Espace-vie n°293 | Juillet 2019 - La densification douce des lotissements brabançons

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Belgique–België PP 1300 Wavre 1 BC 0481 Bureau de dépôt 1300 Wavre

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espace-vie La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon

Comment reconfigurer un paysage deAquatre façades obsolètes LaL densification douce des lotissements brabançons URBANISME A La A digitalisation des procédures de permis

ENVIRONNEMENT E Étudier l’agriculture S de demain

MUSées en BW CULTURE BW Immersion, médiation, L ouvertures aux publics


L’enjeu de la réduction de l’étalement urbain fait germer ici et là une série de solutions en matière de logement. Parfois,

sommaire

édito

Repriser elles se trouvent appliquées au fond du jardin. C’est le cas de la densification douce, concrétisée par le Bimby. Un dossier

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En deux mots

explore ces nouvelles manières de fabriquer du logement

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Dossier Comment réinventer nos lotissements brabançons

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Urbanisme La digitalisation des procédures de permis

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Environnement Une ferme pour étudier l’agriculture de demain

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Patrimoine Le patrimoine wallon mieux protéger

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Carte blanche Quelle place pour le patrimoine en Brabant wallon ?

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Musées en Brabant wallon immersion, médiation, ouverture au public

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épinglé pour vous… Tous au musée

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Visite guidée à Roubaix De la friche industrielle à l’écoquartier de l’Union

voire également des microcosmes urbains, en transformant l’habitat existant. Deux solutions existent : la division d’un logement unifamilial en plusieurs unités ou le relotissement des quartiers pavillonnaires. Si des expériences inspirantes existent ailleurs, il faut tenir compte des freins et des limites à l’essaimage du Bimby. Les impacts sur la mobilité, les contingences de la division du parcellaire ou encore la crainte de certains habitants de voir leur voisinage se métamorphoser nous incite à tenir compte du contexte territorial. Repriser l’urbanisme des trente glorieuses rivé au tout-à-la-voiture ne peut se détacher de la singularité du lieu dans lequel le Bimby viendrait prendre racine. Aussi, ce type d’initiative, aussi créative et agile soit-elle, pose la question de la maitrise par les collectivités publiques d’un urbanisme de « réparation-recyclage » qui puisse assurer l’équilibre entre les intérêts particuliers et collectifs. > Karima Haoudy

Espace-vie est la revue mensuelle de la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon - CCBW. Elle a pour objet de vous informer sur des sujets ayant trait à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et à la définition du cadre de vie. Le CCBW y ajoute quatre pages dédiées à l’actualité culturelle du Brabant wallon.

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Éditeur responsable : CCBW - Coordination : Xavier Attout, Karima Haoudy, Joëlle Rigaux (culture BW) - Rédaction : X. Attout, C. Dunski Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, K. Haoudy, M. Schmetz - Président de la Maison de l’urbanisme : Mathieu Michel Maquette : www.doublepage.be - Mise en page : Béatrice Fellemans - Imprimeur : IPM Printing - Tirage : 7 200 exemplaires Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. Publication gratuite (dix numéros par an) pour les habitants du Brabant wallon, 10 €/an hors Brabant wallon (877-7092102-57). Ne peut être vendu. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. Dessin : Marco Paulo. Photo de couverture : X. A.

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La commune de Walhain va remettre en valeur son château médiéval du XIIe siècle pour en faire un pôle d’attraction touristique. Cela passera dans un premier temps par une consolidation des ruines avant d’entamer, via un subside de près d'1 million de la Wallonie, la construction d’un pavillon d’accueil pour les visiteurs, l’aménagement de chemins de promenade sécurisés et d'espaces didactiques.

« Il n’y a encore jamais eu de vraies réflexions au sujet des lotis­ sements. Or, il sera capital de s’interroger sur leur devenir. Car ils n’ont été aménagés qu’en fonction de l’automobile. » Yves Hanin, directeur du CREAT.

Wavre : quel projet remplacera la tour-hôtel ? On le sait, la fonctionnaire déléguée a refusé fin mai une demande de permis relative à l’érection d’une tour-hôtel de 96 mètres à Wavre. On apprend aujourd’hui que le promoteur, la SA Louis Dothey, n’ira pas en recours contre cette décision et abandonne son projet. Il demande par contre davantage de clarté de la part de la commune sur le type de projet qu’il pourra développer sur ce site.

en deux mots

Espace-vie se met en pause jusqu’en novembre…

De nouvelles ambitions pour le château médiéval

Dix ans déjà que nous avons lancé la version actuelle d’Espace-vie. Une éternité pour une maquette. Il est donc plus que temps de la rafraichir et de la redynamiser. Nous allons également profiter de cette opportunité pour réfléchir à une nouvelle offre éditoriale et à une déclinaison des supports de lecture. Un travail auquel nous allons nous atteler dans les prochains mois pour un lancement en février 2020. Ce qui signifie que vous ne recevrez pas Espace-vie en septembre et en octobre. Un mal pour un bien, on espère.

… et fait appel aux suggestions de ses lecteurs Si notre réflexion tant sur le fond que la forme a déjà débuté, nous souhaiterions également avoir le feed-back de nos lecteurs. N’hésitez donc pas à nous faire part de vos remarques et suggestions tant sur la maquette actuelle que sur les articles et leurs thématiques. Voire vos idées et envies. Pour cela, une adresse e-mail : m.urbanisme@ccbw.be

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Des ateliers participatifs ont émis des grands objectifs pour le développement du quartier de la gare et de l’Esplanade à Louvain-laNeuve. Et ce, en vue d’élaborer un schéma d’orientation local. Les délais sont serrés : il doit être lancé pour 2020, trois ans après les premières discussions. Sans quoi le promoteur pourra relancer son propre projet.

> Un salon du véhicule électrique et hybride se tiendra le 29 septembre à Villers-la-Ville, dans les jardins de la Maison communale. Une vingtaine de marques différentes seront présentes. Tous les modes de déplacement seront représentés : trottinettes, vélos, motos, voitures électriques et hybrides. Entrée gratuite. espace-vie juillet 2019 n° 293   l

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dossier

La densification douce via la démarche Bimby fait des émules

Comment réinventer nos lotissements brabançons Certaines quatre façades brabançonnes sont de plus en plus obsolètes. Leurs propriétaires pourraient repenser le modèle urbain en divisant leur terrain de manière à emprunter la voie de la densification. Les freins sont nombreux mais les perspectives enthousiasmantes. La France démontre que c’est possible.

