Lumière
michel lombardo Clair Carpentier
Lumière
Je me présente, je me décris, je m'invente.....
Il était tant de fois.....
Les coudes appuyés sur la nappe souillée par un maigre repas l'esprit vide et lointain et l'âme un peu rouillée la bouche et les yeux las
Buvant jusqu'à l'ivresse un flacon de vin sale le poète est absent Il écoute de loin dans la lumière pâle le murmure du vent
Il rêve de partir d'embrasser la grand-route quitter ce morne hôtel où passe son ennui son coeur est en déroute son rêve est éternel
Il s'en va en voyage au fil lent de sa plume il n'est jamais trop tard puis son regard s'éveille et retrouve la brume où finit le départ
1
Lumière
.....je me découvre....? ...
Quand je suis seul sur la montagne le mont de mes voeux perdus je vois une douce compagne Que les chemins sont ardus
Quand je suis seul à la rivière le flot de mes souvenirs je vois alors ma vieille mère parlant de mon avenir
Quand je suis seul dans le bois sombre des arbres que j'ai plantés je vois un trou profond qu'encombre ma vie pour la liberté.....
2
Lumière
.....et même je me souviens du cafard, cet
Insecte nocturne
Que de fois seul dans l'ombre de ma chambre gisant sur les draps blancs j'ai pleuré saoulé par les vapeurs d'ambre de son parfum troublant
j'ai pleuré oh, une larme une perle j'ai pleuré sourdement mais dans ma tête une vague déferle , déferle tristement
Une lame de vague tristesse m'emporte dans le noir un immense désespoir me presse ici depuis le soir
Puis au matin ce désespoir me quitte comme ils apparu sans raison comme une folie subite Un bonheur accouru !
3
Lumière
Meunier tu penses
je broie du noir j'ai le cafard adieu gaieté il est trop tard
le moulin moud le moulin tourne dans la farine qui séjourne
elle est partie sur un rayon de lune mon coeur nous payons
le moulin moud le moulin tourne dans la farine qui séjourne
malheur sur toi o amoureux tu ne seras jamais heureux
le moulin moud le moulin tourne dans la farine qui séjourne
sous un ciel bleu il peut pleuvoir interroge toi pour mieux voir
le moulin moud le moulin ronfle mes larmes coulent mon chagrin s'enfle !
4
Lumière
Puis au fil du souvenir de mes lectures je m'imagine des rencontres au
Jardin des Plantes
j'ai vu le petit prince de Saint-Exupéry celui qui a de l'or dans les cheveux celui qui rit celui qui ne répond pas aux questions j'ai vu le petit prince il m'a parlé des roses
Et des agneaux et du renard
sa rose s'est fanée son amour envolé Mais lui n'a pas changé
l'agneau devint bélier le renard échappé Mais lui n'a pas changé
Il se méfie seulement des serpents...
5
Lumière
je m'imagine une nuit de tempête une nuit longue froide pleine du vacarme d'un grand silence intérieur une nuit
l'orage
A tous les modes à tous les temps le vent raconte son histoire belle et calme histoire qui fait un ciel de larmes
A tous les modes à tous les temps le vent pleure son histoire conte lugubre qui fait gémir les arbres
A tous les modes à tous les temps le vent hurle son histoire hypocrite fable qui hérisse les vagues de la mer
A tous les modes à tous les temps le vent déchire son histoire de haine et de colère qui fait la nuit plus sombre
et chasse le sommeil.
6
Lumière
Enfin j'ai rencontré la Femme
...et tout devint
Comme dedans
La fenêtre est grand'ouverte et dehors il y a la nuit Le vent a éteint la chandelle qui se tuait à percer la nuit
la fenêtre est grand'ouverte Un homme est là il attend dans le noir
le vent a éteint la chandelle et l'homme meurt sans un cri de sa souffrance comme est morte la lumière par la fenêtre grand'ouverte
le vent a éteint la chandelle mais dehors il y a la nuit comme dedans
7
Lumière
Vertigineuse imagination! Tout à coup je vois grand
je tu il nous vous ils vivons....
.. LES NOCES ...
.
