tous. Il en résulte une perte de confiance dans la femme ayant pratiqué l’avortement. Comme souligné dans la session 1, la peur du mécontentement du père est centrale dans le vécu de l’après-avortement. L’expérience d’Iris, 17 ans, élève, qui, depuis son avortement, a observé un changement dans ses rapports avec son père est assez illustrative de ce type de situation : « Bon, par rapport à ma maman. Elle a su me comprendre, elle et ma tata ont su me comprendre. Mais papa… Bon je ne peux pas dire qu’il a fait de la discrimination puisqu’il a été déçu d’une part, mais… après ça… C’est quand on est deux que je sens qu’il n’est pas trop content. » L’avortement redéfinit aussi chez les femmes le rapport aux contraceptifs.
4. GESTION DE LA SEXUALITÉ POST-AVORTEMENT
L’expérience de l’avortement entraine deux réactions chez les femmes. D’une part, elle incite les femmes à développer des réflexes plus responsables dans la gestion de leur sexualité. La tendance globale est d’être plus attentive à la protection des rapports ou à se mettre sous contraceptif pour éviter des grossesses non planifiées. En matière de choix de contraceptif, les méthodes les plus courantes auxquelles ont recours les femmes sont : l’implant contraceptif, et l’injectable de 3 mois. Ange 2, 18 ans, coiffeuse, affirme que son refus de pratiquer à nouveau l’avortement l’a conduit au choix d’une méthode contraceptive : « … C’est quand on a fini tout ça là (avortement) et puis mes menstrues sont venues encore, et puis je suis venue la voir pour lui dire elle n’a qu’à trouver solution pour ne pas que je tombe encore enceinte
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et puis enlever les grossesses… et puis elle m’a dit y’a quelque chose pour ça que c’est implant, OK je suis venue elle a placé…je veux plus jamais enlever une grossesse encore. » Après les complications suite à l’avortement Inès, 18 ans, élève, a opté pour les implants avec une longue durée : « … Quand ils ont fini de laver dans mon ventre, ils ont placé pilules là…hum, hum, implant… pour cinq ans. » D’autre part, la hantise d’avoir avorté au moins une fois installe le doute dans l’esprit de bien de femmes quant à leur capacité à procréer, surtout lorsqu’elles ont fait l’expérience de l’avortement en étant célibataires. Lorsque les conditions socioéconomiques s’améliorent, la prise d’une nouvelle grossesse devient un test de maternité comme pour éprouver leur santé sexuelle et reproductive. Tel est le cas de Yasmine, Mariam qui comme la majorité des filles rencontrées, se posent les questions sur la possibilité d’une future maternité : Yasmine, 17 ans, élève : « Parce que ce n’est pas bon. Ça pouvait me tuer même. Si je me marie ça peut faire que je ne vais pas avoir enfant. Je regrette même à cause de ça je prie Dieu pour ça. Quand j’étais enfant, je me suis dis que je n’ allais faire avortement. Mais aujourd’hui je prends jeûne pour cela. » Mariam, 19 ans, élève : « J’ai peur, je ne sais pas si c’était le seul enfant que Dieu m’a donné et j’ai fait l’avortement, donc souvent, ça me fait pleurer. »