramata, FrancoAngeli, Milano, pp. 165-185. Gucciardo G. (1999), La legge e l’arbitrio, Rubettino editore, Soveria Mannelli. Lo Piccolo F. (2009), Progettare le identità del territorio, Alinea Editrice, Firenze. Norberg-Schulz C. (1992), Genius Loci. Paesaggio, ambiente, architettura, Electa, Milano. Report turismo (2014), L’andamento del mercato turistico locale 2012-2013 dati aggiornati al 31/12/2013 dell’Osservatorio Turistico Provinciale, Agrigento. Ricci M. (2006), Attorno alla nuda pietra. Archeologia e città tra identità e progetto, Donzelli editore, Roma. Ricci M. (2011),“Nuovi paradigmi : ridurre, riusare, riciclare la città (e i paesaggi)”, dans P. Ciorra, S. Marini (par), Re-cycle. Strategia per l’architettura, la città, il pianeta, Electa, Milano, pp. 64-77. Rossi Doria B. (2007), Sicilia. Terra di città, Istituto Geografico Militare, Firenze. Salzano E. (2003), Fondamenti di urbanistica, Laterza, Roma-Bari. Scavone V. (2005), Un territorio complesso. Riflessioni urbanistiche e progettuali sulla realtà di Agrigento, Drago Edizioni, Bagheria. Scavone V., Nozzetti T. (2007),“Il sistema edilizio a nord di Agrigento: il paesaggio e gli insediamenti”, dans R.M. Vitrano (par), I Convegno internazionale. Scenari dell’abitare abusivo. Strategie per l’intervento di recupero, vol. I. Luciano Ed.,Napoli, pp. 128-132. Scavone V. (2009a),“Una rete costiera tra identità e degrado”, dans G. Abbate, A. Giampino, M. Orlando (par), Territori costieri, vol. 1862.135, FrancoAngeli, Milano, pp. 52-59. Scavone V. (2009b),“Sistema territoriale urbano e periferie. Agrigento: un’urbanizzazione multipolare?”, dans PLANUM, Atti del Convegno INU “Quante periferie”, Territorial areas and cities in Southern Italy. How many suburbs? What policies for territorial government, S. Giovanni a Teduccio - Naples, 22-23 March 2007 : http://www.planum.net/national-conference-sessione-plenaria. Scavone V.(2013),“Arginare il consumo di suolo:centri commerciali e programmazione urbanistica”,dans INU, Il governo della città nella contemporaneità.La città come motore di sviluppo,Dossier online, pp.285-287. Settis S. (2010), Paesaggio Costituzione cemento, Einaudi Editore, Torino. Volpe G. (2015), Patrimonio al futuro. Un manifesto per i beni culturali e il paesaggio, Electa, Milano. Zevi L. (2007), Attorno ad un gioiello, dans Scavone V. (par), Il mare della Valle dei Templi… Agrigento città costiera, Aracne, Roma, pp. 135-136.

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CONSTRUCTIONS ILLEGALES

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Eboulement d’Agrigente, en organe, les parties des bâtiments construits en ne respectant pas les règles d’urbanisme en vigueur. Sélection (par l’auteur) d’images tirées de la revue Urbanistica n. 48, 1966.

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Ferdinand Georg Waldmüller, Ruines du Temples Junon Lacinienne à Girgenti (environ 1845) (Vienne, Liechtenstein Museum).

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CONNAISSANCE ET MISE EN VALEUR DU PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE. DONNER UN SENS ET SAISIR LE SENS DES VESTIGES DU PASSÉ : LE CAS D’AGRIGENTE ELISA CHIARA PORTALE Le projet DO.RE.MI.HE. a donné l’occasion de passer au crible les potentialités de la mise en valeur d’un contexte, Agrigente, figurant parmi les plus importants pour la connaissance et la perception de l’antiquité à travers les “ruines”. Il s’agit d’une recherche conditionnée par le contexte séculaire de l’archéologie – avec le volume de connaissances, de systématisations des données et de reconstitutions, ainsi que des procédures et des interventions visant la protection et la conservation – en se consolidant avec l’expérience de la contemplation des ruines (tout d’abord, comme partie importante de l’éducation des élites occidentales, ensuite, comme passage obligatoire du tourisme scolaire et de masse) (figg. pp. 102 et 106), et par une conception de l’héritage culturel dont on ressent aujourd’hui les limites et que l’on essaye de surpasser en s’approchant de manière plus moderne – et parfois post-moderne – des biens et des témoignages matériels du passé. Dans le cas d’espèce, la vision traditionnelle des antiquités d’Agrigente (autrement dit de la Vallée des Temples, soustraite à la croissance incontrôlée de la ville à travers des actes législatifs judicieux qui a débouché grâce à la L.R. 20/2000 sur la création du premier Parc Archéologique et Paysager de Sicile muni d’une autonomie au niveau gestion et scientifique) peut apparaître dépassée et peu attirante, Parce qu’elle a été longtemps liée pour des raisons historiques et pour des exigences de protection prioritaires, à une approche prohibitionniste et de prescriptive (avec l’acquisition des biens par l’administration publique et la ségrégation conséquente des zones archéologiques par rapport au quotidien) qui a été accepté lentement et avec difficulté par les résidents. La connaissance et la perception de ce patrimoine sont liées aux reconstitutions effectuées par les chercheurs dans les éditions scientifiques, empreintes des intérêts prééminents du contexte culturel

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dans lequel ces investigations archéologiques ont été effectuées. D’un autre côté, elles sont le fruit de l’élection des temples doriques sur la crête méridionale de la Vallée en tant qu’icône culturel du style classique, modèle esthétique absolu et vestige d’un passé noble à hériter (en se le réappropriant à travers l’étude des textes et de l’art ancien, le collectionnisme, la compétence savante) et, ensuite – le lien idéologique des classes dirigeantes avec la tradition classique étant de plus en faibles au sein de la société de consommation du XX-XXIème siècle – en un “lieu fameux” à visiter, photographier, filmer et partager sur les réseaux sociaux. Par conséquent, si les temples attirent l’attention, la zone d’intérêt archéologique primaire à l’intérieur du Parc (y compris le Musée qui ressent la grande fréquentation touristique de la Vallée à concurrence d’un pourcentage équivalant à environ 1/9 des présences enregistrées) reste dans l’ombre. Tout ceci, avec une oscillation des politiques et des comportements de la communauté vis-à-vis du patrimoine, tantôt sur les valeurs identitaires des biens (prépondérantes dans certaines phases importantes de l’organisation centrale et régionale pour la protection et la recherche, et émergeant à nouveau dans le secteur archéologique public), tantôt sur le retour économique des “gisements” culturels. Chez les dernières générations, la distance entre l’approche spécialisée s’est accentuée – avec des contenus et des langages sectoriels pas très compréhensibles en dehors du cercle des opérateurs du secteur – et la jouissance la plus diffuse. Cette dernière semble généralement passive (le public n’a pas les moyens et n’est pas en mesure de se réapproprier des ruines qu’il perçoit visuellement ou encore qu’il subit de manière compulsive dans les tours de force du tourisme d’un jour), ou bien, elle est la destinataire d’une divulgation conçue pour un objectif statique et moyennement modeste. En substance, la divulgation a tendance à se placer sur un standard préfixé sans variation importante – si l’on excepte l’attention récente pour les enfants en âge préscolaire et scolaire – et en même temps, si on se limite à simplifier et banaliser ces contenus spécialisés, généralement focalisés sur les exigences et les intérêts du moment et du contexte culturel où lesdits contenus ont été introduits. Par conséquent, l’offre d’informations et de connaissances supplée rarement les curiosités d’un public diversifié ou différent du public idéal que les archéologues du siècle dernier auraient pu imaginer (ceux qui ont déterminé avec leurs découvertes et leurs interprétations, l’image “accréditée” des monuments et des évidences archéologiques d’où la divulgation est déduite par simplification).

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En général, les informations retenues indispensables dans les publications de divulgation (guides, brochures, panneaux didactiques, etc.) sont les données descriptives (souvent exprimées avec un lexique hautement spécialisé) et métriques et celles inhérentes à la chronologie et aux phases (fondamentales pour une approche correcte du caractère historique et pas simplement esthétique), ainsi que les éventuelles correspondances avec les événements issus des sources littéraires. Toutes ces données revêtent bien sûr une grande importance, mais elles ne sont pas exhaustives par rapport au spectre d’intérêt plus étendu et plus concret susceptible de susciter la compréhension guidée d’un contexte archéologique. La documentation explicative est composée principalement par des cartes ou des relevés schématiques ou à une échelle inadéquate, ainsi que d’images de matériels et de vestiges, à basse résolution (par rapport aux publications scientifiques qui exigent des standard de qualité élevés). La divulgation est donc nettement moins complexe et précise que l’optimum représenté par les éditions scientifiques. La référence reste la communauté des chercheurs avec leurs langages et leurs procédures typiques de la pratique académique, par rapport auxquels le matériel informatif pour le public plus vaste constitue une banalisation. Le fait de ne pas tenir compte du point de vue et des exigences d’un usager non spécialisé mène à utiliser un langage quasiment ésotérique, avec une mauvaise perméabilité et un attrait limité vis-à-vis des non-initiés, mais pousse aussi à faire une utilisation très limitée d’auxiliaires à la compréhension, comme les reconstitutions virtuelles (utiles, uniquement si elles sont supportées par un contrôle minutieux des données de départ) ou des dessins reproduisant des objets conservés dans un état fragmentaire. Un mouvement d’opinion sollicitant la redéfinition des appareils didactiques, des sites et des postes informatiques, des textes et des instruments s’est justement créé contre ces failles de la divulgation afin de permettre d’obtenir une perception sensorielle et de créer un impact émotionnel par rapport au matériel présenté. Cependant, le problème ne concerne pas seulement les modalités de présentation des données (pour lesquelles une utilisation plus étendue des instruments comme la 3D ou les App mises à disposition par les nouvelles technologies suffirait), ni la capacité (d’ailleurs fondamentale) de créer des émotions chez le visiteur. Il s’agit du mode de s’approcher des vestiges, de leur donner un sens et de les sentir profondément comme les créateurs du sens, qui est le niveau le plus efficace, le plus répandu et le plus conforme par rapport au statut de patrimoine culturel des

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biens culturels et du paysage (culturel lui aussi) dans lesquels ils sont intégrés et dont ils sont indissociables. Les vestiges archéologiques et les paysages forment un ensemble – dans le cas d’espèce, le paysage de la Vallée des Temples – n’ont jamais été vraiment statiques et ne le sont toujours pas et peu importe qu’ils soient considérés comme objet d’étude autoréférentielle ou comme icône d’un passé noble, ou encore, comme cadre prestigieux de commémorations ou de photos souvenirs. La connaissance que nous sommes en mesure de produire autour des vestiges et qu’ils sont en mesure de produire pour nous, les bénéficiaires, ne peut pas être statique. La société moderne a fait des vestiges un instrument efficace de construction culturelle, identitaire, sociale et politique (dans l’affirmation et la consolidation des élites, dans les pratiques sociales comme le collectionnisme ou l’associationnisme d’élite, dans les dynamiques de formation et de réveil des consciences nationales, des orgueils municipaux, des demandes d’affirmation d’identités

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PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

Touristes visitant le Temple de la Concorde (25/09/15).

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locales avec leurs “propres” antiquités, leur “propre” site archéologique ou musée), en acquérant sa familiarité et en élaborant son bagage de connaissances sur les témoignages du passé qui a été absorbé et instrumentalisé pour construire le présent et projeter le futur. D’autre part, ces connaissances, fonctionnelles pour la société qui les a acquises et exploitées, vu leur adhérence inévitable à un discours contemporain et actuel, ne peuvent pas être considérées comme définitives (non seulement, grâce à l’accroissement évident des données avec de nouvelles découvertes et des techniques d’investigation, mais surtout, Parce que chaque société élabore ses connaissances et ses intérêts vers le passé) ni comme étant exhaustives par rapport à l’énorme potentiel que les biens culturels sont en mesure de développer autour d’eux, car ils sont culturels (témoignages d’une culture ancienne, instrument culturel des sociétés successives jusqu’à la dernière qui bénéficie de son héritage) L’unidirectionnalité de la transmission culturelle effectuée avec une divulgation non actualisée ou incomplète, c’est-à-dire la simplification d’une approche spécialisée qui s’est arrêtée à un certain moment (il y a peut-être bien longtemps) de la découverte d’un monument ou de fouilles et les interventions de mise en valeur non soutenues par un système culturel adéquat (la grande idée de base et les grandes compétences de celui qui projette et réalise) ne peuvent que figer la multitude de connaissances, suggestions, émotions, stimulations, à savoir, la valeur que le patrimoine est, par contre, en mesure d’offrir si on renoue les liens avec l’actualité. Autrement dit : si on le soumet à des interrogations actuelles, des lectures différentes, de nouvelles méthodes d’analyse, des intersections avec d’autres connaissances et expériences, en faveur d’un public diversifié selon la tranche d’âge, les intérêts, le contexte historique et culturel, les conditions et les situations de l’expérience cognitive ayant pour objet les vestiges de l’antiquité (fig. p. 109, au-dessus). Cette dernière, en temps qu’expérience cognitive, consiste en un enrichissement de connaissance et en une production de connaissance que l’aspect émotionnel et hédoniste peut et doit intensifier, mais sans se substituer à l’aspect cognitif et formatif. Un Parc Archéologique n’est pas un Parc d’attractions ou un belvédère, sans rien enlever à la recherche du plaisir et du bien-être du public du Parc Archéologique (qui sera d’autant plus favorablement prédisposé vis-à-vis de l’expérience cognitive dont il est possible de profiter dans ce site unique, et qui se sentira d’autant plus à son aise et impliqué dans l’expérience du point de vue émotionnel). Mais le point de départ et d’arrivée est la connaissance : a) acquise et mise à disposition par celui qui promeut, met en valeur, sug-

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gère, vise et favorise l’accessibilité culturelle, afin de produire et de faire produire une autre connaissance ; b) promue et créée chez les usagers et par les usagers (au-delà des moyens de transmission, du matériel didactique et illustratif, des aides pour la visite, de l’attention à la satisfaction du public, même s’il s’agit là d’éléments fondamentaux pour la mise en valeur, c’est-à-dire pour l’attribution de la valeur et la promotion de la valeur ajoutée du patrimoine). Dans le projet, par rapport au cas de la Vallée des Temples, tout d’abord, on a supporté le groupe mixte d’étudiants italiens et tunisiens avec une base de connaissance partagée – indispensable pour n’importe quel projet de mise en valeur – de manière à ce que les différentes compétences disciplinaires de départ s’associent en s’enrichissant réciproquement ; mais en même temps, on a voulu imprimer une direction pour une approche moins conventionnelle, plus actuelle et plus dialectique des vestiges de la Vallée. En partant du fondement des grandes recherches du siècle dernier, l’étude et l’examen autoptique des objets dans leur contexte spatial, ont voulu redonner de l’épaisseur, de la vie et un dynamisme aux vestiges archéologiques, pour récupérer leur valeur culturelle et devenir un vecteur permanent d’enrichissement culturel : valeur et enrichissement qui ne sont pas donnés une fois pour toute, mais qui doivent nécessairement être mis en relation avec l’auditoire actuel, avec notre société, avec les questions qui nous tiennent à cœur (à l’instar des époques qui nous ont précédé et qui ont su poser au patrimoine les questions qui leur tenaient à cœur). A titre d’exemple, parmi les nombreux thèmes susceptibles d’impliquer l’intérêt des différents usager à différents niveaux, on peut citer les techniques, la culture de l’eau, la transformation des paysages, la dimension immatérielle et les traditions, l’imaginaire, les dynamiques de construction d’identité, les rôles sociaux et les statuts, l’éducation et le sexe, l’aspect rituel, le rapport avec l’environnement et les ressources, le quotidien, le travail et l’économie, les relations interethniques ou interculturelles, la conception de la mort ; voir encore, les liens susceptibles de donner aux antiquités d’Agrigente un aspect familier à l’observateur étranger, en soulignant la fortune dans les Pays occidentaux (dispersion du matériel archéologique d’Agrigente dans les musées les plus importants, comptes rendus de voyageurs illustres, œuvres picturales, emploi du style dorique dans l’architecture néoclassique) ou l’affinité avec d’autres évidences monumentales dans le cadre méditerranéen. Il est urgent de récupérer une conception plus “vivante” des monuments et des vestiges et de ne plus les considérer comme des

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ARCHÉOLOGIE

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Au-dessus/Fouilles à ciel ouvert, zone sud du Sanctuaire de Zeus Olympien (Université de Palerme, Parc de la Valle des Temples). En dessous/Vue de la ville à partir du Sanctuaire des Divinités des chthoniennes dans la partie Sud/Ouest de la Vallée des Temples : en évidence, l’angle Nord/Ouest du Temple des Dioscures reconstruit dans l’anastylose du dixneuvième siècle.

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reliques en exposition à contempler, ou bien des ruines pittoresques à utiliser comme fond pour photographier ou pour des endroits dans lesquels organiser des événements, mais bien comme des éléments d’un discours, qui a débuté dans le cadre socio-culturel de la polis à la période archaïque et classique et qui a ensuite été reformulé dans les transformations de la période hellénistique, romaine, de l’antiquité tardive et de la poste antiquité, de la période moderne et à reformuler à nouveau dans le cadre de la période actuelle. En effet, ce discours ne peut pas être considéré comme clôturé au moment précis qui a décrété la fin de cette civilisation (classique) qui nous a laissé les traces les plus manifestes, mais il a été renouvelé, au fur et à mesure, altéré et réélaboré en vertu de la présence des vestiges matériels et du mélange de traditions et de notions immatérielles ancrées dans “ce” paysage au cours des différents moments de la vie, d’utilisation, d’abandon et de déstructuration, de reprise et des récupération jusqu’à l’époque contemporaine. Actuellement, l’approche post-moderne habituelle dans la société globalisée et l’habitude à collationner facilement les informations, les images, les composants de différentes origines associables dans melting pot varié ne doivent pas faire perdre de vue – en décontextualisant les objets ou en proposant leurs simples associations dans des buts esthétiques avec d’autres œuvres d’art (même si cela est intéressant et même parfois utile) – la relation du patrimoine archéologique avec un tissu conjonctif qui est l’environnement (pas le simple espace physique, mais le paysage culturel), la culture immatérielle (antique et moderne) qui se mélange tout autour et profondément aux vestiges matériels, la société (antique et moderne) de référence : tout compte fait, ce mélange spécial, qui fait d’Agrigente une pièce unique qu’on ne peut reproduire et repérer ailleurs que dans l’habitat de la Vallée et – dont les liens qui le liait et le lie aux vestiges les mieux conservés du paysage de la Vallée doivent encore être récupérés – de la ville historique sur la Colline de Girgenti (fig. p. 109, en dessous). Bibliographie Carlino A. (par) (2009), La Sicilia e il Grand Tour. La riscoperta di Akragas. 1700-1800, Gangemi, Roma. Carlino A. (2011), “Tutela e conservazione dei monumenti agrigentini (1779-1803)”, dans Sicilia Antiqua, n. 8, pp. 101-142. Costantino G. (par) (2005), Il monumento nel paesaggio siciliano dell’Ottocento, Regione Siciliana, Assessorato BBCCAA, Palermo. De Miro E. (1994), La Valle dei Templi tra iconografia e storia, Assessorato Regionale Beni Culturali e P.I., Palermo. De Miro E., Calì V., Falcone D., Gullì D., Sturiale S.C., Trombi C., Vanaria M.G. (par) (2000),

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Agrigento I. I santuari urbani. L’area sacra tra il tempio di Zeus e porta V, L’Erma di Bretschneider, Roma. De Miro E., Calì V., Sturiale S.C., Oteri E. (par) (2003), Agrigento II. i santuari extraurbani. L’Asklepieion, Rubbettino, Soveria Mannelli. De Miro E. (2009), Agrigento IV, Agrigento. L’abitato antico. Il quartiere ellenistico-romano, Gangemi, Roma. De Miro E., Fiorentini G. (2011), Agrigento VI. Agrigento romana. Gli edifici pubblici civili, Fabrizio Serra Editore, Pisa-Roma. Fiorentini G. (1998), Introduzione alla Valle dei Templi, Assessorato Regionale Beni Culturali e P.I., Palermo. Fiorentini G. (2005), “Monumenti e luoghi classici della Sicilia nelle testimonianze dei viaggiatori stranieri tra la metà del XVIII e la metà del XIX secolo”, dans Sicilia antiqua, n. 2, pp. 193- 218. Fiorentini G., Calì V., Trombi C. (par) (2009) , Agrigento V. Le fortificazioni, Gangemi, Roma. Griffo P. (1961), Nuovissima guida per il visitatore dei monumenti di Agrigento. La zona archeologica e la città moderna, Soprintendenza alle Antichità, Agrigento. Marconi P. (1929), Agrigento. Topografia e arte, Vallecchi, Firenze. Marconi P. (1933), Agrigento arcaica. II Santuario delle divinità ctonie e il tempio detto di Vulcano, Libreria dello Stato, Roma. Parello C., Rizzo M.S. (par) (2014), “Archeologia pubblica al tempo della crisi”, dans Atti delle Giornate gregoriane VII edizione, 29-30 novembre 2013, Edipuglia, Bari. Rausa F. (2014), “Julius Schubring, pioniere degli studi sulla topografia storica di Akragas”, dans C. Capaldi, T. Fröhlich, C. Gasparri (par), Archeologia italiana e tedesca in Italia durante la costituzione dello Stato Unitario, Atti delle giornate internazionali di studio, Roma 20-21 settembre - Napoli 23 novembre 2011, Naus Editoria, Pozzuoli, pp. 349-362. Schmidt G., Griffo P. (1958), “Agrigento antica dalle fotografie aeree e dai recenti scavi”, dans L’Universo, n. 38, pp. 289-308. Sojc N. (par) (2014), “Akragas: current issues”, Proceedings of the International Conference Leiden, 5-6 march. Varrica A. (2010), Siti archeologici e management pubblico in Sicilia. L’esperienza del Parco Valle dei Templi, FrancoAngeli, Milano.

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Traces archéologiques dans la zone se situant au nord de Casa San Marco (da Belvedere, Burgio, 2012, fig. 155).

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AGRIGENTE : LA CARTE ARCHÉOLOGIQUE DE LA CITÉ ANTIQUE ET DU FAUBOURG AURELIO BURGIO

Au cours de ces dernières décennies, la certitude que la Carte Archéologique est un instrument indispensable pour la connaissance, la protection et la mise en valeur des sites archéologiques a été acquise. Elle permet d’intégrer les données connues depuis longtemps avec les informations obtenues plus récemment. Le projet de Carte Archéologique entrepris par le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente et par l’Université de Palerme part de ce principe. La Carte (Belvedere O., Burgio A., 2012) se base sur l’acquisition directe des données archéologiques, suite aux prospections systématiques et répétées menées dans la zone urbaine de l’antique cité et de son environnement immédiat, mais en restant dans les limites du Parc. Les données ont été regroupées dans le Système d’Information Territorial (SIT), ou Geographical Information System (GIS), archéologique du Parc, et ont été intégrées avec l’examen détaillé de l’organisation géomorphologique, topographique, environnementale et paysagère, grâce aux potentialités et à l’universalité des applications informatiques. Comme on le sait, le SIT contribue à transformer toutes les informations représentant des éléments de connaissance en instruments pour la protection, la conservation et la planification d’activités orientées vers la recherche, la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine archéologique ; le SIT du Parc est donc un instrument de connaissance continuellement actualisable et implémentable, et la Carte Archéologique structurée de la sorte pourra être intégrée avec les résultats des futures recherches. La Carte a été réalisée à partir de la recherche bibliographique et documentaire. La présence de ruines imposantes est un aspect particulier du paysage urbain de la cité grecque, qui a fait l’objet d’observations détaillées et d’études dès le XVIe siècle de la part de voyageurs et de chercheurs spécialisés sur l’antiquité, notamment Cristoforo Scobar (1522), Tommaso Fazello (1558) et Filippo Cluverio (1629). Les ruines d’Akragas figurèrent bien vite parmi les sites du Grand Tour et, entre le XVIIIe et le XIXe siècle, les temples d’Agrigente furent

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illustrés sans cesse, même s’il a fallu attendre l’œuvre de Giuseppe Maria Pancrazi (Pancrazi, 1751-1752) pour obtenir une illustration systématique des vestiges de la cité, et encore un siècle supplémentaire pour recevoir une véritable planimétrie. En effet, la première planimétrie d’Akragas remonte à 1867 et a été publiée à l’échelle 1 :10.000 (Feuille 271,“Girgenti e i suoi templi”, éditions 1863-1867) de l’Etat-major de l’armée italienne, puis réélaborée par Giulio Schubring en 1870 (toujours à l’échelle 1 :10.000), et republiée quelques années plus tard avec sa traduction italienne (Schubring, 1887). Pour la première fois, cette planimétrie permet de voir clairement la structure de la ville antique et de constater son aspect unitaire, avec les Collines de Girgenti et de la Rupe Atenea qui ferment l’horizon au nord, et l’habitat qui descend modérément vers la colline des temples au sud. Pour élaborer la Carte Archéologique, l’examen de la cartographie historique a été associé à celui des photographies aériennes : la première étude analytique et systématique sur la topographie et l’urbanisme de la ville a justement été réalisée par Pietro Griffo et Giulio Schmiedt à partir de photos aériennes réalisées immédiatement après la Deuxième Guerre Mondiale. Les deux chercheurs avaient élaboré une planimétrie à l’échelle 1 :10.000 (Schmiedt, Griffo, 1958), qui indiquait non seulement les données archéologiques fruit de la période de recherches archéologiques intense qui a suivi la guerre, mais aussi les nouvelles probabilités de reconstruction – parfois assez schématiques – du tissu urbain dérivant de la lecture des photographies

TOPOGRAPHIE

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

A gauche/La zone de la ville de l’époque classique et de l’époque romaine (de Belvedere O., Burgio A., 2012, fig. 41). A droite/Les sites archéologiques dans le faubourg (de Belvedere O., Burgio A., 2012, pl. I).

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aériennes. L’image issue du travail de Schmiedt et de Griffo est celle d’une ville structurée en gradins vers SE sur les pentes des Collines de Girgenti et de Rupe Atenea. L’aménagement urbain par strigas est subdivisé en six plateiai parallèles, orientées NE-SO (d’une largeur d’environ 7 m), qui se croisent orthogonalement avec de nombreuses stenopoi (d’une largeur d’environ 5,5 m) ; les pâtés de maison sont très allongés et de dimensions légèrement variables (300/340x35 m), et son orientés NO-SE. Ce schéma montre une anomalie dans le secteur nord-occidental de la ville, en amont de la colline de San Nicola : ici les pâtés de maison ont une légère divergence d’orientation, avec une rotation vers l’ouest. Le système de défense est étroitement lié à cet aménagement urbain, caractérisé par plusieurs phases de construction, liées aux événements qui ont intéressé Akragas entre l’époque archaïque et hellénistique (Fiorentini, 2009). D’autres éléments fortement caractéristiques du paysage urbain sont représentés par la disposition des temples le long de la colline méridionale (une sorte de “zone sacrée”), et la Kolymbetra. Cette dernière est un grand bassin d’eau situé dans le secteur sud-occidental, entre la terrasse à l’arrière du Temple de Zeus et le Temple d’Héphaïstos : la Kolymbetra recevait aussi bien les eaux de deux petits torrents qui traversaient la cité, que celles canalisées à travers les “aqueducs Feaci”, un système de captage et de distribution souterrain, dont une partie a été visitée par Griffo et Schmiedt et a été documentée graphiquement dans la planimétrie publiée en 1958. L’examen systématique des photos aériennes historiques et actuelles, ainsi que des images satellites, a fait partie intégrante de la recherche documentaire : les images haute résolution des vols ERAS 1955 (Ville d’Agrigente), IGM 1955 et 1966, MPI 1970, ATA 1987, et Région Sicilienne 2000, ont notamment été utilisées. Pour certaines zones, il s’est avéré utile de comparer les traces archéologiques identifiées sur les photos aériennes avec les images de Google Earth. Ensuite, toutes les traces ont été vérifiées directement sur le terrain. Seules quelques traces signalées par Griffo et Schmiedt ont été retrouvées, mais d’autres ont été identifiées, aussi bien dans la zone urbaine que dans le faubourg, preuve que la transformation du paysage efface irrémédiablement les traces et les restes sur le terrain, tout en dévoilant de nouveaux éléments (fig. p. 112). En même temps que la recherche documentaire, avec les problèmes qui commençaient à émerger, la prospection archéologique, menée sur toute la surface du Parc, aussi bien à l’intérieur de l’antique cité (investigation intra-site, à l’exclusion des Collines de Girgenti et de la Rupe Atenea, presqu’entièrement urbanisées), qu’à l’extérieur des murs, sur une surface totale d’environ 15 km2 a été projetée (Belvedere, Burgio, 2012). Pour la prospection, la méthodologie intensive et systématique a été adoptée : toute la surface du Parc a été Parcourue à pieds, en procédant le plus possible en ligne à intervalles réguliers variables

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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selon la visibilité du terrain (de 10 à 20 m en présence d’une excellente ou d’une bonne visibilité, de 5 à 10 m en présence d’une visibilité moyenne ou mauvaise), en observant la présence d’indices archéologiques en surface, pointés au GPS. Pour enregistrer la visibilité du sol, une échelle similaire à celle adoptée pour la prospection d’Himera a été utilisée (Alliata et al., 1988), en se servant de cinq degrés de visibilité, du plus visible au moins visible (1- excellente, 2- bonne, 3moyenne, 4- mauvaise, 5- nulle), et une échelle chromatique variant du jaune au vert intense, sans oublier le gris pour les zones inaccessibles. Le résultat final a abouti à la réalisation de la Carte Archéologique et de la Carte de la visibilité du sol, toutes deux à l’échelle 1 :10.000, élaborées à travers le GIS, comme toute la cartographie du projet sur base de la Carte Technique Régionale. Toutes les données ont conflué dans la construction de la plateforme GIS, pour laquelle le logiciel ArcGIS (version 8.3) a été utilisé. Celui-ci a été mis en relation avec une base de données Access, composé des Onglet Unité Topographique (UT), Onglet Tombes, Onglet Élément Architectonique ; d’autres niveaux ont été associés à la documentation de base comme l’Hydrographie, la Géologie, la Pédologie, le Réseau routier historique (Regie Trazzere). Des modèles cartographiques spécifiques ont été réalisés au moyen de la plateforme GIS, ainsi que des analyses spatiales et contextuelles : la carte qui illustre l’élaboration diachronique de l’échantillonnage du matériel dans la zone urbaine (fig. pag. 114, a gauche) s’est révélée particulièrement intéressante, tout comme la carte de l’ensoleillement avec superposition des niveaux archéologiques (Belvedere, Burgio, 2012, fig. 28). L’aspect particulier de la recherche a été la prospection archéologique, aussi bien la prospection intra-site, que celle menée dans le faubourg. L’objectif du survey dans la zone urbaine a été l’identification de l’usage des diverses zones, la détermination des zones fonctionnelles, la définition des zones avec des chronologies différentes. Les stratégies de collecte des données et de documentation typiques de l’investigation intra-site ont été adoptées et une attention toute particulière a été apportée aux aspects suivants : densité, répartition, caractéristiques typologiques et chronologie du matériel archéologique ; pointage au GPS des éléments architectoniques (colonnes, chapiteaux, corniches) et structurels se référant à la structure urbaine (alignement de murs ; autres traces de survivance, comme les limites de champs, rangées d’arbres, réseau routier historique). Pour examiner et noter directement sur le terrain la densité, très élevée, des fragments de céramiques sur le terrain, un quadrillage virtuel a été construit et a été inséré dans le projet sur le GPS de poche utilisé durant la prospection (Belvedere, Burgio, 2012, 58-59) : de cette manière, il a été possible de discerner immédiatement l’évolution de l’agglomération urbaine dans le temps, en constatant la contraction de l’habitat entre la cité grecque et la ville romaine (fig. p. 114, a gauche). L’investi-

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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gation dans le faubourg a exigé une approche différente à cause de la présence d’un “bruit de fond” élevé (c’est-à-dire une grande dispersion constante de fragments d’argile sur le terrain) : ici, la densité des pièces au sol a été enregistrée systématiquement, en réalisant une carte de la densité qui indique, pour chaque champ, leurs valeurs de concentration. Les 42 Unités Topographiques (UT) ont été identifiées, c’est-à-dire des aires qui se distinguaient du “bruit de fond” du fait de la présence de restes archéologiques (surtout de la céramique, mais pas seulement), interprétables comme des signes de la présence humaine dans le temps (fermes, maisons isolées, nécropoles, zones artisanales, zones sacrées) (fig. p. 114, a droite). Beaucoup d’UT étaient inconnues auparavant et leurs limites ont été tracées à l’aide du GPS. La collecte du matériel n’a pas été totale, car elle s’est limitée aux pièces les plus représentatives pour chaque phase attestée. Les sites identifiés datent d’une période allant de la préhistoire à l’antiquité tardive et ceci offre un cadre exhaustif de la population du territoire d’Agrigente, aussi bien avant la fondation de la cité qu’après la constitution de la colonie rhodio-crétoise. Les sites présentant un caractère artisanal de l’époque archaïque-classique et hellénistique destinés à la production de grands récipients pour denrées et matériaux de construction, caractérisés par la présence de déchets de production (UT 5, 28) s’avèrent très intéressants. Certaines UT, sont interprétables comme des habitats à caractère rural, de véritables fermes qui, à la fin de l’époque archaïque et classique, semblent se disposer autour de la colonie, notamment dans la partie au sud de la ville (UT 1, 3, 4, 16, 19, 36) ; ce phénomène a tendance à s’accentuer lors de l’époque hellénistique (UT 1-4, 6, 8, 11, 16, 39). A l’époque de la République romaine et de l’Empire romain, seulement quelques-uns des habitats hellénistiques subsistent (UT 4, 8, 16), et d’autres sites sont occupés (UT 9, 34, 37), se situant tout au long des principaux cours d’eau, en particulier la rivière de Sant’ Anna. Un de ceux-ci atteint des dimensions considérables (UT 9), tandis qu’un deuxième pourrait être interprété comme une villa suburbaine, vu la présence d’éléments de luxe et de tesselles (UT 8 : à noter que le lieu est déjà fréquenté à l’époque hellénistique). Quelques autres (UT 7, 11) semblent déjà dater de l’époque byzantine. Bibliographie Alliata V., Belvedere O., Cantoni A., Cusimano G., Marescalchi P., Vassallo S. (1988), Himera III.1, Prospezione archeologica nel territorio, L’Erma di Bretschneider, Roma. Belvedere O., Burgio A. (2012), Carta archeologia e Sistema Informativo Territoriale del Parco Archeologico e Paesaggistico della Valle dei Templi di Agrigento, Palermo. Fiorentini G. (2009), Agrigento. Le fortificazioni, Gangemi, Roma. Pancrazi G.M. (1751-1752), Antichità Siciliane spiegate, I-II, Napoli. Schmiedt G., Griffo P. (1958), Agrigento antica dalle fotografie aeree e dai recenti scavi, L’Universo, Firenze. Schubring G. (1887), Topografia storica di Agrigento (ἈΚΡΆΓΑΣ), trad. it. avec notes et ajouts de G. Toniazzo, Loescher, Torino.

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RESPONSABILITÉ EST PLANIFICATION Œdipe planificateur de la ville du présent1

DANIELE RONSIVALLE

Responsabilités historiques Les efforts de développement, de croissance et de compétitivité de nos territoires – souvent catalogués avec l’euphémisme “à développement lent” – semblent trop souvent victimes d’une étrange malédiction qui les tenaillent et dont ils essayent de se libérer non sans difficulté. Une peste qui n’a pas d’explications apparentes si on tient compte de ce qui a été fait au cours des vingt-cinq dernières années afin de faire redémarrer, une fois pour toute, la machine du développement fondé sur les ressources territoriales locales, orienté vers la mise en valeur des identités à travers des processus vertueux. Cependant, en fouillant dans l’histoire de ces lieux, on découvre que le territoire a été trop souvent traité comme un objet indifférent dans les choix de transformation et non pas comme un sujet influent silencieux et éloquent. Que s’est-il passé ? Pourquoi la position centrale du sujet territoire indiquée par Carta (2002) n’a pas été actualisée de manière adéquate ? Comment est-il possible que le mouvement perpétuel de la programmation européenne et de la conception locale semble toujours retourner au point de départ, avec des déplacements trop limités par rapport à l’effort fourni ? Au dire des recherches les plus récentes effectuées dans le domaine, ce phénomène dépend d’un corollaire du “complexe d’Œdipe” déjà décrit par Freud. De récentes recherches dans les écrits du père de la psychanalyse moderne ont révélé que Freud a décrit ce corollaire de son plus fameux “complexe” avec de grandes retombées dans le domaine de la qualité des politiques territoriales, surtout là où les ressources culturelles du territoire ne sont pas toujours activées comme des vecteurs de développement.