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e sera l’un des enjeux majeurs de sée Bimby (Build in my backyard). Soit une l’aménagement du territoire wallon. Et opposition à un autre concept bien connu, encore davantage pour celui du Brabant à savoir le Nimby, qui est le fait de s’oppowallon, terre de quatre façades. La maser à toute construction dans son environnière dont l’on pourra densifier les lotisnement proche. Le Bimby vise quant à lui sements construits dans les années 1960, une densification douce, de proximité. Il 1970 et 1980 devrait permettre de trouver consiste par exemple à permettre au prol’une ou l’autre réponse aux défis de la priétaire d’une villa de céder une partie hausse de la population, de la concentrade son terrain pour construire une autre tion des ménages à proximité des centres maison. Soit mitoyenne, soit au fond de urbains et des nouvelles formes de denson jardin. sification. Sans parler de la diminution de Des exemples réussis l’étalement urbain. Ces lotissements, comexistent dorénavant posés essentiellement de quatre façades, Si ce procédé a fait l’objet d’une étude seront bientôt (ou le sont déjà) complèteapprofondie entre 2009 et 2012 au sein de ment obsolètes sur le plan énergétique, et l’Agence nationale de recherche (France), impayables. « Qui pourra encore mettre 450 000 euros pour « Les responsables politiques ne une villa et dépenser 250 000 euros sont pas les vrais freins à cette pour sa remise aux densification douce. C’est la normes », s’interquestion de la perception de la rogent régulièrement les notaires de densification par le voisinage. » la province. Il faut donc, rapidement, il a rebondi depuis 2013 d’une manière se pencher sur la manière de réinventer plus opérationnelle à travers le lancement leur configuration. de la start-up Villes Vivantes, qui vise à Si la construction d’immeubles à appar« réinventer l’architecture et l’urbanisme tements – très en vogue ces dernières pour vivifier les villages et faire grandir années en Brabant wallon – permet de les villes ». résoudre une partie de l’équation de la Derrière Villes Vivantes, on retrouve le densification et du boom démographique, même homme qui était au centre des cette piste ne fait, en réalité, que déplacer recherches Bimby : l’ingénieur urbale problème. Car personne ne s’attaque niste bordelais David Miet, véritable tête encore au devenir de ces lotissements qui pensante du projet. « À Villes Vivantes, on ont fleuri ces dernières décennies dans le souhaite en fait lutter contre le manque centre et l’est de la province. de foncier au cœur des villages et des Des Français ont tenté de résoudre une agglomérations, de manière à lutter partie de l’équation il y a quelques années contre l’étalement urbain. Et en nous inen lançant une nouvelle démarche bapti-

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téressant à la question du foncier, c’est aussi notre façon de construire la ville que nous souhaitons transformer. Car la demande de foncier est énorme en France. La situation est similaire en Belgique. » La start-up est aujourd’hui présente à Bordeaux, Lyon, Paris, Toulouse et Dijon. Elle dispose de projets disséminés dans toute


la France. Les premières opérations, lancées il y a cinq ans, sont enfin bouclées. Il s’agit notamment de la création de 100 logements en trente mois à Périgueux (SudOuest). « Dans ce cas-ci, notre mission est avant tout d’organiser les conditions qui permettent à cette opération de se mettre en place, lance David Miet. Nous sollicitons des communes. Et pour celles qui sont intéressées, nous mettons en place une véritable offre de services, créons une équipe et ouvrons une ligne téléphonique gratuite. Pour Périgueux, nous avons par exemple proposé aux habitants des 6 000 maisons individuelles de participer à ce projet. Près de 300 ont répondu et une centaine de dossiers se sont concrétisés avec aujourd’hui l’obtention d’un permis d’urbanisme, de quoi voir les premiers effets d'ici un an ou deux.» Ajoutons que les communes financent l’opération et se rémunèrent via les futures taxes d’habitation. « Villes Vivantes veut vraiment devenir un opérateur de la densification douce via des opérations de renouvellement urbain en filière courte, et permet la création d’une offre nouvelle de logements « sur mesure ». Notre travail de coconception, de coaching étape par étape des projets, avec ces particuliers, crée des opportunités urbaines avec un impact positif sur la ville et son évolution. »

On le sait, en Brabant wallon, les freins actuels à la division des logements ou à la division de parcelles sont nombreux. Les édiles politiques refusant d’ailleurs régulièrement ce type de demande, le plus souvent pour ne pas surcharger des routes déjà saturées. Une décision qui peut sembler parfois surprenante, tant ces édiles favorisent la densification via des immeubles à appartements mais la refusent par contre pour ce type d’opération

interview

« Les seniors sont séduits par la formule »

La perception de la densification « Nous constatons toutefois que les responsables politiques ne sont pas les vrais freins à cette densification douce. Le vrai problème, c’est la question de la perception de la densification par le voisinage. Ces riverains ont acheté un cadre de vie et ne l’ont pas vu évoluer depuis 40 ans. Ils voient arriver de nouvelles constructions, de nouveaux usages, et ne sont pas prêts à cela. Ils se plaignent alors auprès des élus qui refusent le projet. L’enjeu est donc de réussir une densification en termes de volume et de la traduire par un résultat qui est accepté par tout le monde. Cela peut réussir en Brabant wallon aussi. Si 1 % des maisons basculent vers le Bimby, ce sera déjà gagné ! » > Xavier Attout

La démarche Bimby est bien symbolisée sur ces dessins. En couleur, les nouvelles maisons dans un lotissement traditionnel. © Villes Vivantes

Interview de David Miet, CEO de Villes Vivantes.

> Y a-t-il un type de lotissement ou un type de parcelle qui favorise la mise en place du concept Bimby ? Non, toutes les possibilités sont ouvertes. Cela dépend surtout du marché immobilier de la commune. L'ensemble des opérations est également réalisé sur mesure. Elles sont bien moins standardisées que la promotion immobilière. > Quel est le profil de ceux qui acceptent ce type d’opération ? Ce ne sont clairement pas les jeunes. La tranche la plus réceptive est comprise entre 50 et 70 ans. La seconde entre 70 et 90 ans. Les seniors sont séduits par la formule. > Et quelles sont les raisons avancées ? Elles sont multiples. Mais il est évident que l’argument financier tient la corde, de même que celui de posséder une maison ou une propriété qui ne correspond plus aux besoins actuels. Pour la considération financière, cela peut soit s’expliquer par le besoin d’avoir des liquidités pour faire des travaux, soit par la volonté de disposer de davantage de cash ou d’améliorer son confort de vie. > Un type de division est-il plébiscité ? Cela peut être la construction d’une maison mitoyenne ou encore la construction d’une maison dans le fond du jardin. Ces décisions sont encadrées sur le plan notarial. Des servitudes de non constructibilité peuvent aussi être déterminées par le vendeur, pour s’assurer de ne pas avoir une maison au bout de sa terrasse. > Ce modèle est-il déclinable partout ? Il se développe en Suisse. Il est présent aussi dans des villes américaines (Portland) ou canadiennes (Vancouver et Calgary). Même si des freins réglementaires – interdiction de division dans les lotissements – ne permettent pas de répondre aux besoins financiers. Mais je suis certain que le modèle est déclinable en Belgique. Des gens qui souhaitent récupérer 50 000 ou 100 000 euros en vendant une partie superflue de leur terrain, on en trouve partout ! > Propos recueillis par X. A. espace-vie juillet 2019 2010 n° 203 espace-vie 293   l l

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dossier

Que faire des lotissements brabançons qui vont devenir obsolètes ?

