Le carnet jaune

Paroles Suivantes

Le Carnet Jaune octobre 2011

janvier 2012

Le Carnet Jaune

michel lombardo

Clair Charpentier

Le Carnet Jaune

Des paroles jaunes

Je lève mon verre

souffle d’amertume.

et jamais tenues.

dans une langue boiteuse :

aux promesses éclatantes

Un matin plus frais

En aurai-je un jour

a traversé le volet

assez de cette peau lâche !

Le soir se répand,

Les souvenirs flous :

d’une plaie du ciel.

un frisson me prend.

Je lève mon verre

Étoile filante ?

à jamais en moi.

dont je ne suis pas.

de ma souvenance.

tache de sang noir coulant

aux souvenirs pétillants

Rêverie du ciel.

dans le crépuscule calme

Non ! Seulement un départ

1

Le Carnet Jaune

Dans le ciel blafard,

Je traine mon âme

ont pitié de moi.

comme un vieux soldat.

la lune et Vénus, ma sœur,

après l’amère défaite

J’ai brûlé mes yeux

En haut du jardin,

à la regarder, sans joie,

assis sur la pierre froide,

J’aurais tout donné,

L’ordre règne hélas ;

pour un bout de ciel.

scellées à jamais.

J’ai usé mes yeux

J’ai cru déchiffrer

l’ombre seule reste.

en croisant ses yeux.

transpercer mon cœur.

mon enfance, mes chimères,

sur les lames du soleil ;

le cœur en écharpe.

toutes les briques du mur

l’énigme de la pénombre

2

Le Carnet Jaune

Le regard fixé

Par-dessus la nappe

je revoie ses mains.

le verre brisé.

Quand elle dormait,

Au fond de la nasse

le monde à ses pieds.

le rêve brisé.

sur les collines lointaines,

sa respiration embuait

voilà des mois que je pleure

voilà des mois que je pleure

Quand elle dormait,

Rassasié de nuit,

ses courbes frangeaient

à présent je ne dors plus-

Quand elle dormait,

Parfois, au couchant,

mes mains et sa peau.

pour n’y voir personne.

les galaxies de dentelles.

je tutoyais l’univers :

l’aube vient trop vite.

je me penche à la fenêtre

3

Le Carnet Jaune

À travers les tombes

D’un éclat de rire,

dialogues des morts.

et tranché la gorge.

C’est le soir, déjà,

Quelques pas de danse,

et les souvenirs.

d’un coup de poignard.

le vent bouscule les feuilles-

qui enveloppe les toits

elle a déchiré ma vie

elle a traversé ma vie

« Viens, viens, disait-elle,

Je compte les gouttes

reste près de moi ! »

qui débordent sous mes yeux :

Quand elle disait

Au nord de l’amour

Il pleut désormais.

d’échardes de verre.

Pourquoi me suis-je éveillé ?

« je t’aime » le ciel était bleu.

une, et deux, et trois…

le givre a brisé le ciel

4

Le Carnet Jaune

Les nues s’amoncèlent :

Le cœur gros,

sur les tuiles pourpres.

le prix de mes souvenirs.

Une nuit sans gloire

Où s’est donc perdue

Je claque des dents.

qu’abreuvait le don ?

rien pour retenir les larmes

s’impose à l’herbe embrumée-

je restitue aux ténèbres

cette espérance légère

Rêve rempli d’elle :

Ces gens qui me frôlent

je volais dans son regard.

qui s’éloignent, révulsés !

Consumées,

Une odeur d’hiver

Il reste une nuit aveugle.

- Tout ce froid en moi.

- Un crash au réveil

les cinq saisons de la vie.

- Je suis étranglé.

malgré la douceur du vent.

5

Le Carnet Jaune

Au secret des nerfs,

Déjà l’ombre gagne,

couvant sous la cendre.

me broie le regard.

Usé, je le suis,

Sa voix me revient

qui sinue sans but.

à mes larmes tièdes.

je nourris, vives, des braises

ressassé comme un chemin

et de ses doigts sans merci,

comme un écho chaleureux

De la vie béante

C’était en plein jour,

coule le sang des jours jaunes,

nous étions ensemble

Le rêve aboli,

Je m’éveille, absent.

un matin sans joie.

il ne reste rien.

spectres sitôt nés.

j’ai dû accepter, perplexe,

quand le rêve s’est tari.

