Paroles Suivantes I michel lombardo Clair Charpentier
Paroles Suivantes
termine ta phrase espèce de prétentieux n’oublie pas le point
les mots envahissent la boîte aux lettres soumise aux huns après l’autre
le ciel sans couleur coule en gouttes fines sur les toits et l’espérance
ah, ce vent perfide qui fouette les jeunes branches et danse en hurlant
ce sont des seaux d’eau qui tombent du ciel de mai noyant le printemps
les nœuds durs du chêne tombé que j’ai tronçonné ont gauchi mon dos
un sourire au cœur j’ai regagné le verger dans le mai trempé
de petits soldats frappent du pied et paradent entre mes oreilles
dans le vent je claque comme un vieux linge à sa corde raidi sous l’averse
le soleil narquois de me voir traîner mon ombre enfle dans le ciel
le vent qui déchire les feuilles du chêne fier m’a cloué le bec
le chêne a chuté il a croisé sur sa route un roseau pugnace
ce lent fleuve sale qui se couche sous les saules ce n’est qu’une vie
les souvenirs lents englués sans avenir collent à la peau
les coquelicots gouttes de sang séché jonchent le verger brûlé
la fin du printemps même à l’orée de l’été c’est aussi la fin
réveil épuisé après la nuit étouffante le chant d’un oiseau
la plume en suspens au dessus du papier vide l’esprit en vacance
le banc du jardin complice ancien de mes rêves s’est couvert de mousses
le vent qui proteste entre les branches nerveuses n’est pas innocent
juste sous le ciel au-dessus de l’horizon une porte brille
le soir est venu pendre son manteau de vent au croc de mon crâne
dans le vent l’odeur de l’herbe coupée saignante de coquelicots
dans l’incertitude devant la nuit impassible le soir hésitant
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Paroles Suivantes
les os rompus par les ans j’avance serein vers le vent d’été
il rampe en cloporte l’été brûlant qui emporte les mémoires mortes
je ne compte pas je ne sais pas quel âge j’ai mais d’autres le disent
matin de juillet le soleil frôle en baillant la fenêtre ouverte
est-ce bien la peine ce rappel bien trop pesant je connais mon âge
la pluie sur l’auvent quelques gouttes dans la nuit juillet est avare
je sais que j’arrive au quai du port décisif et je vois l’amer
la haie que j’abreuve dans le soir incandescent m’offre un arc-en-ciel
ma tête bascule regard perdu vers le ciel dans un feu d’étoiles
la brise du sud a embrasé la maison rêves étouffés
mois de juin féroce les derniers coquelicots saignent dans le pré
je suis en apnée devant mon café qui fume brume du matin
pour moi peu à peu je retombe à la poussière qui rit au soleil
dans l’aube d’été les oiseaux vifs se disputent un peu de fraîcheur
l’adresse est cachée sur la porte du théâtre que hantent les mots
le chant des cigales les durs rayons du soleil grincent dans les pins
par-dessus le ciel où le soleil se pavane la nuit veille encore
qu’une bise brise les briques carmin et chaudes du mur de l’été
cette sueur lente mon front engourdi supporte le poids de l’été
sur mes os qui craquent l’avenir pèse et son poids me coupe le souffle
les crayons rangés les jours n’ont plus de couleur que celle du vide
les rêves fermés à la moindre souvenance ont conclu la nuit
il aura fallu trois cent quatre vingt mille ans pour qu’enfin je vois
une courte averse rafraichit l’aube d’été le soleil palpite
un chien qui aboie m’arrache du cauchemar la nuit est fichue
dans l’air agité une odeur de pin brûlé trouble les cigales 2
Paroles Suivantes
… la toile du temps chaque pas tisse un linceul et nos vies pâtissent
une soirée molle le mois d’août traîne sa flemme sur la chaise longue
trois petits vers gris qui rongent la page blanche d’un univers noir
les os de mon corps grincent — vieux volet rouillé qui bat dans le vent
je pousse la porte odeur de menthe et de foin la chaleur du soir
un matin encore sous le soleil sans nuance un éclair aux yeux
la fenêtre ouverte laisse entrer l’aube brumeuse jusque dans ma tête
murmure du soir sur la route la poussière lentement se pose
le vent revenu fait voler les tiges sèches des fleurs dépassées
un petit nuage perdu au sommet du cèdre — j’essuie mes lunettes
roi de l’inutile j’ai arrosé le verger maintenant il pleut
je traîne mon ombre et la remise éreintée d’un profond soupir
perdu dans les nues le soleil de l’été pale pleure à chaudes larmes
dans l’horreur du monde l’acteur de nô et la none se plient de nausée
l’insecte d’acier s’est posé sur mon épaule mon bras devient lourd
les mots repassés s’écrasent sans densité dans l’indifférence
quel âge as-tu donc toi qui t’interroges tant quel âge a ton rire
matin dans la brume la vapeur du café noir submerge mon front
la fenêtre s’ouvre, le matin sent l’espérance le monde est en ordre
un brouillard s’étire de la vallée endormie jusqu’à la fenêtre
le matin s’installe dans la torpeur des cigales odeur de café
les fourmis voraces en vacances dans ma panse me masquent le jour
sous le soleil d’août un souffle apaise mon front clémence d’été
puis on se retrouve chacun avec un sourire mais les mains cachées
l’ombre sur le mur n’est plus si nette et tranchante l’été s’assoupit
je vais arrêter l’errance des mots vacants dans un lent soupir 3
Paroles Suivantes
une goutte encore sur la feuille surchauffée s’est évaporée
malgré le soleil qui réchauffe la terrasse mon ombre frissonne
fin d’été — des nues jouent encore dans le ciel du jardin d’enfant
aujourd’hui il pleut sur un paysage amer où l’été sanglote
la rentrée bientôt dans les cris des écoliers l’ultime rentrée
le cartable est vide d’une rentrée effleurée septembre en silence
pour qui te prends-tu ? le clown en habit de fête ressemble à un clown
l’orage menace la maison lève les mains éclair effrayant
le pré jaune espère de l’été qui se termine une larme austère
c’est le soir déjà je me hâte doucement vers le sombre seuil
la lune se baigne dans la piscine ce soir l’eau semble bien froide
« le soir de la vie porte avec lui sa lumière » où est le briquet ?
l’eau se baigne dans la piscine ce soir la lune semble bien froide
lundi sans contrainte le temps s’est joué de moi je me joue de lui
il fait déjà chaud ce matin sous les nuages la pluie prend son temps
petit air d’automne un frisson humide et vif fait danser l’été
un trou dans le ciel le soleil emprisonné tente une évasion
en retrait du monde cerise sur un gâteau cerise ridée
l’automne est précoce le vent qui rage à la porte veut chasser l’été
par la vitre opaque la brume abuse les arbres le soleil se lève
pénétrant partout le vent qui claque aux oreilles ment sur la saison
par-dessus le brume le soleil paresse encore sur les draps froissés
loin du bruit contraint je me soustrait de la foule je rentre en douce
le froid de la nuit a saisi l’aube écarlate frissons sous les pieds
sourire confus — dans le pot de confiture la trace d’un doigt
les pas dans le sable je regarde la rivière qui coule sans trace 4
Paroles Suivantes
une longue marche le verger colle à ma peau je rentre essoufflé
le soir qui s’installe dans le paysage inquiet pèse sur mes yeux
le monde malade au premier jour de l’automne retient un sanglot
septembre frissonne bientôt va s’ouvrir le gouffre du pays d’octobre
le soir tombe vite malgré la chaleur qui reste collée de fatigue
on se croit tranquille mais un vent teigneux parfois secoue le hamac
l’automne est pesant les nuages qui menacent aboient dans le ciel
les nuages roses le ciel invite au voyage dans le matin froid
premier jour d’automne les nuages fous lacèrent le ciel cramoisi
le vent du sud souffle sur les tuiles encore chaudes salut de l’été
le soleil paresse dans le ciel de l’aube sale l’automne s’installe
c’est un soir paisible les bornes du bord des routes se noient dans la brume
le ciel s’est voilé et le soir déjà annonce la pluie retenue
les huîtres fidèles à leur rocher assailli rêvent des poèmes
quelques gouttes lourdes se sont écrasées sur l’herbe j’ai courbé la tête
sur le bureau terne un crayon facétieux glisse un trait de couleur
sous le pluie je rentre mettre mes os à l’abri comme un escargot
le front lourd est las crient mes paupières sanglantes que l’automne pèse
matin en couleur le soleil joue dans le vent et les branches chantent
le jour s’assombrit malgré le vent enflammé le ciel fuit l’orage
le vent qui tempête entre les arbres furieux se perd dans l’automne
automne abusé le mois d’octobre transpire et guette la pluie
aube tourmentée quel est ce froid accouru d’hivers incertains
certains en riront bien peu auront du regret mais tous m’oublieront
la couleur de l’encre avec laquelle j’écris est parfois si sombre
le ciel est si las octobre a mis un manteau et courbe la tête 5
Paroles Suivantes
on ne sait pas qui de la pluie ou bien du vent aura le fin mot
un mistral nerveux a succédé à l’orage la nuit en faction
habillé de noir sous le ciel d’octobre noir il sourit encore
la nuit pèse encore sur le contour des collines quand l’est se résigne
les vitres sont grises le verger mélancolique il pleut doucement
lentement le soir prend possession des ténèbres qui lasses s’attardent
la pluie a cessé le soleil n’est pas sorti la nuit se résigne
l’air humide et froid des derniers matins d’octobre rode entre les pierres
vous pouvez les croire on ne meurt pas du cancer qu’est leur suffisance
éloge du soir la caresse du soleil subjugue mes yeux
entre deux nuages la lune doucement tangue il fait jour encore
le vent pour monture quelques lignes à remplir pour n’y plus penser
la nuit a couvert le paysage de glace la lune frissonne
les yeux éblouis je dévisage le soir enveloppé d’or
le temps est venu de tirer sa révérence sur la scène instable
puis la nuit s’étale comme une caresse lente sur le corps du monde
quelques pâquerettes ont tavelé la prairie pour narguer l’automne
voici l’ordre enfin qui vient régner sur les jours le temps se balance
des traces de sang déchirent le ciel d’octobre et rayent ma voix
le volet ouvert sur la raideur de la nuit hommage à l’aurore
l’immense fatigue qui paralyse mes membres englue le soleil
une fumée lente s’élève du tas de feuilles jardin honoré
l’horizon prend feu j’aime que l’aube se lève sur mes os aussi
j’entends le murmure des feuilles que le vent froisse le jour se retire
je vais sans courage à la rencontre du soir que l’ennui recouvre
je l’ai lu déjà toutes les pages s’envolent du livre jauni 6
Paroles Suivantes
le temps d’un instant le ciel est devenu noir le vent a tourné
le soir de novembre blanc comme un manteau de fée filtre sous la porte
le cèdre se dresse noir majestueux et fier contre le ciel noir
matin dans la brume sous mon pas mal réveillé la terrasse glisse
sur l’herbe trempée les feuilles déchiquetées se plaignent du vent
surprenant automne le ciel brillant se reflète sur l’herbe luisante
c’est enfin l’orage qui frappe les tuiles sèches et la terre avide une heure de plus c’est vingt cinq heures de pluie dans une journée
puis le soir surgit qui efface d’un frisson le soleil hautain ******** l’aube est loin encore dans l’orient lugubre et sale la nuit est patiente
dernier jour d’octobre sombre et inondé d’averses j’ai le nez qui coule
une bise vole et frappe comme un insecte la lumière tiède
danse avec la pluie le vent laboure les vitres vite il faut rentrer
le froid de novembre en lentes volutes blêmes se perd dans le pré
quelle bonne idée pour s’abriter sous la douche un rideau de pluie
le froid dans le dos pèse sur la lassitude je rentre la tête
la pluie a cessé les pâquerettes se noient dans le pré trempé
cette nuit l’orage a éteint les feux de l’aube jour fardé de cendre
claques sur les tuiles quelques gouttes égarées ont gâté mon rêve
je ne compte plus les minutes qui se perdent au milieu des heures
le soleil s’invite sur la terrasse jonchée de feuilles humides
petit jour maussade le soleil brillait pourtant dans la nuit rêvée
la branche s’incline leste un écureuil bondit mes os ont craqué
que ce soir est lourd il écrase mon squelette d’un étau transi
la branche coupée qui traîne sur l’herbe humide il faut l’effeuiller
l’aurore est lointaine les rêves hallucinés le sommeil enfui 7
Paroles Suivantes
la nuit souveraine arpente les paysages gorgée d’amertume
dans le froid de l’aube le soleil frôle mes yeux à travers la vitre
les étoiles songent en silence dans le ciel d’une terre inerte
le soleil s’élève au dessus des brumes sales d’une ville aigrie
le soleil insiste sur le trait noir des collines rouge et attentif
tombé des pins sombres le soir humide frissonne et frappe aux volets
sur la vieille femme des années de souvenirs voilent son sourire
grinçant claudiquant j’ai laissé la nuit dehors en claquant la porte
il grimpe en boitant le sentier couvert de feuilles vers l’hiver secret
la pluie invitée aux balbutiements de l’aube ronge la lumière
une lame froide grince et se tord dans les trippes c’est vraiment l’automne
toute une journée passée derrière les vitres à compter les gouttes
le froid de novembre s’est glissé sous les feuillages à l’abri du vent
il est tard dès lors que le soleil est si haut pour parler de l’aube
un soleil narquois dénoue la brume d’automne matin ivre et vif
sur la terre lasse encombrée de feuilles mortes l’orage s’acharne
à travers la vitre la chute des feuilles mortes un lent crépuscule
l’averse a cessé les barrières de la nuit s’écartent enfin
je fixe mes mains (paumes) maintenant (désormais) la nuit s’étale sur le vieux chemin (sentier)
brusque et vif le froid a rayé la nostalgie de l’onctueux novembre
la pluie de la nuit n’a laissé que quelques flaques aux moineaux marris (navrés)
au-dessus des brumes la colline émerge au loin perdue dans l’hiver
un jour est passé encore un jour dépassé par l’ennui humide
une brume froide a arrimé les restanques à leur cœur de pierre
la nuit a voilé d’un épais linge de cendre le cri des oiseaux
des filaments sombres s’enchevêtrent sur la route qui longe la nuit 8
Paroles Suivantes
le vent arrogant courbe la tête des chênes la terre se fige
ce linceul trop lâche après tous ces draps froissés sa pâleur m’aveugle
les feuilles blotties tout au fond du jardin sombre sous le vent glacial
c’est la pluie qui glisse sur les toitures livides pluie de souvenirs
le froid abattu sur un paysage amer a cloué l’aurore
le front sur la vitre je laisse le soir creuser puiser dans mes rides
dans la rue venteuse la nuit glisse sur l’asphalte je perds l’équilibre
un horizon rouge s’est emparé des collines qui saignent de froid
sous le soleil roide d’une lumière glacée novembre s’essouffle
il n’y a plus d’encre dans le stylo que tu poses tu vois ta main tremble
dans l’incertitude des gouttes noires de soir s’écrasent sans bruit
et dans le soir las sous la lampe impitoyable tu courbes la tête
le tonnerre gronde quelques gouttes sont tombées je rentre la tête
des strates de brume s’empilent sur les collines le regard s’y noie
ils viennent sans bruit portée d’une mer sonore affronter le sable
des barreaux de pluie me clouent derrière la vitre prisonnier du temps
une aube fouettée a découvert l’horizon le froid mord la plaine
mes os ont craqué le froid de décembre force contre les volets
je quitte l’enclos où j’ai emmuré mes soifs fourbu dans le soir
la nuit m’a surpris je ne l’ai pas vue couvrir l’ombre de mes jours
une feuille morte une seule encor demeure figuier pitoyable
elle est là qui court comme une bête apeurée sur la terre humide
novembre est plus froid sous son chapeau de nuages le soleil s’épuise
la vie reprend sève quand la nuit cède et se rompt quand le jour se lève
un souffle de brume le soir s’étend sur la neige fantôme blafard
sur le pré figé par le silence du givre le cri de mes pas 9
Paroles Suivantes
roulent les nuages sur la terre ivre d’ennui l’automne languit
le mistral glacial comme une goule hurlante broie la nuit sans ombre
la journée s’étire le soir se glisse sans bruit dans la nuit frileuse
après les collines l’horizon palpite et saigne de la nuit glacée
malgré la douceur j’ai fermé toutes les portes pour traquer la brume
les grains s’entrechoquent au milieu du sablier et le temps s’égare
la lueur des villes sombre dans la nuit au loin me cache le ciel
sont passés les jours les minutes ont comblé les heures agiles
à travers l’imposte la nuit coule dans la chambre comme un fleuve froid
la lune figée dans un ciel blafard et froid détourne la tête
j’ai levé la tête du ciel sombre les étoiles parsèment mes yeux
de la terre froide une averse brusque et dure brise le silence
j’ai levé les yeux du ciel l’ombre des étoiles plonge sous le sable
au fond de mes yeux les lumières qui s’éteignent chandelles mouchées
un vieil ours hiberne au profond de sa retraite il rêve et sourit
des nuages lourds aboient aux portes du ciel le soleil se couche
le froid sur l’épaule comme des serres rapaces tourmente ma chair
une averse gifle férocement une affiche de sous-vêtements
mes pas dans le nuit maculent l’herbe gelée de taches sinistres
fin d’année les fêtes même le ciel larmoyant se fend d’un rayon
traces dans le ciel la direction du voyage demeure incertaine
c’est l’hiver dehors la maison prudente veille aux pieds des cadeaux
soleil de décembre sur le lierre du vieux mur sourire en façade
un jour laborieux sort de l’ombre des collines comme d’un caveau
un temps en suspens le ciel déroule ses nues avec lassitude
courbé sur mon ombre je sépare de la terre les miettes du soir 10
Paroles Suivantes
sur la terre froide quelques gouttes sont tombées j’éternue je rentre
un éclair obscur a labouré mon regard le soir se révolte
l’année se dilue dans un soir sans consistance humide et sans grâce
parsemée de gris la tournure de mes rêves crie au cauchemar
j’hésite à la porte comme un vieux volet rouillé l’an s’ouvre en grinçant
Nous, et ce fut nous qui avons tranché le monde en éclats de rire
la pluie ce matin a descendu le rideau sur la promenade
le matin s’enlise dans les méandres lustrés d’odeurs de café
la terrasse brille dans la brume du matin mes os vont grincer
je pousse la porte le ciel noir palpite et luit le jour bâille au loin
brusquement le soir éclabousse mes pensées de taches obscures
collée sur la vitre engourdie par la nuit froide une mouche hésite
rester sans bouger dans l’aujourd’hui impassible demain comme hiver
le soir est rentré comme une vieille harassée s’asseoir en silence
un sommeil sans rêve a traversé la nuit lisse nef sans nautonier l’épaisse fatigue qui se glisse de mes membres m’a revêtu d’ombre
j’ouvre la fenêtre un brouillard tenace et lent se colle au matin. ******** le froid revenu couvre ce matin obscur d’une peau tremblante.
à travers la vitre quelques branches effeuillées zèbrent le couchant
c’est la tête lourde que je traverse l’hiver rongé de défiance
des nuages ronds couvrent la terre endormie comme un édredon
dans le ciel d’hiver seule éperdue grelottante la dernière étoile
c’est un soir très lent qui a rabattu la porte sur la nostalgie
il neige et les arbres s’inclinent sous le fardeau de la pureté
la mer sans sommeil parmi les débris des rêves les troncs des regrets
le soleil qui court sur la neige illuminée joue avec les pies 11
Paroles Suivantes
sous le soleil froid la neige recouvre encor le pré d’espérance
encore un matin où la morsure du froid fige les nuages
l’occident s’embrase les pins comme des pendus déchirent le ciel
prises sous la glace dans le seau de zinc rouillé les feuilles sont mortes
un pas après l’autre dans le verger engourdi la neige a grincé
il court le soleil tout autour de l’horizon pour fuir cet hiver
le pré garde encore la trace des sauts du lièvre gravée dans la neige
la nuit s’éclaircit le songe amer se dilue l’aube affleure enfin
des pas sans un mot ils crient d’un regard glacé dans la terre froide
dans une cellule fier de sa chaîne un boulet brille sans éclat
la neige placide recouvre d’un linceul froid l’espoir d’un printemps
dans le froid piquant le soleil hier timide revient conquérant
l’hiver prend ses aises sous son édredon de neige il paresse et baille
la brume du soir coule entre les pins placide jusqu’au seuil de pierre
c’est un soir d’hiver pas d’étoiles dans le ciel pour tracer la route
sous la lampe fade un souvenir s’émancipe de la mine usée
la fatigue crisse sur mes épaules lourdes d’une année de plus
malgré les matins toujours la même piqûre qui fouille mon ventre
tout doucement l’aube s’enroule dans les replis d’une nuit distraite
passager d’un train qui brûle toutes les gares insensible au monde
les larmes du ciel dans les flaques du chemin voilent les soupirs
ici l’hiver muse même les fleurs d’amandier restent mitouflées
un arc dans le ciel où des manteaux de nuages accrochent la lune
de ce pas je vais ouvrir la porte au jardin qui frappe à la porte
clin d’œil du soleil un sourire arque mes lèvres quand s’ouvre la porte
me voilà rentré j’ai refermé d’un soupir l’huis de la mémoire 12
Paroles Suivantes
la nuit s’est passée à mettre au jour des registres couverts de poussière
la pluie est venue goûter leur saveur aux fleurs des arbres frileux
la mélancolie recouvre le crépuscule d’un foulard de soie
la pluie – quelques gouttes pendent aux feuilles fourbues par un hiver lent
matin dans la brume les yeux arrimés aux larmes séquestrent les rêves
poser d’un soupir la mélancolie du soir sur la terre lasse
une brume noire accompagne le couchant d’un soupir d’ennui
l’aube se dévoile lentement comme à regret je pousse le drap
les vols d’étourneaux au-dessus des villes grises sculptent les nuages
sur le fil tendu tourterelles là venues printemps à l’affût
à travers les rues d’une ville sans odeur le soir se promène
l’orage est passé les étourneaux se querellent dans l’herbe couchée
ah mes souvenances comment pourrais-je vous dire ce froid dans mon ventre
chassés par le vent les nuages se blottissent frileux sous mon crâne
dans son manteau sombre le soir chasse les étoiles frisson dans la brume
matin d’hiver froid pourtant l’idée du printemps trotte dans les têtes
depuis la terrasse on ne voit plus la vallée et les sons s’éloignent
soleil du matin le vent dans les feuilles mortes joue comme un enfant
dans mon ventre froid il n’y a plus de douleur il n’y a plus rien
les traces de sang qui ont lacéré le ciel brûlent dans mes yeux
les moineaux s’ébrouent dans les branches des cyprès l’aube étreint les pierres
aube d’un jour neuf la chambre aspire l’odeur de l’incertitude
soir - la lassitude engourdit ma rêverie l’hiver se termine
dans la pièce sombre pas de souffle pas de bruit seul un cœur qui brille
matinée lugubre une couche de brouillard brouille mon réveil
les dernières feuilles qui fuient le vent se blottissent à l’abri des souches 13
Paroles Suivantes
la pluie a brouillé d’un coup de pinceau rageur la chanson de l’aube
le temps s’est couché les épis saillants d’espoir cèdent à la faux
parmi les mémoires les regards percent le temps qui reste à tenir
le printemps s’attarde qui déguise les chimères par-dessus la brume
ouvre le volet les carreaux de la terrasse sont couverts de feuilles
allée de cyprès quelques gouttes sont tombées sur les graviers aigres
le vent s’est levé les dernières feuilles fauves affligées s’envolent
épris d’espérance le verger tourne le dos aux griffes du soir
l’air froid revenu a recouvert le jardin d’un rêve de gaze
tout doucement close la porte a pu retenir quelques confidences ******** les fruits disparaissent dans la poussière de l’aube les journées s’allongent sur la table on ne voit plus que l’ombre de la corbeille
des rivières d’or tranchantes comme des lames transpercent le ciel le soir s’est posé sur la maison qui frissonne la lampe vacille
l’empreinte des pas dans la glaise des vergers jamais ne s’estompe l’ombre des marcheurs s’égare à suivre leurs propres traces
un soleil blafard s’accroche au faite des arbres par peur de chuter de mes dents jaunies ne reste que des chicots pour mordre la vie
génies des lucarnes qui couvrez vos fuites lentes d’oripeaux usés laissez donc vos impostures à la porte de l’ennui
pesant sur le soir la colline s’assoupit au fond de la brume
les esprits de l’ombre couvrent leur fuite éperdue de lambeaux brillants
rayé de poussière le soleil peine à sauter par-dessus le vent un lent cauchemar la brume se colle aux arbres au fond du vallon
fleur de phrases creuses le sage court dans les herbes parfaite espérance qui soulève son esprit au-dessus du limon sale
l’aube m’a surpris je courais vers le printemps en pleine lumière
mois de mars s’envolent toutes les paroles vides qui jonchent l’allée 14
Paroles Suivantes
les branches sans feuille déchiquètent les étoiles le ciel en zigzag
le soleil enfin s’est décider à hisser les couleurs des fleurs
quand je m’y promène un baptême de pétales pare mes épaules
à travers les feuilles une tache de couleur danse dans le vent
sans malentendu maintenant je sais quels arbres ont passé l’hiver
la fenêtre s’ouvre le soleil sur le mur blanc un éclat de rire
jouer de la fugue dans le silence des arbres c’est à ma portée
le soleil se couche une journée de labeur lui aura suffi
les rayons rangés plus aucun livre ne brille là tout est en ordre
qui pourrait dormir dans l’ombre tranchante et crue d’une pleine lune
plein de nostalgie je jalouse les orchis qui dardent du pré
en face du ciel la lune impassible et ronde inonde le monde
caprices de mars un vent mauvais s’est couché sur l’herbe luisante
l’espoir se dilue dans la chaleur des nuées qui percent le ciel
je ne sais vraiment comment je dois me porter le mois de mars boite
frisson ce matin l’hiver revient sur ses pas d’un revers de main
coup d’œil dans la flaque plic ploc des gouttes se battent pour des ronds dans l’eau
j’échangerais bien mon tonneau de vers souillés contre un dé d’eau claire
la pluie dégoutte sur le mur de vielles pierres rongées par la mousse
il y a encore la feuille de l’an passé morte dans le chêne
au-dessus des masques agités de tremblements le ciel est livide
beaucoup de tapage à la fontaine des vents une odeur de crotte
les jeunes pêchers rosissent dans le matin et leur ombre est courte
l’ombre de la lampe se découpe sur le mur de la chambre vide
il est venu certes à la rescousse le vent mais si mollement
une nuit de plomb tandis que les ombres fouillent mon ventre glacé 15
Paroles Suivantes
querelle de pies l’ombre dispute au soleil les lames du banc
l’ombre sort du temps qui emprisonne et qui ronge les nuits se répandent
d’en haut du verger avec fierté je regarde le soleil en face
il ronge son foin il a senti l’écurie le temps au galop
ma carcasse grogne sous le soleil du printemps je grince en marchant
le doute m’assaille je ne sais comment guérir de tous ces mots tus
où vont les nuages dont l’ombre froide caresse les croix alignées
vide comme un crâne je maintiens face à mes dents un monde véreux
l’heure a ruisselé par le corridor des limbes sur les tuiles sales
les feuilles crépitent je sens le printemps qui passe ombres sur le mur
le temps broie le monde comme le cancer pétrit l’ordre de mes tripes
l’ombre d’un oiseau qui passe fugace et leste sur la terre sèche
j’ai dix sept syllabes pour mater le cheval fou qui guide ma vie
les os fracassés mais les mains pleines d’odeurs je viens du verger
la pluie cette nuit a lessivé tous les rêves que j’aurais pu faire
l’ombre lente croît sur le gazon sans relief odeur du couchant
le soir s’éternise fourbu sur les fleurs fermées comme un long soupir
dans un ciel blanchi des vols d’étourneaux s’agitent le vent s’interroge
éreinté je baille dans ce matin languissant de l’heure perdue
sur mes os rebelles les caresses du soleil crient comme des griffes
un rêve d’ordure réveil aux pieds d’une ville aux odeurs fétides
comme des enfants les parfums flous du printemps rient dans le jardin
l’étau sur les os se resserre et je grelotte comme une poulie
le soir est brûlant le jardin colle à ma peau les odeurs transpirent
un soir paresseux emmaillote mon squelette de fatigue molle
pages insolentes les mots m’ont tranché la gorge j’ai du mal à lire 16
Paroles Suivantes
ombre sur le mur quelle est cette main qui brouille l’ordre du béton
le matin hésite entre clins d’œil empruntés et larmes trompeuses
ils ont submergé des vallées de souvenirs les pleurs des regrets
sur la terre tiède erre la chanson de l’herbe et du vent moqueur
ce matin d’avril la pluie a surpris la pie prise sur le faîte
le sommeil découpe dans les masques de la nuit des sillons de larmes
une goutte brille dans les feuilles d’olivier seule après la pluie
pendues à leur fil deux tourterelles navrées affrontent l’orage
dans l’ordre du soir je remise ma mémoire au clou des regrets
clochette sans griffe le muguet du premier mai s’accroche au printemps
livrés au ressac les souvenirs qui refluent érodent mes yeux
I watch around me like a sparrow on a wire waiting for the wind
lune funambule qui ondule sur le fil d’une confidence
tout autour je guette comme un moineau sur un fil attendant le vent
dans le cœur du temps seul mon regard affolé s’interroge et crie
le gris du matin se faufile sous la porte soupir affligé
rongé et contrit le sommeil pantelant fuit dans la nuit blafarde
sur le mur de pierre les coquelicots s’élancent à l’assaut du ciel
sur les briques rêches le soleil joue avec l’ombre légères des feuilles
une soirée moite s’enroule autour des feuillets de l’éphéméride
blessure dans l’herbe clin d’œil du coquelicot au saut de la faux
dans le ciel immense un petit nuage gris rêve de la foudre
une averse brusque a réveillé la poussière de l’ancien chemin
je lève les yeux le sourire du soleil irrigue ma peau
après la nuit froide le matin se lève enfin sur la terre humide
sur le carrelage la grille de la fenêtre dessine des croix 17
Paroles Suivantes
sur les vieilles tuiles les pies pourchassent des guêpes aux dards inutiles
la lune narquoise découpe l’ombre grotesque de l’épouvantail
un pale soleil a franchi la vitre sale sourire maussade
another nightmare, bleeding as a dark warrior, came across the night
dans le souffle lent les cimes lourdes s’inclinent vers la terre sèche
mais un cauchemar saignant comme un guerrier sombre a croisé la nuit
un réveil chagrin dans des souvenirs froissés un soleil chagrin
le gué est passé maintenant je fais partie du prochain service
j’ai ouvert les yeux sur un matin chiffonné je retiens des larmes
le gué est passé dès lors je cherche ma route au fond d’un tunnel
il est donc en ordre le tiroir que je referme d’un geste nerveux
regarde à tes pieds les ornières du chemin te font trébucher
la fenêtre ouverte sur la fraîcheur de la nuit la ville en profite
les chats se répandent sur les toitures brulantes d’une ville coite
regard sans éclat le dur ouvrage du temps se creuse d’ornières
sur la branche morte contre les vagues passées deux feuilles encore
le sentier abrupt se dérobe sous mes pas trace de silence
dans l’ordre des choses bouche pleine de limon je ferme la dalle
une nuée grise a déguisé le soleil en pitre de foire
le vent s’est couché sur les cendres de ma vie pas même une trace
la lune a toussé dans la fumée du mégot qui brûle à mes doigts
loin du rosier triste un pétale s’est jeté dans les bras du vent
dans le vent cruel les feuillets tremblent de crainte d’être déchirées
la pluie de la nuit n’a proposé qu’une larme à la fleur flétrie
quelques grains de cendre se sont posés sur un livre si longtemps fermé
l’ourserie se rit d’elle-même et un souris dans ses yeux s’est pris 18
Paroles Suivantes
le vent m’a giflé juste quand j’ouvrais la porte à de vieilles larmes
silence immobile un crapaud raye la nuit mon cœur oppressé
peu à peu les rides s’estompent à la surface émiettée du lac
le soleil voilé barbouille des ombres sales sur la terre moite
comment reconnaître le reflet de mon visage recouvert de larmes
le soleil se couche exténué par sa course autour du verger
les nuages passent derrière la vitre terne dans mes yeux humides
matin qui frissonne comme le ciel embrumé je range mes rêves
trou dans l’arbre mort rond et creux comme le monde un oiseau s’envole
fin d’après-midi le ciel s’emplit d’hirondelles je respire enfin
une vie fripée les allées des cimetières sont toujours en ordre
le matin s’ébroue dans la pâleur du soleil je baille et m’étire
une odeur de menthe le jardin s’est raconté sur la page blanche
remuant les braises je lève mon verre au passé enseveli
la haie bien taillée sur le gravier de l’allée il reste une feuille
le cœur s’est flétri il s’est ridé consumé de questions stériles
j’ai éternué la tempête dans mon verre lentement se calme
mes paupières pèsent sur la prairie qui suffoque déjà l’herbe est sèche
les cigales crissent sur les écorces rugueuses été de rocailles
je ferme la porte malgré moi et d’un soupir averse d’été
un rayon se pose de la paupière une perle laboure la joue
coup de vent brutal dans le silence du soir des regrets qui claquent
matin lumineux le soleil se dissimule derrière l’écran
la chaleur du soir pas un souffle d’air n’apaise mon cœur desséché
l’été prend son temps il a pendu le soleil près de la piscine
mon regard se porte là-bas après la vallée vers l’insaisissable 19
Paroles Suivantes
toujours le silence aussi brûlant que l’enfer dans ce corps qui tremble
au bout de mes doigts son sourire est resté frêle comme un cri d’oiseau
au fond de la nuit la barrière de péage diffuse s’embrume
sur la piscine triste la pluie commence à laver les aigres promesses
un vol de corneilles a obscurci le soleil je chasse une mouche
un coup d’œil furtif j’ai recherché ce regard qui glisse sur moi
les ailes du vent dans la chaleur de juillet n’ont pas de portance
le vent qui s’engouffre dans le verger desséché grogne entre mes tempes
fourbu je me lève le matin torride a décapé mon sommeil
le vent en colère malmène le vieux volet je retiens mon souffle
un petit coup d’œil la boite de déception reste silencieuse
tristement le ciel recouvre les herbes sèches d’un manteau de larmes
peut-être ou peut-être l’incertitude a rongé les fils de l’histoire
il pleut sur l’été il pleure son impuissance à rire au soleil
la journée commence accablée par la chaleur le cri des cigales
ruisselant de pluie je traverse le verger d’un pas qui soupire
ma poche percée n’a pas su emprisonner le chant de l’oiseau
une main se tend il suffirait d’un regard pour pouvoir la prendre
des gouttes de sable brouillent la fenêtre ouverte sur l’aube incertaine
le cœur si serré las presque désespéré je vais dans l’été
quatorze juillet l’arc-en-ciel autour du cou torrent du baiser
seuls sur l’étagère les deux angelots d’albâtre retiennent leurs larmes
de la pluie de la nuit pas de flaque au matin seules des vitres sales
l’été m’accompagne dans le silence du soir au bout du chemin
dans l’été sans ride je promène lentement un corps déchiré
dans la nuit j’écoute les secrets que les étoiles osent me confier 20
Paroles Suivantes
comme un ruisseau sale les journées passent visqueuses happant mes pensées
toute la nuit j’ai traqué des moutons auxquels on n’en conte pas
je rentre sans force m’obligeant à accomplir les gestes qui sauvent
la vie est passée grains de sable déplacés dans un désert sombre
le temps qui paresse s’est enroulé dans ma tête comme un vieux cordage
tôt dès le matin le soleil fouille mon crâne brûlant les pensées
fin d’après-midi dans la chaleur de l’été des pensées sans ombre
les mains poisseuses je dispute les figues aux frelons voraces
un trait dans la nuit a déchiré le ciel noir et l’espoir renait
à travers les vitres confinées de la maison je vois l’air qui brûle
brusquement l’orage a brouillé l’indifférence noire du silence
verger désolé le poids des remords brûlants courbe les pêchers
un matin grisâtre se lève mais un rayon me fait un clin d’œil
pas le moindre souffle l’ombre opiniâtre des arbres ne vacille pas
chargé de colère le vent chasse les nuages à grands coups de fouet
sous le ciel ardent je foule à pas lents les feuilles mortes cet été
un soleil tranquille caresse l’ombre des arbres je ferme les yeux
un trou dans le front sortira-t-elle du cœur en éclat de feu
les photos jaunies dans la vieille boite en fer n’ont plus de sourire
la journée commence semblable aux journées passées semblable à demain
se frotter les yeux n’efface pas la nuit moite réveil dans les brumes
la sérénité s’est perdue dans les méandres d’un fleuve équivoque
sur le lé sans ombre le dur soleil de l’été brouille les pensées
ce soir une étoile s’est noyée dans la piscine au milieu des larmes
au bout du chemin un été brutal s’accroche à ma vieille peau
dans la nuit d’été un saxo joue ‘’Summertime’’ -Seul sous les étoiles 21
Paroles Suivantes
le vent se panique la cime sèche des arbres dépèce les nues
l’été s’est caché dans une brume automnale quand le reverrai-je
les yeux pleins de larmes je compte les battements de mon cœur broyé
mes mains ont brûlé des offrandes éconduites par un cœur glacial
une nuit encore passée dans la moiteur noire à trainer des songes
un matin hagard le goût amer de la nuit hante ma mémoire
blafards sans visage des cauchemars anonymes traversent la chambre
de je ne sais où une abeille dans l’oreille me conte des fables
rien ne vient troubler pas le plus petit soupir l’étendue des jours
regarde ces mains qui ont sculpté son visage pourquoi tremblent-elles
le jardin me suit dans le goût de la tomate que je mords vivante
regarder la mer si loin après des collines de larmes salées
sur le seuil ouvert dans la nuit épaisse et chaude les doutes hésitent
perdu dans le temps je cherche le grain de sable qui me cloue aux heures
serait-ce l’automne déjà qui mouille mes joues rentrée avortée
sculpté par l’aurore ciel étrange de septembre que veux-tu me dire
après les ardeurs du passage de l’été une averse tiède
les flèches d’argent croisées sans se rencontrer dans le ciel s’ignorent
essoufflés suant ils jouent à chat dans la boue j’éteins la télé
seul dans le verger sans une seule pensée sans même mon ombre
le mistral encore qui vient effrayer les pins à l’écorce sèche
là sur le banc blanc entre le ciel et le pré la fin de l’été
l’automne insidieux tranche peu à peu la gorge aux jours de septembre
las je ne crains plus l’odeur sure de la mort qui rode mes nuits
le matin frissonne d’un vif haussement d’épaule l’été se détourne
espérer la pluie les bruits tristes de la ville crissent dans mes pores 22
Paroles Suivantes
l’été à pas lents prend congé de l’herbe lasse d’un soupir discret
vers quel monde éteint le vent mauvais me détourne de mes souvenirs
dans la nuit j’écoute le dialogue de mon corps et mon cœur inertes
un jour je dis fais de nous ce que tu veux je me sens seul depuis
qui frappe à la porte nul ne sait quel visiteur s’invite à souper
je fixe la lampe impassible et sans pensée une soirée tiède
malgré la moiteur qui prolonge la journée l’automne se pare
plus jamais il ne montrera le ciel le tronc que j’ai abattu
ainsi va la vie une poignée de pois chiches qui roulent qui roulent
répandue sur l’herbe on ne voit que la sciure du bois tronçonné
personne ne peut entrer sans espoir il lit seul sur l’océan du lit
dans la fumée bleue nostalgie d’un soir d’automne le cœur cahin-caha
clin d’œil de l’automne le soleil s’est dispersé en lambeaux de brume
crépuscule bruit rouge des galets entre les vagues
puis la pluie venue a recouvert mollement les tuiles ternies
dans le lit comme une rivière j’ai gardé sa place
tout au long du jour j’ai contemplé par la vitre le temps qui coulait
le ciel chiffonné une vague d’amertume coule des façades
j’avais dix sept ans et je ne comprenais pas et rien n’a changé pleurant le passé il file sans avenir le temps me ressemble
ils fuient apeurés comme des lapins craintifs les jours et les jours ******** mois sans dieu bientôt je mords dans une tomate arrière saison
au coin de l’œil une goutte de sueur se prend pour une larme
sur le fil tendu les hirondelles sont prêtes à narguer la mer
le vent d’automne qui ne sait pas où souffler n’a ni chaud ni froid
le jardin est accablé par l’ardent septembre rémission du soir 23
Paroles Suivantes
de ta voix si calme la gratitude a franchi le seuil des douleurs
à peine un frisson pour accueillir ce matin un autre matin
le soir m’enveloppe d’une fatigue sans nom ce que le temps pèse
le ciel de la nuit dissimule tant d’étoiles où est donc la mienne
j’arrose toujours les tomates sacrifiées l’automne écorné
il n’a pas sonné appel perdu dans la brume d’un jour chiffonné
dedans mon jardin il n’y a pas de lucioles pour briser la nuit
le vent s’est brisé sur le verger assoiffé craquement des os
j’ai ouvert les yeux dans une chambre sans flamme après la nuit grise
d’un coup d’épaule le vent a claqué la porte aux feux de l’automne
un criquet d’octobre égaré dans la maison se heurte aux miroirs
j’ai fermé la porte aux caresses délaissées l’été se dérobe
ah le mois d’octobre quand se fanent les chimères le mois sans saison
les feuilles s’envolent malmenées par le mistral les pensées s’égaillent
l’odeur de fumée se répand dans la maison octobre déjà
nuit de pleine lune même les étoiles perdent leur sourire obscur
un mur de cendre se dressait devant les yeux le soleil s’y noyait
le vent et la nuit dissimulent les étoiles dans le clair de lune
mon jardin secret n’a rien d’un jardin sucré sans le feu sacré
Le soir se répand, tache de sang noir coulant d’une plaie du ciel.