« Favoriser la démolition/reconstruction »

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e projet Bimby peut-il être décliné en Brabant wallon ? La question divise quelque peu les différents urbanistes que nous avons interrogés. Tous y voient en tout cas une avancée notable sur le plan urbanistique, mais également quelques freins. « La démarche est assez intéressante, explique Yves Hanin, directeur du CREAT, le Centre de recherche en action territoriale de l’UCLouvain. à ma connaissance, il n’y a toutefois pas encore eu d’application de ce type en Wallonie. La seconde mouture du CoDT, qui a mis fin au permis de lotir pour faire place au permis d’urbanisation, libère en tout cas le champ des possibilités. Dans cette optique, le CREAT a étudié il y a peu la manière dont l’on pouvait régénérer les lotissements du Brabant wallon. Et le premier problème qui est apparu, c’était la frilosité des pouvoirs publics face à la division parcellaire. Les autorités ont également des craintes par rapport à la mobilité. Il faut donc travailler sur ce point. » Jacques Teller, professeur d’Urbanisme et d’Aménagement du territoire à l’Université de Liège, relève aussi de son côté la frilosité des riverains face à ce type de

démarche. « Ils ne voient pas d’un bon œil le développement de petits logements à proximité de chez eux, explique-t-il. Ils sont attachés à leur cadre de vie. »

Viser une reconfiguration intelligente Parmi les pistes envisagées pour redynamiser ces lotissements qui deviennent de plus en plus obsolètes en Brabant wallon, celle de la recomposition parcellaire en est une à suivre. « Une idée est notamment de rassembler le terrain de deux parcelles, de procéder à une démolition des deux maisons et de reconstruire trois maisons mitoyennes, fait remarquer Yves Hanin. Une démarche difficile à concrétiser par des particuliers. Ce projet devrait donc être piloté par des promoteurs. » D’autant que dans de nombreux lotissements, la tranche d’âge est relativement homogène et âgée. La problématique est donc large. D’où la possibilité de développer cette méthode à grande échelle. « Mais attention, je ne dis pas qu’il faut réaliser cela dans tous les lotissements, lance Yves Hanin. Il faut, au contraire,

sélectionner certaines zones où cette densification pourrait se concrétiser. Des zones proches de lieux de services et de transports. Il s’agirait alors d’une reconfiguration intelligente. » Cette mesure devrait être accompagnée par une réflexion stratégique élaborée par chaque commune sur la manière dont elle souhaiterait reconfigurer leurs lotissements. « Il n’y a encore jamais eu de vraies réflexions sur le sujet, note Yves Hanin. Or, il sera capital de s’interroger sur leur devenir dans des communes telles que Waterloo, Lasne, La Hulpe, Braine-l’Alleud ou Rixensart. Car ces lotissements n’ont été aménagés qu’en fonction de l’automobile. Il faut donc une vision plus globale. Les concepteurs de Bimby ont quant à eux une vision plus réduite, plus locale, qui s’étend à quelques maisons. » Et Yves Hanin de conclure : « Si nous n’arrivons pas à densifier ces lotissements, que ferons-nous de ce patrimoine ? Cela deviendra des friches. Et la valeur des maisons chutera en flèche. Personne n’en sortira gagnant. » > Xavier Attout

« Il ne peut pas se développer partout »

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ierre Vanderstraeten, architecte, urbaniste et sociologue à l’UCLouvain, a également un avis sur l’implantation du concept Bimby en Brabant wallon. Il y voit un certain nombre de côtés intéressants. « Ce qui semble important, c’est de considérer que cette formule ne peut être développée partout dans le territoire avec la même pertinence et la même efficacité, explique-t-il. Le plus intéressant étant de réaliser ces projets là où cette densification permet d’augmenter la viabilité des services (commerces, services et équipements de proximité, en ce compris les réseaux de transport durable) et de réduire par conséquent la dépendance à la voiture. La densification par le Bimby de lotissements trop isolés ne pourra vrai-

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semblablement et a priori pas garantir ces avantages. » Un point de vue qui offre des perspectives importantes pour le Brabant wallon. Reste à faire le tri. Pour le reste, cette densification doit s’accompagner d’ambitions environnementales. « La densification de lotissements existants doit bien évidemment viser des performances et des qualités ambitionnées pour les écoquartiers ou plus sûrement encore des écovillages. Il existe des réfé-

rentiels à ce sujet et notamment la note sur les écoquartiers écrite par la Conférence Permanente du Développement Territorial. Elle distingue les niveaux de performance en fonction des contextes. » Des éléments qui ne feront alors qu’accentuer encore la distinction entre bâti ancien et nouveauxau sein de ces lotissements. Une pierre de plus dans le jardin des partisans des démolitions/reconstructions… > X. A.


La digitalisation des procédures de permis reste à la traine

urbanisme

La Hulpe et Ottignies-LLN, futures communes pilotes en la matière

La dématérialisation des procédures de demandes de permis d’urbanisme n’est pas encore pour demain en Wallonie. Des tests sont en passe d’être effectués dans dix communes. Des initiatives privées voient également le jour. Comme la plateforme Aide Urbanisme, qui vise à orienter les demandeurs de permis.

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vez-vous déjà un abri de jardin sur votre propriété ? Où allez-vous installer cet abri ? Par rapport à la voirie, sera-t-il à l’arrière de votre habitation ? À quelle distance des limites mitoyennes sera implanté votre abri ? En quatre ou cinq questions, vous pouvez désormais savoir via le site aide-urbanisme.be si vous devez ou non introduire une demande de permis d’urbanisme pour installer votre nouvel abri de jardin. Et, si c’est le cas, vous pouvez alors directement télécharger le formulaire adéquat avant de le renvoyer à l’administration. Un outil intéressant lancé il y a peu par le webdesigner Simon Delpechin et l’étudiante en immobilier Florinne Lefebvre. « Aide Urbanisme vise principalement à aider les demandeurs dans les dédales des demandes de permis et à soulager les communes de questions, explique cet habitant de Péruwelz. Ces dernières perdent souvent un temps précieux à répondre à des sollicitations qui sont souvent les mêmes. Cette plateforme en

ligne détermine si un projet de construction ou de rénovation peut être dispensé d’un permis d’urbanisme, du concours d’un architecte ou de l’avis du fonctionnaire délégué. »

