Espace-vie n°257 | Décembre-Janvier 2015 - Le Brabant wallon attend ses "Quartiers nouveaux"

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Belgique - België PP 1300 Wavre 1 PB- PP BC BC-00481 0481 BELGIE(N) - BELGIQUE Bureau de dépôt 1300 Wavre

197257 décembre 2009 décembe 2015 mensuel mensuel mubw.be

espace-vie La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon

Trente-deux sites potentiels recensés Le Brabant wallon attend ses « Quartiers nouveaux »

A L

ARCHITECTURE A Neuf espaces culturels A au cœur du Tome 15

EURBANISME SLa vitalité architecturale brabançonne primée

CULTURE BW CULTURE BW Fenêtre ouverte L sur la prison et l’IPPJ


sommaire

édito

2016, une année de projets Comme souvent à cette époque, nous sommes nombreux à élaborer les projets de l’année à venir et a réfléchir à ceux

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En deux mots

des années futures. L’appel à projets « Quartiers nouveaux »

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Dossier Le Brabant wallon attend ses « Quartiers nouveaux »

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Carte blanche Linking cities, l’avenir des villes au XXe siècle

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Architecture Trois signaux de la vitalité architecturale brabançonne

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Interview d’Anne Norman «L'architecture ne doit pas effacer le contenu culturel»

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Urbanisme Vingt ans de recherche pour le CREAT

dans le courant 2016. Nous jouerons également un rôle dans

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Fenêtre ouverte sur la prison et l’IPPJ

le processus d’élaboration du Contrat de développement

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Littérature Une illustratrice au cœur des « P’tites nuits d’encre »

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épinglé pour vous… L’agenda du mois

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Publication 9 Espaces culturels en Brabant wallon

lancé par la Wallonie en est un bel exemple (à lire dans le dossier). À une autre échelle, les Maisons de l’urbanisme n’échappent pas à la règle puisqu’elles ont présenté tout récemment leur programme d’activités 2016 à la Wallonie, qui les subventionne. En Brabant wallon, notre Maison de l’urbanisme consacrera un temps important à la formation des citoyens au nouveau CoDT qui devrait entrer en vigueur

territorial initié par la Province du Brabant wallon qui nous soutient également dans nos activités. Conférences, visites guidées, outils de sensibilisation… Tout sera mis en œuvre pour que vous soyez tous impliqués et sensibilisés aux questions et enjeux de l’aménagement du territoire. > Catherine Vandenbosch

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Espace-vie est la revue mensuelle de la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon - CCBW. Elle a pour objet de vous informer sur des sujets ayant trait à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et à la définition du cadre de vie. Le CCBW y ajoute quatre pages dédiées à l’actualité culturelle du Brabant wallon. Éditeur responsable : édith Grandjean - Coordination : Catherine Vandenbosch, Xavier Attout, Marie-Pierre Uenten (culture BW) - Rédaction : X. Attout , C. Dunski, C. Vandenbosch Équipe de la Maison de l’urbanisme : C. Vandenbosch, A. Chevalier, X. Attout, S. Evrard - Président de Maison de l’Urbanisme : Mathieu Michel Maquette : www.doublepage.be - Mise en page : Béatrice Fellemans - Imprimeur : jcbgam - Tirage : 7 700 exemplaires Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - Site internet : www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et de la Province du Brabant wallon. Imprimé sur du papier recyclé. Publication gratuite (dix numéros par an) pour les habitants du Brabant wallon, 10 €/an hors Brabant wallon (877-7092102-57). Ne peut être vendu. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. Dessin : Marco Paulo. Photo de couverture : Equilis.

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Yves Hanin, de la CPDT.

Un centre d'affaires rénové avec des matériaux existants La première rénovation « Cradle to Cradle » vient d’être terminée à Genval, dans le nouveau centre d’entreprises de l’IBW. Ce principe écologique vise à recycler au maximum les matériaux existants. Une démarche innovante qui a permis de récupérer cloisons, faux-plafonds, dalles de plancher, armoires, portes ou même laine de verre. Alors que les radiateurs, tapis et câblage électrique ont été envoyés vers les filières de recyclage. « Nous avons aussi conservé les châssis d’origine, tout en posant des doubles châssis intérieurs » , explique l’architecte Sébastien Cruyt, du bureau Synergy. Un matériau d’isolation novateur, composé de liège et d’un pare-vapeur végétal, a également été créé pour l’occasion par Derbigum. De quoi permettre au bâtiment de répondre au standard passif.

en deux mots

« Vu la démogra­ phie, la demande en logements va augmenter jusqu’en 2020 en Brabant wallon, avant de diminuer. »

L’extension des zonings inquiète les agriculteurs Les parcs d’activités économiques du Brabant wallon sont très prisés et arrivent doucement à saturation. Des projets d’extension sont sur la table. Ce qui est modérément apprécié par les agriculteurs. « D’ici à trois ans, on prévoit une extension de 283,2 ha pour les zonings du Brabant wallon », explique Vanessa Martin, chargée de mission à la FUGEA (Fédération unie de Groupements d’éleveurs et d’Agriculteurs). Résultat : plusieurs agriculteurs se sentent menacés face à ces futures expropriations. « à Perwez, huit agriculteurs sont très inquiets. À Jodoigne, une famille a déjà manifesté ses craintes. La FUGEA est là pour les aider et les mettre en contact. »

897

La rénovation de l’Hôtel des Libertés est lancée Les travaux de rénovation de l’Hôtel des Libertés, l’ancien Hôtel de Ville de la cité de la Gadale, viennent de débuter. Ce bâtiment classé, construit en 1773, accueille aujourd’hui le centre culturel, la Maison du Tourisme Hesbaye brabançonne, l’asbl Culturalité, la Maison du Conte et la ludothèque. La restauration a été confiée au bureau d’architecture Atelier 20. Elle prévoit le remplacement de la couverture de toiture en ardoises naturelles, la rénovation des maçonneries en briques et pierres de Gobertange et le remplacement des châssis. L’intérieur du bâtiment sera repensé pour être plus fonctionnel. Le montant global des travaux est estimé à 2,06 millions.

Trente-deux sites ont été recensés en Brabant wallon pour devenir des Quartiers nouveaux. Ce qui représente un total de 897 hectares. Des sites qui sont constructibles immédiatement, si les autorités le souhaitent.

> L’exposition « Entrer » est accessible au Centre Wallonie-Bruxelles, à Paris, jusqu’au 12 janvier. Elle met en scène cinq bureaux d’architectes francophones (Baukunst, MSA, Ney & Partners, Baumans – Deffet, Lescaut et Ver.A). > Du changement à la Sarsi : l’ingénieur Pierre Pierard a été remplacé par Mathieu Malvaux. Ce consultant immobilier, ex-développeur chez Matexi, devra notamment piloter le projet d’éco-quartier de l’ancienne sucrerie de Genappe. espace-vie décembre 2015 n° 257 l

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dossier

Un appel à candidatures est lancé par la Wallonie jusqu’en mars prochain

Le Brabant wallon attend ses « Quartiers nouveaux » Pour répondre au défi démographique, 12 000 logements devront être construits par an en Wallonie jusqu’en 2040. Cela passera notamment par la création de quartiers nouveaux. La CPDT a déterminé 398 sites potentiels. Des sites qui devront avoir une valeur exemplaire et innovante.

