ARCHITECTURES - Tome 5 : 12 habitations contemporaines en Brabant wallon | 2004

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Tome 5

ARCHITECTURES 12 habitations contemporaines en Brabant wallon

par Anne Norman


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Préface Avant-propos Introduction

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Maison Fraas à Villers-la-Ville Architectes : SERGE FRAAS ET FRANÇOIS STEKKE Avenue Paul Deschanel, 92 A, 1030 Bruxelles T 02 256 42 20 - 0486 22 26 13

p. 15

Immeubles à appartements à Genval Architecte : VAN HUFFLEN & PARTNERS Avenue de la Corniche, 44, 1310 La Hulpe T 02 654 05 65

p. 19

Maison Husson à Genappe Architecte : PIERRE BLONDEL Collaborateur : Mathieu Wilputte Place Flagey, 7, 1050 Bruxelles T 02 649 81 81

p. 23

Maison Dierckx à Grez-Doiceau Architecte : SÉBASTIEN DIERCKX Rue des Déportés, 56, 1390 Grez-Doiceau T 010 84 22 62

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Maison Simon à Chaumont-Gistoux Architecte : DAMIEN CARNOY Rue de Nivelles, 92, 1300 Wavre T 010 22 71 00

p. 31

Maison Burlet à Chaumont-Gistoux Architecte : FRANK VERPLANKEN (BUDA) Blauwesteenstraat, 16b, 9070 Heusden T 09 239 93 12

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Maison Farber à Ittre Architecte : PIERRE BLONDEL Cf. supra

p. 39

Maison Asquempont à Ittre Architecte : F. PRZYBYLSKI Rue Vieux Pavé d’Asquempont, 19A, 1460 Ittre T 067 879 653

p. 43

Maison Van Hufflen à La Hulpe Architectes : VAN HUFFLEN & PARTNERS Cf. supra

p. 47

Maison Verdin-Morelle à Court-Saint-Etienne Architecte : ERIC FURNÉMONT Rue de la Cloche, 11, 4500 Huy T 085 25 19 69

p. 51

Maison Dans la terre à Mont-Saint-Guibert Architecte : DAMIEN CARNOY Cf. supra

p. 53

Maison Sommers à Court-st-Etiennes Architecte : DAMIEN CARNOY Cf. supra


Tome

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ARCHITECTURES 12 habitations

contemporaines en Brabant wallon

A l’initiative de la Province du Brabant wallon

par Anne Norman


Préface Baudouin le Hardÿ de Beaulieu, DÉPUTÉ PERMANENT

Voici déjà le cinquième tome de la série « Architectures » initiée par la Province du Brabant wallon en 1999. Cinq ans, le temps d’un premier constat, l’heure d’un nouveau tour d’horizon. Après avoir envisagé les maisons trois et quatre façades, les immeubles de bureaux, les petites interventions et les bâtiments anciens réaffectés en logement, voici à nouveau un volume entièrement consacré à l’habitat. Il n’y est cette fois pas uniquement question de villas, mais de tout type de nouveau logement témoignant d’un intérêt architectural certain. Comme vous le constaterez dans cet ouvrage, malgré l’élargissement à toutes les catégories d’habitats : villa, maison mitoyenne, immeubles à appartements, habitat groupé… , la maison isolée demeure la plus représentée. D’une part, je me réjouis qu’en quelques années le Brabant wallon se soit enrichi de nouveaux témoins d’une architecture contemporaine de qualité qui s’écarte franchement des constructions purement promotionnelles. D’autre part, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine déception par rapport à l’absence de diversité des logements touchés par cette architecture. Trop peu d’immeubles à appartements, d’habitats groupés, de maisons mitoyennes… dignes d’être publiés. Or, la qualité s’épanouit et s’enrichit de la diversité. La villa quatre façades n’est pas la panacée en matière de logement, et d’autres pistes méritent d’être envisagées et étudiées. Nous sommes très certainement au début d’une ère nouvelle, dans tous les domaines, il est donc nécessaire de nous interroger sur notre habitat, l’améliorer, l’innover et explorer de nouveaux sentiers. En tant que Député permanent ayant en charge l’aménagement du territoire, je tiens tout particulièrement à œuvrer dans ce sens et à stimuler les recherches pour une architecture contemporaine de qualité, permettant de construire un espace de vie digne de ce nom et clairement ancré dans son époque. Une architecture à la fois soucieuse de son environnement et innovante. Enfin, une architecture stimulante, qui procure du plaisir à ceux qui y vivent mais aussi à ceux qui la regardent.


Avant-propos L’habitat représente un pourcentage important du marché de la construction. Il soulève également de nombreuses questions. Alors que la quantité de ce qui se produit dans le domaine est particulièrement conséquente, surtout en Brabant wallon, la qualité reste relativement faible. La qualité mais également la diversité. Le type de logement majoritairement produit reste la villa quatre façades. Parmi celles-ci, la plupart présente une même typologie répétée à l’infini. Jusqu’à l’étourdissement, jusqu’à la lassitude de nos sens et la banalisation de notre environnement. Ce constat n’est pas alarmiste, il est le reflet d’une réalité trop souvent morose, insidieusement insipide, au point, ce qui est encore plus terrifiant, qu’on ne la remarque même plus. Parmi cette grisaille, s’élèvent quelques notes de couleurs dont certaines ont été captées et intégrées dans les pages de ce livre. Chacune des visites, chacune des rencontres qui en a découlé a été l’occasion d’une vraie joie, de discussions passionnantes tant avec les architectes qu’avec les maîtres d’ouvrage. Bien entendu, ces projets ne sont pas les seuls, il y en a heureusement davantage. Tous n’ont pas pu être publiés. Chacun démontre à sa façon que l’habitat s’invente tous les jours et n’est pas forcément le produit figé que l’on essaye la plupart du temps de nous vendre. Pourquoi la tradition à laquelle on se réfère si souvent, avec fierté, mais aussi parfois avec mensonge et arrogance, ce serait-elle arrêtée à une certaine époque, bien entendu, antérieure à la nôtre? Le monde change, les relations que nous entretenons avec lui également, la société et les hommes évoluent. Pourquoi l’habitat et nos modes d’habiter resteraient-ils figés? Ils sont également perfectibles. Étant donné les relations que nous entretenons avec notre environnement, on peut même proclamer qu’ils doivent changer et s’améliorer, à divers niveaux. Nous regrettons de ne pas pouvoir vous montrer des catégories plus variées d’habitats. Les immeubles à appartements présentant une qualité architecturale réelle demeurent très rares ; nous n’avons pas trouvé d’exemple récent de maison mitoyenne vraiment novateur. Parmi les habitats groupés, et ce modèle tend à se multiplier, peu présentent une dimension architecturale notable. Nous vous en présentons un exemple intéressant en fin d’ouvrage. Néanmoins, nous sommes heureux de vous présenter les maisons isolées majoritairement publiées dans cet ouvrage, car toutes sont de qualité et témoignent d’une véritable démarche de la part de leur auteur et commanditaires. Nous espérons qu’elles retiendront favorablement votre attention.



