Démocratisation de la Question Environnementale en faveur de la Qualité Architecturale

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NADINE TARANGER

Archi Saint Germain Janvier-Juillet 2018 Alain Saragoussi

Démocratisation de la Question Environnementale en faveur de la Qualité Architecturale

ENSA - Paris Belleville HMNOP 2017-2018 Marie Ange Jambu

Remerciements

Merci à Marie Ange Jambu de son aide précieuse et accompagnement, à Alain Saragoussi pour sa patience et gentillesse qui m’ont appris que notre métier est avant tout un service pour les autres. Finalement je remercie Emilie Bartolo de la DpA pour les échanges et l’envie que je partage de vouloir faire évoluer notre métier.

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Sommaire

PRÉAMBULE 5

VALEURS ET PRINCIPES 5 LA HMONP 6 MISE EN SITUATION PROFESSIONELLE 8

INTRODUCTION 9

I. Les démarches environnementales, un point de départ 11

1. LE COÛT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL DU SECTEUR DU BÂTIMENT 12 2. CHANTIER ZÉRO CARBONE 14 3. S’ENGAGER POUR LA QUALITÉ ARCHITECTURALE 16

II. Métamorphose de la profession et positionnement écologique 19

1. STRATÉGIES À DÉVELOPPER 20 2. ARCHITECTURES JETABLES 24

III. Le futur de nos villes, une responsabilité de tous 27

1. PROCÉDÉS ÉCOLOGIQUES PORTEURS DE BIEN-ÊTRE 28 2. DES EXEMPLES À SUIVRE 32

CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE 46 CV 49 ___ 3
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« Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout »

Jean Jacques Rousseau, Du contrat social

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Valeurs et Principes

Je suis née et j’ai grandi dans une des villes les plus grandes et les plus chaotiques au monde, Mexico. À partir de certains questionnements sur nos modes de vie et d’une sensibilité pour l’agencement des espaces, j’ai décidé de réaliser des études supérieures en Architecture. Ayant suivi toute ma scolarité dans le système français, il m'était naturel de poursuivre ces études en France. Pendant ces années d’étude à Paris, j’ai changé ma façon de vivre et de penser. J’ai commencé à me poser certaines questions : Où est-ce que notre société va ? Jusqu’où nos villes vont grandir ? Comment mieux répondre aux multiples crises actuelles ? Et en prévenir des futures ?

Au sein de mon PFE (Projet de Fin d’Études), j‘ai cherché à développer des solutions viables et concrètes pour démontrer qu’une autre façon d’analyser et de faire la ville était possible. En effet, l’arrivée de l’hypermobilité dans nos modes de vie depuis les années 1960 a changé le façonnement de nos villes. Je me suis ainsi intéressée à la ville de Besançon où le campus universitaire de la Bouloie représente un exemple d’urbanisme distendu où les différents programmes sont éparpillés. Le manque de densité entraîne une certaine mise à distance dans les rapports que le site établit avec ses usagers. On se sent dépassé par l’échelle.

Les humains de par leur nature ont besoin de se rassembler. On aime être « là où les autres sont ».

La densité urbaine est favorable à ce type de besoin. La mixité des édifices crée une dynamique de ville propice à la génération d’une multiplicité d’actions différentes les unes des autres. La ville de demain ne se fait pas que par des grandes opérations mais par petites touches citoyennes.

Le PFE Bâtir Ici et Maintenant encadré par Emilien Robin, Yvan Okotnikoff et David Albrecht m’a permis de développer ces questionnements et d’y trouver une approche alternative.

J’ai découvert que la ville s’analyse par tâtonnements, à l’échelle 1/1 et collectivement afin de mettre en avant les qualités «cachées» que le territoire suburbain peut révéler de manière générale. Il était question ici d’acupuncture urbaine. La finalité de cette étude était de développer un manuel pratique et concret pour la re-dynamisation positive de nombreuses villes et paysages suburbains qui présentent ce type de pathologie. Cette étude s’inscrit aussi aujourd’hui dans une démarche environnementale afin de retrouver la compacité à travers des interventions concrètes, ponctuelles et diffuses.

Aujourd’hui dans mon quotidien et à travers mes actions je m’efforce de transmettre à autrui cette envie de garder un esprit positif et surtout proactif. Nous sommes tous acteurs et responsables du changement. L’étude que j’ai réalisé au sein de mon PFE traite justement de cette résilience dont chaque individu peut et doit faire preuve.

Cette étude est restée théorique, ce qui aujourd’hui me motive à passer à l’action. Je crois fermement que le temps d’agir est arrivé. Il doit prendre de plus en plus de place dans nos vies et dans notre métier. Cette action doit être doublement stimulé d’un coté par la crise environnementale, et d’un autre par les récentes attaques réalisés contre notre profession par le projet de la loi Elan. La lutte des architectes doit devenir presque un réflexe de nos jours. Notre profession ne doit pas disparaitre ou être dévalorisée mais elle doit organiser les changements nécessaires pour mieux s’adapter aux besoins sociaux réels et actuels. Le pouvoir de la faire évoluer à sa juste valeur, en allant dans un sens écologiquement positif et au service de l’intérêt general est entre nos mains d’architectes, de maitrise d’oeuvre, de maitrise d’ouvrage et d’entrepreneurs. De nombreuses réussites sociales et urbaines en font preuve.

Préambule
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L’Habilitation à la Maitrise d’Oeuvre en son Nom Propre est pour moi une transition pour passer à l’action et continuer mon projet personnel qui a pour but une réelle amélioration de la qualité de vie pour nous tous. J’ai décidé depuis des années de réaliser mes études en France. Aujourd’hui je sais que je me vois continuer d’habiter ce territoire tout en restant fortement liée au Mexique.

J’apprends de mes deux cultures. Je fais de l’import-export de ce que chacune d’elles apportent de mieux à la société mondiale en termes de : savoir faire, savoir vivre, de cohésion sociale, d’organisation urbaine et politique, de formes d’agir. Selon moi, chaque culture devrait apporter ce quelle a de mieux et nourrir ainsi à son tour une autre culture. Je pense notamment aux compétences astucieuses et à la bonne disposition pour l’expérimentation. « L’innovation, c’est une désobéissance qui a réussi » Jean-François Caron.

Je pense fermement que la France est un pays exemplaire en ce qui concerne les législations, à priori respectées et établies en faveur de la société. De par son passé historique, la France représente un symbole le liberté, de lutte, d’opportunités, d’égalité et de justice. La République est le miroir des démarches sociales. La culture de s’organiser et d’agir ensemble à travers différents moyens sont un exemple pour de nombreuses Nations. L’organisation, la gestion du territoire et la représentation de son peuple son dignes d’être exemplaires pour beaucoup d’autres pays. Ce contexte permet l’implantation de nouvelles démarches d’innovations pour le bien être social. Les différentes réglementations et législations urbaines et territoriales permettent de garder un contrôle et une cohérence dans les espaces urbanisés. Ce qui est, par exemple peu souvent le cas dans les pays en voie de développement Dans les pays occidentaux ou développés la place de la corruption est minime ce qui permet de démocratiser une justice sociale favorable à la majorité de la société civile.

Souvent, on voit émerger les mêmes problèmes dans les pays en voie de développement. Les dysfonctionnements courants dans ces pays sont souvent liés à des problèmes de corruption.

Le Mexique, est malheureusement un pays représentatif de ces dysfonctionnements, ce qui laisse peu de place aux innovations sociales et urbaines

Les fonds économiques dédiés à l’amélioration de la ville sont souvent détournés et peu reste fait à ce sujet. Les législations et les aménagements laissent beaucoup à désirer. De ce fait, nombreux architectes et urbanistes sont frustrés de ne pas pouvoir mettre leurs connaissances au service de l’intérêt general. La Secretaria de Desarrollo Urbano y Vivienda (SEDUVI : Secrétariat de développement Urbain et du Logement) est chargé de piloter les projets de renouveau social et urbain et se voit souvent limité par manque d’intérêt et de financements de la part de l’État. La plupart du temps c’est le manque de fonds économiques ou plutôt le détournement de cet argent (corruption) qui fait barrage. Ainsi, les architectes au Mexique (et souvent dans d’autres pays en voie de développement) se retrouvent à travailler pour le secteur privé majoritairement.

Ce qui est, intéressant d’un coté au Mexique c’est la forte demande qu’il y a d’architectes. Cette dernière permet d’avoir un bon rapport au métier. La vision sociale et courante de l’architecte au Mexique a gardé une place privilégiée lorsque ce dernier sait bien communiquer, fait preuve de talent entrepreneurial et de relations sociales.

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D’un autre coté ce qui m’interpelle c’est la grande différence que l’on a en France par rapport au Mexique en termes d’habilitation à la maitrise d’oeuvre. Au Mexique, les architectes diplômés ne sont pas habilités à signer des plans, pour cela il faut être certifié en DRO : Directores Responsables de Obra y Corresponsables (Directeurs Responsables de l’Ouvrage).

Profession libre de l’administration publique qui veille à ce que les normes techniques lors de la construction de l’ouvrage soient respectés et habilite la livraison du permis de construire. Pour cette certification il n’y a pas de formation à suivre, il suffit de répondre à certaines exigences : de formation (être architecte ou ingénieur) et avoir travaillé au moins cinq ans sur des “grandes” opérations. Cette certification donne lieu à de nombreuses transactions frauduleuses et souvent avec des intérêts autres que la qualité architecturale. Il est très facile d’obtenir le certificat de DRO si l’on connait les bonnes personnes.

Il est également intéressant de savoir qu’au Mexique l’architecte peut être à la fois maître d’oeuvre et promoteur. Ainsi, la profession devient d’avantage fructueuse. Conséquemment, peu d’architectes s’intéressent et travaillent dans les opérations de conception et de réalisation de logements sociaux. Et conséquemment, la qualité architecturale ne se développe pas pour les logements des familles à bas revenus. Après la crise financière de 1994, les entreprises chargées de réaliser des logements sociaux font faillite laissant le monopole aux groupes casas GEO et casas ARA.

Dans une logique de continuer à faire l’import-export de ce que chacune de mes deux cultures peut apporter ce quelle a de mieux à une autre, je réalise mon HMONP dans le souhait de créer une activité en France et partager tous les acquis positifs avec mes amis et collègues architectes au Mexique dans le but de créer de la qualité de manière globale.

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Casas GEO, Logements sociaux suburbains à Mexico

Mise en Situation Professionelle

Alain Saragoussi Architecte DPLG est une une SARL fondée en 1983 par Alain Saragoussi, architecte diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette en 1978 . La société compte deux salariés : - Martinho De Oliveira, Informaticien et dessinateur-projeteur salarié depuis 10 ans - Nadine Taranger, Architecte Diplômée de l’Etat salarié depuis janvier 2018

Notre structure de travail est souvent complété par l’expertise d’architecture d’intérieur Archi Saint Germain dirigé par Brigitte Elbaze. Pascal Lottier est un architecte d’intérieur salarié depuis plusieurs années. Il travaille dans nos locaux et continue de tracer tous ces plans à la main. Nous travaillons souvent ensembles notamment sur une réhabilitation d’une résidence étudiante du CROUS à Bures-sur-Yvette. Ce projet en contrat conception-réalisation permettra de rénover intégralement trois bâtiments différents (halls d’entrée ainsi que les studios).

Pendant les années 1980 les premières commandes pour Alain Saragoussi on été des agencements de style “boutique” (pharmacie, salon de coiffure). Au milieu des années 1990 afin d’élargir et diversifier son activité il dirige son activité vers la réhabilitation et la construction de logements collectifs en IDF et à Nantes. Plus tard, l’activité de l’agence s’oriente vers des missions plus grosses et rentables, le logement social. L’agence se spécialise dans la réhabilitation de logements privés (20%), collectifs (80%) et des équipements (écoles ou crèches privées). Les missions de réhabilitation de logements sociaux représentent l’activité principale de l’agence. Son chiffre d’affaire varie suivant les années entre 300 000 et 600 000 euros. L’agence obtient régulièrement des contrats de maîtrise d’oeuvre en mission complète (50%), ainsi que des missions de faisabilité (40%) et de diagnostic (10%).

Les principaux clients sont des bailleurs sociaux comme LogiRep. La moyenne des montants de travaux sur ces marchés publics varie de 50 000 à 18 000 000 euros.

La stabilité recherchée par l’agence fonctionne grâce aux commandes régulières de rénovation, d’entretien et de maintenance où les montants des travaux varient de 500 000 à 1 000 000 euros.

L’agence n’a jamais eu recours à une expertise d’étude entrepreneuriale et connais pourtant une forte croissance depuis plusieurs années. L’accès à la commande n’as jamais été une contrainte. Le temps de son travail se répartit de la manière suivante. Le suivi de projet, de la conception jusqu’au suivi de chantier, représente 50% de son temps. La partie administrative occupe 30%, ses déplacements 10% et la partie créative 10%.

