Espace-vie n°306 | Février 2022 : Les nouveaux enjeux de la rareté du foncier

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L’alimentation durable au cœur d'un écosystème

L’impact des nuisances sonores sur le territoire

La réaffectation culturelle des biens classés

espace

La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon

Développement économique

Les nouveaux enjeux de la rareté du foncier

306

Février 2022 Bimestriel


sommaire

14 «apprendre Il y a de moins en moins d’endroits où il n’y a plus aucun bruit en Brabant wallon »

6

10 respirer

La passe de trois

11

Retour sur notre campagne d’abonnements

apprendre

Les enjeux économiques de la rareté du foncier

découvrir

En route vers la zone 30

apprendre 16 Faut-il mutualiser sa

production de chaleur ?

respirer 19 Désuet ou authentique,

le kiosque ?

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L’alimentation durable au coeur de l’écosystème brabançon

Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon ( janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

Les appels à une meilleure optimisation de nos envois postaux lancés dans nos deux derniers numéros ont porté leurs fruits. Il y a désormais 6 000 abonnés à notre revue papier et 1100 abonnés qui reçoivent notre version numérique et parcourent nos articles sur espacevie.be. Pour tout changement dans votre formule d’abonnement, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse info@espacevie.be

Redécouvrez tous nos Mini Midi

apprendre 20 Changer d’âme, garder la découvrir

Pas de numéro en mars Il n'y aura exceptionnellement pas de numéro d'Espace-vie au mois de mars. On vous donne rendez-vous au mois de mai pour découvrir notre prochain numéro. Merci de votre compréhension et de votre fidélité.

même peau

rencontrer 22 Etienne Van der Belen,

comédien et pédagogue

agenda 24 L’urbanisme, je m’y frotte

Suite à la pandémie, nous vous avons proposé ces derniers mois des Mini Midi de l'urbanisme qui consistent en une interview d’acteurs clés de l’aménagement du territoire du Brabant wallon. On a notamment évoqué le logement de nos ainés, la biodiversité dans nos bâtis ou encore l’impact de la crise sanitaire sur nos communes. À revoir sur mubw.be

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Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédactrices : Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be), Gérald Vanbellingen - Avec la contribution de : Joëlle Rigaux, Agnès Chevalier et Maureen Schmetz - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, M. Schmetz - Présidente de la Maison de l'urbanisme : Sophie Keymolen - Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group - IPM Printing - Tirage : 7 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 50 ou m.urbanisme@ccbw.be - www. mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publiée avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 25 janvier. © Photo de couverture : in BW Espace-vie est imprimée sur du papier recyclé dans une imprimerie climatiquement neutre. Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.

Le recours, ce sport national Subir les affres d’un recours devant le Conseil d’État ou une autre autorité administrative pour s’opposer à un projet urbanistique - la construction d’un projet résidentiel, commercial, de bureau ou autre - est pratiquement devenu un passage obligé pour tout développeur digne de ce nom. Une donnée qui est aujourd’hui intégrée comme une fatalité. Même si, ces dernières années, des alternatives sont apparues pour tenter de réduire au maximum les risques et ne pas trop plomber le budget et le planning. Comme les réunions préalables ou la co-création de projet, des pistes qui se sont multipliées avec des succès divers. Car entre perdre six mois ou deux ans, le calcul est souvent vite fait. Le Brabant wallon n’échappe bien évidemment pas à la règle. Les exemples de recours sont nombreux. Et ce, depuis de longues années. Quand on jette un regard en arrière, on relève en fait très vite que pratiquement aucun dossier d’envergure n’est passé entre les mailles du filet. Comment expliquer cette multiplication des recours ? Les causes sont variées. L’effet Nimby joue en plein. Les textes légaux de plus en plus complexes également. Sans parler du fait que les requérants sont toujours plus informés et attentifs. Une brèche dans laquelle peuvent s’engouffrer de nombreux avocats spécialisés en la matière. D’autant plus qu’il n’est pas très compliqué de déposer un recours : cela ne coute que 25 euros pour un recours administratif auprès du ministre régional (permis unique ou d’environnement) alors qu’il faut compter au minimum 5 000 euros d’honoraires pour un recours au Conseil d’État (permis d’urbanisme ou d’implantation commerciale). Comment améliorer cette situation ? Trouver un juste milieu entre le droit de s’opposer à un permis - principe inaliénable - et les recours abusifs qui peuvent gangrener le développement du Brabant wallon semble un idéal bien compliqué à atteindre. Un difficile équilibre entre la primauté de l’intérêt général par rapport à l’intérêt particulier. Des idées sont sur la table, comme raccourcir le délai de prise de décision des autorités à six mois, légaliser le désistement, instaurer une indemnité lorsque le recours s’avère non-fondé ou encore obliger le requérant à mieux démontrer l’intérêt et les conditions à agir. De manière à ne maintenir que les recours les plus fondés. Sauf que le chemin pour aboutir à une amélioration qui satisfait toutes les parties semble bien tortueux. Et même bien illusoire. Un gâchis, de temps et d’argent, qu’importe le camp que l’on supporte. Xavier Attout

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4 en bref

avant-propos


en bref

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Le contournement nord de Wavre à l’arrêt

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La piscine olympique dans le grand bain La demande de permis pour la nouvelle piscine de Louvain-la-Neuve a enfin été déposée auprès du service urbanisme de la Ville d’OttigniesLouvain-la-Neuve. Aux dimensions olympiques, cette piscine dessinée par le bureau B2Ai sera construite sur les courts de tennis couverts de Blocry, disposera d’un bassin de 50 x 25 m et comptera dix couloirs. Elle remplacera les deux bassins existants dont la rénovation aurait été trop coûteuse. Le coût global de cette construction est estimé à 16 millions d’euros.

La Chapelle musicale Reine Élisabeth, située à Waterloo, vient d’introduire une demande de permis pour construire une nouvelle salle destinée aux répétitions et aux enregistrements pour orchestres symphoniques. Un second bâtiment après une nouvelle aile de 2 400 m2 construite en 2014 (Synergy International).

Cinq immeubles en bois au Zoning-Nord de Wavre Le promoteur immobilier Codic vient de déposer sa demande de permis pour construire cinq immeubles de bureau de 3 400 m2 chacun (17 000 m2 au total) le long de la chaussée des Collines, dans le zoning-nord de Wavre. Un projet dans la lignée de ses premiers complexes de bureau réalisés il y a plus de quinze ans sur ce site. « Il s’agit de notre premier projet en ossature bois, lance Christophe Jacobs, directeur de Codic Belgique. Il a été dessiné par le bureau d’architectes Assar. On y retrouvera un grand rooftop, ce qui est désormais la marque de fabrique de nos immeubles de bureau. La demande des entreprises est importante sur ce site situé aux portes de Bruxelles. » 125 emplacements de vélo et 350 places de parking sont également prévues. La livraison devrait s’étendre de 2025 à 2027.

Nivelles : 225 logements à l’arrière du shopping Les projets d’envergure se multiplient pour le moment à Nivelles. Celui-ci concerne la construction de 172 appartements et 54 maisons situé à l’arrière du shopping, à proximité de la rue Sainte-Barbe et de la rue du Panier Vert. Le promoteur anversois United Real Estate est à la manœuvre. Ce dernier n’est pas encore au stade de la demande de permis mais bien de la réunion d’information préalable (RIP) à la réalisation d’une étude d’incidences. Affaire à suivre donc.