Adapter les formulaires à chaque commune Si le site est encore relativement sommaire et n’a, pour le moment, qu’une vocation indicative (et non officielle), il permet déjà d’établir des « diagnostics » en cas de travaux de construction ou de rénovation. Il suffit de choisir le type de travaux que l’on souhaite effectuer (piscine, nouvelle pièce, clôture, véranda, garage, abri de jardin, fenêtre de toit, carport) avant de se laisser guider par le questionnaire. Une plateforme qui se veut indépendante, simple, anonyme et gratuite. « Nous nous sommes inspirés du fascicule détaillant les nouveautés du CoDT, poursuit Simon Delpechin. Cette version papier n’était, selon nous, pas accessible à tout le monde et laissait encore trop

de questions sans réponse pour le demandeur. D’où cette idée de simplifier le cheminement d’une demande de permis. Cela permet également de diminuer le nombre d’erreurs puisqu’une partie des informations peut être préremplie. La plateforme a été testée dans plusieurs services urbanisme qui ont validé la procédure et les questions. Ils l’estiment fiable. » Le projet est pour l’heure en stand-by. Des sources de financement sont recherchées pour permettre à cet outil de vivre de luimême. Les deux entrepreneurs vont frapper d’ici peu à la porte de la DGO4 pour proposer leur outil. « Nous pensons vraiment que ce type d’aide est utile pour le demandeur. Il serait dommage que cette plateforme ne poursuive pas son aventure. D’autant que les possibilités de développements sont encore nombreuses. À terme, l’idée est d’adapter chaque formulaire en fonction des règlements de chaque commune, de manière à avoir une réponse adaptée. » > Xavier Attout

La Hulpe et Ottignies comme communes pilotes Si la Flandre a emprunté en janvier 2018 la voie de la digitalisation et de la dématérialisation des procédures de demandes de permis (via le site Digitaal loket) et que Bruxelles vient d’annoncer la digitalisation complète des procédures de permis d’urbanisme d’ici 2022, la Wallonie se trouve quelque peu à la traine en la matière. Dix communes pilotes ont été sélectionnées (dont La Hulpe et Ottignies-LLN pour le Brabant wallon) pour lancer, à partir de mi-2020, la dématérialisation des permis publics. « Cette phase permettra le remplissage en ligne, via « Mon Espace », des formulaires de demande de permis d’urbanisme (avec et sans architecte), explique François Dubru, porte-parole du ministre Carlo Di Antonio. Le demandeur pourra consulter sa demande soumise en ligne et la compléter si besoin. » L’idée est de procéder par phase pour arriver à une généralisation de la dématérialisation des permis via le web. Mais ce n’est pas pour tout de suite…

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> X. A. espace-vie juillet 2019 n° 293   l

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environnement

Le ferme de Lauzelle se veut un laboratoire du maraichage bio

Une ferme innovante pour l’agriculture de demain L’UCLouvain lance la première ferme universitaire consacrée à la recherche scientifique de terrain sur le maraichage bio. L’idée est d’y développer l’agriculture de demain, à la fois productive, viable économiquement, respectueuse de la planète et bénéfique pour la santé humaine. Les premiers tests ont été lancés.

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un côté la nationale 4, de l’autre le futur lotissement Athéna, qui comprendra d’ici une dizaine d’années 1 400 logements. Coincée entre les deux, sur trois hectares, on retrouve la ferme de Lauzelle de l’UCLouvain, dernière ferme en activité à Louvain-la-Neuve qui, depuis deux ans, est devenue un espace de recherche de pointe dédié au maraichage biologique. Un important virage pour cette ferme qui date du XIIe siècle, propriété alors de l’abbaye d’Affligem, et qui a été rachetée par l’UCL en 1968. « C’est presque la seule ferme de la région qui ne soit pas devenue un restaurant ou un centre culturel », sourit Philippe Baret, doyen de la faculté des bioingénieurs de l’UCLouvain. Dans la prairie qui entoure cette ferme, on retrouve désormais, sur 42 ares, des parcelles où poussent une soixantaine de sortes de fruits, légumes et petits fruits. Des étudiants et des chercheurs sont à la manœuvre. Ils y testent les dernières techniques de production et imaginent l’agriculture de demain. Les mains dans la terre, bien loin des auditoires. Et tout cela en respectant le cahier des charges de l’agriculture biologique.

Étudier les associations de légumes

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Le jour de notre visite, Adrien Dockx, le responsable du projet de ferme maraichère de l’UCLouvain, n’est pas peu fier de montrer les premières résultats des lignes de salades, carottes et autres espèces de légumes. Avec, de plus, quelques subtilités. « Les carottes et espace-vie juillet 2019 n° 293   l

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les oignons sont mélangés, de manière à tester les associations différentes de légumes, explique-t-il les pieds dans la boue. Cette association permettrait d’éviter l’usage des pesticides et d’éviter que certaines maladies se propagent. Seule une université peut se permettre de prendre ce genre de risques, de se tromper et de recommencer, jusqu’à développer des techniques qui tiennent la route. Nous avons semé plusieurs dizaines de variétés de laitues pour voir celles qui se développent le mieux. Si notre association oignon/carotte ne fonctionne pas, nous testerons d’autres compagnonnages de légumes. Et nous calculerons le coût de production de chaque légume ». Celle qui étudie la question se tient justement derrière lui. Céline Chevalier, chercheuse au Earth & Life Institute de l’UCLouvain, en est à sa première année de recherche pour sa thèse sur les associations de légumes. « C’est une question capitale pour le maraichage qui se développe sur de petits espaces puisque cela peut permettre d’augmenter le rendement, fait-elle remarquer. Nous avons rassemblé un réseau de onze maraichers pour déterminer les questions sur lesquelles ils souhaitaient que l’on travaille. Et les associations de légumes sont très vite apparues. Les bénéfices peuvent être nombreux, même si très peu d’informations ont été publiées sur le sujet. Heureusement, contrairement aux maraichers, je peux me permettre de faire des tests et d’échouer. Outre l’association oignons et carottes, j’ai égale-

Cette ferme universitaire se veut un modèle de l'agriculture de d


ment testé une association entre seize légumes. Il faudra encore attendre quelques mois avant de connaitre le résultat. » Voici donc un exemple concret de ce que peut apporter une ferme universitaire. On y retrouvera également des étudiants qui testent les systèmes d’irrigation de cultures, étudient la biodiversité ou encore la cartographie numérique. Des collaborations avec la Louvain School of Management de l’UCLouvain se profilent aussi, notamment au sujet de la commercialisation en circuit court. « La volonté est de faire évoluer l’agriculture et de faire bénéficier chacun des bonnes pratiques découvertes dans les champs de l’UCLouvain, ajoute Adrien Dockx. Nous pourrions même faire évoluer certaines législations sur base de nos résultats de recherche. De manière à développer une agricul-

ture plus respectueuse de l’environnement. »

