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197 291 mai 2019 2009 décembre mensuel mubw.be
espace-vie La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon
Nathalie Smoes, nouvelle fonctionnaire déléguée « J’aimerais que le sens de mes décisions soit bien compris »
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URBANISME A La A place de l’enfant dans l’espace public
TeRRITOIRE E Comment rendre S les villes plus agréables
CULTURE BW BW CULTURE Pourquoi, pour qui, L comment ?
C’est un jalon important dans le paysage du Brabant wallon que représente l’entrée en fonction d’une fonctionnaire
sommaire
édito
Le sens commun déléguée. Un dossier est consacré à Nathalie Smoes qui nous a partagé son approche du métier et des enjeux en
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En deux mots
Brabant wallon, territoire qu’elle a longuement arpenté au
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Dossier Nathalie Smoes, chantre d’un urbanisme constructif
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Aménagement du territoire Le coworking réduirait la taille des logements
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Architecture « Les architectes ont besoin de se retrouver »
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Espace public La place de l’enfant dans l’espace public
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Urbanisme « nelles
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Carte blanche Les sentiers, ces veines de nos territoires
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Médiation culturelle Pourquoi, pour qui, comment ?
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Éducation permanente Approfondir la démocratie par la participation citoyenne ?
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épinglé pour vous… L’agenda du mois
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Conférence-décalée et visites Partez à la découverte de votre territoire... de la scène à la rue
fil de son parcours professionnel. De ce dossier émergent la préservation du patrimoine et la maitrise de la pression foncière. Thierry Paquot parle à bon escient de l’urbanisme comme étant l’art d’aménager et de ménager le territoire. C’est-à-dire de prendre soin de ses ressources naturelles et patrimoniales. Nous sommes en plein dedans. La préservation du patrimoine est conjugable à une évolution du territoire, une évolution qui se veut plus maitrisée par le rôle que peut et doit jouer le fonctionnaire délégué avec l’ensemble des acteurs de terrain. C’est dans cette veine patrimoniale que nous embarque aussi Colette Wibo avec une carte blanche consacrée au maillage de nos sentiers, pour certains enfouis voire effacés de nos tissus urbains et ruraux. Ces deux articles interrogent la place accordée en Brabant wallon aux strates passées et présentes et à leur prise en compte dans un territoire qui est en perpétuel renouvellement. > Karima Haoudy
Espace-vie est la revue mensuelle de la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon - CCBW. Elle a pour objet de vous informer sur des sujets ayant trait à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et à la définition du cadre de vie. Le CCBW y ajoute quatre pages dédiées à l’actualité culturelle du Brabant wallon.
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Éditeur responsable : CCBW - Coordination : Xavier Attout, Karima Haoudy, Laurence Roland (culture BW) - Rédaction : X. Attout, C. Dunski Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, K. Haoudy, M. Schmetz - Président de la Maison de l’urbanisme : Mathieu Michel Maquette : www.doublepage.be - Mise en page : Béatrice Fellemans - Imprimeur : IPM Printing - Tirage : 7 200 exemplaires Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. Publication gratuite (dix numéros par an) pour les habitants du Brabant wallon, 10 €/an hors Brabant wallon (877-7092102-57). Ne peut être vendu. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. Dessin : Marco Paulo - Photo de couverture : Xavier Attout
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LOGO IMPRIMEUR
La commune de Court-Saint-Étienne a lancé une vaste enquête auprès de ses habitants en vue de réaliser un diagnostic du territoire. Il vise à dresser une photographie du territoire sous de multiples aspects (économiques, environnementaux, sociaux et attentes des habitants). De quoi mieux appréhender les prochains développements communaux. Une présentation publique du rapport final est prévue le 11 juin à 20 h à la salle Delfaque.
Les nouveautés du CoPat
« C’est une figure de proue de la transformation de friches indus trielles en lieux culturels et un pionnier de la valorisation des lieux urbains délaissés ».
Le nouveau Code du Patrimoine (CoPat), adopté le 25 avril 2018, devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2019. Parmi les quelques changements qu’il instaure, relevons la possibilité, pour les communes, de créer un inventaire communal du patrimoine, la possibilité pour la CCATM de demander l’inscription d‘un bien sur la liste de sauvegarde ou de le classer. L’abrogation du certificat de patrimoine au profit d’une réunion de patrimoine est également prévue.
en deux mots
Un diagnostic territorial pour Court-Saint-Étienne
Le jury du Grand Prix de l’urbanisme 2019 au sujet du lauréat Patrick Bouchain.
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Lasne reste la commune la plus chère de Wallonie (550 000 euros), selon les dernières statistiques du SPF Économie. Un prix moyen qui comprend appartements et maisons. Il faut descendre à la 17 è place du classement pour trouver une commune qui n’est pas du Brabant wallon (Neupré, 272 500 euros).
Un nouveau centre commercial à Wavre
Comment financer un Community Land Trust Le Community Land Trust, une approche alternative à la propriété privée du sol, se développe en Belgique et ailleurs. Il permet de favoriser l’accès à la propriété puisque le cout de l’achat du terrain n’est pas compris dans le projet de construction. L’asbl Habitat et Participation organise le 17 mai de 10 h à 14 h à Namur une séance d’information sur la mise en place d’un fonds d’amorçage. Ce fonds vise à soutenir le démarrage d’un projet CLT dans les villes et communes de plus de 10 000 habitants. Il permet en outre de financer l’accompagnement de l’opération par des experts.
L’opposition liée à l’aménagement d’un centre commercial à l’extérieur de Wavre (en face de Walibi) est enterrée. Les commerçants du centre-ville et la Ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve y voyaient une concurrence frontale. Le promoteur BVI.BE pourra maintenant lancer son projet de réhabilitation de l’ancien site industriel Philips. L’ouverture est prévue en septembre 2020. On y retrouvera un parc d’activités de 12 000 m² destiné aux PME, 6 000 m² d'espaces de bureaux et 9 000 m² d’espaces retail.
> Le Contrat de rivière Dyle-Gette et l’asbl Aer Aqua Terra lancent une grande opération de nettoyage de la Dyle à Court Village (Court-Saint-Étienne). Des bénévoles sont recherchés. L’opération se termine le jeudi 9 mai. Infos : www.crdg.eu espace-vie mai 2019 n° 291 l
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dossier
Une nouvelle fonctionnaire déléguée pour le Brabant wallon depuis début avril
Nathalie Smoes, chantre d’un urbanisme constructif La Rixensartoise est la nouvelle responsable de l’urbanisme en Brabant wallon. Si son style sera différent de celui de son prédécesseur, elle n’entend pas tout révolutionner. Première rencontre où elle aborde son intérêt pour le patrimoine, son besoin de dialogue ou encore sa vision de la fonction. Tour d’horizon.