On pourrait penser que de sa petite taille, l’agence aurait peu de projets, mais c’est le cas contraire. En ce moment nous gérons six chantiers différents en IDF, ainsi que deux rénovations d’appartements privés dans Paris. Actuellement je suis chargée de suivre principalement cinq de ses six chantiers, d’organiser des réunions avec les différents corps de métier et de tenir les comptes rendus des réunions de chantier à jour. Par ailleurs je travaille en binôme avec Pascal Lottier pour des réaménagements d’intérieur et avec Martinho De Oliveira le projet de rénovation de la résidence du CROUS

Ce qui ressort de son activité est d’abord sa stabilité financière qui ne cesse de s’améliorer. Cette stabilité permet d’apporter aux salariés une régularité à la fois dans les types de missions mais aussi dans l’organisation : peu de charrettes et un emploi du temps régulier. Cependant, cette régularité dans l’activité implique une certaine monotonie : pas de temps pour les concours, pas de prise de risque, une trop forte spécialisation contre sa volonté. Ainsi l’agence repose sur un marché clos, une manne financière importante mais avec peu de diversification.

J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour Alain Saragoussi qui exerce son métier avec passion, discipline, précision, professionnalisme, bienveillance et honnêteté. Travailler à ses côtés m’a permis d’apprendre ses astuces entrepreneuriales et architecturales.

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Aujourd’hui, en France, nous traversons une période où notre métier semble être dévalorisé et stagner. “[…] du moins tel qu’on le conçoit aujourd’hui, le métier de l’architecte est en voie d’extinction. Il ne suffit plus de mettre à jour le catalogue des moyens d’expression et de renouveler les codes stylistiques : c’est l’architecte lui-même qui doit être repensé” Renzo Piano, La Désobéissance de l’Architecte. D’un autre côté, nous avons beaucoup à redire sur la qualité architecturale produite, sur les matériaux et techniques de construction de basse qualité. Le besoin d’améliorer nos villes, d’innovation des techniques de construction et d’ouverture aux solutions soutenables pour l’environnement, est à l’ordre du jour. La loi de 1977 sur l’Architecture spécifie bien que le devoir premier de l’architecte doit répondre aux besoins de l’interêt général. L’architecture reflète à travers notre travail ce que nous avons de mieux en nous, ce que l’on peut apporter de mieux à la société. “La croyance en l’importance de l’architecture est fondée sur l’idée que nous sommes, pour le meilleur et pour le pire, des personnes différentes dans des lieux différents et sur la conviction que c’est la tâche de l’architecture de rendre plus clair à nos yeux ce que nous pourrions être idéalement”. Alain De Botton, L’architecture du bonheur Afin de continuer à réaliser un travail de qualité, il est nécessaire aujourd’hui de se ré-approprier notre métier. Nous devons mieux le définir par rapport aux enjeux socio-économiques actuels. Il faut retrouver notre utilité, renforcer notre identité et s’émanciper pour défendre nos valeurs contre ceux qui menacent notre profession (le projet de la Loi Elan).

Notre qualité est celle de pouvoir jongler entre la création d’espaces qui parlent -en nous émouvant par l’expression d’un idéal de beauté- et qui présentent un intérêt technique, une faible empreinte écologique et une insertion cohérente dans son contexte urbain. L’architecte est a la fois une âme sensible, un intellectuel, un émotionnel du subjectif, un artiste, un penseur, un philosophe, un militant, un être engagé et curieux, un anthropologue du quotidien, quelqu’un de méticuleux, un être d’empathie, amant des paysages.

Le rôle de l’architecte ne se limite pas à projeter des espaces ; la particularité et la beauté de notre métier est celle d’être un chef d’orchestre, réalisateur de qualité spatiale, un médiateur qui mène harmonieusement la relation entre l’entreprise, le bureau d’études et la maitrise d’ouvrage pour en citer que quelques uns.

Actuellement, on s’intéresse plus que jamais au faible impact que nos édifices doivent avoir, d’autant plus que l’on sait que la construction classique représente dans les pays développés environ 40% d’émissions de CO2, 37% de consommation de l’énergie. Le secteur du bâtiment représente 40% des déchets rejetés dans la planète. L’architecte, être engagé, se doit d’être également un acteur de ce changement, pour une transition de modes de vie plus écologiquement viables. Il doit mettre ces ressources intellectuelles et créatives au service de la question environnementale, l’aspect technique, et bien sur l’esthétique.

Comme le dit Renzo Piano, “l’architecte en tant que metteur en forme d’un projet est aujourd’hui un personnage pathétique: un personnage d’une autre époque. […] L’architecte doit expérimenter […] Tu es bien obligé de changer, d’inventer. Ce sont les multiples raisons pour lesquelles, comme nous le disions, il faut redéfinir notre métier.”. Par quelles stratégies la maîtrise d’oeuvre est capable d’exercer une influence en faveur de l’écosystème et de la qualité architecturale? Pour répondre à cette question il s’agira de traiter dans une première partie, les différentes démarches réalisées en architecture par rapport à question environnementale et ses limites. Puis dans un second temps, de s’emparer de la question de la qualité architecturale permettant d'avoir un réel impact sur l’écosystème. Enfin la troisième partie questionne la responsabilité de la société civile et l’engage à devenir acteur du changement.

Introduction ___ 9
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I. Les démarches environnementales un point de départ

« En 2025, pas moins des deux tiers de la population mondiale vivront dans des conditions de stress hydrique. Les pénuries d’eau et la pollution engendrent des problèmes de santé publique à grande échelle, freinent le développement économique et agricole, et nuisent à une grande variété d’écosystèmes. Elles pourraient menacer la sécurité alimentaire mondiale et conduire à une stagnation économique dans de nombreuses régions du monde »

UN Comprehensive Assessment of the Freshwater ressources of the World, 1997

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1.

Le coût environnemental et social du secteur du bâtiment

« De conférences internationales en colloques, d’ouvrages en déclarations, au rythme des annonces du changement climatique et de l’urgence environnementale, les réflexions et propositions sont nombreuses : il est devenu évident que la ville, cadre de vie de la moitié des humains sur terre, doit prendre en compte l’eau, l’énergie, les déchets, la biodiversité, les déplacements et les hommes. » Raphaële Heliot Construire, une responsabilité. Le coût du secteur de la construction est aussi un enjeux de santé publique lié à la faible qualité architecturale crée, notamment par le choix des matériaux de faible qualité.

Tout le monde est exposé aux polluants présents dans l’atmosphère des environnements clos. Les problèmes de santé dus à cette pollution sont multiples. Elles recouvrent des manifestations cliniques très diverses, qui, pour la plupart, ne sont pas spécifiques à des polluants détectés (Annexe 2). Certaines associations entre les expositions à des substances présentes dans l’air intérieur et des effets sur la santé sont désormais bien établies : la fumée de tabac environnementale, l’amiante, le radon, le benzène peuvent provoquer l’apparition de certains cancers. Le monoxyde de carbone est responsable annuellement d’une centaine de décès et d’environ 1 300 épisodes d'intoxication, impliquant environ 4 000 personnes exposées (Verrier et al, 2010). Le nombre annuel de décès par cancer du poumon qui serait attribuable à l’exposition domestique au radon en France métropolitaine varie de 1 200 à 2 900 (Catelinois, 2007) ; cette exposition au radon est en Europe la deuxième cause de mortalité par cancer du poumon.

Selon l’étude européenne Aphekom (2008-2011) pilotée par l’IVS (Institut de Veille Sanitaire), cette pollution a, en effet, un très fort impact sanitaire, en particulier pour les enfants. D’après la même étude, elle est responsable chaque année de plusieurs milliers de morts prématurées en France, la proximité des grands axes de circulation étant un phénomène aggravant. Outre l’aspect sanitaire, cette pollution a un coût considérable pour la société, estimé à plus de 30 milliards d’euros pour l’ensemble des pays de l’Union européenne.

Le coût du secteur de la construction ne se résume pas à la façon dans laquelle nous consommons les terres agricoles à des fins d’urbanisation, ni à la manière dans laquelle nous puisons de la nature, les matières premières à des fins de construction, ni à la façon irresponsable dans laquelle nous rejetons ces dernières après les avoir utilisées. (Annexe 4)

Le coût des effets d’une mauvaise qualité de l’air intérieur en France, sont aujourd’hui estimés entre 12,8 et 38,4 milliards d'euros par an (Jantunen et al, 2011). Ces impacts se combinent à ceux mis en évidence pour la pollution de l’air extérieur (Annexe 3)

Le bâtiment est le plus grand consommateur d’énergie au monde. Chaque année, sont consommées plus de 68 millions de tonnes d’équivalent pétrole. En France, ce secteur consomme et transforme une quantité considérable de matière primaire. Il puise 16% des ressources d’eau, et consomme 43% d’énergie et 50% des ressources naturelles ! Les rejets dues à cette activité dans les pays développés représentent 40% des émissions de CO2, et 37% de la consommation d’énergie, 90% des déchets dû a cette activé proviennent des chantiers. En matières brutes, sont utilisés en France 440 000 m3 de pierres, 8 millions de tonnes de plâtre et 21 millions de m3 de bois. En ce qui concerne les matières transformées sont utilisés, 14 millions de tonnes de ciment, 900 milles tonnes de matières plastiques, 80 millions de m2 d’enduits, 5 millions de tonnes d’acier, 18 millions de tonnes d’isolants. Le béton prêt à l’emploi représente 30 millions de m3 (le sable étant la 2e matière minérale extraite dans le monde). Ainsi, il me semble peu viable de continuer à construire en béton (ou en autres matériaux) lorsqu'on sait que les ressources sont limités.

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“L’habitat pavillonnaire règne dans une majorité de communes françaises. Pourtant ce modèle de développement rencontre aujourd’hui ses limites. L’étalement urbain généré (la population a augmenté de 25% alors que les espaces urbanisés ont augmenté de 75% en 25 ans) est un processus qui pèse lourd :

• en termes environnementaux (imperméabilisation accrue des sols, émission de CO²…) ;

• en termes d’espaces (consommation des espaces agricoles, naturels), en termes sociaux (perte du lien social, cités dortoirs, naissance de lotissements privatifs et gentrifiés) ;

• en termes économiques pour les collectivités territoriales (plus la densité est faible plus le coût d’investissement et d’exploitation des réseaux est élevé) et pour les ménages (avec l’augmentation du prix des énergies, comment vont faire les ménages qui vivent à 40 km de leur lieu d’activité dans un pavillon individuel en zone dortoir pour se chauffer, aller travailler, aller faire leur courses ? Quel lien social entretiendront-ils pour eux, leurs enfants ?).” Raphaële Heliot, Ville Durable et Eco-quartiers. Comprendre la démarche pour agir aujourd’hui dans sa collectivité et sur son territoire

Le secteur du bâtiment garantit un certain équilibre dans la croissance (Annexe 13) Il semblerait donc que les enjeux économiques soient contradictoires avec les enjeux environnementaux. Cependant, comme cela a été explicité précédemment, si elle génère des richesses et de l’emploi, la construction telle qu’elle est appliquée aujourd’hui a un coût environnemental et sanitaire considérable, qui est au bout du compte payé en monnaie par le contribuable !

Comme dit Raphaële Heliot, “il faut bien faire tourner la machine économique, et puisque « quand le bâtiment va, tout va », démolir et construire est juste dans l’ordre des choses !”. Il est ainsi important de veiller à ce que les constructions soient pensées en termes de qualité et de pérennisation. Il faut revoir la manière dans laquelle le secteur du bâtiment doit muter et faire des compromis entre les ressources de plus en plus limitées et la demande exponentielle du secteur du bâtiment.

Le secteur du bâtiment a une forte incidence sur l’économie vu qu’il représente 10% du PIB français et génère près de 100 millions d’emplois à l’échelle mondiale. En France il représente plus de 300 000 entreprises (Grandes entreprises, PME, TPE, Artisans) dont 92% ont moins de 20 salariés. Ce qui correspond à environ 1,2 million d’actifs dont plus de 900 000 salariés et près de 290 000 artisans (SESSI, 2007 ; Action BTP, 2011). Nous pouvons ainsi en déduire les enjeux économiques que le secteur du bâtiment représente.

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2. Chantier zéro carbone

Le chantier qui m’a le plus interpellé au sein de mon agence était bien évidement celui qu’on a appelé le “zéro carbone”. Cette opération a démarré en juillet 2017. Elle concerne l’isolation thermique par l’extérieur de trois grands ensembles de logements sociaux, soit 121 logements à Rosny-Sous-Bois pour le bailleur social LogiRep. Les travaux concernent principalement le désamiantage et le ravalement des façades.

L’objectif est d’avoir un engagement écologique en se différenciant d’autres chantiers (Annexe 5) et de réduire fortement les émissions de carbone produites par le chantier afin d’atteindre l’empreinte la plus basse possible. Pour équilibrer la partie in-compensable d’émissions de gaz à effet de serre sur le chantier, les parties prenantes de ce projet s’engagent à financer une opération de reboisement à Madagascar pour un équilibrage à 100% de l’impact carbone du chantier. La quantité de carbone émise sera transformée en équivalent euros sur la base de 1 euro est égal à un arbre planté.

