contemporain grand est
hors sĂŠrie du magazine novo ~ 05.2010
MEISENTHAL
KARLSRUHE
BADEN-BADEN OBERHASLACH STRASBOURG
TÜBINGEN
ERSTEIN
ALLEMAGNE
SÉLESTAT
COLMAR FREIBURG / BREISGAU GUEBWILLER
WATTWILLER
MULHOUSE
ALTKIRCH
HÉGENHEIM
SAINT-LOUIS BÂLE
MONTBÉLIARD
UESTAL
SUISSE
UN RÉSEAU POUR L’ART CONTEMPORAIN EN ALSACE TRANS RHEIN ART compte aujourd’hui près d’une trentaine de membres et rassemble associations, collections publiques, lieux d’expositions et de résidence, écoles d’art et manifestations artistiques ponctuelles, répartis sur les deux départements. Il a pour objectif de favoriser et de valoriser la création artistique contemporaine régionale, de fédérer ses acteurs autour d’enjeux partagés, ainsi que de faciliter l’accès et la compréhension de l’art contemporain au public le plus large. Le réseau TRANS RHEIN ART a été crée en janvier 2006 à l’initiative de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC Alsace) et du Conseil Régional d’Alsace. L’Agence culturelle / Frac Alsace est missionnée pour en assurer la coordination. L’Agence de développement touristique du Bas-Rhin, l’Association départementale du Tourisme du Haut-Rhin et le Comité Régional du Tourisme d’Alsace sont partenaires de TRANS RHEIN ART. Coordination : Julie Morgen Tél 03 88 58 87 55 info@artenalsace.org www.artenalsace.org
MEISENTHAL C Site verrier : Halle Verrière et Centre International d’Art Verrier - CIAV OBERHASLACH C Les Géants du Nideck STRASBOURG C Accélérateur de particules C Apollonia - Échanges Artistiques Européens C CEAAC - Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines C La Chambre C La Chaufferie - Galerie de l’École supérieure des Arts décoratifs C Musée d’Art Moderne et Contemporain - MAMCS C Polart C La Société pour la Diffusion de l’Utile Ignorance C Stimultania C Syndicat Potentiel ERSTEIN C Musée Würth France SÉLESTAT C Frac Alsace - Fonds régional d’art contemporain Alsace C Sélest’art COLMAR C Espace d’Art Contemporain André Malraux - EACAM C Espace LÉZARD GUEBWILLER C Institut Européen des Arts Céramiques - IEAC
MULHOUSE C La Filature, Scène nationale C La Kunsthalle C Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques C Le Quai - École supérieure d’art C Mulhouse 00.. ALTKIRCH C CRAC Alsace SAINT-LOUIS C Espace d’art contemporain Fernet Branca HÉGENHEIM C FABRIKculture WATTWILLER C La Fête de l’eau TOUTE LA RÉGION ALSACE C Les ateliers ouverts À venir en 2010 : C Les ateliers ouverts – 8/9 et 15/16 mai C La Fête de l’Eau – 13 au 23 juin C MULHOUSE 010 – 13 au 16 juin C Opening NIGHT – 10 septembre à Strasbourg C Opening NIGHT – 5 novembre à Colmar
ours
edito HS - AC 05.2010
Directeurs de la publication et de la rédaction : Bruno Chibane & Philippe Schweyer Rédacteur en chef : Emmanuel Abela emmanuel.abela@mots-et-sons.com u 06 86 17 20 40 Coordinatrice éditoriale : Sylvia Dubost Direction artistique et graphisme : starHlight Stage graphisme : Laurence Bentz Ont participé à ce numéro : REDACTEURS Hélène Bigot, Benjamin Bottemer, Caroline Châtelet, Sylvia Dubost, Adeline Pasteur, Catherine Schickel, Fabien Texier. PHOTOGRAPHES Vincent Arbelet, Christophe Urbain. RELECTURE Sylvia Dubost, Stéphanie Munier. Retrouvez entretiens, photos et extensions audio et vidéo sur les sites novomag.fr, facebook.com/novo, plan-neuf.com, mots-et-sons.com et flux4.eu Ce magazine est édité par Chic Médias & médiapop Chic Médias u 10 rue de Barr / 67000 Strasbourg Sarl au capital de 12500 euros u Siret 509 169 280 00013 Direction : Bruno Chibane u bchibane@chicmedias.com 06 08 07 99 45 Administration, gestion : Charles Combanaire médiapop u 12 quai d’Isly / 68100 Mulhouse Sarl au capital de 1000 euros u Siret 507 961 001 00017 Direction : Philippe Schweyer u ps@mediapop.fr 06 22 44 68 67 – www.mediapop.fr IMPRIMEUR Ott Imprimeurs
Une bonne introduction… Début mars, Bruno me téléphone en pleine nuit. - J’ai une idée géniale. - Ah… - T’as vu que Pompidou ouvre à Metz début mai ? - Ben oui, c’est super… - Et si on en profitait pour réaliser un numéro spécial sur l’art contemporain dans le Grand Est ? On pourrait s’intéresser d’un peu plus près aux artistes, aux institutions, aux lieux, aux manifestations et même à ce qui se trame de l’autre côté des frontières… Quelques semaines plus tard, je ne peux m’empêcher de penser très fort à Édouard Levé qui dans un de ses livres* énumérait 533 idées d’œuvres non réalisées. Nous aussi (Sylvia, Emmanuel, Fabien, Lionel, Caroline, Adeline et les autres), nous pourrions établir une longue liste avec les idées d’articles transversaux, d’angles originaux, de typos renversantes et d’interviews inédites qui nous sont passées par la tête au moment d’aborder un sujet bien plus vaste qu’on ne l’imaginait. De nos discussions enflammées, de nos réunions dominicales et de nos échanges de mails en rafales, il ne reste que 68 pages. Une bonne introduction… Philippe Schweyer *Œuvres, Édouard Levé, éditions P.O.L
Dépôt légal : mai 2010 ISSN : 1969-9514 u © NOVO 2010 Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. ABONNEMENT novo est gratuit, mais vous pouvez vous abonner pour le recevoir où vous voulez.
Sommaire
ABONNEMENT France 6 numéros u 40 euros 12 numéros u 70 euros ABONNEMENT hors France 6 numéros u 50 euros 12 numéros u 90 euros DIFFUSION Vous souhaitez diffuser novo auprès de votre public ? 1 carton de 25 numéros u 25 euros 1 carton de 50 numéros u 40 euros Envoyez votre règlement en chèque à l’ordre de médiapop ou de Chic Médias (voir adresses ci-dessus). novo est diffusé gratuitement dans les musées, centres d’art, galeries, théâtres, salles de spectacles, salles de concerts, cinémas d’art et essai, bibliothèques et librairies des principales villes du Grand Est. www.novomag.fr
FOCUS La sélection des news de l’art contemporain Grand Est | 07 ARTMAG Le Centre Pompidou-Metz est inauguré : quelles conséquences sur le paysage local ? | 12 Mulhouse 010 poursuit son travail de dénicheur de nouveaux talents européens | 15 L’enseignement de l’art est à un tournant, Novo tâte le pouls | 17 L’OGACA accompagne les artistes dans leurs démarches administratives et stratégiques | 19 Carte blanche à Elena Costelian | 20 Alexandre Marta et Vincent Carlier nous évoquent l’expérience de la résidence | 22 Mécénat, le concept reste parfois flou ; tentative d’éclairage | 24 Carte blanche à Mathieu Wernert | 28 Ouverture de l’Usine en 2011 à Dijon, le point avec Xavier Douroux | 30 Commissaire d’exposition, une fonction en pleine évolution | 35 Carte blanche à Bérangère Lopez Oros | 38 Nouvelles têtes dans le Grand Est | 40 Carte blanche à Philippe Felix-Geoffray | 48 Echange libre entre Jochen Gerner et Guillaume Dégé | 50 ARTGUIDE Repérage : une sélection des lieux d’art contemporain dans le Grand Est et chez nos voisins | 55
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CRAC ALSACE du 16 juin au 12 septembre 2010
MIND THE GAP
Shannon Bool & Julien Bismuth + Project Room № 7 : « Mais Godard C’est Delacroix / Plan 2 »
RESIDENCES D’ARTISTES & DESIGNERS | EXPOSITIONS | VISITES | DEMONSTRATIONS DES SOUFFLEURS DE VERRE | BOUTIQUE LIGNE EDITORIALE | PARUTIONS CIAV-MEISENTHAL.COM Le CRAC Alsace bénéficie du soutien de la Ville d’Altkirch / le Conseil Général du Haut-Rhin / le Conseil Régional d’Alsace / la DRAC Alsace – le Ministère de la Culture et de la Communication / le Ministère de l’Éducation Nationale ainsi que du club d’entreprises partenaires du CRAC Alsace – CRAC 40 Cette exposition fait partie de THERMOSTAT, échanges artistiques entre Centres d’art et Kunstvereine. Du mardi au vendredi de 10h à 18h / Le week-end de 14h30 à 19h. Ouvert le 14 juillet, fermé le 15 août. CRAC ALSACE 18, rue du Château F-68130 Altkirch
www.cracalsace.com
Pierre Huyghe
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À L’OMBRE D’UN DOUTE 08 MAI - 29 AOÛT 10
10 mai – 5 septembre 2010
I. ABALLÍ, ART ERRORISTE, N. BEIER & M. LUND, M. DE BOER, M. BONVICINI, DÉCOSTERD & RAHM, DECTOR & DUPUY, E. DEKYNDT, S. FRITSCHER, D. GARCÍA, T. HESSE, A. V. JANSSENS, J. KOVANDA, I. KRIEG, C. MCCORKLE, L.MOTTA, T. MOURAUD, N. THOENEN & M. GUSBERTI, M. GARCIA TORRES, K. SANDER, I. WILSON ---------------------------------------------------------------
4 rue du Change (Place St Louis) | Metz
Renseignements :
+33(0)3 87 37 38 29 www.faux-mouvement.com fauxmvt@club-internet.fr
49 NORD 6 EST -
FONDS RÉGIONAL D'ART CONTEMPORAIN DE LORRAINE 1BIS RUE DES TRINITAIRES, F-57000 METZ
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INFOS / CONTACTS : WWW.FRACLORRAINE.ORG -------------------------------------------------------LE FRAC, MEMBRE DU RÉSEAU PLATFORM, BÉNÉFICIE DU SOUTIEN DU CONSEIL RÉGIONAL DE LORRAINE ET DU MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION - DRAC LORRAINE. IMG : KNUT ÅSDAM, UNTITLED: PISSING, 1995. © COURTESY DE L’ARTISTE ET DE LA GALERIE SERGE LE BORGNE, PARIS
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www.sarreguemines-museum.com
Et petites mythologies Du 15 mai au 31 octobre, Emmanuel Perrin cultive son Jardin dโ Eden au Jardin des Faรฏenciers de Sarreguemines...
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Moulin derela ezBlies avBlies u tde ec la c-uSarreguemines 125 avenue la Fle riositรฉ ! 10 h -18 h tljs sauf lundi VILLE DE CULTURE
visites guidées | entrée libre
10h / 19h
exposent un week-end, sa. 19 & di. 20 juin 2010 Site de DMC / Bât. 118 13, rue de Pfastatt à Mulhouse
Renseignements : école supérieure d’art de mulhouse 03 69 77 77 20 / www.lequai.fr
www.jean-w.fr
Les diplômés 2010 du Quai
focus
1 ~ Anne Immelé Il y a quelque chose de profondément angoissant qui émane des photographies d’Anne Immelé. La série WIR, réalisée il y a quelques années, révélait déjà en filigrane une fêlure. Dans Antichambres, associant portraits et espaces urbains gris et vides, le malaise se fait plus évident. Avec sa dernière série, Memento mori, Anne Immelé revient à l’essence même de la photographie : la représentation de ce qui a été et ne sera jamais plus tel quel. Un agencement de photographies d’objets, de portraits, d’images d’archives, où il n’est question que de mort et de disparition. Elle termine cet accrochage par une projection de 80 diapositives identiques : sur le carrousel de la machine défile sans cesse l’image d’une montre qui a perdu ses aiguilles. Quand le temps n’avance plus, est-ce pour mieux reculer la fin, ou est-ce parce qu’elle est déjà là ? Jusqu’au 30 mai à l’espace André Malraux de Colmar 03 89 20 67 59 – www.anneimmele.fr
2 ~ Une exposition (du) sensible Cet été, à l’invitation du commissaire Mathieu Copeland, le Centre d’art contemporain la Synagogue de Delme franchit les limites du centre d’art et propose aux artistes de s’insérer dans la vie. Médias, événements et services deviennent autant de supports aux œuvres. Du 11 juin au 19 septembre www.cac-synagoguedelme.org 3 ~ Richard Deacon Le musée d’art moderne de Strasbourg offre sa première rétrospective au sculpteur gallois et rend hommage à la fluidité et à la mobilité des formes d’un artiste qui ne craint pas d’affronter directement les matières… et toutes les matières. Une chorégraphie de l’instabilité, où danse la complexité du monde et la relativité de nos perceptions. Du 5 juin au 19 septembre www.musees-strasbourg.org
4 ~ Le Mudam sur tous les fronts Actualité chargée au Mudam qui organise en collaboration avec la Ville de Luxembourg une nouvelle manifestation baptisée Design City Luxembourg (commissaire : Anne Loporcaro). À noter que le Mudam a prêté au Centre Pompidou-Metz quinze tableaux de la série Le Monde voit de Rémy Zaugg et que l’exposition Le Meilleur des Mondes, du point de vue de la collection Mudam s’achève le 23 mai. Jusqu’au 6 juin, Design City Luxembourg “Edition 0” By Mudam www.mudam.lu 5 ~ Ateliers ouverts Il vous reste un week-end pour visiter les 150 ateliers ouverts dans toute l’Alsace, où vous accueillent 370 artistes. Le livret programme édité à l’occasion vous aidera à établir votre parcours, en fonction de vos affinités. RDV les 15 et 16 mai. www.ateliersouverts.net
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6 ~ Landscape pieces La Filature invite l’artiste qu’elle a récompensé lors de Mulhouse 008, Marc Scozzai. Dans ses vidéos, le Luxembourgeois (né en 1980) explore les liens intimes qui unissent le paysage et le corps. Lieu de mémoire et de connaissance, de toutes les expériences, le paysage n’est pas perçu ici comme un élément extérieur. Au contraire, il est le lieu d’un voyage intérieur, que Scozzai matérialise en faisant lentement s’interpénétrer les personnages et les espaces. Pour approfondir l’importante question de la place du paysage dans l’art, La Filature convie Céline Flécheux, maître de conférences en esthétique, à animer une conférence le 19 mai à 19h. Du 11 mai au 4 juillet. www.lafilature.org 7 ~ Nouvelles danses Pour son 20e anniversaire, le festival strasbourgeois s’ouvre désormais à la performance. Devant le retour en force de cette forme ces dernières années, il renforce son ouverture vers les artistes issus des arts visuels et son partenariat avec le Frac Alsace. Il en profite pour changer de nom et devient Danse/performance - festival Nouvelles. Une nouvelle orientation qui sonne comme une évidence pour ce festival toujours centré sur l’actualité chorégraphique et ouvert sur des formes et des formats inédits. À noter donc cette année parmi une programmation qui compte une vingtaine de propositions, une Journée particulière au Frac avec cinq performances. À Strasbourg du 20 au 29 mai www.pole-sud.fr Performance de Gwendoline Robin – Photo : Saadi-Frei
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8 ~ Les artistes à l’usine Les jeunes artistes et designers formés au Quai invitent le public à découvrir leurs travaux en art, design graphique et design textile sur le site de l’ancienne usine DMC, un des hauts lieux de l’histoire industrielle de Mulhouse qui pourrait, comme le bâtiment de la Kunsthalle, trouver une nouvelle destination dans les années à venir. Les 19 et 20 juin sur le site de DMC, bâtiment 118. 03 69 77 77 20 – www.lequai.fr « Happy end » (installation), Laurie Franck (5e Art).
9 ~ Pierre Filliquet / Sojung L’espace international du CEAAC fait le point sur la résidence croisée Strasbourg-Séoul en présentant les photographies de Pierre Filliquet et les installations vidéo de Sojung Jun. Du 25 juin au 18 juillet www.ceaac.org
10 ~ écart production Sous la houlette de l’artiste Philippe Lepeut, écart production s’est lancé dans l’édition DVD de vidéos d’artistes, les rendant ainsi accessible à un bien plus large public. Le catalogue d’écart compte aujourd’hui 14 titres, et prépare la sortie de cinq autres DVD, dont celui de Robert Cahen (Travelling, films et vidéos 19732007) et de Clément Cogitore. www.ecartproduction.net
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11 ~ Le pire n’est jamais certain À l’occasion de l’ouverture de Pompidou-Metz, l’Arsenal et l’école d’art concoctent une exposition hantée, comme nos quotidiens, par le risque majeur. Une trentaine d’artistes, émergents ou confirmés, abordent le dérèglement climatique, l’épuisement des ressources, la menace nucléaire, la crise financière, les pandémies et autres joyeusetés. Sur quatre sites, ils interrogent la position du regardeur et ses responsabilités, et adoptent des positions différentes. À l’école d’art, ils s’immergent dans le risque et jouent de la distance critique que leur offrent leurs moyens plastiques. À l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains et à la chapelle des Templiers, ils tentent de réordonner le monde. À la galerie de l’Arsenal, règne en revanche le désir de quiétude et d’étonnement… Un peu de poésie dans un monde de brutes. Du 10 mai au 4 juillet à Metz www.arsenal-metz.fr / http://esam.metzmetropole.fr/ Élodie Pong, Untitled (Plan For Victory)2006 - Collection Frac Lorraine © D.R.