8
Lumière
La Croisée des Chemins
Il marche dans la rue à pas lents et comptés, Tout le long d'un trottoir couvert de saletés. Il tire du paquet la dernière gauloise, L'allume inconsciemment, répétant cette phrase : Pourquoi n'es-tu donc pas venue ? dis moi pourquoi ? je voudrais tant savoir, je crois avoir le droit ! Cette soirée perdue lui revient dans la tête. Tout à l'heure il sortit de chez lui, âme en fête ; Elle avait prévenu qu'elle viendrait ce soir A dix sept heures cinq. Le coeur rempli d'espoir, Il s'en allait joyeux pour l'attendre à la gare. Elle seule l'aidait à lâcher les amarres D'une vie bien trop terne où il s'ennuie souvent. Il chantait en chemin le bonheur émouvant De pouvoir à nouveau enfin retrouver celle Qu'il aimait tendrement. Ah ! elle était si belle ! Sur le quai, il ne la vit pas ; il fut déçu. Alors il se souvint que parfois il arrive Qu'elle aille en l'attendant au café sur la rive Du fleuve. Il y courut. Elle n'y était pas. Je reste là, dit-il, c'est là qu'elle viendra. Il avala un bock, mâcha un jambon-beurre Et puis il attendit, qui saura combien d'heures ? Elle ne venait pas. La lune au ciel sortit. Soudain la nuit tomba. Enfin il a compris Qu'elle ne viendrait plus. Il a pris sa monnaie, La lampe de l'enseigne alors s'est allumée, Il en fut tout surpris, il fixa son regard Sur la forte lueur, comprit qu'il était tard Et sortit dans la rue encore pleine de monde. Il bouscula une petite fille blonde, Un vieux monsieur qui perdit son chapeau, Il entra des deux pieds dans une flaque d'eau, Une auto qui passait le manqua de justesse. Il marchait, inconscient, se répétant sans cesse : Pourquoi n'es-tu donc pas venue, dis moi pourquoi ? Je voudrais tant savoir, je crois avoir le droit !
9
Lumière
Il est seul maintenant sur la chaussée déserte. Son coeur s'est apaisé est son âme est inerte. Sa marche lentement l'a conduit vers le pont. Il regarde plus bas le long fleuve profond, Saute le parapet et plonge dans l'eau noire.
Le journal de demain racontera l'histoire Du garçon qu'on trouva, le visage crispé, Noyé dans la rivière, et le corps agrippé Aux roseaux de la rive. On y lira de même, Sans vraiment réfléchir, sans poser de problème, Que le train qui devait, à dix sept heures cinq, La veille, quitter ses voyageurs, que ce train A déraillé, et qu'après cela il ne reste Plus aucun survivant. Et l'on s'écrira : "Peste ! Voilà une bien triste histoire en vérité !" Et personne pourtant n'aurait pu se douter Que le garçon noyé et que la fille morte Qui vivaient, qui s'aimaient, soient unis de la sorte.
le 16 janvier 1970
10
Lumière
La Voie du Sang
Les cailloux du chemin tintent dans les ornières. Le ciel est un enfer qui s'embrase et descend. Les ailes du brouillard se déploient lentement Et saoulées par le vent, déchirent la lumière. La rose est en folie, vibrant dans la main blanche D'un gitan qui appelle un enfant mort hier. La guitare hypocrite engendre son chant fier Dans le soir en repos qui pleure sur les branches. ... Les tables sont dressées, on attend les convives. La femme au corps impur attend un autre époux. Ses amants sont venus, implorant ses yeux fous, Boire un Léthé nouveau sur ses lèvres trop vives. Le vieux mari est mort; il chante dans sa fosse Que sa vie était gaie et qu'il aime la mort. Ses amis sont tous là, venus pleurer trop fort. Leur peine est hypocrite et leurs larmes sont fausses. Un enfant dans les bras, le gitan solitaire S'approche de la femme, écartant ses amants. Il brandit sous yeux le corps mort de l'enfant. "Tu as tué mon fils. Il n'avait pas de mère. "Ton ventre l'a conçu, mais dans ta pourriture "Il n'a jamais su vivre ! Il en est mort, putain ! "Tu ne sauras jamais la douceur de ses mains "Posées sur mon visage, elles étaient trop pures ! "Tu ne connaîtras pas, toi la pire des femmes, "La douceur de sa voix, la douceur de ses yeux. "Tu ne sauras jamais combien j'étais heureux "Quand ses gémissements éclataient dans mon âme.