la lune se cache entre les feuilles d’automne comment la cueillir
Je lève mon verre aux souvenirs pétillants à jamais en moi.
Un matin plus frais a traversé le volet de ma souvenance.
Je lève mon verre aux promesses éclatantes et jamais tenues.
l’automne a laissé sur le mur sec de l’été ses gouttes de pluie
En aurai-je un jour assez de cette peau lâche ! Rêverie du ciel. 24
Paroles Suivantes
Les souvenirs flous : dans le crépuscule calme un frisson me prend.
des coups de fusil défigurent la colline ma plume se cache
Étoile filante ? Non ! Seulement un départ dont je ne suis pas.
J’ai usé mes yeux sur les lames du soleil ; l’ombre seule reste.
cicatrice blanche une trace dans le ciel pas le moindre vœu
les dés sont lancés ils roulent sur le tapis jusqu’au triple six
blotti sur la branche comme un oiseau pitoyable il n’a plus d’espoir
une aube d’automne si belle tant désirée dans sa robe fluide
tu restes planté au bord d’un ruisseau que tu prends pour l’Amazone
Je traine mon âme après l’amère défaite comme un vieux soldat.
j’avance indécis le soleil passe pourtant sur ces journées pâles
En haut du jardin, assis sur la pierre froide, le cœur en écharpe.
Dans le ciel blafard, la lune et Vénus, ma sœur, ont pitié de moi.
un manteau de soie flotte sur la vallée grise l’automne le soir
J’ai brûlé mes yeux à la regarder, sans joie, transpercer mon cœur.
L’ordre règne hélas ; toutes les briques du mur scellées à jamais.
le cœur a bondi ces paroles mesurées si grosses de sens
creusant la vallée un train dans la nuit oblique emporte des masques
au milieu d’octobre le soleil toujours ardent je sais que je vis
J’ai cru déchiffrer l’énigme de la pénombre en croisant ses yeux.
J’aurais tout donné, mon enfance, mes chimères, pour un bout de ciel.
le soir est venu et son cortège de craintes me serre le front
vêtu de mes rêves j’ai parcouru le verger en quête d’espoir
Le regard fixé sur les collines lointaines, je revoie ses mains.
Des paroles jaunes dans une langue boiteuse : souffle d’amertume.
Quand elle dormait, sa respiration embuait le monde à ses pieds. 25
Paroles Suivantes
Quand elle dormait, ses courbes frangeaient les galaxies de dentelles.
C’est le soir, déjà, qui enveloppe les toits et les souvenirs.
Quand elle dormait, je tutoyais l’univers : mes mains et sa peau.
« Viens, viens, disait-elle, reste près de moi ! » Pourquoi me suis-je éveillé ?
Par-dessus la nappe voilà des mois que je pleure le verre brisé.
Quand elle disait « je t’aime » le ciel était bleu. Il pleut désormais.
Au fond de la nasse voilà des mois que je pleure le rêve brisé.
D’un éclat de rire, elle a déchiré ma vie et tranché la gorge.
je remplis mes yeux d’un flamboyant crépuscule le vent s’est calmé
quelques gouttes lentes ont dessiné des étoiles sur le vieux chemin
Rassasié de nuit, à présent je ne dors plusl’aube vient trop vite.
Quelques pas de danse, elle a traversé ma vie d’un coup de poignard.
un matin d’automne étincelle de lumière et froid de l’acier
le ciel sur la tête se frotte aux toitures je marche entre mes épaules
le froid a surpris cet automne que personne ne prend au sérieux
Je compte les gouttes qui débordent sous mes yeux : une, et deux, et trois…
Parfois, au couchant, je me penche à la fenêtre pour n’y voir personne.
Au nord de l’amour le givre a brisé le ciel d’échardes de verre.
encore ces rêves qui ne me grandissent pas pourtant je m’éveille
les pierres du mur ont roulé après l’orage soupir résigné
dans un frisson venu sans embuscade voilà l’automne
le lierre du mur n’a pu retenir les pierres transies par l’orage
dans un froissement apparu sans embuscade l’automne s’installe
les feuilles d’or brillent dans le soleil facétieux l’orage s’éloigne
À travers les tombes le vent bouscule les feuillesdialogues des morts.
Les nues s’amoncèlent : rien pour retenir les larmes sur les tuiles pourpres. 26
Paroles Suivantes
Une nuit sans gloire s’impose à l’herbe embruméeJe claque des dents.
le soleil confus jette comme un appel mauve la vallée vacille
ce soir sous lampe pour ne pas se répéter mon crayon hésite
Au secret des nerfs, je nourris, vives, des braises couvant sous la cendre.
Rêve rempli d’elle : je volais dans son regard. - Un crash au réveil
Usé, je le suis, ressassé comme un chemin qui sinue sans but.
Consumées, les cinq saisons de la vie. Il reste une nuit aveugle.
De la vie béante coule le sang des jours jaunes, spectres sitôt nés.
Le cœur gros, je restitue aux ténèbres le prix de mes souvenirs.
Le rêve aboli, j’ai dû accepter, perplexe, un matin sans joie.
Où s’est donc perdue cette espérance légère qu’abreuvait le don ?
dans le cerisier un rouge-gorge se gave du soleil d’octobre
un bloc après l’autre je l’ai redressée la colline ensoleillée
Déjà l’ombre gagne, et de ses doigts sans merci, me broie le regard.
Ces gens qui me frôlent, qui s’éloignent, révulsés ! - Je suis étranglé.
sans souci il chante sait-il que l’hiver est proche cet oiseau sans nom
Une odeur d’hiver malgré la douceur du vent. - Tout ce froid en moi.
le soir en avance se moque de la lumière alanguie du jour
le rideau s’écarte l’aube est douce qui se lève à mes yeux usés
Sa voix me revient comme un écho chaleureux à mes larmes tièdes.
on ne perçoit plus l’ombre triste et immobile du vieux jardinier
C’était en plein jour, nous étions ensemble quand le rêve s’est tari.
un souffle de soie traverse les feuilles jaunes chemin en novembre
Je m’éveille, absent. Dans la pièce vide et froide, il ne reste rien.
la pénombre gagne les moindres recoins je crains d’y perdre mes yeux
depuis l’olivier la tourterelle craintive défend le jardin 27
Paroles Suivantes
l’or du crépuscule lentement étend sa couette sur un jour fourbu
Pleure, mon cœur, la complainte sans paroles, pleure les anciens jours.
Vidée d’espérance, l’étoile à quitté le ciel. - La nuit à midi.
Du fond de ce cri resurgissent les vestiges du bonheur ancien.
Les rêves coupés, les ailes étincelantes gisent dans la boue.
l’orage tourmente la quiétude des passants de ses crocs liquides
Jour des morts Il pleut sur les feuilles mourantes.
le monde s’arrache de son propre simulacre voilé par l’averse
depuis la fenêtre je suis la chute du jour mon regard s’embue
la belle qui rêve de somptueuses rencontres est nue dans son lit
Sans raison un soupir amer. - Jour des morts.
la longue journée à dévisager la pluie quand finira-t-elle
Une journée grise s’est étendue sur la ville. - un nœud dans la gorge.
Elle souriait ; ses dents éclataient de joie, résolues à mordre.
la feuille perdue s’envole sans avenir dans le vent malin
Le ciel pleure-t-il une passion consumée, pour qui sont ces larmes ?
Elle a débordé des rêves ; depuis, je m’essouffle à la rattraper.
Que sont devenus les jours de ma vie rêvée ? - rongés par l’oubli !
les perles qui coulent du ciel sans couleur dans la moiteur de l’automne
le verger expire les pas imprègnent la terre mariage de l’eau
la lune frangée après la journée d’averses semble bien marrie
Novembre se figedes années bien après l’heur, un pauvre sourire.
Figé sur le bord, je l’ai regardée danser souriante et fière.
du bleu apparaît au dessus des rictus gras ciel timide encore
Un soir de novembre, le vent malmène les feuilles du roman sans fin.
les bruits de la route escaladent la colline les arbres se courbent 28
Paroles Suivantes
J’étais son héraut ; d’ores je porte le deuil de notre rencontre.
clin d’œil du soleil dans les flaques du chemin un sourire enfin
L’espoir ne rit plus ; il frissonne sous l’averse et la nuit l’effraie.
brusquement la nuit s’abime sous le feuillage les troncs se rapprochent
Il marche courbé sur les traces du passé ; vieil homme sans ombre.
L’animal craintif qui ronronnait dans mes bras a des dents de tigre.
Au bord du chemin sans but, le soleil dépose ses dernières armes.
l’été traversé un écureuil rutilant s’éteint en novembre
La mort s’enracine. Chacun a sa propre tombe qu’il creuse et qu'il fouille.
ça n’arrive pas qu’aux autres on peut tous souffrir sans avoir de plaie
Ici le vent frappe à la porte des vivants. Ils claquent des dents.
Des larmes ruissellent, on ne sait d’où elles viennent. - Visage sans forme.
Aiguë, la nuit sombre dans le néant infini et l'ordre glacial.
craintif il s’élance droit vers la flaque promise l’écureuil a soif
On va dans le noir ; indifférents au passé, la pluie bat nos tempes.
un ciel d’aquarelle surmonte mes bâillements que faire aujourd’hui
la petite abeille qui bourdonne dans l’oreille jamais ne sommeille
Sous le ciel atone les oiseaux ne chantent plus et mes yeux se taisent.
la nuit se répand et disperse les averses mes pieds dans la flaque
le cyprès se dresse fier comme un fanal fidèle vers le soleil morne
ce front engourdi que la main lasse supporte est plein d’illusion
Rêver les yeux clos dans la chambre sans lumière ! Où se cache-t-elle ?
De toutes ses dents, elle s’enfuit comme l'eau que rien ne retient.
J’aurais tout donné ; pourtant malgré les suppliques ma peau m’appartient.
Tombé dans le lit, le pont qui joignait nos rives obstrue la rivière.
La trace du ciel sur la terre maculée ; un nuage passe. 29
Paroles Suivantes
Ma trithérapie ? Je bois, je fume et je ris ! Baiser, c’est fini !
à gauche et à droite sur la fourche d’olivier deux tourtereaux boudent
Fatiguée du poids de tant d’automnes grinçants, mon ombre s’allonge.
Une soirée jaune ; je sentais un sang de sable couler dans mes veines.
d’un rayon subtil le soleil surprend novembre mon ombre se cambre
Je pensais à elle comme on se penche sur l’eau, impatient de boire.
Le soleil s’égare : rayon dans les feuilles mortes, caresse d’oubli.
L’ennui m’accompagne dans la morne promenade de mes insomnies.
L’air du soir dépose comme la mémoire humide d’autres soirs, jadis.
Les saisons brillantes se sont éteintes, lumières d’un printemps fragile.
je marchais sans crainte la nuit a mangé mon ombre me voilà bien seul
Sur mes lèvres sèches le cri s'est interrompu ; un chemin sans but.
La bêche à l’épaule, j’ai arpenté le verger pour combler l’oubli.
Elle glissait sans bruit sur les pentes de ma vie ; nuage de cendres.
Plus jamais je ne goûterai à l’eau de son corps.
un bruit de tonnerre les écailles de ma peau crissent sous mes ongles
J’efface de mes lunettes l’empreinte des regrets salés.
un mince sourire à la maison qui s’éveille odeur du café
noueux lui aussi un olivier me salue matin de novembre
Le don du bonheur reflété dans un sourire ; les yeux dans les yeux.
je m’extrais du lit l’aube se fraie un chemin entre les nuages
Fixée sur la porte de la maison sans lumière, une invitation.
Son rire éclatait, lumineux comme l’été, sonore et fantasque.
soleil de novembre un vent froid court sur le pré dernières frivolités
Quel choix reste-t-il ? Assis au bord de l’automne, je frissonne un peu.
Où est mon ardeur ? Si vieux, depuis si longtemps ! Les souvenirs passent. 30
Paroles Suivantes
Un corridor sombre : toujours le même visage qui flamboie.
Oubliée la suavité passée ! Ah, présent calleux !
le froid de la nuit semble vouloir révéler un froid plus profond
Je lève mon verre à la passion piétinée. Encore une fois !
malgré le sourire d’un soleil impertinent un réveil amer
L’esprit obscurci par trop de verres vidés, enfin, tout s’éclaire !
Les fauvettes se hâtent face à l'hiver. Reverrai-je le printemps ?
J’ai passé la nuit à chasser des papillons mutilant mes yeux.
si la lumière ne vient pas change la lampe
J’ai perdu mes yeux au change d’un jeu cynique : réveil sans lumière !
Assis sous la lampe, la lumière m'enveloppe d'un manteau de soir.
À la santé des cœurs perdus ! Il n’y aura jamais assez de verres brisés !
Qu'est-il devenu le sourire qu'elle offrait à mon seul regard ?
Perdu dans les ronces des chemins sans but j’ai les joues en feu.
bien contre son gré arlequin reste invisible âpre colombine
Désespoir obscène qui mord dans la joie de vivre, sors de mon regard !
Sur mes doigts je compte, sans savoir jusqu’où me mène ce bilan narquois.
qui viendra souffler la poussière de la table aux hôtes figés
journée moisie les ennuis tombent comme la pluie
Novembre redoute la neige qui va couvrir les tombes livides.
Ce déchirement, ce cahot, là, dans le cœur, d’exaltation blanche !
il fait si gris mais dans un soupir le jardin s'ébroue
Une buée froide coule entre les feuilles jaunes ; le regard s’embrume.
matin de novembre malgré la douceur humide des senteurs d’hiver
Ce vent dans la tête qui me remplit d'amertume la repousse au loin.
dans le ciel sans force les nuages en lambeaux s’enfuient vers l’hiver 31
Paroles Suivantes
Hésitant, je fouille dans l’armoire aux souvenirs, j’invente la mer.
Pour elle, notre rencontre ne fut qu’un plan cul qui a mal tourné !
Je marche à pas lents dans les allées des chimères, le cœur balbutiant.
La source est tarie mais le souvenir des larmes a creusé mes cernes.
mon cœur balbutie je marche à pas lents dans la vallée des chimères
Elle souriait ! Quand elle était dans mes bras, je domptais ses battements.
La nuit, l’oiseau noir bat des ailes dans les yeux d’un visage éteint.
rayon de soleil dans l'œil de l'automne novembre se joue du temps
Un tapis de feuilles au seuil de la tombe ; les morts s'y frottent les pieds.
Je ferme les yeux. Je me souviens de ses lèvres que plissait le vent.
Je cherche une pièce à mettre dans cette main noire et décharnée.
Elle a tourné la tête. La couleur du crépuscule couvre mes joues.
La barque s'enfonce et j'ai peur de perdre pied ; le batelier s’impatiente.
J'ai perdu la clé qui ouvrait la porte à son illumination.
un vent gris souffle sur novembre je rentre la tête
Caillou rejeté, immobile sur le bord, sans route à offrir.
un soleil frileux s’efforce sans conviction de griffer le ciel
soixante deux ans j'ai mangé mes illusions et léché l'assiette
sous la lampe jaune le temps passe sans élan une soirée lente
tache de lumière sous l'ombre noire des pins une branche morte
Un manteau de nuit bat sur les épaules du désespoir.
Le ciel s'est fendu comme une plaie qu'on inflige aux lèvres muettes.
Je serre mon col, condamnant la porte au froid qui sourd de ma peau.
L'animal se cabre sous la cravache cuisante, le cœur se révolte.
J’ai passé le temps qui m’a été accordé à espérer vivre.
Des cris par saccades : les crabes de la mémoire assiègent l'oubli. 32
Paroles Suivantes
Dans la nuit, un ange embrasse le ciel criblé de trous de mémoire,
Le soleil paresse à travers les vitres sales sur le lit désert.
un ange qui souffre des pointes aiguës piquées sur la peau du ciel,
la fatigue pèse sur le squelette qui ploie arche sans élan.
un ange qui pleure, crucifié dans le ciel. Novembre la nuit.
La douleur sur les genoux, qui ronronne à s’arracher le gosier.
Les étoiles luisent et le cri d’un ange arpente le ciel d’automne.
Sur le mur qui sépare nos jardins, j’ai dessiné une porte.
Je ferme la porte ; les mêmes gestes toujours précèdent la nuit.
je suis dans le ciel les nuages qui s’enfuient qui ne me voient pas
fin d'après midi une blessure écarlate au cœur de l'automne
Battant Brusquement, la fenêtre s’est ouverte sur le souvenir.
face au crépuscule l'air vibre comme une corde tendue sur le vide
L’herbe sèche ne s’est jamais enflammée. Ensuite est venue la pluie…
J’ai rêvé d’une eau où nos sourires mêlés seraient disculpés.
Il ne reste qu’un goût amer au réveil, quand se dissipent les rêves.
Posé sur la rive d’une rivière impossible ; les yeux dans ses cieux.
De l’autre côté de la vallée embrumée je me suis perdu.
une nuit humide et froide a couvert le pré voué à l’automne
décembre pourtant l’herbe est parée de rosée qui rit au soleil
Les portes se ferment, les fenêtres ne rient plus ; des façades grises.
soirée en coton la brume est illuminée du chant de la ville
l’aube souveraine dans sa robe de lumière domine la brume
Allongé j’attends, les yeux figés sur les poutres, celle qui viendra.
à travers les feuilles jaunes de novembre jouent le soleil et le vent
Un matin, j’irai dans un grand éclat de rire, cendres dans le vent cendré. 33
Paroles Suivantes
La nuit rode, hyène enivrée de haine, sur les marches de l’oubli.
la nuit pousse un cri de hibou lugubre la nuit craint d’être engloutie
Une feuille brune, plaquée sur la vitre humide ; un cœur sans remous.
Elle m'a jeté dans son passé, vieux trognon rongé jusqu'à l'âme.
l’orage soudain a plaqué la nuit au sol l’herbe s’est couchée
Un coup de vent noir claque la porte violente ; je me fais prison.
Je souhaite en rêver puisque je ne peux la vivre ; un don du sommeil.
Une vie perdue à m’égarer dans les cendres des jours consumés.
Pour cette inconnue une étoile s’est levée sur le monde aigri.
entre les collines point une lente lueur qui arase les rêves
Le sentier se couvre de feuilles mortes craquant du poids de l’errance.
des couches de crème ont barbouillé le soleil un enfant sourit
décembre s’invite mollement dans l’air figé un pas vers l’hiver
Entre chien et loup, faudra-t-il que je renonce aux rumeurs de l’aube ?
Comment discerner ce que sera mon regard au bout de l’hiver ?
les feuilles se sont blotties au pied du grand mur où le vent se brise
L’aurore rayée d’une plaie sanglante, le jour naît dans la douleur.
j’ai coupé la tête aux fleurs de décembre promeneur sans compassion
La chambre où je rêve repousse le crépuscule, elle s’offre à l’aube.
M’a-t-elle lâché ? Naturellement je mens à mes propres larmes.
l’ombre parvenue jusqu’au bord de la terrasse me tient compagnie
Les mots me traversent, sa voix ne me nomme plus, je suis sourd au monde.
Ils sont arrivés, les jours au-delà des jours, sans heurter la porte.
Le soir m'enveloppe ; une vapeur assourdie me pousse à l'oubli.
Je la traine encore, cette carcasse trop grande, sur la sente abrupte.
J'ai bu à ses lèvres et je n'oublierai jamais la soie de sa peau. 34
Paroles Suivantes
À travers les feuilles l'étoile brille et palpite si loin, oh si loin !
De ses yeux, peu à peu, je prends conscience qu’il ne faut plus rien attendre.
L’étoile pâlit quand le matin arrogant la couvre de honte.
Ils fuient un jardin pour l’oubli sans poids ; les morts quittent la mémoire.
Le visage est sec, plus de larmes sur les joues ; pourtant le cœur sombre.
Je n’ai pas appris les règles du jeu ; j’ai été pris sans comprendre.
Tout est lourd ce soir, mes pas, mon front et le ciel ! que pèse le monde ?
Bien des douleurs passent, comme un café trop serré, gravées d’amertume.
J'étais sous le charme dans la boule à neige, à portée de main.
Faut-il traverser un miroir au tain usé pour briser l’énigme ?
un fantôme hante les coursives de mon crâne - ah, cette migraine !
les jours de décembre d'un sourire aigu rongent le calendrier
Odeur du matin ; la chambre s’ouvre à l’hiver, à la solitude.
Par la jalousie la silhouette indistincte s'est fondue dans l'ombre.
Une longue somme que je pèse sur mes doigts. Des doigts ! Il en manque !
fin d'après-midi dans l'hiver plus rien ne bouge décembre s'étire
Le temps a jauni : un papier couvert de larme qu’on ne peut plus lire.
Au bord de la nuit j'attends que du large vienne comme un souffle d'aile.
le regard s’abime dans des enroulements blêmes matin dans la brume
La nuit dans le cœur, juste une rumeur le froid me coupe la gorge.
j’ouvre la fenêtre sur une journée grinçante un pas dans l’hiver
Je reste en coulisse ; je suis devenu un clown qui cache ses larmes.
l’hiver s’est précipité dans la brèche de décembre il fait froid
Dans la nuit hostile, au nord de toute illusion, la lune impavide.
J’ai bu à son eau mais je ne sais quel venin m’a rendu si laid.
un autre matin dans la grisaille le printemps semble si loin 35
Paroles Suivantes
Désespoir humide qui coule sur le verger ; le ciel est malade.
fin d’après-midi au-delà de la fenêtre le vent et les feuilles
Le cœur à l'envers, crème brûlée, renversée, sens dessus dessous.
Ma tête s’habite d’un rire lointain, un temps d’eau fraîche et de sel.
Sous le ciel froissé, je ne sais où me conduisent mes pas incertains.
La vigne était haute, il fallait rompre le cep pour goûter aux grappes.
Dans ses yeux ardents ne demeure que la trace blanche de nos pas.
Sur le fil qui a tranché nos gosiers je suis resté immobile.
Elle était si pure ; son rire m’a transpercé de sincérité.
J’ai poussé la porte : le ciel avait disparu ; puis j’ai attendu.
le vent me secoue comme un vieux noyer qu'on gaule jusqu'à ses racines
Je me suis penché au-dessus du puits ; je n’ai pas vu mon visage.
Sous la lampe pale, l’espoir craint les soubresauts d'une nuit violente.
sur la terrasse les gouttes s’écrasent comme à regret
Sous la lueur jaune, dans le silence du soir, la raison abdique.
L’ombre se rapproche, la vieille compagne qui ronronne sur mon cœur.
lassés du silence les murs de la maison ivre battent à mes tempes
Les pensées abdiquent sous l’assaut mélancolique de l’humiliation.
Elle a mis son ordre dans le fouillis de ma vie, puis elle est partie.
Un pont de nuages enjambe la vallée froide ; seul le vent l’emprunte.
J’aimais écouter de mes yeux avides, les chroniques de ses yeux.
Au fond du vallon, dans la maison des poupées, mon cœur dépecé.
il n’y a pas d’aube au bout de la nuit la pluie en a pris la place
il troque du vent contre une poignée de sable l’homme sans parole
Autour de la lampe rôde, obscure, la présence de celle qui manque.
hurlements de chien le vent s’est brisé sur les dômes de la ville 36
Paroles Suivantes
J’ai ri de ma vie, j'ai foutu la sienne en l'air, j'ai cru aux miracles.
Des feuilles de silence tombent du froid de décembre les mots se figent.
le vent s’est calmé mais couché au pied du mur il est sur ses gardes
Les lentes journées, la pénombre de l’hiver, le cœur dans la gorge.
