Glaucome Guide à l’usage des patients et de leur entourage 2e édition
La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration », toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement écrit et préalable de l’auteur ou ses ayants droit ou ayants cause est illicite (alinéa 1er de l’article 40). Toute représentation, reproduction ou adaptation par quelque procédé que ce soit constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Cette interdiction recouvre notamment l’utilisation et l’exploitation de l’ouvrage ou des textes le composant par tout procédé tel que saisie, manipulation et stockage dans une banque de données, reproduction ou transmission par quelques moyens et formes que ce soient tels que électronique, mécanique, photographique, photocomposition, cinématographique, magnétique, informatique, télématique, satellite, ainsi que par tout autre moyen existant ou à créer. L’insertion d’extraits dans un ouvrage ou dans un document de formation est interdite.
Tous droits réservés. Dépôt légal : juin 2008 ISBN : 978-2-84504-057-1 – ISSN 1628-6243 © Bash éditions médicales, marque de la Sas Serpens 12-16 rue de Vincennes 9310 Montreuil Imprimeur : MP Stampa Illustrations : Antoine Barnaud et Sophie Jacopin Photos : Roland Proust Maquettiste : Michel Le Louarn
Glaucome Guide à l’usage des patients et de leur entourage 2e édition
Pr Jean-Philippe Nordmann Pr Philippe Denis
Préface Le glaucome mérite une information de grande qualité au moment de faire des choix de traitements déterminants pour préserver la vue. Et notre volonté d’éditeur est que ce guide en faveur d’une information médicale accessible à tous soit aussi la tribune d’organisations et de personnalités engagées dans l’accès à l’information de qualité en ophtalmologie. C’est la raison de cette préface à plusieurs voix.
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Pr Yves Pouliquen
de l’Académie française Président de l’Organisation pour la prévention de la cécité
Si l’on devait qualifier les maladies oculaires, il ne fait aucun doute que le glaucome ajouterait à sa gravité la notion d’une fourberie exemplaire. Voilà une maladie qui atteint plus d’un français sur dix et qui ne peut être soupçonnée que si l’on prend soin de la découvrir. Elle a l’art de détruire les capacités fonctionnelles d’un œil sans avertissement, tout simplement parce qu’elle ne se manifeste initialement par aucun des symptômes qui attirent communément l’attention sur notre œil ou sur notre vision. En effet, ce n’est que tardivement que la perte d’une partie du champ visuel, ou qu’une baisse de la vision en traduit la présence et alarme celui qui, consultant son ophtalmologiste, découvre que ces atteintes sont irréversibles et présentes à jamais. Sans doute se reprochera-t-il cette impardonnable négligence mais qu’y pouvait-il, lui qui ignorait tout de cette maladie qui n’avait atteint dans le passé aucun membre de sa famille. Sans doute deviendra-t-il l’un des plus ardents propagandistes d’un dépistage qui ne peut se 6
faire qu’auprès de l’ophtalmologiste et aux moments de la vie où il convient de le faire. C’est tout ce que veut démontrer ce parfait petit livre qui favorisera la découverte précoce d’un glaucome qui n’aura pas encore lésé l’œil, et informera avec précision celui qui, en étant atteint, se pose à juste titre une multitude de questions à laquelle il apporte de bonnes réponses. Y. P.
Pr Jean-Paul Renard
Vice-président de la Société française d’ophtalmologie (SFO). Secrétaire général adjoint de la Société française du glaucome
Le glaucome, maladie méconnue du nerf optique, atteint près d’un million de personnes en France et demeure une des principales causes de cécité dans notre pays. Sa forme clinique la plus fréquente, le glaucome à angle ouvert est une affection chronique, indolore, souvent sans symptôme avec une progression insidieuse qui peut passer longtemps inaperçue. Mais il existe plusieurs autres formes de glaucomes susceptibles d’apparaître aux différents âges de la vie. Elles relèvent de causes 7
et de mécanismes variables qui nécessitent un traitement médical, par laser ou chirurgical adapté selon les cas et le stade évolutif. L’annonce d’un glaucome est toujours source d’inquiétudes et de nombreuses légitimes interrogations. Elle passe par une information la plus complète et la plus objective possible. Ce guide écrit par des experts, destiné à l’usage des patients et de leur entourage, vient répondre à cette nécessité. Les professeurs Jean-Philippe Nordmann et Philippe Denis doivent être félicités pour la grande qualité de cet ouvrage. En termes simples, sont abordés sous la forme de réponses claires à des questions précises les différents aspects de l’affection, ses particularités, ses causes et son évolution, les moyens nécessaires au diagnostic et au contrôle de la maladie, ainsi que l’importance du suivi et les possibilités thérapeutiques. Le lecteur trouvera dans ce guide une réponse à de nombreuses questions oubliées ou abordées trop rapidement au cours de l’entretien avec son ophtalmologiste traitant. L’information ici délivrée permet de mieux comprendre la nécessité impérative d’un contrôle régulier et d’un traitement suivi de cette affection. En effet, de nombreux 8
patients dont le glaucome a été diagnostiqué ne se font pas suivre régulièrement et un grand nombre d’entre eux ne se rendent pas compte qu’ils sont touchés par une maladie pouvant conduire à la cécité. Nos connaissances dans le domaine de cette neuropathie évoluent sans cesse aussi bien dans le domaine du diagnostic que dans celui du traitement avec l’arrivée de nouveaux moyens qui permettent un meilleur contrôle de l’affection. Les différents aspects de la maladie et leurs conséquences éventuelles dans la vie courante, professionnelle et de loisirs sont abordés ici de façon actualisée, didactique et réfléchie. En répondant ainsi aux nombreuses questions que chacun est en droit de se poser aux différents stades du glaucome, depuis sa découverte dans sa forme débutante jusqu’au stade du handicap, ce guide permet une meilleure compréhension de l’affection. Il vient enrichir les connaissances de chacun et compléter l’information délivrée par l’ophtalmologiste dans le cadre d’une prise en charge optimale qui doit assurer une meilleure qualité de vie avec cette affection chaque jour mieux maîtrisée. J.-P. R. 9
Pr Joseph Colin
Président de la Société française d’ophtalmologie (SFO) Chef de service d’ophtalmologie au CHU de Bordeaux
Une pomme par jour éloigne le médecin, pourvu que l’on vise bien. Winston Churchill Nous vous proposons de garder le fruit dans votre poche car l’ophtalmologiste est un allié précieux tant son art est sûr et en évolution. Sa prise en charge repose sur l’accélération des connaissances, la maîtrise chirurgicale et l’innovation technologique et pharmaceutique. De fait, il s’investit avec toujours plus d’efficacité dans la prévention et le soin de vos yeux. Une bonne raison de ne pas l’éloigner à coup de pommes pour rester en bonne santé ! Mais que représenterait la qualité d’un soin dont tous ne seraient pas avisés ? Il est – de fait – un enjeu clé d’informer et aussi de s’opposer à la perte de chance liée à l’inaccessibilité de l’information. En conséquence, l’ophtalmologiste doit à tous une information : – de référence : par des experts de renom ;
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– d’actualité : avec une mise à jour répétée ; – de la relation médicale : pour nourrir l’échange confiant de la consultation ; – fédérée : selon une concorde entre sociétés savantes, syndicat et associations ; – partagée : entre journaliste, libraire et tout acteur utile incluant les nouveaux usagers de l’Internet et des technologies de demain. La démarche de la SFO avec ses partenaires est bien de rapprocher le patient d’une décision autonome et éclairée. Le combat pour la vision le justifie. J.C.
Dr Jean-Luc Seegmuller Président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof)
S’il ne fallait qu’une seule bonne raison pour se soumettre à un examen systématique par un ophtalmologiste, le glaucome nous la donnerait, de manière indiscutable. Pendant des années aucun malaise, aucune douleur, aucun changement dans la qualité de vue ne peuvent alerter celui qui, sans le savoir et sans pouvoir s’en douter, est entré 11
dans un processus implacable : celui qui, au fil des années, insensiblement, va attaquer sa fonction visuelle dans ses différentes composantes, jusqu’à l’extrême évolution. C’est dire combien sont irresponsables les sornettes qu’on nous ressert périodiquement sous prétexte de faire faire des économies à la sécurité sociale : en prétendant abandonner à des non médecins la surveillance de la vue, comment dépisterait-on avec la finesse, la subtilité et la précocité nécessaires les malades à leur premier stade, celui qui n’a encore aucune conséquence mais auquel il importe de commencer à le soigner ? Au fil des pages qui suivent, rédigées par des experts reconnus et respectés, le lecteur comprendra que la prévention d’une maladie aussi sournoise ne peut être confiée qu’à des médecins spécialistes qui, systématiquement – notamment à l’occasion de chaque prescription de lunettes – en recherchent les premiers signes, afin de prescrire aussitôt le traitement efficace. La lutte contre le glaucome mérite cette qualité et ces efforts. J.-L. S. 12
Remerciements Société française d'ophtalmologie (SFO) Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) Société française du glaucome Nous remercions pour leur préface : Pr Yves Pouliquen, de l'Académie française, président de l’Organisation pour la prévention de la cécité (OPC) Pr Jean-Paul Renard, vice-président de la Société française d’ophtalmologie (SFO), Secrétaire général adjoint de la Société française du glaucome Pr Joseph Colin, président de la Société française d’ophtalmologie (SFO) Dr Jean-Luc Seegmuller, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof)
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Sommaire Préface Pr Yves Pouliquen.......................................... 6 Pr Jean-Paul Renard ...................................... 7 Pr Joseph Colin ............................................... 10 Dr Jean-Luc Seegmuller ................................. 11 Remerciements ............................................... 13 Introduction Pourquoi ce guide et à qui s’adresse-t-il ?... 26 Comment utiliser ce guide ? ......................... 28 Comment utiliser le site ? .............................. 29 Qui sont les auteurs ? .................................... 30 Les grandes questions 1. 2. 3. 4. 14
Qu’est-ce qu’un glaucome ? .................. 34 En existe-t-il plusieurs formes ? ............. 36 Comment savoir que je suis atteint(e) ? ...38 Mon entourage peut-il s’apercevoir de mon glaucome ? ................................ 40
5. J’ai très mal aux yeux et je vois moins bien. Peut-il s’agir d’un glaucome ? ........ 42 6. Ai-je des risques de faire un glaucome aigu ? .............................. 43 7. La maladie est-elle réversible ? ............ 44 8. Quelle est l’évolution ?......................... 46 9. Est-ce une affection fréquente ? ......... 47 10. Le glaucome est-il douloureux ? .......... 48 11. Les deux yeux sont-ils toujours atteints de la même façon ? ................ 48 12. Le glaucome peut-il être corrigé par des lunettes ?.................................. 50 13. La maladie est-elle plus grave si je suis myope ? .................................. 52 14. La maladie changera-t-elle mon acuité visuelle ou ma vision des couleurs ? ........................................ 54 15. Puis-je devenir aveugle à cause de mon glaucome ? .............................. 55 16. Le glaucome peut-il devenir cancéreux ou contagieux ?................... 56 17. Peut-il entraîner un affaiblissement général ou des maladies secondaires ? ... 57 18. Les enfants peuvent-ils être atteints ? ................................................ 59
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19. Les adolescents peuvent-ils être atteints ? ................................................ 61 20. Est-ce une maladie de courte durée ?..... 62 Les causes 21. À quoi est dû le glaucome ? ................ 66 22. Comment fonctionne normalement l’œil ? ..................................................... 68 23. Qu’est-ce que l’humeur aqueuse ? ...... 70 24. À quoi sert le nerf optique ? ............... 72 25. Qu’est-ce que la pression oculaire et quelle est sa valeur normale ? ......... 74 26. La pression oculaire est-elle toujours identique (ou stable) dans le temps ? ..................................... 75 27. Si ma pression oculaire est élevée, cela signifie-t-il que j’ai un glaucome ? ........... 76 28. Si ma pression oculaire est normale, n’ai-je donc aucun risque ? .................. 77 29. Le glaucome peut-il être dû à une hypertension artérielle ? ............ 78 30. Peut-il être la conséquence d’une autre maladie ou d’un accident ? ........ 79 31. Est-il héréditaire ? ................................. 80 16
Les examens ophtalmologiques 32. Quels sont les examens à faire pour dépister et surveiller le glaucome ? ....... 84 33. Comment la pression oculaire est-elle mesurée ? ................................. 86 34. L’examen du fond d’œil est-il douloureux ou dangereux ?................. 88 35. Quelles sont les atteintes du champ visuel ? ................................. 90 36. Qui réalise les examens ophtalmologiques ? .............................. 92 37. Dois-je faire d’autres examens en dehors de l’examen du champ visuel ? .... 94 38. Pourquoi dois-je parfois me faire mesurer l’épaisseur de la cornée ? ...... 95 39. A quoi servent les analyseurs de la tête du nerf optique et des fibres optiques ? ...................................... 96 40. Ai-je intérêt à prendre l’avis d’un deuxième médecin ? .................... 98 41. Serais-je mieux soigné(e) à l’étranger ? La recherche y est-elle plus avancée ? ..... 99
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Le traitement médical 42. Pourquoi dois-je utiliser des collyres ? ... 102 43. Faut-il traiter tous les glaucomes ?.... 103 44. Faut-il traiter une simple hypertonie oculaire ? ............................................. 104 45. Existe-t-il d’autres moyens de traiter le glaucome ? ...................................... 105 46. Quels sont les différents types de collyres existants ? ......................... 106 47. Comment mettre un collyre ? ............ 107 48. Tous les collyres sont-ils équivalents ?.... 108 49. Puis-je me rendre compte si le traitement est efficace ? ............. 109 50. Que se passe-t-il si j’oublie de prendre mon traitement ? ............ 110 51. Est-il possible d’associer plusieurs collyres ? .............................................. 112 52. En cas d’instillation de plusieurs collyres, faut-il respecter un ordre précis ?.................................................. 113 53. A quoi correspondent les collyres « deux en un » ? ................................. 114 54. Dois-je conserver les collyres à une température particulière ? ................. 115
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55. Quels sont les signes qui doivent me faire penser que je tolère mal mon collyre ? ....................................... 116 56. Que faire si mon œil devient rouge ou douloureux alors que j’utilise un collyre ? .......................................... 117 57. Les collyres peuvent-ils retentir sur ma santé générale ? ........................... 118 58. Un collyre générique est-il aussi efficace ?.............................................. 120 59. Comment dois-je faire en cas de voyage à l’étranger ? .................... 121 60. Puis-je continuer à porter mes lentilles ?.............................................. 122 61. Puis-je prendre n’importe quel médicament malgré mon glaucome ? .......................................... 123 62. Le traitement par collyres doit-il être poursuivi à vie ? .......................... 125 Le traitement par laser 63. À quoi sert le laser ?............................ 128 64. Est-il douloureux ? ............................... 129 65. Quel laser traite le glaucome aigu ?..... 130
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66. Quel laser traite le glaucome chronique ?.......................................... 132 67. Le traitement par laser est-il définitif ? ............................................. 135 68. À quoi sert le laser diode ? ................ 136 Le traitement chirurgical 69. J’ai un glaucome chronique. Pourquoi le médecin me propose-t-il maintenant la chirurgie ? ................... 140 70. La chirurgie est-elle plus efficace que les collyres ? ................................. 142 71. En quoi consiste l’opération du glaucome ? ..................................... 144 72. L’opération est-elle douloureuse ou hémorragique ? ............................. 148 73. L’opération peut-elle se dérouler sous anesthésie locale ? ...................... 150 74. Devrai-je rester longtemps à l’hôpital pour l’opération ? ............. 151 75. Dois-je changer mes lunettes après la chirurgie ? ............................. 153 76. Y a-t-il un risque à se faire opérer du glaucome ? ..................................... 155 20
77. Les résultats de l’opération sont-ils définitifs ?............................................ 157 78. Est-il parfois nécessaire de se faire réopérer ? ............................................ 159 79. Si j’ai une cataracte associée à mon glaucome, est-il possible de me faire opérer pour les deux maladies en même temps ? ................ 160 80. Puis-je bénéficier de la chirurgie réfractive malgré mon glaucome ? ...... 163 81. À quel âge un enfant atteint de glaucome doit-il se faire opérer ? ..... 164 La vie quotidienne 82. Mes enfants doivent-ils consulter ?...... 168 83. À quelle fréquence dois-je consulter ? ........................................... 169 84. Y a-t-il des aliments, des compléments alimentaires ou des vitamines à conseiller pour empêcher l’aggravation du glaucome ? ............. 170 85. Le tabac, l’alcool ou d’autres produits de consommation ont-ils une influence sur le glaucome ?................................. 171
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86. La télévision ou le travail sur ordinateur peuvent-ils entraîner ou aggraver mon glaucome ? ............ 172 87. La plongée et l’alpinisme sont-ils à déconseiller ? ................................... 173 88. Puis-je faire du sport malgré mon glaucome ? .......................................... 174 89. Puis-je conduire malgré mon glaucome ? .......................................... 176 90. Le glaucome fait-il de moi un invalide ? ........................................ 178 91. Le glaucome est-il considéré comme une affection de longue durée (ALD) par l’Assurance maladie ? ........ 179 92. Dois-je envisager un reclassement professionnel à cause de mon glaucome ? .......................................... 180 93. Puis-je faire de la rééducation visuelle pour améliorer ma vue ? .................... 182 Nouveaux traitements 94. Est-il important pour moi de participer à des études cliniques ? ...................... 186 95. Une greffe de rétine peut-elle me servir ? ........................................... 188 22
96. Existe-t-il des tests génétiques pour dépister le glaucome ? .............. 189 97. Quels sont les axes de recherche actuels ? ............................................... 190 Mémo Les bons réflexes Alerte, prévention et dépistage ............... 194 Préparez votre consultation ..................... 195 Les adresses ............................................... 196 Les sites ...................................................... 198 Le kiosque.................................................. 200 En savoir plus Conduite automobile et glaucome .......... 202 Glossaire..................................................... 207 Index .......................................................... 217
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Introduction Le glaucome est une maladie mal connue des Français bien qu’elle atteigne environ 2 % de la population, soit près d’un million de personnes dans l’Hexagone. Pourtant, il s’agit d’une affection qui, si elle est repérée de façon précoce, grâce à un dépistage adapté, est dans l’immense majorité des cas bien soignée par les thérapeutiques modernes. Comme pour toutes les affections chroniques, après la phase initiale de dépistage, il est nécessaire d’apprendre à vivre avec cette maladie menaçante pour la vue. Ce guide a pour objectif à la fois d’expliquer les causes du glaucome et la façon de le traiter. Il insiste sur les aspects de la vie quotidienne qui permettent au mieux de vivre avec cette maladie et de la juguler.