11
Lumière
"Non, tu ne sauras pas, car malgré ma tendresse, "Mon fils mon seul enfant est mort dans la douleur; "L'avortement raté lui a meurtri le coeur, "Ta chair l'avait souillé bien avant qu'il ne naisse. "Femme, tu n'en as que le nom, hyène puante ! "Un vil et bas chacal ! voilà ce que tu es ! "Pourtant je dois te dire, avant de te tuer, "Car je dois te tuer, et que ta mort soit lente ! "Avant de faire un geste, il faut que je te dise "Combien je t'ai aimée ; bien plus que les chemins "Où passait ma roulotte et plus que les matins "Qui se levaient joyeux, secouant la nuit grise. "Et après ton trépas, il faudra que je meure. "Pourrais-je vivre alors que je n'ai plus l'espoir "De retrouver ta peau qui réchauffait mes soirs, "De récouter ta voix qui faisait courir l'heure !" La femelle orgueilleuse a répondu, très douce : "Gitan, mon beau gitan, pourquoi veux-tu mourir ? "Notre vie commencée, nous pouvons la finir, "Gitan, mon corps est vert comme une jeune pousse. "Il peut encor, ce corps, t'aimer et vouloir vivre. "Il est brillant est chaud comme un fruit au soleil, "Il en a le velours, il en a le vermeil. "Goûte donc à ma peau, elle te rendra ivre. "Gitan, mon doux gitan, accepte mes caresses! Se redressant soudain, il s'est écrié "non !" La lame étincelante a lacéré le front Puis plongea dans le coeur de la femme traîtresse. Rouge comme le soir qui coulait sur les arbres, Elle en est ressortie pour calmer le gitan. Il est tombé alors près du corps de l'enfant Qui souriait toujours de ses lèvres de marbre.
12
Lumière
le 22 janvier 1970
La quête de l'instant Ils vont main dans la main, courant dans le sentiers, Sur la terre des près, dans l'ombre des halliers. Leurs rires dans le vent font fuir les tourterelles. Leur rire dans le ciel est une immense fleur Qui éclate gaiement aux sources de leur coeur; Et avec leurs deux bras, ils font des passerelles. Ils vont dans les ravins cueillir de tendres mûres Qu'ils croquent en riant de leurs belles dents pures. Ils sourient à la vie, sourient à leurs vingt ans, Sourient au gai ruisseau et à l'oiseau qui chante, Ils sourient au ciel bleu et se rient de l'attente. Ils aiment leurs vingt ans, ils s'aiment tendrement. Vingt ans ! Ils ont vingt ans ! Ils sont à leur printemps. Ils en sont impatients et ils ont tout le temps. Le temps d'aimer tout ce qui vit, le temps de rire, De saouler leur jeunesse aux sources du soleil. Ils aiment s'endormir, ils aiment le réveil Au matin clair et pur de la vie qui soupire. Ils s'aiment tellement que les arbres se taisent Quand sous leur tronc rugueux, de leurs lèvres de fraise, Ils donnent des baisers sans rien demander. Ils offrent leur amour à l'herbe qui se penche, A la feuille qui tremble, accrochée à sa branche, Et à tout ce qui vibre au soleil de l'été. Ils chantent des chansons pour célébrer l'amour Et ils sèment la joie au long de leurs parcours. Ils courent sans raison à travers les clairières. Oubliant tout du monde et des longs jours d'hiver, Ils inventent, riant, la rumeur de la mer Et leur amour puéril danse avec la lumière. Fatigués de leur course, ils s'assoient un moment Au bord du frais ruisseau qui coule calmement, Traînant sous la ramée une eau sage et heureuse. Le garçon soudain grave, incline son regard Comme un vieux qui sommeille au soir quand il fait tard. Il se retourne alors vers la fille rieuse