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l’exception de son occupant, le bumultiplier les expériences. C’est la quareau n’a pas encore vraiment chantrième fois que je reviens à Wavre. C’est gé. Quelques dossiers en moins. L’un ou ici que j’ai connu le plus de satisfactions. l’autre bibelot qui est passé à la trappe. Je suis donc très heureuse de revenir en Et, surtout, la demi-douzaine de cadres tant que fonctionnaire déléguée. Cette représentant les plus grandes légendes fonction rassemble de nombreux élédu rock qui ont disparu des murs. ments différents, dont notamment un Trois semaines après son entrée en travail de terrain et une vision régionale fonction - le 1er avril - en remplacement à transmettre. » de Christian Radelet, la nouvelle foncNathalie Smoes arrive en tout cas dans tionnaire déléguée du Brabant wallon, un contexte compliqué. Son prédécesNathalie Smoes, nous a accueilli dans seur dénonçait encore il y a peu dans ses bureaux wavriens. Avec décontracces colonnes un service décimé par les tion mais en ayant déjà emporté plan « Je regrette que l'on démolisse d’action et ambitrop rapidement des bâtiments. tions dans ses carLes arguments avancés - plus tons. « La période simple et plus performant - me est encore relativement calme. laissent dubitative. » L’idéal pour une prise de contact et pour me plonger dans quelques dossiers non-remplacements, un faible soutien importants. J’imagine que la situation va de son ministre de tutelle et une foncs’accélérer dans les prochains jours. » tion qui a perdu de son influence suite à l’adoption du Code de Développement Wavre, clap quatrième territorial (CoDT). Sa successeure temÀ 50 ans, la Rixensartoise accède à la père quelque peu cette vision négative. fonction dont elle a toujours rêvé. Cette « Deux architectes sont arrivés il y a peu. architecte de formation a toujours eu Le service peut dorénavant fonctionner l’administration publique dans le sang de manière optimale. Quatre techniet Wavre comme port d’attache. Elle ciens se répartissent désormais les difn’arrive donc pas en terrain inconnu. férentes communes. D’autant qu’une ou Même si, depuis ses premiers pas dans deux personnes devrait encore arriver. Il la Cité Maca il y a vingt-et-un ans, elle y a juste un déficit en termes de persona enchainé les expériences à Namur nel administratif. Et ce alors que le CoDT (au service des recours notamment) ou augmente la charge de travail adminisdans l’un ou l’autre cabinet ministériel tratif. C’est donc, il est vrai, quelque peu (de l’Ecolo Philippe Henry et de la libéproblématique. » Sur le manque de sourale Valérie De Bue). « J’ai toujours eu tien du ministre Di Antonio, elle ne veut l’idée de diversifier mon parcours et de pas entrer dans les détails dans ce qui espace-vie mai 2019 n° 291 l
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ressemblerait à un conflit de personnes. Alors que, selon elle, malgré la réforme, le rôle de fonctionnaire délégué reste attractif. « Il y a moins de situations où nous devons donner notre avis dans le cadre de certains permis. Mais j’ai l’impression que cela nous permet de recentrer la fonction de fonctionnaire délégué sur l’essentiel. Ce n’est en tout
cas pas un retour en arrière. Il est opportun d’encadrer les communes. »
Tempérer les démolitions et les reconstructions Si l’idée d’un fonctionnaire délégué tout puissant est écartée depuis longtemps, il n’en reste pas moins que Nathalie Smoes dispose d’une certaine influence. Même si, selon ses deux prédécesseurs Thierry Berthet et Christian Radelet, celle-ci s’arrête là où la zone d’action d’acteurs tels que in BW ou l’UCL commence. « Je n’ai pas encore rencontré ces écueils et je n’espère pas les rencontrer. Je me rends compte que Louvain-la-Neuve est un fief un peu particulier. Pour in BW, de mon expérience, je n’ai jamais constaté de tels agissements. » Le Brabant wallon subit ces dernières années une importante pression foncière. Les communes étant le plus souvent écartelées entre le besoin de maintenir un cadre de vie de qualité, une volonté de densifier les noyaux urbains pour suivre la politique régionale et l’appétit de promoteurs tout heureux d’évoluer dans un marché immobilier particulièrement lucratif pour eux. « Il y a une obligation de préserver des zones paysagères en Brabant wallon. C’est un vrai défi. Je regrette par ailleurs que l’on dé-
molisse trop rapidement des bâtiments. On avance régulièrement des arguments tels que le fait que c’est plus simple ou que cela permet d’obtenir de meilleures performances énergétiques. Je reste dubitative sur cet aspect. Quand un bâtiment de qualité est démoli, il n’y a plus de retour en arrière possible. Il faut au moins se poser la question des alternatives. Je vais en tout cas accentuer mon travail sur ce volet. » Nathalie Smoes se donne quelques semaines avant de prendre pleine possession des dossiers et enjeux du Brabant wallon. Communes, architectes et promoteurs devront ensuite apprendre à travailler dans un autre style. « Il est évident que je serai différente de Christian Radelet. Chacun possède sa manière de fonctionner. En tant que femme, j’imagine que j’aurai une approche moins frontale et plus douce que lui. Je suis ouverte à la discussion. Je souhaite avant tout que mes décisions soient comprises et qu’elles aient un sens. Un urbanisme constructif en quelque sorte. » > Xavier Attout
interview
« Prendre les meilleures décisions »
Nathalie Smoes, fonctionnaire déléguée du Brabant wallon
> On imagine que tout le monde veut vous rencontrer depuis un mois… En effet. Je reçois de nombreux appels ou mails de promoteurs, architectes et communes. Je n’ai pas prévu de faire un tour des communes. J’attends qu’elles viennent vers moi pour les rencontrer et faire le tour de leurs grands projets. > En tant qu’architecte de formation, n’y a-t-il pas une frustration d’être passée de l’autre côté de la barrière ? Non, pas du tout. Je ne suis pas une indépendante dans l’âme. Le côté technique de l’architecture ne me passionnait guère. Je trouve toutefois toujours un côté créatif à ma fonction. À chaque question, il faut imaginer la meilleure décision à prendre. Je travaille également dorénavant à une autre échelle. C’est intéressant de travailler dans les différentes strates de l’aménagement du territoire. > Un défi ? Le volet gestion d’équipe sera très intéressant. Garder tout le monde éveillé et ambitieux sera un beau défi. Passer du stade de collègue à celui de fonctionnaire déléguée est évidemment différent. Mais j’ai l’avantage de connaitre l’équipe. > Propos recueillis par X. A.
Quelle est sa mission ? Un fonctionnaire délégué est en quelque sorte le relais local de l’administration régionale de l’Aménagement du territoire basée à Namur (ex-DGO4). Il est également le délégué du ministre. Chaque province en possède au moins un. Parmi ses missions, en (gros) résumé, le fonctionnaire délégué remet dans certains cas des avis pour les demandes de permis déposées auprès des communes ou octroie lui-même des permis pour des projets d’envergure.
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L'aménagement du territoire brabançon ne devrait pas fondamentalement changer avec l'arrivée de Nathalie Smoes. © UCL.