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L’art de construire Anne Norman Habiter n’est pas un geste anodin. Il résume à lui seul une part importante de l’existence. Il reflète également la culture d’une société. Notre logement, quand, bien entendu, nous avons le choix de ce dernier, constitue un révélateur, une sorte d’interface entre nous et le monde. Notre société est grande productrice et consommatrice de logements. Tous les jours sortent de terre des dizaines de maisons disséminées sur l’ensemble du territoire, urbanisant ce dernier toujours davantage. Notre propos ne sera pas d’envisager la dimension urbanistique de ce phénomène qui, bien que capitale, ne concerne pas la typologie proprement dite de l’habitat. Ou, tout au moins, devrait peutêtre moins la concerner et davantage réserver son action à la gestion du territoire dans une perspective plus durable. L’habitat souffre de nombreuses carences dont un manque cruelle de qualité dans le sens le plus large du terme. La majorité des bâtisses qui se construisent, qu’il s’agisse de maisons individuelles, d’immeubles à appartements ou d’habitats mitoyens, ignore la plupart du temps la dimension architecturale. Trop souvent, il s’agit encore et toujours de purs produits de consommation conçus en dépit du bon sens sans aucun souci de ses habitants et de l’environnement dans lequel ils s’implantent. Ces maisons et ceux qui les vendent sont en outre parvenus à persuader leurs utilisateurs que leurs produits se placent dans la parfaite continuité d’une tradition quasi séculaire. Ce mensonge est d’autant plus pernicieux qu’il se double d’une parfaite manipulation des esprits des « consommateurs » par le formatage pur et simple de leur rêve d’habitat afin de l'accorder aux produits proposés. Dans ce qui est devenu un terrible marché, l’architecte n’occupe qu’une place périphérique pour ne pas dire anecdotique. Sa mission est Photo : J. Debock (une rue à Ittre)


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confuse aux yeux des candidats bâtisseurs qui très souvent craignent le coût de ses honoraires. Comme son rôle est méconnu, certains imaginent même qu’ils vont devoir payer un architecte pour, qu’en bout de course, ce dernier puisse réaliser ses fantasmes d’artiste. Or, rien n’est moins vrai. Bien entendu, ce métier abrite des individus au talent et compétence divers. Le choix de l’architecte constitue donc une étape extrêmement importante. Mais, si ce dernier fait convenablement son travail, les maîtres d’ouvrage n’en tireront que des avantages pour un prix minime par rapport à celui de la construction. Une autre idée fausse trop fréquemment répandue, veut qu’un architecte ne travaille pas pour des budgets limités. Or, il peut au contraire constituer le garant du respect d’un budget clairement établi. Ces différents aspects avantagent terriblement les sociétés vendant un habitat clé en main, pour lesquels les clients n’auront, malheureusement, à se poser aucune question. L’achat d’un espace de vie s’identifie ainsi à n’importe quelle autre acquisition d’objet de consommation. On acquiert de cette manière un logement comme une voiture, un frigo, une caravane… Toute réflexion est annihilée à la source. Comme si cette dernière était une tare, un problème en soi. Ce phénomène est d’autant plus insidieux qu’il semble plébiscité par les règlements d’urbanisme et plus spécifiquement par le code wallon qui définit très clairement la typologie d’un habitat acceptable. Ces définitions servent de guide aux sociétés de promotion immobilière qui offrent de cette manière l’assurance à leurs clients d’obtenir sans difficulté leur permis de bâtir. Notamment par manque de moyens, toutes les communes ne peuvent s’allouer les services d’un architecte compétent, apte à juger les projets qu’on lui présente et permettre ainsi une ouverture vers une dérogation éventuelle au règlement. L’évolution de la réglementation limitant le rôle du fonctionnaire délégué ne va certainement pas faciliter l’émergence d’une architecture de qualité. Auparavant, il constituait un interlocuteur plus averti que ne le sont la plupart des fonctionnaires qui ont à juger les productions d’un métier qu’ils ne comprennent pas toujours, ce qui n’est par ailleurs bien souvent pas leur faute. On se dit trop facilement


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que tout le monde peut évaluer la valeur d’un projet. Or, ce sentiment est totalement faux. Il faut laisser le choix à des gens véritablement compétents, capables de comprendre une démarche et d’en juger la pertinence. Si l’existence des règlements ne doit pas être remise en question, la profondeur de leur champ d’application devrait être réévaluée. La médiocrité de la majorité des constructions parle d’ailleurs d’elle-même.

Une rue qui fait cas de figure Il existe une rue en Brabant wallon dont l’histoire est bien singulière et qui illustre joliment notre propos. Par le plus parfait hasard – mais, paraît-il, le hasard n’existe pas !?- cette rue abrite plusieurs maisons contemporaines, dont certaines du même architecte. Cette petite rue de campagne serpente dans un paysage vallonné ouvert sur de vastes étendues agricoles. Les maisons qui la longent alternent la typologie traditionnelle : volume quadrangulaire, toiture à versant, briques, tuiles ou ardoises ; et quelques maisons affichant clairement leur contemporanéité en optant pour une typologie très différente : volumes géométriques très simples, toiture plate, enduit blanc ou béton… Trois de ces maisons se succèdent. La première a été réalisée par Pierre Blondel (cf. Maison Farber présentée dans cet ouvrage)

qui est intervenu sur une parcelle d’un lotissement de deux lots dont il a modifié les

prescriptions pour les adapter à la forte déclivité du terrain. Il en a également profité pour établir un règlement facilitant une création plus contemporaine. La seconde maison s’implante juste à côté, dans le deuxième lot soumis aux règles du lotissement établies par le précédent architecte. La troisième ne fait pas partie du lot, mais se situe quelques mètres plus loin

(cf. Maison Asquempont par F. Przybylski).

