Paroles twittĂŠes II
Clair Charpentier
Paroles twittées
sous la porte passe un vent coulis insidieux mais j’ai des chaussettes
01 septembre 2017 nuit privée de sens elle résonne et soumet mes frémissements
le vent s’est calmé — il laisse place à la nuit pour limer ma peau
l'ombre de notre amour traverse le miroir silence profond -la nuit attentive accueille l'écho de mon cœur
Il disait un tourbillon de mots ne fait pas un poème Il faut les pulvériser avant de les lancer comme des couteaux volants percer les cœurs
des ombres chinoises -la lune à travers les branches joue avec mes joues pour un court sommeil je vais te quitter ma nuit reste-moi fidèle
02 septembre 2017 le vent tord la nuit -une serpillière sèche claque sur ma peau
mes yeux s’embuent de l’émotion primitive du premier café
les arbres se plaignent des gifles du vent qui frappe de mauvais élèves
vous les oubliez mais maintes fois dans nos draps ces mots vous les dîtes — ce mouchoir que je chiffonne a les parfums d’un été
tristesse des mots qui ne savent obéir qu'aux doigts de leur mètre
Il disait frappe le tambour du ciel une nuit d’orage alors des ténèbres l’éclair jaillira et sous l’arbre foudroyé déjà un poème brille
brusquement me prend un désir d'ardeur intense -je ne l'écris pas
il a fait semblant de pleuvoir — maintenant le mistral se lève
Il disait La nuit brasse les mots soucie-toi de la nuit qui mêle mots et poème Le poème même dans les ténèbres le poème est solaire
du jardin je rentre la tête remplie de vent — l’âme empoussiérée
de ma tasse à l’âme une fine vapeur guide l’esprit du café
je range ma veste — au clou j’accroche mon cœur pour le défroisser
partant de ma tête le mistral prend possession de mon corps entier
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Paroles twittées
dans ma tête creuse les pensées jouent au flipper — le tilt n’est pas loin
dernières cartouches ce soir le vent furieux a capitulé
trois mots seulement illuminent ma journée plus que le soleil
au loin cependant les feuilles tremblent encore -le vent n'est pas mort qu'ils sont loin ces mois de connivence enchantée -un mois seulement
l’écorce du pin retient encore la mue d’une cigale morte
le vase ébréché que tu as lâché des mains sa fleur s'est fanée
ce mistral de fou faudrait qu’il se calme un peu — j’ai un pastis à prendre
je ne veux rien pas même le moindre geste -mais l'oubli ! l'oubli !
virgule de vapeur — un nuage éphémère surligne le ciel
c'est un vent de nuit un tout petit vent sournois qui secoue mes branches
surface du vent — la nue tente de survivre à l'oubli du rêve
le train est passé -il n'a laissé sur ses rails que cendre d'acier
d’une marche lente je vais au bout jardin je m’assoie je pense
jouir de la nuit voila tout ce qu'il me reste et c'est déjà bien
surtout ne rien faire laisser le vent se charger d'assembler les feuilles
Paraphrase inversée : Hier elle te prouvait son amour Aujourd'hui elle te dit merde Entre les deux il y a le sel de l’illusion
je laisse venir le soir sans lui résister — même le vent cède dans la main je compte les brins que j’ai à semer — il m’en reste peu
Hier une femme t'a dit non Aujourd'hui elle te dit oui Entre les deux il y a le meilleur de l'amour. Proverbe berbère
la nuit est venue pour mettre le vent au pas — ah la bienveillante !
la vapeur se vrille elle caresse mes joues — baiser du café
la main de la nuit à mis les pieds dans le plat pour que je trébuche
je pose ma tasse — sur la table une série d’anneaux olympiques
03 septembre 2017
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ombres immobiles — battues par le vent d’hier enfin elles soufflent
de l'ombre des arbres la lune émerge insolente -des nuits à attendre
sur la table au soleil les verres s’impatientent — on attend les glaçons
d'un pas de vieillard je promène lourdement mon désir d'enfance
encore un nid vide — assis là sous le lilas mon chat se recueille
lenteur et douceur des volutes langoureuses — bienveillant café
le temps s’est couvert — rien que de l’eau du tuyau et pas d’arc-en ciel
la journée commence dans les bruits et le désordre — rentrée de septembre
le jour se termine dans le silence des feuilles — soirée de satin
la mélancolie déjà sème le désordre aux cœurs de septembre
presque transparent un tout petit papillon mange la lumière
un rêve revient — d’un sourire il me propose d’attiser mon cœur
des grésillements dans mon oreille en colère — moustique hors saison
d’un soupir je range mes vêtements de coton— un an à attendre
04 septembre 2017
fin de matinée — sur le pin au bout du ciel le même nuage
à ce rendez-vous la nuit s'est déshabillée -pas même un frisson
l’odeur d’herbe sèche me précède quand je rentre — mon chat se détourne
une clope un verre alors j'écris un haïku et je recommence
tout en haut du cèdre remplie d’orgueil une pie fiente sur le monde
de ce train absurde je voudrais en sauter vite -et pourtant je marche
05 septembre 2017
mille bruissements chuchotent dans les ténèbres -des elfes peut-être
sous l'auvent la lune en tant que mère attentive surveille mon verre
dans les oliviers les fruits sont déjà formés -quand les cueillerai-je ?
pie chie sur le chat chat se lâche sur la pie et tout lâche et chie
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un ballon d'enfant qu'aucun fil ne retient plus embrasse la lune
sortie de la sieste — il connait vraiment son texte souffleur du voisin
vous dire je t'aime la plus douce des caresses que vos yeux entendent
c'était bien la peine la salle d'attente est pleine — prendre un rendez-vous... !
la vallée s'embruisse de lointains moteurs grognons -retours de vacances
ce bruit dans ma tête c’est le bruit rouge des vagues qui saignent le sable
la lune au zénith -la marée dans ma cervelle au point culminant
décence du vent qui sait s’incliner devant une feuille morte
les arbres ombreux redessinent leurs contours -pensées vagabondes
le silence du soir posé sur la solitude du vieux mur de pierre
brûlant il m'attend dans sa peau de porcelaine -arôme et vigueur
sur la sol aride des effluves de lavande consolent la terre
d’un regard brumeux j’accompagne ses volutes — un goût de matin
au-dessus des arbres majestueusement nue la lune s’élève
entre ombre et soleil dans ce matin de septembre mon fauteuil hésite
06 septembre 2017 parée de nuages la lune s'empare du ciel -nuit magique
ma tête est à l’ombre et tout mon corps au soleil — sous mon vieux chapeau
vallée insoumise-dans des crissements d'asphalte tu secoues tes reins
vous souvenez-vous de celle qui m’approcha de mots tentateurs ——— votre visage était blême comme le mien maintenant
d'un vieux vent passé chaque feuille en est l'écho -fredons de la nuit
mon esprit s’apaise et mon cœur reprend sa place — le film est fini
joli clair de lune -de mon seul prénom ce soir je fais un haïku
sur la gouttière un papillon multicolore rêve de la pluie
comme un arc tendu vers les étoiles mes yeux dévorés de nuit
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le premier café un envoutement que le quotidien jamais ne corrompt
lumière dans l'œil -je cherche l'interrupteur qui éteint la lune la nuit s'appartient -elle roule sous les vagues de mes pensées brunes
le volet fendu — les rayons d’un soleil bleu jouent avec mes cils une fente étroite dans la porte du grenier — secrets oubliés
pensées enkystées chevillées dans nos corps et âmes trop fluides
en haut du jardin je m’assoie sous un vieux chêne— le regard baissé après les collines je sais que la mer respire — je bois son haleine
ma pensée dialogue avec l’âme du café — l’esprit et l’arome vêtements de clown dans la lumière fragile d’un box d’hôpital
à travers la haie les jardins du voisinage — toujours pas de pluie
un peu décalé — je reste à côté de moi à deux centimètres
au creux de mes tripes je porte une pierre polie par l’angoisse
rousse la rentrée comme l'écureuil surpris de ne plus me voir
feuilles de la haie tombées sur la terre aride — mon cœur aussi craque
derrière la porte c'est la rentrée et les flaques dans lesquelles je saute
la soirée avance d’une démarche feutrée adoucir mon cœur
la mousse des pierres sèche s’est parée de brun — un cœur en automne
la nuit se répand sur les sentiers sinueux — âmes torturées
désespérément la terre implore le ciel — secs, les yeux sans larmes
assis sur le banc une feuille morte et moi attendons la lune
la gorge écrasée — l’estomac empoisonné par des fruits amers
07 septembre 2017
à quoi rêve-t-il seul le papillon de nuit sous la lampe pâle
la nuit douce encore caresse mon cuir usé -le vent vire au bleu
08 septembre 2017
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pas de vent sur la route — la poussière retombe et couvre la trace de mes pas
lune couronnée de ses pages de nuages -reine de ma nuit
les fruits de l'automne cette année ont des noyaux qu’on jette aux orties
pensées égarées au milieu des oripeaux des anciennes fêtes
les aigreurs du jours se referment pour la nuit — silence du soir
traverser le Styx et payer le fils d'Érèbe en monnaie de singe
la nuit est tombée sac de suie dans une cave — le noir se répand
mémoire bénie -change le limon crasseux en poussière d'or
au bout de la rue la lueur du réverbère constellée d’étoiles
puis la mort viendra bien en face et sans surprise me parler d'amour
09 septembre 2017
mais tu ne peux dire les mots que tu voudrais dire -ta gorge étranglée
un joueur de flûte égare des mots dérobés non loin d'Hamelin
dans quel dictionnaire trouver des mots de diamant pour parer vos rires
clin d'œil sans rancune -on n'apprend pas au vieux singe le prix des grimaces
un café méandre — il dépose sur mes rives sa mousse odorante
première nuit fraîche -même la lune paraît un peu tremblotante
fraicheur matinale — septembre apprend de l’automne le goût du frisson
les mêmes cris encore d'une vallée malmenée au cœur de l'asphalte
la vie intérieure de mon chat est très intense — il dort tout le temps
la lune souligne les arbres en contre ciel -un trait de génie
une ombre tremblante sur le mur de béton froid — la flamme vacille
dans la tasse chaude je dessine des mes sens une raison d'être
chambre silencieuse — le grognement des pensées comme un acouphène
votre épaule nue hardis mes doigts ont frôlé la source du cri
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promesse de pluie — de gros nuages résonnent déjà dans la tête
ma nuit suit le vent il la conduit d'un sourire vers l'aube intrépide
la pluie frappe enfin sur les toits fiévreux encore — les arbres frémissent
je traverse l'océan à bord de l'arome du premier café
les chenaux débordent obstrués de feuilles mortes — paresse d’été
pause 25 septembre 2017
je les imagine vos yeux baissés sur les mots qu’il vous a écrits —— les couverts sont inutiles et un verre vous échappe
je reviens chez nous doucement sans bruit je pousse la petite porte doucement je souffle sur la mousse du café — je crée des montagnes
sur la table un bol de thé que sans cesse une main tourne s’éclaircit d’une larme
retour sur mes pas certain d’avoir oublier de ranger ma vie
les jours ont passé et j’ai perdu mes jouets au fond de mes rides
papillon de nuit amoureux de la lumière se brûle le cœur
à l’arrêt de bus il n’y a pas de bus, rien, pas même un arrêt
night butterfly lovers of light burns heart
c’est tellement petit un haïku qu’il peut se perdre au fond de lui-même
par la lucarne l’automne joue la couleur hésitante des feuilles
10 septembre 2017 les bruits de la nuits aussi présents qu'en plein jour -mais ils n'ont pas d'ombre
vos mots sont des perles dont on peut être jaloux nacrées et baroques quelquefois vous les mêler dans un vinaigre inutile
il a plu aujourd'hui les parfums de la nuit me chavirent
le soir se glisse entre les rides de mon cœur il y fait moins froid
entre deux nuages la lune a joué des coudes ! première à la caisse
aux vêpres mon cœur bat comme une vieille cloche de bronze fêlée
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quand le soir survient les cloisons de la maison chuchotent entre elles une nuit bavarde — les caprices des étoiles n’ont plus de secret
le dernier café un parfum d’inachevé reste dans la tasse nous parlions de choses sans importance réelle d'amour sûrement l’ombre de midi il n’en reste que des miettes jetées aux oiseaux
26 septembre 2017 au loin un chien pleure et la nuit qui me rassure le rend malheureux
le jour s’alanguit il traine dans le jardin sur les mottes sèches
pas le moindre souffle mais le feuillage inquiet en frisonne encore
une douce nuit conduit d'une poigne sûre son troupeau de rêves
belle nuit sauvage — les souris restent tapies dans les herbes hautes
la ligne des cimes contre le ciel de la nuit presqu’indiscernable
cette année les glands tombent plus tôt des vieux chênes sons feutrés d’automne ma nuit est la vôtre vous qui avez su de mots raviver les miens
la nuit vagabonde entre la haie mal taillée et mon cœur fripé j’ai le cœur si gros que même une gare ne saurait où vous conduire
une Île après la nuit — la mousse du premier café un refuge charnel
27 septembre 2017 je pousse la porte ouvre le pot de café déjà je voyage
septembre en chiffon dans le ciel de l’ouate sale mon cœur bat si mal
parti sous la pluie le vieux promeneur ramène des brins de soleil
ombres familières sur les pierres du vieux mur et leur mousse brune
gone with the rain the old walker brings back blades of sun
épeire diadème dans les croquettes du chat — quel joli présent
à l’encre de Chine les contours de mes pensées toujours indistincts
il vient de frapper à la porte de midi mon chat affamé
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l’ombre sur les tuiles elle ressemble à un pin découpé en tranches
la nuit outrancière ricane et se fout de moi dans mes tripes-mêmes
j’ai l’esprit ailleurs — mon vieux cuir dans les étoiles je l’ai égaré
28 septembre 2017 dans mon cœur ce soir ombre et lumière se mêlent amoureusement
me reste de vous votre sensibilité et vos yeux d’artiste
train de nuit -sous ses roues les rails claquent d'espérance inassouvie
une nuit sur les barricades j’ai vu une mésange
je cherche un chemin -ô voie lactée silencieuse parle moi d'étoiles
au bord de l’horizon une rivière sans galet seulement une étoile
le temps sent l'espace comme un chien sent le cul d'une chienne
au bout du champs une fleur se laisse séduire par les lèvres d’un âne
la plaie saigne encore -quand donc se remettra-t-elle du sang répandu
nuit noire sur les docks les spectres s’y insultent — odeur de goudron et de sel
certains jouent aux dames je ne joue qu'avec des mots les pions de mon âme
le soleil s’efface et les ombres se referment sur leur propre cœur
belle nuit à tous à vous que je sens si proches malgré les distances
il a cru en vous comme on peut croire en un dieu sans miséricorde
élixir du jour qui commence dans l’odeur blonde du café
en fermant les yeux de leurs baisers s’élançaient le bleu des mésanges
day elixir which begins in the fair smell of the coffee
bientôt la nuit d’ombres battra dans mon propre cœur — papillons en fuite
la tasse fumante des effluves de sourires — la journée commence
dans le soir avancent des ombres mal définies — l’ombre des pensées
le vent se hérisse il gifle de ses rictus les feuilles soumises
d’une poignée de sable jetée aux yeux de la nuit clignent les étoiles
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the wind bristles it slap of its grin the subdued leaves
il est temps que vienne la nuit et ses douceurs de mère — je suis las des griffes du jour
J’ai appris ton nom aux mains et aux rochers aux yeux et aux rivières
une nuit rebelle elle ne laisse filtrer aucun battement
J’ai gravé en ton nom mes sombres tremblements et la désespérance aveugle
nuit cousue de silence les battements de mon cœur crépitent un peu
Je donnerai ton nom à toutes les impasses Voilà la fin des temps où nos verbes étaient communs Oh j'oublierai ton nom
au bout de la route où les pas cèdent au vide la mer m'illumine la dernière carte celle qu'on n'abat sans doute que par désespoir
sur l’or de l’automne je marche et je me sens riche de bruits et d’odeurs
le bruit de la nuit — une pierre dans mon cœur le fait trébucher
le vent a faibli les branches ne geignent plus seul mon cœur se tord
des bruits de pas dans les ténèbres demain trace sa route
vent sur le retour — le passé m’a rattrapé d’un espoir fourbu
29 septembre 2017
Ce n’est pas Alzheimer un peu d’Asperger sans doute une vieille maladie que personne ne voit mais que tout le monde raille
dans la vieille office pour le parfum du café même les poutres craquent de mes nuits rêvées je n'ai d'autres souvenirs que leur confusion
que comprendre au vent il va il vient il s’essouffle brouille mes pensées
sur le tableau noir avec des craie de couleurs j’ânonne ”bonheur“
tout au bout du quai un regard dilue la brume — le pinceau du phare
horizon brumeux les collines ont du mal à quitter les draps
la fraîcheur du soir sans heurt insensiblement glisse sous la porte
en suivant les routes que mon sang emprunte j’ai cru reconnaître un cœur
passer de l’amour fou à plus d’amour du tout — que d’amour foutu
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mes doigts ont cherché ils ont fini par trouver la porte du cri
à côté du chat mes pensées se réfugient sous la couette épaisse
sur l’herbe qui craque quelques gouttes sont tombées — un brin a ployé
passé l’équinoxe les ombres qui s’ébattaient ont quitté la cour
devenues inutiles je vais où le vent me porte je rabats mes ailes
il se noue dans l’air un pesant parfum d’automne — mon cœur dégouline
pas de bruit au loin seul celui de la vallée qui vrille mon cœur
tous ces mois sans pluie mon chat n’a plus l’habitude — il rentre en râlant
nuit calme et sereine un vent doux bruit dans les feuilles un gong dans mon cœur
une pluie d’automne une pluie sans concession apaise mes doutes
ma nuit équivoque ni sereine ni colère — spectres entravés
la pluie et la nuit qui s’enlacent follement dansent dans ma tête
hurlements des routes le soir où vont-ils donc les espoirs qu'on noie dans le bitume ou le whisky
la nuit s’épaissit et mon vieux cœur balbutie d’une glu revêche
je me rature à petit feu
même la nuit illumine mon cœur
élans d'évasion mon vieux cœur veux me quitter pour vivre sa vie
cette nuit blafarde qui se plaque sur le sol déterre les ombres
rêves dilués mélancolie d'automne la saison s'y prête
l'herbe se dépêche de se parfumer de pluie -une odeur de foin
dans ma nuit sauvage j'affronte seul les marées d'un gosier noué
la pluie fut bien courte mais lui le silence reste ivre de chagrin vous avez dit des mots que je n'aurais acceptés de personne mais dans votre voix c'était de l'amour
30 septembre 2017 le profil dans l’ombre entre vapeur et arôme -enfin je prends forme
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une seule fois dans ta vie tu croises l'amour le vrai le pur le dur mais s'il glisse entre tes doigts tu ne vaux rien pour les anguilles
j'ai fermé les yeux — vos ailes dans ce dimanche s'ébattaient d'espoir le vent dans la tête qui fouille dans tous les coins traque ma mémoire
vous êtes mon secret que je distribue à qui veut l'entendre
le soir vient plus vite — affamé il sort des arbres et mange le jour
silence matois -j'aime la nuit qui prend feu de ses confidences
la lampe tressaille — au loin un éclair absorbe toute la lumière
la nuit sans parfum autre que celui infirme de la souvenance
maintenant le soir s’éternise peu — un verre et c’est tout
01 octobre 2017
du bout de ses doigts l’araignée obstinément reconstruit sa toile
la cuillère écrit votre absence sur la mousse du premier café
par courtes lampées la nuit humecte ma langue d’un breuvage amer
odeur de la pluie — de sous l’auvent me parvient la joie du feuillage
le bruit de la nuit — une pierre dans mon cœur me fait trébucher
au bout de la branche une goutte s’impatiente — saut dans l’inconnu
des éclats de rire au fin fond de la nuit comme des éclats de verre
at the end of the branch an impatient drop — jump into the unknown
la bouteille plaint le verre vide
journée indolente pour tomber les feuilles mortes ne se pressent pas
Si j'étais poète, j'inventerai le mot "namour". Ce ne serait plus de l'amour, mais ce serait de l'amour, non ?
je vous ai aimée madame comme aime suit aile et comme jamais haine ne pourra suivre aime
la nuit paraît douce à qui a le cœur serein — le mien me chiffonne
02 octobre 2017
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crème du café — je suis resté sans bouger pour humer l’arôme
en contre ciel l'ombre des arbres pleure l'encre de mes yeux
je l’ai regardée la tasse était bien d’accord — sa lèvre et mes lèvres
un petit auvent ouvert sur un jardin d'arômes l'été fut bien court
le dernier café après la journée commence — un goût plus amer
deux petits fauteuils où la poésie glissait de nos mains tremblantes
où sont donc ces ans où j’avais l’esprit agile — las tout mon corps grince
aube blanche de la lune le ciel n'en fait qu'à sa tête
ombres sans visage vous qui traversez l’amer laissez moi en paix
dans ciel obscur une étoile se dévoile mon cœur s'en empare
les ombres se glissent sous les angoisses du soir — les volets se ferment
03 octobre 2017 goutte de café — d’un coup de langue je mets fin à sa solitude
le lent crépuscule inonde les crêtes sombres d’une odeur de sang
le second café un rayon de soleil pâle fait rire sa mousse
la nuit sans étoile rayée de filaments blêmes hurle son silence
quelques ombres blêmes oscillent sur le béton — les ailes d’octobre
je rêve d’une île qui ne perdrait pas son temps à compter les heures
mes tempes bourdonnent — le sommeil bien capricieux a traîné la patte
il y a des anges que n'inquiète pas le ciel de la nuit d'octobre
être au bord du gouffre — ne pas avoir le vertige devient dangereux
les feuilles des chênes ont déjà perdu espoir -pourtant elles tiennent
sur l’écran de verre quelques signes déchiffrables la clé d’une énigme…
hallucinogènes des champignons arc-en-ciel maquillent ma nuit
grisaille du soir — éclaireur du crépuscule il étreint mon cœur
souvenir d'un lit où le matelas jaloux nous a séparé
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octobre hésitant entre l’été vieillissant et l’éphèbe automne
04 octobre 2017 lentement je rampe vers la porte savourer l’odeur du café
le jour effacé par l’acidité du soir — le sel de la nuit
narine gourmande je recueille de la tasse la moindre vapeur
même la nuit mon ombre m’accompagne
poussant le volet une feuille rousse vient mourir sur mon lit
je passe du temps dans les bras de mon fauteuil — je pense à vos bras
l’écureuil s’inquiète d’une troupe de ramiers glanant sous les chênes
par dessus l'auvent clair de lune énigmatique -je garde un secret
le soleil voilé maculé de brume sale prend un air penaud
j'ai rêvé de nous tant que mon cœur ne sait plus s'il est vôtre ou mien
du soleil d’octobre il ne reste que des flaques sous les pins frileux
la nuit équivoque a déposé sur ma peau un désir de peau
le soleil laisse à la lumière dorée le soin du crépuscule
I don't know where I am am I in your heart in my heart I'm not in my mind
une lueur grise recouvre alors les collines — la couleur du soir
train vers nulle part il freine sur le ballast les portes se ferment
la nuit devient lisse elle glisse lentement sur l’ombre des ombres
j'aurais aimé que les mots viennent à mon aide pour sauver du naufrage mes désirs avoués
la nuit installée sur le banc dessous les chênes marmonne déjà
il se noie il coule même la mer dans les poumons il respire encore
les dalles de l’allée n’en peuvent plus de compter les glands qui tombent
dites lui qu'il va bien qu'il a retrouvé un navire un jour une nuit il embarquera sur le Styx
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triangle de feu que deux cuisses révèlent — papillons embrasés
midi se promène aux alentours du jardin — automne sublime
mots qu'on ne dit plus feuilles mortes chiffonnées que les pas déchirent
assis sur le banc par bonheur j’ai un chapeau — une pluie de glands
j'ai suivi la route qui chemine de l'amour à la déraison — revenir sur mes pas
soir mélancolique — octobre est sans compassion pour les cœurs fripés
une nuit d'octobre sans vent sans bruit en silence j'ai aimé l'automne
des ombres encore trainent au bord des chemins le soir les rassemble
c'est une nuit bleue les battements de mon cœur prennent des couleurs
un ange étranger un oiseau aux ailes blanches traverse la lune
ne surtout pas croire que le Styx est d'un cours calme Charon est avide
l'auvent me protège malgré moi des dards de la lune
maladroit des mots je souhaite à ceux qui m'ont lu une nuit fertile
au bout du monde j'ai vu des douaniers qui fouillaient les rêves
05 octobre 2017
j'ai trop d'ans sur moi jamais je ne passerai l'ultime frontière
riant dans sa tasse sa mousse crémeuse et chaude déride mon cœur
d'un rire insouciant elle a dérobé mon cœur pour le perdre en mer
frisson sur la peau mon cœur aussi tremble un peu fraicheur du matin
dans une autre vie peut-être m'aimera-t-elle alors je l'attends assis au bout du chemin dans les senteurs de l'automne
rayon de soleil — la tasse devenue tiède reprend des couleurs sans savoir pourquoi soudain un sourire éclaire le miroir terni
le vent geint aux volets — à toute force il pénètre entre mes tempes
j’ai fini ma tasse retour vers la cafetière prodigue en bien-être
d'une nuit sereine je couve votre amitié comme un œuf fragile
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Paroles twittées
affolé de vent le soir ne sais plus du tout où poser ses ombres
06 octobre 2017 l’anse bien serrée je l’approche de mes lèvres — tango matinal
le vent s’est calmé mais il laisse le jardin tremblotant encore
parfum sublimé par les mémoires anciennes des cafés heureux
face à la lune un nuage raide et droit comme une potence
le vent a forci tout bruisse et tremble alentour mon âme brouillonne
pleine lune embrumée mon cœur transparent et clair est rongé de doutes
dans ma poitrine des frissons et tremblements le vent à la fête
les feuilles mortes fuient la rage du vent pour se noyer dans la piscine
temps et espace au bout de la lumière unis à jamais
j'étais inconstant et me voilà pris au piège de mes sentiments
hurlant de colère le vent se dresse soudain et claque la porte
où vas-tu gamin avec ton air insouciant et ce grand sourire ne vois-tu pas la faucheuse j'y vais et je suis heureux
je ferme la porte je laisse le vent colère s’en prendre à lui-même
la nuit est silence et le silence de ma nuit est un clair repaire
mauvais vent du nord qui vient déchirer les feuilles de ses gifles lestes
ma longue mémoire comme le fil d'or d'Ariane ne vous oublie pas
symphonie du vent aux rires des pins répondent les oliviers sagaces rongée de morsures la branche morte a cédé — vent impitoyable
07 octobre 2017
je m’éveille un livre sur la poitrine « l’univers chiffonné »
sans sucre sans lait encore endormi je tourne le premier café
je ne saurais plus aimer comme j’ai aimé la fille de vent
d’un regard amoureux je caresse la cafetière qui s’échauffe
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Paroles twittées
vivre aimer penser fermer les yeux les ouvrir et rien n’a changé
la nuit me console de ces battements d'un cœur de vieux gong fêlé
j’ai rejoint les ombres qui courent dans le bois et les flaques de soleil
la lune s'épuise ses rayons flottent à peine au bord des collines
quand le vent se calme le mois d’octobre m’enrobe je deviens automne
la solitude d'un chien la pire des solitudes des bruits sur les feuilles mon cœur s'emballe et gémit des pas de la nuit
ouvrir la fenêtre et respirer les parfums d’un octobre aride
je suis un moineau qui sautille sur son cœur sans laisser de trace
les nuits je me mens je me racontes des rêves sans réalité
avec huit-cents mots je peux décrire ma vie -"rose" huit-cent-un
je compte les soirs — loin là-bas inaccessible j’étais un enfant
je vous souhaite amies amis présents et lointains une nuit vermeille
velours sur la peau — le soir d’octobre m’envoute tout juste un frisson sur les vieilles pierres glisse une mue de couleuvre — ah ! changer de peau
08 octobre 2017 plongé dans la brume il va redresser la barre ce premier café
des nuages roses se trainent dans le ciel sombre — promesse de vent
drainant le désir de son écume de soie — sensuel arôme
et puis vient la noire la sombre nuit maladive qui trouble mes yeux
une feuille morte se souvient de son amour brisé par l’automne
vieilles cartes grasses devant moi posées les heures passées à sourire
matin d’ombres franches — la brume vite écartée d’un léger frisson
un halo de brume incandescence livide bâillonne la lune
avec un crayon couleur de soleil j’efface le gris de mon cœur
dans le sablier les grains coulent lentement -noyé sous les heures
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Paroles twittées
midi va sonner le ciel est à sa place suis-je vraiment à la mienne
qu’un sommeil sans faille peuplé de vos rêveries traverse la nuit
il préserve d’elle le souvenir lumineux d’un béant mensonge
09 octobre 2017 un café refuge — un feu de camp dans la nuit pour bannir les loups
le vent revanchard disperse sur les terrasses les tas de feuilles mortes
somptueux arôme de ce pur arabica caressant mes lèvres
sur les murs sans ombre les grêles de vent arrachent des plaintes aiguës
les heures s’étirent et je les laissent filer sans trame ni chaine
le vent et le soir à l’abri des pins conspirent — la nuit sera blanche
au bord de midi je tutoie la cafetière une fois encore
la nuit improbable illuminée par la lune — l’ombre de la nuit
octobre, le mois du gland !