Où court le mirage que promettait la vie, vers quel précipice ?
il reste des miettes sur la table où les convives se sont endormis
le jour a atteint son point le plus bas il faut refaire surface
Une trace sur la joue : le sillon salé d’une larme ancienne.
le froid a pris en otage le jardin terrorisé vent d’hiver
C’était si bien imité qu’on aurait pu croire des larmes de joie.
Le souvenir pèse sur mes mains offertes. Je voudrais qu’elle l’accepte.
Le miroir révèle des yeux gonflés d’amertume après la nuit blanche.
Le cœur lacéré se recroqueville. Les branches fouettent le vent.
La source tarie n’abreuve plus le désert sec de ses paupières.
miettes et renvois sont répandus sur la nappe vision de défaite
Il voudrait quitter la gangue de la folie qui pourtant l’apaise.
fenêtre d’hiver par-dessus l’aube acérée saignent les nuages
réveil au dessus des brumes de la vallée le matin s’étire
Partir, il est temps, sur une route sans joie, vers un nord douteux.
échevelée maintenant elle accourt vers mon visage livide
Réconcilier l’improbable : l’ouvrage demande un temps égaré !
Que les mots muets se déguisent sur ma table, loin de la lumière !
Je voudrais encore sentir dans les paumes le sillage de sa peau.
Plus rien à dire, j’ai épuisé tous les mots qui décrivaient l’ombre.
Mes pas sur les feuilles rendent compte d’une fable silence éloquent.
Nuage de cendre des grains de lumière dansent dans le sablier. 37
Paroles Suivantes
il fait doux ce soir la dernière nuit de l’an ne prends pas de gants
Oublier l’automne de ma vie que nous avons passé lumineux.
la flûte est couchée sur la nappe encore humide une fausse note
Puis cet hiver gris qui m’a déchiré le ventre et coupé les ailes.
La nuit je m’inquiète. Surtout cette nuit. Serait-elle la dernière ?
le vent s’est calmé pour que je puisse frôler les cheveux de l’aube
Réparer l’outrage ! Ah, que ne vient le courage d’enfourcher ma rage !
Sur le banc complice, j’ai laissé passer les ans sans les retenir.
l’année se prélasse dans les restes du repas soir du premier soir
Le gravier crissait sous mes pas de promeneur ; je serrais les dents.
Pas le moindre mot ne couvre la page vide ; j’espère un présage.
j’ouvre le volet et le matin me salue d’un grand coup de vent
Des mots insensés, une feuille déchirée par le vent obscur.
courbé par le vent le cyprès s’accroche à la terre qui l’abreuve
Une brume se répand sur les marches qui m’entrainent vers l’enfer.
Je regarde les nuages que le vent pourchasse jusqu’au bout des jours.
des gouttes d’hiver carillonnent sur l’allée mon amie est là
Un soupir s’échappe de mes lèvres sèches ; je quitte le banc sans hâte.
De l’allée discrète, le vent a poussé les feuilles au pied des tombeaux.
Il ne viendra plus jamais aiguiser ma sève ; l’espoir boite bas.
Insensé ! Il n’y a de paradis que dans le rêve des fous.
L’hiver troue mes os de milliers de dards de glace ; bonhomme de givre.
la soirée paresse fleuve de boue qui s’accroche aux joncs de la rive
quand j’écris j’oublie que j’ai un accent qu’aucun poème ne digère
sous mon front palpite un animal ténébreux comme une douleur
le vent me tourne la tête comme le vin bu à notre santé 38
Paroles Suivantes
il s’enfuit sable au fond d’un sablier qu’on ne retournera pas
un drôle d’oiseau perché sur une brindille se fend d’un clin d’œil
Il ne faudrait pas tourner la dernière page sur une équivoque.
le bol de café refroidit nos mains se sont séparées
Je lève mon verre à la couleur du carnet et à l’amour, jaunes !
bruit de chaines un homme traîne son ombre dans la nuit
la vie un brouillon le cœur et la peau froissés la page illisible
le soir tombe si mélancolique crème grasse sur du lait
les rêves pleuraient de ne pouvoir rompre un joug qui blessait les nues
la douleur encore s’est lovée dans mes entrailles elle craint le froid
soldes de janvier les gens passaient sans visage le long des vitrines
les moineaux piquent dans la terre froide sans miséricorde
inquiet je regarde ce corps étendu inerte peut-être le mien
la cendre des rêves consumés bannie sous le lit
l’odeur d’herbe sèche me revient et j’imagine l’été éternel
crissements des feuilles mortes et le vent sur la terrasse
ne plus parler d’elle serait-ce trop exiger de mon cœur usé
les journées débordent cruche de lait oubliée sur un feu trop vif
si vieux on dirait qu’une grille dans le ciel retient les nuages
par l’imposte étroite le crépuscule se glisse dans mes vers chagrins
le froid est piquant et mille flèches de glace embrasent l’orient
un sourire amer surprend mon regard l’envol d’un moineau
rien n’aura changé après mon dernier soupir je meurs en colère
matin écarlate le vent griffe les murailles et fouette les troncs
J’essaie de lui dire : On recommence, la vie ? Haussement d’épaule.
elle est passée l’heure candide la musique en reste 39
Paroles Suivantes
au petit matin les pas au cœur de la ville croisent des sourires
plus rien ne vacille une feuille sur le banc l’hiver en suspens
imposture de ces yeux qui ne mentaient pas tournés seulement
un vent vient d’on ne sait où signer au verger l’ordre de se taire
le ciel de janvier recouvre la terre d’un drap de mélancolie
d’une voix inquiète je guette sur le silence la voix de la neige
la durée m’accable :-( anniversaire !
je surveille un lent crépuscule à travers la glace inerte
le front dans la paume pèse de tant de soirées – vacuité des songes
le soir traine sa mélancolie à la surface du jour
la lumière blême qui tient le ciel cette nuit a mangé mon ombre
au-dessus du froid le ciel s’est couvert mais il n’aura pas plus chaud
une grande place une foule où je la cherche et la perd
la lumière froide — des larmes brouillent mes joues embuent mon regard
le froid a saisi les bourgeons trop audacieux le printemps s’esquive
il est un peu gris celui qui glacé contemple ce disque imparfait
je tiens dans ma poche quelques brins sans épaisseur mais ils tiennent chaud
on ne sait quelle couleur prend le ciel la neige et le soir se mêlent
le verger grelotte immobile dans la brume démarche tremblante
où mènent ces traces dans la neige le grand silence à l’entour
l’hiver va venir pour nous apprendre le nord on s’en passerait
sur les oliviers l’aube s’est offerte à la neige indifférente
tache noire entre le ciel et le pré livides je souffle un silence
le verger s’afflige des pas dans la neige sale le froid mord le ventre
l’hiver nous revient les arbres semblent de glace sourire figé
soir de glace un souffle farde le ciel et les étoiles crépitent 40
Paroles Suivantes
filaments de brume je suis la vallée où coule la nostalgie
le miroir renvoie des images jamais identiques
par la vitre trouble je recense les flocons qui masquent la route
premiers pas première transpiration je brave l’hiver
elle vient à moi en habits de songe son corps a l’odeur de l’aube
l’odeur du printemps quand je ferme le volet reste dans la nuit
prends ton temps carnet de vers jaunes cardinale est la lumière
it had grown colder the stars were sparkling he thought of the pyramids (HM)
le passe-partout recouvre la tache d’encre qui passe le cadre
il faisait plus froid brillaient les étoiles il pensait aux pyramides
l’hiver ne mord plus ce matin j’irai peut-être au bout du chemin
les ans et ses yeux ont fard de sagesse reste mienne leur lumière
au-dessus du mur un carnet s’effeuille –jaune — une saison passée
regard qui instaure la joie de se souvenir yeux que l’instant brille
la neige a fondu autour des mots découverts l’hiver se détache
que n’ai-je l’éclat d’une pierre impitoyable pour gagner ses yeux
au bord de l’hiver la neige délie la couleur des prés
la vallée se fige d’un soleil désespérant brume matinale
par-dessus l’hiver le soleil passe un manteau tissé d’espérance
le ciel reste blanc je regarde vers le nord vierge d’aucun signe
crépuscule sur l’horizon une étoile est désemparée
le merle s’élance dans la gaze du soleil aurore d’hiver
l’aube est froide et le soleil facétieux chauffe ma carcasse
tremblent les étoiles la nuit se charge d’échos le passé reflue
engourdi face à la porte j’attends qu’elle s’ouvre au printemps
je la dévisage sait-elle où elle a laissé glisser son sourire 41
Paroles Suivantes
le temps reste humide encore ces vieilles larmes qu’on disait taries
chair et glace le nord cherche sanctuaire dans un cœur de verre
j’ai écrit si peu pourtant sur le feuillet blanc les mots l’épouvantent
il attend le coup de hache pour briser le serment de ses racines
dans mon cœur dans mon gosier un crabe ironique froisse les saisons
amer je regarde sur le pré sans souvenir fleurir les orchis
incinération que reste une idée de cendres vœu d’aucune fleur
mauvais caractère cette douleur dans les os me fait grimacer
l’ombre vient combler les brèches du temps avant qu’il ne sombre
un portail qui grince éruption de nostalgie ou rage de dent
sans surprise la journée s’achève dans un bâillement
le cours du soleil face à la porte incertaine s’est interrompu
sous la houle sombre nul ne sait ce que la mer dévore sans bruit
l’arbre était vivant arriverais-je à l’hiver quand on l’a coupé
ce soir un vertige a fait chanceler le verre servi d’amertume
de toute lenteur fin d’hiver leur crépuscule les dernières feuilles
salut au passé surgi perçant la surface d’un présent sans sel
vers vous je me tourne neiges des ans lumineux la nuit je m’enterre
remous d’impatience je n’ai plus beaucoup de temps pour nouer l’histoire
du haut du verger la vallée guide le soir le nord se dérobe
Plus n’interviendrai, je n’irai frapper ses portes. Il faut me soumettre.
une ombre indistincte sur le mur peint de lumière reflue la mémoire
penché sur le soir je n’ai plus de la lumière que ce qu’on en dit
soirée irascible un pollen acre se frotte au printemps farouche
une année qui passe une borne un autre pas bruissement de feuilles
une brume étroite farde la cime des arbres matin nonchalant 42
Paroles Suivantes
l’invisible fuit devant l’implacable personne ne s’en rend compte
je rentre serein le champ n’a pas ménagé mes os de vieil homme
regarder le sol mesurer les brins de paille mais lequel choisir
quelques jours encore et viendront les cerisiers — déjà les pruniers
ne l’arrosez pas trop tard dit le haricot que le ciel aspire
j’arrive au bout du chemin les pensées s’apaisent les rites s’estompent
des pas dans la brume faut-il craindre ou espérer que le ciel se fende
soubresaut de larmes au beau milieu de la nuit le rêve brisé
l’averse brutale a surpris le crépuscule j’hésite à rentrer
sur la peau du monde qui s’exaspère et s’enflamme rampent les chenilles
les étoiles glissent sur la terrasse mouillée et la nuit s’installe
je reste immobile puisant de mes souvenirs l’amer réconfort
ils m’auront la peau les cancers de mes os sales de mes trippes floues
une ombre a sauté la clôture du verger un rêve entrevu
malgré mon désir je n’ai pas participé à ma destruction
qu’il a été long ce dimanche au bord du vide une heure de moins
l’orage s’éloigne il est passé sur la glèbe impassible et sèche
matin de printemps le chant d’un oiseau s’invite au banquet de l’aube
crépuscule en feu il s’abandonne à la nuit jamais il ne dure
jaune était le ciel quand tu as tourné le dos d’un flot de mépris
un matin sera le dernier quel goût aura le café
jaune aussi la route que mon regard a suivi à perte d’espoir
l’odeur du café dans la maison silencieuse au dernier matin
fleurs de cerisier la gaucherie d’un bourdon m’offre leurs pétales
le vent me réveille je somnolais sur la route qui mène au néant
du haut du cyprès une cigogne s’élance un lent ventre clair 43
Paroles Suivantes
la cigogne à l’aube a fait ployer le cyprès espoir de voyage
une gaze d’amertume se répand sur le printemps humide il fait soir
les yeux lancinés cette barre sur le front poids du souvenir
le pluie se languit le soir a lavé le ciel sans entrain je rentre
l’amie est venue ses yeux remplis de mémoire moi qui n’ai que larmes
les ans ont passé gris même sur les nuages le ciel sans caresses
je me suis vêtu d’une vie jaune parfois rayée d’espérance
le soleil étale la brume sur la vallée j’ai sommeil je baille
que faire un dimanche la vacuité le remporte sur le désir d’être
le matin est bleu comme l’idée de tes yeux qui rit dans ma tête
d’un regard haineux je snobe le téléphone qui rit en silence
vois le temps se couvre je n’irai dans le jardin que couvert de peau
des mots se répandent comme les dés sans vigueur le disque rayé
la lune indiscrète découpe des ombres crues fardées en mensonges
il est tard je me réveille embrumé d’un sommeil de mille peaux
seul sur mon nuage j’aimerai bien qu’un éclair déclenche la pluie
sur les cannes claires aux premiers jours de l'avril un coquelicot
un lent crépuscule clap de fin sur la journée je rentre apaisé
j’ouvre le volet le soleil frappe en plein cœur les miettes de nuit
un dernier rayon passe et effleure mes doigts j’écris les mots brillent
qui grogne à l’oreille bavarde comme une vieille ce n’est qu’une abeille
un sourire vient et transperce les années mon cœur bien au chaud
que ce tintamarre pulvérise la grisaille d’éclats de soleil
mon abeille dans l’oreille vient me faire une confidence
averse d’avril du verger vient la vigueur d’effluves vivaces
lent déclin d’avril les odeurs d’herbe coupée hantent ma mémoire 44
Paroles Suivantes
frôlant mon l’épaule un pétale de pêcher passé effleuré
nos pas qui sourient légers comme un air qui danse trébuchent parfois
j’en aurais à dire des histoires de chasseurs sourire et me taire
les rues semblaient vides dans le printemps incertain seuls comptaient nos pas
sais-je qui je suis je vais où l’amer me pousse d’écueil en échec
le silence dit des mots que je ne comprends que les yeux fermés.
que l’ordre règne — je dois tailler le bonsaï il se prend pour un chêne
le silence était comme la rive des mondes effrayante et belle
les yeux pleins d’éclat j’ai parcouru le verger dans l’espoir des fleurs
les vrilles de brume s’ensoleillent lentement la vallée s’éveille
les métamorphoses du passé montrent les dents au présent surpris
déception amère le facteur a ignoré la boite fébrile
parfois je constate que la pente est escarpée un pas après l’autre
soleil sur le mur souvenir du flux salé ombres émouvantes
il pleut et ma peau ne sais retenir les gouttes de ton eau fragile
que le temps s’arrête un moment de temps en temps toi et moi ensemble
les prendre le soleil comme une claque au matin bonheur du réveil
un regard vers l’ouest la grande ville est trop grande la cible incertaine
feuille morte où le vent la porte l’ombre l’accompagne
des odeurs de sauge brassent la mélancolie lent le jour s’en va
au bord de l’espoir j’ai attendu seul coulait un fleuve lent
le silence pèse au bord du jour qui s’écoule indolent et tiède
le soir s’est vêtu d’un soupir sans bruit je ferme la porte
à l’orée du soir on n’entend plus son murmure la ville se tait
que les mots s’enflamment ce soir le soleil encore effleure mes doigts
temps clair à l’aurore le soleil se joue des nues brumes dans la tête 45
Paroles Suivantes
les heures s’égrainent lentement mauvais café graines d’amertume
il fait jour mais je ferme le volet plus rien à dire au ciel
confusions des nues le gris s’en est pris au ciel qu’il chasse rageur
dans le tronc de l’olivier une mésange a fait son nid l’inquiétude
vers le soir le jour sombre s’éclaircit d’un sourire
le ciel les étoiles elles brillent mais le ciel reste impénétrable
viens voir les arbres avant que l’été ne les broie les arbres d’avril
poussée par le vent la pluie qui frappe les tuiles blesse la mémoire
le soir se travestit il passe une robe rose et le vent le siffle
pluie de la nuit le soleil libère l’odeur profonde de la terre
j’ai vu des nuages courir dans le ciel d’avril lestés d’hirondelles
sur le quai sans geste l’un s’en va et l’autre reste un mouchoir pour deux
le cèdre à côté mange la moitié du ciel qu’offre la fenêtre
pauvre équilibriste sur le banc où je rêvasse le monde m’échappe
soir suivant un autre soir, la mémoire prend les chemins de traverse
offrande au matin le seuil du sud lui résiste mais il sait le code
la porte franchie une vague sombre et aigre submerge l’espoir
les mots murmurés dans la fournaise du vent se sont consumés
l’ombre encore transforme le mur en écran de cinéma
là où je t’attends le temps m’a volé le temps que j’avais pour toi
le cœur sans dessusdessous perd la tête il sent qu’il va perdre pied
la nuit m'interroge des gouttes grasses traversent un vent haletant
elle le regarde comme une crotte sordide une invitation
Tu es venue, ô l’inattendue, sans sommeil— Rayon de réveil.
le soir tergiverse entre les feuilles tremblantes odeurs du verger
un nuage escorte la lune bien téméraire en pleine journée 46
Paroles Suivantes
la pluie quelques gouttes ont humecté la terrasse d’où je le sud espère
un petit regard découpe du pré en fleur les couleurs de mai
les bornes de pluie couvrent le bruit de tes pas que sais-je du vent
retour à la niche un petit coup de la laisse et le chien se couche
les coquelicots après la pluie ont grandi jusqu’au bord du ciel
les jours passent vite tu sais qu’il n’en reste plus mais tu joues encore
allongé dans l’herbe je plantais des fleurs carmin dans l’eau des nuages
ciel ni gris ni bleu le fond de mes yeux est triste jour ni lune ni feu
sur la joue un trait une peinture de guerre de la nostalgie
noir contre le ciel le cyprès montre du doigt l’essence du vide
tu oublies ta bague n’as-tu rien égaré d’autre dans la chambre vide
une feuille s’ombre elle-même de ténèbres l’encre est vraiment noire
que ce jour pétille que mes pensées t’accompagnent bises de pétales
sur les fleurs du pré le soir lentement s’étend —langueur, elles prient
soleil sur la peau je sens sa chaleur moelleuse veiller nos sommeils
soleil et ciel clair vraiment il en faut si peu pour se sentir vivre
le ciel fuit devant la lune qui strie les nues mai prend ses quartiers
l’ombre de la feuille semble rire sur le mur rit-elle la feuille
la brume déguise la vallée et les nuages étirent les cimes
se sont effacées les marques que nous avions gravées dans le sable
mai le joli mai s’invite avec le soleil au jardin sucré
le mai a surpris les fleurs frileuses reviennent les giboulées
nuit de mai la nuit saute par-dessus la haie vers le sud enfui
doigts que l’herbe honore de son odeur de printemps souvenez-vous d’elle
un beau jour se lève et mes poings vides de sens serrent leur colère
les ombres du soir s’épuisent si lentement – murmures passés 47
Paroles Suivantes
manteau de nuages la clameur des tourterelles n’atteint pas le ciel
un soleil timide caresse mes os rouillés plaisir du printemps
une seule faim sentir l’odeur du café ouate du matin transpirant je rentre de faire le tour du monde le long du verger
le soleil sourit aux brumes de la vallée j’ouvre la fenêtre déjà chaud quand je pousse le volet le soleil brouille mes rêves
du haut de ta tour je voudrais saisir la mer et t’offrir son sel
je ne parle plus le silence pèse un peu à mes lèvres closes
réveil ébloui lambeaux d’un rêve érotique soleil dans les yeux
les signes gravés des deux côtés de la lettre semblent identiques
du feu de branchage une odeur d’eucalyptus monte jusqu’au ciel
la lumière blême hachure l’ombre des arbres les pensées s’effrangent
j’oublie la mémoire je crois le temps immuable et toi dans mes bras
la chaleur consume ce qu’il reste du printemps que le temps me pèse
j’oublie la mémoire je crois le temps immuable et toi dans ta classe
coquelicots frêles avant de perdre la tête qu’en reste une image
à travers les branches la lune semble si grosse un soupir m’échappe
l’été brutalise déjà le printemps j’ouvre la piscine
l’effort le plus quotidien en travers de la joie de nos paroles
deux fourmis en quête d’un peu de fraicheur arpentent la salle de bain
paume ensanglantée l’asperge s’est accrochée désespérément
la nuit s’est trainée jusqu’au bord de la terrasse je cède et soupire
lent crépuscule les cheveux collés — ma peau sent l’herbe coupée
matin de printemps l’espoir n’est pas accablé d’un soleil féroce
une tourterelle se pose dans l’olivier matin en coton
couleur de printemps je ne sais pas quel oiseau chante ce matin
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Paroles Suivantes
le vent a à peine rafraichi les hautes branches qui saluent contentes
le vent prend les mots les enchevêtre et les jette face à la parole
un air frais efface les cauchemars d’une nuit pourtant reposante
je lève les yeux ils se remplissent d’étoiles je baisse la tête
bol de crème rose les nuages mousseux couvrent les fruits des collines
in the quiet morning smells of a gold-haired sky empty are my eyes
cognassier au tronc ridé ta fane sent l’ombre qui déjà nous masque
un brouillon qu’on froisse personne n’est satisfait des mots échangés
dans ma poche comme une plainte du silence le vide palpite
odeur de la pluie les rayons d’un soleil las se noient dans les flaques
avons-nous perdu nos traces sur le sentier qui a été nôtre
l’étendue se brouille averse sur la piscine les mots dissolus
seul sous les étoiles odeurs de la nuit de mai les crapauds se taisent
le soir s’est perdu entre les pins et les chênes prudent je me tais
le vent s'encolère entre les arbres nerveux matin hors saison
le ciel est immense même à travers les nuages règnent les étoiles
le mur sert d’écran aux facéties du vent qui fait son cinéma
le ciel est trop pale mal réveillé lui aussi matin égaré
je suis essoufflé après cette promenade au verger venté
le vent du sud prend les arbres à rebrousse-poil ils sont en colère
on grelotte encore les saints de glace passés il reste un frisson
le vent a tourné mais il me tourmente encore entre les oreilles
trainée de nuages dans le feu du crépuscule des sourcils froncés
l’amer vent de mai se moque du printemps aigre le temps fout le camp
elles sourient vertes encore et crispent les dents premières cerises
la ville en suspens offrait des rues sans dessein à nos errements 49
Paroles Suivantes
les gouttes chuchotent une musique espérée à l’herbe cassante
un oiseau m’accueille un bonjour dans une langue étrangère et belle
matin sans couleur le printemps pourtant promet l’odeur de ses pluies
matin sans pitié déjà des rayons féroces hachent le feuillage
le front sur la vitre tous les arbres sont des saules pluie interminable
l’ombre et le silence offrent le chant des oiseaux à ma chaise-longue
les façades suintent la ville est noire de pluie le mai ne rit plus
un frelon traverse le pré vibrant de chaleur ma tête grésille
Le sanglier Il a tout remué même mon cœur impassible s’émeut du jardin
dans le ciel si bleu une joie dorée éclate les heures fatiguent je vais à pas lents la lassitude proteste de mes os qui grincent
je vais sous l’averse à la rencontre des jours que le temps me laisse
fraicheur du matin quand je pousse le volet mes yeux se décillent
ne parle pas reste là tout contre mon cœur reste mes bras sont silence
fraicheur du matin les bancs de brume effilochent un rêve oublié
une odeur sucrée — glisse la nuit sans étoile sur l'herbe mouillée un ciel gris les cache des étoiles la nuit les grenouilles se rient de la pluie
Le faucon crècerelle un éclair de cuivre au ras de la piscine fauche une libellule
sans aucun scrupule la regardant dans les yeux j'écrase une mouche
la ville s’embrase à l’épreuve du soleil ah, ombre promise
la pluie sur les tuiles lessive les poussières des nuits frileuses
mon esprit sans force s’égare sur des sentiers tourmentés d’ornières
le volet qui grince et la fraicheur de l’aurore délivrent la nuit
aube incandescente la ville monte à l’assaut du silence
le soleil contourne l’ombre des barreaux enfin la fenêtre s’ouvre
sur l’arbre les fruits ont déjà l’odeur sucrée de la confiture 50
Paroles Suivantes
insensiblement le matin chasse la nuit réveil incertain
l’été se profile le soleil est déjà haut brume dans ma tête
un mot après l'autre la conversation devient le fond de l'histoire
les objets parfois sont plus têtus que des mules mon micro me nargue rêve d’un chemin dévalé au bord du gouffre réveil espéré
la peau torturée par la frénésie des mouches il faut l’arracher
je t’écris et l’encre se teinte de ciel bleu
une tourterelle seule sur le fil sans voix le temps incertain
tu m’écris la feuille découvre tes vallées
le chant d’un oiseau dans les chênes interpelle la fin du printemps
l’ombre sur le mur voudrais sortir du béton et courir dans l’herbe
une fleur s’élance de sa tige vers le ciel vole un papillon
réveil en avance j’ai compté les cartes qu’il me reste en main
le ciel est lavande au dessus des collines tellement bleu
je me lève fatigué après un sommeil sans rêve une nuit profonde
l’ombre des barreaux qui se brise sur le mur meurtrit le regard
après la cueillette même mes dents ont l’odeur des cerises mures
le ciel s’est couvert dans le verger j’arrosais les petits pêchers
le rideau de perles frise dans le courant d’air le soir est entré
la pensée de toi montre un chemin aux sourires que je peux offrir
réveil prolongé l’odeur des draps me rappelle un rêve dissout
cauchemar sucré tous les timbres se décollent les lettres se brouillent
un souffle volage vient de me claquer de rage la porte au visage
sous je ciel couvert planté espérant la pluie vieille branche sèche
rencontre promise dans le miroir je m’entraine à ouvrir les yeux
rêves de fourmis une longue procession coule sur mes membres 51
Paroles Suivantes
à travers la vitre le soleil et la poussière se font des grimasses
la chaude soirée vient ponctuer la journée pas vraiment plus fraiche
je regarde au loin le vent torture les feuilles impassible jeu
le rideau de perles n’a pas arrêté la mouche qui frotte ses pattes
du nord souffle un vent je détourne mon regard printemps sans chaleur
je tourne un café tiède et l’esprit embrumé tourne ses questions
les oiseaux se cachent leur chant a quitté les branches le printemps effraie
premières cigales acouphènes et chaleur l’écorce grésille
rentré de la promenade ce jardin-là m’appartient plus encore
l’abricot acide irrite mes dents encore un été qui passe
je ne sais pas prendre l’inquiétude au bout des doigts silence troublant
un ciel de lait sale morne un soleil s’abandonne au mur d’ombres floues
brume dissipée pour qu’éclate le soleil dans un ciel limpide
le vieil abricotier donne ses derniers fruits à son ombre
taches sur les vitres traces d’une vieille pluie soleil embrouillé
la page noircit des mouches vont et bombinent mots qui s’agglutinent
sandwich et demi le printemps s’est attardé sur un banc de square
des gouttes s’écrasent comme des fruits sur la terre rongés de vermine
frais le matin trompe la journée sera torride dit la tourterelle
orage d'été le moindre brin d'herbe accepte le don de l'automne
souvenir perdu d’un rêve dans la nuit douce je me sens spolié
cèdre du jardin par un coin de la fenêtre il se dresse et pleure
journée de lenteur le soleil a pris son temps pour franchir le ciel
clin d’œil du soleil qui secoue les draps froissés il fait déjà chaud
une nuit franchie entre moite et frissonnante jusqu’au seuil de l’aube
fin d’après midi un petit vent vient narguer l’ardeur des rayons 52
Paroles Suivantes
réveil en rampant le matin frappe à la porte odeur du café
entre les pêchers l’herbe a jauni elle sèche à l’ombre des troncs
ciel de gaze immobiles les nuages flambent
il a plu cette nuit et il n’en reste plus la moindre flaque
rêve de bataille halte sous l’escarpement d’un désert de pierres
offrande de pluie le jardin de gratitude sent le chèvrefeuille
il fallait calmer les chevaux épouvantés des râles du soir
la lune à la cime du cèdre pleine et indifférente
sous les feuilles la voix du vent était chaude mais brutale
un souffle de vent brouille la flaque de pluie fourmi sur la rive
j’aurais bien voulu le protéger celui-là matin tue le rêve
quelques feuilles restent parées des joyaux que la pluie leur a offerts
de l’ombre à l’obscur entre le songe et le rêve nager dans les limbes
air frais du matin le monde brise les chaines de son propre été
ciel sans intérêt blanc comme la page vide quel temps va-t-il faire
plus de vent la lune seule emplit la nuit de juillet
longue traversée de la nuit énigmatique au réveil rivage
le jardin me suit les odeurs collent la peau soirée de juillet
le passé revient polluer des rêves gris café mal passé
j’attends sur ma chaise le soleil reste voilé aux questions qu’on pose
en nage je rentre de mon offrande au jardin don d’un arc en ciel
lourdaud je me pose une pensée après l’autre je vais lourdement
laçant le troène le parfum du chèvrefeuille précède juillet
derrière l’écran je flaire les fils rompus j’adopte leurs pas
il n’est que la voie le haïku n’est pas le but le constat du sens
les nuages trainent paresseux puis ils s’installent ivres pour pleurer 53
Paroles Suivantes
le sommeil s’éclipse le soleil au rendez-vous est à l’heure dite
le soleil se lève la peau enfin se réchauffe aux bruits de la terre
une route sans soleil mène à une forteresse sans défense
bien après l’aurore comme un présent de l’été la fraicheur demeure
la glu du sommeil pèse sur le moindre geste je cogne au matin
claironne au tympan mon abeille dans l’oreille laisse-moi entrer
le jour s’est levé la lutte est torride entre éveil et sommeil
je ne sais ce qu’elle dit des mots qui font mal pulsent de ses ailes
ombre des platanes une fontaine chuchote gouttes de fraicheur
de rayons cuisants le soleil frappe à la porte aussitôt levé
au loin les montagnes qui courtisent leur regard qu’elles semblent bleues
en père attentif je berce le temps qui reste dans mes bras usés
même sous la pluie la montagne est rassurante fraicheur des mélèzes
dans le ciel d’été la constellation de l’ange étend sa voilure
l’herbe craque le sentier se fait abrupt roulent les pierres des ans
frisson du matin je l’accueille d’un sourire lenteur de l’été
cruauté de l’aube ce matin griffe mes tempes de dards de lumière
matin de juillet la maison sent le café qu’on fait en vacances
la rive s’éloigne mes pieds ont perdu le sable ouate plein les yeux
ce matin encore la brume cerne les yeux d’un réveil bougon
il pique mon crâne bec rageur pattes nerveuses le chant de l’oiseau
l’ombre se fait dure sur le mur de béton nu matin sans merci
vent fripon qui soulève les jupons vent frisson
le matin s’allonge dans l’épaisseur de l’été un café encore
dans le vent j’arrose fabrique d’arcs-en-ciel tous les arbres rient
paresse un moment après le bouillonnement des jours précédents 54
Paroles Suivantes
j’ouvre le volet un oiseau prend peur un autre me dit bonjour
odeur du café le matin sent la lumière et le temps s'arrête
une longue marche une halte mal aux muscles le bruit du torrent
pris dans le courant insensible et lent vers les portes du néant
l’herbe desséchée craque et roulent les cailloux l’été peut finir
remplir le bassin bruit de l’eau dans la torpeur de midi
un à un tu comptes pourvu qu’il y ait assez de pas pour le dire
la terre a tremblé la peur défie les visage un saut hors du temps
la nuit se prolonge au-delà des rêves le soleil frappe à la porte
petite douleur l’ordre du monde vacille on pense exister
le soleil déjà se répandait dans la chambre chassait la fraicheur conquise au long de la nuit de ses rayons sans merci
odeur de sel chant des vagues lentes au loin l’horizon
je rêve parfois que je suis ce que je suis l’ordre règne encore
je compte les jours qui se sont posés sur ma vie quelques feuilles tombent
milieu de l’été chaque pas est une flamme qui mord du bois sec
l’aube est dépassée mon réveil a trop tardé les oiseaux trépignent deux pies se disputent le droit de me réveiller mâtin, quel vacarme
dans des jours plus courts toujours la même chaleur l’été en croisière
lune de juillet les oliviers sont parés d’un voile de neige
perdus dans le ciel des nuages sans espoir traversent l’été
la journée s’annonce d’une inquiétude enfiévrée odeur de fumée
marche vers le ciel sur la table une fourmi en quête d’échelle
soleil déjà haut viscosité de la nuit qui colle au sommeil
frisson ce matin il faut vite en profiter le soleil s’aiguise 55
Paroles Suivantes
le sommeil s’étire le volet toujours fermé le jour s’impatiente
odeur de lavande les caresses de midi sont très parfumées
matin en désordre la maison a le hoquet café sans odeur
fraicheur du matin dans les fentes du volet le soleil sourit
face au café tiède la chaleur force la porte matin sans entrain
le sentier se creuse d’une seule direction un pas après l’autre
les nuages ferment le ciel comme la porte d’un four
un moineau sautille sur les brins d’herbe brulante il a les pieds nus
le cris des oiseaux et les coups sourds du soleil matin de mélasse
les moineaux s’égaillent quand je pousse le volet et les rêves fuient
la pêche sucrée gorgée du soleil d’été convient à la guêpe
sur la page blanche aucun chat pose sa patte la plume en suspens
chaleur aux aguets dans la teinte du matin affûte le jour
matin de coton, les ombres se posent ouate au mur de béton.