12 ~ Schaufenster Chez Schaufenster, on regarde les œuvres par la fenêtre. Inauguré à l’automne dernier dans un ancien local commercial, fermé et bien vitré, cet espace atypique incite les artistes à penser leurs œuvres pour le lieu, qui préfère le volume et les grandes dimensions. Prochains invités : Étienne Pressager et Nicolas Schneider. Du 15 mai au 6 juin www.schaufenster.fr 13 ~ Ergastule A Nancy, dix artistes se sont réunis en atelier pour se donner les moyens, ensemble, de réaliser leurs objets. En partageant savoir-faire et matériaux, ils éditent et diffusent régulièrement leurs multiples, qui leur permettent de financer leurs autres activités : éditions, résidences d’artistes, expositions. Si c’est pas malin ! www.ergastule.org
14 ~ Venus [ars]numerica, structure de création et de production numérique récemment rattachée à l’allan, invite régulièrement le public à des « sorties de chantier numérique », où les artistes en résidence dévoilent le résultat de leur travail. Le 17 juin à 19h, le britannique Peter William Holden nous présentera Venus, une sculpture cinétique dans une installation chorégraphique. www.ars-numerica.net 15 ~ Handmadehightech Fidèle à sa démarche, le CIAV a organisé une rencontre du 3e type entre les savoir-faire traditionnels des verriers de Meisenthal et les nouvelles technologies de l’éclairage. En maîtres de cérémonie, les designers de l’association IDEE ont orchestré la fusion entre anciens moules et LEDs. Le résultat s’expose à Meisenthal du 12 juin au 12 septembre. www.ciav-meisenthal.com Visuel : Culbutos, Grégoire Ruaul
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16 ~ La nuit bleue Tous les ans, la Saline royale d’Arc-et-Senans se transforme, le temps d’une nuit, en jardin d’Eden pour les amateurs de création sonore. Au cœur de cet immense et magique complexe imaginé par l’architecte des Lumières Claude-Nicolas Ledoux, les artistes et musiciens invitent les visiteurs à savourer leurs créations au travers de dispositifs élaborés pour en assurer la meilleure perception possible. Au centre d’un acousmonium de 90 haut-parleurs, allongés sur des matelas, ils pourront ainsi se plonger dans les musiques d’une trentaine de compositeurs acousmatiques. Équipés des transducteurs de Brane Project, ils pourront découvrir en cheminant sur le site quelques chimères sonores. L’atelier de création de France Culture a préparé une sélection de ses meilleures pièces, de même que les éditions Phonurgia nova. En tout, une trentaine de propositions pour un voyage en utopie sonore. Le 10 juillet à la Saline royale d’Arc-et-Senans www.nuit-bleue.com Nuit Bleue 2009 Installation de Brane Project crédit photo : Louis-Alexis Fontaine
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17 ~ L’Usine Projet unique dans la région franc-comtoise, L’Usine entend développer les relations entre art et entreprise, en offrant à partir de septembre à ces deux univers un espace de travail et d’exposition partagé. À l’heure où ils doivent apprendre à se connaître, cet outil, entre pépinière d’entreprise et lieu d’art, devrait leur permettre de développer des projets communs et dynamiser l’ensemble du territoire. www.lusineabelfort.fr
19 ~ Matthew Barney Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’artiste américain Matthew Barney s’imposerait des contraintes. C’est ce que l’on peut déduire de la présentation des Drawing Restraints au Schaulager, à Münchenstein près de Bâle. Ces 16 pièces, numérotées rigoureusement, sculptures, vitrines, vidéos et dessins, entrent en résonance avec l’art germanique de la Renaissance, Albrecht Dürer et Martin Schongauer. www.schaulager.com
18 ~ Le Vent des forêts Depuis 13 ans, le Vent des forêts invite des artistes à exposer dans un territoire rural au cœur de la Meuse, avec la volonté de nouer des liens entre création, nature et population. Il a proposé à la designer Matali Crasset de créer, dans le cadre d’une commande publique, quatre maisons sylvestres, totalement intégrées à la forêt, œuvres d’art habitables dans lesquels le public pourra séjourner. Réalisée par l’entreprise Gigot et l’association de réinsertion Les Compagnons du Chemin de Vie, la première, baptisée le Nichoir, sera terminée en juillet. www.leventdesforets.com
Matthew Barney, Drawing restraint 15, 2007 Documentary photograph © Matthew Barney Photo : Neville Wakefield
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20 ~ Drawing Time / Le temps du dessin Le dessin, instant fondateur de toute pratique artistique, fait l’objet d’une belle attention de la part du Musée des Beaux-Arts de Nancy et du Frac Lorraine, avec une exposition conjointe organisée aussi bien au Musée, dans les galeries Poirel, la galerie Nancy Thermal, à la galerie Art Attitude Hervé Bize par le Bureau du dessin à la Douëra à Malzéville. On y découvre un dessin enfin émancipé, vécu plastiquement pour lui-même, sur l’un de ses supports, le papier dont on interroge la substance, avec la présence à la fois des artistes contemporains, mais aussi des maîtres de la peinture qui lui ont réservé un traitement particulier. Grâce à cette exposition, le dessin est également vécu sous d’autres formes, en vidéo, en volume, comme c’est le cas avec l’imposante installation de Gaylen Gerber, Backdrop (toile de fond), à la fois contenant et contenu, qui s’attache au contexte même de l’exposition. Jusqu’au 16 août www.nancy.fr – www.fraclorraine.org David Hockney, Selfportrait, mars 2001, Fusain sur papier Aquarelle Arches, 76.5 x 57 cm Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne Centre de création industrielle © Collection Centre Pompidou, Dist.RMN Georges Meguerditchian © David Hockney
21 ~ Les unes et les autres En présentant simultanément une exposition rétrospective de portraits (dont la série les unes) et de nus photographiés par Jean Rault (né en 1949) et les peintures plus récentes d’Anthony Vérot (né en 1970), le 10neuf confronte deux façons de représenter les corps. Sans épargner leurs modèles, les deux artistes parviennent chacun à sa manière à atteindre une justesse, voire une vérité, tout en captant notre regard avec une force rare. Jusqu’au 13 juin à Montbéliard. www.le-dix-neuf.asso.fr 22 ~ Manfred Pernice Ivan Au rez-de-chaussée, le dispositif de Manfred Pernice fait écho à l’activité passée du lieu – un magasin de verre et de porcelaine –, avec des présentoirs qui comprennent des éléments de Cristal de Baccarat et de céramique. À l’étage, Ivan Seal propose une sélection de peintures et un travail sonore. Du 19 juin au 3 octobre, au CEAAC. www.ceaac.com Manfred Pernice, Bancomat (2006/2008) Vue de l’expo Que-Sah au Neues Museum Nürnberg en 2008, photo: Bettina Klein
23 ~ Basquiat On ne pouvait pas ne pas évoquer ici la grande rétrospective que la Fondation Beyeler consacre à l’enfant prodige et étoile filante de l’Underground new-yorkais des années 80, qui aurait eu 50 ans cette année, en rassemblant plus d’une centaine d’œuvres sur les 3000 qu’il a réalisé en moins de huit ans. C’est fait. Du 9 mai au 5 septembre www.beyeler.com Jean-Michel Basquiat, Untitled, 1981. The Eli and Edythe L. Broad Collection, Los Angeles Photo: Douglas M. Parker Studio, Los Angeles © 2010, ProLitteris, Zürich
24 ~ Nouvelle Vague Anne Dary a convié sept artistes francs-comtois prometteurs (Marguerite Bobey, Charlotte Guinot-Bacot, Thomas Henriot, Rodolphe Huguet, Gérald Mainier, Hugo Schüwer-Boss et Maxime Vernier) à investir les espaces d'exposition temporaire du musée. Leurs travaux témoignent d'un souci de valoriser les champs émergents de la création contemporaine, sans distinction de support et de médium.Exposition "Nouvelle vague" du 4 juin au 19 septembre au Musée des Beaux-arts de Dole. www.musees-franchecomte.com
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www.centrepompidou-metz.fr
Géant et Petits Poucets La rencontre du troisième type entre le pharaonique Centre Pompidou-Metz, les structures messines et un public curieux suivant d’un œil tout ce remue-ménage culturel, suscite espoirs et doutes. À l'occasion de son inauguration, le 12 mai, mise en perspective du paysage local en matière d’art contemporain, en passe d’être transformé par l’arrivée de ce fascinant géant descendu de la capitale. Par benjamin bottemer
C’est peu dire que le projet du Centre Pompidou Metz a électrisé les esprits ces deux dernières années. Le bâtiment conçu par les architectes Jean de Gastines et Shigeru Ban est sorti de terre comme un champignon, enfin libéré des pesanteurs techniques qui avaient ralenti son arrivée. Lancé en 2003 par l’ancien maire de Metz, Jean-Marie Rausch, et Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la Culture, il est aujourd’hui en proie à une croissance frénétique pour exploser en temps et en heure au cœur de Metz. Il constitue un atout de taille qui devrait permettre à la capitale mosellane de jouer à fond sa carte maîtresse, celle qui donnera définitivement à la ville une nouvelle dimension nationale et internationale : la culture. Avec Paris à 1h30 grâce au TGV et une localisation géographique stratégique, le temps est venu pour Metz de se
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décloisonner définitivement du reste de l’Europe. La valse des politiques qui s’agite depuis des mois autour du projet ne laisse aucun doute sur l’ampleur de l’enjeu et la volonté de tirer la couverture à soi entre la Ville, la Région et la Communauté d’Agglomération de Metz Métropole, toutes trois chargées du budget de fonctionnement du Centre PompidouMetz, qui a ingénieusement rejoint l’Établissement Public de Coopération Culturelle Metz en Scènes. Même si les uns et les autres se félicitent de l’arrivée d’une telle caisse de résonance et appellent à des collaborations
fructueuses, en bonne intelligence entre petits et grands, les acteurs locaux tiennent à faire remarquer que le Centre n’arrive pas au milieu de nulle part. Malgré son architecture ultramoderne, ce n’est pas un vaisseau extraterrestre débarquant en terres inconnues... et qui n’a pas non plus vocation à tout détruire sur son passage. Galeries associatives et institutions
Centre Pompidou-Metz, mars 2010 © Shigeru Ban Architects Europe et Jean de Gastines Architectes Metz Métropole / Centre Pompidou-Metz / Photo Roland Halbe
régionales tiennent à tirer leur épingle du jeu en poursuivant leurs actions et leurs missions, travaillant tantôt sous l’aile de Pompidou, sans oublier de redoubler d’efforts pour conserver leur indépendance, profitant de l’afflux touristique pour se mettre plus que jamais en valeur. En 1977, Baudrillard avait qualifié le Centre Pompidou à Paris de « machine à faire le
vide ». Le Centre Pompidou-Metz va-t-il draguer toutes les curiosités sous son imposante coupole ? Chacun veut croire que non ; il s’agit de se placer ingénieusement pour profiter de l’écho culturel d’une institution de renommée mondiale. Maryse Jeanguyot est à la tête du centre d’Art contemporain Faux Mouvement,
situé place Saint-Louis depuis 1983. Doyenne des structures locales en la matière, Faux Mouvement œuvre depuis plus de 25 ans dans une démarche de pédagogie. Ou plutôt de « partage » : « Le point fort de Faux Mouvement, c’est la mise en valeur de jeunes artistes et la formation des publics, un travail de fond que nous allons poursuivre. Avec l’arrivée de Pompidou, les
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structures doivent se repositionner, nous ne pouvons pas faire autrement. Mais ce n’est pas négatif, tout le monde en bénéficiera. L’équipe du directeur Laurent Le Bon n’a jamais voulu nous mettre à l’écart. Nous travaillerons à leurs côtés, mais nous revendiquons aussi notre propre rôle à jouer. » Une collaboration déjà établie par l’événement Constellation, série d’expositions de préfiguration au cœur de la ville, où les structures locales ont pu choisir d’exposer une œuvre de leur choix sous le label Pompidou. La première exposition partenaire de Faux Mouvement s’intitulera Un chef d’œuvre existe une fois pour toute, clin d’œil en forme d’affirmation à la première exposition du nouveau venu, Chefs-d’œuvre ? , interrogeant la valeur de cette terminologie centrale dans le milieu de l’art. Faux Mouvement s’affirme plus que jamais comme incontournable à Metz et entend bien occuper enfin la place qu’il mérite après des années parfois difficiles. A deux pas de là, la galerie associative Octave Cowbell, créée en 2002 et située rue des Parmentiers, lieu de naissance de Jean-Jacques Aillagon. Faut-il y voir un heureux présage ? Olivier Goetz, président de l’association, entretient une ambition sereine et croit en l’identité préservée d’Octave Cowbell : « Nous pourrons nous engager, avoir de l’audace, un esprit décalé qu’une grosse machine comme Pompidou ne pourra pas se permettre. » À l’image de Baba Pompon, version efféminée de Georges Pompidou, créée par l’association : un autre clin d’œil rendant ludique et moins monolithique le projet du musée. Hervé Foucher, administrateur de la galerie Octave Cowbell, installée dans le rez-de-chaussée de son appartement, confirme que son association « a une autre vision. Pompidou monte des concepts, invite des « stars », Picasso, Matisse, Braque, pour attirer le grand public. Moi je me plais plutôt dans le rôle du découvreur, je fais mon petit bonhomme de chemin aux côtés de jeunes artistes. Ce n’est pas le même métier. » L’éventualité d’une baisse de ses subventions n’inquiète pas Hervé Foucher : « Nous n’avons déjà pas beaucoup de moyens, je ne vois pas l’intérêt de Pompidou de voir des relais comme Octave Cowbell disparaître pour récupérer des sommes dérisoires par rapport à leurs frais de fonctionnement. » Il préfère voir le Centre Pompidou-Metz comme un nouvel espace de jeu : « Il faut leur proposer des choses, être inventifs. Et puis la visibilité que cela va nous apporter est indéniable. Dans le cadre de l’inauguration, nous allons exposer à l’Église des Trinitaires. » Chacun semble s’y retrouver, il semble que les « envahisseurs » débarquent avec des intentions pacifiques et invitent tout le monde à la grande fête du 12 mai. Face à l’Eglise des Trinitaires qui accueillera Octave Cowbell se trouve le Fonds régional d’art contemporain, dirigé par Béatrice Josse. Elle a bataillé 10 ans pour installer le FRAC à l’Hôtel St-Livier, l’un des plus anciens édifices publics de Metz, pour donner un espace d’exposition d’envergure à ses projets. Elle attend également de pied ferme les nouveaux arrivants que
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le Centre Pompidou-Metz ne manquera pas d’attirer: « Mieux vaut que ça se passe à Metz qu’ailleurs. C’est clair qu’avant l’arrivée de cette machine de guerre, nous n’avions pas beaucoup de visibilité. Mais ça ne me dérange pas d’être un « indien », de travailler dans les steppes orientales, loin du regard parisien. À Pompidou-Metz, ils subissent des modes de fonctionnements très lourds, c’est un enfer. » Béatrice Josse explique que la présence du Centre Pompidou-Metz sera bénéfique s’il accorde ses violons avec tout un chacun en renvoyant le public vers le centre-ville messin, où se concentrent les structures dédiées à l’art contemporain. Un espace public à investir, un patrimoine local à exploiter à travers des initiatives dynamiques ; comme le projet sur lequel travaille le FRAC pour l’inauguration du 12 mai : les artistes Dector&Dupuis convieront les visiteurs à une visite guidée de la ville entre le site du FRAC et celui de Pompidou. Un parcours où seront disséminés divers objets que ces guides hors du commun s’emploieront à faire découvrir. Lorsque l’on se tourne vers le staff du Centre Pompidou-Metz, on rencontre une communication rodée aux critiques et prête à répondre aux inquiétudes et aux fantasmes divers. Il faut dire que la genèse du projet ne fut pas de tout repos et a causé quelques « Nuits Blanches » à Laurent Le Bon... sans mauvais jeu de mots. Hélène Guénin, chargée de la programmation du Centre Pompidou -Metz, tient à rassurer et confirme la position « complémentaire » du musée géant. « Nous intégrerons une part importante d’art moderne, avec la volonté de sensibiliser les publics à une période de l’histoire de l’art
qui ne bénéficie pas d’équipement sur le territoire. Nous exposerons majoritairement des œuvres hébergées au Centre Pompidou à Paris, issues de la vaste collection du musée national d’Art moderne, allant de 1905 à nos jours. » Le Centre Pompidou-Metz est soucieux de se démarquer du grand frère parisien, sans absorber l’offre locale. Son rôle n’étant pas particulièrement d’encourager la création locale. Ses vues prennent davantage de hauteur : « Nous œuvrons dans une démarche de découverte, en renouant avec les utopies originelles du Centre Pompidou. Amener le public vers l’art, lui faire découvrir son histoire. Nos expositions, tournées vers l’art moderne mais sans oublier le contemporain, seront accessibles, mais sans que cela se traduise par un manque d’exigence. » Les champs de la musique, du cinéma, du design, des arts vivants seront aussi explorés ; il semble que le Centre ait pour ambition de couvrir le maximum de facettes de l’art. Une institution décrite comme « hybride » entre le centre d’art et le musée. Une diversification de l’offre appréciable pour l’image de la ville dont les structures locales devront tenir compte pour leur programmation future. À partir du 12 mai, passer un week-end à Metz revêtira assurément une toute autre dimension pour le visiteur amateur d’art ou simplement curieux. Il pourra profiter du parcours culturel riche d’une ville alliant patrimoine et art moderne et contemporain. Une apothéose attendue par tous ceux qui, présents depuis des années, contribueront dès lors plus que jamais à transmettre leur passion, avec leurs moyens, sous l’aile à la fois rayonnante et ombrageuse de ce bon gros géant. ✦
12 — 05 — 2010 À l’occasion de l’inauguration du Centre Pompidou-Metz le 12 mai, et les jours qui suivront, les visiteurs se verront proposés une série de performances et de concerts, surtout en extérieur, dont une performance live de l’un des maîtres de la musique électronique, le Britannique Aphex Twin. L’exposition d’ouverture, intitulée Chefs-d’œuvre ?, interroge la notion de ce terme de prestige, sa valeur et son actualité à travers une sélection de plus de 800 œuvres qui repensera l’image traditionnelle du chefd’œuvre. Investissant diverses disciplines au travers des différents espaces d’exposition du Centre, de la Grande Nef aux galeries, en passant par l’auditorium ou les jardins, l’exposition bénéficiera de plusieurs prêts venant du Louvre, du Quai Branly, ou encore du musée d’Art moderne de Luxembourg.
Mulhouse010, du 13 au 16 juin au Parc des expositions de Mulhouse www.mulhouse.fr — 03 69 77 77 50
La Biennale de Mulhouse Désormais biennale, la manifestation Mulhouse 010 réunit quatre-vingt-dix jeunes artistes européens qui ne demandent qu’à percer.