je me souviens mal mais je sais bien une chose je ne peux l’oublier
d'un regard d'un geste elle a mis le feu en lui dont cendre il ne reste
mes mains de vieil homme se souviennent du chemin jusqu’à son sourire
je les vois qui passent les impassibles nuages loin de tout espoir
timide et tremblante la lune se dissimule dans les hautes branches
fin d’après-midi tu sens le soir qui approche un chat vers l’oiseau
autour de la lune gouffre insondé sans étoiles la nuit abyssale
les ombres dominent il est temps de rentrer la mienne suit encore
de ces mots si doux se souvenir est facile l'oubli impossible
moustique sur la joue je le claque rudement — me voilà puni
la lune coquette s'admire dans le nuage qu'elle a pour coiffure
rêver d’un sourire est-ce que tu dois en rêver ou bien en sourire
nuances de noir inconsistance des sons que la nuit fredonne
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Paroles twittées
une lune fourbe refuse de se montrer -je l'attends quand même
je ressens ce soir comme une ancre dans le cœur mon âme dérive
pour revoir tes yeux j'irai où tes pas me mènent je suivrai ton ombre
c’est de là qu’il vient des profondeurs de l’Érèbe — ciel noir sans nuance
d'un index tremblant j'efface le grain salé -c'était une larme
quelques étoiles sont tombées dans la piscine — reflets d’un ciel chiche
écrire ne sert à rien sinon à rapprocher l'encre et le feuillet -ils ne le savent pas encore mais ils s'aiment d'un amour indélébile
où vont les mots qu’on ne prononce pas parfois ils s’emmêlent dans l’enclos d’une page pour sortir le full aux as d’un poème
la lune se lève et à présent elle veille vos rêves de soie
je rejoins la nuit sous l'auvent elle m'attend pour parler silence
10 octobre 2017
le cœur desséché un jeune olivier est mort d'amour pour la pluie
ce premier café illumine la cuisine d’un parfum lustré
cette nuit j'ai compté les étoiles me suis arrêté à cent-deux demain sera sans toi
circonspect je tourne autour de la tasse pour la refroidir
je ne sais qui je suis je ne sais où je suis comme l'eau je suis la pente
sur quelle planète il faudra que je les trouve les mots pour lui dire
tu me regardais et tu ne voyais que l'ombre d'une ombre sans étoiles
je te reverrai un jour — je resterai là à te regarder
je pense à la nuit comme un océan sans vague seulement le sel
fraicheur du matin — il ne reste de l’été qu’un souvenir tendre
11 octobre 2017
sur ton souvenir tous les matins je dépose une fleur furtive
assis je regarde la vapeur qui s’en échappe je m’enivre d’arôme
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Paroles twittées
puis je saisi l’anse de la tasse qui me rend un baisser torride
lever le voile d'un visage que les mots maquillent
soleil dans les yeux frissons sur la peau les paradoxes d’octobre
quelques mots lus ou dits un échange de battements de cœur
lentement les heures terminent leur course lente je n’irai pas plus vite
rien ne dit plus rien le silence qui sait tout impose le silence
les roses trémières ne craignent pas de fleurir sur le bord des routes
moment partagé les cœurs effleurés battent de bonheur
quelques pâquerettes comme mon cœur hésitant se ferment le soir
voilà l’heure grise l’heure où les ombres ignorent qu’elles sont des ombres
elle était un phare la lueur qui éloignait la dernière borne
les ombres aussi rêvent de reprendre forme — un rêve de pierre
chacun condamne les fautes des autres absout les siennes avec un rire
il garde de vous le souvenir d’un volcan souriant et calme
les prétextes sont des boucs émissaires
la nuit se répand comme les pas du fantôme qu’elle rêve d’être
garder sur son cœur le parfum de vos seins que peut-il vouloir d'autre
la nuit si profonde que même mon cœur fendu ne reviendra plus
de la condensation de l'aube un poème naquit
j'ai dans le cœur un petit caillou qui grince un caillou pas bien rond
le crissement de la plume embrase l'encre le feuillet résiste
enfin le train s'arrête les rails fourbus peuvent souffler le train s'impatiente
sous les étoiles absentes les mots ancrés du poème brillent sans soupirs
je suis un brin d'herbe que mille pas ont foulé -je rentre sous terre
l'encre sait que le feuillet est la lumière de son ombre
une brume grasse se colle sur les feuillages -arbres sans repaire
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Paroles twittées
oiseau sans présage vous avez un autre lit pour lisser vos plumes
il fait nuit déjà sur le chemin je piétine et n’avance pas
qu'une nuit sans houle berce vos rêves d'enfant comme un lac à l'aube
la nuit insondable dépouille le ciel sans borne de sa pluie d'étoiles
12 octobre 2017
bruissement des feuilles dans la nuit les arbres filtrent le regard des hommes
ma main tremble un peu — le saisir plonger dedans effacer la nuit
au fond du sablier les jours noient les heures quelques secondes surnagent encore
parfum doux-amer de sa mousse qui ondule sur ma lèvre avide
je suis un vieux fou qui n'a pas oublier d'aimer -je suis un vieux fou
odeurs de l’automne — ce matin les feuilles mortes sentaient la rosée
sur une galère on ne rame jamais seul pour franchir l'amer
mes mains se souviennent comme son cœur battait fort au creux de ses reins
quand vous reviendrez déçue par le chemin emprunté alors retournerez-vous vers le bleu lavande
le ciel un peu plus pâle plus le crin-crin des cigales toujours pas de pluie
belle nuit mes amies mes amis qui me savez tellement bavard
un ailleurs est toujours trop loin fin d’après-midi sur le pré jauni les ombres somnolent encore
13 octobre 2017
bientôt vient le soir avec son parfum étrange de mélancolie
coudes sur la nappe je me prédis l’avenir dans le café même
nous ne comptions plus nos lianes tentaculaires nos langues multiples un seul regard nous unit et l’univers se renverse
je la fais rouler entre mes mains impatient d’y poser les lèvres
traverser la nuit — la voile noire est hissée la falaise abrupte
quand le jour se lève il ne se lève jamais sans sourire un peu
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Paroles twittées
le ciel blême détoure la ligne d'arbres -une scie mal avoyée
soleil de saison il s’est levé en bâillant pour chasser la brume
la nuit m'enveloppe de ses effluves d'automne -bruit des glands qui tombent
soleil sur la peau — s’il pouvait sourire aussi dans mon cœur trop pâle
elle avait quinze ans j'allais en avoir dix-sept et je n'oublie rien
les rayons sans force somnolent sur les façades — ombres émoussées ah, que je voudrais que le soleil la ranime l’étincelle d’or
elle avait des yeux d'un vert si profond que dans son regard je devenais un arbre
elle se balance la potence sans pendu la vieille lanterne
et quand ils se changeaient en couleur de noisette j'étais écureuil
elle rit la lavandière celle qui a lessivé mon vieux cœur de drap froissé et bat, bat mon cœur
que la nuit écoute votre respiration lente vos rêves d'oubli vous l'avez aimé curieuse d'un homme au corps rapiécé vous l'avez aimé à peine le mal était fait
je la sens venir avec son grand manteau d’ombre l’oppression du soir un ciel mat et blême couvre peu à peu les pins terne crépuscule
14 octobre 2017 en lentes spirales l’arôme s’est répandu jusque sous mon crâne
au creux du méandre là où le sable s’envase mon cœur bat encore
encore embrumé mon corps entier n’aspire qu’au café caresse
je ne sais que faire de mon corps de vieux guignol sans marionnettiste
sa grisaille épaisse ne nous laisse aucun espoir — cruauté du ciel
dans l’ombre grisâtre le soir enrobe la lampe d’un trait de ténèbres
avant de partir il a posé sur la table sa soif de poèmes
auvent sans lumière les sombres catacombes de mon esprit s'éclairent
quand il est revenu les fourmis avaient bu tous les mots — silence
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Paroles twittées
j’ai longtemps marché avant de l’apercevoir au bout de la route
elle l'aimait d'amour fou d'amour dément il l'aimait jamais ils ne se croisèrent dans ce monde-là
elle était si belle vêtue d’un manteau de nuit qu’elle m’a fait peur
d'un sommeil douteux je vais où la nuit me pousse pas trop loin j'espère
d’un regard aigu elle a tranché mon cœur une part pour elle et l’autre en enfer
15 octobre 2017 embué de nuit je m’enrobe dans l’arôme royal du café
j’erre sur la plaine le vent me prenant pour cendre disperse mon corps
le nez dans la tasse je m’imagine embarquer vers le bout du monde
elle l’attend tout le jour elle l’espère la nuit le voleur qui lui rendra la peau de son cœur
un voile de brume brosse un soleil matinal à l’aquarelle
du plus haut des monts je surveille nuit et jour un horizon vide
à la proue du vieux navire le capitaine ombrageux interroge chaque vague — laquelle est son âme
la nuit dans le cœur elle grave sur ses veines d’un burin aigu une fête au loin des bruits des chants et des rires — je remonte mon col
toujours ce parfum le matin quand je m’éveille fragrance d’été une odeur sans consistance le parfum de ton absence
sur la terrasse sale feuilles mortes entassées espoirs balayés
puis je me souviens des sourires qu’un été recommencera
battements de cœur la nuit ne se calme pas ce froid dans le ventre
nous mangeons tard les glaçons résistent cris d’oisillon ouverture de la chasse cris d’un oisillon
je suis un fantôme qui habite encore un corps le temps est compté
sieste difficile mon voisin n’a pas compris un mot de la bible
rêve de lumière dans cette nuit sans étoiles les nefs vermoulues restent toujours ténébreuses en franchissant l'horizon
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Paroles twittées
rêver une fête autour de la même table nous levons nos verres
le soir est tombé en plein milieu du jardin comme un sac de sable
laisse-toi porter par le vent par n'importe quel vent comme une feuille morte sans faillir il te conduira vers ceux qui te ressemblent
ombre carnivores elles se mangent entre elles sans laisser de miettes la nuit installée sur le banc à mes côtés nous comptons les glands
je connais un poète qui ne sait pas écrire mais quand il regarde une fleur celle-ci se prend à chanter
en battant des mains en silence sous l’auvent il sculpte la nuit
16 octobre 2017
de ces glands qui frappent sur l'auvent les tuiles tintent -soirée musicale
j’approche les lèvres — trop chaud pour l’étreinte encore j’en respire l’odeur
main dans la main ils partirent pataugeant dans les rizières sûrs de leur destination l'autre bout du monde
je la pose trop fort tintement de porcelaine et rond sur la table le vieux cerisier a perdu toutes ses feuilles — octobre dénude
j'ai traversé la mer en cessant de respirer pour te retrouver
se frôlant à peine lucanes et papillons dansent dans mon ventre l’incandescente asymptote d’une hyperbole éphémère
il rêve d'un pays où les figues violettes dessinent sur sa bouche le contour de ses yeux améthyste et grenat ne plus respirer ne plus trembler ni sourire la regarder vivre
au milieu des tempêtes auxquelles il imposait silence le vieil homme édenté se revoit jeune et mordre
une étoile à peine attend la lune équivoque -éteint je patiente
au fond du jardin sous le tas de feuilles mortes pourrissent des pleurs
nuit mon insondable nuit tu m'appartiens et je te respire comme une fleur de pavot qui épuise sa résine
ombre des barreaux de l’imposte sur le lit -rêves en prison fleur du souvenir et crème de la mémoire je vous sens frémir
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Paroles twittées
c’est l’heure où le soir tutoie le jour le moment où l’âme s’alarme
le sommeil m'emporte je ne sais où il m'entraine vers demain sans doute
je vais sur ma route des rêves plein ma besace mais qui les entend
parfois je voudrais ne plus être ce caillou dans sa chaussure cet ennui dans sa tête cette tasse qui déborde parfois je voudrais ne plus
j’ai le cœur brûlé il s’est approché trop près de ma seule étoile
17 octobre 2017
au bord du verger j’ai creusé un trou profond pour planter un arbre mais cet arbre c’est l’amour et ses fruits toujours amers
sur la mer amère du premier café la mousse traverse l’arôme chaude dans mes mains tremblant de sommeil encore la tasse m’apaise
la brume descend d’un ciel sans concession noir sans la moindre chandelle pour éclairer mes doutes
sur le pré brûlé des fleurs toujours insoumises boivent la rosée
le vieux portail grince pas très loin un chien aboie — une nuit de brume
les herbes hautes se sont couchées maintenant sans jamais reverdir
fauteuil de jardin dans l'épaisseur des ténèbres -mon poste de guet
le sable qui coule entre mes doigts de vieillard retourne à l’oubli
la nuit m'a rejoint salutations d'usage nous ne pensons à rien
il va lentement le long de la ligne d’ombre mon cœur fatigué
il cueille des fleurs des champs des fleurs sauvages qu'il lie avec un bout de son cœur pour elle farouche
l’automne me suit comme l’ombre d’un soleil rongé par le doute
sur le bord de la rivière elle regarde couler le flot de ses larmes pour celui qui a tant promis
oliviers mal taillés tels que vous devriez être je vous vois enfin litière de pin le soleil sur les paupières l’été en partage
je vous aime disait-il à en perdre la raison elle n'aime toujours pas l'oiseau dans sa cage
- où suis-je ? dit-elle. - mais dans mes bras mon amour ! - oh ! les bras de qui ?
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Paroles twittées
or des jours qui passent vieillesse n'est pas sagesse elle est passagère
je me moque de tout la couleur de ta peau les joyaux dans tes yeux l’odeur de ton sexe je me moque de tout sauf de toi peut-être
le train de nuit s'en va volets clos portes fermées un huis-clos avec lui-même
une nuit j’irai par misère dans un bar je demanderai après la loutre bleue qui n’existe pas elle me dirait casse-toi vieux débris
sommeil apaisant sur une nuit sans tempête au port de demain la chute des glands musique de nuit d'octobre lendemain balai
embué englué d’une pâte chimique je m’éveille enfin mais non, ni le monde ni rien ne change jamais
rêver il faut rêver de vent de mer de tempête de soleil de plage de sable et surtout d'amour faire l'amour caresser tordre le cou au réel
tout au bord du monde doucement je me balance pieds dans le néant
18 octobre 2017
trainant dans le soir sur le chemin la nausée griffe mon gosier
vapeur dans les yeux — je ne peux les retenir un café aux larmes
la nuit dans le cœur tente désespérément d’en éteindre le feu
vraiment maladroit encore un rond sur la nappe pertes et profits
ma main tremble un peu je renverse quelques gouttes et je déglutis
illusions bercées rêves couvés comme un œuf briser la coquille
un scotch une clope sous l'auvent face à la nuit ne penser à rien
malgré le soleil qui incendie les fenêtres j’allume la lampe
mordre la nuit et m'entendre hurler la douleur du silence
sur les carreaux rouges tavelure blanche et noire du chat endormi
c'était une fleur si fragile qu'un rien lui faisait peur avec mon mal de vivre je l'ai terrorisée
au bord de midi le ciel s’est couvert d’ennui sans promesse de pluie
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Paroles twittées
on s’est regardé et le temps s’est arrêté pour l’éternité regardez le ciel il est rempli de nos insomnies elles le griffent de cris transparents vous qui croyez bien dormir regardez le ciel - je ne veux pas mourir mon amour - tu es déjà mort gros ballot mais tu rêves encore
sur le banc je rêve un gland me surprend je lui prédis un avenir sans chaîne ! assis sous l'auvent la nuit me prend par la main nous rêvons ensemble le navire dérive dans le ciel enténébré chaque étoile qu'il frôle il ne restera de lui que la constellation de l'ange aux ailes déplumées
fleur de laurier-rose couleur des plus belles roses odeur de cadavre
je suis ce vieux fou amoureux d'une étoile indifférente
au magasin de farces et attrapes j’ai acheté le masque du sourire à présent on me dit bonjour quand on me croise
j'ai la nuit pour amie la nuit pour ennemie souvent elle se bat contre mes rêves à mains nues
j’ai posé un ex-voto sur la tombe de mon père ma mère me demande combien ça m’a coûté
nuit le cri silencieux de mon âme déchiquetée
le soleil en pause la pluie même se refuse au moindre présent
je ne sers à rien dit-il pas même tu me regardes quand je sors les poubelles
la journée s’achève un parfum de néant reste collé à mon âme
d'un sommeil rieur la nuit bleue vous accompagne vers demain insoumis
un soir scélérat troque la douceur du jour contre un banc de brume
ma vie fut bien longue j'ai aimé on m'a aimé l'amitié demeure
et la nuit venu le linge sur l’étendoir prend des airs de spectre
19 octobre 2017
la nuit devient fraiche octobre montre les dents et les jours reculent
arôme envoutant même mon chat indolent semble apprécier
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Paroles twittées
les mains caressées par la lueur de la lampe j’écris des mots sombres
dessin d’un sourire sur la mousse du café — un joli présage de la chantilly mousseuse blanche et sucrée dans le ciel d’octobre
ils ont fui par la rivière pour ne pas laisser de traces et dans un baiser farouche se sont envolés
le rideau de perles musique d’un vent léger frémit dans la chambre
elle est lumineuse la pensée que j'ai de vous fanal dans ma nuit
ombre de demain aujourd’hui veut oublier l’ornière d’hier
elle tricotait une chaîne pour mon cœur de ses mains expertes
c’est un jour d’automne les corneilles vont glaner de leurs cris de craie
je me sens léger comme sa respiration quand elle dormait
soleil sous la couette cette nuit j’en suis certain j’ai rêvé de vous
seul un vent léger s'agite dans le feuillage -les feuilles résistent
comme des moutons confiants dans le pâtre du vent les nuages passent
qu'elles soient lumières les étoiles sur la mer de votre sommeil
ne fais pas confiance à un dépressif tu lui poses la main sur l’épaule il te prend pour dieu
d'une rive à l'autre il nageait il y mettait force et volonté il n'a jamais su où aborder il s'est noyé en faisant la planche
le bruit de la ville traverse la vallée aux relents de bitume qu’importe le ressac tu reviens vers moi
c'était un coureur d'étoiles de l'une à l'autre il brûlait sa peau et son cœur sans voile et chaque fois il hurlait
le temps s’engrisaille c’est l’heure où les ombres pointent vers le soir
20 octobre 2017 mes lèvres frémissent puis tout doucement j’aspire l’odeur primitive le parfum de braises chaudes du premier matin du monde
sous les pins ensuite elles se boivent entre elles les ombres liquides
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Paroles twittées
la cuillère tinte en tombant sur les carreaux pas bien réveillé
ce soir il fait triste la nuit suinte d’ennui tout mon corps bâille
au-dessus de l’horizon le soleil danse avec la brume au son de la lumière
enfin ils arrivent dans un ciel qui accueille les yeux étoilés
cœur emmitouflé d’un cocon d’ouate indécise je ne l’entends plus
des millions de pas -faire le tour d'une vie c'est exténuant
quelques jours encore octobre le mois sans dieu et sans pluie non plus
rêver sous l'auvent avec la nuit pour compagne rêve familier
sur le sentier sans fin aux ornières profondes sur le sentier sans fin bordé de ronces épaisses sur le sentier sans fin
le premier amour est inoubliable le dernier amour lui est meurtrier
il sait qu’un jour il en prendra un de trop un verre de trop un comprimé de trop mais un bain chaud un cutter pour couper court
dans le petit bois de mon jardin je promène ma vieille ombre lasse les ans me pèsent respirer me pèse mon corps meurtri me pèse et je ne pèse presque rien même mon cœur s'allège
dans le ciel les nues détourent sa silhouette le cœur est absent
je sens l'eau sur mon corps et le sang qui coule encore je sens mon corps liquide mon esprit qui se vide
plus que septembre octobre pue la mélancolie une vieille charogne le cœur un peu lourd je retourne du jardin toujours aussi sec
il vous a sans doute effrayée mais bien avant cela vous étiez captive d'un autre cœur tout va si vite l'amour a le vertige
le soir je ne sais d’où me vient cette amertume du jour qui s’achève
l'oubli ce n'est pas une perte de mémoire l'oubli c'est l'indifférence
assis sans équilibre sur la margelle du puits il regarde le ciel des antipodes
naviguer sur la nuit sans timon ni rames tutoyer les étoiles et garder leur lumière je ne sais pas le faire
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Paroles twittées
d'un sommeil sans faille que votre nuit se remplisse et de rêves bleus
je refais surface après une plongée longue de quelques vieux rêves
21 octobre 2017
je guette les ombres qui sournoisement se glissent dans les plis de l’âme
gorgé de sommeil j’ouvre la porte et déjà … caresse d’arôme
soir de solitude des gens rient autour de moi mon cœur bat tout seul
premier espresso ce n’est pas le plus rapide mais c’est du velours
depuis le toit de mon cœur le p’tit bonheur s’est envolé en coupant mes ailes
toujours ce même soleil qui d’un coup de lange sèche s’abreuve de la rosée cédée par la nuit
la lumière lente de la lampe du bureau a laissé des mots dans l’ombre je rassemble des mots pour en faire un poème il est lumineux ou bien sombre ou ni gris ni bleu juste comme moi qui ne suis qu’une ombre
ne penser à rien demeurer devant l’oubli attendre d’entrer en train de bronzer à l’ombre de mes pensées qui n’ont plus de feuilles
un épais silence prend possession de l'auvent la nuit intimide
on ne sais jamais quand la porte s’ouvrira parfois elle l’est déjà
mille mots baratés pour qu'ils s'empâtent et cimentent ton coeur n'auront pas suffit tu t'envoles
nuages avares il faut trouver la cassette qui garde leur or il pense au printemps l’oiseau caché dans les chênes et qui chante encore
sous la surface d'un océan sans ride un gouffre s'est ouvert beant de mon sang livide comme un volcan de chair putride
je penche plutôt pour un dimanche d’avril samedi d’octobre
le ciel s'embourgeoise lové dans le molleton des nuages gras
Je ne le dirai plus que je rejoins la faux je dirai que je vais chercher des allumettes
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Paroles twittées
petit coup de vent c'est bien une pluie de glands qui châtie la terrasse
sur mon océan naviguent des galères jamais elles ne cessent de ramer
ils ont traversé le ciel enjambant les galaxies et se jouant des trous noirs eux aimés des anges
le vent décapite une pâle pâquerette qui perd ses pétales
ni amants ni amis par la distance qui ne se chiffre pas en kilomètres pourrais-je devenir un frère celui que l'on n'invite plus
si parfois tu perds la tête blottie tout près de mon cœur tu sais où la retrouver se disent les anges
Je vous quitte amis que sourires m'apportez. Passez nuit sereine.
levant une dalle vingt centimètres de frousse — une scolopendre
une nuit grimée du masque de bon repos bercera mes rêves
déjà l’heure grise — le temps est passé si vite qu’il m’a décoiffé !
