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304
Septembre 2021 Bimestriel
La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon
Inondations en Brabant wallon
Comment éviter de prendre à nouveau l’eau
sommaire
4 en bref
apprendre 6 Comment éviter de prendre à nouveau l’eau
apprendre 10 Des initiatives en ordre dispersé
respirer 12 Des digues
contre l’oubli
Erratum
découvrir 16 Construire en dur, habiter léger
respirer 19 Des rampes vers la convivialité
apprendre 2 0 Des habitants acteurs de leur cadre de vie
rencontrer 22 Vincent Geens, capitaine
Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon ( janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.
Suite à la pandémie, nous vous avons proposé ces derniers mois des Mini Midi de l'urbanisme qui consistent en une interview d’acteurs clés de l’aménagement du territoire du Brabant wallon. On a notamment évoqué le logement de nos aînés, la biodiversité dans nos bâtis ou encore l’impact de la crise sanitaire sur nos communes.
Zoom sur la créativité
le Brabant wallon en zone 30 ?
main pour avoir la même réussite que Louvain-la-Neuve »
Redécouvrez tous nos Mini Midi
À revoir sur mubw.be
répondre 13 Faut-il mettre tout
découvrir 14 « Ottignies a tout en
Une erreur s’est glissée dans une brève publiée en page 4 de notre numéro du mois de juillet (303). La commune de Braine-le-Château nous signale qu’elle est toujours bien en décentralisation.
de projets artistiques au long cours
agenda 2 4 Densification :
comment les communes assument-elles ?
Découvrez le prolongement en vidéo du corpus de fiches relatifs à la créativité urbanistique en Brabant wallon. Trois capsules relatent la genèse des projets primés par le Prix de l'Urbanisme et de l'Architecture en 2017 (Maison VC à Grez-Doiceau, AGC Glass Europe à Louvain-la-Neuve et Centre du visiteur de l'abbaye de Villers-la-Ville). À retrouver sur mubw.be
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Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédactrices : Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be), Karima Haoudy (k.haoudy@ccbw.be) - Avec la contribution de : Joëlle Rigaux, Agnès Chevalier et Maureen Schmetz - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, K. Haoudy, M. Schmetz - Présidente de la Maison de l'urbanisme : Sophie Keymolen - Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group - IPM Printing - Tirage : 7 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 50 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 21 septembre. © Photo de couverture : Quentin Van Belle Espace-vie est imprimé sur du papier recyclé dans une imprimerie climatiquement neutre. Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.
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nos Quel avenir pourloo (5/5) communes ? Water
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les enjeux La revue qui décode Brabant wallon territoriaux du
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identités Les multiples du Brabant wallon
n vers Le long chemi l’habitat groupé
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302 2021
Mai Bimestriel
les enjeux La revue qui décode Brabant wallon territoriaux du
ÉVOLUER
De la Smart Cityty à la Smart Rurali
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Un château oublié éclat va retrouver son
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coloniales Les empreintes public dans l’espace
3032021 Juillet Bimestriel
souhaite uniquement 4. Jem’abonner à la version digitale accessible sur espacevie.be Communiquez-nous votre adresse e-mail
les enjeux La revue qui décode Brabant wallon territoriaux du
Des freins à sur
monter
l cyclable Quel potentieBr abant wallon ? pour l’est du
d'urbanisme Des chargesco rence en quête de hé
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3 espacevie.be | septembre 2021
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en bref
2500 Les tonnes de déchets qui ont été récoltées par inBW suite aux inondations de cet été en Brabant wallon. Ces déchets ont pour la plupart été triés dans les filières de recyclage. Le reste a été broyé à Mont-Saint-Guibert puis incinéré à Virginal.
Un corridor cyclable le long de la E411
© Assymetrie
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220 appartements en plus à Court-Village Elle s’est longuement fait attendre, le temps que la commune gère l’imbroglio juridique dans lequel elle était empêtrée. Equilis vient d’introduire la demande de permis d’urbanisme pour la phase 2 de Court-Village, à Court-Saint-Étienne. Et ce, auprès des services de la fonctionnaire déléguée. Elle concerne la construction de 220 logements, qui seront érigés dans le sillage des bâtiments actuels, vers Ottignies. Ils s’ajouteront aux 152 logements déjà vendus et aux 8 000 m² de commerces et services. Altiplan et ABR, déjà à l’œuvre pour la première phase, sont également les architectes de la seconde phase.
Demi-tour pour la navette autonome La navette autonome qui circulait dans les rues de Louvain-la-Neuve est rentrée au garage. Définitivement ? Nul ne la sait. Mais l’expérience qui s’est déroulée du 8 mars au 31 août demande de nouvelles études avant d’être poursuivie. L’idée du TEC est d’en faire un service de mobilité complémentaire pour le dernier kilomètre à parcourir lors d’un trajet.
En Brabant wallon, j’ai toujours eu l’impression que les mesures n’étaient pas assez ambitieuses en matière de gestion de l’eau. L’urbanisation a été privilégiée pendant longtemps. Jean-Luc Biermez, responsable du service des cours d’eau non navigables en Brabant wallon, SPW
L’idée est de relier Louvain-la-Neuve à Bruxelles. Une voie rapide, sorte de corridor cyclable, qui longera l’autoroute E411. Un projet qui sera à construire entièrement. Et qui exigera quelques aménagements importants : quatre passerelles, notamment une qui devra enjamber la vallée de la Dyle, et deux tunnels seront installés pour permettre aux cyclistes de franchir divers échangeurs sans bloquer la circulation automobile. L’idée du ministre wallon de la Mobilité Philippe Henry est de lancer les travaux en 2022 pour une mise en circulation en 2024. Un timing qui sera toutefois tributaire de l’obtention des permis de bâtir. La « véloroute » wallonne rejoindra le réseau cyclable flamand à hauteur de Rosières.
Un permis de bâtir vient d’être délivré en vue de la rénovation et de l’extension du Centre Hospitalier Neurologique William Lennox à Ottignies. Un centre construit il y a 50 ans. La surface des locaux passera de 14 000 m² à environ 20 000 m². La capacité hospitalière atteindra 198 lits au lieu des 159 actuels. C’est le bureau Assar Architects qui a dessiné le nouveau projet. Précisons que le Centre William Lennox avait déjà construit en 2007 une nouvelle aile à l’architecture particulièrement élancée. Dessinée par le bureau Artau, elle avait reçu la même année le Prix de l'Urbanisme et de l'Architecture. Projet à redécouvrir dans notre corpus « La créativité urbanistique en Brabant wallon ». Le chantier actuel s’étendra jusqu’en 2030.
L’abbaye de Villers à vélo Quinze vélos électriques sont désormais disponibles à la location pour se balader aux alentours de l’Abbaye de Villers-la-Ville. Une initiative de deux jeunes entrepreneurs locaux (Altitude 100) soutenue par la commune. Les vélos sont accessibles via un local situé à l’arrière du syndicat d’initiative. La location s’élève à 45 euros pour une demi-journée et 70 euros pour la journée.