sinistre présage d’une journée sans un mot le clavier me fuit
d'un bref trait de feu l’étoile a signé des vœux dans le ciel limpide
nuit d'été sans souffle la fraicheur tarde à venir demain aux aguets.
d'une craie sans ombre sur l'ardoise de la nuit j'écris le silence chassé par la libellule le papillon trouve refuge dans l'olivier
quelques arcs-en-ciel plus tard est revenu la lumière détournée
bruit des origines grains de riz grains de café aurores du monde
voile de rosée sur les herbes calcinées même l’été passe
par petites touches les étoiles qui s’effacent écrivent なつ (natsu, l’été)
les collines ploient une couche de nuage tartine l’été
par petites touches les étoiles qui s’égarent écrivent きたい (kitai, l’espoir)
chant d’oiseau timide trop loin après la fenêtre pour me réveiller 56
Paroles Suivantes
moiteur tropicale ciel couvert de nuages de laine transpiration
les arbres gémissent ils avaient perdu l’usage des gifles du vent
l’aube est apparue d’une nudité sans fard matin équivoque
dans le vent du soir sous le regard de la lune août ferme la porte
odeur de foin sec l’été crisse dans les pins la journée s’achève
la soirée s'achève c’est que l'été se dilue je vais me coucher
vivre par un geste la caresse que l'on offre embrase le ciel
le vent s’est couché au coin dans les feuilles mortes animal recru
matinée maussade la tête me fait souffrir d’une brume aiguë
montagne inflexible déguisée en arc-en-ciel pour narguer la pluie
un mistral féroce a forcé la porte du sommeil
quelques gouttes d’eau sur la terrasse trop loin pour faire une flaque
quelques mots pour dire juste la couleur du ciel et pourtant
volonté défaite je vais où je ne veux pas les pieds en colère
au loin les collines se parent d’un lavis flou bientôt septembre
le soleil se lève ouvre une paupière lourde sourit à septembre
ciel couleur d’automne l’air aussi s’y laisse prendre septembre en avance
près de l’avocat un écureuil a laissé une commission
un été de lave s’incruste dans les collines sous les lunes froides
gouttes de pluie sous la rosée matin de septembre
je lève mon verre au barde qui a rimé marche avec saké.
la vieille photo jaunie de tant de regards mémoire écornée
seul dans les nuages l’été nous fait grise mine jaloux de septembre
un souffle sans joie hésite entre des fenêtres aux cœurs résignés
sous le composteur au carrefour des fourmis font leurs provisions
le soleil repousse loin derrière le cyprès son voile de gaze 57
Paroles Suivantes
entre août et octobre le ciel du matin hésite fraicheur de septembre
Garlaban coiffé septembre s’est déguisé d’un manteau de brume
brume dans les pins frissons plein de buée aube en fin d’été
d’une chiquenaude l’automne pousse l’été au bord de lui même
du fond de mes rêves je sens gronder la révolte — pas un jour – encore
le jardin pourtant espère l’aumône de quelques gouttes charitables
sortant de la brume les aiguilles de béton deux bras en colère
par-dessus le ciel le soleil se lève rouge des trainées se croisent
sortant de la brume le sommet de la colline frôle le soleil
doux comme une couette le matin d’avant l’automne toujours en été
au dos du feuillet l’encre du pinceau dessine un mot inconnu
premier jour d’automne le soleil se lève aussi et à la bonne heure
le vent qui soulève fripon le jupon des filles a cassé un pot
aube silencieuse le soleil pince la roche la colline vibre
le vent s’est couché comme un vieux chat fatigué dans les feuilles mortes
quelques gouttes sur la terrasse assoiffée pas de quoi faire une flaque
intense frisson l’automne s’est réveillé bien tôt ce matin
fine pluie l’aube secoue les nuages qui s’égouttent lentement
un cri dans la nuit a déchiré le sommeil erreur de casting
la brume de sang se répand sur la colline — aube après la pluie
tu te sens gonfler as-tu vraiment trop goûté à la flatterie
la lune découpe la pénombre (une silhouette) avec des ciseaux d'argent
sur le dos du fils qui s’épuisait dans la neige le vieux voulait vivre
des yeux de myope mélancolie du bitume un soir d'automne
le matin m’éveille dans la fraicheur du jardin rhume de septembre
le thym et la sauge la pluie d'août sur la colline— une invitation 58
Paroles Suivantes
il fait doux à l’aube le cœur de l’est reprend vie la nuit se colmate
dans le ciel d’octobre en bandes froides de brume le soleil s’étire
le vieux tronc rongé ondule d’excitation envol des alludes
des nues éphémères la déception dans le ciel départs avortés
l’escargot se hâte ce n’est pas le mont Fuji ce brin de fenouil
la nuit est opaque quelques étoiles tremblotent bruit des gland qui tombent
dernier jour du mois les cerisiers se demandent quelle robe mettre
l’aube est nue la lune et vénus dominent les collines sombres
sur le sol du verger les premières feuilles rousses ont quitté les branches
traces des départs le ciel sens dessus-dessous bouquet de nuages
les chênes perdent leurs glands ils couvrent le lierre de sourds craquements.
une aube en lambeaux bâillon d’ouate sur le ciel soupir résigné
la fraicheur de l’aube la nef des jours a passé le cap de septembre
dans le ciel d’automne la lune tourne le dos aux autres étoiles
fraicheur des matins l’éphéméride roussit au pays d’octobre
gaze du matin la lune snobe les étoiles
étrange voyage entre les prés inondés de la nuit errante
odeur humide du soir les branches ploient sous l'averse octobre gémit.
une seule goutte trouble la surface octobre brouille les cartes
drops of rain and dew together on the brown weeds gift of the morning
la cuiller dilue l'amertume du café— le fil se dissout
gouttes de pluie et rosée ensemble sur l’herbe brune cadeau du matin
promenade en ville entre les arbres sans feuilles que l’humain est triste
un chien déchire la nuit d’un lourd silence — message au néant
à l’assaut du mur un petit gris rêve petit gris sous le ciel gris
les étoiles luttent contre le désir du jour puis l’aube les mouche 59
Paroles Suivantes
une aube coupante ensanglante les nuages il fait froid soudain
pendant qu’on la coupe une branche d’olivier flirte avec le ciel
le tonnerre roule son tambour de pierre le ciel rentre les épaules
sur sa jument fière la fiancée turque fuit les sables du temps
la pluie a cessé les volets grincent au vent— brumaille d’octobre
le vent se dérobe à qui veut le mettre en cage geôlier essoufflé
la pluie suit l’éclair comme son ombre
le vieux volet grince les fleurs capitulent vent du soir
sur le chemin sans ornière je trébuche — c’est la faute des nuages
le vent ce matin poisse sur les feuilles rousses figé je transpire
le ciel fier de lui apprend le nom des couleurs au nuage gris
une aube paresse loin au-delà des collines — je tire le drap
la nuit même les chats gris ronronnent
verger sidéré qui ne se reconnaît plus — miroir de l’orage
l’air soudain plus frais tétanise le jardin — attente incrédule
l’orage s’annonce les pâquerettes se ferment aux premières gouttes
une pluie de gland sur le sol couvert de lierre craquement des pas
de lents bancs de brume trôlent au fond du vallon une aube sans joie
Garlaban coiffé de lourds nuages replets garigue en silence
lourds nuages gris près de dévorer le toit si près de mon crâne
verger humide quelques taches rousses sur le départ
écran noir l’éclair a volé toute la lumière
le ciel saigne l’aube lisse l’a blessé d’un grand coup de vent
l’aube patiemment montre en détail ses couleurs à une nuit blanche
taisant sa douleur il se blotti dans un coin comme un chat malade
sourire du ciel ce matin j’ai des yeux bleus et le cœur pastel 60
Paroles Suivantes
sur l’auvent sonore la pluie bégaie goutte à goutte la leçon d’octobre
des éclats d’argent tintent sur la terre humide — derniers mots des feuilles
la lune a tiré un voile de gaze vague pour farder ses yeux
plus assez de doigts pour compter les ans mais infinie joie de vivre
mésange de l’aube des pas craquent sur les glands émoi dans le nid
des paroles tues sont malgré tout entendues— mystère insondable
elle coule et coule toujours la pluie sur les feuilles que brûle l’automne
l’herbe était humide un commencement du monde naissait de la terre
des éternuements les chaussettes sont à tordre vengeance de l’aube
à travers la vitre au soleil entre les branches elle attend mon signe
de ma promenade je n’ai ramené qu’un rhume chasseur maladroit
la lune offre son argent aux nuages
gavé de colère le vent lacère mes yeux mes joues se réchauffent
l’aube sur les joues le soleil se lève enfin de la terre froide
au-dessus des roches par-dessus les brumes vaines le soleil domine
une aube d’automne une aube grise et fardée précède le jour
les arbres figés se demandent s’il est temps de perdre leurs feuilles
lande de nuages houppelande de poussière sur le gris du jour
planté dans l’automne mes mains ont odeur de terre le ciel s’effiloche
coup d’œil de côté sur la branche qui balance la mésange inquiète
quand le jour s’éteint je ne sais où le poser ce corps encombrant
vois donc le rictus que réfléchit le miroir te reconnais-tu
sur la côte déchirée les vagues se couchent lenteur des caresses
le long des allées se dressent des pâquerettes douceur de novembre
par ruse sordide le vent se farde de miel pour battre la porte
tout autour des tombes les pâquerettes se dressent — novembre cynique 61
Paroles Suivantes
odeur de café je retiens les souvenirs au-delà du seuil
son cœur de poulette ne bat plus du tout cédant place au cœur de Pierre
piquée dans le ciel une étoile suspendue parure de l’aube
une aube écarlate de la froideur d’une lame tranche les collines
claquement de porte brusquement des oliviers les moineaux s’égaillent
rouler un rocher bien trop lourd recommencer —sourire à la vie
une autre lucarne un clin de rayon doré crépuscule oblique
rêveur sous les chênes un gland roule sur la table la nuit est tombée
comme un chant d’oiseau un sourire a traversé le lent crépuscule
ce silence au bout du chemin la nuit sera bien trop longue
contre une mésange quatre détonations sourdes colline violente
le silence au bout du chemin blanche la nuit sera longue
premières lueurs des oliviers protecteurs premiers chants de l’aube
courbé sur moi-même j’arrache la mauvaise herbe du fond du verger
l’aube rit de moi qui n’aie pas su l’embrasser soleil dédaigneux
colline embrumée qui presse mes tempes un soupir ne suffit pas
un papillon sur l’épaule je passe la nuit comme un gué instable
mon regard traverse la vitre où pleurent des gouttes de pluie résignées
le moineau s’élance dans l’air vivant de novembre flèche vers tes joues
le soir lentement s’éloigne du crépuscule dans un froid silence
” au bout de la nuit ”l’aube chante la lumière ”—la vie se respire
les nuages roulent une lourde houle grise jusqu’à mon gosier
”des mains qui se tendent ”bleues de clavier en clavier ”— un pont sur l’abîme
prisonnière des nuages l’aube attends des jours meilleurs
"les mers qu'on traverse "laissent les embruns les vagues "bleuir dans les yeux
un manteau de pluie le jour traine dans les flaques son odeur de boue 62
Paroles Suivantes
percée de nuages l’aube s’échappe en riant les feuilles se parent
posés sous la lampe les mots s’enlisent dans l’encre des phrases patientes
hésitant je t’offre une coupe de ciel bleu où nage un nuage
courir après l’aube pour cueillir des miettes d’or —tâche du réveil
le ciel s’est fait bleu qu’il orne cette journée de perles de rire
dans un pot de fer quelques crayons de soleil éclairent la terre
au bord de la nuit qui voyage ton repos je veille de loin
les jours se ressemblent mais quelquefois un sourire les souligne en bleu
en chemin je laisse des mots tomber de ma poche — des miettes de mots
le ciel tend de gris tous les lieux du paysage — collines figées
blessure du mur — sur le chemin détrempé les pierres ont roulé
un pas une halte un autre pas reprend souffle le vieux qui chemine
franchir la souffrance des jours sans saveur se trainer parmi les autres
ruisselant des murs sans ombre d’un poing ténébreux le soir bat aux portes
armée de la nuit — un crépuscule sournois coule entre les troncs
depuis les toits moites un soir visqueux suinte sur l’asphalte
sur la dalle humide des feuilles mortes plaquées —sanguine d’automne
dépose les armes flâneur qui lève les yeux aspire à la paix
le rideau de perles ondule entre l’horizon et mes yeux humides
marche abrupte sous les pins indifférents l’aube est loin de ma mémoire
le cyprès se penche — coupée d’un scalpel féroce l’ombre sur le mur
carte inespérée qui raconte des tonnelles trop loin pour mes pieds
soleil déjà haut — il surprend en plein virage la nuit sans escale
l’ours embarrassé avant de piller la ruche se racle la gorge
longue nuit sans escale sur les rives pas de trace
c’est le soir déjà mais une lumière est née de la confusion 63
Paroles Suivantes
qui peut la saisir la main offerte et tendue une amie peut-être
le ciel balafré visage de baroudeur sur la ville en peur
les moutons de l’aube se sont rassemblés les chiens de l’orage aboient
sur la sente abrupte je chemine à la rencontre d’une aube incertaine
le ciel se découvre sur novembre tourmenté d’une aube frileuse
il devient plus dur le livre qu’on ne lit pas son encre résiste
sur le pré brumeux les pâquerettes s’accrochent à mes chaussettes
il faut lui casser le dos au livre — pour qu’une parole s’envole
entre brume et crépuscule je fais provision de mélancolie
horizon brouillé la façade ensoleillée veille sur mes yeux
par-dessus les roches la nuit gagne du terrain — une aube équivoque
le soir me rattrape dans la promenade lente crépuscule amer
dans un ciel glacé où frissonnent les étoiles mon regard se fige
vapeurs de l’oignon que la lame décortique larmes équivoques
sur le mur l’ombre du rideau de perles saisie de frissons
en haut des collines l’aube s’est roulée dans sa couette de nuage
une griffe froide soudain me serre la gorge — traitrise d’automne
la nacelle gite plage où le rêve se perd le passeur trépigne
étoiles cachées Vénus s’est piquée au jeu elle compte encore
onctueux novembre — les nuages s’abandonnent dans le ciel sablé
d’une écriture légère qui dit l’amertume tu retiens mon souffle
une pâquerette au milieu de la pelouse nargue la tondeuse
la chute du jour seul le manteau d’arlequin frise lentement
le crépuscule contourne l’écorce des pins — odeur crue de l’herbe
jusqu’au crépuscule les mésanges se disputent un noyau d’olive
la nuit enveloppe les branches nues de mystère — on attend la chute 64
Paroles Suivantes
devant le miroir le chat se mire —on admire ce sphinx de tiroir
le ciel sur la tête les cheveux dans le brouillard mes pieds éternuent
ma pensée accourt vers les rives de la baie armée d’un sourire
contre le ciel gris l’ombre morose du cèdre une croix qui pleure
d’une rive à l’autre la traversée de l’ennui laisse un goût de sel
le char de l’automne s’est garé en double file le ciel est bouché
aux premiers rayons la fenêtre s’illumine d’une journée grosse
couverture grise presque le soir à midi jour mélancolique
les premiers rayons illuminent la journée grosse d’espérance
passants qui passez sur ce quai pressés pensez à poser un œil apaisé
les scories des rêves se disloquent dans l’odeur du matin
penché sur ma nuit je n’ai su du crépuscule qu’une fin sans gloire
les arbres voisins sans grand succès retiennent le crépuscule
la mésange piaffe derrière la lucarne impatiente et vive
la nuit vaporeuse se faufile sous les portes des corridors sombres
un pan de ciel bleu résiste sous les nuages —le vent mécontent
le chant des fauvettes s’interrompt dans le fracas d’un vol d’étourneaux
passant la colline le soleil s’est éclipsé —à demain peut-être
dans une aube sale les pins s’ébrouent de la nuit — passer la journée
seul sur le bureau un formulaire égaré attend qu’on le plie
la boutique est vide pas de soleil en vitrine les chalands déçus
vallée aveugle d’un bout à l’autre la bruine se prend dans les arbres
les bruits de la ville qui embourbe la vallée se noient dans la brume
une nuit aveugle lacérée par le brouillard vomit des nuages
le chat circonspect se fond dans le crépuscule entre chien et loup
des trainées de pluie drainent la cendre des heures pleurent les fenêtres 65
Paroles Suivantes
au bout de mes doigts d’une caresse timide fleurit un sourire
trainée d’aquarelle sur le ciel qui dégouttelle — un pinceau qui tremble
il pleut beaucoup trop vite vite il faut rentrer se dit l’escargot
la nuit me lacère elle est passée sous la porte —vent coulis cuisant
coiffe ruisselante immobile sous la pluie un épouvantail
sous la lampe chiche la main qui soutient le front — dialogue du soir
sur l’auvent la pluie accompagne le silence d’un chant nostalgique
le soleil déjà écrase les nues de l’aube — s’extraire du lit
le front sur la vitre je dévisage la pluie inlassable et sourde
de longs filaments se tendent entre les collines — rochets de dentelle
le cours de la nuit s’interrompt parfois sur des rives insalubres
un soleil glacé ses rayons comme des dards des larmes ardentes
la mélancolie était au réveil avec un bol d’amertume
donner recevoir pulsation du cœur du monde deux mains qui se joignent
je tourne la tête je ne me reconnais pas dans le miroir sale
le froid se fait vif les oreilles dans le col sons du crépuscule
avec le soir rode parmi les nuages lourds la mélancolie
entre les nuages scintillent des points d’argent collier de la lune
la mélancolie rode dans le soir pluvieux —grisée de nuages
des pointes d’argent font un collier à la lune —foulard de nuages
le ciel désolé présente au soleil une aube aux couleurs lavées
lueur dans la nuit au creux d’une main tendue une étoile brille
le ciel est si froid — le vent gris se prend les pieds dans les feuilles mortes
les pies se gèlent les pattes sur le pré — mes doigts sur le bol brulant
chair de poule — le ciel ressemble à ma peau frissons il fait froid
avec des doigts gourds le pêcheur tire un filet sans le moindre espoir (la moindre prise) 66
Paroles Suivantes
c’était un ciel rouge qui couvrait le crépuscule — les lents jours de fièvre
la nuit m’accompagne quelques étoiles transpercent un horizon vague
entre deux collines il se lève sans nuages aube sans relief
dans les arbres nus le vent agite le jour — clin d’œil du soleil
les mains dans l’eau froide qu’est devenu son regard les doigts se fendillent
dans le ciel rompu la matinée entamée coule vers le soir
une lampe tiède réchauffe la main qui tremble —écrire au-revoir
journée sans lumière nus et inertes les arbres veillent dans l’hiver
la nuit qui s'avance couvre d'une gaze blanche tes yeux et tes rêves
un effleurement une plume de mésange ta joue s’en souvient
vous les vagues arrêter de comploter contez donc le sable
plutôt loup que chien le crépuscule se couche dans les flaques d’eau
un ciel sans sourire attend devant le volet d’envahir la chambre
la nuit s’est perdue épousant les chemins froids jusque sous la lampe
l’aube se dérobe Vénus seule encore veille à l’ordre du monde
des gifles de vent secouent la face des chênes dessous le banc tremble
noire une corneille grave le ciel du tocsin de son cri graillant
le ciel est limpide comme une carafe d’eau glacé comme elle
le soir est tombé sans que tu t’en aperçoives d’un trou de ta poche
ciel limpide la carafe d’eau glacée entre le soleil et moi
juste dans l’hiver un vent fin comme une lame scie le crépuscule
le rideau de perles frissonne contre la vitre en comptant les jours
mordre dans la vie— quelle idée — avez-vous vu l’état de mes dents
portées par le vent les caresses du soleil offrent leurs sourires
le froid me recouvre d’un manteau de glaise humide — avant-goût d’hiver
le ciel s’obscurcit la silhouette des arbres trompe le regard 67
Paroles Suivantes
… puis il devient noir même les nuages peuvent s’y cacher
dans le ciel d’hiver la flèche du vieux cyprès taquine un nuage
depuis le ciel d’hiver le vent sème des étoiles dans mes yeux
le vent qui ne cesse pourchasse les feuilles mortes même entre les tombes
figé face au ciel mon regard suit les collines fuir l’aube glacée
le soir s’est couvert d’un trop fin manteau de brume — la nuit aura froid
figé face au ciel mon regard broie les collines dans l'aube d'hiver
de m’être abreuvé à la fontaine des vents j’ai perdu le nord
un traie de nuée une faille dans le ciel file vers l’été
dans le ciel figé les moineaux entre les arbres se ruent deux par deux
le soir d’hiver verse un trait de mélancolie dans le tilleul-menthe
la buée se colle et l’hiver n’est plus qu’un rêve sur la vitre froide
les pièces du puzzle se sont emboitées par magie
la cime du cèdre sous le couple de pigeons s’incline bien bas
au fond du bassin les feuilles tombées du chêne sont mortes deux fois
sur le banc une feuille morte me tient compagnie
des langues de feu dans le ciel d’hiver le jour se lève en colère
je m’avance sans vigueur sur le pré couvert de feuilles mortes
le vent qui se lève balaient le ciel des poussières d’étoiles
entre le vent et la nuit les étoiles jouent à colin-maillard
d’un brusque coup d’aile un moineau perce le ciel — à peine entrevu
entre les nuages la constellation de l’ange fait le grand-écart
des éclats de froid comme un miroir qui se brise tintent sur les toits
un battement d’aile a illuminé la nuit — se pose une plume
pour une brindille en plein vol ils se chamaillent — comme je les guigne
j’ouvre les volets un matin de coton sale frotte mes paupières 68
Paroles Suivantes
décembre malade je traine dans le gosier un boulet de toux
les brebis du ciel se serrent autour du soleil le jour va les traire
contre un pot de fer depuis les tuiles fendues les minutes tintent
il pleut sur le pré d’aucune fleur l’hiver par les racines
rochers de carton santons glissant sur la mousse crèche au crépuscule
matin sans élan les nuages tristes jouent à saute mouton
soufflant sur la tasse la buée couvre mes yeux de chaudes chimères
sous la mousse les carreaux de terre oublient le chemin
le ravi convoite l’étoile qui brille à la flèche du sapin
le soleil s’éloigne lentement comme une veuve sortant de l’église
au milieu du pré le cèdre a le nez qui coule je sors un mouchoir
une forêt dense où s’ébattent les lutins au fond de ses yeux
d’une faille entre les nuages le soleil sourit
un chemin glissant serpente vers le verger — des troncs dans la brume
les nuages grondent ils effarouchent les tuiles du toit de la nuit
taquin, un rayon s’accroche au coin de mes yeux — je souris — peut-être
avant l’aube une corneille traverse le ciel on ne voit que son cri
la mésange hautaine oscillant sur une branche chasse le moineau
le soleil s’étire le ciel gage à pile ou face la couleur du jour
douceur du couchant — le ronronnement du chat sur le canapé
moineaux et mésanges dans les pins au crépuscule ont plié leurs chants
courant sur la page les mots s’emmêlent les pieds — un vers relâché (de travers)
comment distinguer le moineau de la mésange dans le crépuscule
langueur au couchant — la chaise grince et bascule —pénombre des mots
décembre insolite le soleil sur le visage me fait les yeux doux
le cyprès abrite tout un peuple d’étourneaux si près de la porte 69
Paroles Suivantes
un reflet sur l’écran ici les mots se terminent pas même une idée
j’ouvre le garage la fourmi se hâte de ranger sa carapace
pour mon corps rompu un tapis de feuilles mortes vaut bien Ispahan
la nuit à grand pas bat la campagne et demain devient improbable
d’une branche à l’autre la mésange répète son numéro
le soir se recueille sur la longueur de l’automne — un fruit trop sucré
le nez dans les pattes les moustaches frémissantes à quoi rêve-t-il
un frémissement trouble la frange des crêtes —aube du solstice
une plume s’est posée lente et douce sur des lèvres lasses
un bras de lumière passe les collines — ordre après le chaos
une aube écarlate comme la lame d’un corps s’extrait des collines
droit comme cyprès les yeux figés immobile les pensées caquettent
le vent sur la peau prend la mesure des vagues les feuilles frissonnent
les noix de cyprès mafflues— souvenir du jeu de bille à l’école
les chênes roux ne tremblent pas face à l’hiver
une feuille rousse dans le triste cerisier —un appel à l’aide
parfum du thé chaud la cuillère a effacé la mémoire du sucre
je lève mon verre au sursis que l’an qui meurt nous a accordé
sous les feuilles mortes un criquet s’est endormi —raccourcir l’hiver
trois ramiers sur le pré — hier — ils étaient quatre
sur la sente abrupte il marche sur son passé le vieillard sans but
premiers soirs d’hiver — un quartier de lune brune se noie dans la brume
au bout d’une épine brille une goutte de sang — la rose d’hiver
soir d’hiver — un quartier de lune pendu dans la brume
un vol d’étourneaux s’est abattu sur le pré — les moineaux se taisent
noir d’encre — le soir écrit une lettre d’amour à la nuit 70
Paroles Suivantes
le soleil lubrique soulève la robe rose de l’aube
les feuilles frissonnent les unes contre les autres le vent à l’affut
le soleil soulève la robe rose de l’aube — je rougis
d’un vol vif et preste elles dansent en riant au bal des mésanges
entre les pins le soir joue des coudes et ne remue que la brume
toujours à plusieurs elle pillent l’olivier qui frémit de joie
resté sous sa couette de nuage (épaisse) le soleil rêve de sable
d’un pâle sourire le soleil sans joie effiloche les nuages
clair matin d’hiver les mésanges se chamaillent mais c’est pour de rire
un rai de lumière une faille dans le ciel la page s’éclaire
un paquet un papier cache parfois un bout de sourire
un pas hors des sentes le monde prend des couleurs de contrée magique
roulé sur la couette le chat malade repose — un regard humide
au bout de la branche un moineau hésite le ciel est si rouge à l’aube
le ciel est bouché un camion entre les tempes force le passage
moineaux et mésanges ont des mots entre les pages du livre d’images
au fond de la tasse un reste de café tiède — lourdeur des odeurs
une pâquerette sert de fière ombrelle à la mésange coquette
brume blanche — les pins ont croché la barbe du per’ noël
sur la route sèche rampent des êtres sans yeux tout de noir vêtus
vent taquin qui joue dans feuilles facétieuses —couillon de râteau
derrière la porte de l’armoire sans rumeur cent vies de papier
dans les yeux du chat un sourire une énigme une soirée de miel
encore des flèches fichées dans un ciel de sang —des gouttes d’hiver
lentement le matin sort des griffes des collines ensanglantées
griffe de chaton une fine trainée rouge presque une caresse 71
Paroles Suivantes
la nuit tombe à peine le sommeil prend de l'avance je rêve de l'aube
des gouttes de pluie se brouillent sur mes lunettes — matin de l’an flou
un manteau de nuit s’est glissé sur mes épaule — je hausse le col
déjà l’an commence tiède dans la somnolence — torpeur du matin
boules de coton dans le ciel de l’aube le soleil se démaquille
il entrouvre un œil le museau entre les pattes — la chambre s’éveille
un petit hiver prend le frais à la fenêtre — comme il parait vieux
caresse de bec sous les yeux là un baiser —pépie la mésange
de deux éclairs verts le duvet noir s’illumine — les yeux du chaton
collines de brume frisson au petit matin l’hiver colle aux yeux
à la nuit tombée des moustaches du matou les souris se rient
la sérénité — combien d’hivers sous la couette pour y prendre goût
pousser le volet — une oiseau raye le ciel un camion klaxonne
sa queue s’interroge — qu’y a-t-il à grignoter près du radiateur
la boutique est pleine le pharmacien fait fortune —dernier jour de l’an
fil entre deux poutres le funambule patiente au coin de la toile
sur le ciel plus sombre la silhouette du cèdre en ombre chinoise
lourdaud indolent front contre la vitre comme une mouche en hiver
pas d’étoiles une nue impénétrable un ciel de charbon
contre un rat vaincu il quémande une caresse fier de son trophée
un hiver languide prend des mollesses d’automne — dernier jour de l’an
longueur du sommeil l’écho de mes bâillements éraille le jour
une goutte d’eau une étoile sur mon front — premier jour de l’an
éclat du soleil dans un hiver insolite — mon cœur bat
dans le ciel de zinc les mésanges se souhaitent une année sans chat
vêtu de pénombre c’est le soir avec son cortège qui frappe à la porte 72
Paroles Suivantes
ouvrant un œil terne le soleil pousse la couette les pieds dans la brume
dans ma gorge le Paddy ronronne doucement le chat aussi
matin d’hiver sans soleil les paupières lourdes j’ai fermé la porte
des nuages roses sont passés sur la maison l’aube prend le large
sur le couvre-lit un rébus plisse les yeux du sphinx de satin
au bout de la branche la feuille rousse frissonne qui donc salue-t-elle
rose aurore comme une rose d’hiver si fragile
le jour lentement a cédé au crépuscule si mélancolique
la nuit a coulé un galet sur une plage au loin le méandre
je rentre à pas lents nostalgie d’un soir d’hiver soie du crépuscule
un petit insecte entre la lampe et la page appelle au secours
le soleil me fait de l’œil il est favorable aux mariages gais
dans l’herbe mouillée à l’affût d’un papillon il secoue ses pattes
englué de brume le suaire du passé erre entre les pins
les feuilles qui brûlent s’accrochent aux branchages —fumée sans auspice
au dessus des yeux les nuages sans contours poissent les collines
un petit moineau facétieux s’est pris de bec sur ta joue rosie
l’herbe du pré glisse sous le brouillard matinal —grincement des os
fin de crépuscule — la nuit s’installe et commence à conter les heures
long sommeil de chasse il s’étire ses crocs luisent — vite les croquettes
aux premiers rayons le froid affute ses lames et tranche le ciel
rêver à demain — l’odeur des feuilles qui brûlent sous la nef d’étoiles
un premier moineau ose s’élancer du nid — le soleil se lève
les heures s’enfuient coulant sans heurts comme l’eau des vieilles fontaines
un après-midi auprès du feu en pantoufles lent et paresseux
le soleil d’hiver se lève rouge et glacial ben ! ça jette un froid ! 73
Paroles Suivantes
les heures qui fuient s’écoulent comme le sable entre des doigts gourds
un petit sceau rose le laissez-passer du vent tout au bas du ciel
la mésange vive agite son col de plume — sa façon de rire
les mains hors des poches en sifflant sur le chemin le ciel se découvre
tic tac les aiguilles emmêlent sous le cadran le fil du destin
le temps de l’écrire a filé comme le vent — la plume a séché
ma main sous la lampe ne pense à rien — elle trace l’ombre des paroles
cocons dans les pins — les grattements du printemps dans un nid de soie
le soir insidieux a rampé sous mes paupières — vision de ténèbres
zone commerciale le soir la voiture au pas — fugue à la radio
moineau sur la branche et chat sur son cul deux acteurs d’une autre fable
il fait soir même sous la lampe —frissons dans l’hiver
un trou dans le ciel le soleil part à la pêche et nous laisse en plan
ma peau est percée de milliers de dards de glace — l’hiver contrattaque
au bout de la branche une goutte de rosée— le cèdre s’enrhume
tendre la main à une main qui se ferme — la solidarité s’use
il griffe et il souffle le vent coulis sous la porte comme un chat de glace
pas un son — le soleil semble figé sur la banquise du ciel
vent du soir qui brouille mes pas dans les feuilles mortes constance du froid il enveloppe les arbres d’un halo de vent
la ville était sombre les ombres grattaient les murs autour de la place ********** ce corps engourdi de tant d’années immobile il me pèse tant
mes os ont craqué une main embarrassée repose le verre
le pale soleil somnolent dès le matin ferme les paupières
il ferme les yeux aventurier de la nuit sur le canapé
quelques gouttes frappent mollement les dalles — pluie d’un hiver sale 74
Paroles Suivantes
sous la pluie / l’hiver tous les arbres pleurent
mistral sans pitié des nuages pourchassés l’hiver seul domine
un ciel chiffonné pèse sur les tuiles ternes — pensées nostalgiques
comme un vieux tapis sa peau de soir dénudée le jour perd ses poils
devant la fenêtre monsieur matou se demande à quoi sert la pluie
soirée de velours — les pétales des fleurs lasses inondent la nappe
les lignes se brouillent qui traversent des contrées baignées de pénombre
un thon éventré flancs rubis arête noire suspendu à l’aube
une étoile seule entre les nuages pointe vers le port
je frotte mes yeux pour en chasser le sommeil — matin d’hiver rouge
rose il se balance rêveur entre deux collines sur le nez de l’aube
mésange est venue sur le bord de la fenêtre piquer une miette
vieux cyprès le vieil écureuil ne peut le quitter
les branches des chênes ne cachent plus les mésanges — l’hiver ne joue pas
lumière d’hiver pour entretenir la nostalgie du printemps
sur ma joue j’imagine un frôlement — soir d’indolence féline
comme une cheville les mots sans contours me clouent au mur du silence
vague de nuit qui couvre les collines — l’hiver se creuse
soir d’hiver je devine la nuit au travers des murs
une peau de givre grimace de mascarade grime les rameaux
une odeur de neige rode froide entre les arbres — le ciel se renverse
les mille couteaux du mistral ne ratent jamais leur cible
contre le ciel gris le cèdre sur la pelouse fait grise mine
les cimes s’inclinent au mistral qui les torture — je baisse la tête
l’écureuil sur le fil glacé glisse avec adresse
boules de neige— les enfants riaient au soleil 75
Paroles Suivantes
dans la nuit les lames du vent sont toujours tranchantes
sous la lampe pale comme l’eau lente d’un fleuve les mots s’abandonnent
la nuit à la porte un bol fumant sur la table la lampe tressaille
dessus les collines la montagne de nuages se fait remarquer
dans les arbres ils ont rejoint leurs abris les oiseaux de jour
une douceur moite des lambeaux de brume tiède s’accrochent aux branches
au-dessus de l’aube rayé par des doigts de glace l’hiver s’engrisaille
terrasse luisante le matin semble plus sombre que la nuit.