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Mais essayons de lire les faits. Œdipe était le fils du roi de Thèbes, Laïos, mais un obscur présage de mort obligea ce dernier à abandonner le petit Œdipe. Sauvé d’une mort certaine, il est confié à Polybe, roi de Corinthe et c’est chez lui, que le petit Œdipe grandira dans la certitude de connaître ses véritables parents naturels. Mais l’oracle de Delphes prédit au jeune Œdipe une terrible vérité : il tuera son père et épousera sa mère. Cette certitude divine fait fuir Œdipe de sa maison de Corinthe à la recherche d’un lieu sûr et lointain du terrible destin prédit par la Pythie. Cependant, alors qu’il était en route pour une ville lointaine, Œdipe rencontra un groupe de voyageurs, se prit de querelle avec un vieillard et le tua : il s’agissait de Laïos, le véritable père d’Œdipe, tué par son propre fils. Une partie de l’oracle s’était avérée à l’insu des protagonistes. Œdipe arriva à Thèbes. Un grave fléau menaçait la ville qui ne pouvait plus penser sereinement à son futur, en risquant de perdre tous ses sujets les plus jeunes et brillants à cause du Sphinx monstrueux qui dévorait tous ceux qui n’étaient pas en mesure de trouver une solution à son énigme embrouillée. Le jeune Œdipe, fort de sa formation, attentif au poids des paroles du monstre à la tête de femme, à la queue de serpent, au corps de lion et aux ailes de rapace, trouva la solution et grâce à la lucidité de son intelligence, devint le roi de Thèbes, sur l’indication du sage conseiller le régent Créon, en épousant la reine Jocaste et en générant des enfants avec elle. L’oracle s’est entièrement accompli. Voici donc l’épidémie de peste. Œdipe est le planificateur qui, lors de ces dix dernières années, a trop souvent regardé le territoire uniquement avec la force de son raisonnement, oublieux de ses origines et bien trop pris par son savoir expert qui l’a mené à ne pas voir les énormités qu’il accomplissait. Tuer le père, c’est-à-dire essayer volontairement d’effacer sa propre origine et de s’unir incestueusement à sa mère, c’est-à-dire projeter et produire des transformations, ignare de l’identité et l’histoire des lieux, voilà la faute qu’on peut attribuer à une longue génération d’urbanistes et de planificateurs. Trop souvent ce “complexe d’Œdipe de la planification” s’est réalisé et le regard de l’esprit rationnel et compréhensif n’a pas suffi à lire la réalité

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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vibrante et pulsante des territoires qui ont subi des transformations violentes incurables. Comment proposer un retour en arrière de quarante ans pour la plaine d’Imera ? Comment annuler cinquante ans de pollution sur la péninsule et la mer d’Augusta ? Comment revoir les attaques diffuses de la part de l’urbanisation des zones périurbaines d’Agrigente comme ceux de beaucoup d’autres centres sur le territoire national ? Le regard de la rationalité n’a pas suffi ; il faut une nouvelle “rationalité du cœur” qui laisse de l’espace à une écoute plus vaste, une honnêteté intellectuelle qui garantisse des objectifs de développement mesurables et acceptables. Un regard nouveau C’est ce regard nouveau que la discipline de la planification tente de préparer en partant d’un nouveau point de vue et en faisant en sorte que la formation du plus jeune planificateur territorial puisse être ouverte à la lecture de signes apparemment sans signification. La relation entre l’“école” et les sujets qui opèrent sur le territoire est un point crucial dans ce sens, car elle permet d’entamer des Parcours de connaissance réciproque : • dans la méthode, sur la modalité avec laquelle les administrations opèrent dans le cadre de la programmation et de la conception du futur basé sur l’utilisation des ressources culturelles, naturelles, paysagères et identitaires ; • sur le fond, à propos de l’approche des structures administratives vis-à-vis de la qualité du projet et surtout de l’impossibilité d’accomplir des activités constantes de développement conceptuel, à cause de la nécessité de gérer la quotidienneté. L’apport de jeunes ingénieurs du territoire, entraînés à voir les ressources culturelles avec un nouveau regard, représente un tournant pour ces administrations qui, de par leur nature et mission, doivent faire face aussi bien aux aspects de contrôle et de gestion, qu’aux aspects de conception et de programmation du développement des ressources – économiques et territoriales – qui leur sont confiées. En résumé, les instruments qui changent le regard dans le cadre disciplinaire sont ceux qui permettent d’intégrer et d’insérer les “externalités” au sein du cadre fonctionnel du Planificateur Territorial (paysage, en-

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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vironnement, relations avec les processus de protection du patrimoine culturel, environnemental et paysager) à travers la sélection stratégique des ressources territoriales qui, ensuite, seront incorporées dans les processus de développement intégré. Voici, par exemple, certains outils qui peuvent apporter une contribution importante aux territoires particulièrement marqués par ces caractéristiques, dans le cadre de la planification orientée vers les ressources culturelles, environnementales et paysagères. La régénération des paysages : nouveaux sens, nouvelles relations conceptuelles Lorsque la Convention Européenne du Paysage (2000) a introduit et annoncé la nécessité d’avoir des objectifs de qualité paysagère et a multiplié l’unité monolithique du “paysage” en “paysages”, elle a entamé une approche globale vis-à-vis du paysage qui, par conséquent, ne nécessite plus de juxtapositions entre les limites des zones protégées et des zones de transformation, mais bien d’une intégration entre les paysages ayant une plus grande valeur et une meilleure qualité avec les paysages qui ont besoin d’augmenter leurs valeurs intrinsèques et d’affirmer leur identité. La condition paradigmatique du territoire d’Agrigente, démontre par exemple, la manière dont les paysages protégés peuvent se prêter à un comportement nettement contradictoire : des étendues de fil barbelé et des chevaux de frise contre les zones non protégées ou encore, entre les zones protégées avec des instruments, des niveaux et des organismes de protection différents, dans une guerre fratricide qui ne sert pas à la qualité de la protection. Le terrain d’entente devient donc celui de la conception commune d’objectifs de régénération (Ronsivalle, 2007) des paysages présentant des niveaux de conservation et de compromission différenciés à cause de transformations incompatibles et sur lesquelles il est possible d’agir de manière à : 1. définir des horizons de planification d’une plus grande portée en rendant les transformations en cours cohérentes et en programmant un processus de convergence progressive des politiques de transformation au sein des cadres stratégiques à moyen/long terme ; 2. rendre réalisable tous les objectifs déterminés dans le processus de planification générale, même ceux qui ne sont pas spécifiquement

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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liés à la protection des paysages générés par l’interaction entre les ressources naturelles, les ressources culturelles et la présence de l’homme comme sujet de l’interprétation. 3. utiliser le domaine des connaissances et des évaluations produit au sein des instruments du secteur (par exemple, le Plan du Parc de la Vallée des Temples) afin d’identifier clairement les tendances en cours et les opportunités à saisir ; 4. fonder les objectifs prioritaires sur les ressources locales identifiées dans le cadre d’un processus de planification/programmation du développement qui ne sépare pas, mais qui intègre les choix de planification avec les opportunités de la programmation économique et ce, au moins sur un horizon décennal ; 5. construire une coopération entre les sujets qui sont en mesure de converger sur des objectifs communs capables de produire un accroissement de qualité. Le processus analytique et recognitif qui est une introduction au cadre conceptuel est donc en rapport étroit avec la finalité de la protection active et se réfère au système de documents et de phases de travail qui a comme objectif la construction d’un système de protection en mesure de supporter les choix stratégiques de développement. Un comportement conceptuel accompagne ce processus analytique qui se penche le paysage de trois manières différentes : • la conception de la forme du territoire comme réseau de relation entre les lieux reconnaissables grâce aux identités spécifiques2 (le paysage comme matrice d’identité) ; • la conception de la recherche conceptuelle comme interprétation de la forme du territoire et du sens du lieu3 (le paysage comme instrument analytique et conceptuel) ; • le plan comme forme de reconnaissance et de réglementation de la communauté installée, à travers la construction de structures cognitives au sein du plan susceptibles de garantir l’argumentation du plan à travers de fortes valeurs multidisciplinaires4 (le paysage comme patrimoine culturel et naturel). Evaluer est planifier Le deuxième outil introduit pour la nouvelle vision des ressources territoriales au sein du projet est l’évaluation des ressources environnementales de manière stratégique offrant des évaluations importantes au sujet de la relation existant entre le plan et l’évaluation et, de ce fait, ce Plan adopte un nouveau point de vue car :

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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il adopte l’évaluation comme instrument argumentatif et participatif dans l’augmentation de la substantivité et le partage du Plan ; • il intègre la réglementation du Plan et des processus d’évaluation en ouvrant le plan aux externalités environnementales, culturelles et sociales ; • il explicite les processus d’évaluation dans les politiques urbaines et territoriales avec la diversification et l’intégration dans les processus de planification ; • il revoit les processus organisationnels du Plan, de sa formule à sa réalisation avec des outils de gestion administrative intégrée du plan avec une plus grande traçabilité et identifiabilité. L’évaluation effectuée sur l’importance et sur les sensibilités des ressources culturelles, naturelles et paysagères est principalement une évaluation stratégique des transformations avec une qualification et une caractérisation environnementale vu qu’elle est orientée à la construction de stratégies : même un plan régulateur, par exemple, n’est pas un outil sans relations extérieures et sans retombées, même dans le cadre des stratégies et de la transformation et sur la quantité écologique des transformations. Si nous entendons le terme “écologique” non pas comme une simple observation, une évaluation et une protection des ressources naturelles et environnementales, mais bien comme un mode d’interpréter le caractère cyclique des actions sur le territoire, il est alors très probable que même le lien (opérationnel) entre l’Évaluation et le Plan puisse être revu. Seule une évaluation préventive – et parallèle au processus de rédaction du plan – pourra définir des effets et orienter les objectifs de développement territorial. Cette vision s’enrichit ultérieurement si nous regardons le contexte territorial animé par des cycles de vie que l’action de l’homme génère, modifie, alimente ou abandonne dans le temps : il n’y a plus lieu de mettre dans les Plans Régulateurs un petit treillis vert indiquant le “vert public” mythique ou encore, un trait large de la même couleur pour signaler les zones agricoles E (avec tous ses changements captieux sur le thème). En particulier, à partir du moment où l’on projette la matérialisation conceptuelle des effets sur l’évaluation de l’environnement, il faut effectuer un dernier passage relatif au mode avec lequel les valeurs numériques et quantitatives peuvent être transformées en fonction de la forme, de la qualité des lieux et de la capacité de protection des ressources, comme cela advient dans les politiques récentes du Parc de la Vallée des Tem-

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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ples et dans les activités de la Surintendance Bb.Cc. d’Agrigente. Le risque est qu’Antigone et Ismène (filles incestueuses de croissance sans cœur) ne soient plus en mesure de vivre la pietas et le travail du deuil pour des territoires désormais compromis et qu’elles ne soient plus en mesure de regarder en avant vers un futur capable de panser les plaies du passé. Après avoir découvert la tragique vérité, Œdipe se crève les yeux, parce que ses yeux de planificateur rationnel/compréhensif n’ont pas été capables de regarder. Au-delà.

Notes 1. La contribution est issue de la réflexion théorique et méthodologique appliquée aux activités qui ont été réalisées par les élèves de l’Activité de Formation Avancée dans le domaine de la gestion et de la mise en valeur du Patrimoine naturel et culturel (PO Italie-Tunisie 2007-2013 DOREMIHE) du 01/06/2015 au 10/09/2015 pour un total de 250 heures. Le soussigné en tant que tuteur académique, avec les tuteurs d’entreprises identifiés par les structures qui ont accueilli les élèves, a défini le projet formatif et a déterminé les thèmes à affronter qui sont énoncés ci-après : le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente. La mise en valeur d’une zone échantillon du Parc par rapport à ses intégrations dans le territoire, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du périmètre du Parc ; Département Régional Bb.Cc. – Surintendance des biens culturels et environnementaux d’Agrigente. Analyse, évaluation et indications pour la mise en valeur du centre historique d’Agrigente, notamment au niveau de ses relations territoriales potentielles dérivant de la présence de stratifications de vie continuelle depuis la présence de la cité grecque et jusqu’à la période arabe et normande ; Département Régional Bb.Cc. – Surintendance de la Mer. Analyse, évaluation et indications pour la mise en valeur d’un thème et d’une zone sur la côte méridionale potentiellement liée à la vie de la cité d’Akragas et en relation aux activités de recherche et de récupération déjà effectuées dans les fonds marins de la côte méridionale de Sicile. 2. Cf. Magnaghi A., Rappresentare i luoghi, Alinea, Firenze, 2001. 3. Cf. Gregotti V., Il territorio dell’architettura, Feltrinelli, Milano, 1966. 4. Cf. Gambino R., Conservare Innovare, Utet Libreria, Torino, 1997 ; Carta M. L’armatura culturale del territorio, FrancoAngeli, Milano, 2002, deuxième édition.

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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S. Munster, De Italia/Siciliae insulae/atque totius regni eius descriptio/Secundum variam eius habitudinem, Basilea 1550. Bucchieri, F. (2006), La Sicilia di carta. Le Carte della Sicilia, Fondazione Banco di Sicilia, Palermo, p. 21.


LES PLANS DE GESTION UNESCO : RHÉTORIQUE OU INSTRUMENT DE DÉVELOPPEMENT LOCAL ?

Les sites de Siciliens UNESCO et la Vallée des Temples à Agrigente

BARBARA LINO

Plans de Gestion et patrimoine mondial en Sicile La Sicile compte 7 sites inscrits dans la Word Heritage List (WHL) : deux sites naturalistes (Etna, site inscrit en 2013 et les îles Eoliennes, site inscrit en 2000), deux Parcs Archéologiques (Agrigente et Piazza Armerina, sites inscrits en 1997), les villes du baroque tardif de la Vallée de Noto (2002), Siracuse et la nécropole de Pantalica (2005), Palerme Arabe-Normande et les Cathédrales de Cefalù et de Monreale (2015). Après la Lombardie avec 9 sites inscrits, dont deux sont partagés (un, est transnational et l’autre, interrégional) et avec la Toscane avec 7 sites, la Sicile se classe parmi les régions italiennes avec la plus grande densité de sites insérés dans la WHL. Les biens du patrimoine matériel s’ajoutent aux 7 sites exclusifs appartenant au patrimoine immatériel : par rapport aux six sites italiens, en Sicile, on peut trouver l’Opera dei Pupi (2008) et la culture de la Vite ad alberello de Pantelleria (Taille de la vigne en gobelet) (2014). De plus, la Région partage avec d’autres Pays et avec l’entièreté du territoire national, le patrimoine de la Diète Méditerranéenne, dont la Sicile a été l’une des régions italiennes promotrices, en revendiquant une position centrale géographique et culturelle, car elle est dépositaire, par excellence, des savoir-faire et des traditions se rapportant à ce bien (tab. 1, 128). Une vaste littérature a argumenté les raisons pour lesquelles l’inscription d’un site dans la Liste du Patrimoine de l’Humanité peut représenter un facteur important de développement territorial. Tout d’abord, grâce à son importance internationale, la marque UNESCO a une incidence sur différents facteurs socio-économiques qui peuvent représenter un levier pour le développement territorial, par exemple, en contribuant, à l’augmentation de la conscience identitaire de la communauté, à l’affirmation de l’image du site au niveau international avec des retombées consécutives sur le secteur touristique (Van der Aa, 2005).

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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Région*

Sites culturels exclusifs

Sites culturels partagés

Sites naturels exclusifs

Sites naturels partagés

Patrimoine immatériel**

TOT

Abruzzo

-

-

-

-

-

0

Basilicata

1

-

1

-

-

2

Calabria

-

-

1

-

1

2

Campania

4

1

1

-

1

7

Emilia Romagna

3

-

-

-

-

3

Friuli-Venezia Giulia

1

2

1

-

-

4

Lazio

4

-

-

-

1

5

Liguria

2

-

-

-

-

2

Lombardia

4

3

-

2

1

10

Marche

1

-

-

-

-

1

Molise

-

-

-

-

-

0

Piemonte

1

2

-

1

-

4

Puglia

2

1

-

-

-

3

Sardegna

1

-

1

-

2

5

Sicilia

5

-

2

-

2

9

Toscana

6

-

1

-

Trentino Alto-Adige

-

1

-

1

-

2

Umbria

1

1

-

-

-

2

Valle D’Aosta

-

-

-

-

-

0

Veneto

4

1

-

1

-

6

7

TABLEAU 1 Présence régionale de sites du patrimoine matériel et immatériel UNESCO par typologie. *La liste italienne comprend les 51 sites physiques (tangibles), 6 Patrimoines Immatériels de l’Humanité. A ceux-ci, viennent s’ajouter les 6 biens insérés dans le Registre de la Mémoire du Monde : Bibliothèque Malatestiana de Cesena (2005) ; Collections de la Bibliothèque Corviniana (2005) ; Archive historique diocésain de Lucques (2011) ; Archive historique de l’Institut Luce (2013) ; Collection almanachs Barbanera, conservée auprès de la Fondation Barbanera (2015) ; Codex Purpureus Rossanensis (2015). **L’entièreté du territoire national se partage le patrimoine de la Diète Méditerranéenne : pour ce motif, le site n’a pas été ajouté dans le tableau. De plus, les Régions Calabre, Sardaigne, Campanie et Latium se partagent le site “Les processions de structures géantes portées sur les épaules” :

En ce qui concerne le thème de la visibilité, une enquête nationale de 2011 – promue par la Commission Nationale Italienne pour l’UNESCO et intitulée “La Valeur de la marque UNESCO” – a comparé l’UNESCO avec d’autres organisations internationales en soulignant la grande visibilité de sa marque qui s’avère aussi connue (98%) que celle des Nations Unies, d’autres agences de l’ONU (Unicef 99%, FAO 99%) et des principales organisations internationales non gouvernementales (Croix Rouge 99%, Médecins Sans Frontières 99%, WWF 99%, etc.) par rapport auxquelles la mission est cependant moins connue ; tandis que, a notoriété de l’organisation résulte cependant nettement supé-

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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rieure aux Fondations qui opèrent au niveau national dans le cadre de la culture (FAI 88% et Italia Nostra 61%). Par rapport aux implications d’ordre socio-anthropologique, les rapports qui se créent entre les sites inscrits dans la WHL et les territoires où ceux-ci sont insérés contribuent à renforcer le lien de l’identité locale et la conservation de la mémoire d’une communauté avec des implications sur des niveaux de conservation de biens culturels majeurs et sur l’accroissement de formes de tourisme plus durables, alimentées par une dimension culturelle prépondérante (Van der Aa, 2005 ; Lyon, 2007 ; Yang et al., 2010 ; Jimura, 2011 ; Boati, Lombardi, 2011). De plus, les impacts positifs que l’inscription dans la Liste produit sur le territoire enclenchent une sorte de “cercle vertueux” territorial qui, à partir de la valeur du patrimoine culturel local en tant que facteur pour l’obtention de l’inscription dans la WHL provoque un accroissement du tourisme, à son tour, en mesure de promouvoir le développement local (Prud’homme, 2008). L’inclusion des sites dans la WHL facilite la mise en œuvre de politiques de protection de la part des administrations locales qui surmontent les conflits générés par les tensions provoquées par l’accroissement de l’implantation, aussi bien au niveau économique direct (à travers le World Heritage Fund), qu’au niveau économique indirect (à travers l’accroissement de la demande touristique), et au niveau de la garantie internationale d’intervention et de contrôle (à travers l’intérêt de l’UNESCO (Carta, 2002). Cependant, les observations sur la valeur controversée de l’insertion dans la WHL ne manquent pas, en considérant parfois d’une manière rhétorique. Qu’en principe, la relation entre l’insertion dans la liste et le développement territorial et touristique devrait être “automatique” ou bien en constatant que les effets de l’inscription dans la liste de l’UNESCO ont souvent été surévalués (Prud’homme, 2008 ; Brattli, 2009). En Sicile, vingt ans après l’inscription des premiers sites, il manque toujours une analyse organique sur ce que la présence des Patrimoines UNESCO a apporté au développement régional tant au niveau économique indirect qu’au niveau touristique et culturel, sur le nombre d’investissements affectés au soutien de la mise en valeur du patrimoine et sur le système de gestion. Même si partiellement, ou indirectement, certaines enquêtes récentes ont relevé que, face à un patrimoine important, il existe de nombreux problèmes liés à la gestion des sites et à la mise en valeur du patrimoine culturel régional. Une recherche récente menée par l’OTIE (Observatory on Turism in the European Islands, 2015), promue par Confesercenti, décrit le tourisme

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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dans les sites UNESCO siciliens, en analysant les données de l’offre et de la demande et l’évolution des flux et les performances des communes qui englobent les territoires inscrits. La recherche a calculé la dépense touristique liée aux sites UNESCO, que pour l’année 2015, elle a été estimée à 19.800.000 d’Euro en enregistrant une évolution positive d’accroissement touristique dans les communes où se trouvent les sites UNESCO par rapport aux autres communes régionales, mais à travers des enquêtes sur place, elle a aussi indiqué qu’il y a de nombreux problèmes liés à la satisfaction touristique à cause d’une insuffisance des services de base, des signalisations et des transports inefficaces. L’enquête promue par RES (Bonacini, 2012) sur le patrimoine culturel sicilien et sur sa visibilité sur Internet révèle, par contre, un autre maillon faible du système. Les résultats de la recherche ont mis en évidence la carence générale, au niveau des politiques culturelles et régionales, d’une stratégie commune en mesure d’impliquer sous formes de communication et de mise en valeur avancée les musées et les sites d’intérêt historique et artistique qui sont considérés comme des excellences dans le panorama culturel et touristique sicilien et, parmi ceux-ci, les sites UNESCO. De plus, au niveau régional, il apparaît évident que d’autres problèmes de nature structurelle liés aux transports, à l’économie, à l’emploi et qui concourent à la fragilité générale du système territorial viennent s’ajouter aux difficultés du modèle touristique et du secteur de la mise en valeur du patrimoine culturel. Le rôle joué par Le Plan de Gestion (PdG) introduit au niveau national avec la Loi du 20 février 2006, n. 77 “Mesures spéciales de protection et d’exploitation des sites italiens d’intérêt culturel, paysager et environnemental, insérés dans la liste du patrimoine mondial, placés sous la protection de l’UNESCO” et dont la rédaction doit être simultanée au processus de candidature joue un rôle déterminant. Aux alinéas 1 et 2, l’art 3. de la Loi 77 de l’année 2006 affirme que : “1. Pour assurer la conservation des sites italiens de l’UNESCO et créer les conditions pour leur mise en valeur, des plans de gestion spéciaux sont approuvés. 2. Les plans de gestion définissent les priorités d’intervention et leurs modalités d’application, mais aussi les actions qui peuvent être menées pour trouver les ressources publiques et privées nécessaires, en plus de celles prévues par l’article 4, de même que les connexions avec des programmes ou des règlements qui poursuivraient des objectifs complémentaires, parmi lesquels ceux qui règlementent les systèmes touristiques locaux et les plans concernant les zones protégées.” Le PdG a comme objectif celui d’analyser l’état de conservation des biens

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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proposés, dans l’optique de sauvegarder leur valeur historique et culturelle “exceptionnelle” et d’orienter les forces de changement et de modification qui se manifestent, non seulement dans le contexte culturel, mais aussi dans celui socio-économique de référence des sites. Le PdG est aussi l’instrument qui devrait relier les visions exprimées par les différents instruments de planification et les politiques locales pour diriger le développement des ressources sociales et économiques, en préservant dans le temps l’intégrité et la conservation des biens et en stimulant un processus décisionnel en mesure d’impliquer les différents acteurs territoriaux (Palo, 2007). En Italie, les indications méthodologiques pour la rédaction des PdG sont contenues dans les Principes Directeurs du mois de mai 2004, proposées par le Ministère des biens et activités culturels, Commission Nationale des Sites UNESCO et Systèmes Touristiques Locaux et intitulés “Il modello del Piano di Gestione dei Beni Culturali iscritti alla lista del Patrimonio dell’Umanità” (MIBACT, 2004). Les Principes directeurs soulignent la nature opérationnelle du Plan de Gestion défini comme “une séquence d’actions ordonnées dans le temps où sont identifiées les ressources disponibles pour atteindre les objectifs, où sont déterminées les modalités à travers lesquelles ils s’obtiennent et où est prévu le système de contrôle pour être certain de les atteindre”. Sur base des Principes Directeurs, la Société Ernst & Young a défini, sur mandat du MIBACT, l’étude intitulée “La metodologia ed un modello per la realizzazione dei Piani di gestione”, qui ne doit pas être un simple document à présenter à l’UNESCO, mais qui représente un véritable processus qui implique dans le temps toutes les parties prenantes du site (Ernst & Young, 2005). Dans le cas des sites UNESCO siciliens, quelques anomalies sont évidentes. En tant qu’instrument stratégique et opérationnel, le PdG devrait subir un processus de mise à jour continuelle, alors que, dans les faits, pour tous les sites siciliens, le PdG a été rédigé en phase de candidature (ou successivement, dans le cas des sites anciens), sans être actualisé périodiquement (tab. 2, p. 132). Vu qu’il s’agit d’un instrument de nature flexible, le PdG devrait dialoguer avec les instruments de planification territoriale locaux et assurer un niveau de gouvernance en mesure de surmonter les approches séparées de chaque plan. Cependant, comme cela a déjà été documenté dans la littérature, du moins, en référence au site d’Agrigente et à celui des Iles Eoliennes, cet instrument est resté principalement confiné dans une

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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PATRIMOINE IMMATERIIEL

PATRIMOINE MATERIEL

dimension conservatrice, déterminée par l’acceptation “passive” des prévisions des autres instruments de planification territoriale en vigueur (Lo Piccolo et al., 2012). Une autre évidence vient s’ajouter à ces considérations : sur les sept sites UNESCO siciliens, aucun n’a encore créé le Comité de Gestion qui est l’organe qui peut réellement donner suite à la coordination et à la gouvernance multi-niveaux et multi-acteurs souhaitée et annoncée dans les PdG afin de franchir les limites entre les différents niveaux et compétences territoriales et assurer la mise en œuvre des objectifs de conservation et de développement. Site

Année d’inscription

Typologie

Zone inscrite

Buffer zone

PdG

Zone Archéologique d’Agrigente

1997

Site culturel

934 ha

1869 ha

2005

Villa Romaine du Casale de Piazza Armerina

1997

Site culturel

892 ha

10 ha

2012

Iles Eoliennes

2000

Site naturaliste

1216 ha

-

2008

Villes Baroques de la Vallée de Noto

2002

Site culturel

113 ha

306 ha

2002

Syracuse et les Nécropoles rupestres de Pantalica

2005

Site culturel

898 ha

5519 ha

2005

Mont Etna

2013

Site naturaliste

19237 ha

26220 ha

2009*

Palerme arabenormande et les cathédrales de Cefalù et Monreale

2015

Site culturel

6,24 ha

483 ha

2015

Opera dei Pupi**

2008

-

-

-

-

Diète Méditerranéenne

2010

-

-

-

-

Culture de la Vite ad alberello di Pantelleria (taille de la vigne en gobelet)

2014

-

-

-

-

TABLEAU 2 Présence, typologie et Plans de Gestion des sites UNESCO en Sicile. *Le Plan de Gestion du site UNESCO “Mont Etna” est essentiellement le Plan de Gestion du Mont Etna adopté en 2009 et adapté le 5/10/2012. ** Déjà reconnu comme Chef-d’œuvre du Patrimoine Immatériel de l’Humanité en 2001.

Agrigente et la Vallée des Temples “La zone Archéologique d’Agrigente” a été le premier site sicilien inscrit dans la Liste du Patrimoine Mondial de l‘Humanité en décembre 1997, lors de la 21ème réunion annuelle du Comité du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, qui a eu lieu à Naples (1-6 décembre 1997). Le contexte territorial du site a été le théâtre d’importants événements politiques et urbanistiques (Cannarozzo, 2009) qui font d’Agrigente un cas

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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paradigmatique de la tension éternelle entre la conservation et le développement et l’écart profond entre les aspirations et les capacités réelles de gérer les instruments de gestion et de planification du territoire. L’événement de l’éboulement d’Agrigente de 1966, provoqué par une surcharge de constructions réalisées illégalement après la guerre sur les flancs de la Colline de Girgenti, marque le sommet d’un développement disjoint entre l’habitat et la zone archéologique. Une série de mesures législatives publiées par le Parlement National visant à limiter la construction et à protéger la Vallée des Temples a suivi ce tragique événement : la Loi Urbanistique Nationale n. 765 de 1967 et le Décret Interministériel n. 1444 sur les standard urbanistiques. Par contre, le Décret Ministériel Gui-Mancini du 16 mai 1968 définit le périmètre de la Vallée des Temples en établissant l’interdiction de construire. Le territoire communal reste sans instrument urbanistique jusqu’en 1982, mais les contraintes hydrogéologiques, urbanistiques et paysagères créées suite à l’éboulement, mais qui « étaient ignorées et détournées, en bonne partie, avec divers expédients » sont restées actives (Cannarozzo, 2009, 102). La zone inscrite coïncide avec la zone A du Parc Archéologique définie en fonction du Décret Gui-Mancini (et ensuite, confirmée par le Décret du Président de la Région en 1991). L’Autorité du Parc a été créé avec la Loi n. 20 de 2000 et a comme but la protection et la mise en valeur des biens archéologiques, notamment à travers la rédaction d’un Plan du Parc. A Agrigente, le Plan du Parc est approuvé par le Conseil du Parc en 2003, adopté par ce même Conseil en 2008 et sa procédure est encore en cours. En 2005, le Plan de Gestion du site UNESCO a enfin été rédigé. Aujourd’hui, Agrigente est caractérisée par une orientation polycentrique et par des centres éparpillés sur le territoire : un tissu urbain désorganisé, relié par un système infrastructurel invasif et, dans beaucoup de cas, par un viaduc. Le centre historique (d’environ 80 ha) se trouve dans un état de mise en valeur et de conservation pauvre et est isolé par rapport à la ville consolidée : il se situe à 230 m par rapport au niveau de la mer, sur la Colline de Girgenti dont les pentes méridionales, qui se tournent vers la Vallée, ont été endommagées par la construction du faisceau ferroviaire et, ensuite, sur lesquelles on a construit de manière intensive avec des bâtiments très hauts. Par contre, les pentes septentrionales de la colline présentent un reboisement dense en vertu de l’existence de contraintes hydrogéologiques qui l’ont préservée de l’édification. Les quartiers “satellites” de la ville consolidée sont détachés du centre historique et on y trouve des installations sportives inachevées et qui ne

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fonctionnent pas (Villaseta), un campus universitaire peu accessible (Fontanelle), ou une concentration désorganisée de structures hôtelières et commerciales (Villagio Mosè), une urbanisation informelle et des constructions illégales diffuses comme dans les zones côtières fragiles (Cannatello et Zingarello) et des quartiers de résidences secondaires (San Leone). La valeur démesurée du paysage de la zone du Parc Archéologique sert de contrepoids à ce système et est enclavée entre les quartiers satellites et le paysage agraire luxuriant de la Vallée. Les mesures de protection sévères qui ont garanti la survivance des zones archéologiques et des champs agricoles n’ont pas été accompagnées par des stratégies efficaces de connexion entre le Parc et les habitats, ce qui a provoqué une mauvaise interaction entre l’immense patrimoine archéologique et paysager, l’habitat et la communauté. Le Parc Archéologique a été vécu comme une clôture séparée du territoire, comme une négation d’opportunités plutôt que comme un motif d’orgueil, de revanche sociale et économique et de développement local. Agrigente et le développement touristique Agrigente représente une des destinations touristiques les plus importantes de la Sicile, avec une grande visibilité nationale et internationale en mesure d’attirer annuellement un nombre élevé de visiteurs (le nombre de visites annuelles de la Vallée des Temples et du Musée oscille entre 600.000 et 700.000). Selon les données élaborées par l’Observatoire du Conseil du Tourisme, un nombre total de 1.305.906 présences a été enregistré en 2014 sur le territoire de l’ancienne Province avec une augmentation de 41.622 unités par rapport à l’année précédente. Parmi les problèmes principaux dont le système touristique est affecté, il y a lieu de souligner aussi bien la nature saisonnière des flux (les pointes sont préalablement majeures en été), qu’une faible permanence moyenne tournant autour de trois jours et demi : dans l’ancienne Province d’Agrigente, la donnée a enregistré en 2014 une augmentation de 3,29 % contre une diminution de 2,82 % en 2013. La faible permanence révèle que le site n’est pas en mesure de retenir les touristes qui, attirés par la notoriété du Parc, n’associent pas la visite à d’autres expériences sur le territoire où une offre très variée (le tourisme balnéaire côtier, le tourisme naturaliste et oenogastronomique) est potentiellement présente, grâce à la variété des ressources présentes dans les communes du District Touristique “Vallée des Temples”. Si on observe le système entrepreneurial lié au tourisme, il est possible de signaler un faible nombre d’entreprises dans le secteur dans le

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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cadre d’un site inséré dans la WHL UNESCO depuis presque vingt ans. Le nombre d’entreprises par kmq est en effet de 1,02 par rapport aux 3,55 du site de Palerme Arabe Normande, Cefalù et Monreale dont l’insertion date de 2015 (données OTIE issues des données de la Chambre de Commerce de Palerme, 2015). Si on examine ensuite les typologies prédominantes d’entreprises touristiques, il est possible de mettre en évidence que le tourisme culturel n’a pas été mis en valeur. Les données décrivent une majorité de structures sportives et de loisirs (37%), 26% de structures artisanales et commerciales, 16% d’agences de voyage et de tours opérateurs, seulement 2% d’entreprises dans le secteur de la location de voitures et de vélos et très peu de structures culturelles : 2% d’activités créatives et artistiques et 2% d’activités culturelles et de musées (données OTIE issues des données de la Chambre de Commerce de Palerme, 2015). L’inaptitude des réseaux territoriaux du transport et de l’accessibilité pèse aussi sur le développement touristique. La distance par rapport aux principaux aéroports et la carence du système routier et du système ferroviaire représentent un désavantage évident pour l’exploitation touristique du site: Agrigente se trouve à 139 km de l’Aéroport international de Palerme “Falcone et Borsellino”, à 199 km de l’Aéroport international de Catane Fontanarossa avec une distance moyenne estimée de 120 minutes de Palerme et de Catane. Sans oublier le système routier et ferroviaire peu efficace qui aggrave, occasionnellement, mais de manière récurrente, les temps de Parcours (Regione Siciliana, 2004). Le Plan de Gestion et les instruments de planification du territoire Comme déjà expliqué précédemment, l’inscription dans la WHL UNESCO à elle seule ne garantit pas automatiquement un développement local territorial durable, il est plutôt nécessaire d’avoir des actions efficaces de gestion et un système de gouvernance local correct. Comme déjà indiqué dans les Principes Directeurs de l’UNESCO, puisque il s’agit d’un instrument en mesure de connecter ensemble les différents instruments de planification et les politiques locales, le Plan de Gestion peut jouer un rôle fondamental pour guider le développement des ressources sociales, économiques et touristiques des territoires inscrits. Le PdG du site d’Agrigente est proposé comme un plan de développement local avec des objectifs qui sont en rapport étroit avec les contenus du Plan du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples prévu par la L.R. 20/2000. Les axes stratégiques du PdG se

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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concentrent sur le renforcement de la communication et de l’image du site, sur l’accroissement des activités économiques, sur la réappropriation culturelle et la participation de la communauté locale. Dans le domaine du tourisme, le PdG répond aux problèmes de la faible permanence moyenne avec la construction d’un système intégré d’offre touristique, la construction d’un réseau d’itinéraires archéologiques et culturels et un réseau diffus de services récréatifs, culturels à travers la récupération de la construction existante. Avec des forfaits touristiques intégrés et des services proposés pour amplifier l’offre touristique, avec la poursuite d’un niveau de qualité adéquat des structures de restauration au moyen d’une Charte de la Qualité. En matière de conservation et de recherche archéologique, les contenus du PdG sont totalement cohérents avec ceux du Plan du Parc Archéologique. Cependant, les problèmes ne manquent pas sous le profil du système de gouvernance et des relations entre les contenus des différents instruments de planification actifs localement (Lo Piccolo et al., 2012). Sous le profil technique, le PdG détermine les canaux de financement du Parc, mais ne prévoit ni un Plan financier spécifiant les financements, de manière précise, prévus pour la réalisation des actions, ni un diagramme où sont spécifiés la priorité et les délais des actions. Sous le profil du modèle de gouvernance, le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples est le sujet responsable de la gestion du site UNESCO : le PdG et le Plan du Parc sont l’expression d’un point de vue analogue qui, même s’il revêt une valeur importante au niveau des objectifs et les perspectives, reste de toute manière éloigné par rapport à une vision territoriale qui franchit les limites de gestion du Parc et qui résonne activement sur le rapport entre le centre habité et les limites de la zone archéologique. Actuellement, les processus de planification du Parc et ceux de la ville, restent en fait séparés. Les contenus du PRG d’Agrigente approuvé en 2009 témoignent de cette séparation. Bien qu’ils partagent les objectifs généraux du PdG et la valeur du Parc Archéologique pour le développement territorial et bien qu’il ait été rédigé par le même groupe que le PdG, le PRG propose cependant des solutions vraiment contrastantes par rapport à certain contenus spécifiques comme le dessin du système des infrastructures et du système des accès (Cannarozzo, 2009). Pour réaliser les objectifs ambitieux du PdG, il est nécessaire de mettre en route un processus de gouvernance plus vaste, soutenu et guidé par le sujet juridique responsable du site que le PdG désigne comme étant l’Autorité du Parc, mais en même temps, en mesure d’impliquer le vaste système des acteurs du territoire (Ministère des Biens et Activités Culturels, Région Sicilienne, Surintendance d’Agrigente, la Province Régionale d’Agrigente, la

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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Commune d’Agrigente, la Chambre de Commerce d’Agrigente, l’ A.A.P.I.T., la Société Autonome de Séjour et Tourisme d’Agrigente, le Bureau P.I.T. “Vallée des Temples”, l’Association des Hôteliers, l’Association des Agences de Voyage, l’Association des Guides Touristiques). Perspectives Durant ces dernières années, l’Autorité du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples a joué un rôle important dans la promotion de le “ouverture” du Parc vers le territoire à travers des activités en mesure d’amplifier non seulement l’offre culturelle, mais aussi l’implication des communautés et des institutions locales : services d’éducation qui s’adressent aux écoles et aux familles, initiatives culturelles, activités de recherche appliquée en collaboration avec l’Université, productions agricoles sur les terrains domaniaux pour divulguer les qualités organoleptiques des produits et des cultures traditionnelles du territoire d’Agrigente. A ce propos, les initiatives effectuées en collaboration avec l’ancienne Faculté d’Agronomie et la réalisation du laboratoire pour la conservation du germoplasme revêtent une grande importance, tout comme celles s’adressant à une nouvelle forme de gestion agricole des terrains au sein du Parc qui, pour faciliter l’entretien, ont été assignés au moyen d’une “manifestation d’intérêt” aux anciens propriétaires pour recommencer à produire, sans oublier le Projet Diodoros, créé pour valoriser les vignobles historiques des Vallées. La remise en service des trains historiques sur la voie Ferrée des Temples organisée par la Fondation FS Italiane en collaboration avec Ferrovie Kaos, un tronçon ferroviaire historique qui relie la Gare Centrale d’Agrigente jusqu’à la Vallée, va également dans la direction de l’Autorité du Parc. Le travail réalisé a mené le Ministère des Biens et des Activités Culturels et du Tourisme à attribuer la Devu (Déclaration de valeur universelle exceptionnelle) à Agrigente en septembre 2015 comme reconnaissance prestigieuse de la grande valeur symbolique de la Vallée des Temples et du travail intelligent mené en matière de protection et de mise en valeur du site archéologique et paysager. Le futur du Parc et celui du territoire d’Agrigente sont profondément liés et dépendent de plus en plus d’un dialogue étroit et d’une intégration réciproque. Relier le Parc est le défi le plus complexe, mais aussi le plus fondamental. Il s’agit d’une connexion physique, fonctionnelle, économique et culturelle qui requiert une unité de vision politique et culturelle soutenue par une vaste adhésion de la communauté et dans lequel un rôle de premier plan pourrait être assumée par un équivalent local, vraiment proactif capable d’harmoniser les points de vue exprimés par instruments de planification différents et des politiques locales à différents niveaux.