Dans la pièce vide et froide,

6

Le Carnet Jaune

Vidée d’espérance,

Une journée grise

- La nuit à midi.

- un nœud dans la gorge.

Les rêves coupés,

Elle a débordé des rêves ;

gisent dans la boue.

je m’essouffle à la rattraper.

l’étoile à quitté le ciel.

les ailes étincelantes

s’est étendue sur la ville.

depuis,

Jour des morts -

Figé sur le bord,

Il pleut sur les feuilles

je l’ai regardée danser

Sans raison

Un soir de novembre,

- Jour des morts.

du roman sans fin.

mourantes.

un soupir amer.

souriante et fière.

le vent malmène les feuilles

7

Le Carnet Jaune

Pleure, mon cœur,

Que sont devenus

pleure les anciens jours.

- rongés par l’oubli !

Du fond de ce cri

Novembre se fige-

du bonheur ancien.

un pauvre sourire.

la complainte sans paroles,

ressurgissent les vestiges

les jours de ma vie rêvée ?

des années bien après l’heur,

Elle souriait ;

J’étais son héraut ;

ses dents éclataient de joie,

d’ores je porte le deuil

Le ciel pleure-t-il

L’espoir ne rit plus ;

pour qui sont ces larmes ?

et la nuit l’effraie.

résolues à mordre.

une passion consumée,

de notre rencontre.

il frissonne sous l’averse

8

Le Carnet Jaune

Il marche courbé

Aiguë, la nuit sombre

vieil homme sans ombre.

et l'ordre glacial.

Au bord du chemin

On va dans le noir ;

ses dernières armes.

la pluie bat nos tempes.

sur les traces du passé ;

sans but, le soleil dépose

dans le néant infini

indifférents au passé,

La mort s’enracine.

De toutes ses dents,

Chacun a sa propre tombe

elle s’enfuit comme l'eau

Ici le vent frappe

Tombé dans le lit,

Ils claquent des dents.

obstrue la rivière.

qu’il creuse et qu'il fouille.

à la porte des vivants.

que rien ne retient.

le pont qui joignait nos rives

9

Le Carnet Jaune

L’animal craintif

J’aurais tout donné ;

a des dents de tigre.

ma peau m’appartient.

Des larmes ruissellent,

La trace du ciel

- Visage sans forme.

un nuage passe.

qui ronronnait dans mes bras

on ne sait d’où elles viennent.

pourtant malgré les suppliques

sur la terre maculée ;

Sous le ciel atone

Fatiguée du poids

les oiseaux ne chantent plus

de tant d’automnes grinçants,

et mes yeux se taisent.

mon ombre s’allonge.

Rêver les yeux clos

Le soleil s’égare :

Où se cache-t-elle ?

caresse d’oubli.

dans la chambre sans lumière !

rayon dans les feuilles mortes,

10

Le Carnet Jaune

L’air du soir dépose

Son rire éclatait,

d’autres soirs, jadis.

sonore et fantasque.

comme la mémoire humide

lumineux comme l’été,

La Ma bêche à l’épaule,

Quel choix reste-t-il ?

pour combler l’oubli.

je frissonne un peu.

j’ai arpenté le verger

Assis au bord de l’automne,

Plus jamais

Une soirée jaune ;

je ne goûterai

je sentais un sang de sable

J’efface

Je pensais à elle

des regrets salés

impatient de boire.

à l’eau de son corps.

de mes lunettes l’empreinte

couler dans mes veines.

comme on se penche sur l’eau,

11

Le Carnet Jaune

L’ennui m’accompagne

Le don du bonheur

de mes insomnies.

les yeux dans les yeux.

Les saisons brillantes

Fixée sur la porte

d’un printemps fragile.

une invitation.

dans la morne promenade

se sont éteintes, lumières

reflété dans un sourire ;

de la maison sans lumière,

Sur mes lèvres sèches

Où est mon ardeur ?

le cri s'est interrompu ;

Si vieux, depuis si longtemps !