L'objectif est de rassembler en un seul lieu toutes les mesures de soutien à l’entrepreneuriat visant la relocalisation alimentaire. Thibaut Louppe, in BW

De nouvelles règles pour construire dans les zones inondables Le ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme Willy Borsus a transmis une circulaire aux Villes et Communes afin de donner les lignes directrices et les conditions en cas de demande construction dans les différents types de zones soumises à l’aléa inondation. « Nos statistiques révèlent qu’environ 10% des demandes de permis (évaluées au total entre 30 000 à 40 000 chaque année en Wallonie) sont concernées par des problèmes d’exposition au risque d’inondations par débordement de cours d’eau et par ruissellement concentré » explique-t-il. Parmi les nouvelles règles, citons le fait que, en aléa faible, l’objectif est de démontrer que le projet n’aggrave pas la situation existante au regard des risques. En aléa moyen, l’objectif est de ne pas aggraver la situation existante et de limiter la vulnérabilité aux inondations. En aléa élevé, le principe y est a priori d’éviter l’urbanisation : la preuve de la faisabilité de la construction est à charge du requérant. Retrouvez le contenu complet de cette note sur notre site internet.

© Assar

La renaissance de la manufacture Chantrenne à Nivelles A Nivelles, sur un site industriel situé rue Robles, l’ancienne manufacture « Edmond Chantrenne », construite à la fin du XIXe siècle où l’on fabriquait jusqu’au début du XXIe siècle des machines destinées aux papeteries, va être réhabilitée et transformée via la construction de 61 appartements, cinq maisons et trois espaces destinés aux professions libérales. Le promoteur Redev vient de recevoir son permis. Parmi les originalités du projet, citons l’idée de récupérer les briques des entrepôts pour les façades des nouveaux immeubles afin de conserver le caractère et l’identité du lieu. Un espace communautaire est également prévu (cuisine, espace projection cinéma, table pour coworking) de même qu’un espace bricolage (avec tondeuse, foreuse, visseuse, diverses quincailleries, etc. à libre disposition des résidents), deux voitures à partager et un potager commun.

Le moulin de Saintes bientôt restauré Les travaux de restauration du Moulin de Saintes (Tubize) ont débuté mi-janvier. Cet édifice est classé depuis 1944 comme Monument en raison de sa valeur artistique, archéologique, historique et esthétique. L’objectif est de le transformer en un Centre d’interprétation de la meunerie et de la force éolienne.

Décès de France Guérenne La juriste France Guérenne (59) est décédée en janvier dernier des suites d’une longue maladie. Elle était très connue en Brabant wallon pour son travail en matière de droit de l’urbanisme et de droit administratif immobilier. Elle travaillait depuis près de vingt ans au sein du cabinet HSP, situé à Wavre, où elle avait accédé au statut d’associée en 2000.

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Le Conseil d’État a annulé midécembre le permis d’urbanisme délivré en septembre 2019 par le ministre de l’Aménagement du territoire pour la construction du contournement nord de Wavre, une voirie de 3,5 km entre le zoning Nord de Wavre et la N25 à Doiceau. Plusieurs recours avaient été introduits par des associations et des particuliers. Leurs arguments ont été entendus par le Conseil d’État qui reconnaît que les impacts sur l’environnement n’ont pas été assez justifiés. On ne connait pas encore les nouvelles intentions de la Région wallonne sur ce dossier.


apprendre

Les enjeux économiques de la rareté du foncier

Texte : Xavier Attout - Photos : in BW

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Seules des actions d’échanges planologiques peuvent permettre d’obtenir des terrains dédiés à de l’activité économique. Mais la plupart des communes n’en veulent pas. Baudouin le Hardÿ, directeur d'in BW

Nivelles, Portes de l'Europe : un des seuls sites où il est encore possible de mettre la main sur un terrain.

e constat n’est pas neuf mais s’est encore renforcé ces derniers mois. Le Brabant wallon fait plus que jamais office de poumon économique de la Wallonie. Les derniers chiffres le démontrent. Et le succès à l’international de certaines entreprises brabançonnes en est d’ailleurs la meilleure carte de visite. Autre preuve ? Jamais in BW, l’Intercommunale du Brabant wallon qui est notamment en charge du développement économique de la province, n’avait vendu autant de terrains dédiés à de l’activité économique qu’en 2021. Avec 19 hectares, elle est bien loin de la moyenne annuelle (8 hectares) de ces dernières années. « Cette année exceptionnelle s’explique surtout par le manque de terrains qui se profile à l’avenir, s’inquiète Baudouin le Hardÿ de Beaulieu, le directeur général d’in BW. Actuellement, les entreprises se pressent pour acheter un espace pour construire leur entreprise, de peur de ne plus rien pouvoir trouver. Même si l’axe Bruxelles-Namur est privilégié, ce sont surtout nos parcs de Nivelles et de Tubize qui ont connu un certain succès vu le déficit de terrains sur l’axe E411. Pour les entreprises qui souhaitent rester sur cet axe, elles doivent désormais aller au-delà de Gembloux pour trouver leur bonheur. C’est un vrai problème. » Cette raréfaction du foncier a bien évidemment un impact sur les prix puisqu’ils sont poussés vers le haut, passant en cinq ans de 40 à 70 euros/m2 .

Soit une hausse considérable de 75%. « Avec même une augmentation des prix de 15 % rien que l’an dernier, précise Baudouin le Hardÿ de Beaulieu. Étonnamment, ce facteur n’a absolument pas freiné l’appétit des entreprises désireuses de s’installer en Brabant wallon car le cout de construction du bâtiment reste bien plus élevé que le foncier. Le prix de nos terrains est, de plus, encore très attractif par rapport à d’autres acteurs privés qui sont actifs sur ce segment. » Ajoutons que la norme de 25 emplois/hectare reste d’actualité, ce qui élimine par exemple de facto toutes les entreprises de logistique. Le manque de terrains de grandes tailles élimine également d’autres pans économiques, tels que les data centers ou des acteurs du domaine énergétique. Le profil des entreprises reste donc majoritairement des PME, attirées à l’idée de s’installer dans la deuxième région d’Europe qui compte le plus de diplômés.

Un pipeline rempli pour encore quinze ans Les parcs d’activités économiques s’étendent aujourd’hui sur plus de 1 000 hectares en Brabant wallon, dont 80 % sont gérés par in BW, le solde l’étant par des acteurs privés. Et tous sont confrontés à une pénurie de terrains. « Nous pourrons répondre à la demande pendant encore une quinzaine d’années, regrette le directeur général d’in BW. Après, ce sera terminé. Pour notre part, nous disposons encore de 70 ha actuellement disponibles. S’y ajouteront des prochaines acquisitions. Nous restons à l'affût de la moindre possibilité, que ce soit des anciens sites industriels, des immeubles ou d’autres types de sites. Reste qu’il est peu probable que les terrains sur lesquels nous mettrons la main soient situés dans le centre du Brabant wallon, vu le déficit d’offre. Or, c’est principalement autour de Louvain-la-Neuve que la demande est fort présente. Ce manque de terrain dédié à l’activité économique

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Jamais in BW n’avait vendu autant de terrains dédiés à de l’activité économique qu’en 2021. Un emballement des entreprises avant une pénurie de foncier attendue dans les prochaines années. Pour répondre à la demande, il faudra à l’avenir être particulièrement inventif.


apprendre

interview est un vrai problème. Seules des actions de compensations planologiques peuvent permettre d’obtenir de nouvelles parcelles. Mais la plupart des communes n’en veulent pas si cela concerne un parc hors de leur propre territoire. Cette raréfaction des terrains économiques s’inscrit dans un contexte plus large de disparition des terrains industriels dans les centres urbains, comme on l’a vu par exemple à Genval, Court-Saint-Étienne ou Genappe. Ces reconversions en résidentiel ont du sens en termes d’aménagement du territoire mais elles ne font pas nos affaires. »

« De nouvelles idées pour réattirer les sociétés » Henri Fischgrund, fondateur des parcs d’affaires Axis Parc et Nivaxis Propos recueillis par X. A.