L’association RQE (Recherche Qualité Environnementale) regroupe plus de 35 entités et plus de 20 métiers, représentant tous les intervenants de l’acte de construire, pour un CA cumulé d’environ 140 millions d’euros. Elle porte le label RQE, qui depuis 2007 facilite le développement durable au cœur des entreprises du bâtiment autour de la charte R.Q.E. Aujourd’hui cette filière s’engage pour réaliser des chantiers neutres en carbone, dans une démarche intégrée et innovante. La formalisation de cet engagement, unique en France, prend forme, chantier par chantier, par la labellisation « Chantier Zéro Carbone », lancée le 21 Septembre 2015 sur les lieux de la COP 21.

Afin d’obtenir le label “Chantier Zér0 Carbone” livré par l’association RQE, le chantier doit respecter une charte précise :

• Calculer les émissions du CO2 du chantier grâce à l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) et CARBONE 4, deux associations qui se chargent de veiller à ce que les démarches environnementales soient respectés

• Affiner la valorisation qui permet de connaître précisément l’équivalent des émissions en tonne carbone par type de chantier

• Mettre en place des mesures spécifiques par chantier pour une forte réduction des émissions de GES (Gas à Effet de Serre)

• Financer une action d’équilibrage carbone volontaire, en vue de s’assurer que l’empreinte carbone du chantier sera nulle

Un chantier à basse empreinte carbone se réalise par le choix des fournisseurs, de leurs modes de productions, de leur lieu de production et leur implication dans le management environnemental et logistique. Ainsi, lors de ma Mise en Situation Professionnelle (MSP) nous avons collaboré avec la société du bâtiment JCP ENTREPRISE. Les produits de ravalements choisis, par ce dernier, sont fabriqués en France et distribués par la société CEDAP/JEFCO. L’ensemble de leurs produits fait l’objet de nombreux contrôles, de la réception des matières premières à l’élaboration du produit fini. Leurs unités de fabrication sont certifiées ISO 14001 et ISO 9001. (Annexe 6)

L’installation de cantonnements de chantier est gérée par VAC LOCATION, de très bonnes conditions d’accueil sont proposés aux ouvriers (frigo, douche, micro-ondes…). Ces éléments sont alimentés de façon entièrement autonome par bouteilles de gaz et panneaux solaires. De plus, des lampes basse consommation et des minuteries équipent les modules (Annexe 7).

La société KNAUF fabriquant du polystyrène, a signé une charte les engageant à recycler le polystyrène non utilisé. Les chutes du chantier sont récupérés et renvoyés au sein de leur processus de fabrication : grâce au broyage, le polystyrène peut être facilement re-transformé soit en pièce de polystyrène soit en granulés de polystyrène.

Le nettoyage écologique des rouleaux de peinture est assuré par l’entreprise ENVIRO PLUS. Une station (Annexe 8) qui permet de nettoyer à la fois plus vite et à la fois plusieurs rouleaux de peinture au même temps: nettoyage de 100 rouleaux à la suite en passant moins de temps (1 minute par outil au lieu de 5 ou 10 minutes) ce qui permet de faire des économies d’eau (15 litres au lieu de 15000). Ce qui est le plus important c’est qu’il n’y a pas de rejet d’eaux utilisés dans les égouts. C’est d’autant plus intéressant car l’eau du nettoyage est réutilisé en circuit fermé.

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PAPREC est responsable de la gestion de tous les déchets du chantier qui sont triés sur place, puis recyclés par la société RECYDIS. Une zone de stockage provisoire pour les déchets a été mise en place afin de diviser par trois les rotations de camions (Annexe 9).

L’entreprise BR CONSULT se charge de la prévention, de l’hygiène et de la sécurité dans le chantier. Des campagnes de sensibilisation à la sécurité et à l’environnement sont régulièrement organisées sur site. En ce qui concerne la sécurité, sont revues des consignes sur les produits chimiques, l’utilisation des échafaudages, de l’outillage, le balisage et l’accès au chantier, ainsi que des règles à suivre lors d’une urgence

Des consignes par rapport au chantier zéro carbone, aux déchets à trier sur le chantier (recyclage du polystyrène), à la réduction des consommations, aux pollutions atmosphériques, aux produits chimiques et aux pollutions des nappes phréatiques sont passés en revue. Les fiches FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) donnent la composition des matériaux et des produits (Annexe 10). Elles doivent être fournies par le fabricant afin de situer ces produits et ces matériaux par rapport aux cibles HQE. Ces fiches FDES, on été simplifiés par l’entreprise afin quelles puissent être plus facilement consultés.

En outre, un engin de chantier électrique 5055e à été mis à disposition par l’entreprise JCP. Ce dernier réduit sensiblement l’empreinte carbone par l’usage de l’électricité au lieu de diesel, il est propulsé par deux moteurs électriques autonomes. La motorisation et la puissance de la 5055e sont sollicitées en fonction du type d’application, ce qui permet de réduire la consommation d’énergie. Elle permet d’améliorer la qualité de l'air sur un chantier, génère moins de nuisances sonores et garantit de meilleures conditions de travail (faibles émissions sonores pour l’opérateur et les riverains). Grâce à une charge utile de 1750 kg, il est possible de transporter des palettes chargées de briques avec une chargeuse sur pneus électrique. Avant cela, il était nécessaire de diviser la charge des palettes pour pouvoir les transporter (ce qui permet d’avoir un gain de temps et d’énergie).

Ce qui est important de retenir sur ce chantier carbone zéro c’est la démarche environnementale dont ils font preuve. Il est vrai que le chantier organisé de cette manière aurait moins d’émissions de GES. Ceci est une réussite sans contestation. Il est intéressant de savoir que le coût de ce chantier à basse émission de GES revient à 2 millions d’euros, soit un investissement proche d’un chantier classique. D’autant plus, une étude montre que la non-organisation d’un chantier lui couterait 10% de son chiffre d’affaire. Justement dans ce cas, les efforts en termes d’organisation réalisés par l’entreprise JCP afin d’obtenir le label “Chantier Zér0 Carbone” lui ont permis d’économiser ce montant. L’entreprise aurait gagné en acquisition d’un nouveau savoir faire qu’ils appliqueront par la suite systématique même s’il n’y a pas un but de labelisation. Toutefois, l’impact pour réduire les GES pourrait avoir une plus grande incidence. Il me semble que cette labelisation est un point de départ dans la démarche d’engagement architecturale et environnementale mais ne devrait pas être vu comme une finalité en soi. Mème s’il y a une démarche pour recycler le polystyrène non utilisé il faut savoir que ce dernier est un des matériaux les plus polluants. Une vraie démarche environnementale aurait interdit l’usage de ce matériaux par exemple.

En ayant étudié plus en profondeur ce qui produit un vrai impact environnemental positif je peux par conséquence constater que la démarche de “chantier zéro carbone” est une labelisation à but de marketing écologique et de création de bonne conscience. Ainsi les promoteurs, dans le cas de LogiRep et ces partenaires se créent une image d’acteurs engagés pour la planète et se félicitent d’être le premier bailleur social a entreprendre un chantier zéro carbone en France. Si cette démarche est un premier pas important, il en reste de nombreux à faire pour devenir un vrai acteur écologiquement engagé.

Qu’est ce que l’on entend par ce type d’engagement ?

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Au cours des années 1950, on estime à 15 millions le nombre de logements nécessaires pour répondre à la crise du logement que connait la France. L’État développe alors de fortes politiques de construction et apporte d’importantes aides financières. Ainsi “les grands ensembles” voient le jour répondant au mieux aux exigences économiques, techniques et de confort. Cette période marque un tournant pour l'architecture concernant les découvertes techniques, les expérimentations architecturales et les innovations en procédés de construction. Par la suite, le secteur de la construction pour l’habitat se développe et de nombreuses opérations de ce type voient le jour.

Actuellement les “grands ensembles” sont critiqués par leur échelle disproportionné et manque d’interaction avec son contexte urbain, ce qui serait porteur de ségrégation sociale. Il est vrai que ces ensembles ne sont plus en phase avec les besoins d’aujourd’hui et mettent à jour des problèmes sociétaux. Cependant, il me semble que l’opposition systématique par la génération actuelle des réalisations des précédentes n’est pas productive. En effet, les penseurs-constructeurs d’alors ont apporté la solution qui leur semblait la plus judicieuse avec les enjeux de l’époque, qui nous sont étrangers aujourd’hui. Lorsqu’il est constaté une défaillance, il appartient aux architectes contemporains d’apporter une réponse pour améliorer -sans détruire, dans la mesure du possible- ce qui a été réalisé. Voilà pour moi un signe d’évolution et de progrès. “Chaque génération d’acteurs prend ses décisions en s’opposant aux erreurs supposées de la phase antérieure”Annie Fourcaut Les grands ensembles ont-ils été conçus comme des villes nouvelles ?

La construction du grand ensemble qui aujourd’hui fait objet de chantier zéro carbone à Rosny-Sous-Bois date de 1968. Afin de diminuer le malaise vécu par rapport à la difficulté d’insertion dans le paysage, (la taille est disproportionné par rapport aux pavillons environnants) une première intervention pendant les années 1990 a changé l’aspect extérieur de l’immeuble. Le choix de l’architecte à l’époque était de symboliser dans les façades des petits pavillons afin de mieux “s’intégrer” dans le contexte urbain. (Annexe 11). Cette stratégie illustratrice, certes anecdotique sur la façade, essayait d’améliorer l’insertion du “grand ensemble” dans le paysage. Les tuiles ayant servi à cet effet ont été posés avec de l’amiante. Aujourd’hui notre agence vient améliorer une seconde fois la "vie” de cet immeuble, aujourd’hui il s’agit de désamianter. Au cours du temps lorsque les architectures vieillissent, les mentalités, les technologiques et les mesures sanitaires évoluent et permettent d’apporter une nouvelle vision des choses, ce qui engendre un perfectionnement de la réponse architecturale. Le renouvellement et la réhabilitation sont destinés à toujours exister.

De nos jours, notre positionnement et notre état d’esprit par rapport aux grands ensembles est tout autre. Nous assumons aujourd’hui l’échelle disproportionné des grands ensembles. C’est dans cet état d’esprit que notre agence cherche à sublimer la monumentalité de cette construction. Elle s’est chargé de retranscrire l’insertion de ces trois grandes corps d’immeubles dans le site. L’intervention s’est fait subtilement à travers les nuances choisies pour les façades, similaires aux couleurs des façades du voisinage.

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3. S’engager pour la qualité architecturale et la démarche environnementale

De manière consciente nous ne concevrions pas des logements de la même manière que dans les années 1970. Alors pourquoi continuons-nous d’utiliser les mêmes matériaux polluants, de mauvaise qualité et écologiquement non-viables ?

En 1973, le ministre de l'équipement et du logement, Olivier Guichard signe une circulaire, qui impose un coup d’arrêt à la construction des grands ensembles des années 1960, porteurs selon lui de "ségrégation sociale”. Guichard a auparavant fait un discours de politique urbaine où il expliquait pourquoi il fallait arrêter de construire des grands ensembles. La circulaire Guichard arrête huit opérations gigantesques - dont une justement à Rosny-SousBois - qui étaient en train d'être construites. Il interdit par la suite de construire des grands ensembles trop importants, disproportionnés par rapport à la population de la ville dans laquelle ils allaient être construits. Convaincu que la politique urbaine doit s'adapter en construisant des ensembles plus petits et surtout en variant le type d'habitat. Il introduit ainsi la notion de qualité architecturale.

Si Guichard en 1973 pointa le désavantage de construire des grands ensembles, et instaure une politique urbaine interdisant ce types de constructions, que faut il faire pour se faire entendre aujourd’hui par rapport à la qualité architecturale et environnementale produite.

“Après les efforts considérables accomplis pour augmenter la production massive de logements neufs, il est aujourd’hui indispensable de répondre plus efficacement aux aspirations à une meilleure qualité de l’habitat et de l’urbanisme, et de lutter contre le développement de la ségrégation sociale par l’habitat. […]Le renouvellement et la diversité de l’architecture doivent être assurés, spécialement dans les constructions aidées. Vous encouragez les maîtres d’ouvrage à faire appel aux techniques et aux concepts qui permettent de rompre avec l’uniformité et la monotonie, et les maitres d’oeuvre à exprimer leur imagination et leur talent.” Olivier Guichard Circulaire du 21 mars 1973 relative aux formes d’urbanisation dites “grands ensembles” et à la lutte contre la ségrégation sociale par l’habitat.

Ce constat étant fait par rapport à la qualité architecturale, la question est de savoir ce qui fait cette qualité en 2018. Est-ce le temps consacré à la réflexion du projet ? C’est-à-dire un temps qui développe un concept et une pertinence urbaine et sociale ? Est-ce par l’usage de matériaux bio-sourcés et réutilisables ?