13
Lumière
Et de ses yeux tremblants, clairs et bleus comme l'onde, Emplis comme son coeur de tendresse profonde, Avec sa bouche en flamme où brûlerait l'enfer, Il l'implore tout bas de rapprocher ses lèvres, Fraîches comme le ciel et de calmer la fièvre Qui lui brise le coeur comme éclate la mer. Il lui dit doucement en lui pressant les mains : "Mon amour, dans tes bras, j'oublie les lendemains, "J'oublie que j'ai vingt ans, et même ma jeunesse ; "Dans tes bras si légers comme un colliers de fleurs, "J'oublie qu'il passeront, j'oublie tout de mes pleurs. "O, mon si bel amour, quand cet instant-là cesse, "Je retrouve l'horreur des nuits de solitude, "Je retrouve l'ennuie de mon incertitude, "La vie morne et l'absurdité des tristes jours. "Je repasse en pleurant tout un chemin de peine, "Je ne suis plus moi-même et recueille la haine "Tandis que je voudrais ne vivre que l'amour. "Alors, toi, mon soleil, ne me quitte jamais. "Accompagne mes pas, et les deux yeux fermés "Ne faisons qu'un seul coeur, restons toujours ensemble." La fille au corps d'été, belle comme le vent, Sourit et lui répond: "Tu sais, je t'aime, enfant ! "Quand tu parles ainsi, j'en ai le coeur qui tremble. "Je suivrai ton chemin, je suivrai ton sourire, "Nous guiderons l'amour dans le soir qui expire. "Je t'aime et je ferai tout ce que tu voudras. "Tu seras mon étoile et je serai ta mère ; "Tu es ce que je veux, tu es ce que j'espère. "Je ne suis plus que toi quand je suis dans tes bras." Les larmes dans leurs yeux sont comme des diamants. Ils regardent alors vers le soleil mourant, Se lèvent côte à côte et vont dans la lumière Qui embrase le vent, se perdre à l'horizon. Là-bas, au bout du ciel, marchant sur un rayon, Comme un grande flamme, ils quittent la poussière.
14
Lumière
le 17 février 1970
Le Gouffre des Années Nous aurons les yeux clairs, baignés de pierreries, La bouche étincelante au souffle du soleil ; Nous aurons le coeur pur, léger comme un réveil. Nous aurons un amour long comme mille vies ! Nos mains aurons le sang et le velours des roses, Embrasées comme un feu, elles riront au vent La force de l'amour insoumis et mouvant Qui déborde la vie et nos métamorphoses ! Bien sûr, tu as vieilli, seconde après seconde, Tes cheveux parfois gris vont déserter ton front, Les rides sur ta peau creusent comme un sillon. Ton corps n'est plus très pur mais ta voix est profonde. Oui, ta voix est profonde ! Et pour moi elle chante. Tes yeux sont fatigués, mais ils rient quelquefois, Ta bouche a des lourdeurs, mais déchaîne ta voix Qui éclaire les mots comme un jour qui enfante. Bien sûr, tu es un homme et as tenté ta chance. Une femme avant moi t'a donné son amour Et je n'étais pas née quand s'est levé le jour Où tu n'avais en toi plus la moindre confiance. Vous vous êtes quittés un jour peut-être sombre, Mais entre vous, hélas, souriaient des enfants. Ils portaient avec eux ce qu'ont détruit les ans : L'espoir d'une autre enfance est baigné de pénombre. Tu ne te comprends pas, toi qui veux ta jeunesse Malgré les ans perdus à chercher un chemin. Dans ce monde en folie qui oublie qu'au matin On espère le soir, tu pries toujours l'ivresse. Au delà de ta chair, je veux être ta fille. Tu me donnes la force et je t'offre l'espoir. La fleur de mes vingt ans illumine ton soir Et mon coeur éclabousse en une aube qui brille.
