N°55 // JANVIER / FÉVRIER 2015
w w w. n a n tes metrop ol e. fr
Photo : Valéry Joncheray
LE J O U R N AL D E L A MÉT ROP OLE N A NTA I S E – BI MES T RI EL
International
P. 22 et 23
Les idées des jeunes Européens Recyclage
P. 5
Un composteur pour créer du lien
Talents
P. 20 et 21
Les ateliers du XXIe siècle
LA LOIRE, AU FIL DE LA VIE Nantes Métropole organise un grand débat intitulé Nantes, la Loire et nous. L’occasion de comprendre les enjeux d’avenir qui se jouent autour de ce fleuve et de partir à la rencontre de celles et ceux qui pratiquent la Loire au quotidien. DOSSIER P. 10 à 19
La Loire au cœur La Loire
Longueur: 1010 km
N
Bassin versant : 117
La
Océan Atlantique La Loire court à travers la métropole, traversant 14 des 24 communes qui la composent. Le plus long fleuve de France, avec ses 1010 km, est un lieu de vie, de loisirs, où l’on navigue, où l’on pêche, ou au bord duquel on se promène. Mais c’est aussi un lieu économique et de passage, qui draine entreprises et salariés. Bientôt, sur la métropole nantaise près de 200 ha seront aménagés en bord de Loire.
000 km2
Soit 1/5 du territoire français
Nantes Métropole
Volume de marchandises gérées par le Grand Port Maritime de Nantes – Saint-Nazaire, en 2013 :
28
La Loire, un espace économique
de la métropole
Lo
ir
millions de tonnes.
Pétrole Gaz naturel Céréales Bois Charbon Container Ferraille Sable
800
L’activité portuaire de Nantes représente 2,5 millions de tonnes par an, soit 9% du trafic du Grand Port Maritime de Nantes - Saint-Nazaire
pêcheurs fluviaux recensés en Loire -Atlantique
La Chapellesur-Erdre
14
e
Mauvessur-Loire
Carquefou
communes de la métropole, riveraines de la Loire
Sautron
Orvault
Thouarésur-Loire
SainteLuce-sur Loire
8 îles
Couëron
Le fleuve connaît des fluctuations d’apports d’eau considérables.
SaintHerblain Indre
Été, période d’étiage
100 m /s 3
Hiver, période de crues
X 60
Le plus important débit enregistré est celui de 1910 avec
6 300 m /s 3
La Loire prend sa source au Mont- Gerbierde - Jonc, Ardèche
52 km
Rezé
Brains SaintLégerles-Vignes
La Loire, ça se passe comme ça
Bouaye
BasseGoulaine SaintSébastiensur-Loire
Nantes
Le Pellerin Saint-Jeande-Boiseau La Montagne
de Loire sur la métropole, soit environ 110 km de rives
Bouguenais
SaintAignande-GrandLieu
643 800
franchissements de la Loire par jour dans l’agglomération, via les ponts, les bacs, etc.
sur la Loire dans l’agglomération nantaise
Vertou
Les Sorinières
2000 ha
de Loire dans l’agglomération protégés au titre de Natura 2000
Vélos, piétons, voitures, bus, tramways, trains, bateaux… D’ici à 2030, on attend 300 000 franchissements supplémentaires par jour à Nantes.
25 sites dédiés
Une quarantaine d’espèces de poissons vivent dans la Loire
(sandre, carpe, goujon, brochet, silure, etc.). Des espèces migratrices, tels le saumon atlantique, l’alose, la lamproie, l’anguille et son alevin, la civelle, sont présentes une partie de l’année, lors de leur transit.
41
navires marchands remontent la Loire jusqu’à Nantes chaque année ; un sur deux est un sablier
1/3
des berges de la Loire dans l’agglomération est aménagé : quais, estacades, appontements et enrochements
( Chiffres de l’AURAN )
Infographie /dossier
70 km
pour le parcours La Loire à vélo sur la Loire et ses affluents (Erdre, Sèvres) dans l’agglomération
au nautisme, dont la majorité sur l'Erdre, en plus des cales d'accès à l'eau
P. 12 et 13
Basse-Goulaine / Bouaye / Bouguenais / Brains / Carquefou / Couëron / Indre / La Chapelle-sur-Erdre / La Montagne / Le Pellerin / Les Sorinières / Mauves-sur-Loire / Nantes / Orvault / Rezé / Saint-Aignan-de-Grand-Lieu / Saint-Herblain / Saint-Jean-de-Boiseau / Saint-Léger-les-Vignes / Sainte-Luce-sur-Loire / Saint-Sébastien-sur-Loire / Sautron / Thouaré-sur-Loire / Vertou
Grand événement Le pacte métropolitain
édito
UN NOUVEAU P Un temps d’avance Depuis sa création, Nantes Métropole a un temps d’avance, grâce à des politiques innovantes et audacieuses au service du territoire et de ses habitants. Notre attractivité et notre qualité de vie reconnue témoignent de la pertinence de cette ambition. Alors que la création des métropoles par la loi de modernisation de l’action publique vient ouvrir aux agglomérations la possibilité d’étendre leur action, la métropole nantaise doit maintenir ce temps d’avance, réaffirmer son ambition, conforter son excellence, pour elle-même comme pour les territoires environnants, avec qui notre destin est lié. À Nantes, plus que jamais, nous voulons choisir notre destin, pas le subir. Pour cela, une nouvelle étape est nécessaire, un nouveau pacte métropolitain, gage de dynamisme au service de l’emploi et d’amélioration concrète du quotidien de chacune et chacun. Ce pacte métropolitain se déclinera en 4 axes. Le premier est l’accession au rang de métropole européenne. Grâce à un soutien accru aux entreprises dans leur déploiement à l’international et à la prise en charge par la métropole d’équipements et d’évènements facteurs de rayonnement, tel le Mondial de handball en 2017, nous serons plus efficaces dans notre combat en faveur d’une économie dynamique au service de l’emploi pour tous. Nous renforcerons également la solidarité entre les territoires, car c’est un principe de justice et que la cohésion est facteur de dynamisme. Ce pacte impliquera aussi une proximité accrue du service public, pour qu’il soit encore plus efficace. Nous travaillerons, par exemple, à gérer de manière coordonnée des services municipaux comme les bibliothèques ou les piscines. Enfin, nous renouvellerons la gouvernance. Déjà engagé, en particulier avec les communes, ce renouvellement se poursuivra par l’association encore plus étroite des habitants et des acteurs. Cela permettra de mieux construire collectivement notre action, de mieux l’adapter à la réalité du terrain, en la rendant encore plus concrète et lisible. Ce pacte dessine une nouvelle ambition collective pour notre métropole. Il sera, par la mobilisation de tous les acteurs de notre territoire, l’instrument de l’excellence, de l’exemplarité nantaise renouvelée. C’est une grande ambition, pour les années à venir et pour l’année 2015 qui débute. Cette nouvelle année est aussi naturellement pour moi l’occasion de vous adresser à toutes et à tous, aux habitants des 24 communes de Nantes Métropole, mes vœux les plus sincères et les plus chaleureux pour 2015. Johanna Rolland, Présidente de Nantes Métropole 2-
Nantes Métropole - Janvier/Février 2015
La métropole nantaise prend un nouvel élan à partir de janvier 2015. Si elle conserve toutes ses missions et compétences actuelles, elle se dessine un nouvel horizon avec le pacte métropolitain. C’est quoi la loi Mapam ? Toute nouvelle loi ne change pas le monde, mais peut changer la vie. Le 27 janvier 2014, a été publiée la loi Mapam ou Loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles. Comme son nom l’indique, cette loi concerne de près les métropoles
DAVANTAGE DE SOLIDARITÉ ENTRE LES 24 COMMUNES ET DE NOUVELLES COMPÉTENCES POUR LA MÉTROPOLE hexagonales, la métropole nantaise en particulier. Le premier objectif de cette loi est de clarifier les compétences des collectivités territoriales (Région, Département, Métropole, etc.) en créant des « conférences territoriales de l’action publique » (CTAP), organes de concertation entre les collectivités. L’autre aspect de cette loi est de repenser et de réorganiser les missions et les compétences des métropoles afin d’en faire de véritable leader du dynamisme régional. Ce second volet de la loi s’applique depuis le 1er janvier 2015 et octroie le statut de métropole à une dizaine de villes en France, dont Nantes. Il est à l’origine d’une nouvelle impulsion pour le projet de la
métropole nantaise : le pacte métropolitain. Un temps d’avance qu’il faut conserver. La métropole nantaise a fortement inspiré la loi Mapam qui vise à renforcer les métropoles. La métropole avait un temps d’avance sur les autres. « Ce temps d’avance, nous souhaitons le garder, déclare Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. Le mouvement et l’innovation sont encore plus nécessaires dans cette période de crise et de contraintes financières pour relever les défis en matière d’emploi, de cohésion sociale et de transition écologique. Nous devons agir et choisir pour ne pas subir. » Renouveler le dynamisme de la métropole nantaise. Il existe une loi non écrite qui dit que tout territoire qui n’avance pas recule. Car les autres ne nous attendent pas. « Nous voulons nous donner les moyens de renouveler et conforter la dynamique économique de la métropole nantaise, poursuite Johanna Rolland. Accéder au rang de métropole européenne
La métropole nantais
600 000 habitants
Grand événement Le pacte métropolitain
ACTE POUR LA MÉTROPOLE tout en répondant à l’attente de proximité des habitants est notre double objectif. » Capitale verte de l’Europe en 2013, Nantes Métropole est depuis quelques semaines à la tête du réseau de villes Eurocities, qui regroupe 130 métropoles européennes. Cette position au sommet de la pyramide européenne participe au rayonnement de notre métropole et à l’attrait qu’elle peut susciter pour des investisseurs, des chefs d’entreprise, des salariés, des chercheurs, des étudiants, des touristes. Nantes Métropole est la deuxième agglomération française en termes de croissance de l’emploi (+ 2 % par an depuis 15 ans). Elle compte 40 000 établissements d’entreprises (sièges, succursales, agences, etc.) « Nous souhaitons également valoriser la diversité et les identités des communes ainsi que celles des quartiers que nous concevons comme une vraie richesse, estime Johanna Rolland. Ceci fait partie intégrante de notre qualité de vie, qui contribue elle aussi à notre attractivité. C’est pourquoi nous voulons assurer encore plus l’équilibre et la cohésion sociale
UNE HISTOIRE QUI SE POURSUIT
Le stade de La Beaujoire devient un équipement métropolitain. et territoriale de notre métropole en insufflant notamment davantage de solidarité entre les 24 communes. » Le pacte souligne l’engagement de la métropole nantaise dans la transition énergétique : développement
des réseaux de chaleur (Plan climat), mobilité durable (piétons, vélos, transports en commun), économie circulaire (recyclage, ressourceries, circuits courts, etc.), et économie sociale et solidaire.• DP
se: le nouveau pacte
24 communes
5 mots clés pour un pacte métropolitain
Attractivité
Europe
Solidarité
Concertation
Proximité
324 000 emplois
4 villes
de l’Ouest comme partenaires privilégiés
Saint-Nazaire
Rennes
Brest Angers
Dès 1925, il existait un projet de syndicat de communes de l’agglomération nantaise ! C’est dire si Nantes et les communes qui l’environnent ont compris depuis longtemps qu’elles avaient un destin à partager. Plus récemment, en 1982, il y a eu la création du Syndicat Intercommunal à vocation multiple de l’agglomération nantaise (SIMAN). Il regroupait 19 communes et impulsait une approche globale du développement de l’agglomération où les transports et les déplacements joueront un rôle majeur. Dix ans plus tard, en 1992, le District de l’agglomération nantaise est créé, regroupant 20 communes (21 en 1995). Le premier conseil de District se tient le 6 décembre 1991. L’évolution la plus marquante concerne la fiscalité : le District est une structure intercommunale à fiscalité propre. En 2001, sera créée la Communauté urbaine, qui prendra pour nom Nantes Métropole. Des investissements essentiels pour l’attractivité métropolitaine seront menés, ainsi que le déploiement de grands services publics dans toutes les communes (déchets, transports, voirie, propreté, eau, assainissement, urbanisme, développement économique et emploi, énergie, agriculture, etc.). Ces compétences et la qualité de ses services font de notre agglomération une métropole reconnue pour son dynamisme et appréciée pour sa qualité de vie. En 2015, le pacte métropolitain marque une nouvelle étape pour la métropole nantaise et les 24 communes qui la composent.
Nantes Métropole - Janvier/Février 2015 - 3
Grand événement
Les grandes lignes du pacte métropolitain Rayonnement, attractivité, solidarité, proximité, ouverture au monde, nouvelle gouvernance sont les mots clés du nouveau pacte métropolitain, scellé entre les 24 communes, le 15 décembre dernier lors du Conseil communautaire, désormais Conseil métropolitain. Le pacte métropolitain se déploiera selon quatre axes : l’accession au rang de métropole européenne, une solidarité de territoire affirmée, une proximité accrue avec les citoyens et une gouvernance renouvelée. « Notre ambition, c’est une métropole ouverte sur le monde, plus concrète et lisible au quotidien pour les habitants, aux actions partagées avec les forces vives et les acteurs économiques, sociaux, sportifs, culturels, plus innovante et efficace pour répondre aux défis d’avenir », résume Johanna Rolland. Les pistes concrètes de changement sont là. Plus d’efficacité avec de nouveaux grands équipements métropolitains : Musée des Beaux Arts, le Château, le Muséum d’Histoire naturelle, le Planétarium, le Musée Jules Verne, le CIAP (Centre d’Interprétation et d’Animation du Patrimoine) de Rezé, le Centre culturel breton de Saint-Herblain et la valorisation des potentiels des communes au service du rayonnement commun en matière sportive, culturelle ou touristique. Plus d’attractivité avec une stratégie à l’internationale renforcée (présidence d’Eurocities, fusion des deux agences Nantes Métropole développement et Agence internationale), un
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Une métropole liée aux autres territoires Vote du pacte métropolitain par les élus du Conseil communautaire. soutien accru aux grands évènements culturels (Folle journée, Royal de Luxe), à la programmation culturelle (opéra/ art Lyrique) et une impulsion forte en direction du sport (mondial de handball en 2017, nouveaux équipements communautaires comme le Palais des Sports, le stade de la Beaujoire, le vélodrome à Couëron, les patinoires de Nantes et Rezé.