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ntre dix et vingt sites wallons seront lement nouveaux, précise le ministre sélectionnés d’ici quelques mois par de l’Aménagement du territoire, Carlo un jury d’experts pour devenir les« QuarDi Antonio. Des quartiers plurifonctiontiers nouveaux » de Wallonie. Des quarnels, avec un cadre de vie de qualité tiers qui seront labellisés et mis en avant et une densité raisonnée. Ils viseront pour leur exemplarité (en matière d’énerl’exemplarité et devront dynamiser les gie, de mobilité, d’architecture ou encore pôles tant urbains que ruraux ». Un réd’environnement) et leur innovation. Un férentiel « Quartiers nouveaux » a été projet qui est né sur les cendres des élaboré à cette fin. Chaque commune villes nouvelles et qui doit permettre de candidate devra suivre précisément les répondre au défi démographique à venir. 17 recommandations de ce document Les communes wallonnes ont jusqu’au (voir page 6). 25 mars pour poser leur candidature. Le choix sera « Il ne s’agit pas de noudévoilé le 16 mai. veaux lotissements, comme Pour rappel, d’ici 2040, on en retrouve un peu par435 000 nouveaux habitants s’installeront en Wallonie. tout, mais bien de quartiers Soit 300 000 foyers. Ce qui réellement nouveaux » signifie qu’il faudra produire 12 000 nouveaux logements par an pendant 25 ans. Un sacré Au total, 398 sites ont été recensés en rythme de production qui ne pourra être Wallonie suite à l'étude de la CPDT (1). Ce absorbé uniquement en « reconstruisant qui représente 10 000 ha potentiellement la ville sur la ville ». urbanisable. Le Hainaut et la province de Liège sont principalement concernés. En Des sites d'au moins 15 ha Brabant wallon, 32 sites ont été retenus, Pour atteindre ces objectifs, le Gouverdans 15 communes (voir par ailleurs). Ce nement wallon a donc demandé à la qui représente un total de 897 hectares. Conférence permanente pour le déveLa localisation n'est pas loppement territorial (CPDT) d'identiprise en compte fier les sites wallons pouvant devenir Une fiche informative très détaillée a un de ces « Quartiers nouveaux ». Une été élaborée pour chaque site. Ce qui série de conditions ont été dressées : permet de connaitre leur situation urbaune superficie de minimum 15 ha sur nistique et juridique, les infrastructures des zones urbanisables ou des sites à avoisinantes ou encore la pression imréaménager (SAR), une opérationnalité mobilière de la région. Une précision : dans les trois ans ou encore un projet en la localisation n’est pas prise en compte extension d’une urbanisation existante, dans le choix des sites, ce que regrette de manière à lutter contre l’étalement certains. La demande du Gouvernement urbain. « Il ne s’agit pas de nouveaux était de mettre tout le potentiel sur la lotissements, comme on en retrouve un table. Le jury tranchera ensuite au sujet peu partout mais bien de quartiers réelespace-vie décembre 2015 n° 257 l

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de l’opportunité de mettre en œuvre les différents projets. Autre précision : les sites proposés ne sont pas nécessairement en adéquation avec la politique communale d’aménagement du territoire. Un certain nombre passera donc à la


trappe. D’autant plus que la moitié des sites sont situés en zones d’aménagement communal concerté. Des ZACC que certaines communes ne souhaitent pas activer. « Cette étude est donc avant tout informative, lance l’urbaniste Yves Hanin, de la CPDT. Il vise à mettre en lumière une série de sites. »

Quel avantage pour les communes retenues ? Aucun soutien financier particulier, ni procédures urbanistiques spécifiques ne sont prévus. Par contre, les projets sélectionnés feront l’objet d’un accompagnement technique d’aide au montage et au développement, de même que d’un soutien administratif garantissant une maitrise des délais. « En fait, ce qui allonge les procédures, ce sont les interfaces entre institutions, explique Carlo Di Antonio. Nous jouerons là-dessus pour accélérer le processus. L’idée est de créer une voie prioritaire pour ces projets. À terme, cette voie sera également réservée à tous les projets d’envergure, de manière à raccourcir les délais. Quant aux projets non retenus, j’espère que cette dynamique

permettra de leur insuffler un nouvel élan. »

Un financement qui pose question Qui va financer chaque quartier nouveau ? Les promoteurs privés, essentiellement. Les communes devront donc séduire l’un ou l’autre investisseur pour espérer être retenues. « Suite à nos rencontres avec le secteur immobilier, il apparait que la priorité pour les promoteurs n’est pas de trouver de l’argent ou des projets mais d’avoir une prévisibilité dans les délais d’obtention de permis et une sécurité juridique pour les procédures, explique Carlo Di Antonio. C’est ce que nous allons leur donner. » Des partenariats publics-privés ne sont pas exclus. Les charges d’urbanisme seront également variables en fonction des régions. « Il est évident que nous serons moins pressants pour demander des équipements de voirie à un promoteur dans le Hainaut plutôt que dans le Brabant wallon. Tout est une question d’équilibre en matière de rentabilité. » > Xavier Attout

Les 32 « Quartiers nouveaux » potentiels du Brabant walon Communes

Superficie en ha

1

Braine-l’Alleud

21,56

2

Braine-l’Alleud

18,05

3

Chaumont-Gistoux

16,76

4

Court-Saint-Etienne

54,71

5

Court-Saint-Etienne

20,3

6

Court-Saint-Etienne

17,75

7

Jodoigne

30,77

8

Jodoigne

24,01

9

Jodoigne

16,13

10

La Hulpe

21,19

11

Lasne

45,22

12

Lasne

18,01

13

Nivelles

30,01

14

Nivelles

18,95

15

Ottignies-LLN

42

16

Ottignies-LLN

25,27

17

Perwez

33,44

18

Perwez

18,08

19

Ramillies

16,17

20

Tubize

87,42

21

Tubize

33,45

22

Tubize

29,71

23

Tubize

19,08

24

Villers-la-Ville

18,75

25

Walhain

25,62

26

Waterloo

40,63

27

Waterloo

18,48

28

Wavre

37,5

29

Wavre

36,3

30

Wavre

28,62

31

Wavre

17,69

32

Wavre

15,9

Les différents sites sélectionnés n’ont donc pas été déterminés selon des logiques de bon aménagement du territoire. Mais plutôt suivant une série de critères essentiels en urbanisme. Le choix de la quinzaine de sites sélectionnés sera effectué par un jury d’experts. Le critère de bon aménagement du territoire sera mis en avant à ce moment là.

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Voici la carte des sites brabançons wallons identifiés par la CPDT. Précisons que la carte a du être réduite, faute de place. @ X. A.