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

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Bibliographie Angelini A. (2015), Sicilia. Sotto il segno dell’UNESCO, Erre Produzioni - Collana le Sicilie. Boati P., Lombardi P. (2011), “Il “Marchio” UNESCO: motore di Sviluppo Locale?”, dans Atti della XXXII Conferenza Italiana di Scienze Regionali, 15-17 Settembre, Torino. Bonacini E. (2012), “Cultura e Internet: il patrimonio culturale siciliano e la sua visibilità sul web”, dans StrumentiRes, Rivista online della Fondazione Res Anno IV, n. 1, febbraio, on line : http://www.strumentires.com/index.php?option=comcontent&view=article&id=357 :cultura-e-internet-il-patrimonio-culturale-siciliano-e-la-sua-visibilita-sul-web&catid=3 :cultura-a-societa&Itemid=110 Brattli T. (2009), “Managing the archaeological world cultural heritage: Consensus or rhetoric?”, dans Norwegian Archaeological Review, 42(1), pp. 24-39. Cannarozzo T. (2009), “Agrigento: Risorse, strumenti, attori: Percorsi verso nuovi orizzonti di sviluppo locale”, dans F. Lo Piccolo (par), Progettare le identità del territorio: Piani e interventi per uno sviluppo locale autosostenibile nel paesaggio agricolo della valle dei templi di Agrigento, Alinea, Firenze, pp. 61-133. Carta M. (2002), L’armatura culturale del territorio. Il patrimonio culturale come matrice di identità e strumento di sviluppo, FrancoAngeli, Milano (2ème éd.). Commissione Nazionale Italiana UNESCO (2011), Il Valore del Brand UNESCO, Commissione Nazionale Italiana UNESCO. Ernst & Young (2005), La metodologia ed un modello per la realizzazione dei Piani di gestione, Ministero per i Beni e le Attività Culturali. Jimura T. (2011), The impact of world heritage site designation on local communities – a case study of Ogimachi, Shirakawa-mura, Japan, Tourism Management, 32 (2), pp. 288-296 Lyon S.W. (2007), “Balancing values of outstanding universality with conservation and management at three United Kingdom Cultural World Heritage Sites”, dans Journal of Heritage Tourism, 2 (1), pp. 53-63. Lo Piccolo F., Leone D., Pizzuto P. (2012), “The (controversial) role of the UNESCO WHL Management Plans in promoting sustainable tourism development”, dans Journal of Policy Research in Tourism, Leisure and Events, vol. 4, n. 3, pp. 1-28. MIBACT - Ministero per i Beni e le Attività Culturali, Commissione Nazionale Siti UNESCO e Sistemi Turistici Locali e intitolate (2004), Il modello del Piano di Gestione dei Beni Culturali iscritti alla lista del Patrimonio dell’Umanità, Ministero per i Beni e le Attività Culturali. OTIE - Observatory on Turism in the European Islands (par) (2015), Economia del turismo in Sicilia. Filiera 5: il turismo dei siti UNESCO, Confesercenti, Palermo. Palo M.C. (2007), Lo strumento di piano per la gestione e valorizzazione dei siti UNESCO, Libreria Clup, Milano. Prud’homme R. (2008), Les impacts socio-économiques de l’inscription d’un site sul la Liste du Patrimoine Mondial : trois étude, Rapporto per l’UNESCO. Regione Siciliana - Dipartimento trasporti e comunicazioni (2004), Rapporto Finale, INTERREG III, ACE – Accessibilità ed Intermodalità, Sistemi Informativi Regionali dei Trasporti, Regione Siciliana. UNESCO (2005), Operational guidelines for the implementation of the World Heritage Convention, UNESCO World Heritage Centre, Paris. Van der Aa B. J.M. (2005), Preserving the Heritage of Humanity? Obtaining World Heritage Status and the Impacts of Listing, Netherlands Organization for Scientific Research, Amsterdam. Yang C.H., Lin H.L., Han C.C. (2010), “Analysis of international tourist arrivals in China. The role of World Heritage Sites”, dans Tourism Management, n. 31, pp. 827-837.

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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LA VALLÉE

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

Au-dessus/ La Vallée des Temples d’Agrigente. En dessous/ La Vallée, image prise du Plan du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente.

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LE FORUM UN PLAN D’ACTION COMMUN ET PROACTIF


Vincenzo Camilleri (Distretto Turistico Valle dei Templi); Gaetano Pendolino (Distretto Turistico Valle dei Templi); Filipe Themudo Barata (Cattedra UNESCO di Evora); Gianfranco Tuzzolino (CUPA, Università degli Studi di Palermo); Salvatore Palumbo (Studente campus DO.RE.MI.HE.).

Gerlando Riolo (Assessore alla coesione sociale, welfare, immigrazione e integrazione, volontariato della città di Agrigento e presidente del Lions Club Agrigento Host); Ettore Castorina (coordinatore dei Poli decentrati, responsabile del Polo Didattico di Agrigento); Beniamino Biondi (Assessore all’istruzione, all’infanzia, all’edilizia scolastica, al centro storico, all’Università e alle politiche giovanili della città di Agrigento – Presidente dell’associazione culturale “Laboratorio Vallicaldi”).

INSTITUTIONS

ÉCONOMIE Calogero Montalbano (Associazione Guide Turistiche Città di Agrigento); Francesco Picarella (Confcommercio, Federalberghi); Alessio Lattuca (Confimpresa, Camera di Commercio); Emanuele Farruggia (Confederazione Nazionale dell’Artigianato e della Piccola e Media Impresa).

ASSOCIATIONS

FORUM AGRIGENTE

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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INSTITUTIONS


SOCIÉTÉ

ASSOCIATIONS

ASSOCIATIONS

CULTURE ENVIRONNEMENT

INSTITUTIONS

UNE ALLIANCE NÉCESSAIRE

Daniela Frenna (direttrice della cooperativa di comunità Farmidabile); Luigi Guadagni (Presidente Rotary Club Agrigento); Gerlandina Prestia (dottoranda di ricerca in urbanistica); Tiziana Nozzetti (architetto).

Andrea Bartoli (Farm Cultural Park, Favara); Germano Boccadutri (Presidente dell’Ordine dei Dottori Agronomi e Forestali della Prov. di Agrigento); Massimo Trapani (Presidente dell’Ordine degli Architetti P.P.C. della Prov. di Agrigento); Ordine degli Ingegneri della Prov. di Agrigento; Antonio Liotta (Presidente della coop. Farmidabile); Mauro Indelicato (vicepresidente Ferrovie Kaos); Vittorio Nocera (FAI, Agrigento); Daniele Gucciardo (Legambiente Agrigento); Domenico Fontana (Legambiente Sicilia, Assessore all’ambiente del comune di Agrigento).

Tommaso Guagliardo (Museo Archeologico Regionale “Pietro Griffo”, Agrigento); Bernardo Barone (Liceo Linguistico “Leonardo” e Parco Letterario “Luigi Pirandello”); Roberto Albergoni (Segretario generale HERIMED, Rappresentante dell’Università di Tunisi per il progetto DO.RE.MI.HE.).

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Le Forum des sujets territoriaux Le Forum territorial, dédié à l’implication active des porteurs d’intérêt du territoire d’Agrigente, s’est déroulé le 19 septembre 2015 auprès du siège du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples. Ceux-ci ont été appelés à participer à trois tables thématiques (Durabilité économique, Durabilité culturelle, Durabilité environnementale) animées par des professeurs avec la participation des étudiants du projet DO.RE.MI.HE. et des tutors, pour discuter, échanger des points de vue et trouver des solutions concrètes pour mettre le territoire et la Vallée des Temples en valeur, dans l’optique de surpasser les limites administratives rigides. Le Forum, dirigé par le professeur Maurizio Carta – responsable scientifique du Projet – a vu les interventions du Maire d’Agrigente, du Vice-préfet, du Directeur du Parc Archéologique, du Commissaire aux Biens Culturels et à l’Environnement de la province d’Agrigente, du professeur Filipe Themudo Barata (titulaire de la Chaire UNESCO de l’Université d’Évora), du professeur Melazzo, Directeur du Pôle didactique d’Agrigente et du professeur Tuzzolino, pour le CUPA.


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TABLE 1

QUESTIONS DE DURABILITÉ ÉCONOMIQUE Carmelo Galati Tardanico

Nouveaux paradigmes L’absence d’une approche économique de type systémique, commune et participative, a produit une fragmentation des compétences dans de vastes zones du Sud de l’Italie, ainsi qu’un manque de flexibilité et de durabilité du développement spontané, incontrôlé et sans identité. De plus, cette condition – accompagnée par l’égoïsme et le personnalisme des entreprise et, trop souvent aussi des institutions – a entravé le développement des zones à forte vocation touristique. L’orientation stratégique du développement requiert de la part des habitants et, généralement, de toutes les parties prenantes du territoire (entreprises, commerçants, entreprises sociales, administrations publiques), une capacité extraordinaire d’imaginer leur propre futur et de choisir des scénarios alternatifs. Jusqu’à présent, le développement du Mezzogiorno s’est basé sur l’urgence de la définition des plans de développement et de leur action, en délaissant la nécessité de, tout d’abord, identifier, puis d’adapter un “modèle” de développement durable, reposant sur les ressources tangibles et intangibles, ainsi que sur l’implication de la communauté locale pour partager les scénarios possibles. Il faut passer d’une vision des politiques publiques qui prévoit l’emploi des ressources publiques pour stimuler la création de relations économiques, à des politiques urbaines en mesure de “revivifier les atouts du territoire” (qualité de l’environnement, culture, efficacité énergétique, mobilité durable, paysage) de manière à ce qu’ils jouent le rôle de propulseurs de nouvelles relations économiques – même au-delà du niveau local – permettant de réalimenter la constitution des ressources publiques nécessaires pour reconstituer le système social, brisé par la crise et par une vision érosive des ressources (Carta, 2012). « Dans le Zero Budget Age, caractérisé par l’absence de ressources publiques pour les investissements et par des politiques de stimulation, le scénario qui se présente

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aux administrations requiert une forte prise de conscience de la nécessité d’entreprendre des politiques “créatives” contre le déclin et, en tout cas, liées au développement dans un contexte d’innovation des processus décisionnels, d’évaluation permanente des effets, de concertation sur les choix et sur la co-planification des actions » (Carta, 2013, 13). Il est désormais nécessaire d’assister à un changement des paradigmes liés au développement économique d’un territoire. Un changement qui – comme les systèmes les plus dynamiques sont en train de le démontrer – passe par l’histoire avant même la culture. La vitesse de transformation dépasse la capacité de conceptualisation. Par conséquent, la société éprouve simultanément la sensation de pouvoir s’ouvrir à une infinité de possibilités et une désorientation culturelle qui provoque de la frayeur et de l’incompréhension. La révolution technologique de ces dernières décennies et les profonds changements globaux qui l’on suivie, ont contribué à transformer radicalement le visage de notre société, en bien et en mal. Les cycles économiques se sont emmêlés dans des spirales récessives et aujourd’hui, beaucoup d’instruments de politique traditionnels apparaissent insuffisants. Il faut que cette transformation soit urgemment soutenue par une dose massive d’innovation sociale. Pour réaliser le potentiel positif de la révolution technologique en cours, il y a lieu de placer urgemment le mot social aux côtés du mot innovation (Carta, 2013). Un nouveau écosystème socio-économique L’approche holistique au développement, c’est-à-dire une approche globale à la planification et à l’évaluation, une vue d’ensemble en se penchant aussi sur les détails, une attention particulière au bien-être social, écologique et économique des différents sous-systèmes, à l’État, à la direction et à la vitesse de changement des systèmes et de leurs éléments et, surtout, à l’interaction entre les parties, a produit une approche de style green economy qui, en imposant des prix chers aux consommateurs et aux producteurs, est restée l’apanage d’une élite aisée et minoritaire (Dall’Ongaro, 2011). La green economy a démontré qu’elle ne suffit pas pour gérer les problèmes dérivant de l’exploitation des ressources et de l’inégalité profonde de nos sociétés et, quoi qu’il en soit, il est clair qu’elle a engendré des coûts plus élevés et moins de satisfactions. Globalement, la green economy n’est pas encore parvenue à se défaire de sa réputation de modèle économique requérant une certaine dose de sacrifice (Khosla, 2015). Pour éliminer cette perception et développer une approche aux transformations encore plus radicale, l’économiste belge Gunter Pauli a introduit

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le concept de blue economy. L’économie bleue est un modèle de business au niveau global, dédié à la création d’un écosystème durable grâce à la transformation de substances précédemment gaspillées en marchandises rentables. « Les écosystèmes offrent la clé pour l’abondance et les moyens pour la partager entre tous. Un système économique s’inspirant des écosystèmes fonctionnerait avec ce qui est disponible sur place, comme les ressources de la nature qui sont l’expression des lois de la physique. La physique décrit les forces fondamentales dont chaque espèce qui se trouve sur la terre se sert de manière dynamique. Cette thèse trace la route vers la durabilité. La transformation du cycle économique négatif actuel, en utilisant la logique qui régit les écosystèmes, nous permettra de satisfaire les besoins primaires et de créer une véritable économie, une blue economy, une économie de l’abondance » (Paoli, 2015, 55). Les matières premières de l’économie bleue sont locales, en cascade, elles font partie d’un système intégré et sont utilisées de manière absolument efficace. L’objectif de l’économie bleue n’est pas d’investir encore plus pour la protection de l’environnement, mais, grâce aux innovations dans tous les secteurs de l’économie qui utilisent les substances déjà présentes dans la nature, d’effectuer des investissements moins importants, tout en créant plus d’emploi et de réaliser un plus grand bénéfice. L’idée d’économie du partage s’affirme de plus en plus sur le marché économique actuel, tout comme une nouvelle conscience sur ce qui est considéré comme l’utilisation et la possession des biens, à partir de cette thèse, la sharing economy peut être définie comme un écosystème socio-économique construit autour du partage de ressources humaines, physiques et intellectuelles qui sont créées, produites, distribuées, commercialisées et consommées par diverses personnes et organisations. Au centre de tout ceci, il y a les personnes : des individus, des communautés, des entreprises, des organisations et des associations qui sont profondément insérés dans un système de partage hautement efficace auquel ils contribuent et dont ils bénéficient. Les personnes deviennent aussi des fournisseurs de biens et services, des créateurs, des collaborateurs, des producteurs et des distributeurs (Matofska, 2015). Le secteur productif est ouvert est accessible : les technologies d’Internet et les réseaux permettent d’obtenir un développement collectif de produits et de services, en allant au-delà des frontières géographiques. La production locale est favorisée grâce à ses impacts positifs (o minimes) sur l’environnement. La valeur de cette approche est exclusivement liée à la finance. D’autres aspects économiques, environnementaux et sociaux sont tout aussi importants, représentés et recherchés.

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Agrigente-Vallée des Temples, en tant qu’écosystème La table dédiée aux questions de la durabilité économique du “Forum des sujets territoriaux”, organisé dans le cadre du projet DO.RE.MI.HE. et dédiée à l’implication des parties prenantes du territoire d’Agrigente, a permis de tracer les grandes lignes de la configuration actuelle du système socio-économique de la ville. L’image qui en ressortie est celle d’un écosystème fortement affaibli par des “pathologies” chroniques générées, surtout, par l’absence d’une vision partagée de développement du tissu socio-économique de la ville dans le passé, en relation aux ressources de son territoire et, en particulier, de la Vallée des Temples. L’absence de dialogue générée auparavant, principalement par l’attitude “égoïste” et par les personnalismes des entrepreneurs, des organisations professionnelles et des différents sujets institutionnels. L’absence de confrontation n’a pas permis de développer une vision partagée du développement de ce territoire. L’absence d’une vision a été accompagnée par ce que Maurizio Carta définit, parmi les quatre pathologies de la régénération urbaine, “schizophrénie” qui consiste « en la modification d’orientations et de politiques produite au niveau de la volonté des décideurs et des exécutants de s’adapter au rythme électoral ou de poursuivre des opportunités exogènes : les flux du système touristique, les sources de financement européennes, les interceptions d’événements ou la localisation d’activités au niveau global » (Carta, 2013, 14). Actuellement, nous commençons à enregistrer quelques collaborations entre des sujets différents qui impliquent, par exemple, l’Autorité du Parc Archéologique de la Vallée des Temples et les associations des guides touristiques au sujet de la formation continuelle de ces derniers. Les problèmes majeurs s’enregistrent justement au niveau de l’offre touristique liée à la Vallée des Temples qui, avant d’être un Parc Archéologique, est une partie intégrante du système territorial d’Agrigente. Beaucoup de touristes ne perçoivent pas cette appartenance, en limitant la visite de la ville uniquement au Parc. Une forte demande est enregistrée sur la Vallée, mais il n’y a aucune offre adéquate, à cause de l’absence d’un système organisationnel territorial qui mène les tour operators à mettre en œuvre des stratégies d’offre touristique intégrée (en effet, actuellement l’offre oriente les touristes à séjourner plutôt dans des villes relativement distantes comme Taormina, Catane ou Palerme). Une donnée intéressante enregistre les premiers signes d’une nouvelle vivacité qui passe à travers la mise en œuvre d’un système d’offre touristique botton-down, proche du système de la sharing economy : celui lié à la disponibilité de logements dans des b&b et dans des maisons de vacances localisés dans le centre historique de la ville. Ce type d’offre a vu, comme premier résultat, l’augmentation du logement des touristes en passant d’une

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présence moyenne de 1,34 nuitée en 2007 à 1,83 en 2014, avec une pointe de 2,12 nuitées en 2012. Quelques projets-pilote mis en œuvre par le District Touristique “Vallée de Temples” sont assez intéressants, dont : “Access 4 All”, système intégré d’accessibilité du système touristique, visant l’amélioration de l’offre touristique à travers l’implémentation de systèmes informatiques et multimédias d’orientation du visiteur et grâce à plus de 500 signalisations qui indiqueront et identifieront le territoire. Une accessibilité qui passe par l’attention aux handicaps moteurs, aux intolérances alimentaires, aux allergies, aux déficiences sensorielles. “Ospitalità nei Borghi” est, quant à lui, un projet étudié afin de promouvoir les opportunités offertes par le District Touristique auprès des opérateurs touristiques et pour préparer une offre touristique intégrée à l’échelle du district. Le projet a comme objectif de réaliser une étude pour créer un modèle d’hospitalité répétable dans les centres historiques et dans les petits centres. Le network complexe, qui inclut un grand nombre d’acteurs qui confirment la vocation touristique de ce territoire, a besoin à présent de politiques d’intégration de services touristiques et culturelles concertées. Aujourd’hui, la perception que le touriste doit avoir de l’offre d’Agrigente doit aller de pair avec la promotion et la mise en valeur de la Vallée des Temples et avec une stratégie de marketing territorial qui incite les sujets à intégrer le nom de la ville afin qu’il devienne “Agrigente Vallée des Temples”. Les collectivités publiques commencent aussi à enregistrer les premières actions allant dans ce sens. Bibliographie Carta M. (2013), Reimagining Urbanism. Città creative, intelligenti ed ecologiche per i tempi che cambiano, ListLab, Trento-Barcelona. Carta M. (2012), “Reload: riattivare il capitale territoriale per re-immaginare lo sviluppo”, dans S. Marini, A. Bertagna, F. Gastaldi (a cura di), L’architettura degli spazi del lavoro nuovi compiti e nuovi luoghi del progetto, Quodlibet, Macerata, pp. 72-81. Dall’Ongaro G. (2011), “Dalla green economy alla blue economy”, dans Micron, Anno VIII, n. 16, pp. 31-33. De Biase L. (2007), Economia della felicità, Feltrinelli, Milano. Marini S., Bertagna A., Gastaldi F. (par) (2012), L’architettura degli spazi del lavoro nuovi compiti e nuovi luoghi del progetto, Quodlibet, Macerata. Matofska B. (2015), “Un sistema socio-economico alternativo”, dans Formiche, Anno XI, n. 108, pp. 10-11. Pauli G. (2015), Blue economy 2.0, Edizioni Ambiente, Milano. Pauli G. (2010), Blue Economy. 10 anni, 100 innovazioni, 100 milioni di posti di lavoro, Edizioni Ambiente, Milano. Pittella G., Lepore A. (2015), Scusate il ritardo. Una proposta per il mezzogiorno d’Europa, Donzelli Editore, Roma. Social Impact Investment Task Force (2014), La finanza che include: gli investimenti ad impatto sociale per una nuova economia, Rapporto Italiano della Social Impact Investment Task Force istituita in ambito G8, Roma.

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DISCUSSANT Carmelo Galati Tardanico RAPPORTEUR Francesco Scrudato STAKEHOLDERS Calogero Montalbano (Associazione Guide Turistiche Città di Agrigento) ; Francesco Picarella (Confcommercio, Federalberghi) ; Vincenzo Camilleri (Distretto Turistico Valle dei Templi) ; Gaetano Pendolino (Distretto Turistico Valle dei Templi) ; Alessio Lattuca (Confimpresa, Camera di Commercio) ;Emanuele Farruggia (Confederazione Nazionale dell’Artigianato e della Piccola e Media Impresa) ; Filipe Themudo Barata (Cattedra UNESCO di Évora) ; Gianfranco Tuzzolino (CUPA, Università degli Studi di Palermo) ; Salvatore Palumbo (Studente del Campus DO.RE.MI.HE.).

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REPORT TABLE 1 par

Francesco Scrudato

Carmelo Galati Tardanico entame la discussion en présentant la situation actuelle du Parc et ses objectifs, en parlant de la nécessité de créer une structure qui ne se résume pas une série stérile d’éléments isolés, mais qui commence à fonctionner comme un organisme. Alessio Lattuca. En tant que Confimpresa, Chambre de commerce, je voudrais mettre en évidence la difficulté de travailler sur le territoire qui est due à l’absence d’un interlocuteur et d’administrations. Les relations entre l’entreprise et la partie politique sont un nerf à vif, une barrière insurmontable, car la politique est encore basée sur le système du clientélisme. Calogero Montalbano. En tant que représentant de l’Association de Guides Touristiques de la Ville d’Agrigente, j’estime que la présence des guides touristiques sur le territoire est très particulière, car leur rôle fait en sorte qu’ils se trouvent à mi-chemin entre l’expert et le divulgateur en devant faire face à une clientèle variée qui va de la personne très cultivée à de simples vacanciers. Actuellement, le guide touristique est en train d’évoluer, en effet, les nouveaux concours requièrent de nouvelles compétences élevées. Actuellement, nous vivons une relation synergique avec le Parc. Gaetano Pendolino. L’activité du District Touristique “Vallée de Temples” a été créée comme gouvernance territoriale. Nous réalisons des projets afin de systématiser le territoire et des événements comme celui-ci nous aident et facilitent notre travail. Francesco Picarella. Le devoir de Confcommercio et de Federalberghi qui s’intéressent aux thèmes des activités économiques et touristiques, est d’essayer de maintenir l’économie en effervescence, surtout en tenant compte de la richesse du patrimoine que nous possédons. Emanuele Farruggia. Je travaille aussi bien dans le secteur touristique que de l’artisanat pour la Confédération Nationale de l’Artisanat et de la Petite et Moyenne Entreprise. Nous sommes en train de réaliser un projet de collaboration entre la Tunisie et les provinces d’Agrigente et de Trapani qui implique également le District Touristique de la “Vallée de Temples”. Carmelo Galati Tardanico. En affrontant le thème de la durabilité économique, nous pouvons démarrer dans la certitude que le fait que la Vallée fasse partie du patrimoine de l’UNESCO augmente sa valeur culturelle et économique. L’exemple est donné par

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l’augmentation des touristes qui s’est enregistrée dans la zone de Palerme, Cefalù et Monreale suite à l’entrée du Parcours Arabo-Normand dans la WHL. Filipe Themudo Barata. Je coordonne la Chaire UNESCO d’Évora et, en analysant l’économie de la Vallée, j’ai remarqué que le flux de touristes est bien existant, mais qu’il est quotidien et qu’il manque une structure économique basée sur la vente des produits. Francesco Picarella. En tant qu’opérateurs touristiques et hôteliers, nous souffrons de cette situation. Avant d’être un Parc, la Vallée faisait partie intégrante du territoire d’Agrigente. Plusieurs touristes ne savent pas que la Vallée se trouve à Agrigente et, par conséquent, la ville n’est pas perçue comme un lieu qui abrite la Vallée et le Parc. Il faudrait penser à une stratégie de marketing territorial pour pouvoir retenir le touriste d’un jour à l’intérieur de la ville. Une première action pourrait être celle de changer le nom de la ville en “Agrigente, Vallée des Temples” . Gaetano Pendolino. Le territoire n’a jamais été gouverné, il y a une absence d’organisation politique ayant comme objectif le développement du territoire en le basant sur le tourisme. Vu que cette idée n’existe pas, il n’y a jamais eu d’investissements, ni culturels, ni économiques. Aucune offre n’a jamais été créée, par rapport à la demande existante. Il existe une demande sur la Vallée, mais il n’y a pas d’offre adaptée, car il manque un système d’organisation territoriale. La Sicile est vendue en utilisant la Vallée des Temples comme une image principale, mais les touristes y viennent pour un seul jour. Le tour de la Sicile n’est pas vendu sans la Vallée des Temples. Les tours opérateurs passent par la Vallée en contentant le touriste, mais ensuite, vu l’absence de grands intérêts économiques sur le territoire, ils vont loger dans d’autres endroits comme par exemple, à Taormina. La présence d’une grande proposition de chambres (environ 1500 sur les 3000 d’Agrigente) se trouve au Villaggio Mosè, ce qui n’aide pas la permanence, car il se présente comme un endroit sans planification et sans stratégie de développement, complètement inadapté à l’hospitalité touristique. Durant les dernières années, nous avons assisté à une inversion de tendance, les associations qui s’occupent de tourisme et les citoyens essayent de s’occuper concrètement du développement touristique. Plusieurs b&b et des gîtes de vacances ont été créés, en ayant la double valeur de convertir le centre historique et d’améliorer l’offre touristique en transportant également le touriste dans le centre urbain d’Agrigente. Carmelo Galati Tardanico. Vous les opérateurs, que faites-vous pour développer le secteur ? Avez-vous pensé à créer un élément d’interface pour le territoire ? Gaetano Pendolino. Nous sommes en train de travailler sur le projet “Access 4 All” qui se propose comme un portail d’accès pour le territoire, où il sera possible d’effectuer les réservations sans frais de commissions ni pour le touriste, ni pour l’opérateur. Il est développé par le District Touristique et sera actif pour le mois de décembre 2015 en effectuant une première étape au mois d’octobre. Emanuele Farruggia. Il y a un problème de gouvernance qui ne relance pas le développement dans le secteur. Nous possédons un bien de grande importance et les agrigentins ne le savent pas, Agrigente n’est pas présente au salon des sites UNESCO et ceci dénote le manque d’intérêt. La carence d’offre de produits à vendre est due à, un système de clientélisme qui congèle et gère tout. Un autre problème a été l’absence de jeunes qui travaillaient sur le territoire et qui auraient pu stimuler la politique. Filipe Themudo Barata. Je travaille dans un territoire similaire à celui-ci. Il y a quelques

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années, le maire pensait que le modèle de développement économique le plus adapté pour une ville antique était l’industrie lourde. Ce n’était pas la solution, mais il ne faut pas s’attendre à ce que les problèmes soient toujours résolus par le haut. Personnellement, dans une zone archéologique, j’aime voir les fouilles. En réalité, les gens aiment ça. Calogero Montalbano. Je confirme que désormais, il y a une grande présence de personnes qui veulent s’approcher des fouilles et assister aux opérations de recherche. Filipe Themudo Barata. L’artisanat dans un contexte touristique est un problème. On pourrait entamer des collaborations avec des étudiants de design pour réélaborer l’artisanat traditionnel. Carmelo Galati Tardanico. L’importance de l’Université sur le territoire. Vous demandez de l’aide à l’Université, mais qu’avez-vous fait pour dialoguer avec elle ? Et l’Université tente-t-elle de dialoguer avec le territoire ? Gianfranco Tuzzolino. Je suis un enseignant en conception architectonique de l’Université de Palerme. Lors de ces dernières années, on parle de l’Université d’Agrigente uniquement sous l’aspect de la survie économique. La durabilité se recherche uniquement du point de vue comptable et, ceci nous fait remarquer le manque d’intérêt de la part d’un territoire qui n’a jamais essayé de l’aider. La durabilité est une chose et la projectualité en est une autre. Mais si elle avait des liens avec le territoire et avec les opérateurs, elle fonctionnerait toute seule. Elle doit faire partie d’une structure vivante avec le territoire. La séparation physique est un indice d’un manque d’intégration dans les stratégies. Francesco Picarella. La position géographique a-t-elle de l’influence sur la formation spécialisée des étudiants ? Gianfranco Tuzzolino. L’architecture joue un rôle dans le repositionnement de l’homme sur son territoire et donc, pour lui faire apprécier Agrigente, tel qu’elle est et en partant de là pour élaborer un projet. Francesco Picarella. A Agrigente, il y a le Collegio dei Filippini qui a été créé comme une école et qui coûte actuellement à la commune plus que ce qu’elle encaisse pour les billets d’entrée pour les visites. Pourquoi l’Université n’essaye-t-elle pas d’établir son siège là, au sein du tissu économique et social ? Carmelo Galati Tardanico. Peut-être serait-il nécessaire de commencer à dialoguer en dehors de ces occasions ? Calogero Montalbano. Nous devrions partir d’une donnée qui nous permette de nous comparer du point de vue touristique avec les autres provinces siciliennes. Nous faisons partie d’une zone, le haut-plateau d’origine gypseuse-sulfureuse de la Sicile méridionale qui, d’un point de vue historique, est socialement et économiquement en retard par rapport aux autres zones et qui ne s’est jamais appropriée de son patrimoine. Par rapport à la zone de Raguse qui s’est caractérisée, nous semblons subalternes. Partir de cette considération devient fondamental. Filipe Themudo Barata. Ne connaissant pas la situation économique, pour moi, cela devient difficile d’en parler. Il faut souligner que nous formons des étudiants compétents, mais la structure économique actuelle ne leur permet empêche l’implémentation des compétences et l’évolution de la structure territoriale. En visitant le centre historique et en voulant acheter un objet d’artisanat local, je me suis rendu compte qu’il était quasi

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impossible de trouver quelque chose, le centre historique est abandonné. Selon moi, il est possible de reconstruire le tissu socio-économique en donnant le valorisant. Mais pour cela, il est nécessaire d’investir sur les forces des jeunes qui sont formés sur le territoire. Emanuele Farruggia. En parlant franchement, il y a quelques temps, je cherchais un comptable qui parlait anglais et je ne suis jamais parvenu à en trouver un. La formation est importante. Cela nous fait plaisir qu’il y ait une Université sur le territoire, mais après, il n’y a pas d’interaction. L’éloignement physique de l’Université reflète un éloignement social. Lorsque j’étais étudiant, j’ai fréquenté cette ville et elle est restée gravée dans mon cœur. Calcarelle ne permet pas aux étudiants de tomber amoureux de la ville. Gianfranco Tuzzolino. Les communes ont de graves problèmes pour renouveler les instruments urbanistiques à cause du manque de fonds et Parce que les bureaux ne possèdent pas les compétences adéquates. Pourquoi ne pas utiliser l’Université ? Carmelo Galati Tardanico. Chez les jeunes, je perçois une implication qui les incite à prendre possession du territoire, de la ville et du centre historique, ce qui n’était pas le cas avec les générations précédentes. Salvatore Palumbo. Je suis un étudiant du projet DO.RE.MI.HE.. et le problème n’est pas l’éloignement physique de l’Université, résoluble avec les services, mais l’absence d’interaction entre chaque étudiant et les administrations. Je parle en tant que fondateur de Vallicaldi, on dirait même qu’on a peur du changement. Il faut pouvoir faire confiance aux jeunes. Peut-être qu’aujourd’hui le déplacement de l’Université pourrait venir en aide, mais cela ne résoudrait pas le problème. Il faut entamer un dialogue entre l’administration et les jeunes. Emanuele Farruggia. Depuis des années, je m’occupe de la gestion de la billetterie du Théâtre Pirandello, mais aussi en faisant des abonnements pour les étudiants, je n’ai jamais vu un seul étudiant. Carmelo Galati Tardanico. N’avez-vous jamais investi sur des experts en Sciences de la communication pour faire de la publicité ? Emanuele Farruggia. Si nous sommes classés comme dernière province d’Italie, c’est qu’il y a un problème. Nous organisons la fête des Amandes en Fleur une semaine avant qu’elle ne commence. Il manque une capacité d’organisation, les solutions se trouvent dans la capacité de gérer, même au niveau des temps. Gaetano Pendolino. Le peu de résultats obtenus n’est pas dû à la gouvernance, mais aux opérateurs qui travaillent sur le territoire en utilisant les ressources et les énergies. Sur le thème de l’Université, j’ajoute que le District Touristique a rencontré le recteur Lagalla de l’Université de Palerme en lui demandant trois choses dont deux ont déjà démarré. La première est qu’il y ait une interaction plus forte avec les ours en insérant les cours qui, grâce à leur spécificité, puissent être mieux intégrés sur le territoire en interagissant avec lui, en créant du professionnalisme dans le secteur du tourisme, un des secteurs où il y a une carence importante, en constituant un Cours de Biens Culturels visant le tourisme. La deuxième, est qu’il y ait la possibilité de pouvoir insérer les étudiants qui préparent leur diplôme universitaire, dans les entreprises du tourisme du territoire, afin qu’ils puissent offrir leurs compétences et des nouveautés tout en enrichissant le secteur et en leur donnant la possibilité de commencer un Parcours de

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travail. La troisième chose que nous avons demandée, est l’implémentation du spin-off à Agrigente sur le modèle du Consortium Arca, car nos entreprises ont une carence de développement et de croissance et elles ferment leur porte assez rapidement. Un espace de co-working va bientôt commencer, dans lequel le district aura un espace opérationnel. Le premier siège que nous avions trouvé dans le Palais des Congrès a été rejeté par le prof. Umberto La Commare, car il était trop loin du centre et il sera probablement créé dans l’ancien siège des sapeurs-pompiers dans le Viale della Vittoria. Il est vrai qu’il y a des faiblesses, mais une série d’opérations et de synergies sont mises en œuvre et sont en train de permettre d’obtenir une programmation du développement territorial. La semaine dernière, nous avons lancé un appel pour la création d’une longue liste pour le District Touristique. Nos projets sont le fruit d’un forum, où les jeunes ont apporté leur contribution à la création. Carmelo Galati Tardanico. Sur le territoire, il y a une quantité remarquable d’énergie humaine qui n’attend qu’à être employée. Qu’êtes-vous disposés à faire de plus, par rapport à ce que vous avez fait jusqu’à présent et que demandez-vous à l’institution par rapport à la relance de ce territoire ? Gaetano Pendolino. Je demanderais à l’Université le développement d’un projet sur 5 ans afin que le territoire arrive à avoir une grande notoriété (projet de marketing territorial). Un projet avec une stratégie visant l’amélioration de la qualité de la vie et avec une projection de communication vers l’extérieur. Notre contribution sera la disponibilité maximum pour interagir avec les auteurs du projet. Filipe Themudo Barata. Nous concordons sur le fait que la demande du tourisme a besoin de plus de produits, mais quels devraient être ces produits ? Gaetano Pendolino. Nous avons fait une enquête sur le tourisme créatif, mais maintenant, nous devons transformer l’idée théorique en produit fini. En 2020, Agrigente fêtera ses 2600 ans, par conséquent, il faudrait penser à un projet qui parvienne en 5 ans à augmenter les visites en passant de 600.000 à 1 million de visiteurs par an et doubler la présence dans les structures hôtelières. Un projet ambitieux qui doit impliquer tous les niveaux du projet. Vincenzo Camilleri. Le projet pour Agrigente 2020 est un projet qui nous tient à cœur depuis des années, le territoire commence à être prêt. Samedi, nous présenterons le nouveau plan stratégique de la ville d’Agrigente qui aura comme thème l’idée de fêter les 2600 ans pendant toute l’année. Nous devrions faire comprendre que notre histoire ne concerne pas seulement la Vallée, mais qu’elle est aussi le fruit de stratification de l’histoire et du modelage du territoire et du paysage au cœur de la Méditerranée. Innovation que les jeunes doivent réussir à mettre en œuvre grâce à la connaissance du passé. Emanuele Farruggia. Je vous laisse avec une réflexion, quelqu’un sait-il me dire où se trouve le siège du Délégué au Tourisme ?