« En grandissant, tu apprends assez vite que les mots “modernité et “progrès sont deux pièges infernaux, et qu’on continue à te tromper dans leur nom. On continue aussi à te tromper avec un autre mot, […] “croissance”. »

Renzo Piano, La désobéissance de l’Architecte

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II. Métamorphose de la profession et Positionnement écologique

« Il faut faire appel à l’intelligence, qui doit être légère, perméable, patiente tant quelle n’a pas trouvé la bonne solution. L’architecte doit savoir attendre, c’est le seul moyen d’être créatif. Ce métier est un mélange de technique et de spiritualité, de créativité aussi. »

Renzo Piano, La désobéissance de l’Architecte

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1.Stratégies à développer

«La question n’est plus de résoudre des problèmes de construction de manière artistique, mais plutôt d’élaborer de manière artistique des nouveaux problèmes de construction. »

Andrea Branzi, Nouvelles de la métropole froide

Le futur et la survie de notre métier se trouve dans le conseil et la sensibilisation aux responsabilités écologiques. On peut parler ainsi d’écoconseil architectural et de conceptions-constructions écologiquement responsables. Lors qu’on donne à la collectivité ce pouvoir et droit de participation à la conception de la ville, automatiquement cette dernière est responsabilisé (notion d’empowerment en anglais).

Du fait d’y avoir participé, créer et produit, un sentiment de propriété de “création” s’installe, et de ce fait on se sent engagés, et l’on tient à coeur à ce que l’on produit car cela nous appartient. Plus la collectivité participe à la fabrication de la ville, plus elle la respectera et en conséquence protégera. La clé se trouve dans la démocratisation de la responsabilité et création architecturale (dans le passé souvent attribué à la maitrise d’oeuvre). Le futur de notre profession se trouve dans des stratégies de partage, d’organisation de groupes intervenant et dans le conseil.

« Les produits et les systèmes permettant la réduction de la consommation énergétique et l’impact sur l’environnement (GES, CO2,etc.), les modèles d’organisation, les technologies et procédés constructifs, les matériels (notamment dans la visée d’une meilleure intégration projet/chantier/matériaux) et les matériaux aux-mêmes. […] La recherche de performances (notamment en matière énergétique) et le souci de gestion des ressources naturelles renforcent non seulement une politique d’innovation sur les matériaux, les produits et les solutions constructives mais, également, des démarches de conception centrées sur la question du choix des (bons) matériaux, produits et systèmes constructifs.” Pour qu’il y ait un véritable impact environnemental positif certaines mesures peuvent faire l’objet de recherche afin d’étudier leur pertinence » Philippe deshayes, Le secteur du bâtiment face aux enjeux du développement durable: logiques d’innovation et/ou problématiques du changement,

“Les métiers de l’architecture sont très fragilisés. Les différentes difficultés, auxquelles sont confrontées les architectes, sont symptomatiques de l’effacement progressif, dans les politiques publiques, de l’attention aux lieux que nous habitons, qu’il s’agisse d’édifices, d’espaces publics, de quartiers, de villes ou de villages, de paysages, ceci sur tout le territoire français. Il faut insister sur la notion de transversalité : l’architecture est un sujet qui concerne tous les citoyens, tous les territoires, elle est d’intérêt général –comme l’énonce la Loi sur l’Architecture de 1977”- Stratégie nationale pour l’architecture, Ministère de la Culture

“L'architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public.” Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l'Architecture

L’architecture est d’abord un service d’intérêt general et concerne également tous les citoyens. De ce fait il est nécessaire et de notre devoir déontologique de responsabiliser et conscientiser tous nos con-citoyens. La responsabilité de la qualité de nos constructions ne doit plus tenir qu’à la maîtrise d’oeuvre et d’ouvrage. Pour en arriver là il nous faut la participation citoyenne! Il faut dorénavant co-responsabiliser la société civile à la création architecturale de qualité. L’intérêt est de repenser notre métier, vecteur de sensibilisation à l’heure d’une crise environnementale sans lendemain. La conception architecturale positive doit être partagée afin d’avoir un impact plus fort. L’architecte d’aujourd’hui n’a plus cette place royale, mais au contraire, il agit avec un groupement et travaille en equipe. Souvent vu comme un chef d’orchestre il dirige l’equipe de travail pour arriver à des finalités de qualité architecturale au service de la communauté.

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ECO SYSTÈME

ECO LOGIQUE INNOVATION ET CONCURRENCE AYANT POUR FINALITÉ DE RÉALISER LE MOINDRE IMPACT SUR L’ÉCOSYSTÈME

S’INSCRIRE DANS LE CONTEXTE SOCIO ECONOMIQUE LIBÉRAL, CONSOMMANT DURABLEMENT- DE FAÇON PERÈNE ECO NOMIQUE

Il est inadmissible de faire si peu actuellement pour l’écosystème ou de se contenter de faire du greenwashing dans un but commercial. Le non usage de matériaux à faible impact environnemental pour des opérations majeures est un manque terrible. L’utilisation de ces matériaux devrait de nos jours être la règle et non l’exception. Aujourd’hui l’usage de vrais matériaux réutilisables et soutenables pour l’écosystème se résume à une expérimentation presque timide et seulement pour des petites opérations. D’autant plus, les premières inquiétudes environnementales ont été soulevées depuis les années 1970. Nous prenons beaucoup trop de temps à réagir. La passivité et le manque de temps pour s’instruire sur les débouchés écologiques est la pire des erreurs que la maîtrise d’oeuvre peut faire.

Il est impératif que dorénavant architectes et autres corps de métiers soient investis en faveur de la question environnementale afin pouvoir apporter leur capacités intellectuelles au service de l’intérêt général. Ceci est revaloriser l'architecture au service de la communauté.

Le Grenelle1 définit des politiques afin de mieux répondre à la question environnementale. Cette dernière amplifie la mobilisation locale, en direction notamment des éco-quartiers. Les autres principaux enjeux sont: les constructions neuves à très haute performance énergétique, la dynamisation de la filière bois et l’intégration de clauses environnementales dans les marchés publics (par exemple, l’intégration des coûts carbone dans les décisions et projets publics). Ces démarches sont un début de prise de conscience très positif marquant l’importance de la responsabilité écologique, mais ne peuvent garantir le vrai impact conséquent que l’on recherche. Or, très souvent ces démarches ont donné lieu à des situations complexes, politisées et des lobbying. Un véritable impact dans l’écosystème pour la part de la construction ne peut avoir lieu que lorsque qu’il y a une connaissance profonde de ce que sont les enjeux environnementaux et des vrais dispositifs qui nous permettent de mieux répondre à ces derniers. Des stratégies de mise en place efficaces pour permettre aux démarches environnementales seront développés par la suite.

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Assistance Maitrise d’oeuvre (MOE) environnementale pour la Maitrise d’ouvrage (MOA).

Sensibiliser la MOA aux questions environnementales et accompagner les acteurs en amont (MOA: opérateurs immobiliers-investisseurs, promoteurs, bailleurs, constructeurs, ingénieurs, experts, économistes, entreprises artisanales et industrielles). Comme le dit Philippe Deshayes, la MOA est à la fois en aval en tant que consommateur de produits, matériaux et solutions constructives et en amont, en tant que décideur et financeur.

- Développer une influence efficace et tangible par rapport à la démarche environnementale (réduire l’utilisation de matériaux et techniques peu durables) et la qualité architecturale (bien construire, qualité de conception, mise en oeuvre et coût global dans la durée) sur la MOA publique et privé, les collectivités territoriales, le grand public.

- Renforcer le rôle de conseil et d’expertise des architectes afin d’aider les élus et décideurs à réfléchir sur le territoire et à formuler leurs demandes (programmation et formulation de la commande) ayant pour finalité un véritable impact écologique positif. Il s’agit donc de donner une possibilité de participation à la MOA dans le processus conception-réalisation. “Entre l’ambition politique et sa concrétisation, les élus ont entre leurs mains des enjeux considérables qui, s’ils sont totalement laissés aux spécialistes, peuvent se retrouver dans des rouages de rentabilité purement financière, avec un peu de peinture verte ”Raphaële Heliot, Ville Durable et Eco-quartiers. Comprendre la démarche pour agir aujourd’hui dans sa collectivité et sur son territoire

- Favoriser l’embauche d’architectes dans l’administration et la fonction publique. A ce jour pouvons-nous envisager un poste d'architectes commis d’office ? Afin d'apporter un conseil aux particuliers qui auraient des envies de réaliser des économies d’énergie ou une amélioration de leur habitat dans un but écologique qui bénéficierait la collectivité ?

- Diversifier et renforcer les missions de conseil par les architectes auprès de l’État, des collectivités et des opérateurs privés. Il peut s’agir d’architectes de conseil, d’Architectes Urbanistes de l'Etat ou d’autres statuts.

✦ Dialogue inter MOE . Sensibiliser les entreprises aux démarches environnementales. De nos jours nombreuses opérations se font notamment en PPP (Partenariats Public-Privé) donnant droit à des contrats conception-réalisation dans lequel l’architecte est forcé de travailler directement pour l’entreprise. Il serait d’autant plus intéressant de voir cela comme un atout plutôt qu’une contrainte. Il serait ici question de mise en place d’un système d’alliance dans lequel l’architecte sensibilise l’entreprise aux problématiques qualitatives et écologiques. Il est du devoir de l’architecte de faire usage de ces multiples connaissances, de sa curiosité et créer des ponts pour trouver des solutions à la fois architecturales et à la fois écologiquement viables. Il s’agit en effet d’un « […]apprentissage mutuel entre acteurs et parties prenantes plutôt que de se limiter aux seuls changements dans les modalités de délégations (contractuelles et/ou hiérarchiques) des missions. Autrement dit, de comprendre, grâce à la nouvelle omniprésence des enjeux relatifs au développement durable, la part de pratique sociale conduisant les pratiques professionnelles […] "un travail libre, créatif et précisément sans profit" (De Certeau, 1990) » Philippe Deshayes, 2012

L’expérimentation architecturale . “Une grande part de l’innovation nécessaire réside dans ces rencontres et l’expérimentation rendue à nouveau possible […]Réussir l’excellence ordinaire dans les espaces du quotidien, les lieux que nous habitons tous, demande une vision politique, des métiers solides, un effort d’innovation et une intelligence collective considérable”. Philippe Deshayes Le secteur du bâtiment face aux enjeux du développement durable: logiques d’innovation et/ou problématiques du changement. Jongler entre l’utilisation les produits et systèmes permettant la réduction de la consommation énergétique et l’impact sur l’environnement (GES, CO2, etc.) les modèles d’organisation, les technologies et procédés constructifs, les matériels (notamment dans la visée d’une meilleure intégration projet / chantier / matériaux bio-sourcés et réutilisables). L’expérience du Plan Construction fut un levier considérable par rapport aux enjeux du logement pendant les années 1970. L’expérimentation en lien avec des organismes comme le PUCA ou passant par les Permis de faire.

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La réglementation, la norme et le label . La norme apparaît comme un levier majeur de transposition des enjeux sociaux et environnementaux qui encadre la conception des produits. L’Afnor anime le réseau et 90% des normes volontaires françaises sont mondiales. La réglementation s’appuie sur les normes afin de les rendre obligatoires à travers les lois. Le label permet d’afficher les performances, de justifier des investissements au regard de choix politiques et de bénéficier d’aides financières ou techniques. Il faut veiller à faire bien choisir entre différents labels et garder un oeil critique sur les normes également. (Annexe 12)

La formation continue en architecture écologiquement engagée . Apprendre et appliquer. La formation est un outil clé afin de pouvoir diffuser les nouvelles les techniques et matériaux à disposition qui soient soutenables. Ces formations peuvent déjà avoir lieu dans un premier temps auprès des écoles d’architecture. Dans un second temps, dans le cadre des formations continues et obligatoires des architectes, il serait pertinent d’en proposer d’avantage aux acteurs et décideurs engagés dans la transformation spatiale des territoires à toutes les échelles (élus et services des collectivités territoriales et de l’Etat, intervenant dans les domaines de la maîtrise d’ouvrage pour l’entretien, la réhabilitation et la construction de bâtiments existants ou neufs, et de l’aménagement durable des territoires urbains et ruraux). Ceci serai également l’occasion d’entrer plus en concertation avec des organismes représentatifs de la pratique architecturale comme le sont la Maison et la cité de l’architecture afin de diffuser d’avantage ce type de formations pour que la MOE soit bien formé et au courant des techniques et pratiques écologiquement viables. Afin de mieux comprendre le phénomène de précarité énergétique, les dispositifs existants, les acteurs à mobiliser et les actions possibles, le site du Réseau d’Acteurs PrécaritéEnergie-Logement propose différentes formations en France. La plateforme du MOOC Bâtiment Durable est issue d’un projet collaboratif de l’ensemble des professionnels de la filière bâtiment, du Plan Bâtiment Durable et de l’ADEME.