Waterloo préserve son centre © Assar Architects
Demande déposée pour la gare d’Ottignies Le permis pour l’aménagement de la nouvelle gare d’Ottignies vient d’être déposé. Un projet colossal de plus de 83 millions. L’objectif est d’en faire un pôle multimodal, à la fois confortable, fonctionnel, durable et accessible à tous les voyageurs. La nouvelle gare comprendra des parkings pour 600 vélos et plus de 1 000 voitures. Un nouveau bâtiment économe en énergie sera construit pour les voyageurs.
Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, des interviews complémentaires, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be.
Pas de côté pour Nathalie Smoes La fonctionnaire déléguée du Brabant wallon est en congé maladie depuis début juin. Son adjoint Cédric Harmant a pris le relais cet été. Françoise Duperroy a depuis lors été dépêchée depuis Namur pour assurer l’intérim jusqu’à nouvel ordre.
Waterloo tente toujours d’enrayer sa densification. Commune la plus urbanisée du Brabant wallon, la cité du Lion a décidé d’appuyer sur la pédale de frein. Elle vient de matérialiser la préservation de deux sites importants situés en plein centre-ville : le parc Jules Descampe et le terrain de rugby. Ce dernier fait l’objet de nombreuses propositions de la part de promoteurs immobiliers. Pour alléger la pression automobile en centre-ville, la commune a lancé une étude de faisabilité relative à la construction d’un parking souterrain de 200 places à proximité de l’espace Bernier.
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Extension pour le centre William Lennox
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Comment éviter de prendre à nouveau l’eau Le temps presse. Pour éviter de revoir les mêmes images de rues et maisons inondées d’ici peu, repenser la manière d’aménager le territoire et faire évoluer le rapport de la Wallonie à l’eau semble inévitables. Trois experts se sont penchés sur le devenir de la vallée de la Dyle, particulièrement touchée en juillet dernier. Texte : Xavier Attout – Photo : CRDJ et X. A.
L
es principales inondations en Brabant wallon ont concerné la Dyle et ses affluents. Cette rivière qui traverse d'amont en aval les communes de Court-Saint-Étienne, OttigniesLouvain-la-Neuve et Wavre avant de prendre la direction de Louvain a débordé mi-juillet dans la plupart des terres brabançonnes qu’elle a traversées. Avec autant d’images dramatiques dans le centre stéphanois, à Mousty, à Walibi ou encore en plein centre de la cité du Maca. La vallée de la Dyle, berceau d’activités industrielles aux XIXe et au XXe siècles, fait l’objet actuellement de profondes reconversions. De multiples projets immobiliers d’envergure se sont développés ou doivent se développer le long du tracé de la Dyle. Les enjeux urbanistiques sont donc énormes. Ils devront désormais être concrétisés au regard des inondations. Pour évoquer les futurs développements de cette vallée, nous avons invité trois experts à se retrouver pour en discuter : le sociologue et urbaniste de l’UCLouvain Yves Hanin, un représentant de la fonctionnaire déléguée Cédric Harmant et le bourgmestre de Court-Saint-Étienne Michael Goblet d’Alviella.
apprendre
pour améliorer la situation que nous connaissons. De nombreux projets se sont concrétisés en amont (retenues d'eau ou fascine - association de branchages). Des démarches ont également été effectuées auprès du monde agricole. Est-ce que cela fonctionne ? Ces démarches sont positives en tout cas. Néanmoins, beaucoup d’actions ont aussi été supprimées de l’agenda au fil du temps car d’autres problèmes sont apparus. En Wallonie, la conviction était notamment que la Flandre était davantage concernée par ces problèmes d’inondations et qu’il fallait davantage se concentrer sur l’isolation des bâtiments ou la PEB. De manière à éviter une hausse de quelques degrés. Il faut donc se recentrer sur les dégâts causés par le dérèglement climatique, car cela nous concerne également.
En Wallonie, la conviction était notamment que la Flandre était davantage concernée par ces problèmes d’inondations et qu’il fallait davantage se concentrer sur l’isolation des bâtiments ou la PEB. Yves Hanin, sociologue et urbaniste
Le centre de Court-Saint-Étienne a été victime d’inondations à plusieurs reprises ces dernières années. En quoi celles de cet été vous ont marqué ? MICHAEL GOBLET. Je n’avais jamais vu ça. Dans la rue de Beaurieux, l’Orne avait une largeur de 800 mètres… Contrairement aux précédentes inondations qui étaient liées à un débordement de la Dyle, c’est l’Orne qui a débordé cette fois-ci de manière incontrôlée. Nous avons travaillé sur la régulation de la Dyle depuis 2016 via des opérations de curage ou via la construction d’un ouvrage de rétention d’eau. Et cela a fonctionné, il faut le relever. Je vais réactiver le groupe de travail mis en place pour la Dyle et en lancer un sur l’Orne, en compagnie des communes de Mont-Saint-Guibert, Chastre et Walhain. L’eau arrive de Chastre, il faut donc résoudre le problème en amont. Les actions et dispositifs mis en place ces dernières années ont-ils été suffisants ? YVES HANIN. Une série d’initiatives et de dispositions ont été prises (carte d’aléa, bassin d’orage, etc.)
Le Brabant wallon est-il une victime expiatoire ? Y.H. Non. Mais 70 % du territoire y est non-bâti. Cela signifie que l’eau tombe essentiellement sur des terres agricoles. Les dispositifs installés ces quinze dernières années ne sont plus adaptés aux normes et aux besoins actuels. Il serait donc opportun de revoir ce que l’on peut faire sur les terres agricoles en mettant par exemple l’accent sur l’agroforesterie. Avec quel ordre de priorité ? Y.H. La première est de revoir la carte de l’aléa d’inondation. La version actuelle est celle de mars 2021 et est en perpétuelle évolution. Mais il faut repenser cette carte et prendre en compte les phénomènes exceptionnels. La difficulté est de comprendre que ce que l’on vient de vivre est situé en aléa faible sur la carte. Car cela ne peut se reproduire que tous les 100 ans. Autre élément : il faut arrêter de concentrer les pouvoirs auprès des bourgmestres. La Région doit prendre ses responsabilités et assumer des décisions fortes. Exemple : une maison située en zone d’aléa forte doit être régie par des normes. CÉDRIC HARMANT. La Région se positionne déjà. Beaucoup d’avis sont sollicités. M.G. Mais il est vrai que la Région n’a pas établi de normes dans les zones d’aléa élevé. Et c’est problématique.
7 espacevie.be | septembre 2021
A Grez-Doiceau, le Train est sorti de son lit.
apprendre Cédric Harmant, Michael Goblet d'Alviella et Yves Hanin
Ne plus autoriser de permis dans les zones d’aléa, comme la Flandre le suggère, est-ce une bonne piste ? C.H. Redensifier les noyaux d’habitat est un des enjeux de ces dernières années. Il est impossible de dire qu’on ne construira plus dans un centre-ville et de déplacer l’urbanisation sur les plateaux. D’autant que cela ne ferait qu’augmenter le ruissellement. Cette question est donc délicate. Il ne faut pas tomber dans un catastrophisme. Il faut réfléchir posément. Mais affirmer que l’on ne construira plus rien dans les zones d’aléa semble impossible. Il faut par contre adapter les modes de construction. De quelle manière ? C.H. En rehaussant les maisons, en construisant sur les pilotis.