Pour le reste, les projets sélectionnés répondront à des enjeux tels que la lutte contre l’étalement urbain, le développement socioéconomique et de l’attractivité territoriale, l’utilisation rationnelle des territoire et des ressources. espace-vie espace-vie décembre juillet 2010 2015 n° 203 257 l

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dossier

La consommation d'espace est toutefois en diminution en Wallonie

12 000 logements à construire par an

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a Wallonie connaitra une importante hausse démographique d’ici 2040. Elle ne sera pas la même partout. En Brabant wallon par exemple, une forte hausse est attendue jusqu’en 2020 avant une diminution d’ici 2030 et une autre baisse, plus importante encore, d’ici 2040. Dans les autres arrondissements, sauf celui de Profondeville, c’est le contraire. Selon les dernières prévisions du Bureau du Plan, sur les 450 000 personnes supplémentaires attendues d’ici 2040, 350 000 auront plus de 60 ans. Et 50 000 des moins de 18 ans. Il faudra donc que les promoteurs tiennent compte de ces aspects dans la réalisation de leur projet. Cela passe notamment par des aménagements spécifiques pour les seniors. Au total, 12 500 logements seront à construire chaque année jusqu’en 2040.

Un marché d’appartements « Depuis une dizaine d’années, le marché s’est retourné, estime Yves Hanin, de la CPDT. Nous sommes aujourd’hui dans une dynamique de réhabilitation de friches. Cela concerne un quart de la production

de nouveaux logements. À côté de cela, il y a eu une explosion du nombre d’appartements. Cela se traduit par une réduction de la consommation des espaces : elle était de 1 500 ha en 2000 pour ne plus être que de 1 000 ha par an en 2014. »

Se rapprocher des besoins Près de 80 % du parc de logements est composé de maisons unifamiliales (2, 3, 4 façades). Or, à l’avenir, 70 % des ménages seront des personnes isolées ou des couples sans enfant. Il est donc nécessaire d’avoir une adéquation entre la production des logements et les besoins, de même qu’une adéquation avec les services. En Wallonie, il faudra par exemple créer 5 400 places en maternelle, 17 300 places en primaire, 13 000 places en secondaire et 40 000 places pour l’hébergement des personnes âgées.

Les exemples européens D’autres villes en Europe ont déjà lancé des initiatives visant à créer des quartiers nouveaux et des villes nouvelles. Il apparait qu’un partenariat entre privé et public

est essentiel pour réussir. L’aménagement de cette extension urbaine se réalise lentement : elle s’étend sur au moins quinze ans. Un acteur moteur est nécessaire (une université, une exposition internationale, etc.). Des projets qui se concrétisent dans des régions où le Produit intérieur brut est élevé.

Freins et dynamiques immobilières Les projets d’envergure se multiplient aujourd’hui en Wallonie. On en dénombre une cinquantaine. Ils sont principalement situés en Brabant wallon et dans la région de Soignies, s’étendent en moyenne sur 25 ha et comprennent 650 logements. Tout n’est pas rose pour autant pour les promoteurs. Les freins les plus souvent cités sont le prix du foncier, les charges urbanistiques, les montages financiers, la complexité des opérations et les surcoûts. Parmi les points positifs, on note l’importante liquidité sur le marché, le recul de l’autopromotion ou encore la volonté politique de changer l’image d’une commune. > X. A.

Un référentiel « Quartiers nouveaux » Le cabinet Di Antonio a élaboré un référentiel « Quartiers nouveaux » auquel il faudra se fier pour entrer dans les conditions d’admission. Il est assez contraignant. Il y a par exemple cinq thématiques, dix-sept ambitions et trente-et-un objectifs. Nous n’allons pas tous les citer. Il s’agit, en résumé, de réaliser le bon aménagement d’un quartier. Les professionnels ne seront pas surpris. La difficulté sera par contre d’appliquer tous les objectifs à un même quartier, là où géné-

066 espace-vie décembre n° 257 juillet 20102015 n° 203 l l

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ralement seuls quelques-uns étaient pris en compte. On relèvera donc le fait d’optimiser l’utilisation du territoire et les systèmes énergétiques, d’assurer la qualité de l’environnement ou encore de mettre en œuvre un projet partagé. En matière de mobilité, les transports collectifs et la mobilité alternative devront être privilégiés. Pour ce qui est du cadre de vie, la mixité sociale et intergénérationnelle sera mise en avant, tout comme la

mixité fonctionnelle. L’innovation urbanistique et architecturale sera exigée. Enfin, le volet local n’est pas oublié : les filières locales et les circuits courts devront être développés, de même que les quartiers intelligents et les aspects culturel, éducatif et évènementiel. Ce référentiel est disponible sur le site spw.wallonie.be > X. A.


Linking cities, l’avenir des villes au XXe siècle

carte interview blanche

Un avis, une opinion à faire partager ? Cette page vous est ouverte.

Antoine de Borman, directeur du Centre d'études politiques, économiques et sociales, et Jeremy Dagnies, conseiller