22 octobre 2017
la nuit me devance elle parcourt à grand pas les chemins du ciel
je souffle à la surface la tempête sur la mousse à un doux parfum
il fait si nuit déjà si sombre dans ma tête je cherche un briquet
coudes sur la table je fixe les ronds de tasse elle refroidit
pour le vent on est servi pour la pluie on fait ceinture boire ou conduire...
chênes verts encore ils veillent jalousement l'herbe calcinée
les tuiles de l'auvent tressautent et tintent dans l'ardeur du vent
le vent m’aide beaucoup pour faire tomber les glands il gaule les chênes
les ailes des anges se vrillent sous les rafales d'un ciel en colère
jouant de sa force le vent fait tourner la tête d’un ciel ébloui
l'auvent s'embourrasque je ne peux plus y rester je rentre mon verre
j’ai rêvé de nous sel de mon existence vous étiez le sang que mon cœur expulse pour vous oublier
perdus rompus de fatigue ils ont passé la frontière d'ils ne savent quel pays un baiser les sauve
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Paroles twittées
des arcs électriques quand elles frôlent la tasse traversent mes lèvres
même les étoiles tremblent dans le ciel limpide il se rend au vent
fraicheur matinale d’un octobre surprenant — le vent se réveille
une nuit sans vagues où s'en vont flotter des rêves bleus ou émeraude
terrasse encombrée de glands et de feuilles mortes je traine la patte
dans la vieille chaloupe plus rien à bouffer ! le mousse ? mais alors... ils se sont bouffé les couilles et se tournent vers le mousse
les ombres s’agitent sur le gazon calciné — comment fuir le vent ? rien n’est dérangé le soleil sur la façade a figé les murs
une foule trépidante attend fébrile à l'entrée de la boite. toutes ces sardines suintantes c'est à gerber ! je m'en grille une
le vent se renforce dans ses bras mouvant il traine une odeur de neige
je suis le roi des som somnifère somnambule la somme des sommiers
parfois j’ai les idées plus noires que l’encre de ma plume parfois j’ai les idées si noires que la nuit est jalouse j’ai des idées noires
avant de vous rencontrer j'ai froissé dix univers mais j'ai raté la corbeille et vous ai dépliée
je compte mes étoiles la pire main au poker tant pis — tapis !
Je l'aime au delà de toute définition de l'amour. C'est à mourir de rire... à mourir d'amour. la nuit est ton refuge elle est ta confidente tu peux ôter le masque et souffler un peu la nuit personne ne remarque que tu boites
le vent rompt le charme de la belle promenade que nous allions faire le vent est plus faible déjà les ombres se creusent et le jour s’écoule
23 octobre 2017
la nuit me surprend elle vient tellement vite poussée par le vent
des frissons parcourent ma colonne vertébrale — effet du café
le vent s'éloigne il remonte la vallée jusqu'à la source froide
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Paroles twittées
que me reste-t-il de cet été lumineux ? la douce lumière
du vent il ne reste qu’à balayer les terrasses et un peu de froid
l'amour a changé de camp les fleurs offrent leurs racines à la lumière d'une autre contrée maritime
la jeune tarente s’approche de son repas — aujourd’hui ceinture les jours sont comptés plus jamais je n’irai boire au chant de sa source
j'ai remonté le temps jusqu'au point de rupture j'aurai dorénavant quelques points de suture
dans les roseaux de la berge elle l’attendait son brigand prête à lui voler le cœur d’un coup de poignard
je rêve que dans le ciel les étoiles ne s'éteignent jamais pour ses yeux
à travers la vitre tout juste un trait de lumière — rêve de poussière
je voudrais que son bonheur ne soit pas qu'indifférence pour celui qui l'a aimée au renoncement
reflet dans ses yeux ambré irisé de mauve l’or des crépuscules
belle nuit amis dont la présence discrète apaise mon cœur
la ligne des crêtes liserée de crépuscule comme mon cœur saigne
enfin la nuit me prend ses bras d'ancre voluptueuse déchirent mon cœur déjà meurtri je traîne au fond dans la vase vieux chalut corrodé un corps de nuit dément
la source abandonne pourquoi donner son eau contre si peu de soin
24 octobre 2017
au loin partent les nuages ils préparent le chemin aux rêves abandonnés au fond de la cave
poser les pieds sur le carrelage froid courir à la cuisine
un verre de scotch la poussière sur la table me surveille et veille
s’approcher d’elle lèvre à lèvre avec la tasse dissoudre la nuit
un poignard bien affûté à la porte de la ville pour lui trancher le gosier il attend la nuit
claire matinée même les feuilles mortes sourient au soleil
qu'elle me berce cette nuit dont j'ai rêvé cette nuit enfuie
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Paroles twittées
sur le bord de la falaise il apprend des fous à voler quand il s'est senti à l'aise il s'est élancé
d’un grain de poussière le mystère imaginé — lumière attentive les sabots de sa monture faisaient trembler la poussière il dégage son tachi la voyant au loin
avec des lunettes de lune je perçois à travers les nuits toutes celles qui une à une ont désenchanté mon ennui j'ai été cet homme celui qu'elle n'attend plus trop long à comprendre
tout doucement les rameaux d’olivier frissonnent en plein soleil avril en octobre
je rejoins ma nuit qui me laisse un drap de ciel un linceul d'étoiles
écrire un poème sans jamais l’avoir vécu c’est du racolage
il donnerait sa vie pour elle d'ailleurs sa vie déjà il l'a mise au clou
une tourterelle abusée par les saisons — un chien la renseigne
avec une chaine d'arpenteur il a mesuré la profondeur des sentiments qu'elle avait pour lui ses mains déjà étaient pleine de boue
puis le soir descend sur les toits et dans les cœurs heure nostalgique la nuit se répand maintenant froide et venteuse entre les troncs sombres
25 octobre 2017
dans la nuit d’octobre même en moi il fait si calme un froid si sombre
la première tasse celle qu’on espère tant avant de dormir
j'ai aimé si fort que même la mer pleurait d'en être jalouse
j’essaie sur la mousse d’imiter ma signature sans y parvenir matin sans rosée le vent est content de lui la terre s’épuise
cent fois je repasse le chemin parcouru je ne sais toujours pas quel dieu m'a pris en grippe
même en plein midi il progresse dans sa nuit larmes plein la vue
toujours ce vieux fou qui crie à l'indifférence -ce fou pathétique
souvent je me dis je n’ai plus l’âge d’aimer mon cœur n’en sait rien
dans le train de nuit il n'y a qu'un voyageur craintif et en larmes
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Paroles twittées
les yeux pleins de vagues il a nagé si longtemps dans le sel dissous la mer enfin prend pitié jusqu'à son dernier rivage
livré à lui-même le dernier frelon recherche où passer l’hiver les doigts engourdis je sors les feuilles noyées du fond du bassin
la nuit me rassure sur mon épaule elle pose une main de glace
un clair rayon de soleil traverse la vitre froide et éclaire le feuillet où j’écris je t’aime
Il a tout préparé un bain chaud qui tiédit un grand verre de rhum des plaquettes de comprimés et ce vieux rasoir Il attend
à la porte toque une amie c’est pas écrit sur son front c’est gravé dans ton cœur re - connaissance
les mots me dépassent ils arrivent avant moi sur la page blanche
tu passes devant des portes toutes fermées au bord tu t’assoies les paumes pleines de larmes une auto sur la flaque et te voilà illuminé
souffrance tu es ma souffrance et je t'aime pour elle car je sais mon cœur sonner et mon sang fleurir pour elle
un voile de soie aussi noire que la nuit crisse sur le toit
la nuit le berceau de rêves imaginables du vent sur des braises
il marchait seul dans la rue et sous chaque réverbère comme un chien qui suit sa piste il regardait l’heure
26 octobre 2017
je ressens la nuit elle a une forte odeur de temps dépassé
d’un œil soupçonneux je regarde le café fumer dans la tasse
c’est un livre étrange qui ne veut pas qu’on le range un livre qui démange
son parfum m’envoute sa chaleur me réconforte son goût m’enivre
j'ai remis un pull sous l'auvent il fait frais la nuit me l'a dit
il faut patienter passer les derniers frissons — parfums de l’automne
le bruit des voitures sur l'asphalte de la vallée irrite la nuit
petit à petit le soleil se débarrasse de ses brumes froides
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Paroles twittées
un petit chien au loin sans doute enfermé au salon aboie sa solitude
clair et lumineux le soleil fait ce qu’il peut je frissonne encore
je suis l'homme sans visage celui qu'on croise sans voir son absence de visage un trou dans l'espace
des tessons de rêves sur le chemin de la nuit encombrent le jour le volet qui grince sur ses pentures rouillées — ma tête mal jointe
dans le ciel de la nuit je dessine la constellation de l'ange je n'oublie pas les ailes des ailes de mouche
il avait de longues mains avec des doigts de pianiste elle ne résista pas à ses coups de griffes
comme un enfant perdu qui court après ses balles je course les étoiles
je viendrai dit-elle avant les lueurs de l’aube vous prendre la main depuis lors il se consume dans d’étranges crépuscules
je laisse la nuit accomplir son lent travail ciseler vos rêves Vous madame qui avez pour lui encore une once d'affection parfois murmurez-la à mots grimés Il ne le répètera pas
je n’ai plus de pluie ma bonne dam’ mais du vent j’en ai à revendre le vent fait des nues des boules de coton pour grimer le soleil
je suis l'homme sans passé et surtout sans avenir entre l'ombre et la poussière à peine présent
sur la feuille les mots fuient chante le vent chante après les glands les olives les oiseaux jubilent
tant que nous resterons sur cette plateforme instable il y aura des mots non dits des mots mal dits mal compris des mots d'amour solubles
ces vieilles photos des souvenirs de vacances je n’en ai qu’un seul du fond de mon crâne monte une folie sublime — le vent m’ensorcelle
27 octobre 2017 avec la cuillère j’ai goûté toute la mousse le café me voit
la nuit me dévore elle arrache de mes mots la chair et le cœur
café un œil noir sur le fond blanc de la tasse il prend mes mesures
à l'autre bout du monde la frontière est fragile elle ne tient qu'à un fil
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Paroles twittées
j'ai aimé ce cri que mes lèvres retenaient au fond de ses yeux
tout content de lui mon chat m’offre une mésange — pas le cœur à gronder
au fond de mes tripes elles s'ébattent pourtant ces miettes de joie
ce n’est pas le mien dans le grenier j’ai trouvé un vieux cœur rouillé
nuit mélancolique -téléviseur mal réglé sur mes souvenirs
l’amour est-ce le partage ou le don inconditionnel j’entends l’amour pas l’amour je peux répondre enfin mais qui veut entendre ?
le vent s'énerve mais il fait peur qu'aux feuilles mortes
assis sur le banc j’écoute tomber les glands dans ma solitude
douceur de la nuit la caresse d'une main sous un drap de soie
la nuit est venue apaisante et si fidèle qu’elle est ma maitresse
ils ont suivi le ruisseau jusqu'à sa source d'eau claire ils s'en abreuvaient encore la foudre a frappé
le crépuscule il s’est couché discrètement dans le pli des collines
la nuit élégante a mis ses plus beaux atours pour charmer vos rêves
je ne suis pas là la tête dans les étoiles le cœur balbutiant
mille étoiles dans le ciel que le vent attise jusque dans le cœur
plutôt taciturne et sans rien à raconter la nuit fait silence
28 octobre 2017
elle était ma fée elle était ce vrai sourire qu'ont tous les enfants
les yeux dans les yeux le café brûlant et moi nous jaugeons nos forces
parfois je me dis retiens tes larmes vieux fou d'autres fois je pleure
ah qu’elle est bienvenue sur ma lèvre ensommeillée la première lampée
ils arrivent au sommet de la colline sans ombre ils s'approchent de la croix qui n'a pas de bras
j’ouvre le volet le soleil se lève à peine regard jusqu’au frisson un rayon de soleil entrouvre une pâquerette somnolant encore
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Paroles twittées
sur le kimono que vous portiez cette nuit s'accroche une étoile -esseulée dans le jardin une goutte de rosée
mon charmant voisin profite de l’heure en plus pour souffler les feuilles les ombres d’automne ne sont celles du printemps elles perdent leurs feuilles
quand il pense à elle il se souvient de l'été ce soir il frissonne
je cherche un gant de soie pour soigner ses blessures sans m’en mordre les doigts
maman disait-il j'ai si peur dans la nuit mais je suis là mon enfant lui répond la nuit
j’aurais voulu vous le dire avec des feuilles d’automne d’une aurore au crépuscule je n’ai que des mots
je rejoins l'orfèvre de cette nuit -- celui qui cisèle les rêves
le verger d’automne je longe les arbres nus et leurs branches noires le vent se lève il apporte du large un parfum de vous
sur mes doigts engourdis la nuit pose son eau l'eau glaciale du Styx mais résigné je rame je souffre mille morts pensait-il à haute voix une seule suffira lui murmure la nuit
le vent parle aux arbres il raconte ses voyages et les arbres tremblent je voudrais seulement poser ma main
la vie a tous les droits d'ailleurs entre elle et la mort tant qu'on parle et écrit c'est la vie qui gagne
29 octobre 2017
vous étiez mon orage la tempête du nord-ouest et les mers tropicales la flaque rêve encore
tu tournes sans cesse ce café sans lait sans sucre un café vertige
portée par le vent la nuit violente et cruelle déchire les feuilles
seconde gorgée le cœur se remet à battre tu ouvres les yeux
sombre déchirure dans la trame de l’automne les amours s’y perdent
cette heure de plus je l’ai déjà dépensée j’ai les mains percées
les feuilles murmurent elles implorent le vent de finir sa fable
par le vitre ouverte je deviner la couleur de l’oiseau qui chante
il suffit d’un rien parfois pour que la joie vienne éclairer la nuit
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Paroles twittées
un peu frais ce soir avec le vent la nuit joue un jeu sans chaleur
rives imaginées autour d’un lac de larmes les sables du temps
ma vie c'est-à-dire un gâteau brûlé au four de mes sentiments
sur ordre du vent les feuilles mortes s’alignent dans un beau désordre
je suis las je reste à l'ombre de mes désirs sans pouvoir bronzer
tintement de verre un rayon de soleil sur le jus d’orange
dans l'arbre agité un oiseau sans aile écoute le vent
un soleil humide éclabousse la terrasse — le jeu des saisons
main dans la main ils allaient vers des cieux sans lendemain seulement ils ne pensaient qu'à vivre au présent
ombre des glycines votre visage est bien pâle derrière l’ôgi auriez vous changé de fard ou bien l’avez-vous perdu
j'ai brûlé ma vie dans l'ardeur sentimentale de mon propre cœur
entre mille je reconnaîtrai le parfum du souvenir
hélas je découvre madame sur votre obi l'encre d'un poème et je ne l'ai pas reçu ma manche trempée de larmes
tout au bout du quai je regarde s’éloigner mon dernier espoir ne pas y laisser les dents il faut gravir les rochers sur les coudes les genoux surtout pas les dents
je garde de vous les mémorables instants que nous échangions votre kimono ouvert et mes yeux sur votre peau
une ombre discrète a traversé mon regard le passé s’efface
nuit bercée de vent offre-moi donc ce sommeil qui me bercera
30 octobre 2017
mon cœur rapiécé un patchwork d’amours déçues me tient chaud pourtant
ferveur du café avant même d’être bu il déride l’âme
petite lucarne je n’y vois que quelques feuilles la vie au travers
mes yeux dans le vague ne voient que la cafetière beauté matinale
déjà le soir les feuilles se diluent dans leurs propres ombres
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qu’il est loin le temps de la sauge et la lavande Il fait froid ce soir
31 octobre 2017 lentement je sors de ma bulle de sommeil parfum de café
une nuit épaisse couvre le lierre des murs de crissements louches
la mousse onctueuse dérive sur la mer noire d’un café épais
viens ma nuit raconte pose-toi sur mon épaule parle-moi d'espoir
un rayon de soleil traverse mes lunettes une larme coule
ils se sont tant embrassés que de leurs lèvres coula une fontaine de sang bleu comme la mer
au bout de la laisse une collier sans fermeture — longue promenade
devant l'éventail bombine une mouche noire que vous écartez si cela étaient mes lèvres auriez-vous agi ainsi
de ma chambre close j’écoute le bruit des vagues — vertige de l’amer la fleur à l’oreille que vous frôlez tendrement de quel clos vient-elle dans mon jardin il ne manque pas une seule pensée
feuille d'oranger à l'ombre du limonier un amour acide mon cœur bat encore bat le branle et la chamade tout va bien il bat
ne penser à rien est rude alors que penser au néant est si simple
tout au long de ce long fleuve doigts emmêlés ils progressent vers le delta ensablé ils sont faits de sel
ils se sourient puis s’étreignent longuement passionnément sur la falaise de grès et ensuite ils plongent
se souvenir de ses rêves est un privilège étrange quand ils se réalisent
où allons nous mon cœur toi qui bat sans cadence et moi qui boite à chaque pas le trou est-il déjà creusé
cette nuit j'ai froid il faut que le thermomètre ait le moral bien bas
il a déboulé rayant l’écorce des pins le soir ricanant
petite sœur laisse moi poser sur ton front mes lèvres nostalgiques
la soirée devine que je n’ai rien à dire elle fait la tête
la nuit poétique pose dans mon cœur transi des rimes ardentes
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Paroles twittées
l’écran me regarde oh presque rien me dit-il tu t’es mal rasé
nuit douce et légère que vont traverser vos rêves sommeil chaleureux
la nuit se renforce chaque jour est grignoté comme une biscotte
01 novembre 2017 je sens son arôme jusqu’aux trilles de l’oiseau au bord de la tasse
du haut de son arbre un grand oiseau invisible domine le monde
première gorgée et tous les sens se réveillent vite une seconde
la nuit me malmène je crois qu’elle veut ma peau j’ai un pull de laine
la buée de la nuit en volutes s’évapore soleil sur la table
sobrement j’explique à ce papillon de nuit que je lis un livre
le jardin humide de la rosée de l’aube a toujours aussi soif
petite sœur laisse ta main sur la mienne et le monde redeviendra bleu
j’ai un cœur grand comme ça dit-il — et il en sort sa voiture
une nuit sans étoiles la lune est déjà passée mon cœur se serre
j’aime bien les ombres on peut leur faire confiance les ombres sont franches
l'étau d'un frisson empoisonne mes membres j'ai mal de son mal
rayon de soleil au dos de ma main ridée tout un paysage
la nuit est bruyante elle se tord de rire de me voir en souci
la poudre de riz sur la manche du rônin on pourrait le suivre chacun sait pourtant qu’il sort d’une closerie sans maître
ils ont marché longtemps le long de la crevasse ils retenaient leurs dents pour que rien ne s'efface
c’est déjà le soir j’ai traversé la journée à manger la nuit
rouge de vos lèvres balayé sur votre joue et vos dents scintillent dans quel fruit à la chair tendre ont-elles laissé l'empreinte
au dos de ma main le crayon dessine l’ombre d’un poème frêle
mon chat me fait de l'ombre dans les bras de ma blonde il ronronne encore
la nuit me submerge cascade de souvenirs aussi vieux que moi
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Paroles twittées
petite sœur sèche tes larmes le soleil se lève quelque part
j’ouvre le volet un vol de ramiers traverse mon regard de brume
claquement de drisses quand le vent joue dans les cordes la chanson des ports
l’ordre est rétabli je m’avance d’un pas sûr vers la cafetière
courir sur la plage la tête dans les nuages un rêve d'enfance
sur le mur les ombres palpitent encore un peu — flou des ombres folles
je voulais traverser la vie sur mon tricycle d'enfant
la mer et son sel broient mes bronches insolubles respirer enfin
au bord du précipice il se raccroche encore à un brin de tendresse
j’ai le cœur en larmes de mes yeux sourd une plainte comme un sang vermeil
le ciel bleu de nuit vient couvrir mon horizon de pensées sauvages
d’un sommeil chimique émerge enfin mon esprit mon corps se rendort
sans penser à mal elle glanait du blé mûr dans le champ de Booz
la pluie se fait attendre même les nuages dans le ciel s’impatientent
dans la nuit secrète un phénix a fait son nid demain va renaitre
petite sœur viens prends mon manteau si tu as trop froid
ils ont couru sur les pentes du volcan en éruption ils en ont mangé la lave le cœur en fusion
sur les ailes du soir les fleurs se sont refermées pour rêver du jour
je suis un fugitif je fuis à travers la nuit l'opprobre des jours
musique de l’âtre odeur de bûche brulée les pieds dans le soir
02 novembre 2017
soirée sous la lampe lumière voilée par l’aile d’un papillon
soudain le café libère un parfum d’Afrique soleil sur la tasse
à la branche obscure elle pend frileuse encore la dernière feuille
surtout ne rien perdre et je bois à la soucoupe le café versé
se moquant des hommes cahin-caha elle tourne la terre meurtrie
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Paroles twittées
d'un bout de cœur qu'ils échangent ils ont fait un papillon qui s'en va raccommoder un cœur écorché marchant lentement
03 novembre 2017 descente en douceur chaque marche me rapproche de la cafetière une mousse beige sur le café qui embaume plaisir décuplé
sur son cœur elle a gardé son poème écrit dans son cœur elle conserve le poème de ses mains
temps mélancolique mais un surprenant novembre sans même une larme
il se souvient d'un jardin qui souriait les matins des chants d'amour des loriots juste avant l'été
une brume chaude se promène dans ma tête — vapeur de mémoire
ils ont crié si fort que l'écho s'en souvient
petite sœur le vent vient de la mer sens-tu la respiration du sel
tout le long du fleuve ils ont laissé s'incruster des traces de joie
quand je jouais aux billes j’aimais bien les agates couleur de ses yeux
nuit calme et sereine les rêves montent la tente j'attends le sommeil
le soir tape à la vitre pourquoi vient-il si vite démanger mon cœur
gardez-vous de celles et ceux à qui les mots obéissent d'elles et d'eux ne restera jamais que des mots
la nuit déjà recouvre le jardin assoiffé — je rêve de pluie
nuit sans étoiles la constellation de l'ange a perdu le nord
je compte les nuits qui me sépare du jour mais je ne sais lequel
je me sens faiblir mon cœur ne bat plus pour moi il danse pour vous
que de bavardages pour éviter l’essentiel que de temps perdu
petite sœur appuie-toi sur mon bras j'ai encore de la vigueur
on a vu au large deux éclairs frapper les vagues -un signe de pluie
on rencontre parfois des êtres de lumière que le soleil occulte mais la nuit leur lueur est un phare espéré
mon cœur frappe fort il serait même violent si on le caresse
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Paroles twittées
la nuit s'obscurcit d'épais nuages lourds sombrent dans les plis du ciel
il va où le vent le hale depuis le sable caressant jusqu'aux falaises acérées
je n'arrive pas surtout ne m'en veuillez pas a dompter le "tu"
sous la couette le sommeil sans rêve me recueille j'ai bu ma tisane
petite sœur si tu as peur de la nuit mon cœur est lumière
un matin je me lèverai serein sans poids sur le cœur j'aurai effacé l'ombre des anciens jours et je ne saurai ni comment ni pourquoi mais ce sera ainsi
la nuit prend ma main elle me conduit vers la porte d'un sommeil qui chancelle
04 novembre 2017
petite sœur endors-toi d’un sommeil d'arcs-en-ciel demain sera bleu
rituel animal la dosette bien choisie dans son logement
sur le bord du précipice leurs sueurs se sont mêlées dans les vagues argentées d'un vieux ciel complice
viennent les arômes avec un bruit de compresseur je dessille un œil un ciel de drap blanc plissé et mal lessivé frôle les collines
le vieux fou radote il dit à qui veut l'entendre qu'il a dix-sept ans mais les ans vieux fou oublieux pour toi n'ont plus de lumière
ouvrant le volet j’ai écrasé une fleur la dernière peut-être
je vais vers la fin la pourriture a déjà mâchouillé mes tripes
des ombres sauvages surgies d’on ne sait quel soleil dansent dans mes yeux
la vie m'incommode j'en ai assez de marcher avec ce caillou incrusté dans ma chaussure je voudrais pouvoir voler
j’ai froid en moi plus de feu plus de braise j’ai froid il faut souffrir sans fuite les jeux de maux me gonflent
je suis un être lunaire comme elle la lune j'ai des phases d'incandescence et d'autres d'épaisses ténèbres mais je suis là toujours caressant la nuit
quelques gouttes ont humecté les carreaux -mes yeux restent secs
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Paroles twittées
les sentiments doivent s'exprimer courtement et courtoisement quand tu dis je t'aime c'est déjà trop long
petite sœur tu joues dans le soleil et le vent et tu ris petite sœur filtrant sous la porte comme une goule assoiffée la soirée m’égorge
les ronces de la haie commencent à sécher elles percent mon cœur d'épines noires
la nuit me murmure la couleur du crépuscule l’aurore me manque comme bien souvent l’orage sera trop fort — une peur d’enfant
ma vie ronge son frein elle piaffe dans les logerons mais quelle force obscure la retient si loin du pré de pissenlits
juste un peu de vent un ciel à peine grisé l'orage s'approche
minuit il fait doux pour novembre l'orage se fait attendre
je n'aurais pas dû croire que j'étais guéri maintenant je tremble
petite sœur quand tu souris mes larmes sourient aussi
petite sœur viens viens sous mon épaule ton cœur se rassure
il arrive au galop de ses sabots sur le ciel de granit pleuvent des étincelles
un soir sans tempête ces tremblements ce ne sont que l'oubli du corps
le marteau de Thor sur le gong des cieux
traverser la nuit sur une barque taillée dans le tronc d'un rêve
le vent s'est levé les premières gouttes traversent l'auvent j'ai peur je serre les dents
les derniers glands tombent dans le vent illuminé précédant l'orage
petite sœur bouche toi les oreilles le tonnerre n'est que le cri de la mer qui t'aime
le vieux fou dérive il n'écope même plus de l'eau jusqu'au cœur
dormir pourquoi dormir la nuit me rend courage pour affronter le jour
ils allaient main dans la main sur le chemin de douanier certains de ne pas devoir montrer leurs papiers
dans l'imprimante je mettrai mon cœur pulvérisé dans la cartouche noire
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Paroles twittées
un halo enrobe la lune malgré le vent la brume vole haut
05 novembre 2017 plus qu’un centimètre entre la tasse et mes lèvres — enfin je me lance
abrité du vent l'auvent devient mon refuge sous la lune fourbe
retenue par la mousse la vapeur et l’arôme hésitent encore
les feuilles se plaignent amèrement des rafales leurs cris me saignent
rouges les feuilles du cerisier en souvenir du printemps
un ballet de feuilles virevoltant dans le vent -ému jusqu'aux larmes
novembre et la brume j’ai rabattu le volet mon cœur était nu
au bord du quai en silence ils crient leur détresse amère de devoir se séparer -un sifflet de train
sable entre les cils je décide tout de même d’ouvrir à la brume petite sœur l’orage n’était si fort tu n’as pas eu peur
il est celui qui n'attend plus celui dont la grande patience égare toute résistance éperdu dans son coeur reclus
le vent se réveille il effacera la pluie d’un seul coup d’éponge
la nuit secouée comme un linge qu'on lessive hurle entre les troncs
journée emmitouflée le vent rugit sous les portes mais la flamme est vive
petite soeur n'aie pas peur de mes mots mes mots ont compris et te protègent
le vent tient du soir l’irrésistible assurance d’entrer sans frapper
elle lui a dit tu es bien trop impulsif je viendrai à l'aube -à la porte du levant impatiemment il attend
regardant vers l’est mon jardin tourne le dos au fier crépuscule
avec l'arrête de la nuit les étoiles ont coupé le ciel en milliers d'éclats de verre
il me reste un ongle je le garde pour demain — un os à ronger
le sommeil me gagne la nuit ne les retient plus cauchemars ou rêves
petite sœur rentre il fait froid prends un pull de laine sur mon étagère
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Paroles twittées
le vent est entré dans ma tête. une seule certitude: il se calmera et j'aurai un rhume !