Quel regard portez-vous sur le développement économique et territorial du Brabant wallon suite à la pandémie ?

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in BW gère dix-sept recyparcs. Pour couvrir l’entièreté du Brabant wallon, trois parcs supplémentaires devraient être implantés. « Mais il est de plus en plus difficile de trouver une implantation qui satisfait communes et riverains », regrette Baudouin le Hardy. Idéalement, il faudrait donc un parc pour 20 000 habitants. Dans le même temps, les parcs de Rixensart, Nivelles, Braine-le-Comte et Genappe doivent déménager pour être agrandis. Ce qui n’est pas une sinécure. 90 000 tonnes de déchets sont apportées chaque année dans ces recyparcs.

800 HECTARES POUR 9 PARCS in BW dispose de neuf parc d’activités économiques : Hélécine (Parc de Hélécine), Jodoigne (Parc de Jodoigne), Nivelles (Parc de Nivelles-Nord « les Portes de l’Europe »), Nivelles (Parc de Nivelles-Sud), Perwez (Parc de Perwez), Tubize (Parc de Saintes), Tubize II (Parc d'activité économique Tubize II), Vallée du Hain (Parc de la Vallée du Hain) et Wavre (Parc de Wavre-Nord). Elle est également co-gestionnaire avec l’UCLouvain du parc scientifique de LLN. Pour l’heure, 70 ha sont encore disponibles : à Nivelles Nord, Nivelles Sud, au Parc scientifique de Louvain-la-Neuve, à Hélécine et à Tubize II. Des projets d’extension pour plus de 100 ha supplémentaires sont en cours. Ajoutons qu’in BW investit également dans des bâtiments existants qu’elle rénove et remet sur le marché locatif.

9 hectares sont vendus habituellement chaque année. Bientôt la fin d'un modèle.

Ne pas mêler logements et activités économiques Contrairement à ce que certains pourraient croire, l’activité économique n’occupe que 3 % du territoire du Brabant wallon pour près de 50 % dédiés à de l’activité agricole et 15 % à destination résidentielle. Reste que la province arrive à la fin d’un modèle qui a contribué à sa croissance. L’équipement de terrains vierges (gaz, électricité, voirie, etc.) avant d’ensuite revendre les parcelles à la découpe (sous la forme juridique de la copropriété) a connu un important succès pendant plus de trente ans. Il va désormais falloir se réinventer. « Ce n’est pas un problème, précise Valérie Kessen, directrice du département économique d’in BW. Car l’objectif est tout d’abord de mieux exploiter les projets que nous mettons en œuvre. L’ancien site Peugeot (11 ha) à Nivelles que nous avons racheté va par exemple connaitre une densification plus importante que ce qui est habituellement déployé. C’est dans cette voie qu’il faut agir. » L’avenir des parcs d’activités passera en tout cas par des sites plus réfléchis, où l’on favorise la mobilité douce, mutualise les moyens de production d’électricité ou de chaleur (smart grids), et où la smart city fait son apparition (éclairage intelligent par exemple). Une version 2.0 des parcs d’activités économiques où une place importante est également réservée à la biodiversité. Par contre,

Cela aurait peu de sens de mettre du logement dans nos parcs d’activités. Ce qui est fait à Bruxelles ne peut être réalisé chez nous. Nous manquons déjà suffisamment de terrains pour les affecter à d’autres fonctions. Baudouin le Hardÿ, directeur d'in BW

si certains avancent que l’avenir de ces parcs passe par une mixité des fonctions, ce n’est pas l’avis de Baudouin le Hardÿ de Beaulieu. « Je n’y crois pas, tranche-t-il. Cela aurait peu de sens de mettre du logement dans nos parcs d’activités. Ce que l’on fait à Bruxelles (ndlr : notamment via citydev.brussels) ne peut être réalisé chez nous. Nous manquons déjà suffisamment de terrains pour les affecter à d’autres fonctions. Implanter du résidentiel signifierait qu’il faudrait y ajouter d’autres services tels que des salles de sport ou de l’horeca. Or, nous manquons déjà de terrains. La mixité concerne davantage les retail parks qui, eux aussi, vont connaitre de profondes mutations à l’avenir. Il ne faut donc pas tout mélanger. Il n’est pas nécessaire de révolutionner un modèle qui a fait ses preuves et dans lequel in BW prouve toute son expertise. »

UN NOUVEAU CAPITAINE EN SEPTEMBRE Après huit années à la tête de l’IBW et quatre d’in BW (suite à la fusion avec l’intercommunale des eaux), Baudouin le Hardÿ de Beaulieu (66 ans en mai prochain) partira à la pension en septembre. Comme ce fut le cas en 2010 et pour tous les postes de direction depuis lors, un chasseur de têtes est chargé de trouver la perle rare.

L’intérêt des sociétés pour venir s’installer dans nos deux parcs d’affaires à Nivelles et Mont-Saint-Guibert reste indéniable. Nous avons bien évidemment subi de plein fouet la crise du Covid. Notre taux de remplissage était de 99 % avant la pandémie pour retomber à 80 % l’an dernier. Depuis lors, nous remontons doucement la pente. Nous sommes à un niveau de location de 83 %.

Cette situation vous pousse-t-elle à vous réinventer ?

En effet. Nous allons créer un pôle « Science de la vie » où l’objectif sera d’attirer de nombreuses sociétés qui travaillent dans le domaine biomédical. Elles représentent 22 % de nos locataires actuellement. L’objectif est de doubler ce chiffre. Pour les attirer, des loyers gratuits et un soutien financier pour financer des laboratoires sont au programme.

Avez-vous des craintes par rapport à la rareté du foncier ?

Pas pour le moment. Nous disposons encore de nombreux terrains disponibles. Notre métier est différent d’in BW puisque nous construisons des bâtiments que nous louons ensuite. À Mont-SaintGuibert, il reste encore un terrain le long de la N25 (à côté du garage automobile) pour construire un immeuble de 12 000 m2. La demande de permis sera lancée d’ici peu. A Nivelles, la construction d’un immeuble de 4 000 m2 est en cours et un second immeuble de la même taille est prévu dans la foulée.

Comment se dessinera le parc d’activités économiques de demain ?

Pour notre part, il sera dans la lignée de ce que nous avons créé ces dernières années. Soit avec une multitude de services, un grand intérêt pour l’environnement et la biodiversité de même qu’une attention à la connectique.