DÉBATS CITOYENS Plus de solidarité en particulier en direction des communes les moins peuplées, pour assurer un aménagement équilibré du territoire et une solidarité fondée sur le niveau de revenu par habitant. « Aujourd’hui, les groupes scolaires qui participent à des visites au château des Ducs de Bretagne sont très nombreux, rappelle la présidente de Nantes Métropole. Pour les scolaires Nantais, la visite guidée est gratuite. Pour les autres groupes scolaires de l’agglomération, elle coûte 35 €. Demain, la visite guidée du château des Ducs de Bretagne deviendra gratuite pour les groupes scolaires de maternelles et de primaires
Nantes Métropole - Janvier/Février 2015
de toute l’agglomération. » Pour les collèges et les lycées, la visite guidée du château passera à 25 euros, au lieu de 35 euros, sur toute l’agglomération nantaise. Plus de proximité avec le développement de la gestion coordonnée des services publics communaux, à la carte et sur le principe du volontariat, dans l’objectif d’un accès égal et ouvert à tous les habitants de l’agglomération des équipements existants dans chaque commune. Plus de proximité également avec de nouvelles compétences, tel le financement de places en crèches intercommunales d’entreprise (en lien avec les grandes zones d’emploi de l’agglomération), l’accompagnement de transferts d’équipements (archéologie)… Plus de concertation avec une gouvernance renouvelée, plus collective et ouverte avec un Conseil de développement renouvelé, la création d’un Conseil des acteurs économiques, et une association étroite des acteurs du territoire (entreprises, associations, etc.) et des citoyens à la définition des objectifs et à leur mise en œuvre, avec de grands débats citoyens comme celui mené sur la Loire • DP
« Porter une nouvelle ambition pour la métropole nantaise, c’est une nécessité pour l’avenir de nos 24 communes », souligne Johanna Rolland, Présidente de Nantes Métropole. Mais aussi pour les territoires qui nous entourent et avec qui nous partageons un avenir commun. » Territoire innovant, créatif, attractif, notre métropole a su en effet se développer non seulement pour elle-même et ses habitants, mais aussi au service d’un territoire plus vaste. Elle a d’abord noué des alliances avec Saint-Nazaire, partenaire de longue date, au sein du Scot (Schéma de cohérence territoriale) et du pôle métropolitain avec 4 autres intercommunalités. Ce partenariat s’est ensuite développé avec les autres grandes villes de l’ouest (Rennes, Angers et Brest) au sein du pôle Loire-Bretagne sur des enjeux stratégiques qui dépassent l’horizon de chacun. C’est donc une responsabilité envers toute une région et le Grand Ouest que porte la métropole nantaise. Le partenariat actif, réciproquement fructueux, entre la métropole et son environnement est au cœur de notre projet.
Nantes Métropole actualités
LE COMPOSTEUR COLLECTIF, LIEU DE RENCONTRES PRIVILÉGIÉ Un composteur partagé nouvelle génération a été installé au cœur du quartier nantais Malakoff. Avec son design hors norme, la structure est devenue lieu de rencontres et vecteur de lien social.
C
e samedi-là, rue de Chypre à Malakoff, Nelly a apporté du café au pied du nouveau composteur. Pierre est venu « donner un coup de main ». Anne a expliqué comment bien trier aux nouveaux venus. Trente-six foyers, du quartier, soit une petite cinquantaine de personnes, se sont ainsi inscrits auprès de l’association Compostri, pour jeter une fois par semaine leurs déchets organiques dans un composteur collectif, installé au cœur du quartier. Sorte d’ovni dans l’espace urbain de Malakoff, « le com-
lectif de femmes du quartier. Sa réalisation a été accompagnée par Nantes Métropole, qui a subventionné Compostri. Avec son réservoir pour l’eau de pluie et son toit végétalisé, l’engin cache des planches empilées qui reçoivent le compost, mélange de déchets et de broyat de feuilles donné par la Ville de Nantes. « Chaque habitant inscrit vient le samedi matin avec son seau de déchets, le vide dans le composteur, ajoute du broyat et l’eau de rinçage de son seau sur le compost en fermentation », explique Anne Guérin, habitante du quartier et guide compostage. Pour Pierre, retrai-
Au-delà de la démarche durable qu’il suppose, le composteur partagé est également devenu un lieu de rencontre, d’autant que la structure est tenue par les habitants, qui en sont responsables à tour de rôle. « Ce composteur crée du lien social, souligne Michèle Gressus, Viceprésidente de Nantes Métropole
en charge des déchets. Les gens viennent jeter leurs déchets et rencontrer leurs voisins, proches ou non, discuter un moment, apprendre, aussi, pour mieux trier. Les habitants viennent d’abord là par curiosité, puis ils découvrent qu’ils ont des valeurs communes. » • Gwenaëll Lyvinec
UN LIEU DE RENCONTRES ET D’ÉCHANGES posteur, nommé Vore-Koff, a été pensé pour être autonome, précise Léa Lacrampe, responsable projets à Compostri. C’est aussi une vitrine qui permet de valoriser la démarche durable de Nantes Métropole ». Imaginé par les designers de l’agence nantaise Faltazi, le Vore-Koff est né d’une idée de Compostri et des Idéelles, col-
té, « le Vore-Koff égaye le quartier et incite à trier. Et puis, on en voit l’intérêt en mettant le compost dans le petit jardin d’en face ». « Depuis que le composteur est installé, nous avons moins d’odeurs autour des poubelles, ajoute Marie Guitton, habitante et bénévole, cela permet aussi d’apprendre aux enfants le cycle de la nature. »
Le Vore-Koff, composteur collectif, permet aux habitants de se retrouver.
Rénovation énergétique : un site pratique Afin de mieux accompagner les copropriétés dans leur projet de rénovation énergétique, Nantes Métropole propose un site Internet où trouver gratuitement conseils et informations. Cette plateforme Web guide les copropriétés inscrites à travers les trois étapes de rénovation (préparation du projet, audit énergétique, travaux), quelle que soit la phase engagée, en leur donnant les clés pour réussir leur projet. Une fois inscrits sur le site, les copropriétaires peuvent accéder à de nombreux services (centre de ressources, outils, aides financières, suivi des consommations…) depuis le tableau de bord de leur copropriété, et voir en un coup d’œil l’évolution de leur projet. www.coachcopro.com ou Allo Climat au 02 40 415 555
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Les Boîtes à vélos rassemblent aujourd’hui 22 entrepreneurs.
Les Boîtes à vélo roulent collectif En s’installant place du Commerce, Les Boîtes à vélo gagnent en visibilité. Fondé en 2013, le collectif nantais fédère actuellement 22 entrepreneurs ne circulant qu’en biporteur ou triporteur, avec une offre de services des plus variées : du nettoyage de vitres à la plomberie, de la vente de glaces à la livraison de colis, du petit bricolage au massage à domicile. À la création du collectif, elles n’étaient que cinq. Rejointes récemment par Plombicycle, Les Boîtes à vélo sont désormais au nombre de 22, pour environ 50 personnes employées. Entre cantine itinérante, peinture déco, crêperie, bricolage/jardinage et soins à domicile, le panel des activités proposées est hétéroclite, relevant de trois catégories principales : les manuel(le)s, les livreur (se) s et les pauses gourmandes. En outre, depuis début novembre 2014, le collectif dispose d’un local, situé place du Commerce. « Ce lieu, que nous allons réagencer et rendre plus attractif, va nous permettre de communiquer autour de nos activités professionnelles », explique Stéphanie Lebreton, qui, depuis la rentrée 2014, dispense des cours de décoration chez les particuliers sous l’intitulé « Nini Gracias ». Ne se déplaçant qu’en biporteur ou triporteur,
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à assistance électrique ou pas, les membres des Boîtes à vélo se sont rapidement distingués en décrochant le prix Talents du Vélo 2014 (Entrepreneuriat), décerné par le club des Villes et Territoires. « La création du collectif a contribué à nous faire connaître, reconnaît Mirella Marcon, cocréatrice de la scop Chronovelo, spécialisée dans la livraison de colis et les déménagements. Par ailleurs, il nous permet de nous entraider et d’informer les nouveaux arrivants sur les plans juridique et matériel. » Isabelle Corbé. Permanence des Boîtes à vélo, place du Commerce, du mardi au vendredi, de 12 h à 14 h, le samedi, de 12 h à 19 h. Renseignements : www.lesboitesavelo.com nantes@lesboitesavelo.com
QUESTION À
Jacques Garreau vice-président aux déplacements doux Où en est la préparation du congrès Velo-city organisé à Nantes début juin 2015 ? Mi-février 2015, la sélection des projets déposés fin 2014 par les citoyens va débuter. La somme allouée à cet appel à projets est de 50 000 €. Pour ce qui est des entreprises désirant promouvoir la pratique du vélo auprès de leurs salariés, elles ont jusqu’au 10 avril 2015 pour nous faire parvenir leur proposition. Par rapport à l’an dernier, le budget a été doublé : il est de 80 000 €, la somme plancher pour chaque projet étant de 4 000 €. Concernant le congrès Velo-city proprement dit, nous avons reçu plus de 700 contributions provenant des cinq continents, parmi lesquelles entre 200 à 300 vont être sélectionnées. Par rapport à la précédente édition de Velocity, qui s’est tenue à Adélaïde, en Australie, ce chiffre est un record. Cela montre bien l’intérêt que suscite la tenue de ce congrès. Enfin, le site des Machines de l’Île accueillera des animations du 3 juin au 7 juin.
Photo : F. Tomps
Photo : C. Blanchard
Photo : Patrick Garçon
Nantes Métropole Zapping
Pour lutter contre le gaspi !
Réalité virtuelle et industrielle Le Centre de réalité virtuelle de Saint-Nazaire est désormais à disposition des industriels comme Airbus.
3nantesmetropole.fr vidéos sur
Long-Ma a conquis la Chine À l’automne dernier le cheval-dragon LongMa, imaginé par François Delarozière et réalisé par la compagnie La Machine, avait été dévoilé aux Nantais sur le parvis des Nefs, avant de s’embarquer pour la Chine. Haute de 12 mètres, l’incroyable créature a pris la voie des airs à bord d’un avion russe. Cadeau offert par la France à la Chine dans le cadre du cinquantenaire des relations diplomatiques entre les deux pays, le cheval-dragon s’est ensuite donné en spectacle devant un public ébahi, à Pékin. À cette occasion, l’étonnant animal devait affronter l’Araignée géante, également imaginée par François Delarozière. Le chevaldragon s’installe définitivement en Chine.
Numérique Label French Tech pour la métropole nantaise
Europe La jeune génération très créative
L’université, l’École centrale et l’École maritime veulent mutualiser des compétences L’Université de Nantes, l’École centrale de Nantes et l’École nationale supérieure maritime (ENSM) ont signé une convention de coopération, le 2 décembre dernier, à l’occasion des 10es Assises de l’économie de la mer qui se tenaient à Nantes. En formalisant ainsi leur collaboration, Olivier Laboux, président de l’Université de Nantes, Arnaud Poitou, directeur de l’École centrale de Nantes, Hervé Moulinier, président du conseil d’administration de l’ENSM et François Marendet, directeur général de ENSM, entendent développer un véritable pôle maritime ligérien d’envergure nationale.
Photo : P. Garçon
Photo : Patrick Garçon
La presse souffre et le magazine Terra eco n’a pas échappé à la crise. Pour sauver ce titre de grande qualité, qui traite de l’actualité du développement durable, l’équipe nantaise a lancé en septembre dernier une opération intitulée « Sauvez Terra eco, nous avons besoin de vous ». Plus de 1 000 personnes ont répondu à l’appel et permis de récolter plus de 100 000 euros sur le site de crowdfunding Ulule (fonds individuels participatifs). À cela, se sont ajoutées une campagne d’abonnement et l’arrivée d’actionnaires extérieurs qui ont permis au journal de sortir la tête de l’eau et d’envisage l’avenir plus sereinement. La somme totale récoltée, 450 000 euros, va permettre au magazine de se relancer.
Dans le cadre de l’Année européenne de lutte contre le gaspillage alimentaire, plusieurs rendez-vous, tel ce videcuisine à Bouguenais, sont proposés sur les communes de l’agglomération jusqu’en juin prochain.
Photo : K. Daniel
Le magazine Terra eco sauvé par ses lecteurs et le crowdfunding
Le label ÉcoRéseaux de chaleur à Nantes Métropole AMORCE est l’association nationale des collectivités, des associations et des entreprises pour la gestion des déchets, de l’énergie et des réseaux de chaleur. Elle vient de décerner son label ÉcoRéseaux de chaleur à Nantes Métropole.
Maritime Des éoliennes en mer et en force
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Nantes Métropole d’avance « LA FORCE DE NOTRE ÉCOSYSTÈME MARITIME » Les 10e Assises de l’économie de la mer se sont tenues à Nantes sous le signe de la croissance bleue.
Hanna Gronkiewicz-Waltz, maire de Varsovie, aux côtés de Johanna Rolland.
Johanna Rolland, présidente d’Eurocities
Le 7 novembre 2014, lors de l’assemblée générale officielle d’Eurocities à Munich, Nantes a été élue à la tête du réseau des 130 métropoles européennes. Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, est devenue à cette occasion présidente d’Eurocities.