petite sœur reste dans la lumière ne t’enfuis pas à l’intérieur de toi
06 novembre 2017
la nuit déjà glisse sous les portes de l’ennui je lis des haïkus
tête pleine encore de rêves de vent d’orage l’arôme me guide
je reste sans voix en pensant que demain encore je devrais respirer
j’ai soufflé la mouse d’un coup de langue j’efface le corps du délit
en face de moi la lune me regarde fière de son halo d'argent
des monceaux de feuilles chaque recoin est jaloux d’un autre recoin
une nuit qu'ils étaient blottis dans leur ivresse ils écoutaient l'été se disant rien ne cesse
regain de tension le vent s’est allié au froid café ma seule arme
couvert sous l'auvent je sens le froid qui s'éloigne de mon cœur content
la tête un peu lourde d’avoir tutoyé du rhum je rince ma tasse
sur le bord de leurs sourire un papillon s'est posé et de ses ailes fragiles il offrit l'espoir
je fais un aveu le vent me sert d’alibi pour écrire haïkus
les mains dans les poches à cause de la nuit froide j'écris des haïkus
petite sœur ne laisse pas entrer le froid garde ton cœur bien chaud entre ses mains
il voudrait tant qu'elle n'oublie jamais ce que par hasard ils furent
à travers la vitre je contemple ce jour froid sans mélancolie je me dis en souriant un pas de plus vers l’été
petite sœur prends ma main elle est froide je sais la chaleur est ailleurs
mon chat est entré par la petite lucarne le poil plein de soir
du jet d'un galet je compte les ricochets je les compte encore
parfois sous la lampe dans la lumière fanée mon cœur se chiffonne
le vent a cessé et il ne fait pas si froid la nuit me respire
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une nuit brumeuse m'accompagnera le long du chemin des rêves
novembre frissonne sentir l’hiver approcher penser aux kleenex
un dernier pour la route qui longe le sommeil
dans mon cœur de laine de vieux poèmes frileux ont trouvé refuge
je reste charpentier je ne vois pas l'intérêt de changer de toiture ça c'est clair
quand le fauteuil grince cahier fermé encre sèche il est temps pour moi d’aller nourrir les démons qui vont peindre mon sommeil
tu te prends une balle en plein cœur tu te dis c'est rien ça va passer finalement toute ta vie s'infecte
un monde rêvé entre les bras de la nuit est un monde unique
parfois submergé par une vague à l'âme je prends mon masque et mon tuba je n'oublie que les palmes
certains par ici plongeraient dans la piscine moi, j’ai mis des gants
07 novembre 2017
le ciel n’est pas bleu ! il est bleu ! mais comment dire ? la mine est cassée
odeur familière du café de Colombie quand j’ouvre boite
sans pluie et sans vent les arbres sont résignés à passer l’hiver
sans bouger je reste hypnotisé par sa mousse et par son arôme
petite sœur même ici l’hiver est rude essuie ton visage les embruns salés ne sont pas des larmes
le vent les brasse le vent les embrase et les mots se mêlent
il est arrivé il a posé sa fatigue le soir de novembre
d’une plume lourde que je tempe dans ma chair j’écris à mon âme
j’ai éclairé la terrasse pour que je puisse compter les étoiles dans les yeux d’un chat amoureux
petite sœur continue à marcher avec ton sourire d’enfant ce n’est plus très loin
souffle sur mon cœur où quelques braises rougeoient pour le ranimer
mille et une fois j’ai fait le tour de la terre sans quitter mon lit
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des hommes ils ont voulu l'enchaîner et il s'est déchaîné
la sortant de l’eau je sauve une feuille morte il était trop tard
j'ai besoin d'un rêve je vais voir si sous la couette un n'y serait pas
la nuit est trop froide elle le prend trop de haut pas d’auvent ce soir
08 novembre 2017
assis sous l'auvent et le regard de la lune de travers narquoise
la tasse est brûlante j’ai trop besoin du café valse hésitation
il ne fait pas si froid toutefois j'ai bien couvert mon cœur de chiffon
la satisfaction brute du premier café le second se pèse
petite sœur la lune garde ses secrets pour les âmes de pierre à toi elle les confie
le soleil embrase la brume de la vallée — j’échange un sourire
passée sur l'auvent à présent la lune ignore ce que je lui cache
il sourit aujourd’hui novembre le ténébreux — il sourit à qui ?
dans la nuit effarouchée il n'ont plus peur de parler lui de l'avenir certain et elle d'amour
j’ai le cul dans les chaussettes depuis que je donne des graines aux pigeons le soleil frileux que les nuages dépassent se voile la face
étoiles poussière de lune veillez bien mon cœur comme je veille sur celui de celle au regard meurtri
depuis les jours passent dans la froide indifférence de ma nuit intime
le train de nuit freine brutalement les rails crissent sur le ballast sombre les portes se sont ouvertes pour laisser entrer la nuit
le jardin ne sait plus où je peux poser mes yeux feuilles et branches sèches
je courais dans des rues aux odeurs de cuisines étranges les gens avaient des visages aux multiples couleurs et ils me souriaient j'étais un enfant étrange
petite sœur viens prendre un verre avec moi nous trinquerons à un soleil éternel j’ai atteint l’âge où croire est une folie quel vieux fou je fais !
il y a longtemps de cela le vent était docile il mangeait dans la main
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je viens de relire papillon des cancéreux -c’est grave docteur ?
je laisse la nuit discuter avec la lune un rêve m'attend
heure nostalgique où le passé devant moi se joue de mes doigts
Ô ma nuit secrète coiffe mes rêves de soie berce-moi d'absence
le soir voulait entrer je l’ai laissé à la porte garder la maison
petite sœur laisse-moi border les draps dans lesquels tes rêves auront un goût du miel saveur d'automne
si j’étais un paysage je serais sec et crayeux aucune eau aucun nuage dans un ciel de feu
ils ont traversé les portes ils se sont aventurés sur les ponts sans garde-fous qui mènent au cri
j'ai laissé l'auvent où la nuit m'accompagnait en pâture au froid
le vent a soufflé la chandelle je reste dans la nuit à supplier mes rêves
petite sœur donne-moi ton fardeau je le porterai un bout de chemin et toi tu courras jusqu'au bout de ta vie
sur sa vielle cuisinière à charbon ma grand-mère laissait cuire les tripes longtemps à petit feu les miennes déjà cuites je les parfume au rhum d'Antigua je m'achève à feu doux
dans le vieux fauteuil sous la lampe du salon les mots sont plus lents
09 novembre 2017
dans ma tête il y a des trous des trous de toutes les formes certains sont bleus avec des reflets de colline d'autre sont malins comme une rame de galère ce sont des trous sans vergogne mais hélas pour mes souvenirs ce sont des trous de mémoire
contre la soucoupe je fais tinter la cuillère qui ne sert à rien ni sucre ni lait juste la chaleur l’arôme et ce goût d’ailleurs soleil dans l’air froid mes joues rougies de joie larmes dans les yeux
la lune se hisse dans les strates de nuages elle se prend pour Saturne et dévore la nuit tout à coup c'est un cœur si brillant qu'il transperce mon cœur qui dégouline de tendresse
petite sœur va rejoindre tes amis faites voler les feuilles de platanes de vos rires d’enfants
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Paroles twittées
mon cœur est si grand qu’il faut du monde dedans pour le défroisser
je prendrai le temps d’un signe de main de sourire aux fossoyeurs
il n’est pas en moi le froid ne me quitte pas le froid c’est moi
toujours aussi lunaire ce soir j’ai la tête gibbeuse
je suis d’un pays qui ne veux pas de moi ce pays de gens plats qui ne peuvent entendre des mots sucrés ou salés des mots amers ou aigres des mots durs des mots doux des mot de tendresse et d’amour prononcés par des êtres qui comme moi sont une ombre déjà
Elle dormait encore : sa respiration embuait le monde et ses courbes frangeaient les galaxies. Je tutoyais l’univers ! j’aimerai me lever avant l’aube pour l’entendre chanter même sous la lampe je sens la nuit sur ma peau qui me déchire
viens petite sœur viens t’asseoir près de moi en face si tu préfères je te sers un verre et ensemble nous rions comme des embruns
retour sous l'auvent où la nuit douce m'attend avec nos silences petite sœur prends bien garde à tes mots comme une lame affûtée ils peuvent blesser qui ne sait les entendre
mais où serais-je sans toit ? je suis le chemin pente douce vers le fleuve qui m’emportera
la nuit me libère du joug des jours étouffants je respire enfin
bref après-midi le soir essaie de passer devant tout le monde
sur l'aile du vent ils volaient plein d'espérance dans les lendemains
au pied du cerisier un tapis de feuilles pourpres comme un bain de sang
la nuit pour amie je n'ai crainte de personne je ferme les yeux
à travers la lucarne je vois un bout de couchant qui soudain s’embrase petite sœur le soir tombe ne reste pas dehors au milieu des ombres menaçantes entre dans la chaude lumière
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ils couraient à perdre haleine sur le sable entre les vagues ils riaient entre leurs rires enfin ils s'embrassent
Paroles twittées
des grains de poussière virevoltent dans mes yeux des larmes de joie
le soleil m’invite à partir en promenade en suivant mon chat
j'ai pour vous madame l'affection la plus profonde on s'y tromperait non ce n'est pas de l'amour ça n'a pas de nom je crois
les rayons du soleil découpent l’air frais en tranches de froid chaleureux soleil de novembre il libère sur le thym un parfum d'été
j'étais un enfant timide si timide que je n'osais dire à mon ombre de ne plus me suivre c'est moi qui finalement l'ai reconduite dans les ténèbres
petite sœur viens t’asseoir au soleil laisse-le pénétrer ta peau et sécher ces larmes je te regarde et te souris
étrange fatigue mon corps ne peux plus marcher mon esprit bouillonne
rentré de balade presque je transpirerais surprenant novembre
dans mon coffre à jouets il y avait des avions et des soldats de plomb de l'espoir et des rêves et de l'amour aussi je ne sais plus dans quel grenier il s'empoussière ce coffre aux merveilles je n'ai conservé que des illusions
Elle en a assez de moi. Moi, je n’ai pas assez d’ailes et plus jamais je ne volerai dans le ciel de ses yeux. je reste là absent assis sur ce banc à contempler sans les voir les feuilles mortes et les pigeons auxquels je lance des graines je reste là absent laissant frotter mes chaussures me balançant parfois comme le vieux fêlé aux souvenirs sonnant comme un battant de cloche
je viens de rentrer une couette emplie de rêves attend mon sommeil
10 novembre 2017
j’ai vaincu deux cancers et la reine des orties maintenant quand je passe précédé de mon chat tous les buissons s’inclinent je leur pisse dessus
première gorgée et la mousse en même temps la langue s’échauffe main droite dans l’anse main gauche sous la soucoupe droit contre le mur
les feuilles jaunissent quand toutes seront à terre ce sera le printemps
quand je l’ai surpris il était sous la colline à enflammer le ciel
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Paroles twittées
le vent est tombé la feuille morte a cessé son lent frisson froid
j’avais tout préparé l’eau coulait déjà chaude dans la baignoire
dans l’ombre des feuilles de branche en branche il se glisse l’écureuil curieux
11 novembre 2017 cuisine éclairée toute la maison espère l’odeur du café
c’est l’heure où le chat s’élance sur la toiture compter les étoiles
les volutes vibrent devant mes yeux clos encore café sortilège
un soir de novembre sous la lampe sans lumière je range mon âme
sur la terrasse les feuilles mortes manifestent contre le balai
petite sœur ce vent froid de novembre il ne durera pas souffle sur tes mains pour les réchauffer
un ciel de novembre hésitant et malhabile gauchit ma carcasse
l’ordre règne enfin dans mon cœur si malmené les mots le réchauffent
un petit vent pince la brume dans la vallée le cœur tressaute
ils marchaient tous deux leurs épaules se touchaient leurs mains se frôlaient sur la rive de ce temps qui un jour serait le leur
petite sœur ne te perds pas dans la foule anonyme sais-tu encore qui tu es heureusement je te garde en mémoire
je ne rêvais pas de voyage je rêvais seulement de bateaux sans horizon c’est à peine si j’avais l’âge qu’on dit de raison parfois le destin ment
court le vent d’automne il remonte la vallée jusqu’aux premières neiges d’un doigt mélancolique je raye la poussière de mon cœur je souffle sur la surface froissée et des étoiles aux mille couleurs gambadent à la lueur pâle de la lampe je veille aux grains je leurs souris puis la poussière retombe et je redeviens un clown triste
l’auvent déserté même le vent s’est calmé je rêve mon rhum petite sœur rêve de silence dans ta nuit troublée loin de toi je demeure mais je suis avec toi le lit me regarde viendra-t-il viendra-t-il pas c’est bien sa question
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Paroles twittées
sur un radeau de papier je traverse mes ombres j’essaie de ne pas sombrer tous les jours je rajoute une feuille au radeau de papier espérant trouver des mots qui volent pour ne pas sombrer mais chaque jour j’arrache une feuille au calendrier
qu’il batte mon cœur qu’il me dise que je vis avancer toujours où nous allons nous le savons tous ! mais comment ? j’ai le cœur si gros c’est comme une montgolfière prête à s’écraser sous l’avent la nuit m’a suivi en plein jour
ils passaient entre les corps comme si c’était des arbres ils effaçaient les troncs sombres de lumière intense
marcher sur des allées où craquent les feuilles mortes le bonheur rayonne par tous les pores on ne pense qu’à l’autre et à soi, ensemble ! mais en piétinant des feuilles mortes
ma nuit douce nuit tu me prends dans tes filets comme un papillon les ailes brûlées par de vieilles étoiles j’ai perdu le ciel
petite sœur il se fait tard et le vent souffle fort referme tes pétales souffle sur tes doigts et rentre à l’abri
sous l’auvent de tuiles je déchiffre les voyages d’un vent prétentieux au bout de la nuit le sommeil me conduira vers l’aube promise
ne voir que le soir à travers la vitre sale le soir qu’on héberge
avec les fleurs de l’océan j’ai sculpté un amour sauvage un amour de sel et de piment rouge comme un désert de sable sur les rochers sous la falaise les vagues l’ont léché puis l’ont couvert de tempête si ton regard se penche tu verras une plage la mer salée et une tache de sang
tombé des étoiles un petit grain de poussière illumine mon cœur le froid m’a saisi je n’aurais pas dû revoir ces vieilles photos la nuit bien ancrée dans le silence des arbres je retiens mon souffle
mon sang est une ancre arrimée au fond du vide j'écris mon néant
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Paroles twittées
dans ma tête le vent me raconte des histoires à dormir debout une fois me dit-il il est parti avec la caissière du supermarché et la caisse bien sûr au casino ils ont tout misé et perdu bien sûr il s'est enfui et elle a retrouvé sa caisse
elles se chamaillent pour je ne sais vraiment quoi deux pies dans le pré des feuilles désespérées elles sentent la mort proche elles jaunissent d’effroi sous un ciel hautain depuis la terrasse on voit le ciel plein de vent le soleil aussi depuis cet auvent que je chéris tant la nuit les nuages passent
je suis paresseux je m'achève lentement une clope après l'autre un rhum après l'autre
d'encre et de papier le corps écrit du poème cherche une âme sœur
12 novembre 2017
petite sœur déjà les ombres sont dissoutes la lumière ne joue plus dans le vent rentre au chaud dans ton cœur
somnambule en mode automatique je fonce droit vers le café la tasse posée coup de langue sur les lèvres j’efface la nuit
tout à l’heure à travers la petite lucarne par où le soleil se couche dans les reflets de feu d’un vent crépusculaire la poussière du soleil avait pris la forme d’une belle gitane et elle dansait elle dansait
petite sœur la nuit s’est retirée comme la mer au loin laissant la plage nue va court sur le sable j’ai des cartons pleins de feuillets des brouillons souvent malpropres des cahiers un peu plus soignés depuis le temps… … ce que je poste pourtant est presque toujours spontané
le soir sans couleur laisse place à la nuit noire je me vois en gris j’étais assis sur le banc celui qui est sous les chênes un tout petit coup de vent et l’averse se déchaine déluge de feuilles mortes mistral que le vent t’emporte
ah ce vent encore qui joue dans les feuilles mortes sans aucun respect
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Paroles twittées
13 novembre 2017
je fixe l’écran ce soir il reste muet je n’ai rien à dire
odeur de café petit à petit le jour efface la nuit
je retiens l’espoir serré contre ma poitrine — un oiseau blessé
la marée des sens son arôme sa chaleur et son goût enfin
le vent se renforce je voudrais bien lui parler mais les tuiles grincent
Il voyait la dernière borne quand elle l’a secoué Tout à coup pour lui elle était l’espoir dans un sourire Il l’a aimée comme on ne peut qu’aimer son enfance Hélas la nuit tombait déjà sur son crépuscule Sans regret il ne l’a pas retenue quand elle a enfourché l’avenir
vous voyez au fond de cette noire caverne deux cœurs ont brûlé des escarbilles frôlent son visage parfois il jette une branche dans le feu qu’il attise avec son arme sur l’écran de la nuit son visage brille il laisse son esprit ouvert aux démons soudain seppuku mais le tantô ne rencontre que le vide bien avant cela il était un spectre déjà
le vent violent trousse la jupe pudique des pâquerettes neige à la télé les programmes sont figés et l’antenne abdique pensive attentive ? entre la lucarne et moi flotte la poussière
déjà ils progressent sur la route qui conduit aux clameurs des sens
si tu es si belle âme si mal située mais aussi tuée
je suis un vieux fou qui crois qu’un adolescent danse dans sa tête
petite sœur le vent qui tourne dans ma tête ne m’éloigne pas je resterai à portée de main
plutôt que d’écrire des mots sans le moindre sens je lirai des poèmes petite sœur ne laisse pas entrer la nuit dans ton cœur fais un rempart de tes rêves de loin je veille ton sommeil
un ciel bleu lavande les nuages torturées s’enfuient vers la mer
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de ne pas perdre l’équilibre sur le fil du rasoir
je pèse mon cœur sans régime cependant il se fait moins lourd
la nuit est profonde le vent qui grogne à la porte n’atteint pas le fond
fiers les papillons ont déserté mes entrailles le vent les déchire
j’ai rejoint la couette j’irai où la nuit me mène sans doute demain
petite sœur entre toi et le vent je riverai mon corps il est bien assez grand pour le détourner de l’onde de tes cheveux
Peu à peu je me rature je m'efface de la page froissée qu'a été la vie Des regrets ? qui n'en a pas ? Mais je laisse en pâture les fleurs qui ont poussé sur mon cœur à celles et ceux que j'ai aimés jusqu'à perdre mon âme Je ne souffre plus mais je pleure
vous me voyez tel que je ne suis pas Oseriez-vous taper sur l’épaule d’un obèse qui transpire au moindre rayon qui fuit de ses cancers Oseriez vous ? Oseriez vous ! dites franchement oseriez-vous ? oseriez-vous l’appeler votre ami ?