Plateforme numérique citoyenne d’échange écologique . Une telle plateforme permettrai que des architectes et des citoyens engagés puissent échanger sur les nouvelles techniques écologiquement viables et avoir un suivi selon leurs besoins et budgets. Cette plateforme favoriserait l’accès à la conception avec une démarche environnementale. Cela permettrait aussi aux porteurs privés de projets de petite taille (rénovation énergétique d’un bâtiment, extension d’habitation, maison de 120 m2...) de contracter avec des architectes proches et disponibles et d’accéder plus facilement à une prestation architecturale, que les conditions de production rendent difficile lorsque la commande est isolée. Les architectes pourraient alors s’engager sur plusieurs commandes concomitantes permettant l’investissement requis (déplacement, dialogue). En cela, la mesure répondrait aux enjeux publics de promotion de la qualité architecturale et d’accès pour tous à la qualité du cadre de vie. De nos jours nous voyons une sorte de ré-appropriation du métier par la société civile afin d'exercer leurs capacités de conception-réalisation. En effet, l’auto-construction prime dans nos sociétés. Ainsi l’architecte n’est plus systématiquement requis pour certaines opérations, d’où l’intérêt de pouvoir continuer à progresser sociétalement en apportant toujours notre valeur ajoutée. Actuellement cette valeur réside dans nos connaissances sur les vraies techniques et matériaux soutenables, notre capacité c’est celle de savoir jongler entre architecture (donc une importance accordé à l’esthétique et la fonctionnalité) et moyens écologiques. Notre devoir est celui d'apporter conseil à la collectivité. La stratégie est celle d’échanger à travers une plateforme adapté et ludique ayant pour but final la qualité architecturale à travers l’engagement écologique. Ces échanges seraient possibles par la mise en place de plate-formes échanges, telles les plateformes de l’ADEME

Volet planification urbaine et enjeux écologiques.

Ce volet devrait être inséré dans les documents de planification des territoires et les documents stratégiques des opérateurs publics afin de croiser les politiques publiques d’aménagement durable des territoires et les attentes des usagers. Cette disposition concernerait le programme local de l’habitat (PLH), adjoint aux documents d’urbanisme: PLU, ScoT (Schéma de Cohérence Territoriale), PLH (Plan Local de l’Habitat)…

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2.Architectures jetables

“Où les éboueurs portent chaque jour leurs chargements, personne ne se le demande: hors de la ville, c’est sur; mais chaque année la ville grandit, et les immondices doivent reculer encore; l’importance de la production augmente et les tas s’en élèvent, se stratifient, se déploient sur un périmètre plus vaste. Ajoute à cela que plus l’industrie de Léonie excelle à fabriquer de nouveaux matériaux, plus les ordures améliorent leur substance, résistent au temps, aux intempéries, aux fermentations et aux combustions. Le déjet de Léonie envahirait peu à peu le monde, si sur la décharge sans fin ne pressait, au-delà de sa dernière crête, celle des autres villes, qui elles aussi rejettent de loin d’elles mêmes des montagnes de déchets […] un cataclysme nivellera la sordide chaîne de montagnes, effacera toute trace de la métropole sans cesse habillée de neuf. Déjà des villes sont prêtes dans le voisinage avec leurs rouleaux compresseurs pour aplanir le sol, s’étendre sur le nouveau territoire, s’agrandir elles-mêmes, rejeter plus loin de nouvelles ordures ”

Italo Calvino, Les villes invisibles

En Europe, les déchets représentent chaque année plus de 2 milliards de tonnes. Les déchets du bâtiment représentent 40%. Le coût d’élimination de ces déchets est estimé à 2,50 milliards d’euros par an soit 3,5% du chiffre d’affaires du bâtiment. La Chine est confrontée à un énorme problème de pollution avec 2 milliards de m2 de planchers construits chaque année soit 6.600 tonnes par jour de déchets de bâtiments qui finissent dans des décharges urbaines. Le bâtiment et les travaux publics (BTP) sont, de loin, les plus gros pourvoyeurs de déchets non organiques de France, selon l'Institut français de l'environnement (IFEN -2007), avec 343 milliards de kilos produites, soit 5,5 tonnes par habitant.

Notre société actuelle basé sur la croissance, la production et la consommation a développé un mode de vie accélérée où la multiplicité d’un d’objet banalise ce dernier et le rend dispensable par la suite. De nouveaux “besoins” sont crées par notre société, mais ce n’est qu’une apparente nécessité car souvent ces besoins ne sont plus vitaux. Ces nouvelles “nécessités” vont évoluer rapidement jusqu’à atteindre une durée de vie relativement réduite. Les objets produits pour répondre à ces demandes vont donc eux aussi avoir un caractère éphémère. L’objet devient ainsi jetable dans le sens où il est facilement renouvelable et où sa matérialité n’est plus réellement durable.

Certaines des productions bâties ou architecturales ont une courte durée de vie déjà programmée, comme c’est le cas aux États-Unis par exemple, où l’on sait d’avance que la durée de vie de certains bâtiments est de 30 ou 40 années. On peut ainsi parler d’une obsolescence programmée dans les architectures banales et courantes. Le cas est flagrant aux USA mais en France et dans d’autres pays développés cela serait le cas également. Comment pouvons nous pas réagir a ce type de mode opératoire dans le façonnement de nos villes ? Il est inadmissible de minimiser la responsabilité de ceux qui ont tendance à construire de manière effrénée ayant pour conséquence l’expansion urbaine sans limites d’un coté, et la négligence de consommer des ressources premières et de construire avec des matériaux ayant un fort impact au niveau du bilan carbone. D’autant plus que la faute est accentué par le fait que ces ouvrages sont d’avances programmés pour être supprimés dans 30 ou 50 ans! Il est impératif d’établir des réglementations afin de limiter ce genre d’opérations: d’un coté nous pouvons parler d’architectures jetables (où la mauvaise qualité bâtie mériterai dans le futur une démolition) et d’un autre coté de l’obsolescence programmée dans les constructions (où le fait de produire des architectures avec une date de péremption permettrait d’assurer le maintien de la production dans le secteur du bâtiment).

La quasi-totalité de la croissance démographique à venir, d’ici 2050, se réalisera dans les villes des pays en développement. Comment créer des villes capables d’encaisser cette lourde demande alors qu’elles présentent déjà tant de problèmes. Dans un premier temps il s'agit comme nous avons vu précédemment de limiter les constructions jetables et l’étalement urbain. Dans un second temps, afin de guérir nos villes, il faut faire appel à deux stratégies: l’une c’est réparer l’existant, l’autre serait penser 100% écologiquement les futures constructions Réparer l’existant est déjà une démarche écologique car on se sert du sur-place pour redonner une seconde ou troisième vie à des constructions. Conserver c’est transformer. À ce dont il faut apporter toute notre attention c’est à la façon que l’on a aujourd’hui de concevoir en peu de temps et avec des matériaux de faible qualité.

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Des architectures d’une courte durée de temps de vie sont crées. Des architectures jetables où le temps de réflexion est court et le vieillissement des immeubles laisse beaucoup à désirer. Quel intérêt à construire vite et moins cher pour après venir systématiquement déconstruire- pour construire. Ne faudrai-il plutôt re-valoriser nos futures constructions en amont ? C’est à dire, leur consacrer le temps nécessaire à une bonne conception, le meilleur choix de matériaux mis à disposition, certainement un peu plus chers, mais plus pérennes, de meilleure qualité et soutenables vis à vis de la planète. Le bon marché reviens toujours cher.

Depuis la révolution industrielle les villes sont de plus en plus complexes, elles génèrent des dysfonctionnements pour les citadins, les villes sont des organismes qui se régulent difficilement. De ce fait, un nouveau courant à propos de la ville se crée l’Urbaphobie, le fait de détester la ville. Certains penseurs comme Rousseau, David Thoreau, R.W. Emerson, appelés urbaphobes se tournent vers les ressources de la nature pour retrouver la solution aux maux de la ville. D’autres penseurs cherchent au contraire à corriger la ville. Une ville qui ne se corrige pas développe des cancers et tend à l’autodestruction. Je suis plus adepte au deuxième courant qui vise à réparer la ville, plutôt que partir se ressourcer dans la nature. Il ne faut pas partir en nature chercher le refuge et la solution à nos pathologies urbaines mais il faut régénérer la ville en ramenant la nature en ville, autrefois rejeté. Il n’y a rien de moins écologique que partir en pleine nature s’installer libre et facilement. En effet, chaque fois qu’un individu part “s’exiler” en nature il réalise que de par sa propre présence une première empreinte de conquerreur de nouveaux territoires non urbanisés, mais qui par la suite par inertie deviendront des lieux urbains avec le temps Pour cette raison, il est plus important écologiquement de réparer la ville au lieu de la fuir. L’urbanisme est là pour soigner. De là découle le concept développé par Philippe Simay, la ville pharmakon, qui est à la fois le virus et le remède

Une émission sur France 2, dévoile un projet immobilier réalisé sous le nom d’éco-quartier mais en réalité une affaire d’escroquerie. Les matériaux de faible qualité et les ponts thermiques font l’objet principal de critique. Il me semble important de veiller à ce que le terme “écologie” ne soit pas utilisé à toutes les sauces par n’importe quel projet immobilier.

Je juge illégitime que certains projets décrédibilisent notre engagement environnemental. Il faut exiger des normes, labellisations et réglementations qui défendent et qui rendent légitime le vrai propos environnemental. La société civile est en droit de connaitre quels sont les projets porteurs de qualité architecturale. Il est de notre devoir signaler les projets de basse qualité qui se maquillent de “vert”. De cette manière les projets jetables seront diminués

En apparence il est toujours plus coûteux et laborieux de passer plus de temps à faire une tâche dont le résultat instantanée nous paraîtrait semblable à ce que l’on aurait pu avoir si l’on aurait consacré moins de temps. Souvent, la différence du résultat n’est pas instantanée mais visible au long terme. Est ce que l'on peut concevoir le futur de nos villes crée par des machines 3D à béton ? Conçues en 3 minutes selon un prototype ? Ou seront nous des acteurs résiliants à certaines technologies et façons de faire ? Evitons de créer massivement des villes génériques réalisées comme des objets copy-paste , indifférent des traditions, de la culture, du climat, de l’histoire. Soyons promoteurs de villes représentatives de leur population. La mondialisation entraine la ville générique et tend vers l'uniformisation et l’homogénéité des populations. Il y a une perte d’identité alors que l’architecture doit promouvoir la culture. Cessons de construire nos villes avec tant d’ardeur, de manière désinvolte, prenons le temps de penser chaque nouvelle empreinte réalisé par l’étalement urbain. Limitons le monopole que le parc de l’immobilier a sur la question du logement, prenons le temps de nous organiser pour coconcevoir, développer l’habitat participatif et toutes autres démarches citoyennes nécessitant l’expertise de la maitrise d’oeuvre. Prenons le temps d’expliquer aux grands groupes de construction l’intérêt et le devoir qu’ils ont à utiliser des matériaux et des techniques de constructions viables.

«Dans la lenteur il y a une forme de rapidité, une grande agilité de pensée. Dans l’esprit de quelqu’un qui écrit lentement et prend le temps de réfléchir, il y a mille connexions rapides »

La désobéissance de

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III. LE FUTUR DE NOS VILLES, UNE RESPONSABILITÉ DE TOUS

« Dire que les villes « ça dure » au sens de la pérennité, de la solidité, est un pléonasme. ce qui est sous-entendu dans le mot durable fait référence au terme anglais sustainable : « qui ne met pas en péril la survie des générations futures », autrement dit « qui s’attache au respect des humains et de leur environnement ». Pour les villes, cela signifie un développement urbain qui limite sa pression sur les milieux naturels (ressources du sol, eau, air, matières, déchets, etc.) et qui minimise globalement l’impact sur l’écosystème : parviendrons-nous à concevoir et à vivre dans des villes qui minimisent notre empreinte écologique »

Raphaële Heliot, Ville Durable et Eco-quartiers.

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1.Procédés écologiques porteurs de bien-être

Dans cette partie nous développerons les stratégies territoriales, les matériaux et procèdes techniques ayant un véritable impact positif ou en tout cas passif pour l’environnement. Afin de porter nos modes de vie vers le haut faut établir une équation avec grand soin qui dose d’une part le temps nécessaire à une réflexion de qualité et d’une autre part établit un état d’esprit ouvert à l’expérimentation, à la créativité et à la débrouillardise qui saura apporter la meilleure et plus pertinente des solutions.

• Echelle territoriale .

Développer, rendre accessible, repenser. Développer d’avantage les mesures locales de commerce, travailler le circuit-court, les échanges inter-communaux. Démocratiser l’usage des transports en commun, rendre plus accessibles l’usage des trains, favoriser les déplacements en co-voiturage. Repenser nos modes de consommation et surtout l’usage du nucléaire pour répondre a cette forte demande.

• Echelle de la

ville .

Soigner le déjà -là :“Il n’y a pas tout à réinventer, il y a à retisser en finesse des interstices, à recoudre des ruptures, à réconcilier des rives…”. Comme le dit Raphaele Heliot, “Sans pour autant anéantir la notion de densité, c’est la nature, la lumière du jour et l’air que l’on fait entrer dans la ville” Raphaële Heliot, Ville Durable et Eco-quartiers. Comprendre la démarche pour agir aujourd’hui dans sa collectivité et sur son territoire. Fabriquer la ville de demain ne veut pas forcément dire inventer une ville toute nouvelle partant d’une table rase, la ville du futur c’est la ville du passé que l’on vient soigner. C’est travailler avec le déjà-là. Entre autres, il faut créer de la densité, en réponse anti-étalement urbain. Une ville dense et compacte, est le lieu par excellence interactions urbaines rendues possibles par la mélange d’activités et matérialité construite.