Par philippe schweyer
À quoi mènent les écoles d’art ? Une petite partie de la réponse occupera 6000 m2 du Parc des Expositions de Mulhouse quelques jours avant Art Basel, la plus grande foire d’art contemporain au monde. Si Mulhouse010 n’a pas encore le rayonnement de sa prestigieuse voisine, le rendez-vous mulhousien impulsé en 2001 par Michel Samuel-Weis, adjoint à la culture de la ville et grand collectionneur d’art contemporain, a déjà accueilli en huit éditions plus de 600 jeunes artistes formés dans les écoles supérieures d’art françaises, mais aussi suisses, italiennes ou allemandes. Au départ, il y a un constat : les jeunes artistes sont à la mode et une écrasante majorité de ceux qui percent sont passés par une école d’art. En demandant aux écoles de sélectionner les meilleurs de leurs récents diplômés et à un jury de compléter la sélection, Mulhouse espère attirer les artistes de demain et devenir une étape incontournable pour les amateurs d’art à la recherche d’artistes de plus en plus jeunes… Loin de ces considérations, la majorité du public vient d’abord par curiosité. Tout de même, quelques collectionneurs discrets font désormais systématiquement un crochet par Mulhouse à l’occasion de leur venue à Art Basel. Fidèle au rendez-vous, la galerie parisienne Michel Rein y a repéré Jean-Charles Hue (M001), Armand Jalut (M005) et Elisa Pône dont on se souvient de la vidéo pyromane I’m looking for Something to Believe In qu’elle présenta lors de Mulhouse007. Egalement régulièrement présente à Mulhouse, la galerie RX compte
parmi ses “prospects” David Mesguich (M005) et Aurélie Damon (M006). Si on se souvient que Wilfrid Almendra exposa une de ses premières sculptures à Mulhouse en 2001, c’est en feuilletant les catalogues édités depuis 2002 que l’on mesure combien d’artistes désormais exposés régulièrement en France, voire à l’étranger, sont passés par Mulhouse. En plus d’être une occasion unique de rencontrer les artistes sur leurs stands, le concept mulhousien vaut aussi pour les contacts qui se nouent entre artistes, notamment lors de la désormais traditionnelle Punisher Party au Noumatrouff (le 12 juin) et pour les coups de pouce donnés aux lauréats des différents
prix. Ainsi, Mathieu Dufois, lauréat du prix de la jeune création en 2008, expose cette année au musée des Beaux-Arts et Marc Scozzai, lauréat du prix de la Scène nationale en 2008, présente ses vidéos à la Filature. Enfin, manière de rappeler utilement qu’il y aura peu d’élus, le Quai (l’école supérieure d’art de Mulhouse) organise une journée consacrée à l’information et à l’orientation des jeunes plasticiens (le 14 juin). Quant à la Kunsthalle (le nouveau centre d’art contemporain mulhousien), elle propose un “kunstdîner” le 13 juin en présence du très arty DJ Bouto. Pour s’y rendre depuis le Parc des expositions, ceux qui aiment l’art prendront le tram. Ligne Rehberger, puis ligne Buren… ✦
Christophe Herreros, Once Upon The End, 2009, vidéo numérique, muet, 1’42
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Art School Confidential
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Installation de Céline Guillemain, élève de l'ENSA de Nancy
Harmonisation des diplômes au niveau européen pour l’ensemble de l’enseignement supérieur, autonomisation, l’enseignement de l’art est à un tournant. Novo a tâté le pouls des écoles d’art du Grand Est en interrogeant ses acteurs, élèves, professeurs, directeurs, et s’est particulièrement intéressé à la professionnalisation demandée par les réformes… Par fabien texier
Happy Tree Friends Une forêt. C’est l’enseignant à l’ESAD et artiste Philippe Lepeut qui nous a inspiré cette image lorsqu’il évoquait la diversité que présentait une école d’art comparé aux plantations mono espèces. Metz, Nancy, Strasbourg, Mulhouse, Besançon, Dijon, les écoles abordées ici et leurs acteurs sont aussi semblables que le mirabellier et le sapin de noël. Avec ses 400 étudiants et le dynamisme de sa section communication visuelle, à l’image du duo d’illustrateurs d’Icinori en 4e et 5e année, l’ESAD fait figure de roi des forêts de l’Est. On envie parfois son importance et son rayonnement, mais pas forcément la complexité qu’ils induisent. Les autres écoles dépassent la centaine d’élèves et semblent jouir de plus de souplesse et de cohésion même si les querelles n’en sont pas absentes et si l’infériorité des moyens peut s’y faire sentir plus à l’étroit. À Metz, Christian Debize, directeur de l’ESAMM, se plaint d’ailleurs, un peu résigné, de la taille de ses locaux. Il envie l’espace dont profite à Mulhouse son confrère du Quai, David Cascaro.
Amandine Sacquin, diplômée de cette école en 2009, a gardé un atelier en ville, mais vit à Paris. À Nancy, Céline Guillemain qui présente cette année son diplôme de fin d’étude, espère voir de la place se dégager avec la création du campus de l’alliance ARTEM. À Besançon, seule école d’art de Franche-Comté, l’ERBA et son récent directeur, le philosophe Laurent Devèze, se préparent avec plaisir à l’autonomie de leur EPCC en solo. Diplômé en 2005, le Bisontin d’origine Julien Cadoret est à l’aise dans sa ville où il anime le collectif de commissaires-artistes En cas où. Enfin, à Dijon, l’artiste Gérard Alary donne ses derniers cours à l’ENSA avant la retraite (professorale) et lâche avec anxiété ses diplômés dans le tourbillon de la vie. Dans le rétroviseur Vingt ans plus tard, on constate la fin de l’élan impulsé par Jack Lang après 81 avec la création des Drac, des Frac, le nouvel investissement de l’État dans l’art. La fin des années 80 marque aussi la chute du marché, avec la diminution du nombre de collectionneurs et l’augmentation de celui des jeunes artistes. Voilà quarante ans que la réforme de 1973 a balayé les anciennes académies, la hiérarchie des ateliers et de leurs mandarins, prôné l’interdisciplinarité et
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introduit les sciences humaines. Les élèves, après un tronc commun de deux ou trois ans, choisissent de se spécialiser dans des options Art, Objet, Design, Communication visuelle, proposées selon les écoles. « Depuis 1950, c’est l’adjonction de deux modèles : les Beaux-Arts qui mènent plutôt à l’art contemporain et les arts appliqués vers le design, regrette David Cascaro. Un étudiant qui chercherait un métier se frotte à autre chose, mais je vois aussi beaucoup d’étudiants qui cultivent un dédain de l’art et de Paris, synonyme de mode : le clivage persiste. Le design prend l’ascendant sur l’art, promu par un état qui veut faire de l’enseignement supérieur un lieu de formation professionnelle. » Cohabitation Amandine Sacquin ne contredit pas ce constat de séparation : « J’étais beaucoup dans ma bulle, très concentrée sur l’option art, je n’ai pas trop suivi les projets transversaux. » Pour les Icinori (Raphaël Urwiller, 5e année et Mayumi Otero 4e année) il a été tout naturel de dépasser le cadre de leur option pour solliciter le regard des professeurs d’art, participer à leurs workshops et squatter tous les ateliers. « Il suffit de demander, il n’y a pas de barrière, ce sont plutôt les élèves qui ne sont pas assez volontaires. » Céline Guillemain (5e année option art) affirme qu’à Nancy, dans les premières années, les élèves, peu nombreux, sont mélangés et s’entraident naturellement par la suite. À Metz, l’inter-optionnalité est de mise entre des sections équilibrées pour laisser les étudiants vérifier dans quel champ se situe leur démarche. À Dijon, Gérard Alary, qui enseigne depuis les années 70, se rappelle que ce sont les professeurs d’art qui ont mis en place l’option design. Les « arts appliqués » sont-ils plus prêts à vivre de leur activité ? Certaines disciplines, comme la didactique visuelle, mènent à une spécialisation recherchée par le monde professionnel qui peut venir recruter les élèves avant la fin de leurs études. On voit aussi certains illustrateurs ou graphistes signer leurs premiers contrats dès la 3e année, quand ils ne sont pas eux-mêmes issus du monde pro, en intégrant l’école grâce à des équivalences. Mais leur production ne relève pas forcément du mainstream recherché par le marché, et, comme le rappelle Icinori, « nous sommes favorisés par rapport aux étudiants en art, mais aussi condamnés à la galère à la sortie de l’école. Un livre d’illustration-jeunesse par exemple c’est 1500 €, deux mois de travail, et rarement plus d’une fois par an pour un débutant. » Autonomie et mise en réseau Le statut EPCC est plutôt perçu comme une occasion de mettre à plat les relations avec les diverses collectivités et de s’ouvrir aux autres établissements, aux entreprises. Entre Épinal et Metz, il est déjà quasiment en place avec le partage pour l’un de l’atelier de sérigraphie, pour l’autre de gravure. S’y ajoutera l’ENSA de Nancy dans un second temps. Selon Christian Debize : « Cela aboutira à une seule structure de 500 étudiants qui permettra aux trois écoles d’accéder à un rang suffisant pour monter des projets artistiques qu’elles ne peuvent s’autoriser aujourd’hui. » À Besançon, Laurent Devèze a de la chance : « on assume l’EPCC tout seul, c’est beaucoup plus simple qu’ailleurs. »
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Il veut y voir l’opportunité de monter des partenariats de manière permanente et pas seulement sur des projets limités, comptant bien développer la collaboration entre l’ERBA et les entreprises. Pour l’ESAD et Le Quai en revanche, la partie s’annonce plus difficile puisqu’elles doivent aussi s’associer à l’imposant Conservatoire de Strasbourg. David Cascaro constate : « Les grandes écoles risquent de mieux tirer leur épingle du jeu que les petites, sauf celles qui restent seules. Le statut actuel de régie municipale n’est pas forcément un obstacle au développement : l’autonomie existait déjà. » On remarque d’ailleurs que les écoles du Grand Est (Lorraine, Alsace, FrancheComté, Bourgogne, Champagne-Ardenne) ont déjà créé leur réseau commun à travers une association et qu’à Nancy, l’ENSA va partager son campus avec deux autres écoles de l’alliance ARTEM : l’ICN Business School et les Mines. Céline Guillemain espère que son école y trouvera des locaux plus grands, mais ne saisit pas vraiment l’utilité du rapprochement avec ces écoles plutôt qu’avec celle d’architecture. La réforme Outre la mise en conformité aux critères du LMD, l’AERES et ses collèges d’exper ts ont fixé des objectifs de professionnalisation. Avec un conseil de direction d’une trentaine de personnes essentiellement issues des sciences dures, quelques économistes-statisticiens e t s e u l e m e n t d e u x re p ré s e n t a n t s (universitaires) des humanités, l’AERES peut inquiéter dans sa vision de la professionnalisation. « Nous sommes dans un paradoxe où la réforme LMD nous enjoint de définir la recherche artistique et s’intéresse beaucoup aux statistiques sur le placement des
étudiants dans le monde du travail » s’étonne David Cascaro. Ayant participé à la mise en place de la réforme, Philippe Lepeut note : « Les accords de Bologne (impulsion européenne qui a mené au LMD, ndlr) restent une opportunité pour repenser nos écoles, leur organisation, leurs enseignements, dans un esprit de circulation au bénéfice des étudiants. Il est important que l’esprit du texte fondateur ne soit pas oublié au profit d’une vision comptable de l’enseignement de l’art. » Les élèves se montrent surtout inquiets de la forme très universitaire du mémoire de 100 à 200 pages qui leur est demandé pour le diplôme. Si cette exigence devait être rigide, étudiants et professeurs seraient unanimes pour la dénoncer… Notamment comme une entrave à la professionnalisation ! « La cinquième année, c’est la voie d’accélération, on ne va pas s’arrêter en route pour faire un pique-nique ! » s’insurge Icinori. Amandine Sacquin a trouvé l’exercice intéressant lors de sa dernière année au Quai, mais se souvient aussi des difficultés rencontrées : « On était dans un entre-deux, les profs et les étudiants ne savaient pas où ils en étaient. » Laurent Devèze trouve que le monde de l’université sous-estime les élèves d’art, rappelant avec Gérard Alary et Philippe Lepeut, que l’art est pensant : « Pas de Duchamp sans connaissance de la psychanalyse ou de la critique marxiste du capitalisme ! » Et après ? « Les étudiants ne peuvent plus sortir la bouche ouverte, en attendant que tombe une résidence ou une exposition comme dans les années 80 », déplore Gérard Alary, qui voit dans la préparation de la sortie de l’école la grande priorité de l’enseignement, craignant que les jeunes diplômés ne
Jargonnons un peu ENSA : École nationale supérieure d’art. ESAD : École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. ESAMM : École supérieure d’art de Metz Métropole. ERBA : École régionale des beaux-arts. LMD : Licence Master Doctorat. Réforme visant la standardisation et la reconnaissance des diplômes de l’enseignement supérieur dans tout l’espace européen. AERES : Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur. Autorité administrative indépendante chargée depuis 2007 de l’évaluation des établissements d’enseignement supérieur, notamment pour la réforme LMD. EPCC : Établissement Public de Coopération Culturelle. Statut permettant d’associer les collectivités territoriales et l’État dans l’organisation et le financement d’équipements culturels importants (dont les écoles d’art) qui peuvent se regrouper dans un même EPCC dirigé par un conseil d’administration.
soient freinés dans leur pratique par l’obligation d’exercer un petit boulot. C’est un peu le cas d’Amandine Sacquin qui a pris un an ses distances avec ses années d’études et changé de ville pour faire le point. Aujourd’hui de retour aux affaires, notamment avec l’exposition Mulhouse 010, elle va devoir quitter son travail dans la restauration pour se dégager du temps. Tous les jeudis du mois, à l’instigation de Laurent Devèze, Julien Cadoret échange expériences et projets à l’école avec les autres anciens et les étudiants. Entre les cours qu’il donne dans les lycées, sa résidence d’artiste à Ludwigsbourg et son activité de commissaire d’exposition, il s’estime bien lancé cinq ans après le diplôme. Céline Guillemain, qui hésite à se diriger par la suite vers les arts de la rue, la scénographie, compte sur le réseau qu’elle a créé avec ses condisciples pour démarrer. Quitte à créer l’événement plutôt que de l’attendre. Pour Philippe Lepeut, il faut penser dans la continuité, inutile d’introduire des cours spécifiques pour préparer la sortie : « Avec les étudiants du projet Phonon-lab, nous travaillons sur des évènements à l’échelle 1 : budgétisation, communication, confrontation à un public, gestion des traces y sont intégrées. » David Cascaro souligne que sur cinquante étudiants du Quai interviewés, 90% d’entre eux ne regrettent pas leurs études et que même si certains exercent un travail sans rapport avec l’art : « Ce sont de bons amateurs qui portent un regard sur le monde, c’est déjà pas mal. » Même constat pour Christian Debize : « 12 à 15 % des gens sortis des options art deviennent vraiment artistes. Nombreux sont ceux qui vont s’installer à côté de l’art contemporain, pas forcément comme créateurs… Ils participent à construire le regard de la société. » « Toujours en mouvement est l’avenir. » Yoda Les étudiants et leurs écoles seront-ils passés à la moulinette du Marché comme de vulgaires citoyens grecs ? L’AERES veillerat-elle sur des plantations aussi productives que tristement uniformes ? Sans que l’on puisse décider ici qui est l’œuf ou la poule, on remarquera que les questions agitées par les réformes sont déjà prises en compte dans les écoles d’une manière ou d’une autre, ce qui laisse penser que les directeurs, enseignants et élèves sauront s’adapter avec plus ou moins de malice aux mouvements en cours : la mise au pas ne paraît guère crédible. De là à savoir si désormais l’art hexagonal se portera mieux à travers le monde et même s’il sortira de ces écoles… ✦
SAV
L’association strasbourgeoise OGACA est l’une des rares structures en France et la seule dans l’Est à conseiller et former les artistes sur leur statut, leur comptabilité, leur communication, leurs réseaux… Nous évoquons son rôle dans la professionnalisation des jeunes artistes avec Grégory Jérôme, son expert ès art visuels. Par fabien texier
Comment l’OGACA, agence de conseil et de gestion culturelle a-t-elle été amenée à développer la professionnalisation des jeunes artistes ? Depuis dix ans, nous nous sommes rapprochés des écoles d’art car nous constations que beaucoup de choses échappaient aux artistes dans la dimension professionnelle de leur activité. Des questions qui touchent à leur statut, leur vie économique et le développement de leur carrière, surtout quand ils se trouvaient dans des régions où ils n’avaient ni contact ni réseau. Nous travaillons à un niveau national pour nouer des contacts dans toute la France. L’un des plus significatifs a été pris avec le CIPAC, fédération de toutes les organisations professionnelles en rapport avec les arts plastiques. Que proposez vous ? Nous essayons de faire l’articulation entre la formation initiale et l’entrée dans la profession. La plupart des étudiants sortent des écoles sans savoir faire une facture, quel statut adopter ou connaître les droits d’auteurs. Conséquence de cette ignorance :
l’économie de leur activité ne décollait jamais. Une première réponse a été les journées professionnelles dont nous avons organisé la deuxième édition en février à l’école d’art de Metz (ESAMM). Nous travaillons aussi en association avec l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg dont 80% des diplômés nous demandent des rendez-vous pour avoir des informations que l’école n’avait pu leur donner. Nous travaillons maintenant plus en amont avec l’ESAD. Nous intervenons dans des cycles de rencontres entre les étudiants de 5e année ou des diplômés et des professionnels : galeristes, expert-comptables, avocats spécialisés en droits d’auteur… Vous proposez aussi une formation pour les artistes depuis octobre… Une subvention du Conseil Général nous a permis de la proposer sur huit mois à quinze artistes alsaciens, en majorité sortis de l’ESAD de 1998 à 2009. Sur un programme établi d’après les besoins que nous avons identifiés, elle fait intervenir des spécialistes du CIPAC, conseiller arts plastiques des DRAC, des économistes de la création culturelle, critiques d’arts, documentalistes… Tout ce qu’un artiste doit comprendre pour faire son chemin dans le milieu. La plus ancienne d’entre eux n’avait pas appris la même chose que les autres à l’école, elle a été surprise par leur dynamisme, les choses ont beaucoup évolué dans l’enseignement depuis 1998. Nous travaillons maintenant avec la délégation aux arts plastiques du ministère sur un projet de modules professionnalisants à destination de toutes les écoles. ✦
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Carte blanche à elena costelian Photographies prises dans la zone contaminée par l’explosion de Tchernobyl Cantine d'école à Mariankova Vue sur la ville de Prypiat à partir de la suite du Grand Hotel
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The residents Les résidences se multiplient ces dernières années, et représentent pour les artistes un moment de travail privilégié. À l’étranger ou dans la région même, elles permettent aux structures qui les organisent et à ceux qui y participent d’étendre leur réseau et de toucher de nouveaux publics. Questions à deux « résidents ».
Par SYLVIA DUBOST
Alexandre Marta, vit et travaille à Strasbourg et Paris Résidence en 2009 à Helsinki, organisée par le CEAAC Pourquoi cette résidence-là, à cet endroit-là ? Le choix s’est porté sur cette résidence par hasard, une proposition m’a été faite par Evelyne Loux et Élodie Gallina, et après avoir pris en compte la nature des conditions qu’elle offrait, j’ai décidé d’y poser ma candidature. Le critère de l’endroit n’était donc pas un motif en soi, ça aurait été sur la lune ou sur la mer Morte, j’y serais sans doute allé. Qu’aviez-vous envie d’y faire et qu’y avez-vous fait ? Au départ j’avais projeté d’y faire quelque chose en rapport avec l’architecture d’Helsinki. C’était un gros programme, que je n’ai pas pu tenir, faute du talent
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suffisant à ce moment là, et que j’espère un jour pouvoir réaliser ailleurs. Ce que j’ai finalement fait n’a rien à voir avec cela ; j’y ai beaucoup dessiné, et j’ai tourné beaucoup d’images vidéo de la ville qui n’ont pour l’instant pas été montées. Finalement le travail a pris la forme de séries de dessins. Le lieu a-t-il nourri votre travail ? La « nourriture » du travail est une chose discrète et bien mystérieuse. Certains régimes peuvent être d’ailleurs tout à fait désastreux. Ça n’est donc pas sans risque que l’on change de nourriture. Néanmoins je crois que pouvoir changer régulièrement ses conditions de travail est une chose très nécessaire, surtout pour éviter que le travail ne meure de son propre régime d’habitudes ; dans le cas contraire, l’esprit de système finit toujours par développer des carences, le cerveau meurt et c’est le cancer généralisé, alors ce n’est pas gai. Aussi faire un voyage, si toutefois vous arrivez un peu
à voyager en ce moment, ce qui est loin d’être évident, cela me semble toujours une chose bénéfique en ce sens ; mais de là à sentir comment cette chose vous nourrit, c’est difficile à savoir avec précision. Quel est pour vous l’intérêt majeur d’une résidence d’artiste ? L’intérêt c’est d’en profiter pour sortir de chez soi. On peut toujours rester chez soi en allant ailleurs et c’est bien là qu’est le problème. Une résidence réussie doit d’abord servir à éviter l’erreur de se balader partout en trimballant son petit cadre, ça oblige justement à s’en constituer un tout autre, ou même à faire la douloureuse expérience de ne plus avoir de cadre du tout, momentanément j’entends. Aussi l’état de crise dans lequel le travail est susceptible d’être plongé est sans doute symptomatique d’une résidence qui servira à quelque chose. Mes expériences les meilleures m’en ont déjà fourni la preuve, par les progrès que j’ai pu y effectuer. ✦
Vincent Carlier, Coucher de soleil au moment de l’éruption du volcan Eyjafjöll. Hommage à W. Turner et E. Munch.