15
Lumière
Quand j'entends tout autour la masse qui nous blâme, J'ai envie de hurler à tous ces vieux idiots Qui rient de notre amour et nous jugent de haut, Que leur coeur est trop sec et que morte est leur âme, Qu'ils n'ont jamais su voir au-delà des années Qui creusent dans nos vies. Bien sûr, nous le savons ! Mais notre éternité sont nos hésitations. Leurs pensées sont ridées comme des fleurs fanées. Ces gens avec leur rire et leur sainte morale, Avec leur âme froide et leur regard baissé Sur leur vie monotone et leur coeur délaissé, Ne comprendront jamais que dessus ma peau pâle Tu puisses de ta main inonder mon ivresse Et lire comme un mot le moindre des frissons. Ils ne comprendront pas que les jours sont trop longs Et que j'attends la nuit de goûter ta caresse. Ils ne comprendront pas... Mais laissons les sourire ! J'oublie tout de la vie quand je suis près de toi, Les langueurs de l'été, les brûlures du froid. Tu préserves ma soif de la nuit qui expire. Quand nous nous retrouvons tous les deux face à face, Que le silence seul vibre comme un refrain, Quand nous guidons la nuit vers un brumeux lointain, Quand nous rions le jour sous l'oeil du temps qui passe Et que nos coeurs enfin entre nous se révèlent, Savons nous qu'il existe autre chose que nous ? L'univers vaste, alors, s'écrase à nos genoux. La nature est un songe où nos âmes s'appellent. Pourtant je connais trop ce qui me désespère. Bien qu'auprès de mes yeux tu trouves le repos Et la force de rire au rire des oiseaux, Bien qu'au fond de tes yeux je découvre mon père, Je partirai un jour sans regret mais sans force, Te laissant seul chercher un bonheur sûr et doux. Au loin de ma jeunesse et loin de mes bras fous, Notre amour se fondra en un ardent divorce.
16
Lumière
Pouvons nous espérer un avenir paisible ? Sans me connaître alors, tu as fait ton destin Et la vie sur mon front n'en est qu'à son matin. Le gouffre des années pleure un rêve impossible. Je ne veux plus penser à ces instants ultimes Où je te pleurerai, l'automne dans les yeux, Où, quand j'inclinerai mon regard vers les cieux, Le soleil sera froid et noircira les cimes. Je veux être un présent, je veux être amoureuse. Je veux puiser en toi un goût d'éternité, Un amour fou et fort brisant la liberté. Avant d'être un chagrin, je voudrais être heureuse. Oubliant notre vie, nous quitterons la terre. Dans nos âmes, la mort aura le goût du miel Et la pâleur des nuits. Le vent de l'arc-en-ciel Dissipera la peur d'un printemps qu'on espère. Nous désincarnerons les vagues sans limites, Nous crieront à la mer l'ivresse des hauteurs, Nous souriront au temps qui déchira nos coeurs, Aux provinces d'amour que mes yeux t'ont décrites. Là-bas, nous trouverons la richesse suprême, Un paradis perdu qui n'aura plus de nom ! L'impossible beauté irradiera mon front Et tu seras mon dieu quand je dirai je t'aime ! L'amour sera plus grand que tous les grands royaumes, La soif de vivre aura l'âpre goût de l'enfer, Nos rêves incertains, la rumeur de la mer. Dans ce voyage enfin, nous oublierons les hommes. Nous aurons les yeux clairs et vivrons sans attache, Un soleil éternel nous fera un ciel pur, Mais ton coeur qui s'éveille à mon coeur est trop dur Et je ne dirai plus ce que mon coeur te cache.
17
Lumière
En fait de noces, ce mariage n'est qu'un long Monologue Elle est si belle ma pensée Quand je pense à toi Elle est si belle Elle m'emporte ma pensée Sur des tapis d'orient Vers des rives d'argent Elle m'emporte Elle est si belle ton image Empoignant mes rêves Elle est si belle... Qu'il est clair et doux Ton sourire rêvé... Il me promène sur tes lèvres Comme dans un jardin d'automne Frais de pluie cessée Ah, dieu! Qu'elles sont fraîches tes lèvres Elle est si belle ma pensée Quand je pense à toi Elle est si belle Belle. Mais elle est triste ma pensée Quand elle te voit vivre Elle est si triste Elle m'accable ma pensée A ne penser qu'à toi Jusqu'en perdre la voix Elle m'accable Elle est si triste ton image Toujours insaisissable Elle est si triste... Pour moi ton sourire Sera toujours rêvé... Quand sentirai-je un jour ton coeur sur ma poitrine J'ai trop mal d'espérer Mon âme est mille automnes Je ne peux que t'attendre aux détours de mon coeur Elle est si triste ma pensée Quand elle te voit vivre Elle est si triste Triste.
18
Lumière
Mes appels (déchirants ?) ne sont restés que lettres mortes, que...
...