L’architecte de cette troisième bâtisse a dû

obtenir une dérogation pour construire comme il l’a fait. Permission qui lui a été assez aisément


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L’art de construire

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accordée par le service du fonctionnaire délégué. L’architecte lui a clairement expliqué sa démarche en cours d’élaboration du projet. D’expérience, notons que le dialogue est souvent un garant de qualité. Sur ces trois maisons, deux sont réellement des œuvres de qualité. La troisième - qui ne l’est pas dans l’ordre de succession sur le site - est un ersatz maladroit. Pourquoi ? Parce que l’architecte et les maîtres d’ouvrage ont été contraints d’appliquer un règlement assez précis auquel, pour des raisons diverses, ils ne pouvaient adhérer. Le résultat est une maison inspirée d’une typologie « traditionnelle », décapitée de sa toiture à versant et recouverte d’un enduit blanc. L’architecte a appliqué le règlement du lotissement à la lettre sans apparemment en comprendre l’esprit. Pourtant, ce nouveau règlement avait été fait avec talent et la plus grande intelligence. Cette histoire démontre que les règlements d’urbanisme qui vont trop loin dans leur définition de l’architecture ne sont en aucun cas les garants d’une production de qualité. L’architecture ne se définit pas sur papier mais d’abord sur le terrain, par rapport à un contexte donné qui implique autant l’environnement, le programme, la personnalité des maîtres d’ouvrage, celle de l’architecte, que le choix des matériaux. Elle résulte de ce que Norbert-Schulz appelait très justement le « genius loci » dans l’acceptation la plus complète du concept. Les maisons présentées dans cet ouvrage, aussi diverses soient-elles, résultent d’une démarche semblable. Leur diversité est également le garant de leur humanité et échappe ainsi au clonage tant pratiqué de nos espaces de vie.


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habitations contemporaines en Brabant wallon



ARCHITECTES

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Serge Fraas François Stekke

Maison Fraas à Villers-la-Ville

Cette maison s'insère dans un site magnifique, entièrement boisé mais faisant néanmoins partie d’un lotissement datant des années soixante. Les maîtres d’ouvrage y ont choisi un terrain abritant deux essences d’arbres, des feuillus et des résineux qui divisent le terrain en deux parties distinctes. La bâtisse représente une sorte de frontière humaine, très douce, entre ces deux mondes végétaux. Après une partie plane abritant les épineux, le terrain présente une dénivellation de 13%. La maison constitue également l’élément de liaison entre la partie haute et la partie basse de la forêt. Entièrement revêtue de cèdre, brut de sciage, la façade à rue est extrêmement discrète et se fond parfaitement au paysage. Les architectes ont volontairement opté pour l’humilité, la sobriété et le silence dans ce lieu naturellement majestueux. L’entrée est très discrète, mais le seuil de la maison à peine franchi, on découvre un spectacle grandiose grâce aux immenses baies vitrées de la façade arrière entièrement ouverte sur la forêt. La maison est un simple rectangle de 6 mètres sur 30. Son implantation a été conçue afin de ne pas modifier le relief du terrain et d’abattre le moins d’arbres possible. Dans la partie haute, le volume est donc assez discret, l’ensemble se développant sur deux niveaux dont un seul est perceptible depuis les pins. Le mur adossé à la pente est blindé. La structure métallique proprement dite est constituée de cinq colonnes en acier de 6 mètres de haut. Afin de jouir au maximum des vues sur la forêt, il a été décidé d’installer les pièces de jour au niveau supérieur. Les circulations sont fluides, il n’y a ni couloir ni porte. Le cheminement intérieur est conçu comme une véritable balade en forêt. Photo: Architectes

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Maison Fraas à Villers-la-Ville

Serge Fraas - François Stekke

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Les architectes ont travaillé au maximum avec des espaces traversants. Les ouvertures les moins importantes, notamment vers les pins situés côté rue, ont été conçues comme des tableaux, permettant à tout moment d’admirer la nature. À l’extrémité de l’étage supérieur se situe la cuisine elle-même ouverte par un large châssis coulissant sur une terrasse couverte, insérée dans le volume même de l’édifice. L’étage inférieur, littéralement blotti dans la forêt, abrite les fonctions plus intimes : chambres, salle de bain mais aussi un bureau et un petit salon afin de ne pas couper la maison en deux parties, l’une ne vivant que la nuit et l’autre le jour. Photos: B. Castay


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Tout l’étage inférieur s’ouvre entièrement sur les bois, les cadres des châssis ont été mis en œuvre afin de les rendre les plus discrets possible. Un bloc intérieur réparti sur les deux niveaux, le cellier pour l’étage, et un espace technique abritant notamment la chaudière, constitue une sorte de noyau au centre de la maison. Il permet également de redistribuer la chaleur de la chaufferie. La maison présente toutes les qualités du solaire passif. Les architectes ont su trouver le ton juste et l’humilité nécessaire pour que l’architecture et la nature dialoguent et se mettent constamment en valeur. Le bardage en cèdre et la toiture en zinc pré-patiné participent pleinement à cette logique.