Une carte blanche d'Antoine de Borman et Jeremy Dagnies

C

ticipation des citoyens aux projets de leur ville, axé sur le cercle réer de nouvelles villes en Wallonie ? L’idée suscite adhéplutôt que sur le carré. Un modèle qui, surtout, permet d’offrir une sion et enthousiasme, comme en témoignent les 300 experts réponse intégrée aux multiples défis auxquels nos villes et nos présents lors du colloque international organisé sur le sujet le 23 sociétés sont confrontées. octobre dernier à Louvain-la-Neuve. La Wallonie est loin d’être la seule à s’engager dans cette voie : de la Suède au Maroc, en Répondre à trois défis passant par le Luxembourg ou la France, les exemples ne manLe défi du lien social, d’abord. Les ruptures à l’intérieur d’une ville quent pas. entrainent des ruptures sociales. Fonder une ville qui y est attenLoin de la mégalopole construite à la hâte en plein milieu des tive dès sa conception, c’est avant tout construire une Cité où champs, la création de quartiers urbains d’ampleur, en extension chacun a sa place. À l’instar des « villes passantes » préconisées d’un tissu existant, permet de prévoir dès le départ la multiplicité par l’architecte David Mangin, les villes reliantes refusent les endes fonctions qui font la richesse d’une ville. La localisation de claves fermées et s’articulent autour d’espaces publics que l’on ces quartiers et leur densité permettent de ralentir l’étalement urpeut traverser librement. Car la vraie sécurité vient de l’ouverture bain et de préserver la nature et les terres agricoles. et de la connexion. La création de villes nouvelles est complémentaire aux politiques Le deuxième défi est celui de la gouvernance. Nous voulons de requalification des villes existantes ou de densification de bâtir une ville avec ses citoyens. Pas en leur disant : « prenez zones déjà urbanisées. Il faudra créer en Wallonie au moins des crayons et débrouillez331 000 habitations dans les vous » mais en les associant vingt prochaines années pour aux différentes étapes de loger les nouveaux ménages et « Les villes du futur se focalisent conception. Le recours aux lutter contre la hausse des prix sur l’environnement et en oublient démarches participatives perdans les zones à forte pression met de recréer du lien entre immobilière. La requalification les autres enjeux » citoyens et autorités. Dans le ne permet pas, seule, de réquartier Vauban (Freiburg), ce pondre à ce défi. Puisqu’il faut sont les enfants qui ont dessiné les espaces de jeu et un forum bâtir du neuf, il est indispensable de se demander où et comment. citoyen permet aux habitants d’être associés aux décisions. Plusieurs concepts circulent à propos des villes du futur : écociTroisième défi, le défi environnemental qui nous lie à l’avenir. Une tés, smart cities, villes solaires, villes post-carbone… S’ils nous linking city crée un habitat qui favorise l’autonomie énergétique proposent de nouvelles visions de la ville, ils se focalisent sur et limite l’impact sur la nature. Mais c’est insuffisant. L’objectif est l’environnement et en oublient les autres enjeux. Ils n’étanchent de relier l’habitat avec la nature, d’intégrer la nature dans le projet pas notre soif d’appartenance et de liens qui conditionnent telleurbain pour en faire une ville riche par sa biodiversité. ment notre qualité de vie. Si les villes reliantes doivent créer des liens, intégrer autant de Retisser des liens entre quartiers dimensions différentes dans une vision de la ville peut relever du Les vieilles villes du XXe siècle enchainent les ruptures. Façoncasse-tête. L’urbaniste et économiste Jean Haëntjens, nous le nées par l’automobile ou la volonté de différencier les fonctions, rappelle : « Concevoir une ville du XXIe siècle, c’est également ces ruptures se marquent entre quartiers, entre fonctions, avec devoir gérer plus de défis, plus de solutions et plus d’acteurs, l’environnement. Par contraste, nous proposons la ville reliante, et par conséquent réussir à concilier des contradictions ». Pour linking city, qui retisse les liens entre quartiers, avec la nature, créer des linking cities, il faut réussir à relier ces défis, ces sol’emploi, lie le passé et l’avenir et recrée du lien entre habitants, lutions et ces acteurs, aussi différents soient-ils, dans un projet entre les générations. Un modèle axé sur la convivialité et la parurbain fédérateur, qui nous permette de « faire société ». espace-vie juillet 2010 espace-vie décembre 2015 n° 203 257 l

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architectue

Trois lauréats pour le Prix de l’urbanisme et de l’architecture du Brabant wallon

Des signaux de la vitalité architecturale brabançonne Deux nouvelles constructions et un bâtiment public. Les trois lauréats pour le Prix 2015 de l’urbanisme et de l’architecture du Brabant wallon démontrent la créativité architecturale de la province. Un aspect qui demande à se développer encore davantage.

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e fond d’une petite ruelle située sur les hauteurs de Wavre. Un grand terrain divisé en deux par son propriétaire et mis en vente dans la foulée. Et deux maitres d’ouvrage qui sont séduits par cette parcelle en « L » située dans un environnement boisé. Précisons qu’ils savaient ce qu’ils voulaient : une demi-douzaine de terrains ont été visités en compagnie de leur architecte, Benoit Cruysmans, du bureau BCArchitects, avant de découvrir celui-ci… L’architecte y a dessiné un bâtiment monolithique habillé de briques blanches, primé dans la catégorie nouvelle construction. Plusieurs ruptures ont été créées, soit pour donner un accès à la maison, soit pour créer des terrasses couvertes. « Ces césures donnent l’impression d’avoir un prolongement de la

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maison vers l’extérieur, explique Benoit Cruysmans, qui avait déjà gagné un prix il y a quelques années avec l’extension et la rénovation de l’école de Walhain-StPaul, réalisée avec Grégoire Wuillaume. L’objectif de départ était d’utiliser la maison comme un trait d’union entre les deux zones de jardin. » Les deux maitres d’ouvrages sont tous les deux ingénieurs en stabilité. Ils souhaitaient donc ériger une construction qui puisse démontrer leurs compétences. « Il a fallu confronter nos visions mais il en est ressorti un travail très intéressant ». L’architecte a sué à grosses gouttes pour élaborer son projet. Sept avant-projets et deux demandes de permis ont été nécessaires pour arriver à créer cet ensemble intéressant et lumineux qui s’étend sur une vingtaine de mètres de long. « Il y a eu

un vrai jeu de lumières à l’intérieur, de manière à pouvoir dégager des vues traversantes. Des jeux de volumes permettent aussi de dynamiser les espaces et créer des lieux conviviaux. » Notons qu’un travail particulier a été effectué sur une partie de la toiture, ce qui permet de limiter l’ensoleillement et d’éviter la surchauffe de la chambre parentale. Enfin, ajoutons que le projet a été divisé en quinze lots, ce qui a multiplié les intervenants mais a surtout permis de réduire les coûts. « Cette manière de procéder permet également d’avoir un suivi plus précis et une meilleure qualité finale, estime Benoit Cruysmans. Nous avons pu réaliser certaines choses que nous n’aurions pas pu faire en faisant appel à une entreprise générale. » > Xavier Attout

Nouvelle construction

Construction publique

La luminosité de la maison Rixhom

Une station d’épuration compacte

L’architecte Nicolas Devuyst a construit son habitation à Rixensart. Elle s’étend sur 250 m2 et a été livrée en 2010. « Dans cette rénovation, la principale recherche était de travailler sur la lumière naturelle, explique-t-il. Le dégagement des vues extérieures ou la création d’espaces qui se prolongent par le biais de faux plafonds qui sortent même jusqu’à la terrasse couverte permettant cela. Sans avoir une maison très grande, j’ai voulu jouer sur la perception des espaces. » La conception de la maison se fait sur deux niveaux pour favoriser les jeux de toitures, de manière à pouvoir bénéficier de la lumière naturelle du matin au soir. L’idée a été d’inverser les pièces de vie et de jour. Les chambres sont donc au sous-sol. Le jeu de lumière permet toutefois de disposer d’une belle luminosité. « C’est important pour un architecte d’avoir sa propre réalisation car elle permet souvent de déboucher sur d’autres projets. Cela rassure aussi le client. »

L’Atelier d’architecture Van Den Brande & Associés, en tant qu'auteur de projet, et l’Intercommunale du Brabant wallon comme maitre d’ouvrage ont été primés dans la catégorie « construction publique ». Il s’agit de la construction de la station d’épuration de Villers-la-Ville, érigée dans le site classé de l’Abbaye et en bordure d’un site Natura 2000. Les contraintes étaient donc nombreuses. « Nous avons décidé d’insérer le bâtiment à cheval sur l’eau et sur la terre, explique Pierre-Marie Van Den Brande. Nous avons compacté la station sur un seul volume, ce qui a permis de réaliser un bâtiment qui s’insère parfaitement dans l’environnement. Plus le programme est compliqué, plus la réflexion est importante. Nous sommes donc satisfaits du résultat. » Ajoutons que la station est recouverte de gabions et d’acier corten, selon les souhaits de l’IBW.

> X. A.

> X. A.