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LA PROBLÉMATIQUE DES RECYPARCS


respirer

découvrir

En route vers la zone 30

Texte et photo : Gérald Vanbellingen

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alentir la circulation pour améliorer la sécurité. À l’image de Bruxelles qui s’est lancée dans ce pari de la zone 30 il y a un peu plus d’un an désormais, de nombreuses villes et/ou communes belges s’interrogent sur la pertinence de la mesure. Si Waterloo et OttigniesLouvain-la-Neuve font office de pionnières en la matière en Brabant wallon, elles sont peu à peu rejointes par d’autres entités. Comme Wavre qui vient récemment de passer l’un de ses quartiers en zone 30, après avoir fait de son centre-ville une zone limitée à 30 km/h depuis plus longtemps déjà. Ou encore Lasne, qui a défini un premier quartier « zone 30 » avant que d’autres ne suivent la manœuvre. Du côté de Rixensart, le plan en la matière fait lui état de quinze ou vingt zones 30 pour les années à venir. « Après l’exemple de Bruxelles, on s’est posé la question de savoir si passer tout Rixensart en zone 30 avait du sens, explique Vincent Garny, l’échevin rixensartois de la Mobilité. Et la réponse est négative, car ce serait trop excessif. Par contre, on s’est rendu compte que la zone 30 était tout à fait adaptée aux quartiers résidentiels, tout en étant une bonne réponse au manque de cohérence général des différentes normes de circulation. »

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© X. A. © Nicolas Da Silva

La passe de trois Troisième fois d’affilée que LRArchitectes remporte le Grand prix d’architecture de Wallonie. Un joli tir groupé pour ce bureau d’architecture de Tourinnes-Saint-Lambert. Il a été récompensé cette fois dans la catégorie Bâtiment collectif à usage non résidentiel pour la construction d’un nouveau bâtiment pour l’école

de Bornival à Nivelles. Un projet qui a permis de restructurer l’ensemble du site. L’école était auparavant divisée en deux parties bien distinctes. Un avant (une cour de récréation, lieu d’accueil) et un arrière (un jardin, occupés par des chalets provisoires), séparés l’un de l’autre par le bâtiment originel principal qui occupe toute la largeur du terrain. De nouvelles classes ont été construites, auxquelles viennent

s’ajouter deux espaces plus intimes, à savoir une terrasse et un jardin potager. Selon l’Union wallonne des architectes, ce projet a séduit le jury « par la justesse et la cohérence de l’intervention face au programme et au contexte, l’utilisation du bon matériau au bon endroit (ndlr : briques aux murs, béton sol et plafond), le traitement avec beaucoup de finesse des différents détails et le travail de la lumière. »

Waterloo : la vitesse moyenne des automobilistes a baissé

Vincent Garny entend mettre la circulation automobile au pas dans les quartiers rixensartois.

Et après avoir défini les zones de la commune qui passeront en zone 30, des premiers aménagements ont été réalisés du côté du quartier Dessy-Montalembert. « En tout, on a défini entre quinze et vingt zones réparties sur tout le territoire, poursuit l’échevin. L’objectif est triple : rendre ces quartiers aux riverains, assurer une meilleure

cohabitation entre automobilistes et usagers faibles et rediriger le trafic de grand transit vers les grands axes. Pour au final, améliorer la sécurité globale le long de ces voiries locales. Des voiries qui en plus des aménagements destinés à faire respecter les 30 km/h pourraient bénéficier de mesures complémentaires qui se greffent assez bien à ces zones 30 : comme des rues scolaires ou des zones résidentielles (NDLR, limitées elles à 20 km/h). » Du côté de Waterloo, le premier bilan des nouvelles zones 30 est en tout cas positif. Alors que trois des huit zones définies ont été aménagées, les premières satisfactions se font sentir. « Pour la diminution du trafic de transit, nous n’avons pas encore de retour, il nous faudra un peu plus de temps, précise Brian Grillmaier, l’échevin de la Mobilité à Waterloo. Mais en ce qui concerne la vitesse et donc la sécurité générale, on constate – radars à l’appui – que la vitesse moyenne des automobilistes a bien diminué le long des axes passés en zone 30. On va donc poursuivre nos efforts en la matière avec une mise en zone 30 du quartier du Chenois en ce début d’année 2022 avant de s’attaquer à Joli-Bois. Pour, on l’espère, clôturer ce dossier fin 2022 ou début 2023. » Des limites au système se font toutefois sentir. « Si la plupart des citoyens semblent satisfaits, on hésite encore à passer des axes interquartiers en zone 30. Car si ces axes ne sont pas des voiries principales, ils sont parfois très longs et faire respecter une limitation de 30 km/h sur plus d’un kilomètre est assez compliqué. »

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Après Waterloo et Ottignies-Louvain-la-Neuve, d’autres communes de la province vont mettre leurs quartiers résidentiels en zone 30. Pour améliorer la sécurité, la cohabitation entre les différents usagers et rendre les quartiers à leurs résidents.


découvrir

le développement économique ne se résume pas aux parcs d’activités. L’agriculture représente 4,5% du PIB en Belgique. C’est un secteur dans lequel nous n’avions jamais investi mais qui est très important, surtout en Brabant wallon. Tout d’abord car il y a de moins en moins de fermes de type familial, ensuite car la volonté de développer des initiatives autour des circuits courts est de plus en plus prégnante. Nous avons vraiment ce souhait d’aider des jeunes à se lancer et à réaliser leurs rêves. »

Une première à l’échelle wallonne

12 Une ferme dédiée à l’entrepreneuriat en alimentation durable va être lancée à Mont-Saint-Guibert. Un projet inédit à l’échelle wallonne qui est initié par in BW. Cet écosystème baptisé « Sur le champ » favorisera l’émergence d’initiatives encourageant les circuits courts. Que ce soit une boulangerie, une conserverie, une fromagerie voire une brasserie. L’accès à la terre et au matériel sera également facilité. Xavier Attout - Photo : in BW

C

e n’est encore pour l’heure qu’une ferme brabançonne des plus classiques. Un ensemble en carré, recouvert de briques blanches, quelques poules et un coq qui gambadent autour. Et, au milieu de ce paysage, un agriculteur en fin de parcours. D’ici la fin de l’année, la Ferme de la Grange à la Dîme, située juste à côté de la sablière de Mont-Saint-Guibert, changera de paradigme et entrera dans une nouvelle ère. Elle deviendra un modèle wallon en matière d’entrepreneuriat alimentaire et durable. L’intercommunale in BW a en effet mis la main le 25 janvier sur cet ensemble de 3 000 m2 entourés de 57 hectares, dont 21 ha libres d’occupation

d’ici fin 2022. L’objectif est d’y aménager un hub d’entreprises actives dans le domaine de l’alimentation durable. Il y en aura pour tous les gouts, que ce soit pour celui qui veut simplement tester son projet de maraichage ou celui qui a besoin de développer à grande échelle son projet de packaging. Un projet novateur qui vise à prendre par la main toute une économie qui n’était pour le moment pas soutenue. « Même s’il s’agit d’agriculture, cela rentre pleinement dans notre core business, lance Christophe Dister, président d’in BW. À savoir soutenir le développement économique du Brabant wallon et favoriser la décarbonisation de notre région. Contrairement à ce que l’on pourrait croire,

La Ferme de la Grange à la Dîme, à Mont-Saint-Guibert, futur laboratoire wallon.