Feuilles Mortes
Automne toi qui depuis toujours a oppressé mon coeur M'étonne et me surprend toujours à retenir mes pleurs
Automne déjà vieux presque mort de ton humide ennui Détrône ma paresse et repeuple mes nuits
Automne emporte moi auprès de mes rêves lointains Soupçonne ma gaieté égoïste et mes rires soudains
Automne je veux redevenir cet enfant solitaire Qui tonne contre son avenir d'espoir et de lumière
Automne je me veux revêtir du désespoir encore Que sonne à cet instant d'ivresse et d'ennui le glas sonore
Automne libère moi de moi libère enfin ma peine Couronne à ce moment de peur mes amours et mes haines
L'aurais-je deviné ? L'automne, ses pluies, ses flaques, son ennui, me charment. Comme un sortilège ! Septembre me voit devenir fou ! Alors, je me crée une apologie du rêve où l'onomatopée commence le monde.
19
Lumière
Ah, l'extase passive enveloppant les rêves On se laisse sombrer dans le brouillard profond D'une onde sensitive où le monde se fond. Il n'est plus rien alors des anciennes joies brèves,
Des anciens plaisirs crus qui fustigeaient nos sèves. Laissons là cet enfer. Car ces pâleurs, au fond, Sont apparence. Et je préfère le typhon Du songe en liberté rejetant sur les grèves
Aplanies du réel toutes joies illusoires. Immensité du rêve ! Inconstantes histoires Qui dévoilent aux yeux des golfes insondés.
Les sources de l'espoir sont-elles inconnues Et l'essence de l'âme aux vagues décousues Est-elle inabordable ? Un rêve a tout donné.
Il manque un "s", n'est-ce pas ? Il manque toujours quelque chose. Ou bien il y en a un de trop ; c'est selon l'humeur du moment. Mais voyons plus loin.
20
Lumière
Plus loin. Plus loin que le rêve, encore le rêve. Le rêve d'une divinité, plus ou moins philosophique, plus ou moins utopique, plus ou moins onirique. C'est cela mon
Credo
Ah ! le golfe limpide des pensées indécises où viennent s'engloutir sans peine ni raison tous les rêves charnels. Qui peut dire à ce jour où puiser la vie onirique ignorant nos désirs ? Rêver nu les yeux réceptifs aux choses invisibles sur le sein épanoui d'une femme assouvie. Quoi de plus proche alors de l'essence de l'âme ?
Les questions résolues enfin dans l'oubli des corps. L'instant est si pénétrant, les minu te s si fu g i t i v e s Rien n'est plus essentiel rien n'est plus périssable.
aussi
Illusion déraison le fleuve des sens apaisés demeure et restera la prime illusion.
Non finalement tout est faux les dés sont pipés au niveau même de l'espoir création de l'univers rationnel. Non dieu en qui j'ai foi je ne t'espère plus tu ne peux rien pour moi ta volonté est absente de mon action. Mais dieu en qui j'ai foi je ne peux t'espérer, parce que je te sais.
Avoue, je suis parti un peu haut ! que le rêve est une douce chose n'est-il pas vrai ?
21
Lumière
Le rêve, c'est la liberté !
dédicaSSe: A vous, chers professeurs ces lignes écrites en c o u r s de français le 27 février 1967
Liberté Pourquoi veut-on m'astreindre A rester enfermé Moi qui ne peut qu'aimer Ma joie qui va s'éteindre
Je veux partir et peindre Les futaies alarmées Les prés de clos armés Finir d'haïr et feindre
Trouver au fond d'un coeur L'amour de l'âme soeur Ou l'ami bien fidèle
Pouvoir marcher sans peur Sauver l'oiseau qui meurt Voler seul de mes ailes
22
Lumière
Le rêve c'est un zeste de philosophie?
Parmi
Flaque de pluie dessus la mer goutte de sang parmi la guerre tache de boue sur l'assassin trace de pas sur le chemin grain de folie parmi les fous unique gifle à une joue grain de sable dans le désert soupir dans l'immense vacarme sanglot éteint au sein des larmes coup de fusil dans les tueries cri dans les hurlements enfoui Aucun ne vous distinguera Comme deux mains parmi les bras comme l'espoir dans le bonheur Comme l'instant parmi les heures
Il est déjà si difficile de se distinguer des autres qu'il est impossible de se distinguer de soi-même.
23
Lumière
Le rêve c'est un geste de philosophie!!