Elle glissait sans bruit

Un corridor sombre :

nuage de cendres.

qui flamboie sur les murs.

un chemin sans but.

sur les pentes de ma vie ;

Les souvenirs passent.

toujours le même visage

12

Le Carnet Jaune

Assis sous la lampe,

Ce déchirement,

d'un manteau de soir.

d’exaltation blanche !

Qu'est-il devenu

Une buée froide

à mon seul regard ?

le regard s’embrume.

la lumière m'enveloppe

le sourire qu'elle offrait

ce cahot, là, dans le cœur,

coule entre les feuilles jaunes ;

Les fauvettes

Ce vent dans la tête

se hâtent face à l'hiver.

qui me remplit d'amertume

Sur mes doigts je compte,

Oubliée

ce bilan narquois.

Ah, présent calleux !

Reverrai-je le printemps ?

sans savoir jusqu’où me mène

la repousse au loin.

la suavité passée !

13

Le Carnet Jaune

Je lève mon verre

À la santé des cœurs perdus !

Encore une fois !

de verres brisés !

L’esprit obscurci

Perdu dans les ronces

enfin, tout s’éclaire !

j’ai les joues en feu.

à la passion piétinée.

par trop de verres vidés,

Il n’y aura jamais assez

des chemins sans but

J’ai passé la nuit

Désespoir obscène

à chasser des papillons

qui mord dans la joie de vivre,

J’ai perdu mes yeux

Novembre redoute

réveil sans lumière !

les tombes livides.

mutilant mes yeux.

au change d’un jeu cynique :

sors de mon regard !

la neige qui va couvrir

14

Le Carnet Jaune

Hésitant, je fouille

Je cherche une pièce

j’invente la mer.

noire et décharnée.

Je marche à pas lents

La barque s'enfonce

le cœur balbutiant.

le batelier s’impatiente.

dans l’armoire aux souvenirs,

dans les allées des chimères,

à mettre dans cette main

et j'ai peur de perdre pied ;

La nuit, l’oiseau noir

Un manteau de nuit

bat des ailes dans les yeux

bat sur les épaules

Un tapis de feuilles

Je serre mon col,

les morts s'y frottent les pieds.

qui sourd de ma peau.

d’un visage éteint.

au seuil de la tombe ;

du désespoir.

condamnant la porte au froid

15

Le Carnet Jaune

Pour elle, notre rencontre

Elle a tourné la tête.

qui a mal tourné !

couvre mes joues.

La source est tarie

J'ai perdu la clé

a creusé mes cernes.

à son illumination.

ne fut qu’un plan cul

mais le souvenir des larmes

Elle souriait !

Quand elle était dans mes bras, je domptais ses battements.

La couleur du crépuscule

qui ouvrait la porte

Caillou rejeté, immobile sur le bord, sans route à offrir.

Je ferme les yeux.

Le ciel s'est fendu

que plissait le vent.

aux lèvres muettes.

Je me souviens de ses lèvres

comme une plaie qu'on inflige

16

Le Carnet Jaune

L'animal se cabre

La Constellation de l’Ange

le cœur se révolte.

Dans la nuit, un ange

sous la cravache cuisante ;

embrasse le ciel criblé de trous de mémoire,

Des cris par saccades :

les crabes de la mémoire assiègent l'oubli.

un ange qui souffre

des pointes aiguës piquées sur la peau du ciel,

J’ai passé le temps

un ange qui pleure,

qui m’a été accordé

crucifié dans le ciel.

à espérer vivre.

Je ferme la porte ;

les mêmes gestes toujours précèdent la nuit.

Novembre la nuit.

Les étoiles luisent

et le cri d’un ange

arpente le ciel d’automne. ____________________ 17

Le Carnet Jaune

J’ai rêvé d’une eau

La douleur sur les genoux,

seraient disculpés.

à s’arracher le gosier.

Posé sur la rive

Sur le mur

les yeux dans ses cieux.

j’ai dessiné une porte.

où nos sourires mêlés

d’une rivière impossible ;

qui ronronne

qui sépare nos jardins,

Les portes se ferment,

Battant Brusquement,

les fenêtres ne rient plus ;

la fenêtre s’est ouverte

Le soleil paresse

L’herbe sèche

sur le lit désert.