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Les trois lauréats : en haut, une nouvelle construction à Wavre ; au milieu, la station d'épuration de l'IBW ; en bas, une nouvelle construction à Rixensart. © BCArchitects, NDA et IBW espace-vie décembre 2015 l

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interview

Le quinzième Tome Architectures s’intéresse à neuf espaces culturels

« Le bâtiment ne peut effacer le contenu culturel » Anne Norman est historienne de l'art, auteure et critique d'architecture

Anne Norman a décidé de mettre la culture au centre de son dernier ouvrage. On y découvre des musées, des lieux patrimoniaux ou encore un hall culturel. Des bâtiments qui mêlent richesse architecturale et qualité programmatique.

Le lien entre architecture et culture est évident. Vous avez néanmoins voulu le mettre en avant dans ce tome Architectures… Je n’invente en effet rien en rappelant le lien fort, presque consubstantiel, entre l’architecture et la culture. L’architecture est un élément de la culture qui est lié au contexte de la société qui la produit. On peut d’ailleurs analyser la culture sous deux angles : la culture globale en tant que produit de la société et la fonction culturelle du bâtiment qui s’ajoute à cette dimension intrinsèque de la culture. Sur le plan architectural, y a-t-il une ligne de conduite particulière lorsque l’on dessine un bâtiment culturel ? Non, car les possibilités sont trop vastes. Les fonctions culturelles sont très diversifiées. Dessiner une galerie d’art, un théâtre ou un cinéma n’entraine pas du tout le même programme. L’architecture monumentale et grandiose pour les lieux culturels, c’est définitivement terminé ? Non, mais ce n’est clairement plus une priorité. Nous sommes dans une ère différente. Au niveau international, de plus en plus de lieux culturels deviennent des signaux architecturaux. C’est de cela dont vous voulez parler ? Oui. Il est évident qu’au niveau international, on voit apparaitre une espèce de star système de l’architecture qui se crée autour des grands projets culturels. Les artistes de renom sont recherchés. Un bâtiment devient un réel enjeu financier. La forme a aujourd’hui presque autant d’importance que le contenu. Mais l’essentiel est que le bâtiment n’en devienne pas l’œuvre principale. Il ne doit pas non plus devenir une posture, un systématisme. Il faut maintenir un certain équilibre. La Belgique est-elle suffisamment ambitieuse sur ce plan ? Il existe le MAS à Anvers, le Théâtre national à Bruxelles ou d’autres encore. Ce ne sont pas des réalisations qui sont osten-

tatoires. En Belgique, nous restons encore relativement équilibrés. Est-ce toutefois de l’équilibre ou de la frilosité, seul l’avenir le dira… êtes-vous étonnée de la richesse et de la qualité des bâtiments culturels en Brabant wallon ? Oui, ce sont des projets très ancrés dans leur époque. Notamment au niveau de la traduction esthétique de l’architecture en une question pratique. Cela m’a surprise. Ce sont des architectures authentiques. Elles ont répondu à des besoins programmatiques tout en maintenant une certaine créativité. L’extension de la Chapelle musicale Reine Élisabeth n’était, par exemple, pas un travail évident. Il y avait une image art déco dans la tête des gens. Intervenir sur un tel lieu sans le dénaturer tout en créant un nouvel élément aussi fort est un vrai travail d’équilibriste. Certains bâtiments présentés dans votre ouvrage sont déjà connus du grand public. Y en a-t-il l’un ou l’autre qui ressort du lot ? Oui, dans le travail de précision, la Chapelle est une belle réussite. Le travail sur Villers-la-Ville, avec la création d’un circuit, est très intéressant. Il s’agit d’un lieu historique. Le Mémorial, à Braine-l’Alleud, a été enterré, ce qui est une belle innovation. Les lieux n’étaient pas propices à la création d’un signal architectural. L’Académie de Musique de Braine-l’Alleud est une belle réaffectation. En fait, il y a chaque fois un travail qui mêle dosage et respect. Y a-t-il des projets que vous n’avez pas su intégrer ? Oui, c’est notamment le cas de la rénovation de l’ancien cinéma Monty à Genappe qui n’est pas présenté dans ce livre mais qui méritait toutefois d’être évoqué. Le Monty a été fermé il y a quelques années pour raison de non conformité aux normes de sécurité. Sa rénovation s’annonce réellement ambitieuse.

« Les projets sélectionnés proposent une architecture authentique d’une grande créativité »

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> Propos recueillis par Xavier Attout

Retrouvez toutes les informations en page 16.


Cinquante ans d’action territoriale Le CREAT est devenu un pôle de référence en aménagement du territoire pour la recherche et les études au service des collectivités territoriales. à l’occasion de ses 50 ans, il a demandé à une trentaine d’auteurs de donner leur point de vue sur l’évolution du territoire et le développement territorial.

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Un Liber amicorum pour les 50 ans Le CREAT a souhaité marquer cet anniversaire par le livre sur le thème « Cinquante ans d’action territoriale ». Une trentaine d’auteurs se sont penchés sur l’évolution de nos territoires. Il s’agit d’auteurs avec lesquels le CREAT a, de façon régulière ou ponctuelle, via la recherche, l’enseignement ou le service à la société, conjugué des compétences au service d’un développement territorial durable, déjà travaillé. Avec ce Liber amicorum, les points de vue se multiplient sur l’aménagement du territoire, proposant parfois des visions bien différentes. On y retrouve des acteurs connus Thierry Berthet, Pierre Cox, Bernard Declève, Philippe Destatte, Bertrand Ippersiel ou encore Pierre Vanderstraeten.

éfléchir à la manière d’aménager le territoire wallon, d’habiter, de se déplacer ou, plus simplement, de vivre dans les villes et villages de Wallonie. La réflexion des chercheurs du Centre de recherches et d’études pour l’action territoriale (CREAT) ne cesse d’évoluer depuis cinquante ans. Un travail salué par tous les politiques ou communes qui font régulièrement appel à ses compétences. Créé il y a cinquante ans dans la foulée de l’adoption en Belgique de la loi organique de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme en 1962, le CREAT se verra très vite confier l’élaboration des premières études régionales et des premiers plans de secteur. Au fil du temps, ses chercheurs vont devenir de plus en plus actifs au niveau de l’élaboration de schémas de structure. De quoi réellement influer sur le territoire. « D’une approche technocratique, on glissait doucement vers une approche centrée sur le développement territorial avec son volet participatif, explique Yves Hanin, directeur du CREAT depuis vingt ans, dans l’avant-propos du Liber amicorum édité dans le cadre des cinquante ans. Dans le même temps, on repensait la question essentielle des localisations, initialement fondées sur le zonage, en prenant désormais en compte la structure territoriale. » Dans la foulée, le CREAT était sollicité pour concevoir le premier schéma de développement régional wallon. « En se voyant confier l’élaboration de ces différents plans et schémas, le CREAT a développé des méthodes d’analyse, de concertation, d’organisation et de communication accompagnant les décideurs », poursuit Yves Hanin. Ajoutons que le champ d’ac-

aménagement du territoire

Une trentaine d’auteurs se sont penchés sur le développement territorial

tion s’est encore élargi par après avec les études d’incidences sur l’environnement.