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TABLE 2

QUESTIONS DE DURABILITÉ SOCIALE Angela Alessandra Badami

Nécessité de protection du patrimoine historique et besoins contemporains de développement : un dialogue complexe qui, aujourd’hui, confronte l’administration publique avec la société pour la détermination de stratégies innovantes pour la gestion durable du territoire d’Agrigente. Le développement du territoire doit se baser sur une politique attentive aux prescriptions dérivant d’un système de contraintes particulièrement complexe qui dirige la tutelle des valeurs archéologiques, paysagères et culturelles du territoire, d’une part, et d’autre part, aux besoins et aux désirs exprimés par la communauté qui habite et qui vit dans ce contexte extraordinaire en matière de développement social, économique et culturel. La table ronde du Forum promue à Agrigente, auprès du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples, du Projet DO.RE.MI.HE. pour l’implication des sujets territoriaux et dédié à la participation sociale, a encouragé la rencontre entre les sujets potentiels déclencheurs d’une action susceptible d’être entreprise par la communauté locale et destinée à la mise en valeur et à la promotion du patrimoine archéologique, expression d’une société “en attente” qui a vu une grande partie du territoire communal d’Agrigente soumis à différentes contraintes depuis 1957. L’organisation de la politique italienne pour le patrimoine culturel a été, dès le départ, fortement ancrée à des principes revêtant un caractère contraignant et soustractif et à des initiatives centralisées et prises au sommet, peu attentives à la communication et à l’implication des populations locales au sein des processus de protection et au corollaire de la sauvegarde qui a besoin de s’exprimer à travers la mise en valeur des biens protégés et la promotion des valeurs culturelles qui font effectivement parties de l’identité d’une communauté qui habite, vit et travaille sur des territoires riches d’histoire, de traditions et de culture.

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En effet, une grande partie du territoire d’Agrigente, la zone potentiellement la plus adaptée à l’expansion urbaine et à la production agricole et industrielle a été couverte de contraintes au niveau archéologique et de nature paysagère aux termes des Lois Bottai de 1939, une disposition normative très efficace du point de vue de la protection, mais peu adaptable et compatible avec les logiques de développement économique et social nécessaires. La détermination du périmètre de la zone soumise à des contraintes et les prescriptions d’utilisation et de construction ont notamment été définies directement par le Gouvernement central qui a déclaré que le site archéologique était d’ “intérêt national”, avec le Décret des Ministres pour l’Instruction publique et pour les Travaux Publics (Décret Gui-Mancini). L’apposition d’une contrainte qui vient “d’en haut” a généré dans la communauté un comportement d’hostilité vis-à-vis de ce qui, en réalité, constitue son patrimoine le plus important, la matrice historique de son identité, en produisant une fracture dans le processus de construction et de transformation du paysage entendu comme rapport biunivoque entre une population et son environnement. Dans un certain sens, le territoire de la Vallée des Temples a été abandonné par la communauté, car il a été perçu comme soustrait par une contrainte imposée par le pouvoir central et dont seules les administrations publiques pouvaient en avoir le contrôle. Il s’en est suivi l’absence de développement d’une politique de mise en valeur intégrée entre la Ville d’Agrigente et la Vallée des Temples qui, vu son caractère archéologique exceptionnel, a été reconnue comme patrimoine Mondial de l’Humanité, aurait pu en constituer un des éléments leader ; des phénomènes de constructions illégales comme déclaration de refus à la contrainte ; un détachement net entre le gouvernement de la ville d’Agrigente et le territoire de la Vallée généré par l’expectative de financements de la part des pouvoirs publics qui n’a pas stimulé les investissements de mise en valeur touristique et culturelle de la part de la Villé, en stagnant dans une condition d’attente éternelle et infructueuse. Maintenant, de nouveaux instruments législatifs complètent le panorama de la politique italienne pour les biens culturels, résumés et actualisés par le Code Urbani (D. L. 42/2004 et modifications successives), enrichi par des dispositions législatives et des instruments de planification prévus par la législation régionale du secteur (notamment, la L.R. 20/2000 dédiée à l’instruction d’un Système Régional de Parcs Archéologiques et à l’Institution du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente). Il s’agit d’instruments qui visent non seulement les exigences de la protection du patrimoine culturel italien, mais aussi et surtout, les activités de mise en valeur et de promotion sociale et culturelle nécessaires qui

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représentent la stratégie fondamentale à poursuivre afin que la protection ne reste pas une fin en soi, en enlevant les ressources et les territoires aux communautés qui y sont installées, mais qu’elle se convertisse en vecteur d’un développement durable et fondé du point de vue culturel. Ce processus s’obtient avec la participation totale de nombreux sujets publics et privés, dont l’implication est à présent reconnue comme étant indispensable pour une politique efficace pour les biens culturels. Le tissu social d’Agrigente est le soutien d’une politique renouvelée pour le patrimoine archéologique et paysager de la Vallée des Temples, qui exprime la volonté de se réapproprier “culturellement” du Parc sous des formes plus ou moins institutionnalisées à travers des initiatives visant sa mise en valeur, sa promotion et son utilisation sociale et publique. La participation au Forum de nombreux sujets institutionnels, d’opérateurs du secteur de l’instruction scolaire et universitaire, de représentants de clubs service, de promoteurs sociaux, de chercheurs et d’étudiants, a souligné la nécessité de devoir trouver des moments de rencontre, de confrontation et d’échange d’idées entre tous ceux qui sont désormais conscients de la nécessité de préparer une action sociale collective pour la promotion de nouvelles impulsions de développement. Les différents points de vue ont produit une grande série d’initiatives qu’il est nécessaire de mettre en œuvre au moyen d’un dialogue constant entre administrateurs et citoyens, citoyens qui se sont déjà réappropriés de certains espaces du centre historique d’Agrigente à travers des expériences de récupération “à partir du bas” grâce à une initiative d’associations de volontaires, comme Artificio, Labmura, NonSoStare et Terranostra, qui ont régénérée le quartier Vallicaldi, une zone du centre historique connaissant des problèmes profonds de dégradation architectonique et sociale, en un lieu urbain. Il s’agit là de l’une des expressions du désir de voir son patrimoine et son territoire valorisé, avec son centre historique sur les Collines de Girgenti – acropole présumée de l’ancienne cité d’Akragas – traversé par une série de rues en grande partie piétonnière, parfois même très étroites qui s’alternent avec des perspectives et des ouvertures inattendues et suggestives ; un centre historique qui n’a jamais valorisé son lien culturel et territorial étroit avec la Vallée des Temples et qui souffre d’un processus d’abandon progressif entamé en 1966 depuis le fameux éboulement qui toucha une partie du centre urbain. Depuis lors, le centre historique a commencé à perdre ses habitants à cause de la sensation d’insécurité produite par le risque d’autres effondrements et la ville d’Agrigente a commencé son

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processus d’expansion via des bourgs satellites (Villaseta, Villaggio Mosé, Maddalusa, Villaggio Peruzzo, San Leone) qui ont urbanisé une grande partie du territoire en entourant la Vallée des Temples, mais qui, en réalité, n’ont jamais atteint cette intensité de relations, de fonctions et de services typiques d’une ville. Beniamino Biondi, Président de l’Association Laboratorio Vallicaldi et Conseiller à l’Instruction, à l’enfance, à la Construction Scolaire, aux Politiques des jeunes, au Centre Historique, à l’Université, est le jeune porte-parole d’une nouvelle conscience sociale qui se répand parmi les citoyens d’Agrigente à la recherche d’occasions pour renouveler une image de la ville qui, désormais ne correspond plus à la nouvelle identité de la société. Les thèmes de la régénération urbaine d’Agrigente, du dépeuplement et de la dégradation du centre historique, du dialogue difficile avec la Vallée des Temples, requièrent impérativement de nouvelles stratégies d’intervention, non seulement à insérer dans l’agenda de l’administration locale, mais aussi à partager avec la sensibilité des citoyens qui ont déjà prouvé leur capacité de vouloir et de savoir transformer la ville. Dans ce but, il faut laisser la communauté locale s’exprimer sur sa perception du territoire, en déterminant les caractères et les valeurs dans lesquels elle s’identifie, mettre en exergue l’histoire des hommes et la mémoire conservées dans le patrimoine diffus, constitué par les excellences classées comme biens culturels et par les réseaux de rapports et d’interdépendances immatériels entre les individus, par des savoirs transmis, par le sens d’appartenance aux lieux. Voilà le but de la cartographie de le Statut de communauté, un instrument pour comprendre et rendre explicite les besoins et les désirs des habitants à travers le dialogue et l’interdépendance, un instrument qui a donné des résultats appréciables, même dans le but de la régénération urbaine au niveau de l’expérience menée à Favara par Daniela Frenna, directrice de la Coopérative de la communauté Farmidabile. Donner la parole aux citoyens d’Agrigente afin qu’ils expriment leurs idées sur la réappropriation du Parc Archéologique de la Vallée des Temples – comme exploitation alternative par rapport à la visite des monuments, en utilisant les espaces publics comme les nouvelles places de la ville, comme occasion de rencontre et de socialisation, comme scène pour l’organisation d’événements culturels, artistiques, théâtraux, constitue une stratégie valable pour abattre le mur construit par la contrainte institutionnelle entre la ville d’Agrigente et sa Vallée des Temples. Restituer la perméabilité entre l’ancienne ville, le centre historique et la ville moderne, réinsérer l’utilisation des biens archéologiques, historiques, artistiques et urbanistiques, signifie restituer aux citoyens un style de

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vie enrichie des valeurs culturelles dont une société civile s’alimente. Le bastion le plus inexpugnable pour la défense du patrimoine culturel n’est pas représenté par les lois, les contraintes et les interdictions : c’est la conscience individuelle de la signification que chaque membre de la société peut avoir en matière d’autodéfinition, d’appartenance, de l’évolution historique de l’individu dans son environnement. La connaissance est le vecteur de cette conscience et le rôle que les écoles et l’Université sont appelées à jouer est, dans ce sens, fondamental. L’activité que les écoles accomplissent auprès du Parc Archéologique, laboratoire extraordinaire de connaissance et de découverte des valeurs archéologiques, environnementales et paysagères, introduit les jeunes dans une dimension historicisée de l’évolution et familiarise le patrimoine culturel en tant que composant naturel de la vie. Sur base des excellences archéologiques du territoire de la Vallée des Temples, comme le souligne Ettore Castorina, responsable du Pôle Didactique d’Agrigente, l’Université de Palerme a institué des cours de maîtrise en Archéologie, en Biens Culturels et en Architecture ; même si aujourd’hui le Pôle Universitaire d’Agrigente ressent particulièrement la diminution des étudiants inscrits dans les Universités du Sud, les études et la recherche universitaire appliquée au patrimoine de la Vallée des Temples constitue un facteur hautement qualifiant pour le développement culturel, social et économique du territoire et de la société. Les activités des club service les plus importants actifs à Agrigente, comme le Lions et le Rotary soutiennent la divulgation de la connaissance et supporte la recherche universitaire. En participant au Forum, Gerlando Riolo, président du Club Service Lions témoigne de l’engagement du club dans l’implication d’autres club et institutions dans des activités de divulgation culturelle pour la mise en valeur du territoire d’Agrigente. Luigi Guadagni, président du Rotary Club Agrigento, souligne l’importance de la connaissance et de la conscience de l’histoire et de la culture dont les biens culturels sont des témoignages matériaux, dans ce contexte, le Club organise régulièrement des rencontres et des promenades sur les lieux culturels du territoire. Tous les sujets qui ont participé au Forum ont exprimé leur appréciation envers l’organisation de formes de rencontre entre l’administration et les citoyens afin qu’ils puissent prendre part activement aux processus de mise en valeur et de développement, en devenant eux aussi des promoteurs d’actions institutionnelles et sociales.

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DISCUSSANT Angela Alessandra Badami RAPPORTEUR Vincenzo Spataro ETUDIANTS Giovanni Polizzi (archeologo), Marco Longo (archeologo), Bilel Chebbi (architetto e archeologo), Imen Ben Slimane (archeologa). STAKEHOLDERS Gerlando Riolo, Assessore alla Coesione sociale, Welfare, Immigrazione e Integrazione, volontariato della città di Agrigento e Presidente del Lions Club Agrigento Host ; Daniela Frenna, Direttrice della Cooperativa di comunità Farmidabile ; Luigi Guadagni, Presidente Rotary Club Agrigento ; Ettore Castorina, Coordinatore dei Poli decentrati, Responsabile del Polo Didattico di Agrigento ; Beniamino Biondi, Assessore all’Istruzione, all’Infanzia, all’Edilizia scolastica, al Centro Storico, all’Università e alle Politiche giovanili della città di Agrigento – Presidente dell’Associazione culturale “Laboratorio Vallicaldi” ; Gerlandina Prestia, dottoranda di ricerca in urbanistica ; Tiziana Nozzetti, architetto.

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REPORT TABLE 2 par

Vincenzo Spataro

Gerlando Riolo. les actions entreprises par le Club Service Lions, dont il est le Président, au sujet de l’amélioration des conditions sociales et de vie des personnes, de la conservation des biens, de la récupération des espaces pour la socialité et pour le sport. Ces derniers temps, grâce à la collaboration avec d’autres club service et institutions, l’action du Club se dirige également vers la mise en valeur du territoire ; dans cette optique de collaboration, il serait souhaitable – et la volonté existe – d’entreprendre des actions de concert avec l’Université d’Agrigente, pour promouvoir les projets et la visibilité du Club, vu sa présence sur l’entièreté du territoire national. La Vallée a été préservée grâce au Commissariat général qui a protégé et sauvegardé les biens archéologiques pendant la IIème moitié des années 60, au moment où y a eu une attaque féroce envers ce qui était considéré comme une limite au développement urbain ; cependant, l’action de sauvegarde a tellement été rigide qu’elle a empêché, par exemple, le passage du championnat mondial de cyclisme sous le Temple de la Concorde. Ce type de sauvegarde, même si elle a été indispensable pendant une certaine période, n’a plus de raison d’être et il serait utile de la faire évoluer sur base d’une nouvelle vision de mise en valeur, de collaboration avec d’autres organismes, d’autres associations et avec les citoyens. Daniela Frenna. Directrice de la Coopérative de la communauté Farmidabile, qui propose d’insérer une cartographie de la communauté – travail déjà expérimenté à Favara – dans le projet DO.RE.MI.HE. poursuit. Il est indispensable de connaître par qui est formée la communauté, parler avec les personnes et proposer un processus qui est répétable ailleurs. Il s’agit d’un instrument qui permet de comprendre les besoins, les nécessités et les désirs d’un territoire à travers le dialogue avec les personnes. A Favara, par exemple, un workshop a été organisé et a impliqué des étudiants et des jeunes professionnels dans des journées de formation et d’opérations sur le terrain. Il est indispensable de comprendre comment les résidents peuvent commencer à dialoguer avec le Parc Archéologique en le reconstituant comme un lieu de la socialité de la ville d’Agrigente, comment redonner la Vallée aux agrigentini et aux habitants des territoires limitrophes. Le Parc doit redevenir une place, un lieu de rencontre, où passer du bon temps à travers la culture, les expositions, mais aussi grâce à des événements plus informels. Angela Alessandra Badami. L’Autorité du Parc est en train d’introduire la “Carte

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du Parc” qui, à travers des services, essayera de fidéliser les usagers ; il serait possible d’exploiter cette idée à travers la créativité pour rassembler des éléments qui n’ont jamais été unis et créer ainsi un motif d’innovation. La cartographie des communautés, de l’associationnisme sert à créer un système autour de toutes les idées créatives qu’il ne faut pas abandonner. Luigi Guadagni. Président du Rotary Club Agrigento, explique que l’activité de l’année en cours est centrée sur le rapprochement des rotariens et des citoyens au patrimoine culturel. La conscience de sa propre histoire et de sa culture est en soi un instrument de sauvegarde. Aujourd’hui, les agrigentini aiment leur patrimoine, en particulier, la Vallée qu’ils n’appréciaient pas à sa juste valeur il y a peu de temps encore. Notre identité et notre culture sont des remparts contre les extrémismes et les aberrations que nous observons chaque jour. Dans ce sens, l’école et donc l’instruction, joue un rôle fondamental, mais ne doit pas commettre l’erreur d’être nécessaire à elle-même, elle sert à ceux qui la fréquente, elle doit habituer les jeunes à utiliser les biens que nous possédons et à connaître le passé. Dans cette optique, l’école peut et doit encore faire beaucoup. Les biens culturels peuvent et doivent générer de la richesse. Si notre patrimoine appartenait uniquement à une personne, nous la jugerions comme pauvre ou riche. La réponse va de soi. L’État et l’Administration Publique doivent parvenir à trouver la solution pour gérer le patrimoine et générer de la richesse. La protection des biens culturels à outrance a été nécessaire dans le passé, mais aujourd’hui, les choses ont changé énormément et il est à présent possible de se confronter à ce sujet, d’où l’intérêt pour de ce forum. Le fait de délocaliser les réunions dans des endroits peu conventionnels, à la découverte de la ville représente une action mise en œuvre par le Rotary Club d’Agrigento pour faire croître la connaissance de notre patrimoine. Ettore Castorina. Coordinateur des Pôles décentrés, responsable du Pôle Didactique d’Agrigente, qui souligne la nécessité d’avoir une interaction plus organique entre les club service et l’Université ; cette dernière n’est pas autoréférentielle et refermée sur elle-même, mais elle est ouverte au territoire et le démontre durant ces occasions. Là où cela est possible, il serait intéressant que les club service proposent des bourses d’étude sur les aspects thématiques qui concernent les biens culturels d’Agrigente. Giovanni Polizzi. Étudiant en archéologie de l’Université d’Agrigente, souligne qu’il est indispensable de valoriser les biens culturels, mais aussi la recherche. Il serait utile de créer des facilités pour les études comme des bourses d’étude, des prix pour les meilleurs mémoires ou des bonus pour permettre aux étudiants de participer à des formations différentes que celles proposées par les Universités. L’invitation adressée aussi aux club service est donc celle de créer des prix susceptibles de stimuler les étudiants. La proposition a été bien accueillie par les présidents des deux club service présents à la table ronde, qui ont démontré leur volonté de valoriser la recherche locale. Beniamino Biondi. Conseiller à l’Instruction, à l’Enfance, à la Construction Scolaire, au Centre Historique, à l’Université et aux Politiques des jeunes de la ville d’Agrigente, Président de l’Association culturelle “Laboratorio Vallicaldi”, commence en parlant de l’histoire de la ville d’ Agrigente. Le 19 juillet 1966, l’éboulement qui a

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touché la zone au-delà des remparts dénommés “Rabbato”, a produit deux effets : d’une part, la protection de la Vallée des Temples et d’autre part, un développement urbanistique compulsif et schizophrénique. La peur de vivre dans un centre historique est devenue un instrument d’économie et de spéculation de la construction qui a créé les périphéries. Le centre historique s’est vidé, a perdu sa propre identité, son lien social, les rapports, les dialectiques humaines, civiles et culturelles qu’il possédait. Il y a également une séparation entre les deux villes : Agrigente et la Vallée des Temples. Si la Vallée des Temples est bien protégée, la ville d’Agrigente ne l’est pas vraiment. Le risque est que ces deux villes opposées qui s’observent, qui ont leur beauté extraordinaire, ne profitent pas l’une de l’autre. Le centre historique d’Agrigente ne possède pas d’importants palais nobiliaires, ni d’églises de grande importance, mais bien quelque chose qui devrait être réellement protégé : ses rues, avec ses grands escaliers, ses odeurs, ses sons, ses saveurs. Souvent les touristes qui visitent la Vallée des Temples ne savent pas que la ville qu’ils voient sur le fond est Agrigente, malgré que son centre historique soit né en tant qu’Acropole de l’ancienne cité. Il y a un besoin de liaison physique et fonctionnelle entre la ville et la Vallée, c’est pour ce motif, qu’un billet intégré Vallée/ ville est à l’étude ; si 10% des 650.000 visiteurs qui visitent la Vallée chaque année (et ce nombre est destiné à augmenter) achetaient le billet unique, pour Agrigente ce serait une révolution. Pour animer le tissu socio-économique de la ville, la détaxation du sol public dans le centre historique est une des autres initiatives pour l’ouverture des activités commerciales et pour l’aménagement d’échafaudages durant les travaux. Les manifestations culturelles dans le centre historique méritent une attention particulière, car elles représentent un vecteur pour la régénération urbaine. L’expérience de la Via Vallicaldi, par exemple, a voulu utiliser l’art comme prétexte pour une régénération sociale des lieux, en obtenant 2 victoires : devenir les interlocuteurs des habitants du quartier et avoir permis aux agrigentini de passer par cette zone pour accéder à la Via Atenea ; une réappropriation non seulement en matière urbaine, mais aussi comme lieu sécurisé. Après cette expérience, deux restaurants de cuisine sénégalaise et deux beds and breakfast ont ouvert leur porte dans la zone. La bonne réussite de l’opération a été possible grâce au support précieux de deux associations qui ont collaboré : Artificio, composée d’artistes visuels, de peintres, de sculpteurs et NonSostare créée par des architectes diplômés au Pôle d’Agrigente.

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TABLE 3

QUESTIONS DE DURABILITÉ CULTURELLE ET ENVIRONNEMENTALE Valeria Scavone

Un Parc de la Méditerranée Dans le but de récupérer ou de construire une identité liée à la Vallée, une rencontre spéciale a été organisée en amont du projet explicité dans le cadre du programme interculturel DO.RE.MI.HE., afin de préciser les idées et les orientations, de recueillir des suggestions et de répondre aux diverses exigences. Dans le contexte en question, l’intention de la participation devient un but en soi, afin de consentir de donner la parole aux habitants, de leur donner la possibilité de recouvrer leur contexte de vie, de produire collectivement des idées et des projets (Cellamare, 2011). La participation devrait justement travailler sur le système de rapports et de significations qui se développent parmi les hommes (Arendt, 2005) pour mettre les individus en relation, pour « construire de manière dynamique et interactive des mondes de valeur » (Decandia, 2000, 18). Dans ce cas, l’intention n’était pas d’obtenir ou de construire une approbation, de faire de la publicité ou de promouvoir des choix faits en amont, mais de donner la parole à ceux qui travaillent déjà sur le territoire en obtenant une sorte d’aval de la part de l’administration (présente à la table avec un représentant) dans l’espoir de créer des formes de participation plus structurées, comme la réalisation d’un Urban Center ou d’une maison de la ville, un espace dédié aux rencontres pour la construction des politiques locales. Le Forum, organisé dans le cadre du programme DO.RE.MI.HE., a représenté l’une des rares occasions de voir plusieurs organismes territoriaux et associations, qui travaillent à divers niveaux sur le territoire, réunis autour d’une même table en vue d’imaginer un futur pour la ville et le territoire au départ du site UNESCO.

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Compte tenu de leur spécificité, les travaux dédiés au thème de la culture et de l’environnement ont vu la participation de nombreux sujets désireux de profiter de cette opportunité – promue par l’Université de Palerme – pour se confronter, en rappelant tout d’abord le rôle qu’ils jouent quotidiennement dans ce contexte. Bien qu’ils aient été conviés à y participer, il y a malheureusement lieu de signaler l’absence des opérateurs touristiques. Globalement, il en est ressorti des visions/propositions à macro-échelle et des suggestions opérationnelles à micro-échelle. “Métabolisme territorial” et “perturbation” figurent parmi les motsclés, suggérés par les organisateurs des tables, qui ont sollicité l’intérêt et ont guidé la confrontation avec une sorte de substrat commun : la créativité. Ces suggestions ont été explicitées à travers d’autres concepts : hybridation, formation (avec une référence directe à la question identitaire), planification, conception simultanée. Il est opportun de démarrer l’action de perturbation par cette dernière – la conception simultanée – pour évaluer la nécessité d’un changement sur base d’une “limite”, qui pourrait être l’éboulement ou la construction abusive en général, en la transformant en une ressource pour créer une réelle opportunité d’adopter une attitude positive. Dans ce sens, le rôle que l’art et l’architecture devrait jouer a été rappelé par Domenico Fontana en se référant à la conception et à la réalisation de la passerelle piétonnière au sein du Parc Archéologique de la Vallée, à la suite d’un concours international, et par Roberto Albergoni en se référant à l’activité culturelle et sociale réalisée par le Farm Cultural Park à Favara. D’où l’importance de pratiques et de comportements différents de ceux qui ont été planifiés, imposés en quelque sorte par le haut (à ce niveau, il a été fait allusion au Plan Paysager de la Province d’Agrigente, dont le dossier est en phase de définition). En effet, en tant que symbole de la renaissance sociale et culturelle d’un contexte difficile, Favara devient une entité d’Agrigente, abstraction faite des frontières administratives, au même titre que les ressources constituées notamment par la Scala dei Turchi et la Villa romaine à Realmente. Le métabolisme territorial est donc devenu un élément fondamental de cette nouvelle vision, dans laquelle la Vallée peut se métamorphoser en moteur d’un système plus vaste et riche en ressources archéologiques, bien sûr, mais aussi d’un patrimoine naturel et culturel, matériel et immatériel important.

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A ce propos, l’intervention de Bartoli a été particulièrement importante et avec sa proposition de Biennale1, il a voulu déclencher un débat important sur le futur du territoire afin qu’il devienne “le centre du monde” grâce à la présence simultanée de la culture et de l’art contemporain, qui a par ailleurs suscité l’unanimité parmi les participants, en dehors des modalités de sa création et du rôle joué par la communauté. Transversalement, il est apparu nécessaire d’organiser d’autres confrontations/débats entre entrepreneurs, associations de citoyens, collectivités et administrateurs pour réagir contre la marginalité économique et sociale du territoire, en soulignant la valeur et le rôle de lien que l’Université de Palerme – vu sa neutralité – pourrait jouer (et a déjà joué au cours de ces années), avec la collaboration du Consortium Universitaire de la Province d’Agrigente. Les représentants des Ordres Professionnels, Agronomes, Ingénieurs et Architectes, ont soulevé des questions opérationnelles intéressantes. L’une se référant à la nécessité de protéger les produits agricoles locaux en tant qu’élément identitaire du territoire qui conditionne le paysage agricole. Il est fait allusion au Musée de l’Amande, dont le siège se situe au sein du Parc Archéologique. L’autre a souligné la valeur économique de la culture telle qu’elle a été explicitée grâce au co-working existant au sein du Farm. La suggestion du Président de l’Ordre des Architectes est assez intéressante, car il propose la création d’un incubateur d’idées qui stimulent les jeunes à se confronter, tout en facilitant les relations avec les institutions. Parmi les propositions opérationnelles, il faut signaler – suite aux interventions d’Albergoni, d’Indelicato et de Fontana – l’importance de la mobilité durable pour assurer la liaison entre la Ville et le Parc. L’absence actuelle d’une offre de mobilité intra et extra-urbaine nécessite d’une intervention profonde, et pas seulement à des fins touristiques (à ce niveau, la référence est faite à la ligne touristique Stazione Bassa-Porto Empedocle). La proposition opérationnelle de Fontana, qui peut constituer une réelle perturbation du système, consiste en la nécessité de relier des lieux de production à des lieux de la culture dans la tentative de changer le mode de percevoir le territoire, même au niveau des résidents. La variable identitaire liée au rôle d’Agrigente dans la Méditerranée a été soulignée par certains et, notamment, par Antonio Liotta qui a parlé du Parc Archéologique comme Parc de la Méditerranée qui produit de la culture et, par conséquent, de la formation. Une vision lié

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à la composante multiculturelle d’Agrigente a aussi été souligné par Roberto Albergoni, en termes de positionnement par rapport à l’Europe comme interface au sein de la Méditerranée, notamment grâce à la reconnaissance de l’UNESCO qui consent une visibilité globale qui n’est pas entièrement exploitée. La Sicile doit se défaire de cette image de terre d’émigration afin de devenir une référence en termes culturels de protection du patrimoine, d’exploitation des ressources territoriales, de moteur métabolique. Dans ce sens, la Vallée des Temples, interface avec le continent africain, doit devenir un Parc multiculturel de la Méditerranée, non seulement pour les touristes, mais aussi pour la communauté qui pourra « réélaborer ses composants générateurs d’opportunité » (Carta, 2004, 24). La vision du Parc Archéologique proposé par Daniele Gucciardo prévoit donc un organisme métabolique à planifier pas seulement à coups de contraintes. En effet, le rôle des urbanistes (mais pas seulement), doit être celui de planifier de manière créative cette “ville de mémoire” pour surpasser « le conflit entre la conservation, l’innovation et la transformation (et de tisser un) système complexe de relations » (Carta, 2004, 26).

Notes 1. Pour des approfondissements sur ce thème, voir le document écrit, joint au rapport d’Andrea Bartoli (p. 177). Bibliographie Arendt A. (2005), Vita activa. La condizione umana, Bompiani, Milano (ed. orig. : The human condition, University of Chicago Press, Chicago, 1958). Carta M. (2004), Next city: culture city, Meltemi, Roma. Cellamare C. (2011), Progettualità dell’agire urbano. Processi e pratiche urbane, Carocci Editore, Roma.

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DISCUSSANT Valeria Scavone RAPPORTEUR Francesca Montagna STAKEHOLDERS Tommaso Guagliardo (Museo Archeologico Regionale “Pietro Griffo”, Agrigento); Andrea Bartoli (Farm Cultural Park, Favara) ; Germano Boccadutri (Presidente dell’Ordine dei Dottori Agronomi e Forestali della Prov. di Agrigento) ; Massimo Trapani (Presidente dell’Ordine degli Architetti P.P.C. della Prov. di Agrigento) ; Epifanio Bellini (Ordine degli Ingegneri della Prov. di Agrigento) ; Antonio Liotta (Presidente della Coop. Farmidabile) ; Mauro Indelicato (Vicepresidente Ferrovie Kaos) ; Bernardo Barone (Liceo Linguistico “Leonardo” e Parco Letterario “Luigi Pirandello”) ; Vittorio Nocera (FAI, Agrigento) ; Daniele Gucciardo (Legambiente Agrigento) ; Domenico Fontana (Legambiente Sicilia, Assessore all’ambiente del comune di Agrigento) ; Roberto Albergoni (Segretario generale HERIMED, Rappresentante dell’Università di Tunisi per il progetto DO.RE.MI.HE.).