ARCHITECTE

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Van Hufflen & Partners

Immeubles à appartements à Genval

Ces immeubles à appartements sont nés grâce à la perspicacité de l’architecte qui avait immédiatement senti le potentiel d’un magnifique terrain arboré abritant une villa en ruine et une ancienne conciergerie. Il a imaginé un projet et soumis à trois entrepreneurs des esquisses en leur proposant de se porter acquéreur et de jouer ponctuellement le rôle de promoteur. La première entreprise qui a réagi a acheté le terrain et réalisé les constructions imaginées et conçues par l’architecte. Le but était de construire des immeubles à appartements d’un certain standing s’adressant à un public de personnes souhaitant vivre en Brabant wallon, dans un espace verdoyant tout en profitant de la proximité de commerces et de transports en commun. Ce type de logement est extrêmement rare en Brabant wallon et prône une redensification de l’habitat tout en respectant la dimension rurale de la Province. Le premier travail a consisté à identifier tous les arbres remarquables du site afin de les conserver et de les intégrer dans le nouveau projet. Les constructions consistent en quatre immeubles dont trois abritent 6 appartements et le quatrième, auquel s’adosse une maison, comprend 3 appartements. La surface moyenne des logements s’échelonne entre 170 et 220 m2. Le site abrite donc une totalité de 22 logements répartis dans 4 immeubles. Chaque immeuble est composé de deux ailes rez +2 étages séparées par une boîte en verre abritant la cage d’escalier et l’ascenseur. La distribution des logements est assurée par une passerelle à chaque niveau. Le volume en verre, en plus de procurer des vues exceptionnelles sur le site, a permis d’éviter toute mitoyenneté entre les logements et de supprimer de cette manière des éventuelles nuisances sonores. Photo: B. Castay

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Immeubles à appartements à Genval

Van Hufflen & Partners

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Chacun des immeubles a été implanté en fonction des orientations et des vues sur le parc. Aucun des 22 logements n’est identique. De vastes terrasses couvertes assurent également une jouissance optimale de la nature environnante. Les matériaux utilisés sont simples, maçonnerie traditionnelle et briques pour les volumes à toiture plate, alternant avec des volumes sous toitures à double versant. L’architecture est sobre, très rationnelle, sans emphase. Les proportions sont justes, claires. Cet ensemble constitue un des rares exemples de qualité dans cette catégorie de construction qui non seulement n’est pas fréquente mais qui quand elle existe, se limite la plupart du temps à des productions promotionnelles dépourvues de toute approche architecturale. Un exemple qui pourrait être suivi également pour d’autres niveaux de standing.


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ARCHITECTE

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Pierre Blondel collaborateur : Mathieu Wilputte

Maison Husson à Genappe

Situé dans un lotissement des années soixante, ce terrain offre des vues assez exceptionnelles sur le paysage. L’arrière de la parcelle s’ouvre sur une étendue de champs vallonnés. Entre la rue et l’extrémité de la parcelle, il y a une déclivité de près de six mètres. Partant de ce contexte, et en tenant compte de l’orientation, l’architecte a pris le parti d’implanter la maison perpendiculairement à la rue. Elle profite de cette manière d’un magnifique paysage tout en n’imposant pas un volume important à la voie publique, dégageant plusieurs perspectives. La volonté était aussi de profiter au mieux de la déclivité du terrain. La maison, toute en longueur, se développe en escalier permettant à chaque niveau d’avoir un accès direct vers le jardin. L’ensemble des volumes épouse parfaitement le relief. Le programme se voulait également le plus souple possible afin de moduler l’espace en fonction de l’évolution des besoins. Les volumes sont simples, aux formes géométriques claires. La maison est à la fois ouverte sur le paysage mais aussi fortement intériorisée. La centralité des espaces, malgré une volumétrie très allongée, est très forte et tourne autour d’un patio ouvert sur un de ses côtés. Le patio constitue un véritable noyau autour duquel s’organise les autres espaces. Ouvert en été, il peut se fermer en hiver grâce à un système ingénieux de verrière coulissante. Ouverte, la verrière recouvre une partie de la façade enduite et de la toiture plate. Quand on veut transformer le patio en jardin d’hiver, elle coulisse sur l’espace à abriter. Dans cette maison, comme dans plusieurs réalisations de Pierre Blondel, le patio constitue un lieu ni ouvert, ni fermé, un espace à la croisée des chemins. Il permet en outre de capter très efficacement la lumière du sud et de la redistribuer. Photos: M. Husson

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Maison Husson Ă Genappe

Pierre Blondel - collaborateur : Mathieu Wilputte

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Photos: M. Husson

Photo: Š Bastin & Evrard


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Photo: M. Husson

Côté est, la façade se ferme quasi entièrement afin de protéger la maison des vents froids très forts dans cette direction. La maison est recouverte d’un enduit teinté en « rose terre ». Les châssis en bois sont peints en gris bleu. La couleur joue un rôle très important et est induite par le caractère du site, de l’environnement et de la lumière. La toiture plate est recouverte de coquillages blancs concassés. Cette architecture trouve un subtil équilibre entre des caractères souvent considérés comme antagonistes : ouverture et fermeture, centralité et rayonnement, espaces clairement définis et fluidité…

Photo: © Bastin & Evrard



ARCHITECTE

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Sébastien Dierckx

Maison Dierckx à Grez-Doiceau

Cette bâtisse est une des rares maisons enterrées du Brabant wallon. On y accède par une ruelle qui conduit à flanc de colline et depuis laquelle on devine à peine une protubérance dans le sol, une large ondulation entièrement couverte de gazon. Ce n’est qu’en se laissant guider par un cheminement sinueux qu’on réalise la présence de la maison au sein de laquelle on se trouve déjà. Le mouvement qui nous y conduit est naturel, à peine perceptible et pourtant, on a, sans le réaliser, changé de dimension. Une maison digne d’Alice au pays des merveilles ! L’idée d’enterrer la maison est née de la conjonction d’éléments dont la situation du terrain à bâtir face à la maison des parents du maître ouvrage. Il n’était pas question d’encombrer leur vue avec une imposante bâtisse. L’architecte a alors décidé de se lancer dans l’aventure et de relever le défi tant technique qu’esthétique d’un édifice enterré. Il a fallu creuser un trou dans le relief du terrain pour y implanter la maison. 3000 m3 de terre ont été déplacés. Ensuite, un radié en béton très épais et coulé d’un seul tenant afin de créer l’assise horizontale du bâtiment a été exécuté. Il a également fallu régler les nombreux problèmes d’infiltration en effectuant une étanchéité parfaite sous la dalle même. Les murs ont été montés et ensuite une autre dalle en béton a été coulée sur l’ensemble. Cette dalle a elle-même été recouverte de plusieurs couches isolantes : béton de pente, étanchéité, antiracines, géotextile drainant, argex, seconde couche de géotextile et enfin de la terre perméable afin de couvrir entièrement la construction. Parallèlement, de nombreux problèmes de pression et de drainage ont du être solutionnés ainsi que la ventilation intérieure. Il en résulte une maison parfaitement stable, sans fissuration ni humidité et qui présente des qualités d’inertie thermique très performantes tant en hiver qu’en été. Photos: B. Castay