« Sur le champ » est le fruit d’une longue réflexion initiée par Thibaut Louppe, responsable du volet animation économique chez in BW, qui pilotera désormais ce projet. Sensible à la mise en place d’une agriculture plus respectueuse et plus durable, il y a mêlé sa longue expérience en matière de développement économique et d’entrepreneuriat pour faire aboutir un projet qui n’a pas d’équivalent à l’échelle wallonne. « Les attentes citoyennes pour une meilleure alimentation et les circuits courts sont indéniables, explique Thibaut Louppe. Tout comme la problématique de l’accès à la terre hors du cadre familial ou la difficulté de posséder du matériel voire des installations techniques. Dans le même temps, de jeunes étudiants ou diplômés présentent depuis 5 ou 10 ans de plus en plus de projets innovants en matière de production ou de transformation alimentaire. Vu ce contexte, il nous a donc semblé opportun de rassembler en un seul lieu toutes les mesures de soutien à l’entrepreneuriat visant la relocalisation alimentaire. » L’idée de cette ferme d’un nouveau genre sera donc d’encadrer et d’accompagner une vingtaine de projets. Via trois niveaux : une « couveuse » qui permettra à des jeunes entrepreneurs, des maraichers ou des éleveurs de tester la faisabilité de leur idée ; une « pépinière » qui fera office d’incubateur (avec service d’accompagnement) et proposera la mise à disposition de moyens de production mutualisés pour mettre en œuvre un projet favorisant le circuit court ; « l’éco-hub », sorte de business center plus classique qui mettra à disposition des parcelles de terrain, des ateliers modulaires de production et de transformation,

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le développement économique ne se résume pas aux parcs d’activités. L’agriculture peut aussi jouer un rôle. Christophe Dister, président d'in BW

des bureaux, des zones de stockage ou encore des chambres froides. Dans ce cas-ci, des activités plus larges comme par exemple de production alimentaire, d’initiatives liées au packaging, à la logistique ou à la vente directe. « L’idée est que tous ces acteurs collaborent et interagissent entre eux de manière à créer un véritable écosystème, fait remarquer Thibaut Louppe. Nous pourrons fournir par exemple le soutien et l’aide nécessaire pour une part du matériel, de manière à ce que cette dépense ne soit pas un frein. » Et Christophe Dister d’enchainer : « Cet accompagnement est un volet important car il permet de se concentrer sur l’essence de son projet. Si une personne veut lancer un nouveau fromage, nous lui fournirons les machines et outils nécessaires à son projet. » De nombreux partenaires brabançons seront de la partie. Que ce soit en matière de formation, d’agriculture, d’alimentation ou de financement. « Le Brabant wallon possède un réseau d’acteurs reconnus pour leurs compétences dont nous allons bien évidemment profiter, précise Thibaut Louppe. Nous rassemblons en un seul lieu tous les stades de développement d’une entreprise, tout en l’accompagnant dans ses démarches. » L’objectif est de rendre viable des projets qui ne le sont pas encore. Entre 30 et 40 emplois pourraient être créés. Un écosystème qui pourrait accueillir des producteurs, une boulangerie, une conserverie, une fromagerie, une brasserie. Bref, toutes des activités ayant trait aux circuits courts et à la relocalisation alimentaire.

Un magasin et un espace horeca Ajoutons qu’un magasin ne comprenant que des produits du Brabant wallon de même qu’un espace horeca seront aménagés. « Sur le champ » devrait également favoriser la mise en place d’un réseau de bénévoles qui seront au service des producteurs de même qu’un système de reprise du matériel en cas d’abandon du projet. De quoi éloigner encore davantage le volet financier. Rayon calendrier, des travaux d’aménagement des différents espaces seront réalisés en 2022, avec un lancement espéré d’ici la fin de l’année. « Le fait de posséder 21 hectares pour lancer des projets est exceptionnellement rare, relève Thibaut Louppe. Cela donne des ambitions à notre démarche. Ce type de foncier est très recherché aujourd’hui, surtout en plein centre du Brabant wallon. Car nous sommes idéalement situés, à deux pas de la N25, de l’Axisparc et du Parc scientifique de Louvain-la-Neuve. De plus, le site est facilement accessible en mode doux. »

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L’alimentation durable au cœur de l’écosystème brabançon


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L'impact des nuisances sonores sur le territoire et les habitants du Brabant wallon est de plus en plus important. Voitures, avions, tondeuses ou voisins peuvent être sources de tension. Sans oublier que le rapport ville/ campagne évolue, suscitant de nouvelles relations. Une problématique souvent peu prise en compte.

Denis Marion, asbl Epures

Propos recueillis par Caroline Dunski

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ne enquête de santé réalisée en 2013 par ce qui était encore l’Institut Scientifique de Santé Publique, devenu depuis Sciensano, montrait que le bruit est la nuisance environnementale la plus citée. Mais de quel bruit parle-t-on ? Entretien avec Denis Marion, membre fondateur de l’asbl Epures basée à Grez-Doiceau.

Qu’est-ce qu’Epures ? DENIS MARION : En 2004, au moment du plan de dispersion du ministre Bert Anciaux qui a modifié l’utilisation de l’aéroport Bruxelles-National, nous avons formé « Trop de bruit en Brabant wallon », un groupe de pression destiné à faire reconnaitre l’impact du plan sur le territoire et les habitants du Brabant wallon. En 2007, pour des raisons juridiques et pour agrandir son champ d’action, le groupe de pression, alors interlocuteur de plusieurs institutions, est devenu une asbl. En 2013, elle a changé de nom pour s’appeler EPURES, Ensemble Pour Une Réflexion Environnementale Solidaire, et ainsi mieux rendre compte de ses activités. Nous continuons de travailler sur le dossier des nuisances

aériennes avec le ministre Georges Gilkinet et en collaboration avec de nombreuses associations bruxelloises, flamandes et de la périphérie de Bruxelles, mais nous nous sommes aussi ouverts à d'autres problématiques environnementales, liées ou non au territoire de la province. Le bruit routier est peu abordé, si ce n’est sous l’angle de la mobilité, dans des campagnes de limitation de vitesse et de création de zones 30. La sécurité n’est pas leur seule conséquence positive.

Y a-t-il des parties du Brabant wallon qui sont plus particulièrement concernées par le bruit ? Le bruit n’est pas quelque chose de neuf, mais il y a de moins en moins d’endroits où il n’y a plus aucun bruit. Peu de territoires sont exemptés de bruits humains, constants, excessifs… La nuit, en Brabant wallon, il y a toujours quelque chose qui fait du bruit : une nationale, un avion… S’ajoutent à cette réalité tous les bruits que nous avons créés avec de nouvelles habitudes : les machines agricoles, les pratiques agricoles du travail de nuit,

Denis Marion, Grézien jusqu'au-boutiste

les tondeuses, les souffleuses pour ramasser les feuilles, appareils qui n’existaient pas il y a 50 ans. Plus tous les équipements dans les maisons : conditionnements d’air, pompes à chaleur, piscines chauffées par pompes à chaleur... À partir du bruit, on entre dans les questions de convivialité, de vivre ensemble : que sommes-nous prêts à faire subir à nos voisins pour notre propre plaisir ou pour notre intérêt quand il s’agit d’entreprises ? La vie de nos concitoyens peut facilement devenir un enfer. Un des éléments aussi, c'est que dans la vie de tous les jours, nos rythmes deviennent de plus en plus différents les uns des autres. Le contrat social entre les gens a fort évolué.

Quelles communes sont le plus confrontées au bruit ? Cela dépend du type de bruit. Pour les communes riveraines d’une autoroute, c’est une catastrophe. À Nivelles, quelqu’un avait hérité d’un bien pas loin de l’autoroute E19. Cette personne a constaté progressivement qu’il y avait de moins en moins de périodes de calme, avec une circulation de plus en plus constante. Partout, la circulation est de plus en plus constante. Or le bruit est une nuisance dont on ne se protège pas facilement. Qu’est-ce qui peut être mis en place pour éviter les nuisances sonores que cela génère ? Se protéger des bruits d’une autoroute est une gageure, mais il existe des moyens, comme les murs antibruit, la mise en place de revêtements silencieux, la limitation de vitesse avec contrôles radar renforcés. Epures n’a jamais travaillé sur les bruits quotidiens qui relèvent plus des troubles de voisinage. L’asbl n’a pas la vocation d’être une association de riverains, mais plutôt de lanceurs d’alerte. Dans la Commission consultative communale d'aménagement du territoire et de mobilité dont je faisais partie, on était assez attentif à l’emplacement des piscines pour l’octroi d’un permis. Dans certaines communes comme Grez-Doiceau où j’habite, nous sommes souvent interpellés au sujet des bruits d’ULM. L’usage des tondeuses est interdit le dimanche, mais pas les vols en ULM. En Brabant wallon, les gens ne sont pas particulièrement revendicatifs, mais quand il s’agit du bruit, quelle que soit leur condition sociale, ils peuvent se montrer très actifs et combatifs, jusqu’à remettre en cause l’usage de l’avion, par exemple.