Ensuite est venue la pluie…

des façades grises.

à travers les vitres sales

sur le souvenir.

ne s’est jamais enflammée.

18

Le Carnet Jaune

Il ne reste

La nuit rode, hyène

quand se dissipent les rêves.

sur les marches de l’oubli.

De l’autre côté

Une feuille brune,

je me suis perdu.

un cœur sans remous.

qu’un goût amer au réveil,

de la vallée embrumée

enivrée de haine,

plaquée sur la vitre humide ;

Allongé j’attends,

Je souhaite en rêver

les yeux figés sur les poutres,

puisque je ne peux la vivre ;

Un matin, j’irai

Pour cette inconnue

cendres dans le vent cendré.

sur le monde aigri.

celle qui viendra.

dans un grand éclat de rire,

un le don du sommeil.

une étoile s’est levée

19

Le Carnet Jaune

Le sentier se couvre

Ils sont arrivés,

de feuilles mortes craquant

les jours au-delà des jours,

Comment discerner

Je la traine encore,

au bout de l’hiver ?

sur la sente abrupte.

L’aurore rayée

Elle m'a jeté

le jour naît dans la douleur.

rongé jusqu'à l'âme.

du poids de l’errance.

ce que sera mon regard

d’une plaie sanglante,

sans heurter la porte.

cette carcasse trop grande,

dans son passé, vieux trognon

La chambre où je rêve

Un coup de vent noir

repousse le crépuscule,

claque la porte violente ;

elle s’offre à l’aube.

je me fais prison.

20

Le Carnet Jaune

Une vie perdue

À travers les feuilles

à m’égarer dans les cendres

l'étoile brille et palpite

Entre chien et loup,

L’étoile pâlit

aux rumeurs de l’aube ?

la couvre de honte.

M’a-t-elle lâché ?

Le soir m'enveloppe ;

à mes propres larmes.

me pousse à l'oubli.

des jours consumés.

faudra-t-il que je renonce

Naturellement je mens

si loin, oh si loin !

quand le matin arrogant

une vapeur assourdie

Les mots me traversent,

J'ai bu à ses lèvres

sa voix ne me nomme plus,

et je n'oublierai jamais

je suis sourd au monde.

la soie de sa peau.

21

Le Carnet Jaune

Le visage est sec,

Une longue somme

plus de larmes sur les joues ;

que je pèse sur mes doigts.

mais le cœur se noie

pourtant le cœur sombre.

Tout est lourd ce soir, mes pas, mon front et le ciel ! que pèse le monde ?

J’étais sous le charme, dans la boule à neige, à portée de main.

Odeur du matin ;

la chambre s’ouvre à l’hiver, à la solitude.

Des doigts ! Il en manque !

Le temps a jauni :

un papier couvert de larme qu’on ne peut plus lire.

J’ai bu à son eau

mais je ne sais quel venin m’a rendu si laid.

De ses yeux, peu à peu, je prends conscience

qu’il ne faut plus rien attendre.

22

Le Carnet Jaune

Ils fuient un jardin

Par la jalousie

les morts quittent la mémoire.

s'est fondue dans l'ombre.

Je n’ai pas appris

Au bord de la nuit

j’ai été pris sans comprendre.

comme un souffle d'aile.

pour l’oubli sans poids ;

les règles du jeu ;

la silhouette indistincte

j'attends que du large vienne

Bien des douleurs passent,

La nuit dans le cœur,

comme un café trop serré,

juste une rumeur -

Faut-il traverser

Je reste en coulisse ;

pour briser l’énigme ?

qui cache ses larmes.

gravées d’amertume.

un miroir au tain usé

le froid me coupe la gorge.

je suis devenu un clown

23

Le Carnet Jaune

Dans la nuit hostile,

Dans ses yeux ardents

la lune impavide.

blanche de nos pas.