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Maison Dierckx à Grez-Doiceau

Sébastien Dierckx

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Entièrement creusée dans la terre, la maison possède une seule façade, totalement ouverte et de plainpied sur le paysage offrant ainsi une vue panoramique sur la vallée. Elle n’a donc rien d’une maison fermée sur elle-même, au contraire. L’espace intérieur résulte du mouvement naturel des courbes et contrecourbes qui se répondent et créent les espaces. Il n’y a aucune rupture, les espaces se développent naturellement, répondant à une logique quasi organique, presque comme le reflux d’une marée, des vagues échouant sur un rocher. Il n’y a pas de porte intérieure, l’intimité est obtenue par des murs courbes qui enrobent et dissimulent. L’architecture semble réellement émaner du paysage, les murs se font oublier, et les fenêtres, partant à ras du sol jusqu’au plafond, ne créent aucune limite. L’architecture s’efface devant la nature tout en permettant d’en profiter au maximum.


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La maison se divise en trois parties, très naturellement : un espace professionnel réparti sur deux niveaux ; l’espace de nuit situé dans la partie courbe, la plus propice à l’intimité, au cocon, au règne de l’irrationnel ; et enfin les pièces de séjour dont les ouvertures vers l’extérieur sont plus rectilignes, et donc plus propice à un espace plus rationnel, où domine la raison. Le cheminement est également très important, depuis l’extérieur mais aussi à l’intérieur. Il se fait de manière naturelle mais claire, la progression entre le public, le semi-public et le privé est évidente. L’escalier qui mène au cœur de la bâtisse a la forme d’une spirale, d’une coquille dans laquelle on se glisse naturellement. Il s’agit d’un projet fabuleux car autant il s’identifie et émane du paysage, autant rien n’a été laissé au hasard. Le moindre détail a dû être étudié préalablement, il n’y avait aucune place pour l’improvisation en cours de chantier, au risque de subir de graves problèmes techniques. L’outil informatique a été d’une aide précieuse, même indispensable. Mais ce travail est issu d’une écoute capitale du site, du terrain, du paysage qui en réalité a dicté l’ensemble du projet.



ARCHITECTE

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Damien Carnoy

Maison Simon à Chaumont-Gistoux

Cette maison est un magnifique exemple d’une rencontre entre un site, des hommes et un architecte. Elle s’implante dans un verger qui a donné les fondements du projet. Avant même de faire la moindre esquisse, l’architecte s’est promené à plusieurs reprises avec les maîtres d’ouvrage sur le terrain. Ils parlaient des arbres, des endroits où ils se sentaient bien… La maison est née tout naturellement de cette démarche et a été conçue comme un arbre supplémentaire dans le verger sans toutefois tomber dans le mimétisme. Il s’agit bien de concevoir une construction humaine qui se distingue clairement comme telle, mais qui répond à une logique naturelle. Le paysage est composé de trois éléments structurants auxquels l’architecture fait écho : au ciel répond la toiture ondulante et très aérienne, suffisamment élémentaire pour dialoguer avec cet élément abstrait ; la façade en bois fait écho aux arbres; et enfin la terre, la maçonnerie inclinée dialogue avec la terre dont elle semble littéralement émerger de manière très organique. À ces trois éléments correspond un programme lui-même divisé en trois parties distinctes : l’habitation des maîtres d’ouvrage, de forme ovale (mais rythmée de manière très rigoureuse), qui résulte d’un choix de vie avec ses rêves, ses habitudes, la sensibilité de toute une famille ; un logement secondaire voué à la location, de forme rectangulaire qui symbolise bien l’ancrage dans le concret, la rentabilité, la dimension rationnelle ; et ensuite une tourelle dont la fonction volumétrique est capitale pour l’ensemble du projet. En effet, les trois éléments réunis constituent une petite agglomération de volumes qui permet à la maison de ne pas apparaître comme un bloc isolé dans le paysage mais, au contraire, constitue elle-même un paysage en soi, avec ses accidents, ses dialogues internes et externes. Photos: D. Carnoy

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Maison Simon à Chaumont-Gistoux

Damien Carnoy

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La maison est entièrement conçue en bois, ossature et bardage. L’architecte a opté pour un bois belge, le mélèze issu des forêts wallonnes. Les éléments en maçonnerie n’ont aucune fonction portante, l’ossature bois est donc totalement autonome. Toutefois, ils constituent l’ancrage et complètent l’action du bois. Bois et maçonnerie sont parfaitement complémentaires notamment au niveau thermique. Cette maison possède des qualités énergétiques optimales : il n’y a aucun pont thermique et la déperdition est nulle. L’orientation, les grandes fenêtres et les arbres permettent de gérer au mieux la chaleur. Le vitrage permet de laisser pénétrer les rayons du soleil qui en été sont filtrés par le feuillage des arbres. La chaleur est emmagasinée et redistribuée. Un système de conditionnement d’air naturel fonctionne parfaitement avec un chemin d’air venant du nord. Depuis l’occupation de la maison, les propriétaires n’utilisent que le feu de bois pour se chauffer. Au cas où ce serait nécessaire, un système de courant tri horaire a été installé. Toutes les qualités énergétiques de cette maison ont été primées par l’« Energy Award » ainsi que le Prix de l’urbanisme du Brabant wallon 2003.