Penser la production par rapport à la consommation La ferme de Lauzelle fonctionne en tout cas aujourd’hui comme une autre. Elle est donc soumise aux mêmes contrôles de l’Afsca ou de certification bio. « Nous avons l’obligation d’être exemplaire, précise Philippe Barret. Nous avons fait le choix de développer un modèle de petit maraichage diversifié en agriculture bio. Nous cultivons donc 40 à 50 légumes différents sur trois hectares (ndlr : de quoi fournir 50 paniers de 1,5 kg à 3 kg par semaine). Ce maraichage correspond aux circuits courts, ce sur quoi nous avons souhaité travailler. Ce modèle est à la mode mais il existe encore très peu de retour sur sa faisabilité économique et technique. Il est plus que nécessaire de désormais penser la production en fonction de

la consommation. L’objectif est donc de lui donner une viabilité économique. » Ajoutons que des fleurs comestibles (bleuet, capucine, cosmos, pensée) sont également testées alors qu’un verger sera bientôt aménagé et que des légumes anciens seront remis à l’honneur. La ferme fonctionne avec un employé à mi-temps, deux ouvriers et neuf étudiants-jobistes. « Nous ne pourrons nourrir que 50 familles. Il faut donc rester raisonnable. L’agriculture de demain sera un mix entre le maraichage et l’agriculture à grande échelle. » Les légumes produits par cette ferme universitaire, qui sera labellisée bio en juillet, seront écoulés via la Louvain House, le restaurant du personnel de l’UCLouvain. Ce qui permettra que la production maraichère ne concurrence pas celle des productrices et producteurs locaux. > Xavier Attout

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patrimoine

Une réforme qui a un impact sur les demandes de permis d’urbanisme

Le patrimoine wallon dorénavant mieux protégé  La nouvelle version du Code wallon du Patrimoine, profondément remanié, est entrée en vigueur le 1er juin. Un objectif principal : simplifier les procédures et davantage protéger le patrimoine. Tout le monde devrait y trouver son compte.

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Une nouvelle structure en place L’Agence wallonne du Patrimoine (AWaP) a été créée le 1er janvier 2018. Elle rassemble les agents de l’ancien Département du Patrimoine et de l’exInstitut du Patrimoine wallon. L’AWaP est devenue l’interlocutrice unique en matière de patrimoine en Wallonie. Sa mission est d’étudier, promouvoir, protéger, conserver, restaurer et valoriser le patrimoine en Région wallonne. Rappelons que le patrimoine wallon crée douze emplois directs dans le domaine de la construction par million d’euros investi. Et ce, bien au-delà des chiffres d’autres secteurs. En Wallonie, six biens figurent au patrimoine mondial. Dont en Brabant wallon, la partie située en Wallonie de la Forêt de Soignes, sur le territoire des communes de La Hulpe et de Waterloo. Le patrimoine wallon comprend également 218 biens catalogués comme « exceptionnels » et 4 243 biens classés.

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l est évident qu’avec cette réforme, nos agents seront mieux accueillis qu’auparavant sur certains chantiers », sourit Julien Maquet, directeur de la communication de l’Agence wallonne du Patrimoine, en se remémorant l’un ou l’autre chantier d’envergure dont les responsables n’avaient pas vraiment prévu de voir débarquer des agents du patrimoine. Ce qui pouvait entrainer de nombreux retards sur le planning initial. La nouvelle version du Code wallon du Patrimoine (CoPat) est entrée en vigueur le 1er juin 2019. Un document davantage tourné vers l’avenir, qui doit simplifier les procédures et accélérer les délais (via le raccourcissement de la procédure de classement, l’abandon du concept de Certificat de Patrimoine préalable à toute demande de permis d’urbanisme et la généralisation des délais de rigueur pour l’instruction des demandes d’autorisation), préciser les différents outils d’aide à la décision (inventaires régional et communal, fiche patrimoniale, carte archéologique) et enfin de consolider les mesures de protection patrimoniale nécessaires. « Il s’agissait d’une demande du secteur, note Julien Maquet. Les biens patrimoniaux wallons seront toujours aussi bien protégés qu’auparavant. . »

Quid des permis sur les biens patrimoniaux classés ? Si le certificat de patrimoine disparait, il est remplacé par deux réunions de patrimoine, de manière à permettre à tous les intervenants de prendre connaissance et de débattre du projet.

Quelles conséquences sur la procédure de permis ? Il faut distinguer deux situations : - La demande de permis requiert l’avis simple de l’AWaP et l’avis conforme du fonctionnaire délégué si le projet concerne un bien « visé » à la carte archéologique (soit la transposition cartographiée de l’inventaire du patrimoine archéologique). - La demande de permis requiert l’avis simple de l’AWaP, l’avis simple de la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, et l’avis conforme du fonctionnaire délégué si le projet concerne un bien « visé » à la carte archéologique et qu’il implique une modification de la structure portante d’un bâtiment antérieur au XXe siècle. « Dans les deux cas, une enquête publique (et non une annonce projet) est requise lorsque le projet est relatif à une construction, une reconstruction ou une transformation qui impliquent une modification du sol ou du sous-sol », précise l’Union des Villes et Communes de Wallonie.

Quid si les projets font plus de 1 hectare ? Soit tous les projets dont « la superficie de construction et d’aménagement des abords est égale ou supérieure à 1 hectare ». Ils pourraient avoir des implications archéologiques potentielles. Et ce, même s’ils ne sont pas situés sur un bien visé à la carte archéologique. Résultat : la demande de permis requiert l’avis simple de l’AWaP. > Xavier Attout


interview carte blanche

Un avis, une opinion à faire partager ? Cette page vous est ouverte

Quelle place pour le patrimoine en Brabant wallon ?

Michel Wautot est membre de l’association active dans la préservation du patrimoine wallon.

Une carte blanche de Michel Wautot, président de Hommes et Patrimoine

© Hommes et Patrimoine

Hommes et Patrimoine

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ous l’effet d’un urbanisme ravageur, particulièrement zélé Patrimoine et développement du territoire en Brabant wallon dans les années 60, Bruxelles (notamment) voyait détruire Cette province attire toutes les convoitises. Celle de l’immoanciens hôtels de maitre, bâtiments publics, vieilles maisons… bilier est le principal champ de bataille en dehors de celui de sans le moindre état d’âme. Cela n’incitait personne à se souWaterloo. Louvain-la-Neuve fait éclore parcs scientifiques et cier du patrimoine. Sauf quelques groupes comme l’ARAU quartiers d’habitation. Des promotions immobilières naissent (Atelier de Recherche et d’Action urbaines). Qu’en est-il en un peu partout. Deux acteurs principaux : le promoteur et la Brabant wallon, cette nouvelle province en proie à une spécucommune. Deux questions : quid des mutations paysagères lation immobilière ardente ? et du patrimoine, quid de l’intégration dans la commune ? À cette époque, rares étaient les cercles qui s’élevaient deIl arrive souvent que la commune ne connaisse même pas vant ce désastre. Et encore plus rares les cercles politiques. la valeur patrimoniale d’un certain nombre de sites sur son La régionalisation du pays intervint. Cela ne changea pas territoire ou n’attache pas d’importance à la notion de patrigrand-chose sauf que naquit le Brabant wallon en 1995. Nos moine. nouvelles institutions, quasi surréalistes, eurent un mérite : Cette problématique est cruciale en Brabant wallon. Le renoucelui de réveiller, petit à petit, l’idée de la valeur du patrimoine vellement de nos paysages sous l’effet de la pression foncière régional. interroge sans cesse la place La fondation de Louvain-laaccordée au patrimoine Neuve apporta le boulever« Le renouvellement de nos bâti ou non bâti. Comment sement de ce Brabant wallon, paysages sous l’effet de la pression les nouveaux lotissements principalement agricole, où foncière interroge sans cesse la intègrent-ils l’histoire du les quelques grandes induslieu ? Quelles articulations tries disparurent les unes place accordée au patrimoine » entre ces noyaux denses et après les autres et où avaient l’environnement ? Quelle prise de conscience patrimoniale à fleuri et fleurissaient encore les résidences secondaires des l’échelle de l’ensemble du territoire ? Bruxellois. Il fallut pourtant encore bien des années pour que le patrimoine devienne une option intéressante. Il ne faut pas Si la sauvegarde du patrimoine n’est pas le leitmotiv des proremonter bien loin pour se souvenir que dans les bourgs, vilgrammes politiques, l’intervention des défenseurs du patrilages et petites villes, le seul bâtiment, parfois rutilant, était moine s’avère dès lors non seulement utile mais nécessaire. la maison communale. L’idée de sauvegarde du patrimoine a Utile pour préserver des pans de mémoire dans toute sa diverfait son chemin pour des motifs tant sociologiques qu’éconosité – des écoles aux églises en passant par une ancienne miques (démocratisation des voyages, retombées du tourisme, friche industrielle – et pour assurer une seconde vie à ces térôle de l’Institut du Patrimoine wallon, actuellement AWAP, moignages bâtis au travers d’une réhabilitation qui puisse réetc.). Ensuite virent le jour de nouvelles lois, règlements, schépondre aux besoins d’une communauté. Le patrimoine comme ma de développement régional… qui balisèrent mieux l’améassise d’un urbanisme recyclable. nagement du territoire. espace-vie juillet 2019 n° 293   l