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REPORT TABLE 3 par

Francesca Montagna

La discussant Prof. Valeria Scavone présente tous les participants à la table ronde et entame le débat culturel en posant une première question, sur base du document fourni à tous les participants. Quelles actions et quelles propositions pour le futur pourraient ressortir de cette table en matière d’identité et de multisectorialité ? Quelles sont les actions de perturbation susceptibles de contribuer à la transformation de ce territoire en un organisme vivant ? Andrea Bartoli. Farm Cultural Park. Il faudrait miser sur le paradigme du patrimoine et de la créativité, ajouter ce type de concept au territoire. Au sein de quelle Agrigente voulons-nous vivre en 2025 ? La réponse pourrait être donnée par le biais d’une suggestion, à savoir vivre dans 10 ans au sein d’un territoire qui sera devenu le centre culturel du monde, où l’on discute des problèmes et des thèmes principaux de la planète. Ce concept ambitieux se réfère aux jardins de la Biennale de Venise (idée à calquer) où la culture et l’art contemporain se rencontrent et sont en grade de changer les territoires pour toujours. Il est nécessaire d’impliquer massivement les pays étrangers, afin que la réalisation de pavillons constitue un point d’échange d’idées. Ainsi, il sera possible de reconstruire la centralité d’Agrigente, redonner un rôle important à la cité pour changer le cours des choses au niveau local et mondial. Germano Boccadutri. Je suis Presidente de l’Ordre des agronomes. Nous sommes également convaincus qu’il faudrait prendre en considération une dimension culturelle et de développement sans frontières, travailler sur la coopération (en se référant à l’histoire de l’Odyssée dans la Méditerranée). Les points du Dossier faisant principalement l’unanimité sont ceux relatifs à l’identité liée au territoire (c’est-à-dire la Vallée des Temples) en le mettant en valeur comme c’est déjà le cas pour le système agricole lié aussi bien à la production/filière agro-alimentaire, qu’au développement économique et social en termes de “culture de l’aliment”. Le paysage agricole doit être associé au thème des biens immatériels, pour préserver la culture du passé à projeter dans les visions du futur. Valeria Scavone. De quelle manière pourrait-on agir sur le territoire vaste/étendu des paysages marginaux ? Germano Boccadutri. Il faudra agir en se penchant sur ces territoires délaissés, en associant la possibilité de réévaluer l’ancien système de savoirs et de techniques agricoles, désormais abandonné, à la logique des affaires.

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Roberto Albergoni. En ce qui concerne la protection du paysage agricole et la présence du Musée Vivant de l’Amande à l’intérieur du Parc, comment associer la logique de musée avec la logique de la production ? Germano Boccadutri. Le “Musée vivant de l’amande” est un élément fondamental, il ne s’agit pas d’une muséification, mais de la conservation du patrimoine qui préserve les odeurs, les saveurs et les savoirs d’antan. Il faut retourner à une agriculture de qualité que l’on était en train de perdre (concrètement, il serait opportun de travailler sur la diffusion de greffes pour la culture d’espèces traditionnelles du passé). La logique à l’intérieur du Parc, est celle d’associer le système économique à l’aliment, pour la réalisation de produits de niche et d’excellence à valoriser et à préserver. Roberto Albergoni. Il faudra travailler au sein du Parc, mais pas seulement. Une série d’aliments et d’actions seront produits qui devront dépasser les frontières administratives. Il n’est plus question de “contraintes”, mais de messages qui doivent être transmis. Massimo Trapani. L’Ordre des Architectes propose aussi une présence professionnelle plus importante sur le territoire en favorisant son remodelage (tout en évitant une superposition et/ou un conflit de compétences). Il faudra travailler sur le thème de la transformation du paysage à partir des instruments de planification comme le Plan d’Aménagement Paysager. Concrètement, l’Ordre demande la réalisation d’un “incubateur d’idées” qui rassemble les demandes de la société civile et joue le rôle d’intermédiaire au niveau des rapports avec les institutions. Il faut donner une plus grande importance à la concertation. Epifanio Bellini. Les propositions de l’Ordre des Ingénieurs vont dans le même sens que celles de l’Ordre des architectes, en misant sur l’accentuation de l’organisation de rencontres plus fréquentes entre les entrepreneurs, les associations et les organismes publics. Le coworking pourrait représenter un bon point de départ, à l’instar de l’expérience des “Sette cortili” poursuivie par le Farm Cultural Park. Ces références démontrent que le système des biens des villes peut être mis à la disposition des citoyens et accroître le processus d’osmose. Dans le futur, il faudra travailler dans une logique de réduction de l’exploitation du sol et de recyclage du patrimoine immobilier existant, en focalisant l’attention sur le centre historique et sur la mise en valeur d’espaces socialement utiles. L’idée du métabolisme urbain et territorial proposé par le projet DO.RE. MI.HE., est largement partagée. Antonio Liotta. (Maison d’édition Medinova). Les thèmes que nous partageons concernent le concept d’organisme métabolique et d’harmonie qui sont susceptibles d’influencer positivement le territoire “vivant”. L’utilisation de la communication (qui ne peut pas être l’apanage exclusif d’une maison d’édition) débouche ensuite sur l’information et la formation, sur le développement des projets. Il faudra travailler sur les ressources littéraires et identitaires (en se référant aux écrivains du passé, mais aussi contemporains qui ont habité sur nos territoires et qui les ont décrits). Une idée pourrait être la création d’une “route des écrivains” comme base à partir de laquelle créer une série d’intégrations sur le thème de la Méditerranée. La maison d’édition possède déjà à son actif une collection dédiée à la publication d’auteurs du bassin méditerranéen, où la circularité des idées favorise l’intégration culturelle. Le Parc doit devenir un patrimoine réel de l’humanité, où tous les pays peuvent se rencontrer et possèdent un espace, même de type matériel, un Parc de la Méditerranée qui valorise ses confins et qui crée un réseau en matière de

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projet culturel (“information” qui devient “formation”). En tant que maison d’édition, Medinova est ouverte à d’éventuelles collaborations pour des publications à ce sujet. Mauro Indelicato. Notre association Ferrovie Kaos a toujours travaillé pour favoriser la mobilité durable et propose une liaison, en termes de mobilité durable, entre le centre historique et la zone industrielle, en réutilisant une voie de l’ancienne ligne ferroviaire Castelvetrano-Porto Empedocle et en rétablissant aussi le tronçon Agrigente-Favara (à voie étroite), en travaillant sur base des mots-clés mobilité/culture/territoire. Bernardo Barone. Le Lycée scientifique et linguistique “Leonardo” et Parc littéraire “Luigi Pirandello, que je représente, propose un travail basé sur le thème de l’identité et de la culture, en utilisant le train historique déjà en fonction dans la Vallée des Temples, en prolongeant le Parcours et en introduisant un arrêt à la maison de Pirandello dans le quartier Kaos. L’idée est celle de requalifier la gare et d’impliquer les écoles. Le Lycée Scientifique et Lycée Linguistique pourraient exercer une activité de surveillance et de point d’information, en se rattachant au travail déjà en cours de la part des institutions, aussi bien de type cognitif (en éduquant les enfants sur la connaissance du territoire) que conceptuel (en favorisant des occasions d’animation/guide touristique multilingue) à considérer comme un service fourni vis-à-vis des lieux et comme un instrument d’auto-évaluation vis-à-vis de leurs étudiants. Valeria Scavone. De quelle manière le Parc Littéraire dialogue-t-il avec le Parc Archéologique ? Bernardo Barone. A travers la collaboration avec les étudiants de l’Université du territoire, en les aidant dans la rédaction de leurs mémoires. Il s’agit d’un rapport destiné à se renforcer. Le Parc Littéraire pourrait apporter sa contribution au niveau de l’animation sociale et de la créativité de la Vallée. Le territoire doit être animé grâce à l’organisation de grands événements, mais aussi au moyen de projets durables comme les “voyages sentimentaux”, l’objectif est de construire une ville/théâtre au sein de laquelle le Parc Littéraire et le Parc Archéologique devront être synchronisés et communiqueront directement entre eux. Un autre objectif pourrait être celui de faire de la “formation” sur le territoire local et coopérer avec le réseau des Parcs littéraires de Sicile. Vittorio Nocera. Les actions du document qui pourraient intéresser le travail du FAI concernent le thème de la perturbation, à ne pas confondre avec une rupture, mais à considérer plutôt comme une construction du territoire. On pourrait réaliser un nouvel accès au Parc en partant du jardin de Kolymbetra, en s’appuyant sur le système d’actions entre FAI et Legambiente qui démontrent la faisabilité du changement (démolition d’écomonstres et d’ouvrages construits de manière illégale). On pourrait aussi travailler sur le centre historique, en se référant au lieu préféré du FAI le plus voté, à savoir la cathédrale d’Agrigente, en repartant des jeunes et de leur formation comme instrument de retour dans le passé dans une optique de régénération et de perturbation. L’Université pourrait jouer un rôle d’intermédiaire entre la société et les institutions et actuellement, quelques stages universitaires se déroulent à Kolymbetra. Daniele Gucciardo. (Legambiente Agrigente). L’idée est celle de transformer la Vallée en organisme métabolique, en essayant d’imaginer une planification visant la création d’un territoire vivant, en surpassant le problème des contraintes. Il faudra travailler pour établir un dialogue, une vision tous azimuts, faite de différentes sensibilités qui se confrontent en surpassant les limites de la planification, du projet et de la citoyenneté (de

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l’utilisation incorrecte des lieux et des territoires). Il est nécessaire de comprendre que les habitants, et pas seulement les touristes, vivent la Vallée. Domenico Fontana. Directeur Régional de Legambiente Sicilia et Conseiller de l’Environnement de la Commune d’Agrigente. Parmi les propositions du document, le focus du projet devrait se référer au thème de la “perturbation” et au rôle que l’architecture contemporaine de qualité (il est fait allusion à la passerelle piétonnière du Parc qui doit être considérée comme un “petite œuvre d’architecture contemporaine”) pourrait jouer pour la première fois à l’intérieur du Parc, capable de se greffer sur un territoire fragile et de promouvoir une œuvre de “perturbation involontaire”. Aujourd’hui, la contemporanéité a la capacité de défier le passé (référence au Farm) et de générer de la vitalité. La réhabilitation des “sette cortili” à Favara et d’autres formes de perturbation proposent une rupture intelligente de l’équilibre territorial qui produit une nouvelle identité, qui fait cruellement défaut au territoire d’Agrigente à cause de la faillite produite par la spéculation immobilière qui a provoqué la perte d’identité et l’absence de lien avec l’histoire. La mobilité durable faite de connexions entre le Parc et la ville pourrait être un autre phénomène perturbant en reliant les lieux de production aux lieux de la culture, en permettant de transformer la manière de percevoir le territoire de la part des habitants et des touristes (production culturelle). Ce territoire aura un futur uniquement s’il choisira de s’ouvrir aussi sur la Méditerranée, en créant un système/réseau de culture entre ses côtes. Agrigente doit redevenir l’Akragas qui, il y a 2.600 ans, se mesurait avec Carthage et toute l’Afrique du Nord : voilà une idée ambitieuse qui pourrait se traduire en projet. Instituer un réseau entre les institutions, les experts du secteur et les citoyens, en mesure de générer un sens d’appartenance aux lieux et à la Méditerranée toute entière. Roberto Albergoni. Le rapport entre le patrimoine et la créativité est souvent escompté, en pensant que l’existence d’un patrimoine important et médiatique soit la seule base nécessaire au développement. En réalité, en Italie, il manque encore l’élément créatif et l’attention au processus politique (entendu comme étant les bonnes pratiques nécessaires au changement d’une vision des choses bien déterminée). Comment transformer l’héritage que nous avons reçu (qui a lui-même été une contrainte à la créativité) ? Comment franchir la limite du patrimoine figé en “ressource” qui génère de la créativité ? En partant de l’identité, il faudra miser sur les écoles en se penchant sur le problème d’une identité européenne qui devra tenir compte de la Méditerranée et travailler sur une logique d’identité multiple. Aujourd’hui, la Sicile est le centre de la Méditerranée, car elle est devenue un point de référence pour les flux migratoires. Par contre, elle pourrait jouer un rôle important en matière de culture et d’identité. Il faudra comprendre si, dans la construction d’une vision métabolique, Agrigente et son Université voudront s’imposer comme référence de ce qui se passe dans la Méditerranée (voir le cas de Palmyre) en termes de protection du patrimoine, d’exploitation des ressources territoriales, de moteur pour entreprendre de nouvelles actions. Le thème est le “positionnement sur le marché” d’Agrigente par rapport à la Méditerranée et à l’Europe, en valorisant les ressources qu’elle possède, comme la reconnaissance de l’UNESCO, et en tâchant de comprendre comment profiter de la visibilité acquise. L’implication de l’Université devra passer par la concertation et par le dialogue entre les différents sujets et, grâce à sa neutralité, elle pourra jouer un rôle important de support au dialogue. Un autre problème d’Agrigente est constitué par l’absence de mobilité intra et extra-urbaine et par le manque d’une cartographie précise des ressources et des expériences concrètes présentes sur le territoire.

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LA VALLÉE DES TEMPLES D’AGRIGENTE COMME LES JARDINS DE LA BIENNALE DE VENISE Andrea Bartoli

Histoire Il est probable que peu de personnes se rappellent ou connaissent l’histoire de Riccardo Selvatico. Né à Venise en 1849, ce fut un intellectuel, poète et dramaturge bien connu à son époque. A la fin du XIXe siècle, il devint maire de Venise et une de ses initiatives marquera à jamais l’histoire de sa ville. Lors de sa réunion du 19 avril 1893, le conseil municipal de Venise qu’il préside, décide d’organiser une exposition artistique nationale qui aura lieu tous les deux ans et qui sera inaugurée le 22 avril 1894. Cette initiative est à la base de la création d’une prestigieuse institution qui contribue, aujourd’hui encore, à faire de Venise l’une des principales villes de culture au monde. Dès le début, Selvatico et consorts, décidèrent que cette initiative devait avoir une dimension internationale, c’est ainsi qu’ils invitèrent les gouvernements étrangers à construire des pavillons sur le terrain des “Giardini”, sur base de projets des architectes les plus connus du XIXe siècle. Le premier pavillon étranger, celui de la Belgique, fut bâti en 1907 ; la huitième Biennale de 1909 s’enrichit de trois nouveaux pavillons étrangers. Le pavillon de la Grande-Bretagne, qui fut construit en utilisant un bâtiment déjà existant, le pavillon de l’Allemagne, édifié à côté de l’anglais sur la butte des jardins, et le pavillon de la Hongrie. Les pavillons de la France et de la Suède furent bâtis en 1912, tous deux projetés et construits directement par la Biennale. Aujourd’hui, les jardins dénombrent 29 pavillons : le pavillon de la Belgique de Léon Sneyens, 1907 ; restauré par Virgilio Vallot, 1948 ; le pavillon de la Hongrie de Géza Rintel Maróti, 1909 ; restauré par Benkhard Agost, 1958 ; le pavillon de l’Allemagne de Daniele Donghi, 1909, démoli et reconstruit en 1938 par Ernst Haiger ; le pavillon de

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la Grande-Bretagne d’Edwin Alfred Rickards, 1909 ; Le pavillon de la France d’Umberto Bellotto, 1912 ; le pavillon des Pays-Bas de Gustav Ferdinand Boberg, 1912, démoli et reconstruit en 1953 par Gerrit Thomas Rietveld ; le pavillon de la Russie, d’Aleksej Scusev V., 1914 ; le pavillon de l’Espagne, de Javier De Luque, 1922, dont la façade a été rénovée en 1952 par Joaquin Vaquero Palacios ; le pavillon de la République Tchèque et République de Slovaquie d’Otakar Novotny, 1926, annexé et reconstruit par Boguslav Rychlinch, 1970 ; le pavillon des Etats-Unis d’Amérique de Chester Holmes Aldrich et de William Adams Delano, 1930 ; le pavillon du Danemark de Carl Brummer, 1932, agrandi en 1958 par Peter Koch ; le pavillon de Venise de Brenno Del Giudice, 1932, agrandi en 1938 ; ce pavillon est la grande structure architectonique qui accueille les participations de plusieurs nations (Serbie, Egypte, Pologne et Roumanie). En 2011, il a été rouvert au public, après la restauration de l’exèdre centrale construite en 1932 ; le pavillon de l’Autriche de Josef Hoffmann avec la collaboration de Robert Kramreiter, 1934 ; restauré par Hans Hollein, 1984 ; le pavillon de la Grèce de M. Papandréou et de Brenno Del Giudice, 1934 ; la billetterie, de Carlo Scarpa, 1951 ; le pavillon d’Israël de Zeev Rechter, 1952 ; modifié par Fredrik Fogh, 1966 ; le pavillon de la Suisse de Bruno Giacometti, 1952; le pavillon du Venezuela de Carlo Scarpa, 1954 ; le pavillon du Japon de Takamasa Yoshizaka, 1956 ; le pavillon de la Finlande d’Alvar Aalto, 1956 ; restauré par Fredrik Fogh avec la collaboration d’Elsa Makiniemi, 1976-1982 ; le pavillon du Canada, du cabinet BBPR (Gian Luigi Banfi, Ludovico Barbiano di Belgiojoso, Enrico Peressutti, Ernesto Nathan Rogers), 1958 ; le pavillon de l’Uruguay, ex-entrepôt de la Biennale, 1958, attribué au gouvernement de l’Uruguay, 1960 ; le pavillon des pays nordiques (Suède, Norvège, Finlande) di Sverre Fehn, 1962 ; à côté, se trouve un petit édifice de Fredrik Fogh, 1987 ; le pavillon du Brésil d’Amerigo Marchesin, 1964 ; le pavillon de l’Australie de Philip Cox, 1987 ; le pavillon du livre di James Stirling, 1991 ; le pavillon de la Corée de Seok Chul Kim et de Franco Mancuso, 1995. Les pays n’ayant pas de pavillon aux jardins se répartissent dans le reste du centre historique de Venise. Aujourd’hui, au-delà de l’exposition d’art contemporain de la Biennale de Venise, la Fondation organise aussi d’autres expositions multidisciplinaires créées plus récemment et qui touchent les secteurs suivants : • Art – Exposition internationale d’art de Venise, souvent appelée simplement la Biennale de Venise, organisée pour la première fois en 1895 ; • Musique - Festival international de musique contemporaine, fondé

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en 1930, qui fut le premier événement organisé par la Biennale en dehors de l’exposition d’art qui l’avait caractérisée depuis ses origines ; • Cinéma – Festival international du film de Venise, né en 1932, il s’agit du festival du cinéma le plus ancien au monde ; • Théâtre - Festival international du théâtre, organisé pour la première fois en 1934 comme troisième événement organisé parallèlement à la Biennale d’art ; • Architecture – Exposition internationale d’architecture de Venise, instituée en 1980 ; • Danse - Festival international de danse contemporaine, institué en 1999. Le nom de “Biennale” dérive du fait que ses événements sont organisés tous les deux ans (à l’exception de la Mostra de Venise, organisée chaque année depuis sa création en 1932). Grâce à la Biennale de Venise, dans le secteur culturel, le terme italien “biennale” (l’idiome national est utilisé pratiquement partout dans le monde) a acquis une signification plus ample et est devenu, par antonomase, synonyme de grand événement international récurent, abstraction faite de la cadence. Tant la Biennale internationale d’art que le festival international du film, sont les plus anciens événements de ce genre existant encore à l’heure actuelle. Évaluations territoriales Nous avons la chance de vivre dans une ville qui abrite la Vallée des Temples, un Parc Archéologique qui conserve un patrimoine extraordinaire en termes de monuments et de paysages qui comprend les ruines de l’antique cité d’Akragas, déclarée “patrimoine mondial de l’humanité” par l’UNESCO en 1997. Le Parc est très vaste, environ 1.300 hectares (alors que les jardins de la Biennale de Venise ne font que 6 hectares) et d’après mes modestes connaissances, il est subdivisé en trois zones : une zone archéologique, une zone environnementale et paysagère et une zone naturelle aménagée. Vu la complexité de la gestion d’une étendue aussi vaste, l’Autorité du Parc a émis, à plusieurs reprises, des appels à manifestation d’intérêt en vue d’attribuer des concessions pour gérer les terrains agricoles domaniaux du Parc. Proposition de concept Après avoir raconté l’histoire de la Biennale de Venise et de ses Jardins

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et résumé quelques aspects notoires du Parc de la Vallée des Temples, je voudrais me pencher sur quelques points avant de présenter publiquement un nouveau concept. La première considération à faire (banale et nécessaire à la fois), est qu’une fondation comme la Biennale de Venise, avec la masse d’activités culturelles produite pendant toute l’année, grâce aux divers événements culturels multidisciplinaires qu’elle organise (art, musique, cinéma, théâtre, architecture et danse) attire chaque année à Venise des millions de visiteurs avec l’impact économique qui s’ensuit sur la ville. La deuxième réflexion revêt un caractère typiquement politique. Nous avons dit que les Jardins de la Biennale de Venise accueillent 29 pavillons de pays du monde qui sont animés plusieurs fois par an par des initiatives culturelles promues par les Ministères Culturels des pays en question. Cela signifie que les plus importants représentants culturels de tous les pays du monde fréquentent Venise plusieurs fois par an, ainsi que les administrateurs de Venise et les opérateurs culturels de notre Pays. Il est évident que tout cela revêt une grande importance au niveau politique nationale et internationale. Quelle centralité la ville d’Agrigente aurait-elle au niveau national et international si elle était impliquée dans un processus d’une telle portée ? Cependant, l’aspect qui me tient le plus à cœur, est celui culturel et social. Les cinq premières années du Farm Cultural Park nous ont permis de tester – bien évidemment sur petite échelle – l’importance des politiques culturelles pour une ville. L’expérience du Farm exprime sa valeur grâce à la “dimension de possibilité” qu’elle a transmise, non seulement à Favara qui connaît à présent une effervescence culturelle et un phénomène de micro-entrepreneuriat très important, en tendance opposée à l’immobilisme général, mais aussi en dehors de Favara grâce au projet Boom-Polmoni Urbani intelligemment et généreusement promu par les porte-parole de l’ARS du M5S*. La présence permanente de créateurs, d’opérateurs culturels, d’intellectuels, d’étudiants, de journalistes, de touristes et de visiteurs provenant du monde entier, et leur interaction avec nos concitoyens nous permet d’évoluer et de devenir plus tolérants, respectueux et engagés socialement. Il s’agit certainement là de l’aspect le plus important. Voici donc ma proposition. Calquer l’expérience des Jardins de la Biennale de Venise, en offrant aux nations du monde des Parcelles de terrain du Parc (pas à l’intérieur de la zone archéologique, mais dans la zone environnementale

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et paysagère et dans la zone naturelle aménagée) sur lesquelles elles pourront construire leurs pavillons, en programmant une première grande “Biennale du Bon Sens” à l’occasion de laquelle il serait bien d’inviter les plus importants changemakers du monde afin de trouver des solutions praticables en vue de vaincre et d’éliminer toutes les infamies, les disparités et l’hypocrisie qui affligent la planète et proposer aux différentes organisations mondiales préconstituées des solutions efficaces pour améliorer le monde où nous vivons. Voulez-vous savoir pourquoi je voudrais que tout cela arrive ? Pour changer l’histoire, redresser la tête et recommencer tout du début. Pour que la ville qui abrite la Vallée des Temples et la Scala dei Turchi, qui se trouve à la dernière place du classement italien sur la qualité de la vie en 2014, puisse passer en première place en 2020.

Le document est tiré d’une lettre ouverte écrite le 24 juin 2015 par Andrea Bartoli au maire de la commune d’Agrigente, Lillo Firetto, au Conseiller chargé de la culture, Beniamino Biondi, au Directeur du Parc de la Vallée des Temples, Giuseppe Parello et à la Commissaire générale aux biens culturels, Caterina Greco, ainsi qu’aux citoyens d’Agrigente et de la Province d’Agrigente. * ARS, Assemblea Regionale Siciliana; M5S, Movimento Cinque Stelle.

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CONCEPTS NOUVELLES VISIONS POUR LA VALLÉE DES TEMPLES


N’importe quoi tu puisse faire, ou rêver de le faire, fais-le. Le courage a du génie, du pouvoir et de la magie en soi-même. Là il faut que tu commences. Johann Wolfgang Goethe

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LE DIVIDENDE CULTUREL DANS LA SOCIÉTÉ DE LA CONNAISSANCE MAURIZIO CARTA

Knowledge Land : le territoire dans la transition culturelle En Europe, les villes et les territoires sont en transition non seulement vers une économie décarbonisée et circulaire, mais aussi vers une société fondée sur la connaissance et sur l’interaction d’information, d’innovation, d’éducation et de recherche. La métamorphose vers des formes plus écologiques et collaboratives des villes européennes prétend que le système culturel soit plus ouvert, dialogique et relié pour agir comme propulseur de développement durable, d’attractivité touristique et de régénération urbaine, en mesure d’activer de la créativité et de l’innovation, de partager la connaissance et l’intelligence, de générer un nouveau métabolisme circulaire et durable à partir du patrimoine culturel matériel et immatériel. Nous sommes de plus en plus plongés dans la Société de la Connaissance et nous vivons dans un véritable Knowledge Land, un organisme vivant et vibrant, dans lequel la culture, la communication, la ville et les territoires s’échangent, de manière osmotique, des lieux et des services, des données et des informations, des ressources économiques locales et globales, entourés d’un écosystème de capteurs et d’actionneurs sociaux, dans un métabolisme humain et urbain permanent (Berg et al., 2005). Gouverner la transition culturelle, nous oblige à passer d’un territoire créatif à un territoire générateur et producteur, dont les protagonistes sont les maker et les fablab, les fermes urbaines et les innovateurs sociaux, les startup et les smart citizen, les co-worker et les sharing community, l’open source urbanism et les civic hacker. Il s’agit là de nouveaux acteurs de l’urbanisme, de la politique et de la société, mais surtout, de nouveaux producteurs dans la quatrième révolution industrielle où nous sommes entrés. Les politiques urbaines alimentées par le paradigme du DIT (Do It Together) qui, à travers les stratégies urbanistiques, transforment la ville en un lieu composé non seulement par des citoyens qui demandent, mais de plus en plus souvent par des citoyens qui répondent, qui agissent et qui produisent. Dans la transition culturelle et numérique, les villes

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contemporaines deviennent des open source, car les citoyens redeviennent des coproducteurs de leurs contenus, en contribuant à l’écriture et à la réécriture du “code” urbanistique, culturel et social et surtout en le rendant plus accessible aux différentes sensibilités et aux différents langages qui peuplent à présent les villes. Et il ne s’agit plus uniquement de la production traditionnelle de biens et de services à introduire dans le commerce, car les citoyens collaborent de plus en plus souvent à la créativité et l’entreprenariat urbain, à la durabilité écologique et à l’efficience énergétique. Ils deviennent agriculteurs pour animer à nouveau des parties de la ville désaffectées à travers les potagers urbains, ils deviennent des travailleurs de la connaissance à travers les ateliers ou les incubateurs d’idées, ou bien ils réalisent des événements cultures à travers le crowdfunding, ou bien ils gèrent des théâtres occupés en les dirigeant comme une institution et pas seulement comme une réaction à l’abandon. Les nouveaux citizen-maker sont souvent une réponse que les communautés donnent aux besoins des personnes plus âgées, des nouveaux citoyens, des enfants et, en général, de tous ceux qui ne peuvent pas se permettre d’accéder au marché ou aux services. Les citoyens-artisans deviennent les amplificateurs des nouvelles sensibilités vis-à-vis de la qualité du paysage, de l’environnement et de l’économie d’énergie, en renouvelant le rôle traditionnel de l’associationnisme, en ne se limitant plus à indiquer le problème, mais en devenant une partie de la solution et en le prenant en charge de manière active et responsable (Carta, 2013b). Aujourd’hui, les urban maker n’adoptent pas seulement des parties de ville, mais deviennent les générateurs de nouveaux espaces publics, en adoptant des styles de vie et des comportements plus adaptatifs et résilients et en adoptant des modèles de consommation écosolidaire. Ce sont eux qui réaniment les espaces inutilisés que les administrations ne parviennent pas à réétudier et à réutiliser, en les restaurant, en les recyclant, en les réutilisant et en les ouvrant aux communautés urbaines créatives. Ce sont les bricoleurs d’une ville qui accompagnent de plus en plus souvent les stratégies de développement et de maintenance (New Urban Mechanics à Boston est une des expériences les plus intéressantes), de réparation et de recyclage (Carta, 2013a). Ils remettent en fonction des bâtiments industriels, de vieilles gares ou des casernes désaffectées afin qu’ils redeviennent des lieux de production – mais culturelle – et ils animent à nouveaux des espaces publics en leur restituant la valeur de lieux de communauté, de vecteurs de connaissance partagée. Dans la Knowledge Land, la ville créative anime et alimente sa fonction de commutatrice territoriale en interceptant les énergies des flux – de personnes et de know-how, de services et de biens – qui traversent la planète en les transformant en ressources locales. Le renforcement de la fonction commutative des villes doit avoir lieu de plus en plus souvent à travers la

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stipulation de pactes, d’accords stratégiques et de processus de co-planification en mesure de faire interagir les différentes ressources identitaires, cognitives et créatives, en reliant l’économie des flux avec la nouvelle productivité des districts, en interceptant le dynamisme de la nouvelle manufacture avec le protagonisme des makers. Le territoire de la transition culturelle doit garantir l’équilibre entre la conservation de l’identité et la promotion de l’innovation à travers l’utilisation de plan d’interprétation et de plans structurels sachant caractériser la compétitivité avec un mélange savant d’invariant et de facteur conditionnant en mesure d’alimenter un projet urbain non seulement efficace en matière de régénération socio-économique et de qualité de l’architecture, mais surtout en empathie avec le palimpseste historique et avec la richesse du capital culturel. Finalement, le dernier pilier du projet du Knowledge Land requiert que les transformations aient lieu en alimentant la coopération entre les vecteurs culturels, en intégrant les différentes communautés sociales dans les processus de mise en valeur stratégiques et coopératifs, en mesure de rassembler les optiques et les secteurs d’intervention habituellement séparés. La Knowledge Land deviendra un scénario efficace du futur à condition qu’elle soit composée de systèmes urbains et rurbains qui sont des moteurs de compétitivité et des agrégateurs d’intelligence, des générateurs de créativité, des incubateurs d’innovation et des stimulateurs de communauté. Sinon, ils risquent de ne devenir que des “cimetières de machines obsolètes” comme le craignait Saskia Sassen (2011), en suggérant comme antidote d’accomplir des actions de hacker dans la ville, afin de faciliter son évolution à travers un système d’actions informelles accomplies par ses habitants qui, en faisant sauter les verrous des protocoles rigides de protection produits par une planification excessivement réglementée, aident la ville à absorber la contribution créatrice et la force propulsive de l’intelligence collective. La Knowledge Land n’est pas seulement habité par des villes plus intelligentes qui diffusent la connaissance, mais il s’agit d’un réseau interconnecté de villes plus savantes, plus égales et plus justes qui innovent profondément leurs sources de connaissance, leurs capacités dialogiques, leurs dynamiques de développement et qui revoient leur modèle d’habitat : nous pourrions dire des villes plus “ingénieuses”. La Knowledge City, comme super-phénomène urbain, est une ville capable de se transformer de ville réactive, par rapport aux demandes de ses habitant, à ville proactive, en fonction de leur implication, en se basant sur l’utilisation efficace d’un flux d’information meilleur et plus ample, en concourant ainsi à devenir un facteur de promotion de la société de la connaissance. Il s’agit d’une ville qui investit sur les citoyens – hommes et femmes avant de parler de capital humain – en renforçant leur capacité de reconstituer le capital social, en consolidant les processus de participation, en étendant l’instruction et en

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diffusant la culture à travers l’expansion d’infrastructures pour les nouvelles communications mobiles. Une ville qui innove le software et pas seulement le hardware, pour garantir une qualité de vie élevée à tous les citoyens et pour réaliser une gestion responsable des ressources à travers une gouvernance réellement basée sur une dimension coopératrice. Cependant, il ne suffit pas que les villes augmentent leur intelligence infrastructurelle, mais elles doivent concourir à augmenter le taux d’intelligence collective. Une ville intelligente et ingénieuse qui se veut solidaire doit soutenir, à travers le cloud communiting, les comportements vertueux par le bas en donnant de la visibilité aux avantages individuels et collectifs de l’open urbanism. La smartness urbaine, ne doit donc pas être un adjectif qui s’applique à des modalités traditionnelles de gestion et de conception des villes, mais doit être un défi visant à extraire l’intelligence tacite et générer une nouvelle connaissance, de la créativité et de l’innovation (Carta, 2015). De nombreuses analyses et des ranking internationaux nous démontrent que la qualité de la vie dans les villes moyennes est de plus en plus basée sur les politiques culture-oriented qui mettent en valeur l’identité et le patrimoine culturel à travers les processus d’internationalisation ou en s’équipant de creative hub pour attirer – tout d’abord – les personnes, puis les économies (Institute for Metropolitan and International Development Studies, 2006). Nous sommes convaincus que les Knowledge Cities représentent aujourd’hui, l’intégrateur le plus puissant des politiques européennes contenues dans le Digital Agenda et dans la stratégie Europe 2050 pour générer des villes non plus debit-based et consumer-oriented, mais basées sur un nouveau pacte social collaboratif et créatif. Elles possèdent les bases constitutionnelles du code génétique d’un nouvel organisme urbain en mesure de réétudier le développement et de faciliter l’explosion créative, à condition qu’elles sachent focaliser une vision collective au moyen de stratégies qui augmentent la masse critique, même sur le plan culturel et communicatif et qu’elles soient en mesure d’orienter les initiatives fondées sur la smartness dans le cadre d’un projet d’envergure européenne qui redémarre à partir d’un nouveau pacte culturel pour les villes. Tout ceci redevient le territoire dans la transition culturelle : implantations humaines faites pas seulement d’habitants qui demandent, mais de plus en plus souvent de communautés qui répondent. Un territoire non seulement plus créatif, mais plus réactif. Un territoire qui n’est pas fait de consommateurs de produits qui sont réalisés ailleurs, mais généré par le retour des producteurs pour l’autoconsommation ou pour la consommation d’autres villes dans une optique métropolitaine ou globale. Un territoire fait non seulement de surveillants, mais de censeurs, pas de citoyens réactifs, mas d’acteurs proactifs. L’importance sociale et économique du patrimoine culturel doit changer dans la transition culturelle en reliant les politiques culturelles avec les poli-

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tiques de développement humain. Il est donc nécessaire que le capital culturel, composé du capital fixe patrimoniale et du capital social, rentre de manière structurelle dans la bourse du développement humain, en distribuant de manière étendue et égale, le dividende qu’elle est en mesure de générer en distribuant les effets de la dimension culturelle du développement dans la quotidienneté de la vie des communautés. Nous devons donc générer un véritable “dividende culturel” des politiques de conservation et de mise en valeur du patrimoine archéologique, architectonique, historique, artistique et paysager, une nouvelle monnaie d’échange – réelle et non virtuelle – dans l’économie de la transition culturelle, ainsi qu’un instrument d’égalité culturelle en mesure de rentrer avec autorité sur le marché de la négociation des intérêts, en redéfinissant des priorités et des trajectoires de développement, en agissant sur le domaine des intérêts collectifs et dans le domaine des biens communs. Un territoire peut réaliser le dividende culturel en focalisant un investissement initial, aussi bien en matière de financements que de ressources humaines. Ensuite, il est nécessaire qu’il y ait de l’innovation pour résoudre les vulnérabilités connues, mais aussi pour identifier rapidement les variables inconnues. Et, comme nous l’avons déjà dit, un partenariat avec le secteur privé et la société civile est également nécessaire pour activer une plus grande gamme de financements pour les nouvelles politiques, les infrastructures culturelles et les nouveaux projets. Enfin, mais il n’est pas moins importante, de repenser au système éducatif et de la recherche afin qu’il soit l’amplificateur nécessaire du dividende culturel – en Sicile dans le contexte Méditerranée – grâce à la création d’un nouveau système qui intègre formation et recherche et qui soit capable de relier les différents habilitées et la sensibilité, un véritable “polytechnique du patrimoine culturel et du paysage”, comme Guliano Volpe suggère (Volpe, 2015) : un polytechnique qui mette en relation les différentes parties scientifiques, techniques et de gestion qui agissent dans la culture du développement, ainsi concourant au renforcement de la matrice culturelle du développement soutenable. Le dividende culturel est une connexion Pour alimenter la nouvelle alliance entre le Patrimoine et la Créativité de manière à produire un dividende culturel adéquat, il est donc nécessaire d’être en présence d’un environnement urbain et territorial capable de déclencher de nouvelles actions écosystémiques qui renforcent l’armature culturelle. Par conséquent, l’existence d’une structure culturelle solide et d’un écosystème créatif sont des conditions sine qua non pour entamer un processus de culturebased renaissance d’un territoire et de sa communauté. Nous sommes persuadés qu’“innover signifie créer des liens”, comme le sou-

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tient Greg Horowitt (Hwang, Horowitt, 2012), et que la Sicile, l’Italie et l’Europe qui veulent vivre pleinement et consciemment la Société de la Connaissance, doivent instaurer des réseaux culturels en mesure d’activer un système de mise en valeur basé sur les connexions, les échanges, les interactions, les synapses : la fluidité contre la rigidité, l’ouverture contre la séparation, les liens contre la fragmentation. C’est le concept que je définis comme étant une “armature culturelle du territoire” (Carta, 1999) : un réseau territorial, matériel et immatériel tourné vers l’innovation, un écosystème culturel qui favorise la créativité et le développement durable et qui amplifie la valeur du dividende généré par les politiques culturelles, en étendant ses liens dans tous les domaines du développement. A cette fin, je propose quelques options opérationnelles et transversales, qui concourent à l’élaboration d’un plan d’action partagé et proactif qui puisse devenir un exemple des nouvelles politiques culturelles régionales et nationales à partir du système culturel de la Vallée des Temples. Le plan d’action se base sur sept actions de connexion qui sont chacune en mesure de générer une partie du dividende culturel nécessaire. Actions qui agissent sur l’identité : la profonde stratification culturelle de ressources identitaires dans la zone faisant l’objet du projet de conservation et de mise en valeur culturelle, doit être liée à la volonté et aux compétences institutionnelles et techniques capables de les mettre en valeur et doit se rapporter à une population qui ressent le besoin d’interagir et de participer au projet de transformation. Il est nécessaire d’entreprendre des actions par le bas, des tactiques culturelles, de réappropriations sociale qui activent, formellement et informellement, les différentes identités culturelles en vue de générer une nouvelle identité globale pour le futur. Actions pour la durabilité économique : l’existence d’une base économique adéquate est nécessaire pour activer et soutenir l’expérimentation de projets de régénération territoriale basée sur le multiplicateur de l’investissement sur le patrimoine culturel. Il faut identifier les instruments les mieux adaptés (économiques, fiscaux et administratifs) pour favoriser la coopération entre public-privé-société civile et la localisation d’entreprises et d’activités liées à la conservation et à la mise en valeur intégrée du patrimoine culturel, surtout celles ayant un rapport avec les nouvelles professions et les instruments numériques. Actions sur les potentialités : les zones caractérisées par la présence d’un patrimoine culturel revêtant un intérêt particulier, présentent souvent une disparité entre les grandes potentialités perçues ou reconnues par la communauté, par les analyses et les projets en cours, par rapport à leurs conditions réelles ou aux tendances en cours. Nous devons donc identifier les actions de connexion entre les potentialités et les opportunités réelles pour gommer cette disparité et transformer les ressources culturelles potentielles des lieux en énergie créatrice

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utile pour parvenir à enclencher le dynamisme socio-économique de la zone. Actions de redynamisation : le patrimoine culturel territorial requiert la connexion de capacités, de compétences et d’instruments pour enclencher un processus créatif en mesure de produire des changements futurs, non seulement dans le domaine culturel, mais aussi au niveau scientifique, de l’innovation technologique et sociale. C’ est important de définir la manière d’utiliser correctement la présence diffuse des associations culturelles ou celle de micro-entreprises dans le domaine culturel et touristique, car elles constituent les nœuds d’une nouvelle armature socio-économique qui alimente la conception de nouveaux scénarios de développement. Actions pour faciliter l’interaction : les analyses ont constaté l’existence de nombreuses occasions de communication informelle et spontanée, tout comme la présence d’un environnement disposé à accueillir la diversité et la variété, culturelle, ethnique et sociale. Il faut faciliter l’intégration de différentes cultures et ethnies, afin que le sens d’appartenance à une micro-communauté devienne un producteur puissant d’échanges culturels, d’activités commerciales innovantes, d’un multiculturalisme vivace. Actions favorisant la multisectorialité : le système qui gravite autour du Parc d’Agrigente se présente comme un environnement multiple et non homogène, un tissu de culture matérielle et immatérielle composé d’un enchevêtrement d’habitations et de services, d’activités productives et commerciales, de culture de haute voltige et de folklore précieux. Il faut donc déterminer la manière avec laquelle cet environnement peut devenir synergique pour relier, de manière permanente, le développement de l’art et l’architecture contemporaines, de la culture humanistique et scientifique, de la production et de la résidence, en facilitant la formation d’un district culturel et touristique au sein duquel les acteurs institutionnels, créatifs, productifs et commerciaux parviennent à coopérer. Actions génératrices de perturbation :il s’agit-là des actions les plus importantes, car à partir de la présence d’un environnement créatif dans la zone, elles sont en mesure de métamorphoser son état de stagnation apparente ou de déclin dans laquelle elle se trouve, en activant l’énergie potentielle nécessaire pour produire une perturbation dans le contexte qui incite la population résidente à se mobiliser et à coopérer pour relever le défi contre la marginalité. Il faut donc trouver de quelle manière la présence des potentialités de certaines zones périphériques par rapport aux centres urbains les plus dynamiques ou des enclaves historiques avec un haut taux identitaire ou des paysages marginaux à biodiversité élevée peuvent transformer positivement le malaise et la demande de cohésion sociale, qui sont générés comme réaction à une sorte de malaise ou déclin, pour les réorienter comme force de propulsion vers un nouveau futur, alimenté par le paradigme de la créativité et de la force de propulsion du dividende cultural.