Vincent Carlier, vit et travaille à Dijon Résidence en cours au collège de Noyers-sur-Serein (89), organisée par le centre d’art de L’Yonne Pourquoi cette résidence-là, à cet endroit-là ? Être accueilli dans un établissement scolaire était une nouvelle expérience. Le principe d’intégrer ce contexte particulier afin d’y développer un travail me paraissait intéressant.
conséquences qu’il a entraînées, des cendres à l’état de trace seront forcément présentes dans les eaux de pluie. Je pense qu’elles matérialisent bien la fragilité du système et les limites de son instantanéité.
Qu’aviez-vous envie d’y faire et qu’y avez-vous fait ? Je n’avais pas de projet précis avant d’arriver. Pour l’instant, je suis à la moitié de ma période de résidence, mon travail n’est donc pas encore bouclé. Mais je développe plusieurs pistes. L’une directement liée au contexte, puisque je travaille sur la démolition de l’ancien collège voisin, l’autre en lien avec l’actualité volcanique de ces dernières semaines. J’essaie de récupérer des cendres du volcan Eyjafjöll grâce à un dispositif de récupération d’eau de pluie fabriqué et installé avec les élèves du collège. Le nuage ayant envahi le ciel français pendant plusieurs jours, avec toutes les
Auriez-vous réalisé ce travail en restant dans votre atelier ? Certainement pas. Les contraintes de travail sont différentes, les matériaux et les outils disponibles sont différents, le contexte est différent... Ce qui oriente forcément ma réflexion et ma réalisation dans un sens que je n’aurais pas suivi dans mon atelier. J’essaie toujours de transformer ce qui pourrait être un problème, comme le manque d’outils ou de matériaux, en contrainte positive de travail.
Quel est pour vous l’intérêt majeur d’une résidence d’artiste ? Pour moi, l’intérêt majeur d’une résidence c’est le temps privilégié qu’elle représente. C’est un temps de recherche et de travail par ticulier, loin des préoccupations du quotidien et enrichi du contexte dans lequel on se trouve. Je trouve que c’est une expérience de recherche très riche. C’est aussi l’occasion de bénéficier de moyens de production dont on ne dispose pas forcément en dehors de ce genre de programme.
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Échanges en milieu tempéré Face à la stagnation ou à la diminution des budgets, musées et centres d’art n’ont aujourd’hui d’autre choix que de se tourner vers des partenaires privés. Tous se mettent en quête de mécénat. Mais le concept reste souvent flou, le chemin difficile, le dispositif encore balbutiant… même s’il peut porter ses fruits. Par SYLVIA DUBOST
Petite définition Fiscalement parlant, le mécénat est un don à un organisme reconnu d’intérêt général, qui donne droit à une réduction d’impôt. Il ne recouvre donc pas, contrairement aux idées reçues, l’achat d’œuvres. Concrètement, il peut prendre trois formes : financier, en nature (don de matériel) ou de compétences (prestation de service). Et il est aujourd’hui devenu incontournable. « Lorsqu’on demande des sous en plus de ce que nous accorde notre convention, pour des projets particuliers, on nous demande d’aller chercher du mécénat », explique Sophie Kaplan, directrice du Crac Alsace. Le message est clair. La loi fiscale avait pris les devants en accordant, depuis le 1er août 2003, une réduction fiscale égale à 66% des versements pour les particuliers, 60 % pour les entreprises (dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires hors taxes, avec un report possible de cinq ans). Le mécène peut désormais bénéficier d’un retour à hauteur de 25% du don. La France a ainsi rattrapé son retard en la matière. « Mathématiquement, cela ne coûte presque plus rien à l’entreprise », indique Christophe Thiébaut, membre du comité mécénat de l’ordre des experts-comptables.
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« Le chemin sera encore long » Au pied du mur, tout le monde s’y met, avec plus ou moins de succès. Selon le Répertoire du mécénat réalisé en 2009 par l’Admical (Association pour le développement du mécénat industriel et commercial), la culture représente aujourd’hui 29% des actions de mécénat, derrière le caritatif mais sans beaucoup plus de détail quant à la répartition des dons, à défaut de statistiques précises. On sait que la musique arrive en tête, devant le patrimoine, que le spectacle vivant est incontestablement le parent pauvre et que l’art contemporain ne semble, au final, pas si mal loti… S’il a fortement augmenté ces dernières années, le mécénat n’en reste pas moins balbutiant. « Le chemin sera encore long », prédit Jean-Marie Lang, conseiller de l’Admical en Alsace. Le frein est avant tout culturel : le financement de la culture reste, dans les esprits, l’apanage de l’État. Par ailleurs, les entreprises sont globalement mal informées du dispositif, même si l’ordre des experts-comptables, relais d’information en la matière, s’engage plus activement à sa
promotion. Dans le Grand Est, l’Admical n’a de relais qu’en Alsace. Certaines Drac ont des correspondants mécénat, qui cumulent souvent plusieurs postes et ne connaissent pas mieux le monde de l’entreprise que les musées et centres d’art… La communication entre ces deux mondes, qui ne parlent pas la même langue, est le premier obstacle à franchir…
Stephen Wilks, Barcelona, photo imprimée par Prevel pour l’exposition à la Kunsthalle Mulhouse
Le quotidien d’une entreprise et ses problématiques restent terra incognita pour les acteurs de l’art contemporain. « Nous ne sommes pas formés à cela », reconnaît Sophie Kaplan. Les entreprises connaissent très mal l’art contemporain, et la médiation est un vrai chantier. Cette méconnaissance du terrain a généré beaucoup de fantasmes. « Les conservateurs de musées cherchent
Vuitton, explique Christophe Thiébaut. Il vaut mieux une dizaine de petites entreprises qui donnent chacune entre 4000 et 10 000 €, plutôt qu’un seul mécène qui donnera 150 000. » Jean-Marie Lang, conseiller de l’Admical en Alsace, confirme : « Les grandes fondations et entreprises ont déjà leurs projets. Je conseille de s’adresser aux locaux. » À ceci près que les régions sont inégalement loties…
Le temps et l’argent Dans la réalité, rares sont les entreprises qui dégainent le chéquier. Sophie Kaplan résume bien le problème : « On était très optimiste. Maintenant, on pense que c’est très compliqué. La recherche de mécènes demande une énergie considérable pour un résultat modeste : 500, 1000, 1500 €. » À l’École des beaux-arts de Paris, où elle
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était responsable des expositions, la situation était différente. « Les gens venaient nous voir pour nous proposer de l’argent. Avec ces grandes institutions historiques, ils ont un retour d’image immédiat. Un centre d’art a rarement ce prestige populaire… » Les PME, qui représentent 73% des mécènes, préfèrent mettre à disposition du matériel ou des services. L’un des partenaires du Crac lui assure la maintenance informatique, un autre lui met à disposition de la peinture pour remettre à neuf les murs entre deux expositions… Les entreprises peuvent aussi s’impliquer plus directement dans la production d’œuvres. La Kunsthalle de Mulhouse a fait ainsi imprimer des dessins et une photo de Stephen Wilks pour son exposition actuelle. Le Pavé dans la mare à Besançon, qui mène un vrai travail en direction des entreprises depuis 2003, va encore plus loin : les œuvres sont directement produites dans l’entreprise, en collaboration avec le personnel, dans le cadre d’une résidence (voir ci-contre). Un modèle qui tend aujourd’hui à se développer. Reste encore à convaincre l’entreprise. 60% de déduction et 25% de retour possible suffisent rarement. « Les impliquer dans la production, le travail d’un artiste, la création d’une œuvre, la vie d’un lieu culturel, ça c’est très motivant », explique Sandrine Wymann, directrice de la Kunsthalle. Pour Jean-Marie Lang, ce type de mécénat, qui réunit une équipe autour d’un projet différent, fait naître « de nouvelles relations au sein de l’entreprise ». C’est donc plutôt vers le mécénat en nature ou de compétences que les porteurs de projets culturels s’orientent aujourd’hui. « C’est la chose la plus intéressante pour tout le monde », reconnaît Sophie Kaplan. « Mais l’entreprise doit comprendre qu’il ne s’agit pas d’une commande, explique Corinne Lapp, directrice du Pavé dans la mare. Cela nécessite beaucoup de discussions. » Donc beaucoup de temps et d’énergie. « Nous manquons de moyens pour faire cette recherche », constate Sophie Kaplan. Sans compter qu’en temps de crise, comme actuellement, la tâche est encore plus difficile. Avec des bénéfices en baisse, les entreprises ont tendance à se retirer des projets, et celles qui souhaitent les maintenir ont du mal à faire accepter à leurs salariés ce type d’investissement. « On commence aujourd’hui à en ressentir les effets… », reconnaît Corinne Lapp. « On a un bateau à rames, on préfèrerait un bateau à moteur », résume Sophie Kaplan. Les porteurs de projet savent que la route est encore longue… Les entreprises préférant investir dans des actions caritatives, « une piste serait d’articuler les projets avec un projet social », suggère Jean-Marie Lang. Reste encore à préserver le projet artistique, qui doit, malgré tout, demeurer la priorité… ✦
Art et entreprise La société Mantion, partenaire du Pavé dans la mare, accueille en résidence Gilles Picouet et Nicolas Floc’h, pour y produire des œuvres en collaboration avec les salariés. Son PDG, Denis Schnoebelen, livre son point de vue sur ce projet.
Nicolas Floc’h, Portraits d’une entreprise – Mantion, Besançon 2010
« Je voulais, depuis pas mal de temps, trouver un projet qui sorte de l’ordinaire, pour valoriser différemment notre savoir-faire. Nous produisons des composants pour convoyeurs aériens et des éléments de portes, des produits très techniques, pas vraiment « sexy » pour le grand public. L’idée était que les artistes utilisent les matières, les produits, les processus de l’entreprise pour produire quelque chose. Gilles Picouet utilise les portes coulissantes pour construire un grand labyrinthe de 200 m2. Pour l’heure, il travaille encore avec le bureau d’études, qui y a passé beaucoup de temps alors qu’il est déjà surchargé. On passera à la fabrication mi-mai. En tout, cela nous demandera 1000 heures de travail. Nicolas Floc’h est venu plusieurs fois, pour s’imprégner de l’atmosphère de l’entreprise. Il a proposé, avec nos convoyeurs, une forêt en suspension, ce qui nous demandera également 1000 heures de travail. En tout, cela nous coûtera environ 200 000 €. Au fur et à mesure que le projet concerne les différents corps de métiers, il prend une nouvelle dimension. Cela nous permet aussi de faire venir des clients, de leur montrer qu’on ose des choses. En tout cas, si je me lance à nouveau dans le mécénat, ce sera sous cette forme-là. C’est le mélange des individus qui créé la richesse. » Exposition Made in Pavé, œuvres produites en résidence en entreprise, du 15 juillet au 15 novembre dans différents lieux de Besançon www.pavedanslamare.org
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MUSĂ&#x2030;E DES BEAUX-ARTS DE DOLE - 85, rue des Arènes - 39100 Dole Ouvert tous les jours de 10h à  12h et de 14h à  18h, sauf dimanche matin et lundi - mercredi ouverture en nocturne jusquâ&#x20AC;&#x2122;Ă Â 20h - EntrĂŠe libre - Renseignements au 03 84 79 25 85. Cette exposition a ÊtĂŠÂ rĂŠalisĂŠe par la ville de Dole, avec le soutien de la DRAC FrancheComtĂŠ, du Conseil gĂŠnĂŠral du Jura et de lâ&#x20AC;&#x2122;Association des Amis des musĂŠes du Jura.
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Carte blanche Ă Mathieu wernert 120x160, 2010, photographies Christophe Urbain
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Le Consortium, 16 rue Quentin L’Usine, 37 rue de Longvic (en travaux) 03 80 68 45 55 – www.leconsortium.com
entretien complet en ligne sur flux4
Il est de ces croisements étranges… Tandis que s’inaugure le Centre Pompidou-Metz, le centre d’art le Consortium verra en 2011 l’ouverture de l’Usine. Un bâtiment industriel agrandi, remodelé, et dont l’apparition promet de modifier en profondeur l’équilibre culturel dijonnais actuel. L’occasion d’une rencontre avec Xavier Douroux, co-directeur du Consortium aux côtés de Franck Gautherot et Éric Troncy. Par Caroline Châtelet portrait : Vincent Arbelet
Le Consorti l’autre réal Avant cela, deux mots sur la structure, dont le mode d’existence instruit sur la capacité d’indépendance. En 1977 – même année que le Centre Georges Pompidou à Paris – naît l’association le Coin du Miroir, fondée par Franck Gautherot et Xavier Douroux. Au fil des ans et des nécessités, la structure diversifie son champ d’activités, classé aujourd’hui en six départements : un centre d’art, un bureau de graphisme, un bureau d’études et de diffusion de l’art contemporain, un département Art et société (action Nouveaux commanditaires), une collection d’œuvres et un département Nouvelles scènes. Ajoutez-y, sous un
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autre statut, la maison d’édition Les Presses du Réel et la société de production cinématographique Anna Sanders Films, et vous aurez compris que le terme « consortium » s’applique ici avec une acuité étonnante... L’arrivée de l’Usine et de ses 4000 m2 – réalisée par Shigeru Ban, architecte de Pompidou-Metz – va bousculer le centre de gravité de la structure. Une progression quasi rhizomatique, marquée par une logique propre, fondée sur la création d’outils plutôt que sur la déploration de leur absence. De la croyance à la capacité d’influence sur son environnement... Rencontre.
Simulation 3D, Pôle d'art, Le Consortium, © Fei Qui Shigeru Ban Architects
ium, lité de l’art ✦✦
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Tous vos projets semblent progresser de façon rhizomatique.... En même temps, il y a une espèce de logique. Les formes juridiques, les activités et les perspectives du Consortium se sont organisées par rapport à une évolution de la situation de l’art, des artistes, de la production des œuvres puis, aujourd’hui, des rapports entre l’art et la société. Nous cherchons toujours à nous greffer à la réalité, quitte à la transformer. Mais il y a une approche très pragmatique. Peut-on parler de nécessité ? Cela relève à la fois du hasard et de la nécessité. Le hasard, puisque cela ne peut se faire que parce qu’il y a des personnes. La nécessité, parce qu’il y a pour nous une nécessité à faire évoluer un modèle économique en regard de nos objectifs d’indépendance et d’efficacité.
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Comment tous ces projets s’articulent-ils ? Lorsque vous avez une vision globale à peu près claire, il est toujours plus facile de créer un archipel de ce type. De faire que les tailles des projets soient différentes, qu’il y ait de l’indépendance et une cohérence globale. Il faut une vision d’où l’on veut, à peu près, aller, et savoir contre qui l’on se bat. C’est toujours motivant de se battre contre quelque chose.
considérable et fragile, n’est pas forcément celui dans lequel nous nous reconnaissons. Nous luttons, donc, contre les tentations de la surenchère événementielle, de la dépendance vis-à-vis de l’économie du marché, de l’abandon de questions préalables à l’apparition des œuvres au profit de questions postérieures. Nous défendons une approche de ce qu’on appelle le « public », non pas en tant qu’ensemble d’individus mais en tant que bien commun.