La ville compacte est une ville qui rentre en harmonie par l’équilibre entre densité bâtie et aérations par des espaces publics valorisant les espaces naturels protecteurs de biodiversité (espaces hydrologiques ou végétalisés) faisant recours à des matériaux perméables (ex: noues végétalisées de 40 cm de profondeur)

La ville du futur vers laquelle nous devons parvenir est celle où sont développés et incités les mobilités douces (déplacements à pieds, vélo, trottinette) et les transports en commun. Une ville où les espaces publics sont appropriés et appropriables. Appropriés dans le sens où ils sont cohérents au besoin local et à leur contexte, faisant preuve de réflexion et de bon aménagement. (Ex: l’aménagement des berges du Rhône à Lyon à permis une re dynamisation du site). “La ville du futur” est une ville miroir de l’innovation sociale. Ville où la conscience collective ne se restreint pas à participer mais est présente activement et de manière conséquente dans le processus de fabrication de la ville. Ce qui rendrait les projets urbains plus pertinents, légitimes et représentatifs de l’intérêt commun. Cette ville doit faire preuve de mixité sociale, où la gentrification et la ségrégation sociale s’installent difficilement, où des projets et des espaces inter-générationels permettraient de tisser des liens.

Une ville représentative de sa population et des valeurs communes, anonyme, lieu de tolérance et de respect mutuel, lieu par excellence d’expression, de flux et de flânerie. “L’enjeu de la durabilité pose de manière urgente la nécessité d’une implication citoyenne dans la fabrication de la ville de demain. Mais cette mobilisation des habitants dans le débat public doit se faire dans la clarté, les porteurs du dispositif participatif explicitant la place donnée aux habitants dans le processus de décision […]Il faudra, par exemple, associer les habitants à la définition du cahier des charges dans le cadre d’un grand projet urbain, […]les usagers peuvent également prendre part à la gestion du projet une fois réalisé, dans le cas notamment des éco-quartiers qui nécessitent une implication des habitants au quotidien.” Amélie Flamand et Héloïse Nez,Ville Durable et Eco-quartiers.

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Echelle du quartier .

La participation citoyenne dans la conception du logement ne serai-ce le futur de l’habitat à faible impact et une réponse pour faire face au monopole de la promotion immobilière ? Ce type de montage peut trouver des fonds et des appuis dans les municipalités. Energetiquement parlant la mutualisation des équipements de production d’énergie (exemple : réseau de chaleur) permettrait de faire des économies en énergie grise résultant d’un projet (mutualisation des dispositifs de construction) et une optimisation thermique des bâtiments (la densité permet d’envisager une bonne compacité des bâtiments qui limite leurs déperditions).

Les constructions à basse consommation énergétique (50 kWh/an.m2) ont un raccord à la centrale locale qui à son tour est alimentée en biomasse (20% gaz et 80% copeaux de bois). Parlons alors du type de projet à impact positif qui fait à la fois objet d’écologie responsable, et de conception collective.

Les vrais éco-villages ou communautés durables sont à la base un groupe de personnes en SCI qui ont mandaté un architecte pour construire un immeuble d’habitat collectif adapté aux besoins modestes et spécifiques du groupe de personnes qui y participent. Ces derniers font l’expérience à la fois de promotion immobilière et de propriétaires. En Allemagne on appelle ce système des Baugruppen. Ce type de montages a lieu à l’échelle du quartier par la création de maisons de ville avec des intérêts écologiques dans leur conception et dans leur forme de production (matériaux bio-sourcés, locaux, etc.).

“C’est la conception bioclimatique des plans masse qui permet ensuite le dessin de bâtiments vraiment performants. Selon les régions et les climats locaux du site, il sera intéressant de privilégier des orientations légèrement est ou ouest pour éviter le plein nord toujours à l’ombre et froid, tandis que le plein sud peut être un désastre s’il amène des surchauffes”, Raphaele Heliot.

En termes d’implantation urbaine, les espaces verts sont bien repartis à la fois pour mieux desservir les besoins de sociabilité (ex: jardins partagés, lieux de rencontre, de sensibilisation à la nature à travers des espaces potagers récréatifs) et pour créer des couloirs de biodiversité urbaine, un excellent élément d’esthétique et de qualité visuelle du paysage urbain. L’orientation des bâtiments est importante en corrélation avec les espaces verts desservants qui permettent à la fois une illumination et une ventilation optimale.

Une équation est à réaliser entre densité bâtie et présence végétale (qui permet l’écroulement naturel des eaux, filtrer l’air des particules et de climatiser de manière naturelle durant les périodes estivales). Chaque projet d’éco-quartier à sa propre identité et besoins particuliers définis notamment par le contexte dans lequel il se situe. L’ Annexe 14 donne un aperçu des différentes caractéristiques d’éco-quartiers européens dignes d’être exemplaires.

• Echelle de l’habitat collectif et individuel

Afin d’améliorer la qualité de vie dans l’habitat collectif des efforts sont à faire en termes d’isolation acoustique et thermique. La précarité énergétique en 2010 concerne 3,4 millions de ménages en France et plus de 50 millions d’européens. Cette difficulté à chauffer correctement les logements est peuêtre due d’une part aux faibles revenus des ménages et d’autre part à la mauvaise thermique des logements. Dans les constructions neuves, on assiste à une amélioration nette de la qualité thermique des bâtiments, il faut cependant faire attention au choix des matériaux et aux récupérations argumentaires publicitaires, ne pas confondre performance thermique et qualités écologiques…

La qualité de nos espaces est concerné également par la qualité de l’air de nos espaces intérieurs et définie par plusieurs facteurs. On différencie notamment trois types de polluants : - biologiques : maladies courantes, acariens, moisissures crées par l'humidité - chimiques : le gaz radon, des solvants comme le benzène, toluène, xylène, trichloréthylène et des COV(Composés Organiques Volatils) dont le formaldéhyde

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- physiques : nuisances sonores et champs électromagnétiques

Certaines mesures permettent d’améliorer la qualité de l’air dans nos logements. Pour l’humidité, par exemple il suffit de garder un équilibre hydro-thermique, c’est à dire une température entre 17º et 21º et un taux d’humidité entre 50% et 70%. C’est le renouvellement de l’air qui permet d’évacuer les polluants grâce à une ventilation entretenue (grilles, moteurs, filtres).

En ce qui concerne les polluants chimiques, un intérieur peut représenter 50 à 300 COV différents, toxiques et cancérogènes. Le formaldéhyde, par exemple, est présent d’avantage dans les constructions nouvelles (196 μg/m3) que dans les anciennes (47 μg/m3), la propagation de ses molécules est accéléré par la température et l’humidité, les matières absorbantes (tissus, moquettes) en ralentissent l’élimination. (Annexe 13). Depuis quelques années des plans de santé et des réglementations sont passés afin d’en tenir au courant le grand public du contenu et des caractéristiques environnementales des produits de construction. Le Plan National Santé Environnement en 2004 déterminait que pour l’an 2010 cinquante pour cent des produits devraient afficher une évaluation des caractéristiques environnementales et sanitaires. Aujourd’hui les produits mis à usage dans les constructions sont de plus en plus exigeants par rapport aux impacts sur les ressources naturelles, l’environnement (cycles de vie, mode de production, GES, énergie grise, recyclabilité) et la santé (produits toxiques et cancérigènes).

• Processus de construction soutenable

Par ailleurs, mon approche environnementale tient également aujourd’hui aux éco-procédés de construction et aux matériaux à faible impact environnemental. Nous disposons d’un large choix et nous ne les utilisons pas comme il faudrait. Il est question de communiquer mieux les avantages de ces derniers, de les démocratiser et puis diversifier leur usage afin que l’impact soit d’autant plus important. Pour mieux les identifier et les concevoir il faut veiller à certains critères:

- L’origine de la ressource: il faut promouvoir l’usage de matières locales et renouvelables (matière première-secondaire issue du recyclage) et éviter les matières importées (comme le bois) et non renouvelables (matériaux fossiles, dérivés du pétrole, minerais, granulats, matières rares)

- L’extraction et la fabrication : il faut optimiser les quantités de ressources utilisées et les processus industriels, éviter les procèdes énergivores (métaux, béton, briques, tuiles)et l’utilisation de matériaux toxiques, limiter la forte consommation d’eau et diminuer les émissions atmosphériques et veiller au rejet de déchets.

- Impact à l’usage : en termes de durabilité (durée de vie du bâtiment), de performance énergétique du bâtiment et la qualité de l’air intérieur

- Dé-construction et recyclage: il faut prioriser la séparation des matériaux (produits mono-matériaux) afin qu’ils puissent être effectivement recyclés (éviter les colles, revêtements et matériau nonséparables)

• Les matériaux bio-sourcés

En mars 2018 j’ai pu suivre une formation pratique sur la construction en béton de chanvre, organisé par le pôle de formation Environnement, Ville & Architecture à la Maison de l’architecture pour réaliser un prototype pour une exposition à ce même sujet. En partenariat avec l’association Construire en Chanvre cette formation m’as permis d’avoir un contact direct avec le béton fait à base de chaux et paille de chanvre. Ce matériau en plus de présenter des qualités thermiques extraordinaires (régulation de l’hygrométrie) a un un faible impact environnemental et peut être complètement réutilisé par la suite. D’autres matériaux également intéressants sont la terre (crue ou cuite), terre-poile, terre cuite monomur, la chaux, la laine de mouton, laine de bois, laines minérales, lin, la paille, le liège, la cellulose, la fibre de bois, le bois massif… À part être renouvelables, recyclables ou biodégradables, ces matériaux on des particularités d’isolation, de déphasage.

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démarches participatives, devoir déontologique du conseil de l’architecte au service de la société civile

CONCEPTION ECOLOGIQUE COLLECTIVE CO

NCEPTION ARCHITECTURALE

IMPACT

COLLECTIVE CITOYENNE ECOLOGIQUE DURABLE

conseil / expertise architecturale pour le développement durable marquant une débouchée pour la profession d’architecte

empowerment de la communauté et démocratisation de l’écoresponsabilité

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2. Des exemples à suivre

Nous avons vu précédemment des projets porteurs d’initiatives écologiques. Ces projets sont un point de départ pour la démarche environnementale mais pas une finalité en soit. Les projets présentés à continuais sont pertinents dans la démarche environnementale et ont un réel impact positif sur l’écosystème.

• Collectif Rotor à Bruxelles

Fondé en 2005, Rotor est un groupe de personnes ayant un intérêt commun dans les flux de matières dans l'industrie et la construction. Ce collectif bruxellois est d’avantage connu pour ces exploits liés à la dé-construction, récupération et réutilisation. Rotor contourne les obstacles réglementaires et suggère des moyens pour réintégrer les matériaux de construction réutilisés sur le marché européen. Sur le plan pratique, Rotor s'occupe de la conception et de la réalisation de projets de design et d’architecture. Sur le plan théorique, Rotor développe des positions critiques sur la conception, les ressources matérielles et les déchets à travers la recherche, les expositions, les écrits et les conférences. Aujourd’hui Rotor milite pour que les cadres juridiques soient adaptés en faveur la réutilisation et que les pouvoirs publics soient partisans de modifier leurs procédures afin qu’une toute nouvelle économie spécialisée se développe progressivement. Ce collectif connait un grand succès économique et une grande influence en Europe. Leur engagement environnemental et véritable et novateur. Il me semble pertinent de le considérer comme un modèle à suivre. L’annexe montre des images de leur différents projets consultables sur leur site internet: http://rotordb.org

• Groupe scolaire Stéphane-Hessel – Les Zéfirottes à Montreuil IDF

Cet ensemble de plus de cinq mil mètres carrés intègre des objectifs ambitieux de limitation des consommations d’énergie pour atteindre un bilan énergétique positif. En toitures, 700 m2 de panneaux photovoltaïques assurent les deux tiers de la consommation d’électricité, le tiers restant est assuré par une confédération à l’huile végétale. Pour préserver la perméabilité des sols, un système de ruissellement vers des noues a été réalisé. L’eau récupéré des toits sert au jardin. Deux des trois corps de bâtiment du groupe scolaire sont en bois (dalle, refends et façades en caissons).