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Il faut imposer cela dans les permis ? C.H. C’est déjà le cas. Je ne pense pas que cela entrainera de baisse des demandes de permis. M.G. Une révision du plan de secteur serait opportune pour réorganiser le territoire. De manière à échanger des terrains situés en zone inondable par d’autres mieux situés. Essayer de freiner les quantités d’eau en amont est encore possible. Installer des dispositifs de temporisation est intéressant. Y.H. En matière de percolation, l’urbanisation ne possède pas toujours un résultat plus négatif qu’une terre agricole. M.G. Pour la plupart des grandes réhabilitations dans la vallée de la Dyle, l’artificialisation sera moins importante que par le passé. Aux Bétons Lemaire, à Ottignies, ce sont des grandes dalles de béton. Les dispositifs actuels devraient améliorer la situation. Il faut revoir la manière d’urbaniser les terres ? Y.H. Les terres agricoles ont un taux de percolation qui est très faible : 2 litres /m2. Un bois, c’est 150 litres/m2. Et une zone urbanisée, c’est aussi 2 litres/m2. Les terres agricoles possèdent donc un rendement similaire à un jardin. Il y a 100 000 logements dans la zone d’aléa fort. Il est évidemment inconsidéré d’obliger ces habitants à déménager. D’autant plus qu’il reste encore 10 % de potentiel foncier dans ces zones. Il faut donc continuer à densifier, mais peut-être autrement.
Nous allons désormais aller un cran plus loin. Une motion spéciale a été votée au conseil communal : elle précise que nous ne délivrerons plus de permis dans les zones d’aléas d’inondations élevés. Michael Goblet, bourgmestre de Court-Saint-Étienne
À Court-Saint-Étienne, des conditions particulières sont-elles exigées dans les permis pour faire face aux inondations ? M.G. Nous avons toujours été attentifs à ces aspects mais nous allons désormais aller un cran plus loin. Une motion spéciale a été votée au conseil communal : elle précise que nous ne délivrerons plus de permis dans les zones d’aléas d’inondations élevés. Et cela si le demandeur ne parvient pas à démontrer que sa maison et les maisons voisines ne seront pas mises en danger. Et vous en avez beaucoup dans ce cas ? M.G. Non, pas beaucoup. Des solutions alternatives existent, comme construire sur pilotis. Nous l’avons par exemple exigé pour la mosquée de Court-Saint-Étienne.
Ce qui est paradoxal, c’est que toutes les promotions immobilières les plus haut de gamme sont situées au bord de l’eau aujourd’hui…
Y.H. On parle dans ce cas de flurbanisation. Soit l’urbanisme le long des fleuves. La zone du canal, à Bruxelles, devient en effet un must. Pourquoi cela attire ? Car il fait de plus en plus chaud dans les villes. Pouvoir bénéficier de la fraicheur est intéressant. Il ne faut pas oublier que la majorité du temps, c’est la chaleur qui va l’emporter et non les inondations. Il faut travailler tant sur le réchauffement que sur les inondations. Et apprendre à vivre avec les risques éventuels.
Reconquérir de l’espace pour redonner sa place à l’eau, est-ce possible dans la vallée de la Dyle ?
C.H. Des projets ont existé mais cela semble compliqué. La question du cout des infrastructures est importante. C'est pour cette raison que cela prendra du temps. Y.H. Il faudra être inventif. Construire sur pilotis coutera plus cher. Il faudra également faire davantage d’études, ce qui prendra du temps. C.H. Dans les zones inondables, une astuce des promoteurs est de semi enterrer les garages de manière à surélever le rez-de-chaussée. C’est notamment le cas dans le cadre du projet Rive verte à Wavre ou Henricot 1 à Court-Saint-Étienne. On peut aussi remplacer les parkings voitures par des parkings vélos si les voitures perdent de leur attractivité.
Va-t-il être plus compliqué d’obtenir des permis à l’avenir, vu le contexte ?
C.H. Nous étions déjà attentifs à ces aspects. Nous le serons encore
davantage. Il y aura surement des exigences plus élevées. Mais beaucoup de recommandations étaient déjà exigées.
Cela reste un grand fantasme d’affirmer que les pouvoirs publics autorisent encore des permis en zone inondable…
Y.H. Jusqu’en 2010, on construisait en Wallonie 150 logements par an en zone d’aléa élevé. On a divisé cela par deux depuis lors. Et ce sur les 15 000 logements construits chaque année. Il y a des initiatives qui apparaissent un peu partout pour le moment, en ordre dispersé. Qui doit piloter cette mise en œuvre en Brabant wallon ? M.G. La Province. Elle doit reprendre la main.
Louvain n’a pas été inondée alors que Wavre a été sous eau. Quelle leçon en retirer ?
Y.H. Que Wavre devrait s’inspirer des aménagements qui ont été réalisés là-bas. Des aménagements audacieux ont été mis en place. Wavre pourrait par exemple diviser la Dyle en deux ou élargir la rivière. Il faut oser. Remettre le cours d’eau en valeur est un avantage indéniable pour une ville.
Êtes-vous pessimiste pour l’avenir ?
Y.H. A côté de la prise en compte individuelle, parcelle par parcelle, il faut mettre en place des plans de résilience plus large. Il faut une démarche collective des pouvoirs publics pour prendre en compte le changement climatique. Que ce soit en termes de chaleur – comment rafraichir la ville – et par rapport aux phénomènes extrêmes. Cela nécessite de travailler sur l’étalement urbain mais aussi sur l’ensemble des bassins versants.
interview
« Cela s’annonce compliqué » Jean-Luc Biermez, ingénieur à la Direction des Cours d'eau non navigables du SPW, en charge du Brabant wallon Propos recueillis par X. A.
Comment diminuer les risques d’inondations dans la vallée de la Dyle ?
Cela s’annonce compliqué. Ce problème date d’il y a 40 ans. Alors que les Flamands prenaient des dispositions et réservaient des terrains pour aménager des bassins d’orage, nous n’avons rien fait de notre côté. Dans la situation actuelle, nous n’avons pas la possibilité de construire des bassins d’orage car l’ensemble du territoire est pratiquement construit. Sur la Dyle, il existe très peu de possibilités d’aménager des bassins d’orage. La seule serait en face et en amont du club de tennis Justine N1, à Limelette. Mais ce ne seront que des rustines par rapport à un problème important.
De nombreux projets immobiliers sont prévus dans cette vallée dans les prochaines années. Comment se prémunir contre les mauvaises surprises ?
La situation est inquiétante. Il faudra en tout cas éviter que ces nouvelles constructions amènent encore davantage d’eau dans les cours d’eau. Des citernes d’eau de pluie peuvent être installées pour diminuer les risques. Reste qu’il ne faut pas oublier de les vider sinon elles ne servent à rien. Surélever les constructions est une autre piste. Les promoteurs immobiliers respecteront les règlements mais n’en feront pas davantage. Il faut privilégier l’infiltration de l’eau dans le sol. Lors des récents orages, l’eau n'a pas eu le temps de s’infiltrer dans le sol. Il faut donc multiplier les zones tampon.
Le rapport à l’eau est-il suffisamment pris en compte en Brabant wallon ?