l’ombre sur le mur s’incruste dans le béton — silhouette vague
entre les nuages et la terre gorgée d’eau le vol d’une pie.
les moineaux ont pris le pré en otage je patrouille hors de portée
perdu dans le gris un petit nuage roux retient la lumière
roulé en peluche le matou dors bien au chaud —un ours en hiver
les oiseaux se taisent il n’y a plus que la pluie qui tutoie les tuiles
il ronronne sur le bord de la fenêtre — dehors la nuit est tombée
à travers la vitre la nuit semble plus profonde que mes errements
l’odeur de fumée se répand dans la colline vers la lune froide
le ciel en tutu gaze rose fait des pointes entre les collines
des haillons de brume se répandent dans ma tête — aquarelle humide
fenêtre sans joie tapis sans la moindre trace la route s’enneige
la fumée se répand autour de la cheminée perdue dans la brume
moineaux sur le pré au milieu des feuilles mortes soubresauts de plumes
la pluie fine et lente comme une robe de gaze qui pare l’hiver
feuilles mortes — les pages d’un vieux journal se sont embrasées
début de soirée tête lourde sous la lampe — l’hiver au dehors
quelques souvenirs dans la fumée du brasier volent vers l’oubli 76
Paroles Suivantes
l’ombre a recouvert les souvenirs d’un passé déjà fait de cendres
seulement quelques pas dans l’herbe humide — pluie froide d’hiver
les étoiles froides éclats d’un verre brisé crissent dans la nuit
un rayon dans l’œil — hier encore le soleil n’était pas si haut
du haut de l’armoire et d’un regard nonchalant il régit le monde
les oiseaux se taisent les averses ont cessé — le soir fait silence
personne n’a vu Minou au-dessus du meuble feuilleter un livre
les prés d’herbe blanche fument au soleil — mon souffle une vapeur blême
les moineaux se baignent dans les flaques de soleil clair matin d’hiver
le soleil d’hiver fait briller les oliviers qui bruissent de chants dans l’air vif elle gazouille la mésange aux traits de ciel
il chasse la nuit et la brume du matin — le soleil d’hiver sans odeur le café n’a pas de goût —rhume impitoyable
sur l’herbe blanchie il ne veut pas qu’on le voie —minet aux toilettes
un petit mot bref une esquisse de pensée toujours chaleureuse
le soir d’hiver tinte comme un verre de cristal prêt à se briser
le soleil sourit le pont japonais a franchi le ciel
assis sur le banc le ciel traverse les branches —éblouissement
là sur la pelouse une seule feuille rousse au bout du regard
silencieusement mes yeux traversent l’écran — tableau d’aucun signe
il soulève un œil il sait bien que la gamelle se remplit bientôt
le jour s’est levé dans un ciel ni gris ni bleu — un long bâillement
le soir est glissant — souvenir éteint d’un rêve même l’ombre passe
un nuage hésite il semble figé de froid — les collines tintent
gouttes dans les yeux — la pluie coule sur la mousse des vieux murs de pierres
noires et brumeuses loin les collines se teintent peu à peu de jour 77
Paroles Suivantes
les mains dans les poches oreilles dans les épaules figé dans le froid j’attends qu’un premier rayon me poignarde entre les yeux
camaïeu de ciel entre gris et bleu — carnation de mes pensées goutte à goutte un café passe son parfum ressemble à une caresse
crépuscule — le soleil lassé du jour passe les collines
le soir est entré dans ma tête comme une balle de plomb
sous la lampe l’ombre de mes doigts dessine un soupir
le vent a collé le volet sur la façade — vol des feuilles mortes
un matin d’hiver le ciel bouche la lumière — la nuit tout le jour
je me lève usé — toute la nuit j’ai couru sur des fils instables
sur la route en pente sinueuse aux cent virages usé tu hasardes une borne un autre pas sur la sente qui décroit
la nuit chassée par le vent cherche asile sous mes paupières
le vent a cessé reste égaré un nuage dans le ciel moqueur
les oiseaux rangent leurs ailes un avion traverse le ciel agité
météo d’hiver — une antenne aux dents de givre pointe vers le nord
congédié du ciel un nuage embarrassé traverse l’hiver
désir de vacances— la parabole pensive penche vers le sud
décrire la nuit ma plume s’y consacre de son encre noire
dans la vieille boite en fer des photos passées perdent la mémoire
au loin l’horizon barrait les nuages — l’aube sautait les collines
d’un geste feutré le crépuscule traverse le huitième ciel
un lent bâillement — le seigneur des molles couettes attend ses croquettes
le cœur des collines rougit dans le froid cinglant — aube impertinente
une longue nuit après un lent crépuscule prend mes yeux au piège
allée de cyprès — celui dont on fait l’éloge ne vieillira plus
des traces de sable traversent le ciel de l’aube — l’hiver crisse encore 78
Paroles Suivantes
sur les branches nues devisent des pies revêches — ciel blanc de l’hiver
le ciel s’assombrit l’écureuil ferme la porte au creux de son arbre
dans le ciel de lait le soleil semble bâiller — fin de la journée
même l’ivraie cherche un havre contre le vent à venir
mon ombre a quitté le sillage de mes pas mangée par le soir
soirée sous la lampe — entre les mots et les rêves ma plume s’égare
rentré à la nuit le soir m’a volé mon ombre — je me sens bien seul
il a mis sa patte sur l’oreille — il n’entend plus le volet claquer
elles jouent de moi pris entre deux continents les larmes salées
on ne perçoit plus le chant des oiseaux à l’aube — chassé par le vent
fin janvier — une douceur de printemps sans l’odeur des fleurs
il fait soir le vent inlassable court entre les ombres
le soleil effleure l’hiver entre parenthèse —la terre fredonne
brusqué par le vent février reprend sa place dans l’éphéméride
la terre endormie effleurée par le soleil semble chuchoter
de ses yeux brillants le petit rat dans sa cage rafraîchit le monde
je franchis la seuil vers la lampe mon ombre me suit
quelques pas encore dans le rire de l’hiver sur la longue route
je franchis la porte l’ombre me précède au seuil du soir languissant
soirée à l’affût le vent veille entre les pins toujours prêt à mordre
marchant sur la sente dos au soleil qui se lève l’ombre me dépasse
la soirée s’est répandue sur l’hiver — combien de soirée encore
le passé revient las par vagues molles sur les plages sans soleil
des nuages noirs fins comme des lames coupent l’aube en darnes grasses
un chiot fait des bonds pour jouer — les oiseaux n’ont pas compris
les arbres se taisent le vent même fait silence — coucher de soleil 79
Paroles Suivantes
rêvait du printemps sous la lampe fade quelques mots écrits le soir pour prévenir l’aube
le mur perd son ombre entre les mains de la nuit — trouble crépuscule
l’aube en blouse rose danse au-dessus des collines dans les bras des nues
crochet de la lune les collines suspendues vibrent dans le froid
la rate somnole entre les pattes du chat — question de confiance
le chant d’un oiseau pour saluer l’aube — je souffle sur mon café
le chant d’un oiseau en repoussant le volet —sourire d’hiver
la mésange fuse dans l’air compact de l’hiver guidée par son chant
fin d’hiver— les gerçures des collines rient dans le couchant
que ce soir demeure si paisible dans l’hiver si calme ce vent
le soir tombe brusquement sur la fontaine — goutte suspendue
les yeux se replient la mémoire rend les armes —un corps inutile
matin d’hiver — les promesses de printemps sont des fables
le soleil se roule sur l’arrête des collines — saillie du limon
un jour comme hier — d’un ciel toujours terne la respiration
une pie se pose sur la cime du cyprès qui s’incline
l’hiver se fait long les crépuscules s’étirent sans ennui je bâille
au soleil d’hiver sur le mur l’ombre des branches signe obscurément
le soir fait silence tout le peuple du jardin se pare de nuit
le soir par surprise a défoncé les fenêtres et joue du tambour
vent de février il arase les collines d’un rabot furieux
quel vacarme ! la nuit en tombant s’est rattrapée au volet
le pin bat des branches dans le vent un moulin aux ailes folles
au milieu des fleurs le chaton poursuit les couleurs du papillon
la mouche d’hiver sur le mur ensoleillé
la nuit est épaisse 80
Paroles Suivantes
sous la lampe silencieuse j’entends mon cœur battre
au-dessus des crêtes la lumière est incertaine dans le vent blessant
au-dessus des crêtes un édredon de nuages tient froid à l’hiver
soleil dans les yeux je ne bouge plus figé de froid menaçant
au-dessous des nues une aube sale a surgi des fesses du ciel
les oiseaux se taisent leur silence est effrayant au nord de l’hiver
le sirop de soir qui dégoutte de la lampe emmielle mes yeux
même la vallée étouffe les plaintes qui s’échappent de ses routes
dans la maison silencieuse je guette les craquements de mes rêves
l’air du matin tinte cloche ou cratère en cristal du chant des mésanges
pluie d’hiver les carreaux de la terrasse reflètent l’ennui
le ciel devient blanc une voile sans carène court les horizons
les arbres sans feuilles à la pluie compatissante tendent leurs racines
la feuille tombant sur le banc couvert de givre fait vibrer les lattes
les mots disparaissent parfois sous des masques sans visage
la photo jaunie— sur les genoux ronronnait la petite chatte
la phrase s’efface sous l’avalanche de traits bannis du lexique
le ronronnement du micro au crépuscule berce mes paupières
le soir qui te broie ne masque pas l’espérance d’une aube sereine
la nuit est venue répandre du sable sombre sous la lampe
matin glacial l’herbe blanchie crisse dans la tête
soie du crépuscule douceur des bises nocturnes soie de ta présence
gifle du soleil pour m’apprendre à me lever si tardivement
le vent se rappelle à l’hiver qui couvre encore le calendrier
je plains les nuages qu’un vent qui jamais ne cesse pourchasse et maltraite
le soleil qui saute la barrière de la baie pourchasse les ombres 81
Paroles Suivantes
furtive elle rode peu à peu la nuit me guette j’en suis la pâture
une mouche entrée par étourderie illisible sous la lampe
souriant je rentre et mes muscles se souviennent du poids de la pioche
la nuit s’éclaircit au loin la ligne des crêtes déchire le ciel
dans la chambre j’ai laissé entrer le soleil d’un matin d’hiver
puis le jour se lève entre les collines noires — béance empourprée
la flèche du cèdre chatouille le nez du ciel —rafale de vent
la nuit prend élan sur les lézardes du mur — la soirée s’égare
chants de becs et plumes mon verre brille au soleil —santé bel oiseau
la mélancolie encore s’est répandue entre encre et papier
dans mon regard j’ai laissé entrer un peu de ta souffrance
chants d’oiseau — ordre donné à l’hiver d’un printemps impératif
des milliers de grains de sable semés au ciel scintillent encore
le bruit du vent dans les branches rive son clou au soleil médusé
une courte averse — les bourgeons de l’amandier se sont refermés
assis sur le banc le soleil sur les paupières insensible au monde
l’aube peine à se lever je sens sa souffrance dans les os
sur les pierres sèches caresse du crépuscule le lierre frémit
regard sans regard — quel est donc cet étranger si près des croquettes
le volet fermé une brisure de nuit reste dans la chambre
la douce mésange à la cour des sansonnets s’essaie à chanter
pensif sous la lampe j’imagine un clair de lune détourant les mots
le soleil s’attarde fin d’après-midi d’hiver sur le banc un rêve
patiemment j’attends que le soleil m’émerveille — l’aube se fait lente
sous la lampe le soir se prélasse en faisant des vers
tu as retrouvé dans ta hotte des prodiges et un cœur d’enfant 82
Paroles Suivantes
soir d’hiver le pin me salue du vent pourtant aucun souffle n’agite ses branches
l’aube ennuagée colline sur les collines use la lumière
sortis du panier des mots se sont assemblés pour que tu souries
un moineau folâtre sous l’olivier caracole d’olive en olive
sans un bruit le soir s’est posé sur mes paupières — oiseau de pénombre
au-dessus de l’aube il ne reste qu’une étoile veillant l’horizon
le froid fait grincer le volet qui se confie au nuages noirs
un soupir qui ne passe pas la gorge caresse de leur regard
l’hiver muse encore malgré les fleurs d’amandiers —moi aussi je doute
les soirées s’allongent — il reste au bord du sentier l’ombre d’un caillou
une voix lointaine a étendu sur mes lèvres ce sourire anxieux
au faîte du toit l’ombre du chat sous la lune — la nuit est mystère
réveil dans l’hiver — ”mâtin, quel froid ce matin !“ en frottant mes yeux
le soleil l’oblige à conclure sans détour — l’ombre est résolue
pas le moindre souffle l’hiver s’est pris dans ses glaces — pesanteur du froid
l’aube me rattrape bientôt elle me dépasse je ne la vois plus
matin sans lumière même les ombres se gardent d’un l’hiver qui grince
il se réfugie dans le havre du cyprès —moineau cœur battant
l’hiver s’encolère le vent du nord mord violent la glace des nues
bal de plumes lestes — le rouge-gorge revêche chasse la nonette
le front sur la vitre je surprends deux rouges-gorges combattant le froid
seigneur ! une reine peut très bien tyranniser un peuple de couette !
seul et résigné un gabian retourne en mer — ciel d’hiver en miette
la nuit flâne encore avant de se retirer avec nonchalance
la lune se lève impavide sur les tuiles
le jour reste sombre sous la couette de nuage 83
Paroles Suivantes
— soleil sans parole
le soleil cherche son lit entre les nuages
brève de la nuit — le jour balaie les rêves —trêve du soleil
le ciel chatoyait sur des chars chargés de nues déchirées d’échardes
j’ai croisé un chat — il se tourne et se rendort sur son lit de feuilles
contre les nuages la cime du cèdre signe son irritation
matou il est temps de musarder sur les tuiles — ombre de la lune
soir de lassitude la lumière coule jaune sur mes mains inertes
l’ombre de la plume hésite sur le papier — le soir les mots pèsent
contre le volet la pluie danse avec le vent je bats la mesure
des traits de couleur rose orange à l’horizon — le matin crayonne
sans savoir marcher j’ai longé mille chemins la vie sans escale
paresseusement les branches sans feuille encore jouent avec leur ombre
odeur de poussière sur un rayon quelques livres des vies sans visages
le disque vermeil du soleil au bord du ciel aspire le jour
le vent va cesser mais que cet hiver est long dans le froid qui dure
douceur printanière et soleil indifférent — journée ambiguë
sur les dalles tièdes la pluie étale un miroir reflet de l’automne
main de sable fluide sur la page sans présage aucun mot ne dure
clin d’œil facétie accepte avec le sourire ma lourdeur sans grâce
face au miroir sombre l’aube lisse ses cheveux — un ciel sans étoile
avec un sourire pour un jour sans importance le son d’un haïku
le soleil tranche les murs d’ombres sèches le jour chasse l’aube
le vent s’est couché vieil animal essoufflé d’une longue course
sur le sol les chenilles savent-elles la saveur du vent
entre chien et loup un faible halo persiste — silence des branches
l’ombre hésite sous un ciel d’ardoise 84
Paroles Suivantes
le chant des oiseaux à l’aube loue la pluie de mars
un soupir je m’en vais trainer la patte avec la mésange agile
plic-ploc dans la flaque pas de grenouille juste les eaux de mars
les yeux envoutés je reviens du bout du monde — un livre se ferme
j’ai laissé la nuit me révéler des étoiles cachées dans mes yeux
lentement je finis mon verre — j’aurais bu toute la mer
crépuscule ardent — dans la haie un chat renaude après mars féroce
printemps du jardin les sentiers à fleur de peau que les parfums suivent
le printemps s’élance la pluie brille sur les tuiles — liesse de la terre
un éclair à l’est entre nuage et colline — le soleil sursaute
accrochés aux crêtes barbe à papa le nuage rose après la pluie
les jours se font soie qui serpente entre les doigts puis le vent les froisse
mois de mars il est soir une grenouille a pris de l’avance
zélés les moineaux caracolent sur le pré mais ils ne jouent pas
le ciel s’entrouvre entre les nuages éclairés d’une aube de soie
lumière pionnière une goutte d’or surgit entre les collines
vieux matou castré surpris d’un feulement rauque — le printemps est rude
le soleil insiste sur la mousse du vieux mur mais l’hiver résiste
l’ombre est pâle — le printemps est à la peine les oiseaux se taisent
un nuage rose trame un mauvais coup de vent — son air innocent
les moineaux sur le pré au crépuscule envols de rêves anciens
envol d’une feuille l’ombre d’un battement d’aile le vent s’encolère
les oiseaux se serrent frissonnant dans l’olivier — tombée de la nuit
une porte claque quelques perles du rideau tintent sur la vitre
matin— le soleil s’étire au dessus d’un matelas d’ouate blanche
le vent n’a cessé de courir entre les pins à en perdre souffle 85
Paroles Suivantes
encore une fois le vent rogue s’est couché les crocs menaçant
la langue de feu des nuages qui s’embrasent — éblouissement
ombres chancelant sur les murs de béton rouges — mars bat en retraite
les mains dans les poches il tourne le dos au vent le clown presque triste
la journée paresse entre aurore et crépuscule entre herbes et tiges
un manteau de pluie dans les méandres du vent suit le cours des choses
on ne les voit plus les cailloux sur le chemin semés dans le temps
le front sur la vitre j’épie la pluie qui s’agite moirée par le vent
ce matin la brume sent l’herbe et le bois qu’on brule — lumière diffuse
soirée de satin — lentement le ciel dévoile les premières étoiles
le fauteuil balance et grince je suis assis sans but je voyage
un sac de lumière jeté roule entre les arbres — le soleil crépite
couleur de grisaille la lumière ce matin fronce les sourcils
d’une branche à l’autre encore nues un ballet de plumes brillantes
sa robe de moine roulant sur son suif il passe le gros chat superbe
une tache rousse se trémousse sous les viornes — bal du rouge-gorge
j’ouvre le volet sur des murs qui pleurent le jour a berné la nuit
dans le laurier-tin la mésange matinale affute ses ailes
on ne sait plus rien des cailloux jetés jadis sous nos propres pas
peau de shamisen — l’âme d’un chat défunt miaule sous des doigts de fée
un ciel jaune a dérobé le soleil — le jardin sanglote
soudain le silence — une goutte sur ma joue — le ciel s’est couvert
le soleil efface du ciel les traces de craie — un coup de chiffon
la gorge nouée dans ce silence reviennent les jeux du chaton
se jouant du vent qu’ils sont sérieux les moineaux sous les oliviers
quelquefois les jours sont plus sombres que les nuits — les nuits les plus sombres 86
Paroles Suivantes
journée sans soleil les mésanges s’égosillent et crient au voleur
entre les pruniers monsieur le chat prend sa dose d’odeurs de printemps
au bord de l’assiette il attend sur son derrière les grives rôties
douleur des nuages — répandue sur les collines une aube sanglante
la patte sur l’œil pour ne plus rien voir du monde — un chat misanthrope
le printemps se noue — un va-et-vient de nonnettes d’une branche à l’autre
savane de pissenlit — le fauve à l’affut d’un papillon frêle
pour le son d’un conte mes mains frôlent le mensonge — les mots me dépassent
digues sans lumières — les tuiles du toit glissantes suintent d’ennui
vapeur sur le quai — qu’ils me pèsent ces voyages que je n’ai pas faits
de plus en plus terne le verger est recouvert d’un ciel sans sourire
le ciel d’ouate triste s’amollit si lentement — mon regard se brouille
un linge est tendu gorgé d’eau sur une corde — le ciel dégouline
il y a longtemps que les chats de la toiture sautent sur la lune
autour du soleil les nuages s’agglutinent comme des éponges
à travers la pluie la vallée exubérante paraissait sournoise
flottant sur la branche deux nonnettes en tenues se croisent du bec
le chant des fauvettes — la musique des couleurs guide l’aube grise
quelques pas les galets crient sur la plage les vagues se cabrent
le soleil dégrise entre les collines le matin à petit pas
je lève les yeux vers les étoiles narquoises — soir et amertume
la joie des moineaux ne secoue pas le soleil il s’est recouché
quelques rayons fous éclaboussent de sourires — diamants de rosée
l’écureuil pressé s’affaire à compter les branches — sourire immobile
ce matin enfin chaque nid d’oiseau se fait sa place au soleil
la journée s’achève on a laissé les soupirs à l’herbe trempée 87
Paroles Suivantes
j’ai peur de la nuit — on dit que l’horloge avide va manger une heure
sur l’herbe brillante avant de rentrer dans l’ombre quelques pas encore
les ramiers s’approchent insouciants de la maison — colère des pies
heure des ramiers — de glands germés sous les chênes ils se piquent
le front sur la vitre je contiens les bâillements du calendrier
au banquet de l’aube les oiseaux donnent le la la nuit sort en douce
ciel maussade même dans mon cœur tarde le printemps
la pluie tient conseil aux orchis courbant l’échine — redresser la tête
les heures se grisent et la pluie lisse les tuiles de l’auvent fourbu
sur un fil une tourterelle désespère du printemps
traces indistinctes sur le chemin parcouru — ne pas se tourner
le ciel gris couleur de souris ronge l’espoir de sourire
au bout de la route la chaleur se rit d’attendre un verre à la main
la brume surplombe la colline ébouriffée — une aube d’étain
ils suivent la route de leurs yeux impénétrables — rêve de retour
j’ai laissé la trace de mes pas dans l’herbe humide pour ne pas me perdre
le printemps se traîne masqué d’un ciel sans couleur perclus et crissant
une aube veinée palpite au bout de la nuit — le jour vient au monde
vient le crépuscule je m’attarde sous les branches — parfum de la pluie
l’avril hésitant — il tire un rideau de pluie d’une main peu sûre
quelques pas sur une terre spongieuse — odeur d’herbe humide
crainte du silence qui ne saurait abolir les douleurs croisées
les orchis se dressent flammes fières vers le ciel — je reste muet
la porte entrouverte sur le couloir du service pénombre et silence dans le couloir comme un quai un sourire et l’espérance
une huppe un geai pour éblouir les nonnettes traversent le pré
loin après la brume 88
Paroles Suivantes
on devine les collines troublées d’un frisson
il pousse pelote d’une patte malhabile sous le pot de fleur
sur le mur l’ombre du pêcher se prend pour un chêne
un matin d’avril — les fauvettes dans le ciel volent deux par deux
dans les cerisiers les bourgeons restent couverts à l’abri des nuits le printemps tourne le dos aux pétales éphémères
concert de crapauds grenouilles sous les étoiles la nuit sera chaude
la lune apparaît — sur le banc au crépuscule je sens sa fraicheur
les orchis brillants se dressent avec fierté — trouble des fauvettes
la lune accrochée par les moustaches du chat — duvet de moineau
du vent dans le linge — une chemise qui sèche se prend pour un geai
entre les frissons la lune au-dessus de l’aube s’accroche aux nuages
un petit sourire dans l'enfer hospitalier — un plaisir pour moi
fin d’après-midi une odeur d’herbe coupée lisse mes cheveux
brin des heures lentes crépuscule à pas de loup soirée de coton
une brume lente dans la vallée endormie retient le soleil
je secoue les rêves — un tapis à la fenêtre couvert de poussière
je baille et m’étire ma façon à moi de vénérer le soleil
lentement les sèves se rassasient de printemps les feuilles s’étirent
timides quelques oiseaux osent défier le soleil humide
museau sous la queue une boule de tendresse et de poil ronronne
quelques pas — la trace dans l’herbe brille — diamant de rosée il fait jour encore le crépuscule bavarde sur le pas des portes
flaque de soleil — la rosée qui s’évapore vers le ciel d’avril
sur le mur les ombres qui se font des révérences saluent le printemps
d’un pinceau léger les nuages empressés griment l’horizon 89
Paroles Suivantes
revenant du marché Minette a croisé un amour de panier
avant la pelouse il y avait une ferme et un coq chantait
le papillon terne a oublié la chenille aux mille couleurs
ville horizontale— le béton broie le silence d’un cri métallique
silence du soir — mes os recrus de fatigue ont cessé de geindre
l’ombre s’est lovée du mauvais côté du mur pour passer la nuit
la vallée respire le printemps à pleins poumons — fraicheur du matin
il a traversé la terrasse au ras des dalles le moineau l’a vu
auprès du verger s’il y avait une source je l’abreuverai
une soirée glisse sur la pente de la nuit — lourdeur des paupières
cette ombre de brume que la nuit a rassasiée sur mes murs ondule
le vent plie les feuilles le printemps fait une pause toutes les fleurs tremblent
au soleil il rêve de chasses miraculeuses —il plisse les yeux
une pluie d’avril soudain froide réfugie mésange à l’abri
depuis hier les feuilles sont devenues audacieuses elles bruissent presque
le soleil guéri offre à la terre spongieuse un manteau de perles
j’imagine au loin après les chemins du sud le chant d’une plage
rosée au soleil l’odeur du café brulant au creux de mes mains
sur le bord du jour entre se clore et s'ouvrir un bouton hésite
d'un vol lent et ample le gabian retourne en mer retour du printemps
les miettes des rêves secoués par la fenêtre se diluent dans l’herbe
les bruits de la nuit bercés d'une lune claire glissent lentement
brumes matinales — une nuit de peu de lune s’achève en baillant
le lilas lilas penche vers le lilas blanc —échange d’abeilles
il y a longtemps que le coq ne chante plus au bord du matin
ce soir j’ai ravi aux esprits de la garigue une odeur de thym 90
Paroles Suivantes
un ciel en lambeaux — ce matin le soleil peine à rallier la terre
âpre vent d’Afrique qui traverse le ciel jaune et gerce la terre
je ferme le livre qui tombe sur la poitrine — l’odyssée commence
l’éclair a rongé la lumière de l’écran figé blanc de peur
la soirée s’approche de mon fauteuil fatigué et me tend la main
la terrasse humide reflète le gris du ciel — un mur de silence
les perles de pluie malicieuses s’ensoleillent — doux parfums de l’aube
la nonnette inquiète d’un trou de l’olivier guette les pas de l’intrus
le voile de soie au bout de mes doigts s’accroche — grincement de dents
peut-on deviner dans l’harmonie de ces trilles la couleur des plumes
ces nuages mornes qui escaladent le ciel roulent sous mon crâne
lentement se glisse le crépuscule sous l’huis pourtant bien fermé
sans force je pose mon bagage imaginaire au bout de la route
somnolent encore j’ai glissé sur les carreaux — la pluie se réveille
incertain je pose mon bagage inexistant au bout du chemin
un rayon de soleil vite éteint par la pluie tentative avortée
les ombres ont quitté les murs — elles ont contraint pierres et béton
rayon de soleil anéanti par la pluie vaine tentative
le goéland froid parait sombre en contre-ciel — les pensées s’égarent
un liseré d’or sous les branches de cyprès couronne la flaque
rainurant les nues vers une route incertaine les blancs goélands
présent de fleurs blanches la pluie promet au jardin l’odeur du lilas
la mésange accourt à cheval sur un rayon du soleil conquis
le jour sans couleur souille le calendrier — printemps aux orties
je rentre harassé — sous la lampe se profile une soirée moite
la barge traverse une nuit sans traquenard — un Styx apaisé 91
Paroles Suivantes
ce vieux fauteuil flasque aussi ridé que le monde berce ma défroque
au loin les collines — un crépuscule de soie couronne leurs pins
le chat résigné embusqué à la fenêtre questionne la pluie
à travers la brume on devine les collines qui rêvent encore
on ne sait pas qui du soir ou du ciel de pluie sera le plus sombre
odeur d’herbe repue qui se froisse sous mes pas — gorgées de printemps
tout un jour encore front contre la vitre froide à compter les gouttes (heures)
très timidement le soleil surprend le voile opaque des nues
s’il te plaît soleil lève-toi il est grand temps de secouer le ciel
la lueur s’essouffle dans l’étroit sillon qui peine entre les collines
la pluie sans pitié égare loin de la terre les vers téméraires
les oliviers bruissent du gazouillis des mésanges — dernières olives
au loin une tache sur le ciel le gris des nues le temps se maquille
parfum d’herbe rase le jardin colle à la peau — travailler fatigue
lumière du quai — du voyageur anonyme ne reste que l’ombre
vapeur du café qui trouble les collines à l’aube du monde
du chemin du nord parfois resurgit l’empreinte d’un rêve estompé imperturbable il serpente d’éboulis en éboulis
le monde commence dans le parfum du café gorgé de soleil le matin parade — les coquelicots se dressent pour le voir passer
sur le mur de pierres le lierre au jasmin s’unit— odeurs de la pluie
terreur chez les pies dans les nids se nouent des drames —cruelle corneille
une tourterelle seule et coite sur le fil espère un message
tout au bout du pré les coquelicots tremblants louent la faux clémente
entre les oreilles même les paupières closes le bruit des galets
la brume se fond dans la vapeur du café — partout la grisaille 92
Paroles Suivantes
léthargie de soie — une bruine somnolente rampe sur les troncs
au ras du sol flotte une odeur de pin brûlé— soir d’automne en mai
la fée éternue un lutin tend un kleenex — froissement de feuilles
le ciel ne sait plus où disposer ses nuages contre le soleil
une lenteur fraiche rumeur de lumière et d’ombres flâne sur l’herbe rase
le vent vous précède — ô hommes sans espérance qu’attendezvous donc
le banc semble attendre l’odeur d’une confidence sous le marronnier
fille aux seins de miel ne dors pas sous l’amandier — il rêve de toi
la lucarne s’ouvre sur un matin parfumé du vol des mésanges
les chênes frissonnent le vent se prend dans les branches — volent les chatons
une soirée trouble absent le regard s’égare sur la vitre sale
le vent a cessé des chatons désemparés glissent sur le sol
vers le vieux fauteuil la soirée traine la patte — épaisse fatigue
quel est cet oiseau dont le chant chaque matin balaie tous mes rêves
par la vitre ouverte sur les trilles des fauvettes le rêve est passé
frôlant le soleil elle déchiffre le ciel la première aronde
clair matin de mai bonne humeur de la fauvette qui chante à tue-tête
le vent broie le ciel les hirondelles bernées ne se montrent plus
un sphinx sur le toit — le soleil dans les paupières résout son énigme
toute une journée à lutter contre le vent le printemps suffoque
le soir se respire — même les coquelicots semblent parfumés
il attend inquiet que le jour chasse la nuit — oiseau échaudé
c’est un matin moite un de ces matins qui poissent — même le ciel bâille
seul un vent mutin traverse l’or des collines ce soir est de soie
ce n’est pas un temps matou à courir minette— retour sur la couette
ah ce chant d’oiseau je n’avais pas de filet pour le capturer 93
Paroles Suivantes
elles semblent calmes dans le ciel les hirondelles rassasiées de vent
un bout de printemps parfois entre les averses — un coquelicot
les parfums bousculent le vieux portillon qui geint au fond du verger
le chant de pluie assourdissant sur les tuiles — tocsin au printemps
un vent taquin prend les pins et ma morne humeur à rebrousse-poil
tout un jour encore le front posé sur la vitre à compter les gouttes
ils ont l’air si flou sous la pluie comme des spectres les arbres sans ombre
combien de soupirs il fait si sombre déjà la pluie clôt le jour
une soirée fourbe fardée d’un voile de pluie glisse sous le seuil
le jour joue des coudes il bouscule ses brouillards si lourds à bouger
il n’en finit pas il pavane encore en mai l’automne sangsue
par moment les ombres s’éloignent du mur et tiennent un conciliabule
avare à son or il s’accroche au mois de mai l’automne est tenace
arômes du soir — ils arpentent le jardin avec nonchalance
sous l’averse brillent les carreaux de terre rouge — un miroir de sang
pour un rêve sombre j’ai ignoré les rayons du soleil de mai
averse de mai — l’écureuil indifférent grappille des glands
le soleil scintille sur le bord de la fenêtre — le chant d’un oiseau
quelques gestes lents lassitude et bâillement la houle du soir
fil télégraphique — les moineaux tiennent conseil sous les hirondelles
réveil nébuleux — le soleil chasse la brume suintant des pins
la brume de mai — des haillons ensoleillées parent les collines
entre les nuages noirs un rayon de lumière l’herbe s’illumine
lancinant ce chant de l’oiseau insaisissable sur le seuil du soir
le vieux chat bougonne contre le bol de croquettes qui si vite est vide
reflux de la branche ce n’était qu’un peu de vent l’envol d’un moineau 94
Paroles Suivantes
vol d’un papillon à travers la vitre close — découragement
j’enfouie mes joues dans les plis du cachemire la paix se respire
fleurs déchiquetées — malmenés par le mistral mille papillons
le verger émerge à la surface du jour sous une aube grise
d’une branche à l’autre ils échangent des messages brillants de soleil
asphalte luisant à midi des lampadaires pleure une lumière grise
entre les pavés poussait un coquelicot aux airs de soleil
le soleil revient sur les pas du mois de mai hésitant encore
une porte se referme sur sa gueule de métèque
lenteur impassible — ils rêvent sur les collines les nuages blancs
le vent dans les feuilles prend le sermon des oiseaux à rebrousse-poil
sur le ciel lavande la trace d’une hirondelle — mai malgré le froid
don d’un mot d’une pensée le soir tombe pour les ramasser
le rideau des rêves dans le vent de ma tempête frappe sur mes murs
mai rempli de doute le calendrier se brise les saisons se froissent
hardie la mésange vers le nord à grands coups d’ailes se fraie un passage
au matin remonte des profondeur de la nuit un rêve ébréché
de grands planeurs blancs au dessus de la vallée en quête d’embruns
mue des souvenirs qui dans le soir se préparent à tordre la nuit
pour la nuit de mai voici la dernière demain juin rira peut-être
encore endormi — le volet ouvert s’envole volé par le vent
dans le ciel sans tache une virgule de vent brusque l’hirondelle
journée nonchalante nous avons laissé le vent grogner à la porte
ce bourdonnement qui court d’une oreille à l’autre — besogneuse abeille
les frissons de mai valent bien ceux de novembre le temps joue aux dés
hors du labyrinthe au bout du fil Ariane ne sait que répondre 95
Paroles Suivantes
il ne reste au ciel plus la moindre cicatrice de l’aigreur du vent
des filament d’ouate moite défient la vallée — somnolence ingrate
retour du printemps deux huppes entre les branches se parlent d’amour
à peine humectée quelques gouttes sur l’été cernent la poussière
concert des oiseaux — la tourterelle arrogante impose son jeu
le soleil gravit la montagne de nuages avec le sourire
sonnerie stridente— seule ma respiration sonde le silence
des ombres furtives froissent les façades moites —évasion des nues
le soleil voilé ne tempère pas l’ardeur du chant des oiseaux
odeurs du jardin après la pluie de la nuit —éclosion du monde
à coups de gosier d’un arbre à l’autre ils se toisent plumes en colère
parfum dans la haie tous les nids qui s’interpellent bruissent de soleil
soirée parfumée frôlée par des chants d’oiseaux —douce lassitude
au bord d’une flaque parfois un fétu se prend à rêver d’espace
les fleurs de yuccas tintent —clochettes de neige fraicheur du matin
un petit nuage pèse de tout son éclat au faite du cèdre
”toujours s’assurer du voisinage d’un tronc“ bon sens d’écureuil
brille dans l’armoire la tranche d’un livre lu —rayon de lumière
tournant la cuillère la nuit rêche se dilue — odeur du café
après tant d’années les pétales sont restées ancrées au bouton
le chant des oiseaux illumine le sous-bois —je ferme les yeux
”après tant d’années ”le pétale était resté ”fidèle à la fleur
contre-jour à l’aube — sur la branche le ramier prend des airs de buse
froissant le rideau de perles la nuit s’est glissée au cœur de mes rêves
à peine semé guerriers et ouvrières écument le pré
les premières gouttes chaudes et gorgées de sel coulent sur mon front 96
Paroles Suivantes
tant de papillons épinglés par des regards d’enfants éblouis
une brume sale dans les replis des collines —gangue de moiteur
d’un bleu fatigué le ciel se farde masquant l’écho de la nuit
la tombée du jour enveloppe les collines de lambeaux de nuit
langueur d’un soir de juin — les crapauds n’en finissent pas de compter les étoiles
frais comme une source les premiers rayons du jour sourient de rosée
paresse du soir — jamais les crapauds ne cessent leur compte d’étoiles
ils volaient quatre à l’ombre du figuier quatre papillons blancs
au bord du bassin un chat compte les lumières qui flottent sur l’eau
les oiseaux se taisent l’ombre du pin disparaît dans le crépuscule
le café et moi prenons le frais sur le bord d’un matin d’été
un souffle d’air frais traverse la chambre moite —le matin enfin
là, la tache rouille — une feuille morte en juin ou un rouge-gorge ?