d'un grain de poussière que j'imagine d'étoile une amie me veille
porté par le vent j’ai modelé les nuages pour qu’ils te ressemblent
un voile de nuit un voile sur les jours sombres les yeux grands ouverts
voleur de haïku que reste-t-il dans tes mains un fétu de vent
14 novembre 2017 mon café ressource tu génères en moi la force de rouvrir les yeux
un éclat de nuit s’est faufilé dans mon cœur à peine un peu de gris
la tasse lavée je le regrette déjà je m’en fais un autre
j’ai passé ma vie sur le fil du rasoir entre le clair et l’obscur entre deux battements d’un cœur rougeoyant J’ai aimé follement on m’a aimé Il est temps de choisir entre clair et obscur en prenant soin
une nuit douteuse mais le soleil m’a souri en poussant le volet rester un moment dans le vent et le soleil des frissons de joie
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jamais eu de chance j’ai crevé sur l’autoroute qui mène vers toi
ça fait tic-tac, tic-tac. je me balance Le sablier se vide et le temps s’en balance
je traine mon ombre heureusement le mistral m’aide à la porter
sous l’auvent glacial j’allume une cigarette — elle a mauvais goût
sur la table on trouve quelques feuillets griffonnés des traces de cœur
je n’ai pas changé et je reste ce vieux fou de dix sept ans
je bois le soleil et ”cueille le jour présent“ vivre au jour le jour
petite sœur ne laisse pas pourrir les heures il en reste si peu dans ma corbeille Mords à pleines dents mange-les ne laisse pas pourrir les heures
de l’ouest sont venues les grandes marées montantes je perds tout mon sable viens petite sœur mets tes mains dans les miennes je vais les réchauffer je soufflerai dessus et tu n’auras plus froid
sous les arbres nus ils marchent sur le chemin de terre spongieuse plus le moindre bruit la nuit a figé le vent un vrai temps de couette
mon corps se désarme j’ai dans la tête un goût de froid du vent sur la peau
d’une rive à l’autre de ce gouffre il y avait tellement d’années
le soir est tombé la lampe manque de force les mots se diluent
assis sous l’auvent le vent me rappelle encore que je suis vivant
me reste ce goût d’un été qui s’est perdu au bout de la langue
15 novembre 2017
je me balance dans le fauteuil qui grince qui grince Ma tête est vide et si lourde aussi les mots se noient dans un flux de pensées toujours inachevées je me balance je me balance Dans ma tête
j’ai si mal dormi le café me semble amer — au moins il est chaud infernal ce rhume il m’a même dérobé le goût du café
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je ne change pas je suis resté ce vieux fou de dix sept syllabes d’un bleu si intense que la mer en est jalouse le ciel dans mes yeux
ou qu’on t’a ignorées tu souris ironique un mec t’a dit qu’il ne fallait jamais regretter jamais s’il savait que tu es une montagne de regrets
Garlaban somnole derrière ce trop grand pin il soutient le ciel
bips du micro-onde n’oublions pas de manger avant la fin du monde
petite sœur ris dans la lumière ris dans l’ombre fragile des arbres d’automne ris à la vie au soleil dans tes yeux
la soirée s’étale confiture de regrets sur le temps passé petite sœur la nuit est tombée sur ton cœur n’oublie pas qu’elle te rapproche de l’aube
En tant que garçon, son cœur était trop grand, avec sagesse, il l'a remplacé par celui d’un colibri.
sous l’auvent la nuit a pris possession du froid brillant des étoiles
Quand il est anxieux, je le nourris de nectar et de mots sucrés. [Selkie Malka]
corbeille remplie — j’ai jeté tous les poèmes qu’elle aurait pu lire
je remplis mon verre la terrasse est inondée — soleil de midi
j’ai le cœur fané — le printemps est loin encore pour qu’il refleurisse
j’écoute surpris des oisillons en novembre — que je suis naïf !
dans mon ventre ils sont morts les papillons de nuit que je chérissais
quand la nuit tombe petite sœur il ne faut pas hésiter à ranger tes pensées dans le coffre des souvenirs
sur le pont de leurs soupirs ils traversent sans frayeur sûrs d’eux ils le sont autant que leurs doigts mêles je n’ai pas sommeil je vais faire ce qu’il faut pour passer la nuit
tu erres dans ta tête entre tes souvenirs et un milliards de regrets de mains tendues que tu n’as pas pu prendre que tu n’a pas su tendre
vous aviez si soif mais vous vous êtes abreuvée dans des graviers secs
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Paroles twittées
ne cours pas si vite dans les escaliers
16 novembre 2017 assis sur la chaise je surveille impatiemment la première tasse
dans le sel des larmes il y a toute une vie de rires de peines
enfin cet arôme à tomber le cul par terre — je me précipite
Vous avez tiré des rires d’un puits de larmes secrètes. Et de là vient un son elfique — moqueur et doux
un ciel sans nuage pas la moindre humidité un désert de froid
la nuit irradie de déceptions et d’espoir — des vieux souvenirs
dans ma tête vide deux neurones se disputent des parts de marché
mon cœur où est-il dans quel tourbillon amer essaie-t-il de battre
petite sœur couvre bien tes doigts pour qu’ils ne soient pas froids quand tu toucheras son cœur
sur la voile noire d’un ciel encore plus sombre avec les galaxies froides j’ai piqué comme un couturier la constellation de l’ange un ange qui penche la tête son aile droite tandis que la gauche s’étend vers l’horizon Cet ange d’étoiles a fini par se noyer
le froid est vivant venu brusquement du nord il m’a pris la main je regarde la montagne que je n’ai pas su franchir aujourd’hui elle est en plein soleil et se moque de moi C’était à peine la fin de l’été quand j’ai pensé à ses chemins Je n’avais rien oublié Aujourd’hui elle a mis l’automne entre nous
dans la vallée sombre glisse un serpent de bitume qui mange la nuit au bout de ce monde y a-t-il un autre monde encore plus sombre ? un bruit court comme quoi je serais guéri de ma folie vous y croyez vous ? dites-moi vous n’avez rien entendu ! je ne sais pas alors je cours pour le rattraper
entre mes pensées et la lampe sans chaleur le soir s’interpose petite sœur fait bien attention les marches sont hautes et la lumière faible
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Paroles twittées
J’ai rêvé d’un vent doux comme une caresse il gonflerai la voile d’un navire sans fin qui me conduirait entre les étoiles, ces récifs du ciel, vers le port abandonné J’y retrouverai cet enfant qui me ressemble et qui était moi J’ai rêvé du vent
avec cette lenteur qui rend le monde vivable je prends sa chaleur jusqu'à la dernière gorgée après gorgée il me réconforte Pour eux il était un meuble utilitaire, lui si silencieux. Lui aurait préféré être leur sujet de conversation valorisé, lui si inutile.
lassé de mes souvenirs je les mets dans la remise car maintenant sans surprise il est temps d’aller dormir
Adam avait 11 ans. Dans une cabine téléphonique aujourd'hui, il a roulé le cordon autour de son cou
je suis un gardien de phare je plonge mon regard dans l'inconnu salé pour tenter de préserver du raz de marée celle que j'ai aimée
Il s’est assis Et il est mort. [Selkie Malka]
la lumière caresse ma peau usée et dessille mes yeux fatigués
petite sœur la nuit te protège des vent et du bruit je suis là près de la porte à chasser les grincements des rêves
petite sœur au bord du quai je te vois si joyeuse heureuse de l’air salé je resterai loin pour ne pas te déranger mais quelque part dans un repli de ton cœur je serai là
personne ne peut l'aimer il est trop gris trop sombre il rayonne oui mais de suie de salpêtre et d'ennuie il le sait et s'en moque lui ne s'est jamais aimé il attend il attend sans impatience mais dans l'anxiété celle qui aime vraiment les enfants dont elle est grosse
je fixe mon ombre sur les carreaux poussiéreux elle tremble un peu grains du sablier ils s’écoulent entre mes doigts — toute l’eau est bue sous sa peau fragile un manteau d’Arlequin ouvert sur le vide
17 novembre 2017
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Paroles twittées
mon cerveau grésille — le soir venu je m’éveille des fourmis dans le crâne
chaque émotion trouvera sa juste place dans le fond de ton cœur je veille sur toi
une grosse mouche entrée fermant le volet inspecte ma lampe
un ciel sans étoile frissonne sur les ténèbres — battements de cœur
dans la nuit je vais au fond du jardin je croise un mille-feuilles coincé dans les dents du troll il ne savait pas lire je lui ai sorti le livre du sourire à la lueur d’une luciole il a appris à lire il peut déchiffrer l’horaire des chemins de fer qui était coincé dans ses dents
il était un arbre au pied duquel j’aimais m’asseoir en plein été dans la colline son ombre était fraîche je n’ai jamais su son nom je rêvais j’écrivais dans ma tête des poèmes à la fille aux yeux verts Maintenant à sa place il y a un jardin minuscule et du béton autour
petite sœur comme tu es loin sur ce mont de sel mais tu es heureuse et ton cœur est au chaud
une seule étoile elle papillonne en morse une seule étoile seule dans le ciel brumeux pour nous parler d’amitié
il existe un lieu mon enfant de la toundra
ils progressaient sur le fil tendu entre les abîmes leur cœur s’emballait souvent leurs mains étaient sèches
où la terre et la mer se sont réconciliées où les ours polaires parcourent la glace des glaciers
garderai de vous cette étoile dans mon cœur une plaie ouverte
et où les narvals nagent dans les aurores boréales [Selkie Malka]
petite sœur il fait froid sous l'auvent et le ciel sans étoile mon cœur bat la chamade comment vas-tu petite sœur
j’ai éteint la nuit qui encombrait le portail de mon labyrinthe fronton de la nuit — le vieux fou qui le franchit oublie les couleurs
18 novembre 2017 jamais ne m’en lasse le cérémonial occulte du premier café
petite sœur l’ordre règnera sur les jours troublés
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Paroles twittées
la tasse ébréchée la cuillère se trémousse sur un autre rythme
Au royaume souris elle était la reine des souris quand vint le rat noir avec son sourire charmeur petite reine des souris a suivi le roi des hâbleur et s’est faite croquer comme une noisette enjôlée roulée dans la suie trahie reine des souris Au royaume souris le sourire est banni
brumes matinales — respiration de la nuit au soleil de l’aube petite sœur la brume de mer se dissipe tu vois plus clair dans un ciel lumineux ne frotte pas tes yeux si fort sous l’orbe du soleil des libellules aux ailes tranchantes découpent la lumière en lamelles d’or qui vont s’égarer dans la brume lascive d’une improbable aurore
passée la dernière borne tu entres dans un lupanar de lumière et de bruit onze mille vierges sont odalisquement assises pour assouvir tes désirs les plus enfouis Mais tu t’en balances ce que tu veux c’est un verre d’eau pour ton comprimé
mes mains de vieillards dans leurs rides il y a encore des millions de caresses
crépuscule à l’est le ciel semble rougeoyer de l’aube prochaine
tu lis la poésie avec tant de voracité te penchant sur l’assiette pour laper le moindre brin
petite sœur le temps est ton allié ne le méprise pas calme l’impatience mais il est ce temps mon pire ennemi
comme si tu t’agrippais à la berge à bout de souffle — il y a une plainte, une confiance, une extase et une angoisse, la joie torturante de la naissance et le rugissement de la gueule béante de la mort
My sister clucks her tongue at me as I unfold a thousand paper cranes methodically.
[Selkie Malka]
Ma soeur me claque la langue alors que je déploie méthodiquement un millier de grues en papier.
la nuit parait loin mais chaque jour davantage elle ronge la route
Sister, you may have the cracked Blue Willow teacup which Momma cherished so-- all I care to hold on to is her pillow.
on ne joue pas avec un cœur comme on joue aux cartes il faut d’abord savoir bien tricher
Ma soeur, vous pouvez avoir la tasse de thé de Saule Bleue craquelée que
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Paroles twittées
Maman chéri tellement tout ce que je tiens à retenir est son oreiller.
les étoiles s'aiment d'un amour incandescent pour l'éternité
seven little sisters graced in clover crowns play upon the tundra through the dandy-down collecting floaty wishes in pockets of our gowns
dans la nuit parfaite rien ne trouble sa rondeur — et puis j’éternue
sept petites sœurs, ornées de couronnes de trèfle, jouent sur la toundra à travers les vœux flottants de dandy-down recueillis dans des poches de nos robes
d’un sommeil sans rêve je vais traverser la nuit — j’ai bien mon écope ?
au fond du tiroir j’ai retrouvé un poème — je l’ai tant aimée
dans la boîte de déception il y avait un message : "je te quitte !" la vallée houleuse son bruit me parvient sournois comme une vague amère
assis sur le banc au milieu des feuilles mortes il ne fait pas vraiment froid mais j’ai les mains transies novembre a engourdi mon esprit je me sens vacant — vide comme la boite dont je viens de brûler les lettres qu’elle recelait je suis une boite vide…
encore pour un moment ils seront du bon côté de la frontière qui coupe l'amour de l'ennui chevauchant une étoile filante j'ai traversé l'horizon de sable et de rochers j'ai hurlé mon bonheur et la falaise m'a enseveli
sans connaître les règles j’ai joué à Twitter — je me suis perdu
petite sœur au cœur d'acier ne le plonge pas dans le sang de ma plaie il risquerait de grincer de ma rouille accumulée
sous l’auvent figé le froid renverse mes larmes — la nuit est coupante je laisse les étoiles crier leur désarroi leurs histoires d’amour ne me regardent pas
j'ai froid sous l'auvent la nuit ronge mes ongles et je reste pourtant
j’ai perdu la tête en percutant un amour dur comme la pierre
pour refroidir mon cœur je rêve d'une escale au bord d'un ciel limpide d'une plage d'étoiles sous mon corps de vieux fou et je m'endormirai
je sais une chose je ne suis pas de ce monde il n’est pas meilleur
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Paroles twittées
amis que vent m'apporte ne restez pas devant ma porte entrez nous nous réchaufferons au brasier de mon cœur
hélas cher (chère) ami(e) mon nez n’a pas résisté me voilà nanti d’un rhume carabiné j’en suis tout abasourdi
le clavier était trop froid je suis rentré pour réchauffer mes mots
une mèche lente — lentement je me consume avant d’exploser
quand on a un cœur de verre il n'arrête pas de se briser
je suis sous l’auvent le vent vient de se lever le Ricard me parait tiède je rentre à l’abri au chaud un autre avec des glaçons
19 novembre 2017 j’ouvre le volet un grand bol d’air matinal le premier café
le ciel est si bleu que mes rêves pâlissent
dans la tasse vide c’est le passé que je vois une tache noire
dans ma mélancolie il y a tout de même la force de sourire
elle tresse sur la toundra sous un parasol rouge
j'écoute le vent il me raconte son passage à l'acte quand... Chut... je ne cafterai pas
pour chasser les phryganes une nasse traînée par un chat sans queue borgne et deux visages
elle avait treize ans et j'en avais quinze elle rentrait le solex dans le garage à vélo je lui demande de me montrer son soutif je l'ai embrassée sur le front
[Sekie Malka]
je retiens ma tête pesante de cauchemars avant de tomber petite sœur ne regarde pas le soleil dans les yeux parfois il ment il éblouit et on pleure Je sais pourtant qu’il peut te soulever et peindre ton sourire d’arcs-en-ciel le soleil…
le soir tombe si brusquement que la terre tremble de nouveau le vent qui revient croquer l’orteil des feuilles mortes cette ligne rouge au dessus du crépuscule une cicatrice
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Paroles twittées
mon cœur n’a plus de force pourtant il bat et luit déchirant cette écorce du froid et de la nuit
petite sœur la nuit ne te fait pas peur mais tu restes tremblante en quête de lumière car ton soleil est loin si loin
une nuit si noire et l’humidité s’accroche aux feuilles transies une étoile me guide à travers les galaxies sans nom sans nombre elle me tire par la main vers des arcs-en-ciel improbables vers des nuages de feu où brule l’inconscience elle est mon étoile elle est mon amie
lumière diffuse sous la lampe haletante un papillon rêve marée de la nuit qui remonte jusqu’aux larmes et les yeux débordent l’ado dans ma tête est heureux comme un pinson demain pas de cours
20 novembre 2017
cette amie me manque je regarde la poussière qui danse là bas à présent je quitte l’auvent trop froid pour rejoindre la couette et mon chat Tu savais avant de t’engager que c’était une impasse Pourtant, vieux fou, tu y es allé le cœur léger jusqu’à ce que ce cœur trop confiant soit piétiné comme un paillasson Au fond de l’impasse cependant un porte s’ouvre
la tasse déborde mal réveillé j’ai choisi le mauvais bouton café tu m’enjôles tu m’enrobes de l’arôme de ta joie de vivre midi bientôt sonne à la porte du soleil — trop de temps gâché comme un vieux tonneau qu’on a trop tard mis en perce je pisse un vin aigre petite sœur tu veux t’envoler loin de la glaise mais tes ailes de papillons supporteront-elles ton corps de faucon
les portes de la nuit sont demeurées ouvertes je traverse sans bruit ses galeries désertes
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Paroles twittées
propres et repassés ils seront là pour te faire sourire
le soir me contraint à rentrer dans la lumière comme un papillon
je n’ai plus de rêves la nuit les a confisqués pour son propre usage
papillon de nuit amoureux de la lumière ailes de l’ennui
le train de nuit passe clac-clac, clac-clac lui répondent les rails épuisés
sous le sombre ciel de novembre je médite — amères racines
sur mon cœur les mots se sont gravés au burin ils y resteront
regard sur la page tête vide de poème le fauteuil grince
le sommeil pour barque et des rêves en pagaille je franchis la nuit
j’ai fermé le volet sur ma mélancolie plus d’ailes pour voler plus jamais de folie
j’ai déroulé un mètre-ruban jusqu’au bout du monde — juste la distance entre moi et moi
j’écoute la respiration profonde de la nuit ce roulement sourd qui franchit la peau frissonne sur les muscles et presse le cerveau comme une éponge sale j’écoute sa respiration jusqu’à ce qu’elle s’essouffle une fois en moi Alors je fermerai les yeux et ne verrai plus qu’elle la nuit
de vous belle dame il conserve sur son cœur le trait de vos ongles ils y ont tracé la carte d’une contrée indicible vieux fou que tu es le monde n’est pas étrange tu ne comprends rien
21 novembre 2017
au fond de la boite il ne reste qu’un feuillet écrire à la corbeille
je termine un rêve dans le bourdonnement sourd de la cafetière
nuit métaphorique — ce n’est qu’un sombre fantôme qui se prend pour dieu
une grande tasse pour un si petit café — crainte qu’il déborde soleil dans les yeux le matin me dit bonjour — le chant d’un oiseau
petite sœur range tes rêves dans ta tête et ta tête sur l’oreiller demain il seront
rosée du matin — des larmes de fée tombées du ciel cette nuit
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Paroles twittées
dragon,
Ma vie n’est pas un ballet tout de même Si ? Prenez ma main dansons alors
quand les eaux seront chaudes et que le dernier morceau de glace aura fondu (Si je suis emportée dans l’écume)
à travers les feuilles le crépuscule s’embrase un poème au feu
emporte-moi de tes ailes à la montagne brûlée quand la foudre est dans son panache -
crépuscule ardent sanglantes couleurs de feu ode au désespoir
enterre-moi à la vieille redoute là où le gardien du temps d'été me couronnera
la gorge serrée je brasse mes souvenirs je sens que je tombe
ou enveloppe-moi dans le lichen et dépose moi dans la terre puis recouvre ma tombe de saxifrage ou de laîche pour caribou et rappelle aux habitants du ciel que j’étais une petite fille phoque venue du bord de la mer.
au bord de l’horizon devant moi c’est le néant le passé me pousse le passé me pousse jusqu’au bord de l’horizon ténébreux néant
[selkie Malka]
le ventre du ciel toujours aussi lumineux impose sa loi
d’un grain de poussière j’ai modelé son visage celui d’une amie
petite sœur ne reste pas prostrée dans un coin de la cour tout le monde t’admire et je suis fier de toi vois, tu peux sourire même le soleil souris avec moi petite sœur
le soir me dépose du côté clair de la nuit où naissent les astres je rentre glacé je voudrais chauffer mes mains à ton cœur de braise d’un regard curieux je repeins la nuit en bleu le bleu de la mer
Qui pourrait me dire où me guident mes pas Comme tout le monde sauf quelques éberlués je sais que la glaise m’attend Mais dites moi y a-t-il une raison à tous ces pas hors des ornières tous ces pas chassés
ils ont marché sur les vagues jusqu’à cette île éphémère où ils ont pu déposer leurs cœurs emmêlés mon cœur bat au pas des stigmates vifs encore de mes souvenances
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Paroles twittées
dans ce rêve une ruée de biches paniquées par l’annonce de la tempête, de ses tours de sable tourbillonnant
où veux-tu aller fille de la ville basse vers les hauts quartiers si tu franchis le portail tu y laisseras ton âme
dans le chaos et le vacarme d'un autre monde, je tends la main pour t’atteindre mais je me retrouve empoignant la poussière étouffant dans le vent ocre
je ne mens jamais quand j’écris quelques mots soit je les ai vécus soit je les ai rêvés dans les deux cas c’est la vérité je n’ai aucune imagination
[Selkie Malka]
Il y avait tes lèvres et ce goût de cassis qui reste sur mes lèvres. C’était l’hiver sur la route des crêtes au dessus de Canaille. La mer était d’un bleu d’imperméable et le ciel était gris, le vent venait de l’est. Tu es partie te dissoudre dans les vagues, sirène d’améthyste.
j’irai jusqu’au bout encore de cette nuit — ne plus y penser
22 novembre 2017 café double dose il faut bien que je remette tous nerfs en marche la tasse a teinté sur la soucoupe une carte de la Colombie
une corneille crie sa détresse éperdue dans le gris du pin
le ciel a pâli quand le soleil a perdu de son enthousiasme
tu restes muet, prostré il y aura toujours des mots pour dire ce silence que même les sourds entendent
j’ai le moral dans les charentaises il est bien au chaud
le soir est venu mendier du désespoir comme tous les soirs
petite sœur dis moi ce qui te fait rire j’ai envie de rire aussi et j’ai froid
dans la sébile il y a des cœurs fanés et des âmes mornes papillon de nuit il se cogne sur vitre j’éteins la lumière
dans mes mains de laine j’avais pris son cœur de soie mais il a filé
une nuit plus douce s’est épanchée sous l’auvent — quelques mots d’amour
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elle avait la peau si douce que mes mains hésitaient je jouissais de sa chaleur si douce mais j'étais si malhabile que son corps a fondu elle était si douce et nous avions vingt ans
petite sœur il fait froid loin de toi pourtant la nuit ici est tiède reste bien au chaud et rit, rit pour charmer le soleil la nuit silencieuse laisse au train de nuit le soin de suivre les rails
23 novembre 2017
le corps fatigué j’ai néanmoins la force de rejoindre mon lit
il y a l’arôme d’abord de la boite ouverte puis l’espoir du goût
elle était ma source mon mois de juillet une odeur de foin frais s’évadait de sa course quand sans y parvenir j’essayais de la rattraper et puis elle riait en m’offrant sa bouche mes mains ne savaient pas nous roulions entre les bottes elle mon mois de juillet pas mon avenir
je pose la tasse vide entre l’écran et moi et je la regarde le ciel a tendu sa couette de laine grise — mélancolie douce petite sœur sous les nuages ! prends garde à ne pas t’emmêler les cheveux dans la brume basse
arrive un moment où pleurer devient impossible il ne reste plus d'eau plus de sel en toi toutes les larmes sont allées à la mer attentive un ciel de silence désespéré recouvre ta voix mais le souvenir reste vivace comme un chiendent et te pétrit le cœur longtemps longtemps encor
les nuages s’ouvrent ils cèdent la place au ciel et à l’infini coucou dit le chat caché à côté du pin moi je vois tes yeux je m’étais assis à l’ombre d’un chêne le mai faisait le joli cœur les loriots étaient en verve un rayon de soleil me faisait des clins d’œil en traversant le feuillage un coquelicot vint vers moi traîné par quelques malabars fourmis
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je n’en crus pas mes yeux mais mes yeux le crurent il m’interroge alors sur la durée du printemps de sa vie de coquelicot qu’il trouvait trop brève que pouvais-je rétorquer ? que j’attendais comme lui l’étreinte de l’humus !