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aménagement du territoire
Une étude de l’ULiège relève l’impact du coworking sur le logement
Le coworking réduirait la taille des logements Les espaces de travail partagés se multiplient en Brabant wallon et ailleurs. Si, selon deux chercheurs, leur développement se concentre dans un environnement urbain, ils relèvent surtout un lien entre la diminution de la taille des logements et l’avènement de ce nouveau type de service.
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e coworking a le vent en poupe. Une tendance qui démontre l’évolution du monde du travail tant dans l’aménagement des bureaux que dans les pratiques. Cela se traduit également par une rationalisation des espaces et par la multiplication des services annexes (conciergerie, bar, espace fitness, local à vélo, vestiaire). Constance Uyttebrouck et Jacques Teller, de l’Université de Liège, ont étudié cette question par le biais de l’aménagement du territoire. La chercheuse écrit d’ailleurs actuellement une thèse sur le sujet. Elle y démontre que le coworking est avant tout un équipement hyper-urbain.
Dans des quartiers en voie de transition
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Compenser la réduction de la taille des logements Autre élément important : le coworking n’est pas sans impact sur le logement. Ces espaces sont en effet aujourd’hui assimilés à une forme de « service » qui vient compléter l’offre de logements urbains. Ces services peuvent être proposés au sein des projets de développement résidentiels ou à proximité de ceux-
ci. « Ils viennent compenser la réduction de la taille des logements sur le marché, lance Jacques Teller. Les projets immobiliers intègrent des espaces partagés et des services permettant d’exercer son activité professionnelle. Le coworking s’intègre dans la mouvance du MAAS (Mobility as a Service) et vient compléter l’offre de services disponible à proximité du logement. » Il y aurait en effet un lien entre la taille des logements - qui tend vers une réduction - et la richesse de l’offre de services aux alentours. « Le coworking serait donc un vecteur de la marchandisation du logement. On tendrait vers une généralisation du précariat (ndlr : un néologisme pour identifier précarité et prolétariat, qui définirait les nouveaux « travailleurs précaires »). » > Xavier Attout
@Frederik Vercruysse.
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Comment ? En expliquant que le travail investit les lieux les plus divers, dont le domicile, mais aussi des espaces assimilés aux loisirs (cafés, parcs, bibliothèques) ou à la mobilité (gares, aéroports). « Les espaces de coworking se développent souvent dans des quartiers centraux, en centre-ville ou à proximité de noeuds de communication tels que des gares ou des aéroports », a précisé Jacques Teller, professeur en Aménagement du territoire et en Urbanisme à l’Université de Liège, lors d’un Midi de l’urbanisme organisé fin mars. En effectuant une étude comparative sur l’implantation d’espaces de coworking à Amsterdam, Bruxelles et Stockholm, le duo liégeois a relevé que les espaces de coworking sont concentrés le long des lignes de métro et des moyens de transport en commun. Ils se situent dans des
quartiers denses et sont intégrés dans un écosystème de services de proximité (commerces, horeca, mobilité). « Ces différents facteurs sont associés à ce que l’on appelle communément la ville marchable, poursuit Jacques Teller. Les espaces de coworking se situent dans des quartiers en voie de transition : rénovation urbaine, requalification de friches industrielles, gentrification. »
interview
Un premier espace de travail partagé par et pour les architectes
« Les architectes ont besoin de se retrouver » François de Montlivault est architecte au
L'Association des Architectes du Brabant wallon lance un premier es pace de coworking à Wavre. Une manière de répondre à une demande de ses jeunes membres qui souhaitent développer collaborations et interactions. Une façon également de favoriser le réseautage. > L’Association des Architectes du Brabant wallon va lancer fin mai un espace de coworking pour les architectes dans ses murs wavriens. Comment est née cette idée ? Il y avait depuis un certain nombre de mois une demande de jeunes architectes d’avoir davantage d’ateliers, d’échanges et d’interactions entre membres. Des lieux où ils pourraient poser des questions et s’interroger sur leurs pratiques. De notre côté, nous disposions de locaux situés sur la place Bosch qui sont relativement sous-utilisés. L’idée a donc été de leur proposer de nouvelles manières de travailler pour répondre à leur demande collaborative. > De quoi s’agit-il exactement ? Une des salles de réunion sera transformée en espace de travail commun tandis que le secrétariat deviendra un espace de détente et de rencontre. Nous allons donc aménager une grande salle qui comprendra cinq postes de travail. Il y aura aussi une imprimante A3, du petit matériel de chantier, de grands écrans pour brancher son ordinateur portable et une salle de réunion pouvant accueillir douze personnes. Chacun aura également son casier. > La demande est-elle présente ? Oui, il y avait une demande. Elle concerne principalement de jeunes architectes qui débutent leur activité. Ils travaillent par exemple encore chez un maitre de stage et, le reste du temps, ils souhaitent
sein du bureau GMT Project. Il est président de l’Association des Architectes du Brabant wallon depuis février 2014.
travailler ailleurs que dans leur cuisine. On offre également la possibilité à des architectes d’autres provinces d’avoir un bureau virtuel. L’idée est que jaillissent des collaborations suite à ces rencontres, et que ces échanges permettent de créer des synergies. > Quels sont les profils qui pourraient être séduits par cet espace de travail partagé ? Le focus est mis sur les moins de 35 ans puisqu’ils bénéficieront d’une réduction de 30 % sur les tarifs. Mais il ne faut pas se leurrer : la cible que l’on vise est relativement étroite. Nous dénombrons près de 800 architectes en Brabant wallon. Ce qui n’est pas énorme. Par contre, nous espérons créer à moyen terme un réseau de coworking destiné aux architectes, qui s’étendra dans toute la province. De nombreux confrères disposent de locaux trop spacieux et pourraient les mettre à disposition. > Comment se porte l’Association des Architectes du Brabant wallon ? Très bien ! Quand j’ai pris la présidence, l’idée était de trouver de nouvelles sources de financement pour l’AABW puisque nous venions de perdre la subvention provinciale. Ce défi est réussi, notamment via des sponsors extérieurs.
« Nous espérons créer d’ici peu un réseau de coworking dans tout le Brabant wallon pour les architectes. »
> Propos recueillis par Xavier Attout
Infos : www.aabw.be
Concours : la deadline approche pour le Prix de l’Architecture et d’Urbanisme du Brabant wallon Quels bureaux d’architecture succèderont à Philippe Samyn, LRArchitectes et Binario Architectes, les trois derniers lauréats du Prix de l’Urbanisme et de l’Architecture du Brabant wallon ? Les inscriptions de l’édition 2019 sont en tout cas ouvertes jusqu’au 31 mai. Pour rappel, l’idée de ce prix est de mettre en évidence et de promouvoir les constructions et les espaces publics de la province qui présentent des qualités tant esthétiques que techniques et qui s’intègrent harmonieusement dans leur environnement bâti ou non bâti. Le concours concerne aussi bien les projets relatifs à un espace privé (logement unifamilial) @ LRA-VC que les projets relatifs à un espace collectif (hôtels, entreprises, espaces publics...). Il s’adresse autant aux architectes qu’aux maitres d’ouvrage privés ou publics. Un jury d’experts tranchera entre les candidats. Infos : www.brabantwallon.be
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interview
Pierre Vanderstraeten partage ce que l’enfant enseigne à l’urbanisme
La place de l’enfant dans l’espace public Marteaux, clous, planches-toboggans, dégringolades… Voilà des enfants armés d’outils qui construisent, de leurs petites mains étonnamment bien habiles, leurs terrains de jeux. Bienvenue dans la Junk Playground, écosystème pour repenser la place de l’enfant dans l’espace public.