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« Il y a de moins en moins d’endroits où il n’y a plus aucun bruit en Brabant wallon »

En Brabant wallon, les gens ne sont pas particulièrement revendicatifs, mais quand il s’agit du bruit, quelle que soit leur condition sociale, ils peuvent se montrer très actifs et combatifs, jusqu’à remettre en cause l’usage de l’avion


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Faut-il mutualiser sa production de chaleur ? Pour limiter nos émissions de CO2, il faudra notamment agir sur le mode de chauffage de nos habitations. Et à ce titre, la mise en place de réseaux de chaleur dans les grands projets immobiliers peut être une alternative aux traditionnels gaz et mazout. Visite à Bella Vita (Waterloo), où un réseau de chaleur alimenté au bois local turbine depuis 2014. Texte : Gérald Vanbellingen - Photos : G. B et JCX

C

’est une certitude, la lutte contre le réchauffement climatique passera immanquablement par une réflexion globale sur nos habitations. Et si l’isolation et/ ou la rénovation de nos logements sont autant de pistes nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 d’ici 2030, elles ne sont pas les seules, ni ne seront suffisantes. Le chauffage de nos habitations constitue l’un des autres enjeux pour les années futures. Car si aujourd’hui plus de 85% des logements sont chauffés au mazout ou au gaz, des alternatives plus propres existent. Et parmi celles-ci, on retrouve les réseaux de chaleur. Des systèmes de chauffage collectifs qui peuvent être alimentés par des énergies renouvelables pour un impact presque nul sur l’environnement. Encore peu répandus pour l’instant en Belgique, ces réseaux de chaleur sont toutefois peu à peu mis en place. Comme sur les 15 hectares du site Bella Vita situé non loin du centre de Waterloo. Où, depuis 2014, les 250 logements du site, la crèche, la résidence services, la maison de repos, le centre médical ou encore la piscine sont tous alimentés par de la biomasse, issue de la combustion de bois brabançon (Hélécine).

17 Plus de 80% de la chaleur issue de la biomasse Un réseau qui prend la forme d’une chaufferie centrale bicombustible répartie en deux pôles. Les deux chaudières biomasses alimentées au bois (pellets et plaquettes) d’un côté et les deux chaudières supplémentaires alimentées au gaz de l’autre. Avec une priorité accordée aux chaudières biomasses, les deux chaudières au gaz n’étant en place qu’en appoint en cas de problème technique. Avec, dans la pratique, plus de 80% de la chaleur produite sur le site Bella Vita qui provient de la biomasse. « Nous souhaitions bâtir un nouveau quartier qui soit le plus éthique possible au niveau social, économique et environnemental, se souvient Gaël Cruysmans, responsable du développement du projet chez JCX. Ce qui signifie en termes énergétiques : diminuer au maximum les émissions de CO2 sans que le système ne soit ni hors de prix, ni que le cout ne se répercute sur les clients. Et, pour nous, la meilleure façon d’atteindre tous ces objectifs en même temps, c’était de mettre en place un réseau de chaleur au bois. » L’idée de base établie, il a fallu ensuite développer le réseau de distribution pour amener cette énergie du bâtiment qui abrite les différentes

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Un réseau de chaleur a été mis en place pour alimenter les 15 hectares du site Bella Vita à Waterloo. Un projet rare en Brabant wallon.

chaudières vers les différents logements du site. Et c’est naturellement sous les différentes voiries du quartier qu’ont été implantés près de 6 kilomètres de tuyaux de distribution. « On voulait absolument ce réseau de chaleur, poursuit Gaël Cruysmans. Car quand ça fonctionne comme ici à Bella Vita, je pense qu’il n’y a rien de mieux par rapport à nos objectifs

de départ. Quand on chauffe intelligemment, les trois quarts du chemin sont réalisés en termes d’économies d’énergie, surtout dans des bâtiments passifs ou basse énergie. Mais il est vrai que pour le mettre en place, il existe un certain nombre de limites. Économiquement parlant par exemple, c’est plus compliqué à gérer. Raison pour laquelle, ce


cultures

d'un territoire

Un réseau soumis à quelques contraintes

Le réseau de chaleur fait peur de par sa méconnaissance. Tant aux promoteurs pour lesquels il est sans doute plus difficile d’attirer des clients, tant pour les habitants eux-mêmes qui ne feraient pas autant confiance à ce type de système. Les mentalités doivent évoluer. Gaël Cruysmans, JCX

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réseau a été le fruit d’un partenariat entre Veolia et Green-Invest (via la Cowalex). Un tiers-investisseur qui se charge de vendre les calories produites par le réseau aux habitants avec un engagement clair : que la calorie produite par la biomasse ne soit pas plus chère que la calorie au gaz traditionnel. »

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Gaël Cruysmans et son projet d'une vie.

Toujours en termes de couts, les investissements de départ pour la mise en place d’un réseau de chaleur sont souvent plus conséquents que pour un système plus traditionnel. « Ce type de réseau nécessite d’avoir un bâtiment dédié au chauffage pour l’ensemble des autres immeubles, fait remarquer Gaël Cruysmans. Ici à Bella Vita, on avait l’avantage de pouvoir réaménager l’ensemble du site et donc de transformer une partie du bâti existant en ce local technique. Mais ce n’est pas toujours possible : ni en termes de couts, ni en termes d’espaces. À Lasne par exemple, pour un autre site dont je m’occupe, le réseau de chaleur n’est pas une option, car il est presque impossible d’ajouter un bâtiment spécialement dédié au chauffage. » Enfin, toujours du côté économique, le réseau de chaleur n’est pas encore très vendeur. « Je pense que le réseau de chaleur fait un petit peu peur de ce côté-là de par sa méconnaissance, conclut Gaël Cruysmans. Tant aux promoteurs pour lesquels il est sans doute plus difficile d’attirer des clients, tant pour les habitants eux-mêmes qui ne feraient pas autant confiance à ce type de système, car plus flou qu’un chauffage au gaz traditionnel. Mais à ce niveau-là, il est certain que les mentalités doivent un peu évoluer en Belgique. »

« UNE SOLUTION QUI N'EST PAS RÉSERVÉE QU'AUX GRANDS PROJETS IMMOBILIERS » Quand on pense réseaux de chaleur, on pense en priorité aux grands projets immobiliers en construction aux quatre coins du Brabant wallon. Or, du côté d’Edora, la fédération des énergies renouvelables, on martèle qu’il est important de changer les perspectives. « Oui, il est certainement plus facile de mettre en place un réseau de chaleur au sein d’un site en développement que dans un quartier déjà construit, explique Éric Monami, conseiller en charge des dossiers biomasse et réseaux de chaleur. Mais en même temps, il a bien fallu construire un jour nos réseaux classiques de distribution de gaz. Nous

devrions donc en profiter pour implanter systématiquement de tels réseaux quand nous ouvrons les voiries, ce qui se fait très régulièrement. »

Un système flexible et économiquement rentable

Car outre l’aspect environnemental, les réseaux de chaleur ont d’autres avantages. « Ces réseaux sont très flexibles, poursuit Éric Monami. Et au plus ils s’étendent, au plus la mutualisation des couts peut opérer. Sans perdre de vue qu’en travaillant sur l’isolation des logements, un même réseau pourrait à l’avenir alimenter davantage d’habitations.