Préface
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Pourquoi ce guide et à qui s’adresse-t-il ? Ce guide est destiné aux personnes ayant un glaucome, chronique ou aigu, ainsi qu’à leurs proches. Il concerne également toutes celles et ceux, professionnels de la vue ou non, qui désirent pouvoir donner une information de qualité au patient. Avoir un glaucome peut générer un sentiment d’angoisse pour l’avenir. Les médecins savent combien ce sentiment diffus peut être paralysant. Ils savent qu’il empêche parfois d’intégrer l’information qui vous est donnée. Cette information vous est pourtant indispensable afin d’affronter la maladie en connaissance de cause. Ce guide vous apportera des informations très actuelles et concrètes sur le glaucome et ses traitements. Il vous aidera à anticiper les événements et à vous mettre dans de bonnes dispositions psychologiques pour être traité(e) dans les meilleures conditions. 26
Il vous donnera les informations nécessaires au moment où vous en aurez besoin, et vous permettra aussi de retrouver les informations délivrées par votre médecin que vous avez du mal à mémoriser lors de la consultation. Son but n’est pas de remplacer le médecin, mais de vous aider à mieux formuler vos questions et de mieux comprendre ce qui vous arrive.
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Comment utiliser ce guide ? Ce guide peut s’utiliser de différentes façons. Vous pouvez : – le lire linéairement ou au gré de votre besoin ; – vous reporter au sommaire pour consulter la liste des questions et obtenir une réponse précise à une interrogation du type : Comment savoir que j'ai un glaucome? – chercher dans l’index les mots-clefs et vous référer directement aux pages du livre traitant d’un sujet particulier. Pensez également consulter notre site Internet et vous abonner pour disposer d’une information complète et actualisée en temps réel : www.zemedical.com
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Comment utiliser le site ? Le site www.zemedical.com/glaucome a vocation d’être une référence d’information au service des patients, de leur entourage et du public sensibilisé. Le site fait fidèlement écho au livre que vous avez sous les yeux. Il est destiné à vous présenter les dernières actualités médicales concernant la cataracte et son traitement et à vous donner des informations pratiques susceptibles de vous aider. Toutes ces données sont validées par nos auteurs, qui appartiennent à la Société française d’ophtalmologie (SFO). Vous trouverez également sur le site un espace spécialement dédié à votre maladie : – une sbase de donnée, correspondant au présent ouvrage Glaucome, guide à l’usage des patients et de leur entourage ; – une veille d'actualité sur le sujet; – différents services dédiés : forums, adresses d’organismes professionnels, une base multimédia ; – des outils : dictionnaire, agenda, avis experts...; – une boutique. 29
Qui sont les auteurs ? Pr Jean-Philippe Nordmann Le professeur Jean-Philippe Nordmann est chef de service au centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts et responsable du département du glaucome dans cet établissement. Il est en outre Président de la Société française du glaucome, une association reconnue d’utilité publique dont les objectifs sont d’informer sur le glaucome, de réaliser des recherches pour lutter contre cette maladie et d’organiser des conférences scientifiques sur ce thème. Il a travaillé en France et aux États-Unis dans le cadre d’un doctorat en médecine et d’un doctorat en sciences. Il est actuellement professeur de médecine à la faculté de médecine Cochin-Port-Royal. Dans le domaine du glaucome, ses principaux centres d’intérêt sont l’exploration de la vision par le champ visuel et les nouvelles techniques médicales et chirurgicales permettant de traiter cette maladie. 30
Pr Philippe Denis Le professeur Philippe Denis est chef de service d’ophtalmologie à l’hôpital Edouard Herriot de Lyon et dirige l’enseignement d’ophtalmologie à la faculté de médecine Laënnec de Lyon. Son activité médicale s’exerce essentiellement auprès des patients présentant un glaucome. Membre du conseil d’administration de la Société française d’ophtalmologie (SFO) et de celui de la Société française du glaucome, il est impliqué dans de nombreux programmes d’enseignement du glaucome pour les médecins et les pharmaciens. Le professeur Philippe Denis est aussi titulaire d’un doctorat d’université en sciences. Il participe depuis de nombreuses années à la mise au point et à l’expérimentation clinique de nouveaux médicaments contre le glaucome.
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Les grandes questions
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1 • Qu’est-ce qu’un glaucome ? Le glaucome est une maladie oculaire fréquente. Il est dû à une montée de la pression oculaire qui entraîne une atteinte du nerf optique et du champ visuel. Cette maladie passe longtemps inaperçue parce qu’elle est le plus souvent indolore et qu’elle n’entraîne pas de gêne visuelle notable dans sa phase initiale. En l’absence de traitement, elle peut cependant rendre aveugle. Les spécialistes distinguent principalement le glaucome aigu (ou glaucome à angle fermé), rare, et le glaucome chronique (ou glaucome à angle ouvert), forme la plus fréquente. De nombreux traitements médicamenteux existent, essentiellement sous forme de collyres. En cas d’échec de ceux-ci, il faut avoir recours au laser ou à la chirurgie. Dans l’immense majorité des cas, le glaucome est contrôlable s’il est régulièrement surveillé par un ophtalmologiste.
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1
2
1. atteinte du champ visuel 2. lĂŠsion du nerf optique
Le glaucome entraĂŽne une atteinte du nerf optique et du champ visuel. 35
2 • En existe-t-il plusieurs formes ? Le glaucome correspond à plusieurs formes de maladies qui ont en commun une augmentation de la pression oculaire et une destruction progressive du nerf optique, entraînant une atteinte de la vue. Chez l’adulte, il faut principalement distinguer le glaucome à angle ouvert du glaucome à angle fermé. L’angle dont il est question est celui formé par l’iris et la cornée. Si l’angle est fermé, c’est-à-dire trop étroit, le liquide contenu à l’intérieur de l’œil ne peut pas atteindre le filtre d’évacuation.
angle ouvert
Si l’angle est ouvert, le liquide peut atteindre ce filtre, mais ce dernier est bouché.
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Angle irido-cornéen de l’œil normal
En pratique, il est très important de savoir si vous êtes atteint(e) d’un glaucome à angle ouvert ou à angle fermé, car les conséquences de ces deux maladies sont très différentes. Si votre médecin ne vous l’a pas précisé, il est indispensable de lui demander. Enfin, il existe aussi des glaucomes très particuliers chez l’enfant, comme le glaucome congénital.
angle ouvert
angle fermé
Glaucome à angle ouvert
Glaucome à angle fermé 37
3 • Comment savoir que je suis atteint(e) ? De façon générale, il vous est pratiquement impossible de savoir vous-même si vous êtes atteint(e) de glaucome. En effet, celui-ci est lié à une augmentation de pression oculaire très progressive qui n’entraîne pas de douleur. Pendant longtemps, la vision devant soi est préservée, si bien qu’il n’y a pas de gêne visuelle réelle. Seul un bilan ophtalmologique avec prise de la pression oculaire, examen du nerf optique et éventuellement réalisation d’un champ visuel permet de faire le diagnostic. Ce tableau clinique correspond à celui du glaucome chronique, qui est le cas le plus fréquent. Bien entendu, si vous attendez trop longtemps, votre vision finira par se détériorer de façon irréversible. Dans la forme très particulière du glaucome aigu, les signes sont très différents parce que la pression oculaire monte très brutalement. En quelques heures, de violentes douleurs surviennent, en général d’un seul côté. L’œil est 38
rouge et la vue est atteinte, avec souvent la perception de halos colorés autour des lumières. Dans ce cas, il faut consulter en urgence, car la vue risque d’être définitivement perdue en quelques heures.
L’apparition de halos colorés autour des lumières est un des signes du glaucome aigu (avec l’œil rouge et les douleurs). 39
4 • Mon entourage peut-il s’apercevoir de mon glaucome ? Non. Le glaucome à angle ouvert ne se voit pas simplement en regardant les yeux d’une personne atteinte. Sauf chez le petit enfant, l’œil n’augmente pas de volume, même si la pression à l’intérieur de celuici s’élève. En dehors de la forme peu fréquente du glaucome aigu à angle fermé qui donne un œil rouge et des douleurs, le glaucome ne se voit donc pas. Les yeux ont le plus souvent leur aspect habituel et ils bougent de façon normale dans l’orbite. Le glaucome n’entraîne pas non plus de strabisme ou de vision double. Si le déficit visuel est important, il arrive que l’entourage se rende compte de la difficulté à voir sur les côtés, parfois plus particulièrement lorsque les images sont, soit sur la droite, soit sur la gauche du sujet.
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5 • J’ai très mal aux yeux et je vois moins bien. Peut-il s’agir d’un glaucome ? Oui. Si vous avez brutalement l’impression de perdre la vue, il faut consulter en urgence. Le glaucome aigu (qui correspond au glaucome à angle fermé) se traduit par une violente douleur oculaire, souvent d’un seul côté. L’œil atteint devient dur et il voit flou, les lumières paraissent être entourées d’un halo lumineux (voir illustration question 3). Ces manifestations ophtalmologiques peuvent s’accompagner de nausées ou de vomissements. Si vous présentez ces signes, il est indispensable de consulter un ophtalmologiste en urgence car un traitement très rapide doit être institué. En l’absence de traitement, vous pouvez perdre la vue en quelques heures.
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6 • Ai-je des risques de faire un glaucome aigu ? Le glaucome aigu (ou glaucome à angle fermé) est une affection brutale qui associe une douleur violente d’un œil, qui devient dur, et une baisse de la vue. Les facteurs de risque les plus importants sont : l’hypermétropie, l’âge supérieur à 50 ans, l’existence d’une cataracte, le fait d’être une femme, le stress, l’origine ethnique (Orientaux et Asiatiques sont plus exposés).
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7 • La maladie est-elle réversible ? Le glaucome à angle ouvert, le plus fréquent, est responsable d’une atteinte définitive du nerf optique et du champ visuel. Le nerf optique est une partie du cerveau qui transporte les informations captées par la rétine en direction des aires cérébrales visuelles où elles sont analysées. Le champ visuel correspond aux images captées par la rétine et transmises au nerf optique. Toute atteinte de la rétine ou du nerf optique aura donc comme conséquence l’altération du champ visuel. Les lésions qui touchent le nerf optique ne pouvant régresser, le glaucome n’est pas une maladie réversible. Le traitement ne peut qu’arrêter son évolution, ce qui ne veut pas dire que la vue ne s’améliorera jamais. En effet, dans un nombre modéré de cas, après un traitement médical ou surtout chirurgical, il arrive que des patients « voient mieux ». Cette amélioration est due au fait 44
que l’œil ne subit plus d’agressions répétées sous forme de poussées de pression oculaire. Il existe des cas d’excès de pression oculaire qui régressent spontanément en quelques mois. Ces formes d’hypertonies oculaires isolées – sans glaucome vrai – peuvent donc être réversibles. Dans le cas particulier du glaucome à angle fermé, la réalisation d’une ouverture dans l’iris au laser (ou iridotomie) (voir question 66) permet de supprimer définitivement le risque de survenue du glaucome et rend cette forme particulière de la maladie réversible dans tous les cas.
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8 • Quelle est l’évolution ? Le glaucome est une maladie très insidieuse. Il atteint le champ visuel sans retentir pendant longtemps sur l’acuité visuelle, si bien qu’il est presque impossible de se rendre compte d’une éventuelle aggravation de l’affection. Pendant longtemps, la vision devant soi est préservée. Les patients ont donc l’impression de bien voir. Peu à peu, le champ visuel se détruit. Dans un premier temps, l’atteinte est très périphérique, concernant la vision sur les côtés. Puis, le centre de la vue est progressivement atteint. En toute fin d’évolution, l’acuité visuelle de près et de loin est altérée puis la vision centrale disparaît. La cécité risque alors de survenir. Heureusement, cette évolution défavorable est très rare. Elle ne survient qu’en l’absence d’une prise en charge adaptée de la maladie. Il faut donc être conscient que l’absence de gêne dans la vie de tous les jours ne veut pas dire que le glaucome n’évolue pas. 46
9 • Est-ce une affection fréquente ? Le glaucome est une pathologie très répandue. Selon les estimations, il y aurait dans notre pays 600 000 personnes atteintes par cette affection, auxquelles s’ajoutent environ 400 000 autres Français touchés par cette maladie et qui ne le savent pas, car ils n’ont pas eu l’occasion de bénéficier d’un dépistage chez leur ophtalmologiste. La fréquence du glaucome augmente avec l’âge et survient surtout à partir de 50 ans, bien qu’il existe des formes plus précoces et parfois même des atteintes chez l’enfant. La fréquence du glaucome atteint environ 2 % de la population totale. Dans les pays développés, c’est la première cause de cécité absolue, c’est-à-dire d’absence de toute perception visuelle des deux yeux. Les autres causes fréquentes de baisse de vue sont la Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA) et la cataracte. Ces deux dernières maladies sont très différentes du glaucome.
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10 • Le glaucome est-il douloureux ? Dans la plupart des cas, le glaucome n’est pas douloureux. En effet, l’augmentation très progressive de la pression oculaire n’est responsable ni de douleurs ni d’autres signes évoquant facilement l’excès de pression. Cependant, lorsque cette pression est vraiment très élevée, par exemple au-delà de 30 mm Hg (millimètres de mercure ; valeur normale : 15 mm Hg), des douleurs oculaires peuvent survenir, soit directement au niveau de l’œil, soit sous la forme de maux de tête autour de l’orbite ou au niveau du front. Dans la forme particulière qu’est le glaucome aigu à angle fermé, la pression oculaire monte cette fois brutalement, à des chiffres pouvant atteindre 50 mm Hg. Dans ce cas, de violentes douleurs surviennent immédiatement s’associant, à un œil dur et à une vision floue. Il s’agit d’une grande urgence car l’œil peut être perdu en quelques heures.
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11 • Les deux yeux sont-ils toujours atteints de la même façon ? De façon générale, le glaucome concerne les deux yeux. Cependant, l’atteinte n’est pas symétrique. L’œil qui présente la plus forte pression oculaire est généralement le plus gravement atteint. Il existe quelques cas d’atteinte purement unilatérale, par exemple lorsque le glaucome est dû à un traumatisme oculaire.
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12 • Le glaucome peut-il être corrigé par des lunettes ? Non. Le glaucome est une maladie du nerf optique. Les lunettes améliorent la vue quand la forme de l’œil n’est pas bien adaptée et que les rayons lumineux ne sont pas bien focalisés sur le fond de l’œil, comme c’est le cas dans la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie. Dans le glaucome, les rayons lumineux arrivent correctement sur la rétine. C’est le nerf optique, constitué de fibres provenant de la rétine et se dirigeant vers le cerveau, qui est atteint. Ce câble (à comparer avec un câble d’antenne de télévision) est comme cisaillé par l’excès de pression et ne peut plus transmettre les informations de l’œil au cerveau. Une modification de la prescription de lunettes n’est d’aucun secours pour corriger les troubles liés au glaucome.
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champ visuel normal
Nerf optique sain, champ visuel normal, acuité visuelle satisfaisante
champ visuel très altéré
Nerf optique lésé, champ visuel altéré, acuité visuelle fortement diminuée 51
13 • La maladie est-elle plus grave si je suis myope ? La myopie modérée (jusqu’à 8 dioptries de myopie environ) n’aggrave pas le glaucome. Néanmoins, le glaucome chronique est plus fréquent chez les myopes que chez les autres sujets. Dans le cas d’une très forte myopie, l’œil est particulièrement fragile et le glaucome retentit plus précocement sur la vue. Il est en outre plus difficile de faire la part de ce qui est dû à la myopie et au glaucome lors de l’examen du nerf optique. Il existe en outre un glaucome qui survient presque exclusivement chez les myopes. Il s’agit du glaucome dit « pigmentaire ». En raison d’une configuration particulière de l’œil de ces personnes, le pigment naturellement présent sur l’iris est libéré dans l’œil et bouche les voies d’évacuation de l’humeur aqueuse. De grandes quantités de pigments sont alors retrouvées dans la partie antérieure de l’œil. 52
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14 • La maladie changera-t-elle mon acuité visuelle ou ma vision des couleurs ? Non. Le glaucome, en évoluant, retentit sur le champ visuel et provoque une altération de la vision sur les côtés, mais il ne modifie ni l’acuité visuelle, ni la vision des couleurs. La personne atteinte garde la capacité de lire des panneaux d’affichage au loin sur les routes, et les couleurs restent toujours aussi vives. À ce stade, la vision des couleurs n’est altérée que si une cataracte s’associe au glaucome. Ce n’est qu’en cas de glaucome grave (ou très évolué) que la vision centrale, l’acuité visuelle et la vision des couleurs sont atteintes de manière irrémédiable. Il ne faut donc surtout pas attendre ces signes pour consulter.