J’ai toujours eu l’impression que les mesures n’étaient pas assez ambitieuses. L’urbanisation a été privilégiée pendant longtemps. Le problème, c’est que si on continue dans cette même voie, nous allons vers de grands problèmes. En Brabant wallon, il y a un manque de foncier pour résoudre ces problèmes.
9 espacevie.be | septembre 2021
« LA CHALEUR VA L’EMPORTER SUR LES INONDATIONS »
apprendre
Des initiatives en ordre dispersé Les initiatives communales pour tenter à l'avenir de diminuer l’impact des inondations sur le territoire brabançon se multiplient. Seules ou à plusieurs. La Province entend toutefois jouer un rôle fédérateur et revoir ses priorités pour répondre aux demandes des communes. Texte : Xavier Attout - Photo : Walibi
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L
es dernières inondations ont frappé principalement le centre et l’est du Brabant wallon. Les communes de l’ouest de la province étant pour une fois relativement épargnée. Dans la foulée de ces épisodes climatiques particulièrement intenses, la plupart des autorités politiques de chaque entité se sont réunies pour éviter que cela ne se reproduise. Ou du moins pour tenter de diminuer l’impact sur le bâti et sur la vie de leurs concitoyens. Une prise en main pour le moins dispersée.
La plateforme provinciale de gestion des risques d'inondation aura en effet un rôle capital à jouer. L’important est de fédérer les initiatives et d’avoir une coordination globale. Marc Bastin, député provincial en charge de la lutte contre les inondations
L’Est passe à l’action Dans l’est du Brabant wallon, les sept communes qui ont l’habitude de travailler ensemble (Beauvechain, Hélécine, Incourt, Jodoigne, Orp-Jauche, Perwez et Ramillies) ont décidé d’accentuer leur lutte contre les inondations. « Les débordements des cours d’eau et coulées boueuses font fi des frontières communales, explique-t-on du côté du GAL Culturalité, qui fait office de lieu de rassemblement pour ces communes. Que
les problématiques érosives soient concentrées ou diffuses, leurs conséquences touchent l’ensemble d’un territoire, souvent à l’échelle des bassins hydrographiques. Les réponses doivent inévitablement être réfléchies, planifiées et apportées à cette échelle et également en tenant compte des différents bassins hydrographiques, la Dyle et la Gette pour ce qui concerne l’est du Brabant wallon. » Plusieurs actions seront donc prises à cet égard dans les prochaines semaines. À savoir la réalisation d’une cartographie commune ciblant les points noirs et problématiques des différentes entités en donnant lieu à l’identification de nouvelles zones de rétention sur l’ensemble du territoire ; la création d’un service supracommunal permettant de mutualiser la création, l’entretien et la gestion des fossés, ainsi que l’entretien des canalisations ; la mise en place d’une large campagne de communication de proximité vers le monde agricole et les citoyens en général, destinée à renforcer la prise de conscience de l’impact de certains choix posés par chacun.
Mont-Saint-Guibert la joue collective Du côté de Mont-Saint-Guibert, particulièrement touchée, les débordements de l’Orne et du Nil ont causé de sérieux dégâts. La commune a déjà réalisé une série d’actions pour lutter contre les inondations (fascines, bassins d’orage, bandes enherbées, haies, etc.). Elle estime toutefois que seule une collaboration avec les autres communes du bassin versant (Chastre, Walhain et CourtSaint-Étienne) permettra de diminuer les risques. « Si chaque commune réalise ses aménagements dans son coin, en canalisant les eaux de ruissellement vers les rivières, les risques de crue pour les communes en aval seront multipliés », expliquait il y a peu, dans L’Avenir, le bourgmestre Julien Breuer. Des réunions seront donc organisées entre bourgmestres dans les prochaines semaines.
Walibi rouvrira seulement le 2 octobre.
À Wavre, on cherche également des solutions. L’idée est de collaborer encore davantage avec la Région wallonne, la Province, le Contrat de rivière Dyle Gette et les autres communes concernées. À l'échelle communale, le schéma de développement communal, en cours d’élaboration, intégrera des mesures à prendre par rapport aux inondations. De manière à développer une stratégie défensive. « Nous devons plus que jamais repenser notre ville et son urbanisation en mettant un focus particulier sur la gestion de l’eau, a expliqué la bourgmestre Françoise Pigeolet lors du dernier conseil communal. Cette réflexion et cette vigilance accrues passent évidemment par l’aménagement de zones de rétention et/ou de filtration. »
La Province veut fédérer Enfin, malgré ces actions diffuses, le rôle de la Province du Brabant wallon devrait rester primordial. « La plateforme provinciale de
gestion des risques d'inondation aura en effet un rôle capital à jouer, explique Marc Bastin, député provincial en charge de la lutte contre les inondations. Elle doit faire en sorte qu’il n’y ait pas de dissonances entre les différents niveaux de pouvoirs. L’important est de fédérer les initiatives et d’avoir une coordination globale. Nous avons reçu de nombreuses demandes des communes ces dernières semaines. Nos services ont pris le temps de se pencher dessus pour leur fournir les réponses adéquates lors d’une réunion qui a rassemblé toutes les communes et la Province (27 + 1) et qui s’est tenue le 28 septembre. La Province a décidé de reprioriser ses projets en fonction de ces demandes. Il y aura une liste des priorités absolues. Ajoutons qu’il est important de se rendre compte que les initiatives isolées, même si elles ont du sens, ne pourront résoudre cette problématique. Il faudra travailler par bassin versant. Et rassembler les communes. »
Pour aller plus loin Les communes touchées et éligibles au Fond des calamités Beauvechain, Chastre, Chaumont-Gistoux, CourtSaint-Étienne, Genappe, Grez-Doiceau, Hélécine, Incourt, Jodoigne, MontSaint-Guibert, Orp-Jauche, Ottignies-Louvain-laNeuve, Perwez, Ramilies, Tubize, Villers-la-Ville, Walhain et Wavre.
respirer
12
© Nicolas da Silva Lucas
Des digues contre l’oubli Des récentes inondations, nous retiendrons les images de gonflement des rivières, des habitations sinistrées et plus que tout, des vies perdues. Mais cette mémoire des catastrophes est aussi percutante que fugace. Elle peut s’effacer par le retour au « cours normal » de nos vies. À l’heure d’un climat manifestement déboussolé, il est crucial de garder traces de ces irruptions. Ici
et là, dans nos rues, des témoignages tangibles endiguent l’oubli qui vient après que les eaux regagnent leurs lits. La Wallonie compte de nombreux repères de crues ou témoignages tangibles. Le plus ancien, situé à Dinant, exhume le souvenir de la crue historique de 1740. Quelques repères jalonnent le Brabant wallon, à l'instar de ceux qui ont été aménagés et disséminés en 2016 dans la
© X. A.
cité de Tubize, à la suite des inondations de 2010. Des témoignages récents qui se greffent à d’autres souvenirs de crues, du début du siècle passé. Pour se remémorer juillet 2021, la Direction des Cours d’eau non navigables (SPW) prévoit de placer des repères de crue le long de la Dyle et de ses affluents. Des repères nécessaires pour former une mémoire collective sous l’ère du dérèglement climatique.