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urprenant, non ? Et la sécurité dans tout ça ? Et la sacro-sainte prévention ? Et où sont les « grands » dans ce grouillant grabuge ? La Junk Playground chamboule nos principes et codes d’une éducation qui, au fil du temps, a fait du risque et de l’incertitude une hantise et, de la ville, l’affaire (exclusive) des grands. Au cœur de ce maquis digne de l’intrépide Fifi Brindacier, les enfants se font architectes, contremaitres et ouvriers pour s’amuser à bâtir leurs aires de récréation. Et figurez-vous que cela fonctionne bien. La première expérience connue remonte à 1943 dans la ville d’Emdrup près de Copenhague. La découverte de cette Junk Playground nous a incités à faire un détour dans nos villes pour interroger la place concédée à l’enfant dans l’espace public. Par ricochet, la place de l’enfant pose la question du rapport au jeu et à ses multiples facettes, comme celle d’un Rubik’s cube que l’on s’amuse et s’ingénie à tourner dans tous les sens. Car oui, étymologiquement le mot jeu signifie aussi l’espace ménagé pour assurer un mouvement aisé. Cette dimension est au cœur du travail de Pierre Vanderstraeten, sociologue, architecte-urbaniste et vice-doyen de la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme de l’UCLouvain (site de Bruxelles). Architecteurbaniste indépendant, Pierre Vanderstraeten collabore aussi à différentes missions d’aménagement, notamment d’espaces publics partagés. C’est à ce titre qu’il a participé en 2014 avec le bureau A Practice à la rénovation de la place communale de Molenbeek, escale instructive dans cette école buissonnière des pratiques architecturales et urbanistiques. Avec lui, nous avons voulu vérifier si la ville n’est qu’une affaire de grands.
> Admis, non admis ? Quelle est l’évolution de la place de l’enfant dans l’espace public ? Tracer cette évolution c’est parcourir la trajectoire du rôle de l’enfant dans la société. Dans la société préindustrielle, l’enfant occupe une place déterminante. Il est un acteur de la vie en société à part entière. L’instruction obligatoire chamboule la donne par la mise en retrait des enfants dans des espaces définis, distincts et distinctifs. À partir de la première moitié du 20e siècle, l’automobile bouscule usages et paysages. La mobilité devient doénavant structurante de l'espace public. 1936 est une date clé : c’est à partir de ce moment que la chaussée sera dévolue à la seule circulation des véhicules. Le trottoir aux piétons. Des espaces seront alors pensés spécifiquement pour accueillir les activités des enfants, dans un cadre qui se veut sécurisé. Parcs et jardins, plaines de jeux, cours d’écoles sont autant de lieux qui expriment ce retrait et la spécialisation de l’espace en fonction des usages. > Mais qu’est-ce qu’un espace public pour un enfant ? Pour les sociologues Jean Remy et Liliane Voyé, un espace public est un espace accessible n’importe quand, par n’importe qui, pour des activités qui ne sont pas nécessairement et explicitement déterminées et à condition que ces activités répondent à un règlement d’usage défini par l’autorité publique. Mais, au-delà de cette acceptation générale et par rapport à la question de la place de l’enfant, j’y associerais aussi tous les espaces interstitiels et informels. Ces espaces indéterminés, inscrits dans un entre-deux, sont essentiels pour laisser aux enfants la capacité La place communale de Molenbeek. © AC Molenbeek
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et la liberté de construire par eux-mêmes leurs lieux. C’est l’archétype même de la cabane qui s’affranchit des contraintes et des codes. Reconquête tout aussi essentielle aujourd’hui : permettre le jeu dans l’espace public. Pouvoir jouer dans la rue ou dans son quartier offre à l’enfant un formidable terrain de jeu, invitant à plus de créativité que la plaine circonscrite (ndlr : voir graphique). > Avez-vous déjà rencontré dans nos paysages urbains ce type d’espaces, capables d’attirer et de cultiver le jeu ? Je songe à des réalisations marquantes comme l’écoquartier Vauban à Fribourg. La place accordée à l’enfant est généreuse, grâce au plan qui est structuré autour d’espaces ouverts et naturels. Le jeu y est possible dans des espaces formels et informels où l’enfant peut déployer son univers là où il le sent. > Pluralité des usages, mixité
des modes de circulation, lenteur sont quelques-unes des balises pour faire un bon espace public. Quels sont les autres enjeux ? Bien sûr le processus de coconception avec les habitants et usagers, l’agenda environnemental, l’esthétique, la matérialité, l’inscription dans le maillage... mais j’insisterais encore sur l’incertitude et l’imprévisibilité Qui aurait pu prévoir il y a à peine cinq ans, l’irruption des trottinettes ? Dessiner le moins possible pour laisser aux usages futurs la possibilité de se déployer. Résister contre la tendance à une hyper règlementation de nos espaces à vivre. En somme, il s’agit d’œuvrer au remplacement des codes routiers – en conserver le minimum nécessaire – par les codes sociaux et culturels pour régir, enrichir les interactions sociales et, in fine, pour mieux faire grandir les enfants. Voilà l’enjeu. > Propos recueillis par Karima Haoudy
Pierre Vanderstraeten est sociologue et architecte-urbaniste.
Le graphique ci-joint illustre la part des enfants de 5 ans habitués à fréquenter uniquement les plaines de jeux ou habitués à jouer aussi dans leur rue et le type d’activités qu’ils peuvent réaliser. Une enquête menée à Zurich. D’après Villes d’enfants, villes d’avenir, Commission européenne, DG Environnement, Bruxelles.
« La place communale de Molenbeek est devenue un espace ouvert et partagé, propice au jeu » > Quelles sont les spécificités de la place communale de Molenbeek ? Molenbeek concentre une population très jeune confrontée à un manque d’espaces extérieurs. Chaque m2 d’espace public y est précieux ! Lors de la rénovation de l’ancienne place, qui servait la majorité du temps de parking, nous avons voulu éviter la ségrégation des espaces et des usages. Piétons, vélos et voitures s’y côtoient. La place est ouverte et surtout partagée. La lecture est claire et en est donnée par l’aménagement d’un grand sol désencombré. La cohabitation des usages et des modes de transport différents éveille la vigilance et assure la sécurité. La limite de vitesse à 20 km/h permet d’assurer cette sereine cohabitation et l’accueil d’activités et d’évènements prévisibles – les marchés – et imprévisibles. Le mobilier, par son indéfinition fonctionnelle, permet cette agilité. C’est une place publique, ouverte et disponible pour tous. > Avez-vous pu observer des changements dans les pratiques des enfants après le renouveau de cette place ? Incontestablement, mais il est difficile de répondre précisément dans la mesure où nous n’avons pas d’études détaillées qui nous permettraient d’identifier l’évolution des usages, et a fortiori pour les jeunes. Mais, il serait utile notamment pour accompagner nos décideurs, de prendre, avant sa transformation, le pouls d’un lieu (comptages, relevé des usages, etc.) afin d’observer les changements, les continuités et les nouveautés dans les emplois du lieu. La durée de présence pourrait être par exemple un indicateur intéressant pour mesurer cet aspect. En quoi ce lieu incitet-il à son appropriation, à quoi donne-t-il prise ?