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15 • Puis-je devenir aveugle à cause de mon glaucome ? Le glaucome chronique est une maladie très fréquente, puisqu’environ un million de Français en seraient touchés. Cependant, et très heureusement, une très faible proportion d’entre eux est ou sera réellement invalide du fait du glaucome. Ceci est dû à l’efficacité des traitements médicaux et chirurgicaux proposés. Si vous êtes bien suivi(e) et votre pression oculaire bien contrôlée, les risques de devenir aveugle sont extrêmement faibles. La crainte de la cécité est angoissante, mais vous devez savoir que le fait d’avoir un glaucome ne vous condamne absolument pas à perdre la vue à plus ou moins long terme. Dans quelques cas graves seulement, l’aboutissement de cette maladie peut être dramatique, avec une évolution vers la cécité.
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16 • Le glaucome peut-il devenir cancéreux ou contagieux ? Non. Le glaucome est la conséquence d’un déséquilibre de l’évacuation du liquide intraoculaire, qui ne risque en aucun cas de se transformer en cancer. Il n’y a donc pas de risque de propagation cancéreuse à distance (métastase) ou d’effet sur le reste de l’organisme. Par ailleurs, ce n’est pas une maladie contagieuse. Il n’est pas dû à une infection.
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17 • Peut-il entraîner un affaiblissement général ou des maladies secondaires ? Le glaucome est une maladie purement oculaire. Il n’a pas de retentissement sur l’organisme en général. Il se traduit par exemple, par une fatigue, des courbatures ou des troubles cardiovasculaires. Quelques maux de tête sont possibles si la pression oculaire est trop élevée, mais ce signe n’est pas très fréquent. S’il existe d’importants troubles visuels, le fait d’avoir des difficultés à se concentrer pour voir correctement peut fatiguer. Heureusement, cette fatigue est transitoire, disparaissant après quelques heures de repos. Il arrive que les médicaments prescrits contre le glaucome puissent être responsables d’une fatigue générale. Bien qu’administrés sous forme de collyres, ces traitements pénètrent, puis diffusent dans le reste du corps et peuvent donc avoir des effets à distance. Si vous en observez, parlez-en à votre ophtalmologiste.
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Le glaucome n’entraîne pas de maladies secondaires dans le reste de l’organisme puisqu’il s’agit d’une affection isolée, circonscrite à l’œil et au nerf optique. Il ne favorise pas la survenue d’autres pathologies ophtalmologiques comme par exemple une DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge) ou un décollement de rétine.
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18 • Les enfants peuvent-ils être atteints ? Le glaucome est essentiellement une maladie de l’adulte, mais les enfants peuvent néanmoins souffrir d’un glaucome congénital. Cette affection se traduit, souvent dès la naissance, par un œil un peu trop grand qui semble parfois mal voir. Un examen ophtalmologique comprenant une mesure de la pression oculaire est nécessaire. Il se fait sous anesthésie générale. D’autres anomalies oculaires sont parfois associées au glaucome, en particulier au niveau de la cornée. Dans la plupart des cas, il est indispensable de pratiquer une intervention chirurgicale le plus tôt possible. Il peut être nécessaire d’opérer un bébé dans les jours qui suivent sa naissance pour éviter une atteinte irréversible de l’œil.
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Les enfants atteints de glaucome devront ensuite être surveillés régulièrement pour dépister une éventuelle remontée de la pression oculaire. Dans certaines formes plus modérées de glaucome congénital, des collyres destinés à faire baisser la pression oculaire des enfants peuvent suffire.
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19 • Les adolescents peuvent-ils être atteints ? Le glaucome est une maladie très rare chez l’adolescent. Cependant il peut arriver que plusieurs membres d’une même famille soient atteints d’une forme particulière de glaucome dite « juvénile ». La maladie est en général malheureusement très sévère et exige une intervention chirurgicale dans la grande majorité des cas. Si des membres de votre famille sont atteints par cette forme juvénile de glaucome, vous devez impérativement faire vérifier vers l’âge de vingt ans votre pression oculaire. De tels cas surviennent plus souvent dans des familles originaires du nord de la France ou des Antilles. La rareté de ces cas et le fait que peu d’adolescents n’ayant pas de problème de lunettes consultent un ophtalmologiste expliquent que ces jeunes patients soient dépistés tardivement, à un stade évolué, avec déjà une atteinte importante du champ visuel.
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20 • Est-ce une maladie de courte durée ? Le glaucome à angle ouvert, le plus fréquent, est une maladie de longue durée. Il apparaît très progressivement et évolue tout au long de la vie. Il est néanmoins possible de stopper sa progression par un traitement bien conduit. D’autres formes de glaucome sont réversibles, le glaucome aigu en particulier. Une intervention par laser ou chirurgicale (voir les sections « traitements ») peuvent permettre de supprimer les risques de récidive. Le traitement par laser concerne généralement les deux yeux, même si un seul œil a été atteint.
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Les causes
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21 • À quoi est dû le glaucome ? Le glaucome est dû à une augmentation de la pression oculaire dans l’œil. Cette élévation de la pression est la conséquence d’une obstruction du filtre d’évacuation du liquide intraoculaire (ou humeur aqueuse). Ce filtre, appelé trabéculum, s’obstrue peu à peu chez certaines personnes et ne laisse plus correctement passer l’humeur aqueuse constamment produite à l’intérieur de l’œil. Très progressivement, cet excès de tension va déformer la papille optique, la région la plus fragile de l’œil par laquelle sort le nerf optique. La destruction progressive du nerf optique entraîne une atteinte du champ visuel puis, plus tardivement de l’acuité visuelle. Cette situation est la plus fréquente, mais il existe des formes différentes de glaucome, dont les causes peuvent être variables : accolement de l’iris devant le trabéculum (glaucome aigu), ou présence d’une membrane anormale et imperméable devant ce trabéculum (glaucome congénital). 66
3 2 1
4
1. trabeculum obstrué 2. accumulation 3. pression oculaire augmentée d’humeur aqueuse 4. nerf optique déformé
Coupe de l’œil glaucomateux 67
22 • Comment fonctionne normalement l’œil ? L’œil peut être comparé à un appareil photo. La lentille superficielle qui concentre la lumière est constituée par la cornée. Il existe en outre à l’intérieur de l’œil une loupe (ou une lentille) puissante, le cristallin, qui agit comme l’autofocus de l’appareil photo. Les rayons lumineux sont ainsi projetés avec netteté sur la rétine, dans la région postérieure de l’œil. La rétine est une extension
1. cornée 2. humeur aqueuse 3. pupille 4. cristallin 5. sclère 6. choroïde 7. rétine 8. papille optique 9. nerf optique
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du cerveau. C’est elle qui recueille les images pour les transmettre au cerveau par l’intermédiaire du nerf optique (voir question 24). Pour reprendre notre comparaison, la rétine serait la pellicule photographique sensible à la lumière. La partie antérieure de l’œil est baignée par un liquide, l’humeur aqueuse (voir question 23), la partie postérieure par un gel, le corps vitré.
5 6 7 12 3 4 corps vitré
8
9
Coupe de l’œil normal 69
23 • Qu’est-ce que l’humeur aqueuse ? L’humeur aqueuse est un liquide transparent qui baigne toute la partie antérieure de l’œil et qui nourrit à la fois le cristallin et la cornée. Elle est fabriquée au niveau des procès ciliaires (voir question 68), juste en arrière de l’iris, puis s’écoule vers l’avant. Elle passe par la pupille et s’évacue à travers un filtre naturel, le trabéculum, au niveau de l’angle constitué par l’iris et la cornée (angle iridocornéen). Lorsque l’évacuation de ce liquide est rendue difficile, la pression s’élève dans l’œil.
1. cornée 2. humeur aqueuse 3. iris 4. trabeculum 70
5. procès ciliaires 6. cristallin 7. membrane hyaloïde 8. corps vitré
1
2
3
6
7
8
4 5
Trajet de l’humeur aqueuse (signalé par les flèches) 71
24 • À quoi sert le nerf optique ? Le nerf optique réunit toutes les fibres optiques de l’œil et transmet l’information visuelle de l’œil au cerveau, en particulier à sa région postérieure où se trouve la zone de la reconnaissance visuelle. La naissance du nerf
disc
cup
il existe un creusement excessif (cup) par rapport à la taille du disque optique (disc)
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Nerf optique déformé par augmentation de la pression oculaire
optique se fait au niveau de la coque de l’œil (ou sclère). C’est une zone particulièrement fragile, car elle peut se déformer assez facilement. En effet, lorsque la pression oculaire s’élève, elle a tendance à être repoussée en arrière et à écraser les fibres qui passent à ce niveau. C’est la cause réelle du glaucome.
2
1
3 4 5
2
1. rétine 2. nerf optique 3. corps genouillé latéral 4. radiations optiques 5. cortex occipital Trajet des voies optiques 73
25 • Qu’est-ce que la pression oculaire et quelle est sa valeur normale ? La valeur moyenne de la pression oculaire dans la population est de 15 mm Hg (millimètres de mercure). Elle est plus faible chez les jeunes (autour de 10 mm Hg), et a tendance à s’élever chez les personnes âgées. Une pression oculaire supérieure à 21 mm Hg est anormale. Néanmoins, de nombreuses personnes dont la pression est légèrement supérieure à 21 mm Hg n’ont aucune maladie oculaire et n’ont besoin que d’une simple surveillance sans traitement. À l’opposé, il existe des patients dont la pression n’a jamais dépassé 21 mm Hg et qui présentent un glaucome, dit glaucome « à pression normale ». Lorsqu’un glaucome vrai avec atteinte du nerf optique ou du champ visuel est constaté, il est conseillé de faire baisser la pression oculaire plutôt en dessous de la moyenne.
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26 • La pression oculaire est-elle toujours identique (ou stable) dans le temps ? La pression oculaire varie en fonction de nombreux facteurs. Les méthodes de mesure peuvent la modifier. Si la personne qui vient consulter est stressée ou n’ouvre pas bien la paupière, la pression s’élève. Si elle vient de boire une ou deux tasses de café ou si sa cravate est trop serrée, sa pression oculaire augmente aussi. Au contraire, après une séance de sport ou l’ingestion d’alcool, la pression oculaire aura tendance à baisser. Au cours de la journée, la pression oculaire varie de façon cyclique. D’ordinaire, elle est plus élevée le matin et baisse dans la soirée. Chez les patients glaucomateux, ces variations sont encore plus importantes et parfois décalées. Enfin, il existe des cycles saisonniers. Selon les patients, la pression oculaire est plus importante en été ou en hiver.
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27 • Si ma pression oculaire est élevée, cela signifie-t-il que j’ai un glaucome ? L’excès de pression oculaire, en particulier si elle est supérieure à 21 mm Hg, est le principal facteur de risque de développement d’un glaucome. Néanmoins, comme le glaucome se définit par une atteinte du nerf optique et du champ visuel, une pression oculaire élevée n’est pas toujours synonyme de glaucome. Certains sujets peuvent d’ailleurs présenter une pression oculaire supérieure à 21 mm Hg pendant des dizaines d’années sans jamais développer la maladie. Une pression oculaire excessive n’est donc pas toujours associée à un glaucome. Si elle reste relativement peu élevée, votre ophtalmologiste peut vous proposer de surveiller régulièrement la pression sans vous traiter. Cette attitude est tout à fait légitime, en particulier si vous ne présentez pas d’autres facteurs de risque, comme des antécédents familiaux de glaucome.
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28 • Si ma pression oculaire est normale, n’ai-je donc aucun risque ? Le plus souvent, le glaucome survient lorsque la pression oculaire est élevée et dépasse 21 mm Hg. Cependant, dans certains cas, cette pression peut n’être importante qu’occasionnellement et avoir des valeurs normales lors de l’examen chez l’ophtalmologiste. L’excès de pression peut ainsi passer inaperçu. Il existe également une forme de glaucome qui n’est pas associée à une pression oculaire excessive. Il s’agit du glaucome dit « à pression normale ». La personne présente alors tous les signes du glaucome, sauf l’excès de pression. C’est souvent le cas de sujets, particulièrement sensibles à la pression oculaire, chez qui il est nécessaire de faire baisser ladite pression vers des valeurs particulièrement basses, en dessous de la moyenne. En l’absence de pression excessive, le diagnostic du glaucome se fait lors de l’examen ophtalmologique par l’analyse du fond d’œil.
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29 • Le glaucome peut-il être dû à une hypertension artérielle ? Non. La pression oculaire n’a rien à voir avec la pression artérielle. Elle est en fait dix fois plus faible. L’œil est un organe indépendant, et la pression qui règne dans les artères est distincte de celle qui existe dans l’œil. Cependant, il est fréquent que les patients atteints de glaucome aient aussi une hypertension artérielle, car la régulation de la pression oculaire a des points communs avec celle de la pression artérielle. Ainsi, un mauvais équilibre de la pression artérielle est parfois associé à un déséquilibre de la pression oculaire. Les traitements qui servent à faire baisser la pression artérielle, en dehors d’un effet minime, ne permettent pas de faire diminuer, de façon efficace, la pression oculaire. L’hypertension artérielle peut retentir sur l’œil en fragilisant les vaisseaux. C’est aussi le cas de la maladie inverse, l’hypotension artérielle.
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30 • Peut-il être la conséquence d’une autre maladie ou d’un accident ? Le glaucome correspond à une atteinte du nerf optique due à un excès de pression oculaire. Tous les évènements susceptibles d’entraîner une hausse importante de cette pression peuvent provoquer un glaucome. Par exemple, un traumatisme brutal de l’œil, une infection intraoculaire ou une inflammation de l’œil en sont parfois responsables. Une intervention chirurgicale oculaire avec complications (dans le cas, par exemple, d’une greffe de cornée, d’une chirurgie complexe de la rétine) peut aussi parfois entraîner cette maladie.
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31 • Est-il héréditaire ? Beaucoup de patients ayant un glaucome ont dans leur famille d’autres cas de cette maladie. Il peut s’agir d’un parent proche (père ou mère) ou plus éloigné (grands-parents, oncle, etc.). Il est donc certain que le glaucome est, au moins en partie, héréditaire. Par conséquent, il est particulièrement recommandé aux personnes ayant un parent glaucomateux de se faire suivre, surtout à partir de l’âge de 50 ans. Cependant, dans près de la moitié des cas, on ne retrouve pas de contexte familial de glaucome. Toutefois, il est possible que le glaucome ne soit pas constaté parce que les membres de la famille ne sont pas correctement suivis sur le plan ophtalmologique. Le fait que le glaucome ne survienne pas dans un contexte familial ne préjuge pas de sa gravité. Des tests génétiques sont en cours d’évaluation mais ils ne sont actuellement pas couramment utilisés pour dépister le glaucome.
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Les examens ophtalmologiques
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32 • Quels sont les examens à faire pour dépister et surveiller le glaucome ? À l’occasion de l’examen ophtalmologique, votre spécialiste doit réaliser une prise de la pression oculaire et un fond d’œil pour analyser le nerf optique (voir questions 33 et 34). Lorsque l’ophtalmologiste suspecte un glaucome, l’examen indispensable est la réalisation d’un champ visuel automatique. Il s’agit d’une exploration de la vision absolument indolore. Vous êtes placé(e) devant une machine qui projette des petits points lumineux sur une surface arrondie. À chaque fois que vous percevez ces spots lumineux, vous le confirmez en pressant un bouton. L’examen dure environ quinze minutes pour chaque œil. Il peut être fatigant, car il impose une concentration soutenue. Il est remboursé par l’Assurance maladie. L’examen du champ visuel le plus couramment demandé est en noir et blanc, mais parfois un examen du champ visuel plus approfondi en couleur (test bleu-jaune) est souhaitable. 84
Plus rarement, l’ophtalmologiste peut vous proposer une analyse détaillée du nerf optique avec des appareils spécifiques ou la prise de photos de ces nerfs optiques, ainsi qu’une mesure de l’épaisseur de votre cornée (pachymétrie).
périmètre automatique HFA II I © Karl Zeiss Meditec
S’il existe des doutes sur l’existence d’une maladie associée, différents bilans peuvent être demandés, tels un examen des vaisseaux du cou, un électrocardiogramme, voire, en cas de doute sur le diagnostic, une IRM ou un scanner de la tête.
Le périmètre permet de mesurer très précisément le champ visuel. 85
33 • Comment la pression oculaire est-elle mesurée ? La pression oculaire est très simplement mesurée par l’ophtalmologiste. Après l’instillation d’une goutte de collyre anesthésique, un appareil aplati est posé sur votre cornée et la pousse légèrement en arrière, jusqu’à la rendre plate au centre. La pression exercée pour aplatir la cornée correspond à la pression qui règne à l’intérieur de l’œil. Il n’est donc pas nécessaire de pénétrer dans l’œil pour mesurer sa pression. Cette mesure dite « à l’aplanation » peut se faire avec un tonomètre qui s’applique sur l’œil. Elle peut aussi être réalisée avec un appareil à jet d’air. Dans ce dernier cas, elle est si peu douloureuse qu’il n’est même pas nécessaire d’instiller un collyre anesthésiant. La prise de la pression oculaire fait partie de l’examen ophtalmologique de base, elle est donc très fréquemment réalisée.