Pour un rendement plus élevé par rapport aux couts de mise en place. » Enfin, économiquement parlant encore, les réseaux de chaleur ont quelques atouts dans leur manche. « On peut diversifier les sources de combustibles ou de chaleur fatale (ndlr : chaleur résiduelle dégagée par une usine, par un incinérateur, une source chaude, etc.) pour utiliser celle qui reviendrait le moins cher. Sans perdre de vue que les prix des combustibles, quels qu’ils soient, restent plus stables dans le temps que les traditionnels gaz et électricité, dont les prix ont d’ailleurs flambé ces derniers temps. »

© CDu

Désuet ou authentique, le kiosque ? Comme le souligne la Fondation Roi Baudouin en préface d’une étude que leur consacre l’asbl Qualité-VillageWallonie et publiée dans la collection « Héritages de Wallonie », les kiosques à musique érigés au XIXe siècle et au début du XXe ont été des hauts lieux de convivialité où toutes les couches de la société pouvaient assister à des concerts publics. Bourgeois et

ouvriers y goutaient les plaisirs partagés de la musique sous toutes ses formes : chorale, militaire, symphonique... En Brabant wallon, il reste trois kiosques permanents, à Ohain, Rixensart et Orp-le-Grand. Celui d’Ohain est pastillé à l’inventaire du patrimoine culturel immobilier de Wallonie. C'est-à-dire que sa pérennité est souhaitée en raison de son authenticité. « Il n’est plus guère

utilisé pour des concerts, souligne Alain Geuens, secrétaire général du Cercle de Généalogie et d'Histoire de Lasne. On y plante un joli sapin à la Noël, les scouts s’y réunissent parfois le dimanche et il sert de présentation du Saint-Sacrement lors des processions du Doyenné de Lasne ». La reconquête de l’espace public par les arts suite à la crise du Covid peut-elle contribuer à sortir les kiosques de leur désuétude ? C. Du.


apprendre

Changer d’âme, garder la même peau Chapelles, granges, moulins, écoles, gares, halls industriels… De nombreux bâtiments ont vu leur vocation changer au fil du temps. Une affectation culturelle permet à la fois de leur redonner vie tout en protégeant l’authenticité et l’intégrité d'éléments patrimoniaux remarquables.

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Texte : Caroline Dunski - Photos : Sissi Vandermersh

a Région wallonne compte plus de 4200 biens classés. Un quart d’entre eux sont privés. Le classement constitue une mesure de protection destinée à assurer la conservation, l’entretien et, si nécessaire, la restauration des biens patrimoniaux des villes et villages de Wallonie. Le classement peut concerner l’ensemble d’un bien, comme c’est le cas de l’église Saint-Martin de Beauvechain, ou certains éléments, comme pour les façades, les toitures et la salle de spectacle du Foyer populaire qui abrite le Centre culturel du Brabant wallon, à Court-Saint-Étienne, depuis 1985. « Il s’agit de conserver au maximum les caractéristiques qui ont amené au classement, souligne Vincent Léonard, historien de l’art de l’Agence wallonne du Patrimoine (AWAP). La culture, sous toutes ses facettes, peut être une alternative intéressante pour la réaffectation de bâtiments patrimoniaux, quand celle-ci risque de les dénaturer. C’est le cas notamment des églises, des granges, de certains bâtiments industriels pour lesquels une affectation culturelle permettrait de leur redonner une nouvelle vie sans trop les transformer, ni les dénaturer de manière excessive. »

Cultuel et culturel peuvent faire bon ménage « Ce n’est pas parce qu’un bâtiment est classé comme monument qu’il doit rester figé, explique

La culture, sous toutes ses facettes, peut être une alternative intéressante pour la réaffectation de bâtiments patrimoniaux, quand celle-ci risque de les dénaturer. Vincent Léonard, Agence wallonne du Patrimoine

Vincent Léonard. Certaines des affectations d’origine ne sont plus possibles, du fait de l’évolution de la société. Comme la chute croissante du nombre de fidèles dans les églises et le coût d’entretien de ces édifices, que les communes ont de plus en plus de mal à supporter. Un des grands défis sera de trouver une solution pour ces lieux de culte qui représentent souvent le cœur d’un village. Un changement d’affectation est, dans ce cas, primordial pour espérer pérenniser ces biens qui ont perdu leur fonction d’origine. » Au début des années 2000 à Jodoigne, la Ville et la fabrique d'Église de la Chapelle Notre-Dame, dite « Chapelle du Marché », classée depuis 1958, signaient une convention permettant l’utilisation des lieux pour des activités culturelles, tout en gardant à l’édifice son caractère religieux. « Le projet de réaffectation de la Chapelle Notre-Dame est un modèle de réaffectation d’un bâtiment de culte devenu insalubre par son manque d’entretien. Il a permis de concilier le cultuel et le culturel. Le chœur de l’église est toujours sacralisé, ce qui permet d’y célébrer de temps en temps des offices. Le reste de l’intérieur de la chapelle a été aménagé de manière moderne et modulable pour pouvoir transformer l’espace en salle de spectacle ou d’exposition, tout en conservant des éléments patrimoniaux intéressants. L’aspect extérieur n’a pas été modifié. Ce projet a permis, d’une part, de pérenniser un bâtiment patrimonial très intéressant et, d’autre part, de redonner un dynamisme culturel dans le centre de Jodoigne. »

De l’agriculture à la culture Pour certains types de biens, comme les granges de ferme, l’affectation culturelle convient particulièrement bien. « Leurs grands volumes permettent d’accueillir du public et leur transformation est moins importante que s’il s’agit de faire du logement, par exemple », souligne

La Chapelle Notre-Dame, située à Jodoigne, modèle de réaffectation d’un batiment de culte.

Bernadette Streel, historienne de l’art attachée à l’inventaire du patrimoine de l’Awap. De multiples exemples existent en Brabant wallon, comme la Ferme du Biéreau, classée en 1988 et devenue « Maison de toutes les musiques » en 2007. Sa grange accueille des concerts tandis que le corps de logis abrite des studios d’enregistrement. À Thorembais-les-Béguines, les façades et toitures de la petite Cense sont classées depuis 1988. Les artistes Karim Baggili et Karoline de la Serna, l’ont acquise début 2020 avec le projet d’en faire un lieu de projet et de création alliant humain, art, culture et bien-être, tout en faisant participer les habitants du village, sur le modèle des Fêtes de la Saint-Martin à Tourinnes. « La grange, déjà rénovée par les anciens propriétaires et servant de salle de mariage, fera l’objet de moins de transformations, souligne le chanteur. Toutefois,

elle nécessite d’être équipée techniquement de loges, d’une scène, de lumière, pour pouvoir programmer des concerts et des spectacles dans des conditions professionnelles. La procédure pour l’obtention du permis est en cours. Les réunions pour mettre tout en musique constituent un travail important. Il s’agit de protéger le patrimoine et de faire vivre le lieu, ce qui nécessite pour les instances représentant le patrimoine de lâcher un peu de lest. » À Rebecq, certaines parties de l’Hospice communal sont classées depuis 1977. Dans le cadre de son Programme communal de développement rural (PCDR), la Commune veut transformer la grange en « Maison de l’entité » afin de valoriser ce patrimoine classé et de créer un lieu de vie polyvalent à destination des habitants et des nombreuses associations actives sur le territoire communal.