Les caissons de façade sont remplis de paille de blé pour l’isolation (les bottes achetés en région décomptés puis recomptés selon les dimensions). L’épaisseur de la façade atteint 60 cm au sud afin de répondre à trois objectifs: rapidité de construction grâce à la préfabrication, utilisation de matériaux renouvelables et amélioration du bilan carbone global. Les grands éléments de la façade sont entièrement préfabriqués en atelier pour être acheminés et assemblés sur le chantier. Les ballots de paille sont disposés et tassés dans les caissons, et sont ensuite hermétiquement fermés et scellés pour assurer une étanchéité complète. (Annexe 16)

• Eco-quartier Vauban à Fribourg

Il s’agit ici d’une ancienne caserne Vauban libéré en 1992 par les forces françaises stationnées en Allemagne. En 1996 la municipalité lance des opérations de renouvellement du secteur en s’appuyant sur une réelle démarche environnementale. Grâce à l’aide des fonds européens ce projet innovant d’écovillage a pu voir le jour. L’évolution de l’éco-quartier a été graduelle et se divise en deux tranches. Une première où les anciens bâtiments de la caserne ont été rénovés en logements alternatifs et résidences étudiantes, cette première intervention est représentative de l’esprit pionnier, participatif et écologique. Dans un second temps les 34 hectares restants ont été consacrés à la création de 2000 logements et de 600 emplois (activités industrielles et artisanales majoritairement). Vauban est considéré comme l'un des principaux quartiers Carfree, c'est-à-dire sans voitures, en Europe. Une ligne de tramway relie le quartier au centre ville depuis 2006. Les places de parking ou garages privés ne sont possibles que pour 25 % des logements, situés à la marge du quartier. Pour les autres logements, deux parkings-silos sont construits aux entrées du quartier. Ce gain de mètres carrés est au profit de l’espace dédié à l’habitation, aux espaces publics desservant les logements et les lieux végétalisés qui sont dédiés à la vie sociale. En effet ils sont repartis de telle manière qu’ils permettent la fois une illumination et ventilation optimales. Une équation harmonieuse entre densité bâtie et présence végétale s’installe ici. La présence végétale est un couloir de biodiversité urbaine ainsi qu’un élément permettant : de filtrer l’air et les particules (climatisation naturelle), l’écroulement naturel des eaux.

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Encore Heureux

Collectif d’architectes fondé en 2001 qui s’investit notamment sur “l’invention d’autres modalités de construction : économiquement et écologiquement sobres, et par là même riches de sens et d’imaginaires nouveaux. […] La justesse d’un projet résulte à nos yeux d’un savoir composer avec ce qui existe ici et maintenant, d’un savoir raconter de nouvelles histoires avec un présent à toujours ré-explorer, pour mieux s’y inscrire.” Leur projet de Pavillon circulaire en 2015 sur le parvis de l’Hôtel de Ville à Paris lors de la COP21 illustre bien cet état d’esprit. Ce pavillon démontre que le réemploi de matériaux n’a pas de limites esthétiques lorsque l’on fait appel à sa créativité et débrouillardise. Il s’agit d’une expérimentation architecturale. La façade est constituée de 180 portes en chêne provenant d’une opération de réhabilitation d’un immeuble de logements HBM du 19ème arrondissement. La laine de roche servant à l’isolation intérieure a été déposée lors des travaux de la toiture d’un supermarché. Les éléments de la structure bois sont des restes du chantier d’une maison de retraite. Les sols et les murs sont faits de panneaux d’exposition, tandis que le caillebotis de la terrasse extérieure provient de l’opération ParisPlage. En guise de mobilier, cinquante chaises en bois ont été collectées dans les déchetteries parisiennes, réparées puis repeintes, et les suspensions lumineuses proviennent des stocks des éclairages publics. (Annexe 17)

• 4 Logements sociaux Paris 18ème en béton de chanvre. 2014 par Northwest Architectes

Fruit d'une démarche environnementale réfléchie, notamment par l'emploi du béton de chanvre, situé au 37, rue Myrha 4 logements sociaux le bâtiment répond aux normes du Plan Climat de Paris et à la certification Habitat & Environnement. Au R+4 et au R+5, se développe un duplex de type T4/5 d'une surface de 102m² qui bénéficie, sur ses deux niveaux, d'un petit espace extérieur végétalisable donnant sur le jardin. Au R+5, une terrasse commune accessible à tous les habitants et bordée d'une toiture végétalisée est mise en place.

Le béton de chanvre est l'élément principal de l'enveloppe physique et thermique. Il apporte des qualités en confort thermique (inertie et capacité de régulation hygrothermique), réduction des déperditions (traitement des ponts thermiques). Isolant, perméable à la vapeur d'eau, le béton de chanvre n'a pas besoin d'être doublé d'un bardage. Les façades extérieures sont simplement enduites à la chaux. Il est aussi très rapide à mettre en oeuvre sur une ossature bois et une structure métallique montées en quelques semaines. “Sa production est encore artisanale mais les entreprises qui l'utilisent peuvent monter 100 mètres carrés de mur par jour, c'est aussi rapide que du béton classique […] La tenue au feu de ce matériau est, comme celle du bois, excellente. Il se consume mais ne s'enflamme pas et ne recèle aucun matériau polluant” Laurent Mouly, ingénieur. Les impacts environnementaux sont réduis grâce à ce matériau (ressource renouvelable, bilan carbone positif, chantier propre) et à la mise en place d'une structure légère (ossature bois) et d'une paroi avec une grande capacité de déformation

• Isolation d’un immeuble du 19ème siècle

C’est lors d’une visite du site de la Rue Myrha, organisée par l’Agence Parisienne du Climat, que le président du conseil syndical a découvert le béton de chanvre. Comme beaucoup d’immeubles parisiens du 19ème siècle l’inconfort thermique se fait ressentir hiver comme été, ainsi la copropriété s’est engagée dans la rénovation thermique de son enveloppe, côté nord. Le choix des isolants à fait l’objet d’une attention particulière : un enduit chaux-chanvre projeté a permis d’isoler les murs extérieurs, et la ouate de cellulose a été utilisé pour les combles.

Ces deux derniers exemples font preuve que peu à peu de bouche à oreilles les projets écologiquement positifs se dévoilent et se démocratisent. De cette manière nous parviendrons à atteindre petit à petit nos objectifs écologiques. Lentement mais sûrement. D’autant plus que le coût n’est que supplémentaire de 10 ou 20%. Dans une démarche de rapport pérenité-efficacité environnementale ce choix est largement plus convenable.

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Depuis un certain temps je suis convaincue que mon empreinte sur la Terre ne dois pas être un poids pour celle-ci. Je ressens en moi ce besoin d’aider autrui à mieux comprendre les enjeux environnementaux et sociaux auxquels nous devons aujourd’hui faire face. Ce déclic je l’ai eu au lycée lorsque Serge Latouche est venu faire une conférence autour de la notion de Dé-croissance. À ce moment j’ai appris que notre réaction devait être imminente et collective.

Entrer dans cette démarche environnementale dans toute sa dimension vient systématiquement lorsqu’un enjeux environnemental ou social nous tient à coeur. Il faut juste avoir un élément qui fasse ce déclic. Par la suite ce n’est qu’un engrenage d’engagements divers qui se crée. Par cela j’entends qu’il suffit que l’on se sente concerné et/ou attiré par une activité écologique. Par exemple, l’agriculture urbaine, cela nous entrainera par la suite dans l’intérêt des jardins partagés, puis par l’habitat participatif et ensuite par l’usage de matériaux et techniques soutenables. On finit par comprendre que l’engagement environnemental est relié a tout ce qui fait objet de l’innovation pour la survie en harmonie de notre espèce dans un eco-système partagé avec d’autres espèces. C’est un changement de mentalité qui arrive lorsqu’une conviction forte touche nos vies. Nous avons besoin d’acteurs engagés dans la jungle urbaine qui sera le lieu d’habitat d’un citoyen sur deux au monde dans quelques années. Il faudra des acteurs qui communiqueront et dénonceront les différents lobbys qui aujourd’hui font barrage à la mise en place de vrais procédés écologiques.

Le secteur de la construction a un poids très lourd en thermes de santé publique, consommation de ressources primaires et de terres agricoles. Il est évident qu’il n’est plus possible de continuer à consommer comme si les ressources étaient illimités. Nous sur-sollicitions la planète afin de répondre à des besoins qui ne sont pas forcément nécessaires.

Les architectes et la maitrise d’oeuvre doivent aujourd’hui faire face à de nombreuses ingratitudes. Que se soit par une dévalorisation de notre métier ou prononcé notamment par le projet de loi Elan, notre profession est en quelque sorte menacée. D’un coté il ne s’agit pas de s’adapter à cette loi mais de faire barrage et intransigeance collective. D’un autre coté une opportunité de revoir notre métier se présente devant nous.

Il est aujourd’hui question de redonner un vraie utilité à notre métier. Cela est permis par une transition d’engagement environnemental. Notre profession a cette capacité d’adaptation pour que l’on puisse continuer à être utiles à la société civile, comme il est notre devoir. L’évolution de notre société et de ces intérêts nous oblige à revisiter de manière créative notre métier pour qu’il puisse continuer d’apporter une réponse favorable aux besoins actuels et futurs sociaux et de l’écosystème. Nous sommes des intellectuels sachant faire le pont entre diverses domaines. Faisons preuve d’intelligence et de créativité pour parvenir à nos fins. Que se soit par des partenariats, des formations, des normes, des réglementations ou avec la création de labels notre force est majeure. Il suffit de la mettre en action en faveur des vraies démarches environnementales.

Conclusion ___ 34

Dans le domaine de la construction certains projets se réalisent suivant une démarche environnementale, certes ayant un impact positif mais souvent l’engagement environnemental n’est pas une finalité en soi mais un point de départ. L’engagement environnemental peut aller bien plus loin. Pour arriver à ces fins, deux pistes me semblent prioritaires à mettre en oeuvre.

D’une part, la mise en place d’un rôle de conseil, qui pourrait être assumé par des architectes habilités. Ceux-ci s’adresseraient prioritairement aux les grands groupes de construction, qui occupent la majorité du marché du bâtiment aujourd’hui et qui sculptent la ville de demain. L’obligation -par une loi, par exemple- à respecter les prescriptions établies pourrait permettre que ces grands ouvrages puissent être véritablement éco-responsables.

Il existe une grande diversité de matériaux à faible impact environnemental. Il suffit aujourd’hui d’un peu de créativité, d’engagement et de communication pour mieux les faire circuler. Aujourd’hui il est question de promouvoir l’avantage ces matériaux bio-sourcés et les techniques de construction écologiquement durables. De nombreux projets et collectifs d’architecture font preuve de réussite.

De nouveaux procédés constructifs, qui limitent l’utilisation de ressources et d’énergie voient le jour. Ils viennent s’ajouter aux procédés plus anciens qui refont surface et dont l’efficacité n’est plus à prouver. Il est important de dire ouvertement tous les intérêts qu’ils offrent pour démocratiser leur usage.

D’autre part, il me parait indispensable de démocratiser l’engagement écologique pour qu’une plus grande partie de la population y participe. Il faudrait faciliter l’instruction de cette dernière sur ces questions environnementales, afin qu’elle puisse prendre part à la discussion. Cet engagement -citoyen, cette fois- pourrait limiter les marchés attribués aujourd’hui à des fins qui n’ont rien à voir avec la qualité architecturale ou la performance environnementale.

N’ayons pas peur de signaler les projets qui se vantent d’être écologiques à des fins de marketing, mais qui, en réalité, dévalorisent par leur pauvreté le combat qu’il reste à mener. Notre responsabilité déontologique en tant qu’architectes est aussi celle de dénoncer ce types d’opérations afin de mieux informer la société civile.

Aujourd’hui plus que jamais, les architectes ne peuvent se dérober de la responsabilité du monde futur, et donc à la nécessité d’imaginer ce qui, demain, pourra exister pour les générations à venir.

Et si nous, architectes écologiquement engagés nous signions une circulaire interdisant les matériaux polluants, et si nous rédigions un discours expliquant les problèmes causés par l’étalement urbain ? Arrêterions-nous des opérations en cours qui se réalisent de manière non écologiquement soutenables? Si nous introduisions une notion de qualité architecturale-environnementale ?

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Annexes

Annexe 1

source : PFE Retrouver la Ville compacte par des interventions diffuses B.Bost-N.Taranger

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Annexe 2

source : Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (OQAI)

SUBSTANCES/ PARAMETRES

BIOCONTAMINANTS

PRINCIPALES SOURCES et FACTEURS DE RISQUES POTENTIELS ASSOCIES

Allergènes de chiens, chats, acariens Chiens, chats, acariens Humidité, température

COMPOSES CHIMIQUES

Monoxyde de carbone Appareils de chauffage et de production d’eau chaude, tabagisme, véhicules à moteur

Acétaldéhyde

Fumée de tabac, panneaux de bois brut et de particules, isolants, photocopieurs, photochimie atmosphérique, métabolite de l’alcool éthylique

EFFETS SANITAIRES DOMINANTS

Aigus Chroniques Cancers

Respiratoires (allergies, athmes). Respiratoires (allergies, asthme). ne/ne

Cardio vasculaires et neurologiques Cardio vasculaires ne/ne

Irritations yeux, tractus respiratoire Cancers : nasal, larynx Hodgkin ?