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culture BW

Fédération Wallonie-Bruxelles : un nouveau décret pour les musées

Immersion, médiation… Les musées se réinventent Alors que les vacances d’été arrivent, c’est l’occasion de se pencher sur les musées en Brabant wallon, de découvrir leur grande diversité et de se demander comment ils invitent leurs publics à s’interroger sur le monde qu’ils habitent..

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ne bonne trentaine de musées sont répertoriés en Brabant wallon, sur le site d’information touristique de la Province. À cheval sur les secteurs du tourisme et de la culture, les musées sont très divers par leur rayonnement, les moyens humains et financiers dont ils disposent, leur fonctionnement et les publics qu’ils attirent. À côté du Mémorial Waterloo 1815, qui ambitionne de passer de 170 000 à 300 000 visiteurs par an, du Musée Hergé, qui en accueille 80 000, du Musée L qui en recevait 28 000 en 2018, triplant les chiffres de fréquentation par rapport à l’ancien musée (lire page 14), du Musée Wellington (19 000 visiteurs en 2018) ou encore du Dernier Quartier Général de Napoléon, unique musée provincial sis à Genappe (12 à 13 000 visiteurs), il existe des petits musées que des collectionneurs passionnés ont aménagés dans leur grenier ou leur garage, comme le Musée du Vélo de course, à Rixensart, ou le Refuge Panthère à Genappe, créé par Marcel Clercq pour honorer la mémoire des résistants de la région. « Ça a commencé il y a 37 ans, quand j’ai acheté une petite jeep, puis un téléphone d’époque, puis un second véhicule… Je n’avais pas envie de tout laisser dans des armoires ou dans un garage. À la fin de cette année, après un travail de 20 ans, le musée s’ouvrira dans un espace de 320 m2. »

En phase avec les réalités sociétales

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Clément Lalot, coordinateur de l’association Musées et Société en Wallonie (MSW), explique la baisse de fréquentation observée dans certains musées par l’absence d’ancrage local, le manque de promotion, une scénographie vieillissante, un nom inadapté… « Nous sommes hyper espace-vie juillet 2019 n° 293   l

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sollicités. Il donc difficile d’aller au musée comme il est difficile d’aller au théâtre ou au cinéma... quand le numérique et l’information directe sont omniprésents. Il faut donc faire connaitre les plus-values d’une visite au musée. Son rôle éducatif est indéniable. Les musées servent évidemment à transmettre notre patrimoine mobilier tout en le recontextualisant dans un tissu sociétal existant. Ils permettent aux citoyens d’aujourd’hui et de demain de se questionner.» Cette année à Louvain-la-Neuve par exemple, de février à avril, le Musée L accueillait l’exposition itinérante intitulée Le Musée du capitalisme. Son objectif est de s’interroger sur notre système économique et culturel à travers les origines, espoirs, limites et alternatives du capitalisme. Abordant des thèmes comme l’alimentation, la santé, la culture, la consommation ou la finance, ce Musée du capitalisme met en débat une actualité économique complexe qui structure néanmoins nos vies. Ouverte au Tout public dès 15 ans, engagée mais non partisane, l’exposition est un outil au service de la citoyenneté active. La participation du visiteur y est sollicitée par des mises en situation et des espaces d’expression, au cours des visites guidées et évènements divers.

fil rouge de l’écologie. Sensibiliser les enfants à cette thématique leur permet de découvrir le 7 e continent, formé des déchets de plastique dans l’Océan Pacifique, d’apprendre à créer des filtres à eau, mais aussi à éviter la multiplication des déchets et la prolifération de la pollution sous toutes ses formes.

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Au Bois des Rêves à Ottignies, le Musée de l’Eau et de la Fontaine s’associe à d’autres organismes à vocation culturelle et pédagogique pour aborder des thématiques sociétales avec le public scolaire. Avec le Tilt (Terrain interactif ludique pour Tous), il propose de voyager entre terre et mer, de partir à la découverte des différents continents et océans, grâce au

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L’idée est d’apprendre aux enfants à préserver la planète.

d’appui muséal », pourront bénéficier d’un soutien ponctuel pour l’organisation d’un évènement ou la réalisation d’une publication, ou d’une aide quadriennale au fonctionnement.

Nouvelles fonctions muséales Alors qu’en 2019 la Fédération WallonieBruxelles ajoutait deux millions aux 11 millions d’euros du budget consacré au secteur muséal, en avril dernier, son Parlement adoptait le décret relatif au secteur muséal en Communauté française. Ce décret qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain, introduit deux nouvelles fonctions muséales : développer un plan de communication et de promotion touristique, d’une part, et intégrer les nouvelles technologies dans son fonctionnement comme dans ses activités scientifiques et culturelles, d’autre part. Le décret s’appuie également sur l’idée que la conquête d’un nouveau public doit s’accompagner de mesures pédagogiques et d’animations spécifiques pour vaincre les aprioris de groupes peu ou pas coutumiers du monde muséal.

Enfin, le décret introduit aussi le développement de partenariats entre un nombre minimal de musées au sein d’un « pôle muséal », à l’instar de celui qui a été créé à Mons lorsque la ville était Capitale européenne de la Culture, en 2015 (*). Dans un souci de réaliser des économies d’échelle avec des structures qui disposent souvent d’un personnel et d’horaires réduits, de tels pôles mettront en œuvre des synergies et des activités communes, sur la base de thématiques partagées ou en fonction du territoire qui les héberge.