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> K. H.
Un exemple de Junk Playground à Edimbourg © Akiko Kobayashi espace-vie mai 2019 n° 291 l
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urbanisme
Comment rendre nos villes plus conviviales et agréables ?
« Il faut tendre vers des villes plus émotionnelles » Des urbanistes planchent désormais sur la manière de rendre nos villes plus émotionnelles. Cela passerait par l’introduction d’une dose d’apaisement, de flexibilité et de lien avec la nature. L'association For Urban Passion abordera le sujet lors d’un grand forum organisé à Bozar le 15 mai.
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n a souvent parlé ces dernières années de la ville zéro carbone, de la ville verte ou encore de smart city. Et voilà que désormais certains urbanistes abordent la question de la ville émotionnelle et de la ville aimable. Il s’agirait dorénavant de mettre l’accent sur la dimension sociétale. Sur la manière dont l’aménagement d’une ville peut la rendre plus attirante et plus agréable. De quoi balayer d’un coup les peurs, les violences, les agressions, les attentats qui sévissent encore trop souvent dans les centres urbains. Un vaste chantier qui fera l’objet d’un grand forum le 15 mai à Bruxelles (voir ci-contre). « Cette thématique est dans la lignée de nos précédents Forum, explique Paul Vermeylen, président de l’association For Urban Passion, qui organise cet événement. En 2017, nous nous étions interrogés sur les nouveaux usages. En 2018, nous abordions la question des nouvelles pratiques. On s’est alors inter-
rogé pour cette édition sur la manière dont une ville pouvait recréer du lien social. Ces enjeux débordent par exemple sur la place de la femme dans l’espace public ou sur la manière dont nous devons éclairer les villes pour sécuriser l’espace public. Ou encore sur la manière d’amener de la nature apaisante dans nos villes. Les occupations éphémères sont également une manière de supprimer les peurs et le sentiment d’insécurité. »
Un marketing basé sur les émotions Pour rendre compte de ces aspirations, plusieurs champs peuvent être abordés. Que ce soient la qualité du cadre de vie, l’impact des pollutions multiples, du stress ou du bruit, les rapports tendus entre les catégories sociales ou culturelles. « Saisiton toutes les opportunités pour avancer vers davantage de convivialité urbaine ?
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L’association For Urban Passion a décidé de se dédoubler cette année. Elle débutera son Forum 2019 par une grande conférence donnée par le philosophe Sébastien Marot (8 mai, 19h, Bozar). Il abordera la question des territoires et des campagnes, et sur l’ambition que l’on pourrait avoir d’y construire ou d’y ménager. Le Forum en lui-même se déroulera le 15 mai, de 9h à 17h, à Bozar. Quatre conférences sont prévues en matinée. Dont notamment celles de l’architecte et paysagiste Nicolas Gilsoul (Désirs de villes, que nous apprennent les projets), de la designer et architecte Régine Charvet-Pello (Nos sens au service de la ville) et l’Espagnol Josep Bohigas (Les villes sans peur). Suivront l’après-midi des workshops sur la ville émotionnelle, la rue apaisée, la ville et la campagne réconciliées et sur la manière de kiffer les territoires. Infos : www.urbanistes.be espace-vie mai 2019 n° 291 l
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> Xavier Attout
© 51NE, Jaspers-Eyers, L'AUC
Conférences et workshops
Les projets immobiliers rencontrent-ils les aspirations à davantage d’harmonie et de beauté, à plus de partage, notamment dans les relations de voisinage ou à travers les habitats groupés ? Les immeubles ou les sites délaissés sont-ils une opportunité pour réinventer de nouveaux rapports sociaux, dans le travail, les loisirs, l’habitat pour tous ? Prévoient-ils des lieux partagés, des espaces communs pour faire ensemble ? Plus largement, comment réorienter le récit de la ville ? Autant de questions qu’il faut aborder et sur lesquelles il est important de se pencher. Car la manière dont on valorise une ville est aussi capitale. Ce marketing est basé sur les émotions. Et on ne peut plus s’en passer. »
interview carte blanche
Un avis, une opinion à faire partager ? Cette page vous est ouverte
Les sentiers, ces veines de notre territoire Colette Wibo est biologiste et membre de l’association Chemins 141 active pour la Genappe.
Une carte blanche de Colette Wibo
C
omment enrayer les ruptures créées dans le maillage ancestral des voiries vicinales après des décennies d’un « tout à la voiture» irréfléchi et incohérent ? Quand les piétons et cyclistes cheminerontils sans serpenter au sein d’un trafic routier chaotique ? N’est-il pas alors révoltant de lire un article récent d’un service juridique (Le Sillon Belge, 1er mars 2019), intitulé : « Sentier pédestre. Comment le liquider ? » ?
Des modes doux de transports, ancestraux
@ Colette Wibo
valorisation des sentiers à
Il serait fort long de détailler le foisonnement des associations, des clubs sportifs, des groupes sentiers, des nombreuses publications et des sites web qui proposent des itinéraires et des « sorties » guidées. Mais chacun peut à loisir s’informer sur la « toile » ou se documenter auprès des Syndicats d’initiative et des Maisons du tourisme. C’est ainsi qu’à Genappe est née l’association « Chemins 141 ». Après un relevé précis sur le terrain de ces chemins et sentiers et la vérification de leur statut administratif pour les cartographier, ses bénévoles collaborent avec la commune pour leur signalement et leur entretien. Le public est invité à les parcourir lors de promenades guidées à la découverte des paysages et du patrimoine. Le site web www.chemins141.be fournit des cartes, un inventaire des sentiers, des circuits de promenade, etc.