Petit Homme petit homme qui que tu fuis si au matin l'ombre te suit au soir elle t'entraîne mais ne brisera pas tes chaînes petit homme qui que tu sois si le malin d'ombre te noie et te rend la détresse n'oublie pas la douce tendresse petit homme tout ce qui luit si intensément la nuit tout cela vaut la peine que ton regard l'embrasse et prenne petit homme ce que tu crois du vrai du beau et de la foi ne valent pas l'ivresse d'une main douce qui caresse petit homme l'amour détruit l'amour perdu que tu maudis cette flamme lointaine faut-il vraiment que tu l'éteignes petit homme l'amour est roi ne le brise pas dans tes doigts la vie est ta maîtresse adore le coeur qui t'oppresse petit homme oublie tes cris laisse entrer dans ton coeur le bruit du vent oublie la haine quand l'amour et la vie t'étreignent petit homme ouvre tes bras berce l'amour et fais ton choix préserve ta jeunesse que jamais ton coeur ne s'abaisse
24
Lumière
Le rêve c'est.... Mais le rêve a pris fin. A nouveau, il faut regarder la vie :
Vie de Chien Mon nom ? Qu'importe ce qu'il est car je suis chien. Que vous importe aussi ma race, elle est bâtarde. Ne rien vous dire aussi je le pourrais très bien, Et ce serait fini bien avant qu'il ne tarde. Mais voilà mon histoire : elle est celle d'un chien Qui comme tous les chiens marche sur quatre pattes. Je ne suis ni trop bête et ni intelligent : Qu'une puce m'ennuie, voilà que je me gratte. Vous ne m'ennuyez pas, je reste, bonnes gens. Je suis né un matin, et sur mes frêles pattes, J'ai crié à la vie ma joie et mon bonheur. Un homme m'a trouvé. Pour moi sa main fut bonne. Il me donna un os auquel je fis honneur. J'espérais en la vie pour ce qu'elle nous donne. J'ai cru qu'elle n'était que tendresse et bonheur. Et les jours s'écoulaient auprès de la famille Qui me prêta un toit : on m'avait adopté. J'avais comme le fils, mon cerceau et mes billes; Je jouais avec lui tout en fraternité. Il était de mon âge et c'était ma famille. Que le printemps fut beau ! Nous courrions au jardin, Sur les allées fleuries et les vertes pelouses. Nous sautions sur les haies, tout autours du sapin, Effarouchant le coq et ses blanches épouses. Nous caressions d'un cri la maison, le jardin. Puis l'été arriva, et ainsi fuit l'ivresse. Je le passai tout seul, l'enfant étant parti, Cherchant dans le jardin un coin pour ma détresse, Attendant son retour, puisqu'il m'avait menti. L'automne vint avec l'enfant, avec l'ivresse.
25
Lumière
Il jaunit chaque feuille, embellit la maison, Et dans les soirs plus frais, regardions la lumière Etincelante du soleil, et sans raison, Venait Mélancolie. L'enfant allait à sa prière, J'étais avec l'ennui, seul devant la maison. Soudainement l'hiver nous réfugia vers l'âtre. Il faisait chaud, ici, dans le vaste salon. Hors les arbres gelaient : nous les voyions s'abattre Tant le froid était vif. Mais l'hiver fut bien long A regarder la neige et les bûches dans l'âtre. Les saisons s'égrainaient comme du blé au vent. Il passa une année, puis deux, puis trois, puis quatre. Mais le temps qui passait était celui d'avant, Lancinant, tendre et doux comme un pipeau de pâtre, Monotone et trop chaud comme un été sans vent. Là, ma vie s'écoulait, toujours calme et paisible. Le gamin grandissait, et moi, je vieillissais. Je gardais dans le coeur un chagrin indicible Car je savais perdu ce que je chérissais : Ma jeunesse et l'enfant étaient partis, paisibles. Auprès de mon ennuie, je passais tous mes jours. Je cherchais réconfort auprès de mes semblables. Je partais seul la nuit, faisant mille détours Pour trouver en chemin la femelle adorable Qui m'accompagnerait, resterait jusqu'au jour. L'enfant que j'aimais tant est devenu adulte. Il a pris femme un jour, puis est parti bien loin. Et il m'a oublié. Je pleure et lui exulte. Son père m'aime encore, et de moi il prend soin. Mais où est donc l'enfant, l'enfant qui est adulte ? Mon histoire est finie, je suis vieux à présent. C'est une histoire simple et en tout sens commune. Elle est longue, il est vrai, et le soleil descend. Bientôt sous le ciel étoilé et sous la lune, Je m'en irai mourir. Il est tard à présent.