De l’exposition à la manipulation Les musées dits « d’interprétation » ne ressentent pas le besoin d’exposer l’ensemble de leurs collections d’objets sous vitrine, mais sélectionnent un nombre très restreint qu’ils choisissent de mettre en valeur « pour faire comprendre » par la manipulation. C’est le cas du Musée d’interprétation et d’archéologie du Brabant wallon (MiaBW). Fondé à Orp il y a plus de 30 ans par des

La Fédération Wallonie-Bruxelles attend aussi des musées qu’ils développent des collaborations avec d’autres musées et institutions actives dans les domaines culturel, éducatif, social, économique et touristique qui, comme « opérateurs

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> Caroline Dunski

(*) Le Pôle muséal montois regroupe 11 sites et met trois champs en évidence : les Beaux-Arts, le mémoriel et le patrimoine Unesco. Pour découvrir les musées du Brabant wallon : www.destinationbw.be

Le tournant numérique Pour remplir leur mission de conservation et de préservation du patrimoine, dynamiser leur promotion, transmettre leur savoir et être plus accessibles, le nouveau décret prévoit que les musées devront progressivement avoir recours aux nouvelles technologies. Ils devront surtout établir un plan de numérisation de leurs collections, pour permettre à celles-ci de sortir des dépôts où elles sont confinées la majeure partie de leur temps et être ainsi rendues accessibles en ligne.

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passionnés d’archéologie, il est aujourd’hui relogé dans le parc du Domaine provincial d’Hélécine et bénéficie d’une subvention de la Province qui permet d’assurer une partie de son fonctionnement. « Son ambition est d’inviter les visiteurs à explorer notre patrimoine en recourant à la manipulation, l’expérimentation, l’émotion et l’immersion, explique sa conservatrice, Céline Piret. C’est un fait connu : la portée du geste est plus grande que celle de la parole ou simplement du visuel à travers une vitre. Quand on manipule entre ses doigts un outil vieux de 12 000 ans, on est d’abord ému, mais l’expérience nous a montré que la fabrication d’un tel ustensile requiert un savoir-faire millénaire qui nous inspire de l’humilité et de l’admiration pour les hommes et les femmes de notre Préhistoire. Cette prise de conscience suscite les questions des visiteurs. Des questions auxquelles nous répondons en ouvrant d’autres portes vers de nouvelles discussions. Le savoir est dès lors transmis de façon spontanée et dynamique. Notre mission est accomplie. »

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La transition digitale passera aussi par l’installation de bornes multimédia, de jeux et d’espaces virtuels qui favorisent l’usage de techniques de « gamification » ou « ludification ». Ces mécanismes de jeu utilisés dans des situations d’apprentissage font appel à la réalité virtuelle ou augmentée (VR et AR) et à la confrontation à l’intelligence artificielle (AI) comme outils de médiation, à la fois ludiques et participatifs. Ils permettent d’ouvrir le musée au-delà de ses limites physiques et offrent au visiteur une série d’expériences originales et sensorielles. L’expérience du visiteur du musée peut aussi être enrichie grâce à l’accès à des contenus disponibles en ligne : des documents filmés ou écrits, des cartes, du multimédia… > C. Du.

Photos : 1, 8-10 Musée L (© JP Bougnet), 2 - 7 Musée

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d’interprétation et d’archéologie du Brabant wallon, 8, 9, 10 espace-vie juillet 2019 n° 293   l

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culture BW

Musée L, « Maison d’hôtes de tous les publics »

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emplissant toutes les fonctions traditionnelles d’un musée public, le Musée L de Louvain-la-Neuve est aussi le plus grand musée universitaire de Belgique. Collections scientifiques et œuvres d’art y dialoguent. À Leuven, les profs avaient déjà rassemblé toutes les collections utilisées pour leurs cours et leurs recherches. En 1979, soit 11 ans après la scission des universités flamande et francophone, ces collections complétées de différentes donations migraient en terres wallonnes. À l’étroit dans ses murs et sans façade pour attirer l’attention des passants, le musée universitaire méritait un écrin digne d’accueillir ses collections de quelque 32 000 pièces. En 2015, l’UCL prenait la décision de le déménager dans un édifice emblématique de la cité universitaire. Conçu en 1975 par l’architecte André Jacqmain, l'un des premiers bâtiments de la ville neuve a été entièrement rénové. Toutefois, sa structure de béton a été préservée et le mobilier signé par le designer Jules Wabbe et destiné à équiper ce qui était à l’origine une bibliothèque, a partiellement réintégré le musée. Depuis son inauguration le 18 novembre 2017, œuvres d’art, spécimens d’histoire naturelle, objets archéologiques et ethno-

graphiques ou encore machines et inventions à vocation scientifique se côtoient dans le nouveau musée rebaptisé Musée L. « Le visiteur a été placé au centre de la réflexion muséologique qui a conduit le travail de conception du musée pendant trois ans, explique Anne Querinjean, directrice. Le Musée L entend devenir une ‘maison d’hôtes’, c'est-à-dire un endroit accueillant, ouvert aux étudiants, aux chercheurs, aux professeurs, aux habitants, aux écoles et à bien d’autres publics, quels que soient l’âge ou les obstacles dus à un handicap. »

Une approche sensitive, sensorielle et pratique Trois « Petits Labs » forment des dispositifs de médiation particuliers, disponibles à tous en accès libre. À côté de l’approche contemplative apportée par la scénographie qui fait dialoguer différentes périodes ou différentes zones géographiques, ils offrent une approche sensitive, sensorielle et pratique. En permettant aux visiteurs de manipuler les œuvres, ils les invitent à être très actifs dans leur regard et à apréhender les collections autrement. « Nous avons développé une réflexion sur les modes de médiation et sur l’offre des visites et des expositions, en apportant une attention aux personnes à mobilité

réduite et aux personnes porteuses d’un handicap sensoriel, souligne Sylvie De Dryver, responsable du Service aux publics et Promotion. Pour les personnes malvoyantes nous proposons des audioguides et des visites adaptées en collaboration avec Les Amis des Aveugles de Ghlin. Pour les personnes malentendantes et sourdes, le musée propose des visites signées en langue française de Belgique. Souvent, quand vous réfléchissez à un public avec ses spécificités, ça rejaillit sur d’autres publics et nourrit les autres dispositifs de médiation. » Le Musée L porte aussi une attention particulière pour le public socialement fragilisé. « Les personnes qui ont connu tellement d’accidents de la vie ont d’autres enjeux et n’ont pas nécessairement des attentes de pratiques culturelles. Il faut quand même qu’il y ait une offre pour qu’elles se sentent accueillies. » En faisant preuve d’audace et en choisissant de s’adresser à tous les publics, le Musée L enrichit sa façon de communiquer, met en lumière la diversité du patrimoine collectif et tente de rencontrer le défi majeur de faire prendre conscience au public de l’importance de le préserver. > Caroline Dunski

© JP Bougnet

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Tous au musée épinglé pour vous…

Musée de l’Eau et de la Fontaine à Ottignies > di 13/7 de 10h à 12h Balade gourmande Profitez du cadre idyllique du Domaine du Bois des Rêves et laissez-vous embarquer dans une balade au fil de l'eau avec un guide du Musée de l'Eau et de la Fontaine. Prolongez ensuite votre voyage avec une dégustation de produits locaux sélectionnés par Made in BW.