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Osmoses, connecteurs et interfaces : trois dispositifs pour un archipel culturel La condition primordiale de l’existence et de la faisabilité des politiques et des actions nécessaires pour produire et distribuer le dividende culturel, réside dans la capacité d’effectuer la planification territoriale et du projet urbain de transformer les nombreuses “îles d’excellence” de l’armature culturelle et paysagère sicilienne – mais la stratégie peut s’étendre sur toute l’Italie – en un “archipel culturel et créatif” où les liens comptent tout autant que les nœuds, où les paysages relationnels et du contexte sont les lieux de commutation entre l’identité et l’innovation, entre le patrimoine et la créativité. En approfondissant la métaphore, la géographie de l’archipel nous impose de définir, non seulement les fonctions des îles (les lieux possédant la qualité culturelle la plus élevée et le degré maximum de protection et de conservation), mais aussi les rôles des espaces de connexion détenteurs de ressources latentes susceptibles de compléter l’interprétation des valeurs culturelles. Nous devons définir les influences des atolls (les districts culturels potentiels) qui signalent la présence de relations fonctionnelles. Nous devons utiliser la richesse de la biodiversité des barrières de corail qui structurent les bras de mer, en n’oubliant pas le tissu de personnes qui se déplacent pour profiter des ressources culturelles et de la créativité, un véritable réseau humain qui donne un sens à l’archipel. Le projet de territoire qui veut agir sur la dimension de l’archipel culturel, qui veut être son activateur et son générateur, doit être en mesure de proposer des dispositifs territoriaux adéquats, aussi bien en termes d’espace qu’en termes de politiques, qui agissent sur le métabolisme territorial, en stimulant toutes ses fonctions de connexion : sociales, économiques, éducatives, touristiques et paysagères, pour le transformer en un puissant “hyper-métabolisme urbain” (Carta, Lino, 2015). A cette fin, j’identifie trois dispositifs conceptuels principaux: l’osmose, le connecteur et l’interface. Tous trois exercent une fonction relationnelle et de connexion et sont des dispositifs favorisant la communication, mais ils agissent avec des modalités différentes et doivent être utilisés en fonction des caractéristiques spatiales, sociales et économiques du patrimoine culturel sur lequel ils doivent agir. L’osmose territoriale est en mesure de générer la diffusion du patrimoine culturel dans le système territorial de développement à travers une “membrane poreuse” de services et d’activités qui le fait évoluer en permanence de l’état de meilleure conservation (la contrainte) à l’état de meilleure transformation (la mise en valeur) et vice-versa. Il s’agit donc d’un processus qui produit une mise en valeur à partir de la conservation et qui stimule une nouvelle conservation à partir de l’exploitation. Puisque l’osmose est un processus physique spontané, c’est-à-dire sans apport externe d’énergie, elle s’autoalimente constamment à

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travers la tendance à réduire la différence de concentration des actions de protection et de conservation des biens culturels par rapport à celles de mise en valeur et de transformation. A l’instar de la biologie, il s’agit aussi d’un des phénomènes les plus importants dans les politiques culturelles écosystémiques qui permet de faciliter le rapport entre la conservation et la transformation et, par conséquent, entre le patrimoine et la créativité, à travers une connexion permanente et à basse consommation d’énergie, qui n’érode ni le sol, ni les ressources économiques. Le projet osmotique génère des cluster culturels et de districtualisations. Un connecteur territorial est, quant à lui, un dispositif spatial et fonctionnel capable de connecter divers éléments territoriaux entre eux à travers une relation de contact qui, en se stabilisant, devient une nouvelle infrastructure, une nouvelle dotation territoriale. La connexion consiste en l’accès à un réseau fonctionnel – transports, énergie, tourisme, culture, production – et en la commutation vers un état d’innovation qui permet d’élever le rang du territoire connecté. La connexion advient à travers des phases distinctes, assimilables à celles qui s’instaurent dans le secteur des télécommunications. La première phase est la phase de l’instauration, lors de laquelle le nouveau dispositif territorial met les éléments du patrimoine culturel en relation, en établissant une connexion ; la deuxième phase est celle de l’accomplissement du service de communication entre les lieux ou les services, lors de laquelle le dispositif territorial entre dans la dotation fonctionnelle du contexte territorial global, en assurant la communication entre les différentes ressources ; enfin – et il s’agit de la phase la plus délicate – nous avons la neutralisation de la connexion, c’est-à-dire lorsque le connecteur se transforme en infrastructure territoriale qui n’est plus seulement dédiée à la relation entre les ressources culturelles, car il devient un dispositif multimodal, une nouvelle épine dorsale de l’organisme territorial. Le projet territorial des connecteurs produit ainsi des réseaux de lieux et de paysages. Enfin, l’interface est le dispositif le plus séduisant et intéressant, grâce à sa capacité de générer de nouvelles relations entre les parties dont il constitue l’élément de connexion. Nous vivons une vie faite d’interfaces, toutes nos acti-

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vités sont de plus en plus gérées à travers des interfaces qui construisent une médiation entre les données, les informations et les connaissances, entre les capteurs et les actionneurs, entre les actions et les réactions. Dans le domaine des sciences du territoire et de l’architecture, les interfaces figurent actuellement parmi les secteurs d’expérimentation les plus avancés et de nouvelles interfaces urbaines puissantes sont générées chaque jour (Markopoulou, 2014). L’interface territoriale est un dispositif facilitant la communication entre les diverses entités spatiales de type différent. Dans le domaine culturel, chaque entité expose une de ses faces (un musée, une infrastructure d’accessibilité, un espace public, un Parc Archéologique, une zone classée, un quartier, etc.), avec son langage et son protocole de communication particulier – dérivant de son identité et de ses principaux usagers – et le dispositif d’interface interposé entre elles se charge d’activer la communication au moyen d’une traduction multilingue qui permet de générer un nouveau lieu avec une nouvelle identité, au sein duquel divers éléments collaborent afin d’innover constamment le nouvel archipel culturel. Le projet des interfaces génère de nouveaux métabolismes territoriaux basés sur des flux de relations culturelles, sociales et économiques bidirectionnels et continuels. L’interface territoriale se présente donc comme un dispositif capable d’établir une relation entre le moment/le lieu de l’offre culturelle et l’expérience/le lieu de l’exploitation culturelle, en établissant une connexion modificative de l’espace et du temps, c’est-à-dire des modalités localisées et des modalités d’exploitation des services culturels. Le territoire interface devient donc une infrastructure communicative qui fournit des services culturels et qui génère, ce qu’on appelle ubiquitous interaction en informatique, c’est-à-dire une interaction qui implique de multiples interfaces, dynamiques et bien réparties. Une interaction ubiquiste, omniprésente et contextuelle entre la conservation et la mise en valeur, entre le lieu et la communauté, entre les acteurs formels et informels, entre le patrimoine et la créativité, basée sur une pluralité d’interfaces – avec des modalités, des styles et des langages différents – qui établissent une interaction contextuelle à plusieurs niveaux. Dans un monde où domine l’héritage culturel, la réalisation d’un projet territorial et paysager produisant des osmoses génératives, réalisant des connecteurs actifs et générant des interfaces ubiques est l’un des enjeux les plus exaltants d’une planification basée sur la multi dimensionnalité culturelle d’un développement qui veut saisir l’opportunité d’une nouvelle alliance entre patrimoine et créativité, d’une relation circulaire entre héritage et innovation. Ce défi a été relevé par le Projet DO.RE.MI.HE., qui, par le moyen de l’activité du Campus dédié au Parc Archéologique et Paysager d’Agrigente, l’a exploré, expérimenté et traduit en des solutions pour des projets (contenus dans la deuxième partie de ce volume) qui agissent en tant que nouveaux dis-

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positifs territoriaux à même de créer une osmose et de relier certains points névralgiques à l’armature culturelle, mais capables surtout d’agir comme une interface structurelle à mi-chemin entre le langage rigoureux du patrimoine archéologique et les divers langages de la valorisation des différents usagers du Parc. Une interface qui, à travers plusieurs dispositifs (centre d’interprétation, archeo living lab, community farm, heritage fablab), puisse non seulement faire communiquer activement les valeurs paysagères et archéologiques du Parc avec les perspectives d’un développement social et économique de la communauté, interne et externe, y vivant autour, mais qui devienne aussi un facteur éducatif, en consentant aux communautés qui participent (archéologues, chercheurs, paysagistes, opérateurs touristiques, entrepreneurs, urbanistes, administrateurs) de comprendre le langage de l’autre tout en contribuant à la construction d’une communauté qui découvre et renforce sa sensibilité commune vis-à-vis de la distribution du dividende culturel généré par le projet. Le projet des interfaces génère un nouveau territoire et un nouveau paysage, habités et vécus en tant que terrain commun qui puisse dépasser le conflit stérile entre héritage culturel et innovation, en produisant ainsi un nouvel écosystème culturel de développement. Bibliographie Berg van den L., European Institute for Comparative Urban Research (2005), European cities in the knowledge economy, Ashgate, London. Bonomi A. (2010), La città che sente e che pensa. Creatività e piattaforme produttive nella città infinita, Electa, Milano. Carta M. (2013a),“Progettare città nel tempo della metamorfosi”, dans Monograph Research, n. 5., pp. 200-203. Carta M. (2013b), Reimagining Urbanism. Città creative, intelligenti ed ecologiche per i tempi che cambiano, ListLab, Trento-Barcelona. Carta M. (2015), Smart Planning for Intelligent Cities: the Open Source Paradigm, IaaC bits, 3.2.3, Barcelona. Carta M., Lino B. (par) (2015), Urban Hyper-Metabolism, Aracne, Ariccia. Carta M., Ronsivalle D. (2016), Territori interni. La pianificazione integrata per lo sviluppo circolare: metodologie, approcci, applicazioni per nuovi cicli di vita, Aracne, Ariccia. European Commission, Kea (2006), The Economy of Culture in Europe. Volpe G. (2015), Patrimonio al futuro. Un manifesto per i beni culturali e il paesaggio, Electa, Milano. Haselbach D., Klein A., Knüsel P., Opitz S. (2012), Kulturinfarkt. Azzerare i fondi pubblici per far rinascere la cultura, Marsilio, Venezia. Hwang V.W., Horowitt G. (2012), The Rainforest :The Secret to Building the Next Silicon Valley, Regenwald, Los Altos Hills. Institute for Metropolitan and International Development Studies (2006), Accommodating Creative Knowledge – Competitiveness of European Metropolitan Regions within the Enlarged Union, University of Amsterdam, Amsterdam. Markopoulou A. (2014), In[form]ation - Architecture of Data & Code, IaaC bits, 1.3.3, Barcelona. Sassen S. (2011),“Open-Source Urbanism”, dans The New City Reader: a Newspaper of Public Space, n. 14, january.

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Charte des valeurs et des vues sur les sites les plus représentatifs. Image tirée du Parc Archéologique et plan d’aménagement paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente.

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LA VALLÉE COMME BIEN COMMUN BARBARA LINO

Le Campus DO.RE.MI.HE. et la méthodologie de travail Le Campus DO.RE.MI.HE. a eu comme objectif général l’élaboration d’un projet intégré de mise en valeur du patrimoine culturel et paysager en mesure de générer à l’aide d’une approche réticulaire, une intégration étroite entre le site archéologique, la Vallée et son paysage et le vaste système urbain et territorial. Aujourd’hui, le Parc et les nombreuses ressources culturelles et environnementales du contexte territorial plus vaste sont encore une énorme opportunité inexplorée. L’entièreté de l’activité a été menée à partir de cette conviction et les réflexions de cette contribution émergent en aval d’une expérience culturelle extrêmement riche. Le Campus s’est inspiré des principes et des méthodologies qui guident la réhabilitation urbaine et territoriale avec une attention particulière au thème de la mise en valeur du patrimoine culturel en fonction des paradigmes de la durabilité, de la créativité et du recyclage appliqués à deux contextes territoriaux différents, un sicilien, Agrigente et un tunisien, Zaghouan. Les deux cas d’étude, le site d’Agrigente inséré dans la WHL depuis 1997 et le site de Zaghouan dont le processus de candidature est en cours, ont été choisis, car ils offrent au niveau de leurs particularités locales respective des occasions pour comprendre les relations entre les contenus des Plans de Gestion, les politiques de mise en valeur et de protection et les instruments de planification territoriale, afin d’élaborer des orientations, des stratégies et des concepts en mesure d’intégrer les instruments existants et d’harmoniser les processus de gestion et de mise en valeur du patrimoine. Les étudiants guidés par les enseignants, le responsable du Campus

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et les tuteurs, ont travaillé en groupes multidisciplinaires et multiculturels sur les analyses et les documents des projets, en partageant une même structure méthodologique générale. Dans le cas d’Agrigente, la méthodologie utilisée a notamment prévu les différentes phases d’enquêtes suivantes. La première phase a été dédiée à l’ “encadrement territorial” et s’est penchée sur l’évaluation du niveau d’accessibilité intercommunal et des principales relations paysagères et fonctionnelles de la zone du Parc avec le territoire étendu de la Province et de la Sicile Occidentale. La deuxième phase, dédiée à l’ “analyse structurelle”, s’est penchée sur l’évaluation des rapports fonctionnels et identitaires principaux du contexte territorial du Parc, de la Vallée et du système urbain. L’analyse a fait particulièrement attention à la lecture des composants identitaires par “cycles” et à la lecture des relations paysagères et orographiques du site, aux facteurs de difficultés et de risque. La troisième phase a été dédiée à l’ “analyse des instruments” et à la lecture des programmes de développement socio-économique et des stratégies générales de développement territorial en cours sur le territoire. Les analyses ont été élaborées avec une référence particulière à la compréhension des contenus du Plan du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente, du Plan de Gestion du Site UNESCO et du Plan d’Urbanisme Général de la Commune d’Agrigente et ont contribué à l’interprétation du cadre d’opportunités et des menaces qui planent sur le territoire. La rédaction de la matrice SWOT a pris comme point de départ la matrice déjà insérée dans le cadre du Plan de Gestion du site UNESCO en visant, notamment, l’intégration des évaluations sur les composants territoriaux de grande zone et l’évaluation du niveau d’interaction entre le Parc et le système d’implantation d’Agrigente. Enfin, on est arrivé à la définition d’une stratégie de conservation et de mise en valeur intégrée du site en agissant sur les valeurs matérielles et immatérielles, sur les relations avec les systèmes d’implantation du contexte et sur les relations paysagères, ainsi que sur la réappropriation identitaire du Parc de la part de la communauté d’Agrigente. Dans une optique trans-scalaire et trans-sectorielle, la stratégie globale du projet s’est inspirée du principe “le territoire est le Parc” en fonction duquel il est nécessaire de mettre en œuvre une plus grande porosité et une intégration de fonctions et de services en associant les ressources du patrimoine archéologique aux ressources du terri-

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toire plus vaste, en brisant les limites et les formes d’appartenance exclusive dans une optique qui dépasse les frontières administratives rigides. Dans la dernière phase du workshop, certains approfondissements conceptuels ont été élaborés sur base de la stratégie générale et ont analysé de diverses manières les concepts de porosité et de liaison entre le Parc et le système territorial : axe-route Parc, interface Parc-ville et Parc vivant. Dans le contexte du Parcours méthodologique, le Forum des organismes territoriaux a revêtu une grande importance. Il a été organisé dans le cadre des activités du Campus et s’est déroulé le 19 septembre au siège du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples. Le Forum, coordonné par des enseignants et avec la participation des étudiants du projet DO.RE.MI.HE, ainsi que des tuteurs, a été dédié à l’implication active des parties prenantes du territoire d’Agrigente appelées à participer à trois tables thématiques (Environnemental/ Culturel, Social et Economique). Les résultats du Forum ont été utilisés durant les phases d’analyse et d’élaboration des projets pour la lecture des identités territoriales et des problèmes, ainsi que pour la définition des stratégies de mise en valeur créative de la Vallée des Temples. Briser les “barrières” : le rôle de l’Université « Le paysage est le miroir le plus fidèle de la société qui le produit, qui s’alimente de celui-ci, qui peut y puiser sa force, mais qui peut aussi le détruire, en anéantissant sa mémoire collective et en s’anéantissant aussi en se suicidant de manière atroce » (Settis, 2013, 14). Il s’agit d’une des affirmations de Settis dans son essai intitulé “Le paysage comme bien commun”. Settis revendique les nombreuses valeurs du concept de paysage : la valeur philosophique, étant donné qu’elle fait partie de la nature, la valeur historique, car elle représente une composante essentielle de la mémoire collective, la valeur éthique, puisqu’il s’agit de l’expression de nos comportements, la valeur politique, car il s’agit de l’expression du sens de citoyenneté et, enfin, sa valeur sociale, Parce qu’elle fait partie de l’idée de communauté. La rupture de la dimension politique et sociale du paysage a été à la base du court-circuit culturel auquel le territoire d’Agrigente a été soumis pendant plusieurs années. Un court-circuit qui a fait en sorte que le Parc, la Vallée et ses contraintes, représentent une négation de possibilité plutôt qu’une source d’identité collective et un levier de développement local. La création de normes pour défendre le patrimoine archéologique a

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BARRIÉRES

Agrigente. Parc Archéologique.

été prise en charge par l’État, en l’absence d’une prise de conscience profonde de la société civile sur la publica utilitas de la Vallée et de son paysage. Par conséquent, puisque l’intelligence collective et diffuse peut représenter l’élément-clé pour le développement du territoire, à Agrigente, il faudrait repartir de la valeur de la “Vallée comme bien commun” en œuvrant pour “colmater” la fracture entre la communauté et le Parc en “brisant” leurs barrières respectives. Je désire citer au moins deux types de barrières sur lesquelles il serait nécessaire d’intervenir. La “barrière” des compétences. Les diverses compétences territoriales, même dans des domaines juridictionnels différents, comme dans le cas des séparations entre ville (Plan d’Aménagement) et Parc (plan du Parc) doivent dialoguer. Ils doivent le faire en formulant et en soutenant des stratégies communes, issues d’un nouveau pacte avec

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les citoyens. La séparation des compétences rappelle la nécessité de dépasser l’isolement des savoirs experts et de construire une grande gouvernance participative. La “barrière” des appartenances et la séparation des compétences est également représentée de manière éloquente par des barrières physiques et fonctionnelles qui se sont stratifiées petit à petit sur le territoire : où le Parc et la ville vivent comme des îles séparées et incohérentes. Briser ces barrières signifie agir sur la dimension physique pour proposer des osmoses et une interaction, en surpassant la logique de la contrainte et en entamant une logique conceptuelle et relationnelle. La stratégie de conservation et de mise en valeur intégrée proposée pour Agrigente lors du Campus, revendique une dimension – avant tout – relationnelle des actions du projet. La porosité, la connexion et l’intégration de fonctions et de services, comme concepts, et l’osmose, les connecteurs et les interfaces, comme dispositifs conceptuels, sont les approches proposées pour connecter le patrimoine archéologique, la ville consolidée et le vaste territoire, en éliminant les confins et les formes d’appartenance exclusive dans une optique allant au-delà des contraintes administratives rigides et agissant sur les valeurs matérielles et immatérielles, sur la réappropriation identitaire du Parc de la part de la communauté d’Agrigente et sur une nouvelle gouvernance élargie basée sur la participation. Pour briser les barrières, les stratégies mises en œuvre lors du Campus ont visé le développement de quelques focus thématiques, comme l’intégration de l’offre culturelle et touristique et l’intégration Parc-territoire, l’intégration Parc-Ville, l’agriculture multifonction comme instrument de conservation du paysage et de mise en valeur de la Vallée, ainsi que l’implémentation de la participation de la communauté au moyen de la promotion d’espaces pour le welfare et l’innovation sociale. « Nous détruisons les campagnes Parce que les beautés naturelles n’ont aucune valeur économique. Nous serions capables d’arrêter le soleil et les étoiles Parce qu’ils ne nous donnent aucun dividende » (Keynes, 2009, 101). La phrase de Keynes rappelle un autre développement du raisonnement sous-jacent aux stratégies mise en œuvre dans le cadre du projet. L’Université est une gardienne de la culture, un avant-poste de la connaissance et une barricade face à l’ignorance, pas un simple service offert sur base des critères de durabilité globale et d’efficacité

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économique. Dans les pôles décentrés de la formation, la mission sur le territoire est encore plus forte. L’Université peut mettre à la disposition de la communauté des idées, un know-how, des laboratoires, des lieux pour des manifestations, pour le sport, l’innovation et la production qui peuvent représenter une opportunité pour la régénération urbaine. L’Université peut s’ouvrir encore plus sur le territoire, en épousant des projets en commun avec les institutions locales (Mairies, Directions Générales, Musées, Parcs) sous forme d’échange et d’intégration entre les compétences. Mais des investissements sont nécessaires en matière de projets et de ressource, il est nécessaire d’introduire une force vitale dans le système de la recherche et de la formation, un projet qui remet en discussion les structures consolidées avec une grande ouverture vers l’internationalisation et les Pays de la Méditerranée. Les idées développées se basent sur un modèle de développement du territoire d’Agrigente (hélice quadruple) : un développement tous azimuts auquel concourent le Patrimoine du Parc et sa Vallée, le Territoire avec ses institutions, sa politique et ses entreprises, l’Université comme vecteur de recherche et de développement et, enfin, la Communauté comme moteur d’innovation sociale. Dans ce modèle, le Patrimoine représente un accélérateur du système puissant, si et seulement si – pour citer Giuliano Volpe – il parviendra à se tourner vers le “futur” en éliminant la dernière barrière conceptuelle représentée par le contraste rigide entre la conservation et la mise en valeur, souvent réduite à un synonyme d’exploitation, enlisée dans l’opposition entre les protecteurs et les gestionnaires. Parler de mise en valeur comme un “pont entre la connaissance, la protection et l’exploitation” implique une “révolution copernicienne” dit également Giuliano Volpe, afin de parvenir à voir le patrimoine à travers les yeux de la communauté et des visiteurs, au lieu de ceux des spécialistes (Volpe, 2015). L’ambition du Campus a été d’observer la Vallée avec un nouveau regard, grâce auquel le patrimoine de ressources matérielles et immatérielles exceptionnel a pu être redécouvert comme un bien collectif et où “l’alliance entre le patrimoine et la créativité” puisse devenir la condition requise pour créer une vision collective du futur, pour former un ensemble unique et “vivace”, regroupant le paysage et les biens culturels, en mesure de susciter la mémoire, mais aussi des émotions et de la curiosité. PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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Patrimoine

du Parc et sa Vallée

Territoire

avec ses institutions

Modèle de développement (hélice quadruple) d’AGRIGENTE

Université

comme vecteur de recherche et de développement

Communauté

comme moteur dʼinnovation sociale

HÉLICE QUADRUPLE

Modèle de développement du territoire d’Agrigente (hélice quadruple).

Bibliographie Keynes J.M. (2009), Come uscire dalla crisi, Laterza, Bari. Settis S. (2013), Il paesaggio come bene comune, La Scuola di Pitagora, Napoli. Volpe G. (2015), Patrimonio al futuro. Un manifesto per i beni culturali e il paesaggio, Electa, Milano.

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LA VALEUR DE LA PROXIMITÉ POUR UNE NOUVELLE INTERFACE MÉTABOLIQUE CARMELO GALATI TARDANICO

La proximité territorial La proximité constitue le nœud conceptuel de la première loi de la géographie de Tobler qui affirme que « tout interagit avec tout, mais deux objets proches ont plus de chance de le faire que deux objets éloignés »1. Le concept de proximité ne s’arrête donc pas à une notion purement géographique, mais il acquiert une autre dimension lorsqu’il révèle la composante qualitative des relations au niveau matériel et humain. Bailly (1998) estime que la “proximité” est une condition essentielle pour raccourcir les distances sociales, économiques et culturelles, afin de réduire les tensions et maximiser les interactions entre les acteurs territoriaux. La reconnaissance des divers systèmes de proximité, dans deux territoires assez complexes, et la difficulté des relations existant entre ceux-ci et les sites archéologiques d’Agrigente et de Zaghouan en Tunisie, est la condition sur laquelle les expérimentations conceptuelles des participants au Campus DO.RE.MI.HE. se sont concentrées, dans le but de favoriser la construction d’éléments – physiques et relationnels – capables de générer une interaction intense avec l’élément d’interface entre les systèmes. L’interface territoriale représente désormais une richesse de valeurs et présente un défi pour les parties prenantes du territoire (administrations publiques, entreprises, commerces, entreprises sociales)2. En empruntant la définition donnée par les matières techniques, à savoir un dispositif physique ou virtuel permettant la communication entre deux ou plusieurs entités de type différent, l’interface ne peut plus être représentée et considérée uniquement comme un “point de contact”, et certainement pas comme une limite entre des éléments qui se regardent bien souvent en rejetant le concept même de proximité et s’imposent des limites géographiques, normatives, sociales et culturelles rigides, mais plutôt comme un élément de connexion et de perméabilité. L’interface se présente donc

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comme un composant poreux qui a la capacité d’évoluer en fonction des relations entre les sujets. Il s’agit donc d’interfaces métaboliques et évolutives et certainement pas statiques. Proximité, patrimoine culturel, “Culture liquide” et “Ville créative” Maurizio Carta en définissant l’armature culturelle du territoire « dans sa double valeur de matrice permettant la formation de l’identité des lieux et des communautés et d’instrument pour la construction d’un développement qui soit local au niveau des ressources, global au niveau des relations et durable au niveau des modalités » (Carta, 1999, 25), identifie deux modalités avec lesquelles le patrimoine culturel territorial peut rentrer et interagir dans les processus de planification et de gestion du territoire « la première, celle de type protectionniste, est celle qui considère le système culturel comme un “patrimoine à défendre”, inséré dans un circuit protégé au niveau esthétique, artistique, voire même social, faisant l’objet de politiques séparées, parfois conflictuelles, par rapport aux options de développement : le patrimoine culturel est plongé dans une stratégie privilégiant la conservation, la séparation, la contrainte, entendue comme soustraction ; la deuxième réponse, de type perspectiviste, considère le système des biens culturels territoriaux comme un “patrimoine à investir”, inséré dans un circuit ouvert et coexistant avec le plan, capable d’influencer ses formes et ses résultats afin d’effectuer des choix compatibles avec la spécificité des lieux et durables par rapport à la vulnérabilité des ressources : le patrimoine culturel est plongé dans une stratégie privilégiant les opportunités, comme un élément qui invoque la créativité et la proposition de plusieurs possibilités de développement légitimées par l’histoire des lieux » (Carta, 1999, 26-27). Malheureusement, le système des biens culturels a connu une longue période de gestion rigide et protectionniste, sans aucun doute précieuse pour la sauvegarde des sites, mais qui a démontré toute son incapacité de mettre en œuvre des politiques fermes en vue de leur mise en valeur et d’envisager un développement lié au grand patrimoine culturel matériel et immatériel. Cette condition s’est transformée en une incapacité de créer un système et de répondre aux attentes actuelles des visiteurs des biens culturels. Cette difficulté se note d’autant plus au moment où la culture, sous toutes ses facettes et l’induit qui y est lié, en particulier le tourisme, se réfèrent à un concept de “culture liquide” dont parle Zigmunt Bauman, théoricien de la “modernité liquide” : « se compose des offres, et non pas des interdictions ; des propositions, pas de normes » (Bauman, 2016, 17). Comme cela a déjà été observé par Bourdieu, aujourd’hui la culture est occupée à préparer des

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tentations et à aménager des attractions, à dicter des règles et des normes ; elle est présente dans les relations publiques, non dans la surveillance policière ; elle est occupée à semer et à planter de nouveaux besoins et désirs plutôt que d’imposer des devoirs, ou encore « notre société est une société de consommateurs et, comme le reste du monde vu et vécu par les consommateurs, la culture se transforme en un stock de produits conçus pour la consommation, rentrant en compétition entre eux pour déplacer ou attirer l’attention des consommateurs potentiels dans l’espoir de la conquérir et de la retenir un peu plus longtemps qu’un instant » (Bauman, 2016, 17). La composante culturelle et celle du patrimoine, deviennent un élément important dans le système territorial lié aujourd’hui à la capacité génératrice de l’innovation sociale. La social innovation est une expression d’une dimension d’exigences “locale” qui s’exprime à travers le concept de relation de proximité (Pellizzoni, 2014), c’est-à-dire un ensemble d’actions d’un territoire qui sont l’expression d’une caractérisation géographique et d’une capacité identitaire de type politique, social et culturel. La relation de proximité se greffe sur le processus de conversion du modèle de welfare dans lequel il est nécessaire de revoir le rôle des communautés locales, suite à la crise de légitimité du système de représentation moderne et du système démocratique actuel, lié à la crise du modèle productif et du modèle de relations industrielles complémentaire (Maiolini, 2015). Aujourd’hui, nous avons la nécessité de créer un nouvel “écosystème créatif” « au sein duquel les composants culturels matériels et immatériels de la ville agissent de manière plus efficace dans une alliance renouvelée » qui aille au-delà de « la vision de la ville créative essentiellement financière qui attire des investissements de capitaux produits ailleurs et nous devons concevoir un projet où la créativité génère de nouveaux équilibres spatiaux, morphologiques, architectoniques et des activités productives » et encore « La ville créative 3.0 devra être capable de se réinventer pour générer des solutions contre le déclin, d’agir pour la capacity building et de concourir à l’empowerment de la communauté, de catalyser les cultures émergeantes et de créer des communautés pluralistes, mais intégrées et interactives, tout en alimentant des économies innovantes ou enracinées dans les savoirs locaux »(Carta, 2014, 103). Agrigente et sa Vallée. Des questions aux projets : un nouveau “métabolisme territorial” Les questions de la proximité des systèmes et de leurs composants, sont les éléments qui caractérisent le campus DO.RE.MI.HE.. Il s’agit non seulement de la proximité identifiée et analysée dans les

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composants matériels et immatériels des territoires d’Agrigente et de la Vallée des Temples et de Zaghouan et le Temple des Eaux, faisant l’objet des expérimentations conceptuelles, mais aussi entre les compétences et la formation multidisciplinaire des participants eux-mêmes. Dans les deux cas, les phases de l’analyse des contextes ont été appliquées avec une structure analogue, visant à identifier les éléments et les relations territoriales dans les trois phases d’“encadrement territorial”, d’“analyse structurelle” (avec la lecture par “cycles” des composants identitaires) et d’“analyse des instruments” où on a procédé à la lecture des programmes de développement socio-économique et des stratégies générales de développement territorial en cours au sein des territoires. Le cas d’Agrigente a mis en évidence que le Plan de Gestion du Site UNESCO de la Vallée des Temples n’a jamais joué le rôle de nature “stratégique” et “opérationnel” qui aurait dû être le sien, en limitant son caractère incisif sur les instruments d’urbanisme et sur les stratégies économiques et sociales seulement niveau de la question de la contrainte. La vision locale est restée confinée dans une dimension principalement conservative, déterminée par l’acceptation “passive” des prévisions des autres instruments de planification territoriale en vigueur et des actions de projet et de développement conséquents (Lo Piccolo et al., 2012). Les trois projets pour la Vallée ont été développés sur base de cette thèse, des analyses et des interprétations. Ceux-ci ont défini une « stratégie de conservation et de mise en valeur intégrée du site en agissant sur les valeurs matérielles et immatérielles, sur les relations avec les habitats du contexte et sur les relations paysagères, ainsi que sur le réappropriation identitaire du Parc de la part de la communauté d’Agrigente »3. Comme nous le verrons par la suite, les projets pour Agrigente et la Vallée des Temples élaborés au cours du Campus, ont touché trois contextes qui ont été retenus comme stratégiques pour définir un modèle commun et participatif du développement du territoire de la ville, lié à l’important site de l’UNESCO. Un modèle capable d’agir comme propulseur vers un nouvel écosystème créatif en mesure de renforcer et d’alimenter l’armature culturelle du territoire à travers un processus culture-based qui valorise les spécificités et les identités culturelles, pour lesquelles il est nécessaire d’unir le potentiel de différentiation avec la capacité de diffusion, d’une part et d’autre part, de protection-durabilité. Les trois projets se sont concentrés sur les domaines de proximité identifiés parmi les différents contextes urbains et/ou relationnels du territoire de la Vallée d’Agrigente : le premier, “L’axe. La route Parc”, s’occupe du nouvel accès principal au Parc Archéologique du Musée et de l’axe de connexion ville-zone archéologique

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comme promenade/Parc ; le deuxième, “L’interface Ville-Parc”, s’occupe de la zone qui sépare le Parc et l’habitat de la ville historique, repensé pour accueillir des fonctions mixtes et pour jouer le rôle d’élément de connexion et de cohésion entre les activités d’utilisation du Parc et les anciennes et les nouvelles fonctions urbaines ; enfin, en imaginant la Vallée comme un “Parc vivant” le troisième projet, voit la relocalisation du système des accès, des interventions coordonnées sur l’accessibilité et la mobilité interne, des itinéraires et des services du Parc et des activités ouvertes à l’interaction entre la ville et le territoire. Les éléments des projets enclenchent un processus dynamique de flux matériels et relationnels, capable de faire agir et interagir chaque composant avec les autres dans le cadre d’une relation de mutualité étroite et d’activer un nouveau “métabolisme territorial” créatif, intelligent et écologique de la Vallée.

