Depuis l’époque coloniale, la planification et la politique d’assainissement de Hanoï reposent sur et poursuivent l’idéal moderne d’un système d’assainissement uniforme, fixe et durable. Toutefois, les aménagements relatifs à l’organisation et à la gouvernance n’ont été que superficiels. Par exemple, la taxe sur les eaux usées n’a pas été mise en place même si l’on s’attend à ce que les coûts générés par la prestation de service soient recouvrés. Les politiques et la planification doivent donc reconnaître la complexité des régimes d’assainissement hétérogènes, en termes de technologie, de gouvernance et d’organisation, leur dynamique de changement et leur interdépendance avec des dynamiques d’urbanisation plus larges. 3.2. Évolution ou transformation institutionnelle ? Légitimer la ville assainie sans réseau en Asie du Sud – Shubhagato DASGUPTA Nous nous intéressons ici à l’assainissement des villes en Inde. Y assistons-nous à une nouvelle évolution institutionnelle, ou à une transformation qui légitimise l’assainissement hors réseau en Asie du Sud-Est ? Depuis les années 1850 jusqu’à nos jours, le service de l’assainissement à partir de réseaux d’égouts souterrains a rendu possible une grande partie de l’urbanisation occidentale. Pendant longtemps, seulement 10% de la population était urbaine. Ce n’est qu’avec la mise en place de type d’infrastructure en Europe du Nord et aux États-Unis ou en Amérique du Nord, que les populations urbaines ont pu atteindre leurs niveaux actuels sur ces continents. Ce modèle, qui a été désigné comme « l’étalon-or » dans ce rapport, est né de ce contexte historique, qui est resté en vigueur à certaines parties du monde. Dans le même temps, lorsque l’Europe menait une série d’actions sur l’assainissement, ses colonies connaissaient une approche tout à fait différente, dirigée par les mêmes parlements et gouvernements qu’en Europe. Le débat théorique sur les systèmes sociotechniques et sur le fait que le réseau est le fondement de la ville, ce qui la rend viable est désormais abordé et fait face à une urbanisation soudaine. Aujourd’hui et demain, l’urbanisation aura lieu, essentiellement en Asie et en Afrique. Concernant les systèmes urbains, en un sens, le cas de l’Inde ressemble à celui de l’occident, où un taux d’urbanisation stable a pu être observé de l’époque médiévale à la période coloniale. Toutefois, ce dernier a changé la structure urbaine : une grande partie des mégalopoles indiennes actuelles sont issues des colonies et n’appartenaient pas au paysage urbain à l’époque médiévale et précoloniale. Avec l’indépendance, le pays a connu une croissance urbaine avec, dans une certaine mesure, une certaine stabilité dans cette structure urbaine. Contrairement au Vietnam, qui est sorti relativement récemment de la guerre civile, la structure d’urbanisation de l’Inde au cours des 200 dernières années a été assez stable. Dans ce contexte, où en est-on de l’assainissement des villes en Inde ? Malgré de nombreux progrès, les réseaux d’égouts à l’échelle de la ville sont essentiellement mis en place dans des villes de plus d’un million d’habitants (villes métropolitaines) en 2011, qui sont actuellement au nombre de 50 ou 52, tandis que les 4 500 villes restantes ont beaucoup moins de réseaux d’égouts. Le taux d’assainissement d’une partie des villes diminue rapidement en fonction de la taille de la ville. Par ailleurs, à l’échelle nationale, les politiques d’assainissement se concentrent essentiellement sur la gestion des eaux usées dans ces 200 plus grandes villes d’Inde, dont 52 d’entre elles (ayant une population de plus d’un million d’habitants) ont des niveaux élevés de raccordements au réseau d’égouts. Cependant, même dans ces grandes villes, seulement 15 d’entre elles ont plus de 50 % d’égouts. 35 d’entre elles en compte un peu moins de 50 %. En outre, le système urbain en Inde a également une longue histoire. Il n’a pas été considéré comme une norme mondiale, ou défini comme tel. Bien sûr, cette urbanisation que l’Inde est en train de vivre devrait s’étendre et se développer. Elle
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