1

2B/B2

Acroléine

Effluent automobile, fumée de tabac, combustion et chauffage des graisses animales et végétales

Respiratoires ne ne/ne Benzène

Carburants, tabagisme, produits de bricolage, ameublement, produits de construction et de décoration

Neurologiques et immunologiques leucémie 1/A n-décane, n-undécane

White-spirit, colles pour sol, cires, vernis à bois, nettoyants sol, moquettes, tapis ne ne ne/ne 1,4-dichlorobenzène Anti-mite, désodorisant, taupicide

Respiratoires. Cancer nasopharyngé 2A/B1

Développement Rénaux ne/ne Ethylbenzène Effluents automobile ?, cires ne Développement 3/D Formaldéhyde Photochimie atmosphérique, panneaux de particules, de fibres, en bois agglomérés, émissions des livres et magazines neufs, peintures à phase « solvant », fumée de tabac, photocopieurs

Hexaldéhyde

Panneaux de particules et de bois brut, émissions des livres et magazines neufs, peintures à phase solvant, produits de traitement du bois (phase aqueuse).

2A/ne

ne ne ne/ne Styrène Matières plastiques, matériaux isolants, automobiles, fumée de tabac Neurologiques Neurologiques Cancer pulmonaire 2B/ne Tétrachloroéthylène Nettoyage à sec, textiles, moquettes, tapis Rénaux Neurologiques Cancers (œsophage, lymphatique) ?

Toluène

Peintures, vernis, colles, encres, moquettes, tapis, calfatage siliconé, vapeur d’essence Neurologiques Neurologiques 3/D Trichloroéthylène Peintures, vernis, colles, dégraissants métaux Neurologiques Cancers testicules, Foie, lymphatique 2A/ne 1,2,4 triméthylbenzène Solvants pétroliers, carburants, goudrons, vernis ne ne ne/ne Xylènes Peintures, vernis, colles, insecticides Neurologiques Neurologiques 3/D

PARTICULES

Particules fines Pollution extérieure (dont effluents diesel), fumée de tabac, cuisine, ménage, combustion Respiratoires et cardio vasculaires. cardio-pulmonaires et cancer bronchopulmonaire

IRRADIATION NATURELLE

ne/ne

Radon Sols granitiques, eaux, matériaux de construction - Cancer pulmonaire 1/ne Rayonnement gamma Rayonnements cosmiques et telluriques (sols, matériaux de construction) Cancer 1

1 Classement des cancérogènes selon le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer : 1, 2A, 2B, 3 et 4) / l’EPA (Environmental Protection Agency : A, B1, B2, C, D et E): A/1 : cancérogène chez l’homme ; B/2A : cancérogène probable chez l’homme ; C/2B : cancérogène possible chez l’homme ; D/3 : inclassable ; E/4 : probablement non cancérogène chez l’homme ou non cancérogène chez l’homme. ne = non évalué

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Annexe 3

source : Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (OQAI)

Annexe 4

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Annexe 5

source : JCP Entreprise. Semaine du développement durable 2018. Les impacts des chantiers “classiques”

Annexe 6

source : JCP Entreprise. Semaine du développement durable 2018

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Annexe 7

source : JCP Entreprise. Semaine du développement durable 2018

Annexe 8

source : JCP Entreprise. Semaine du développement durable 2018

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Annexe 9

Source: JCP Entreprise Semaine du développement durable 2018

Annexe 10

Source: JCP Entreprise Semaine du développement durable 2018

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Annexe 11

Ravalement de façade (à gauche ) et ancienne façade au fond de la photo (droite) pour l’ensemble Résidence Les Chardonnets à Rosny-Sous-Bois

Annexe 12

Source: Raphaele Heliot

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Annexe 14

Source: Raphaele Heliot

Annexe
13
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Annexe 15

Source: Collectif Rotor

Annexe 16

Source: M’CUB Architectes

Annexe 17

Source: Encore Heureux

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Bibliographie

Articles internet

Agence Parisienne du Climat Opter pour un isolant écologique et performant : l’enduit chaux-chanvre http://www.apc-paris.com/bonne-pratique/opter-pour-isolant-ecologique-performant-lenduitchaux-chanvre

Bati Actu

Plan Biodiversité: ce qui concerne le BTP https://www.batiactu.com/edito/plan-biodiversite-ce-qui-concerne-btp-53507.php

CTBS

5 villes chinoises primées Eco-cités pilotes franco-chinoises, et engagées dans la certification HQE Aménagement™ avec l'appui du Groupe CSTB http://recherche.cstb.fr/fr/actualites/detail/5-villes-chinoises-primees-eco-cites-1804/

Deux ou trois choses à propos du développement durable Olivier Dumont Sources d'énergie consommés en France en 2009, Avril 2011 http://23dd.fr

Développement Durable http://www.developpementdurable.org/guide/developpement-durable.htm

Ekopolis http://www.ekopolis.fr/ressources/guide-bio-tech-energie-grise-des-materiaux-et-des-ouvrages

Grenelle Environnement https://fr.wikipedia.org/wiki/Grenelle_Environnement

Le Blog des quartiers Durables

Paul-Antoine Lecuyer et Emmanuel Bucki. Petit précis de densité Urbaine (1/2) Vers un label Ecoquartier (2/2) http://quartierdurable.blogspot.com

Medium Collection

Le QG de la ville résilience s’installe à Paris https://medium.com/@REIHabitat/le-qg-de-la-ville-résiliente-sinstalle-à-paris-5bf05a0c91a9

Notre Planète

"Il est déjà trop tard" : l'espèce humaine devrait s'éteindre ce siècle https://www.notre-planete.info/actualites/2447-extinction_espece_humaine#com

Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur http://www.oqai.fr/

Observatoire régional des déchets Tableau de Bord 2017 des déchets franciliens http://www.ordif.com/publication/tableau-de-bord-2017-des-dechets-franciliens

Réseau RAPPEL

Réseau des Acteurs de la Pauvreté et de la Précarité Énergétique dans le Logement. Offre de Formations Nationales pour mieux comprendre le phénomène de précarité énergétique, les dispositifs existants, les acteurs à mobiliser et les actions possibles https://www.precarite-energie.org/-Formations-les-offres-nationales-.html

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Articles de revue

Annie Fourcaut, Les grands ensembles ont-ils été conçus comme des villes nouvelles ?, Histoire urbaine, vol. 17, no. 3, 2006, pp. 7-25.

Elodie Vieille-Blanchard, Le rapport au Club de Rome / stopper la croissance, mais pourquoi ? Courriel à Reporterre, mars 2012

Emmanuelle Colboc, Rapport sur l’impact des règles accessibilité dans la construction de logements neufs, Syndicat de l’Architecture, juin 2012

Frédéric Bonnet, Boris Bouchet, Hélène Riblet, Mireille Sicard, Jean-Pierre Dufay, Elizabeth Rojat-Lefevre, Guy Amsellem, Peter Swinnen, Groupe de réflexion Sensibiliser et mobiliser. Stratégie Nationale pour l’Architecture, Ministère de la culture et de la communication, 2015

Philippe deshayes, Le secteur du bâtiment face aux enjeux du développement durable: logiques d’innovation et/ ou problématiques du changement, Innovations, vol. 37, no. 1, 2012, pp. 219-236.

Olivier Guichard, Circulaire du 21 mars 1973 relative aux formes d’urbanisation dites “grands ensembles” et à la lutte contre la ségrégation sociale par l’habitat.

Livres

Bernardo Secchi, Première leçon d’urbanisme, Paris, Parenthèses Editions, 2006, 155 p.

Emmanuel Jaffelin, Petite philosophie de l’entreprise, Paris, Éditions Bourin, 2012, 183p.

David Mangin, La ville franchisée : Formes et structures de la ville contemporaine , Paris, Editions La Villette 2004, 480 p.

De Botton Alain, L’architecture du Bonheur, Paris, Editions Mercure de France, 2007, 338 p.

Dennis et Donella Meadows & Jorgen Randers, Les limites à la croissance, Georg Simmel, Les grandes villes et la vie de l’esprit, Paris, Editions Payot & Rivages, 2013, 107 p.

Jacques Donzelot, La ville à trois vitesses: relégation, périurbanisation, gentrification, Paris, Editions La Villette 2009, 111 p.

Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Paris, Éditions Sociales, 1971, 209 p.

Pablo Servigne, Raphael Stevens, Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes. Editions du Seuil 2015

Raphaële Heliot, Ville Durable et Eco-quartiers. Comprendre la démarche pour agir aujourd’hui dans sa collectivité et sur son territoire, Les pratiques nº 9, Editions Cedis, 125 p.

Renzo Piano, La Désobéissance de l’Architecte, Paris, Éditions Arléa, 2007, 180 p.

Serge Latouche, Le pari de la décroissance, Paris, Éditions Fayard, 2006, 302 p.

Thierry Paquot, Terre urbaine: cinq défis pour le devenir urbain de la planète, Éditions La Découverte, 2016, 241p.

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Documentaires

Envoyé spécial. Maisons écolo, gare au fiasco! 8 février 2018 (france 2) Depuis une dizaine d’années, les écoquartiers fleurissent partout en France. Ces nouveaux quartiers, censés être exemplaires en matière de protection de l’environnement, font aussi les beaux jours des industriels du bâtiment et des promoteurs immobiliers, en créant de nouveaux marchés pour la construction https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/

Francis Beaucire, Ville compacte, Ville diffuse, UTLS - la suite, janvier 2006

Conférences . Expositions

ÉcoQuartiers. retours d’expérience.

Semaine Européenne du Développement Durable 30 mars -5 juin 2018. Table Ronde à la DRIEA Thématique: Quelles bonnes pratiques pour les projets d’aménagement moins chers, plus qualitatifs, concertés avec les habitants?

1) Aménagement durable et nature: les bonnes pratiques

2) La gouvernance du projet et les coûts: quels enseignements ?

RE-Construire valoriser nos déchets en ressource

Semaine Européenne du Développement Durable 30 mars -5 juin 2018. Table Ronde à la Maison de l’Architecture Île-de-France.

Mutations urbaines: La ville est à nous .

Exposition à la cité des sciences et l’industrie juin 2016- mars 2017 http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/expos-temporaires/mutations-urbaines-la-ville-esta-nous/lexposition/

Les Villages Chinois dans le Développement des villes intermédiaires chinoises et les Projets d’éco-cités

Conférence par David Mangin à l’Institut Franco-chinois d'Architecture et de Développement Durable Urbain et Rural (IFADUR) mai 2018

L’exposition « Un bâtiment, combien de vies ? » Cité de l’Architecture et du Patrimoine de Paris jusqu’au 28 septembre 2015

Conférences, visites et workshops pour interroger la “biorégion urbaine”

Thierry Paquot /Alberto Magnaghi au Grand Hornu, Belgique et Rotor /Lina Ghotmeh à L’ESAD Valenciennes

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Formation

MASTER PARIS - ENSA PB

. 2015 - 2017

Professeurs: Emilien Robin, Yvan Okotnikoff, Jeanine Galiano, Philippe Prost, Cyrille Hanappe, Frédéric Bertrand, Philippe Simay

ECHANGE SCOLAIRE SAO PAULO - FAU Faculdade de Arquitetura e Urbanismo USP. . 2013 - 2014

Professeurs: João S. Whitaker Ferreira, Antonio Carlos Barossi, Nabil G. Bonduki

LICENCE PARIS - ENSA PB . 2010 - 2013

Professeurs: Jeanine Galiano, Lorenzo Piqueras, Estelle Thibault

LYCÉE FRANCO-MEXICAIN MEXICO

. 2007 - 2010

Baccalauréat mention Sciences Economiques et Sociales

Divers COMPÉTENCES

Planification stratégique, Gestion de projet, Suivi de chantier, Design graphique, Illustration, Reseaux sociaux, Photographie

INTÉRÊTS

Transports et mobilité, Design, Aménagement paysager, Illustration, Voyages, Conférences

LANGUES Espagnol, Français, Anglais, Portugais

CVExpérience

FORMATION BETON DE CHANVRE

. avril 2018

Construction d’un prototype pour l’exposition « construire en chanvre » Maison de l’Architecture

ASSISTANTE CHEF DE PROJET . janvier - juillet 2018

Suivi de chantier pour des réhabilitations de logements sociaux, construction de logements privés en IDF. Agence Alain Saragoussi

ASSISTANTE FORMATION VILLE PARTICIPATIVE . novembre 2017 Dans le cadre thématique de la Bio-région à l’ESAD Valenciennes avec Beatrice Mariolle-TEPOP

FREELANCE LA VISTA BOSQUE REAL MEXICO

. août - octobre 2017

Suivi de chantier 2nd d’oeuvre de futures tours de logements de luxe

STAGE MASTER PARIS . Septembre - Février 2017 Maidenberg Architecture. Hôtellerie internationale de luxe

CONSTRUCTION SOLIDAIRE CALAIS

. Juin 2016

Construction et conception d’un centre d’information sur un camp de réfugiés près de Pas-de-Calais

STAGE PAULO ALVES DESIGN SAO PAULO . octobre - Février 2014

STAGE IÑAKI ECHEVERRIA MEXICO

. juillet - septembre 2013

STAGE CHANTIER CONSTRUCTION EN BOIS TEXAS . juin 2013

CONSTRUCTION D’UNE CRÈCHE MEXICO

. Juillet. Août 2011

Conception architecturale Collaboration avec un ingénieur pour les plans

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