Notes 1. Sur l’original « Everything is related to everything else, but near things are more related than distant things » dans : Tobler W., “A computer movie simulating urban growth in the Detroit region”, dans Economic geography, 46, n. 2, 1970, pp. 234-240. 2. Voir les rapports des tables du Forum des sujets territoriaux publié dans ce volume au chapitre “Un plan d’action commun et proactif - Le Forum”. 3. A ce propos, voir ce que Barbara Lino a écrit dans ce volume, au chapitre “Les plans de gestion UNESCO : rhétorique ou instrument de développement local ? ” Bibliographie Bailly A. (1988), Les concepts de la géographie humaine, Colin, Paris. Bauman Z. (2010), “La cultura attuale? Liquida come un grande magazzino”, dans AVVENIRE, 21 febbraio. Bauman Z. (2015), Per tutti i gusti. La cultura nell’età dei consumi, Laterza, Bari-Milano (testo orig. : Culture in Liquid Modern World, Polity Press Ltd, Cambridge, 2011). Caroli M. G. (par) (2015), Modelli ed esperienze di innovazione sociale in Italia. Secondo rapporto sull’innovazione sociale, FrancoAngeli, Milano. Carta M. (1999), L’armatura culturale del territorio. Il patrimonio culturale come matrice di identità e strumento di sviluppo, FrancoAngeli, Milano. Carta M. (2013), Reimagining Urbanism. Città creative, intelligenti ed ecologiche per i tempi che cambiano, ListLab, Trento-Barcelona. Lo Piccolo F., Leone D., Pizzuto P. (2012), “The (controversial) role of the UNESCO WHL Management Plans in promoting sustainable tourism development”, dans Journal of Policy Research in Tourism, Leisure and Events, vol. 4, n. 3, pp. 1-28. Maiolini R. (2015), “Lo stato dell’arte della letteratura sull’innovazione sociale”, dans M.G. Caroli (par), Modelli ed esperienze di innovazione sociale in Italia. Secondo rapporto sull’innovazione sociale, FrancoAngeli, Milano. Pellizzoni L. (2014), Territorio e movimenti sociali. Continuità, innovazione o integrazione?, EUT, Trieste. Tobler W. (1970), “A computer movie simulating urban growth in the Detroit region”, dans Economic geography, 46, n. 2, pp. 234-240.

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LE PARC VIVANT VINCENZO SPATARO

Dans une première phase, l’étude s’est concentrée sur les connexions que la ville d’Agrigente et le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples instaurent aussi bien sur l’échelle territoriale qu’au niveau urbain, en analysant tout d’abord les relations spatiales et les systèmes de mobilité à différents niveaux. A partir d’une lecture attentive des contenus du Plan de Gestion du site UNESCO, du Plan du Parc et du Plan d’Urbanisme Général de la ville d’Agrigente, une stratégie conceptuelle a été mise en œuvre – en saisissant les instruments à disposition, mais aussi en relevant les interférences et les contradictions – qui visent la sauvegarde et la mise en valeur du rôle central de la Vallée et de son paysage, en promouvant son exploitabilité intégrée dans la perspective d’un métabolisme territorial. La zone du Parc Archéologique de la Vallée des Temples représente aujourd’hui le nœud d’une intersection entre les trois réseaux routiers principaux : la SS 115 Gèle-Agrigente-Castelvetrano, la transversale SS 640 Agrigente-Caltanissetta et la transversale SS 189 Agrigente-Palerme. La SS 118 Corleonese Agrigentina qui, en partant du centre urbain, coupe la Vallée en rencontrant la SS 115 au carrefour de la Porte Aurea et arrive jusqu’à San Leone. Le système de la mobilité du service dans la zone du Parc est intéressé par une révision générale au sein du Plan d’Urbanisme et se base sur certains critères généraux : • alléger les traversées de la Vallée des Temples jusqu’à leur élimination complète ; • rationaliser les accès à la bande côtière (le trafic pour atteindre la côte représente un des problèmes les plus graves pour l’encombrement de la circulation de la Vallée, surtout durant l’été) ;

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• •

valoriser les infrastructures ferroviaires existantes ; transférer dans des zones au bord de la Vallée une grande partie des activités d’échange entre les différents niveaux (communal et intercommunal) et les systèmes de transport public (systèmes de transport privé, autobus/navette, ferroviaire). Trois niveaux de mobilité ont été déterminés et alignés sur les critères précédents : un réseau routier principal qui, comme un périphérique, en direction est-ouest en passant par le nord, contourne aussi bien le Parc que la ville, réseau routier secondaire (ZTL) qui débouche sur la ville et traverse le Parc, réseau routier interne (ZTL) utilisé par le site archéologique. Trois zones d’échange, à l’est et à l’ouest de la zone A du Parc et au nord de la ville, permettront d’obtenir une mobilité durable (mobilité électrique et bike sharing) grâce à la présence de parkings relais. La première zone d’échange, conçue pour accueillir les flux au nord de la ville, a été prévue en regard de la Gare d’Agrigente Bassa, à partir de laquelle il est d’ailleurs possible d’atteindre la Gare Centrale (centre historique) grâce au service ferroviaire ou bien d’accéder directement au Parc Archéologique en Parcourant la ligne de chemin de fer potentialisée de manière adéquate, jusqu’à l’arrêt du Temple de Vulcano ; cette ligne continuera ensuite jusqu’au port Porto Empedocle. La deuxième ligne d’échange, à hauteur du carrefour entre la SS 115 et la Via della Mosella, gèrera le trafic des véhicules à l’est du Parc. La troisième zone d’échange, localisée entre Villaseta et la limite ouest de la zone A du site archéologique, absorbera la circulation provenant d’ouest. Une autre zone pour la mobilité durable, au carrefour entre la SS 115 et le Viale Emporium, permettra l’entrée à San Leone uniquement aux moyens de transport alternatifs ; une bonne partie du lido d’Agrigente deviendra piétonnier. Après avoir superposé la planimétrie archéologique de l’ancienne Akragas à celle de la ville actuelle, une autre action a été mise au point, on a revu le système d’utilisation du Parc en fonction d’une modalité d’exploitabilité du site archéologique plus conforme. Le stade Esseneto et la zone environnante, en tant que Raccordement et interface Ville-Parc, ont été conçus pour accueillir un Visitor Center et une zone d’échange pour la mobilité durable. Les déplacements dans le Parc seront desservis par des navettes électriques qui accompliront un Parcours cyclique en exploitant la mobilité existante. A partir du Visitor Center, l’itinéraire principal amènera le visiteur vers la première étape, le Musée Archéologique. Ce dernier est considéré

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comme porte principale d’accès au Parc pour la fonction pédagogique et explicative préliminaire par rapport à l’expérience cognitive directe. Il se poursuivra en visitant le Quartier hellénistique-romain pour Parcourir ensuite la Via Panoramica de la Vallée des Temples, point de vue privilégié des voyageurs et des historiens et, enfin, continuera le long de la Via Sacra, d’est en ouest, jusqu’à l’arrêt ferroviaire du Temple de Vulcano. Six itinéraires secondaires s’uniront à l’itinéraire principal (panoramique, zone orientale, Cardo-decumano, Nécropoles romaines, Nécropoles Pezzino, Agora inférieure), alors que deux autres auront lieu à l’intérieur du centre historique (San Calogero, historique et culturel). Des services pouvant faire vivre des émotions et des expériences uniques ont été étudiés et sont alignés sur la stratégie de mise en valeur intégrée du site, qui agit sur le patrimoine culturel matériel et immatériel ; des édifices et des zones, déjà en possession du l’Autorité du Parc ou en phase d’expropriation, ont été pris en considération en ce qui concerne leur emplacement à l’intérieur de la zone archéologique. Pour potentialiser la dimension de la mise en valeur culturelle et de l’exploitabilité sociale et innovante du site, des espaces où il sera possible de mener des expériences virtuelles en utilisant les 3D Glass ont été déterminés ; en portant des lunettes spéciales, munies d’un microviseur, il sera possible de mieux comprendre les œuvres et les espaces à travers des animations, des histoires vidéo, des reconstitutions virtuelles. Il sera possible de vivre ce type d’expérience dans les endroits suivants : Temple de Vulcano, Sanctuaire des Divinités Chthoniennes, Temple de Zeus, Temple d’Ercule, Temple de la Concorde, Temple de Junon, Sanctuaire Rupestre, San Biagio, Sainte Marie des Grecs, Nécropole Pezzino, Nécropole de San Gerlando, Tombe de Théron, Sanctuaire d’Esculape, Porte VI, Basilicula, Porte I, Agora inférieure, Agora supérieure, Ipogei Giacatello, Quartier hellénistique-romain.

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STRATEGIES DE RACCORD URBAIN FRANCESCA MONTAGNA

Parmi les nombreuses stratégies d’intervention déterminées pour la définition de l’ “archipel culturel et créatif” de la Vallée des Temples d’Agrigente, on a choisi de focaliser l’attention sur une nouvelle hypothèse de liaison entre le Parc et la ville. En effet, en utilisant la métaphore de l’épine dorsale comme élément porteur de la structure humaine, durant la phase d’étude, on a travaillé sur l’axialité urbaine, en définissant et en “libérant” les liaisons entre le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples et son “écosystème territorial métabolique” 1. En effet, la relation entre ces deux éléments a été jusqu’à présent très problématique. La présence du Parc, interprétée depuis toujours, comme ressource attirante, liée à une forte nature saisonnière des flux et caractérisée par de nombreux détracteurs paysagers/ environnementaux (infrastructures variées, phénomènes de construction illégales, etc.) présente l’image d’un immense site archéologique sous-utilisé par sa communauté déjà dans la définition de son périmètre 2. « Le Parc a été considéré pendant beaucoup longtemps par les citoyens comme un système clos et hostile, isolé par le contexte : une entité externe et prévaricatrice qui a exproprié les propriétaires des terrains, qui a élevé des barrières de tous genres, qui prétend le paiement d’un billet »3. Tous les choix conceptuels, proposés aussi bien pour les zones internes que pour les zones de raccord au Parc, se réfèrent à une volonté évidente de récupérer – même dans une optique créative et innovante – le genius loci du lieu, en reconnectant la ville à sa partie originaire (la plus sacrée et ancienne) en redéfinissant les fonctions et en amplifiant le plus possible les interactions entre le Parc et la société civile, le Parc devant agir comme moteur de promotion écologique/de production et de promoteur de cycles de vie urbaine. En partant donc d’une analyse attentive et surtout en écoutant les exigences réelles de la communauté locale, le projet du “nouvel axe route-Parc”, a été proposé. Ce système d’interventions de réouverture entre la ville et le Parc démarrera à partir du

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centre historique d’Agrigente, lieu de forte valeur identitaire, riche d’institutions culturelles et d’espaces d’expérimentation du dynamisme social. En effet, c’est à partir d’ici, à proximité de la Gare Centrale, qu’une nouvelle porte urbaine s’ouvrira et sera associée à des systèmes de remontée mécanique4, avec par conséquent, la réhabilitation qualitative des espaces limitrophes. En continuant vers le sud, le Parcours piétonnier aboutira également sur une zone (pour le moment à l’abandon) reconvertie en Arts&CreativeHub5, avec de nouveaux espaces dédiés au partage et à la socialité. Ces premières actions de régénération urbaine, représenteront donc une première phase de colonisation des lieux grâce à la présence d’un Design Factory, ResidArt et un d’un des sièges que Andrea Bartoli a défini Biennale d’Art durant son intervention au Forum des organismes territoriaux. Ce projet important vise fondamentalement la redéfinition du rôle de la ville d’Agrigente dans le contexte Méditerranéen et non seulement, en se promouvant au moyen du grand pouvoir de communication de l’art contemporain ; un processus de détermination de lieux « où inviter les changemakers les plus importants du monde à trouver des solutions plausibles pour vaincre et éliminer toutes les infamies, les disparités et les hypocrisies qui affligent la planète »6. La définition de ces pavillons aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Parc déterminera, par conséquent, des actions de récupération du patrimoine abandonné ou de mauvaise qualité esthétique/architectonique (interventions de street art, installations temporaires, réhabilitation du contexte architectonique, etc.). Cette portion de Parcours piétonnier se terminera à proximité du Stade communal Esseneto, en définissant ainsi un premier axe d’accès au Parc à partir du cœur de la ville. A partir d’ici, un tracé piétonnier partiellement couvert (déjà existant, mais en réalité complètement “invisible” pour l’instant) mènera directement au Musée Archéologique Régional “Pietro Griffo”, considéré comme un élément central du projet, première véritable porte d’accès et étape obligatoire, afin de préparer les visiteurs du Parc à ce qui, dans un premier temps, pourrait s’avérer difficile à comprendre. Le musée accueillera de nouveaux espaces d’exposition et proposera de nouvelles activités (laboratoires didactiques, réévocations historiques, etc.), sans oublier la mise en valeur de l’Ekklesiasterion à travers des représentations théâtrales de musique grecque et romaine. Le grand axe route-Parc présentera donc, tout au long de son Parcours, un système de mobilité douce (pistes cyclopiétonnières/itinéraires à cheval/points de bike sharing-bike sharing à pédalage assisté, self balancing scooter, etc.) qui sera soutenu par un axe carrossable (lui aussi déjà existant) dédié à la mobilité durable et aux visiteurs ayant des capacités motrices réduites (services navette et activités de MetroParco à traction électrique et/ou hydrogène). Les Par-

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cours de slow mobility déterminés en phase de projet, sont pour l’instant peu connus, mais seront en mesure de faire découvrir des points panoramiques exceptionnels ou des sites rarement visités (comme dans le cas de Ipogeo Giacatello). Il a donc été choisi d’agir à travers une recherche topographique et archéologique attentive, en proposant des Parcours alternatifs susceptibles d’augmenter la composante expérientielle du visiteur, en proposant une histoire du Parc à travers la redécouverte de ses lieux. Par contre, les terrains abandonnés directement liés à l’habitat et placés tout autour du Parc seront destinés à devenir des potagers urbains et à des zones de production expérimentales, au moyen de la réintroduction de méthodes de cultures traditionnelles et des activités d’Agro-Archéologie7. Un jardin thérapeutique et sensoriel sera prévu le long de la promenade avec des essences typiques du monde grec et romain, il sera associé à une “FloraFarm” pour y effectuer des activités didactiques et à une nouvelle agrégation sociale (comme la reproduction d’onguents et de parfums de la Grande Grèce, des simulations de techniques de culture ancienne etc.). En ce qui concerne les productions déjà actives à l’intérieur du Parc, ce que nous proposons concerne un nouveau modèle de gestion du système agricole à travers l’introduction d’un cahier des charges de production de la marque Diodors et son extension sur le territoire en dehors des confins institutionnels, en passant ainsi d’une marque du Parc à une marque de la Chôra de l’ancienne Akragas. Notes 1. En effet, l’objectif général est celui de reconnecter entre elles les îles d’excellence déjà existantes, tout d’abord, le Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples, en supposant une lecture du territoire en matière de système métabolique où (comme dans chaque organisme vivant) chaque composant participe à l’intégrité et au fonctionnement de l’autre en définissant une interaction réciproque autosuffisante. 2. En matière de conception, l’idée du Parc ne devrait pas être liée à celle du périmètre institutionnel, mais au contraire, elle devrait suggérer une vision de zone plus vaste, beaucoup plus perméable qui implique la ville et son entourage. 3. Cannarozzo T., “Agrigento: risorse, strumenti, attori. Percorsi verso nuovi orizzonti di sviluppo locale”, dans F. Lo Piccolo (par), Progettare le identità del territorio - Piani e interventi per lo sviluppo locale autosostenibile nel paesaggio agricolo della Valle dei Templi di Agrigento, Edizioni Alinea, Firenze, 2009, pp. 61-133. 4. Pour aider à franchir les dénivellations qui, en ce moment, rendent difficile le Parcours piétonnier du centre-ville au Parc Archéologique. 5. Action liée à l’institution d’une Biennale d’Art avec une capacité d’attraction qui prévoit des activités de récupération du patrimoine abandonné ou de mauvaise qualité du point de vue esthétique/ architectonique localisable aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Parc (street art, installations temporaires, réhabilitation du contexte architectonique, etc.). 6. Cf. intervention d’Andrea Bartoli. 7. Une référence du projet se trouve au Centre d’Agro-archéologie de Metaponto qui, sur base d’une convention avec L’Institut d’Archéologie Classique de l’Université du Texas, a comme but d’approfondir et de divulguer les études sur les origines de l’agriculture de la Lucanie et les transformations qui eurent lieu dans ce domaine pendant l’époque de la Grande Grèce. NOUVELLES VISIONS POUR LA VALLÉE DES TEMPLES

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LA MARGINE URBAINE, CHARNIERE VILLE-PARC FRANCESCO SCRUDATO

Les stratifications de la ville d’Agrigente, depuis toujours, carrefour de peuples et d’échanges culturels, où les phases historiques restent souvent bien visibles, même sous les yeux des personnes les moins expertes, en font aujourd’hui, un lieu de forme incertaine et non conclue au niveau de sa complexité urbaine. Dans un système sans un projet de croissance de la ville, la spéculation de la construction s’est emparée de grands territoires en dénaturant le paysage d’origine, en le transformant en un lieu composite, où l’hétérogénéité typologique des architectures donne vie à un espace plein de tensions. La forme d’origine de la ville1, de la ville historique, semble compromise, modifiée. Le paysage prend donc un aspect complexe et stratifié, fruit d’une ville historique toujours plus marginale au niveau du développement urbain, de la construction de bâtiments résidentiels au grand cubage qui ne dialoguent pas avec le contexte, de grandes infrastructures qui encerclent l’agglomération et qui caractérisent fortement le territoire, d’une liaison souvent niée avec le Parc Archéologique. Le projet a comme but de devenir la porte d’accès au Parc Archéologique de la Vallée des Temples et de développer les périphéries de la ville en créant de nouvelles centralités. Il faut être conscient que travailler sur la périphérie urbaine est le seul moyen pour tenter de recomposer les déchirures présentes à l’intérieur d’un contexte urbain qui doit dépasser les marges physiques de l’agglomération afin de s’unir avec le contexte territorial de référence ; c’est pourquoi, une enquête a été effectuée à la périphérie sud (via Ugo La Malfa et via Manzoni) qui devient une limite physique de la ville, mais qui pourrait devenir un élément de liaison entre le Parc et l’agglomération. Stratégiquement, on a voulu lire le territoire, de la ville à la mer, en

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fonction des axes parallèles qui relieraient ces éléments du point de vue physique et fonctionnel en tant que point focaux d’une nouvelle organisation territoriale. La première de ces2 lignes se réfère justement à la périphérie sud, qui se charge de réorganiser la limite urbaine en liant la ville au Parc. En remontant vers le nord, un axe (Viale della Vittoria) qui unit le centre de la ville, a été identifié dans la consécution des pauses urbaines de la place Aldo Moro et de la place Marconi, avec le centre historique d’un côté et le système marginal de l’ancien hôpital psychiatrique de l’autre côté. En descendant vers le sud, le système continue en reliant l’agglomération de Villaseta (complexe marginal et dégradé) avec la ville et le Parc. Le dernier axe est celui qui relie le système côtier d’Agrigente en unissant le Port Empedocle et San Leone. Avec cette vision, la ville prend une grande dimension, elle n’est pas seulement liée aux limites physiques de l’agglomération, mais a tendance à se reconnecter avec le système territorial. Le Parc devient donc un élément en mesure de structurer le système complexe d’Agrigente. A partir de la lecture des lieux, il a été opportun de projeter la Porte du Parc, un complexe de bâtiments qui abrite les services fonctionnels à l’accès, mais qui se présente aussi comme élément organisateur de l’espace, en mesure de se mettre en rapport avec le centre historique pour garantir un usage parfait aux touristes qui arrivent pour visiter la Vallée et aux résidents. En analysant le problème sur une grande échelle, par rapport à celle territoriale et en continuant une lecture parallèle, on a reconfiguré le système des espaces verts, qui devient un axe de reconnexion entre la zone plus en aval et le centre de la ville en reliant les deux niveaux avec un téléphérique qui permet de traverser la grande dénivellation. L’ancien hôpital psychiatrique d’Agrigente, qui se trouve à la fin de l’axe, est reconverti pour accueillir les espaces pour l’Université en générant, de cette manière, une nouvelle centralité en mesure de donner un nouveau sens à la zone terminale du Parcours. Dans l’espace libre compris entre le Viale della Vittoria et la via Ugo La Malfa, une nouvelle conception de l’espace vert a été prévue et sera mise en œuvre en suivant la disposition de la maille urbaine. L’entrée physique au Parc est prévue le long de la Via Ugo La Malfa avec la création d’une zone également pour desservir la ville. Simultanément, pour un usage mieux adapté de la zone, on a prévu la reconversion du Stade Esseneto en centre culturel, de manière à permettre à la zone d’acquérir entièrement une fonction culturelle ; les fonctions sportives seront absorbées grâce à la potentialisation de la zone de Villasetta, qui se prête à être la citadelle sportive3 d’Agrigente.

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L’entièreté de la zone avec ses espaces publics est reprojetée avec un nouveau dessin urbain, où le grand vide donnant sur la Via Ugo La Malfa revêt une importance primordiale. Cette splendide terrasse qui donne sur la Vallée des Temples et sur la mer, deviendra une place et représentera l’accès, même visuel, au Parc ; le centre d’interprétation4 sera construit en-dessous de celle-ci pour recevoir toutes les fonctions d’accueil et de connaissance du Parc. A travers celui-ci, il sera possible de faire la connaissance le Parc, grâce à des vidéos et des jeux didactiques, aussi pour les plus petits, de recevoir toutes les informations utiles pour un meilleur usage de la zone archéologique, pour se restaurer, acheter les services désirés (bike dispenser, navette, etc.). La mise en service d’un complexe sportif jamais terminé, qui sera transformé pour abriter des espaces de co-working et fablab, représente une autre partie du projet qui s’adresse davantage à la ville. Grâce à la réhabilitation d’un Parcours existant, ce système de services sera relié au musée (qui sera potentialisé) et permettra donc de vivre une expérience consciente et vivante du Parc, en passant d’une connaissance générale acquise dans le centre d’interprétation, à une connaissance détaillée, dans le musée et sur le terrain, dans la zone archéologique. L’espace qui sépare le centre d’interprétation du Musée abrite, en partie, des plantes d’essences locales (amandes et olives) qui suivent la disposition de la structure urbaine de la ville hellénistique et romaine et, d’autre part, un système de potagers périurbains. Des interventions conceptuelles stratégiques sont effectuées sur des bâtiments existants qui sont adaptés pour accueillir de nouvelles fonctions : la Villa Genuardi pour les bureaux de l’Autorité du Parc et la Direction, le Case Sanfilippo pour les espaces à utiliser pour la cuisine expérientielle, la Villa Aurea, pour un laboratoire expérientiel où les plus petits pourront s’approcher de l’archéologie de manière ludique, mais consciente.

Notes 1. En 1973, dans le documentaire “Pasolini e… la forma della città” Pasolini souligne une pensée extrêmement lucide sur la forme de la ville contemporaine. 2. Les lignes sont des axes stratégiques d’intervention, fruit d’une stratégie conceptuelle qui veut impliquer toute la zone de la ville d’Agrigente et qui unit les fragments d’une structure urbaine diffuse formée par plusieurs centres. 3. Des structures sportives, jamais terminées sont concentrées à Villaseta et pourraient être utilisées par la ville en redonnant un sens à cette zone marginale. 4. Le bâtiment initialement dénommé visitor center, a été appelé par la suite centre d’interprétation, sur suggestion du prof. Fakher Kharrat, car cette dénomination semble mieux transmettre le sens de cette architecture au service du Parc et de la ville.

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WORKSHOP ÉTUDES, STRATÉGIES, PROJETS


01 ÉTUDES/

Analyses du contexte

Les analyses du contexte territorial d’Agrigente ont concerné : - le niveau d’accessibilité intra-communal et les principales relations paysagères et fonctionnelles avec le territoire étendu de la Province et de la Sicile Occidentale ; - le niveau d’accessibilité territorial et les rapports territoriaux de vaste zone par rapport à l’habitat et au système infrastructurel à l’échelle provinciale ; - les principales ressources culturelles et naturelles du territoire étendu : le patrimoine archéologique des centres mineurs de la zone (Cattolica Eraclea, Realmonte, Montallegro, Aragona, Raffadali, etc.) et le

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

patrimoine naturel Informations générales et environnemental Superficie de la ville d’Agrigente (Les SIC, les réserves, 224 kmq Scala dei Turchi, les Maccalube di AragoPopulation résidante dans la na, etc.) ; Province d’Agrigente (2001) 441.669 ab. - la localisation des sites UNESCO à Superficie du Centre Historique échelle régionale 80 ha et du système des Parcs Archéologiques Population résidante dans la Commune d’Agrigente (2015) Régionaux ; 52.545 ab. - l’évaluation des flux Taux de chômage (2001) et de la permanence 23,6 % touristique ; Le site UNESCO - les données socio-économiques du Superficie inscrite (ZONE A du territoire à l’échelle Parc) 934 ha provinciale.

“Buffer Zone” (ZONE B du Parc) 1.869 ha Le Parc Superficie de la zone naturelle du Parc 1.300 ha Nombre de visiteurs (2012) 681.066 Superficie des terrains agricoles dans le Parc 330 ha

[224


Santa Margherita di Belice

Popolazione

Sambuca di Sicilia

Cammarata

da 977 a 15000 abitanti da 15001 a 30000 abitanti

San Giovanni Gemini Caltabellotta

Menfi

Burgio

Bivona

Lucca Sicula Sciacca

da 30001 a 45000 abitanti

Santo Stefano Quisquina

da 45001 a 59136 abitanti

Villafranca Sicula

Alessandria della Rocca Casteltermini

Flussi pendolari

Calamonaci San Biagio Platani

Originati

Cianciana

Ribera

Sant'Angelo Muxaro

Destinati Grotte Comitini

Cattolica Eraclea Santa Elisabetta Raffadali

Racalmuto

Aragona Joppolo Giancaxio

Montallegro Siculiana

Castrofilippo

Agrigento

CanicattĂŹ

Porto Empedocle Realmonte

AGRIGENTO Naro Favara Camastra

Ravanusa Campobello di Licata

Palma di Montechiaro Licata

Flux pendulaires par origine et destination

WORKSHOP

[225

ÉTUDES/

Montevago


LÉGENDE Confine provinciale Confine comunale

PATRIMOINE NATUREL Parco dei Monti Sicani SIC - Sito di Interesse Comunitario SIC - Sito di Interesse Comunitario marino ZPS - Zone a Protezione Speciale Riserve Naturalistiche Regionali Aree boscate esterne al parco Laghi/Invasi artificiali Sistema fluviale

Colture tipiche c strutturali il paesaggio agrario Colture frutticole tipiche e Igp Colture dei vitigni Doc e Igt

PATRIMOINE CULTUREL Parco archeologico della Valle dei Templi

Centri di fondazione

Castello

Contemporanea Moderna

Castrum

Musei

Feudale

Museo naturalistico

Araba

Museo archeologico

Romana

Museo civico

Greca

Museo etno-antropologico

PATRIMOINE ARCHITECTURAL

Architetture e strutture produttive agricole e protoindustriali Bagli, casali, cortili, fattorie, masserie Cave, miniere e solfare storiche Mulino

MOBILITÉ ET ACCESSIBILITÉ

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ Autostrada Strade Statali Strade Provinciali Rete ferroviaria

[226


WORKSHOP

[227


Sites UNESCO et Parcs Archéologiques

6

Me

9 1 Pa 3

Tp

2

4

5

5

3

6

7

7 2 En Ct

Cl

Ag

1

2

1

8

1

7

3 5

8

Rg

1

4

4

Sr

3

6

Analyses du contexte

Les analyses du contexte ont pris en considération la localisation des sites UNESCO et des Parcs Archéologiques Régionaux, le réseau écologique régional : Parcs, SIC, ZPS, Réserves et les zones archéologiques à identités communes, des centres de fondation et

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

des éléments patrimoniaux caractéristiques à échelle régionale. L’immense patrimoine régional de ressources se propose pour compléter une offre locale déjà forte, mais à potentialiser spécialement dans une optique du système.

[228

Siti UNESCO

Parchi archeologici

Patrimonio materiale

1

Valle dei Templi

2

Selinunte

3

Segesta

2

Piazza Armerina e la Villa del Casale

4

Monte Jato

5

Solunto

3

Le città barocche della Val di Noto

6

Himera

7

Naxos

1

Area Archeologica di Agrigento

1 2 3 4 5 6 7 8 4

5

Catania Modica Noto

Capoluoghi di provincia

Palazzolo Acreide

Ag

Agrigento (Caso studio)

Ragusa

Pa

Palermo

Me

Messina

Ct

Catania

Sr

Siracusa

Rg

Ragusa

Tp

Trapani

Cl

Caltanissetta

En

Enna

Scicli Caltagirone Militello in Val di Catania

Siracusa e le necropoli rupestri di

1 Siracusa 2 Pantalica Il circuito arabo-normanno di Palermo e delle cattedrali di Monreale e Cefalù

1 Palermo 2 Monreale 3 Cefalù 6

Isole Eolie

7

Vulcano Etna

Patrimonio immateriale

8

La vite ad alberello di Pantelleria

9

Opera dei Pupi


Le réseau écologique régional

Rete ecologica dei Parchi regionali Parco dei Nebrodi Parco dell'Etna Parco delle Madonie Valle dell'Alcantara Parco dei Monti Sicani

Siti di importanza comunitaria e Zone a protezione speciale SIC marino SIC ZPS Riserve naturalistiche regionali Riserve naturali

Centres par fondation d’origine Milazzo Messina Tindari

Palermo Solunto

Erice Segesta

Monte Iato

Imera

Alesa

Mozia Lilibeo

Nasso Entella Selinunte Villa Romana del Casale

Eraclea Minoa

Catania

Morgantina

Agrigento

Lentini

Megara Iblea Casmene

Siracusa

Fondazioni doriche Fondazioni ioniche

Camarina

Fondazioni elime Fondazioni puniche

WORKSHOP

[229

ÉTUDES/

Siti archeologici di varia natura


Valeurs et critiques

L’interprétation des ressources territoriales et des analyses du contexte se sont traduites en une lecture antinomique qui simplifie les valeurs et les difficultés territoriales en les synthétisant.

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

Les problèmes liés au risque hydrogéologique et à l’habitat construit illégalement qui assiègent les urgences monumentales servent de contrepoids au riche patrimoine archéologique et paysager.

[230


[231

ÉTUDES/

WORKSHOP


Cycles de vie RED CYCLE

L’analyse pour les cycles de vie est effectuée pour évaluer les relations fonctionnelles et identitaires importantes du contexte territorial du Parc, de la Vallée et du système urbain. L’analyse fait particulièrement attention à la lecture par “cycles” des composants identitaires à travers l’utilisation de schémas conceptuels et idéogrammatiques et à la lecture des relations paysagères et orographiques du site, aux facteurs de difficultés et de risque. Les analyses ont été orientées pour la compréhension : - des composants du système d’habitat actuel (le centre historique, l’habitat polycentrique, les centres historiques diffus et l’habitat côtier et les maisons de villégiature) ; - l’équipement infrastructurel par hiérarchies (infrastructure ferroviaire,

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

trafic externe, trafic de connexion, etc.) ; - la définition des principaux attracteurs à l’échelle communale ou intercommunale de type culturel et à caractère général (le Musée Archéologique Régional, le complexe de Chiaramonte, le Pôle Universitaire, l’Hôpital, le Palais de Justice, etc.) ; - la dotation des principales ressources environnementales et culturelles.

BLUE CYCLE

BROWN CYCLE

[232


GREEN CYCLE

Fonctionnement métabolique et cycles : green, blue, red, grey et brown cycle WORKSHOP

[233

ÉTUDES/

GREY CYCLE


PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[234


WORKSHOP

[235


Transformations

La lecture des programmes de développement socio-économique des stratégies générales de développement territorial en cours du territoire sont issues de l’analyse des contenus du Plan du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente, du Plan de Gestion du Site UNESCO et du Plan d’aménagement général de la Commune d’Agrigente.

Le thème infrastructurel, par rapport auquel des solutions rentrant de toute évidence en contraste avec les deux instruments de planification, le Plan du Parc et le Plan d’Aménagement Général de la ville, a suscité une attention particulière.

1. MOBILITÉ DE SERVICE DANS LA ARCHÉOLOGIQUE ZONE

3. SERVICES DU PARC

4. SERVICES URBAN GÉNÉRAL 2. ITINÉRAIRES DE VISITE ET ACCÈS

5. ÉQUIPEMENT COMMERCIAL ET SERVICE PRIVE

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[236


ITINERAIRE COTIERES

ITINERAIRE ART ET NATURE

ITINERAIRE DE LA RIVIÉRE-GREENWAYS

WORKSHOP

[237


Analyse SWOT Les analyses sur la structure, celles du contexte et les analyses sur les valeurs et les difficultés ont contribué à l’interprétation du tableau des opportunités et des menaces qui agissent sur le territoire à partir de l’interaction avec les points forts et les points faibles déterminés. La rédaction de la matrice SWOT a pris comme point de départ la matrice déjà insérée dans le cadre du Plan de Gestion du site UNESCO en visant, notamment, l’intégration des évaluations sur les composants territoriaux de grande zone et l’évaluation du niveau d’interaction entre le Parc et l’habitat d’Agrigente. La lecture des transformations en cours, des politiques de développement déjà commencées, des ressources matérielles et immatérielles et des difficultés territoriales a permis de définir une stratégie de conservation et de mise en valeur intégrée du site

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

qui agit sur les valeurs matérielles et immatérielles, ainsi que sur les relations avec les habitats du contexte et sur les relations paysagères, ainsi que sur la réappropriation identitaire du Parc par la communauté d’Agrigente.

POINTS FORTS Valeur exceptionnelle du Site Archéologique (WHL UNESCO). Rôle de la Vallée comme conteneur de biodiversité et élément fondamental du Réseau écologique régional. Productions typiques associées à une agriculture multifonction. Centre historique à forte valeur historique et identitaire riche en institutions culturelles et en lieux d’expérimentation du dynamisme social.

OPPORTUNITES Zone archéologique d’Agrigente honorée par la“Déclaration de valeur universelle exceptionnelle”, DVUE,adoptée,seulement pour dix-huit sites italiens,à l’occasion du 39ème Comité du Patrimoine Mondial. Récupération paysagère et conservation du“Bosco di Mandorli e Ulivi”.(Projet Norme

Le Parc avec son rôle fondamental de leadership de l’entièreté du patrimoine archéologique et paysager de la Vallée. Stratification de sites archéologiques et naturels proches de la Vallée et en interaction directe avec l’échelle régionale. Forte coexistence d’un héritage culturel matériel et immatériel.