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Mesure de la pression oculaire avec un tonomètre 87
34 • L’examen du fond d’œil est-il douloureux ou dangereux ? L’examen du fond d’œil n’est ni douloureux, ni dangereux. Il est indispensable pour évaluer l’état du nerf optique et du reste de la rétine. Il est systématiquement pratiqué par l’ophtalmologiste s’il soupçonne un problème à ce niveau. En général, le médecin instille une goutte d’un collyre destiné à dilater la pupille. Il réalise l’examen quelques minutes plus tard. Pour plus de précision, un petit cône peut être doucement apposé sur l’œil après anesthésie de la cornée avec un second collyre. Il permet d’examiner au mieux l’œil, et en particulier l’angle entre la cornée et l’iris. Il peut arriver que l’application de ce cône sur l’œil entraîne une petite sensation de malaise passager sans gravité. Si la pupille a été dilatée, il est déconseillé de conduire juste après l’examen, car la vision est souvent modifiée, avec une sensation d’éblouissement. Tout revient à la normale en quelques heures au maximum. 88
1
1 1
1 2 1
2 1
1. vaisseaux (artères et veines) de la rétine 2. papille
Le fond d’œil permet d’observer l’état de la rétine et du nerf optique. 89
35 • Quelles sont les atteintes du champ visuel ? Le champ visuel correspond à l’ensemble de la perception visuelle, de l’extrême périphérie jusqu’à la partie proche de la vision centrale. Le plus souvent, l’atteinte du champ visuel débute par une petite anomalie dans la
Champ visuel normal 90
région du nez. Puis ce déficit augmente et réalise une zone de vision mal vue ou même ignorée dans les zones supérieures ou inférieures du champ visuel. L’évolution se fait en général de la périphérie vers le centre de la vision. Lorsque le glaucome a vraiment évolué, il ne persiste qu’une vision centrale, ne permettant donc de voir que devant soi, et plus sur les côtés ou en bas.
Champ visuel déficitaire (certaines parties de l’image disparaissent) 91
36 • Qui réalise les examens ophtalmologiques ? L’examen de l’œil est bien sûr réalisé par votre ophtalmologiste, en particulier pour mesurer la vue, prendre la pression oculaire et analyser le nerf optique. L’examen du champ visuel peut être lui aussi fait par l’ophtalmologiste mais, en pratique, il est souvent réalisé par une orthoptiste. Les orthoptistes ont reçu une formation poussée concernant la façon de choisir et de vous proposer les examens de champ visuel. En pratique, donc, le suivi du glaucome se fait entre vous, votre ophtalmologiste et votre orthoptiste.
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Fond de l’œil permettant au spécialiste d’observer une atteinte des fibres optiques 93
37 • Dois-je faire d’autres examens en dehors de l’examen du champ visuel ? Dans la plupart des cas, il n’est pas nécessaire de réaliser d’autres examens que celui du champ visuel. Cependant, votre ophtalmologiste pourra vous proposer : – la réalisation de photographies de vos nerfs optiques ou des fibres optiques de la rétine, afin d’avoir un document objectif pour la surveillance à long terme ; – une analyse par des méthodes complexes de ces nerfs optiques (analyseurs informatiques de la tête du nerf optique type Heidelberg Retinal Tomograph (HRT), GdX, OCT) ; – une mesure de l’épaisseur de la cornée par pachymétrie. Exceptionnellement, d’autres examens peuvent être faits en cas de doute sur le diagnostic, en particulier des examens concernant le cerveau, comme un scanner ou une IRM.
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38 • Pourquoi dois-je parfois me faire mesurer l’épaisseur de la cornée ? La mesure de la pression oculaire est réalisée en appuyant légèrement sur la cornée avec un petit jet d’air ou avec un cône en plastique. Lorsque la cornée est aplatie, la pression exercée à l’extérieur de l’œil correspond à la pression dans l’œil. En réalité, si la cornée est très dure ou très épaisse, des erreurs peuvent apparaître et on aura tendance à surestimer la pression. Par exemple 25 mm Hg lors de la mesure de pression oculaire ne correspondra en fait dans l’œil qu’à 20 mm Hg si la cornée est très épaisse et à 30 mm Hg si la cornée est très mince. Ceci est la raison pour laquelle il est nécessaire de mesurer l’épaisseur de la cornée pour savoir si elle est fine, normale ou épaisse. L’examen prend quelques secondes et se fait en touchant légèrement l’œil avec une sonde d’échographie ou sans même entrer en contact avec lui par simple mesure optique. L’épaisseur de la cornée ne changeant pas dans la vie, il n’est nécessaire de réaliser cet examen qu’une seule fois pour toutes. 95
39 • A quoi servent les analyseurs de
la tête du nerf optique et des fibres optiques ?
L’atteinte du nerf optique s’observe d’abord par un simple fond d’œil réalisé par l’ophtalmologiste. Depuis longtemps, les médecins ont l’habitude de photographier leur examen du fond d’oeil, ce qui permet de comparer les résultats de l’examen avec le temps et donc de mieux apprécier l’évolution de la neuropathie optique glaucomateuse. Bien qu’elles soient utiles, les photographies du fond d’œil ne sont pas très précises car la qualité des images dépend des conditions d’éclairage du fond d’œil ainsi que de la position exacte de l’appareil photo par rapport à l’œil. Depuis quelques années, de nouveaux systèmes informatisés d’analyse de la tête du nerf optique ont été mis au point. Ils sont de plus en plus utilisés pour le dépistage et le suivi des patients glaucomateux. Ces ordinateurs sophistiqués, dont il existe plusieurs sortes (OCT, GdX et HRT), utilisent des ondes lumineuses qui sont projetées à la surface de la rétine et du nerf optique, ce qui permet d’analyser très 96
précisément les reliefs de la tête du nerf optique et des fibres optiques (préférentiellement touchés dans le glaucome). Les examens sont rapides, indolores et ne nécessitent généralement pas de dilatation pupillaire. Les analyseurs de la tête du nerf optique améliorent beaucoup le suivi des patients car les images peuvent être facilement comparées dans le temps. Cependant, ils ne remplacent pas encore l’examen clinique et surtout le jugement du médecin.
Creusement au centre du nerf optique, lié au glaucome Analyse automatisée de la tête du nerf optique par OCT
40 • Ai-je intérêt à prendre l’avis d’un deuxième médecin ? Il est toujours possible de consulter un autre ophtalmologiste pour confirmer le diagnostic de glaucome. Cependant, il ne faut pas que vous arrêtiez de vous-même le traitement éventuellement prescrit par le premier spécialiste. En effet, toute interruption du traitement sans autorisation médicale peut avoir des conséquences préjudiciables à l’évolution de votre glaucome.
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41 • Serais-je mieux soigné(e) à l’étranger ? La recherche y est-elle plus avancée ? Non, tous les médicaments disponibles, ou en expérimentation, à l’étranger le sont aussi en France. Toutes les chirurgies réalisées à l’étranger se pratiquent également en France. Les relations scientifiques entre les pays sont aussi très développées et plusieurs programmes de recherche sur le glaucome sont partagés par les ophtalmologistes d’Europe ou des États-Unis.
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Le traitement mĂŠdical
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42 • Pourquoi dois-je utiliser des collyres ? Les collyres antiglaucomateux diminuent la pression oculaire. Ils n’agissent pas tous de la même façon, mais ils ont tous pour rôle de maintenir une pression inférieure à celle qui est néfaste pour le nerf optique. Pour être suffisamment actifs, ces collyres doivent être administrés régulièrement, à un rythme variable selon les cas (entre une et trois instillations par jour).
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43 • Faut-il traiter tous les glaucomes ? Le risque de laisser un glaucome non traité est grand. L’atteinte du champ visuel est irréversible et, selon l’expression souvent employée, « ce qui est perdu, est perdu ». Le but principal du traitement est de contrôler la maladie, à défaut de la guérir définitivement, en abaissant la pression oculaire. Nous savons maintenant que la diminution de la pression oculaire est bénéfique pour tous les patients atteints de glaucome. Le niveau de pression à atteindre est différent selon les patients. Il n’y a pas de chiffre magique qui protège définitivement du glaucome. C’est à votre ophtalmologiste de le déterminer. Il le fait en tenant compte de votre niveau de pression, du stade de votre glaucome ou du degré d’atteinte de votre champ visuel.
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44 • Faut-il traiter une simple hypertonie oculaire ? Il ne faut certainement pas traiter systématiquement toute hypertonie oculaire. Si l’hypertonie oculaire favorise la survenue du glaucome, elle n’est pas obligatoirement synonyme de glaucome. Chez les personnes qui ont une simple hypertonie oculaire, la réduction de la pression permet d’éviter le passage vers un véritable glaucome. Habituellement, votre médecin vous propose un traitement si votre pression oculaire est très élevée, et s’il existe d’autres facteurs de risque du glaucome. Ces facteurs de risque sont principalement les antécédents familiaux de glaucome, la myopie, le diabète, l’hypotension artérielle (l’inverse de l’hypertension), et certaines maladies évocatrices de spasmes des vaisseaux (migraines).
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45 • Existe-t-il d’autres moyens de traiter le glaucome ? Non. Actuellement, la seule thérapeutique efficace sur le glaucome est celle qui diminue la pression oculaire. Le glaucome chronique survient souvent chez des patients qui présentent d’autres pathologies associées, en particulier circulatoires. L’hypotension artérielle, l’hypertension artérielle ou le diabète sont fréquemment observés chez les patients glaucomateux. La correction des anomalies de la tension artérielle et de l’équilibre du diabète doit être encouragée car cela participe à la bonne santé générale mais elle est sûrement insuffisante pour contrôler un glaucome. Enfin, aucune vitamine, aucun traitement homéopathique, ni la mélatonine, ni la DHEA, ni aucune manipulation de kinésithérapie n’a prouvé une quelconque efficacité contre le glaucome.
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46 • Quels sont les différents types de collyres existants ? Les liquides qui occupent l’œil, corps vitré et humeur aqueuse, lui confèrent une certaine tonicité. Dans les conditions normales, l’humeur aqueuse est constamment renouvelée et s’évacue principalement par les mailles d’un filtre appelé trabéculum. Une faible quantité de liquide peut sortir de l’œil sans emprunter le trabéculum en passant par la voie uvéosclérale. Pour abaisser la pression oculaire, il est possible d’utiliser des collyres qui réduisent la sécrétion de l’humeur aqueuse ou des collyres qui augmentent l’élimination de l’humeur aqueuse. Certains médicaments existent également sous forme de comprimés, qui agissent de façon identique à la forme locale. Ces comprimés sont moins utilisés que les collyres car ils sont moins bien tolérés. Au début, les collyres sont prescrits par un ophtalmologiste, mais il est possible que les ordonnances soient renouvelées par le médecin généraliste. 106
47 • Comment mettre un collyre ? Avant de mettre un collyre, il faut se laver soigneusement les mains. Après ouverture du flacon, les collyres risquent d’être contaminés par des microbes. Afin d’éviter une contamination bactérienne potentiellement grave, il est recommandé de ne pas toucher l’œil ou la paupière avec l’embout du flacon. Il est aussi important de bien respecter la durée maximale de conservation après ouverture indiquée sur le flacon. L’instillation d’une goutte de collyre nécessite de regarder vers le haut en tirant légèrement la paupière inférieure vers le bas, la tête un peu inclinée vers l’arrière. Il faut ensuite fermer l’œil pendant quelques secondes.
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48 • Tous les collyres sont-ils équivalents ? Non, les collyres sont jugés sur leur efficacité à abaisser la pression oculaire, sur leur tolérance et sur les effets secondaires qu’ils induisent. Les collyres sont à base de prostaglandine, de bêta-bloquant ou d’agonistes alpha-adrénergiques. Ils réduisent la pression oculaire d’environ 25 à 35 % selon les produits. Mais ces valeurs ne sont que des moyennes, et il est souvent nécessaire de vérifier la baisse de pression au bout de quelques semaines de traitement.
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49 • Puis-je me rendre compte si le traitement est efficace ? Non. La baisse de pression provoquée par un collyre ne s’accompagne généralement d’aucun signe particulier, pas plus que l’hypertonie oculaire. Cependant, si votre pression oculaire était initialement extrêmement élevée (au-delà de 30 mm Hg), et que vous ressentiez des maux de tête, des douleurs oculaires, que vous perceviez un brouillard visuel ou des halos colorés devant les lumières vives, vous constaterez peut-être une disparition de ces signes lorsque vous serez traité(e). Cette disparition indique que la pression oculaire est revenue à un niveau plus raisonnable.
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50 • Que se passe-t-il si j’oublie de prendre mon traitement ? Lorsqu’un collyre vous est prescrit, il est nécessaire que vous le preniez aussi souvent et aussi longtemps que vous le demande votre médecin. L’interruption du traitement peut être préjudiciable pour le devenir de votre glaucome. L’arrêt brutal d’un collyre, en particulier s’il contient un bêta-bloquant, peut avoir des conséquences importantes sur la santé générale, avec par exemple une accélération du pouls cardiaque. Si vous avez une à deux heures de retard, vous pouvez instiller le collyre malgré tout, le risque de surdosage n’existe pratiquement pas. Si le délai est plus important, il est conseillé de reprendre son traitement normalement, sans décaler l’heure de la prochaine instillation. Pour ne pas oublier votre traitement, et si les horaires d’instillation sont vraiment trop difficiles à respecter, essayez de les faire coïncider avec des actes de la vie quotidienne (ex : maquillage, rasage). 110
Il est essentiel de prendre votre collyre Ă heure fixe et de ne pas interrompre votre traitement. 111
51 • Est-il possible d’associer plusieurs collyres ? Oui, d’ailleurs, environ 40 % des patients glaucomateux sont traités par deux collyres ou plus. Le traitement d’un glaucome débute généralement par un seul collyre, mais le médecin peut vous proposer un second, voire un troisième collyre, s’il a le sentiment que la pression oculaire est trop forte, ou si l’atteinte du nerf optique ou du champ visuel évolue défavorablement. Il peut être judicieux d’associer deux collyres aux mécanismes complémentaires, l’un réduisant la production d’humeur aqueuse, l’autre augmentant son élimination. Mais le médecin peut faire un autre choix, afin de limiter les effets secondaires ou les contreindications des collyres.
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52 • En cas d’instillation de plusieurs collyres, faut-il respecter un ordre précis ? Non, il n’est pas nécessaire de respecter un ordre particulier, car chaque collyre agit indépendamment des autres. Cependant, il est recommandé d’instiller les collyres toujours dans le même ordre, pour éviter de mettre le même collyre deux fois. Enfin, respectez un intervalle de 15 minutes entre les applications de deux collyres car le second peut nuire à l’efficacité du premier, tout simplement en le diluant. Il peut être judicieux de numéroter les collyres au feutre marqueur ou de les étiqueter, surtout pour les personnes âgées ou distraites.
15' 113
53 • A quoi correspondent les collyres « deux en un » ? La plupart des patients atteints de glaucome sont traités par un seul collyre, administré une à deux fois par jour et à intervalles réguliers. Dans certaines circonstances, le médecin peut juger que deux médicaments sont nécessaires pour traiter le glaucome. Deux solutions sont possibles : soit, instiller les deux traitements séparément, soit instiller les deux traitements mélangés dans le flacon. Cette seconde solution est très pratique pour le patient car elle diminue le nombre total de gouttes à instiller tous les jours, et évite le risque de confusion entre deux flacons. Les combinaisons fixes, associant deux traitements différents dans le même flacon, connaissent un certain succès depuis quelques années car ils simplifient la vie des patients, sans modifier l’efficacité des médicaments. Lorsqu’un seul traitement est insuffisant, les collyres « deux en un » sont une solution simple et efficace pour traiter le glaucome. 114
54 • Dois-je conserver les collyres à une température particulière ? En général, non. La plupart des collyres doivent être conservés à une température ne dépassant pas 25 °C, et il est conseillé de garder son flacon dans son conditionnement extérieur (boîte) pour éviter l’exposition à la lumière. Certains collyres à base de prostaglandines doivent être stockés avant ouverture à une température comprise entre + 2 °C et + 8 °C (au réfrigérateur). Après ouverture, ce collyre peut être simplement conservé à une température inférieure à 25 °C. Dans tous les cas, n’hésitez pas à lire attentivement la notice d’utilisation du médicament.
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55 • Quels sont les signes qui doivent me faire penser que je tolère mal mon collyre ? Il faut suspecter une mauvaise tolérance à un collyre dans les cas suivants : – si vous ressentez une sensation de brûlure oculaire ou de picotement se prolongeant après l’instillation ; – si vos yeux deviennent rouges et douloureux ; – si vos paupières sont rouges et gonflées, et que vous avez l’impression d’avoir un corps étranger sous la paupière. L’intolérance aux collyres peut être immédiate, dès les premières instillations. Elle peut aussi survenir à la longue, après plusieurs mois de traitement. La tolérance d’un médicament, même administré sous une forme ophtalmique, ne se limite pas à la tolérance locale. Certains collyres peuvent s’accompagner d’effets secondaires généraux (nausées, difficultés respiratoires, fatigue) car le principe actif contenu dans le collyre passe dans la circulation générale. 116
56 • Que faire si mon œil devient rouge ou douloureux alors que j’utilise un collyre ? Si l’œil est rouge et douloureux, il est recommandé de consulter rapidement votre ophtalmologiste, car il peut s’agir d’une intolérance au collyre, d’une infection oculaire, voire d’une crise de glaucome aigu. Il peut alors être nécessaire que vous interrompiez votre traitement par collyre parce que vous le supportez mal. N’oubliez pas néanmoins que l’arrêt du traitement peut s’accompagner d’une augmentation dangereuse de la pression. Dans ce cas, le traitement est modifié et remplacé par un collyre mieux supporté et aussi efficace.