K.H.
répondre
Faut-il mettre tout le Brabant wallon en zone 30 ? Une question de Géraldine
Une réponse de Pierre Tacheron
de Nivelles
du bureau d'ingénieurs-conseils Transitec
X. A.
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Bruxelles est devenue une Région 30 depuis le 1er janvier. Suivant d’autres villes ou communes qui avaient déjà embrayé dans cette voie en Belgique et ailleurs. En Brabant wallon, Waterloo et Ottignies-Louvain-la-Neuve font office de meilleurs élèves de la bande. Leurs autorités communales ont l’ambition de mettre tous les quartiers de leur entité en zone 30. Le travail est déjà en cours et s’accélère. Reste que ces initiatives sont relativement éparses. Pour frapper les esprits, certains avancent l’idée d’agir sur l’ensemble d’un territoire, soit dans notre cas de mettre tout le Brabant wallon à 30 km/h, à l’exception bien évidemment d’une série de voiries régionales ou nationales qui resteraient à 70 ou 120 km/h. Une utopie dans une région plus rurale comme le Brabant wallon ? « Certainement pas pour les zones d’agglomération, même si c’est complexe à mettre en place, réagit Pierre Tacheron, du bureau d'ingénieurs-conseils Transitec. Les Pays-Bas ont décidé de faire passer la vitesse de circulation de toutes les voiries d’agglomération qui étaient à 50 km/h à 30 km/h. Il faut toutefois garder en tête que les Hollandais développent une stratégie hyper volontariste en matière de mobilité douce et de modération du trafic depuis les années 1970 déjà. En Belgique, il n’y a pas encore eu d’initiatives de ce type. Mais ce serait intéressant. » Le débat principal reste de diminuer les vitesses de circulation pour améliorer sensiblement la qualité de vie (bruit, pollution) et réduire drastiquement le nombre d’accidents de la route. « Bien que des progrès très significatifs soient rencontrés ces dernières années grâce aux nombreuses initiatives du SPW et des communes, la Wallonie présente encore des statistiques très préoccupantes en la matière. Le débat ne doit d’ailleurs pas se limiter aux zones 30 situées aux abords des écoles mais au fait que les élèves doivent pouvoir venir en sécurité à pied ou à vélo sur l’ensemble du chemin qui mène à leur école ou à leurs activités quotidiennes. » Selon une étude de VIAS, près de 60 % des Belges sont favorables à la mise en zone 30 des centres-villes à condition de préserver la vitesse sur les grands axes. Une proportion qui grimpe à 85 % pour ceux qui y habitent. Ceux qui s’opposent à cette mesure estiment par contre qu’il faut laisser à chacun la liberté d’utiliser sa voiture et que les zones 30 km/h polluent davantage. « Le problème, c’est que certains automobilistes plantent sur leurs freins à l’entrée de la zone 30 et réaccélèrent ensuite pied au plancher. De tels comportements créent une sur-pollution sonore et atmosphérique. En revanche le concept de villes à 30 km/h permet d’avoir moins de stop & go et offre une meilleure fluidité, donc l’impact sur la pollution est plus nuancé. En termes de diminution du bruit, en revanche, l’efficacité des zones 30 km/h est clairement prouvée. Plusieurs villes en Suisse ont décidé, après des expérimentations particulièrement concluantes, de généraliser le 30 km/h sur leurs routes durant la nuit telles qu’à Lausanne ou à Zurich. » D’ici quelques mois, analyser les éventuelles retombées positives constatées à Ottignies et à Waterloo pourraient en tout cas être intéressant pour l’ensemble des communes du Brabant wallon…
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« Ottignies a tout en main pour avoir la même réussite que Louvain-la-Neuve » L’ancien bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve se replonge une dernière fois dans le développement urbanistique, culturel et politique de la commune qu’il a dirigée pendant 18 ans. Un regard critique et éclairant sur les grands enjeux à venir.
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Texte et photo : Xavier Attout
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vec son nouvel ouvrage sorti mi-septembre, Jean-Luc Roland se replonge dans l’histoire d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. Une version « améliorée et actualisée » du premier opus sorti en 2010, où le bourgmestre local (2000 – 2018) n’avait, de son propre aveux, « pas la distance nécessaire par rapport à certains faits ou certains évènements. J’ai aujourd’hui le recul nécessaire pour analyser plus clairement les développements passés et futurs de cette commune. » De multiples ouvrages ont déjà été écrits sur Louvain-la-Neuve, en faisant l’un des sites urbains les plus commentés du pays. Celui-ci a la particularité de s’intéresser à l’ensemble de la commune et donc également à Ottignies. Il dresse un parallélisme entre ces deux cités, à la fois si proches et si différentes. « J’ai réécrit une grande partie de l’ouvrage. La structure reste similaire. J’ai intégré l’approche de Yves du Monceau, à qui deux ouvrages ont été consacrés ces dernières années. Les conclusions ont été renouvelées sous un œil critique. En me relisant, je n’étais que
moyennement satisfait de la manière dont j’avais abordé les défis futurs. Il s’agit ici d’un texte plus sociologique et plus journalistique que le précédent. Un plaidoyer aussi en faveur de la ville compacte et multifonctionnelle. » Jean-Luc Roland y retrace la rencontre entre Ottignies et Louvain-la-Neuve, les appréhensions de départ, les forces et faiblesses de chaque entité, les différences de développement. Le tout à la fois sous un regard urbanistique, culturel et politique. Trois volets qui sont désormais mieux interdépendants l’un de l’autre.
La dualisation de la population Un ouvrage intéressant, autant pour celui qui ne connait pas l’histoire de l’entité que pour celui qui suit son actualité de près. Les dernières décisions stratégiques de la ville étant même intégrées au livre. « De nombreuses études ou plans ont été réalisés ces dernières années. La Ville et l’UCLouvain possèdent tous les éléments en main aujourd’hui pour poursuivre et finaliser le développement de la commune. Après les importants
Jean-Luc Roland s'est mis au vert en 2018.
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chantiers néolouvanistes, je suis persuadé qu’Ottignies a l’opportunité de suivre le même chemin et de connaitre la même réussite. » La transformation du Douaire, l’évolution du centre, la réhabilitation du chancre des Bétons Lemaire ou encore le développement du site de la gare sont autant de paris à relever. Avec l’ambition de connaitre le même succès que Louvain-la-Neuve. « Il ne faut pas oublier que le développement de Louvain-laNeuve ne redémarre qu’au début des années 2000, suite à l’arrivée de L’esplanade. Avant cela, pendant 20 ans, la dalle piétonne était considérée comme trop onéreuse. L’arrivée du volet commercial de la cité estudiantine jouera un rôle d’adjuvant pour les
futurs chantiers. Et les opportunités immobilières se multiplièrent. » Ce livre dresse en tout cas un état des lieux des grands défis à relever. Celui de la démographie n’est pas oublié. L’ancien bourgmestre, complètement retiré de la vie politique aujourd’hui, relève le danger de la polarité qui se dessine entre les jeunes de 18 à 25 ans et les plus de 65 ans, les prix de l’immobilier segmentant de plus en plus la commune. « C’est la rançon du succès. Le quartier Athéna, qui va augmenter à terme de 50 % la population qui compte actuellement plus de 10 000 habitants, devrait permettre d’équilibrer quelque peu la balance. Du moins il faut l’espérer. »
Ottignies-Louvainla-Neuve. Paradoxes, réussites et perspectives d’une ville atypique. Jean-Luc Roland. Éditions Academia.