Création d’un parking relais à Villaseta et déclassement de la S.S.118 en route locale.(Projet Norme 7 Plan du Parc Arch.et Paysag.Val.des Temples).

Réutilisation des conteneurs à l’abandon comme la vieille prison,l’hôpital S.Giovanni di Dio et l’hôpital Psychiatrique.(PRG Agrigente). Réutilisation des axes ferro5 Plan du Parc Arch.et Paysag.Vallée viaires existants comme le des Temples). Métro,le tram touristique et Institution et mise en route la navette ferroviaire entre d’un Ecomusée du Paysage la Gare FS haute et la Gare de la Vallée à Case Fianda- FS basse.(PRG Agrigente). ca.(Projet Norme 7 Plan du Parc Reconversion du Village Arch.et Paysag.Val.des Temples). Mosè.(PRG Agrigente).

[238


POINTS FAIBLES La Vallée des Temples interprétée jusqu’à présent comme une ressource polarisante et sous-utilisée par la communauté. Abandon,dégradation du centre historique et fragilité de son contexte socio-économique. Relations toujours difficiles entre le Parc et le territoire dues à la présence de détracteurs paysagers (infrastructures routières, constructions illégales,etc.).

Habitat diffus caractérisé par des réalisations incomplètes et par une absence de services de base. Saisonnalité des flux touristiques (polarisés,avec des courtes permanences et une mauvaise offre des structures hôtelières). Perte progressive du paysage agricole traditionnel et,par conséquent, fragmentation environnementale.

WORKSHOP

[239

ÉTUDES/

MENACES Hypothèse de réalisation d’un Terminal de regazéification GNL à Porto Empedocle (Décret du Ministère de l’Environnement. DEC-2008-0000966 du 29/09/2008).


02 STRATÉGIES/

Osmoses, connexion et interaction Les stratégies proposées comprennent notamment les thèmes suivants : Osmose/actions visant l’implémentation de la participation de la communauté à travers la promotion d’espaces pour le bien-être et l’innovation sociale ; Osmose/actions visant la désaisonnalisation des flux et l’allongement de la durée des séjours touristiques afin que la Parc devienne le moteur du développement territorial d’Agrigente ; Connecteur/actions visant la promotion de l’utilisation du site et du territoire d’Agrigente avec une référence spéciale à la promotion des itinéraires culturels thématiques et au système intégré de l’offre touristique également en référence à l’intégration avec le système des Parcs Archéologiques Régionaux ; Interface/stratégies visant l’interaction du Parc-Système urbain (avec une référence particulière au thème de la

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

récupération du Centre Historique) en travaillant aussi bien sur le système des accès, à la rationalisation des services d’accès (parkings, info-point, visitor center) que sur les zones d’interface Ville-Parc ; Interface/actions visant la mise en valeur de l’agriculture multifonctionnelle des tissus agricoles, la production et l’entreprenariat et la définition de formes innovantes de gestion, même à partir d’initiatives déjà commencées dans le cadre du Plan du Parc et le renforcement de la Marque du Parc et du projet pour une agriculture de production de qualité dans la Vallée des Temples. La créativité est considérée par le projet comme un facteur de base pour le développement, car elle est génératrice de nouvelles formes d’économie et, pas seulement, attracteur de ressources intellectuelles.

[240

Des Iles déconnectées pour la formation d’un grand archipel culturel. Le Parc Archéologique comme intégrateur métabolique


MÉTAB

OL IS

Coopération

ÉAT

Créativité

CR

Identité

M E

Patrimoine

IF

Métabolisme

Auteur traitement à partir de Crosas C. (par) (2015), Barcelona Metròpolis, L’urbanisme metropolità avui, AMB, Barcelona, p. 228.

WORKSHOP

[241

STRATÉGIES/

Économie


PRODUCTIVITÉ

RECHERCHE

PATRIMOINE

CRÉATIVITÉ

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[242


Zone d’expansion

MÉTABOLISME TERRITORIAL Chaque composant contribue au développement des autres composants constituant un organisme vivant

Contrada Fontanelle

Université Formation et recherche avancée dans des domaines spécifiques

Montaperto Village Agglomération rural d’origine médiévale

Vieille ville Lieu du patrimoine historique et culturel

Agrigento Bassa

Port Structures du port maritime

Centre commercial Générateur d’économies

Agrigento Favara

Villaseta

Farm Cultural Park Lieu d’expérimentation et de dynamisme social

PARC ARCHEOLOGIQUE

Porto Empedocle

Villaggio Mosè

SYSTÈME DYNAMIQUE VIVANT Le Parc est le moteur générateur de l’économie et du développement. Il fournit de l’oxygène et des nutriments à toutes les parties de son territoire

San Leone

Système de services et équipements touristiques

Front de mer Destinations vacances balnéaire caractérisée par des résidences d’été

Le Parc Archéologique d’Agrigente est un Parc vivant où cohabitent parallèlement au moins quatre “dimensions” : la dimension de la tutelle et de la mise en valeur du patrimoine, la dimension de la recherche menée avec l’Université ; la dimension de la productivité liée aux produits agricoles ; celle de la communication et de la créativité qui se reflète dans les activités à travers lesquelles le Parc s’ouvre à la communauté : laboratoires didactiques, expositions, concerts, événements culturels. Ce sont toutes des ressources existantes que le projet a l’intention d’enrichir et d’augmenter. Le projet regarde le territoire à travers la métaphore du corps

WORKSHOP

humain où chaque composant participe au fonctionnement global, à l’intérieur d’un seul mécanisme métabolique. Les différents composants du territoire peuvent être associés aux parties qui composent le corps : l’esprit correspond donc à une nouvelle gouvernance, comme premier composant essentiel du changement ; le cerveau et l’épine dorsale sont les éléments de connexion entre les différentes parties, la structure concrète et portante : un axe Ville-Parc ; par contre, le Parc Archéologique est l’intégrateur métabolique, le moteur propulseur, le cœur du territoire.

[243

Alimenter les différentes “âmes” du Parc pour générer un archipel culturel et créatif

STRATEGIÉS/

Les quatre “dimensions” du Parc


Innovation sociale et régénération urbaine/Coworking et startup, espaces pour le bien-être et l’innovation sociale Le projet propose quelques actions de perturbation qui, à partir de la présence d’un environnement créatif dans la zone, sont en mesure de changer leur destination de stagnation apparente ou de déclin dans laquelle il se trouve, en activant l’énergie potentielle nécessaire pour produire une perturbation dans le contexte qui active la propension de la population résidante à la mobilisation et à la coopération pour gagner le défi contre la marginalité.

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[244


WORKSHOP

[245


GREEN E RED CYCLE

GREY CYCLE

Centro storico Impianto della città di Akragas Parco Archeologio e Paesaggistico Valle dei Templi

P P

Parcheggi scambiatori Parcheggi urbani Porto turistico Porto Industriale

FOCUS STRATÉGIQUE STRATEGICI Rete Ferroviaria MetroParco

Focus 1 (asse strada - parco)

FS

Stazioni ferroviarie

Focus 2 (interfaccia)

FS

Stazioni metroParco

Focus 3 (parco “vivo” integrazione e osmosi)

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[246


1. Épine dorsale (Relier le Parc et la Ville)

2. Interface (Interaction entre le Parc et la Ville)

WORKSHOP

[247

STRATÉGIES/

3. Parc Archéologique comme un organisme vivant et intégré


Le territoire est le Parc ! Le projet déclare le principe pour lequel “le territoire est le Parc”, en précisant la nécessité que les politiques de gestion, ainsi que les stratégies conceptuelles dépassent les limites juridiques du Parc Archéologique, en assumant une plus grande porosité et une intégration de fonctions et de services comme base pour un nouveau fonctionnement métabolique territorial. En 1857, dans une vision de synthèse imaginaire, Von Klenze restitue le rapport étroit existant dans le paysage de la Vallée en réunissant le centre historique actuel, les temples et l’habitat sur la colline en une seule vision. Le projet vise cette unité idéale, contestée par les dynamiques territoriales contemporaines, en proposant la mise en valeur des potentialités de certaines zones périphériques ou des enclaves historiques ou des paysages marginaux comme

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

moteur de transformation de la cohésion sociale et du malaise qui se sont générés comme réaction et qui attendent d’être réorientés comme force propulsive vers un nouveau futur. La profonde stratification culturelle de ressources identitaires de la zone doit être associée à la volonté et aux compétences institutionnelles et techniques en mesure de les mettre en valeur et à une population qui ressent la nécessité d’interagir et de participer au projet de transformation.

[248


WORKSHOP

[249

STRATÉGIES/

L. Von Klenze, Le Temple de la Concorde à Agrigente, 1857.


Nouvelle mobilité fast et slow Dépotentialisation du système du routier qui traverse la Vallée des Temples de manière transversale et perpendiculaire à travers une ZTL (interdiction de faire passer des poids lourds et des cars touristiques). Détermination de nouveaux parkings et de parkings relais autour de l’habitat et à proximité du Parc. Création d’un système de mobilité douce dans le cadre urbain et du Parc (pistes cyclopiétonnières/itinéraires à cheval/points de bikesharing-bike sharing à pédalage assisté, self balancing scooter, etc.)

Rétablissement de la production agricole pour la protection des paysages agricoles traditionnels Nouveau modèle de gestion du système agricole à travers un cahier des charges de production de la marque Diodors et l’extension de celui-ci aux territoires extérieurs au Parc. Récupération des espèces d’arbres et d’arbustes traditionnels et réintroduction de techniques de cultures anciennes (centres de recherche liés à la reconstitution et à l’application de méthodes et d’instruments de culture du monde grec et romain).

Le Parc Archéologique s’étend en dehors de ses confins institutionnels, il se “projette” dans le territoire dont il fait partie PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[250

Récupération de la qualité urbaine de l’habitat diffus Réaménagement des systèmes touristiques et commerciaux et de l’habitat le long l’axe routier de Villaggio Mosè au moyen de la définition d’une nouvelle ZFU “zone franche urbaine” (reconversion de structures obsolètes, primes de défiscalisation pour des travaux de restauration de construction, etc.). Localisation du nouveau pôle sportif à Villaseta comme premier moteur de régénération urbaine. Retourner vivre dans le centre historique.


Lier le Parc Archéologique à l’écosystème territorial : un tissu de culture matérielle composé par un entrelacement d’habitation et de services, de culture et d’un folklore précieux. Un territoire dense de ressources naturelles et environnementales. Institution d’une Biennale d’Art avec une capacité d’attraction qui prévoit des activités de récupération du patrimoine abandonné ou de mauvaise qualité du point de vue esthétique/architectonique localisable aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Parc (street art, installations temporaires, réhabilitation du contexte architectonique, etc.). Redéfinition d’une série d’événements inscrits au calendrier qui se réfèrent à l’agriculture de qualité (Agro-archéologie), au tourisme didactique (Social Farm, laboratoires éducatifs, simulations d’excavation, etc.) et expérientiel (Festival de la cuisine gréco-romaine). Conception de Parcours archéologiques potentialisables grâce à l’utilisation de nouvelles technologies (expériences de vie augmentée-Google Glass). Définition d’un nouveau MetroParco (à traction électrique et/ou hydrogène) en utilisant les tracés existants et en implémentant les arrêts à l’intérieur et à l’extérieur du Parc.

WORKSHOP

[251

STRATÉGIES/

Connexions entre le Parc et l’écosystème territoire


03 PROJETS/

L’axe, l’interface, le Parc “vivant” Pour alimenter la nouvelle alliance entre le Patrimoine et la Créativité, un environnement urbain et territorial approprié est nécessaire, pour créer de nouvelles actions écosystémiques finalisées à potentialiser l’armature culturelle. L’existence d’une structure culturelle enracinée et d’un écosystème créatif sont donc des conditions nécessaires pour amorcer un processus de culture-based renaissance d’un territoire et de sa communauté. A partir de ces considérations, le projet conceptuel a déterminé trois dispositifs stratégiques : 1. L’axe. La route Parc : le nouvel accès principal au Parc Archéologique par le Musée et l’axe de connexion ville-zone archéologique comme promenade/Parc ; 2. L’interface. Interaction Ville-Parc : la zone qui sépare le Parc et l’habitat de la ville historique est réétudiée pour accueillir des fonctions mixtes et pour jouer le rôle de connexion et de cohésion entre les

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

activités d’utilisation du Parc et les anciennes et les nouvelles fonctions urbaines (le Centre d’interprétation) ; 3. Le Parcours. Le Parc vivant : la relocalisation du système des accès, des itinéraires et des services au Parc et aux activités ouvertes à l’interaction avec la ville et le territoire. Pour compléter les trois dispositifs, le projet propose un nouveau système routier qui, d’une part, libère le Parcours et, de l’autre, reconnecte le territoire dans toutes ses portions, en facilitant l’habitat diffus, la réutilisation, la conversion des quartiers limitrophes, “en réduisant” les îles déconnectées de leur territoire. Le projet promeut des moyens de mobilité éco-durable dans le Parc et dans le centre historique, de slow mobility (par exemple, le train historique), des pistes cyclables, bike et car-sharing, en plus des parkings pour les autocars touristiques sur l’esplanade Rosselli et Porta V.

[252


Connecter le Parc et le territoire en réalisant des lieux de proximité où faciliter la comparaison et la vision de la communauté WORKSHOP

[253


L’AXE/ LA ROUTE PARC SIMONA AUGELLO, DARIO GIULIANO, IKRAM KRIDEN, STEFANIA PIAZZA, RIHAB SEDDIK, ZINEB KBAINER. (TUTOR) FRANCESCA MONTAGNA

Établir une relation osmotique et connection Ville-Parc


Le “nouvel axe routeParc” se propose comme dispositif de nouvelle liaison entre la ville et le Parc. L’axe du projet démarre à proximité de la Gare Centrale où une nouvelle “porte urbaine“ se propose comme élément d’accès direct au Parc. L’axe franchit la dénivellation entre le centre historique et la Vallée à travers des systèmes de remontée mécanique en interceptant des espaces adjacents sous-utilisés et une partie du tissu urbain existant. Le projet propose, par exemple, la reconversion d’une zone actuellement en état d’abandon en Arts&CreativeHub, avec de nouveaux espaces dédiés au partage et à la socialité, une Design Factory, ResidArt et un des sièges de la Biennale d’Art. De nouveaux pavillons aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Parc sont un instrument pour la récupération du patrimoine abandonné ou de mauvaise qualité à travers des initiatives de street art et des installations temporaires.


PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[256


Le musée l’accès à visiter

Une nouvelle porte urbaine au Parc sur la place de la Gare Centrale

Un premier tronçon du nouvel axe prend fin à proximité du Stade communal Esseneto d’où démarre un Parcours piétonnier partiellement couvert jusqu’au Musée Archéologique Régional “Pietro Griffo”. Le projet du nouvel axe donne au Musée le rôle de véritable zone d’accès au Parc et de point de départ du Parcours de visite. En ce qui concerne la structure du musée, le projet prévoit des actions de nouvelle adaptation d’exposition, l’augmentation de l’offre (laboratoires didactiques, réévocations historiques, etc.) et la mise en valeur de l’Ekklesiasterion à travers des représentations théâtrales de musique grecque et romaine.


PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[258


Une routeparc, piste cyclable comme un élément de re-couture des espaces et des services publics

Les terrains abandonnés placés autour du Parc sont transformés en jardins urbains et en zones de production expérimentales, pour la récupération de techniques traditionnelles et agro-archéologiques et un jardin thérapeutique/ sensoriel sera prévu le long de la promenade avec des essences typiques du monde grec et romain, il sera associé à une “FloraFarm” pour y effectuer des activités didactiques.


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PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[260

ui


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Coupe A

Coupe C

Un axe longitudinal Ville-Parc

Coupe B s

Le projet propose une nouvelle porte urbaine et un système de connexion physique et fonctionnel direct entre le cœur de la ville et de son accès sur les voies ferrées (la Gare) et le cœur du Parc qui, pour le projet, est le Musée, premier élément d’introduction consciente au Parcours archéologique. L’hypothèse d’axe se marie aussi avec les contenus conceptuels du dispositif du projet “interface” qui, en regard, avec la zone du stade et du parking adjacent propose respectivement un centre culturel et le centre d’interprétation comme un élément d’accueil et un point d’informations pour les touristes.


Schéma général du système

Système de fauchage

Jardins partagés

Chemins/Artefacts

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[262


RÉSEAU ROUTIER

Focus/ COMPOSANTS VÉGÉTAUX

SYSTÈME D’ESPACES OUVERTS RAPPORT PLEIN/VIDE

ZONE D’ÉTUDE

Des approfondissements conceptuels du projet “Interface” élaboré lors du Campus DO.RE. MI.HE., document de Stefania Piazza extrait de “Archè”, Thèses de Maîtrise de Simona Franzone et de Stefania Piazza, directeur de maîtrise Maurizio Carta, codirectrice de maîtrise Barbara Lino.


L’INTERFACE INTERACTION VILLE-PARC ALESSANDRA CANALE, BILEL CHEBBI, SIMONA FRANZONE, FEDERICA FRUMENTO, RAHMA HAMZAOUI, MARCO LONGO. (TUTOR) FRANCESCO SCRUDATO

La marge urbaine comme interface de connexion entre la Ville et le Parc au moyen de la configuration de nouveaux services


La zone d’interface Ville-Parc est constituée par la zone qui sépare le Parc et l’habitat de la ville historique. Le projet réexamine son équilibre pour accueillir les fonctions mixtes et pour jouer le rôle d’élément de jonction entre les activités d’utilisation du Parc et les anciennes et les nouvelles fonctions urbaines. L’axe de raccordement qui unit le Parc urbain et le jardin botanique est considéré par le projet comme élément stratégique pour la construction de nouveaux espaces publics et de nouvelles fonctions de valeur. Le Centre d’interprétation qui se présente comme un point d’interaction entre l’axe transversal Parc-urbain-jardin botaniqueSanctuaire de la Porta II et l’ axe longitudinal du centre historique-Parc Archéologique représente l’élément clé du projet.


RECONFIGURATION DU SYSTÈME D’ESPACES VERTS COMME AXE DE RECONNEXION

CONCEPTION DU BORD URBAIN COMME INTERFACE DE CONNEXION ENTRE LE PARC ET LA VILLE, GRÂCE À LA RECONFIGURATION DE NOUVEAUX SERVICES

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[266


L’axe transversal Jardin botaniquejardins

Dans la zone d’intersection entre les deux axes, le projet place un complexe de lieux et des édifices reconvertis et/ou créés entièrement nouveaux en générant un tissu connectif en mesure de réunir les deux éléments jusqu’à présent séparés : le Parc et la ville. Le Centre d’interprétation est notamment conçu comme lieu où acquérir toutes les informations de base sur le territoire : art, artisanat, nature et paysage, ressources, alimentation et produits typiques, transports événements et manifestations culturelles d’Agrigente, de sa province et de la région. Une porte ouverte sur le


CENTRE CULTURELLES

CO-WORKING/FABLAB

UNIVERSITÉ ET SERVICES

LE MUSÉE

FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES LABORATOIRES

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

[268


TÉLÉPHÉRIQUE

UNIVERSITÉ

ARCHÉOLOGIE ET LOISIRS

ATELIERS

Centre d’Interprétation : lieu de rencontre, moteur de recherche et de créativité territoire. Le Centre d’interprétation est également conçu comme un lieu où savoir construire un Parcours personnalisé de visite du Parc (par exemple, en exploitant la “réalité augmentée” qui permet d’obtenir une perception réelle des édifices anciens et en sélectionnant des points d’intérêts à approfondir) de la ville et de son territoire plus vaste. En effet, le Centre d’interprétation, est conçu comme un lieu de rencontre et d’échange culturel et est doté de services qui s’adressent à la communauté et aux touristes, lieu d’accueil des visiteur, le bookshop et le bar, une salle multimédia qui offre la possibilité d’avoir une interaction directe entre l’individu et le territoire, même à travers des programmes qui permettent d’intervenir avec des propositions et d’exprimer des opinions


COUPE LONGITUDINAL. DISTRIBUTION DES SERVICES POUR LA MISE EN VALEUR DU PARC ARCHÉOLOGIQUE ET LA CONNEXION AVEC LA VILLE.

COUPE TRASVERSAL. DISTRIBUTION DES SERVICES POUR LA MISE EN VALEUR DU PARC ARCHÉOLOGIQUE ET LA CONNEXION AVEC LA VILLE.

PATRIMOINE ET CRÉATIVITÉ

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Une nouvelle centralité avec des espaces publics et des services pour les touristes et pour la communauté personnelles. Parmi les autres activités Ils peuvent être effectués : expositions de maquettes de restitution ; représentations tridimensionnelles ; projections vidéo illustratives de tous les instruments qui sollicitent la compréhension des richesses conservées sur le territoire. Dans la zone d’interface, le projet propose aussi d’autres services, dans ce cas aussi, destinés aux citoyens et aux touristes. Le palais des sports, jamais terminé, adjacent à l’esplanade, a été conçu comme espace coworking et fablab. Le Stade actuel Esseneto, a été conçu comme un Centre Culturel polyvalent destiné aux spectacles musicaux, aux expositions, aux congrès et aux


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CHEMINS ET SYSTÈME DE MOBILITÉ

Focus/ SYSTÈME D’ESPACES OUVERTS | RAPPORTS PLEIN/VIDE

SYSTÈME DES RÉSEAUX VERTS

ENSEMBLE DE SYSTÈMES

Des approfondissements conceptuels du projet “Interface” élaboré lors du Campus DO.RE. MI.HE., document de Simona Franzone extrait de “Archè”, Thèses de Maîtrise de Simona Franzone et de Stefania Piazza, directeur de maîtrise Maurizio Carta, codirectrice de maîtrise Barbara Lino.


LE PARCOURS LE PARC VIVANT MARCO OLIVA, SALVATORE PALUMBO, GIOVANNI POLIZZI, IMEN BEN SLIMANE, SAFA HAJ ALI, NERMINE RAJBAOUI. (TUTOR) VINCENZO SPATARO

Augmenter relation individuelle territoire par le tourisme expérientiel. Un système dynamique et interactif utilisation


Un Parc poreux et perméable : la relocalisation du système des accès, des itinéraires et des services au Parc et aux activités ouvertes à l’interaction avec la ville et le territoire. Le projet a l’objectif principal de réétudier le système d’utilisation du Parcours archéologique. La zone charnière du Stade Esseneto a été imaginée pour accueillir le Centre d’interprétation et une zone d’échange pour la mobilité durable. Les déplacements au sein du Parc ont, eux aussi, été réétudiés sous un aspect durable, grâce à la mise en service de navettes électriques et à la réalisation d’un Parcours circulaire à l’intérieur de la zone archéologique, en exploitant les routes déjà existantes.


Servizi Stazione autobus

VC

FS

Visitor center

Stazione treni centrale

Ingresso al parco

FS

Stazione

Fermata bus

Taberna romana

Area di servizio

Fermata treno

Area attrezzata

Itinerari

Attrattive Punto panoramico

Porte urbiche 1. Porta di Ponte 2. Porta Panitteri 3. Porta dei Saccajoli 1. Palazzo Borsellino 2. Palazzo Casà 3. Palazzo Crapanzano 4. Palazzo dei Giganti 5. Palazzo della Provincia 6. Poste centrali 7. Stazione Centralea

Chiese 1. Cattedrale di San Gerlando 2. Chiesa di S. Maria dei Greci 3. Chiesa del Santo Spirito 4. Chiesa di S. Domenico 5. Chiesa di S. Pietro 6. Chiesa della Santa Croce 7. Chiesa di S. Giuseppe 8. Chiesa dell’Addolorata 9. Chiesa di S. Giacomo 10. Chiesa di S. Lucia 11. Chiesa di S. Francesco di Paola 12. Chiesa del Purgatorio 13. Chiesa Batiola 14. Chiesa di S. Nicola

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Area 3D Glass 1. Tempio di Vulcano 2. Santuario delle Divinità Ctonie 3. Tempio di Zeus 4. Tempio di Ercole 5. Tempio della Concordia 6. Tempio di Giunone 7. Santuario Rupestre 8. San Biagio 9. Santa Maria dei Greci 10. Necropoli Pezzino 11. Necropoli di San Gerlando 12. Tomba di Terone 13. Santuario di Esculapio 14. Porta VI 15. Basilicula 16. Porta I 17. Agorà inferiore 18. Agorà superiore 19. Ipogei Giacatello 20. Quartiere ellenistico-romanoa

Principale Panoramico San Calogero Storico-culturale Area orientale Cardo - decumano Necropoli romane Necropoli Pezzino Agorà inferiore

Strada ferrata Circolare interna al parco Navetta posteggio-case S. Filippo

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Services pour le tourisme expérientiel

Mobilité slow et écodurable

Après la visite du Centre d’interprétation et du Musée archéologique, le Parcours prévoit la visite de la zone du quartier hellénistique-romain, en poursuivant par la Via Panoramica Valle dei Templi, la Via Sacra, d’est en ouest, jusqu’à l’arrêt ferroviaire du Temple de Vulcain. L’itinéraire principal est accompagné de six Parcours secondaire dans la zone archéologique et de deux autres Parcours à l’intérieur du centre historique. Enfin, le projet intègre quelques services supplémentaires à l’intérieur de la zone archéologique, dans des bâtiments et des zones appartenant déjà au l’Autorité du Parc ou en phase d’expropriation. Ces services seront voués à intégrer la visite classique avec des activités ayant un plus grand impact émotionnel basé sur l’expérience directe (réalité augmentée, laboratoires de cuisine antique, etc.).


LES AUTEURS ANGELA ALESSANDRA BADAMI Professeur associé en Urbanisme au Département d’Architecture de l’Université de Palerme. Elle mène des recherches sur la mise en valeur du patrimoine culturel territorial et sur les procédés de renouvellement urbain pour le développement économique et social et la reconversion des villes. FILIPE THEMUDO BARATA Professeur en Histoire et en Patrimoine culturel auprès de l’Université d’Évora et responsable de la Chaire UNESCO sur le patrimoine immatériel et la spécialisation intelligente, il est l’auteur de diverses publications et des essais. ANDREA BARTOLI Notaire depuis 2000, expert en langages de l’art contemporain spécialisation en architecture, design, mobilier urbain, art, régénération urbaine et reconversion urbaine et territoriale. Avec Florinda Saieva, sa compagne et complice de toutes ses initiatives, il a créé en juin 2010 à Favara, le Farm Cultural Park, Centre Culturel de toute nouvelle génération qui a remporté de nombreux prix, parmi lesquels, le Prix de gestion promut par Federculture en 2011. AURELIO BURGIO Archéologue et professeur associé en Topographie ancienne auprès de l’Université de Palerme. Ses intérêts scientifiques gravitent autour de l’évolution du paysage ancien, rural et urbain et sur l’archéométrie de la céramique. Auteur de deux monographies (publiées en 2002 et en 2008), il a réalisé avec Oscar Belvedere, une publication sur l’évolution de la forme urbaine de l’antique Agrigente (2012). MAURIZIO CARTA Professeur ordinaire en urbanisme et Président de l’Ecole Polytechnique de l’Université de Palerme. Il est l’auteur de nombreuses publications, parmi les plus récentes : Creative City (2007) ; Governare l’evoluzione (2009) ; Reimagining Urbanism (2013) ; Urban Hyper-metabolism (Carta, Lino, par, 2015) ; The Fluid City Paradigm (Carta, Ronsivalle, par, 2016). CATERINA GRECO Directrice des biens culturels et environnementaux d’Agrigente, Ex Directrice du Parc de Selinunte et Cave di Cusa et Directrice Archéologue de la Calabre et, par Intérim, de la Basilicate. Archéologue, spécialisée auprès de l’Ecole Archéologique italienne d’Athène. Auteur de nombreux essais et d’articles scientifiques sur les thèmes et les problèmes de topographie phénico-punique, d’archéologie d’époque tardo-romaine, de sculpture grecque, de peinture hellénistico-romaine, de politique des biens culturels. CARMELO GALATI TARDANICO Docteur en architecture spécialisé en planification urbaine et territoriale. Ses domaines de recherche principaux concernent le Métabolisme urbain, la Smart and Green City et les problèmes relatifs à la durabilité urbaine. Ex Chercheur postdoctoral en Urbanisme auprès du Département d’Architecture de l’Université de Palerme, il a effectué recherche dans le cadre du Projet i-NEXT. BARBARA LINO Docteur en architecture spécialisé en planification urbaine et territoriale. Chercheur auprès de l’Université de Palerme. Ses intérêts de recherche se focalisent sur les thèmes de la régénération urbaine, les contextes marginaux et le développement local. Parmi les publications les plus récentes : Periferie in trasform-azione. Riflessioni dai “margini” delle città (2013) e Urban Hyper-metabolism (Carta, Lino, par, 2015). LUCIO MELAZZO Professeur Ordinaire de linguistique, Université de Palerme, il est l’auteur de diverses publications et des essais. FRANCESCA MONTAGNA Licenciée en planification territoriale urbanisme et environnement, elle collabore à l’enseignement auprès du DARCH de l’Université de Palerme. Particulièrement sensible aux thèmes de la planification stratégique, des hyper-métabolismes rurbains et leurs archipels territoriaux créatifs. Sa formation s’est potentialisée grâce à la participation à des congrès, des workshops et aux activités de recherche.

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GIUSEPPE PARELLO Directeur du Parc Archéologique et Paysager de la Vallée des Temples d’Agrigente. Depuis les années 1990, il occupe un poste de responsabilité auprès de la Direction de Raguse pour la Section paysagère. Il a été Directeur du Service Architecture Contemporaine du DARC. Passionné d’art contemporain, il a promu différentes résidences d’artistes et d’expositions au sein de la Vallée qui sont publiées dans le volume Divinazioni (2015). Il a organisé de nombreux workshop et concours d’architecture parmi lesquels celui pour la réalisation de la passerelle de la Vallée des Temples dont les résultats ont été publiés dans le volume La passerella nella Valle dei Templi. Dal concorso alla realizzazione. Agrigento 2015. ELISA CHIARA PORTALE Professeur associé en Archéologie classique, coordinatrice des Cours de Maîtrise en Biens culturels et Archéologie de l’Université de Palerme. Elle est responsable de recherches archéologiques en cours à Agrigente et à Sabratha (Lybie) et est l’auteur de nombreuses publications sur les problèmes et les contextes archéologiques de la Sicile, de la Grèce et de la Tripolitaine, en s’occupant notamment de thèmes d’archéologie sacrée, de culture matérielle et figurative, de productions et de commerces dans le monde antique. DANIELE RONSIVALLE Docteur en architecture spécialisé en planification territoriale et urbanisme auprès de l’Université de Palerme. Il est chercheur auprès du Département d’Architecture. Ses intérêts de recherche sont la planification urbaine, l’innovation dans le rapport entre le paysage et l’identité culturelle et les nouvelles frontières de la planification urbaine : infrastructures et usage du territoire, recyclage urbain et qualité de la vie, développement urbain et territorial en croissance lente. Il est membre d’un groupe opérationnel du Département d’Architecture pour la participation à des projets européens et nationaux. VALERIA SCAVONE Chercheur en Urbanism au Département d’Architecture de l’Université de Palerme de 2006. Elle a participé à de nombreuses conférences nationales et internationales et est l’auteur de plusiers publications à Agrigente et dans son contexte. ANDREA SCIASCIA Professeur Ordinaire de composition architectonique et urbaine et Directeur du Département d’Architecture de l’Université de Palerme. Auteur de nombreuses publications, parmi les plus récentes : il a publié les volumes suivants : Periferie e città contemporanea. Progetti per i quartieri Borgo Ulivia e Zen di Palermo (2012), avec Marcello Panzarella et Emanuele Palazzotto ; Nuove Chiese per la liturgia rinnovata (2010) ; il a publié les volumes suivants : Costruire la seconda natura, La città in estensione in Sicilia tra Isola delle Femmine e Partinico (2014) ; … nella continuità. La didattica del progetto a Palermo (2014). VINCENZO SPATARO Architecte et expert en planification intégrée pour le développement durable et en techniques avancées de modélisation numérique et visualisation interactive de l’Architecture. Il collabore dans les cours de composition architectonique de l’Ecole Polytechnique de l’Université de Palerme et dans différentes activités de recherche du Département d’Architecture. Spécialisé en communication et en marketing territorial. FRANCESCO SCRUDATO Architecte et expert en planification intégrée pour le développement durable. Il collabore dans les cours de composition architectonique de l’Ecole Polytechnique de l’Université de Palerme et dans différentes activités de recherche du Département d’Architecture. Il s’intéresse aux thèmes de la régénération urbaine et du développement local avec la réalisation de projets et d’activités. GIANFRANCO TUZZOLINO Architecte et professeur de composition architecturale et urbaine et enseigne dans le baccalauréat en architecture à l’Ecole Polytechnique de l’Université de Palerme. Il a enseigné à l’Université de Jordanie, d’Amman, Université Al al-Bayt Al-Mafraq, Université Drexel de Philadelphie, l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais. Il est coordinateur du Master en architecture et Summer islamique école sur les thèmes de la Méditerranée. Il a publié les volumes suivants : City and desert. Notes from a journey in Jordan (2012) ; La misura e lo sguardo. L’architettura nel paesaggio delle differenze (2012) ; Cardella, Pollini. Architettura e didattica (2001) ; La poetica del limite. Otto riflessioni sul progetto di architettura (2001).

LES AUTEURS

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Production GreenTrenDesign Factory Piazza Manifattura, 1 38068 Rovereto (TN) - Italy T : +39 0464 443427 info@greentrendesign.it

Carlo Gasparrini (Università di Napoli), Manuel Gausa (Università di Genova), Giovanni Maciocco (Università di Sassari/Alghero), Antonio Paris (Università di Roma), Mosè Ricci (Università di Trento), Roger Riewe (Università di Graz), Pino Scaglione (Università di Trento). LISt Lab est un laboratoire éditorial, avec des bureaux en Europe, en travaillant sur des thèmes contemporains. LISt Lab recherche, propose, développe, promeut, produit, gère un réseau et non seulement produit des publications.

Par Maurizio Carta Directeur de la Rédaction Pino Scaglione Adjointe à la Rédaction Gioia Marana Art Director & Graphic Design Blacklist Creative Studio, Barcelona blacklist-creative.com Conception graphique Barbara Lino Production Numérique Arianna Scaglione Imprimé et relié dans l’Union Européenne, Juin 2016 ISBN 9788899854218 Tous droits réservés © édition LISt Lab © textes les auteurs © immages les auteurs Promotion et distribution en Italie Messaggerie Libri, Spa, Milano, Numero verde 800.804.900 assistenza.ordini@meli.it Promotion et distribution internationale ActarD, USA ACC London Comité scientifique des éditions List Eve Blau (Harvard GSD), Maurizio Carta (Università di Palermo), Alfredo Ramirez (Architectural Association London) Alberto Clementi (Università di Chieti), Alberto Cecchetto (Università di Venezia), Stefano De Martino (Università di Innsbruck), Corrado Diamantini (Università di Trento), Antonio De Rossi (Università di Torino), Franco Farinelli (Università di Bologna),

DOREMIHE - Doctorat de Recherche pour la Mise en valeur de L’Hritage naturel et culturel (Projet n.2AS3.3/005) PRIORITÉ 3. Coopération culturelle et scientifique, et appui au tissu associatif MESURE 3.3 Formation et échanges de jeunes et d’étudiants. Le programme Italie Tunisie, dont la gestion conjointe a été confiée à le Dipartimento della Programmazione della Regione Siciliana, entre dans le cadre du Programme Européen de Voisinage (IEVP) développé dans le contexte d’élargissement de l’Union Européenne. La coopération transfrontalière (CT) a quatre principaux objectifs : le développement économique et social des pays transfrontaliers, faire face aux défis communs, assurer la sécurité et l’efficacité des frontières, promouvoir la coopération et l’échange humain. Le présent volume a été rèalisé avec l’aide financière de l’Union Européenne dans le cadre de l’IEVP CT Italie Tunisie 2007-2013. Son contenu relève de la seule responsabilité du Béneficiaire et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union Européenne ou la positions des structures de gestion du Programme. www.doremihe.eu




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