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57 • Les collyres peuvent-ils retentir sur ma santé générale ? Oui, cela est possible. Les collyres antiglaucomateux contiennent une quantité très faible de médicament. Néanmoins, leur diffusion dans le corps tout entier par voie sanguine peut entraîner des effets secondaires. Si vous ressentez une fatigue anormale, une difficulté respiratoire, une sécheresse de la bouche et du nez, ou tout autre signe anormal, n’hésitez pas à le signaler à votre médecin, car il peut s’agir d’une mauvaise tolérance au collyre. Chaque collyre présente des spécificités et un usage particulier. Il convient de bien respecter les précautions d’emploi mentionnées sur la notice pour garantir le maximum d’efficacité et de sécurité. N’hésitez pas à renseigner votre médecin sur vos antécédents médicaux et à demander conseil à votre pharmacien en cas de doute. Il est possible de diminuer le risque de passage du collyre dans le sang en fermant les yeux pendant quelques secondes après 118
l’instillation, ou en appuyant doucement à l’intérieur des paupières, près de la racine du nez. Ce geste permet d’empêcher le passage du collyre dans le nez (voir illustration).
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58 • Un collyre générique est-il aussi efficace ? Oui, un médicament générique est aussi efficace qu’un médicament original car il contient la même substance active. Le collyre générique est testé avant d’être mis sur le marché, au même titre que le collyre original. La composition du collyre générique peut en revanche différer pour ce qui concerne certaines substances dites auxiliaires : les excipients favorisent la pénétration du collyre dans l’œil ou facilitent sa fabrication. Ces différences n’ont pas de conséquences sur l’efficacité du collyre générique. Les collyres génériques sont pour l’instant assez peu développés en ophtalmologie. L’ophtalmologiste peut vous en prescrire en toute sécurité, sans qu’il n’y ait de risque d’inefficacité. Le pharmacien a aussi un « droit de substitution », c’est-à-dire qu’il peut vous donner un médicament générique à la place du médicament original, sauf si le médecin s’y oppose. 120
59 • Comment dois-je faire en cas de voyage à l’étranger ? À l’étranger, il vaut mieux apporter avec soi une quantité suffisante de traitement pour toute la durée du séjour. Certains collyres ne sont pas vendus hors de France, ou existent sous un autre nom ou à un autre dosage, ce qui peut être source d’erreurs. Emportez avec vous l’ordonnance du médecin, elle vous servira de justificatif à la douane et vous permettra éventuellement de vous ravitailler sur place. Le remboursement d’un traitement acheté à l’étranger est possible, mais il doit faire l’objet de démarches administratives auprès des organismes de l’Assurance maladie. Ces démarches doivent être entreprises si le séjour hors de France dure plusieurs mois.
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60 • Puis-je continuer à porter mes lentilles ? Les lentilles cornéennes, qu’elles soient dures ou souples, à port permanent ou journalier, connaissent une vogue de plus en plus grande auprès du public, car elles peuvent corriger toutes les anomalies de la réfraction. Chez certains patients myopes et atteints du glaucome, elles peuvent même améliorer la vision et le champ visuel. Pendant longtemps, le port des lentilles de contact a été déconseillé, en raison du risque d’intolérance aux lentilles en cas de glaucome. Certains collyres peuvent diminuer la sécrétion des larmes, et les excipients peuvent dégrader le matériau des lentilles. Les choses ont évolué, les lentilles sont mieux tolérées et le risque de les abîmer n’existe plus lorsqu’elles sont changées chaque jour. Les lentilles semi-rigides perméables à l’oxygène sont plus résistantes et ne sont pas dégradées par les collyres antiglaucomateux.
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61 • Puis-je prendre n’importe quel médicament malgré mon glaucome ? Non, il faut toujours être prudent. Tous les médicaments qui dilatent la pupille sont interdits chez les patients présentant un risque de glaucome aigu, parce que l’angle entre l’iris et la cornée se ferme quand la pupille se dilate. Cette fermeture entraîne une obstruction totale du trabéculum. La pression s’élève rapidement, provoquant un glaucome aigu. La liste des médicaments susceptibles d’entraîner un glaucome aigu est très longue. D’abord, tous les médicaments qui ont un effet sur le psychisme ou sur les fonctions du cerveau : antidépresseurs, anxiolytiques, antiparkinsoniens, décontracturants, amphétamines. Certains produits contre la toux, souvent prescrits pour une grippe, contiennent eux aussi des substances qui peuvent déclencher un glaucome aigu. Cette liste n’est pas exhaustive et il est recommandé de vérifier l’absence de risque en lisant attentivement la notice qui accompagne tout médicament. Votre médecin et votre pharmacien sont à votre écoute pour vous renseigner. 123
Par contre, en cas de glaucome chronique, il n’y a pas de médicaments interdits. Les seuls médicaments pouvant agir sur la pression oculaire sont ceux à base de cortisone. Cette dernière n’est pas véritablement contre-indiquée, et il est possible de l’utiliser si besoin est. Par contre, il faut savoir qu’elle peut déstabiliser le glaucome en augmentant la pression. La cortisone peut se présenter sous forme de comprimés mais aussi de pommades, de pulvérisateurs nasaux (utilisés dans les rhinites chroniques) ou de collyres. N’oubliez pas de signaler tous les médicaments que vous prenez car il saura s’ils contiennent de la cortisone.
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62 • Le traitement par collyre(s) doit-il être poursuivi à vie ? Il n’existe pas de moyens pour guérir définitivement du glaucome chronique, mais seulement des traitements destinés à limiter l’évolution de la maladie. Dans ces conditions, le traitement par collyre(s) est toujours nécessaire, même s’il peut être ajusté en fonction de l’évolution de la maladie. Le traitement par collyre(s) est souvent allégé, voire interrompu, après un laser ou une chirurgie pour glaucome, si la pression oculaire est suffisamment basse et si la maladie est mieux contrôlée.
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Le traitement par laser
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63 • À quoi sert le laser ? Le laser (littéralement Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation) est un faisceau de lumière très puissant qui peut découper ou brûler le tissu vivant sur lequel il est directement appliqué. L’œil est un organe qui convient bien au laser car il est composé de structures transparentes qui laissent facilement passer la lumière. Une opération au laser ne nécessite pas d’ouvrir l’œil, ce qui évite la survenue d’une infection ou d’une hémorragie oculaire importante. Le gaz qui permet l’amplification de l’énergie délivrée par la lumière définit le type de laser. Le laser argon et le laser Yag sont ainsi utilisés pour traiter plusieurs maladies oculaires dont le glaucome. Ces deux lasers ont des effets différents sur les tissus : le laser argon est utilisé pour brûler, le laser Yag pour sectionner. Très récemment, un nouveau laser, le laser SLT a été mis au point. Il permet d’être autant, voir plus efficace que le laser argon, mais ne présente pratiquement aucun danger. Il a donc remplacé le laser à argon. 128
64 • Est-il douloureux ? L’application du laser sur l’œil est généralement indolore. Elle ne laisse aucune cicatrice visible à l’œil nu. Le laser peut provoquer une hémorragie minime ou une inflammation oculaire modérée, qui dure quelques jours et peut rendre l’œil un peu rouge et sensible. Cette inflammation est toujours combattue par des collyres anti-inflammatoires prescrits avant le laser. La bonne tolérance au laser, la rapidité de la séance font que le laser est réalisé sous simple anesthésie locale avec des collyres anesthésiants, sans qu’une hospitalisation soit nécessaire.
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65 • Quel laser traite le glaucome aigu ? Le laser utilisé pour traiter le glaucome aigu est le laser Yag. Sa propriété principale est de pouvoir découper les tissus. Dans le glaucome aigu, l’iris bloque la circulation intraoculaire de l’humeur aqueuse, le liquide qui donne à l’œil sa tonicité. L’iris est le disque coloré de la partie antérieure de l’œil. Il est percé en son centre par la pupille, un orifice à diamètre variable qui permet le passage de la lumière jusqu’à la rétine. C’est ce tissu irien qui est la cible du laser dans le glaucome aigu. L’intervention au laser, appelée « iridotomie au laser », consiste à percer un petit trou dans l’iris pour libérer le passage de l’humeur aqueuse. Après avoir appliqué quelques gouttes de collyres anesthésiants sur l’œil du patient, le médecin réalise plusieurs impacts de laser sur l’iris, en
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Lampe à fente avec laser
utilisant une machine sophistiquée, une sorte de microscope, appelée lampe à fente, reliée à un générateur de faisceau laser. Le spécialiste demande au patient, assis devant la machine, de ne pas bouger l’œil durant la séance. L’immobilité est facilitée par l’utilisation d’un verre de contact posé sur l’œil. La séance de laser dure quelques minutes et ne nécessite pas d’hospitalisation. L’iridotomie au laser est généralement rapidement efficace, permettant de soigner le glaucome aigu en une seule séance. L’usage du laser a révolutionné le traitement du glaucome aigu. Auparavant, il était obligatoire d’opérer le patient pour réaliser le trou dans l’iris. Cette opération, qu’on appelle « iridectomie », est encore pratiquée, mais uniquement dans les cas où le laser n’est pas disponible ou si l’iris résiste au faisceau laser (en cas d’épaisseur importante de l’iris). Cela ne représente que 5 à 10% des patients ayant un glaucome aigu.
Orifice d’iridotomie
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66 • Quel laser traite le glaucome chronique ? Le laser qui traite le glaucome chronique est le SLT (Selective laser trabeculoplasty). Il a remplacé le laser à argon car il est aussi efficace que ce dernier en délivrant 100 fois moins de puissance dans l’œil et ne présente donc pratiquement aucun risque de complications. Dans le glaucome chronique, l’hypertonie oculaire est due à une anomalie du trabéculum, qui est le filtre où s’évacue l’humeur aqueuse. Avec le temps, ce trabéculum devient plus compact, moins perméable au passage de l’humeur aqueuse, ce qui fait augmenter la pression oculaire. Les impacts de laser (une centaine en tout, souvent délivrés en deux séances espacées de quelques semaines ou mois) sont appliqués directement sur le trabéculum, qui se contracte sous l’effet de la chaleur permettant d’ouvrir les voies d’écoulement. La contraction du trabéculum le rend plus perméable, ce qui a pour effet d’abaisser la pression oculaire. Les impacts du laser sont de petites tailles et sont invisibles à l’œil nu. L’anesthésie employée est 132
1. cornée 2. iris 3. trabéculum obstrué 4. trabéculum reperméabilisé 5. procès ciliaire 6. cristallin 7. faisceau laser
1
2
6
3 4 7
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Le laser reperméabilise le trabéculum 133
uniquement locale, avec instillation répétée de collyres anesthésiants. La méthode, appelée « trabéculoplastie au laser », est indolore, rapide, ne nécessite aucune hospitalisation et ne laisse aucune cicatrice visible. Le laser n’est pas actif dans tous les glaucomes et votre ophtalmologiste est le meilleur et seul juge pour savoir si cette technique vous convient. L’efficacité du laser se juge au bout d’un mois au-delà duquel il est possible d’alléger, voire même de supprimer, le traitement par collyre(s).
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67 • Le traitement par laser est-il définitif ? Les résultats de l’opération du glaucome aigu (iridotomie au laser) sont généralement définitifs, car l’orifice réalisé au travers de l’iris ne se rebouche pas spontanément. Par contre, les résultats de l’opération au laser du glaucome chronique ne sont parfois pas durables dans le temps. La pression oculaire remonte, et il est nécessaire de réintroduire ou de renforcer le traitement par collyre(s), voire d’envisager une chirurgie antiglaucomateuse (voir question 71). Il est également possible de recommencer les séances de « trabéculoplastie au laser », mais les résultats sur la pression oculaire sont moins constants.
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68 • À quoi sert le laser diode ? Le laser diode est un nouveau type de laser qui brûle les procès ciliaires. Les procès ciliaires sont un tissu glandulaire, situé derrière l’iris. Ils produisent l’humeur aqueuse, à l’origine de l’hypertonie oculaire. L’intervention est appelée « cyclodestruction au laser diode ». Le faisceau laser est ici délivré par une fibre optique directement appliquée sur l’œil. Contrairement aux autres procédures au laser, le patient doit être allongé, ce qui explique que le laser diode n’est utilisé qu’au bloc opératoire. La destruction des procès ciliaires peut être douloureuse car l’énergie utilisée est forte et nécessite une anesthésie de l’œil par injections périoculaires (autour de l’œil) de substances anesthésiques. Il est possible de répéter la « cyclodestruction au laser diode » si la pression oculaire n’est pas bien ajustée en une seule séance. Le laser diode ne convient pas pour soigner tous les glaucomes. La « cyclodestruction au laser diode » n’est pas le traitement 136
de choix du glaucome. Elle est réservée aux cas les plus difficiles, les plus résistants, ceux pour lesquels un traitement chirurgical plus conventionnel n’a pas été efficace. La plupart des patients qui bénéficient d’un traitement par laser diode ont souvent été opérés plusieurs fois par le passé. Les ophtalmologistes sont prudents avec cette technique car le laser diode peut affecter l’œil au point de le rendre mou et atrophique.
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Le traitement chirurgical
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69 • J’ai un glaucome chronique. Pourquoi le médecin me propose-t-il maintenant la chirurgie ? Votre ophtalmologiste vous propose maintenant une chirurgie du glaucome. C’est un moment important pour vous, car vous espériez que les collyres et le laser suffiraient à contrôler la maladie. La chirurgie du glaucome est parfois redoutée par certains patients, qui la considèrent comme plus délicate qu’une autre chirurgie de l’œil, comme celle de la cataracte. Le médecin peut vous proposer la chirurgie pour deux raisons. Dans le cas le plus fréquent, la pression oculaire n’est pas suffisamment abaissée par le traitement par collyre(s), même lorsque ceux-ci sont associés entre eux. La chirurgie peut aussi être une solution pour abaisser la pression à un niveau extrêmement bas ; de nombreuses études ont montré qu’elle était plus efficace que les médicaments pour cela. Il est parfois nécessaire d’opérer lorsque l’atteinte de la vision se poursuit alors que la pression semble stabilisée (valeur inférieure à 21 mm Hg). 140
La chirurgie peut aussi vous être proposée si vous ne supportez pas les collyres à cause d’une irritation ou d’une allergie ou si vous avez du mal à vous astreindre à un traitement quotidien par gouttes. Enfin, mais ceci est rare, la chirurgie peut s’imposer d’emblée si l’atteinte du champ de vision est grave ou si elle menace directement la vision centrale. Seul l’ophtalmologiste est qualifié pour estimer si la pression oculaire est trop élevée ; il fonde son opinion sur les différentes données de l’examen, en particulier l’état du nerf optique et du champ visuel.
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70 • La chirurgie est-elle plus efficace que les collyres ? Il y a quelques années, la réponse à cette question aurait été sûrement : oui. Les médicaments étaient moins efficaces, moins bien tolérés, nécessitant un nombre important d’administrations quotidiennes. Actuellement, la réponse doit être plus nuancée. De nouvelles familles de collyres très efficaces, comme les prostaglandines, sont maintenant commercialisées et largement prescrites. Les laboratoires pharmaceutiques ont créé des produits dont les excipients sont réduits ou même absents, ce qui améliore la tolérance des médicaments. Les collyres se sont perfectionnés. Ils existent souvent sous forme de gels ou d’émulsions qu’il faut appliquer sur l’œil (de la même façon qu’un collyre liquide), ce qui a pour effet de prolonger leur effet sur l’œil, le produit étant plus visqueux. Toutes ces avancées thérapeutiques ont progressivement réduit les indications chirurgicales. En France, le nombre de 142
patients opérés de glaucome est inférieur à 50 000 par an, soit dix fois moins que celui des opérés de cataracte. Cependant, plusieurs études ont montré que la chirurgie pouvait contrôler durablement la pression oculaire chez les patients atteints de glaucome chronique. Un des avantages de la chirurgie est également de stabiliser la pression oculaire toute la journée, en évitant les variations de pression qui peuvent endommager le nerf optique. Même si elle est très efficace, la chirurgie du glaucome ne peut en aucun cas prétendre améliorer l’acuité visuelle. Elle a pour unique objectif de réduire durablement la pression oculaire et de ralentir ainsi la perte visuelle liée au glaucome.
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71 • En quoi consiste l’opération du glaucome ? La chirurgie du glaucome consiste à enlever une petite portion du trabéculum, c’est-à-dire du filtre anatomique de l’humeur aqueuse. Cette intervention permet de dériver le liquide intraoculaire hors de l’œil, ce qui a pour effet immédiat d’abaisser le niveau de pression oculaire. L’acte opératoire, qui se déroule au cours d’une hospitalisation courte, est réalisé en utilisant des instruments miniatures et un microscope opératoire. Il existe actuellement deux techniques que les chirurgiens pratiquent indifféremment. La trabéculectomie est la technique la plus ancienne et la plus connue. Elle consiste à pratiquer l’ablation du trabéculum. L’œil est alors ouvert durant l’opération, puis refermé avec quelques petits points de suture lorsque le trabéculum a été enlevé. Après l’opération, il se crée une petite « soupape » dissimulée sous la paupière supérieure. Cette soupape a l’apparence d’une « grosseur », 144
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4
1. sclère 2. iris
3. trabéculum 4. conjonctive
Le chirurgien enlève une partie du trabéculum. 145
d’une bulle d’abord rouge puis blanche, que le patient peut parfois ressentir au toucher. L’existence d’une « bulle de filtration » est normale après une chirurgie du glaucome puisqu’elle correspond au réservoir du liquide qui a filtré hors de l’œil. L’autre technique, plus récente, s’appelle la sclérectomie. Il s’agit en fait d’une variante chirurgicale de la trabéculectomie, qui se pratique dans les mêmes conditions opératoires. La principale différence est que le trabéculum n’est enlevé que partiellement. L’œil n’est pas ouvert durant l’opération, ce qui facilite la récupération visuelle après la chirurgie. Une petite bulle de filtration se forme aussi sous la paupière, comme après la trabéculectomie. La sclérectomie est plus difficile à réaliser que la trabéculectomie car le trabéculum n’est que partiellement enlevé, et est extrêmement fin. C’est une chirurgie de pointe beaucoup plus sûre que la trabéculectomie. Cependant, dans certains cas, il peut être préférable de choisir la trabéculectomie, car elle est adaptée à tous les types de glaucome. 146
La chirurgie ne concerne toujours qu’un seul œil à la fois. Il est déconseillé d’opérer les deux yeux en même temps, principalement à cause du risque infectieux.