premier soir d’été — sur le pré les pâquerettes sont restées ouvertes
traversée de nuit aucun fanal sur la passe à l’entrée du port
premier soir d’été — hiboux, crapauds et rainettes vont donner le la
l’eau du port se fige les drisses cliquent dans l’air lourd du crépuscule
toutes les étoiles vont faire tinter la lune dès la nuit tombée
franchir la limite de la toile d’araignée — le soleil hésite
aux premiers rayons toujours le même babil dont le nom s’envole
au fil du courant les clapotis sur la coque —rêve de cap Horn
tige de fenouil — un escargot téméraire rêve de cuisine
la terrasse brule et s’écaille en longs copeaux d’airs incandescents
pas dans la rosée — la trace fond au soleil souvenirs de perles
quelques pas sur l’herbe déjà sèche du verger —la sueur me poisse
tasse de café sur la terrasse d’air frais rosée sublimée 97
Paroles Suivantes
premières cigales — bientôt leurs chants dévêtus orneront les pins
longtemps je passais sur ce sentier sans penser où pesaient mes pas
toute la garrigue tendue reste suspendue —mistral sur l’été
un vent haletant la journée qui tourne à l’aigre me colle à la peau
fauve inassouvi le vent grogne dans les pins et broie le silence
l’étincelle vient mais ne promet pas le feu —ma paille est humide
par crainte du vent tous les oiseaux se sont tus —fraicheur du matin
une libellule dans le crépuscule rêve sur une lavande
assis sur le seuil d’un seul regard vers le ciel il est sur la lune
des grains de poussières lentement se font dorer sur d’épais rayons
matin en velours qui d’une brise frivole hérisse le poil
ils tournent si lents au dessus des roches sèches si loin de la mer
le matin s’étire jusqu’à l’ombre de midi — tintement des verres
le chant du loriot indifférent aux humeurs du passant maussade
il s’est abrité sous la feuille de figuier —l’oiseau a trop chaud
un soleil habille accroche des arcs-en ciel au cœur des nuages
il en met du temps le soleil pour effacer les traces de nuit
entre les nuages les arcs-en-ciel se font voiles pour griffer la mer
un coup de pinceau l’arc-en-ciel s’emplit d’odeurs en frôlant le buis
un été soyeux pour une rosée fugace ouvre ses matins
le sommeil achève la traversée de ses rêves d’un long bâillement
la mue de cigale une tige de lavande offrande du vent
le sommeil court sur son erre la traversée de la nuit —bâillements
tiédeur caressante le silence des cigales dans le soir d’été
le vent s’est calmé — s’il s’agite maintenant c’est entre mes tempes
matin équivoque — une araignée sur la vitre se sent observée 98
Paroles Suivantes
soirée implicite — l’araignée reste au plafond cachée des regards
qu’il a de la chance le coquelicot flétri entre deux poèmes
le soleil s’est posé sur la plus haute branche du ciel — midi bâille
la touffeur s’impose un mur de béton rugueux qui meurtrit mes pores
la mésange fuit d’une branche d’olivier qui vibre et sourit
le matin se lève comme l’aube sur un jardin d’enfants déserté
chaleur — la cigale sur la tige de lavande a laissé sa peau
le sable s’écoule minuscule monticule des instants perdus
passant d’une feuille à l’autre un papillon cherche celle qu’il imite
un souffle d’air frais fait frissonner les collines —frêle aube d’été
le chat et l’oiseau indifférents l’un à l’autre traversent l’été
envol d’une huppe soudain mon visage amer s’égaie d’un sourire
matin charitable qui me dépouille des peaux grasses de la nuit
le matin scintille — sur l’odeur fraiche de l’herbe la rosée d’été
soirée alanguie — même le ventilateur tourne au ralenti
perché sur la branche d’un olivier accablé une huppe attend
drames de l’été — je referme le journal d’un geste perplexe
tourments du soleil les brumes de la vallée troublent ses rayons
le ciel vire au gris la soirée déjà torride tire l’édredon
venu du jardin le parfum du chèvrefeuille grise la maison
matin sans merci — les cigales déjà sarclent l’écorce des pins
comme une pluie sèche la moiteur du soir qui tombe coule sur les tuiles
le vieux sur le banc résiste à la tentation d’ouvrir les mains
l’aube a abdiqué — un lourd soleil en fusion liquéfie le ciel
chaleur belliqueuse — une araignée sur le mur se met à l’abri
gouttes de rosée — le parfum du chèvrefeuille frôle les rosiers 99
Paroles Suivantes
chenille immobile sur un ruban surchauffé — bouchon de juillet
à l’ombre torride des pins grinçants de cigales —rêver de banquise
silence espéré — le voisin et son souffleur brouillent mes neurones
sur la cheminée une aigre tourterelle nargue l’aube d’été
une soirée de soie — une boule de duvet se pare de toi
âme de sa fleur la graine de pissenlit erre entre les ciels
quand elle a si chaud elle protège sa peau — la rosée d’été
le soir brasse l’air à grands coups de pales du ventilateur
une goutte coule salée sur sa joue — l’été n’a pas de pitié
pause des cigales — dans la fraîcheur du matin le silence apaise
le soleil flatte si fort qu’il frémit le mur de béton brulant
la soirée s’écoule épaisse grasse d’odeurs et de lassitude
les chiens de l’orage dans les baumes des collines grimacent au vent
le soleil besogne à s’extraire des collines —l’aube colle aux pins
le rideau de cannes frémit lentement — un souffle disperse la nuit
des odeurs de sauge de marjolaine et de thym brillent dans mes yeux
un bourdon s’entête à parfumer la lavande d’un léger frisson
couleur de linceul le ciel couvre une vallée réduite au silence
pensif sur le banc il laisse le soin au soir d’aller vers demain
corvée d’arrosage — ma peau sens l’herbe frôlée par un arc-en-ciel
le jour conquérant confisque l’ombre du pin — qui se sent bien nu
des corneilles rogues se disputent sous les pins une place à l'ombre
la mouche se grise des splendeurs des paysages que contient la vitre
l’été se déguise — une brume de sauna empoisse les pins
une tourterelle sur le fil du téléphone rit des confidences
l’orage de l’aube a parfumé les collines d’essence de rêve 100
Paroles Suivantes
parfois les nuages se fendent sur un ciel bleu semé de sourires
un frelon traverse la draperie d’arc-en-ciel pour rallier sa reine
de sous le buisson un chat surgit et s’ébroue — je viens d’arroser
à l’aube des arbres craintives d’un soleil âpre les feuilles se taisent
l’ombre d’une branche sur le mur grave des signes couleur d’éphémère
j’en soupire encore j’ai gardé le souvenir d’un très long silence
sur la terre sèche craquent crissent les aiguilles des pins assoiffés
quatre lourdes gouttes chaudes ont éclaboussé le mur de l’été
rhume de saison pas de rime sans raison rêves à foison
le soleil émerge des collines endormies un trille après l’autre
les jours vont et viennent entre la splendeurs des aubes et les soirs inertes
la besace est pleine – des mots pour dire un regard en faut –il autant
la vallée s’éveille — sur le grondements des routes les trilles s’imposent
avec élégance le chat a tourné sa tête la mienne a suivi
soir incandescent — seul le silence témoigne dans l’accablement
la nuit se précise les cigales sont parties pour faire la fête
la vallée s’éveille une aube sans concession disperse ses rêves
une tourterelle sur un fil bat la mesure —l’orchestre s’accorde
papillon de nuit — envoûtées par la lumière mes ailes s’enlisent
soudain le silence entre les pins assoiffés — repos des cigales
la pie sur les tuiles instables du toit brûlant s’essaie aux claquettes
écrin au silence — l’heure qui précède l’aube projette un miracle
il faut profiter du moindre don de l’été — frisson du matin
ce matin déjà le grincement des cigales trouble le café
vieille photo grise — aux sourires impassibles l’impossible amour
le ciel a tendu sur les collines sans souffle un linceul brûlant 101
Paroles Suivantes
la nuit grogne et gronde le tonnerre roule et racle la peau des collines
penaud il s’éclipse l’écureuil qui voulait boire où je me baignais
seule les pies semblent apprécier l’herbe humide — offrande au silence
le ciel s’effiloche bannière déchiquetées — repli des nuages
la pluie de la nuit révèle mille richesses — jardin parfumé
ainsi va ma vie claudiquant sur des impairs sans quitter l’ornière
le soleil se couche — les vagues lentes de sel caressent le sable
le ciel devient pâle la température peine dans le thermomètre
mon pauvre arc-en-ciel papillon multicolore brouillé dans le vent
de sa voix ruisselle de vieilles amours rassises des vies rédimées
matin sans souci mais la chaleur a surpris glaçons qui fondent
mélancolie du couchant dans mon verre un papillon s’est noyé
poussé par le vent l'ombre se moque du mur qui reste de marbre
deux pies polyglottes brisant la paix du matin ne s’entendent plus
porté par le vent le parfum de la colline questionne ma peau
les collines mauves ondulent vers l’horizon — coucher de soleil
au fond de ma poche j’ai conservé un caillou pour ne pas me perdre
le matin s’en vient réprimander mes paupières — odeur du café
fraîcheur du matin les pierres de la maison semblent frissonner
le silence tombe — un fardeau que l’on dépose à l’orée du soir
la pêche tombée du pêcher que j’arrose a un goût d’arc-en ciel
j’ouvre le volet le monde inonde la chambre — parfums du matin
la petite fiente sur le bord de la fenêtre — mésange où vas-tu
le rideau du ciel se prépare à découvrir le bal des étoiles
calme du matin le soleil pousse le voile léger de l’aurore
matin embué — l’été gagné de paresse caresse septembre 102
Paroles Suivantes
soudain une étoile perdue dans l’immensité a rayé un vœu
comme un vieux poème odeur d’encre et de papier son cœur s’est ouvert
les feuilles anxieuses surveillent le moindre souffle — l’été se rebiffe
un soir dans l’été crépuscule nostalgique soupir fatigué
dans cet été tiède un vif rayon de soleil s’est laissé cueillir
matou il passait le mur d’un bond —à présent il lui faut l’échelle
une soirée moite — les bruits se sont étouffés dans l’air accablant
les pies sur le pré évoquent nerveusement leur dernier festin
deux pies se disputent dans l’ombre fraiche des chênes leur place au soleil
j’ai laissé passer le temps et le crépuscule ressemble à la nuit
matin sans souci — sur le pré quelques ramiers prennent de la graine
béton orphelin — d’une caresse sans poids l’ombre a fui le mur
quelques grosses gouttes d’une pluie épaisse et grasse — je me sens reclus
son du shamisen qui résonne entre les pins — lumière d’orage
la vallée s’éveille dans des vapeurs d’autoroute — c’est un matin d’août
nul oiseau ne chante dans le matin gémissant — mistral en colère
odeur des tomates mures salées dans l’assiette — le goût du soleil
j’ai gravi la sente jusqu’à la plus haute borne lasse elle aussi
matin pour tremplin le soleil prend son élan pour l’après-midi
août roule une couette premiers frissons au réveil clin d’œil de l’automne
le soir se répand comme un chat fatigué d’avoir trop dormi
en haut du poteau perchée une tourterelle déchiffre un message
il n’y a plus d’ombre sur les murs de la maison lassée de soleil
les frissons s’approchent l’automne envoie ses agents bien tôt cette année
une jeune pie se réfugie sous le banc — pour quelle bêtise ?
dans le soir ils flottent comme un sombre duvet les papillons de nuit 103
Paroles Suivantes
ce matin déjà le soleil bâille et s’étire en longs filaments
déjà la nuit qui tire un drap d’étoiles sur les rêves à venir
paupières pesantes — un déluge de gravier crisse entre mes tempes
vite ma coquille — je voudrais n’en plus sortir — matin de rentrée
le soleil est terne comme une vielle monnaie longtemps oubliée
au-dessus des roches que le soleil illumine plane un oiseau noir
le ciel sans couleur à cet été finissant oppose une énigme
l’ombre de la lampe qui oscille sur le mur n’est pas une lampe
le ciel en sourdine frôle la cime des pins — caresse du vent
sur le mur sans ombre quelques mouches énervées signent leur colère
comme un chat qui dort le soleil semblait soyeux dans le ciel pastel
un livre entrouvert — les rêves de cette nuit posés sur la table
entre les poteaux le fil a fait une boucle — silence électrique
minette s’insurge — coup de patte sur le nez du minet pressant
sur la peau fredonne comme un air de fin d’été — l’aube d’août frissonne
la dernière écorce d’une cigale muette s’accroche à l’été
le ciel maintenant réconforte les collines de sa chaleur bleue
un revers luisant — le soir pare les collines d’une cape pourpre
la colline est rousse les oliviers immuables se chargent de gris
fraicheur ce matin — sur la roche des collines une buée bleue
un tigre féroce s’élance sur une mouche — chaton maladroit
une pie perchée sur la flèche du grand cèdre domine le monde
l’été finissant délicatement dévoile des rayons de miel
l’odeur de l’automne est entrée dans la maison — septembre déjà
le soleil est caressant de ronronner j’en aurais presque envie
l’odeur de l’automne s’est mis à fouiller la chambre comme un chat chineur 104
Paroles Suivantes
l’odeur de l’automne a soudain quitté les murs —le soleil se lève
d’un revers de vent un automne lumineux a chassé l’été
au loin dans le soir le silence s’est fermé — un cheval hennit
le vent s’est tapi cauteleux entre les troncs — les feuilles frissonnent
le matin se fige comme une pierre arrogante — un éclat froid
paupières tendues une corde entre mes tempes — cris des shamisens
leurs ailes s’effleurent au-dessus de la vallée tournent deux ramiers
dans une aube inerte le mistral retient son souffle — soupirs des nuages
à travers la vitre il imagine la pluie — un chat dans l’automne
le mur devient gris même le ciel est couvert d’un couleur d’ombre
un haïku m’échappe souffle au bord de l’horizon quel était ce rêve
depuis la margelle les pies inquiètes s’abreuvent chacune à son tour
une crème épaisse coule et couvre la vallée grasse de l’averse
brûlant dans la tête battements d’ailes de bronze un gong s’est cabré
sur ce banc je pense aux années que j’ai perdues à rester assis
dans une aube jaune les tambours sourds de la pluie peinent sur les tuiles
"incognito "le chef de gare "poinçonne son billet
sleepy and yawning after a morning shower the sun lastly rose
l’été se délite — le vent mafflu de rancœur a claqué la porte
malgré une douche le soleil enfin se lève somnolent bâillant
un frisson malgré le soleil — prélude à l’automne
ce petit frisson qui agite l’or des feuilles printemps de septembre
l’ombre de la lampe qui balance sur le mur menace la nuit
les nuages noirs torturés par le mistral retiennent leurs larmes
sur le mur sans ombre le soir a plaqué sa glu — lacs mélancolique
le vent est tombé une plainte retenue glisse sous les pins 105
Paroles Suivantes
animal exténué d’une course interminable, ce soir le vent s’est couché sur un lit d’aiguilles.
le soleil se voile c’est l’heure d’avant la nuit qui bat dans mon cœur un peu de rosée ce matin sur les toitures septembre s’achève
le vent s’est posé le ciel reprend la couleur bleue des hirondelles
mon corps remisé sue de lassitude il fait sombre maintenant
course dans le ciel des nuages touffus jouent à saute-mouton
même dans ma tête s’étirent ses filaments – brume du matin
pudique la lune remonte sous son regard un voile de gaze le vent ce fripon (d’impertinence) retrousse le jupon des nues
dans les ombres bleu marine d’un soir qui n’est plus d’été si mélancolique et tiède on se noierait presque
statues sur un fil deux ramiers au regard grave pèsent mon travail
on se noierait presque dans les ombres bleu marine d’un soir sans été
silence de l’aube — le grincement du volet réveille une huppe
la première pluie est arrivée sans tapage – pudeur de l’automne
sur le seuil du soir un dernier souffle de vent repousse la porte
un automne comme une caresse sur un front brûlant
froissement de plume doucement les nids s’éveillent dans l’aube et la soie
une brume froide hésite sur la vallée –la nuit se retire
la lenteur chagrine qui paresse sur le soir retient un sanglot
odeur de la terre mêlée de transpiration – un sourire las
d’une plume rouge un poète a souligné le contours des ombres
un frémissement à peine dans le feuillage –réveil de l’automne
au bout l’horizon j’imagine qu’une digue déchire la mer
de ses yeux qui brillent un enfant plonge la main dans un sac de billes 106
Paroles Suivantes
dans le ciel de bronze qui travestit les collines les arbres s’embrasent
un dernier concert — il faudra bientôt lacer le rideau de perles
Il fait lourd et chaud, un temps qui essouffle et use les pores.
la porte a claqué le vent joue entre les perles, octobre est entré.
les nids se referment et la nuit fébrile encore les livre au silence
malgré le soleil qui joue entre les nuages qui roulant s’étirent sur le ciel brillant les feuilles ont la couleur de l’automne
une pie anxieuse sur le bord de la piscine invoque la pluie
grisaille d’octobre qui couvre même la brume automne sans tain
dans le pin penaude la pie étend ses ailes grisées par l’orage
la jeune tarente veut-elle passer l’hiver pendue au plafond
un soir de satin sur la terre rassasiée pose son silence
par la porte ouverte des rumeurs d’enfants qui jouent piétinent mon cœur
les gouttes de pluie sourient aux rayons de l’aube froissement de feuilles
la branche a frémi une goutte un gland la feuille s’en sont échappés
sombre crépuscule les couleurs ont abdiqué le soir crie victoire
ciel couleur de zinc au-dessus des roches grises — fin d’un jour d’octobre
fière elle se dresse femme la voix de gitane mille bagues brillent
frissons des lauriers les moineaux fêtent l’automne grimés dans les feuilles
ciel effarouché les nuages sont entrés au pays d’octobre
l’odeur du café m’escorte sur la terrasse – clair matin d’automne
maintenant le soir s’installe autour de la lampe qui veille farouche ne penser à rien c’est la promesse d’un jour que l’aube caresse
le soleil s’efface au loin roule le tonnerre la pluie tergiverse
il fait nuit de la terre chaude encore s’exhale un parfum d’automne
les feuilles jaunissent sur les arbres de Judée — ma peau s’est ridée 107
Paroles Suivantes
une ombre timide se détourne des nuages et frôle la façade
soudain sur la crête une aube de braise noire surgit dans le froid
la pluie qui s’échauffe sur le fumier ressuscite des millions de mouches
l’âne au lieu de braire la panne de dictionnaire aurait dû se taire
un piaf sur l’antenne — un programme animalier passe à la télé
je vais en bâillant sans vaillance à la conquête d’un sommeil fuyant
soleil sur la vitre — les collines se diluent dans le ciel d’argent
le matin glacial dans l’absence de sommeil fige les pensées
l’ombre a recouvert l’herbe humide du verger j’ai glissé soudain
au matin — je lace mes rêves et les porte sur le dos toute la journée
octobre remplit des soucoupes de nuages de son ciel blafard
le soir – j’entrouvre les draps à des milliers de sourire pour peindre la nuit
Couchée dans le pré, Pâquerette, c’est son nom, en broute plus d’une !
dans le ciel de craie une harde de corneilles raye l’horizon
un vent noir balaye le chemin qui se lamente sur la mort des feuilles
l’averse s’achève un coup de vent sous les branches en bat le point d’orgue
sur le chemin clair le soleil se rit d’octobre — l’air de rien je siffle
un soleil sans force tremblote à travers les brumes humides d’octobre
un soleil aigu découpe les ombres raides d’un matin d’automne
le sujet se rêve objet de son attraction aimé comme aimant
l’ombre du cyprès qui m’invite sur le mur n’est qu’une ombre au fond
reine des abeilles dit : ”méfie-toi des tilleuls, tous les tilleuls mentent !“
déjà la nuit froide emmitoufle le feuillage d’une aura de glace
pénombre d’un soir d’octobre autour de la lampe vigilante
roulé dans la couette toute moustache en éveil il rêve l’été
à travers la glace les dernières feuilles bruissent — la queue gagne un mètre 108
Paroles Suivantes
sur l’asphalte gras la file avance d’un mètre — les feuilles frémissent
la cime des arbres s’emmitoufle de l’automne — brume de velours
le vent s’est levé qui rassemble en tas les feuilles — je le remercie
à l’ombre du banc il décortique les glands qu’octobre lui cède
douceur imprévue de cet automne mature — joie des pâquerettes
loin dans les collines le cri d’une tronçonneuse blesse mon écorce
au sommet du cèdre une pie face au soleil épie ses rayons
les feuilles bruissent à peine pour les oiseaux de passage le ciel se fait de velours l’heure est au départ
les tempes se froissent d’un carillon feu et sang —paupières ardentes
dans le cône de lumière papillonnent des chimères le soir paré de silence filtre de la lampe
une aube de sang se répand sur les collines en vrilles brumeuse
par-dessus le gris des nues qui pèse sur l’horizon le soleil luit et sourit de tous ses rayons
sécateur rouillé — la vendange à Saint-Amour crisse entre les lames
par-dessus les nues qui étouffent les collines le soleil s’impose
odeur de verveine j’avale les aspirines la gorge nouée
dans le soir la lassitude accompagne chaque pas les volets que l’on rabat longuement soupirent
du mur nu la mue de cigale s’est envolée dans le vent d’octobre
qui peut dire si dans le ciel de la nuit ne fuient pas des anges
fraicheur d’un matin d’octobre — sous les nuages les feuilles s’agitent
sur le tronc pourri se rassemblent les alludes — travail de fourmis
petit déjeuner — l’écureuil mange sur place les glands frais tombés
plic ploc une flaque tristement sur la terrasse fait des ronds dans l’eau
caché par sa queue un écureuil sous les chênes glane sans soucis
sous la pluie frileuse l’ombre d’une main tendue a troublé la flaque
tristesse d’octobre — l’odeur des feuilles qui brûlent erre entre les pins
lumière d’automne fatiguée un peu grisée mais quelle lumière ! 109
Paroles Suivantes
à l’heure d’hiver il est l’heure où se referment les boutons de porte
les nuages courent sous la lune imperturbable dans son lit d’argent
l’aube imperturbable sourit aux heures nerveuses qui ploient le cadran
je m’étire devant l’écran qui s’éteint — panne de courant ?
journée indigeste le soir pèse sur la nappe couverte de miettes
le soleil prend l’air dans la brume qui s’étire d’un rayon de miel
dans la nuit d'octobre les feuilles mortes modèrent le ton sec des glands
le soleil est passé par derrière les collines — tact du crépuscule
avant de partir octobre enfin tambourine sur la verrière
le soir a glissé si vite sous les arbres sidérés un silence sans audace fige le jardin
les corneilles rayent la pâleur du ciel d’automne quelques gouttes tombent des nues qui pourtant maitrisent la longueur de leurs sanglots
un bouchon qui saute — brusquement c’est le matin couleur de champagne
la nuit se hâte et efface les indices sur l’ardoise du ciel — la lune à présent peut graver son orbe
sur le mur les mouches semblent dessiner des mots en langage mouche par le volet clos le soir lentement se glisse vers la lampe pâle
mon regard sans force interroge le néant — soupir dans la nuit
le fauteuil balance il hésite entre torpeur et résolution
les mouches d’automne elles trainent mollassonnes sur les vitres sales
la soirée me pique d’un soupir bien ajusté en plein bâillement
une heure a poussé le journée hors de l’ornière — la nuit joue des coudes
au bord de la vue un éclair se dissimule dans l’ombre des cils
reflet des nuages sur la terrasse luisante — la pluie a cessé
sourde lassitude l’heure en trop s’est travestie d’un manteau de brume toutes les horloges scandent leurs accords mélancoliques
sur son trente-et-un l’octobre élégant s’apprête à se retirer
froid crépuscule
nuit d’insurrection — les cauchemars ont pillé 110
Paroles Suivantes
le palais des songes
le soir s’écoule et remplit les pores d’oubli
couleurs de l’automne sur la couette parfumée un chat qui s’endort
même en noir et blanc la photo du petit chat semble être en couleurs
nuit de cauchemar nuit d’émeute un point à la ligne
la pluie de novembre s’en vient troubler la palette des bruits de l’automne
l’air se fige et tinte — sous les étoiles stridentes un verre se brise
des tuiles ruissellent vieilles gargouilles sans tête les sanglots d’automne
grise dans la brume la voix d’un chat qui s’égare la nuit de novembre
ce lent bâillement mille fois je le répète à la somnolence
une seule pie ose affronter ce matin brumeux de novembre
le volet m’échappe des mains — soleil déjà haut mistral courroucé
le ciel devient rouge au loin l’or du crépuscule dénude la nuit
un théâtre d’ombres — le pin embrasse le cèdre à l’abri du mur
les rails se rejoignent dans le fracas du ballast que l’acier malmène
des masques rigides déambulent et s’évitent dans les allées tristes
au loin le fanal contre le ciel de la nuit se teinte de gris
une nuit humide couvre la terrasse terne — la lune s’esquive
d’une patte habile, Mésange s’essuie le bec — froissement de plumes
à travers la vitre le regard quête le ciel rêve inavoué
d’une patte habile Mésange s’essuie le bec — odeur de tilleul
entre quatre murs un rêve se cogne aux vitres mouche sans audace
un vol de corneilles crayonne au ciel la portée de leurs cris crayeux
goutte d’eau limpide parmi d’autres gouttes claires contre les ténèbres
la fiente de pie sur l’épaule — j’ai croisé un vrai trou du cul
autour de la lampe des insectes fascinés meurent en martyrs
flaque de sang noir dans le pré luisant 111
Paroles Suivantes
novembre insolite dresse mille pâquerettes
profitant d’une accalmie reprennent leur souffle
les nuits de leur groin de lassitude sans souffle déchirent le temps
soirée de satin — la tige de l’ancolie crisse entre mes doigts
des gouttes salées mots que je ne peux pas lire glissent sous mes yeux
brumes de novembre— les battements de la ville claquent les volets
inquiètes et froides se sont levées les étoiles dans le ciel d’automne
frissons de novembre — la clameur de la vallée se plaque aux volets
le vent éternue même les nuages pleurent — novembre s’enrhume
sur les dalles sales les feuilles déchiquetées témoignent du vent
le ciel blanc de zinc peu à peu s’est camouflé en soldat de plomb
lentement les ombres se glissent entre les troncs — je retiens mon souffle
la fraicheur subite dans les mors du soir qui tombe serre ses tenailles
les étourneaux sur le pré illuminé ont posé leurs doutes
pour marquer l’instant et le passage sans poids d’un vol de mésange
le ciel était blanc — écume des vagues qui se retirent
accroché aux branches un chiffon résiste au vent et demande grâce
les nuages de laine franchissent le ciel en frissonnant
dans le froissement des pages que j’ai tournées la soirée languit
le vent a chassé l’espoir d’un jour sans automne — la porte a claqué
parfum de tisane — la buée sur les lunettes berce mon regard
entre deux rafales le volet s’est débattu puis il a claqué
l’ombre nue des arbres dans la brume de novembre — fantômes transis
les feuilles vertes encore couvrent le jeu des fauvettes qui sautent de branche en branche faisant fi du vent
le vent s’encolère — les volets tremblent de peur dans la nuit frileuse
dans la nuit d'octobre sur les feuilles se répand le son sec des glands
les branches des chênes
diamants dans la nuit 112
Paroles Suivantes
la constellation de l'ange veille mon sommeil
l’épaisseur de mes paupières — soirée de novembre
le feuillage vert encore masque aux étourneaux le jeu subtil des fauvettes
frémissement de feuilles les fauvettes se moquent des étourneaux
l’hiver a toqué aux contrevents de novembre — jalousie
musique qui grince le vent siffle sous la porte — je serre les dents
des pensées maussades vont et viennent dans la brume — lambeaux de silence
le nord en colère s’est perdu dans la garrigue où le thym se tait
le ciel sans couleur présage d’une nuit noire — mon ombre se traine
odeur d’encre fraiche et de papier encor lisse — journal du matin
une odeur d’humus imprègne déjà mes mains – le cœur ralentit
le jour s’est levé collé au sol par la pluie glacée de novembre
contre un ouragan une goutte d’eau limpide — essuyer des larmes
l’odeur de l’hiver rôde entre les troncs humides — frissons des collines
sur les dalles l’ombre du mur pâlit et s’estompe — un nuage passe
odeur d’hiver sur la garrigue — frissons
Ah ! qu'il aurait été doux de sortir de ma tanière ! Mais ours je suis ours je reste grommelant sans cesse.