l’ordre règne enfin je me souhaite bonne nuit et tire le drap
j’ai tout le temps envie d’être entre deux eaux entre deux pastis, entre deux bourbons entre deux rhum deux comprimés deux cigarettes un joint mais tout contre toi
le café de l’aube a l’odeur du temps passé je me levais si tôt
24 novembre 2017 délicatement sa mousse onctueuse glisse de la tasse à mes lèvres
les rêves s’oublient mais en reste le parfum au fond de la tasse J'avais cinq ans et tellement faim Je pensais que les étoiles qui dansaient devant mes yeux étaient des fées chevauchant des lucioles
les feuilles de chênes le printemps n’est pas si loin de plus en plus rousses
[Selkie Malka)
noir le soir s'installe entre les troncs nostalgiques du printemps passé
petite sœur la tempête s’éloigne bientôt tu pourras remonter sur le pont et offrir ton visage au vent salé du large
il y avait cette étoile qui se levait au sud tirant après elle la constellation de l’ange je me souviens de ses ailes blanches comme son cœur c’était il y a mille ans elle m’avait saisi dans son rêve d’horizons lointains de partage et d’espoir où est-elle à présent dans le ciel veuf
après les cours nous marchions côte à côte sous les platanes de la contre-allée elle ne disait rien j'étais muet elle avait un parfum d’abricot et sa peau en avait le velours à l’arrêt de bus nous nous séparions j’attendais elle continuait sans un au-revoir jamais je n’ai osé
quand revient la nuit remonte vers mon gosier un torrent d’amertume j’ai froid sous l’auvent tremblant je reste dans l’ombre de la nuit sournoise
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cœur dans les nuages pour qu’on ne le suive pas — le ciel est si gris
et m’éclabousse aujourd’hui au bord du quai j’attends une plus grande vague
languissant novembre du froid du vent des nuages toujours pas de pluie
petite sœur je n’ai rien dit de mal pourtant tu entends tout de le l’oreille sombre
les feuilles s’entassent attendant le prochain vent — libres feuilles mortes jeune gitan
c’est déjà la nuit et son silence ostensible mon cœur s’en repaît
je t’ai regardé ruminer des pensées comment tu as enfoncé des bouts de vers pliés
je rentre fourbu d’avoir veillé le jardin sec et assoiffé
entre les pierres de mon mur de l’ouest
ses cheveux de jais qu’elle teignait en carotte quand elle avait faim
je lirai chaque mot [Selkie Malka]
parfois nous nous asseyions sur le banc de bois sous les chênes elle me parlait de son désarroi de ses peines je livrais mon cœur j’ouvrais pour elle la porta du bonheur Ce ne fut pas assez il lui fallut le ciel la lune et les étoiles Je lui donnais cela elle ne prit rien de moi
j’en ai connue des amours des vertes et des bien mûres elle disait : ”tu comprends, ”mon cœur s’est vidé ”comme une baignoire Sur le moment j’ai souri et puis je me suis retrouvé coincé dans le siphon ce soir plus qu’un autre une odeur de fin du monde me prend à la gorge
je me mets au lit avec l’impression d’avoir oublier d’aimer
enfant je regardais les grands bateaux quitter le quai je m’asseyais au pied du fanal tout au bout et j’attendais que leur sillage frappe les pierres
25 novembre 2017 aucune idée noire ne résiste à l’attraction du premier café
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un second café pour couvrir les idées noires d’un flot d’arcs-en-ciel
Il y a mon chat d’abord Puis des personnes que j’ai rencontrées et qui toutes avaient la même assurance du verbe la même attitude et qui comme mon chat m’ont fait sourire Et enfin il y a toi le pervers narcissique
les mêmes nuages ils vont toujours insensibles au cœur de la terre le soleil traverse dans les coulisses du ciel ce n’est pas brillant
à coup de rafales vent m’a chassé de l’auvent — je lui revaudrai
la pluie espérée j’aimerais que sur l’auvent fasse des claquettes
traverser la nuit juste poussé par le vent sans hisser la voile
petite sœur les nuages ont assombri ton cœur tout ce que tu vois en moi te ronge d’effroi essuie tes yeux
26 novembre 2017 noir serré sans sucre voilà tout ce qu’il me faut pour me réveiller
bus bondé comme tous les matins Deux arrêts après monte la fille aux yeux verts la fille aux yeux profonds comme la mer au large Elle reste près de moi nos corps collés dans les cahots Un regard parfois pas un mot Terminus pour moi elle est déjà loin la fille aux yeux verts
le café me fait depuis sa mousse odorante un clin d’œil complice par la grande baie je regarde nostalgique la nausée des feuilles près du barrage dans le lit du torrent nous avons fait l’amour Le barrage était tout petit une retenue d’eau pour irriguer les champs de la vallée En plein soleil nos corps riaient d’un parfum de lavande
de nouveau le vent quelques gouttes sont tombées et l’ont appelé le vent et la nuit ont sceller une alliance contre l’auvent
la nuit et le vent trépignent dans l’impatience devant chaque porte
j’écoute le vent les histoires qu’il raconte font peur aux enfants
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Nous nous séparions j’avais vidé l’appartement et je devais rendre les clés Nous étions face à face presque tremblants émus à n’en plus pouvoir Nous en étions arrivés là ! Mais nos yeux racontaient une autre histoire, puis les mains et les lèvres ont voulu jouer leur partition et nous nous sommes retrouvés à rouler sur le parquet nus
le vent a laissé tout autour de la maison son arrière-garde mon chat est inquiet vacarme sur la toiture ce n’est pas le vent qu’est-ce que nous avons ri quand le vieux sommier a rendu l’âme la belle orientale ne m’en a pas voulu elle a mis son rire dans ma bouche et nous avons roulé dans les couvertures éparses puis la nuit est passée, blanche
sous l’auvent le vent toujours aussi en colère joue le funambule quand ils marchaient le limon ne souillait jamais leurs pieds ils volaient sous le ciel bleu de leurs émotions
rien que pour ses seins j’aurais voulu qu’elle m’allaite elle était mon amante et nous jouions l’amour elle m'avait choisi elle riait si clair dans les fêtes et les sens moi à la mine de clown geignard j’ai souffert d’elle mais je souris encore en pensant au poème de ses seins
à travers la vitre je voudrais dire aux étoiles toute ma compassion surpris par la nuit j’hésite à me réfugier au creux de mes rêves le vieux fou repasse le film de ses souvenirs et un pantalon
27 novembre 2017
elle s’assoit là elle me tient compagnie la mélancolie
lentement la tasse se remplit de l’ambroisie qui me sort de l’ombre
dans quel trou obscur serai-je sans l’insistance d’un grain de poussière
avec le café j’ai croqué du chocolat ben, c’est pas pareil !
j’ai huit ans bientôt j’ai volé un sac de billes et je le regrette
dans ce froid aride il me semble voir glisser des loups sur la toundra
je compte les doigts de la nuit — elle en a mille qui pourraient tuer
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restés douze ans ans à nous manquer à nous retrouver à aimer nos corps nos absences nos peau à peau parfois l'indifférence à parler la même langue pour finalement ne plus nous comprendre
nous écoutions de la musique c’était sérieux la musique en ce temps là surtout les slows j’aimais la fraise de son parfum elle se lève me prend la main m’enlace lève la tête m’embrasse le cœur à cent à l'heure mon premier baiser je l’ai pas volé "Retieeeens la nuit… "
avec les mots les plus simples pas les mots du dimanche je livre des secrets des souvenirs comme on livre des pizzas chaudes et odorantes
je compte les doigts de la nuit — elle en a mille qui pourraient tuer
28 novembre 2017 la première chose c’est d’avoir ouvert les yeux puis vient le café
l’hiver sous l’auvent est bien là bien installé il masse mes pieds
cesser de penser laisser l’arôme guider les sens et la vie
le vent a filé aussi vite que lui-même il laisse le froid
réveil difficile j’étais trop bien sous la couette le chat contre moi
j’ai couvert mon cœur de laine et d’épais nuages il bat doucement
sur les feuilles mortes j’ai écrit un seul mot : vie vole papillon
dans l’épaisseur froide j’irai au bout de la nuit rédimer vos rêves
sur la liste des courses une ramette de papier — la corbeille est pleine
sous l'auvent glacial la dernière cigarette du rêve éveillé
le vent a rêvé d'amour il a rêvé de sa peau l'océan l'a recouverte d'iode et de sel
parfois nous prenions un café sur le port de Cassis les matins de printemps le soleil était complice et les quais muets nous étions heureux nous avions la journée pour nous et l’espoir de draps frais
avant de partir elle me dit tu vas me manquer nous sommes
Je peux dire je vous aime à une inconnue, une femme que jamais je ne rencontrerai
vous êtes l'envol plus d'ailes pour vous rejoindre poussière d'étoiles
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pourtant une femme que j’imagine douce et volontaire à la fois, une femme dont la parole simple et brève m’a extrait du chaos je peux lui dire je vous aime sans crainte de me désavouer je l’aime pour toujours comme la poussière que j’ai dans les yeux se colle à mes larmes
je me souviens des gouttes de Méditerranée que ma langue avide cueillait sur sa peau je franchis la porte — la nuit lentement me pousse au creux du sommeil
soir gorgé de doutes sur ce feuillet je ne sais où glissent les mots
mes doigts engourdis hésitent sur le clavier -pourtant je vous aime
anguilles sans roche les mots qui souillent mes doigts ne veulent rien dire
mon cœur d'adolescent ne sais plus compter les années
Midi sur le port à la terrasse du bistrot en attendant les niçoises je sirote un Ricard elle un coca. Je la regarde elle me regarde silence… Toujours rien dit à son mari !
Elle m'avait laissé en attente. Maintenant je connais par cœur les quatre saisons du printemps de Vivaldi ! Je vais rêver de vous par grand froid sur la digue du large Je vais rêver de vous dans les embruns salés sous la balise impassible Je vais rêver de vous mes vagues insolentes et mon amour pour vous
la nuit me démange elle se frotte à mes doigts m’empêche d’écrire je viens de rentrer j’ôte le manteau de nuit le froid à la porte
29 novembre 2017
elle allait vers lui confiante dans l’avenir promis par ses yeux
la tasse m’attend patiemment sur sa soucoupe — je prends tout mon temps
petite sœur endors-toi paisiblement ce sable dans tes yeux il provient de la plage où vous avez marché
l’index droit dans l’anse appuyé sur le frigo la tasse à mes lèvres la lumière froide d’un soleil d’hiver précoce ranime mon cœur
j’ai gardé de vous le parfum de vos sourires au fond d’une larme
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elle me laissait parcourir sa bouche intime d’une langue habile
petite sœur ici le vent est glacial il te ferait pleurer reste bien au chaud dans ton cœur douillet je veillerai ton sommeil tu n’auras pas froid
Je le sais maintenant nous étions destinés, mais jamais nous ne nous sommes parlés. Dans la même classe sans un mot mais des regards, des sourires. Elle avait des yeux comme une ancre arrimée au limon de mon cœur. Je pensais à elle en tachant les draps. On ne redouble pas sa vie.
quand je suis rentré quelques feuilles m’ont suivi pour se mettre au chaud je vais me coucher le sommeil finira bien par gagner la partie sous l'auvent je reste dans la nuit froide le dernier whisky la dernière cigarette et sans doute pas le dernier souvenir mélancolique j'écoute le vent qui raconte au feuillage sa rencontre avec la neige j'écoute le vent
journée traversée dans le brouillard et le froid d’un esprit hagard je vous ai parlé de ses yeux noirs, comme les cheveux qu’elle portait très courts. Quelques boutons d’acné sur les joues et le menton. Je suis sûr qu’elle aussi pensait à moi dans ses draps On ne redouble pas la vie
le froid se répand comme une trainée de poudre à éternuer
il y avait des jours il y eut peu de nuits où je ne savais plus si c'était son corps ou mon corps qui hurlait par nos lèvres soudées l'une à l'autre elle partait ensuite avec cet étrange sourire je restais seul avec la bouche vide d'elle et le ventre assoiffé d'ailes de papillons
blizzard sous l’auvent une volée de feuilles mortes vient de me gifler
trop froid sous l'auvent je viens de rentrer poser mes ombres au chaud
la nuit a glissé tout à coup dans la terreur et le vent glacé
ils allaient main dans la main sur la plage désertée ils ont laissé sur le sable pour toujours leur trace
sur la vitre froide la poussière des jours bleus raturée de larmes je l’ai retrouvée la vieille photo de classe — j’étais amoureux
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ce vieux fou qui croit que sur le seuil de la mort on peut aimer encore
petite sœur tu rêves devant les vitrines de jouets et les guirlandes au-dessus des chaussées tu sais bien pourtant que noël est loin encore
30 novembre 2017 contre le frigo je l’attends sans impatience le premier café
la lampe s’essouffle un peu tout de même ce soir il fait si sombre
au fond de la tasse les contours de mon passé — une fine trace
lentement le soir égraine chaque seconde de son chapelet
les dards du soleil sont émoussés ce matin — piqûre de froid
jour après jour strate après strate je me sédimente je me momifie
l’ombre nue des branches dessine sur le mur clair l’alphabet des anges
paillettes de glace dans la coupe d’eau du chat — l’auvent se rebiffe
un peu plus tard je réussis à lui parler je me souviens du sourire céleste qu’elle m’a rendu ! après les cours nous allions marcher sous les platanes de la contre-allée main dans la main et toujours en silence
je suivait son ombre en tournant au coin nos ombres se sont embrassées elle avait la peau si frêle la douce et brune orientale que j’étreignais avec passion que j’avais peur de la rayer mais je me disais aussi que si je rayais le disque on pourrait recommencer
elle était un mystère un insondable mystère inaccessible à mon entendement pourtant elle a été là si longtemps près de mon âme malade que je ne comprends pas pourquoi je mourrai sans un dernier regard
il est temps pour moi de hisser la grand-voile et glisser vers demain
01 décembre 2017 je sens son arôme avant même de poser un pied sur le sol
mille frelons morts sur la grille du foyer que je viens d’ouvrir
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la tasse a tinté d’une façon très bizarre sur une incisive
la nuit est compacte un mur de glace solide à couper le souffle
j’ai froid sur la peau mais mon cœur, lui, reste bien dans un coin douillet
le soir prend patience la lumière de la lampe le dérange à peine
une brume claire frôlait la vieille charpente — lumière diffuse
auvent sans un bruit — la nuit a figé les sons de la vallée froide
je ne savais qui j’étais tu me donnas un nom ensemble nous allumions des étoiles dans les rues nous couvrions les murs sales de nos rires transparents de nos mains nous jouions de nos corps comme des violons un soir je ne t’ai plus revue et je ne sais plus comment je m’appelle
si je devais la nommer le l’appellerai naufrage nous n’avons pas eu le temps de jeter une ancre elle avait le parfum du vent du sel et de l’impatience comme le vent elle courait sans que je puisse la rattraper comme le sel elle brûlait mes anciennes blessures et de l’impatience elle était le portrait elle ne m’a attendu que quatre secondes
lente après-midi — je n’ai rien fait d’opportun je suis plein de doutes petite sœur le froid te coupe les doigts si tu vas si loin prends tes bagages avec des gants
place réservée dans l’autocar du sommeil voyage debout
c’est un soir de glace que je prends de mes mains nues pour le réchauffer
même au saut du lit l’espoir d’un café brulant pour me réchauffer
d’autres fois nous marchions dans la colline au dessus des cités nous nous asseyions dans l’herbe contre le vieux bassin délaissé puis nous nous allongions sur un plaid je n’avais pas oublié au mois de mai tout était permis
au coin de mes lèvres une goutte de café tente une sortie
02 décembre 2017
les oliviers ploient sous la neige malvenue — je soupire un peu déjà elle fond — la neige n’accepte pas qu’on ne l’aime pas
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à travers la baie je regarde tomber la neige des flocons lourds et drus qui pèsent sur les pins Je me souviens d’un amour de neige il y a si longtemps elle avait recouvert mon cœur d’une infinie douceur puis s’en était allée comme l’eau des rivières
du grand sablier j’en imagine les grains — la dune du temps elle était l’oasis je l’avais attendue au milieu d’un désert d’amertume et de temps passé à l’attendre et quand je l’ai trouvée elle n’était qu’un mirage sous l’auvent le temps s’est radoucit il ronronne — je me sers un verre
il s’en souviendra mon chat de ce matin froid — sa première neige
la lune est mangée par une nuit affamée — je rentre à présent
petite sœur la neige a fondu ici tu peux marcher sans craindre de mouiller tes bas de sirène mais il reste le froid de décembre
l’heure qui m’effraie quand je fais face à la nuit et semble dormir elle était venue pour visiter mon jardin — j'ai aimé le sien
le soir a glissé sur une plaque de neige — les joues écarlates la froidure humide de la neige entrain de fondre — odeur de l’hiver je reste des heures à ne rien faire que voir passer les heures j’y repense parfois Peu avant ma naissance tout un quartier rasé par l’occupant Tout n’était pas reconstruit un îlot de décombres résistait encore Un terrain de jeux formidable dans lequel je suis mort maintes fois Un jour un collège neuf s’est posé à la place sans cour de récré
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quand elle reviendra il y aura sur la table du cristal de l'argent et la vaisselle blanche sur le lit mille roses sans la moindre épine et des draps de soie il y aura aussi le souvenir de son parfum ce souvenir fleuri qu'un ami ou deux poseront sur ma tombe je ne suis qu'un vieux fou qui croit au père Noël et aux contes de fées
03 décembre 2017 je file au café avant d’ouvrir les volets le jour attendra
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l’impression d’avoir un courant d’air dans la tête qui m’a enrhumé
pendant qu’un second passe en croquant des amandes je passe mon temps
parfois j’aimerais que son corps lui seul revienne pas son âme aride elle n’aimait que nos corps collés et ne m’aimait pas
j’ai brisé la glace déposée pendant la nuit sur les abreuvoirs les étoiles maraudent encor dans les flaques d’eau brillantes de nuit
il fait froid dehors la couette n’attends que moi pour me mettre au chaud
le froid est entré il a écarté mes côtes et figé mon sang
04 décembre 2017 il fume il sent bon il est chaud et me réveille le premier café
petite sœur sous un ciel sans nuances tu marches et tu souris au loin les grues rouillent sur les chantiers et la mer est étale tu ne vois rien que les battements de ton cœur
au fond de la tasse il ne reste pas de trace de mon avenir manque de sommeil je prends encore une tasse pour combler le vide
Elle est venue comme ça, sans que je l’attente D’un sourire à peine esquissé à peine imaginé elle m’a pris la main Elle m’aidait à gravir les marches Parfois je la tirais Et peu à peu tous les deux nous frôlons les nuages Je n’attends comme elle rien de nous que notre amitié vertadiero
il ne s’en fait pas il ne dort jamais très loin de la main humaine je l’avais trouvée au milieu d’un rêve que je ne faisais pas j’étais dans son rêve et ne le savais pas j’ai cru aux couleurs aux nuages de son ciel j’ai cru qu’une aube incandescente suivrait mon crépuscule cramoisi mais elle s’est réveillée tapi dans les herbes hautes il guette sa proie camouflée pourtant
nous nous endormons dans la chaleur de nous-mêmes Domino et moi
la brasée de froid est tombée sur les carreaux quand je suis rentré
j’ai perdu mon temps à imaginer la mer sans la moindre vague
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petite sœur ne reste pas enfermée dans la prison de ton silence parler est la clé qui ouvre la volière des mauvais augures et des idées grises
petite sœur l’hiver passera et un printemps nouveau enivrera tes sens et ton âme puis l’été des blés muris illuminera ton sourire et ton cœur Dociles les saisons suivront
il est arrivé sans le moindre crépuscule le soir de ma vie
chaque jour le temps me pèle comme un oignon — c’est pourquoi je pleure
là-bas au bord du monde gardée par des dragons grossiers mais bienveillants il y a un château de verre et de pierreries un château transparent un seul habitant y réside et y dort depuis si longtemps que j’ai oublié de me réveiller
étoile à neutron trou noir indéfinissable je fuis l'univers tranchant l'échalote pour terminer la salade j'ai fait un haïku
pas bien réveillé je supplie la cafetière d’aller plus vite
Ma déprime est profonde elle ne se nourrit pas seulement de mes idées grises Comme une tempête qui se creuse elle avale ces enfants qui passeront Noël dans le froid ou sans amour ces humains qu’on bétaille aux frontières Je vomis sur les gourous qui ont la recette du bonheur
quand je l’ai posée j’ai bien entendu la tasse dire encore-encore
mon chat mon coussin dehors le froid est resté sans nous tourmenter
l’hiver va et vient dans le corridor du froid il attend son heure
mon chat quand il bâille on dirait qu'il va mordre le monde
une grande fatigue vient me clouer au poteau — signal de tendresse
05 décembre 2017
dans les abreuvoirs le soleil brise la glace — clins d’œil de diamant
un soir indécis des ténèbres nostalgiques glissent de mes yeux
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elle avait le cœur qui divaguait elle ne savait plus le contrôler comme un échantillon au rayon fromager d’un supermarché elle m’a pris entre ses doigts elle m’a bien senti et m’a goûté mais n’en a pas voulu un gramme
que je sentais ses seins traverser ma chemise c’était la fin de l’été je roulais lentement sur les chemins entre les champs fauchés cherchant d’un regard friand une meule où nous abriter il a fait doux aujourd’hui même les nuages n’ont pas osé faire de l’ombre
qui est celui qui t’attendra pendant les quatre-vingt-six mille quatre-cents secondes de chaque jour un jour j’ai osé poser ma main sur sa joue ce fut un beau jour lorsque tu attends l'âme les compte pour toi d'un trait sur le cœur
j’ai souri de l’attendre et plus souvent pleuré elle était ma balise j’étais en perdition parfois nous retrouvions sur les rochers nos corps meurtris et abimés nous prenions soin alors d’en faire des momies qu’en mer nous rejetions comme un vomi malsain un amour trop salé petite sœur il ne fait pas si froid tu n’es pas obligée de rentrer la tête entre les genoux et boucher tes oreilles Je peux tout entendre je reste ton grand frère
le cœur apaisé je vais rejoindre mon chat qui chauffe ma place
06 décembre 2017 un café debout pour retomber sur mes pattes et ne pas fléchir
les roses fanées sur leur tiges assoiffées gardent leurs épines
après le second je peux replacer enfin les pièces du puzzle
d’un éternuement j’ai si peur de l’éteindre cette flamme dans mon cœur
la tasse glisse depuis ma main tremblante au fond de l’évier
j’ai froid dans les tripes pourtant il ne reste rien là où j’avais chaud
poussant le volet le froid m’enrhume et me rit au nez – c’est ballot ! tous les deux sur ma meule elle me serrait si fort
je la sens qui approche la douce charmeuse en robe immaculée sa bouche édentée
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me donnera ce dernier baiser dont j’ai le goût depuis longtemps inoubliable et amer puis elle prendra sa faux et d’un geste sans faille me tranchera les pieds pour m’empêcher d’aller plus loin
ses lèvres qui m’enlisaient ivre de plaisir dans son océan pendant que ma langue lustrait ses lèvres intimes en quête du graal je l’attendais et quand elle venait nous étions amour la nuit sous l’auvent a dédaigné la froidure douceur suspecte
de dessous l’auvent je vois la lune et ses chiens mangés par la nuit
il y a des soirs où le clavier fait la tête et boude les touches
je remonterai armé d’un rêve improbable la vallée des ombres
un radeau de rêves pour pouvoir franchir la nuit je serai à bord elle avait un rire à faire fondre les glaces de tout l’antarctique elle me parlait d’amour belle brune à l’orientale
07 décembre 2017 encore endormi je suis la goutte qui coule le long de la tasse
l’oracle m’avait dit ”tu la trouveras ”sous l’eucalyptus ”à la croix des chemins ”du nord et de l’est je ne l’ai pas cru alors je suis allé voir à la croix du nord et de l’est il n’y avait rien pas une croix pas même un eucalyptus faut pas croire aux oracles
il en faut bien deux pour vraiment se remettre d’une nuit boiteuse à quoi rêve-t-il quand sous la lampe il médite à côté de moi je suis un vieux fou on ne peut manquer de l’être quand on fut peu sage petite sœur où te caches-tu donc sur quel mystère as-tu rabattu la porte est-ce la baume des fées ou l’abîme de l’enfer
blue moon in the sky hiden by ribboned clouds be my starless night derrière la porte j'ai laissé mes souvenirs discuter entre eux
souvent je rêvais de ses lèvres quand elle était absente et c’était souvent
pour l'avoir porté à bout de bras je savais le poids de l'amour
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elle est la muraille dressée contre la nausée ma soif de tendresse
brune ô ma belle je sens encore tes longs cheveux qui frôlaient mon visage les mamelons de tes seins caressant ma poitrine oh ce n’était pas toi qui me dominait mais l’amour qui faisait des loopings
je ne suis plus un homme j'ai perdu en chemin l'ambition et les rires que mon enfance cultivait j'ai laissé mon âme contre un peu de confort j'ai laminé mon cœur dans des amours grimés je vais laisser ma vie pour engraisser la terre l'arbre qu'on plantera donnera-t-il des fruits que vibrent les cordes de la sourde contrebasse posées sur la nuit
frêles mes pensées sans ailes ne savent plus où poser leurs pattes dans la grange pas très claire ils étaient entrés enfants à l’aube ils en sont sortis heureux et adultes demain en tout cas guère plus tard je suivrais mon ombre
08 décembre 2017 religieusement je l’approche de mes lèvres la première tasse
On disait qu’il avait le cœur sur la main Mais personne ne voulait de son cœur car dans sa main il saignait encore l’hypocrisie n’aime pas le sang Alors d’un geste large il a jeté son cœur dans les flammes d’un brasier On dit de lui à présent qu’il est sans cœur
attentif j’écoute la voix de la cafetière rassurante et douce petite sœur du tintement de ton rire il ne me reste qu’un souvenir attentif à tes gestes je te regarde dans ma tête mais tu ne me vois pas
le vent s’est levé la nuit tremble sous l’auvent — heure de la couette
la terrasse est terne quelques gouttes sont tombées d’un ciel bien avare
en pleine figure les dards de glace du vent ont salé mes yeux
quelques branches sèches au milieu des feuilles mortes — les chênes vieillissent
elle avait ce sourire qui vous prend par surprise
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vous retourne le cœur vous accroche au gosier vous laisse pantelant dans votre soif d'amour et puis elle s'en va en s'essuyant les pieds sur ce cœur laminé qui saignera encore toute une éternité
sur mon vieux fauteuil mon doux chat s’est endormi… et je laisse faire ! portée par le vent sur le fil de ses poignards une odeur de glace petite sœur prend bien garde au vent venu de la terre ses lames glaciales pourraient bien te couper les doigts
elle a été pour moi une mer promise dans laquelle auraient baigné nos corps jusqu'à la fin des temps hélas ce ne fut pas mais restent sur ma peau ces perles d'eau salée qui ne sècheront pas
le soleil découpe sur le sol de grandes tranches de froid lumineux la nuit a glissé avec torpeur sous mes pores fait noir dans la peau
elle m'avait dit "n'attends rien de moi "mais prends ce que je te donne ce fut ma plus belle histoire d'amour
sous l’auvent je sens que des paillettes de glace grignotent mon sang
Vieil homme fourbu tous les soirs je dépose ma besace de souvenirs au pied de l'arbre de ma vie. Tous les soirs certains d'entre eux s'échappent et se racontent des histoires à n'en plus finir autour d'un verre de whisky
little Nemo j’embarque pour la rive lumineuse au-delà des rêves retour sous l'auvent malgré le froid la nuit m'aspire me retient et m'aime le briquet s'enrhume la cigarette a pris froid j'ai les doigts gelés elle est mon repère elle guide mes pas d'aveugle cette étoile au fond du ciel cet astre incandescent que je distingue à peine elle a bien un nom que je saurais dire par crainte de l'éteindre elle m'appelle vieux fou et m'entrouvre la porte