La trappe sclérale est refermée, puis suturée. 147
72 • L’opération est-elle douloureuse ou hémorragique ? La chirurgie du glaucome est généralement bien supportée. Elle peut parfois entraîner une gêne oculaire qui dure généralement moins d’un mois et se traduit le plus souvent par un larmoiement excessif, une crainte de la lumière vive et, de façon exceptionnelle, une véritable douleur oculaire. Cette gêne oculaire est liée à l’inflammation oculaire causée par les manipulations chirurgicales. De toute façon, des soins locaux, sous forme de collyres ou pommades anti-inflammatoires, sont systématiquement prescrits après la chirurgie. La durée du traitement anti-inflammatoire est variable mais n’excède généralement pas un mois. Il est toujours nécessaire de prévenir son chirurgien si la douleur n’a pas tendance à s’estomper ou si elle revêt un caractère soutenu. La hantise de tout chirurgien est le risque d’infection, et il faut savoir que la douleur oculaire est généralement le premier
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signe de l’infection oculaire. Ce risque est extrêmement minime, voire exceptionnel, mais il peut compromettre à jamais la vision du patient lorsqu’il se concrétise. La survenue d’hémorragies oculaires est possible au cours de la chirurgie. Les hémorragies sont généralement minimes et se résorbent en quelques jours. Elles sont souvent localisées à la conjonctive, c’est-à-dire au pourtour de l’œil. L’envahissement de l’intérieur de l’œil par du sang est un phénomène exceptionnel, mais grave. Toutefois, il n’y a jamais d’hémorragie oculaire suffisante pour provoquer une anémie ou nécessitant une transfusion sanguine.
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73 • L’opération peut-elle se dérouler sous anesthésie locale ? La plupart des interventions chirurgicales oculaires se déroulent maintenant sous anesthésie locale. L’œil est insensibilisé par des injections périoculaires faites par le chirurgien lui-même ou le médecin anesthésiste. C’est l’anesthésie locorégionale. Ce mode d’anesthésie peut être remplacé par la simple instillation répétée de collyres anesthésiants, mais votre coopération doit alors être parfaite car l’œil n’est pas immobilisé durant l’opération. C’est l’anesthésie topique. Enfin, l’anesthésie générale est possible, en particulier si la chirurgie vous angoisse beaucoup ou si vous êtes incapable de rester tranquillement allongé sur une table d’opération. Il est important que vous fassiez part de votre souhait au chirurgien et au médecin anesthésiste. Ils sont les mieux qualifiés pour vous conseiller sur le choix des modes d’anesthésie.
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74 • Devrai-je rester longtemps à l’hôpital pour l’opération ? La durée d’hospitalisation est relativement courte, n’excédant habituellement pas deux à trois jours. Une fois l’intervention réalisée, des collyres anti-inflammatoires, parfois associés à des collyres antibiotiques, sont instillés dans l’œil opéré selon une fréquence variable (généralement trois à quatre fois par jour). Ce traitement est poursuivi après l’intervention pendant environ un mois. Après votre sortie de l’hôpital ou de la clinique, vous devez consulter régulièrement votre chirurgien, pour surveiller d’éventuels problèmes postopératoires ou plus simplement pour évaluer le résultat de la chirurgie. Les techniques de chirurgie oculaire sont de plus en plus précises et donc peu traumatisantes. Pour cette raison, il est encore possible de diminuer la durée d’hospitalisation. Beaucoup de patients bénéficient maintenant de la chirurgie ambulatoire. L’hospitalisation est limitée au strict 151
minimum, la personne qui doit se faire opérer entre à l’hôpital ou à la clinique une heure avant la chirurgie et n’y reste que quelques heures. Évidemment, en cas de complication ou de fatigue excessive, il est possible de la garder à l’hôpital ou à la clinique sous surveillance médicale. La chirurgie ambulatoire ne dispense pas des consultations postopératoires. La conduite automobile, ainsi que la pratique d’une activité sportive, sont déconseillées pendant le mois qui suit l’opération. Un choc sur l’œil durant cette période pourrait avoir des conséquences graves sur la vision. Les activités professionnelles doivent également être réduites pendant une durée déterminée par le médecin. N’hésitez surtout pas à lui poser toutes les questions qui vous viennent à l’esprit. Notez-les, si vous avez peur d’en oublier lors de la consultation.
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75 • Dois-je changer mes lunettes après la chirurgie ? Non, ce n’est pas nécessaire dans la très grande majorité des cas. Les lunettes ne font que focaliser les rayons lumineux au centre de la rétine afin de donner une image nette. Le glaucome est une maladie du nerf
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optique, perturbant le fonctionnement de la rétine. Changer les lunettes ne sert donc pas à grand-chose si la rétine fonctionne mal. Dans certains cas, la chirurgie peut modifier pendant quelques semaines la puissance nécessaire des lunettes. Il ne sert à rien de changer les verres de lunettes uniquement pour cette courte période. Lorsque la chirurgie du glaucome est combinée à celle de la cataracte, la puissance des lunettes est automatiquement changée par rapport à l’état antérieur, essentiellement du fait de la chirurgie sur le cristallin (voir question 79). En effet, la lentille intraoculaire corrige une partie de l’anomalie de la réfraction. Dans ces cas, des essais de lunettes adaptées à votre vue sont réalisés deux à trois semaines après cette « chirurgie combinée » cataracteglaucome. La décision de réaliser une chirurgie combinée cataracte-glaucome ou une chirurgie dissociée (en deux fois) est prise par le chirurgien en fonction de votre état oculaire.
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76 • Y a-t-il un risque à se faire opérer du glaucome ? La chirurgie du glaucome n’est pas une chirurgie risquée et les ophtalmologistes sont très expérimentés en ce domaine. La grande majorité des opérations se déroule sans problème, avec un bon résultat sur la pression oculaire. La chirurgie permet habituellement un arrêt partiel ou complet du traitement par collyres. Cependant, il serait faux d’affirmer que la chirurgie du glaucome est absolument sans risque. Un certain degré d’irritation oculaire peut accompagner la cicatrisation postopératoire, mais la gêne entraînée n’excède généralement pas un mois. Le patient peut aussi être gêné par la bulle de filtration si la quantité de liquide s’évacuant de l’œil est excessive. Ces phénomènes sont mineurs et ne doivent pas être vécus comme des échecs de la chirurgie. Les complications sévères de la chirurgie sont rares mais peuvent nécessiter une réintervention. Comme dans toute chirurgie, le 155
risque le plus redouté est l’infection oculaire, ou l’hémorragie grave qui, si elles sont exceptionnelles, peuvent aboutir à une perte importante et irrémédiable de la vision. Si, après l’intervention, votre œil est rouge, douloureux, avec une baisse importante de la vision, il y a lieu de consulter en urgence afin de rechercher ces deux complications (infection ou hémorragie).
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77 • Les résultats de l’opération sont-ils définitifs ? Les résultats de la chirurgie peuvent se juger au bout d’un mois, après la fin des phénomènes de cicatrisation. Dans les cas les plus fréquents, la pression oculaire est abaissée de façon satisfaisante, ce qui permet d’alléger ou d’interrompre le traitement par collyres. Une chirurgie réussie ne dispense pas d’un suivi par le médecin, qui doit continuer à vérifier toutes les données de l’examen : pression, mais aussi nerf optique et champ visuel. Le rythme de surveillance est fonction du niveau de pression intraoculaire atteint après la chirurgie et également de l’atteinte du nerf optique et de la fonction visuelle. Un examen complet tous les six mois peut être suffisant pour la surveillance. Avec le temps, il n’est pas rare que l’efficacité de la chirurgie diminue et que la pression oculaire remonte progressivement. En effet, le glaucome est une maladie évolutive et la pression oculaire peut continuer à augmenter spontanément. D’autre part, la 157
bulle de filtration qui a permis l’évacuation de l’humeur aqueuse a parfois tendance à devenir plus petite avec le temps, estompant les effets de la chirurgie sur la pression oculaire. L’augmentation de la pression risque d’abîmer le nerf optique ; il est alors nécessaire de reprendre un traitement par collyres. En général, ce traitement est plus léger que celui suivi avant l’opération. Cela montre que la chirurgie reste efficace, mais est devenue insuffisante.
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78 • Est-il parfois nécessaire de se faire réopérer ? Si les collyres deviennent à leur tour insuffisants, il est possible d’opérer une seconde fois, voire une troisième fois, éventuellement en utilisant des techniques plus complexes. De nombreux chirurgiens utilisent alors des produits puissants qu’ils appliquent directement sur l’œil pendant l’opération pour mieux contrôler la cicatrisation. Ces produits sont appelés « antimétabolites » car ils empêchent la fermeture de la soupape que le chirurgien a confectionnée. Ces antimétabolites sont souvent utilisés en simple application locale sur l’œil durant l’opération ou en injection périoculaire après l’intervention.
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79 • Si j’ai une cataracte associée à mon glaucome, est-il possible de me faire opérer pour les deux maladies en même temps ? Liée au vieillissement (et parfois à d’autres causes : traumatismes, inflammation oculaire, diabète, etc.), la cataracte est due à une opacification progressive du cristallin. Le cristallin est la lentille de forte puissance présente au milieu de l’œil. Son rôle est de centrer les images sur la rétine afin que la
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En cas de cataracte, le cristallin opacifié gêne le passage de la lumière vers la rétine.
vision soit nette, en particulier de près. Lorsque la cataracte devient très évoluée, elle gêne la vision de loin et de près au point de devenir invalidante. L’opération de la cataracte est l’acte chirurgical le plus fréquemment réalisé. En France, plus de 400 000 interventions de cataracte sont pratiquées chaque année. La cataracte peut survenir chez une personne qui a déjà un glaucome, en particulier si elle est âgée. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’âge de survenue d’une cataracte
L’ablation du cristallin, puis son remplacement par un implant rétablit le passage de la lumière.
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n’est pas très différent de l’âge de survenue du glaucome. Il est alors tentant de proposer une seule chirurgie qui traite à la fois les deux maladies. L’opération est un peu plus longue et plus délicate. Néanmoins, grâce aux progrès de la chirurgie, elle peut facilement se faire sous anesthésie locale. La durée d’hospitalisation n’est pas plus importante et il est même possible de l’envisager en « chirurgie ambulatoire » (avec une durée d’hospitalisation inférieure à 24 heures). Le premier avantage de la chirurgie cataracte-glaucome, appelée chirurgie combinée, est l’amélioration de la vision, car le cristallin opaque est remplacé par un cristallin artificiel transparent (en matière synthétique). L’autre avantage de la chirurgie combinée est de contrôler la pression oculaire et donc de stabiliser le glaucome. Votre ophtalmologiste est le mieux qualifié pour savoir si vous avez aussi une cataracte et si, dans votre cas particulier, il vaut mieux opérer la cataracte et le glaucome en même temps ou le faire séparément. 162
80 • Puis-je bénéficier de la chirurgie réfractive malgré mon glaucome ? Oui. Le fait d’avoir un glaucome n’empêche pas de bénéficier de la chirurgie de la myopie. Cependant, la modification de l’épaisseur de la cornée liée à cette chirurgie est responsable d’une modification artificielle de la pression oculaire. Celle-ci sera souvent faussement plus basse. Il faudra donc en tenir compte pour la surveillance de votre glaucome.
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81 • À quel âge un enfant atteint de glaucome doit-il se faire opérer ? L’enfant qui souffre d’un glaucome est généralement atteint de glaucome congénital. C’est une maladie rare due à une malformation du trabéculum, qui devient imperméable et empêche l’humeur aqueuse de s’évacuer librement hors de l’œil. Ceci a pour conséquence l’augmentation du volume de l’œil sous l’effet de la pression. Cette affection entraîne une compression rapide du nerf optique. Le glaucome congénital est une urgence, qui doit être prise en charge rapidement afin d’éviter le risque de séquelles visuelles, voire de cécité dans les cas extrêmes. Chez le nourrisson atteint d’un glaucome congénital, il faut opérer le plus rapidement possible. Cette intervention délicate est souvent pratiquée dans des centres spécialisés habitués à prendre en charge les enfants. L’œil de l’enfant est immature et ses tissus oculaires sont plus fragiles. Il est toujours nécessaire d’endormir les enfants pour la chirurgie, car ils ne peuvent pas rester sans bouger sur la table d’opération. Les yeux sont généralement opérés à quelques 164
jours d’intervalle, sauf s’il existe des problèmes de santé associés, concernant en particulier le cœur et les poumons. Comme chez l’adulte, la chirurgie se déroule dans un bloc opératoire stérile, à l’aide d’un microscope opératoire. La chirurgie du glaucome congénital est souvent difficile, et le chirurgien est parfois obligé d’opérer plusieurs fois le même œil pour abaisser suffisamment la pression oculaire. De toute façon, des examens réguliers sont nécessaires pour vérifier l’état des yeux après la chirurgie, le plus souvent sous anesthésie générale chez le petit enfant tous les trois à six mois. En dehors du glaucome congénital qui ne concerne que les enfants de moins d’un an, il existe aussi des glaucomes affectant les enfants plus âgés et les adolescents. Ces glaucomes juvéniles sont aussi sérieux, et doivent habituellement être opérés lorsque la pression oculaire devient trop forte ou que le glaucome évolue défavorablement. La chirurgie du glaucome de l’adolescent n’est pas très différente de celle pratiquée chez l’adulte.
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La vie quotidienne
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82 • Mes enfants doivent-ils consulter ? Le glaucome atteint le plus souvent les personnes à partir de l’âge de cinquante ans. Il est rare que des personnes plus jeunes en soient affectées. Néanmoins, il est souhaitable, si vous avez un glaucome, de demander au reste de la famille et en particulier à vos enfants de faire un bilan ophtalmologique. Ceci peut permettre dans certains cas de détecter de façon très précoce cette maladie, ou simplement de mesurer la pression oculaire afin de savoir si celle-ci est normale ou déjà un peu élevée. Un bilan ophtalmologique pratiqué annuellement sur l’entourage n’est pas nécessaire, mais il est souhaitable d’avoir au moins un examen permettant de servir de base de comparaison pour l’avenir. Le caractère partiellement héréditaire du glaucome fait qu’il est plus fréquent de rencontrer un glaucome au sein d’une famille dont un membre a déjà un glaucome que dans la population générale.
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83 • À quelle fréquence dois-je consulter ? En général, un glaucome stable nécessite un examen ophtalmologique tous les six mois, avec une mesure du champ visuel. En cas de simple hypertonie oculaire isolée sans glaucome vrai, un examen annuel est suffisant. Lorsque le glaucome est grave ou d’évolution rapide, un examen tous les trois mois peut être recommandé. Lorsque le traitement par collyre vient d’être institué ou modifié, il est souhaitable d’en vérifier l’efficacité et la tolérance au bout d’un mois. Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
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84 • Y a-t-il des aliments, des compléments alimentaires ou des vitamines à conseiller pour empêcher l’aggravation du glaucome ? Non, l’impact des régimes alimentaires sur le déclenchement ou sur l’aggravation d’un glaucome n’a jamais été prouvé. Tout ce qu’il est possible de dire, c’est que les vitamines ou oligo-éléments contribuent à la santé générale en stimulant les défenses naturelles de l’organisme, en particulier contre le vieillissement. Ces complexes vitaminiques peuvent vous être prescrits, mais uniquement pour des raisons théoriques. Ils ne sont pas remboursés par l’Assurance maladie. Ni la mélatonine ni la DHEA n’ont fait la preuve de leur efficacité contre le glaucome.
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85 • Le tabac, l’alcool ou d’autres produits de consommation ont-ils une influence sur le glaucome ? Oui, le tabac comme le café ont tendance à faire monter la pression oculaire, mais de façon très provisoire. À l’opposé, l’alcool ou le cannabis la font baisser. Ces deux derniers produits font en outre baisser la pression artérielle et ne sont donc pas favorables à un bon équilibre du glaucome. L’alimentation, en général, n’a pas d’effet mesurable sur la pression oculaire. Il est donc conseillé de manger des repas équilibrés, en évitant de boire trop de café (une quantité raisonnable est tout à fait admise). Le sport est généralement favorable car il fait légèrement baisser la pression oculaire (voir questions 87 et 88). Certains déconseillent cependant des sports entraînant une augmentation du sang dans la partie supérieure du corps, comme le yoga avec la tête en bas, qui pourrait faire monter la pression oculaire.
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86 • La télévision ou le travail sur ordinateur peuvent-ils entraîner ou aggraver mon glaucome ? Non. La lecture des sous-titres à la télévision ou des lignes d’écriture sur un ordinateur peut être difficile lorsque la vue est altérée par le glaucome ou par une autre maladie oculaire. Ces situations de travail ou de loisir mettent en évidence des difficultés qui ne se verraient pas dans la vie quotidienne. Les yeux se fatiguent vite et il peut être pénible de se concentrer longtemps sur ces tâches. Cependant, en aucun cas, la télévision ou l’ordinateur n’abîment réellement la vision. Un simple repos suffit le plus souvent à restaurer une meilleure vue. De façon générale, ce qui fatigue l’œil est l’excès de lumière, par exemple le fait de regarder directement le soleil ou une source lumineuse violente comme un halogène.