Contre quoi, et qui, vous battez-vous ? Aujourd’hui, nous nous battons contre une évolution qui fait que l’art contemporain a « jeté le bébé avec l’eau du bain ». Cet art contemporain, dont le succès est
Comment faites-vous ? À un moment, vous êtes obligés de vous reposer sur deux choses : les gens et leur capacité à être inventifs, à apporter du sens, et une économie. Cette dernière est
avec l’action Nouveaux commanditaires, mais pas uniquement. L’ouverture de l’Usine va induire une transformation dans les modes de fonctionnement et de coopération d’un certain nombre de structures et de personnes qui travaillent dans le secteur de la danse, de la littérature, de la musique contemporaine ou de la musique rock. Dans vos activités se retrouve toujours cette affirmation de la capacité d’influence sur son propre environnement... Cela vient de notre culture politique. Nous avons gardé des attaches très fortes avec un certain nombre de points de vue issus des pensées anarchistes du XIXe siècle, que nous avons enrichi d’une connaissance de la philosophie et de la sociologie pragmatique américaine et anglo-saxonne. La création des Presses du réel constitue-t-elle un exemple du développement de vos propres outils critiques ? Nous nous sommes aperçus qu’avoir un programme éditorial était tout aussi excitant, voire plus, qu’avoir un programme d’exposition il y a vingt-cinq ans. Dans la mesure où nous nous sommes interdits depuis une dizaine d’années, notamment avec la montée en puissance des commissaires d’exposition et des expositions thématiques, les expositions de groupes. Nous travaillons aujourd’hui artiste par artiste et demeurons de vrais interlocuteurs. Nous ne déléguons ni la signature, ni la conception, ni la constitution de l’exposition qui se construit dans un enrichissement mutuel. À travers la création d’un programme éditorial, nous avons pu retrouver une manière de rapprocher, connecter, entrelacer des choses, et de faire apparaître leurs liens souterrains.
une économie de la transformation et nous ne faisons rien sans l’idée que cela permette de transformer le contexte dans lequel on intervient. C’est ambitieux, parfois les transformations sont minimes, parfois elles vont au-delà de nos espérances. C’est le cas
Comment vous accommodez-vous du paradoxe d’une image élitiste alors que votre logique de fonctionnement relève par certains points de l’autogestion ? Les deux ne sont pas incompatibles... Nous aimons beaucoup cette idée de coopérative, d’archipel qui permet aux
gens de travailler ensemble, mais ce n’est pas opposé à l’élitisme. D’ailleurs, pourquoi l’élitisme serait-il négatif ? C’est une question que l’on peut se poser... Aujourd’hui, on ne parle que de démocratisation. Nous, nous avons décidé de ne pas nous intéresser à la question du public, parce qu’il y a un trop grand écart face à ce qu’il peut saisir de la création. Plutôt que d’essayer de combler cela, nous tentons d’exister dans la compréhension et la maîtrise de ce que sont les œuvres, leur production, leur économie, pour qu’ensuite elles existent. Puis, à partir de là, s’interroger sur la relation qu’on peut construire. C’est effectivement un autre point de vue. Mais au nom de cet élitisme-là, nous pouvons apporter de la démocratie, au sens d’une relation entre des artistes, des œuvres et une société. Rendre la présence d’un artiste naturelle dans une société. Vos projets semblent naître là où l’état ou les collectivités ne sont plus en mesure d’assumer leurs rôles... Nous ne travaillons pas sans, ni contre, les collectivités et l’état, mais à côté d’eux. C’est toute la difficulté de cette « danse » avec les collectivités publiques en général. Car si nous voulons écrire une partition ensemble, nous ne souhaitons pas qu’elle le soit en termes de « missions ». Nous l’écrivons en fonction de ce que nous définissons comme les obligations nées d’une bonne connaissance de ce qu’est l’art d’aujourd’hui. Cela crée des responsabilités, mais qui ne sont pas imposées par l’extérieur. L’ouverture de l’Usine va-t-elle modifier l’équilibre actuel de vos activités, centrées autour du centre d’art et des expositions ? Que ce lieu devienne un mausolée vide est un danger... L’entropie existe et nous n’y résisterons que partiellement. Mais nous pouvons tenter de la contrebalancer en y rendant lisible toute l’utopie, le maelström d’initiatives. Et la seule chose permettant cela, c’est l’expérience très pragmatique du chantier. Au fil du rapport avec les architectes et les entreprises, durant la gestion quotidienne de son évolution, nous avons entrevu les possibilités de coopération. Si, aujourd’hui, je ne connais pas précisément mon budget de fonctionnement, la date d’ouverture, etc., tout ce que je sais par ailleurs je l’ai appris du chantier. Je me suis posé des questions qui n’étaient pas liées à l’architecture, au public, ou aux apports des collectivités territoriales, mais à la présence des œuvres. Comment s’est déroulée la mise en œuvre des travaux ? Il y a eu plusieurs étapes, ce projet réunissant au départ Rémy Zaugg, les architectes Herzog et de Meuron,
« Nous pouvons apporter de la démocratie, au sens d’une relation entre des artistes, des œuvres et une société. Rendre la présence d’un artiste naturelle dans une société. » 33
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puis Shigeru Ban et Made in. J’étais très ami avec Rémy Zaugg, nous avions travaillé ensemble sur le schéma directeur du campus et il m’avait fait connaître au début de leur carrière Herzog et de Meuron. Ensemble, nous avons réalisé un plan masse, qui est demeuré le même. Mais Rémy est mort, Herzog et de Meuron n’étaient pas disponibles avant 2012 et, avec leur accord, nous avons changé d’architectes. J’ai choisi Shigeru Ban – avec qui j’ai déjà travaillé pour l’action Nouveaux commanditaires et pour qui je faisais la muséographie pour le centre Pompidou-Metz - et lui ai adjoint pour l’extérieur Made in, équipe de trois jeunes architectes installée à Genève.
« Nous apportons de la matière aux gens pour qu'il y ait une transformation d'eux-mêmes et que cette transformation se transmette dans leur vie. »
Était-ce important que l’ancien bâtiment demeure ? Oui, d’abord parce qu’il offrait des espaces très intéressants. Nous souhaitions conserver une relation avec les espaces industriels qui ont été importants dans notre jeunesse pour la découverte du minimal, de l’arte povera. Ces lieux sont porteurs de quelque chose de différent de l’espace muséal. Il y a une « greffe » qui se fait entre le nouveau bâtiment et la structure massive de l’usine, rappelant cette idée d’interpénétration de l’ancien et du nouveau. Dans l’ouvrage Le Consortium : une expérience de l’exposition, vous dites être « persuadé que les espaces sont habités par les fantômes des œuvres qui y sont passées ». Comment envisagez-vous la cohabitation entre les anciens et les nouveaux espaces de l’Usine ? La partie ancienne sera plutôt consacrée – même si les choses sont interchangeables au vu de la continuité des espaces – à la collection permanente. C’est, donc, plus dans la réapparition de ces fantômes – qui sont pour certains d’entre eux des fantômes d’œuvres qui sont entrées dans la collection du Consortium – que nous pourrons jouer. D’ailleurs, la réouverture devrait être l’occasion de la réapparition de choses marquantes de l’histoire de ce bâtiment, prolongeant cette idée que les choses ne disparaissent jamais complètement, qu’elles ressurgissent... Des thèmes, ou des visions, sont récurrentes dans vos paroles. Ainsi d’une forme de méfiance vis-à-vis de l’emprise institutionnelle... C’est un paradoxe, car nous sommes nous-mêmes une institution. Il y a, sinon une méfiance, du moins une distance quant aux modes de fonctionnement et aux prises de décision. Mais nous ne sommes pas non plus dans une position d’underground ou de rupture. Nous avançons dans cette idée, toujours, qu’il y a une réalité avec laquelle nous travaillons et que nous pouvons, à côté, en imaginer une autre. En espérant qu’un transfert de fonction, de mission, d’usage puisse se faire de la première à la deuxième réalité... La question de l’engagement, également, le vôtre... C’est indispensable. Nous sommes très fouriéristes pour ça, nous sommes passionnés. Et nous avons un engagement politique au sens large du terme.
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Travaux, chantier Pôle d'art Le Consortium, novembre 2009, © Shigeru Ban Architects
… Engagement des artistes... Longtemps nous avons été très proches des artistes. Nous le sommes encore, le Consortium fonctionne parce que nous avons gardé avec beaucoup des relations sur trente ans. Mais nous avons évolué làdessus, les artistes ne sont pas le but ultime. Je me méfie beaucoup du retour de cette figure du démiurge, pour moi la négociation est plus importante que le reste. … Engagement, enfin, du public ? Nous fonctionnons sur le fait qu’il faut « faire l’effort de ». Cela repose sur le fait que nous apportons de la matière aux gens, pour qu’il y ait une transformation d’eux-mêmes et que cette transformation se transmette dans leur vie. Mais il faut qu’ils s’en servent. Si le public vient simplement consommer nous avons échoué. C’est une démarche nécessitant un engagement du public. Vous dites « croire à la valeur d’usage de l’œuvre ». C’est-à-dire ? Je suis persuadé qu’il y a une valeur d’usage des œuvres. Une société qui n’a plus d’usage des œuvres autre que celui de la contemplation, de la consommation en
terme de communication, est une société qui, malheureusement, passe à côté des œuvres. Elle ne peut y exercer son jugement et l’histoire du goût, l’histoire du débat intellectuel ou la remise en cause de la notion d’auteurs sont alors impossibles. Sans valeur d’usage au sens multiple, on peut même se demander s’il y a encore des œuvres... Franck Gautherot dit de Dijon qu’elle offrait un « décor de ville où les initiatives d’avant-garde ont toujours dû exister en effraction, en marge ». Est-ce pour cela que vous y êtes restés ? Dijon offre un contexte assez particulier : jusqu’à la Première Guerre mondiale, tout ce qui se fait ici est élitiste, il y a une vraie qualité, un rayonnement. Puis, après 1914 la ville subit une provincialisation et une marginalisation très fortes. Elle n’est plus à l’échelle du monde. Nous aurions pu nous dire que la ville n’était pas moderne, mais il nous était plus simple de marquer les effets de notre action ici. L’idée de l’effraction nous plaisait également, car nous savions qu’il faudrait chaque fois prouver les choses, ne pas simplement rencontrer le consensus et l’approbation. ✦
La matérialité de l’œuvre L’œuvre ne vit pas sans celui qui l’expose, le commissaire d’exposition. Quatre commissaires du Grand Est et le collectif Dixit nous livrent leur vision d’une fonction qui a évolué avec les bouleversements rencontrés par la diffusion artistique. Par emmanuel abela
En février dernier, le magazine Artpress proposait son Enquête sur les commissaires, qu’il basait sur un document réalisé en 2009, à l’initiative de Laurent Jeanpierre et Séverine Sofio, Les Commissaires d’exposition d’art contemporain en France. Portrait socioprofessionnel. L’article et le document précieux sur lequel il s’appuyait relevaient que derrière la renommée des grands curators, la situation des commissaires français n’était pas toujours très enviable – ils souffrent globalement d’une grande précarité –, même si paradoxalement l’activité était de plus en plus pratiquée. Aujourd’hui, on constate une évolution qui conduit à de nouvelles postures par rapport à des effets de personnalisation exagérée, voire de quasi-starisation de certains commissaires d’exposition. « Je déteste la posture » je suis le grand commissaire d’exposition tout seul dans mon coin”, nous affirme Béatrice Josse, directrice du Fonds
régional d’art contemporain de Lorraine. Ce qui m’intéresse, c’est de travailler en collaboration. » D’où le travail mené avec Marie Cozette, directrice du centre d’art contemporain la Synagogue de Delme, sur la partie de l’exposition The Drawing Time / Le temps du dessin, présentée dans les galeries Poirel, ainsi qu’à la Douëra à Malzéville, en compagnie des quatre écoles supérieures d’art de Nancy, Metz, Épinal et Strasbourg, la galerie Nancy Thermale et la galerie Art Attitude Hervé Bize. Une manière de donner une ampleur particulière pour cette exposition qui s’intéresse en priorité au support du dessin, « considéré dans sa substance ». Pour elle, rien de bien nouveau cependant. S’il est naturellement bon d’exister ensemble et d’affirmer sa présence, on ne peut pas voir dans les démarches collectives ou de mise en dialogue, la tendance du moment, tout dépend des personnalités. D’après Sophie
Kaplan, la directrice du Crac Altkirch, nous ne pouvons tirer de conclusions générales sur les éventuelles dérives liées à une fonction qui suscite bien des fantasmes. Mais si elle s’amuse à rappeler que sur certains cartons d’invitation, le nom du commissaire figure parfois en plus grand que celui des artistes eux-mêmes, elle situe le débat ailleurs, autour de la notion d’« auteur » : « Dans certains cas, notamment dans le cadre d’expositions collectives ou thématiques, le commissaire construit un discours à l’aide d’un certain nombre d’œuvres. » En cela, le commissaire se situe en « relais nécessaire, voire indispensable », avec une fonction, dont l’évolution suit celle des pratiques artistiques. Ce qui explique que ce « rôle-là a une importance particulière qu’il n’avait pas il y a quelques années. » Elle s’empresse de rajouter : « Une importance qu’il n’aura sans doute pas dans quelques années. » ✦ ✦
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The Plug, My super sweet sixteen 2009, impressions lambda, 150 x 120 cm (en collaboration avec Eric Chenal) Courtesy de l’artiste et Galerie Nosbaum & Reding, Luxembourg François Génot, Louisa 2010, structure bois Courtesy de l’artiste / Photos © Fabienne Schneider
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Pour Bettina Klein, commissaire invitée pour deux années au CEAAC, « la mise en place d’une exposition contient sa part d’intuition ». D’où l’affirmation d’« un point de vue personnel » qui lui permet de réagir par rapport au lieu qui l’accueille, « en fonction de son espace et de son histoire ». Le discours qu’elle développe s’appuie sur d’autres expositions qu’elle a elle-même montées, comme c’est le cas avec En présence qui prolonge Objet à part, une exposition présentée à La Galerie, à Noisyle-Sec en 2006. C’est en cela qu’elle apprécie le confort qui lui est offert de travailler sur
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une vraie programmation au CEAAC : « Le programme pour cette année est fixé, mais pour l’année prochaine, je garde encore un peu de souplesse dans mes propositions. » À Berlin, la ville où elle réside, on dénombre beaucoup de commissaires indépendants « qui voyagent à l’international, mais nous avons également les curateurs – die Kuratoren – qui effectuent un travail en continu sur un lieu, nous explique-t-elle. L’une des différences entre les deux pays, c’est qu’en France, en termes de diffusion, grâce aux centres d’art, il y a plus de possibilités pour les commissaires invités. » Et d’insister
indirectement sur les conditions de précarité de la fonction, des deux côtés de la frontière. Ces conditions qui pèsent sur l’activité, nous étaient révélées de manière concrète dans l’étude de 2009. En cela, un chiffre est très parlant : le commissariat fait vivre moins d’une centaine de personnes en France ! Ça n’empêche pas pour autant les vocations de s’exprimer, comme c’est le cas avec le collectif Dixit. Composé de Lisa Annicchiarico, Clarisse François et Jessica Monnin, ce trio de jeunes diplômées qui s’étaient rencontrées en Licence d’Histoire de l’Art à l’Université Marc Bloch à
« Le rôle du commissaire d'exposition a une importance particulière qu'il n'avait pas il y a quelques années et qu'il n'aura sans doute pas dans quelques années. » Sophie Kaplan, directrice du Crac Alsace
Strasbourg, a été sollicité par Sophie Kaplan pour monter un Project room au Crac Alsace. « Le Project room est principalement axé sur les artistes du Grand Est, de la Suisse et de l’Allemagne. Je savais que les membres de Dixit avaient eu de très bons contacts avec des artistes que je connaissais. Du coup, j’ai voulu leur offrir cette possibilité d’exercer leur œil critique dans un Centre d’art. » Il en résulte une série de trois expositions, Mais Godard c’est Delacroix, les Plans I, II et III, d’après une citation-manifeste contenue dans un texte d’Aragon sur Pierrot Le Fou, avec d’emblée une réflexion sur l’activité
curatoriale, que Dixit résume à dessein par une question fondamentale : “Comment déclencher des émotions en confrontant des œuvres dans un espace d’exposition ?” « Oui, il s’agissait de nous positionner en tant que commissaires émergents avec une ligne de conduite, en utilisant le Project room comme un laboratoire d’idées », nous renseigne Lisa Annicchiarico. Toutes trois ont débuté sous la forme d’une association, L’Estafette, qui a organisé le festival Décalage immédiat à Sierck -les-Bains en 2009, mais avec la volonté de rapidement passer au commissariat d’exposition, ce qui demeure pour elles trois une vraie finalité professionnelle. L’option d’avancer sous la forme d’un collectif favorise-t-elle les contacts, donnet-elle du crédit ? « Même si ça n’est pas notre premier pas dans le monde de la culture, ça nous met en confiance. En tant que porteur de projet, ça rassure ! », nous confie Jessica Monnin. L’émulation autour de projets très ouverts, conduit nos jeunes commissaires à favoriser les confrontations d’éléments empruntés aux arts plastiques, à la vidéo, au son et à la musique, tout en jetant des passerelles temporelles, avec de constants allers-retours entre passé et présent. « Oui, on vient de l’histoire de l’art, nous rappelle Clarisse François. Nous aimerions beaucoup monter des expositions avec des œuvres du XVe ou du XVIe, tout en les confrontant à des œuvres actuelles. » Cette pluridisciplinarité, Lisa Annicchiarico la situe au cœur de la pensée du collectif. « Avec la programmation de trois Project rooms, Sophie Kaplan nous a permis d’expérimenter notre manière d’envisager l’exposition et d’utiliser plusieurs médiums. C’est pour cela que nous allons retravailler avec The Plug [déjà présent dans le premier Project room, ndlr], un artiste qui travaille la photographie, la vidéo et l’installation et qui devient référent pour nous, un peu comme pouvait être l’actrice Anna Karina chez Godard. » On sent chez les trois Dixit beaucoup d’excitation. On pourrait attribuer cette excitation à l’enthousiasme de jeunes femmes, qui débutent et voient se réaliser
une part de leur rêve initiale. Mais chez quelqu’un comme Claire Stoullig, commissaire [avec Christian Debize, directeur de l’École supérieure d’art de Metz Métropole, ndlr] de la partie de l’exposition The Drawing Time / Le Temps du dessin présenté au musée des Beaux-Arts de Nancy, dont elle est la directrice, cet enthousiasme demeure avec une force presque déconcertante. Elle garde cet « appétit », surtout au moment où « le scénario se concrétise ». Il faut l’écouter nous parler des contraintes techniques, l’arrivée des œuvres, leur déballage, les opérations que leur accrochage nécessite pour mesurer la part de fantasme qu’elle associe à l’accueil et à la découverte de ces pièces une fois celles-ci installées. « Il y a toujours cette surprise de l’échelle. On a beau se dire qu’elle fait 80 cm ou 3,40 m, on est toujours à côté de la réalité de la pièce. Il y a ce plaisir d’accrocher, de trouver des solutions à des problèmes matériels. Oui, l’essentiel c’est l’œuvre, sa matérialité ; elle a une présence, elle est comme un être, mais c’est très concret. » ✦
Expositions Drawing Time / Le temps du dessin, du 7 mai au 16 août au musée des Beaux-Arts de Nancy, dans les galeries Poirel, à la galerie Art Attitude Hervé Bize, à Nancy, à la Douëra à Malzéville www.nancy.fr www.fraclorraine.org Manfred Pernice / Ivan, du 19 juin au 3 octobre, au CEAAC, à Strasbourg www.ceaac.org Project room dans le cadre de l’exposition Shannon Bool et Julien Bismuth Mais Godard c’est Delacroix / Plan 2, The Plug + Incertitudes prolongées, du 16 juin au 13 septembre, au Crac Alsace à Altkirch www.cracalsace.com
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Carte blanche à Bérangère Lopez Oros Untitled, 2009
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Hugo Schüwer-Boss, 29 ans, vit et travaille à Besançon
Au moyen de formes graphiques et épurées, Hugo Schüwer-Boss revisite nos références modernes – publicitaires, cinématographiques, musicales –, avec un clin d’œil appuyé aux artistes d’avant-garde. La création est, pour lui, un renouvellement perpétuel qui se nourrit de la vie contemporaine. Rencontre. Par Adeline Pasteur
L’avant-garde revisitée Ciné, pub et rock Le rendez-vous est donné dans un lieu au nom pour le moins singulier : Toshiba House. Un ancien magasin du même nom, réhabilité en atelier et galerie d’art par Hugo Schüwer-Boss et son acolyte, Cécile Meynier. « Dans tout ce que je réalise, j’emprunte quelque chose de l’existant, explique-t-il. Garder le nom des locaux s’inscrivait donc dans une certaine logique. Et puis, il y a toute cette notion de reproduction, de copie, qui, appliquée au monde de l’art, devient un vrai sujet de réflexion… » Avec une simplicité désarmante, mais aussi des convictions artistiques solides, Hugo Schüwer-Boss nous entraîne dans son univers, qui conjugue les grands emblèmes de la culture contemporaine à des références du XXe siècle comptant beaucoup pour lui : « Les peintres américains hard-edge tels Kenneth Noland ou Barnett Newman ; les peintres russes des années vingt comme Malevitch et Rodtchenko ; ou encore Blinky Palermo et Olivier Mosset, sont des sources d’inspiration importantes. »
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« Toutes mes œuvres ont plusieurs niveaux de lecture, ajoute-t-il. Je revisite des postures, des formes disponibles, en m’appuyant sur ce que je perçois au quotidien. » Médiavision, par exemple, reproduit la cible rouge et jaune de la célèbre publicité, et offre une sorte de pastiche d’une œuvre de Noland. Une autre toile, intitulée The Lost Art of Keeping A Secret est une référence directe à l’album de Queens of the Stone Age, et rappelle une peinture de Newman. « La musique rock tient une place importante, c’est une passion qui me suit depuis longtemps. J’aime le parallèle entre cette musique et l’art : dans les années vingt, certains artistes prônaient la mort de la peinture, au même titre que d’autres crient « Rock is dead ! » Je dirais même que c’est la musique qui, progressivement, m’a amené à la peinture. » On peut citer aussi les cigarette burns, ces toiles ovales qui rappellent les taches que l’on observe au cinéma, entre deux changements de bobine, qui sont aussi une allégorie du « moment clé, charnière ». Hugo Schüwer-Boss renoue aussi parfois avec l’aquarelle, comme avec ces dessins reprenant les logos de la Warner Bros ou de la MGM, « mais sans le lion : la MGM a fait faillite, elle a cessé de rugir… »
Ancré dans le réel Le jeune peintre cultive aussi volontiers les ambiguïtés : « Parfois je camoufle mon travail dans le réel et, à d’autres moments, le réel inspire mes œuvres. » Ainsi, Hugo Schüwer-Boss dispose-t-il, par exemple, des objets en trompe-l’œil dans ses expositions, accessoires d’artistes qui se fondent dans le décor, alors qu’ils sont des œuvres à part entière. À l’inverse, en visionnant le film sur le drame de Colombine, il a eu l’idée de créer des casiers de couleur, tels que ceux que l’on observe dans les universités, qui s’assemblent pour créer un polyptique. Très ancré dans le réel, le jeune homme a justement suivi un parcours artistique qui s’est forgé au gré des rencontres, des opportunités. « Lorsque j’étais aux BeauxArts de Besançon, deux rencontres ont été décisives : Hugo Pernet, qui était élève avec moi, et un enseignant, Vincent Pécoil, qui faisait justement le parallèle entre la musique et l’art. Ils sont arrivés au moment où je sentais que la peinture était vraiment quelque chose qui me collait à la peau. » Avec Hugo Pernet, ils cultivent une proximité artistique, source d’émulation. Ce dernier a récemment exposé au Palais de Tokyo ; Hugo Schüwer-Boss, lui, participe ce
Mediavision
« J'aime le parallèle entre le rock et l'art : dans les années 20, certains artistes prônaient la mort de la peinture, au même titre que d'autres crient Rock is dead ! » printemps au 55e festival de Montrouge, avec un concours qui ouvre justement les portes de ce prestigieux lieu d’exposition parisien… Une galerie crash-test En mai 2009, le jeune artiste bisontin a donc enfin trouvé un lieu où « poser ses valises ». « Cécile et moi avons enchaîné les résidences un peu partout en France et nous avons éprouvé le besoin d’avoir un atelier à nous. Toshiba house, c’est notre lieu de travail, mais c’est aussi un espace ouvert aux autres artistes.