26
Lumière
Vie simple et en tous sens commune. Et dans ce cirque, on ne peut espérer être autre chose qu'un clown. Au milieu des fauves...
L'Auguste
J'ai trouvé au détour de mes pensées j'ai trouvé Oh ne vous moquez pas j'ai trouvé de quoi sourire Vous voyez vous vous moquez
C'était un jardin parfumé d'herbe et de rosée avec des fleurs jolies qui me parlaient de douceur et de paix Je vous en prie ne riez pas
J'étais si bien dans ce sourire pâle et bleu comme un printemps que j'ai tout laissé à mes pieds mes bagages pesants et j'ai parcouru mon sourire Je l'ai caressé du bout des doigts du bout de la langue doucement doucement Oh vous voyez vous riez
J'étais si bien que j'ai oublié mes mains qui caressaient j'ai perdu mon jardin au creux de mes pensées Allez ! maintenant moquez vous riez de moi vous ne me ferez même pas pleurer
J'ai perdu mon sourire
27
Lumière
Alors je pense. Je pense à la femme
Il existe sûrement dans mon coeur un coin pour toi ma femme Un coin pour m'y reposer pour y poser mon bagage de lassitude ma femme Je t'y retrouverai aux fins de mes fuites aux retours désenchantés ma femme Après des jours de rêves creux et de caresses infinies imaginées je t'y retrouverai ma femme Il existe sûrement dans mon coeur un coin pour toi ma femme Un coin pour notre pâle amour d'enfer et d'habitudes ma femme Je t'y retrouverai mains gercées coeur à vif et je te reverrai ma femme Après des ans de mort commune et d'ennui je te souhaite encore ma femme Il existe sûrement dans mon coeur un coin pour toi ma femme mon espoir
28
Lumière
L'Émotion Immanente Un jour où je pleurais regardant à travers les volets mi-clos des souvenirs indomptés j'ai soulevé le couvercle de l'apparente existence où je rêvais un jour où j'étais ailleurs seul à hurler en silence par delà les pétales du temps j'ai découvert l'angoisse Alors vers l'âme d'un dieu cruel j'ai couru dans son souffle de néant l'éternité et l'absurde se confondant à l'infini m'ont distillé l'angoisse
L'espoir d'un orage insensé qui inonderait mes yeux au lieu de cette pluie sanglotante qui suinte goutte après goutte au fil des ans magnifia l'angoisse La vision d'un enfer parfaitement civilisé les lassitudes des cieux impurs les lascivités et les regards innocents des femmes sculptèrent l'angoisse
29
Lumière
Baignées de compassion les vierges vénales, les bourgeois immaculés dans la lenteur d'un fleuve inodore comme l'âme d'un criminel ont sanctifié l'angoisse
La voilure obscure du soleil déchirant la gaze frêle du rêve enfant par une nuit claire où la mort seule avait un sens délecta l'angoisse
Les soupirs incandescents des astres imaginés les tentacules brillantes d'un obsédant désir chantèrent l'absolue délicatesse d'une vie sans espoir où pèsera l'angoisse L'esprit fils des tremblements charnels va naître au lendemain d'un matin apeuré et je n'aurai alors que la foi en la force de mes meurtrissures pour dissiper l'angoisse.
30
Lumière
Des phrases, diras-tu. Oui, des phrases, des substantifs inconsistants, de pauvres verbes simplement un jeu de
Maux mots mots mots qui créez les choses et portez notre esprit hors de la gangue de nos douleur s mots mots o mots cruels barbelés des émotio ns et des angoisses rails étroits du chemin d es consciences mots réels et rêvés réalités d e mes membres utopie des ailes larges de mon ^ ame mots mots vaincus d'amour consolation des incompris et des coeurs vidés adorables image s des yeux limpides mots détruisez les impres sions premières émergeant des vases ignorées v ous êtes nécessités et volonté de cadre et de s ignification o mots qui menez et guidez le troupeau des idées je vous hais parce que vous définissez vous m'écraserez
31