IL paraît donc évident d’entamer cette partie dédiée à l’analyse qualitative de la dimension sonore par les travaux de Raymond Murray Schafer, figure emblématique de la revalorisation du son dans nos sociétés actuelles. Connu et reconnu comme l’une des œuvres majeures de l’étude sonore sensible, « the tuning of world » avance un réel désir de la part du compositeur de développer la culture de l’écoute. Christian Hugonnet, rédacteur d’un des postfaces de l’ouvrage définit Murray Schafer comme « un grand penseur humaniste qui, par le sonore, touche au plus profond de l’être, au plus proche aussi du bien-être et de l’épanouissement de chacun. »2 Murray Schafer a forgé la notion de paysage sonore pour désigner notre environnement acoustique. Selon lui, l’empreinte sonore d’un site, comme la musique, reflète la situation politique, économique et sociale de ce dernier. Ainsi, lorsque Mozart compose ses œuvres majeures, non dénuées d’équilibre et de grâce, règne Marie-Thérèse la Grande ( 1717-1780), reine d’Autriche aimée et respectée de son peuple de par ses actions juridiques jugées novatrices. Depuis l’apparition du tout premier son-celui de la mer, le paysage sonore n’a cessé de s’enrichir des sons du monde vivant : oiseaux, insectes, langage, musique etc... Jusqu’à la révolution industrielle et électronique. Cette rupture change radicalement notre rapport au son, 18 à la musique et, évidemment, au silence. Ce tournant met cependant entre nos mains les capacités à mettre en œuvre un authentique design sonore, maîtrisé et conscient, basé sur les principes de l’écologie sonore. HUGONNET, Christian, directeur de la semaine du Son, dans Le paysage sonore de SCHAFER, R.M. 1977. p.403-404. 2
La notion de "paysage sonore" est apparue en 1973 à l'université Fraser au Canada.