l’odeur de l’hiver s’égare sur la garrigue — un frisson me prend
la nuit fait silence les étoiles se dérobent quand parait la lune
l’aube figée fait silence entre les collines où le soleil tarde
longue litanie — la pluie bat sur la verrière le gong de l’automne
enfin immobile après le troisième pin la branche a rompue
plongée dans la boîte une enveloppe anonyme défie le courant
écho dans le soir le silence et le froid couvrent l’herbe humide
une pie nerveuse se laisse choir sur le pré — la branche s’ébroue
plusieurs fois je tire et repousse l’édredon sans me décider
la brume mesure
je frôle des troncs 113
Paroles Suivantes
que les années ont ridés de mes doigts gercés
à se vautrer dans le froid puis le jour se lève
silence d’automne — un tapis de feuilles rousses sous le cerisier
sous la lampe il tourne autour des mêmes poussières — petit moucheron
ce soir une feuille se repose sur le banc — oublier l’automne
sous la lampe tu écoutes le silence qui chuchote ses confidences d’un soir à un moucheron
à travers la vitre le frêne effeuillé se pense palmier sur le sable
elle s’élance dans l’air tellement glacé qu’il tinte
lueur au crépuscule qui s’accroche aux branches noires — saison des kakis
portée par le vent une pâle odeur de neige hante les collines
la charpente grince c’est l’hiver une souris remonte sa couette
une ombre immobile aux aguets sur la façade — je retiens mon souffle
le ciel se répand blanc comme une neige sale — craquement des branches
les feuilles figées ne tentent plus de freiner un l’hiver précoce
entre les nuages le vent ouvre des blessures le ciel se déchire
nuit sans lune — les lumières de la ville ont mangé la voie lactée
pas un seul cheveu ne dépasse de la courbe écarlate des crêtes
la ville visqueuse vorace et tentaculaire rampe sous la brume
la vallée se ferme — des claquements de volets dans la nuit profonde
la ville embrumée étouffe des ses néons béant d’humeurs sales
le bruit d’un moteur une portière qui claque sans une parole
sur l’asphalte froid un silence sans couleur — j’avance d’un mètre
un profond silence sur le chemin de la nuit — une branche craque
les collines s’ouvrent aux caresses du soleil — sourire de l’aube
soleil de novembre — sur les feuilles d’olivier brille un givre mat
puis le crépuscule bascule dans l’ombre obscure vers d’autres collines
des heures entières
mais de l’une à l’autre 114
Paroles Suivantes
une journée a usé sa poignée de sable
mais de ma bouche ne sort qu’une vapeur froide
étincelle une luciole éclaire le monde
orange fripé déjà le mur est dans l’ombre — le soleil se presse
les lames de l’aube ont lacéré les nuages — coups de fouet cuisants
soir froid de décembre — même la mélancolie supporte une écharpe
le chemin serpente entre la lumière et l’ombre — il n’est pas bien long
la fumée s’étale amanite à l’odeur âcre au-dessus du froid
le front dans la paume sur le bord du crépuscule à peser le néant
prudence des feuilles— une pie glisse en silence sur le pré blanchi
craquements de bois — la souris dans la charpente se pare d’hiver
peu à peu le lierre embrasse les vielles pierres d’une lente étreinte
le sommeil fuyant j’ai passé la nuit à gué de mousse en gravier de faux-pas en écorchures entre les rives confuses
soleil de décembre — les chênes brillent encore de leurs monnaie d’or sales temps — le plus petit doigt levé attire une règle
depuis le faite du toit la vallée parait plus profonde
un nuage mauve perdu au-dessus de l’aube transie de silence
les collines vaporeuses pensent déjà au printemps contre le ciel qui flamboie le soleil grelotte
un message court entre les pylônes froids — oiseau sur un fil
je ferme les yeux — ces branches qui se querellent me fatiguent
les jours les plus courts patinent sous les lumières froides de la ville
des feuilles mortes tourbillonnent — le vent bat la mesure
le jour prend des airs de conspirateur sournois — il fait grise mine
dans le froid j’attends l’aube qui en met du temps pour se maquiller
les rails se défilent la gare semblait si proche à un jet de pierre
je voudrais bien rire 115
Paroles Suivantes
« chant d’une mésange « dans le jardin engourdi — « le soleil se lève
petit matin sombre les pieds sur les carreaux froids on oublie les rêves
par endroit mosaïque dégrisée le ciel se craquelle
sur l’herbe blanchie les pins égarent leur ombre — humeur de décembre
au détour d’un livre le soir a surpris le jour qui bâillait d’ennui
froissement de soie — au milieu des feuilles fauves les nids se réveillent
posée sur le banc une feuille rousse attend que le vent l’emporte
froissement de soie — au milieu des feuilles mortes les nids se rendorment
vibrant sur le pré une feuille morte emporte la rumeur du vent
une flaque s’est dépêchée de sécher avant le lever du jour
un premier rayon vient taquiner les aiguilles — frissons dans les pins
la journée entière sur la chaise de l’entrée elle m’attendait
le geai bleu des chênes choisit les glands les plus mûrs au marché des branches
à peine une brume une gaze de pluie fine suspendue au ciel
une aube rubis dans sa gangue de nuages pare mon regard
« dans la boîte à lettre « inondée « une carte ensoleillée
« Mésange à la Barque « attendait sur le portique « l’écot d’un sourire
« de ces lèvres rouges « vers le havre de te tes joues « mille vœux le guident
au loin un marteau résonne sur une enclume— carillon glacé !
un ciel immobile englue la cime des arbres — lourdeur des paupières
le pré s’est figé sous la membrane de givre l’air seul tinte froid
solstice d’hiver — l’ombre peine sur le mur c’est le soir – déjà
le soleil vient de sombrer je ne l’ai pas remarqué sombrer il le fait si vite au mois de décembre.
les livres se serrent rayant sous la lampe la poussière des rayons
« elle prend la plume — « elle s’en remet au vent « pour trouver ta joue
la nuit se renfrogne elle s’accroche aux nuages — le jour sombre 116
—
Paroles Suivantes
dans les flaque grises le reflet du ciel d’étain brouille les façades
ainsi la dernière nuit précède le jour nouveau l’année qui commence se vêt d’un précieux silence — bulles dans la tête
dans le calendrier les derniers jours se cabrent — le temps indomptable
première journée d’une année qu’on dit nouvelle — les soirs se ressemblent chaque jour cède la braise quoiqu’on fasse devient cendre
un matin grisâtre et mélancolique estompe les bruits du départ un silence tiède quelques miettes sur la table et des bougies froides
dans la flaque triste reflet de la nue captive d’un ciel sans merci
sur la route aride les roues brouillent la poussière — retour sans éclat
parmi les fauvettes le rouge-gorge plastronne brûlant de colère les palombes impassibles paissent en s’en balançant
un vent hors saison entre les branches sans feuilles déchire le ciel
dans le vent sans force les branches nues se balancent — douceur de l’hiver
la pluie sur les feuilles s’entête et rive mon front à la vitre froide
précédant la nuit l’ombre gagne les recoins en chaton craintif
le soleil d’hiver glisse sur les troncs humides — le froid resplendit
l’or du crépuscule explose dans les nuages et se pare d’étain
un abricot glisse entre les dents de l’hiver — crépuscule
le temps fait la tête — sur les branches qui sanglotent boudent les oiseaux pas un chant pas une danse pour refroidir l’hiver tiède
dans les branches nues tous les oiseaux se déguisent en feuilles vibrantes les volets se ferment mélancolie du silence dans la nuit brumeuse
le tas s’illumine la petite chatte rousse se déguise en feuille
sortir enfin d’une nuit sans couleur au milieu du dernier jour
un matin encore qui paresse sous la couette grise des nuages
cent mille caresses sur des ailles de mésange se parent d’étoiles 117
Paroles Suivantes
un nuage rôde seul sac de coton sale
la douceur de l’âtre emmitoufle le lecteur d’exploits merveilleux
fumée blanche — les feuilles qui brûlent ont élu un pape
lenteur de la flamme qui de contorsions lascives caresse la bûche…
le feu s’est éteint — une odeur de cendre humide rôde sur le seuil
sous la reliure se devine un autre monde — j’ai tourné la page
la grisaille tiède d’un matin de cachemire englue mes paupières
comme un doigt dressé le cyprès prend fait et cause contre les rafales
pelures du jour les heures se sont remplies de minutes vides
on devine encore là où le jour s’est enfui un signe de piste
insensiblement le soir est venu peser entre les épaules
le jour se termine je ramène le volet sur l’ombre et le vide
petit déjeuner — une mousse de nuages dans sa coupe d’or
lever du jour — sur la brume des tartines de soleil
un petit oiseau entre deux coups de râteau m’apprend à siffler
forcées par le vent elles déjouent le balai les feuilles espiègles
d’un claquement sec l’intrigue retient son souffle — pause entre deux pages
la nuit se dépouille à l’huis des maisons craintives — poussière d’étoiles
le temps passe humide — sable crissant de sel dans un sablier sale
une feuille s’est posée — l’hiver en silence pèse sur le ciel
le chant d’un oiseau rompt le silence insipide d’un matin d’hiver
une fumée aigre monte dans le ciel d’hiver incertain présage
le banc sous les chênes ménage à mes grincements un soupir comblé
en volutes sombres le crépuscule crépite — feu de feuilles mortes
un silence épais enveloppe les collines quand rôde le soir
dans le ciel d’hiver le volet proteste 118
Paroles Suivantes
la certitude du jour hésite un instant
sur la marge de la nuit quelques gouttes tombent
promeneur sans ombre enfin arrivé au terme d’un jour sans lumière
la lune se pare d’un énigmatique masque ruisselant de nuit
le regard se perd à travers la vitre opaque — reflet de la nuit
un oiseau sans nom offre l’arc-en-ciel d’un chant au jour qui se lève
langueur matinale dans la brume d’un café je somnole encore
des diamants perlent des branches me voilà plus riche d’un sourire
sur les feuilles mortes d’une lente obstination la pluie bat les cartes
taches de lumière entre les branches sans feuilles — clin d’œil de l’hiver
le chant de la pluie sur l’auvent et dans la nuit berce ma paresse
flânerie d’un soir d’hiver les feuilles grasses de pluie glissent sous les pas
des strates de nues collines sur les collines à l’assaut du ciel
la pluie se déverse dans les flaques et les songes — réservoir de larmes
au bilan du jour la sueur de longues heures en perte surtout
petit serin pris dans l’étau de sa volière son esprit pépie
maintenant le calme est revenu à la surface du verre d’eau
feuilles lasses ombres collées à l’auvent que la pluie bat sans merci
le soleil d’hiver teinte de mailles d’argent le chant d’un oiseau
une vitre froide entre la pluie et mon front se couvre d’un souffle
la journée paresse entre quelques pages lues et perte de temps
la journée s’étire une pluie interminable vibre sur l’auvent
le ciel s’est couvert d’incertitude insipide et l’oiseau s’est tu
au-milieu des vallées le vent embrase la pluie — les pins applaudissent
le chant de la pluie de pensées en souvenirs vague dans ma tête
émissaire du soleil absent une risée dans le grain
la journée s’achève
du vent et la pluie 119
Paroles Suivantes
quelques pierres sont tombĂŠes du vieux mur boiteux
120
Paroles Suivantes
sous les réverbères se glisse l’ombre équivoque des passants fourbus
le vent prend des poses il rit dans les tas de feuilles que lui-même assemble
un jour gris se penche sur les toitures glissantes d’une ville triste
les heures pesantes la nuit a frôlé mon front d’une ombre légère
la pluie s’est calmée un coup de vent sec secoue la torpeur des branches
crissements sinistres le vent affute ses lames entre les collines
le vieux volet grince — l’étoile ce matin vibre sur la peau de l’aube
le volet dévoile un jour grimé par l’orage — la nuit a des cils
le ciel de cristal résonne enfin — les étoiles ont réapparu
les carreaux de terre s’éclairent d’un éclat rouge sous la gifle humide
sur l’herbe blanchie le jour ose un regard terne — janvier a ses brumes
écho des collines qui roulent leurs blocs de pierre loin sous l’horizon
le ciel devient pâle dans l’air tendu le silence pèse sur l’hiver
la terrasse blanche d’une averse de grêlons se remet à peine
solive rongée l’esprit part à la dérive sur le crépuscule
entre les vitrines la nuit glisse lentement — la ville se terre
confessions du vent qui glisse des doigts glacés sous les portes closes
le vent se faufile entre les venelles froides — voleur de lumière
cri du vent dans les arbres effrayés un crépuscule en hiver
la pluie inlassable enduit les façades grises d’un voile de larmes
une aube sanglante hantée de lambeaux de vent déchire la nuit
le cœur de la nuit malmené sous les averses redoute de battre
la nuit lame froide passe les ombres inquiètes au fil de l’hiver
les flaques de pluie luisent d’un éclat sournois dans le jour naissant
le vent tambourine mais la porte lui résiste de tous ses copeaux
le jour a chassé les nuages sur les franges grises des collines 121
Paroles Suivantes
crissement de soie — l’hiver d’une lame aiguë frôle mon gosier
la vaisselle mousse d’un parfum de pomme verte — rêver de printemps
un cœur bat au loin — entre les collines froides le soleil émerge
un doigt qui appuie sur l’interrupteur — la nuit éteint la pluie
potier funambule ses pieds dansent sur la roue la terre s’envole
marcheur misérable le long des rues maussades les rêves s’émoussent
soirée veloutée — l’hiver s’enroule et s’endort derrière la vitre
lumière d’hiver — un oiseau cherche de l’ombre dans le pin humide
couvrant la terrasse une pellicule grasse glisse sous la nuit
pénombre d’hiver — tous les oiseaux sont rentrés réchauffer leur nid
signes dans le soir — les gouttes sur la main luisent comme des sanglots
zèle de la pluie — sur les flaques se reflète un ciel renfrogné
des flaques de plomb délibèrent dans le ciel sur le sort de l’aube
valse hésitation — le ciel change de couleur comme de chemise
d’un vol malhabile un oiseau raye le ciel noir de gauche à droite
le ciel écarlate lentement va se blottir sous le crépuscule
le ciel qui vrombit et l’envol précipité d’oiseaux apeurés
un index tremblant — le cyprès désigne au ciel un soleil absent
mouron impalpable la durée émie les ans craie que la mer rode
de toutes leurs dents les antennes se repaissent de nouvelles fraiches
brusquement l’orage gifle les tuiles de fléaux hallucinés
les gouttes tricotent sans relâche sur l’auvent de fluides palabres
quelques flaques sombres terrorisées par l’orage frémissent encore
une aube d’hiver — le silence des oiseaux retient le volet
la pluie inlassable dessine sur les façades des grèves de mousse
front incandescent — les bulles sautent du verre aux orbes à vif 122
Paroles Suivantes
le ciel de plomb voile les rumeurs de la vallée — silence incolore
c’est une aube tiède la brume émousse d’une ombre les collines lasses
terrasse luisante — les nuages y dessinent l’ombre d’un navire
après une averse c’est la nuit qui vient couvrir les cœurs nostalgiques
les rayons espiègles dérobés par les nuages en riant s’éclipsent
rayons de soleil sur la branche qui se dresse — sceptre de diamant
clin d’œil du printemps — février tourne la page d’un éclat de rire
crépuscule — le vol bas et sans espoir d’un ramier blessé
le soleil se couche et la nuit vient à son heure — soupir satisfait
matin qui lancine — un mal de dent qu’on devine tenace et sournois
un vol d’étourneaux déploie une fine ombrelle dans le ciel d’hiver
taches de safran dispersées sur l’herbe humide — le pré s’ensoleille
la mésange espiègle sur la branche qui oscille nargue le soleil
caché par la nuit qu’accompagne son regard le chat part en chasse
le bruit des souffleurs comme un chant funèbre au loin pour les feuilles mortes
regard sans lumière — la grisaille comme un fard couvre les paupières
étrange grisaille — un merle raie la pénombre de la fin du jour
derrière la brume les étoiles se dérobent en riant sous cape
un point dans le ciel — un nuage s’interroge sur le temps qu’il fait
rayon de soleil qui traverse en souriant le volet fermé
des lambeaux de gaze sanglants se sont répandus entre les collines
le ciel prend les traits d’un tissu de chaise-longue — mollesse du soir
le vent vient du sud paré des chaudes senteurs de lointains mirages
entre les cyprès les oiseaux ébrouent leurs plumes — concert de commères
la souris le dit lire au lit est difficile rire est si facile
dans leur nid ils rêvent — des coups de bec sur le ciel délient les étoiles 123
Paroles Suivantes
bavant de colère le vent a lâché ses chiens sur les pins transis
la dernière feuille sans un soupir s’est posée à l’ombre du banc
un cri de rocaille — un chat traverse le pré dans sa quête ingrate
entre terne et gris le ciel ne sait quelle teinte farde les nuages
de petites mouches sur le soleil du mur tracent un obscur message
soudain une averse — preste le geai vole un gland à l’abri des chênes
gracieux et fragile agile le geai tournique dans les chênes nus
crépuscule — toutes les couleurs se dépêchent de briller
à l’ombre des chênes une troupe de ramiers banquète de glands
bientôt à genoux — à la sommation du vent les arbres se signent
un spectre louvoie dans les brumes matinales — l’hiver se maquille
vent impitoyable — le thermomètre se terre au fond de son tube
les fumées s’étalent et recouvrent la vallée — les pensées s’enlisent
le vent s’encanaille— d’un mouvement leste il trousse les jupes des fleurs
le soleil bien haut tente désespérément d’ouvrir mes paupières
aux premiers rayons un papillon pâle hésite sur le pré brumeux
taches de rousseur sur le pré piqué de fleurs— éclairs de soleil
les arbres frissonnent les doigts du soleil caressent la peau de la terre
éclosent les fleurs naïves—l’hiver sournois fourbit sa vindicte
le soleil se couche il remonte jusqu’au ciel un drap de pénombre
la brume dilue le ciel — se froissent les feuilles du calendrier
matin sous la pluie — la silhouette des arbres tamise le ciel
d’un lent bâillement dans le gite où l’ours s’ébroue le printemps sursaute
voyageur pressé — le temps sur l’éphéméride ne fait que passer
un éclair bleuté sursaute entre les bourgeons — geai dans les lilas
le soir est tombé — une grosse boule grise serre le gosier 124
Paroles Suivantes
le volet gémit — le vent secoue le tapis de feuilles fourbues
un bruissement d’aile une tache de lumière éclate soudain
sur la page lue des mots se sont éreintés en quête de sens
au loin un pic frappe d’un bref tambour saccadé puis c’est le silence
entrouvert le livre est une porte à franchir un autre univers
d’agiles moineaux avec sérieux s’adonnent au métier de clown
je sors de mon livre qui d’un claquement se ferme — c’est déjà le soir
sautillant sous les viornes insouciantes les bergeronnettes
obole d’argent l’herbe brille sur le pré — bonté du soleil
vapeurs sur le pré — malgré la rosée de l’aube l’herbe a chaud déjà
la brise se pare d’un parfum d’herbe coupée — le soir s’ensommeille
un soir de printemps le ciel sans nuage brille d’un quartier de lune
à l’assaut du chêne un petit papillon peine de toutes ses ailes
pas un souffle d’air ne trouble l’éclat des viornes — une pie criaille
la brume s’estompe et le ciel prend des couleurs — odeur de café
journée sans ornière soirée sans aspérité — un monde de glace
étang de verdure l’herbe brille sur le pré — les moineaux s’y mirent
pur hasard sur la branche d’olivier le ramier la tourterelle
sombre le jardin dans le soir de mars exhale un souffle brisé
rameau d’olivier le ramier la tourterelle sur la même branche
odeur du café au soleil sur la terrasse — le matin sourit
un soleil blafard ahane sur les collines— il retient mon souffle
un printemps précoce — le voisin coupe du bois pour l’hiver prochain
la journée s’achève — les heures pèsent leur poids d’épaisses paupières
peu à peu les ombres lasses broient le crépuscule— le jour cède
un papillon frêle bat l’air visqueux et s’épuise à tirer son ombre 125
Paroles Suivantes
éloge de l’aube — le soleil bat la mesure de son cœur de miel
l’ombre de la lampe sur le mur de la terrasse patiente au soleil
d’un soupir fourbu je dépose ma journée sous la lampe pâle
l’ombre se souvient de la douceur du soleil dans la haie ouverte
la journée se pose lentement entre les bras d’un vieux fauteuil las
couvercle de boite à bonbons – le volet livre des parfums sucrés
deux papillons blancs s’asticotent sur le pré brillant de rosée
pousser le volet sur un matin parfumé par des chants d’oiseaux
du mur encore clair les ombres se sont enfuies pour souffler sans doute
garder dans la chambre la douceur et les parfums sucrés du jardin
même dans mes pores gavés de sel il persiste — parfum du jardin
de lourdes fumées s’étalent sur la vallée — âcre mois de mars
je ferme les yeux — le soleil du matin tanne mon cuir de vieillard
d’un soupir je pose mon corps limé de fatigue sur le bord du soir
coupant à la taille un rameau impertinent raille la cisaille
du sable qui sourd de mes paumes infertiles — les mots se soustraient
le petit pêcher qui rosit de confusion n’a qu’une ombre courte
grasse matinée — sur le front un rayon glisse jusqu’à la paupière
prunellier en fleurs— un buisson de neige douce qui cache ses dards
fébrile la guêpe darde la main qui la sauve du clapot de l’eau
derrière les pins le soleil trouve refuge — un dernier éclat
les heures s’écoulent vers la nuit sans un soupir — un peu de fatigue
dressée sur le tronc une chenille ambitieuse assiège le ciel
sans peur sur le chêne le vif effronté savoure les premiers bourgeons
un bourdon épais de la fleur de pissenlit gâte le pollen
le volet qui claque a effarouché l’agace — une seule pie 126
Paroles Suivantes
les oiseaux se taisent les branches s’immobilisent — langueur vespérale
le vent capitule il tire sur le printemps un rideau de glace
crissent les graviers du chemin devenu sombre — la nuit qui s’émiette
le ciel d’un mars pâle se reflète dans mes yeux — visage malade
présage feutré — en silence une corneille a rayé la brume
le printemps se pause et les bourgeons se referment sur les fleurs frileuses
clameurs dans le cèdre — les pies imposent leurs clauses aux colocataires
malgré les frissons et le rhume qui persiste les journées rallongent
d’un bourgeon à l’autre brin après brin le printemps redresse la tête
des gouttes de soir éclatent dans la poussière mate des collines
au bout de la ligne trébuchant de chaque pied le soir est tombé
mes yeux qui larmoient s’attardent sur la terrasse voilée de pollen
la pluie résignée grise de mélancolie les vieilles toitures
paresse du soir — la rumeur de la vallée berce mes paupières
les mains dans les poches je patine entre les flaques d’une journée lisse
sous la couette épaisse le sommeil livre bataille — le jour se résigne
le soir se fendille — dans une flaque d’eau sale l’étoile est tombée
le vent trouble encore la poussière du chemin — vertige du soir
le vent les malmène— contre le mur de béton les ombres s’affutent
tartine de miel — une couche de rayons luit sur la terrasse
la nuit s’étend vite par crainte de réveiller le vent assoupi
un dernier clin d’œil — lentement le soleil glisse entre les collines
elles virevoltent les dernières feuilles mortes dans le vent de mars
surprise du chat qui me rencontre au détour de son territoire
quitter leur cocon elles hésitent encore les feuilles pensives
le volet frissonne des nuages qui le frôlent — brume entre les tempes 127
Paroles Suivantes
la roue des karmas les paradis ou l’enfer foutaises d’églises la poussière des cadavres ne sais plus rien des étreintes
du gazon tondu la senteur de l’herbe apaise mes os grimaçants des rivières jaunes s’épanchent sur la terrasse — averse et pollen
une heure noyée dans les remous de la tasse — l’horloge ricane
les branches s’inclinent le feuillage semble rire de la pluie propice
le soleil paresse — la journée parait plus longue en compensation
le fauteuil oscille lentement grincent mes os— tournent les aiguilles
senteurs de printemps qui rentrent par la fenêtre ouverte et le ciel
je peux respirer une lampée de printemps — le ciel devient clair
la journée méandre jusqu’à la lagune étale d’un lent bâillement
le jardin m’assaille je sais ce que les ans pèsent et crissent les os
les moineaux se hâtent dans le silence du pré — le soleil se voile
les premières feuilles déploient leur courtepointe de velours pastel
une aube laiteuse un vieux grimoire entrouvert étreint les collines
de mes yeux s’épuise la poussière des matins grise et nauséeuse
rentré du jardin une épaisse odeur de pré colle à ma chemise
une feuille sèche du printemps s’est détachée— déjà le soir tombe
une nue s’étire dans le ciel sans hirondelle — fin de la journée
au loin les collines démêlent leur chevelure des lambeaux de brume
des soldats de plombs sans couleur et sans pitié traversent le ciel
d’un pas sous les pins je trouble les rêveries d’oisives palombes
des volutes grises montent de la mer une odeur de sel agite les pins
je pose la bèche et remise mes douleurs dans le même coin
remuant des cendres j’interroge le printemps et le ciel opaque
sous le toit de zinc que réfléchit le silence la pluie s’impatiente 128
Paroles Suivantes
deux papillons tracent dans le parfum des lilas des cœurs qui s'enlacent.
la journée s’achève la lassitude a gagné même le vieux banc
je franchis la ligne au bout du jour alourdi de douleurs grinçantes
un chat prend la plume un brin d’herbe sur l’oreille sans écrire un mot
le chant du loriot sur un rayon de soleil — matin et merveille
quelques nues trop lentes au passage du soleil se font klaxonner
un brin de lavande laisse sur mes vieilles mains un parfum d’armoire
d’un saut d’écureuil il ne reste que la queue derrière une feuille
chants des tourterelles dans la senteur des collines — la journée s’achève
languide je rentre émerveillé cependant du tour de mon monde
les sons de l’aurore parent l’aube des collines d’éclats de diamant
nausée au réveil — la traversée de la nuit a été houleuse
un coquelicot dans le jardin du voisin — j’ai tondu trop tôt
promenant sur l’herbe ma respiration soudain prend des reflets bleus
silence du soir — en promenant sous les pins j’effarouche un nid
toute la journée le soleil s’est fait pressant — éloge de l’ombre
frissons ce matin — par la croisée je secoue les miettes de nuit
une buse noire tourne autour des tourterelles ivres d’inconscience
il semble tout près il ne sème que des trilles le loriot timide
un nuage passe il s’étire lentement tout en haut du cèdre
le temps a changé je suis resté à la porte marcher dans ma tête
sur le bord du soir j’écoute l’herbe qui sourd de la terre tiède
le profond silence dans le sillage d’un train loin dans la vallée
un frisson attend que je pousse le volet pour me dérouter
l’herbe est déjà haute les pêchers y ont perdu toutes leurs pétales
dans les os crissant il reste encore une odeur de trèfle coupé 129
Paroles Suivantes
les premiers rayons illuminent le cyprès de cris d’oisillons
l’herbe s’illumine — un trait de soleil furtif passe entre les gouttes
il a retrouvé toutes ses feuilles le chêne nu et grelottant
le soleil estompe les flétrissures obscures trainées par la pluie
une ombre floutée égrappe de la façade un halo de sable
je ferme les yeux — l’ombre noire du cyprès frôle mon visage
le ciel s’assombrit — le printemps à grise mine se grime de nuit
le soleil défroisse ses cheveux ébouriffés de brume dorée
le jour a chassé les effluves de la nuit d’un grand coup de vent
la journée paresse entre les rives sableuses du temps qui clapote
d’une tempe à l’autre un train raye mes orbites et secoue ses rails
d’un lent bâillement je m’extirpe du sommeil pour céder à l’ombre
le vent est tombé et les crapauds font la fête — ah ! poser ma tête
soir après la pluie — une flaque s’évapore dans les senteurs mauves
du ciel quelques larmes froides et sales ont couvert le printemps de boue
la cime du cèdre dit la direction du ciel — matin sans frisson
les oiseaux se taisent sous le ciel mélancolique — les feuilles grelottent
quand cesse la pluie le printemps paie son écot en pièces d’argent
même entre mes tempes la vallée se fait docile — force du silence
des pièces d’argent accrochées après la pluie tintent dans le chêne
un ciel affligé pèse d’une main transie sur le jour sans ombre
le mistral ne laisse qu’un fantôme de poussière des flaques de pluie
poussant les nuages pour se faire un peu de place un vain soleil pâle
de s’être épuisé à faire plier les pins le vent souffle un peu
coups de brosses sales trainées de ciel granuleux peintre paresseux
le vent les secoue lentement ils se réveillent — les pins se saluent 130
Paroles Suivantes
drame après l’averse— pour la fourmi qui s’y noie la flaque est profonde
matin incertain — sur le mur des ombres floues diluent la lumière
un gabian traverse le ciel avec nonchalance — une odeur de sel
larmes de sirop pâteuses les heures coulent vers le crépuscule
sur un horizon d’escarbilles cramoisies se ferment mes yeux
bien tard je m’éveille les sentiers vers la vallée toujours embrumés
la vallée grommelle les nuages s’amoncellent — derniers jours d’avril
les chênes sont las de trainer leur ombre épaisse jusqu’au crépuscule
un matin se lève sur un monde racheté oublieux de l’ombre
éclair de couleur un geai traverse le pré — le jardin s’éveille
surtout pauvre feuille que le vent veut conquérir ne perds pas la tête
un petit nuage bien seul au milieu du ciel a perdu la mer
au bout de mes doigts imagine que grelotte un brin de muguet
est-ce un chant d’oiseau ce rêve d’un chant d’oiseau — brume matinale
vieux et même usé le vœu ne fait pas un pli il sonne un peu creux
la journée s’achève — les collines se permettent un long bâillement
doucement se pose sur le banc blanc qui s’écaille un souffle de vent
une seule goutte auréole de poussière étoile déchue
je goûte immobile sur le banc où je respire le chant du loriot
matin sans lumière — pourtant le chant du loriot luit dans l’herbe humide
courant la vallée inépuisable le vent ricane aux fenêtres
la soirée ronronne silencieuse comme un chat et soyeuse aussi
à rebrousse plume la pluie et le vent hérissent le vol du ramier
le printemps dessine sur chaque feuille attentive l’éclat d’un sourire
dans la boite orange elle attendra quelques jours avant qu’on la pèle
chaleur sur la joue — la caresse du soleil frôle mon sourire 131
Paroles Suivantes
une journée lente et paresseuse s’achève loin du crépuscule
dans le nuit de mai j’ai laissé la porte ouverte — le chant est entré
la mer des collines ondule dans le matin — vague est le réveil
d’un sourire on passe la bordure du printemps dit la tourterelle
sur le banc je pose une journée de dialogue avec le jardin
perché dans le chêne le loriot prend la parole et ne la rend pas
un soleil voilé déjà masque l’espérance d’une journée vive
silence du soir habité d’un bruissement d’herbe parfumée
pour fleurir mon cœur ils reviennent tous les ans les coquelicots
le jardin s’éveille — un pin s’ébroue de l’envol d’un couple de pies
le ciel s’est couvert d’un épais et chaud manteau — premier saint de glace
sous les chênes las quelques pas dans le jardin vers le crépuscule
après la bataille un coquelicot tremblant nargue la tondeuse
les branches frissonnent de l’agitation des nids tout le monde a faim
valse hésitation — un vent froid pousse la porte et le printemps cède
sous ses ailes blanches le goéland fait frémir la cime des pins
un trait de lumière sur la table où je somnole berce mon stylo
festival de Cannes un loriot enthousiasmé chante sous la pluie
par coquetterie le mistral fait des anglaises au rideau de perles
le ciel s’engrisaille — lentement le soir recouvre les pins embrumés
le vent s’encolère — l’ombre des coquelicots gifle l’herbe rase
sous la moindre feuille le mistral en embuscade alarme leur ombre
le volet m’échappe et le vent chasse les miettes d’une nuit trop tiède
mes mains maculées d’en avoir tant grappillées sentent la cerise
le vent crisse et claque entre mes tempes tendues comme des tambours
matin incertain — sur le mur les ombres pales somnolent encore 132
Paroles Suivantes
parfum de cerise — le vent qui gratte aux fenêtres en fait provision
déroute de mai — (dans le ciel) les hirondelles dessinent des points d’interrogation
au loin les collines semblent flotter sur la brume — je rentre et je bâille
doucement le bac que la nuit assiège encore racle sur le sable
mollement s’emmêle un courant d’air dans les feuilles — la tête me gratte
la journée passée il n’en reste pas même l’idée d’un grain de sable
les coquelicots tremblotant courbent la tête — l’orage menace
excès de confiance — je compte sur ma paresse pour vivre mes rêves
ballant dans le vent hérissé un brin de lierre pend sur la façade
une sentinelle craintive au bord de l’étang — l’écureuil s’abreuve
buée sur le verre — ma lèvre y laisse la trace d’un quartier d’orange
le vent a cessé — les loriots se le racontent d’une branche à l’autre
matin de printemps — déjà les tas de branchages sentent la sueur
d’un soupir j’efface la lassitude d’un jour — épaisse lenteur
le bain de soleil prend la forme de l’été — les mouches somnolent
un frelon pesant sort en titubant de l’arbre rouge de cerise
l’ombre a recouvert les cerisiers qui bourdonnent du vol des frelons
dans la nuit au loin un train gronde sur ses rails — que la ville est proche !