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ARCHITECTE

Maison Burlet à Chaumont-Gistoux

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Frank Verplanken (BUDA)

À l’origine de cette maison, il y a d’abord la volonté des maîtres d’ouvrage de construire différemment, de réaliser une maison qui est un véritable espace de vie, mûrement réfléchi. Après avoir visité de nombreuses réalisations architecturales dans l’ensemble du pays, ils ont retenu une petite liste de bâtisses qu’ils avaient aimées. Ensuite, plusieurs architectes ont été rencontrés avant d’arrêter définitivement leur choix sur Frank Verplanken, dont la maison personnelle avait particulièrement plu à l’un des maîtres d’ouvrage. La maison s’implante dans un lotissement des années soixante sur un terrain présentant une déclivité très importante. L’architecte a opté pour une implantation dans l’axe du terrain, dans le sens de la pente en modifiant le relief au minimum, tout en creusant bien entendu le sol pour implanter la construction. Le sol très sablonneux a engendré plusieurs difficultés dont un coût de construction en maçonnerie s’avérant être le double d’une ossature bois. Après plusieurs hésitations, c’est cette dernière solution qui a été adoptée à l’exception des murs contre terre. La toiture est en polypropylène ondulé. La maison est totalement inclinée dans le sens longitudinal et fonctionne sur plusieurs modules de 4 mètres, partant de l’entrée jusqu’au sommet de la pente. On rencontre d’abord l’espace cuisine, la salle à manger et le salon ; ensuite un espace bureau situé en mezzanine ouvert sur le salon et la chambre des parents située en bout de course au rez-de-chaussée et enfin, à l’étage, derrière le bureau, les chambres des enfants. La maison est entièrement revêtue d’un bardage en thuya du Canada, commercialisé comme du cèdre dans nos régions. La dimension plastique, presque sculpturale, de la maison est très présente, notamment par le traitement des fenêtres dont la rectitude entre en opposition avec l’inclinaison générale du bâtiment. Photos: B. Castay

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Maison Burlet à Chaumont-Gistoux

Frank Verplanken (BUDA)

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Cet aspect est particulièrement marquant sur la façade sud, presque entièrement ouverte mais protégée par un débord faisant office de paresoleil. L’architecte, en dialogue avec les maîtres d’ouvrage, a également conçu l’ensemble du mobilier (en cours de réalisation) afin de créer une entité cohérente.


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ARCHITECTE

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Pierre Blondel

Maison Farber à Ittre

Cette maison s’implante sur un terrain en pente situé le long d’une rue villageoise. L’horizon s’ouvre sur un vaste paysage vallonné où alternent champs et massifs boisés. La parcelle faisait partie d’un lotissement de deux lots dont l’architecte a modifié les prescriptions initiales inadaptées à la déclivité du terrain. La maison se développe sur deux niveaux, dont un seul est visible côté rue. La façade à rue est très sobre et apparaît comme un simple écran percé de deux portes, l’une conduit à la partie professionnelle, un cabinet médical, dont l’entrée est marquée par un arbre. L’accès vers la partie privée est clairement distinct. On y parvient par l’intermédiaire d’une passerelle non protégée qui marque clairement la dimension privative de l’espace. Côté jardin, la maison s’ouvre généreusement sur le paysage. Les parties enduites sont contrastées par des extrémités revêtues de bardage en bois qui encadrent les larges baies vitrées. Le niveau de vie ainsi que la chambre des parents se développent de plain-pied avec le jardin tandis que les chambres d’enfant se situent à l’étage, au niveau de la rue. Un patio se développant sur deux niveaux sépare la partie privée du cabinet médical. Il constitue également un extraordinaire capteur de lumière naturelle qu’il redistribue à l’intérieur des deux espaces. Il offre également de magnifiques vues sur l’extérieur aux habitants mais aussi aux patients transitant par la salle d’attente. L’ensemble de l’édifice tant au niveau des rythmes, des volumes très géométriques, de son horizontalité, que des matériaux, enduits blanc et bois clair (cèdre), dégage une grande sérénité. Il répond aux lignes dominantes du paysage, les souligne tout en s’y inscrivant avec discrétion et humilité. Photos: J. Debock

Architectures Tome 5


p. 36 Architectures

Maison Farber à Ittre

Pierre Blondel

Tome 5

Contrairement aux idées reçues, une vue globale de l’environnement naturel et bâti dans lequel s’insère cette demeure montre à quel point cette architecture épouse les lieux bien mieux que les bâtiments voisins, qualifiés de traditionnels, en brique et munis de toiture à versant, finalement peu adaptés à ce type paysage. Si l’architecte avait respecté les premières prescriptions du lotissement, il aurait obtenu un volume de quatre étages côté jardin ! Une belle démonstration, prouvant que l’architecture se fait avant tout au cas par cas et en fonction du contexte qui est le sien.


p. 37 Architectures Tome 5



ARCHITECTE

p. 39

F. Przybylski

Maison Asquempont à Ittre

Située dans la même rue que le projet précédent, cette maison se distingue également du bâti traditionnel et découle très logiquement du même type de démarche, offrant la plus grande attention possible au site. L’architecte a voulu trouver le juste ton afin de s’intégrer au mieux dans la vallée, qui à son sens aurait dû demeurer vierge de toute construction. Le terrain présente une déclivité très forte (3,5 m) entre la voirie et le niveau du jardin. Un seul niveau apparaît côté rue et trois du côté de la vallée. La maison constitue un rectangle de 10,50 mètres de long sur 6,50 de large auquel s’ajoute le volume cubique du garage et de la buanderie distinct de la maison. Les deux volumes sont étudiés de façon à créer les meilleures transitions possibles par rapport à leur voisin respectif (une maison traditionnelle en brique pour le garage et deux maisons contemporaines revêtues d’enduit blanc pour la maison). Le garage est recouvert d’un bardage en cèdre non traité qui peu à peu va revêtir une patine grise, tandis que la maison est constituée de blocs de béton gris. Le choix des matériaux se justifie également par la volonté de ne pas faire de compromis, une fois l’option des volumes choisie. Option par ailleurs encouragée par le service du fonctionnaire délégué. A priori, l’architecte désirait utiliser du béton coulé mais les blocs étaient financièrement plus accessibles. La toiture du garage est plate tandis que celle de la maison est en appentis masqué par un acrotère qui donne l’illusion d’une toiture plate. Côté rue, qui dans ce cas correspond au nord, l’architecte a pris le parti de fermer la façade au maximum. Par contre, la façade sud s’ouvre généreusement sur le site.

Photos: B. Castay

Architectures Tome 5


p. 40 Architectures Tome 5

Maison Asquempont à Ittre

F. Przybylski


p. 41 Architectures Tome 5

L’organisation spatiale se divise en trois parties distinctes. Les chambres se trouvent dans la partie supérieure, un espace polyvalent se situe dans le niveau intermédiaire profitant du paysage grâce à une très haute fenêtre (4 m) entièrement coulissante donnant accès à une terrasse suspendue et enfin, le séjour, la salle à manger et la cuisine de plain-pied avec le jardin. Au béton brut de l’extérieur répondent des matériaux nobles, notamment la pierre bleue, pour les espaces intérieurs. La géométrie, les proportions, l’équilibre entre les verticales et les horizontales ont fait l’objet d’une attention extrême. L’architecte a opté pour des volumes très compacts épousant au mieux le relief du terrain et dégageant au maximum les vues sur le paysage, notamment pour les voisins implantés à l’arrière de la bâtisse.



