La solution testée a été le recours à une subvention financée par le projet et directement versée à l’entrepreneur. Le GRET développe cette approche depuis une dizaine d’années à Madagascar. Sur cette dizaine d’années, le réseau de magasins a vendu plus de 10 000 toilettes hygiéniques en milieu rural ou urbain. Elles sont installées par 17 entrepreneurs locaux. Parallèlement à cette expérience, le GRET a entamé une réflexion sur le modèle d’entreprise en assainissement pour atteindre un modèle pérenne et non dépendant de financements externes. D’autres défis sont à relever pour mettre en place une filière complète d’assainissement : existence de services de vidange, d’installations de traitement, de participation du secteur privé. Le grand enjeu étant de maintenir l’objectif social de l’approche et d’éviter que les entrepreneurs cherchent à vendre leur toilette aux ménages solvables et non aux ménages ayant le moins de moyens. Au-delà du recours, probablement indispensable, à des subventions, des modes d’organisation sont à inventer : franchise sociale, entreprise sociale, pérennité du personnel recruté. Il semble nécessaire d’avoir une structure qui soit présente de manière permanente pour recueillir les fonds des bailleurs extérieurs ou des financements endogènes à Madagascar, pour ensuite pouvoir les redistribuer. L’avantage étant que la présence des entrepreneurs permet, une fois que ce fonds est alimenté, de très rapidement amener la subvention aux ménages. Un autre défi est l’atteinte des ménages les plus vulnérables, de mobiliser le tissu économique des entrepreneurs et de pouvoir recourir à un fonds d’intervention. 5.2. Une approche innovante : l'exemple du cofinancement européen à l'ONEE (Maroc) pour la mise en œuvre du programme national d'assainissement - Adil HASNAOUI et Olivier CRESPI REGHIZZI Cette sous-partie présente une approche innovante de la mise en œuvre d’un cofinancement européen pour le programme national d’assainissement au Maroc, dont l’ONEE (Office National de l’Electricité et de l’Eau potable) est le gestionnaire public. Ce programme est cofinancé par plusieurs bailleurs : l’Agence Française de Développement (AFD), la Banque européenne d’investissement (BEI), la banque de développement allemande KfW, la coopération belge (Enabel) et par l’Union Européenne (UE). Au Maroc, ce sont les municipalités et les communes qui ont la compétence pour les services d’eau potable et d’assainissement. Elles opèrent le service de l’eau et de l’assainissement, soit directement, soit à travers la création d’une régie, soit en le délégant à un opérateur privé ou public, comme l’ONEE. L’opérateur public, l’ONEE, est le principal opérateur pour l’eau potable et l’électricité au Maroc, né de la fusion en 2012 de l’Office national de l’électricité et de l’Office national de l’eau potable. Il est également en charge de l’activité assainissement depuis 2000. Le Maroc est évidemment un pays qui fait face à un important stress hydrique, qui est accentué par le changement climatique. Dans un contexte de changement climatique et de stress hydrique important, le Programme national d’assainissement, lancé en 2005, fait partie d’un programme encore plus vaste appelé Programme national d’assainissement mutualisé et de réutilisation des eaux usées traitées qui inclut également des objectifs en matière de réutilisation des eaux usées traitées. L’extension de l’assainissement et de l’épuration est un enjeu clé, non seulement en termes d’externalités positives, en termes d’hygiène et de santé publique, mais aussi en termes de protection des ressources en eau, et dans une optique d’adaptation au changement climatique. Le Programme national d’assainissement mutualisé est donc une partie importante de la stratégie marocaine d’adaptation au changement climatique. L’initiative réciproque de reconnaissance des procédures entre la BEI, la KfW, l’UE et l’AFD, cherche à promouvoir l’efficacité de l’aide dans l’esprit de la Déclaration de Paris. Sur la base de cette initiative,
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