09 décembre 2017 parfum du café qui rode dans la cuisine arôme d’ailleurs vapeur enivrante je me laisse hypnotiser par mon propre piège
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de son feu insolent elle est mon repaire
là où elle se couche pour qu’on l’admire sous la pluie
je viens de rentrer j'ai froid sous les ongles je ne sais pas griffer
la pluie à présent elle vient quand tout s’endort enfant capricieux
l'ordre règne en mon cœur mais j'ai gardé sa place bien en évidence bien chaude et dépoussiérée devant toutes celles que j'ai aimées vraiment ou par jeu celles qui m'ont aimé aussi des mêmes façons j'ai gardé sa place car le feu couve sous la cendre
sur la vitre sale de vieilles marques salées comme sur mes joues la soirée s’étire dehors il pleut dans le froid — craquement du bois silence du soir l’acouphène me rappelle que je vis encore nous nous étions disputés elle voulait théâtre je voulais expo la journée s’est passée sans un mot dans la lourdeur du mutisme Il a fallu choisir nous sommes restés à la maison dans la chambre pour un spectacle intime sans comédie
perdre un ami sur un malentendu est une douleur innommable
10 décembre 2017 première gorgée et par l’odeur j’ai léché le bord de la tasse boire un café tiède une torture inutile j’en passe un nouveau petite sœur je regarde tomber la pluie je pense à des larmes que tu n’auras jamais mais j’en aurai assez pour deux
il fait doux ce soir sous l’auvent le thermomètre ne ment vraiment pas la nuit déjà chaude la couette sera de trop j’ouvre la fenêtre
nous marchions serrés comme un seul corps sous l’orbe du parapluie la pluie tombait drue entre les branches nues de la contre-allée mon cœur battait le sien donnait le tempo nous allions voir la mer au bout de l’avenue
le train de nuit passe son de basse obstinée sur des rails sans fin je suis ce vieux fou de dix-sept ans qui connais l'heure de sa mort
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petite sœur la nuit tombe sur toi comme un manteau d'angoisse remonte le col attends que ça passe demain au dessus des nuages un soleil sans fard te découvrira
plus de tasse propre le café bu dans un verre ce n’est pas pareil
quand j’étais petit café au lait dans un bol j’ai changé depuis la tête embrumée et le corps sans énergie je fais bien mon âge
la nuit qui m'enlace glisse des baisers de glace sur mon cœur ridé
petite sœur vois-tu la pluie qui coule sur mon visage elle dilue les larmes elle abreuve la terre pour un printemps plus bleu couvert de coquelicots il faut aimer la pluie
j'ai passé ma vie à faire semblant d'être un homme un bon père employé modèle sans rechigner j'ai passé ma vie à tricher aux cartes aux dés en amour et maintenant avant le dernier pas je sais que je n'ai jamais joué
À cette époque il n’y avait pas de barrières on pouvait du haut de la falaise emprunter un sentier vers la mer La falaise était haute elle l’est toujours J’avais trouvé une baume un trou dans le calcaire de là je regardais par-dessus les goélands le voilier qui me l’avait prise
elle a été ce pont entre aujourd'hui et les galaxies elle a bercé l'espoir de me réconcilier avec mes errements nous avons été fusion mais elle avait encore tant de chemin à faire alors que j'étais sans souffle pour éclairer sa route
esprit embrumé je m’éveille dans le soir le fauteuil craque
je ferme les yeux et la nuit d'ombre me guide aux bords mystérieux
la nuit se répand la brume d’abord timide embrasse les arbres
11 décembre 2017
mon chat m’accompagne dans mes rêveries nocturnes roulé sous la lampe
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silence profond je rêve sur le clavier de mots inconnus
nous laissait liberté de nous faire du bien I'am this old mad man believing that a teenager dances in his head
sous l’auvent la nuit dans une fraicheur humide m’étreint de silence
elle portait une jupe ce matin là c'était inhabituel même dans les premiers jours du printemps place Castellane nous passons sur la bouche d'aération du métro elle était blonde j'ai vu Marilyn dans son sourire gêné
je parlerais bien au vent froid et à la pluie ils ont disparus assis sur un banc dans le jardin d’enfants je serrais sa main dans la mienne des pigeons quêtaient pitance sur le sable de l’allée le mois de mai promettait un été sans fissure je mes suis retourné vers elle dans ma main une poignée de graines où donc était elle
12 décembre 2017 le jour s’est levé il y a bien longtemps déjà le premier café je rince une tasse boire un café dans un verre ne me convient pas
petite sœur il est temps de laisser la place à tes rêves cette nuit tu verras après la tempête il sauront, eux seuls savent le faire, réparer ta route
la pulsion de fuir me réfugier dans le lit mon chat m’en empêche un ciel gris étain couvre morne la vallée — me jouer des mots
je laisse dehors l’incrédulité aux niais je suis fatigué
petite sœur d’un revers de main tu balaies ton destin tracé l’avenir sera sourire tu en a la certitude et je souris
sur mes joues tirées je sens la main de la nuit elle me console j'aimais les matins pluvieux quand sous le drap froissé son corps épousait le mien nous étions si heureux et surtout très pressés de retrouver les liens qui de nos peaux soucieux
par hasard nous étions à la même table en cours d’histoire j’admirais son écriture ronde et pleine comme sa poitrine
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j’aimais la façon qu’elle avait de souligner d’une ondulation les têtes de chapitre j’aimais sa façon de marcher et les vagues de sa langue sur ma langue
de nuit je voyage dans les entrelas des rêves jusqu’au jour prochain
retour de visite au jardin humide et froid — mon chat est heureux
Je n'osais l'approcher elle riait avec tant de monde je me savais gauche Puis elle est venue s'asseoir à ma table Nous avons bu nous avons ri Ses gestes devenaient lents j'étais gauche de plus en plus et ça la faisait rire Sa cuisse frôlait la mienne que fallait-il comprendre
cette odeur d'hiver qui complote avec la nuit je me sens de trop
j’ai sauté la haie pour rejoindre une licorne ma crinière au vent vous me connaissez je suis le soir qui transperce le nœud du gosier un soir sur la route sans bruit je l’ai rencontrée la mélancolie
un café ensemble debout dans la cuisine je ne l'ai plus revue
sur la nappe il reste des couverts et une assiette des miettes de cœur
13 décembre 2017 j’attends dès la veille le ronflement odorant de la cafetière
il me manque un peu le concert que le loriot donnait dans les chênes
dans la tasse blanche le café attend patient le goût de mes lèvres
une feuille morte sur la table de l’auvent attend sans un souffle
il fait froid dehors mon matou qui s’y connaît reste sur sa couette
j’ai suivi les traces et me voilà bêtement au fond de l’impasse
un petit nuage se hâte pour traverser la mer vers le sud
elle avait un manteau vert un manteau vert sapin on ne le voit pas sur la photo de classe mais j’aimais quand elle s’habillait ainsi elle était belle avec ses cheveux de jais coupés très courts et son manteau vert je l’aimais comme un fou sans espoir
je bâille et m’étire les mots se sont évadés et le fauteuil grince mon chat est furax la souris dans le cellier bouffe ses croquettes
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son de quelque gouttes sur les tuiles de l'auvent nuit de fin d'automne
à la fête de l’école nous récitions des poèmes c’était pas une école, c’était une boite à bac j’étais un cancre un gros nul ! nous récitions des poèmes et un bout des Épiphanies d’Henri Pichette le duo d’amour ce que j’aimais surtout c’était les répétitions chez elle sur son lit
il y avait ces jours sans joie que nous passions à nous défier il y en avait d'autres aussi bien plus lumineux quand les jours gris prirent le pas sur les jours bleus nous nous sommes quittés sans amertume aujourd'hui je regrette de n'avoir pas su rallumer la lumière
petite sœur il pleut ici il pleut si doucement comme si le ciel retenait ses larmes quel temps fait-il dans ta tête petite sœur
j'ai peur de la vie mon amour j'ai peur d'en mourir petite sœur prends bien garde au feu je crains qu'il ne te consume que restera-t-il de toi des braises ou des cendres ?
j’écoute la nuit qui murmure son silence et la nuit m’entend mon chat s’est couché tôt il viendra dans la nuit se serrer contre moi
je me souviens de son visage rond de jeune fille un peu ronde je l'aimais comme on se souvient de l'enfance quand elle m'a serré dans ses bras j'ai ressenti la douceur de ses seins j'avais sept ans et elle était ma monitrice Colonie de vacances !
la nuit se fait tard pour moi qui sui fatigué — je rejoins mon chat nous faisions l'amour comme des enfants qui jouent très sérieusement j'avais dix-sept ans déjà la mélancolie hantais ma mémoire
14 décembre 2017 café de voyage il m’attire par l’arôme très loin du rivage
souvent je me demande ce que je fais sur Twitter -vous aussi sans doute
sur la tasse mes lèvres ont laissé leur baiser
comme un condamné je bois un verre de nuit une cigarette
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accoudé au soir je rassemble mes idées — troupeau égaré
dans le silence de la nuit j'entends les grincements de mon cœur il me rebat les oreilles de ses fêlures de ses souillures et de mon mal d'aimer si mal
sur le bord du jour mon gros chat s’est endormi son oreille vibre un grain de poussière qui voltige sous la lampe c’est ma fée clochette
du haut de sa montagne de mémoires le vieux fou devient sage et affute sa bêche
traverser la nuit sans tonnerre ni tempête sur le dos des rêves un tonnerre gronde du fond épais de la nuit ciel désespéré
15 décembre 2017 le premier café le premier baiser du jour sur les lèvres de la nuit
sur le ciel de suie un nuage blême encore couronne les pins
crissement de dents la tasse vient de grincer au bord de l’évier
il fait doux ce soir il se trompe de saison mon chat fait le mur
une pensée bleue efface le tableau noir — remonter le temps
je n'ai pas oublié tant elle était sucrée sa peau d'abricot à peine mûr ses lèvres au goût de fraise les seins au bouts de cerises le jus sur mes doigts quand je l'ai cueillie et l'amertume quand elle est partie
volet entrouvert sur la nudité du ciel — nuages de gaze soirée de décembre — le froid qui est de retour a remis de l’ordre
petite sœur ignore la nuit sournoise que jamais elle ne froisse ton bonheur
petite sœur dans quel coin de la nuit te caches-tu je tourne et me retourne et ne distingue plus ton sourire
assis dans ma tête le vieux fou me raconte ses souvenirs il s'en rappelle comme si c'était demain
les pas de la nuit vont résonner sous le porche de mon épouvante
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sa peau était chaude comme un thé infusé douces et fermes mes mains trop impatientes se sont égarées si longtemps à reconnaitre son territoire nous étions jeunes et malhabiles mais nous étions jeunes
je la conduirai ma jonque entre les étoiles jusqu’au bout du rêve mon chat s’est couché il avait sur son pelage une odeur d’hiver sous l’auvent le vent me murmure dans l’oreille qu’il va faire froid
16 décembre 2017 s’il fallait j’irai le chercher au bout des mondes le premier café
je sais qu’il est l’heure d’aller questionner les rêves sur ma vie passée
pourquoi la cuillère je le bois sans sucre ni lait mais chaud le café
j'aurais aimé froisser mes doigts dans ses cheveux la serrer contre moi deviner la soie de ses seins sur ma peau écraser mes lèvres sur ses lèvres boudeuses l'embrasser à perdre langue je me suis insatisfait de l'aimer en silence
le soleil transperce un ciel brillant et limpide comme de la glace dans la corbeille je cherche un feuillet froissé des mots oubliés petite sœur il fait noir aussi un vent froid court entre les arbres es-tu bien couverte protège la flamme de ta lanterne
panne de courant tout le quartier dans le noir -que la nuit est belle ! la nuit s'épaissit comme un marshmallow qui fond sous la langue
c’est le vent d’hiver qui transperce les campagnes et tranche les doigts
je ne savais où j'allais elle m'a pris par la main et nous nous sommes perdus tous les deux ensemble
je me sens mordu par la cisaille du vent comme un poulet froid
la nuit sans escale qui vibre entre les étoiles transperce mon ciel
ce n’est pas ma montre qui me dit que je suis las tout mon corps le hurle
j'ai vu les étoiles brumeuses comme éperdues sur le lac de ses yeux
ce soir les étoiles ont ensemencé le ciel de leurs étincelles
je nous revois encore sur ce lit improbable
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c'était l'hiver le mistral frisait les vagues et parfois les embruns nous giflaient le soleil bravait le froid assis sur ce banc sur la digue du large nous nous taisions laissant au vent le soin de meubler la conversation nous avons repris chacun nos voitures et nous nous sommes séparés sans un mot pour toujours
nous sommes restés souvent dans sa chambre des jours et des nuits entières en grignotant très vite dans la petite cuisine nous faisions l’amour nous lisions des poèmes nous faisions les clowns nous faisions l’amour et nous recommencions sa chambre était vaste comme un ciel d’été
sur le pont entre les deux rives nous n'avons pas su choisir quand le pont s'est rompu nous nous sommes disloqués et avons ramassé les miettes de nos cœurs chacun a pris un peu du cœur de l'autre pour ne pas oublier
dans la nuit glaciale le vent joue du craquement des branches sans feuilles
mon chat mon gardien sur sa serviette à côté il rêve avec moi
petite sœur n’écoute pas le vent il est si froid et sa parole trompeuse il ne fera que faire rougir tes oreilles le vent s’est calmé il ne reste qu’un petit froid timide je m’en accommode
je ferme le livre je n'oublie pas le signet la vie continue
17 décembre 2017
j’attends qu’il revienne de sa lente promenade pour choisir un rêve
dès les premiers pas je sais de façon certaine qu’un ne suffira pas
le vent s'est calmé il ne reste qu'un petit froid timide je m'en accommode
je bois mon café debout contre le frigo mon chat me regarde
le train de nuit redémarre personne n'est descendu dans la nuit et le vent froids les rails sont trop fourbes
mon chat sur la table il surveille le clavier les touches s’envolent
oh ma belle dame que votre robe est froissée et vos yeux brillants sur quel lit aventureux vous êtes vous égarée
les ombres sont franches elles ne fabulent pas le soleil approuve
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ma douce nuit froide comme un cadavre embrase-moi
lourd de tant de rêves inachevés mon front pèse sur ma paume
j'étais seule dans le bois quand le loup le renard et la belette m'ont pointée du doigt
de ce rêve-là il ne me reste rien qu’un parfum de baiser
nous étions des amants farouches pourtant dans les sables du temps nous nous sommes enlisés nos mots devenus silences ont tranché nos langues nos mains de mauvais conseil n'avaient plus de flamme nos corps putréfiés n'avaient plus d'odeur la mort comme un ciment nous accordera la dernière étreinte elle est venue à moi comme le sel va au sable inexorablement vague aventureuse elle s'est retirée me laissant des pinces de crabes sur le cœur puis elle est revenue se blottir dans mes lices inexorablement avant de refluer mais elle reviendra ainsi va son amour inexorablement
est-ce son amour est-ce mon ventre dodu ses yeux me chavirent soir sans certitude les battement de mon cœur sont très hésitants oh que je voudrais voler au-dessus des mots pour les voir de haut petite sœur ce soir le temps s’est radouci mais garde ton écharpe je ne voudrais pas que tu rayes ton rire il faut du courage je n’ai jamais dépassé la digue du large mon premier amour et ma première défaite son anniversaire la nuit me réclame avant de rallier le port je lui tends les bras
18 décembre 2017
elle disait que son cœur était le mien elle disait des je t'aime dans toutes les langues et surtout la sienne elle courait sur ma peau comme un frisson d'été je l'aimais à perdre haleine m'abreuvant à ses bouches une nuit elle a dit je reprends tout depuis la nuit ne finit pas
serrée dans mes mains je la porte encore brulante au bord de mes lèvres le café me prend doucement dans son arôme je dérive au large là sur le fauteuil que je viens de réchauffer mon chat prend ses aises
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Quand elle m'a dépassé à l'arrêt de bus puis qu'elle s'est retournée et elle m'a rejoint mon cœur dans le caniveau. tout contre moi elle a levé son visage ses lèvres ont frôlé les miennes mon cœur dans le caniveau. L'avenir était à nous. Que ce souvenir jamais ne s'efface. Je sais que tu as vieilli comme moi. Mais tu as gardé cette peau d'abricot et tes seins timides et effrontés cette langue en velours et ta voix grave et douce et ces lèvres de soie où mes doigts de vingt ans glissaient, glissaient sur ta mousse. Où es-tu à présent toi l'inoubliable ?
j’ai laissé le froid me subjuguer sous l’auvent puis je suis rentré petite sœur rentre dans ton cocon il te protégera je resterai à la porte pour chasser le froid j’ai retrouvé ses lettres de son écriture ronde et suave elle me contait ses rêves dans lesquels notre amour prenait toute la place nous aurions pu nous envoler nous aurions dû à présent les feuillets ne plus que des ailes de papillons morts la nuit insondable creuse dans ma chair glacée de grands puits aveugles la nuit mon domaine couvert de fleurs de ténèbres et rosée de pleurs
19 décembre 2017 réveil difficile la dosette qui m’échappe roule sous l’évier
je m'étais assis solitaire sur un banc elle est apparue vêtue de fleurs et de rires je me suis laissé porter
je me suis surpris cuillère sur la soucoupe battant la mesure
la nuit inféconde me laisse avec mes riens fardés de néant
le soleil glacé déverse sa cargaison d’or et d’optimisme
j'aurais pu lui dire que j'aimais son rire mais elle riait avec tant de monde que je n'aurais pas su me reconnaitre
quelques lapées d’eau avant d’aller se coucher les tocs de mon chat les feuilles frémissent à peine d’une agonie dans l’indifférence
c'est une amie et je l'aime profondément tendrement même si le gouffre des années avait été moins profond je n'aurais pas aimé qu'il en fût autrement
cette lassitude qui ensevelit mes os et me noue la gorge
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l'amitié la vraie est solide comme une montagne l'amour est un feu fragile parfois je le regrette
après plusieurs pannes il serait peut-être temps que je coupe tout
après plusieurs pannes j'abandonne le PC
20 décembre 2017
à son triste sort même le café je le tourne inconsciemment ce matin sans goût
la nuit est épaisse et des paillettes de glace irriguent mon corps
j’ai laissé tomber la tasse sur les carreaux ouf ! elle était vide
je me souviens d'un autre auvent sous les feux de juillet la sauge et le thym évaporaient leur sang jusque dans la chambre il faisait bon alors rouler dans la fraicheur des draps elle était bien trop femme pour mes mains de vieux fou je l'ai laissée glisser vers son hiver torride
j’empoigne le soir qui tourmente mes entrailles et le mets sous la lampe petite sœur sens-tu cette odeur d’hiver qui court entre les immeubles sombres il fait une nuit de lampadaire humide ne prends pas froid
ils semblent rêveurs les pins dressés dans la nuit ils pensent l'été
elle n’aimait pas le sable elle préférait les roches plates et légèrement inclinées vers la mer autant dire que trouver le graal était difficile mais nous le trouvâmes et nous étions seuls alors nue face au soleil d’août elle s’est mise à rire rire et rire encore avant de plonger
je suis le rêve à peine souvenu de ce que je ne suis pas devenu et dans les années brèves à présent je m'englue sans espoir et sans sève je n'ai rien à donner mais c'est volontiers avec chaleur et dignité qu'un sourire de vieux clown tout mité
courant revenu je le ligote à l’écran faut plus qu’il s’en aille
une jeune pie pleurant l'agonie des feuilles grince dans la nuit
courant reparti s’il continue comme ça je pète un fusible
21 décembre 2017
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cette odeur promise je la respire au réveil dans ma tête obscure
la nuit sans surprise m’enrubanne des baisers du froid de l’hiver
je ne verrai donc qu’un avenir incertain tasse couleur brune coupant à la hache l’épaisse brume dorée soleil triomphant
petite sœur raconte-moi des fables où l’hiver était moins rude quand nous riions ensemble quand le soleil brillait sur tes dents nacrées redis-moi des mensonges
une ligne nette entre l’ombre et la lumière le froid d’une lame
solstice d’hiver une longue nuit de rêves les jours se rallument
c’est déjà midi il fait à peine plus chaud il reste à la porte
22 décembre 2017 café ce matin j’en voudrais une soupière d’abord une tasse
ce soir on se grime bal costumé dans ma tête rictus en cadence
la deuxième tasse plus de velours plus d’arôme les sens éveillés
à rebrousse poil tout ce que j’écris m’irrite et me prend la tête
les fées et les elfes des forêts imaginées corps à corps sublimes
je me sens amer comme un vinaigre servi au dernier souper
petite sœur dans tes yeux l’océan semble à marée basse tu promènes sur l’estran insouciante des crabes qui dévorent mon ventre
parfois sur la contre-allée nous nous asseyons à l’ombre des platanes sur un banc il y en avait encore à cette époque maintenant il n’y a plus que des voitures nous nous souriions de nos mains aux doigts emmêlés et en silence lèvres contre lèvres nous répétions nos rôles
la nuit embrumée m’enroule dans un filet de gaze glaciale des étoiles froides sont accrochées dans la haie brillante de givre depuis la fenêtre de sa chambre on avait une vue féérique sur Marseille et la rade les jours de mistral
glissant lentement sur les tuiles embrumées la mélancolie
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nous sentions la tour frémir alors nous faisions l’amour au milieu des embruns salés et la furie des vagues
petite sœur si tu avais cinq ans encore j’aurais mis sous le sapin tous les présents que je rêve de t’offrir tu n’as plus cinq ans depuis si longtemps et les cadeaux je ne peux que les dire
roulé dans la couette je guette sans impatience le sommeil sans rêve sous la lampe lasse de l'auvent désabusé je repense à elles
le ciel prend grand soin de ses éclats de diamant des ses étincelles
je n'ai su les garder elles disaient que j'étais trop sombre que je prenais la vie comme une erreur je les ai aimées chacune aurait pu me délivrer mais elles me fuirent au bout de l'oubli même celle la dernière qui a piétiné mon cœur en lambeaux saignants je ne peux l'oublier
dans la nuit mystique fouillant dans ma hôte à rêves je cherche une perle elle était là en face de moi ses yeux noirs et profonds dans mes yeux embués sa main posée sur mon cœur comme si elle voulait le serrer le serrer elle l'avait pris mon cœur dans son regard brillant comme un désir de mordre alors nos lèvres se sont jointes et nos langues mêlées
23 décembre 2017 en prenant la tasse je tremble un peu après tout j’ai franchi la nuit paupières fermées je soupire je respire l’odeur du café je suis vieux et j’ai passé bien des ponts sous lesquels ont coulé mille Seine
ces souvenirs d'antan comme je les chéris maintenant que mon corps coule comme un fromage humide mon esprit reste alerte et saute les barrières que chaque instant érige entre moi et moi
24 décembre 2017
le soir distribue j’ai encore dans ma main la dame de pique
sous la lampe il brille et parfume la cuisine le premier café
je n’oublierai rien sur ma joue qui gratte un peu je traine ma main
la tasse déborde encore trompé de bouton café allongé
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passe le matin midi pointe son museau je sors les glaçons
seconde montagne l’Himalaya de vaisselle est enfin vaincu
athée je suis irrémédiablement mais pas prosélyte l’épaisseur de mon néant personne d’autre ne la juge que moi l’amour d’autrui personne ne me le dicte et il ne se mesure pas en génuflexions
un soir sans vaisselle j’ai grignoté sur l’évier et mangé sans pain petite sœur noël est passée on a jeté tous les jolis papiers les emballages inutiles que reste-t-il dans tes yeux émerveillés
une étoile brille pour moi une seule étoile c'est bien suffisant zéro sous l'auvent ce n'est pas un noël blanc glacé seulement réveillon chez des amis elle a trouvé que je buvais trop elle est rentrée avec la voiture je suis rentré à pieds sous les étoiles de Noël en mocassins trop petits sept kilomètres tout de même heureusement j'avais des ampoules pour m'éclairer
j’avais 16 ans elle en avait 2 de plus elle m’intimidait parce que je savais son esprit plus vif que le mien elle ne m’a pas quitté nous avons parlé Verlaine elle connaissait mal j'ai récité après 3 ans la soirée finie nous nous sommes quittés sur un sourire plus jamais revue sur le ciel livide presque glauque un pin se dresse ténébreux fantôme
25 décembre 2017 café de noël une odeur d'épicéa glisse sous la porte
sous l’auvent ce soir il fait doux et le printemps semble bien plus proche
la tasse rejoint la montagne de vaisselle qui orne l'évier
je vais traverser la nuit dans une nacelle de rêves perdus
il pleuvait des cordes et nous sans parapluie nous sommes entrés dans un cinéma c’était Love Story
j'avais apporté un cahier de mes "poèmes" pour que peut-être elle en lise un à la fête de l'école
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elle l'a lu en entier silencieuse et concentrée il n'était pas bien épais quand elle a levé la tête ses yeux brillaient mon coeur s'est affolé
se sont lentement éteintes restent tes yeux qui brillent pour éclairer la route une vague humide enveloppe les lumières des galaxies naissent
le vent de la pluie s'est engouffré sous l'auvent mon visage humide
26 décembre 2017
mon chat qui m’attend sur la couette chiffonnée dort profondément
plus de dosettes du fond du placard je sors une vieille boite
la nuit parcimonieuse distribue les rêves bleus d'un regard méfiant
l’odeur est puissante mais le goût amer vraiment sacré robusta
le vent s'est couché devant la nuit menaçante comme un chien servile
la pluie sur le toit son de basse continue apaisant mon cœur
d'une rive à l'autre le gouffre était si profond que le pont céda
crépuscule à l’est entre l’ombre et la lumière un long trait d’espoir
j'ai plongé pour la rejoindre dans les vagues bouillonnantes recouvert de sel amer statue lamentable
avant le combat partage d’un chocolat en frère de couette
j'ai encore dans mes tripes la douleur de la morsure de ce crabe impitoyable qui rompt tout élan
sa chatte ne me supportais pas elle avait raison j’étais insupportable était-ce un motif tout de même pour venir me griffer les fesses pendant que nous faisions l’amour finalement la chatte a eu gain de cause je suis allé me faire griffer ailleurs
elle m'aimait je crois comme on aime à 13 ans sans fard sans rature d'un amour absolu elle était déjà femme je n'était qu'un minot qui ne savait s'y prendre malgré mon an de plus nous nous sommes aimés de nos peaux seulement mais ses lèvres encore me chuchotent à l'oreille la nuit sous la lampe lente les souvenir comme une marée découvrent l'estran de ma mémoire
petite sœur le rideau est tombé les lumières de Noël
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je m'y promène laissant aux crabes orgueilleux la fierté de m'avoir vaincu et je compte les marées nuit après nuit avant que l'une d'elle ne m'ensevelisse
le soir et sa hotte pleine de vagues anciennes ruent dans mes brancards
tu me dois des comptes ô ma nuit impitoyable qui rit du naufrage
je prendrai la nuit comme on prend train pour ailleurs rire pour enfance
je rejoins mon chat ensemble nous passerons une nuit de chats
je suis le roi des forets je perce à tout bois je perce les fûts de Saint-Amour
27 décembre 2017
dans la glace en face je me voyais la regarder pleurer doucement, juste ses yeux luisant de larmes retenues la terrasse du resto pleine d'estivants joyeux. Une fois encore elle n'avait pu parler à son mari. C'est lui qui la quitta. Heureuse de cette quiétude elle me mit de côté et finalement me laissa choir.