Pour remplacer les croyances d’un âge révolu, j’avancerai que la première action des communes est de rétablir la qualité de vie de nos villages ruraux. Les modes de déplacement « doux » s’imposeront ensuite tout naturellement. Il est donc essentiel de préserver tous ces chemins et sentiers, qu’ils soient encore bien visibles aujourd’hui ou « oubliés », menacés ou usurpés principalement par des riverains, Répétons-le à l’envi : tous les sentiers ont un avenir important. Ainsi, des exploitants agricoles ou forestiers, des domaines de chasse et dès que l’un d’entre eux est signalé et réhabilité, il se voit utilisé, l’urbanisation. tantôt pour la promenade du La protection ultime de ces voichien, tantôt pour se rendre à « Tous les sentiers ont un avenir ries relève du dynamisme des une ferme proche qui vend lait, important. Que chacun s’y mette communes qui, à défaut, trafromages et légumes, là pour pour préserver les veines de notre hissent leur objectif avoué de le jogging de décrassage, là « transition environnementale ». encore pour la randonnée « territoire et les valoriser » En même temps cette protection longue distance ». Qui en profite traduit le souci de la chose publique et du bien commun, améliore ? Tout le monde. En particulier la commune qui peut ainsi améliorer l’image de la commune et l’accueil des visiteurs tout en bénéficiant son image « nature » et offrir aux visiteurs en quête de quiétude et de de retombées économiques ou de subsides toujours bienvenus. « grand air » un bel éventail de publications sur son patrimoine, ses Il s’agit principalement de respect et de civisme : un sentier traverrichesses paysagères et ses circuits pittoresques. sant une parcelle ou longeant une propriété ne doit engendrer ni Alors, oui ! Que chacun s’y mette pour préserver les veines de gêne pour le promeneur sur une servitude publique de passage ni notre territoire et les valoriser. La commune pour leur entretien nuisance pour les propriétaires ou exploitants. Réciproquement, tous et leur réhabilitation avec la volonté de les inscrire toutes comme sans exception doivent aussi respecter ces sentiers publics. voiries communales, les associations de bénévoles pour les faire connaitre et les usagers qui les empruntent pour marquer leur intéSentiers, sens commun rêt et l’importance de leur sauvegarde. Mais que chacun aussi les Une contribution en ce sens est apportée par les citoyens bénévoles respecte car au bout du sentier se trouvent la découverte, la santé qui s’investissent pour préserver et valoriser ce patrimoine commun. et le lien social. espace-vie mai 2019 n° 291 l
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culture BW
Recréer un sens individuel et collectif
Médiation culturelle Pourquoi, pour qui, comment ? Tout animateur ou porteur de projets artistiques ou culturels se préoccupe de faire de la « médiation ». Mais que contient ce concept bien mystérieux ? À qui s’adresse-t-il et pourquoi l’estime-t-on nécessaire ?
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e Centre culturel du Brabant wallon développe quantité de projets dans une dynamique de coopération avec d’autres acteurs culturels et associatifs, avec le souci constant de diversifier les publics auxquels ces projets s’adressent et de veiller, en particulier, à inclure les publics dits « fragilisés et ou éloignés » de la culture. L’éloignement peut prendre plusieurs formes. Certaines personnes ne se déplacent pas pour des raisons physiques ou des raisons économiques. D’autres craignent ou s’imaginent que l’art, quelle que soit la discipline, ne soit « pas fait pour elles ». Ariane Hanin, qui a rejoint l’équipe du CCBW en 2012 pour voir comment, pourquoi et à quel moment penser la médiation culturelle de notre action, estime que les publics éloignés de « la » culture n’existent pas. Elle préfère parler de personnes éloignées de « sa » culture ou d’une certaine culture. Tout le monde a une culture.
Se sentir légitime dans sa perception
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« La médiation crée les conditions pour qu’il y ait un lien entre une proposition artistique ou culturelle et une personne. L’idée est que quelque chose se passe, qu’il y ait une appropriation de l’œuvre par le public – spectateur ou visiteur – et qu’il y mette un sens à lui. Il s’agit de créer un lien subjectif entre un objet culturel et une personne. C’est important dans une démarche de médiation, de ne pas induire un certain regard. Souvent, la compréhension de l’œuvre est prioritaire : on donne les clés, les codes historiques et techniques. Pour moi, ces espace-vie mai 2019 n° 291 l
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infos sont nécessaires, mais doivent venir dans un deuxième temps. Je trouve plus important que chaque personne puisse y mettre un sens. Le but du jeu de la médiation est de recréer un sens personnel et collectif, pour que chacun soit à l’aise par rapport à une œuvre, se sente à sa place et alimente sa vision de lui-même, des autres et du monde. Il est important de se sentir légitime dans sa perception. Pour les publics qui sont dans une grande précarité économique et sociale, ce sentiment est parfois fragilisé et il me semble important de renforcer cela. Dans les ateliers de création et d’expression que nous mettons en place, on constate que ce public a besoin d’être valorisé, reconnu, et de ne passe sentir démuni face aux aspects techniques. » Dans toute démarche de médiation, Ariane Hanin choisit de partir de la perception. « Dans l’art contemporain et dans d’autres formes d’art aussi d’ailleurs, c’est le regard de la personne qui crée l’œuvre. Ce regard, qu’il soit admiratif ou critique, est nécessaire. Le but d’une œuvre n’est pas d’être appréciée. Si elle rebute, elle atteint aussi son but. Et, dans un premier temps, il ne faut pas spécialement qu’il y ait un lien entre l’intention de l’artiste et la perception du public. Ensuite, il s’agit d’équilibrer la perception et la compréhension de l’œuvre. »
Un satellite léger et mobile En Brabant wallon, une douzaine d’opérateurs culturels réunis au sein de la plateforme PULSART de sensibilisation à l’art contemporain proposent des expériences artistiques et conviviales.