N
antes Métropole aime l’Europe. Et dans le concert des grandes citées européennes, son nom résonne désormais un peu plus fort. Début novembre 2014, les 130 grandes métropoles européennes, membres du réseau Eurocities, étaient en effet réunies pour leur conférence annuelle et leur assemblée générale. Cet événement se déroulait à Munich et avait pour thème central l’énergie dans les villes intelligentes de demain. À cette occasion, Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, a été élue par l’assemblée générale d’Eurocities présidente de cette assemblée. Cette présidence s’inscrit dans la suite logique de l’engagement fort et constant de Nantes à Eurocities depuis son adhésion en 1997. 8-
Johanna Rolland succède à Hanna Gronkiewicz-Waltz, maire de Varsovie. Élue pour une année, renouvelable une fois, la nouvelle présidente d’Eurocities souhaite une présidence forte, fédératrice et mobilisatrice pour renforcer la place d’Eurocities dans le réseau des acteurs européens. « Ma conviction est qu’Eurocities est
FAIRE PESER LA PAROLE DES VILLES DANS LES DÉCISIONS EUROPÉENNES la voix naturelle des grandes métropoles européennes. Il faut innover et inventer ensemble de nouveaux modes de développement urbains et durables. Eurocities, par son expertise collective, peut et doit être
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force de propositions concrètes et opérationnelles à l’intention des décideurs européens pour améliorer la qualité de vie de nos villes. Ainsi, nous pouvons et nous devons également être un vecteur essentiel du rapprochement entre les citoyens et l’Europe. » Dans son discours, Johanna Rolland a présenté les quatre priorités de son mandat. Elle a affirmé l’importance qu’elle accordait à la reconnaissance de la parole des villes dans les décisions prises au niveau européen. Elle a rappelé le rôle crucial des investissements publics et des services publics locaux et affirmé comme un thème majeur le climat, l’énergie et l’environnement. Enfin, dans un contexte économique difficile, Johanna Rolland a souligné que l’emploi devait être la priorité des priorités. • La rédaction
Marins, dirigeants d’entreprise, armateurs chercheurs scientifiques, universitaires, directeurs de grandes écoles, étudiants… Plus de 1 600 personnes ont participé à la dixième édition des Assises de l’économie de la mer qui se déroulait cette année les 2 et 3 décembre 2014 à La Cité Nantes Events Center : un événement marqué par l’inauguration de l’usine Alstom à Montoir-de-Bretagne (fabrication d’éoliennes offshore) et par la venue du Premier ministre, Manuel Valls. « En matière maritime, la France doit savoir non seulement conserver son rang, mais, mieux encore, affirmer sa position, a-t-il déclaré. Ma présence a pour objectif de réaffirmer l’ambition maritime de la France, son rendez-vous avec la croissance bleue. » Sur la métropole Nantes SaintNazaire, 15 000 emplois sont liés aux filières maritimes (construction navale, nautisme, grand port, etc.). « Ces trois jours ont montré la force de notre écosystème maritime qui est l’un des plus importants de France et d’Europe, a estimé pour sa part Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole. Autour des énergies marines renouvelables, en particulier, la métropole Nantes-Saint-Nazaire conforte et renouvelle son ambition industrielle, avec à la clé de très nombreux emplois. » CF www.economiedelamer.com www.nantesmetropole.fr
Nantes Métropole d’avance
Beau label Métropole French Tech up très performantes, avec déjà de belles levées de fonds, c’est-à-dire des entreprises qui ont réussi à attirer des financements et des investisseurs parce qu’elles ont des projets de développement intéressants. Nous avons aussi découvert une Axelle Lemaire, secrétaire fédération d’acteurs, tous prêts d’État au Numérique, l’a annon- à aller conquérir de nouveaux cé mi-novembre : 9 villes étaient marchés, à créer de la croisretenues au titre de Métropole sance et des emplois ici, locaFrench Tech : Bordeaux, lement. » Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Johanna Rolland, maire de Montpellier, Rennes, Toulouse Nantes et présidente de Nantes et Nantes. Quelques jours plus Métropole, souligne également tard, elle est venue saluer les la force du collectif fédéré acteurs de l’écosystème numé- autour de cette candidature : rique nantais, qu’elle avait « C’est d’abord une victoire cold’ailleurs renlective. Et c’est l’originalité, la contrés en juin singularité de dernier, lors « C’EST D’ABORD UNE la candidature du Web2day, VICTOIRE COLLECTIVE » nantaise. Elle l’un des événeest portée par ments majeurs une volonté du monde numérique à Nantes. « Neuf politique, mais aussi par des métropoles ont été labellisées, acteurs économiques dans leur rappelle Axelle Lemaire. Nantes diversité : des start-up, des fait partie des révélations de grands groupes, des entreprises l’année. Pourquoi ? Parce que récemment installées sur le terson écosystème numérique ritoire, de même que l’universiest encore relativement jeune té, des chercheurs, des artistes, et assez méconnu en dehors des étudiants ou des acteurs du territoire nantais. Nous associatifs qui travaillent sur la avons découvert ici des start- lutte contre la fracture numé-
Nantes est officiellement une Métropole French Tech. Ce label attribué par l’État l’identifie comme une des places fortes de l’économie numérique en France.
Les élus de la Métropole, Axelle Lemaire et les acteurs du numérique nantais.
rique, par exemple. Maintenant, cette victoire doit amener des résultats concrets. » L’emploi est bien entendu en ligne de mire. « C’est notre priorité », déclare Johanna Rolland. « Le premier objectif, sur la French Tech, c’est la création, au cours des dix prochaines années, de 10 000 emplois supplémentaires par rapport aux 19 000 emplois que nous avons déjà, explique Adrien Poggetti, délégué général d’Atlantic 2.0, une association qui fédère les acteurs du numérique nantais. L’autre objectif, c’est la création de dix “ Tech Champions ”, c’està-dire des entreprises d’hypercroissance capables de recruter beaucoup. » Celui qui se voit confier la mission de suivi de cette labellisation rappelle également que, dans le dossier, « il y a aussi la création de ce que l’on appelle un “ bâtiment totem ”, un bâtiment étendard du numérique, la future Halle 6 d’Alstom, en plein cœur du Quartier de la création sur l’Île de Nantes ». « Dans un premier temps, les entreprises vont bénéficier de cette marque “ French Tech ” à l’échelle territoriale internationale, explique Franckie Trichet, adjoint au maire de Nantes et conseiller communautaire en charge du numérique. Concrètement, si un entrepreneur, demain, veut se rendre à tel salon à Las Vegas ou à Berlin, il aura un accompagnement financier. Sur les 200 millions d’euros, la marque French Tech est accompagnée de 15 millions d’euros de budget pour financer des déplacements des startuppers pour aller rayonner à l’international. » • DP
QUESTION À
Axelle Lemaire secrétaire d’État au Numérique. À quoi vont servir les 200 millions d’euros attribués au lauréat du label French Tech ? À partir de janvier 2015, 200 millions d’euros seront mis à disposition par la BPI, la Banque publique d’investissement. Cette banque publique sélectionnera des « accélérateurs », c’est-àdire des lieux qui réunissent des start-up lorsque celles-ci présentent un fort potentiel de croissance. L’idée n’est pas
de distribuer des subventions publiques. Cela ne marche pas, avec les start-up. L’idée consiste à venir en soutien, en appui, en garantie de l’investissement privé. Mais la condition sine qua non est d’être en capacité d’attirer des investisseurs, en particulier des investisseurs étrangers. L’objectif est évidemment de permettre aux entreprises de grandir et de créer des emplois, localement, sur les territoires.
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Nantes, la Loire et nous
NANTES, LA
Lieu de vie et lieu de travail, la Loire court sur 52 km au sein de la métropole. 10 -
Nantes Métropole - Janvier/Février 2015
Nantes, la Loire et nous
De la page 10 à la page 19 La Loire à réinventer
p.13
Éclusier, au fil de l’eau
p.16
Un fleuve à franchir
p.17
Angélique, fleur d’estuaire
p.19
LOIRE ET NOUS : QUE FAISONS-NOUS ? La métropole nantaise a un cœur d’eau. C’est la Loire. Traversant en son sein la métropole et 14 de ses 24 communes, il fait aujourd’hui l’objet d’un débat citoyen pour que les habitants se le réapproprient.
F
leuve sauvage, la Loire a tenu un rôle majeur dans le développement de la cité nantaise, au cours de l’histoire. Ce fleuve, que la ville a épousé pour naître, traverse 14 des 24 communes de l’agglomération nantaise. Il a été transformé, dompté, urbanisé. Depuis le mois d’octobre 2014, et durant huit mois, un débat citoyen est lancé afin de redéfinir la fonction et le rôle du fleuve à travers la métropole, mais aussi afin de permettre aux habitants de s’exprimer sur leur perception du fleuve et de ce que l’on peut en faire dans les années à venir. « La Loire et ses affluents ne sont pas simplement le fil qui relie un grand nombre de communes de notre agglomération, souligne ainsi Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes métropole. La Loire, c’est aussi une part de notre avenir. » Les 110 km de rives du fleuve hébergent habitations, entreprises et zones naturelles. Elles sont aussi un lieu de promenade et de démonstration artistique avec les anneaux de Buren et l’exposition d’art contemporain d’Estuaire. Et cela reste également un lieu de franchissement et de déplacements. Près de 644 000 franchissements du fleuve ont lieu chaque jour, que ce soit à pied, à vélo, en voiture ou autres par l’intermédiaire des ponts et autres bacs de Loire. « La proposition qui est faite dans le débat Nantes, la Loire et nous, interroge à la fois des grands
projets stratégiques de l’agglomération que ment économique des territoires à Nantes nous voulons dessiner demain, mais aussi Métropole, et des enjeux de développement des projets du quotidien, explique Johanna et d’aménagement très importants. » Rolland. Ce débat renvoie également cha- Des usages à réimaginer. « Le sens de cune et chacun aux lieux personnels, aux cette démarche est de se réapproprier la liens presque intimes qu’il peut entretenir Loire, de regarder plus vers la Loire et de lui redonner l’importance qui a toujours avec la Loire. » Aujourd’hui, la Loire est un espace que les été la sienne, c’est-à-dire d’être un trait initiés connaissent bien, mais dont les habi- d’union entre nos populations, estime Joël tants de la métropole sont encore éloignés. Guerriau, conseiller communautaire et maire de Saint-SébastienEn amont du fleuve, sur-Loire. Sur le plan les habitants « vivent » ludique, en particulier sur la Loire, la Loire est les pratiques et les usages de pratiquée, les quais NOUS DEVONS la Loire, beaucoup de choses sont aménagés. Aussi ÉLABORER peuvent être réimaginées. » l’objectif du débat est-il ENSEMBLE UNE Pour participer au débat, d’ébaucher « une straSTRATÉGIE DE les habitants de la métrotégie globale de reconRECONQUÊTE quête de la Loire et pole peuvent d’abord se pas simplement de ses plonger dans le document DE LA LOIRE rives, ajoute Johanna socle mis en ligne depuis Rolland. Il y a des persle 18 octobre sur le site www.nanteslaloireetnous. pectives majeures, avec notamment les deux cents hectares qui sont fr . Particulièrement dense, il permet de aujourd’hui au cœur de l’agglomération et balayer tous les thèmes en lien avec le qui sont à réaménager : Île de Nantes, Bas fleuve. « Nous avons la volonté, à travers Chantenay, ZAC des Îsles à Rezé. L’objectif ce document, d’être dans le concret, dans du débat est d’être à l’initiative pour inno- le quotidien et les usages des citoyens, ver et inventer des projets qui vont per- précise ainsi Fabrice Roussel, vice-prémettre de changer le rapport des habitants sident de Nantes Métropole en charge du à la Loire. C’est à la fois une vraie chance dialogue citoyen, de la proximité, des cooet une vraie responsabilité ». pérations métropolitaines et du tourisme. « Il y a des enjeux de proximité entre L’objectif est de permettre l’expression Nantes et le sud Loire, entre Nantes et citoyenne. Chacun a le droit à cette expresRezé, souligne Gérard Allard, maire de Rezé sion sur le ressenti, la vision qu’il a de la et vice-président en charge du développe- Loire. » • Gwenaëll Lyvinec
L’OBJECTIF DU DÉBAT EST D’ÊTRE À L’INITIATIVE POUR INNOVER ET INVENTER DES PROJETS QUI VONT PERMETTRE DE CHANGER LE RAPPORT DES HABITANTS À LA LOIRE. Photo : Patrick Garçon
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La Loire au cœur de la métropole
La Loire
Longueur : 1010 km
N
Bassin versant : 117
Soit 1/5 du territoire français
Nantes Métropole
La
Océan Atlantique La Loire court à travers la métropole, traversant 14 des 24 communes qui la composent. Le plus long fleuve de France, avec ses 1010 km, est un lieu de vie, de loisirs, où l’on navigue, où l’on pêche, ou au bord duquel on se promène. Mais c’est aussi un lieu économique et de passage, qui draine entreprises et salariés. Bientôt, sur la métropole nantaise près de 200 ha seront aménagés en bord de Loire.
12 -
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Lo
ir
e
Le fleuve connaît des fluctuations d’apports d’eau considérables.
Été, période d’étiage
100 m /s 3
Hiver, période de crues
X 60
Le plus important débit enregistré est celui de 1910 avec
6300 m /s 3
La Loire prend sa source au Mont- Gerbierde- Jonc, Ardèche
Une quarantaine d’espèces de poissons vivent dans la Loire
(sandre, carpe, goujon, brochet, silure, etc.). Des espèces migratrices, tels le saumon atlantique, l’alose, la lamproie, l’anguille et son alevin, la civelle, sont présentes une partie de l’année, lors de leur transit.
000 km2
( Chiffres de l’AURAN)
Volume de marchandises gérées par le Grand Port Maritime de Nantes – Saint-Nazaire, en 2013 :
28
La Loire, un espace économique
millions de tonnes.
Pétrole Gaz naturel Céréales Bois Charbon Container Ferraille Sable
800
L’activité portuaire de Nantes représente 2,5 millions de tonnes par an, soit 9% du trafic du Grand Port Maritime de Nantes - Saint-Nazaire
41
navires marchands remontent la Loire jusqu’à Nantes chaque année; un sur deux est un sablier
pêcheurs fluviaux recensés en Loire -Atlantique
1/3
des berges de la Loire dans l’agglomération est aménagé: quais, estacades, appontements et enrochements
La Chapellesur-Erdre
14
Carquefou
communes de la métropole, riveraines de la Loire
Sautron
Orvault
SaintHerblain Indre
La Loire, ça se passe comme ça
Bouaye
Rezé
Vertou
2 000 ha
Bouguenais
SaintAignande-GrandLieu
643 800
8 îles
sur la Loire dans l’agglomération nantaise
SaintSébastiensur-Loire
Brains SaintLégerles-Vignes
BasseGoulaine
Nantes
Le Pellerin Saint-Jeande-Boiseau La Montagne
de Loire sur la métropole, soit environ 110 km de rives
Thouarésur-Loire
SainteLuce-sur Loire
Couëron
52 km
Mauvessur-Loire
franchissements de la Loire par jour dans l’agglomération, via les ponts, les bacs, etc.