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87 • La plongée et l’alpinisme sont-ils à déconseiller ? La plongée soumet l’organisme à de grandes variations de pression. Lorsqu’il descend en profondeur, le plongeur se doit d’équilibrer les pressions, ce qui le met théoriquement à l’abri d’une hyperpression sur l’œil. Cependant, le plaquage du masque, qui peut survenir chez les plongeurs non expérimentés, peut modifier la pression autour de l’œil et entraîner des hémorragies superficielles. Toute situation de risque de glaucome par fermeture de l’angle doit être préalablement traitée par le laser ou la chirurgie avant la pratique de la plongée sous-marine. Il n’y a pas de contre-indication à faire de l’alpinisme.
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88 • Puis-je faire du sport malgré mon glaucome ? Bien sûr. Le sport est même conseillé car il a tendance à faire baisser la pression oculaire. Tous les sports sont possibles. En phase postopératoire, il faut éviter un contact de l’œil avec l’eau de piscine et de mer, pendant un mois environ.
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89 • Puis-je conduire malgré mon glaucome ? Oui, le plus souvent. Ce n’est que lorsque le glaucome est très évolué, que le champ visuel est très diminué, que la conduite automobile est difficile. Heureusement, peu de patients arrivent à ce stade. Si cela est le cas et que vous éprouvez des difficultés à descendre les escaliers ou à reconnaître les panneaux dans la rue, si vous voyez mal sur les côtés, cela signifie que votre handicap est réel : la conduite automobile est alors déconseillée car dangereuse pour vous comme pour les autres. Les personnes atteintes d’une maladie oculaire peuvent être soumises à un examen médical spécialisé afin de vérifier leur aptitude à la conduite. Rappelez-vous enfin que l’examen pratiqué par votre ophtalmologiste nécessite de dilater les pupilles. Votre vision sera floue pendant quelques heures. N’oubliez pas de vous faire accompagner pour la consultation ou prenez les transports en commun.
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90 • Le glaucome fait-il de moi un invalide ? Non, bien sûr, car le handicap visuel que provoquait le glaucome dans les cas extrêmes est aujourd’hui devenu exceptionnel. Autrefois, cette maladie était souvent synonyme de cécité et les opérations chirurgicales étaient très risquées. Maintenant, le glaucome est une maladie chronique qui se soigne bien, grâce aux collyres, au laser ou aux nouvelles techniques de chirurgie. Le dépistage s’est amélioré, les glaucomes sont détectés plus rapidement et mieux traités.
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91 • Le glaucome est-il considéré comme une affection de longue durée (ALD) par l’Assurance maladie ? Non, le glaucome n’est pas inscrit dans la liste des trente affections de longue durée donnant droit à un remboursement des soins à 100 %. Les soins peuvent être complètement pris en charge d’une façon individuelle au titre de la 31e maladie, c’est-à-dire si votre glaucome est considéré comme une « affection grave et invalidante ». Le dossier médical sera alors examiné par l’organisme de sécurité sociale dont vous dépendez. Une carte d’invalidité peut aussi être demandée auprès de la MDPH.
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92 • Dois-je envisager un reclassement professionnel à cause de mon glaucome ? Non, cela n’est pas nécessaire dans la majorité des cas. Cependant, il est utile de demander conseil au médecin du travail qui consulte dans votre entreprise, en particulier si des gestes de précision vous sont demandés, ou si votre attention visuelle doit être soutenue pendant longtemps. Le médecin du travail pourra vous conseiller sur les possibilités de reclassement professionnel sur votre lieu de travail, ou envisager des aménagements de votre poste de travail. Si vous l’autorisez, il peut prendre contact avec votre ophtalmologiste afin de mieux évaluer votre handicap visuel et la nature des traitements que vous suivez.
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93 • Puis-je faire de la rééducation visuelle pour améliorer ma vue ? En général, la rééducation n’est pas utile. Cependant, elle peut aider à utiliser au mieux la vision restante, en particulier dans les formes de glaucome très avancées. Le nerf optique fonctionne tout seul, naturellement. S’il est lésé par le glaucome, le faire travailler ne change pas grand-chose. De même, les aides visuelles (loupes, systèmes télescopiques, caméras de télévision) ne sont pas d’un grand secours. Dans le glaucome, le champ de vision est surtout perturbé par des zones mal vues ou même ignorées du patient. Il est aisé de comprendre qu’agrandir ces zones avec un système grossissant ne change pas vraiment le problème visuel.
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vidéoagrandisseur Merlin Flex © ETeX
L’utilisation d’un vidéoagrandisseur aide à la lecture dans certains cas. 183
Nouveaux traitements
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94 • Est-il important pour moi de participer à des études cliniques ? Important pour vous, peut-être, intéressant pour tous, oui. Les progrès de la recherche médicale ne peuvent se faire que si les médicaments sont testés et évalués avant leur commercialisation. De grands programmes de recherche sur le glaucome sont entrepris par les organismes publics et les laboratoires pharmaceutiques privés. Si votre médecin vous propose de participer à une étude clinique, c’est probablement pour expérimenter un nouveau médicament. L’enjeu d’un essai clinique est de vous soigner, et évidemment de vérifier l’efficacité et la tolérance de ce nouveau médicament chez un nombre important de patients. L’étude clinique nécessite de vérifier que vous avez bien un glaucome, que vous suivez à la lettre les recommandations du médecin et que vous vous déplacez si nécessaire pour les consultations prévues dans le protocole. Après l’essai clinique, votre médecin pourra vous dire si le médicament a été efficace chez vous. 186
De toute façon, votre participation à une étude clinique est toujours volontaire, subordonnée à la signature d’un formulaire de « consentement éclairé », obligatoire en France depuis quelques années. Le médecin comprendra bien vos éventuelles réticences à participer à un essai, même si son enjeu est important.
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95 • Une greffe de rétine peut-elle me servir ? Non. Rappelons que le glaucome est une maladie du nerf optique, et il ne servirait à rien de changer la rétine, qui n’est pas atteinte. Par contre, des greffes de nerf optique pourraient théoriquement être un bon moyen de supprimer le glaucome. Actuellement, il n’y a pas d’essai abouti chez l’homme, car les obstacles à ces greffes d’organes sont nombreux et la vision est un phénomène complexe.
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96 • Existe-t-il des tests génétiques pour dépister le glaucome ? Des tests génétiques ont été mis au point pour certains types de glaucomes, en particulier pour ceux survenant tôt dans la vie (glaucome congénital et glaucome juvénile). Ces tests génétiques, peu diffusés en pratique, sont évidemment utiles car ils permettent de traiter plus tôt la maladie dans les familles concernées. Aujourd’hui, il n’existe pas de tests génétiques pour les autres types de glaucome, en particulier pour le glaucome chronique, le plus fréquent en France. Il est probable que la situation évoluera dans les prochaines années, ce qui permettrait d’améliorer son dépistage à un stade débutant.
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97 • Quels sont les axes de recherche actuels ? Il est possible de définir deux axes prometteurs de recherche, concernant les deux caractéristiques du glaucome : pression oculaire et nerf optique. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques continuent à mettre au point des médicaments qui abaissent fortement la pression oculaire. La perspective de protéger directement le nerf optique contre le glaucome est aussi envi-
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1. papille 2. nerf optique
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Deux axes prometteurs de la recherche : diminuer la pression oculaire
sagée. Les scientifiques supposent que l’apport de médicaments protecteurs puissants au nerf optique pourrait lui permettre de mieux résister à l’hypertonie oculaire. Il a été montré que les effets du glaucome sur le nerf optique pouvaient être bloqués par des substances particulières. À terme, une régénération du nerf optique serait même possible ! Il faut néanmoins tempérer l’enthousiasme pour cette stratégie car, pour l’instant, aucune expérimentation humaine n’a été concluante.
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et protéger le nerf optique
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MĂŠmo
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Les bons réflexes Alerte, prévention et dépistage Signes d’alerte du glaucome chronique : – aucun signe perceptible, le plus souvent ; – quelques douleurs, rares ; – troubles de la vue ou maladresses répétées, si l’atteinte est déjà très avancée. Signes d’alerte du glaucome aigu : – violentes douleurs oculaires (le plus souvent sur un œil) ; – vision floue avec halos autour des lumières ; – dureté de l’œil au toucher ; – nausées et vomissements ; – perte définitive de la vue pouvant survenir en quelques heures ; Consulter rapidement un spécialiste. 194
Préparez votre consultation Soyez vigilant(e) : consultez votre médecin ophtalmologiste. – premier contrôle de la pression oculaire et du fond d’œil par votre ophtalmologiste vers 45 ans ; – contrôle avant 45 ans, si vous avez des membres de votre famille déjà atteints ;
Les bons réflexes
– contrôle tous les 2 ans environ après la première visite.
Plus d’informations sur le site www.zemedical.com/glaucome
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Les adresses Société française du glaucome (ex Comité de Lutte contre le glaucome) Hôpital des Quinze-Vingts 28, rue de Charenton 75012 Paris Association reconnue d’utilité publique créée en 1979. La Société française du glaucome coordonne différentes actions comme la sensibilisation du public et des patients ainsi que des professionnels de la vue, la formation continue des ophtalmologistes, l’aide à la recherche clinique et fondamentale. Association France Glaucome (AFG) Fondation Hôpital Saint-Joseph 185, rue Raymond Losserand 75674 Paris Cedex 14 afglaucome@wanadoo.fr Organisation regroupant les malades atteints de glaucome afin de les informer, leur porter assistance et les aider à surmonter la maladie et à défendre leurs intérêts. Elle a également 196
pour mission de favoriser le diagnostic précoce du glaucome par l’information des professionnels médicaux et paramédicaux. Enfin, l’AFG sensibilise les pouvoirs publics et encourage la recherche thérapeutique.
Société française d’ophtalmologie (SFO) Maison de l’ophtalmologie 17, Villa d’Alésia 75014 Paris Tél. 01 44 12 60 50 – Fax 01 44 12 23 00 Société savante francophone internationale, réunissant les ophtalmologistes, qui a pour but l’étude de toutes questions ayant trait à l’appareil visuel et aux maladies des yeux.
Plus d’informations sur le site www.zemedical.com/glaucome
Les adresses
Organisation pour la prévention de la cécité (OPC) Maison de l’ophtalmologie 17, villa d’Alésia 75014 Paris Tél. 01 44 12 41 90 – Fax 01 44 12 23 01 opc@opc.asso.fr Association d’utilité publique dont le but est la prévention de la cécité et des maladies qui la provoquent.
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Les sites www.leglaucome.fr Le site de la Société française du glaucome http://monsite.wanadoo.fr/france-glaucome Le site de l’Association France Glaucome (AFG) www.eyesite.ca/francais/index.htm Le site de la Société canadienne d’ophtalmologie www.bassevision.net Le site de la basse vision www.opc.asso.fr Le site de l’Organisation pour la prévention de la cécité (OPC) www.sfo.asso.fr Le site de la Société française d’ophtalmologie (SFO)
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www.snof.org Le site du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) www.mieuxvoir.fr Le site du journal Mieux voir www.aao.org Le site officiel de l’Académie américaine d’ophtalmologie (Aao) www.inrs.fr Le site de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) donne de nombreuses informations concernant le travail sur écran.
Les sites
www.handicap.gouv.fr Le site du Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité. Vous y trouverez une brochure Loi handicap du 11 février 2005 à télécharger ainsi que de nombreuses informations utiles.
Plus d’informations sur le site www.zemedical.com/glaucome
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Le kiosque Glaucome Pr Joseph Flammer, Éd. Hans Huber Glaucomes savoir utile Pr Alain Bron, Medi-Text Mieux voir Journal d’informations générales écrit en gros caractères Tél. 04 79 33 31 75 – info@mieuxvoir.fr Pharmacologie de la pression intra-oculaire Pr Philippe Denis, Éd. Studio 1 Ouvrage spécialisé sur les médicaments du glaucome Périmétrie automatique Pr Jean-Philippe Nordmann, Éd. B & L, Montpellier 2001 Ouvrage spécialisé sur la mesure automatisée du champ visuel Les glaucomes Pr Alain Bechetoille, Éd. Japperenard Le livre le plus complet sur le glaucome qui s’adressse aux ophtalmologistes 200
Cataracte, guide à l’usage des patients et de leur entourage Pr Christophe Baudouin et Dr Didier Félix, Éditions médicales Bash Agressions oculaires, guide à l’usage des patients et de leur entourage Pr Christophe Baudouin, Dr Florence Malet et Catherine Creuzot-Garcher, Éditions médicales Bash DMLA, guide à l’usage des patients et de leur entourage Dr Salomon-Yves Cohen et Dr Thomas Desmettre, Éditions médicales Bash
Chirurgie réfractive, guide à l’usage des patients et de leur entourage Dr Catherine Albou-Galem et Dr Jean-Jacques Saragoussi, Éditions médicales Bash
Plus d’informations sur le site www.zemedical.com/glaucome
Le kiosque
Presbytie, guide à l’usage des patients et de leur entourage Dr Catherine Albou-Galem, Dr Florence Malet, Dr Philippe Morizet, Dr Jean-Jacques Saragoussi et Anne-Françoise Vidaman, Éditions médicales Bash
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En savoir plus Conduite automobile et glaucome La réglementation française en matière de contrôle de la vue des conducteurs est généralement moins stricte que celle de la plupart des pays européens. La maladie glaucomateuse peut retentir sur la vision périphérique. Or, une bonne vision périphérique est synonyme d’une conduite en sécurité : situation de dépassement d’un autre véhicule, gestion des ronds-points, gestion des priorités à droite, manœuvres… Pour tester cette vision périphérique, un examen de champ visuel binoculaire doit être pratiqué. Ce champ visuel n’est pas le même que celui qui est pratiqué régulièrement par votre ophtalmologiste pour surveiller votre glaucome. 202
La réglementation française a été modifiée en 2005. Pour les permis A et B (voiture légère), le critère actuel est un champ visuel binoculaire dépassant les 120° sur le méridien horizontal et 60° sur le méridien vertical.
Groupe 1 : Léger (catégories A, B et E(B)) « Incompatibilité si le champ visuel binoculaire horizontal est inférieur à 120° (60° à droite et à gauche de l’axe visuel) ou champ visuel vertical inférieur à 60° (30° au-dessus et au-dessous de l’axe visuel). Incompatibilité de toute atteinte notable du champ visuel du bon œil si l’acuité d’un des deux yeux est nulle ou inférieure à 1/10. Avis spécialisé. »
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Conduite automobile et glaucome
Le texte exact de l’Arrêté du 21 décembre 2005 est le suivant :
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Test de dépistage : avez-vous une vision sur le côté suffisante pour conduire ? En pratique : vous pouvez tester vousmême votre vision latérale (champ visuel binoculaire). Regardez droit devant vous un petit objet très éloigné (d’au minimum cinq mètres). Tendez vos deux bras droit devant vous, poings fermés et les deux pouces en l’air. Vos deux bras sont parallèles (1). Tout en regardant fixement le petit objet éloigné, sans bouger ni votre corps, ni votre tête, ni vos yeux, écartez lentement vos deux bras, toujours tendus, en même temps vers les côtés (2). À aucun moment les pouces doivent disparaître de votre vision latérale, sauf lorsqu’ils arrivent très loin sur le côté, c’est-à-dire lorsque vos deux bras sont approximativement dans le prolongement l’un de l’autre (3). Si à un moment donné, vous perdez la vision simultanément de vos deux pouces, 204
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Conduite automobile et glaucome
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vous avez probablement perdu une partie de votre vision périphérique. Une consultation auprès de votre ophtalmologiste en précisant le problème de l’aptitude à la conduite est indispensable. En tout état de cause pour ne pas être responsable d’un accident de la circulation et risquer la vie d’autrui (ou la vôtre), il faut impérativement suivre les conseils de votre ophtalmologiste. D’après un texte aimablement fourni par le Dr Xavier Zanlonghi
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Glossaire Acuité visuelle : capacité de voir nettement les images, avec ou sans lunettes. Elle se mesure en dixièmes de millimètres. Une acuité visuelle de 10/10es permet de distinguer un insecte à 6 mètres. Certains patients ont une acuité visuelle supérieure à 10/10es pouvant aller jusqu’à 12/10es. Amblyopie : diminution de l’acuité visuelle ; les images parvenant au cerveau sont de mauvaise qualité. Ce trouble peut provenir d’une maladie oculaire ou d’un défaut visuel n’ayant pas été détecté dans l’enfance. Une fois installée, l’amblyopie est difficile à traiter. Anesthésie locorégionale : mode d’anesthésie intéressant uniquement l’œil, l’orbite et les paupières. Ce mode d’anesthésie laisse le patient éveillé durant une opération, même s’il ne sent pas les gestes opératoires.
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Conduite automobile et glaucome
Accommodation : variation spontanée du rayon de courbure du cristallin suivant la distance à laquelle les objets sont observés, permettant de focaliser l’image sur la rétine, quelle que soit sa distance par rapport à l’œil.
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Anesthésie topique : anesthésie effectuée par instillation répétée de collyres, sans intervention d’injections par piqûres. Le patient est éveillé, peut bouger les yeux, mais ne sent pas les gestes opératoires. L’anesthésie topique peut être complétée, au besoin, par l’administration d’un médicament « décontractant » (anxiolytique). Antimétabolites : produits utilisés pour la chirurgie des glaucomes difficiles, ou plusieurs fois opérés. Comme son nom l’indique, les antimétabolites gênent le métabolisme des cellules et s’opposent donc aux phénomènes de cicatrisation qui peuvent boucher la filtration de l’humeur aqueuse faite lors de la chirurgie du glaucome. Astigmatisme : anomalie due à une irrégularité de la courbure de l’œil donnant une vision déformée des images. Cataracte : maladie du cristallin entraînant son opacification. Les causes de l’opacification du cristallin sont multiples (traumatisme oculaire, diabète, inflammation oculaire prolongée…), mais la cause la plus fréquente de la cataracte est l’âge. Cécité : perte de la vision. Elle peut toucher un œil ou deux. La cécité n’est pas toujours totale, le patient peut garder une perception très limitée des images. 208
Champ visuel : espace de vision d’un œil immobile lorsque le patient regarde devant lui. Le champ visuel des yeux est généralement mesuré séparemment (champ visuel monoculaire). Collyre : médicament liquide préparé pour être appliqué sur l’œil. Conjonctive : tissu recouvrant la périphérie de l’œil et l’intérieur des paupières. Cornée : coupole transparente recouvrant la partie antérieure et centrale de l’œil. La cornée sert de support aux lentilles de contact.