ARCHITECTES

p. 43

Van Hufflen & Partners

Maison Van Hufflen à La Hulpe

Située le long d’une petite route pavée flanquée de villas cossues, cette maison frappe par sa sobriété et, paradoxalement, par son extrême discrétion. Les propriétaires étaient à la recherche d’un terrain sur lequel il y avait déjà de grands et vieux arbres, apportant la paix et sérénité de la campagne tout en jouissant de la proximité de la vie culturelle de la ville et offrant donc des facilités de transports évidentes (gare à 600 m. et autoroute à 2 km). Le terrain présente également une très forte déclivité (près de 10 m.) et malheureusement un sol de mauvaise qualité qui a nécessité de battre des pieux à 17 mètres de profondeur pour trouver une couche suffisamment stable pour supporter le poids de la maison. L’architecte désirait implanter la maison perpendiculairement à la rue, à cheval sur le niveau haut et bas du terrain, mais ce parti a été rejeté par l’urbanisme. La maison a donc été conçue comme un vaste rectangle de 40 mètres de façade implanté parallèlement à la voirie. La façade à rue est presque entièrement aveugle, l’espace étant par contre généreusement ouvert vers le jardin. L’architecte a respecté dans les grandes lignes les impositions du code wallon de l’aménagement du territoire en parvenant toutefois à éviter l’écueil fréquent de ce genre de typologie. L’ensemble a été traité avec un souci poussé du détail et une grande rigueur. L’architecte est parti d’un programme et de l’équipement qu’il nécessite, dans ce cas une maison avec une partie professionnelle - un bureau d’architecture - et un atelier de peinture. Ces fonctions donnent le dimensionnement de toutes les composantes du projet ainsi que le type de circulation. L’ensemble est traité pour fonctionner de manière optimale. Photos: B. Castay

Architectures Tome 5


p. 44 Architectures

Maison Van Hufflen à La Hulpe

Van Hufflen & Partners

Tome 5

Les façades en briques de terre cuite sont enduites d’un simple crépit teinté, des hourdis de béton armé supportent la couverture de la toiture qui présente les mêmes caractéristiques physiques que les murs, ce qui assure une parfaite isolation et une température ambiante constante. Malgré la grande rationalité, partant d’une étude parfaite des fonctions de chaque pièce, l’espace intérieur présente une grande flexibilité. La maison a été conçue afin de pouvoir évoluer facilement dans le temps et se transformer au gré des usages et de ses occupants. L’espace est ouvert, fluide, avec le moins de portes et de murs possible. Quand il y a des portes, elles coulissent et sont donc très discrètes offrant un maximum de modularité. L’ouverture vers l’extérieur est omniprésente. Les châssis des fenêtres disparaissent dans les murs et le plafond. La continuité des matériaux entre l’intérieur et l’extérieur accentue encore cette ouverture et la confusion spatiale est totale. La terrasse extérieure couverte ne fait qu’un avec l’espace intérieur. Un arc de cercle la délimite côté jardin, mais cette frontière n’en est pas une, des cercles concentriques prolongeant son écho vers la partie basse du terrain. La partie jour se développe au niveau de la partie haute du jardin tandis que l’espace nuit se trouve à l’étage ainsi qu’un atelier en mezzanine entièrement ouvert sur l’extérieur. L’escalier menant à l’étage a été réalisé sans limon et s’ancre dans les colonnes de béton de la façade arrière qui forment des meurtrières ouvertes sur l’extérieur. D’une grande légèreté, les marches qui le constituent sont réalisées en tôle d’acier qui habille elle-même une structure tubulaire en acier. Sa conception est, comme toute la maison, basée sur une étude fouillée des usages des équipements et des espaces. Une œuvre qui témoigne de la grande proximité entre fonctionnalité, qualité plastique mais aussi poésie.


p. 45 Architectures Tome 5



ARCHITECTE

p. 47

Eric Furnémont

Maison Verdin-Morelle à Court-Saint-Etienne

La maison s’implante sur un terrain situé sur les hauteurs de la commune, entre la partie urbanisée et l’orée d’un bois. D’emblée, pour des raisons économiques, la parcelle sera divisée en deux parties à la fois distinctes et unies afin d’accueillir deux maisons, une grande et une petite, un bureau et un atelier situé en dessous de la maison principale. Malgré cette division, l’architecture des deux logements est conçue comme un ensemble s’articulant de manière très organique. Étant donné les caractéristiques du terrain qui offrent des vues superbes mais présente aussi de nombreuses contraintes dont l’étroitesse et la déclivité, chaque maison s’oriente vers le sud de manière différente afin de les faire profiter d’un maximum d’ensoleillement. Elles ne présentent donc pas la même implantation. L’architecte a préservé l’intimité de chaque famille qui peut profiter des vues sur l’extérieur et de leur jardin en toute liberté. Le choix des matériaux s’est porté d’emblée sur le bois, le cuivre pour la toiture, et la maçonnerie pour les parties orientées vers le Nord. Les maisons répondent aux caractéristiques du solaire passif. Elles se veulent résolument écologiques tant dans les principes constructifs que dans les rapports qu’elles entretiennent avec leur environnement. Les espaces de vie dialoguent pleinement avec le jardin. Une grande verrière orientée vers le sud-ouest fait office de capteur de lumière et de chaleur et s’ouvre à la fois sur la salle à manger de la grande maison et en mezzanine sur le couloir donnant accès aux chambres orientées vers le nord. L’espace bureau présentant un seul niveau fait l’articulation entre les deux logements et permet ainsi une transition harmonieuse des volumes orientés différemment. L’atelier a été installé sous la maison principale afin d’être le moins visible possible et occupe partiellement la partie basse du terrain. Cette maison a également reçu le Prix de l’urbanisme du Brabant wallon en 2001. Photos: Architecte