Les Sorinières
de Loire dans l’agglomération protégés au titre de Natura 2000
Vélos, piétons, voitures, bus, tramways, trains, bateaux… D’ici à 2030, on attend 300 000 franchissements supplémentaires par jour à Nantes.
25 sites dédiés
70 km
pour le parcours La Loire à vélo sur la Loire et ses affluents (Erdre, Sèvres) dans l’agglomération
au nautisme, dont la majorité sur l'Erdre, en plus des cales d'accès à l'eau
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Le comité des citoyens. 24 personnes, pour moitié nantaises et pour l’autre originaire des autres communes de l’agglomération, constituent le comité citoyen. Elles se retrouveront un week-end par mois jusqu’en avril 2015, soit 8 jours de participation, pour réfléchir sur les thématiques du débat et suivre les auditions organisées autour des quatre grandes thématiques. Le comité rendra un avis global à la commission du débat.
Une commission pour un débat Élise Roy, architecte et socio-urbaniste, Martine Staebler, ancienne directrice du GIP Loire Estuaire et Philippe Audic, président du Centre de communication de l’Ouest, sont trois des membres de la commission du débat Nantes, la Loire et nous. Bénévoles, ils expliquent leur rôle et les raisons de leur engagement dans ce grand débat citoyen.
Élise Roy
« Réfléchir à la valeur accordée au fleuve et à ses berges » « Ce débat prend la forme d’une démarche collective et citoyenne dont la véracité de l’ambition se confirme depuis son lancement. En tant que citoyens engagés membres de la commission du débat, nous souhaitons faire partager cette ambition à tous les habitants de la métropole désirant participer à cette réflexion autour de la Loire. Au fur et à mesure des contributions, le débat va se nourrir de petites et de grandes idées. Certains citoyens, eux-mêmes experts sur des sujets précis, sont susceptibles de faire des propositions auxquelles les élus n’auraient pas forcément pensé. Sur le site, les internautes dialoguent déjà entre eux. Au sein même de notre commission, le débat existe. Cela rend l’exercice passionnant. Personnellement, en tant que socio-urbaniste, je m’intéresse à la vaste question de ce qu’on désigne comme “ la Loire métropolitaine ”. Il y a une vraie nécessité de réfléchir à nos déplacements, ainsi qu’à la valeur accordée au fleuve et à ses berges. »
Propos recueillis par Isabelle Corbé Photos : Stéphan Ménoret
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Martine Staebler
Philippe Audic
« Reconsidérer son savoir par rapport à la Loire »
« Réinventer de nouveaux usages sur le fleuve »
« Je trouve ce débat intéressant sur le fond et la forme. Sur le fond, il permet de revisiter les liens entre la Loire et la ville, d’interroger la place du fleuve au sein du territoire nantais. En tant que passionnée de la Loire et de son estuaire, je pense qu’il faut que l’eau retrouve la ville, que la ville retrouve l’eau. On a un peu perdu ces notions de fleuve et d’eau. La forme du débat, aussi, présente un intérêt, du fait des différents outils mis en place : le site Internet, les auditions publiques ou encore les documents mis en consultation, notamment le document socle. La forme adoptée par ce débat peut enrichir les propositions. Et puis, pour apprécier ce fleuve, il faut savoir ce qu’il est, connaître ses problèmes, ses capacités, ses richesses. Avant, ce savoir était un peu la chasse gardée des experts. Ici, le public va pouvoir avoir accès à de nombreuses informations et reconsidérer son savoir par rapport à la Loire. Les gens ne pourront pas dire : “ Ah, je n’ai pas pu donner mon avis !” »
« Tout jeune, j’habitais à proximité de la Loire. J’y voyais les pêcheurs travailler et les cargos passer. Le fleuve respirait, avec ses crues et ses marées. Et puis, progressivement, les habitants s’en sont détournés. Longtemps, la Loire a fait office d’outil de travail, avec toutes les activités liées au commerce maritime et à la construction navale. On l’a exploitée sans vergogne. On a creusé son lit et comblé ses bras. Les activités liées aux loisirs, elles, étaient plutôt pratiquées sur l’Erdre. Désormais, la question qui se pose est : quelle vie peut-il y avoir sur la Loire ? Dans l’agglomération nantaise, l’enjeu est que les habitants se réapproprient leur fleuve et réinventent de nouvelles pratiques et de nouveaux usages. Ce débat offre l’opportunité aux citoyens d’échanger entre eux sur l’avenir de leur territoire, et pas seulement avec les élus, que ce soit via Internet ou lors des rencontres prévues à cet effet. La commission du débat a été créée pour s’assurer que tous les acteurs et citoyens concernés puissent bénéficier de tous les éléments d’information disponibles et exprimer leurs points de vue et leurs propositions. »
Nantes, la Loire et nous
« Amener le public à pratiquer la Loire » Bernard Prud’homme Lacroix est le directeur du Groupement d’intérêt public Loire Estuaire (GIP LE), installé sur l’Île de Nantes. Il raconte la Loire et son évolution.
Dans le débat sur la Loire, le GIP Loire Estuaire a été auditionné comme grand témoin. Il pourra apporter sa connaissance factuelle afin d’éclairer le débat Nantes, la Loire et nous. Le Groupement d’intérêt public Loire Estuaire est en effet un outil technique. Il fournit des données et des analyses sur le fleuve et l’estuaire, au service du territoire et de ses projets. Il a été mis en place par et pour l’État, ses établissements publics (Grand Port maritime Nantes-SaintNazaire, VNF), les collectivités locales (Nantes Métropole, Conseil général, Conseil régional, CARENE), ainsi que les acteurs économiques (Association des industriels Loire Estuaire et Union maritime Nantes Port). « Nantes a une relation forte avec la Loire du fait de son histoire, explique son directeur, Bernard Prud’homme Lacroix. Historiquement, le fleuve est d’abord une voie de navigation et une place portuaire. Comme beaucoup de villes, Nantes se développe à l’interface entre voie fluviale et voie maritime, comme Bordeaux ou Rouen. Ces villes de fond d’estuaire se sont développées avec le fleuve, voie de transport et ressource en eau, eau potable mais aussi agricole et industrielle. Le fleuve est alors un outil de travail. Nantes, avec notamment les chantiers navals, avait
un lien économique fort avec le fleuve. Les fonctions portuaires du fleuve prédominaient. « Les années 90 ont ensuite marqué un tournant pour la ville, poursuit le directeur du GIP Loire Estuaire. Les chantiers ferment (lancement du dernier navire en 1987) et le lien à la Loire change. Dans les vingt dernières années, se libèrent, en particulier sur l’Île de Nantes, de grands espaces urbains. Parallèlement, les premières prises en compte de l’environnement se font jour avec le constat de l’évolution du fleuve : abaissement des lignes d’eau, remontée du sel, développement du bouchon vaseux. Les aménagements urbains, les espaces publics, avec la transformation du site des chantiers mais également la biennale d’art contemporain Estuaire,
Engager un débat sur la Loire arrive à point nommé. ont amené le public à davantage pratiquer la Loire. C’est une expérience de découverte pour le grand public. Récemment, le débat Ma ville demain a révélé l’intérêt du public pour la Loire. Engager, aujourd’hui, un débat public sur la façon de construire la ville avec la Loire, développer les usages et la pratique du fleuve, arrive à point nommé. » • GL
QUESTION À
Philippe Guillotin,
directeur de l’Agence d’urbanisme de la région nantaise (Auran).
Quelle est l’implication de l’Auran dans le débat sur la Loire ? « Nous avons réalisé un gros travail collaboratif avec Nantes Métropole. Ce débat sur la Loire prolonge ce que l’on a fait dans la démarche prospective Ma ville demain, inventons la métropole nantaise de 2030. À l’époque, les gens s’étaient montrés très intéressés par tous les sujets concernant la Loire. Le projet Nantes 2030 avait fait émerger ces problématiques-là de manière très claire. La Loire est un site à enjeux forts, tant sur le plan de l’activité industrielle ou environnementale, et bien entendu, sur sa dimension urbaine. Elle a des caractéristiques à préserver. Lorsqu’on a été sollicités pour préparer le document de base du débat sur la Loire, nous avons souhaité réaliser un document de référence, qui fasse le point sur l’état de la connaissance sur le sujet de la Loire et de la centralité métropolitaine et qu’il puisse être mis à disposition de tout le monde. Nous avons choisi une forme très accessible pour ce document socle et un découpage qui permette sa mise en ligne. On peut le lire de bout en bout ou par partie. Il offre, en même temps, plusieurs portes d’entrée. On peut ainsi l’aborder comme on l’entend. L’idée étant que chacun ait sa propre lecture du document et qu’il s’empare de ce sujet facilement. Il est téléchargeable par parties ou en intégralité sur le site http://www.nanteslaloireetnous. fr/le-debat/le-document-socle et sur le site de l’Auran. »
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Nantes, la Loire et nous
VIES DE LOIRE
Éclusier : une vie au rythme de la Loire Les éclusiers gèrent le trafic des bateaux et surveillent le niveau de l’Erdre, de la Sèvre et de la Loire. À l’écluse Saint-Félix de Nantes, ils sont deux à œuvrer au débit de l’eau. « Mon métier consiste à faire passer les bateaux dans l’écluse et à gérer le niveau d’eau de l’Erdre et de la Sèvre », explique Jorge Valente, éclusier au département de LoireAtlantique. Installé dans sa guérite au bord de l’écluse Saint-Félix à Nantes, il a, devant lui, un écran qui lui permet, via des caméras, de contrôler le barrage de Pont Rousseau, l’écluse, le tunnel de Saint-Félix et l’écluse de Vertou. Le fait d’habiter une maison éclusière permet au professionnel de suivre les remous du fleuve au quotidien tout en laissant passer les bateaux. « En juin, nous avons un gros trafic, avec 10 à 15 bateaux par jour parfois, des Anglais, des Hollandais, des Belges, précise encore l’homme de Loire. Les gens de Loire qui viennent de l’amont ont une vision très différente du fleuve. Ce ne sont pas du tout les mêmes navigateurs que chez nous ! » Une semaine sur deux, en alternance avec son coéquipier, Jorge Valente se transforme en agent d’entretien des berges. « On fait l’élagage, le balisage sur l’Erdre, l’enlèvement d’embâcles… Nous sommes des navigants, avec un permis bateau, car, pour aller sur la Sèvre, par exemple, nous devons naviguer sur la Loire. Et puis, nous gérons également la Divatte, notamment en cas de crues. C’est aussi pour cela que nous suivons en permanence l’évolution des niveaux de la Loire. »
« Être vigilant sur l’état du fleuve » Avant d’être dans nos verres, l’eau de la Loire est prélevée en trois endroits, à Mauves-sur-Loire, à Nantes et dans l’Erdre (secours). Stéphane Jeanroy est en prise direct avec ces lieux de pompage. La Loire est la ressource principale en eau brute. Chaque année, 40 millions de mètres cube d’eau sont prélevés dans le fleuve avant d’être traités pour devenir potable dans l’usine de La Roche, à Nantes. Le pompage principal se fait à Mauves-sur-Loire, dont la station pompe une moyenne de 100 000 m3 par jour, soit 100 millions de litres par jour. « Nous pouvons utiliser la seconde prise d’eau, à Nantes lorsque celle de Mauves est à l’arrêt ou en maintenance. Par ailleurs, cette prise d’eau ne peut être mise en service que lorsque le débit de la Loire le permet, afin d’éviter le front salin et le bouchon vaseux », précise Stéphane Jeanroy, technicien suivi de travaux à la DOPEA* – Pôle eau potable. La troisième prise d’eau dans l’Erdre reste une prise d’eau de secours. La station de Mauves a été construite en 1989. Auparavant, il n’y avait que celle de Nantes. Mais, avec les marées et le bouchon vaseux, « on récupérait une eau chargée en sédiments. Il fallait donc écarter le plus possible de l’entrée maritime cette nouvelle prise d’eau », raconte Stéphane Jeanroy. L’agent, qui gère la prise d’eau via l’usine de La Roche, est toujours en veille quand il aborde le fleuve. « C’est un réflexe pour moi. Tous les jours, je regarde sa couleur, son niveau, ce qui flotte. Je reste en permanence en vigilance sur l’état de la Loire. » * Direction des opérateurs publics de l’eau et de l’assainissement.