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Vivre en dur, habiter léger Une asbl d’Ottignies s’est lancée dans l’accompagnement et la formation à l'autoconstruction d'habitats légers et mobiles. Une initiative unique qui permet de créer son propre logement et de donner sens à sa nouvelle aventure de vie. Texte et photo : Xavier Attout
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n vaste site de 4,5 hectares. Pour y arriver, une longue allée. Et à l’entrée, un petit panneau : interdit aux voitures. C’est ici, dans une vaste zone boisée située entre le Bois des Rêves et Mousty, à Ottignies, qu’une trentaine de coopérateurs espèrent y développer un projet d’habitat groupé dans les prochains mois. C’est ici aussi que, en attendant la concrétisation de ce projet,
l’Atelier B.A.Bois a installé son quartier général pour se lancer dans l’accompagnement et la formation à l'auto-construction d'habitats légers et mobiles. Une initiative unique dans le petit monde du logement. Le jour de notre visite, Guillaume travaille sur l’une des trois tiny houses qui sont en cours de construction et qui sont installées dans un grand hangar.
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L’heure est aux finitions. Six mois de travail déjà. Encore six semaines pour finaliser le tout. Isolation, sous-toiture, latage, bardage, chauffage par le sol, salle de bain, électricité, petite cuisine et espace de rangement dans tous les coins, tout y passera. « J’aide une personne qui souhaite changer de vie et habiter dans cette roulotte », explique cet accompagnateur de projet. On est loin de l’habitat léger un peu « roots ». Si la superficie intérieure ne dépasse pas les 18 m2 (2,5m x 7,8), tout semble bien pensé. Un logement réfléchi et modulable, fruit d’une réflexion et d’un accompagnement de longue haleine par l’Atelier B.A.Bois. « On accompagne pour le moment trois projets, lance Nicolas Van Moer, l’un des deux fondateurs. Chacun est unique, avec une architecture et une ossature bois particulière. On laisse notre hangar et nos outils à disposition de ceux qui veulent se lancer dans cette aventure. Et des accompagnateurs les conseillent tout au long de ce chemin. »
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Six mois de chantier Vivre en habitat léger ou en tiny house attire de plus en plus monde. D’autant plus que le modèle est sur la voie de la régularisation dans le Code wallon de l’Habitation durable. « Cette initiative est née un peu par hasard, explique Nicolas Van Moer, charpentier de formation. Un de mes amis, Renaud, avait envie de vivre dans un autre habitat. Je l’ai aidé à construire une roulotte. Nous nous sommes alors dit qu’il serait intéressant de transmettre toute l’expérience que nous avons acquise. D’où la création de cette structure d’accompagnement à des projets d’auto-construction. Tout en mettant des outils à disposition. Nous avons lancé l’asbl il y a quatre ans et avons trouvé cet hangar depuis 1,5 an. Vu le succès, nous serons vite à l’étroit. » Trois tiny houses sont actuellement en cours de construction. Un chantier dure environ six mois, à raison de quelques jours de travail par semaine, en fonction des emplois du temps de chacun. Une dizaine d’habitats légers ont déjà pris la route. Et de nombreux candidats font la file pour pouvoir s’immiscer dans cette dynamique. « Il y a clairement un effet de mode. Mais il faut respecter cela. La mobilité de ces habitats est relative car le poids avoisine les 3,5 tonnes. Ils ne sont souvent déplacés qu’une ou deux fois au cours de leur vie. Des déplacements via remorque, ce qui
Nicolas Van Moer
On accompagne pour le moment trois projet. On laisse notre hangar et nos outils à disposition de ceux qui veulent se lancer dans cette aventure. Et des accompagnateurs les conseillent tout au long de ce chemin. Nicolas Van Moer, fondateur
est toujours une opération très délicate. La taille des tiny est d’ailleurs déterminée par le poids et la taille de la structure que l’on peut transporter sur une remorque. »
Des terrains difficiles à trouver Le profil de ces auto-constructeurs est relativement varié. Il y a des jeunes couples qui cherchent à changer des vies. Des personnes seules qui veulent un découvrir un autre horizon. Ou des seniors qui veulent s’atteler à un mode de vie plus frugal. Ils louent alors un espace dans le hangar et débutent leur construction, encadré par des professionnels. « Chaque tiny house est en tout cas différente, fait remarquer Nicolas Van Moer. Je me charge toujours de dessiner des plans, de manière à avoir une base technique. On innove à chaque fois, avec de nouvelles idées. La toiture de celle de Jonas, que vous voyez à droite dans le hangar, est par exemple arrondie. L’auto-construction est très intéressante car elle permet de connaitre parfaitement sa maison. Cela donne du sens à son habitation. Et si on veut modifier son logement, c’est plus facile à faire. » Le prix de ces habitats légers varie de 25 000 à 100 000 euros. La moyenne étant de 50 000 euros. Et la difficulté est ensuite de trouver un terrain. « Il faut soit trouver un terrain à bâtir pour l’installer, ce qui est très compliqué en Brabant wallon vu le prix du foncier. Soit partager la parcelle d’une habitation, en s’installant par exemple dans le fond d’un jardin. Il est clair qu’il est plus facile de s’installer dans d’autres provinces qu’en Brabant wallon. »
cultures
d'un territoire
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© Béatrice Fellemans
Des rampes vers la convivialité Dans plusieurs communes du Brabant wallon, les jeunes revendiquent la création de skate-parks où ils pourront pratiquer des acrobaties en skateboard, mais aussi en BMX, rollers ou trottinette. Si les communes brabançonnes entament régulièrement des débats sur l’opportunité de créer de telles infrastructures, leur principale préoccupation est de maintenir l’équilibre entre une certaine forme
de contrôle social, nécessitant que les installations ne soient pas trop isolées, et la tranquillité des riverains. Les autorités communales désireuses d’installer ou de rénover des skate-parks sur leur territoire peuvent faire appel à des subsides régionaux et provinciaux. Les skate-parks permettent de reconnecter les jeunes à l’espace public et au territoire. Kristian Sawko, animateur bénévole de la MJ Le
Prisme à Braine-l’Alleud, souligne toute l’importance de tels lieux « J’adore faire du skate-board, mais j’aime aussi admirer les autres réaliser des figures. Les skate-parks sont des endroits où on peut faire des rencontres, parler, partager notre passion, que l’on fasse du skate, du BMX ou de la trottinette. Comme on ne peut pas tous les pratiquer en même temps pour des raisons de sécurité, cela nous apprend le respect des autres et la patience. » C. Du.
apprendre
Avec les autres : des habitants acteurs de leur cadre de vie « Avec les autres » est un projet de longue haleine mené à Ottignies-Louvain-la-Neuve pour faciliter la participation à la vie sociale, culturelle et politique des publics à faible revenus. L'enjeu de leur donner la parole semble d'autant plus important qu'ils vivent au sein d'une province wallonne particulièrement favorisée. Texte et photos : Caroline Dunski
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Pour aller plus loin Jacques Rancière, Le maître ignorant. Cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle, éd. Fayard, 1987.