Formation et enseignement D’une manière générale, on peut dire que le CREAT a toujours privilégié le principe de la recherche-action comme méthode d’investigation et d’innovation lors de l’accompagnement des acteurs locaux et régionaux. « Rechercher avec les acteurs, les habitants et les usagers leurs désirs de territoire, dégager les modalités et l’originalité de leur appropriation de l’espace, fixer avec eux les frontières, les repères et la valorisation des ressources, c’est vraiment notre quotidien », fait remarquer Yves Hanin. Le développement territorial, la structure territoriale et la composition territoriale sont aujourd’hui les trois grands axes de recherches du CREAT et orientent les investigations de cette équipe interdisciplinaire. Des axes qu’ils font également usage en matière de formation et d’enseignement, puisque le CREAT est rattaché à l’UCL. Parmi ses souhaits, on note par exemple que la complexification de l’aménagement du territoire exige une formation continue des acteurs actuels alors qu’un master en urbanisme, aménagement du territoire et développement territoire serait, selon lui, plus que souhaitable pour doter les futurs acteurs de la production territoriale des meilleurs atouts. Xavier Attout

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culture BW dossier

Fenêtres ouvertes sur la prison et l’IPPJ

De la prison aux lieux culturels Cinq centres culturels, situés sur un territoire abritant un établissement pénitentiaire et deux IPPJ, se penchent sur la problématique des prisons par le biais de la culture, avec une programmation éclectique.

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a réalité carcérale est méconnue du grand public et engendre souvent des représentations caricaturales. En novembre dernier, le Conseil central de surveillance pénitentiaire organisait la deuxième édition des Journées nationales de la prison, autour du thème « Tant de temps », qui mène une réflexion sur le temps en prison. L’objectif de ces Jpurnées est de sensibiliser le citoyen aux questions que pose le système pénitentiaire, mais aussi de l’interroger sur le sens et le rôle de la prison.

Les centres culturels d’Ittre, Rebecq et Tubize, l’Association Braine Culture et le Centre culturel du Brabant wallon ont décidé d’aller plus loin et de proposer un cycle intitulé « Fenêtres ouvertes sur la prison et l’IPPJ » pour informer les habitants des communes de l’Ouest du Brabant wallon et d’ailleurs et leur proposer une réflexion sur ce que sont la prison et l’IPPJ, les conditions d’emprisonnement et de vie dans l’institution, la réalité du milieu carcéral, les missions de ces institutions... Jusqu’en février 2016, deux pièces de théâtre, deux films, un cycle de trois conférences et une exposition (voir ci-contre) aborderont la question dans ses multiples dimensions.

Sensibiliser et informer

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Le Conseil central de surveillance pénitentiaire souligne que « la peine de prison est la sanction la plus utilisée et qui frappe le plus lourdement. Elle est réclamée, avec souvent beaucoup de juillet 20102015 n° 203 espace-vie décembre n° 257 l

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passion, par l’opinion publique, relayée par certains médias. Malgré le taux de récidive élevé, elle reste la peine de référence. La loi doit être respectée, les victimes doivent obtenir réparation, chaque citoyen doit pouvoir espérer vivre dans une sécurité suffisante, mais chaque citoyen doit aussi pouvoir bénéficier d’une justice respectueuse des droits humains. Tout essai de mise en application d’autres types de mesures (semi détention, placement sous surveillance électronique, libération conditionnelle, etc.) par des magistrats soucieux à la fois de la dignité de la victime et de celle de la personne incarcérée, et de son avenir, ne peut aboutir qu’avec le soutien d’une opinion publique bien informée, d’où l’importance des Journées nationales de la prison. » Si la peine la plus utilisée est la privation de liberté, c’est-à-dire la privation du pouvoir de se déplacer, tous les autres droits du détenu doivent être préservés. « Ittre est une maison de peine et les personnes y sont incarcérées pour un certain temps, souligne Valérie Lebrun, chef d’établissement de la prison d’Ittre. L’objectif est de travailler sur la préparation de la sortie, ce qui nécessite de donner des instruments pour combler les failles de la personne : ses compétences, la connaissance de soi… Nous organisons des activités occupationnelles qui peuvent apparaitre comme des loisirs, tels que des cours de guitare, un atelier d’échec, du scrapbooking, du yoga…


pour leur permettre de s’ouvrir au monde et de connaitre d’autres facettes de leur personnalité. Il y a derrière ces activités l’idée de l’apprentissage de l’habileté sociale, de confiance en soi et de l’image de soi pour empêcher le passage à l’acte. Il y a des activités artistiques, mais aussi sportives. Une équipe de la prison a pris part à un championnat de foot en salle. Bien sûr, les matches se déroulent à domicile. Cela permet à la société civile d’avoir une autre vision de la délinquance. »

Préparer la sortie La direction de la prison organise aussi des activités ponctuelles, telles que des concerts ou des pièces de théâtre. Les détenus peuvent également accéder à des formations qualifiantes en gestion, en horticulture, en cuisine, en informatique… avec un diplôme et une évaluation par un jury extérieur. Enfin, grâce à l’apport financier, le travail pénitentiaire permet au détenu de garder sa place économique, de prendre ses responsabilités

et de payer les parties civiles. « Tout ce processus participe à une sécurité plus active de la prison. Un gars occupé crée beaucoup moins de problèmes, c’est une soupape de sécurité. Cela leur permet de reprendre leur place de citoyen, de ne pas être que des détenus. Ce type d’activités travaille beaucoup sur le lien social qui aura son importance au moment de l’évaluation et de la sortie de la prison. En tant que chef d’établissement, je fais un maximum pour que la peine reste la privation de la liberté. Avec des associations comme l’asbl Relais Parents Enfants, nous travaillons sur le maintien des liens familiaux et sur les ressources extérieures sur lesquelles le détenu devra se reposer au moment de sa sortie. » > Caroline Dunski

Informations : Maïté Saint-Guilain – 010 62 10 56 – www.ccbw.be

De la place de la culture Dès l’annonce de l’ouverture d’une nouvelle prison à Ittre, le Centre culturel d’Ittre (CLI) organisait une conférence réunissant plus de 200 personnes autour d’intervenants pénitentiaires : le directeur du futur établissement, des agents pénitentiaires et des intervenants sociaux tels que La Touline, une association d’aide aux justiciables du Brabant wallon. « L’arrivée d’une prison suscite des questions et des craintes, note Luc Schoukens, directeur du CLI. Le but de la conférence était de démystifier la prison et d’expliquer les interactions avec l’environnement. Il y a également eu des visites organisées pour les habitants et les mandataires politiques avant qu’elle ne soit occupée. » Depuis, la prison est toujours restée dans les préoccupations du centre culturel qui veille à ce que son mensuel y soit déposé pour que les détenus et le personnel connaissent leur « commune ». Alors que l’expérience d’un journal pénitentiaire a perduré quelque temps, le CLI envisage d’ouvrir les pages du Petit Tram pour donner la parole au monde de la prison. Chaque semaine, pendant deux heures et demie, Stéphanie Jolly anime l’atelier d’art plastique, en alternance avec la céramiste Nanou De Clerck. « L’atelier participe à la resocialisation des détenus et offre un espace de bien-être. Il y a des gens qui ne savent pas dessiner quand ils arrivent, mais qui se découvrent un talent. J’ai connu cela avec un peintre en bâtiment. » Une première exposition de leurs œuvres a été organisée à la Maison communale d’Ittre. Le mois prochain, à travers leurs tableaux, leurs sculptures, leurs textes ou d’autres expressions artistiques, fruits d’ateliers ou œuvres réalisées en cellule, des détenus de la prison d’Ittre interpelleront une fois de plus les visiteurs par leur créativité, leur spontanéité, leur esprit de débrouille et l’explosion de couleurs. > C. Du. espace-vie décembre juillet 20102015 n° 203 espace-vie n° 257 ll