rencontrer RÊVER LE FUTUR ET RETISSER DU LIEN

S’il a grandi à Huy, dans le Condroz, et a longtemps vécu à Bruxelles, Étienne Van der Belen puise une partie de ses racines en Brabant wallon. À Hévillers, plus précisément, où il passait une grande partie de ses vacances d’été, chez ses grands-parents paternels. Il y a une douzaine d’années, après de nombreux et lointains voyages, il posait ses valises à Villers-la-Ville. 22

Texte : Caroline Dunski - Photo : CCOLLN

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tienne Van der Belen et sa compagne Carole Verhaeghe ne souhaitaient plus habiter à Bruxelles et voulaient trouver un lieu où jouir d’un équilibre entre vie à la campagne et accessibilité aisée vers la capitale. C’est à Villers-la-Ville, à 300 mètres du quai ferroviaire, non loin des ruines de l’Abbaye et de la forêt, qu’ils ont trouvé le cadre où installer leur famille et le siège de l'asbl Chispa fondée en 1998 par quelques artistes désireux de contribuer à un développement plus harmonieux de notre société et des individus qui la composent. S'il continue de donner des cours de théâtre au Conservatoire de Mons (ARTS2), avec la crise sanitaire, Étienne Van der Belen est moins parti à l’étranger pour y présenter ses spectacles. Le confinement a été pour lui l’occasion de découvrir les ressources du territoire brabançon et de réfléchir au tissage de nouveaux liens de proximité.

UN ENGAGEMENT ARTISTIQUE ET SOCIAL Juriste et comédien de formation, Étienne Van der Belen confie qu'il a toujours eu un engagement à la fois artistique et social. « Depuis une dizaine d’années, j’essaye de m’orienter vers un parcours artistique plus personnel. Je suis vraiment convaincu que plus on touche à l’intime, plus on touche à l’universel. Mes derniers spectacles sont liés à mon chemin de vie : L’appel du large, lié au décès de ma grand-mère, Gioia Perfetta, à la suite d’une marche que j’ai faite pendant 2000 kilomètres jusqu’à Assise, ou Jean de Fer, un spectacle pour jeune public, adapté du conte des frères Grimm pour voir comment on peut aider les enfants à grandir en traversant les épreuves qu’ils vont devoir vivre. »

ÊTRE VIVANT PARMI LES AUTRES ÊTRES VIVANTS Fils d’un grand voyageur, Étienne Van der Belen aime confronter son travail à d’autres cultures, d’autres sensibilités, d’autres regards. Sur le plan personnel, il se ressource en travaillant dans son jardin, en s’occupant de son potager et en se promenant dans la forêt toute proche. S’asseoir dans la nature lui apporte un grand apaisement et le sentiment qu’il peut juste être lui, un être vivant parmi les autres êtres vivants, en se délestant de toutes ses fonctions et rôles : comédien, prof de théâtre, papa… « La nature m’enseigne l’humilité et la simplicité d’être vivant. »

LE DEUIL AU TEMPS DU CONFINEMENT Le comédien planche actuellement sur le spectacle Partir*, en cours de création, un projet très personnel. En avril 2020, alors que son père décède dans la maison familiale, le médecin déclare une suspicion de Covid. « Là, tout bascule. Une heure plus tard, les pompes funèbres débarquent en combinaison blanche, gantés et masqués, tels des liquidateurs de Tchernobyl arrivant sur une terre contaminée. Ils enferment le corps de notre père dans un grand sac en plastique et repartent aussi sec. D’un coup, c’est fini. Le lit est vide. Avec mes frères et sœurs, nous nous regardons, hébétés. Avec cette suspicion de Covid s’insinue la peur et le doute. Chacun rentre chez soi et l’organisation de l’enterrement se fait par Zoom. Pas de veillée, juste une courte cérémonie en petit comité sous l’œil très vigilant du personnel du cimetière. » De ce moment volé et à partir de témoignages qu'il récoltera avec l'appui du Centre culturel du Brabant wallon au mois de février auprès d'autres personnes touchées par le deuil, l’auteur souhaite faire un spectacle pour interroger notre rapport à la mort et la place que notre société occidentale lui concède. De petites formes présentées probablement en mars 2023 hors des lieux classiques de diffusion constitueront des moments de célébration s’inspirant de différentes traditions funéraires de nombreux pays. « Nous serons tous ensemble, de manière théâtrale et poétique, pour toutes les personnes parties, pour en faire un moment de remémoration, dans lequel il y aura à la fois tristesse et joie. » * Titre provisoire

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Étienne Van der Belen, comédien et pédagogue

Pour cet « artiste de l'intime », « l’artiste et la culture sont là pour aider à retrouver la capacité de rêver autre chose et pour retisser du lien, la relation à soi, aux autres, malgré la situation. Ce n’est pas suffisant, mais il faut commencer par ça. Se retrouver d’humain à humain et pouvoir partager de l’intime, ce que cette crise sanitaire fait à l’intérieur de nous, et la solidarité que ça crée. » C'est que la crise sanitaire a eu un impact sérieux sur le monde culturel qui a dû annuler ou reporter de nombreux spectacles. Dans ce contexte, Étienne Van der Belen a poursuivi son travail de professeur, tout en mettant à profit la diminution des voyages à l'étranger pour se rapprocher des acteurs du territoires brabançons. C'est ainsi qu'il a pu bénéficier d’une résidence au Centre culturel du Brabant wallon pour la création de Jean de Fer. L’homme sauvage et l’enfant, dans le cadre du plan #Restart que la RTBF a consacré au soutien de la culture au temps du coronavirus.


agenda SENSIBILISATION DU JEUNE PUBLIC

L’aménagement du territoire : je m’y frotte ! De janvier à juin 2022 et de septembre à décembre 2022 L’aménagement du territoire et l’urbanisme, des matières trop complexes pour les enfants ? Ce n’est pas notre avis ! Depuis 2012, nous proposons des journées d’animations scolaires adaptées aux élèves de 5e et 6e primaires, élaborées en fonction du socle de compétences d’éveil (histoire et géographie). Quel contexte ? En une journée, à l’aide d’une présentation multimédia et par la manipulation d’une maquette, nous invitons les élèves à parcourir l’histoire et la géographie de leur localité et à découvrir les notions de base en urbanisme. Par le jeu, ils prennent conscience des enjeux de l’aménagement du territoire et inventent leurs solutions pour un avenir plus durable. Quel bilan ? En 2021, 301 enfants issus de 13 classes réparties dans 7 écoles ont profité de cette animation. En janvier de cette année, nous avons déjà sensibilisé 60 élèves issus de 3 écoles. Une dizaine de journées sont déjà réservées jusqu’en mai. Ne tardez pas à nous contacter pour une animation à la rentrée 2022 ! Inscriptions obligatoires via m.urbanisme@ccbw.be Sessions gratuites Nombres de places limité

Pour plus d'infos : mubw.be

Inondations en Brabant wallon TABLE-RONDE Réservé aux Communes et aux acteurs de terrain 15 février 2022 Louvain-la-Neuve * En collaboration avec Louvain4Water (UCLouvain) et la plateforme provinciale de gestion des risques d’inondations

Référentiel brabançon de l’habitat léger PUBLICATION Sortie prévue au printemps Destiné aux communes et aux personnes intéressées par l’habitat léger

Urbanisation et ilots de chaleur : comment rafraîchir nos communes ? MIDI DE L’URBANISME 22 avril de 12h à 14h30 Lieu à définir


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