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« Il faut vivre et comprendre le fleuve » Les pilotes de Loire guident et manœuvrent les navires de plus de 75 m entrant et sortant de tous les ports du fleuve. À Nantes, ils sont trente pilotes, qui utilisent l’onde de marée et les courants pour amener des navires jusqu’au cœur de l’agglomération. Stéphane Pousset est pilote major du Syndicat professionnel des pilotes de Loire. Chaque jour, du haut de la vigie, à la station du pilotage de Nantes, il scrute la Loire. « Les pilotes maritimes ont une mission d’intérêt général, ils contribuent à la sécurité des navires et du port, précise le Nantais. Leur parfaite connaissance du fleuve, de ses dangers, leur expérience de la navigation et des manœuvres participent à la protection de l’environnement. » Les opérations durent de 2 heures pour Saint-Nazaire à 6 heures pour Nantes, 365 jours par an de jour et se déroulent essentiellement de nuit. « Le port de Nantes est équivalent en tonnage aux ports de Brest et Lorient, souligne encore Stéphane Pousset, pour qui la Loire est un élément du quotidien. Il faut être en permanence au contact du fleuve pour le comprendre. La Loire est changeante, vivante, elle subit les influence des marées, avec des coefficients différents chaque jour, des interactions entre courant marin et crue… Au même titre que les usagers de la Loire, les pilotes en sont des gardiens, ajoute le navigateur. Leur connaissance du fleuve est l’essence même de leur métier de guide. » Propos recueillis par Gwenaëll Lyvinec Photos de la page : Patrick Garçon
Nantes, la Loire et nous
« La Loire devient notre terrain de jeu » Pêcheur professionnel, Claude Janin vit avec la Loire, une compagne de toujours qui le nourrit et qu’il fait découvrir aux touristes. La Loire, Claude Janin la nomme affectueusement « ma rivière ». Lui-même fils de pêcheur professionnel, il loue le lot numéro 12, soit 6 kilomètres à cheval entre Saint-Julien-de-Concelles, La Chapelle-BasseMer, Thouaré-sur-Loire et Mauves-sur-Loire. Basé à Saint-Sébastien, son neveu, Eddy, pêche quant à lui sur Nantes. « La Loire a toujours été nourricière pour ma famille. » Dans les filets que Claude Janin tire manuellement depuis 28 ans, des civelles, des lamproies, des aloses, des mulets, des brèmes, dont une partie est transformée par ses soins en terrines de sandre aux pleurotes ou brochet au muscadet. « Dans la profession, je suis un pêcheur atypique. » Actuellement, les civelles et les anguilles sont présentes en nombre. « La qualité de l’eau est plus intéressante. On est content. Ça revient. » L’hiver reste sa saison préférée. « Il n’y a presque personne. La « rivière » est un peu à nous. Cela devient notre terrain de jeu. » L’été, il propose des balades sur une embarcation pouvant accueillir 12 personnes. « Ce fleuve a toujours été vivant. Longtemps, il a servi au commerce et au transport. » Une idée pour le débat sur la Loire est sans doute là : refaire vivre les pratiques du fleuve. Claude Janin le dit ainsi : « Ce fleuve, il faut qu’il vive. »
« Pédaler à côté de l’eau est moins monotone » Sandrine Laporal vit à Nantes. Chaque semaine, elle pédale sur le parcours de la Loire à vélo. Nazairienne de naissance, Sandrine Laporal, cycliste régulière depuis 2 ans, s’apprête à traverser le Canada à vélo, de mai à octobre 2015, afin de relier Vancouver à Montréal lors d’un périple ponctué de nombreux détours. « J’aime me lancer dans des projets qui font rêver », confie la jeune femme qui vit à Nantes depuis trois ans. Dans la perspective d’effectuer en moyenne 70 kilomètres quotidiennement, elle s’entraîne quasiment chaque week-end, souvent sur les bords de Loire, direction Saint-Brévin ou Saint-Florent-Le-Vieil. « La Loire me fascine. La lumière n’est jamais la même. À chaque fois, ce sont comme des cartes postales différentes. » Via le site Warmshowers, elle accueille régulièrement des cyclo-randonneurs français et étrangers, adeptes de « La Loire à vélo ». « Rien qu’en longeant le fleuve, ils trouvent la France magnifique. Récemment, j’ai été contactée par un couple d’Argentins. » La Loire, un lieu à voir mieux, une idée pour le débat citoyen, qui fera son chemin, certainement. « C’est agréable de pédaler à côté de l’eau. C’est moins monotone. À vélo, on se permet de prendre le temps. C’est cette lenteur que je recherche. Je suis une cycliste contemplative. »
« Le Pellerin pourrait devenir un petit Trentemoult » En juillet 2011, Xavier Goualard et Carole Pouliquen ont repris L’Esplanade, un hôtel-restaurant situé quai André Provost, au Pellerin. Face à cet ancien relais de poste du XIXe siècle, il y a la Loire, vaste et splendide serpent d’eau. « D’un matin à l’autre, les paysages sont différents, témoigne Carole Pouliquen. Les personnes qui découvrent Le Pellerin trouvent cela superbe. Certains Nantais ont pris l’habitude de venir afin de profiter de la terrasse et de la vue.» L’été, leurs 16 chambres affichent complet, occupées par les randonneurs à vélo, parmi lesquels des Allemands, des Néerlandais, des Belges, des Espagnols. « Notre hôtel est le dernier point de confort avant Saint-Brévin, explique Xavier Goualard. Le parcours Loire à vélo nous permet de passer l’hiver. » Il y a peu, une navette reliait cet ancien port de pêche à Indre. Parfois, des bateaux accostent, pour une à deux nuits, au ponton existant. Des améliorations pour l’avenir de ce petit coin de paradis ? « Il faudrait le remettre aux normes, ce ponton, pour pouvoir accueillir plus d’embarcations. Le Pellerin pourrait devenir un petit Trentemoult. » http://www.hotel-lesplanade.fr/
myhappycanadatour.com
Propos recueillis par Isabelle Corbé Photos de la page : Patrick Garçon
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N°55 // JANVIER / FÉVRIER 2015
Nantes, la Loire et nous
DÉVELOPPER LES NAVETTES SUR LE FLEUVE Présent depuis le lancement du Navibus en 2005, Yann Temey assure régulièrement la liaison entre la gare maritime et le village de Trentemoult, au sein d’une équipe qui compte trois autres capitaines. Chaque jour, en moyenne, 1 500 personnes embarquent à bord du Navibus, à Nantes ou à Rezé. Comptez, cela fait environ 500 000 par an, contre 150 000 à ces début. « Je transporte certains clients depuis le début. On se connaît. On se tutoie. » Effectuant également des croisières jusqu’à Saint-
Nazaire et Paimbœuf, Yann Temey connait plutôt bien la Loire et « ses caprices ». L’hiver, du fait des crues, l’effet des courants est plus perceptible. « L’été, on ressent plus les effets des marées. Ici, on se trouve à l’embouchure du fleuve. Ça draine pas mal d’eau.» Souvent, certains passagers le
questionnent sur la possibilité d’accoster plus près du centre de Nantes. « Çà et là, il faudrait installer des pontons. En fait, on entend beaucoup parler de franchissements au-dessus de la Loire, mais moins de projets en prise directe avec le fleuve. Dans les années 50 et 60, il y avait encore des “roquios”, des
vedettes à vapeur. Les navettes existaient donc déjà. Et elles étaient plus nombreuses qu’aujourd’hui.» On y mangeait des galettes et on y buvait du cidre à bord. Une autre époque à faire renaître, pour retrouver l’esprit des bords de Loire, avec ses vedettes, ses guinguettes et ses fêtes… • IC
« Nous avons la responsabilité de protéger l’angélique »
Pascal Lacroix est botaniste. C’est un spécialiste de l’angélique des estuaires, plante unique et typique des berges de Loire. Cette plante est la reine des berges de l’estuaire de la Loire. L’angélique des estuaires, de la même famille que l’angélique des confiseurs, ne pousse qu’en quelques endroits, et surtout
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uniquement en France, dans les grands estuaires de la façade atlantique. On dit de ce genre d’espèces qu’elle est endémique. Pascal Lacroix est botaniste, au Conservatoire botanique national de Brest (antenne des Pays de la Loire), à Nantes. Il est un peu le monsieur Angélique. Nous l’avons rencontré du côté de Trentemoult, les bottes dans la vase, avec vue sur la pointe de l’Île de Nantes, au pied de peupliers noirs et de saules argentés. « L’angélique des estuaires est une ombellifère, comme la carotte, explique Pascal Lacroix. Elle se sent bien ici, sur les berges de la Loire. De Cordemais à la Chapelle-
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Basse-Mer, elle se développe au contact d’une eau légèrement salée. Les plus grands spécimens peuvent atteindre trois à quatre mètres de haut. Les plus grandes populations sont sur les rives de l’Île de Nantes. Cette angélique vit dans un milieu fragile, où le projet urbain doit prendre en compte sa présence lors d’un aménagement des berges et où l’industrie est aussi présente. Douze stations-réservoirs, comme celle de Trentemoult, sont à l’étude à l’échelle de l’estuaire. Nous avons la responsabilité de protéger cette espèce rare. C’est ce que l’on fait à travers un plan de conservation mis en
place par Nantes Métropole. Ce plan a permis une forte amélioration de la situation. » Un grand débat sur la Loire ? Cet habitant de Saint-Jean-deBoiseau, qui « entend chaque jour la respiration du fleuve », dit banco. « De mon point de vue de naturaliste et de citoyen, la dimension “ Loire, un espace naturel ” doit être un sujet à part entière, et pas vue comme un élément à prendre en considération dans le développement économique. Les enjeux liés à la préservation de la nature sont un vrai sujet en soi, à intégrer bien sûr ensuite dans un projet global de territoire. » • David Pouilloux
Nantes, la Loire et nous
LE 30 MAI : GRANDE JOURNÉE CITOYENNE Après les auditions des professionnels de la Loire, les réunions du Comité citoyen, de la commission du débat, les séminaires d’acteurs, soit huit mois de travail et de réflexion, la journée du 30 mai viendra en apothéose pour conclure le débat avec les citoyens. Cinq cents habitants sont attendus sur cinq sites dans l’agglomération (deux à Nantes et trois sur les communes). Les personnes intéressées peuvent d’ores et déjà s’inscrire sur le site www. nanteslaloiretenous.fr . Le jour J, ils devront échanger à partir des questions principales révélées par le débat. Leur avis sera recueilli et un retour sera réalisé le soir même. Cette « pièce contributive » s’ajoutera aux réflexions menées lors des huit mois de débat. Puis, après le 30 mai, la commission du débat analysera l’ensemble et devra faire un rapport final basé sur l’ensemble des contributions.
COMMENT CONTRIBUER : LE MODE D’EMPLOI Citoyen de la métropole nantaise, vous souhaitez apporter votre pierre au grand débat sur la Loire ? Rien de plus simple : il suffit de vous connecter au site nanteslaloireetnous.fr, vous rendre sur la rubrique « Je contribue » et y exprimer le rapport que vous entretenez avec le fleuve ligérien, la liberté formelle étant la bienvenue (témoignage, photo, vidéo, enregistrement audio, etc.). Par ailleurs, vous pouvez réagir et échanger sur les comptes Twitter et Facebook dévolus à l’événement et assister aux auditions publiques consacrées aux quatre thématiques. Dans le cas où votre contribution s’avère collective, cette dernière peut prendre la forme d’un événement (réunion, débat, reportage...), à l’instar de la proposition d’un groupe d’étudiants de l’École des mines qui, dans le cadre de ses études, va concevoir un travail en lien avec la Loire. En association avec d’autres personnes, vous pouvez également rédiger un cahier d’acteurs, lequel vous ouvrira les portes des quatre grands séminaires d’acteurs programmés de janvier à avril 2015. Date limite des contributions : le 30 mai 2015.
AUDITIONS EN SÉRIE Les prochaines auditions de professionnels et d’associations concernés par le débat sur la Loire touchent les 4 thématiques du débat. Elles ont lieu tous les jeudis (hors vacances scolaires), de 18 h à 20 h, au Centre des expositions de Nantes Métropole. Ouvertes au public, elles consisteront en des interventions successives de deux experts. Les jeudi 15, 22 et 29 janvier, le sujet sera « La Loire, espace économique, espace écologique », les 5, 26 février et 5 mars, « La Loire, la mobilité et les franchissements » et les 19, 26 mars et 2 avril, « La Loire, cœur de la métropole, attractivité et qualité urbaine ». Au Centre des expositions de Nantes Métropole, 2 cours du Champ de Mars, Nantes.
Quatre thèmes de débat La Loire, des pratiques et des usages La Loire, espace économique, espace écologique La Loire, la mobilité et les franchissements La Loire, cœur métropolitain, attractivité et qualité urbaine
Renseignements et calendrier : Téléphone 02 40 99 52 71
@ GrandDEBAT@nantesmetropole.fr
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Nantes Métropole talents
LES ATELIERS DU XXIE SIÈCLE
Vous n’avez jamais entendu parler des fablabs ? Normal, ce sont des lieux cachés, qui ressemblent à de grands garages ou à des ateliers de machines-outils transposés au XXIe siècle. Qui font néanmoins beaucoup parler d’eux ! Ce sont dans ces lieux où frémit déjà, d’après leurs fans, La future révolution industrielle. D’ores et déjà, on y recrée la robe de haute couture de ses rêves sans être couturière; on y répare son ordinateur ou sa machine à café sans se la jouer expert hautement qualifié. Surtout : on y apprend ensemble, on y fabrique des prototypes et on discute à la bonne franquette autour d’une imprimante 3D. Petite visite guidée des fablabs de la métropole nantaise.
De l’appétence pour le bricolage Plateforme C est labellisée « fablab » par le Massachusetts Institute of Technology, le top des grands laboratoires américains de haute technologie. Ici, on croise plusieurs cultures et technologies, et surtout des gens, de 12 à 84 ans, tels qu’ils sont, avec ce qu’ils savent faire et ce qu’ils ne savent pas faire ! « Il faut juste avoir de l’appétence pour le bricolage et la technique ! » souligne Julien
DONNER NAISSANCE À DE DRÔLES D’OBJETS
Sur l’Île de Nantes : Plateforme C, une mine d’idées et de projets ingénieux Plateforme C est le premier fablab (ou laboratoire de fabrication) nantais. Copiloté par l’association PiNG, avec le soutien notamment de Nantes Métropole, il a ouvert ses portes à tous depuis octobre 2013. Seule la lettre C est inscrite sur l’une des portes du Hangar 30, situé sur l’Île de Nantes, entre les deux grues Titan jaune et
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gris. C comme « collaboratif », « coopératif », « commun ». Pas besoin d’invitation ou de badge, il suffit d’ouvrir la porte de « Plateforme C ». Au centre de ce grand atelier de garage : une longue table, entourée de machines qui font du bruit, d’un canapé sous « yourte » plastifiée, des boîtes à projets en carton, d’un bloc de bureaux vitrés... « Ici, c’est un lieu d’essai. On fait ce que l’on veut. On réalise ses rêves d’objets faits soi-
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même. On fait aussi des trucs qui ne marchent pas, mais sans drame !, explique Julien Bellanger de l’association PiNG qui accompagne des projets numériques sur le territoire depuis dix ans. Plateforme C est un fablab où éducation populaire et création artistique sont revendiquées. C’est aussi un pôle de ressources sur la question des fablabs et de la médiation numérique à l’échelle nationale.»
Bellanger. Imprimantes 3D, machines de découpe laser, fraiseuse, routeur bois, matériel électronique… Et mains de fées (de filles et de garçons) donnent naissance ici à de drôles d’objets. Pourquoi ne pas utiliser l’énergie d’une dynamo pour recharger son smartphone ? Fabriquer une pile à partir de fibres végétales ou un étui en lin pour un cor de chasse ? Tout est faisable à Plateforme Cw, où se déroulent également des Openateliers (ateliers collaboratifs de pratiques) tous les jeudis, des mardis « portes ouvertes » (visites gratuites), des apéroprojets mensuels. Tous les jours, ça fourmille d’idées géniales ! Dernièrement, celle d’équiper un truck pour que Plafeforme C devienne nomade et dissémine ses très sérieux savoir-faire dans le monde entier.• Cécile Faver www.plateforme-c.org
Nantes Métropole talents QUESTION À
Emmanuelle Roux cofondatrice de plusieurs fablabs en France, dont « Zbis » à la Roche-sur-Yon en Vendée et le FacLab de l’Université de Cergy-Pontoise.