n 2019, le Plan de Cohésion sociale ottintois, le Centre de Formation Cardijn (CEFOC) et l’asbl Habitat & Participation posaient un triste diagnostic : les personnes disposant de petits revenus développent un sentiment de relégation, d’abandon et d’isolement, et prennent moins part à la vie sociale, culturelle et politique. Cela peut aller jusqu’à la crainte des différentes formes de contrôle social et la perte de leur logement. Afin de faciliter leur participation, de leur donner la parole et, surtout, de la reconnaitre comme légitime, les partenaires réunis par le Service de Cohésion et Prévention Sociales de la Ville (SCPS) d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, le CEFOC et le Réseau brabançon pour le droit au logement (RBDL) ont développé collectivement le projet local « Avec les autres ». Entamé dans cinq quartiers de logements sociaux – à la Chapelle aux Sabots, à Mousty, au Buston, au Bauloy et à Lauzelle – il se poursuivra pendant cinq ans. À terme, d’autres partenaires, comme le Rassemblement wallon du droit à l'habitat, la Maison de l'urbanisme du Brabant wallon, le Centre Culturel d’Ottignies et le Centre régional d'intégration du Brabant wallon (CRIbw)
devraient rejoindre le projet conçu comme un laboratoire où germera un futur bras de levier. La méthodologie des porteurs du projet s’appuie entre autres sur les travaux de Jacques Rancière qui postule que tous les hommes ont une égale intelligence et qu’on peut apprendre seul, sans maître explicateur.
Co-construire méthodologie et thématiques Dans « Avec les autres », l’enjeu est de reconnaitre l’expertise des personnes interviewées, de créer du lien et de le maintenir dans la durée. Comme la Wallonie l'inscrit dans son « plan stratégique de lutte contre la pauvreté et de réduction des inégalités », « les acteurs de terrain doivent être attentifs à la parole des personnes en situation de pauvreté en vue d’éviter la dégradation de leur situation par la prise de mesures inappropriées ». La méthodologie du travail collectif sera co-construite au fur et à mesure des rencontres et les habitants des quartiers dégageront eux-mêmes les thématiques qu’ils souhaitent travailler. Un guide d’entretien a été conçu par et pour les animateurs et animatrices qui vont à la rencontre des habitants dans les différents quartiers. Les conditions de l’entretien sont importantes autant pour les travailleurs sociaux qui les réalisent que pour les personnes rencontrées. Toute la question est de savoir comment se présenter et comment lever les différents freins aux échanges. Il y a la barrière linguistique, l’absence d’un local où organiser des rencontres, le manque de relais dans les quartiers, ou encore des difficultés des CCLP (comités consultatifs des locataires et propriétaires) à exister et à être de véritables interlocuteurs des sociétés de logement public.
Une posture d’humilité
Pauline Gérard, chargée de projet du Service de Cohésion et Prévention Sociales de la Ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve
Des travailleurs sociaux qui devront aussi veiller à ne pas stigmatiser ces personnes sous couvert de légitimer leur parole en leur accolant une étiquette comme « experts du vécu » ou « habitants de quartiers défavorisés ».
Myriam El Mahi, responsable de projets Français langue étrangère, Génération espoir
« J’habite le quartier du Bauloy, mais je ne vais pas souvent dans la partie dans laquelle nous avons fait du porte à porte, Laurence Braet et moi. Les barrières des jardins devant les maisons rendent l’accès difficile. Pour moi, passer la barrière pour atteindre la sonnette, qui parfois ne fonctionne pas, et franchir une première étape de l’intimité des habitants n’est pas évident. Ces approches nous poussent à sortir de nos zones de confort et à rencontrer des personnes que nous n’aurions peut-être pas croisées en rue. »
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Mady Ledant, secrétaire régionale des Équipes populaires du Brabant wallon, insiste sur la posture d’humilité que doivent adopter celles et ceux qui récoltent la parole. « On est en train de découvrir des choses, non pas pour agir, mais pour soutenir de l’action, que les gens en soient le moteur. Dans certains quartiers, il n’y aura pas nécessairement un résultat visible. » Laurence Braet, chargée de missions d’Habitat & Participation, souligne la nécessité de se débarrasser de ses grilles de lecture habituelles. « D’emblée se pose la question de la posture du travailleur social. Nous misons plus sur la méthodologie en nous laissant bousculer. Il y a plusieurs étapes : Après un premier contact pour fixer un rendez-vous, il y a l’entretien que nous menons à deux. Une personne qui pose les questions, l’autre qui écrit. La parole est restituée à la personne à qui elle appartient lors d’une rencontre collective pour que petit à petit, les personnes se sentent légitimes. Souvent, les habitants des quartiers ne se sentent pas en confiance quand ils sollicitent les acteurs publics tels que la Ville ou la société de logement public. Mon objectif capital est que les habitants soient reconnus comme légitimes pour porter des revendications, qu’ils se sentent plus forts d’abord individuellement, puis collectivement, qu’ils s’approprient leur quartier et leur logement pour qu’ils en deviennent acteurs. » Dans le quartier de Lauzelle à Louvain-laNeuve, la dynamique des entretiens menés d’avril à juin par Pauline Gérard, chargée de projet au SCPS, Julien Scharpé, animateur de Présence et Action Culturelle, et Justine Blanchy du Centre Placet, a été fort différente selon que les personnes habitent un appartement ou une maison, où les problématiques de la vie quotidienne sont différentes. « L’envie d’aller vers les autres est plus présente dans l’immeuble, note Justine. Un local communautaire est d’ailleurs mis à la disposition de la commune par Notre Maison pour privilégier des projets collectifs comme l’école des devoirs, le Collectif des femmes, le CRIBW... Au début, l’idée était d’entrer un peu dans l’intimité des gens, mais ce local permet de créer du lien. » Pour Pauline, le fait que le projet s’étale sur cinq ans et la force de travailler avec les réseaux de chacun « permettent d’élargir le champ des possibles. Pour les travailleurs sociaux, il est intéressant d’entendre la parole des gens et de la relayer. »
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Vincent Geens, capitaine de projets artistiques au long cours Vincent Geens, coordinateur de projets artistiques au Centre culturel d'OttigniesLouvain-la-Neuve, pilote « Magma », la 10e édition d’une proposition devenue triennale, main dans la main avec Adrien Grimmeau qui en assure le commissariat.
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Texte : Caroline Dunski - Photo : CCOLLN
ngagé alors comme animateur-directeur du centre culturel d’Ottignies-Louvain-la-Neuve en 2006, Vincent Geens s’est vu confier la responsabilité de trois projets qui l’intéressaient personnellement beaucoup : la Nuit africaine (devenue Les Afronautes), Mars littéraire (devenu Les nuits d’encre) et, bien sûr, la Biennale d’art contemporain qui devient Triennale pour cette nouvelle et 10e édition. « J’avais beaucoup aimé la Biennale de 2000. L'art, et l’art contemporain en particulier, me touchent beaucoup. Je suis aussi inscrit depuis trois ans en sculpture à l’Académie d’Etterbeek. » Depuis, il a cédé sa place de directeur du centre culturel pour se consacrer exclusivement à la coordination de projets artistiques.
