Pratiques des avortements et conséquences sur la santé des femmes en Côte d’Ivoire

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DONNÉES DE CONTEXTE

l’agent communautaire ou de l’aide-soignant responsable de la structure à la nouvelle recrue. Ainsi, un tel apprentissage fait sur le tas, se veut pratique, sans le moindre détour par le système officiel de formation à l’action sanitaire. L’apprenant, quant à lui se doit d’observer et de répéter les gestes et prescriptions de son maître-formateur. Après un temps qui sera définit comme nécessaire pour sa formation, il pourra, avec les compétences acquises, ouvrir son cabinet soit dans la localité où ailleurs. Abou, agent de santé communautaire et responsable d’ONG locale à Méagui décrit ainsi le cursus de formation pour ouvrir une clinique privée au niveau local: « Dans ce grand Méagui il y a que deux cliniques si on veut voir qui ont une autorisation. Tous les autres, chacun est venu s’installer comme ça, (…) Sinon les gens ils s’en vont se faire former et quand ils viennent, tu entends quelque part, quelqu’un a pris un bâtiment, il est dedans, il commence à exercer. Y’a des formations qui sont reçues particulièrement dans les cliniques déjà installées soit pas les médecins ou les infirmiers diplômés d’État à la retraite qui ont créé des cliniques et puis, ils donnent des formations. » Cependant, quelques membres du personnel du système sanitaire parallèle, soit pour se perfectionner, soit pour renforcer leur légitimité auprès des populations, négocient informellement des formations de renforcement de capacité auprès de structures locales agréées. Il n’est pas rare de voir ce personnel, afficher dans leurs salles de consultation, des diplômes et attestations de participation à des séminaires. En dépit de leur faible qualification, ces prestataires, implantés dans la localité, sont désormais perçus par les populations comme étant un recours de proximité 7 RGPH, 2014. 8 Selon l’OMS, l’indicateur « densité de professionnel médicaux » renseigne sur la disponibilité en ressource humaines pour le système de santé et prend en compte les principaux professionnels de soins de santé notamment les médecins et autres cliniciens, les infirmiers et les sagesfemmes. Voir www.sante.gouv.ci/assets/fichiers/RHS.pdf.

efficace en matière de facilitation d’un accès géographiquement et économiquement avantageux aux soins de santé. Abou, cité précédemment traduit les représentations des populations de ces acteurs locaux de la santé en ces termes : « … Tu t’entêtes à essayer d’aider, si ça se passe bien, tu es le meilleur docteur de la personne, ce n’est pas ça ? Ils vont t’appeler docteur, mais c’est toi qui sais que tu n’es pas docteur …ça vous a fait rire un peu, parce que c’est comme ça même que les gens m’appellent. Parce qu’eux, ils ne connaissent pas la différence… »

2. SOUBRÉ : FORTE PRÉSENCE DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE

Soubré, chef-lieu de la région de la Nawa comme précisé dans les lignes précédentes, est située au sud-ouest du pays, à 400 km d’Abidjan. Elle a une population de 464 554 habitants 7. Elle est une circonscription administrative riche en potentialités agricoles et forestières faisant de la région l’un des pôles économiques les plus importants de la Côte d’Ivoire. Le peuplement du département de Soubré est diversifié, démontrant qu’il est aussi un pôle d’immigration important. Sa population est composée de Bakoué, de Bété, et de Kouzié, les trois groupes ethniques autochtones auxquels il faut ajouter des allochtones Akan (Baoulé, Agni, Abron Abey, Attié, Ebrié), Voltaïque (Sénoufo, Tabgbana, Lobi, Koulango, Djimini, Nafana), et Mandé (Malinké, Yacouba, Toura, Gouro). Le département de Soubré, à l’instar de Méagui, regroupe de nombreuses communautés non ivoiriennes attirées par la rente forestière, en provenance majoritairement du Burkina Faso. Outre la communauté Burkinabè, le département de Soubré regroupe plusieurs autres communautés issues des pays suivants : Niger, Ghana, Nigéria, Togo, Sénégal, Bénin, Liban, etc. Si à Soubré et Méagui les infrastructures publiques de santé sont insuffisances, l’on y relève aussi une très faible densité de personnels médicaux 8. Selon, l’OMS, la norme de l’indicateur de

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Annexe 5. Tableau de présentation détaillé de l’échantillon

3min
pages 102-104

Annexe 4.Chronogramme détaillé de l’exécution de la recherche sur les avortements et leurs conséquences sur la santé des femmes en Côte d’Ivoire

2min
page 101

Annexe 3. Guides d’entretien

13min
pages 95-100

Bibliographie

5min
pages 87-90

Annexe 1. Notice d’informations

1min
page 92

Annexe 2. Formulaire de consentement

2min
pages 93-94

Conclusion et recommandations

11min
pages 81-86

3.2. Malgré tout, Quelques initiatives de promoteurs du volet avortement du Protocole de Maputo

4min
pages 78-80

2.1. Apparition d’une conscience des risques liés à la pratique des avortements

3min
page 67

2.1. Des sources du non-respect des obligations après la ratification des protocoles internationaux

3min
page 76

2.2. Avortement comme déconstruction de l’identité féminine

2min
page 68

4. Gestion de la sexualité post-avortement

3min
pages 70-72

2. Le principe de souveraineté

3min
page 75

3. Modification des rapports avec l’entourage

3min
page 69

3.3. Incapacité à assumer la parentalité

11min
pages 45-48

Résumé exécutif

21min
pages 9-18

2.2 Le choix de la méthode d’avortement un moment d’arbitrage entre coût, risque perçu et gain attendu

17min
pages 52-58

3. Déterminants de la prise de décision d’avorter et du report du désir de parentalité

2min
page 42

2. Soubré : forte présence de la médecine traditionnelle chinoise

6min
pages 33-37

1. Méagui : Une prolifération d’offre clandestine de services de santé

3min
pages 31-32

4.1. Analyse du marché social de l’avortement

1min
page 22

5.1. La collecte des données

2min
page 24
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