Pourquoi les fablabs poussent-ils comme des champignons dans le monde entier ?
À Bouguenais : le FabMake, un gisement de prototypes technologiques
« Quatre cents fablabs, tels que les définit le Massachusetts Institute of Technology, ont été dénombrés l’année dernière, un peu partout dans le monde entier. Ce chiffre double tous les ans, avec la volonté de travailler en réseau. En France, il y a un véritable engouement pour retrouver des lieux de vie mutualisés, qui véhiculent des valeurs populaires ancrées depuis longtemps. Mais le décloisonnement entre les mondes économique, artistique, culturel, de l’enseignement supérieur et de la formation est délicat à mettre en place. Pourtant, c’est cette ouverture à tous et ce nécessaire décloisonnement qui font la spécificité des fablabs. Ce sont aussi des terreaux de nouvelles pratiques, de nouveaux métiers, où les outils industriels à l’origine deviennent des outils accessibles à tout le monde. Ce sont des lieux où on fait de la cuisine numérique ! Des artisans 2.0 naîtront de là, qui apporteront un autre regard, plus créatif. Ce n’est pas un truc de geeks ! Un mouvement de professionnalisation est en route. Les adolescents d’aujourd’hui, en s’appropriant des technologies pointues, s’emparent d’une nouvelle grammaire. C’est à nous d’accompagner cette transition ! Mon engagement vient de là. » Propos recueillis par CF
Inauguré en septembre 2014, ce FabMake est situé sur le site du Technocampus Composites à Bouguenais, au cœur de la Jules Verne Manufactering Valley. C’est un atelier de fabrication numérique, dédié aux pros, juniors et seniors, venus de tous horizons. Il faut montrer patte blanche avant d’entrer dans le tout nouveau FabMake métropolitain, où d’emblée il règne un souffle industriel. On y découvre une dizaine d’imprimantes 3D (de la marque leader MakerBot) alignées sur un grand plateau mobile, reliées à un ordinateur qui leur ordonne de fabriquer tel ou tel objet en matière plastique, une machine laser aux allures de congélateur vitré d’hypermarché -la fameuse Speedy 400 de la société Trotec- pour découper très minutieusement de grandes plaques, notamment de Plexiglas, une imprimante papier 3D en couleurs, au doux nom d’ « Iris » (une des innovations de MCor Technologies), qui permet de prototyper rapidement et finement, par exemple un masque en relief… Bref : le nec plus ultra de l’innovation technologique pour créer, concevoir et fabriquer un produit novateur. Passer de l’idée au prototype Le FabMake (environ 400 m2) ressemble un peu, mais pas complètement, à un fablab.
Lauréat de l’appel à projet national « Fab Labs 2013 », il est porté par l’Institut de recherche technologique (IRT) Jules Verne, le pôle de compétitivité EMC2 et les plateformes Technocampus à Bouguenais. Créateurs, chefs d’entreprise, étudiants, porteurs de projets, ingénieurs, techniciens, chercheurs, industriels… Tous sont invités à s’abonner à la communauté des FabMakers et à profiter de la gamme d’animations et de formations organisées par le FabMake. Pourvu qu’ils aient une idée, dotée d’une dimension entrepreneuriale, qui trottine dans leur cerveau ! À l’instar de la startup nantaise, Aptatio, venue réaliser le prototype d’un boîtier en bois très spécifique, destiné à transporter une petite imprimante 3D. « Le FabMake est un « tiers-lieu », un peu connoté robotique, où l’on passe plus aisément de l’idée au concept, puis à sa réalisation physique. Il prône le droit à l’erreur et à l’échec, la prise de risque liée à la création accompagnée d’entreprises et la fertilisation croisée, à laquelle nous croyons fortement, explique Sébastien Leroy, directeur du développement et de la valorisation à l’IRT Jules Verne. Comment un designer, un architecte travailleront-ils avec un ingénieur ? Provoquons les rencontres ! L’usine du futur sera à la frontière du manufacturing et du numérique. ». • Cécile Faver www.fabmake.fr
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Nantes Métropole européenne
JEUNES, EUROPÉENS ET DES IDÉES PLEIN LA TÊTE La 6e édition du forum Nantes Creative Generations a accueilli 59 jeunes, venus de pays d’Europe ou de Nantes, autour de 28 projets. Près d’une quinzaine de nationalités y présentaient des projets originaux, émergeants ou aboutis, mais toujours coopératifs. Peindre la ville et ses espaces publics en couleur ; faire du réemploi de matériaux dans tous les projets architecturaux, décoratifs ou festifs ; monter un projet intergénérationnel autour de l’âge de 17 ans ; lutter contre les stéréotypes… Vingt-huit projets, dont
neuf nantais, ont été présentés à l’automne dernier par des jeunes de 18 à 30 ans à l’occasion du forum Nantes Creative Generations (NCG) initié par Nantes Métropole avec la Ville de Nantes. Pour cette 6e édition du forum, 16 pays étaient représentés par des jeunes gens et jeunes filles motivés, créatifs et en attente d’échanges. Durant trois jours, autour de tables rondes et d’ate-
DES IDÉES ET DES ENVIES DE PARTAGER liers, et de temps festifs, Cristina, Raul, Slavomir, Magdalena et cinquante-cinq autres jeunes européens ont ainsi pu se rencontrer et faire découvrir aux autres leurs idées. Qu’il soit émergeant ou très abouti, chaque projet est une sorte de reflet des attentes et des centres d’intérêt de la jeunesse
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européenne, tout en restant unique et original. Et c’est là tout l’intérêt de ce rendez-vous, qui permet en plus de se confronter aux autres, de découvrir d’autres manières de faire, d’autres perspectives. « Le forum apporte une ouverture sur l’Europe, explique Karine Daniel, 55 jeunes vice-présidente de européens Nantes Métropole se sont rencontrés en charge de l’enseià Nantes gnement supérieur, la recherche, l’Europe et des relations internationales. Il prouve que les jeunes nantais et européens ont des idées et envie de les partager. » Mais pour beaucoup, NCG est aussi une occasion de rencontrer des partenaires potentiels, de développer son réseau à l’échelle européenne, voire de se professionnaliser. « Ça permet de voir comment font les autres, raconte ainsi Laurent, avec son projet Benenova, qui entend faciliter l’engagement bénévole. Ça ouvre vraiment l’esprit. Et puis, ça remotive. Entre porteurs de projets, on se sent soutenus. » Pour Lilian et Thomas, qui font la promotion du réemploi des matériaux, l’objectif est à la fois « de transmettre le message du réemploi », insiste Lilian, mais aussi « de trouver d’autres actions, un autre souffle », souligne Thomas. Les jeunes gens pouvaient ensuite, selon les affinités établies, initier un projet avec d’autres jeunes étrangers et remporter une aide financière pour le réaliser, grâce au Prix de la coopération NCG. Les projets primés seront réalisés au cours de l’année 2015 et présentés lors de la prochaine édition du forum au mois d’octobre. • GL www.nantescreativegenerations.eu
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1 Liene Golca
et Liga Zarina, Allemagne. Projet Jobnet : « En tant qu’étudiantes, nous avons mené une étude sur les jeunes et la recherche d’emploi, simultanément dans six pays d’Europe – l’Allemagne, la Hongrie, la Croatie, la République tchèque, la Slovaquie, la Lettonie –, avec cette question : comment chaque pays combat le chômage des jeunes. Nous avons ensuite diffusé les résultats dans chaque pays, afin de montrer quels sont les freins et les bonnes pratiques des uns et des autres pour que chacun puisse s’en servir. En étant sur le forum NCG, nous découvrons d’autres expériences. »
2 Lilian Peynaud
et Thomas Guihard, Nantes. Projet Architecture et Réemploi : « Notre association, Les Marchands de sable, œuvre pour le réemploi des matériaux de construction. Nous récupérons tous les matériaux pour faire de la scénographie, des stands, des totems pour un festival, des sculptures… Avec NCG, nous souhaitons donner une dimension européenne au projet, faire un atelier avec d’autres jeunes pour échanger sur l’upcycling, voir comment aller plus loin que ce que l’on fait, voir s’il y a d’autres manières de faire ailleurs… »
Nantes Métropole européenne QUESTION À
Karine Daniel,
vice-présidente de Nantes Métropole en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche, l’Europe et des relations internationales.
3 Laurent Galazzo et Jérémy Torel (absent sur la photo), Nantes
et Rezé. Projet Benenova : « Notre
mission est de faciliter l’engagement bénévole. Notre idée est de mener à bien des projets ponctuels avec des bénévoles sur la thématique de leur choix. Nous proposons du bénévolat à d’autres associations sur des “missions” ponctuelles, avec un temps de rencontre. On veut que les gens se sentent libres et responsables. Aujourd’hui, les gens veulent s’engager différemment, sans contrainte. Notre objectif est de développer le bénévolat et de lever tous les freins tout en insistant sur la rencontre. »
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4 Angela Martin
5 Antoine Desmars
Quel est l’objectif de Nantes Creative Generations ? « Plus de 200 jeunes nantais et européens ont participé à Nantes Créative Génération à travers six éditions du forum. Ce forum doit être l’occasion de faire se rencontrer de jeunes Nantais qui portent des projets sur
6 Slavomir Osleg
et Yaiza Higueras, Espagne. Projet Back at seventeen :
et David Blain, Nantes. Projet Breaking Tour : « On
et Maros Kramar, Slovaquie. Projet Paint the city : « Notre
« Notre projet est de faire raconter ses 17 ans à des personnes de différentes générations, pour faire prendre conscience de l’Histoire. Par exemple, nous avons interrogé une personne de 64 ans. Ses 17 ans, elle les a passés sous la dictature de Franco, avec des libertés limitées, l’espoir d’avoir plus tard un travail, de sortir de sa condition… Une personne de 30 ans aujourd’hui ne peut pas avoir la même histoire, mais ce sont les échanges qui sont intéressants. Nous aimerions poursuivre ce projet avec des personnes d’autres nationalités. »
aimerait faire un tour de l’Europe en camion pour échanger sur les cultures urbaines, en allant à la rencontre des activistes. Ce camion pourrait accueillir un studio pour enregistrer et faire des vidéos des acteurs européens de la culture urbaine. Pour valoriser les autres disciplines comme le sport, la danse, la peinture, on voudrait faire du reporting vidéo sur le web, des émissions de radio, voire initier des échanges entre artistes français et européens. Le forum nous permet d’être en contact direct avec des associations et un réseau en Europe. »
souhait est de transformer les espaces publics. On a eu l’idée, au sein du conseil des jeunes de Bratislava, de les repeindre pour rendre la ville plus joyeuse. Maintenant, on essaye d’associer des artistes et des partenaires privés à notre projet. Nous espérons, en venant à NCG, pouvoir nous inspirer des idées d’autres projets, nous confronter aux autres pour pouvoir avancer. Et trouver des partenaires dans d’autres pays, peut-être avec Nantes ! » Propos recueillis par Gwenaëll Lyvinec Photos de la double page : Patrick Garçon
le territoire autour de l’engagement citoyen, de l’environnement, etc., et de jeunes Européens. Ces différentes éditions nous ont montré que des projets sont possibles et peuvent se développer. Le forum crée une opportunité pour les jeunes nantais et ceux venus d’autres pays de l’Europe de coopérer autour de projets qui partent de Nantes. Il leur offre aussi un autre regard sur les projets européens, leur permet d’échanger et prouve l’engagement et la créativité des jeunes en Europe. »
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Nantes Métropole Tribunes politiques
Débat Nantes, la Loire et nous : quels Nantes Métropole, la Loire au cœur Groupe Socialiste, Radical, Républicain et Démocrate. Cité d’estuaire, Nantes est attachée à son fleuve : la Loire fait partie de notre identité autant qu’elle ouvre nos perspectives sur le monde qui nous entoure. Pour ces raisons, avec Johanna Rolland nous avons initié un grand débat citoyen, « Nantes, la Loire et nous ». Celui-ci permettra à tous les habitants de notre agglomération, qu’ils soient Herblinois, Sautronnais, Carquefoliens, Soriniérois, ou Indrais, experts reconnus ou simples citoyens, de réfléchir aux usages de nos cours d’eau et à la place que nous souhaitons leur accorder dans notre métropole. Car la Loire n’est plus une frontière. Beaucoup d’entre nous la franchissent quotidiennement, à pied, à vélo, en voiture, en tram ou bus. Elle fait partie de notre vie. Elle nous fait respirer autant qu’elle nous inspire. Elle est un lieu de vie, un espace à découvrir, à redécouvrir et à partager. Elle contribue à cette qualité de vie que tant de villes ailleurs nous envient. Et, puisque notre métropole s’est construite sur ses rives, nous devons poursuivre ce mouvement, en appelant la participation de toutes et tous, habitants de notre agglomération à ce débat citoyen, et donc à la co-construction de la ville de demain. Ce débat devra permettre d’envisager de nouveaux usages pour notre fleuve et ses rives, tant du point de vue patrimonial, culturel, touristique, que ludique. Il permettra aussi de trouver un équilibre entre ses fonctions maritimes, économiques, sociales, sa dimension naturelle, et la préservation de sa faune et de sa flore. Il n’oubliera pas non plus la question de la mobilité et de ses franchissements, et ce, afin de nous permettre d’imaginer des solutions pérennes et évolutives aux enjeux de cette nouvelle centralité. Ce grand débat réaffirme que dans notre métropole, nous
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avons la Loire au cœur, et que c’est cela qui nous permet, aujourd’hui comme demain, de bâtir une cité innovante et attractive, une ville des courtes distances, un espace ouvert sur le monde qui l’entoure. Le grand débat Loire est encore une belle aventure à la nantaise. C’est un exemple innovant de démocratie, qui renouvelle la manière de faire de la politique et replace le citoyen au cœur de la métropole. Car, c’est en prenant en compte les avis et les propositions de toutes celles et tous ceux qui vivent dans notre métropole, qui y travaillent ou qui y passent chaque jour, que nous pourrons concevoir, ensemble et aujourd’hui, la cité de demain. Et c’est précisément cette démarche de dialogue permanent et de co-construction, avec tous les acteurs du territoire, qui œuvrera à une métropole volontaire, rayonnante et entreprenante. Enfin, nous vous présentons nos vœux les plus sincères pour cette nouvelle année. Qu’elle soit pour Nantes et pour chacune et chacun d’entre vous synonyme de fraternité, de solidarité et de créativité. groupe.srd@nantesmetropole.fr
La Loire en grand avec les citoyens Groupe Écologistes et Citoyens Un grand débat citoyen est organisé sur la Loire, pour bâtir un projet d’avenir partagé. C’est l’occasion de mieux (re)découvrir notre fleuve, entre influences marines et fluviales, entre zones industrielles et humides, entre paysages insolites et usages multiples… Nous vous invitons à participer aux échanges organisés entre citoyens et élus. L’implication des habitants à l’élaboration de la décision politique est au cœur de ce débat pour définir une nouvelle vision et nos futures relations au fleuve du XXIe siècle. Quels transports collectifs inventer par voie d’eau ? Quels projets engager face
à la montée des eaux ? Quelle place offrir à l’art ? Comment préserver la biodiversité exceptionnelle du plus grand fleuve sauvage d’Europe ? Comment remettre la Loire au cœur de la ville ? Exprimez-vous, transmettez vos avis, vos questions, vos idées. Les élus écologistes et citoyens vous y invitent. La parole est à vous. Vous trouverez nos priorités sur notre site : http://www.elusecologistesnantesmetropole. net/ Très bonne année 2015.