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Une illustratrice au cœur des « P’tites nuits d’encre »

« Ce sont les histoires qui me choisissent » L’auteur Kitty Crowther sera au centre des P’tites nuits d’encre, le volet jeunesse du festival littéraire qui se tiendra en mars 2016. Portrait d’une artiste qui travaille main dans la main avec les animateurs des centres culturels et des bibliothèques.

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ée à Bruxelles en 1970 d’une mère suédoise et d’un père anglais, Kitty Crowther a passé toutes ses vacances et ses week-ends en Zélande, aux Pays-Bas. Comme elle le confie à la journaliste Lucie Cauwe, dont les entretiens avec l’artiste sont réunis dans une monographie qui lui est consacrée*, elle garde énormément de souvenirs visuels de sa petite enfance. Malentendante de naissance, elle commence à lire, en anglais, avec des albums de Beatrix Potter, et considère les livres « comme des fenêtres sur le monde. » Elle lit aussi la manière que les gens ont de se tenir, leur façon de bouger, puis tente de « comprendre par mimétisme ».

Un profond humanisme

Kitty Crowther est l’artiste associée des « P’tites nuits d’encre » dont elle conçoit le programme en partenariat avec les bibliothèques et les centres culturels. Préalablement à la tenue de cette manifestation littéraire d’envergure sur laquelle nous reviendrons (mars 2016 à OttigniesLouvain-la-Neuve), elle aura préparé les animateurs des centres culturels et des bibliothèques aux diverses animations programmées : séances de lectures, activités artistiques, ateliers philo autour de ses albums, des heures du conte en langue des signes…

Celle qui parcourait les livres de l’École des loisirs publie désormais les siens dans cette maison d’édition de littérature pour la jeunesse. Son travail couronné par de nombreux prix lui vaut, en 2010, la plus prestigieuse récompense pour l’ensemble de son œuvre : le prix Astrid Lindgren (ALMA) qui récompense les auteurs de littérature d’enfance et de jeunesse. Le jury souligne que « Kitty Crowther ne se contente pas de nous livrer des histoires simples ou complexes, mais elle cherche aussi à faire passer la beauté et la magie du monde. Les animaux, les plantes et même les minéraux sont animés et forment avec nous un monde uni et magique. Mais elle ne recule pas devant les sujets difficiles afin de donner de l’espoir. La compassion et l’identification intense de Kitty Crowther avec les personnages de ses livres reflètent le profond humanisme qui constitue le fil rouge de sa production. »

Infos : 067 89 35 89 - www.escapages.cfwb.be

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Le côté mystérieux de ses albums permet à la philosophie de venir s’y greffer. À l’initiative de la Bibliothèque centrale du Brabant wallon, une quinzaine de bibliothécaires et d’animateurs culturels ont pris part à une formation autour de son œuvre pour proposer des ateliers philo dans le cadre des Nuits d’encre. Dispensée par Aline Mignon, animatrice et formatrice Philéas et Autobule, cette formation visait à produire des outils spécifiques à l’exploitation philosophique des albums de Kitty Crowther, pour faire émerger des thématiques telles que le rapport à la nature, la mort, l’enfance, la solitude… et construire des questions philosophiques. Julie Delecocq, participante et animatrice du Centre culturel du Brabant wallon, souligne que « il y a mille manières de faire émerger des questions philosophiques. Ce qui est intéressant, c’est que beaucoup de personnes présentes qui, a priori, n’avaient pas vraiment d’affinités avec l’œuvre de Kitty Crowther ont été agréablement surprises de ce qui avait pu émerger. » Enfin, en ce mois de décembre, pendant deux jours, animateurs de centres culturels et de bibliothèques sont invités à explorer « le Grand atelier de Kitty Krowther ». Ils y vivront et y créeront des animations usant de différentes formes d’expression : mouvements, traits et écriture, qu’ils développeront ensuite dans leurs territoires. > Caroline Dunski

Les albums de Kitty Crowther lui offrent un espace pour communiquer ses question-

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nements et ses émotions. « Je n’essaie pas de faire des livres plaisants, mais des histoires qui m’intéressent profondément. D’ailleurs, je n’ai pas l’impression de décider, ce sont elles qui me choisissent. »

* Le Monde de Kitty Crowther, Pastel (L’école des loisirs), Bruxelles, 2007.


culture BW

1) Kris Dane, 2) Festival de la Perle de Verre, 3) Miss Ouifi et Koubrev font des expériences

©Valérie Burton - Province de Liège

agenda 12/15 épinglé pour vous...

sa 12 et di 13/12, à Ittre / arts plastiques Festival de la Perle de Verre Quatre magiciens du verre émerveilleront petits et grands lors de démonstrations passionnantes de filage de verre à la Chapelle de Verre. À la lumière des chalumeaux et au rythme envoûtant des décompresseurs d’air, ce sont toutes les étapes de la transformation du verre qui se déroulent sous nos yeux ébahis : étirements à chaud de longues baguettes colorées, soufflage de boules de Noël et autres mises en formes torsadées et animalières. 067 64 88 93 - www.chapelledeverre.be info@chapelledeverre.be lu 14/12 à 19h, à Louvain-la-Neuve / ciné-débat Goujons 59/63 Nous sommes à Bruxelles, commune d’Anderlecht. Aux numéros 59-61-63 de la rue des Goujons, s’élance une tour de 18 étages comprenant 384 appartements sociaux, 900 habitants, 1 500 portes et 1 concierge. « Goujons 59/63 » est une chronique de la vie et de la cohabitation dans un immeuble de logement social. Débat en présence des réalisateurs : Gwenaël Breës et Cécile Michel. Vous habitez dans un logement public, vous voudriez y habiter ? Vous travaillez de près ou de loin dans le Logement public… Cette soirée est pour vous. 010 62 10 39 - info@rbdl.be - www.rbdl.be me 16/12 à 15h, à Nivelles / théâtre jeune public (dès 4 ans) Miss Ouifi et Koubrev font des expériences par la Cie des Mutants Miss Ouifi voudrait être la première femme à marcher sur la lune. Koubrev, son assistant est secrètement amoureux d'elle. Il est maladroit, elle est méticuleuse. Il est drôle, elle est autoritaire. Mais, le coeur a ses raisons que la raison ignore... Chimie des expériences, alchimie des sentiments, voilà un spectacle inventif avec gags et fumée, explosion de rires garantie ! 067 88 22 77 - info@ccnivelles.be www.centrecultureldenivelles.be du ven 18/12 au me 13/1, dans tout le Brabant wallon / lecture La Nuit des bibliothèques Lectures en pyjama, ateliers « doudou it yourself » (fabrication de doudous, d’attrape-rêves et de sacs à pyjama) avec de nombreux artistes, des rencontres avec l’auteur-illustrateur de livres pour enfants, l’échange d’expériences et d’observations au sujet de « (Encore) une histoire avant d’aller au lit », avec