Désespoir humide

Elle était si pure ;

le ciel est malade.

de sincérité.

au nord de toute illusion,

qui coule sur le verger ;

ne demeure que la trace

son rire m’a transpercé

Le cœur à l'envers,

Sous la lampe pale,

crème brûlée, renversée,

l’espoir craint les soubresauts

Sous le ciel froissé,

Sous la lueur jaune,

mes pas incertains.

la raison abdique.

sens dessus dessous.

je ne sais où me conduisent

d'une nuit violente.

dans le silence du soir,

24

Le Carnet Jaune

Elle a mis son ordre

La vigne était haute,

puis elle est partie.

pour goûter aux grappes.

J’aimais écouter

Sur le fil

les chroniques de ses yeux.

je suis resté immobile.

dans le fouillis de ma vie,

de mes yeux avides,

il fallait rompre le cep

qui a tranché nos gosiers

Autour de la lampe

J’ai poussé la porte :

rôde, obscure, la présence

le ciel avait disparu ;

Ma tête s’habite

Je me suis penché

un temps d’eau fraîche et de sel.

je n’ai pas vu mon visage.

de celle qui manque.

d’un rire lointain,

puis j’ai attendu.

au-dessus du puits ;

25

Le Carnet Jaune

L’ombre se rapproche,

J’ai ri de ma vie,

qui ronronne sur mon cœur.

j'ai cru aux miracles.

Les pensées abdiquent

Où court le mirage

de l’humiliation.

vers quel précipice ?

la vieille compagne

sous l’assaut mélancolique

j'ai foutu la sienne en l'air,

que promettait la vie,

Un pont de nuages

Le souvenir pèse

enjambe la vallée froide ;

sur mes mains offertes.

Au fond du vallon,

Le cœur lacéré

mon cœur dépecé.

Les branches fouettent le vent.

seul le vent l’emprunte.

dans la maison des poupées,

Je voudrais qu’elle l’accepte.

se recroqueville.

26

Le Carnet Jaune

Réconcilier l’improbable :

Les lentes journées,

égaré !

le cœur dans la gorge.

Je voudrais encore

Une trace sur la joue :

le sillage de sa peau.

d’une larme ancienne.

l’ouvrage demande un temps

sentir dans les paumes

la pénombre de l’hiver,

le sillon salé

Des feuilles de silence

C’était si bien imité

tombent du froid de décembre -

qu’on aurait pu croire

Mes pas sur les feuilles

Le miroir révèle

silence éloquent.

après la nuit blanche.

les mots se figent.

rendent compte d’une fable -

des larmes de joie.

des yeux gonflés d’amertume

27

Le Carnet Jaune

La source tarie

Nuage de cendre -

sec de ses paupières.

dansent dans le sablier.

Il voudrait quitter

La nuit je m’inquiète.

qui pourtant l’apaise.

Serait-elle la dernière ?

n’abreuve plus le désert

la gangue de la folie

des grains de lumière

Surtout cette nuit.

Que les mots muets

Réparer l’outrage !

se déguisent sur ma table,

Ah, que ne vient le courage

Plus rien à dire,

Pas le moindre mot

qui décrivaient l’ombre.

j’espère un présage.

loin de la lumière !

j’ai épuisé tous les mots

d’enfourcher ma rage !

ne couvre la page vide ;

28

Le Carnet Jaune

Des mots insensés,

Oublier l’automne

par le vent obscur.

passé lumineux.

une feuille déchirée

de ma vie que nous avons

Une brume se répand

Puis cet hiver gris

qui m’entrainent vers l’enfer.

et coupé les ailes.

sur les marches

qui m’a déchiré le ventre

De l’allée discrète,

Sur le banc complice,

le vent a poussé les feuilles

j’ai laissé passer les ans

Insensé !

Le gravier crissait

que dans le rêve des fous.

je serrais les dents.

au pied des tombeaux.

Il n’y a de paradis

sans les retenir.

sous mes pas de promeneur ;

29

Le Carnet Jaune

Je regarde les nuages

Il ne faudrait pas

jusqu’au bout des jours.

sur une équivoque.

Un soupir s’échappe

Je lève mon verre

je quitte le banc sans hâte.

et à l’amour, jaunes !

que le vent pourchasse

de mes lèvres sèches ;

tourner la dernière page

à la couleur du carnet

Il ne viendra plus jamais aiguiser ma sève ; l’espoir boite bas.

L’hiver troue mes os

de milliers de dards de glace ; bonhomme de givre 30