Nantes Métropole Tribunes politiques
enjeux pour l’avenir de la métropole ?
Une Loire pour l’avenir Groupes des élu-e-s communistes. Le territoire nantais s’est bâti autour de son fleuve. Pourtant, les comblements, la fermeture des chantiers navals, ont fait qu’il n’est plus traité dans toutes ses dimensions. Il doit redevenir le cœur de notre métropole et facteur de développement humain. Le débat lancé doit intégrer l’ensemble des acteurs, et être l’occasion de rendre à la Loire une place centrale. Une nouvelle vision de son aménagement intégrera l’économie (touristique, portuaire et industrielle), la mobilité
(Nord-Sud et fluviale), les loisirs, la culture et l’habitat.
Les élu(e)s du groupe communiste vous présentent leurs vœux les plus chaleureux pour cette année 2015.
La Loire : notre colonne vertébrale Union du Centre et de la Droite. La Loire maritime et fluviale, principal atout historique, culturel et industriel de notre
métropole, voit son potentiel insuffisamment exploité. La métropole doit contribuer à développer les activités existantes (pêche et coproduits, aquaculture, biotechnologies, construction navale) mais aussi les activités de demain (énergies marines renouvelables, micro-algues, biomasse, biocarburants, biogaz). Notre défi est de structurer ces filières pour créer de nouvelles activités économiques et des emplois tout en préservant nos ressources et l’équilibre écologique des milieux (paysages, prairies humides, faune et flore). La métropole doit aussi devenir un leader mondial dans l’utilisation des ressources marines, car elle dispose de laboratoires, de centres de recherche et d’enseignement de haut niveau, d’entreprises de renommée internationale et de jeunes pousses innovantes. Les métropoles mondiales, puissantes économiquement et au rayonnement international reconnu, disposent de grands ports maritimes. Nantes Métropole doit donc défendre celui de Nantes-Saint-Nazaire, quatrième de France et premier de la façade atlantique, poumon économique de notre agglomération et de la région. Enfin, l’offre touristique, moteur indispensable de l’économie de l’agglomération, doit pouvoir proposer navigation de plaisance et manifestations nautiques. Un port de plaisance, innovant et solidaire, devient donc indispensable : réparations, entretiens, hivernages, locations et convoyages de bateaux, hôtellerie maritime contribueront au développement économique. Pour toutes ces raisons, ce débat qui aborde des sujets aussi déterminants que les franchissements, l’accessibilité de la ville centre, les transports fluviaux, le CHU, le développement économique, l’habitat, la qualité de vie et l’environnement, doit permettre de redessiner non seulement la centralité métropolitaine, en prenant en considération la Loire et les évolutions envisagées pour tous ses usages, mais aussi sa périphérie. Les élus du groupe Union du Centre et de la Droite vous souhaitent une bonne année 2015. ucd@nantesmetropole.fr
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Sortie(s)
Les Passions animent e la 21 Folle Journée Changement de cap pour la Folle Journée qui, à l’aube de sa troisième décennie, préfère proposer une programmation autour d’un thème fédérateur. Du 28 janvier au 1er février 2015, les « Passions de l’âme et du cœur » vont ainsi explorer une période courant du XVIIIe au XXe siècle, entre compositions baroques et œuvres romantiques. L’an dernier, à l’occasion de son 20e anniversaire, La Folle Journée avait fait le pari audacieux de ne programmer que des œuvres du XXe siècle, qui plus est en provenance exclusive du continent américain. « 70 % des œuvres programmées n’étaient
pas connues du public », se remémore René Martin. Dès lors, le directeur artistique de La Folle Journée a ressenti le besoin d’insuffler une nouvelle direction à la manifestation nantaise. « Plutôt que choisir un ou deux compositeurs ou une école musicale, travailler autour d’un thème fédérateur. Cela va permettre d’explorer sept siècles de musique et créer des passerelles musicales. Cela va aussi demander un peu plus de travail.» Dans cette perspective, les thématiques des quatre années à venir ont d’ores et déjà été définies : la nature pour 2016, la danse en 2017, l’exil en 2017, et, pour cette 21e édition de La Folle Journée, les « Passions de l’âme et du cœur ». « Ce thème contribue à associer des œuvres baroques à des pièces romantiques, à explorer les passions de l’âme, propres au
XVIIIe siècle, ainsi que celles de l’âme, qui s’expriment aux XIXe et XXe siècles. » Parmi les 650 œuvres programmées, La Passion selon saint Jean, dépeinte différemment par Bach et le Lituanien Arvo Pärt, La Symphonie fantastique de Berlioz, La Voix humaine de Poulenc, Le Quatuor pour la fin des temps de Messiaen ou encore les sonates Appassionata et Au clair de lune de Beethoven. «Beethoven tombe très souvent amoureux. C’est une chance pour nous », glisse, avec humour, le directeur du CREA (Centre de recherches et d’études artistiques) de Nantes. S’y ajoutent de nombreuses œuvres de Brahms, Chopin, Chostakovitch, Mozart, Schoenberg, Schumann, Tchaïkovsky et de bien d’autres compositeurs. « Un programme qui suscite des envies », commente Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole, qui, au passage, rappelle les deux enjeux de La folle journée : « Sa contribution au rayonnement et à l’attractivité de la métropole nantaise ainsi que son rôle de médiation culturelle, puisque, année après année, cet événement s’est ouvert à tous les publics grâce à des concerts donnés dans les écoles, dans les centres de loisirs, dans les hôpitaux ou encore au centre de détention de Nantes. » Isabelle Corbé
Du 28 janvier au 1er février 2015 http://www.follejournee.fr/
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Publics empêchés. Plusieurs concerts s’adressant à des personnes éloignées de la culture du fait de leur situation financière, sociale ou médicale vont se dérouler, notamment, à la Maison de l’Air du Temps à Sautron, au Centre Hospitalier de Saint-Jacques à Nantes, au Foyer d’accueil des sans-papiers et des sans-abris des Petits Frères des Pauvres à Pirmil ou encore à la crèche pour enfants handicapés La Maison des Poupies. Région. Vous habitez Laval, Saumur, Cholet, Saint-Nazaire, La Roche-sur-Yon ou Sablé-surSarthe ? Sachez que du 23 au 25 janvier 2015 La Folle journée fait escale dans une douzaine de villes de la Région des Pays de la Loire (Challans, Fontenay le Comte, Fontevraud ...). Un concert aura également lieu à l’île d’Yeu le 9 mai. Des tarifs adaptés. Grâce à une politique tarifaire mise en place en lien avec le Fonds de dotation, près de 10 000 places à 5 € sont proposées. En 2014, 6 659 billets avaient été délivrés auprès des scolaires de Nantes et sa métropole, du département et de la Région, 1 526 aux bénéficiaires de structures et associations sociales. Basse-Goulaine. La Folle Journée se déroule également à BasseGoulaine, avec un concert organisé le dimanche 11 janvier, à 17 h, salle Paul Bouin. Entrée libre. Rens. http://basse-goulaine.fr/
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Au cœur de l’île, un lieu magique ! Arrivé à Nantes en 1977, le premier possède une formation d’ingénieur. Nantaise de naissance, la seconde, a, elle, effectué des études de notariat. Rattrapés par leur passion pour la magie, Max Santini et Claire Hazard officient depuis moult années sur scène, longtemps au sein de la compagnie Santini, qui a beaucoup tourné en France et à l’étranger, et, depuis plus deux ans, dans un espace localisé à quelques dizaines de mètres du Palais de Justice, à Nantes. Dans Le Lieu Magique, pourvu d’une salle d’une centaine de places, se donnent des spectacles à thèmes (récemment l’horticulture, actuellement « La recette du magicien »). « En début de spectacle, Claire réalise des tours plutôt visuels. Moi, je propose ensuite des choses plus théâtrales », explique Max Santini, alias Max Zargal. Le Lieu Magique se veut également École de magie, avec des cours et des stages programmés. « Notre lieu bénéficie de l’excellente dynamique que connaît actuellement la ville de Nantes. » Destiné à accueillir d’autres compagnies, Le Lieu Magique pourrait prochainement sortir de ses murs, à l’été 2015, afin de proposer un festival, sur le quai François Mitterrand, avec des compagnies et des magiciens de rue de renommée internationale. « Notre projet est aussi de faire connaître des magiciens d’autres pays. Il y a quelque chose d’universel dans la magie, car elle s’adresse à l’enfant qui est en chacun de nous. Il arrive que dans des endroits et des contextes improbables, on me demande : “ Faites-moi un tour ! ” La magie contribue à réenchanter le monde. » IC 25 quai François-Mitterrand, Nantes. Chaque dimanche à 16 h (tous les jours durant les vacances scolaires). Tarifs : 7 € (enfant), 7 ou 12 € (adulte). lelieumagique@orange.fr, Tél. 02 51 83 85 09. www.lelieumagique.com
Chaque dimanche & tous les jours pendant les vacances scolaires www.lelieumagique.com
Ouvert tous les jours, sauf les mercredi et dimanche. www.etrillum.fr
LA SIMPLICITÉ À LA CARTE DE L’ETRILLUM À deux pas du Cours des 50 Otages, l’Etrillum propose une cuisine classique et simple, relevée d’un zeste d’originalité. Dans la cuisine du chef Yann Le Brazidec, les produits de mer occupent une place de choix. La cuisson du poisson est son cheval de bataille ! Taille modeste, mais grand talent, voilà la formule aux 22 couverts de L’Etrillum. Inauguré le 23 janvier 2013, cette table sympa tient son nom du crustacé « étrille ». Un choix qui traduit bien le goût de Yann Le Brazidec pour les produits de la mer. Longtemps sous-chef d’un restaurant spécialisé à Paris, le jeune cuisinier au regard doux privilégie en effet les propositions culinaires à base de poissons et de fruits de mer. « Le midi, je propose toujours un poisson et une viande », souligne-t-il. Comportant également deux entrées au choix et une assiette gourmande avec trois mini desserts, la formule déjeuner est identique toute une semaine. « Cela permet de mieux gérer le stock des produits et d’en préserver la fraicheur. De plus, je suis seul en cuisine. Je préfère en faire moins, mais mieux. Concevoir une cuisine simple chaque jour mais de qualité, avec juste une petite touche d’originalité. » Le midi, un velouté de potiron à la citronnelle peut succéder à un merlu des Sables d’Olonne avec son écrasé de pommes de terre au cresson. Réservée au dîner, la carte évolue au gré des saisons, des envies du moment, voire des appréciations des clients. « Les produits proviennent du MIN, les poissons de Bretagne, les viandes de toute la France. Ponctuellement, je travaille avec des produits locaux, par exemple le safran, qui est cultivé dans le vignoble. » La carte des vins, quant à elle, accorde une bonne place aux productions régionales, puisque sept muscadets y sont référencés, ainsi qu’aux vins bios. IC L’Etrillum, 22 rue Armand Brossard, 44 000 Nantes. 02 40 12 10 38. www.etrillum.fr Formule midi : 12,50 € / 15,50 €. .
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HIP OPsession Nantes et Orvault. Durant plus de deux semaines, l’agglomération nantaise va vivre au rythme de la onzième édition de la HIP OPsession, organisée par l’association Pick Up Production, laquelle a mis au point un riche programme mixant concerts, expositions, rencontres et stages, soit une bonne soixantaine d’événements. Parmi les nombreuses têtes d’affiche annoncées, citons l’Américano-Ghanéenne Akua Naru, le Nantais Cap-Oral et le duo Gavlyn & Oh Blimey (le 18 février au Ferrailleur, Nantes), les Anglais de The Mouse
Outfit associés à Ultra Light Blazer (le 20 février, au Pannonica, Nantes), les six danseurs des Rookies, le beatmaker et DJ américain Damu The Fudgemunk... Temps fort incontournable de la manifestation ? La Battle OPsession, durant laquelle, les 6 et 7 février, les meilleurs danseurs et danseuses venus des quatre coins du monde vont s’affronter au Lieu Unique. En 2014, environ 19 000 personnes étaient venues applaudir les 528 artistes présents, toutes disciplines confondues (danse, musique, graffiti...), dont 45 % étaient originaires de la région.