L’exposition PLAY, conçue par le graveur Frédéric Penelle et le vidéaste Yannick Jacquet sur base de témoignages récoltés auprès d’habitants du Brabant wallon au sujet des jeux et jouets de leur enfance, constitue une fresque onirique révélant de manière poétique la diversité sociale et culturelle de la province. Cette
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expo dispose d’un « satellite » destiné aux personnes ayant des difficultés à se rendre à l’exposition : des résidences pour personnes âgées, des initiatives locales d’accueil (ILA) pour les primoarrivants, une petite école pour enfants autistes, une épicerie sociale ou encore le service psychiatrique d’un hôpital. Le satellite va « chez eux ». Le satellite est donc une exposition légère, de moindre format que l’exposition. Il s’accompagne d’un dispositif de médiation comprenant une visite de l’œuvre qui condense l’expo, suivie d’un workshop. « La médiation, via ce workshop, permet d’aller plus loin qu’une simple visite et d’expérimenter la démarche des artistes, leur répertoire formel, une technique d’impression… Après les explications du guide, on prévoit un petit moment de six ou sept minutes de ‘slow looking’ en silence. Cela permet au public de percevoir de nouveaux éléments, de nouvelles dimensions. »
Le plaisir du jeu Pendant le workshop qui suit, les participants sont invités à manipuler des jouets amenés dans un grand sac. Les personnes âgées ont plaisir à parler des
jeux qui ont bercé une enfance dans laquelle certains ont la sensation de retomber. Une dame de 93 ans disait se sentir plus jeune. Dans l’hôpital psychiatrique, un patient s’est réjoui de voir l’extérieur venir à lui. « Dans les ateliers d’art plastique, il y a souvent une concentration particulière, on est absorbé dans un langage différent. Parfois, pendant 20 minutes, on parle très peu. C’est très agréable. Pour les personnes hébergées via une ILA (Initiative locale d’accueil), nous avons développé des outils spécifiques qui nous permettent de nous passer de mots. À ce stade, c’est l’ébauche d’un jeu. Chacun a un pion qu’il déplace sur des pictogrammes pour répondre à des questions telles que ‘avez-vous aimé’, ‘quel est votre élément préféré’… On a aussi fait un moment qu’on appelle ‘le cercle de parole’ avec un bâton de parole qui passe d’un participant à l’autre. Ça marche pas mal, parce que seule la personne qui a le bâton peut prendre la parole. Il y a un côté sacré, du respect. Dans un groupe composé essentiellement de Palestiniens, à la fin du workshop, un homme a pris la parole en anglais pour dire sa chance d’avoir pu faire ça. » > Caroline Dunski
De très beaux échanges À Braine-l’Alleud, Murielle Bastianelli, coordinatrice des évènements du Centre culturel, est allée voir des associations avec lesquelles elle n’a pas l’habitude de travailler. « L’objectif était de rencontrer des publics dits ‘éloignés de la culture’. Les responsables de deux maisons de retraite pour personnes âgées, de l’école de l’hôpital et d’une petite école privée pour enfants autistes nous ont tous accueillies à bras ouverts, Ariane Hanin et moi. Les discussions avec les personnes âgées étaient très chouettes. Elles ont fait revenir de nombreux souvenirs. Les ateliers, eux, étaient un peu plus laborieux parce que les participants ne comprenaient pas vraiment à quoi ça servait et ne savaient pas comment faire ou simplement se laisser aller à la créativité. Mais on se mettait à leur niveau, sans attentes particulières en termes de résultat. Par exemple, avec les enfants autistes, obtenir un minimum d’interaction apporte déjà quelque chose. On a eu de très beaux échanges qui m’ont bouleversée intérieurement. Le projet PLAY est vraiment très réussi, parce qu’il brasse tous les publics : des personnes averties qui fréquentent des cours d’art comme d’autres qui n’ont jamais de contact avec l’art contemporain, des familles, des adultes seuls... Ce projet rassemble tout ce qu’un centre culturel doit faire en termes de médiation et de rencontre des différents publics. Ça m’a appris beaucoup de choses au niveau humain aussi. Pour moi, c’était le top ! »
L’exposition Play est à découvrir jusqu’au 18 mars
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au Centre culturel de Genappe. espace-vie mai 2019 n° 291 l
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culture BW
Éducation permanente : susciter l’expression et militer pour qu’elle soit entendue
Approfondir la démocratie par la participation citoyenne ? La campagne « Enragez-vous, engagez-vous et puis votons », qui s’est déroulée de janvier à juin 2018, a suscité des interrogations sur le rapport entre la participation citoyenne et le monde politique.
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artant du constat d’un désamour et d’un malaise de plus en plus grand des citoyens vis-à-vis du monde politique actuel, dans la perspective des dernières élections communales, les organismes d’éducation permanente et leurs partenaires associatifs ont lancé, dans chacune des 27 communes du Brabant wallon, la campagne visant à susciter une participation active des citoyens. Les propositions et attentes que ceux-ci y ont exprimées ont ensuite été présentées aux futurs élus. Mais, au-delà de la campagne et au regard de l’accueil des communes et de leurs édiles, qui a varié de la cordialité à l’hostilité en passant par l’indifférence, les organismes d’éducation permanente ont souhaité que des personnes issues des mondes académique, scientifique et institutionnel portent un regard extérieur sur la participation citoyenne en Brabant wallon.
Une démarche humaniste Pour Jean-François Füeg, directeur général adjoint à la Fédération Wallonie-Bruxelles, « nous avons assisté à un réel exercice démocratique et citoyen (…) (dans une) démarche profondément
humaniste », malgré « la frilosité d’autorités communales peu enclines à porter les débats qui fâchent sur la place publique. » De son côté, la Rixensartoise AnneEmmanuelle Bourgaux, professeure de droit public à l’École de droit UMons ULB, souligne, notamment, que la démocratie participative ainsi mise en œuvre constitue « un approfondissement de la démocratie, plutôt que sa mise en cause. Le problème ne vient pas de la démocratie elle-même, mais de sa partie représentative qui, à elle seule, ne suffit pas. Il faut redonner envie et confiance aux citoyens en leur permettant de s’impliquer, de se mouiller. Il faut démocratiser la décision politique par la participation citoyenne et prendre celle-ci au sérieux. Le pire est de mettre des dispositifs de démocratie participative en place et de ne pas tenir compte des avis exprimés. Aujourd’hui, on voit différentes assemblées législatives faire des propositions en matière de tirage au sort, de référendum ou encore de co-écriture de décret. Il faut passer à la vitesse supérieure et inscrire de nouveaux droits politiques en dur dans la Constitution, pour ne pas rester au
stade expérimental. » La constitutionnaliste se réjouit du fait que la Communauté germanophone ait pérennisé son expérience en instituant, aux côtés du parlement, une assemblée citoyenne dont les membres seront tirés au sort et qui fonctionnera en permanence dès l’automne prochain. Anne-Emmanuelle Bourgaux estime aussi que « l’élu n’est pas en démocratie pour décider pour lui-même, mais pour prendre des décisions en concordance avec la volonté des électeurs. Si les élus renouent avec les citoyens en écoutant les critiques sociale et environnementale qui s’expriment en dehors des parlements, dans la rue, sans les percevoir comme des attaques, ils verront leur place consolidée parce qu’ils vont prendre de meilleures décisions. » Pour en revenir à la démarche brabançonne, les citoyens ont eu l’occasion de formuler des propositions et des attentes dont les élus pourraient s’emparer pour aller plus loin, en les intégrant dans des processus de dialogue permanent et de coconstruction avec la population. > Caroline Dunski