LE TERRITOIRE ET LES ENJEUX MONDIAUX, TRAME CONSTANTE DE LA TRIENNALE « La Triennale est un questionnement constant sur le territoire d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, en résonance avec les problématiques qui concernent le monde entier », souligne Vincent Geens. « Dans chaque édition, on s’interroge sur les grands enjeux du monde, pour engager un large débat à partir de propositions d’artistes. En 2007, sous le titre No Limit, nous avons interrogé la ville en expansion permanente, avec la question du haut et du bas, de la dalle et de ce qu’il y a au-dessus et en-dessous. Aujourd’hui, les enjeux territoriaux sont devenus plus importants encore, et chaque triennale explore d’autres espaces du territoire. »
LA PLACE D’UN COMMISSAIRE En 2019, les organisateurs de la Triennale 10 lançaient un appel public pour trouver la personne qui allait élaborer un projet de Triennale et repérer, proposer et sélectionner des artistes et des œuvres. Quatre candidats ont retenu l’attention du jury composé de représentants du Centre culturel, de l’UCLouvain, du Musée L ainsi que des partenaires bruxellois – le Botanique et le Centre culturel Wolubilis – et parisien – le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris. C’est la proposition de Muriel Andrin et d’Adrien Grimmeau, historien de l’art et directeur de l’ISELP (Institut Supérieur pour l'Étude du Langage Plastique) qui a finalement été retenue. Les personnes qui assurent le commissariat de chaque édition doivent garantir à la fois la cohérence générale du propos et la qualité artistique, tout en faisant le lien entre les différents partenaires. Elles apportent aussi les éléments de débat sur les enjeux de la thématique choisie. « La sélection des commissaires de chacune des éditions est généralement le fruit d’une rencontre. Pour le commissaire, c’est un gros engagement personnel, cela représente deux ans de travail. En général, le commissaire amène la thématique avec son projet. En 2013, Michel François et Guillaume Désanges portaient un très beau projet, “Une exposition universelle (section documentaire)” qui questionnait la notion de progrès et révélait la réalité souterraine de notre monde, dans un parking souterrain. Chaque édition fait l’objet d’une évaluation destinée à améliorer la suivante. Pour le commissariat d’une biennale ou d’une triennale d’art contemporain, on a besoin de quelqu’un de charismatique, qui a un propos, peut le développer et en discuter avec un public large. Il faut aussi que la personne connaisse bien le monde de l’art et sache comment monter une expo. Elle doit aussi avoir les qualités humaines et relationnelles pour travailler avec une équipe de personnes qui ne se connaissent pas. »
LA RICHESSE CROISSANTE DES PARTENARIATS Chaque triennale est l’occasion pour les différents partenaires réunis autour de son organisation de revisiter leurs pratiques, leurs lieux et le territoire. « L’UCLouvain explore le lien entre sciences et arts, le Musée L bouscule sa façon d’organiser ses expositions. On apprend beaucoup de choses en cours de préparation. C’est aussi une formation continue. Nous questionnons chaque fois de façon expérimentale et originale les pratiques d’un centre culturel et de l’art contemporain. La Triennale est le projet qui nous réunit le plus avec l’UCLouvain et avec le Musée L. C’est chaque fois l’occasion pour l'université de réunir des chercheurs qui ne se connaissent pas. À ce jour, plus de trois cents personnes ont été rencontrées pendant la préparation de Magma. Trois artistes, Lise Duclaux, Yoël Pytowski et Eva L'Hoest, ont reçu une bourse de Résidence de Recherche-Création à l'UCLouvain pour développer leur projet au sein de diverses facultés. Leur travail permet d’alimenter une réflexion, de pousser plus loin les questionnements et de se nourrir mutuellement, artistiquement et scientifiquement. Les échanges avec la communauté scientifique permettent de croiser et d’enrichir les disciplines respectives. »
UNE RENCONTRE AVEC TOUS LES PUBLICS La médiation culturelle est d’abord un processus qui met en relation la culture - ses acteurs et actrices - et les publics. En d’autres termes, un ensemble d’actions qui permettent au public de s’emparer du travail d’un·e artiste, de se l’approprier et de lui donner un autre regard, plus personnel. La médiation permet donc à tout un chacun de se sentir légitime dans ses perceptions. L’art contemporain s’adresse à toutes et à tous. En choisissant des espaces publics, tels que des parkings ou les coulisses d’un centre culturel, pour exposer les œuvres sélectionnées pour la Triennale, ses organisateurs veulent la rendre plus accessible aux publics les plus divers. Depuis un an, une large part a d’ailleurs été réservée à des moments de médiation, de participation ou d’expériences avec des habitants, des travailleurs, des artistes, des chercheurs et des étudiants. Jusqu’au 28 novembre, des artistes de Magma proposeront des ateliers ouverts au public, notamment un stage aux Ateliers d’art de la Baraque à la Toussaint et des work-shops. Les gens pourront visiter la Triennale avec ou sans médiateur. Une autre belle manière de préparer sa visite est de voir Au bord du monde, un récit autobiographique de Jeanne M. qui nous relate son expérience singulière au cœur d’une œuvre d’art. Vincent Geens, pilote de Magma.
agenda MIDI DE L’URBANISME
Densification : comment les communes assument-elles ? Le 29 octobre 2021 de 12h à 14h à la Ferme du Biéreau Le Brabant wallon se densifie petit à petit. Entre l’annonce d’un « zéro artificialisation » et la nécessité de loger, la densification fait son chemin dans nos communes. Cette densification ne peut se faire au détriment de la qualité de vie. Or, aujourd’hui, on constate que les premiers projets sortis de terre ne répondent pas toujours à cette attente : peu de liaisons avec les quartiers environnants, problèmes de mobilité, pénurie d’espaces verts, manque d’espace public,... Serait-on arrivé à saturation ? Comment sortir de cette impasse ? Comment aider les communes à faire de la densification une vraie opportunité pour améliorer notre qualité de vie ? Quels sont les exemples inspirants en Brabant wallon et en Wallonie ? Rejoignez-nous pour débattre ensemble de ces enjeux !
Avec Barbara Le Fort
Architecte-urbaniste et Doctorante au sein du Centre de Recherches et d’Études pour l’Action Territoriale, UCLouvain
Serge Peeters
Architecte-urbaniste et Président de la Chambre des urbanistes de Belgique
Florence Reuter
Bourgmestre de Waterloo
24 Inscriptions obligatoires avant le 25 octobre via m.urbanisme@ccbw.be Prix : 3 euros 12h15 -12h30 : accueil (pas de sandwich, ni de boisson) 12h30 : début de la conférence Ferme du Biéreau Avenue du Jardin Botanique (Place Polyvalente) 1348 Louvain-la-Neuve
Vélo, boulot, dodo… Tout à 20’ de chez moi ? Ça marche ou pas ? SOIRÉE DE L'URBANISME 20 octobre à 20h Salle des Calèches Jodoigne
Un logement, oui, mais à quel prix ?
Zéro artificialisation = combien de solutions ?
MIDI DE L'URBANISME 10 décembre de 12h à 14h Ferme du Biéreau
ARÉNES DU TERRITOIRE 16 décembre à 19h Ferme du Biéreau
Toutes nos activités s'organisent dans le respect des mesures sanitaires. Pour plus d'infos : mubw.be