Du 5 au 21 février 2015 www.pickup-prod.com Du 5 au 21 février 2015, dans divers lieux de Nantes (Stéréolux, TNT, Maison des Haubans, Maison de quartier Bottière, L’Atelier du Coteau, Cinématographe, Le Remorqueur...) et à Orvault (L’Odyssée). Rens. www.pickup-prod.com
Nana Mouskouri chante pour El Sistema Nantes. Fondé au Venezuela en 1975, El Sistema œuvre à l’insertion sociale des enfants en difficulté grâce à une pratique régulière de la musique au sein d’un orchestre. Ayant touché à ce jour plus de 500 000 jeunes Vénézuéliens, ce programme s’est par la suite développé dans plus de 90 pays, parmi lesquels la France, où, dans le vignoble nantais, une antenne El Sistema s’est implantée en 2013 : dans l’établissement Notre-Dame du Bon AccueilApprentis d’Auteuil de Gorges, un orchestre pilote réunit une cinquantaine d’enfants âgés de 7 à 10 ans, sans connaissance musicale classique particulière. Afin de financer ce
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programme d’inclusion sociale et d’éducation musicale, El Sistema-France organise un concert de bienfaisance au Zénith de Nantes avec, en guise de tête d’affiche, la chanteuse grecque Nana Mouskouri. En plein « Happy Birthday Tour » des 50 ans de ses premiers concerts donnés aux États-Unis et au Canada, l’interprète polyglotte aux 400 millions d’albums vendus dans le monde offrira un florilège de ses plus belles chansons. Samedi 31 janvier 2015, à 20 h, au Zénith de Nantes. Location : Fnac et points de vente habituels. Tarifs : de 45 à 75 €. www.elsistema-france.org
Sortie(s) 27 février au dimanche 1er mars
Le piano sous toutes ses formes Les Sorinières. Tous les deux ans, la ville des Sorinières met à l’honneur un instrument de musique, orchestrant, à cette occasion, le croisement d’artistes de sensibilités différentes, originaires majoritairement de la région nantaise. Pour sa 5e édition, le Festival de la Portée Sud a choisi de mettre en lumière le piano, en faisant appel à deux jeunes représentantes de la nouvelle chanson française, la Sorinièroise Coline Rio et la Nazairienne Manon Tanguy, ainsi qu’au quartet électrofunk nantais Mixcity, venu roder leur nouveau spectacle, Less is more, entre acoustique et électronique, au carrefour du funk, du jazz et du hip-hop. Au fil d’un concert-découverte combinant des œuvres de Bach, Piazzolla, Mozart, Brahms et Chopin, le compositeur Yannis Bouvet révélera les capacités musicales infinies du piano, tandis que le pianiste Nicolas Jounis, accompagné du violoniste Dan Bozgan, proposera un récital de clôture puisant au cœur du répertoire baroque, avec des œuvres célèbres de Beethoven, Haendel et Schubert. Du vendredi 27 février au dimanche 1er mars, salle Hippolyte-Derouet, aux Sorinières. Tarifs : 7 ou 10 € (3 ou 5 € pour le concert de Yannis Bouvet). http://www.ville-sorinieres.fr.
Découvrez La Plume à la bouche !
Du 16 janvier au 21 février Tél. 02 40 80 86 05 www.saintsebastien.fr
Saint-Sébastien-sur-Loire. Consacré aux écritures et à leurs expressions contemporaines, La Plume à la bouche, nouveau rendezvous initié par la mairie de Saint-Sébastien-surLoire, se décline de manière multidisciplinaire : spectacle vivant avec Empreintes, par la compagnie Turn off the light, qui combine light painting (calligraphie lumineuse) et danse (le vendredi 16 janvier, à 20 h, à l’Embarcadère), arts plastiques, par la biais de l’exposition « Quand l’encre devient lumière », consacrée à l’histoire de la calligraphie (du 16 janvier au 21 février 2015, à la Gare d’Anjou), cinéma, la projection du film Faites le mur de Banksy apportant une touche « art urbain » à la programmation (samedi 14 février, à 14 h 30, à la Médiathèque), ou encore musique, avec un concert de clôture (samedi 21 février, à 15 h). Différents ateliers vont également se tenir : autour de la technique de la calligraphie (le 31 janvier, à la Médiathèque) et de la Human beatbox et de la MAO (musique assistée par ordinateur), sous la houlette de O’Slim et Mossah (du 17 au 21 février, à la Médiathèque). Du 16 janvier au 21 février 2015, à Saint-Sébastien-sur-Loire. Rens. : Tél. 02 40 80 86 05 www.saintsebastien.fr
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Des suggestions pour les kids
Du 3 au 15 février 2015
http://www.onyx-culturel.org/
Saint-Herblain et Couëron. Alors que les vacances de février se profilent, voici quelques pistes pour occuper les enfants, petits et moins grands, ainsi que leurs parents. En partenariat avec les mairies de Couëron et Saint-Herblain, l’espace Onyx-La Carrière renouvelle son initiative intitulée Nijinskid, laquelle consiste en un festival dédié à la danse et
au jeune public. À Onyx, deux créations-événements vont ainsi être dévoilées : Mmmiel, plongée dans le monde des abeilles par la compagnie Hanoumat (mercredi 4 février, à 15 h, et samedi 7 février, à 10 h et 11 h 15), et Suivez les instructions de Denis Plassard, artiste associé d’Onyx (mardi 3 février à 20 h 30 et mercredi 4 février à 15 h). S’y ajoute Arrêts de jeu, par Pierre Rigal et Aurélien
Bory, amusante reconstitution dansée de la demi-finale de la Coupe du monde de football de Séville, en 1982, entre la France et l’Allemagne (vendredi 6 février, à 20 h 30). Présenté à Couëron à la salle de la Fraternité, BB, comme son titre le suggère, s’adresse aux très petits, âgés de 6 à 18 mois (mercredi 4 février, à 10 h 30 et 17 h). Une proposition du collectif
Wonderland, réunissant deux musiciennes (violoncelle et alto) et deux danseurs, qui va également interpréter une autre pièce, Les Fleurs de Bach, ce spectacle étant destiné, lui, aux plus de 6 ans (samedi 7 février, à 16 h 30, au théâtre Boris Vian). Nijinskid, du 3 au 15 février 2015. http://www.onyx-culturel.org/
Focus sur « Le monde du travail »
Saint-Herblain. En partenariat avec la compagnie nantaise Le Théâtre du Rictus et l’association Théâtre et monde du travail basée à Paris, l’espace Onyx propose une semaine de rencontres, débats, tables rondes, conférences, films et spectacles autour du sujet vaste et parfois dramatique du travail, en interrogeant plus particulièrement la relation entretenue par les arts, notamment le théâtre, avec le monde du travail aujourd’hui. La manière dont les artistes s’emparent de ce sujet au travers de leurs créations sera également étudiée. En lien avec ce thème, deux spectacles sont programmés à Onyx : Hold on, une plongée dans l’univers des plateformes téléphoniques par la compagnie Le Laabo (mercredi 14 janvier, à 20 h 30) et Très nombreux, chacun seul, proposition de la compagnie La Mouline, conçue à partir des témoignages d’ouvriers sur leurs conditions de travail (vendredi 16 janvier, à 20 h 30). Théâtre et monde du travail, du 11 au 17 janvier 2015, à Onyx, 1 place Océane, Pôle Atlantis, Saint-Herblain. / Tél. 02 28 25 75 00 / www.onyx-culturel.org.
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Sortie(s) vendredi 23 janvier 2015 www.mauvesennoir.com
Poussez la porte du « Bar polar » à Mauves ! Mauves-sur-Loire. Préfigurant la quatorzième édition du festival Mauves en noir, prévue les samedi 11 et dimanche 12 avril prochains, la traditionnelle soirée « Bar polar », animée par l’association Fondu au noir, va, comme à l’accoutumée, être consacrée à des jeux d’écriture ainsi qu’à des débats et échanges autour des six livres en compétition pour le Prix de la Ville : Un mensonge explosif de Christophe Reydi-Gramond, Aux animaux la guerre de Nicolas Mathieu, La Meute des honnêtes gens de Laurence Biberfeld, La Palette de l’ange de Catherine Bessonard, Road tripes de Sébastien Gendron et Le Dernier Désir d’Olivier Bordaçarre. Gratuit, ce rendez-vous est ouvert à tous les lecteurs du Prix de la Ville fréquentant les bibliothèques de Mauves, Thouaré-surLoire, Clisson, Mésanger, Barbechat et Sainte-Mars-du-désert, la librairie de l’Odyssée à Vallet, le café littéraire Le Canon à Pat, l’association Mauves en Noir, et le restaurant social de Nantes. Vendredi 23 janvier 2015, à 20 h 30, à la salle du Vallon, Mauves-sur-Loire. www.mauvesennoir.com
Adresses, numéros et sites utiles S AMU (urgence médicale) 15 Pompiers : 18 Police : 17 SOS Médecins : 02 40 50 30 30 Allô Enfance Maltraitée : 119 Sida Info Service :
Nantes Métropole 02 40 99 48 48 www.nantesmetropole.fr www.me-metropole-nantaise.org
Infocirculation
Tan 02 40 444 444
Prix d’un appel local.
Nantes Tourisme 0892 464 044 www.nantes-tourisme.com
www.infocirculation.fr
Allô Propreté
www.tan.fr CMJN LOGOTYPE 2015 Orange Métropole 52 % Magenta 100 % Jaune
Bleu Métropole 90 % Cyan 40 % Magenta
Noir Métropole 100 % Noir
Nantes Métropole, 2 cours du Champ-de-Mars 44923 Nantes CEDEX 9. Directrice de la Publication : Johanna Rolland. Codirecteur de la publication : Mathieu Baradeau. Rédacteur en chef : David Pouilloux. Direction artistique & mise en page : Olivier Leprévost. Photographe : Patrick Garçon. Journaliste : Gwenaëll Lyvinec. Assistante : Audrey Lehazif. Ont collaboré à ce numéro : Isabelle Corbé, Cécile Faver, Fabien Le Dantec, Stéphanie Morandière, Caroline Demaison, Édith Panigot, Emmanuelle Ramond, Sylvia Gillion, Aurélie Roth. Diffusion : La Poste. Éditeur : Direction de la communication de Nantes Métropole. Infographie : Idé. Impression : Imaye Graphic, Label IMPRIM’VERT, Laval.
Le logotype Nantes Métropole est une entité immuable, dont les transformations envisageables sont définies dans la charte graphique. Toutes autres interprétations graphiques de l’identité visuelle sont interdites. Pour tout complément d’information, contactez le Service Communication externe de Nantes Métropole.
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Rencontre
La partition de Sophie Sophie Nicolleau-Barbault est luthière. Elle conçoit, fabrique et règle violons, altos et violoncelles.
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Une vocation peut naître d’une chute et d’une cassure. Sophie NicolleauBarbault, aujour d’hui « luthière du quatuor », est une adolescente quand elle apprend le violon alto, après 8 ans de piano. La chute inopinée de son instrument va sceller son sort, écrire le début de la partition de sa vie. Sophie se souvient : « La finesse avec laquelle avait été faite la réparation, comme si rien ne s’était passé, m’a beaucoup intriguée. » Comme une évidence, ce métier « à la fois manuel et lié à la musique » s’impose à la jeune femme, qui se forme à la seule école de lutherie du quatuor en France, à Mirecourt dans les Vosges. Cinq ans plus tard, diplômée avec distinction, cette passionnée du violon travaillera à Rennes, puis chez le Parisien Roger Lanne, un des quatre luthiers agréés par les opéras de Paris. « J’ai découvert là de très vieux instruments, se remémore Sophie. Les gens venaient de l’étranger pour faire régler leur violon, c’était fascinant ! Et puis, Roger Lanne était un passionné de l’art et il m’a beaucoup appris sur la restauration, les réglages. Il avait un œil très affûté. » Malgré tout, l’envie de fabriquer les instruments plane toujours, chevillée au corps. Et c’est en 2010 qu’elle franchit le pas et se met à son compte. Aujourd’hui, à 42 ans, Sophie travaille chez elle. Dans son atelier-laboratoire, à Saint-Herblain, gouges, pointes à âme, rabots et autres limes animent son quotidien. Là naissent, des violons et des violons altos principalement. Sur
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les étagères, des planches, des vases bleus où des baguettes attendent d’être transformées en âmes d’instruments. Des tiroirs chargés de résines, huiles, pigments, révèlent que l’endroit est aussi un lieu d’expériences. « Je fais des tests en permanence, pour trouver le bon vernis, la bonne couleur, ainsi que des recherches acoustiques sur les modes vibratoires du violon. » Sur son large établi, le dessin d’un violon qu’elle réalise. « Imaginer un violon, c’est avant tout de la géométrie », glisset-elle en dévoilant un plan où
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lignes et courbes se croisent. La seconde étape vient ensuite, avec la découpe d’un moule intérieur en contreplaqué. Il servira de support à de fines éclisses, sortes de bandes de bois très minces qui permettront aux deux côtés du violon de se rejoindre. « Une fois le moule enlevé, ce sera la colonne vertébrale du violon », explique Sophie. Le fil du bois, la régularité de sa fibre, sa densité, sa sonorité, sont autant de détails qui feront un bon instrument, de même que son essence et sa qualité. « On utilise l’épicéa pour la table de l’instrument, qui rece-
vra le chevalet et les cordes, et de l’érable sycomore ondé, plus dense, pour le fond, ou dos de l’instrument. » Le temps de Sophie se partage entre les réglages des instruments et leur fabrication. Violons de modèles Guarnerius, Stradivarius notamment, réalisés « dans le style de ce qui se faisait aux XVIIe et XVIIIe siècles », constituent l’essentiel de ses créations. « J’essaie de comprendre et d’analyser ce que veut le musicien, pour convertir ses souhaits en réalité, et ainsi tenter de IMAGINER percer le mysUN VIOLON tère de l’équation entre la C’EST forme (le bois, D’ABORD le m o d è l e, DE LA les voûtes, GÉOMÉTRIE les ouïes, les épaisseurs…) et le son. Puis on choisit le bois ensemble », et c’est le début de la naissance d’un nouveau violon. À l’heure de la Folle Journée, elle parfait le réglage des violons de ses fidèles clients qui joueront lors de l’événement. Sa clientèle, née du bouche à oreille, vient de France et d’Europe et n’hésite pas à venir de loin pour un réglage de sonorité ou une commande d’instrument neuf. À l’exemple de cette musicienne du Brussels Philharmonic Orchestra, à qui Sophie règle un jour le violon, « un instrument du XVIIIe siècle, se souvient la luthière. La violoniste me rappelle quelques jours plus tard, après son concert et me dit : « J’ai commencé à jouer, et tous mes voisins de pupitre se sont retournés et m’ont demandé si j’avais changé d’instrument ! » • Gwenaëll Lyvinec Photo : Patrick Garçon