sourire au lever ce parfum je l’imagine abattre les murs cette fois méfiance en cas de bouton sournois une grande tasse petite lucarne à travers elle je ne vois qu’un peu de pluie sur le fauteuil en cuir mon chat rêve de chasse au buffle
dans ma nuit j’avance solitaire et sans armure vers demain transi
que j'étais heureux quand nous montions l'escalier vers l'amphi de physique elle était devant moi droite comme une reine et d'une volée de marches à l'autre elle me lançait son sourire comme un hameçon que je n'ai jamais su prendre
la pluie a cessé je vais pouvoir enfin aller aux conteneurs de tri sélectif d’une humeur chagrine j’écoute in the mood for love et je me souviens petite sœur j’ai attendu la nuit pour lui parler de toi la nuit est ma complice elle ne répétera pas ce que je ne dis pas
d'un pas de vieillard il progresse lentement entre les étoiles qui l'ont embrasé un jour une nuit un moment d'un pas de vieillard épuisé il se souvient de leur flamme
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et de ses yeux s'écoule le sable jusqu'au dernier grain
et ma peau sous la couette le vent est mon domaine je vais je viens où il me porte je suis une feuille morte
je suis ce que j'écris le reflet de mon âme mais pensez-y dans un miroir la main droite n'est jamais à droite
sur le toit de l'immeuble nous comptions les étoiles et dessinions des constellations juillet à nos trousse la nuit nous était douce tout à coup des étoiles filantes à ne plus savoir compter nous nous sommes fondus dans notre sourire à ne savoir que faire de nos vœux mais nos mains ont vite appris
28 décembre 2017 lentement il coule dans la tasse qui l’accueille avec bienveillance moustache de mousse que d’un coup de langue habille je fais disparaitre
je l'ai aimée à perdre haleine goûtant sa peau dans les moindres replis la creusant comme une mine qui explose je l'ai aimée elle me renversait me chevauchait me quémandait me demandait me donnait me léchait me transpirait je l'ai aimée à perdre haleine jusqu'à la perdre
j’ai trop peu dormi voilà que je somnole devant un feu de mots le front dans la paume je fixe la tasse vide désespérément il garde ma place dans la longue file d’attente des heures vides le soir distribue pas de dame de pique mais le cœur au bord du vide
29 décembre 2017
dans mon sang la glace emballée dans le vent froid brûle mes artères
il a le parfum de grand champs ensoleillé le premier café
petite sœur ton silence a rempli ma nuit de fantômes et de crainte où es-tu que fais-tu livre-moi ton secret
sur la tasse blanche et chaude mes souvenirs ont gravé ses lèvres des écharpes roses traversent le ciel de l’aube le soleil a froid
il est temps de rentrer pour mettre en ordre mes os
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Paroles twittées
un ciel d’aquarelle se couvrir se découvrir le soleil hésite
te souviens-tu vieillard de ces longues courses dans le vent de ta tendresse
glissant sous la porte un courant d’air hypocrite fronce sur mon cœur
30 décembre 2017 fumant sur la table le café fait ce qu’il peut pour me réveiller
petite sœur au cœur froissé je sais que tu rêves de contrées au goût salé et de profondeurs d’encres limpides le rêve prend forme les mots sont tes cris
au fond de la tasse j’ai l’impression de revoir un vieux rêve en boucle à travers la vitre il médite sur la pluie et compte les gouttes il s’est endormi un brin de soleil dans l’œil — le temps se découvre
je mendie un sabre de céramique et d’acier qui fendrait mon ventre
la colline à l’ouest tout à coup s’est enflammée — le vent crie victoire
tout en haut du toit mon chat domine le monde et le noir silence
sur le dos du vent une feuille virevolte — elle semble vivre
je cède la place la nuit et ses sortilèges prendront soin de vous
pesant sur mes cuisses il dort et nous partageons la même confiance
le bruit d'une meule dans la nuit je me souviens de ma mobylette
rythme du haïku — il prolonge les pensées d’infini douceur
souvenirs d'enfance je cherche toujours des billes au fond de ma poche Juin sous les hêtres une fraîcheur bienvenue entre les ruines de l'abbaye et le grand réservoir d'eau Allongés dans l'herbe verte encore nos mains s'impatientaient Mais trop de monde passait profiter comme nous du parc accueillant L'hôtel du village a fait l'affaire volets clos
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à la verticale la lune au dessus de nous l’inonde d’argent petite sœur tu marches dans le soir la lune brillante éclaire ton chemin mais sais-tu où tu vas de ce pas si décidé peut-être sais-tu déjà que la route
Paroles twittées
n’est qu’un moyen pas une fin
l'absente insupportable Je ne sais plus écrire mes mains tremblent un peu en rabattant le volet
une feuille morte prise au fil d’une araignée crisse sur la lisse le silence est rond sous l’auvent il fait très doux je me souviens autre auvent autre saison nos maillots de bain séchaient ensemble près du jardin aux arômes
31 décembre 2017 la tasse trébuche avant d’atteindre mes lèvres — taches sur mon cœur cafés extatiques les derniers de cette année le dernier matin il fait plus froid ce matin sous ma peau mon cœur ému se déchire
quelquefois l’hiver se rappelle d’un printemps — alors il chantonne
depuis que je traîne je ne compte plus les nuits dans ce Bardo sombre
un petit vent joue dans les feuilles mortes insouciance d'enfant
les secondes tombent d’un robinet mal fermé toutes me surprennent
quand bien même il y aurait mille années de passées tous les matins je sais que j'aurais rêvé de toi la rose d'hiver a éclos sur le rosier parfum de mémoire en équilibre sur les rochers au-dessus de la vallée nous la regardions respirer tandis que nous reprenions notre souffle d'avoir grimpé si vite c'est que nous étions avides de plonger dans l'eau du printemps retenue par ce petit barrage et de laisser la parole à nos corps Je n'écrirai plus je dédierai mes doigts au mutisme tout est dit les sentiments bégaient et deviennent comiques À quoi bon hurler aux quatre coins du vide
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petite sœur arrange bien ton sourire lisse tes cheveux et que brillent tes yeux ce soir tu laisses derrière une année trop remplie une année qui déborde comme le temps pour moi peut-on espérer de ces bulles éphémères un demain plus clair dangereux mélange pour la route je prendrais un vin de secours un verre d'or pur de ce philtre halluciné le coup est mortel la première nuit n’est pas la dernière nuit de l’année dernière
Paroles twittées
j'allais avoir dix-huit ans un réveillon d'adolescents nous avons bu du vin bu du vin du vin jusqu'à l'ivresse jusqu'aux câlins jusqu'aux caresses une folle nuit de danse d'amour et de transe les ans se sont passés nous nous sommes mariés il y a tant de temps une nuit d'adolescent
le premier café de ce nouvel an ressemble à celui d’hier un peu de vaisselle dans l’évier — hier j’étais vraiment peu nombreux nous voilà seuls mon clavier et moi — nous parlons d’amour une fine pluie sous la lune nébuleuse lustre les terrasses
elle m'accompagne la nuit n'en a rien à foutre du calendrier
petite sœur tu résistes à la tempête comme un rocher sous la falaise pourtant je t’ai vue frêle comme une folle avoine danser dans les prés fleuris du printemps
un soir j'ai brûlé ses lettres toutes ses lettres dans la cheminée sans les relire je me souvenais de chaque mot écrit au stylo bille et que déjà le papier absorbait des mots à fondre un cœur il y avait si longtemps sa peau et le papier avaient la douceur d'une peau d'abricot
l’argent des nuages se ternit tout doucement dans le ciel bleu nuit le train de nuit s’arrête au milieu de nulle part un fantôme descend
elle me parlait de lui de lui qu'elle aimait qui tantôt la faisait vibrer tantôt la délaissait j'écoutais ses confidences comme un grand frère je la consolais et j'étais heureux quand elle était heureuse je grimais mon cœur jamais elle n'a su que je n'étais pas son grand frère
Elle a été mon amie j'aurais voulu toute la vie Elle m’avait sauvé de la chute ultime par ses mots simples et droits par la chaleur de ses mains imaginées Car jamais nous ne nous sommes rencontrés Ainsi l’amitié est restée parfaite Mais elle partie et je ne sais même pas son nom
01 janvier 2018
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Paroles twittées
dormir le cœur gros l’âge ne peux rien y faire — tout juste accepter
que je l'aime et qu'elle me manque
02 janvier 2018
j'ai un âge à ne pas laisser un chien dehors
un peu hésitant la porte de la cuisine le dernier obstacle
pas si super la lune grosse baudruche trop nourrie par un sorbet de nuages
de lentes volutes s’emmêlent sous mes narines — danse aromatique
le vent s'est levé il bâille encor mais bientôt il prend sa cognée
le franc soleil rit dans un ciel bleu sans partage — mais les feuilles tremblent
je marchais dans les allées entre les tombes c'est calme un cimetière quand on vient d'enterrer son père je ne pensais à rien à rien d'important au bouton sur la lèvre qui me taquinais puis j'ai pensé à elle qui m'avait enterré dans sa mémoire mais en avait-elle
bal des feuilles mortes avec le vent à l’orchestre — musique d’hiver fin de matinée le soleil pâlit déjà — ma nuit tombe vite un moment j’a cru que le clavier me fuyait il est revenu
j'aime le cimetière Saint-Pierre de Marseille pas le plus grand de France mais un joli parc de verdure Et pas d'entre-soi comme au Père-Lachaise un vaste cimetière de banlieue Tous les morts anonymes vous racontent des galéjades et ensemble on se comprend Un matin d'hiver j'y rejoindrai mon père
c’était le mai, le fameux mai j’avais dix huit ans et pas d’essence pour aller la retrouver je m’étais concocté un mélange de fuel domestique et d’alcool à brûler pour abreuver ma mob ainsi nous avons pu être ensemble plus souvent mais la meule n’est pas arrivée en juin
Mon amie elle est toujours à jamais une amie sans visage éreintée par Twitter Je pense à elle ce soir Je ne sais où elle est où elle va Je sais juste
il me rend marteau pour boire il rentre à présent dans le lavabo un brin somnolent au fond de mes souvenirs je choisis un rêve
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je l'ai aimée à perdre haleine elle m'a aimé à bout de souffle et quand nous le reprenions c'était pour recommencer hélas un courant d'air un soir a soufflé la flamme la lumière a fui
au-delà des vitres je sais la couleur des vagues qui embuent mes yeux il est tard je vais manger même le pain est froid le soir tombe à verse — contre la pluie de ténèbres je cherche un abri la lune cachée sous l’épaisse couette grise soigne ses rayons
petite sœur demain est déjà là auras-tu bien dormi seras-tu reposée pour reprendre les rênes de ta vie fougueuse et malmenée
mon ombre il est temps de glisser entre les draps rejoindre les ombres petite sœur les rêves s'effilochent dans la machine à laver du temps souvent je repasse de vieux jeans usés que tu as portés
un soir sur la toundra un renne s'est perdu il est tombé dans un puits si profond qu'on ne l'a jamais revu sur la toundra maintenant il vend des bois de cerf au zoo de Thoiry
silence pesant seule une feuille en détresse griffe la terrasse quand j'ai bu à ses lèvres j'ai pensé ne plus jamais avoir soif quand j'ai bu à ses lèvres sa liqueur argentée je me suis cru riche des océans salés si elle m'avait laissé faire j'aurais bu à ses lèvres son cœur battant de sang
03 janvier 2018 les os fracassés j’embrasse la cafetière pressé de café les idées en place maintenant je peux jouir d’un second café le ciel devient blanc et par endroit le soleil tente une sortie
je ne parle bien qu'une seule langue la langue qui s'enroule à ta langue celle qui ramène ton suc sur l'écorce tendre et les feuilles de tes cris que je capture dans ma bouche
chant des radiateurs tout doucement je somnole — rêve de tropiques
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impatiente celle qui connaît ton sel les rondeurs et les plis de ta peau je parlerai cette langue et je déclamerai le poème que tu es
ordre de bataille — les gros tas de feuilles mortes attendent le vent parfois dans la nuit on entend le bruit des chaines que trainent les arbres je souris pourtant quand d’un coup d’œil furtif je regarde en arrière
je suis noir et je suis blanc je suis rouge je suis sang je suis jaune et je suis sel je suis le nerf de tes ailes
des pensées de toi sur mon cœur comme un doudou de laine et de soie
dans la maison de sa mère il n'y avait qu'un lit et du vin dans le ruisseau qui chantait au bout du pré nus nous nous baignions nos besoins nous les faisions dans les herbes hautes le matin nous montions jusqu'à l'œil de la montagne et nous faisions l'amour que la nuit nous avait donné c'était l'été et sa peau sentait la lavande
un jupon de gaze et la lune est ballerine — danse pour moi, danse ! ici le vent glisse en haut des arbres dociles — ailleurs il déchire le soir de mes noces elle pleurait doucement la petite cousine éloignée que je croisais rarement au milieu de la piste de danse au milieu des rires avinés elle sanglotait et hoquetait que jamais je n'aurais dû lui faire ÇA ! c'était le soir de mes noces
04 janvier 2018 très discrètement buvant mon premier café clin d’œil des nuages la tasse a tinté quand je l’ai reposée vide sous la cafetière
elle ne me comprenais pas je crois pour elle la vie était due et devait se soumettre pour moi la vie me tolérait à peine j'étais sombre disait-elle et disais n'importe quoi je n'étais pas vivant pour elle d'une certaine façon je suis mort pour elle
gratte matinée mon chat reste dans son rêve de couette éternelle chassant les nuages un petit vent anodin salue les vieux arbres je l’ai attendu toute la sainte journée — mon ami le soir
ils craignent le vent qui sournois fait volte face les chênes inquiets
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à peine vivant je trébuche sur la route dans l'ornière froide
des rayons de plumes ont traversé mes paupières — je bois du soleil
dans ma poche j'ai trouvé des miettes de pain sec un carré de chocolat fondu trois billes d'agate et un opinel rouillé ma mère n'a pas aimé le chocolat fondu je range ce souvenir et j'en prends un autre sans chocolat
petite sœur comme une ombre sur la lune le vieux fou efface une à une les traces d’un furtif passage souviens-toi la nuit me soulève d’une main sans complaisance au dehors de moi le vent a tourné du profond de la vallée le bruit bat l'auvent
elle me prend à la gorge elle me tord le cou pour qui se prend-elle la nuit
tous deux s'étaient encordés pour franchir la crête aride une corde si fragile un lien illusoire
petite sœur dans l'incertitude je me rends à la nuit que tes certitudes éclairent ton sommeil
sur un feuillet d'or avec la cendre du cœur j'écris ton poème
05 janvier 2018
ce soir-là j'étais soucieux et sombre elle s'en moquait et cherchait la lumière son rire alors a soufflé la dernière étincelle
front sur l’avant-bras vautré sur la chaise instable j’attends son arôme je bois mon café sans soucoupe et sans cuillère une grande tasse
peu à peu comme un rêve au réveil je m'efface je voudrais tout de même qu'une trace demeure pas un sourire, non je n'ai pas cette prétention une fumée seulement celle d'une chandelle consumée et son odeur âcre
à travers la baie le soleil sur le ficus — rêve de tropique un lambeau de rêve ondule devant mes yeux — serpent gueule ouverte créneaux sur le mur les ombres se fortifient — tuiles sablières
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sur le seuil de la nuit un dragon épais contrôle les billets pour demain
j'écrivais, j'écrivais des mots comme ils venaient j'écrivais "où es-tu mon amour" elle était dans la chambre et ronflait comme un phoque
je veux arrêter de creuser arrêter de croiser ses mimiques d’enfant je retourne sur la touche la partie est finie pour moi je retourne à quai le plein de vent et bon vent
06 janvier 2018 d’un trait de cuillère je dessine sur la mousse la carte du tendre c’est comme une danse mes doigts enlacent la tasse qui m’offre son anse
c’est l’heure profonde entre le large et le quai on retient son souffle
un coup de vent et les feuilles mortes jouent comme des enfants
la nuit me précède je n’aurai pour tout bagage qu’un vieux rêve usé
un ciel indécis — ah que ne suis-je en accord avec moi-même
sur le fil qui chante dans les jupons de la lune je suis funambule
trop doux pour janvier — le ciel peu tomber sur nos têtes à tout moment
Croisant un ami au détour d'une allée avec un caddie débordant, il me demande : - "Ça va ? - "Très bien ! Et toi ? - "Ça roule ma poule ! Il y en a au moins un des deux qui ment.
petite sœur petite fleur entre pavés et poussière tu as grandi de toutes les couleurs de tous les ciels de tous les vents image de sel
je m'écaille comme un vieux plâtre laissé à la pluie et aux saisons les mots devenus gris jonchent l'herbe folle à mes pieds immobile j'attends que le lichen ait raison de moi statue d'un ange déçu dans un jardin en friche
un vent insistant encore et toujours qui dresse les feuilles sauvages la main hésitante un selfy acrobatique rien ne le surprend
c'est un cœur que broie la lune de son silence d'argent un cœur de nue et de brume un cœur sans élan
nous sommes ensemble prêts à traverser la sieste à pas de matou
07 janvier 2018
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le même plaisir renouvelé le matin — le premier café
de nombreuses fois je me suis égaré sur ce chemin tordu embourbé dans l'ornière ou jeté sur le côté je revenais où tout commence et je commettais les mêmes fautes je ne saurais jamais jouer avec la vie inerte au nord de mon existence je l'attends d'un sourire dessert de la vie la mort
suffit les cuillères en tapotant la soucoupe je l’ai ébréchée il a nettoyé même ma tête le vent je vais m’enrhumer par la cheminée le vent trouve le moyen de rire en cachette j’ai eu beau semer les larmes de mes paupières le cœur reste sec
08 janvier 2018 matin goutte à goutte la cafetière distille un philtre odorant
je m’emmêle les arcanes je ne sais où sont partis les derniers mots que j’écris c’est galère entre les pannes
dans la tasse brune il se croit bien camouflé je bois sans pitié
petite sœur les feuilles mortes crissent sur les dalles comme elles je grince de tous mes mots comme elles je ne sais où me réfugier
gouttes égarées dans le vent sous la colline arc-en-ciel fugace un matin venteux dans le ciel apeuré roulent des boules de plomb
je remets de l’ordre dans ce vieux tiroir qui force un billet d’avion
sous les arbres nus danse macabre des feuilles au bal de l’hiver
mille et une nuits j’ai rêvé de dormir sur un tapis volant
petite sœur petite plage ton sable est devenu béton sous les yeux du vent salé dans tes coquillages ont n’entend plus la mer mais des cris de goule tes vagues culbutent petite sœur petite plage
elle me transperçait d'un regard sans compassion qu'avais-je bien pu dire ou ne pas dire faire ou ne pas faire penser n'y plus penser ce soir-là à mes dépens j'ai appris que les perverses narcissiques peuvent exister aussi
sur le bord du soir la pluie gifle les volets — ma gorge se noue
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Paroles twittées
la pluie soubresaute sur les tuiles de l’auvent — du vent la malice
midi l’heure atone entre café et whisky je suis indécis
les ailes d’un anges ont saupoudré mes paupières de sable magique
sur le bord du gouffre j’ai retenu le vertige mais elle est partie
la pluie a cessé — les nuages lacérés traversent mon ciel
le soir bringuebale ma tête mal arrimée se cogne aux étoiles
la longue route commence chaque pas sera un rêve piétiné par la colère de m'être égaré
petite sœur tu sautes dans la pluie comme quand tu allais encore à l’école c’est pourtant là que tu as appris à fissurer le monde
brusque et brève averse la nuit et l'auvent ont soin de mon humeur sombre
au bord d’un lagon sur du sable tiède et souple rêver de tendresse
quand elle me regardait son sourire un peu triste et ses yeux profonds comme un puits avaient la douceur veloutée de sa peau d'abricot
le train de nuit s’en va il danse sur ses rails et les portes claques
un rire éraillé une voix sans timbre et à peine tenue je fondais comme une glace framboise quand son silence disait je t'aime
palmier dans le ciel des poètes dans les nues un rêve décolle ma vie sans parenthèses n'aurait jamais été qu'un passage à la ligne
l’esprit en vacance les yeux rivés sur la tasse perdu dans l’odeur
nous riions sur son lit d'échanger des chatouilles sa bouche était offerte et mes mains si timides pourtant, pourtant ses lèvres sur mon cou n'étaient pas ambiguës comme une goutte de pluie du bout de la langue j'ai cueilli un papillon
sur l’herbe luisante une nuée d’oiseaux boit les gouttes de pluie
au fond dans la vallée deux trains se sont croisés dans un cri de souffrance
09 janvier 2018 accomplir le rite de la dosette au bouton les paupières closes
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la couleur des mots sur la toile du ressenti un pinceau vagabonde
petite sœur d’un pas assuré je m’en vais je te laisse voler vers un horizon où je n’ai de place une reine fourmi a mille prétendants et pour finir sa vie elle mange ses ailes
papillon, papillon de quelle fleur rêves-tu encore nous étions papillons sur les yeux de la terre deux pétales d'amour d'une fleur éphémère
sur un quai de gare j’attends le train improbable — quelques jours encore
j'ai aimé ses caresses comme un chat qui ronronne mordant jusqu'à l'ivresse dans son verger d'automne avant qu'hiver n'arrive elle avait de mes charmes abandonné la rive me laissant à mes larmes
voici l’heure grise l’heure de la brume humide tout mon corps frissonne mon ombre imparfaite s’est diluée dans la nuit — seul je m’accompagne oubliez le vieil homme il marche seul désormais dans la pénombre de ses rêves il ne sais pas oublier et le poids de sa besace le fait trébucher il se souvient de tous les sourires qu'il a reçu de vous de chaque murmure qui a caressé son cuir écaillé oubliez le vieux fou
10 janvier 2018 senteurs de café — la cuisine enfin respire le volet ouvert une grande tasse un café double et serré voilà le remède le café prend l’air sur le bord de la fenêtre — attention aux gouttes croquettes du chat — de minuscules oiseaux se servent sans honte
j’ai mangé ma nuit à coups de verres de trop — le sommeil me fuit
midi dépassé le dernier café se traîne un pur mal trépigne
rêver l’impossible dans la nuit noire et le froid quand le vent me gifle
le même ciel blanc court d’un horizon à l’autre sans prendre parti
11 janvier 2018 pourtant il fait doux mais tu réchauffes tes mains autour de la tasse
surprendre un regard sous ce loup de papillon yeux de ciel d'automne
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Paroles twittĂŠes
rassurant arĂ´me tu le sais fort et capable de te protĂŠger
Fermeture du compte
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