Architectures Tome 5


p. 48 Architectures

Maison Verdin-Morelle à Court-Saint-Etienne

Tome 5

Ces maisons, qui ont connu une histoire parfois douloureuse puisqu’un des maîtres d’ouvrage est décédé en cours de travaux, est le fruit d’un véritable projet de vie et d’un dialogue nourri avec l’architecte. Les habitants cherchaient un lieu pour vivre. Pour accueillir, se reposer, revenir chez Soi, aimer, rire, pleurer, grandir, goûter la musique et le silence, élever des enfants, cultiver des légumes et les cuisiner, aller à l’école à pied ou en vélo, écouter le vent dans les arbres…

Eric Furnémont


p. 49 Architectures Tome 5

L’architecte au style hors du commun est particulièrement sensible au dialogue et ne conçoit jamais son travail en dehors de l’individu et des liens qu’il entretient avec le reste du monde, hommes et environnement. C’est lui qui écrit très justement en parlant de son métier : Bâtir … ou peut-être creuser. Toujours plus profond dans le mystère de l’Espace, qui n’est rien d’autre que le mystère de notre existence sur terre. Les axes de notre travail sont des questions, aussi profondes et larges que nous le pouvons. Chaque projet d’architecture est avant tout un projet de Vie, et donc une réponse à la fois intuitive et synthétique aux interrogations qui le portent et le fondent, en un Lieu et un Temps unique.



ARCHITECTE

p. 51

Damien Carnoy

Maison dans la terre à Mont-Saint-Guibert En cours de construction Cette maison s’implante dans un site très en pente. Lors des visites sur le terrain, l’architecte a beaucoup écouté et observé les maîtres d’ouvrage qui naturellement se positionnaient non pas dans la partie haute mais dans la partie basse du terrain. C’est là qu’il fut décidé d’implanter la maison. La maison est entièrement adossée à la pente partiellement creusée pour la recevoir, ce n’est donc pas, malgré les apparences, à proprement parler une maison enterrée. Par contre, la toiture est entièrement végétale, ce qui accentue l’impression d’immersion. Le programme était très important (habitation pour famille recomposée avec de nombreux enfants d’âges différents), la maison fera près de 400 m2. Les propriétaires avaient également des exigences fonctionnelles très précises notamment sur les relations entre chaque espace. L’habitation se répartit sur deux grands niveaux : un niveau abritant les pièces de séjour, cuisine, les chambres des jeunes enfants et, à l’écart, l’espace des parents qui fonctionne un peu comme un appartement en soi, et un niveau bas avec la chambre des grands enfants et un espace cinéma. La cuisine constitue un véritable noyau, où tout le monde se retrouve, elle a donc été conçue comme un espace très ouvert. Depuis le sommet du terrain, la maison se dévoilera à peine par l’intermédiaire des espaces de circulation verticale et la partie supérieure du feu ouvert émergeant du sol. Côté intérieur, la maison s’ouvre généreusement vers le soleil et le bas du terrain. La charpente en bois de la toiture se poursuit horizontalement au-delà du plan de la façade et accentue la dimension rayonnante de l’édifice. Des jeux de terrasses et de coursives animent l’espace et le relief naturel. Courbes et contre-courbes se répondent de manière très organique, comme si cette maison surgissait naturellement du sol. L’intention de l’architecte et des habitants étaient clairement de « fondre l’habitat dans le milieu sauvage ». On peut dire que cette demeure en cours de croissance, promet de devenir un abri fabuleux au sens propre du terme. Photos: D. Carnoy

Architectures Tome 5



ARCHITECTE

p. 53

Damien Carnoy

Maison Somers à Court-Saint-Etienne

Cette maison fait partie d’un habitat groupé constitué d’édifices de styles et de typologies variés. Le point commun entre chaque bâtiment est l’usage de briques et de tuiles. Cette maison s’implante dans un terrain assez ingrat dont le sol est partiellement inconstructible, ce qui a nécessité la répartition des espaces en hauteur. Le budget était également assez serré. Il s’agit donc d’un projet présentant des contraintes très importantes. Le manque d’espace a été partiellement compensé par la réalisation d’une partie du programme, un appartement à louer, traité comme une passerelle accrochée à la maison voisine. Cette astuce a nécessité tout un travail administratif afin de créer une « servitude de surplomb ». Les propriétaires avaient été séduits par le style de l’architecte et désiraient habiter un espace de type organique. Le bois a été abondamment utilisé pour les espaces intérieurs ainsi qu’un répertoire formel caractéristique usant d’un langage s’inspirant directement de la nature. La maison présente une façade extérieure traitée comme une haute muraille marquant spatialement la limite de l’habitat groupé par rapport aux autres habitations. Par contre, la façade intérieure orientée vers les autres habitations du groupe, est largement ouverte. « Le volume principal, qui contient les pièces de séjour de la famille, le bureau et les chambres, marque, par sa prédominance verticale et sa toiture transversale, la limite extérieure du petit groupement. Il est le signal d’extrémité de l’ensemble. Le volume secondaire, qui contient les espaces d’accueil et les circulations, ainsi que les sanitaires et la cuisine, s’inscrit dans le prolongement des lignes des voisins et réalise la charnière avec le volume principal. Il s’ouvre largement vers l’espace commun. Le troisième volume, contient un espace complémentaire et constitue un véritable pont qui marque, tant physiquement que symboliquement, l’idée du lien au groupe. » Photos: D. Carnoy

Architectures Tome 5


Initiative : Province du Brabant wallon le Député permanent Baudouin le Hardÿ de Beaulieu Réalisation : Centre culturel du Brabant wallon - Maison de l’Urbanisme Auteur : Anne Norman Graphisme : sign* Impression : JD Pub Production s.p.r.l. Editeur responsable : H. Champagne, fonctionnaire de l’information, Province du Brabant wallon, bâtiment Archimède, av. Einstein, 2 - 1300 Wavre. Imprimé en Belgique D/2004/8355/1 © Tous les droits de reproduction, de traduction et d’adaptation (même partielle) sont réservés pour tous pays.


A l’initiative de la Province du Brabant wallon Réalisation: Centre culturel du Brabant wallon & la Maison de l’Urbanisme

Centre culturel du Brabant wallon

Maison de l’urbanisme


Tome 5

A R C H I T E C T U R E S

12 habitations contemporaines en Brabant wallon


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