Un lieu un peu crash-test, d’expérimentation, qui offre la possibilité de sortir des pièces des ateliers, sans qu’elles soient nécessairement adaptées à une galerie. » Vincent Carlier y a récemment proposé quelques-unes de ses œuvres les plus atypiques. « Nous tablons sur trois à quatre expositions par an, ajoutet-il. Nous faisons tout par nos propres moyens, ce n’est pas toujours évident. Mais, en même temps, cela nous laisse une liberté vraiment appréciable. » Avec cette initiative, Hugo Schüwer-Boss poursuit sa vocation : inscrire la peinture dans le réel, l’instant, tout en l’ouvrant à de multiples influences. ✻
Exposition estivale à Dole Le musée des Beaux-Arts de Dole organise, du 4 juin au 19 septembre, l’exposition Nouvelle Vague, qui convie sept jeunes artistes régionaux à investir les espaces d’exposition temporaire du musée. Hugo Schüwer-Boss y déposera quelques œuvres, aux côtés de Marguerite Bobey, Charlotte Guinot-Bacot, Thomas Henriot, Rodolphe Huguet, Gérald Mainier et Maxime Vernier.
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Valère Costes 35 ans, vit et travaille à Dijon
Pierre Ravelle-Chapuis 27 ans, vit et travaille à Dijon, s’installe cette année à New York
Par Adeline Pasteur
Par Adeline Pasteur
D’un naturel technologique
Les limites du réel
Valère Costes propose, à travers des installations mobiles, une interprétation de notre rapport à la nature : une relation vécue par le prisme de la technologie, qui semble rassurante alors qu’elle défigure totalement, et ironiquement, notre perception de la réalité.
Et si la réalité n’était pas celle que l’on veut bien percevoir ? Pierre Ravelle-Chapuis s’inspire des théories de physiciens sur l’existence de dimensions parallèles, pour proposer des œuvres qui dépassent les frontières de l’apparence.
Inutile de vous aventurer sur le terrain environnemental avec Valère Costes, ce rapprochement trop évident l’exaspère. « Mon but est de transmettre un regard ironique sur ce que l’on fait du milieu naturel et sur l’image que l’on en a, à travers le prisme de la technologie, qui introduit un contraste poétique et déroutant. » Le ton est donné. Certes, Valère Costes effectue très fréquemment des séjours en Guyane française pour des travaux de recherche, mais c’est une inspiration insoupçonnée qu’il rapporte dans ses valises : « On est parfois proche d’une torture ! La chaleur, les plantes urticantes, l’humidité… On a le sentiment que la forêt est prête à se retourner contre nous. » Cette torture, il la retranscrit dans des œuvres telles que Clouding Process, un mécanisme qui plonge, par intermittence, un fer chauffé à blanc dans l’eau, pour créer une vapeur, à l’image de la génération des nuages. « Mes œuvres appellent aussi à s’interroger sur nos comportements et émotions : claustrophobie, empathie, hystérie... » Valère Costes se nourrit donc de la nature, pour mieux mettre en lumière les travers humains. Trop humains. ✻
« Je ne suis pas scientifique, je laisse à d’autres ce privilège. Mais j’aime l’idée que des réalités existent peut-être dans d’autres dimensions : à quoi peuvent-elles ressembler ? » Le jeune sculpteur dijonnais cultive les idées autant que la fantaisie, dans le prolongement de l’audace introduite par Duchamp, en 1917, qui avait imposé un urinoir comme sculpture. « Le monde de l’art a été chamboulé ; en tant qu’artiste contemporain, je dois composer avec ça ! » Pierre Ravelle-Chapuis travaille des matériaux multiples, qui servent des propos inspirés et s’invitent dans des lieux parfois insolites, en toute discrétion. Lorsqu’on l’interroge sur la présence d’un échafaudage au monastère royal de Brou, il répond « que quarante ans ont suffi pour bâtir l’édifice, et nous le rénovons depuis deux cents ans. L’échafaudage fait désormais partie intégrante du bâtiment. » Le sculpteur, qui emménage ce printemps 2010 à New York, conserve tout de même ses racines à Dijon. « C’est le propre de l’artiste du XXIe siècle : être ici ou là-bas… Le lieu n’a finalement plus d’importance ! » ✻
Espace/Temps #2, 2008 Bois, 80 x 130 x 130 cm Courtesy Galerie Triple V
Clouding Process, 2008 Fer à souder, aluminium, eau, système électronique, moteurs 163 x 105 x 230 cm
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Maxime Vernier 32 ans, vit et travaille à Besançon
François Génot 29 ans, vit et travaille en Lorraine
Par Hélène Bigot
Par emmanuel abela
L’incarnation d’une idée
La nature libérée
« J’observe et je suis ébahi... » nous avoue Maxime Vernier. Concevant des pièces spécifiques pour le lieu où elles seront exposées, ce plasticien à l’univers minimaliste, sensible et structuré, sait adapter la création à la situation.
François Génot place sa réflexion sur la représentation de la nature au cœur de ses démarches plastiques. Il aime multiplier les supports : dessin, peinture, sculptures monumentales, dans lesquels la végétation tient une place importante.
Ton travail semble animé d’un cheminement aléatoire, chaotique. Le travail d’un plasticien peut être construit de manière à ce que la lecture ne soit pas directe. C’est peut-être pour fuir la répétition. Je suis fasciné par le concept de chaos, par tout ce qu’on essaie de canaliser, de réduire à l’intérieur de modèles. On y retrouve des théories mathématiques rigoureusement appliquées et servies par une maîtrise technique des plus récents outils informatiques. Actuellement, j’utilise des outils informatiques qui permettent de mettre en place des structures rythmiques complexes puis d’expérimenter des formes d’arythmie. Je ne pense pas avoir un esprit scientifique très développé, cette fascination vient davantage du potentiel poïétique de ces notions que de leur réalité scientifique. D’après toi, d’où viennent les idées ? Je crois que l’idée est une sorte d’image qu’on s’approprie. Elle transite dans une arborescence mentale et y trouve un chemin. Là, elle peut se modifier, se compléter, évoluer vers d’autres possibles, s’incarner ou pas. ✻
La flore suggère bien des choses à François Génot : le désordre plastique de motifs aléatoires, des effets d’inconstance et de saturation. On se souvient de La Grande Traversée en 2008 que François Génot avait réalisée dans la Halle verrière de Meisenthal. Cette installation monumentale de 400 m2 qui transposait à l’identique un terrain vague favorisait l’expérience physique du paysage. Elle préfigurait en quelque sorte Les îles, des compositions paysagères miniatures en céramique que François Génot a conçues dans les ateliers du Moulin de la Blies, sur l’ancien site industriel des Faïenceries de Sarreguemines. À l’occasion de cette exposition personnelle au cours de l’hiver dernier, il nous rappelait que la nature oppose « une résistance à l’homogénéisation ambiante ». Une thématique forte que nous pourrions aujourd’hui généraliser à l’ensemble de son travail, lors d’interventions aussi bien dans le cadre de sa participation à l’exposition collective Le Pire n’est jamais certain à l’École Supérieure d’Art de Metz ou dans l’échange en duo qu’il propose courant juin avec Mathieu Boisadan à l’espace Apollonia, à Strasbourg. ✻
Wall Drawing 11 2009 (mine field), 350 cm x 900 cm, fusain - Msurs Banja Luka (BIH)
Installation Prisme (concentration chromatique) dans le cadre de Nouvelle Vague au musée des Beaux-Arts de Dole, du 4 juin au 19 septembre 2010
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Julien Grossmann 27 ans, vit et travaille à Rotterdam
Les véhicules de l'esprit
Le messin Julien Grossmann est toujours en mouvement : de la Hollande aux pays nordiques, et bientôt à Berlin pour un nouveau projet. Il en est de même pour ses créations : investissant l’espace visuel comme sonore, elles mettent en scène les supports médiatiques comme autant de théâtres miniatures. Par Benjamin Bottemer
Kokin © Julien Grossmann
Passionné de musique, Julien Grossmann a commencé son voyage dans les milieux artistiques au Conservatoire de Metz : « Comme son nom le suggère, c’était un monde assez conservateur, plutôt éloigné des dynamiques contemporaines. Je m’en suis assez tôt éloigné ». Il choisira d’intégrer par la suite l’École supérieure d’art de Metz Métropole. « Un lieu de dialogue, de rencontres » qui lui permettra de s’ouvrir à l’international et de s’accomplir davantage.
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Ses œuvres sont résolument tournées vers l’utilisation et le détournement des divers moyens de diffusion, de codage, de transcription médiatique : « Je cherche à fusionner l’aspect technique et ses propriétés esthétiques. Un instrument sonore est aussi une forme scripturale, qui vit et dialogue. » Julien ne cherche pas à dissimuler et à faire oublier les procédés de diffusion du son et de l’image au sein de ses installations. Au contraire, il les sublime : « Mon travail n’est
pas loin d’un théâtre où les médias seraient les acteurs, le spectateur pouvant circuler entre la scène et les coulisses. J’aime qu’il y ait une illusion, mais qu’elle soit accessible, que l’on admette les systèmes qui transforment notre perception de la réalité. » Récemment choisi comme lauréat d’une bourse du Conseil général de la Moselle pour une résidence au Künstlerhaus Bethanien de Berlin, Julien Grossmann y présentera en octobre un nouveau projet alliant expérience sonore et sculpture : il va se plonger dans l’immense Archive des Phonogrammes de Berlin, réunissant quelques 16 000 cylindres de cire, ancêtres du disque vinyle, contenant divers échantillons sonores enregistrés par les ethnologues du XIX e siècle lors de leurs explorations coloniales. « Ça m’intéresse de revenir en arrière dans l’histoire des médias. J’aime ces anciens supports, plus physiques, plus directs. Il s’agira d’incarner ces matériaux sonores, leur charge émotionnelle et historique, au sein de dispositifs hybrides. Des œuvres inspirées par la science et la physique, mais avec une démarche narrative.» Interrogeant notre perception de la réalité et de la culture via des dispositifs médiatiques allant du phonogramme au mp3 en passant par le magnétophone, Julien Grossmann s ’emploie s ans relâche à mettre en scène des créations technologiques qui constituent autant de bouleversements socio-culturels que de véhicules pour l’esprit. ✦
Marianne Maric 28 ans, vit et travaille à Mulhouse
Corps objet Pour Marianne Maric, le corps est une matière à travailler. Elle l’observe, l’habille, le déshabille, le maltraite et l’admire, sans jamais établir de hiérarchies entre les formes, les supports et les genres. Par Sylvia Dubost
Le jour de notre rendez-vous était aussi celui de la mort d’Alexander McQueen. Marianne Maric est sous le choc. « Ses défilés étaient incroyables. Jamais un artiste n’a montré quelque chose comme ça. Mais on continue quand même à faire la distinction entre art et mode. Je ne comprends pas… » Cette perméabilité entre les formes, entre art, architecture et mode est au cœur même de son travail. Depuis sa formation à l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Nancy, elle pratique la vidéo, l’objet, la performance, multiplie les supports d’intervention (y compris le tissu et le chocolat !). La photographie reste sa passion première, celle qui lui procure, encore aujourd’hui, les plus grandes
émotions visuelles. Elle la découvre dans les magazines de mode, qu’elle achète à douze ans avec son argent de poche, découpe et classe comme un commissaire d’exposition. Des magazines qu’elle considère encore aujourd’hui comme « des galeries d’art non élitistes ». Marianne Maric n’a que faire des classifications. C’est même le sujet de son travail. Entre légèreté, poésie et violence sourde, elle déconstruit, détruit et reconstruit les stéréotypes féminins, dans des œuvres visuellement très référencées, entre peinture baroque, glamour hollywoodien et esthétique sado-masochiste. Ses stages à l’école, elle les passe aussi bien dans le mythique
laboratoire Imaginoir (« le tireur de Newton ! »), que chez la créatrice Andrea Crews, elle aussi à cheval entre mode et art contemporain. Bosseuse, elle multiplie les projets tous azimuts : elle a monté plusieurs événements au L140 à Paris, minuscule lieu géré avec sa complice Melissa Epaminondi, et est invitée aussi bien par le musée Galliera qu’en résidence aux prestigieux ateliers des Arques, succédant à Claude Lévêque ou Valérie Mréjen. Bookée tout récemment pour une séance photo avec la chanteuse de The Dø, elle est invitée cet été au musée national Jean-Jacques Henner à Paris, peintre à qui elle a déjà rendu hommage à plusieurs reprises… Un grand écart qu’elle envisage le plus naturellement du monde… ✦ Baise-en-ville, sacs créés par Marianne Maric offerts dans les hôtels de Mulhouse du 12 au 20 juin. Un projet de la Kunsthalle. Exposition cet été au musée Jean-Jacques Henner à Paris. Dates à confirmer. www.mariannemaric.info
Homonyme à l’esquisse de Jean-Jacques Henner La Femme au divan noir, 2007 © Marianne Maric
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Marie Prunier 31 ans, vit et travaille à Strasbourg
Un air de famille « L’image préexiste toujours, j’essaye de la retrouver. » À travers des mises en scène et des protocoles sophistiqués, Marie Prunier recrée des scènes qu’elle croit reconnaître sans toujours les identifier, sollicitant ainsi la mémoire et la culture collective. Par Sylvia Dubost
Hidden Place, 2009 © Marie Prunier
Familier, c’est le titre que Marie Prunier a donné à sa première série photo, réalisée en 2006 lors de son post-diplôme en Islande et tout récemment achetée par le Frac Alsace. Dans cette île dont la capitale ne compte que 170 000 habitants, où tout le monde se nomme « fille/fils de », elle s’intéresse aux liens de parenté. En étudiant les centaines de portraits anciens que renferment les archives de la ville, elle croit déceler des airs de famille avec ceux qu’elle croise régulièrement dans cette ville/village. Elle réalisera dix portraits, reprenant scrupuleusement la pose de ceux qui les ont inspirés. L’utilisation de la couleur et les vêtements que portent les modèles ne laissent cependant aucun doute quant au moment de leur réalisation. En les associant aux portraits d’archives, elle dessine une généalogie imaginaire, interrogeant la filiation, la transmission… et l’idée même de familiarité. Ce fut son premier travail photo, medium qu’elle a fini par adopter complètement. D’abord inscrite à Paris en arts du spectacle, option cinéma, et frustrée par le manque de pratique, elle opte pour la scénographie aux arts décoratifs de Strasbourg. De ces deux formations, elle garde un goût pour la mise en scène. « L’artifice est important. C’est différent de la superficialité. En allemand, künstlich (artificiel) a la même racine que le mot art (Kunst). » La photo Hidden Place, doublement exposée lors de la dernière Regionale, montre ainsi des personnages en communion autour d’un mystérieux objet d’où émane la lumière, mais qui demeure
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invisible… Bien que contemporaine, cette scène évoque de façon évidente les clairsobscurs de Georges de la Tour. Pour la série Passant, réalisée à Budapest au cours d’une résidence avec le CEAAC, elle installe dans une rue un dispositif obligeant les piétons à passer dans la lumière d’un gros projecteur, recréant sur ce chantier une ambiance de film noir. Cherchant toujours le meilleur projet (et la meilleure mise en scène) par rapport au contexte, Marie Prunier suit actuellement la formation de plasticien intervenant, sans renoncer à son désir premier de réaliser un jour un film… ✦
Familier, édition atelier 9, 37 exemplaires www.marieprunier.com
Clément Cogitore 26 ans, vit et travaille entre Paris, Luxembourg et Strasbourg
Déplacements Dans ses courts et moyens métrages, ses vidéos et installations, Clément Cogitore navigue à la lisière : entre art contemporain et cinéma, documentaire et fiction, found footage et images personnelles… et en questionne les zones de passage et de cohabitation. Par Sylvia Dubost
Scènes de chasse, 2009 © Clément Cogitore
Tous les travaux de Clément Cogitore posent les mêmes questions : comment passet-on d’un endroit à un autre, physiquement, mentalement, symboliquement ? Qu’est-ce qui se passe entre deux images ? Comment et dans quelle direction le montage peut-il faire glisser le sens ? Ses vidéos s’appuient quasi systématiquement sur l’association d’images, de différentes provenances ou statuts, ou de ses propres images entre elles, comme sa remarquable et remarquée installation-triptyque Cohabitations, présentée en 2008 au Fresnoy-Studio national des arts contemporains, où il a été pour un post-diplôme après une formation aux arts décoratifs de Strasbourg.