toujours la même ombre — quelques gouttes sont tombées d’un ciel de poussière
un avion renverse les barrières de la nuit et le ciel se froisse
salut au soleil — l’air vif du matin effleure mes paupières closes
au bout de la nuit je trébuche sur les miettes d’un sommeil rugueux
la journée s’achève — j’ai entrebâillé la porte pour qu’entre le soir
une ondée égaye le jardin empoussiéré de senteurs humides
quelques hirondelles ont parodié le printemps — le froid strie le ciel
matin et mutisme — sans vergogne le loriot me prend tous mes mots 133
Paroles Suivantes
un soleil sans joie chancelle sur l’herbe humide— juin sans enthousiasme
ouvrant la fenêtre un papillon qui passait m’a fait de grands signes
bourdonnant au loin une tondeuse piétine le seuil de ma sieste
un goutte glisse et se perd entre des pores de poussière grise
la ville grignote et ne laisse des collines que des miettes sombres
déjà une mouche force le rideau de perle — chaleur sans pitié
rumeurs des chenilles fracas de bennes qui versent— la ville progresse
les traces de pas sur les dalles s’évaporent s’effacent des jours
à contre-courant dans l’air épais des nuages nage l’hirondelle
vague de chaleur — les loriots soudain discrets reprennent leur souffle
las dès le matin le ciel rôde sans éclat sur des bris de brume
deux huppes hautaines glanent à l’ombre des chênes — je retiens mon souffle
deux pies se dandinent côte-à-côte sur le pré — ainsi va le monde
à l’ombre sournoise la respiration du vent se fait haletante
matin on s’éveille on disperse dans le vent sa banne de rêves
une résille brûlante ceinture et oppresse la peau des collines
la ligne sonne occupée— sur le fil deux tourterelles s’en balancent
au fond du fauteuil qui bascule d’un soupir — la journée s’étire
vallée silencieuse — ce matin même le soleil semble assoupi
la huppe répond au loriot — la tourterelle marque la mesure
les feuilles frémissent à peine à l’ombre des chênes — souffle sur la joue
odeur de poussière — le ciel n’a pas de couleur dans des yeux malades
un lierre audacieux à l’assaut de la fenêtre qui ne s’ouvre pas
dès l’aube les mouches écrivent leur testament sur des murs brulants
l’herbe enfin tondue l’odeur du foin me précède à l’ombre propice
arbres médusés dans le verger devenu un jardin de pierre 134
Paroles Suivantes
épaisse chaleur— le ventilateur poussif brasse de la poix
elle est cette larme qui serpente sur ma joue et puis s’évapore
ombre des barreaux — même le chant du loriot semble être encagé
après les orages les buissons de lauriers-roses trainent lamentables
une touffeur grasse sourd des murs et une mouche nage dans la glue
orage de grêle — répandues sur la terrasse les fleurs du laurier
cauchemars en miettes — l’aube traine les boulets des nausées nocturnes
désespérément la fourmi qui se noie tente de griffer la rive
Quel illusionniste a escamoté les mots qui parlent de doute ?
une larme qui s’égare et creuse la joue sous des yeux rougis
petite étincelle tu as rempli le néant de lumière
quand reviendra-t-elle s’abreuver dans le feuillage la frêle mésange
dans la nuit d’orage le grondement d’un éclair puis plus de lumière
la fin du printemps au milieu des rayons pâles prend des airs d’octobre
un profond silence accompagne la musique de la pluie de juin
un pesant silence puis un chien aboie au loin — le ciel s’enténèbre
la pluie sur l’auvent elle en aimait la musique — déjà le soir tombe
Que veut le loriot ? Tous les matins il serine la même menace.
d’un lent bâillement je bascule hors du sommeil — odeur de café
sur le sable le rond dans l’eau n’en finit pas de mourir
une ombre est venue avant que le soir s’installe — le ciel s’est couvert
matin en silence du soleil à la poussière tout reprend sa place
l’aube pointe à peine sa lumière vient d’entrer sur un chant d’oiseau
ses traits sur le sable les pensées vont et viennent — la journée s’attarde
de cet arrosoir ne coule qu’une eau amère pour me souvenir
la nuit sans couleur dans mon regard vague — ce matin les ans me pèsent 135
Paroles Suivantes
à la fin du jour les cigales se sont tues — angélus de l’ombre
le cul du minou après la longue balade sent la marjolaine
accueillies avec fraicheur les cigales restent coites ce matin
dans sa course folle il surprend même le vent à rebrousse poil
seule une fatigue hébétée a retenu le sel de mes larmes
jouant sur la corde de mes nerfs tendus le vent ne s’essouffle pas
un frémissement la branche oscille et je perds le loriot de vue
la fraicheur ondule dans des senteurs de lavande — l’été prend son temps
un soleil grisâtre a enjambé les collines — le ciel s’alourdit
à quoi penses-tu derrière la draperie de tes yeux songeurs
dans la nuit d’orage les éclairs ont déchiré mes yeux effarés
odeur d’herbe lourde après la pluie de la nuit le soleil hésite
au fond de ses yeux les abysses resplendissent d’éclats d’émeraude
la caresse fraiche du soleil qui dort encore dans l’or matinal
l’herbe et la rosée— le chat curieux les regarde d’un œil d’émeraude
d’une main j’étale la chaleur en couche épaisse qui colle à ma peau
nouvelle maison — il commence par tester le dessus de lit
les larmes s’assèchent au vent qui vient de la mer seul le sel en reste
fraicheur du matin — il suit sa première piste dans l’herbe mouillée
le vent et le chat s’ébrouent dans les claquements du rideau de perles
sur le lit la couette ronronne
naissance d’un arc-en-ciel — rayons de soleil traversant la pluie
ce matin au parfum de chèvrefeuille la marjolaine se mêle
malgré sa promesse le ciel ce matin se voile— quel étrange été
le ciel s’assombrit et le cœur bat de travers — ne penser à rien
matin chaud déjà — le chat se roule dans l’herbe perlée de rosée 136
Paroles Suivantes
fenêtre entrouverte — le parfum du chèvrefeuille muse sur ma plume
déjà l’herbe craque sous la trace fatiguée de ma marche lente
voile de poussière— les journées devenues grises buttent sur l’été
déjà le ventilateur brasse un air visqueux de chaleur épaisse
le vent a chassé les odeurs de chèvrefeuille au fond du jardin
couvercle d’étain — le ciel étend sa grisaille sur l’herbe brûlante
le vent s’est caché dans les viornes qui frémissent d’une crainte obscure
quelques grosses gouttes s’écrasent sur les carreaux — fort un cœur qui bat
avril en juillet — le mistral gifle l’été et mon cœur trébuche
la cime des pins se courbe au fouet du mistral — je baisse la tête
du fond du jardin le parfum du chèvrefeuille revient entêtant
les geais sous les chênes profitent de l’ombre douce — rester immobile
beau temps revenu — par les fenêtres ouvertes dansent les parfums
les rayons grésillent — les ombres se ratatinent comme un vieux visage
le chat est rentré tout fier de s’être paré d’odeur de garrigue
sous le ciel voilé les cigales broient l’écorce obstinée des pins
on ne sert le calme qu’avec accompagnement — bruits de la vallée
le soleil paresse sous la couette de nuages — moi aussi je bâille
sur la vitre sale une mouche épouvantée tente un SOS
il essaie d’écrire — ses pattes sur le clavier manquent d’assurance
une odeur de thym suit le silence du chat qui bâille et s’endort
le soleil caresse le parfum des herbes folles — odeurs du matin
matinée d’été — déjà les ombres s’exhalent de la terre sèche
le tout petit corps d’une petite personne — dort mon beau chat dort
pas le moindre souffle — déjà les arbres s’inclinent du bât du soleil
les ombres se courbent les pierres des murs résonnent du cri des cigales 137
Paroles Suivantes
clair matin d’été — le doux pelage du chat sent la promenade
un lent filament voyage à peine rêvé traverse le ciel
lenteur d’un été où la matinée serpente au bord de midi
un soleil de sable s’est dressé dans le ciel jaune — désert de silence
sur la page triste un seul rayon de soleil a chassé les ombres
les premiers rayons diffus dans les bancs de brume crissent sur les feuilles
du café brulant la matinée s’évapore — je croque une amande
la première pluie — tout à coup le canapé est moins attirant
à l’ombre des chênes il surveille en somnolant le moindre murmure
le poil en bourrasque le chat plisse son museau — il tutoie le vent
dans les yeux du chat sur chaque feuille une perle posée par la pluie
après l’aube fraiche le frémissement du vent dans les pins placides
langueur d’un matin qui s’habille de fraicheur pour braver l’été
mon esprit s’attarde malgré le vent insolent — langueur du matin
les branches du cèdre ont protégé l’écureuil des griffes placides
un profond silence et mon esprit trop pesant suinte de poix
sans vraiment y croire le soleil prend son élan— la vallée somnole
les premières laines qu’on passe au bout de l’été par mélancolie
au milieu du pré une fleur courbe la tête — elle a le bourdon
entre les nuages le soleil s’attarde et joue à saute-mouton
aux premières heures déjà couvert de sueur — le mois d’août ricane
d’un pas délicat il hésite dans le pré couvert de rosée
midi — le soleil chasse le moindre fragment d’une ombre rebelle
soleil dans les yeux — la caresse de l’été sourit sur ma peau
déjà les feuillages ont balayé les orages de leur souvenir
au milieu du ciel un petit nuage blanc rentre de vacances 138
Paroles Suivantes
l’été se dilue dans une grisaille terne lourdeur de mon front
promesse d’été — même un matin de septembre pétille de joie
le ciel d’étain couvre cet été mélancolique d’un manteau d’automne
quelques grosses gouttes on éclaté sur l’été mais sans grand dommage
retour du soleil — je rentre de promenade le sourire aux lèvres
fin d’été austère — l’herbe craque sous les pas du passant rêveur
entre les nuages le soleil timidement se creuse une niche
tarente distraite — elle brille avidement dans les yeux du chat
chemise oubliée flottant sur la corde à linge — appel au secours
le silence bruisse du bruit des pages qu’on tourne quand la nuit se creuse
tout s’est bien passé — le médecin est content de son exercice
une sève lente épaisse comme le Styx draine mes vaisseaux
les ombres se troublent sur les murs de béton rude — mon esprit trébuche
quelle couleur prendre — entre l’été et l’automne le feuillage hésite
somnolent encore je laisse les pensées libres de battre la lande
choisir une robe les feuilles se font coquettes entre les saisons
de longs filaments traces longtemps égarées traversent le ciel
ma peau se souvient des plus anciennes caresses — soleil de septembre
matin ambigu — la torpeur en embuscade dessous les frissons
été de septembre — le silence est recouvert d’une brume ambrée
agile d’un bond il passe à travers la haie vers un autre monde
lever de la lune flottant sur le vieux pin noir — le monde commence
premier jour de classe pas la moindre pluie prévue — comble d’ironie
the moonrise floating over the old black pine tree — the world has begun
l’ombre sur le mur est celle de la lanterne qui se dissimule
un souffle ténu — malgré les cris de la ville la vallée soupire 139
Paroles Suivantes
la mue de cigale entre les rides du pin — du temps insouciante
près de mon oreille un moustique mélomane miaule comme un chat
quelques gouttes tièdes troublent à peine la flaque presque évaporée
le chat machicote un miaulement de moustique près de son bol vide
odeurs du jardin — un tapis de pâquerettes au seuil de l’automne
le matou s’étire dans les taches de soleil après la nuit froide
sous les amandiers premier cadeau de l’automne les brous se répandent
un grand échassier trouble à peine le soleil d’un vol ample et lent
les journées plus courtes — encore une lente marche dans l’automne rouge
même les yeux clos entre mes tempes dolentes mille pies jacassent
égouttant les feuilles un souffle de vent aride grince sur septembre
nuages de l’aube — ils saignent sur des collines déjà harcelées
grognements au loin — sombre un orage s’approche pour noyer l’été
museau sur les pattes mélancolique il regarde la pluie insistante
il sort de sa couette — à l’aube un soleil timide frange les nuages
son coussin est vide — quel est cet étrange étau qui serre mon cœur
une pie criaille c’est un geai qui lui répond en se moquant d’elle
une aube insouciante comme une âme vaporeuse passe les collines
les premiers frissons — le ciel remonte le drap sous l’œil du soleil
je bâille et souris à ce beau matin d’octobre — c’est le mois sans dieu
tout l’est rougeoyait — la première aube d’automne s’accroche aux paupières
automne impassible — les chênes sèment leurs glands sur le lierre humide
petite pluie lente — les derniers jours de septembre glissent sur les flaques
une brume humide englue même mes soupirs — langueur de l’automne
pas dans la rosée — de longues trainées blafardes sur l’herbe brillante
tristement le chêne s’apprête à perdre ses feuilles — il pleure des glands 140
Paroles Suivantes
Garlaban coiffé s’éclaire par en-dessous d’un clin de soleil
les boutons de roses ont refermé leur manteau couvert de rosée
une brume pâle escalade une montagne de nuages noirs
le soleil caresse le parfum des champignons dans l’herbe qui brille
matin d’aquarelle — dans le pré les pâquerettes ouvrent leurs ombrelles
une ligne rouge déchiquète les collines — naissance de l’aube
valse des moustiques dans les ombres du jardin — le bal des vampires
huées par le vent les pâquerettes s’enclosent et courbent l’échine
des boules de plomb — le ciel roule sur ma tête de mille cahots
l’œil brillant il rentre et son poil ébouriffé a l’odeur du vent
le ciel à grand peine commence à se colorer d’un matin timide
le vent s’est calmé mais il a laissé les chênes figés dans l’air froid
lombrics téméraires — ils sortent de leur réserve enivrés d’orages
fatigue du soir — quelques mélancolies trainent sur l’herbe assombrie
à l’abri des pins les agarics timorés gardent leur chapeau
dans la fraicheur matinale les nues se disputent des lambeaux de ciel
une aube s’éveille sur un monde de rosée et la lune froide
une longue sieste pour préparer une nuit plus longue d’une heure
sous le ciel voilé les pâquerettes qui s’ouvrent se moquent d’octobre
une heure de plus trainée toute la journée comme un sac de sable
le soleil déjà frôle les nuages qui rosissent de plaisir
à travers les vitres la nuit s’est précipitée dans la maison froide
le soleil caresse le chapeau des agarics d’une main rosée
il hoche la tête — il rit de ma maladresse du haut de son arbre
contre la rosée les épines du rosier ne le garde pas
malgré la lumière octobre tire à sa fin — les premiers frissons 141
Paroles Suivantes
frissons ce matin — avant-garde d’un l’hiver qu’on souhaite clément
la mémoire hésite et trébuche sur l’oubli — brume de novembre
ce matin je traine un vieux corps sans énergie rempli de paresse
lumière et fraicheur de ce matin de novembre délient mes sourires
une vapeur lente joue dans les rayons humides d’un soleil falot
dans le ciel s’étirent des filaments de nuages — un long bâillement
dans le ciel sans teinte quelques boules d’ouate sale fardent le soleil
pas un seul nuage pour voiler le clair de lune— ce matin je bâille
des chênes sans force ont jauni quelques feuilles — octobre s’essouffle
comme des insectes au vol lourd et malhabile mes pensées m’échappent
la journée se perd dans la torpeur vers novembre — déjà l’est s’y noie
une fine pluie serre d’un voile de gaze les troncs silencieux
novembre apparait paré de soleil doré sans mélancolie
on distingue à peine la silhouette des pins voilée dans la brume
jour des trépassés— le soleil leur rend hommage dans la brume d’or
enfin un rayon traversant le matin calme luit dans la rosée
automne éclatant de douceur et de lumière mes yeux te savourent
poussés par le sud les nuages prennent place au concert d’orages
une lune tremble dans la brume de novembre — soir à pas de loup
l’humidité colle à l’écorce et au feuillage des arbres piteux
sous la brusque averse toutes les flaques frissonnent — reflet de l’automne
de longues traînées sur les façades soumises rongent le béton.
la nuit se prépare à l’orage et le vent frappe aux volets furieux
comme la vapeur d’une salle de bain froide l’air colle aux cheveux
une lueur sombre se faufile entre les troncs — l’orage menace
matin de novembre— des diamants parent l’ourlet du feuillage fauve 142
Paroles Suivantes
soudain un orage nous rencogne sous l’auvent — triste promenade
le pré se demande quand il reverra le jour tant il y a de feuilles
dans ses yeux dorés la lumière du matin se fait plus féline
une feuille crisse sur les carreaux tavelés de taches de pluie
tendrement la terre s’abandonne charitable pour les feuilles mortes
sur la flaque noire un poil de moustache blanc — le chat avait soif
levé éreinté — j’ai trop couru cette nuit pour fuir de mes rêves
hélas maintenant la nuit couvre la campagne et la lampe lasse peine sur la table étroite de cette mansarde froide
au sommet du cèdre une pie reprend son souffle — les yeux de mon chat !
malgré l’épaisseur de laine qui me recouvre je frissonne encore
le ciel chiffonné étend sa mélancolie sur les arbres tristes
doucement l’hiver se frotte contre la porte — même le ciel a pâli
l’ombre d’un nuage a traversé la terrasse et frôlé mon front
sur la balustrade le rouge-gorge est venu parler de l’hiver
sous le ciel d’étain le vent assèche la terre et ma langue aussi
la pluie sur l’auvent bat l’indolente mesure d’un automne amer
une brusque averse nous réfugie sous l’auvent — on en rit encore posée sur un banc une feuille attend patiente qu’un coup de vent passe
sous le ciel sans couleur s’étirent des lambeaux de brume tiède
entre les nuages qui montent à l’assaut du ciel un rai de lumière
pourtant les arbres frissonnent dès que leurs doigts collants frôlent les feuilles rousses.
un matin chagrin— le vent du sud prends les pins à rebrousse-poil
triste et pantelant cèdre au milieu du jardin que la pluie hérisse
le vent facétieux qui vient claquer le volet le fait sursauter
un soleil timide lentement reprend sa place au rayon ”hiver“ 143
Paroles Suivantes
gabians et soleil dans le froid tombé soudain glissent d’est en ouest
le journal d’hier las des mauvaises nouvelles crisse sur le sol il va où le vent le pousse heureux comme un chat qui joue
sur l’herbe transie le vent que l’hiver amuse court les feuilles mortes
dans le ciel limpide les voyages illusoires partent en fumée
les collines saignent — voilà l’heure où la nuit cède dans un froid silence
solstice d’hiver — dans le ciel quelques nuages semblent méditer
malmenées les feuilles cherchent désespérément un havre farouche
des perles de givre parent désespérément le vieux lilas noir
le vent le dépasse — il remet son poil en place par coquetterie
le poids de mes pas creuse une empreinte luisante dans l’herbe blafarde
la morne saison des ombres froides s’installe — le ciel en pâlit
le ciel est si bas qu’il ronchonne dans ma tête quand je me redresse
redoux ce matin — malgré le ciel menaçant j’ôte mon chapeau
Garlaban coiffé d’une fine gaze rose a fêté Noël
une faible pluie comme un fin tissu de gaze berce mes paupières
mes doigts engourdis ont du mal à essuyer les larmes du vent
sur le tronc moussu le rouge-gorge interroge un rai de lumière
ce matin la pluie fine et froide barrière nous retient au chaud
sous la pluie glacée une mésange intrépide choisit sa pitance
le vent lui aussi d’une violence glaciale nous plaque à la porte
une buée blanche accompagne mon dialogue avec le café
mes joues écarlates se gravent de larmes froides — clair matin d’hiver
un nuage blanc tout seul dans le bleu du ciel fait de l’ombre au cèdre
le vent nonchalant a effacé la rosée — silence limpide sur le banc un étourneau contemple une feuille morte
l’arbre de Judée accroche à ses branches nues un vif rouge-gorge 144
Paroles Suivantes
roulé sur sa couette il claque le bec au vent qui siffle de rage
sans m’en rendre compte mes pas soulèvent des feuilles que le vent emporte
un silence grave remonte de la vallée — un an est passé
un vibrant silence accompagne le soleil dans sa course lente
je reste immobile dans la tache de soleil les paupières closes
le ciel met du temps pour déciller ses paupières à l’abri des nues
sur le banc sans force d’une feuille qui s’envole j’admire l’aisance
Garlaban rêvasse la tête dans les nuages le pied dans l’hiver
la lune de gaze disperse sur le branchage des pièces d’argent
la pénombre fuit le jour et passe l’écran d’une nuit malade
la lune narquoise illumine le silence qui geint dans les arbres
d’une tête lourde d’avoir à subir le ciel je cale mon coude
malgré le vent rogue l’air est presque parfumé — l’hiver sur son erre
d’en haut du jardin j’entends geindre la vallée — le froid me saisit
clémence du vent — dans la tache de soleil une feuille vibre
les herbes blanchies prennent un air incertain — vif matin d’hiver
le bruit de mon souffle résonne entre l’air figé et l’herbe blanchie
une pluie sans force glisse désespérément sur l’auvent bancal
figée par le froid la lourde couche de brume garde le silence
la pluie insistante est parvenue à passer derrière mes tempes
contre le vent froid le silence pétrifié dit son désarroi
à travers la vitre dans chaque goutte qui tombe l’ennui du matou
le vent sans complexe vient d’ébouriffer le tas bien peigné de feuilles
la terre a puisé pour les racines inertes toute l’eau du ciel
le ciel se partage entre le gris et le bleu ni triste ni gai
le froid de la nuit s’est glissé sous mes paupières — l’horizon rougit 145
Paroles Suivantes
dans les yeux du chat une grande indifférence pour ce que j’écris
mes doigts malhabiles malgré l’épaisseur du gant craignent le marteau
dans les amandiers malgré le froid de janvier les bourgeons s’agitent
la couche de glace à la surface du seau frissonne au soleil
les premières fleurs percent sur les amandiers — surprise en hiver
un ciel d’aquarelle prolonge une aube en grisaille — bâillement maussade
le soleil paresse sous la couette de nuages — mes pieds s’impatientent
silence figé — au loin dans le froid brumeux le marteau d’un pic
une feuille semble à regret quitter sa branche — les journées rallongent
pressé par le temps le soleil attendra bien un moment encore
le chat s’est lové en boule sur les genoux — le temps a fraichi
ce matin il gèle — il regarde son museau brouillé dans la glace
assis sur le tronc le vent rebrousse ses poils — le matou tressaute
soudain le soleil passe au dessus des collines — pose de l’hiver
j’ai frôlé la haie et le merle s’est enfui — pourquoi tant de crainte
les brins d’herbe trillent aux caresses du soleil — le chat cligne un œil
je ferme les yeux — le soleil sur les paupières est un bouquet rouge
au loin les collines se fondent dans la grisaille et le ciel blafard
le chat s’abandonne dans les taches de soleil — le matin paresse
une douceur moite enveloppe le verger pris dans la grisaille
quelques fleurs timides sur les branches effeuillées narguent février
les bourgeons s’épuisent à défroisser leurs pétales dans l’air sirupeux
lentement le ciel prend la couleur de l’étain — alchimie d’hiver
les ombres sont lasses et délaissent leurs contours — soupirs fatigués.
de l’auvent s’égoutte frisée par le vent d’hiver une pluie glaciale
soudain une averse en rentrant de promenade — mais l’auvent est proche 146
Paroles Suivantes
le ciel est bien pâle — même les jeux des oiseaux ne le font sourire
le ploc sourd des gouttes couvre les conversations des oiseaux marris
la nuit est humide — les dernières feuilles tremblent avant le grand saut
les dernières feuilles pendent désespérément — l’hiver se termine
dans les romarins de minuscules clochettes sonnent les matines
d’une pluie ténue la valse mélancolique — loin l’écho d’un pic
pluie mélancolique — la plainte d’une corneille déchire le ciel
la pluie de la nuit a semé des perles ternes sur l’herbe abreuvée
rayon de soleil — dans les arbres effeuillés quelques fleurs ouvertes
dans le ciel lavande quelques nuages encore jouent dans les rayons
un bourdon se raille des piqûres du matin — tache de lumière
bravant l’horizon un nuage gras s’enflamme entre les collines
au milieu des ronces un tout petit champignon a trouvé refuge
un grand corbeau noir d’un vol ample et élégant agace le ciel
en quête de nid la nonnette de retour sonde l’olivier
mon ombre me semble bien plus vivace que moi — matin de printemps
entre les pêchers les orchis pointent leur charme — le printemps s’éveille
soleil sur le poil il hume l’air du printemps — tous ses yeux ronronnent
le printemps se cache dans le tas de feuilles mortes que le vent disperse
les orchis dressés tirent au matin naissant leur langue moqueuse
ce coquin le vent retrousse le nez du chat et brouille ses poils
sous le ciel de gaze le bruit de mes pas provoque le courroux des geais
la mésange bleue sur la branche d’olivier — reflet du soleil
cette tache pâle dans l’épaisseur de la nuit — dors bien mon minou
au bout du tuteur immobile un rouge-gorge rutile au soleil
ce matin de gaze la lassitude m’étreint dès les premiers pas 147
Paroles Suivantes
bulles de savon — j’imagine mes pensées éclater soudain
le vieil amandier surveille jalousement ses dernières feuilles
en suivant une ombre il s’évade lentement le long des odeurs
le soleil enfin éclaire d’un jour nouveau le printemps maussade
couché sur le lit entre l’ours et la poupée il se fait peluche
soleil indécis — sur le mur les ombres floues plissent le béton
langueur du matin — emmitouflé dans la brume Garlaban s’efface
la pluie de printemps répand un voile de brume sur le verger moite
la flaque se brouille — même le ciel s’est troublé sous la risée froide
mille diamants brillent parmi les herbes mouillées — offrande de l’aube
le vent à l’envers a eu raison du grand lierre qui poussait sans mur
les fleurs du pêcher s’arc-boutent contre le vent contre toute attente
verger détrempé — une humidité collante retient mes semelles
matin de printemps — au soleil sur le banc crisse une feuille morte
dans les chênes nus les geais prennent des couleurs en contre-ciel bleus
loin une tondeuse ahane dans l’herbe drue — corvée de printemps
l’air est plus léger et pourtant il est chargé de mille parfums
sa respiration pulsée vibre sur les feuilles encore froissées
le ciel s’alourdit sur ma tête endolorie le ciel devient gris
une heure égarée que la colère du vent traine sous la porte
deux pies se chamaillent — le chêne encore effeuillé semble tressaillir
secoué par le vent le troène en pot se cache au pied du muret
le soleil hésite dans la bruine matinale — un fanal troublé
le soleil est doux à mes paupières brouillées de vent et de larmes
la lumière est moite et recouvre comme un fard l’écorce gonflée
fleurs de cerisiers — le vent froisse leurs pétales qu’un parfum contourne 148
Paroles Suivantes
faux-pas au réveil — contre la vitre une mouche s’est trompée de porte
assis sur le banc j’y dépose ma fatigue comme un lourd fardeau
un éclair bleuté cligne entre les branches— un geai a changé de chêne
ombre sur le mur — la lanterne prend des airs de cygne inquiétant
sous la lune pleine le silence du chat reste un mystère aussi
sur le mur rugueux l’ombre en glissant lentement s’y fond peu à peu
sous la pleine lune l’immobilité du chat pleine de mystère
crissant en silence sur le grain de la façade des formes diffuses
sous le ciel couvert le verger illuminé — fleurs de cerisiers
sur le sol un ange lentement se déformant — ombre d’un démon
fleurs de cerisiers — le verger illuminé sous le ciel couvert
fleurs échevelées dans le pré — les pissenlits du printemps prochain
une lune rouge émerge sur l’horizon dans un froid silence
lune noctambule qui rentre au petit matin quand le ciel s’embrase
l’ombre de mon chat plus agile plus féline joue avec mon ombre
mon chat n’aime pas le bruit des pages qu’on tourne pendant qu’il rêvasse
un petit vent aigre inquiète les jeunes pousses — je ferme mon col
des oiseaux conversent je ne sais en quelle langue — verger exotique
je laisse mes yeux s’emparer de la lumière paupières fermées
ciel gris temps maussade — les rumeurs de la vallée semblent haleter
matin de printemps — un parfum subtil et frais en tient la promesse
le bruit d’un marteau au loin frappe la colline — les oiseaux muets
l’ombre du nuage que cisèle un vent léger frise le verger
premières chaleurs — dans le parfum des lilas les premières mouches
sous le ciel malade le printemps fait une pause — pas un chant d’oiseau
du vent et des gouttes — la victoire du printemps n’est toujours pas sûre 149
Paroles Suivantes
comme une supplique les trilles flous d’un oiseau sous le ciel de zinc
une fleur de chêne quand je me suis endormi a marqué la page
dans les gris orchis le premier coquelicot hasarde un sourire
le halo de lune dans la piscine est troublé par les yeux du chat
trois coquelicots se partagent les rayons d’un soleil prodigue
premier mai grisâtre — l’air parfumé des clochettes glisse à pas feutrés
sous la nue nomade le soleil a disparu — les ombres fléchissent
l’herbe déjà haute pare les coquelicots d’un écrin de jade
fraicheur du matin les coquelicots se parent de perles rubis
d’une moiteur lourde le ciel pèse sur ma tête — je me sens si vieux
parfum d’herbe humide la pluie de la nuit musarde sur les troncs noircis
je bâille et m’étire — le matin reste brumeux même dans ma tête
grasse matinée — même l’odeur du café tarde à se lever
les coquelicots — des sourires incarnats sur la journée grise
odeur de la pluie qui coule sur les lauriers — parenthèse triste
le soleil revient fléchir les coquelicots — violence de mai
le vent s’est levé dans une colère monstre — les parfums se taisent
à l’assaut du mur hardies les ronces profitent des rayons cléments
le vent a cessé — sous la lune le jardin médite en silence
matin de printemps — dans le ciel une hirondelle sculpte les nuages
le soleil colmate les brèches qu’un vent furieux déchire des haies
il est de matins qu’on est très heureux enfin de voir se lever
les chatons de chênes blottis autour d’un brin d’herbe pour se rassurer.
j’ai buté cent fois sur les pierres du chemin qui jonchent la nuit
une fleur de chêne est tombée entre les pages du livre entrouvert
le matin déjà halète sous les ardeurs d’un soleil sans cœur 150