Mémorial Waterloo 1815 > sa 17 et di 18/8 À l’occasion de l’anniversaire des 250 ans de Napoléon, le Mémorial organise un événement sur la jeunesse de Napoléon et de Wellington. Cet événement plongera les visiteurs dans la vie civile et militaire de la fin du 18e siècle avec des démonstrations de techniques comme le tannage du cuir, le tressage des paniers, des brodeuses et des démonstrations de manœuvres militaires.

> les je 4 et 25/7 et 1, 8, 22 et 29/8 à 13h30 Atelier Lab’eau Comment faire flotter des objets lourds sans bouée ? Comment ouvrir une fleur en papier sans la toucher ? Venez découvrir les réponses en famille et relever tous les défis du savant du musée.

www.waterloo1815.be

0470 67 20 55 www.lemuseedeleauetdelafontaine.be

du 8 au 10/11 Museomix Durant trois jours, plus de 80 talents bénévoles prendront possession du musée afin de le remixer au gout des nouvelles technologies. Le musée se muera en un grand laboratoire qui essayera de répondre à six problématiques émises par la Fondation. Le résultat de cette expérience sera présenté gratuitement au public le dimanche 10 novembre en après-midi.

Le Musée du Souvenir 40-45 à Malèves > du 12 au 14/7 Field Depot Avec l'Amicale des Forces Alliées, le petit musée de Malèves organise la reconstitution d'un camp allié de la Seconde Guerre mondiale, une concentration de véhicules militaires, ainsi qu’une marche du souvenir et des repas dansants ou conviviaux. > 4 et 5/9 September Odyssey La libération de l'entité de Perwez par la 2nd Armored Division, le 6 septembre 1944, sera commémorée par la reconstitution exceptionnelle d’un convoi militaire américain qui réunira 250 reconstituants et 70 véhicules d’époque. 0479 44 65 09 – 0474 62 51 71 www.museedusouvenir.be

Musée L à Louvain-la-Neuve

… et bien plus tard

culture BW

invitation BANC D’ESSAI Le 16 juillet prochain, le Centre culturel du Brabant wallon vous invite à découvrir Labo High, le travail de recherche des deux plus importants experts mondiaux en diabolo aérien, Guillaume Karpowicz et Priam Pierret. Les deux artistes collaborent depuis 2010 et ont établi en 2014, un record du monde en passing duo à 7 diabolos. GRATUIT Mardi 16 juillet à 18h Durée : 30 min reservation@ccbw.be

Fondation Folon à La Hulpe

02 653 34 56 –- www.fondationfolon.be

Cet agenda est absolument incomplet ! Consultez nos articles et Culturebw.be, vitrine de la culture en Brabant wallon

Découvrir les artistes en création Le CCBW accueille régulièrement en résidence à Court-Saint-Étienne des artistes issus du monde du cirque, des arts de la rue, du théâtre jeune public et de marionnettes. Souvent, ces artistes souhaitent montrer une étape de leur travail. C’est une occasion unique car ces « bancs d’essai » vous offrent l’opportunité de découvrir gratuitement des spectacles qui seront joués plus tard dans les salles ou les festivals chez nous et ailleurs. Pour être invité•e aux bancs d’essai et être tenu•e informé•e des prochaines dates, envoyez un email à residence@ccbw.be.

> je 17/7 de 17h à 22h Nocturne Immergez-vous le temps d’une soirée dans les espaces intimistes du Musée L. Diverses activités   > di 25/8 de 13h30 à 16h30 Balade nature L’incroyable diversité du monde s’offre à notre regard, notamment dans le cabinet de curiosités et le cabinet d’histoires naturelles. Un guide nature vous entraine pour une balade dans les espaces verts proches du musée, à la rencontre du monde fascinant des insectes.

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010 47 48 41 – www.museel.be espace-vie juillet 2019 n° 293   l

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portrait invitation

De la friche industrielle à l’écoquartier de l’Union

> Visite prévue en matinée : Panorama du projet de reconversion (histoire du site, enjeux et options prises) > Visite prévue l’après-midi : Découverte de l’écoquatier à travers une balade pédestre en compagnie de la SEM Ville Renouvelée

Pour son prochain voyage d’études, la Maison de l’urbanisme vous invite à découvrir l’écoquartier de l’Union. Un ensemble situé à la jonction des villes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos qui s’étend sur une surface de près de 80 hectares. C’est l’un des plus importants projets de reconversion d’une friche industrielle en France. Au fil de la journée, nous aurons l’occasion de découvrir et de comprendre comment la Société d’Économie Mixte (SEM) Ville Renouvelée et ses partenaires transforment cette friche en un quartier attractif. La reconversion associe différentes fonctions : activités économiques, équipements, logements et espaces publics. Elle joue sur des valeurs durables, responsables et équitables.

Vendredi 4 octobre 2019 De 8h30 à 18h30 Départ de Court-Saint-étienne Place Baudouin 1er

De la sauvegarde du patrimoine industriel à la revitalisation d’un environnement urbain, en parcourant cette zone en pleine mutation nous découvrirons ces enjeux, à l’origine de la création de l’écoquartier de l’Union. En s’appuyant sur les traces du passé, l’Union est ainsi devenu un véritable morceau de ville qui impulse un renouveau économique et social à toute une région. Cette escale permettra de nourrir la réflexion sur le recyclage des terrains industriels en Brabant wallon et sur les enjeux d’environnement et d’aménagement du territoire que ces vastes ensembles soulèvent (dépollution des sols, préservation du patrimoine, pluralité et mixité fonctionnelles, mobilité, insertion dans le tissu urbain, etc.). Vous désirez plus de détails sur le contenu de cette visite ? Adressez-nous un mail à m.urbanisme@ccbw.be Vous êtes étudiant en architecture et/ou en urbanisme et un tantinet explorateur ? Rejoignez-nous ! Nous vous avons réservé un nombre limité de places à un tarif préférentiel.

Lieu de départ et d’arrivée : Court-Saint-Étienne, place Baudouin 1er (parking de l’Intermarché) Départ à 8h30 en car et retour prévu vers 18h30 Participation : 20 euros (visite, repas de midi et trajet aller-retour) Tarif préférentiel pour les étudiants en architecture et /ou en urbanisme (15 euros). Inscription obligatoire par mail ou par téléphone avant le 14 septembre 2019

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010 62 10 53 – m.urbanisme@ccbw.be espace-vie juillet 2010 n° 203 l

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Agréation P102024–Exp.–édit. resp. : CCBW 3, rue Belotte 1490 Court-Saint-étienne – Bureau de dépôt : Bruxelles

visite guidée à Roubaix


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