Clément Cogitore s’inscrit à la fois dans une longue tradition d’artistes sans caméra, qui en remontant des images existantes libèrent des sens inédits. Mais aussi dans la descendance de cinéastes qui situent leur travail à la lisière de l’art contemporain. Il cite Agnès Varda, Chantal Akerman, Steve McQueen, Douglas Gordon… et le cinéaste et vidéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, dont il apprécie tout particulièrement « le rapport plastique à la mise en scène, à l’espace ». Les images de Clément Cogitore sont souvent d’une grande beauté, et les cinéastes l’intéressent d’ailleurs plus que les artistes, dans l’approche du travail et
la mise en œuvre. Alors que la plupart des artistes réalisent leurs vidéos sans toujours maîtriser la prise de vue, Clément Cogitore utilise, quand le projet le nécessite, les techniques et modes de production cinématographiques. Récemment, il a ouvert une nouvelle voie dans son travail, questionnant plus directement le statut des images et le sens qu’elles portent. Dans sa vidéo Burning Cities (achetée par le Frac Alsace), constituée uniquement d’images provenant d’Internet et dans Scènes de chasse, le montage brouille les pistes d’interprétation et nous invite à nous interroger plus largement sur notre rapport aux médias. La cohabitation entre hommes et images est d’ailleurs un thème qu’il souhaiterait explorer plus avant, cette fois dans une série documentaire… ✦
Le DVD Stories avec l’intégralité de ses films sort en septembre 2010 chez écart productions (www.ecartproduction.net) www.clementcogitore.fr
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Carte blanche à Philippe Félix-Geoffray KIT, aperçu en trois images du projet tout analogique, ni P.A.O, ni M.A.O, mené en collaboration avec The John Merricks (http://thejohnmerricks.free.fr/) et le label PMR (http://pmr.label.free.fr). Ce travail s’inscrit dans la série Modèles dérivés qui propose des objets manufacturés au statut ambivalent à la fois modèles et produits dérivés de l’œuvre initiale.
Verso pochette, 150 x 150 cm, gouache, acrylique et encre de chine sur papier. (Travail en cours)
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Recto pochette, 150 x 150 cm, broderie et acrylique sur toile de lin. (Travail en cours)
SĂŠrigraphie sur linolĂŠum, 100 x 150 cm.(Travail en cours)
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Entretien réalisé lors des Deuxièmes journées professionnelles de l’ESAMM les 24 et 25 février 2010
Hors cadres
Respectivement enseignants dans les écoles d’Art de Metz (ESAMM) et Strasbourg (ESAD), les illustrateurs Jochen Gerner et Guillaume Dégé travaillent pour la presse, l’édition et exposent dans les galeries. Alors que les expositions de dessin ont le vent en poupe, nous les avons interrogés sur les relations ambiguës que l’illustration entretient avec l’art contemporain.
Par Fabien Texier
Le monde de l’art contemporain et de l’illustration ne se mélangent pas, qu’est-ce qui a permis à des artistes comme vous de s’installer dans les galeries ? Guillaume Dégé : Mon galeriste c’est Sémiose (rue des Montiboeufs dans le XXe), c’est un pote, c’est tout. Jochen Gerner : Anne Barrault [galerie rue Saint-Claude dans le IIIe, ndlr] a découvert les travaux de l’Oubapo (Ouvroir de BAnde dessinée POtentielle) et elle a invité les oubapiens pour une exposition collective ponctuelle. Par la suite, elle m’a proposé d’intégrer la galerie, puis David B et Killoffer [deux des fondateurs de L’Association, ndlr] y ont exposé régulièrement. G.D. : Lors de notre conférence tu t’interrogeais sur le destin du dessin hors du livre… J.G. : Il n’a rien d’évident. Un dessin dans un livre ou accroché au mur sont deux choses complètement différentes. Par exemple, le public qui est venu voir les œuvres de David B. chez Anne Barrault était, en grande majorité, constitué des lecteurs de ses bandes dessinées. Ceci s’explique car David avait choisi de présenter des planches de bandes dessinées ou des pages de ses carnets. De mon côté, j’ai mis du temps à sortir
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de l’esprit du livre, à travailler non plus sur de petits formats, mais sur des formats adaptés aux expositions. G.D. : De toute façon, mon bureau est beaucoup trop petit pour supporter des grands formats ! Bon, je vais fumer une clope et je reviens… J.G. : Dégé est un de mes premiers éditeurs, Les Quatre Mers, avec qui j’ai travaillé, sur un texte de Mireille De La Rue, Le Désastre (1996), c’est marrant qu’on se retrouve maintenant. Son dessin est toujours dans le même registre, même quand il s’agit d’illustrations pour Le Monde, c’est un peu comme une expression libre. Ses dessins tiennent au mur, même détachés de leur contexte rédactionnel initial. Pas dans ma pratique en revanche. Le déclic c’était TNT en Amérique [un évidageencodage de Tintin en Amérique avec symboles et onomatopées sur fond de cases noires, ndlr] : je l’avais pensé comme quelque chose qui puisse être exposé à la
manière d’un panorama urbain nocturne. Pour les expositions, je pense des projets spécifiques, mais comme L’Association peut permettre de s’éloigner de la bande dessinée stricto sensu, j’envisage aussi les livres qui pourraient l’accompagner. Ceux que je produis à partir d’expositions sont plus étranges et expérimentaux que ce que j’essaierai en temps normal. Pour Panorama du feu, par exemple, je détourne des comics francophones de guerre des années 50 : sous sa forme éditée, il s’agira d’un coffret contenant cinquante cahiers [en septembre à L’Association, ndlr]. La frontière établie entre art et illustration vous semble-t-elle pertinente ? G.D. : Le défaut dans cette affaire, c’est que la séparation apparaît au milieu du XIXe siècle où l’image du livre chic (les gravures) est coupée de l’art. Depuis ça continue : Anne Moeglin-Delcroix définit
Guillaume Dégé, courtesy galerie Sémiose
dans son ouvrage de référence ce qu’est le livre d’artiste [Esthétique du livre d’artiste, 1997, ndlr]. Résultat : tout ce qui sort du Xerox Book, de Boltanski, est hors de l’art ! Nous restaurons ce lien qui était coupé. Les gens manquent de largesse d’esprit, particulièrement les artistes. J’évite de parler d’illustration avec eux car ils me disent : « Ah les mangas ! » Mon marchand, plutôt bien, je lui cache que je dessine aussi pour la presse et la jeunesse ! J.G. : Alors que certains auteurs comme Willem ont un parcours tellement intéressant qu’ils touchent à tout. G.D. : Et ça vaut mieux, un monde clos d’illustrateurs comme à Montreuil [grand salon du livre Jeunesse, ndlr] ça daube comme une salle de sport. Cette séparation n’est
pas utile : du même ordre que Raffarin avec la France d’en haut ou d’en bas : c’est idéologique. D’ailleurs certains se complaisent aussi dans l’idée d’un art « du bas ». J.G. : Comme dans le monde de l’art il y a des extrêmes. G.D. : Quoi qu’il en soit, cette notion identitaire, la définition de notre champ d’activité n’est pas très utile… J.G. : On sait plus comment s’appeler… G.D. : Polyvalent, c’est ce que j’ai mis dans le programme de ces conférences. J.G. : Artiste polyvalent, c’est minable comme appellation. Tu ne trouves pas que l’on entend un peu artiste tout-terrain voire artiste polytraumatisé ? G.D. : Oui c’est pourri, mais je ne savais vraiment pas quoi mettre, dans son principe
même l’illustration est impure : le mélange du texte et de l’image. J.G. : Ce mélange existe aussi dans les expositions, la véritable dénaturation peut apparaître dans les travaux de commandes. Je travaille dans plusieurs domaines pour être libre, ne pas me scléroser… Roy Lichtenstein, Alain Séchas ou Fabien Verschaere utilisent le dessin dans leur œuvre, mais plutôt dans ses pires expressions. En art, on s’extasie parfois sur des copies sans tripes de ce que sortent des éditeurs comme Le Dernier Cri… G.D. : Selon Stéphane Calais, l’illustration est un peu l’art nègre du XXe siècle : on le méprise mais on vient pomper dans
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cette matière vive, on pille les primitifs. Mais en soi, utiliser une matière ignoble n’est pas un problème : Gombrowicz voulait à tout prix faire du roman de gare [Les Envoûtés, ndlr]. Lui, se livrant à ce genre d’écriture, ça c’est intéressant. J’ai fait mon œil chez Drouot de 11h à 12h30 durant trois ans. Ça pète toute hiérarchie entre Emmaüs et salle des ventes : de la drouille balancée sans discernement. Avec le réemploi, le détournement, c’est un rapport à la culture qui s’instaure. C’est la création qui compte, pas l’art. J.G. : Ce qui compte c’est de tenter des choses ! G.D. : Quand tu vas dans un musée et que tu as un texte de trois pages qui t’explique ce que tu vois, c’est nul : c’est de l’illustration ! Le fait que les œuvres ne soient pas accessibles directement est très étrange et si tu passes outre, tu es un gueux. Cette reconnaissance fait-elle toujours défaut ? J.G. : La question me fait plutôt peur. G.D. : On nous fout la paix au moins… Henry Moret, de l’école de Pont-Aven, faisait du post-impressionnisme avant que son marchand ne lui demande de revenir en arrière pour plaire au goût commun ! J.G. : Inventer à chaque fois n’est pas une bonne stratégie pour être reconnu. Ce qui est intéressant c’est que la cohérence des œuvres apparaisse plus tard. J’aime que l’on reconnaisse ce que je peux faire en jeunesse ou en expo, même si c’est différent. G.D. : L’illustration c’est un langage graphique, sa mise au point exige de réinventer à chaque fois le contexte et les choses que l’on veut dire. Plantu, lui, dit toujours la même chose, c’est un disque rayé. Il y a beaucoup d’illustrateurs de merde qui n’iront pas plus loin que ce qu’ils ont l’habitude de faire, tout comme beaucoup d’artistes de merde. Ce que j’ai aimé dans L’Album factice [ouvrage collectif d’illustration qu’il a dirigé et publié aux Musées de Strasbourg, ndlr] c’est l’image en tant que telle, immobile et son flux. Je déteste l’idée qu’un truc sorte de mon bureau et se retrouve sur le mur comme un enfant qui exhibe son popo. J.G. : À ce propos, j’ai beaucoup de mal à disposer mes propres dessins dans ma maison, mon atelier. J’en ai récupéré quelques-uns encadrés qui avaient été exposés chez Anne Barrault pour conserver une trace de certaines séries, mais j’aime plutôt le côté cellule de mon bureau, ses murs globalement vierges. G.D. : Dans le mien ce que j’adore, c’est monter les gris lentement comme les lithographes, comme une forme de méditation Comment se fait-il que vous soyez plus proche que d’autres de l’art contemporain ? J.G. : L’art contemporain est déjà très ambigu dans son intitulé, il recouvre ce qu’il y a dans les musées et les centres d’art. On parle donc uniquement de l’avant-garde des choses exposées. Ce qui m’intéresse c’est d’être surpris par quelque chose de nouveau. Et je peux donc considérer beaucoup de choses sous ce
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Commando - série Panorama du feu (supplément), 2009. Jochen Gerner, courtesy galerie Anne Barault.
terme : illustration, typographie, botanique, architecture... Le problème vient en fait toujours des étiquettes qui nous figent, comme des insectes épinglés ou des animaux plongés dans le formol. Dans mon cas, les meilleures rencontres sont celles que je n’ai pas cherchées comme celle d’Olivier Douzou pour la jeunesse, Lewis Trondheim qui m’a contacté par écrit ou Anne Barrault qui s’intéresse à l’Oubapo. À cause de cette catégorisation générale, par automatisme, si j’avais voulu être absolument en galerie, j’aurais peut-être été en voir une spécialisée dans l’illustration comme celle de Martine Gossieaux qui expose beaucoup les artistes du New Yorker. Cela n’aurait pas été forcément une bonne idée pour favoriser une ouverture sur l’extérieur. C’est vrai que les dessinateurs qui sont montrés dans les musées comme au Centre Pompidou, Hergé, Reiser, Sempé ou Topor, apparaissent surtout là comme témoins d’une époque. G.D. : Reiser est présenté sur la mezzanine : un strapontin. Baxter, Pettibon, Pierre La Police ont été annexés par l’art. On vend plus cher en galerie qu’en presse. Duchamp a fait du dessin de presse et dans l’esprit c’est le même bonhomme.
J.G. : J’ai vu les dessins de Warhol en agence de pub, il était très bon ! G.D. : Nous somme très libres : il n’y a pas de micro-musée comme il y a de la micro-édition. L’art est par définition lié à l’institution, le contraire de ce qu’on peut faire en sérigraphie. ✦
Jochen Gerner : Drawing time / le temps du dessin au musée des Beaux-Arts à Nancy jusqu’ au 30 août 2010 Aires de jeux, contre-emplacements, centre d’art contemporain de l’Onde à Vélizy-Villacoublay, jusqu’au 4 juillet 2010 La ville dessinée, architecture et bande dessinée, Cité de l’architecture et du patrimoine, Palais de Chaillot, Paris, du 9 juin au 28 novembre 2010 Vous êtes ici, Musée des Beaux-Arts de Dunkerque, jusqu’au 17 octobre 2010 Guillaume Dégé : paru en mars 2010, S’aimer d’amour, éditions du Baron Perché
au premier étage :
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Ivan Seal I learn by osmosis 19 juin - 3 octobre 2010 vernissage 18 juin, 18 - 21 h Commissaire : Bettina Klein
CEAAC Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines 7, rue de l’Abreuvoir 67000 Strasbourg www.ceaac.org/curator visuel : Manfred Pernice, Sonderausstellung (living platform), Art Unlimited, Basel 2009, photo : Bettina Klein
ARSENAL (∂) Théâtre / Danse / Musique 20h30 Grande Salle
jeu. 27 + ven. 28 mai 2010
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Frans Hals, Portrait de femme, 1630, © 2009 photos : Image Department, Rijksmuseum Amsterdam
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Nancy Vandoeuvre-les-Nancy
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Dijon
BADE-WURTEMBERG
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FRANCHE-COMTÉ
Pougues-les-Eaux
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LORRAINE
FRANCE
Karlsruhe ALSACE
St-Louis Bâle Riehen-Bâle Liestal Porrentruy JURA
Neuchâtel NEUCHÂTEL
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Zurich
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Chalon-sur-Saône
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— lorraine —
Frac Lorraine Le Frac a longtemps été SDF, ou plutôt nomade, installant ses projets dans différents lieux de la ville, avec une prédilection pour l’espace public. Et de même que cette démarche forcée poussait à interroger l’acte même d’exposer, sa collection, qu’il a, en tant que Fonds régional d’art contemporain, pour mission de constituer et de diffuser, interrogeait l’acte de collectionner. Son fonds est en majorité constitué de propositions d’œuvres, plutôt que de pièces tangibles : performances, protocoles d’artistes à réactiver et, depuis quelques années, danse et cinéma… Ces œuvres, il les fait circuler dans la région et même au-delà, et les expose désormais dans son lieu, où il s’est installé en 2004. L’hôtel Saint-Livier, l’un des plus anciens édifices civils de Metz, au cœur de la vieille ville, offre enfin un espace de travail permanent à une structure qui jouit aujourd’hui d’une reconnaissance internationale dans le milieu de l’art contemporain. 1 bis, rue des Trinitaires à Metz 03 87 74 20 02 – www.fraclorraine.org
Faux mouvement Le centre d’art Faux Mouvement est un vétéran de l’art contemporain messin. Un label de qualité depuis 1983 pour de nombreux artistes confirmés, et aussi une vitrine pour les jeunes artistes locaux. Une métaphore d’autant plus juste qu’en plus des expositions, Faux Mouvement s’ouvre sur l’historique place Saint-Louis grâce à sa vitrine, renfermant une œuvre qui ne manque jamais de susciter la curiosité des passants. On se souvient de cet immense X rose qui a fait naître la confusion dans l’esprit de certains badauds à l’esprit mal tourné... Une anecdote souvent évoquée avec plaisir par Maryse Jeanguyot, la directrice des lieux. Car elle a fait parler dans toute la ville de son bébé, qu’elle s’efforce sans relâche de mettre en valeur et d’ouvrir à tous les publics, dans une démarche de partage et de pédagogie, notamment en direction des enfants, les amateurs d’art de demain. Une structure chaleureuse et souvent audacieuse à qui l’on souhaite longue vie ! 4, rue du Change à Metz (Place Saint-Louis) 03 87 37 38 29 – www.faux-mouvement.com
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La Synagogue de Delme Ce village-rue, plutôt petit et somme toute assez banal, accueille depuis 1993 le seul centre d’art contemporain de Lorraine, labellisé par le ministère de la culture. Il est bien installé dans une ancienne synagogue, construite en 1881 dans un style orientalisant et partiellement détruite par les bombardements allemands. L’intérieur, espace unique aux lignes désormais sobres, entièrement consacré aux expositions, voit se succéder des artistes de renommée internationale. 33, rue Poincaré à Delme 03 87 01 35 61 – www.cac-synagoguedelme.org
ciav Au cœur de la forêt vosgienne, la verrerie de Meisenthal connaît, depuis 15 ans, un nouveau souffle : les maître-verriers mettent désormais leur savoir-faire ancestral au service d’artistes plasticiens et de designers que le CIAV accueille en résidence. Le résultat de ce dialogue fructueux est régulièrement exposé dans toute l’Europe, mais aussi sur place, où l’on peut aussi observer les verriers au travail. Place Robert Schuman à Meisenthal – 08 87 96 87 16 www.ciav-meisenthal.fr
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École nationale supérieure d’art 1, avenue Boffrand 03 83 41 61 61 www.ensa-nancy.fr
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Galerie Art attitude Hervé Bize 17-19, rue Gambetta 03 83 30 17 31 www.galerieartattitudehervebize.com
Arsenal 3, avenue Ney 03 87 74 16 16 www.arsenal-metz.fr Centre Pompidou-Metz 1, parvis des Droits de l’Homme 03 87 15 39 39 www.centrepompidou-metz.fr
Galerie Lillebonne 14, rue du Cheval Blanc 03 83 36 82 82 www.mjclillebonne.org
Octave Cowbell 5, rue des Parmentiers 03 54 44 31 24 www.octavecowbell.fr
My.Monkey 15, rue du Fbg des 3 Maisons 03 83 37 54 08 www.mymonkey.fr
École supérieure d’art de Metz 1, rue de la Citadelle 03 87 39 61 30 http://esam.metzmetropole.fr/
Musée des Beaux-Arts 3, place Stanislas 03 83 85 30 72 www.nancy.fr
meisenthal
École supérieure d’art 15, rue des Jardiniers 03 29 68 50 66 www.esae.fr
Cadhame Place Robert Schuman 03 87 96 82 91 www.halle-verriere.fr
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vandœuvreles-nancy Centre Culturel André Malraux Rue de Parme 03 83 56 15 00 http://centremalraux.com
Musée de l’image 42, quai de Dogneville 03 29 81 48 30 www.museedelimage.fr
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Épinal
Musée départemental d’art ancien et contemporain 1, place Lagarde 03 29 82 20 33 www.epinal.fr
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DESIG� �ICOLA� �LEUTRET
CENTRE D’ART CONTEMPORAIN LA SYNAGOGUE DE DELME
— bourgogne —
Parc Saint-Léger À la frontière du Cher, à quelques kilomètres de Nevers et à un saut de puce de Bourges, le centre d’art de Pougues-les-Eaux s’est installé dans l’ancienne station thermale, un bâtiment datant du XIXe siècle, au milieu d’un parc de verdure. Dans cette zone rurale, plutôt éloignée d’autres lieux d’art contemporain, le Parc Saint-Léger est un exemple de décentralisation culturelle. Le centre d’art, labellisé par le ministère, accueille des expositions pointues, des résidences d’artistes, et se considère surtout comme un espace d’expérimentation. Espace qu’il a étendu depuis deux ans à son parc de huit hectares, où il invite chaque année un artiste à proposer son propre projet de jardin, en partenariat avec un établissement d’enseignement agricole. Une manière de toucher plus largement le public du territoire… Avenue Conti à Pougues-les-Eaux 03 86 90 96 60 – www.parcsaintleger.fr
Frac Bourgogne À travers sa politique d’acquisition et ses expositions, le projet du Frac s’articule autour des questions liées à la perception et à la fonction de l’espace. Architecture et urbanisme, espace privé et espace public, législation et liberté individuelle ou encore espace de l’exposition sont au cœur de ses préoccupations. En attestent les acquisitions récentes de Jordi Colomer, Jonas Dahlberg, Gaylen Gerber, Lara Almarcegui, Koenraad Dedobbeleer ou Peter Downsbrough… 49, rue de Longvic à Dijon 03 80 67 18 18 – www.frac-bourgogne.org
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Interface Petite mais hyperactive ! Installée dans un appartement bourgeois du vieux Dijon (qu’elle maltraite régulièrement !), la galerie associative Interface soutient les jeunes artistes bourguignons (mais pas que) et veut insuffler une bouffée d’air frais dans les circuits de l’art contemporain. Elle édite deux à trois fois par an la revue horsd’oeuvre, où elle mobilise également la jeune critique. 12, rue Chancelier de l’Hospital à Dijon 09 50 72 67 60 – http://interface.art.free.fr
Musée Nicéphore Niepce Cette institution est incontournable. Constitué autour des objets de l’inventeur de la photographie, le musée a tenu à raconter toute l’histoire de ce médium, et possède aujourd’hui une collection unique au monde. Ses expositions présentent le meilleur de la photographie, d’hier mais aussi d’aujourd’hui, les artistes les plus renommés comme les plus prometteurs. 28, quai des Messageries à Chalon-sur-Saône 03 85 48 41 98 – www.museeniepce.com
I
MY
PARTRIMOINE
DIJON
Auxerre
Atheneum Campus de l’Université de Bourgogne 03 80 39 52 20 http://atheneum.u-bourgogne.fr
Centre d’art de l’Yonne 10, route de Saint-Georges 03 86 72 85 31 www.centreartyonne.net
Le Consortium 16, rue Quentin 03 80 49 86 07 www.leconsortium.com
Chalon sur saone
Ecole nationale supérieure d’art 3, rue Michelet 03 80 30 21 27 www.ensa-dijon.fr
École municipale d’art 34, rue Fructidor 03 85 48 14 11 www.emafructidor.com
Galerie Barnoud 27, rue Berlier 03 80 66 23 26 www.galerie-barnoud.com
SÉLESTAT Marque de culture
— franchecomté —
Espace Gantner La création de l’Espace Gantner, pilotée par le Conseil Général, fut un vrai pari : ouvrir, en plein campagne franc-comtoise, un lieu consacré aux cultures numériques. Il est aujourd’hui la preuve qu’on peut à la fois mener une politique artistique exigeante et créer un vrai lieu de vie. Plus qu’un lieu d’exposition, il est aussi un espace multimédia, avec une médiathèque essentiellement consacrée à l’art numérique et des ordinateurs en libre accès qui servent aussi bien à surfer sur le net qu’à « consulter » les œuvres de la collection. Le fonds de Gantner ne cesse d’ailleurs de s’agrandir et de nouvelles acquisitions sont prévues, notamment d’œuvres de Jeff Guess, Yann Beauvais, Paul Sharits… produites par le lieu dans le cadre de ses expositions, qui accueillent, à la faveur de ce contexte particulier et des multiples activités qu’il développe autour du multimédia, un public bien plus large que dans bien des lieux d’art contemporain…
Le dixneuf
1, rue de la Varonne à Bourogne 03 84 23 59 72 – http://espacegantner.cg90.fr
Montagne Froide est un dispositif de création œuvrant dans les champs du texte, de la voix, de l’image, du son, du corps et de la machine. Ce collectif d’artistes (Julien Blaine, Cédric Doutriaux, John Giorno, Rosine Feferman, Masahiro Handa, Adrienne Larue, Joachim Montessuis, Jeanne Poitevin, Didier Silhol, Li-ping Ting, Valentine Verhaeghe…) a développé un travail dans ces différents champs en réseau avec d’autres collectifs ou avec des lieux de culture en France ou à l’étranger. Montagne Froide publie la revue internationale Mobile et la lettre-affiche Footballs.