Diane-Sophie Couteau (animatrice-conteuse), pour les parents, grands-parents et toute personne intéressée. Infos et réservations auprès de votre bibliothèque. www.escapages.cfwb.be di 27/12 à 11h30 et 15h, à Louvain-la-Neuve / sortie en famille (dès 4 ans) Expresso Circus par le Théâtre du N-ombr’île Atmosphère circacienne onirique, entre ombre et lumière De et avec Anne Peeters, Antoine Clette Composition et interprétation musicale, Rachel Ponsonby Ladies and Gentlemen, Mesdames et Messieurs, approchez, ça va commencer ! Découvrez un très joli spectacle forain en ombres chinoises avec acrobates, magiciens et animaux fantastiques. Le tout rythmé par une musicienne devant l’écran. 0800 25 325 - réservations@atjv.be les 18, 19 et 20/12, à Genappe / sortie en famille Genappe perd la boule Pour vibrer, rire et vous émerveiller, voici un programme varié coordonné par l’échevinat de la culture de la Ville de Genappe sur base des initiatives de nombreux partenaires locaux. Le Tof Théâtre invite sept compagnies belges, catalanes et françaises avec leurs spectacles insolites, poudrés de merveilleux, pour les petits comme les grands. La Vitr’In de créateurs revient pour vous tenter en matière de design, stylisme, bijoux, déco… grâce au Centre culturel de Genappe et l’asbl A[k] anthe Creation et vous promet du beau, du belge, des pièces exclusives qui vous feront, à coup sûr, craquer ! De magnifiques surprises utiles en perspective... Quant aux artistes des Ateliers du Léz’Arts, leur imagination débridée de boules en boules contribuera à la magie du décor. Un marché de Noël scintillant et généreux en cadeaux, le traditionnel concert, une passionnante chasse boules et tant d'autres surprises vous sont promises. 067 77 16 27 - info@ccgenappe.be www.ccgenappe.be

le désarroi s’empare de votre âme d’enfant... La petite fille aux allumettes meurt ? Réellement ? L’incrédulité s’empare de vous... Quelle idée de lire une histoire si triste à son enfant… Pan ! (La Compagnie) s’est demandé si cette fin était vraiment raisonnable et si elle n’était pas entachée d’une dimension beaucoup trop adulte. Pour y répondre, elle a choisi de poser cette question à des groupes d’enfants de 5 à 12 ans, dont les voix si vivantes viennent soulever des forces de vie. 02 354 47 66 - www.centre-culturel-waterloo.be ven 8/1 à 20h30, à Louvain-la-Neuve / musique Kris Dane Pétri d'influences internationales, baroudeur in(c)lassable, Kris Dane a œuvré dans une multitude de projets artistiques (opéra de Philippe Boesmans, Aka Moon, Ictus) et de groupes (dEUS, Ghinzu). Ayant repris depuis 2006 son chemin de « lonesome cow-boy », afin de se concentrer sur sa propre écriture, il trace un sillon aux accents blues-rockfolk-gospel dépouillés et à la portée universelle. 070 22 15 00 - www.fermedubiereau.be me 13/1 à 19h30, à Tubize / cinéma La nef des fous Ils ont commis des actes graves, délictueux ou criminels. La justice les a jugés irresponsables de leurs actes au moment des faits. Ils sont internés et incarcérés pour une durée indéterminée entre les murs de l’annexe psychiatrique de la prison de Forest. La nef des fous nous plonge au cœur de cellules où l’humanité semble avoir été oubliée. En confiance, les détenus se révèlent et nous livrent leurs espoirs plus ou moins réalistes d’être libérés un jour… Dans le cadre du projet « Fenêtres ouvertes sur la prison et l’IPPJ » (lire en pp. 12 et 13) 02 355 98 95 - www.tubize-culture.be

Cet agenda est absolument incomplet ! Consultez nos articles et Culturebw.be, vitrine de la culture en Brabant wallon

lu 28/12 à 16h, à Waterloo / théâtre La petite fille aux allumettes Pan ! La Compagnie Comme nous, vous avez certainement vécu cette triste expérience où, à la fin du conte d’Andersen,

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portrait publication

9 Espaces culturels en Brabant wallon

> Chapelle Musicale Reine Élisabeth à Waterloo L’Escaut et Synergy International > Hall polyvalent à Wavre ADE et MPA > Mémorial de la bataille de Waterloo à Braine-l'Alleud BEAI > Maison de village à Nodebais (Beauvechain) Faidherbe & Pinto Architects > Institut des Arts de Diffusion à Louvain-la-Neuve Trait Architects > Centre d’accueil de l’Abbaye de Villers-la-Ville Binario Architects > Musée Hergé à Louvain-la-Neuve Christian de Portzamparc > Académie de Musique de Braine-l’Alleud Audrey Pieters > Aula Magna à Louvain-la-Neuve Samyn & Partners sprl

L’architecture est toujours l’expression d’une culture, d’un choix de société, quel qu’il soit. Sa nature est par conséquent éminemment culturelle. L’architecture répond aussi à des besoins multiples et à des fonctions précises. Parmi celles-ci, celle d’abriter des activités, elles aussi, liées à la culture. Elles sont multiples et n’impliquent pas une réponse unique : théâtre, cinéma, musées, centres culturels, salle de concert, bibliothèque, galerie d’art… ces lieux sont variés et donc leur architecture également.

2015 est une année anniversaire pour le Centre culturel du Brabant wallon qui fête ses 30 ans d’existence. C’était une belle occasion pour Anne Norman, auteur de l'ouvrage, de mettre les espaces liés à la culture de la province en valeur, de les investiguer et de tenter, à travers eux, une étude de l’activité culturelle en Brabant wallon.

Cet ouvrage a été réalisé par la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon - CCBW, à l'initative du Brabant wallon. Pour se le procurer gratuitement : amenagementterritoire@brabantwallon.be Pour rappel, la Maison de l’urbanisme dispose encore des Tomes 6 à 14. Infos : 010 62 10 55 ou à m.urbanisme@ccbw.be

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Agréation P102024 - Exp. - édit. resp. : Edith Grandjean 3, rue Belotte 1490 Court-Saint-étienne

tome architectures



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