Cristallin : lentille optique située derrière l’iris, de forme convexe et chargée de focaliser les rayons lumineux sur la rétine.
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Glossaire
Corps vitré : liquide transparent et gélatineux remplissant les 2/3 de l’œil, situé en arrière du cristallin et en contact avec la rétine. Le corps vitré est capable d’amortir les chocs sur l’œil.
209
Décollement de rétine : séparation entre la rétine et la paroi du globe oculaire. La rétine n’étant plus adhérente, elle perd sa capacité à percevoir la lumière, ce qui explique que le patient perçoit alors une amputation de son champ visuel, avant de ressentir une baisse de l’acuité visuelle. Le décollement de la rétine est une urgence chirurgicale, nécessitant une prise en charge immédiate en milieu spécialisé. DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge) : destruction progressive de la macula, qui est le centre anatomique de la vision. Elle est composée d’un type particulier de photorécepteurs appelés cônes. La macula sert à la vision centrale et fine, permettant de distinguer les contours d’une image. La DMLA survient chez des patients âgés de plus de 60 ans généralement. Excipient : produit ajouté dans une préparation pharmaceutique pour la rendre compatible avec son utilisation en médecine. Dans les collyres, les excipients ont pour rôle de prolonger l’efficacité du médicament, tout en améliorant sa tolérance. Fibre optique : nom donné aux cellules visuelles qui composent le nerf optique. Ce dernier contient environ un million de fibres optiques qui transportent la lumière au cerveau. 210
Fond d’œil : examen de la partie postérieure de l’œil permettant d’examiner la rétine et le nerf optique. Il se pratique généralement après dilatation de la pupille par instillation répétée de collyres appelés mydriatiques. HRT ou GDX : techniques récentes d’examen permettant d’obtenir des photographies sophistiquées du nerf optique et des fibres visuelles. Ces appareils sont une aide au diagnostic de glaucome, et sont également utilisés dans le suivi des glaucomes. Humeur aqueuse : liquide transparent chargé, avec le corps vitré, de maintenir la forme et la pression des yeux.
Hypertonie oculaire : augmentation de la pression oculaire. Elle se définit par une pression supérieure à 21 mm de mercure. Iridotomie : petit trou réalisé dans l’iris, permettant de traiter ou d’empêcher la survenue d’un glaucome aigu. Dans certains cas, l’iridotomie se révèle insuffisante ou inefficace pour traiter le glaucome aigu. Plus d’informations sur le site www.zemedical.com/glaucome
Glossaire
Hypermétropie : anomalie de la vision faisant que l’image se forme derrière la rétine et non sur elle. L’hypermétropie est le contraire de la myopie. Le sujet hypermétrope voit en général mieux de loin que de près.
211
Iris : voile très fin mais opaque, responsable du diamètre de la pupille et donnant la couleur aux yeux. Lampe à fente : appareil d’examen oculaire se composant d’une fente lumineuse et d’un miroir, permettant d’examiner la plupart des structures de l’œil. Laser : source lumineuse possédant des propriétés particulières qui le distinguent des sources habituelles de lumière. Le laser est un faisceau de lumière concentré. Lorsqu’il est dirigé sur une partie d’un tissu du corps humain, il est absorbé par ce tissu, produisant l’évaporation de la zone. Les rayons laser servent donc à couper ou cautériser les tissus sans endommager les tissus sains environnants. Laser argon, diode, Yag : gaz ou cristal utilisé à l’intérieur du laser pour générer le faisceau lumineux qui en sort. L’effet du laser (section, cautérisation) dépend en partie du type de gaz ou cristal employé. Lentilles de contact : petites coupoles calculées en fonction de la puissance des yeux de chaque porteur. On les pose directement sur la cornée. Les lentilles de contact peuvent corriger tous les défauts visuels (myopie, astigmatisme, hypermétropie). MDPH : Maison départementale des personnes handicapées.
212
Myopie : anomalie de la vision entraînant la formation de l’image en avant de la rétine. La myopie est le contraire de l’hypermétropie. Le sujet myope voit en général mieux de près que de loin. Nerf optique : nerf qui relie la rétine de chaque œil au cerveau auquel il transmet les images grâce à la propagation d’influx nerveux. OCT (Optical coherence tomography) : Tomographie en cohérence optique. Ophtalmologiste : médecin spécialiste des maladies des yeux et de la chirurgie oculaire. (synonyme : oculiste).
Pachymétrie : mesure de l’épaisseur d’un tissu. La pachymétrie cornéenne est la mesure de l’épaisseur de la cornée. Papille optique : extrémité antérieure du nerf optique, pouvant s’examiner directement par un fond d’œil. L’importance de l’atteinte de la papille optique conditionne généralement la gravité du glaucome. Plus d’informations sur le site www.zemedical.com/glaucome
Glossaire
Orthoptiste : spécialiste de la rééducation de l’œil (strabisme, amblyopie). Les champs visuels sont souvent recueillis par les orthoptistes.
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Périmètre : appareil permettant de mesurer l’étendue du champ visuel perçu par l’œil. Pupille : orifice central de l’iris se comportant comme un diaphragme d’appareil photo. Son diamètre varie en fonction de la luminosité ambiante. Presbytie : anomalie de la vision due au vieillissement du cristallin qui s’épaissit. En devenant moins souple, le cristallin accommode plus difficilement et le patient voit de moins en moins bien de près. La presbytie débute souvent à l’âge de 45 ans. Le défaut visuel du presbyte peut être corrigé par des lunettes portées en vision de près (souvent, verres en demi-lunes ou verres progressifs). Pression oculaire : pression qui règne à l’intérieur de l’œil. La pression oculaire normale avoisine 15 à 16 mm de mercure. Il est recommandé de faire mesurer régulièrement la pression de ses yeux, en particulier après 40 ans, pour dépister le glaucome. Procès ciliaires : glandes situées derrière l’iris et chargées de sécréter l’humeur aqueuse. On compte environ 70 à 80 procès ciliaires dans chaque œil. Réfraction : mesure en dioptrie de la puissance optique d’un œil. 214
Rétine : fine membrane tapissant le fond de l’œil, ayant un rôle essentiel dans la perception des lumières, des détails, des formes, des contrastes et des mouvements. Les cellules sensibles à la lumière de la rétine sont les photorécepteurs. Les cellules de la rétine sont reliées à celles du nerf optique pour transmettre l’information visuelle au cerveau. Sclère : enveloppe externe composant la paroi externe de l’œil, souvent appelée « blanc de l’œil ». Sclérectomie : technique chirurgicale utilisée pour traiter le glaucome chronique. Elle permet une meilleure évacuation de l’humeur aqueuse en dehors de l’œil, et donc une diminution de la pression oculaire.
Tonomètre : appareil de mesure de la pression oculaire. Il existe deux principaux types de tonomètres : tonomètre de Goldmann, le plus classique, nécessitant un contact direct avec l’œil et les tonomètres à jets d’air (ou noncontact).
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Glossaire
Scotome : amputation du champ visuel. Dans le glaucome, les scotomes sont des zones moins bien vues ou même ignorées par le patient.
215
Tonus oculaire : synonyme de pression oculaire. Trabéculectomie : technique chirurgicale utilisée pour traiter le glaucome chronique. Elle permet une meilleure évacuation de l’humeur aqueuse en dehors de l’œil, et donc une diminution de la pression oculaire. Trabéculoplastie : technique de laser, utilisée pour réduire la pression oculaire dans le glaucome chronique. Elle consiste à appliquer des impacts de laser directement sur le trabéculum pour faciliter l’évacuation de l’humeur aqueuse hors de l’œil. Trabéculum : voie principale d’évacuation de l’humeur aqueuse. Le trabéculum a la forme d’un petit vaisseau poreux. Il est situé au fond de la zone entre la cornée et l’iris. Dans le glaucome chronique, l’hypertonie oculaire est due à une diminution de l’écoulement de l’humeur aqueuse dans le trabéculum. Voie uvéosclérale : voie secondaire (ou accessoire) d’évacuation de l’humeur aqueuse. Une quantité faible (mais non négligeable) de ce liquide a la capacité de s’éliminer hors de l’œil en traversant directement l’iris (uvée antérieure) et la sclère, d’où le nom de voie uvéosclérale. 216
Accident .......................................... 16, 79, 206 Acuité visuelle ............... 15, 46, 51, 54, 66, 143, ............................................................ 207, 210 Adolescent............................................. 62, 165 Alcool .............................................. 21, 75, 171 Anesthésiants ...................... 129, 130, 134, 150 Anesthésie - locale................................................. 207, 208 - générale ............................................ 207, 208 Angle - fermé ................ 34, 36, 37, 40, 42, 43, 45, 48 - irido-cornéen ............................................... 36 - ouvert........................ 7, 34, 36, 37, 40, 44, 63 Anti-inflammatoires ..................... 129, 148, 151 Atteinte ........ 34, 35, 36, 39, 40, 44, 46, 49, 54, ............. 59, 62, 66, 74, 76, 79, 90, 93, 96, 103, ............ 112, 140, 141, 157, 188, 194, 203, 213 Baisse de pression ................................ 108, 109 Bulle de filtration ......................... 146, 155, 158 Café....................................................... 75, 171 Cataracte ............ 21, 43, 47, 54, 140, 143, 154, ............................................ 160, 161, 162, 208 Cataracte-glaucome............................. 154, 162 Plus d’informations sur le site www.zemedical.com/glaucome
Glossaire - Index
Index
217
Cécité ..................... 6, 7, 9, 13, 46, 47, 55, 164, ............................................ 178, 197, 198, 208 Champ visuel ........ 6, 17, 30, 34, 35, 38, 44, 46, ............... 51, 54, 62, 66, 74, 76, 84, 85, 90, 91, ............... 92, 94, 103, 112, 122, 141, 157, 169, ................... 176, 200, 202, 203, 204, 209, 210, ............................................................ 214, 215 Chirurgie - ambulatoire ............................... 151, 152, 162 - combinée .......................................... 154, 162 - réfractive ................................................... 163 Cicatrisation......................... 155, 157, 159, 208 Collyre ............ 18, 19, 20, 34, 57, 60, 102, 106, ................... 107, 108, 112, 113, 114, 115, 116, ................... 118, 120, 121, 122, 124, 129, 130, ................... 134, 140, 141, 142, 148, 150, 151, ............ 155, 157, 158, 159, 178, 208, 210, 211 - anesthésiants ..................... 129, 130, 134, 150 Conduire ............................. 9, 22, 88, 176, 204 Conduite automobile ............ 23, 202, 203, 205, .................................................................... 207 Consentement éclairé .................................. 187 Cornée ......... 17, 36, 59, 68, 70, 79, 85, 86, 88, ....................... 94, 95, 123, 133, 163, 209, 212, ............................................................ 213, 216 Corps vitré ....................... 69, 70, 106, 209, 211
218
Cristallin ......... 68, 70, 133, 154, 160, 162, 160, .................................... 161, 207, 208, 209, 214 Déficit visuel .................................................. 40 Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge ... 47, 58, .................................................................... 210 Dépistage ............... 6, 23, 25, 47, 96, 178, 189, ............................................................ 194, 204 Dépister ................. 17, 23, 60, 80, 84, 189, 214 DHEA................................................... 105, 170 Diabète ................................ 104, 105, 160, 208 Douleurs ...................... 38, 39, 40, 48, 109, 194 Douloureux ................... 15, 17, 19, 48, 88, 116, .................................................... 117, 129, 156
Faisceau laser............................... 131, 133, 136 Fatigue .......................... 57, 116, 118, 152, 172 Filtre d’évacuation.................................... 36, 66 Flou ............................................................... 42 Floue ............................................. 48, 176, 194 Fonction visuelle .................................... 12, 157 Fond d’œil ....... 17, 77, 84, 88, 89, 96, 195, 213
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Index
Effets secondaires ................ 108, 112, 116, 118 Enfants ................ 15, 21, 59, 60, 164, 165, 168 Excipients............................. 120, 122, 142, 210
219
Glaucome - à angle fermé ...................... 34, 36, 42, 43, 45 - à angle ouvert ........... 7, 34, 36, 37, 40, 44, 63 - aigu .................. 15, 19, 34, 38, 39, 40, 42, 43, ......................... 48, 63, 66, 117, 123, 130, 131, .................................................... 135, 194, 211 - chronique ........... 20, 34, 38, 52, 55, 105, 124, ................... 125, 132, 135, 140, 143, 189, 194, ............................................................ 215, 216 - dit « à pression normale »............................. 77 - dit « pigmentaire » ....................................... 52 - juvénile ...................................................... 189 - vrai ................................................ 45, 74, 169 Halo lumineux ............................................... 42 Halos colorés ......................................... 39, 109 Handicap ................................. 9, 176, 178, 180 Hémorragie.......................... 128, 129, 149, 156 Hospitalisation ..... 129, 131, 134, 144, 151, 162 Humeur aqueuse ............ 52, 66, 67, 68, 69, 70, ........................... 106, 112, 130, 132, 136, 144, ...................... 158, 164, 71, 208, 214, 215, 216 .......................................................................... Hypermétropie ................. 43, 50, 211, 212, 213 Hypertension artérielle ..................... 16, 78, 105 Hypertonie oculaire ..... 104, 109, 132, 136, 169, ............................................................ 191, 216 Hypotension artérielle .................... 78, 104, 105 220
Infection .......... 56, 79, 117, 128, 148, 149, 156 Inflammation ......................... 79, 129, 148, 160 Intervention ................ 59, 62, 63, 79, 130, 136, ............................ 144, 151, 156, 159, 164, 208 Intolérance................................... 116, 117, 122 Iridotomie au laser ....................... 130, 131, 135 Iris .................. 216, 36, 45, 52, 66, 70, 88, 123, ..................... 130, 131, 135, 136, 133, 145, 70, ............................................ 209, 214, 211, 216 IRM.......................................................... 85, 94 Lampe à fente ............................................. 131 Laser - argon ........................................................ 128 - diode ........................................... 20, 136, 137 - Yag .................................................... 128, 130 Lentilles ................................. 19, 122, 209, 212 Lunettes........................ 12, 15, 20, 50, 62, 153, .................................................... 154, 207, 214
Nausées ......................................... 42, 116, 194
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Index
Maux de tête ................................... 48, 57, 109 MDPH .......................................................... 179 Mélatonine .......................................... 105, 170 Myopie ............ 50, 52, 104, 163, 211, 212, 213
221
Nerf optique ......... 7, 16, 17, 34, 35, 36, 38, 44, ......... 50, 52, 58, 66, 67, 68, 69, 72, 73, 74, 76, ............. 79, 84, 85, 88, 89, 92, 94, 96, 97, 102, ........... 112, 141, 143, 153, 157, 158, 164, 182, .................... 188, 190, 191, 210, 211, 213, 215 Opérer ...... 20, 21, 59, 131, 140, 147, 152, 155, .................................... 159, 160, 162, 164, 165 Ordinateur ............................................. 22, 172 Œil - dur .............................................................. 48 - glaucomateux .............................................. 67 - rouge .................................................... 39, 40 Pachymétrie ..................................... 85, 94, 213 Paupière 75, 107, 116, 119, 144, 146, 207, 209 Personnes âgées .................................... 74, 113 Presbytie ................................................ 50, 214 Pression - artérielle .............................................. 78, 171 - normale ................................................. 74, 77 - oculaire ...... 16, 17, 34, 36, 38, 45, 48, 49, 55, ... 57, 59, 60, 62, 66, 67, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 84, 86, 87, 92, 95, 102, 103, 104, 105, .. 106, 108, 109, 112, 124, 125, 132, 135, 136, .. 140, 141, 143, 155, 157, 158, 162, 163, 165, ... 168, 171, 174, 190, 195, 211, 214, 215, 216 Procès ciliaires ................................ 70, 136, 214 Prostaglandines............................................ 142 222
Pupille........ 68, 70, 88, 123, 130, 176, 211, 212 Réfraction ............................................ 122, 154 Rétine ..... 22, 44, 50, 58, 68, 69, 73, 79, 88, 89, ............... 94, 96, 130, 153, 154, 160, 188, 207, .................................... 209, 210, 211, 213, 215 Scanner ................................................... 85, 94 Sport ....................................... 22, 75, 171, 174 Stress ............................................................. 43 Surveillance................ 12, 74, 94, 152, 157, 163 Surveiller ............................ 17, 76, 84, 151, 203 Télévision................................. 22, 50, 172, 182 Tests génétiques............................... 23, 80, 189 Tolérance 108, 116, 118, 129, 142, 169, 186, 210 Tonomètre ....................................... 86, 87, 215 Trabéculectomie ................................... 144, 146 Trabéculoplastie au laser ...................... 134, 135 Trabéculum ..................... 66, 70, 106, 123, 132, ............................ 133, 144, 145, 146, 164, 216 Traumatisme oculaire ............................. 49, 208
Vieillissement ............................... 160, 170, 214 Vitamine ........................................ 21, 105, 170 Voies d’évacuation ......................................... 52 Plus d’informations sur le site www.zemedical.com/glaucome
Index
Urgence..................... 39, 42, 48, 156, 164, 210
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