Le Pavé dans la mare Dans une région qui manque cruellement de lieux d’art contemporain, Le pavé dans la mare s’est engagé, depuis ses débuts en 1994, à démocratiser les nouvelles pratiques artistiques et à soutenir ceux qui ont choisi de rester dans la région pour travailler. En pointe dans le domaine du mécénat d’entreprises, il leur permet aussi de produire des œuvres, exposées au Pavé et dans d’autres lieux plus inattendus, comme la Saline royale d’Arc et Senans. 7, place Victor Hugo à Besançon 03 81 81 91 57 – www.pavedanslamare.org
ERBA L’école régionale des Beaux-Arts tient aujourd’hui à prendre dans la ville de Besançon une vraie place d’acteur culturel, et pas seulement en direction de ses étudiants. Laurent Deveze, son nouveau directeur, veut faire sortir les étudiants dans la ville, et entrer la ville dans l’école, par le biais d’expositions, de colloques, de concerts, toujours un peu foufous… 12, rue Denis Papin à Besançon 03 81 87 81 30 – www.erba-actu.com
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Le centre régional d’art contemporain de Franche-Comté poursuit sa politique d’exposition, d’éditions, d’ateliers. Depuis sa création en 1996, il a accueilli des artistes comme Joël Kermarrec, Didier Mencoboni, Jean-Christophe Norman, Étienne Bossut, Didier Marcel, Erro, Vladimir Skoda… réaffirmant sans cesse sa volonté de défendre la peinture et l’abstraction. 19, avenue des Alliés à Montbéliard 03 81 94 43 58 – http://www.le-dix-neuf.asso.fr/
Montagne froide Cold Mountain
www.montagnefroide.org
Le Centre d’art mobile Le Centre d’art mobile est une association dédiée à l’art contemporain. Basée à Besançon, elle regroupe des individus de divers horizons (Louis Ucciani, Xavier Douroux, Michel Collet, Jean-Damien Collin, Isabelle Marchal, Yvan Etienne, Michel Giroud, Anne Dary, Gérard Colin-Thiébaut, Emmanuel Guigon, Vincent Pécoil, Alexandre Rolla…). Détachés de toute problématique de fonctionnement permanent, tout en s’appuyant sur des membres déjà acteurs ou amateurs avertis du monde de l’art et de la culture, les projets du Centre d’art mobile visent à créer opportunités et rencontres hors des modes de fonctionnement habituels. www.centre-dart-mobile.eu
Besançon Musée des Beaux-Arts 1, place de la Révolution 03 81 87 80 49 www.musee-arts-besancon.org Musée du temps 96, Grande Rue 03 81 87 81 61 www.besancon.fr Toshiba House 21, rue du Polygone 03 81 51 28 21 www.culture-besancon.fr
BELFORT Galerie du Granit 1, faubourg de Montbéliard 03 84 58 67 67 www.theatregranit.com
DOLE Musée des Beaux-Arts 85, rue des Arènes 03 84 79 25 85 www.musees-franchecomte.com
— alsace —
MAMCS Conçu par Adrien Fainsilber, le musée d’Art moderne et contemporain de la Ville de Strasbourg fût inauguré en 1998, complétant ainsi un dispositif comptant aujourd’hui dix institutions muséales. Vitré sur toute sa largeur, largement ouvert sur l’un des plus vieux quartiers de la ville, l’édifice symbolise le lien entre passé, présent et avenir. Ses collections, allant de 1870 à nos jours et essentiellement consacrées à l’Europe occidentale ; ses expositions temporaires dont certaines, comme celle des Hyperréalistes, ont connu un écho international ; son auditorium particulièrement actif où se succèdent concerts, projections, conférences ; son service éducatif toujours inventif ont ouvert le musée à de larges publics. La terrasse de l’Art café, sur le toit, est sans conteste la plus belle de la ville, et ne contribue pas peu à faire du MAMCS un lieu de vie autant que de création et de réflexion. 1, place Hans Jean Arp à Strasbourg - 03 88 23 31 31 www.musees-strasbourg.org
Frac Alsace Ici, on peut voir les expositions presque aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur. Le lieu, entièrement vitré, a sans doute joué un rôle dans le choix du thème que le Frac développe depuis deux ans : privé/public. Les artistes invités explorent aussi bien les possibles de l’expérience individuelle et leurs façons de s’adresser à la société. Le jardin leur offre un terrain d’expérimentation supplémentaire. 1, espace Gilbert Estève, route de Marckolsheim à Sélestat - 03 88 58 87 55 www.culture-alsace.org
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La Kunsthalle Il y a à peine plus d’un an, la Kunsthalle s’installait au cœur de la Fonderie, cathédrale industrielle réhabilitée par les architectes Mongiello-Plisson (qui vaut à elle seule le détour), partageant les lieux avec l’Université de Haute-Alsace et les archives municipales. Un contexte inhabituel pour cet espace de 700m2, qui s’est alors donné pour mission de multiplier les regards sur l’art contemporain, en confiant chaque année la programmation à un commissaire d’exposition différent. 16, rue de la Fonderie à Mulhouse 03 69 77 66 28 – www.kunsthallemulhouse.com
Crac Alsace Installé dans une ancienne école, au sommet d’une colline dominant une petite bourgade, le lieu a déjà en soi quelque chose d’enchanteur. Et même si elle n’aime pas le reconnaître, la programmation de sa directrice s’articule incontestablement autour des thèmes du merveilleux, de l’onirique et de l’étrange, ouvrant le lieu à un large public à qui elle fait découvrir les tendances les plus novatrices de la création contemporaine. 18, rue du Château à Altkirch 03 89 08 82 59 www.cracalsace.com
Strasbourg
Colmar
Accelérateur de particules + Apollonia 12, rue du Faubourg de Pierre 03 88 32 22 02 / 03 88 52 15 12 www.accelerateurdeparticules.net www.apollonia-art-exchanges.com
Espace André Malraux 4, rue Rapp 03 89 20 67 59 www.colmar.fr
CEAAC 7, rue de l’Abreuvoir 03 88 25 69 70 www.ceaac.org La Chambre 27, rue Sainte-Madeleine 03 88 36 65 38 www.chambreapart.org La Chaufferie 5, rue de la Manufacture des Tabacs 03 69 06 37 78 www.esad-stg.org/chaufferie Stimultania 33, rue Kageneck 03 88 23 63 11 www.stimultania.org Syndicat Potentiel 13, rue des Couples 03 88 37 08 72 http://syndicatpotentiel.free.fr
Erstein Musée Würth Z.I Ouest Rue Georges Besse 03 88 64 74 84 www.musee-wurth.fr Schaufenster 19, quai des Pêcheurs www.schaufenster.fr
Espace Lézard 2, boulevard du Champ de Mars 03 89 41 70 77 www.lezard.org
Mulhouse Le Quai, école d’art de Mulhouse 3, quai des Pêcheurs 03 69 77 77 20 www.lequai.fr Le Truc 16, rue Sainte Claire www.letruc.fr Galerie photo La Filature 20, allée Nathan Katz 03 89 36 28 28 www.lafilature.org
Saint-Louis Musée Fernet Branca 2, rue du Ballon 03 89 69 10 77 www.museefernetbranca.fr
— lux + all —
Casino Luxembourg L’ancien Casino Bourgeois, reconverti en 1995, est devenu bien plus qu’un espace d’exposition. C'est un forum d’art contemporain, un lieu public où l’on échange autour des arts visuels dans toute leur complexité. Le Casino entend donner à tous les moyens de juger les œuvres présentées ici par les artistes vivants les plus importants, et accompagne ses expositions d’un riche programme de rencontres, débats, visites, ateliers et cours pour tous les publics. En accueillant également chaque été de jeunes artistes internationaux, il approfondit tous les champs de l’art contemporain, de la création à l’exposition. 41, rue Notre-Dame à Luxembourg +352 22 50 45 – www.casino-luxembourg.lu
Galerie Nosbaum & Reding Une galerie exigeante, qui défend tout particulièrement la peinture contemporaine et n’hésite pas à laisser sa chance aux jeunes artistes. Nosbaum & Reding se déplacent aussi en repérage dans les ateliers des écoles d’art… Une initiative suffisamment rare pour être soulignée. 4, rue Wiltheim à Luxembourg +352 26 19 05 55 – www.nosbaumreding.lu
Mudam Inauguré en 2006, le Mudam est le premier musée dédié à l’art contemporain au Luxembourg. Conçu par Ieoh Ming Pei, il se veut tourné vers les artistes d’aujourd’hui mais s’autorise néanmoins quelques écarts vers de grands maîtres comme Bernd et Hilla Becher, Daniel Buren, Blinky Palermo ou Cy Twombly. 3, Park Dräi Eechelen à Luxembourg +352 45 37 85-1 www.mudam.lu
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ZKM En matière d’art numérique et de nouvelles technologies, le ZKM, centre pour l’art et la technologie des médias, est pionnier et toujours unique. Aussi bien centre de ressources et de recherche que lieu d’exposition, cet immense complexe installé dans un ancien bâtiment industriel abrite notamment deux musées (d’art contemporain et d’art des médias ), un auditorium, une médiathèque et une école d’art. Lorenzstraße 19 à Karlsruhe ++49(0)721-8100-0 – www.zkm.de
Musée Burda L’éditeur et grand collectionneur Frieder Burda s’est fait construire, au bord du très soigné Kurpark, un musée privé. L’architecte Richard Meier lui a conçu d’immenses volumes, afin qu’il puisse notamment y installer les grandes toiles de Georg Baselitz, Sigmar Polke, Gerhard Richter et Anselm Kiefer, qu’il affectionne tout particulièrement. Lichtentaler Allee 8b à Baden-Baden ++49 (0)7221 / 3 98 98-0 www.sammlung-frieder-burda.de
Luxembourg
FRIBOURG
Centre d’art de Dudelange Rue Dominique Lang +352 51 61 21-292 www.centredart-dudelange.lu
Museum für Neue Kunst (fermé jusqu’au 2 juillet) Marienstraße 10a ++49 (0)761 / 201 2583 www.freiburg.de
Galerie Lucien Schweitzer 24, avenue Monterey +352 23 616-1 www.lucien-schweitzer.lu
SARREBRUCK Stadtgalerie Saarbrücken Bismarckstraße 11-19 ++49 (0)681 9964-0 www.stadtgalerie.de
Kunstverein Freiburg Dreisamstrasse 21 ++49 (0)761 34944 www.kunstvereinfreiburg.de
— suisse —
Schaulager Migrosmuseum Entièrement mécéné par le plus grand distributeur suisse, le musée Migros pour l’art contemporain partage avec d’autres institutions culturelles et galeries les murs d’une ancienne brasserie. Il dispose donc de volumes confortables pour accueillir de très grandes pièces, qu’il produit souvent en collaboration étroite avec les artistes, et intègre ensuite à sa collection. Il se place ainsi résolument en marge du marché de l’art, sur lequel ce type de pièces n’est pas viable, et permet aux artistes des formes qui seraient difficilement réalisables ailleurs… À noter que le musée sera fermé à partir du 1er août pour travaux. Limmatstrasse 270 à Zurich ++41 (0)44 277 20 50 – ww.migrosmuseum.ch
Fondation Beyeler On ne présente plus cette institution, fondée par le collectionneur et galeriste bâlois Ernst Beyeler disparu en février dernier. En une cinquantaine d’années, il a rassemblé environ 200 œuvres représentatives de l’art moderne, dont il présente une partie dans l’espace paisible et hors du temps que lui a conçu Renzo Piano. Dans les grandes expositions temporaires, les artistes contemporains ne sont pas en reste…
Conçu par les stars de l’architecture Herzog et de Meuron, le Schaulager est avant tout destiné au stockage de la collection de la fondation Emmanuel Hoffmann, et s’ouvre une fois par an au public pour une exposition en général consacrée à une star de l’art contemporain. Situé en pleine zone commerciale, il apparaît comme un énorme bloc de pierre, fermé, mais dans lequel une fente latérale invite à se glisser. À l’intérieur, ses volumes gigantesques et le travail sur les lumières perturbent la perception des échelles et la différence entre horizontalité et verticalité. Ruchfeldstrasse 19 à Münchenstein à Bâle ++41 (0)61 335 32 32 – www.schaulager.org
Kunsthalle Palazzo La Suisse n’abrite pas que des fondations et de grandes institutions muséales. Il existe aussi de petits lieux, plus modestes et plus expérimentaux, qui accueillent des artistes plus jeunes et/ou installés dans la région, en Suisse, Allemagne et France. Le Palazzo est de ceux là, et partage son drôle de bâtiment carré tout près de la gare de Liestal avec un cinéma et un théâtre. Poststrasse 2 à Liestal ++41 (0)61 921 50 62 – www.palazzo.ch
Baselstrasse 101 à Riehen à Bâle ++41 (0)61 645 97 00 – www.beyeler.com
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F ULES, F
LS
22.04 J 20.06.10 ¦ Stephen WILKS ¦ Tél. +33 (0)3 69 77 66 47 ¦ kunsthalle@mulhouse.fr www.kunsthallemulhouse.com
08-09 15-16 MAI 14-20 H ALSACE
/ / / / ATELIERSOUVERTS.NET
Fools – Stephen Wilks, 2010 graphisme : médiapop + STAR★LIGHT
Création : Jean Wollenschneider | www.jean-w.fr — Photos : Marianne Maric
mulhouse 010
La création contemporaine issue des écoles supérieures d’art européennes
Informations : 03 69 77 77 50 ou www.mulhouse.fr Délégation aux arts plastiques Direction régionale des affaires culturelles Alsace
Jonathan Knowles, photographe, imagine Desperados Original
L’ ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.