Regards extérieurs sur une initiative inédite En 43 pages, la brochure Participation citoyenne en Brabant wallon ? présente brièvement les résultats de la campagne Enragez-vous, engagez-vous et puis votons. éponyme, mais offre surtout des regards croisés d’intervenants extérieurs, académiques, institutionnels ou artistiques, et d’acteurs du terrain de l’éducation permanente. La brochure est en vente au prix de 8 € au Centre culturel du Brabant wallon : 010 62 10 30 info@ccbw.be
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agenda 05/19 épinglé pour vous…
du ve 3 au di 19/5, à Genappe / art contemporain PLAY (Re)plongez en enfance grâce à cette fresque onirique révélant de manière poétique la diversité sociale et culturelle du Brabant wallon. Sur base de témoignages récoltés auprès des habitants de la province, Frédéric Penelle a gravé sur bois les jouets ayant marqué leur enfance. L’animation vidéo de Yannick Jacquet nous immerge et nous emporte dans un univers énigmatique et saisissant. L’installation chevauche les siècles et contracte le temps comme une parenthèse entre deux époques : celle de Gutenberg et celle du Big Data. 067 77 16 27 – www.ccgenappe.be je 9/5 à 20h, à Nivelles et sa 11/5 à 17h, à Chaumont-Gistoux / théâtre Orgasme et violon Elle et lui ont 20, 30 ou 40 ans. Ils se voient mais ne se regardent pas. Ils s’entendent mais ne s’écoutent pas. Ils se parlent mais n’échangent rien. Ils s’aiment, ils se détestent, ils ne se comprennent pas… Entre délires obsessionnels à la Woody Allen et vertiges existentiels à la Jim Jarmusch, les petites pièces drôles et cruelles vous entrainent pour un voyage comique et jouissif dans les méandres de la relation amoureuse et de son échec. Nivelles : 067 88 22 77 www.centrecultureldenivelles.be Chaumont-Gistoux : 010 45 86 36 – www.boabop.org ve 10/5 à 20h30, à Louvain-la-Neuve / musique Refugees for Refugees Les 10 musiciens du groupe Refugees for Refugees se sont rencontrés en Belgique où ils sont arrivés avec le statut de réfugiés. Débarqués de Syrie, Irak, Pakistan, Afghanistan, Tibet, ils ont uni leurs musiques pour créer un répertoire unique, jetant des ponts entre leurs cultures et diffusant un message d’espoir et de résilience. De la subtilité du ney syrien aux entrainants chants populaires afghans, du profond oud turc à la sophistication du qanun irakien, de la douceur limpide du chant tibétain aux riffs énergiques du sarod indien, en passant par l’ardeur virtuose des percussions orientales, c’est une identité riche et authentique qui se dévoile aux oreilles. 070 22 15 00 – www.fermedubiereau.be ve 17/5 à 19h, à Braine-l’Alleud / musique Comète Lio, Brice, Dan et César (membres de Girls in Hawaii, Hallo Kosmo et Italian Boyfriend) s’amusent à explorer leur constellation musicale et proposent un concert pur et dur pour les enfants. Ils partagent les chansons qui les touchent et les inspirent, et celles qu’ils ont écrites dès leur plus jeune âge, au fond de leur chambre. Au programme : compositions personnelles, the Beatles, the Strokes, Air, Françoise Hardy et bien d’autres notes électrisées. 02 854 07 30 – www.braineculture.be
sa 25/5 à 20h30, à Ittre / spectacle musical Tomassenko et Daisy Tambour Une langue bricolée, entre théâtre de sons et musique des mots, un orchestre de poche pour une musique de chambre pas bien rangée, un ampli poste radio et néanmoins post modern, un playback, une conserve rythmique, un accordéon ceinture, un bidon don, des guitares, des clarinettes, du chant…, mais surtout de la poésie, du volubile qui discute avec le silence, de l’image avec le son, pour parler d’amour, de la tribu des Quiézites, de Jean-Pierre, de Daisy bien sûr, des minus aussi, des étoiles par ailleurs, même de Ponce Pilate et du vent dans la voile. Bref, de la douceur avec un corps, des mots, des sons et du silence. 067 64 88 93 – www.tomassenko.be jusque fin mai, à Villers-la-Ville / exposition Eggshell Alchimie Exposition inédite de tapisseries contemporaines réalisées par l’artiste textile Geneviève Levivier à partir de fleurs de l’Abbaye et de coquilles d’œuf. Les œuvres conçues en adéquation avec l’architecture et l’esprit du lieu allient design sensoriel, techniques innovantes et poésie. À l’aspect organique très libre des entrelacs de son travail, répond le format – carré ou rond – évoquant les deux formes géométriques présentes dans le dépouillement de l’architecture cistercienne. 071 88 09 80 – www.villers.be jusque fin mai, à Louvain-la-Neuve / parcours photographique Ma fenêtre sur le monde Dans le cadre d’Habiter le monde, des étudiants internationaux accueillis cette année à l’UCLouvain ont pris part à un projet photographique, participatif et multisite. Ils ont envoyé des photos des lieux qu’ils habitent, des espaces qu’ils aiment fréquenter, ce qu’ils voient depuis leur fenêtre. Les meilleurs clichés sont affichés en trompel’œil sur les murs de l’Université, un peu comme des fenêtres ouvertes sur le monde, histoire de nous rappeler par l’image que l’UCLouvain est internationale et multiculturelle. www.uclouvain.be
culture BW
invitation KUNSTEN BO(!)S DES ARTS
C’est LA rencontre festive et culturelle entre Flamands et Wallons. Le temps d’un après-midi, venez flâner dans le parc de Lembeek, où 25 artistes donneront une cinquantaine de spectacles et ateliers. Dans cet écrin de verdure, vous pourrez danser, écouter des concerts, observer des acrobates, dessiner, etc. Emmenez vos enfants ou vos amis, plus on est de fous...
GRATUIT Dimanche 19 mai, de 12h à 18h Kasteelpark Lembeek (Bondgenotenstraat 16 – 1500 Hal)
Cet agenda est absolument incomplet ! Consultez nos articles et Culturebw.be, vitrine de la culture en Brabant wallon
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portrait invitation
Partez à la découverte de votre territoire… de la scène à la rue
> Halte aux Thuyas Conférence (complétement) décalée sur le Brabant wallon
> De la 3D à la réalité Comment naissent nos quartiers ?
Vous souhaitez découvrir comment le territoire du Brabant wallon est perçu de l’intérieur et de l’extérieur ? Vous avez envie de mieux comprendre comment notre mode de vie modèle nos habitudes ?
Quand un nouveau quartier sort de terre, on se demande souvent comment il est né. Quels sont les objectifs, les réflexions, les contraintes qui ont façonné le projet ? Qui a pu agir ou réagir ?
Venez nous rejoindre le 19 juin à Halte aux Thuyas !
Alors que de nouveaux projets fleurissent dans la province, la Maison de l’urbanisme vous invite à questionner la genèse des quartiers du Bia Bouquet à Walhain et de Court Village à CourtSaint-Étienne en y confrontant trois points de vue : celui du promoteur-architecte, de l’élu et du citoyen-habitant.
Un spectacle drôle et décalé sur l’identité brabançonne. Halte aux Thuyas est une création de ZOÉ (asbl) - Production : CCBW - Interprétation : Janie Follet et Alexandre Dewez
Possibilité de ne faire qu’une seule visite.
Mercredi 19 juin à 20h
Samedi 22 juin de 9h45 à 16h
Courlieu (ancienne école de Beaurieux)
9h45 : Walhain (2, place communale)
4, rue du Grand Philippe
13h45 : Court-Saint-Étienne (3, rue Belotte)
1490 Court-Saint-Étienne
Tarifs et modalités Halte aux Thuyas : gratuit - verre de l'amitié offert Visites guidées : 5 euros, à payer sur place. Tarif incluant sandwich, soft et boisson chaude. Prévoyez un mode de transport - possibilités de covoiturage et de ne faire qu'une seule visite sur la journée. Réservation obligatoire
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Infos et réservation m.urbanisme@ccbw.be ou 010 62 10 53
@ Alexandre Dewez
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Agréation P102024–Exp.–édit. resp. : CCBW 3, rue Belotte 1490 Court-Saint-étienne – Bureau de dépôt : Bruxelles
Conférence-décalée et visites